RAROC
RAROC
RAROC
En vue de l’obtention du :
(DSEB)
THEME
R
RAAR
ROOC
C ::
O
OUUT
TIILL D
DEE G
GEESST
TIIO
ONND
DUUR
RIISSQ
QUUEE D
DEE C
CRREED
DIIT
T
Novembre 2006
8ème promotion
W°w|vtvxá
A ma mère : ma vie ;
A ma famille de l’ESB…
Mohamed Rafik
Remerciements
collaboration.
SOMMAIRE
INTRODUCTION................................................................................................................................. 1
CHAPITRE INTRODUCTIF..........................................................................................................3
CONCLUSION....................................................................................................................................97
BIBLIOGRAPHIE..............................................................................................................................99
INTRODUCTION
Les banques ne pouvaient plus rester perplexes vis-à-vis de ce risque ; les premières
réactions on été exprimées par la biais de la réglementation : nous entendons bien Bâle I et
Bâle II. Cette dernière venait avec des propositions en terme de mesure et de gestion des
risques, y compris le risque de crédit. Mais, n’oublions pas que la réglementation quelle
qu’elle soit, revêt toujours un caractère rigide ; c’est bien les modèles de risque de crédit tels
que CreditRisk+ et CreditMetrics qui ont permis une mesure plus dynamique de ce risque.
La gestion du risque de crédit n’est pas une tâche simple ; la théorie financière ne
prévoit pas de réponse en termes d’évaluation et de gestion du risque de crédit. Il est de même
pour la pratique où nous affrontons plusieurs contraintes : l’existence d’une information
publique limitée, la renégociation onéreuse des crédits qui crée des problèmes d’agence et
d’asymétrie d’information avec les investisseurs, ce qui rend la levée des capitaux difficile.
En réponse à ces contraintes, plusieurs outils de gestion du risque de crédit ont été
innovés. Parmi eux un qui, intègre deux aspects nécessaires à la gestion de ce risque : le
risque et la rentabilité ; il s’agit bien de Raroc. Pour mieux connaître cet outil, son champ
d’application et voire même ses limites, nous nous sommes posés un ensemble
d’interrogations :
1
INTRODUCTION
- Quelles sont les circonstances qui ont permis l’élaboration et la réussite des modèles
quantitatifs de gestion du risque de crédit ?
Notre travail a été structuré en quatre chapitres dont un chapitre introductif qui, permet
de présenter des notions essentielles à la gestion du risque de crédit à savoir ; les principaux
risques bancaires, l’apport de la réglementation et des modèles de risque de crédit. Dans le
premier chapitre nous aborderons Raroc en tant que concept, nous présenterons l’outil tout en
détaillant ses paramètres. Puis, nous essayerons dans le deuxième chapitre de traiter le
processus Raroc et l’utilisation de cet outil à son évaluation. Enfin le troisième chapitre est
une étude de cas ; il s’agit bien de l’application de Raroc sur un échantillon issu du
portefeuille de crédit de ARAB BANK PLC ALGERIA, ce chapitre fixera les idées
annoncées aux chapitres précédents et aidera à mieux assimiler Raroc.
2
CHAPITRE INTRODUCTIF
CHAPITRE INTRODUCTIF
Pour pouvoir cerner le concept de la gestion du risque de crédit, il nous est incontournable de
connaître les différents risques qui peuvent être encourus par la banque. De même, il est nécessaire de
passer en revue l’évolution de la réglementation nationale et internationale, quant à l’identification et
les propositions de mesure et de gestion de ces risques.
Il ne faut pas omettre aussi que l’apport des modèles du risque de crédit n’est pas du tout négligeable,
ces modèles ont transformé le concept de défaut ; d’une approche qualitative et subjective à une
évaluation quantitative et probabiliste.
Pour introduire cette section, nous avons jugé utile de proposer une définition du risque :
Le risque est :
Un danger plus au moins prévisible ;
La possibilité fâcheuse que quelque chose se produise1.
Ces définitions bien que simplistes, révèlent deux notions fondamentales du risque :
Le danger : il se traduit par les pertes qui peuvent être enregistrées par la banque.
L’incertitude : elle se traduit par la probabilité de la survenance des évènements défavorables vis-à-vis
de la banque.
Nous défilerons dans cette section les principaux risques qui peuvent être encourus par la banque,
nous allons les présenter selon la nomenclature proposée par le nouvel accord de Bâle ou Bâle II,
à savoir :
- le risque de crédit ;
- le risque de marché ;
- le risque opérationnel.
1
Adapté de : Dicos, Collection Encarta 2005, Microsoft.
3
CHAPITRE INTRODUCTIF
1. Le risque de crédit
Le risque de crédit existe depuis 3800 ans ; au temps de Hammourabi, roi de Babylone ; le 48ème
paragraphe de son code de lois disposait qu’en cas de récolte désastreuse, les débiteurs étaient
autorisés de ne pas payer des intérêts pendant un an.
Pour définir ce risque1 , Il est intéressant de le décomposer en ses éléments qui le constituent,
notamment :
- Le risque de défaut : c’est la possibilité qu’un emprunteur n’honore pas ses obligations
contractuelles et par conséquent le prêteur enregistre une perte.
- Le risque de changement de rating : Il s’agit bien du risque de changement de notation
de l’emprunteur ou du crédit, responsable d’une perte de la valeur du crédit.
- Le risque d’une dégradation de la marge (spread) : et cela par rapport à un taux sans
risque.
Distribution asymétrique avec un minimum de 0 et un Distribution symétrique : la chance de gain est aussi importante
maximum très élevé. que le risque de perte.
Pertes faibles en cas de changement du rating mais Ces caractéristiques favorisent que les risques de marché soient
substantielles en cas de défaut. représentés par une loi normale :
Les gains (essentiellement les intérêts) sont un rendement proche de la moyenne a une grande
relativement faibles et limités mais ont une forte probabilité d’être atteint.
probabilité de se réaliser. Ce qui produit la « fameuse »
longue et épaisse queue.
1
A. SARDI & H. JACOB, Management des risques bancaires, Ed. AFGES, Paris, 2001, p.183.
2
Forward Rate Agreement.
4
CHAPITRE INTRODUCTIF
En plus :
Les risques de marché sont:
Souvent fortement corrélés ;
Plus faciles à couvrir ;
Peu diversifiables.
Il ne faut pas omettre que le principal risque pour une banque est bien le risque de crédit. Cela veut dire
que ce qui met en faillite le plus souvent une banque est bien :
Graphique 1.1. : Importance des Risques par rapport à l’origine des pertes.
20%
risque de crédit
70% 10% risque opérationnel
risque de marché
Source: Operational Risk and Financial Institutions, Arthur Andersen Risk Books, 1998.
2. Le risque de marché
C’est le risque de perte qu’une position de marché (actions, obligations, matières premières et taux
de change) peut entraîner en cas d’évolution défavorable des paramètres de marché.
Ces principaux paramètres sont :
5
CHAPITRE INTRODUCTIF
3. Le risque opérationnel
1
Il peut être défini comme le risque de perte directe résultant des carences ou défaillances au niveau
des procédures internes, du personnel, des systèmes ou d’événements extérieurs. De façon restrictive, il
s’agit bien des risques juridiques à l’exclusion des risques stratégiques, d’atteinte à la réputation.
Les dégâts dus à ce risque ne sont pas du tout négligeables ! Voici des exemples :
2001 : HSBC : fraude sur un fonds pour lequel Republic Bank of New York avait été conservateur,
nécessitant un règlement de 575 millions USD par HSBC (nouveau propriétaire de RBNY) ;
2001 : UBS Warburg : erreurs de transactions sur le portefeuille bancaire japonais entraînant des
pertes estimées à 50 millions USD ;
2002 : Allied Irish Bank : pertes de 700 millions USD ; fraude interne.
Après avoir exposé les principaux risques bancaires ; en montrant l’impact de ceux-ci sur l’activité
bancaire, il y a lieu de mettre en valeur les efforts de la réglementation quant à la mesure et les
propositions de gestion de ces risques. C’est l’objet de la prochaine section.
Dans les années 1980, les systèmes bancaire et financier internationaux étaient ébranlés : le krach
boursier de 1987, la faillite de plusieurs banques « vedettes » ; plusieurs facteurs ont participé :
- une forte augmentation des faillites d’entreprises après les deux chocs pétroliers ;
- la forte baisse de la valeur des actifs des sociétés comme réponse à la hausse des taux d’intérêt
nominaux et réels ;
- l’accroissement des risques pays et la crise de la dette des pays en voie de développement.
Ces menaces ont conduit les autorités compétentes (notamment le comité de Bâle) à édicter des
normes pour fixer un minimum de fonds propres.
Dans un premier temps, la réglementation s’est seulement intéressée au risque de crédit. Même
concernant ce risque, il n’y avait pas de propositions pour sa gestion au sens propre du terme, c’était
plutôt un encadrement du processus de transformation2. Deux ratios sont donc proposés :
1
Nouvel accord de Bâle sur les fonds propres (avril 2003), p.108 - 117.
2
Le risque de transformation consiste qu’une banque finance ces emplois à moyen et long terme par des ressources à court
terme comme les dépôts à vue.
6
CHAPITRE INTRODUCTIF
2. Le ratio de liquidité
Ce ratio vise la mesure et le contrôle du risque d’illiquidité1. Parmi les objectifs secondaires du
ratio est la limitation d’utiliser des ressources à très court terme pour financer des emplois à court,
moyen et long terme. Le ratio contribue aussi de manière indirecte à la sécurité des déposants.
Ce ratio ce calcule ainsi :
Actifs liquides (durée résiduelle < 1 mois) + net prêteur des opérations de trésorerie et interbanca ires
≥ 100%
Passifs exigibles à très court terme ( < 1mois) + net emprunteur des opérations de trésorerie et interbanca ires
1
C’est le risque qu’une banque ne puisse faire face, pendant un certain délai, à une brusque interruption de tout ou partie
de ses ressources.
2
La continental Illinois était la 8ème banque des Etats-Unis, elle était renflouée par les fonds publics.
3
La faillite des banques texanes avait pour origine, l’effondrement des prix du pétrole entre 1981 et 1982.
7
CHAPITRE INTRODUCTIF
Le risque de marché est ajouté par le Capital Market Accord et cela en 1996 ; le comité a incité les
banques à développer des méthodes d’évaluation du risque de marché (la Value at Risk par
exemple). L’allocation forfaitaire commence à fondre pour laisser place à la prise en compte d’un
risque spécifique, de son évaluation et l’adaptation d’un niveau de fonds propres pour le couvrir.
Le nouvel accord porte essentiellement sur l’adéquation entre fonds propres et risques. La
banque doit donc avoir des fonds propres adaptés aux risques qu’elle prend.
Dans cet accord, les trois principaux risques sont pris en charge, un nouveau ratio de solvabilité
apparaît : le ratio MC Donough ou « New Basel Capital Accord »:
8
CHAPITRE INTRODUCTIF
Nous allons expliquer brièvement ces dispositions, commençons par le sommet de l’organigramme :
Les trois piliers de base de Bâle II sont :
Il consiste à définir les fonds propres règlementaires, et la pondération des actifs vis avis du risque et
les ratios minimaux de fonds propres par rapport aux actifs pondérés en fonction du risque.
9
CHAPITRE INTRODUCTIF
Les fonds propres de base ou « noyau dur » (Tier I) : ils sont composés par les capitaux
propres et fonds pour risques bancaires généraux.
Les fonds propres complémentaires (Tier II) : ils se composent de quatre catégories de
ressources :
- Les réserves de réévaluation ;
- Les fonds librement utilisables par la banque pour couvrir des risques ;
- Les fonds provenant de l’émission de titres remboursables à la seule initiative de l’émetteur ;
- Les fonds provenant de l’émission de titres d’une durée au moins égale à 05 ans et ne
comportant pas de clauses de remboursement anticipé.
Les fonds propres surcomplémentaires (Tier III) : ils sont composés de trois catégories
de fonds :
Il faut noter comme même que les fonds propres surcomplémentaires ne couvrent que les risques
de marché.
risque de crédit ;
risque de marché ;
risque opérationnel.
1
Encours pondérés de crédit.
10
CHAPITRE INTRODUCTIF
Cette méthode vise à mieux aligner les fonds propres prudentiels, les fonds propres économiques et les
composantes du risque :
- En introduisant une plus grande différentiation des pondérations et des techniques de réduction
du risque de crédit.
- Equilibre entre simplicité et précision (penche vers le premier accord).
- Calculer les fonds propres prudentiels de façon à mieux refléter les pratiques actuelles des
banques.
Et ne perdons pas de vue que Standardised Approach la plus simple des approches, a plusieurs
composantes:
Systèmes de pondérations pour engagements par type ;
Techniques de réduction du risque de crédit et titrisation.
- Elle sera utilisée par un grand nombre de banques, à court terme au moins.
- Elle comporte aussi une version “simplifiée” (sans options).
Les nouveautés :
Les actifs sont toujours répartis dans catégories prédéterminées, mais celles-ci sont plus
nombreuses et plus sensibles au risque pour les raisons sous mentionnées:
Based on Assessment of Sovereign: cette option consiste à accorder à toutes les banques
ayant leur siège dans un pays donné une pondération supérieure d’un cran à celle des
créances sur l’État de ce pays. La pondération sera cependant limitée à 100 % vis-à-vis des
11
CHAPITRE INTRODUCTIF
banques situées dans des pays assortis d’une notation BB+ à B- et des banques sises dans
des pays non notés.
Based on Assessment of Entity: La seconde option fonde la pondération sur l’évaluation
de crédit externe de la banque elle même et applique 50 % vis-à-vis des banques non
notées. Au titre de cette option, un coefficient préférentiel inférieur d’un cran peut être
attribué aux créances ayant une échéance initiale inférieure ou égale à trois mois, assorti
d’un plancher de 20 %. Ce traitement vaut pour les banques notées et non notées mais non
pour celles qui sont affectées d’un coefficient de 150 %.
Notation interne : il s’agit d’un indicateur statistique du risque de perte sur un crédit en raison de la
probabilité de défaillance du débiteur.
Cet indicateur est évalué :
Explicitement : à travers une évaluation des pertes moyennes.
Implicitement : à travers les opinions d’experts sur la qualité du crédit.
12
CHAPITRE INTRODUCTIF
Système de notation interne : comprend tous les procédés, procédures et systèmes d’information qui
supportent l’affectation d’une note interne aux engagements.
Le cadre de l’IRB dans Bâle II peut s’illustrer à travers les points suivants :
- Principale innovation de Bâle II: les charges en fonds propres sont différenciées en fonction du
risque, sur la base des mesures propre aux établissements crédit ;
- Le risque est évalué par la banque à partir de ses composantes essentielles ;
- Méthode soumises à validation / approbation par les autorités de contrôle ;
- Un processus évolutif : approche standardisée, Foundation IRB, Advanced IRB ; et à terme, la
modélisation intégrale du risque de crédit ;
- Introduire un système fondé sur notations internes des banques pour:
Rapprocher fonds propres réglementaires des fonds propres économiques.
Ce que font certains établissements de crédit pour maximiser leurs profits.
Elle consiste à calculer l’exigence en fonds propres pour chaque risque constituant le risque de
marché, et pour avoir l’exigence totale il suffit de sommer. Pour plus dexplication, voici le tableau
suivant :
1
J. SVORONOS, Approche notations internes, Financial Stability Institute, 2003, p.6.
13
CHAPITRE INTRODUCTIF
Le modèle le plus reconnu dans ce domaine est celui de Value-at-risk (VaR) ; que voici un bref
aperçu : en juillet 1993, le Groupe des 30 (constitué de représentants de l’industrie financière et des
autorités de surveillance) recommandait de quantifier les risques par une mesure uniforme appelée
Value-at-Risk (VaR). La VaR représente la perte maximale en terme de valeur actuelle due aux
fluctuations des prix de marché en devise de consolidation au bout d’une période spécifiée et pour une
probabilité spécifiée.
Trois approches sont proposées pour la mesure de ce risque : l’approche indicateur de base,
l’approche standard et l’approche mesures avancées.
14
CHAPITRE INTRODUCTIF
L’objectif recherché derrière ce pilier consiste à s’assurer que chaque banque a des systèmes
internes efficaces, et cela pour évaluer l’adéquation des fonds propres par rapport aux risques à partir
d’une analyse exhaustive. Les superviseurs évalueront la qualité des systèmes et procédures internes
et l’adéquation des fonds propres. Mais rappelons que les exigences accrues en fonds propres ne sont
pas toujours la meilleure réponse à un accroissement des risques.
La surveillance consiste donc à conduire une intervention prudentielle rapide si les fonds propres
d’une banque deviennent insuffisants.
1
Nouvel accord de Bâle sur les fonds propres (avril 2003), p.124 - 138.
15
CHAPITRE INTRODUCTIF
5. La situation en Algérie
En Algérie, la référence de la réglementation bancaire est bien la loi 90-10 du 14 avril 1990
(modifiée et complétée par l’ordonnance 03-11 du 26 août 2003) relative à la monnaie et au crédit.
Cette loi est suivie d’une série d’instructions, règlements et notes édictés par le Conseil de la Monnaie
et du Crédit qui est l’autorité monétaire. Le tableau ci-après illustre ces principaux textes
règlementaires :
16
CHAPITRE INTRODUCTIF
Constat :
La réglementation algérienne est au stade de Bâle I : les risques bancaires sont encore en phase
d’identification (règlement 02-03). Pour pouvoir parler de mesure et de gestion de ces risques, nous
devons introduire graduellement les dispositions de Bâle II et encourager l’élaboration des modèles
internes. Le comité de Bâle a proposé pour les banques des pays qui ne font pas partie du G-10
(notamment l’Algérie) et qui veulent implémenter les dispositions de Bâle II, de tenir compte des
éléments de contexte locaux.
Pour cela le comité recommande une stratégie de transition par phase :
Phase 1 : Le renforcement de la supervision ;
Phase 2 : L’introduction ou la mise à niveau pour les 3 piliers de Bâle II :
- Au niveau national, la production d'un cadre visant à :
Améliorer la gestion des risques des banques ainsi que le processus de supervision ;
1
Règlement 91 – 09 du 14 août 1991, art.02 & instruction 74 – 94 du 29 novembre 1994, art.03.
2
IDEM, art.02, points a et b.
17
CHAPITRE INTRODUCTIF
La réglementation a contribué énormément à la limitation des dégâts des risques bancaires, mais elle
reste toujours rigide. Pour cela des recherches ont été lancées pour concevoir des modèles internes et
comme notre sujet gravite autour du risque de crédit, on va aborder les modèles du risque de crédit.
Les banques savent qu’une fraction des crédits ne va pas être remboursée, elles connaissent donc
le montant qu’elles risquent de perdre en moyenne sur leurs portefeuilles de crédit à un horizon
donné. Ce montant là est bien la perte attendue (expected loss) ; elle est couverte par des provisions et
dépend de :
- Exposure-at-Default (EAD) ;
- Prbability of default (PD);
- Loss-given-default (LGD);
18
CHAPITRE INTRODUCTIF
Mais n’oublions pas que ce qui préoccupe le plus la banque c’est bien les pertes inattendues. Les
banques cherchent à connaître le montant maximum des pertes potentielles qui risquent de survenir à
un horizon donné avec un pourcentage de chance de se produire (0,05% par exemple). Ces pertes
potentielles seront couvertes par le capital économique.
Il est donc nécessaire de modéliser l’incertitude de pertes et avoir la distribution de pertes potentielles
à un horizon donné, ceci est l’objet majeur des modèles de risque de défaut.
Nous pouvons donc classer les modèles de risque de crédit en deux types :
- Les modèles de défaut ;
- Les modèles Marked-to-Market.
Ils mesurent le risque de crédit à partir du défaut de remboursement des crédits. Deux états de la
nature sont jugés pertinents : le défaut et l’absence du défaut. Cette approche s’applique à tout les
types de crédits, d’autant que la plupart des prêts consentis par une banque ont une vocation à rester
dans le portefeuille de la banque jusqu’à l’échéance finale, quelle qu’en soit l’issue. Par défaut, on
19
CHAPITRE INTRODUCTIF
entend tout type d’évènement significatif sur un prêt entraînant le non remboursement de la créance,
allant d’un incident tel un retard de remboursement à la défaillance légale de l’emprunteur1.
Comme exemple nous citerons CreditRisk+ :
2.1.1. CreditRisk+2 :
Présentation :
C’est un modèle de défaut, son but est d’évaluer le risque de défaut d’un portefeuille ; introduit par
Credit Suisse First Boston en décembre 1996 dans le cadre de la gestion du risque. Il est gratuit depuis
1997.
Principes :
- Aucune hypothèse sur la cause de défaut ;
- Application du modèle individuel de risque utilisé en assurance vie: mathématiques
actuarielles ;
- Il fait correspondre à chaque agent une probabilité de défaut dépendant de facteurs
macroéconomiques ;
Résultat: Il permet de déterminer de manière rapide et explicite, la perte totale d’un portefeuille.
- Ces Aij représentent la sensibilité de chaque titre par rapport aux facteurs ;
1
M. DIETSCH et J. PETEY, Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions financières, Ed. REVUE
BANQUE, Paris, 2003, p.26.
2
Y. CHALACH, F. ELAM, M. WONE & F. EL KHYARI, Le risque du crédit, p.42 – 47.
20
CHAPITRE INTRODUCTIF
Approximation de Poisson :
- La probabilité que n obligations fassent défaut pendant une période considérée peut-être
représentée par une loi de Poisson ;
- Cette technique approche la distribution de Sm par une variable aléatoire T qui suit une loi de
Poisson ;
- On obtient ensuite une approximation de la fonction de répartition de Sm par celle de T.
Ils mesurent le risque de crédit à partir des variations de la valeur du crédit. Ces variations
découlent des changements de la notation des obligés, l’état le plus défavorable étant le défaut. Cette
approche s’applique principalement aux titres de marché. Dans ce cas, la variation de la note des
émetteurs entraîne un changement du spread de taux qui provoque une variation de la valeur de
marché des titres1.
Le meilleur exemple sera le modèle CreditMetricsTM :
2.1.1. CreditMetricsTM 2:
Présentation :
C’est un modèle développé par la firme JP Morgan en 1997. Il s’agit d’un modèle de type Marked to
Market mesurant le risque à partir des variations de la valeur de marché du crédit, donc il se base sur
les matrices de transition de note (Rating).
Méthodologie :
- On attribue à l’émetteur une note: externe ou interne ;
- On calcule la matrice de transition de la note dans un an ;
- On calcule dans les sept états possibles autres que la faillite, les taux forward ri pour chaque
i
maturité i: ri=Rf + pi
Tels que :
pi : le spread dû au risque ;
Rfi : le taux sans risque ;
- On calcule historiquement le prix de liquidation en cas de défaut, puis on trace la distribution à
partir de laquelle on calcule la VaR ;
- Dernière étape : elle est nécessaire dans le cas d’un portefeuille à 2 ou plusieurs actifs, elle est
très compliquée à établir :
On détermine historiquement les matrices de corrélation entre les titres
1
M. DIETSCH et J. PETEY, Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions financières, Ed. REVUE
BANQUE, Paris, 2003, p.26.
2
Y. CHALACH, F. ELAM, M. WONE & F. EL KHYARI, Le risque du crédit, p.26 - 40.
21
CHAPITRE INTRODUCTIF
Mise en cause :
- Problème de paramétrage: basé sur des données statistiques passées.
- Sensibilité aux « input » du modèle: la matrice de transition est supposée stable, indépendante
des variations du marché.
- L’hypothèse Markovienne: Les changements de notations sont supposés indépendants.
Conclusions :
- La résolution du problème de stabilité en utilisant une matrice moyenne.
- La deuxième hypothèse très gênante.
3. Le choix de la banque ?
Tout dépendra de la nature du portefeuille de la banque. Les modèles MTM s’appliquent plus sur
les emprunteurs notés, donc aux risques « grandes entreprises ». Par contre, le modèle de défaut
s’impose lorsque les crédits sont des petits crédits (PME, professionnels, particuliers). De manière
générale, le modèle MTM est davantage compatible avec les comptabilités en valeur de marché, le
modèle de défaut avec les valeurs comptables courantes.
Les modèles de risque de crédit ont révolutionné la mesure de celui-ci, cela revient essentiellement à
leur caractère dynamique qui sert à refléter au maximum l’image du risque.
Ce chapitre, comme son nom l’indique, introduit des notions qui vont nous être utiles pour traiter
notre sujet qui est bien Raroc. Le chapitre suivant abordera Raroc comme concept, nous aborderons
en détails les paramètres de celui-ci.
22
CHAPITRE PREMIER :
LA NOTION DE RAROC
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Pour présenter cette méthode, nous devons connaître les circonstances dans lesquelles
Raroc est « né », ensuite nous nous intéressons au concept et son champ d’application. Nous
évoquerons le logiciel Raroc 2020 conçu par Bankers Trust.
1. Un peu d’histoire
Elle n’est applicable en France qu’en 1994 par le Crédit Lyonnais, justement son cas illustre
que Raroc s’insère dans le cadre d’une vague de rationalisation. Explication : le Crédit
Lyonnais a mené une politique d’expansion démesurée (1989 - 1993) qui aboutit à des
résultats désastreux dans la mesure où la constitution d’un gigantesque réseau européen, le
financement de la promotion immobilière et les prises de participation industrielles se soldent
par une accumulation des pertes. Dès novembre 1993, le Gouvernement et la Direction
23
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Raroc est adoptée par la suite par d’autres banques, citons par exemple : Société Générale qui
a lancé en 1997 « Projet Raroc », BNP PARIBAS a pris l’affaire au sérieux et a conduit une
formation pour 2800 de ses collaborateurs dans le cadre de Raroc en 2000.
2. Définition
R Risk
a adjusted
r return
o on
c capital
Raroc fut limité aux activités de marché seulement, pour être par la suite élargi à
l’ensemble des activités bancaires. Il s’est intéressé dans un premier temps à la mesure du
risque au niveau du portefeuille de crédit de la banque, de façon à déterminer le capital
nécessaire pour limiter l’exposition des déposants ou autres créanciers à une probabilité de
perte bien définie.
La politique de Bank of America consiste à l’allocation de capital pour chaque unité d’activité
de manière à ce que le portefeuille d’activité soit intense en crédits notés AA ; cette allocation
est donc basée sur le risque de chaque unité prise isolément, ensuite inclure l’ajustement pour
chaque diversification interne avantageuse apportée par l’unité.
Ces allocations unitaires sont après agrégées pour arriver au capital optimum pour toute la
banque.
Raroc alloue les fonds propres pour deux raisons :
Le management des risques : le but primordiale recherché est la détermination d’une
structure optimale du capital. Ce processus entraîne l’estimation de la contribution de
24
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
chaque unité d’affaire au risque encouru par la banque et par conséquent au capital de
celle-ci ;
L’évaluation de la performance : Raroc assigne le capital à une unité d’activité comme
une étape dans le processus de la détermination de la rentabilité ajustée au risque, en fin
de compte nous arrivons à l’Economic Value Added (EVA) de chaque unité. Le principal
but recherché dans ce cas est la détermination de la contribution de chaque unité à la
valeur actionnariale de la banque.
Cependant, il s’est avéré que Raroc donne de meilleurs résultats s’il est appliqué au niveau
individuel (et non pas au niveau du portefeuille), du moment qu’il ne tienne pas compte des
corrélations entre crédits1.
Les types de Raroc se différencient par la date et par le périmètre des calculs2 :
Raroc à l’origine : il se calcule à l’octroi d’un crédit et prend en compte tous les
éléments jusqu’à la fin de l’opération.
Raroc résiduel : il prend en compte les changements des caractéristiques des clients
(notation), des crédits et des garanties. Mais il est caractérisé par sa grande volatilité
d’un jour sur l’autre en fonction des évènements de la vie d’un crédit (frais de
dossiers, amortissement…etc.) ne permet pas d’adopter une stratégie client.
Raroc annuel : il ne prend en compte que les éléments compris dans une année civile.
Il correspond à l’exercice budgétaire et donne la possibilité d’adopter une stratégie, de
fixer des objectifs et de pouvoir mesurer les conséquences en fin de période.
Raroc complet : le calcul prend en compte, à une date donnée, tous les éléments des
engagements en cours, de la date d’origine à la date d’échéance de chaque concours.
Ce type est plus stable et plus exhaustif (adjonction des marges hors crédits ou side
business : flux, services, conseils,…etc.), il permet d’adopter une stratégie non
seulement pour le client, mais aussi pour un portefeuille ou une activité.
PNB - Coûts - EL
Raroc =
UL
Il est assortit de la contrainte :
Raroc > hurdle rate3
Où :
PNB Le produit net bancaire de l’opération
Coûts Les coûts opérationnels
EL Expected loss ou la perte attendue
UL Unexpected loss ou perte inattendue
1
M. DIETSCH et J. PETEY, Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions financières, Ed. REVUE
BANQUE, Paris, 2003, Chapitre 7.
2
T. RONCALLI, La gestion des risques financiers, Ed. ECONOMICA, Paris, 2004, p.433 - 434.
3
Taux butoir, il sera expliqué dans la section suivante.
25
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
3. Raroc 2020
Raroc 2020 est le produit de Bankers Trust, il s’agit d’un logiciel conçu pour le
management des risques financiers. Il se focalise sur la collecte et l’analyse d’un volume de
données important qui permet l’estimation du risque au niveau du portefeuille.
Raroc 2020 répartit les expositions d’une façon assez consciente du risque, en prenant compte
des différents risques de marché inhérents à une position donnée.
Après avoir désagrégé les actifs spécifiques en leurs risques composants, Raroc 2020 édite
aux diagrammes des corrélations et de volatilité plus de 500 facteurs de risques pour
modéliser les actifs de l’entreprise. Le logiciel calcule les volatilités et les corrélations
historiques de ces facteurs de risque, il introduit ensuite cet historique avec les expositions du
fonds à un modèle de simulation de Monte Carlo. Le modèle va par la suite créer des
scénarios illustrant des milliers d’états de marché potentiel.
Les résultats de la simulation de Monte Carlo sont donnés par un état statistique de gains ou
pertes potentiels que le portefeuille peut enregistrer.
Les informations relatives au portefeuille des clients sont transmises à la Bankers Trust dans
un format prédéfini. Les titres contenant différents types de risques sont décomposés en leurs
éléments, puis fondus comme un portefeuille de 500 repères dépistés par le logiciel. Les
expositions aux risques sont après rassemblées par divers segments en vue d’une simulation
Monte Carlo. Cette simulation détermine la Value-at-Risk par la génération de 10.000
scénarios de probabilités pondérés pour les « seaux du risque ». Le portefeuille est évalué
26
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
pour chacun des 10.000 scénarios et le plus mauvais 1% des résultats est utilisé pour la
mesure du capital. Des rapports standard sont produits par le logiciel, aussi bien qu’un
système de reporting en ligne via internet. Raroc 2020 fournit pour l’analyse des scénarios,
lesquels permettent aux clients de percevoir le risque lié au portefeuille sous des hypothèses
spécifiques concernant les conditions de marché et les réallocation du portefeuille. De plus, le
logiciel comporte l’analyse de la sensibilité, qui permet aux clients de voire les effets
possibles sur le portefeuille, dus à des changements hypothétiques des taux d’intérêt, taux de
change et d’indices des fonds propres.
27
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Une fois Raroc présenté, nous allons nous intéresser à étudier chacune de ses composantes
séparément, c’est l’objet des deux prochaines sections.
Une fois que nous avons survolé le concept de Raroc, nous nous intéresserons dans
cette section à apporter des explications et des précisions concernant les paramètres de Raroc.
A présent nous entamons les paramètres comptables de Raroc, à savoir :
La détermination du PNB par opération requiert une démarche assez complexe, nous
allons essayer de la décortiquer et de la simplifier en ce qui s’en suit. Commençons d’abord
par l’introduction du concept du produit net bancaire : C’est l’agrégation des trois postes :
marge sur intérêts, les commissions perçues, les produits et charges divers.
Il s’agit de la marge sur l’activité d’intermédiation de la banque, elle se calcule comme suit :
Elles sont liées à l’activité de service des établissements de crédit. Ce sont soit des
commissions bancaires : commissions de mouvements, de crédit, de change ou de caisse ; soit
des commissions financières : commission d’ingénierie financière ou de gestion des OPCVM.
28
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
De ce fait :
Une fois que nous avons une idée sur le PNB, nous nous intéressons à ce stade à la
détermination du PNB par client. Pour cela, nous allons détailler davantage la notion de
marge sur intérêts.
(1)
MECANISMES D’AFFECTATION DES RESSOURCES AUX EMPLOIS
(2)
LA MESURE DES CAPITAUX ET LA DETERMINATION DU « FLOAT »
(3)
LES TAUX DE CESSION INTERNE DES CAPITAUX
Le pool unique : cette approche suppose que toute ressource peut financer, de façon
indifférenciée, tout emploi, quelque soit sa maturité ou ses autres caractéristiques.
29
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Le pool multiple : cette méthode consiste à faire correspondre les ressources et les
emplois en durée (court, moyen et long terme), en taux (fixe, variable) et pour le cas de taux
variables, en index (Euribor 03 mois, OAT 05 ans…etc.). Analogiquement à la méthode du
pool unique, deux cas peuvent se présenter : flux bruts, ou nets. La méthode la plus habituelle
est celle des flux bruts, chaque agence apporte à un pool spécifique (court, moyen ou long
terme) ses ressources adéquates.
La détermination de la marge sur intérêts nécessite aussi une mesure des capitaux et
notamment du « float clientèle ». Pour illustrer ce concept voici un exemple :
Considérons un chèque remis par le client X à la banque Z, les dates de prise en compte
pourront être les suivantes :
J J+1 J+2 J+3
1
Adapté de M. Rouach & G. Naulleau, Le contrôle de gestion bancaire et financier, Ed. BANQUE EDITEUR,
Paris, 1998, Chapitre 4.
30
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Dans ce cas, il faudra 02 jours à la banque pour recouvrer les fonds, quant au client il lui
faudra 03 jours ; soit un jour de gain en valeur pour la banque. A partir de cet exemple simple,
une panoplie de méthodes peut être utilisée afin de mesurer les capitaux moyens :
Il s’agit de déterminer le taux auquel la trésorerie va rémunérer les ressources apportées par
l’agence à la trésorerie centrale pour pouvoir refinancer ses emplois. Nous disposons de deux
modes de calcul :
- Taux unique : cette approche considère que tout les fonds apportés ou empruntés à la
trésorerie sont valorisés à un seul taux, qui est en général un taux de marché monétaire
(Euribor 03 mois par exemple). Cette approche, bien que simple, n’est pas pertinente du point
de vue économique : il s’agit d’un indicateur externe soumis à des variations importantes.
D’une autre part, il est illogique économiquement de financer des emplois à long terme par
des ressources valorisées par des indicateurs tels que l’Euribor qui est à la base, applicable
aux ressources à court terme.
- Taux multiples : pour résoudre le problème de taux unique, plusieurs banques ont instauré
des taux différenciés de cession de capitaux. Cette méthode consiste à séparer la marge
commerciale de la marge de transformation. La marge commerciale permet de neutraliser le
risque de transformation pour le réseau commercial, se calcule par crédit et par ressource en
retenant :
31
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
- pour chaque crédit : taux de refinancement égal au coût de la ressource de même nature
de taux et de même échéance que celle du crédit.
- Pour chaque ressource : un taux de placement égal au taux de l’emploi sans risque de
même échéance et de même nature de taux.
Pour pouvoir calculer les coûts relatifs à une opération donnée, nous devons connaître
le système d’affectation des charges aux centres de responsabilité, nous nous intéresserons
après aux méthodes de fixation d’un prix de cession interne des opérations entre centre de
responsabilité.
Pour récapituler :
32
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Les charges incorporables en comptabilité analytique sont par la suite affectées à des
centres de responsabilité. Dans le secteur bancaire on considère quatre types de centres
responsabilité :
- Les centres de profit : il s’agit bien des centres qui génèrent les recettes et résultats.
Ce sont les entités commerciales (agences), de conseil (entité en charge des fusions-
acquisitions) ou d’ingénierie financière.
- Les centres opérationnels : ils fournissent des prestations bancaires aux centres de
profit. Il s’agit notamment des back-offices et les départements de gestion des titres, des prêts
et de gestion d’opérations bancaires spécialisées.
Pour les centres fonctionnels : ce sont les unités d’œuvre qui sont utilisées pour
l’imputation. Celles-ci représentent économiquement des flux d’opérations ou des prestations
entre les centres fournisseurs et destinataires. Elles correspondent à une saisie précise
d’informations faisant l’objet d’un accord : des temps (heures, hommes/jours), des opérations
(lignes, dossiers, recrutements), des surfaces (mètres carrés) ou encore des capacités utilisées
33
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Pour les centres de structure : dans ce cas se sont les conventions de répartition de
leurs charges sur les centres de profit. Ces conventions ne sont pas représentatives de des flux
de prestation entre les centres fournisseurs et destinataires. Ce sont des taux dont la fixation
est en partie politique. La faiblesse de ce type de répartition provient du fait qu’il n’y ait pas
de lien de causalité précise entre la consommation de prestations et l’allocation de charges.
A l’issue de ces imputations, les centres opérationnels et de profit ont connaissance de leurs
charges directes, des charges de support, facturés par les centres fonctionnels et enfin de leur
quote-part des charges indirectes issues des centres de structure.
L’objet de ce calcul est de transférer les charges des centres opérationnels vers les
centres de profit. Plusieurs méthodes peuvent être pratiquées, notons par exemple celle du
coût unitaire moyen réel complet d’une opération.
A ce stade, les charges des différents centres opérationnels sont affectées aux centres de
profit sur la base des volumes et des coûts unitaires d’opération. A l’issue de ce calcul ne
restent que les centres de profit « chargés » dont le résultat brut d’exploitation est calculé par
différence avec leurs revenus spécifiques.
Nous avons cité précédemment, la méthode du coût unitaire moyen réel complet. Cette
méthode reflète réellement les conditions économiques supportées par le centre
opérationnel durant la période analysée. Toutefois, celle-ci présente certaines limites :
- Il s’agit d’une méthode techniquement lourde, ce qui retarde les délais de sortie des
calculs des coûts d’opération et des résultats des centres de profit.
- Elle ne permet pas la neutralisation de la transmission des variations de performance des
centres amont vers les centres aval. Cela veut dire qu’une variation de coût due à une
variation du niveau d’activité entre deux périodes est automatiquement transmise du
centre de traitement des opérations vers le centre de profit.
- Cette méthode limite l’analyse de la performance car elle agrège les conséquences des
variations d’activité avec d’autres facteurs comme les variations des prix unitaires des
34
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Pour remédier à ces carences, d’autres méthodes plus avancées ont été mises en place, il s’agit
bien de :
C’est la méthode la plus fréquemment utilisée par les banques. Les coûts standards
sont des coûts prévisionnels constituant une norme à respecter pour une période future tel que
l’exercice budgétaire. Pour les déterminer il suffit de diviser les charges globales
prévisionnelles par le nombre d’opérations prévues. Une autre façon de déterminer ces coûts,
consiste à partir de l’organisation des opérations : les tâches sont identifiées et des temps
associés sont mesurés, soit par chronométrage, soit par interviews. Ces tâches sont valorisées
après par unité de temps, ce qui permet d’obtenir les coûts standards. Cette méthode présente
des avantages, tels que :
- le calcul des coûts unitaires sans tenir compte des effets induits par les variations des
volumes d’activité.
- La focalisation sur la performance des centres de profit et cela, en leur évitant de supporter
l’éventuelle sous activité ou une mauvaise performance ponctuelle des centres
opérationnels.
- L’analyse de écarts entre les coûts standard et les coûts réels permet d’établir une référence
pour les actions correctives, qui peuvent être menés par le responsable du centre d’activité.
- Elle permet d’accélérer la sortie des résultats par centre de profit en cours d’année du
moment que les coûts standards sont fixés pour une période annuelle. Le rapprochement
entre les coûts standards et réels (établi en fin d’année) peut être utilisé pour réactualiser les
coûts standards s’il y a lieu.
35
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Suivant cette méthode, on négligera une partie des coûts indirects (ceux de structure)
dans le calcul des coûts. L’avantage de cette méthode réside dans le fait qu’elle est
dynamique, le responsable d’un centre a la main sur l’ensemble de charges qui contribuent au
calcul des coûts unitaires y compris les charges de support qu’il doit négocier en prix et en
volume. Dans le cadre de cette méthode les calculs relatifs au classement des rentabilités des
activités ou des produits sont plus « objectifs » que lorsque ces calculs sont réalisés en coût
complet. Cependant, les mesures en coût complet sont nécessaires et ne peuvent être
remplacées par les coûts partiels, et cela pour des raisons de tarification, de consolidation
comptable ou de benchmarking avec la concurrence.
Il s’agit d’une extension de la méthode des coûts partiels, elle permet de distinguer les
charges liées à l’activité (les charges variables) des charges liées à la capacité et à la période
(les charges fixes). Cette méthode sert à appréhender les effets de variation de volumes
d’activité sur les coûts unitaires. La connaissance de ces effets sur les coûts unitaires est très
pertinente pour la prise de décision.
Cette méthode utilise les activités d’un centre de responsabilité comme interfaces entre
les ressources et les objets de coûts. L’activité peut être définie comme une combinaison de
personnes, de technologies et de méthodes permettant la réalisation d’un produit ou une
prestation donnée. Les ressources consommées par un service (personnel, équipement,
locaux) sont allouées par « inducteurs de ressources » aux différentes activités réalisés par un
service. Enfin des « inducteurs de coûts » sont déterminés pour pouvoir allouer les coûts des
36
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
activités aux objets de coûts (produits, entités). Ces inducteurs se substituent aux unités
d’œuvre ou aux clés de répartition utilisées dans la comptabilité analytique conventionnelle.
Elle ne représente pas véritablement une méthode de calcul des coûts. Il s’agit plutôt d’une
approche de détermination des objectifs de coûts internes. Le principe en est le suivant :
Lorsque des investisseurs confient des fonds à gérer à une équipe, ils peuvent exiger une
rémunération minimum de leur investissement avant tout intéressement des équipes ; ce taux
est en général un taux d’intérêt qui est variable, selon les circonstances du moment et la
rentabilité comparée d’autres investissements ; littéralement c’est un "obstacle" à franchir.
C'est le taux au-dessus duquel les investisseurs estiment que les managers de la société de
gestion peuvent recevoir une partie de la plus-value. Le taux est généralement fixe et fait
implicitement référence à une rémunération sans risque. Dans notre cas, le hurdle rate peut
être fixé comme le ROE1.
Les paramètres comptables de Raroc jouent un rôle essentiel dans la détermination de Raroc,
mais ils nécessitent d’être complétés par d’autres paramètres que nous avons nommés :
paramètres liés au risque.
1
Return On Equity : rentabilité des fonds propres ou rentabilité financière.
37
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Elle représente la valeur des engagements encore dus au moment du défaut. Pour
estimer l’exposition à la date du défaut, nous devons connaître la valeur actuelle des flux
contractuels encore dus. La tâche n’est pas évidente, car nous devons avoir un taux
d’actualisation pour pouvoir calculer l’exposition ; en plus nous ne devons pas appliquer le
même taux pour touts les débiteurs1.
La solution est de procéder par analogie ; on assimile le crédit à une obligation : les
deux sont des créances qui génèrent des flux annuels (intérêts et coupons) et sont
remboursables à échéance. Pour l’actualisation on utilisera le taux zéro-coupon pour la
catégorie de risque appropriée.
L’évaluation des obligations à une date donnée consiste à ramener les flux futurs à cette date,
autrement dit : l’actualisation ; pour ce faire nous utiliserons les taux zéro- coupon.
Ces taux sont issus d’une courbe dite « courbe des taux » ; elle est construite selon une
méthode pas à pas appelée Boot Starp ; elle consiste à calculer le taux zéro-coupon à partir
des prix des obligations cotés, cela tout en augmentant graduelement la maturité.
A la fin nous nous retrouverons avec des taux ZC selon la maturité ; on pourra donc tracer la
courbe des taux, pour plus de précision, des méthodes d’interpolation sont proposées.
1
Les débiteurs n’ont pas le même niveau de risque, à savoir des notes différentes.
38
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
A ce niveau nous avons résolu le problème du taux d’actualiation mais reste le problème des
catégories de risque : celui-ci est résolu par les agences de notation ; d’ailleurs Standard &
Poor’s a établi une grille1 contenant les taux ZC correspondant à chaque note.
Nous avons déjà vu que le risque de crédit, est bien le risque de variation de la valeur du
crédit ou le défaut de remboursement de l’emprunteur. Il est donc nécessaire de connaître les
probabilités de migration d’une classe de risque à l’autre (cas des modèles MTM), ou plus
particulièrement les probabilités de défaut (cas des modèles de défaut).
Ces probabilités de migration sont résumées dans des matrices de transition, il faut noter que
dans un modèle de défaut on retiendra que la probabilité de défaut conditionnelle à la classe
de risque initiale.
Exemple :
La probabilité qu’un emprunteur noté B, devienne BB est 6,48%.
La probabilité qu’un emprunteur noté AAA, fasse défaut est 0%.
En théorie, on doit effectuer un ajustement des probabilités de transition par rapport aux
caractéristiques des emprunteurs constituant le portefeuille de crédit. Particulièrement, on doit
intégrer l’impact du cycle des affaires sur le risque de crédit. Pour effectuer une simulation de
l’impact des cycles sur les transitions, les données doivent couvrir au minimum un cycle
entier. De ce fait l’utilisation des probabilités non conditionnelles du point de vue
1
Cette grille est explicitée au troisième chapitre.
39
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
1
Priorité.
40
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Une fois que nous avons fait le tour de l’expected loss et ses composantes, passons à
l’unexpected loss :
2. Unexpected loss
L’unexpected loss est destinée à capter le risque non anticipé de la perte. Elle correspond à
« l’écart type de la perte » telle que :
- La non-linéarité ;
- La sous-additivité.
La non-linéarité : EDF évolue plus rapidement que UL, ce-ci peut être illustré dans
le graphique ci-dessous :
Comme UL est couverte par un niveau suffisant de capital économique, le graphique ci-
dessus représente donc l’évolution de celle-ci en fonction de PD ou EDF. Ces courbes ont été
établies pour un niveau fixe de LGD (45% dans ce cas).
41
CHAPITRE PREMIER : LA NOTION DE RAROC
Explication : nous avons : UL p = ∑∑ UL .UL .ρ i j ij tel que ρij est la corrélation de défaut entre
i j
l’actif i et j.
On a UL p = ∑∑ UL .UL .ρi j ij ≤ ∑∑ ULi .UL j .ρ ij (0≤ ρij ≤1) et (ULi≥0 ∀i).
i j i j
∑∑
i j
ULi . UL j = ∑
i
ULi .∑ j
UL j = ( ∑ i
ULi )² < ∑ [ UL ]² (inégalité
i
i de Cauchy), on
obtient donc : ∑ [ UL ]² = ∑ UL
i
i
i
i
Diminuer ULp revient à diminuer ρij, il s’agit bien d’une minimisation des risques
diversifiables entre les actifs du portefeuille, il n’en restera à la fin que des risques
spécifiques.
Risk contribution (RCi) est la quote-part d’unexpected loss portée dans le portefeuille, compte
tenu de la diminution enregistrée grâce à la prise en compte de l’effet portefeuille.
∂UL p
Nous avons donc : RC i = ULi et UL p = ∑ RC i
∂ULi i
Nous avons exposé tout au long de ce chapitre, la notion de Raroc avec ses différents
paramètres. Cependant il ne faut pas omettre que Raroc n’est pas seulement une formule ;
c’est tout un processus, avec des étapes et des conditions d’application. Le chapitre suivant va
s’intéresser à l’exposition de ce processus et à l’évaluation de Raroc.
42
CHAPITRE DEUXIEME :
LE PROCESSUS RAROC
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Ce chapitre s’intéressera à l’étude de Raroc en tant que processus : d’une part en tant
qu’analyste du couple risque-rentabilité dans un portefeuille de crédit, d’autre part en tant
qu’outil d’aide à la décision. Pour pouvoir entamer ces deux aspects, nous introduirons des
concepts relatifs à la mesure du risque et la contribution en risque. Nous aborderons par la
suite la problématique de mise en place d’un tel outil, en exposant les éléments nécessaires
pour édifier le processus d’intégration de Raroc. En fin nous mettrons en valeur les points
forts et faibles de Raroc.
Raroc est un outil appartenant à la famille des RAPM, donc ce qui serait vrai pour
RAPM, le sera forcément pour Raroc. Cette section s’intéressera à expliciter l’intérêt d’une
telle mesure pour un portefeuille de crédit.
1. Mesure de risque :
Elle peut être définie comme le quantile α de la perte L (t) telle que ;
Credit Var (α) = {L / P [L (t) ≤ L] ≥ α}
43
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
C’est un cas particulier de ER, dans ce cas le seuil correspond à Credit Var :
ES (α) = E [L (t) / L (t) ≥ Credit Var (α)]
La mesure la plus utilisée en risque de crédit est la perte inattendue, du moment que la
perte moyenne est couverte par un niveau suffisant de provisionnement.
2. Contribution en risque :
Ce point est très important dans l’appréciation du risque au niveau individuel, nous
avons vu au chapitre précédent que l’unexpected loss est dotée d’une propriété de sous-
additivité, il nous est donc incontournable de passer par la contribution en risque :
Pour commencer, considérons une mesure de risque (déduite évidemment de la distribution de
pertes), nous la noterons : Risk et elle dépendra des expositions xi , telle que :
La façon triviale pour calculer la contribution en risque de la ième créance, est d’effectuer la
différence entre la mesure du risque avec cette créance et sans celle-ci, cela veut dire que :
RC (i) = Risk (x1, …, xi-1 , xi , xi+1, …,xI) – Risk (x1, …, xi-1 , xi+1, …,xI).
RC (i) est appelée « discrete marginal contribution » par Koyluoglu et Stocker en 2002.
La notion de contribution peut être généralisée pour un ensemble de créances A, tel que :
- Le risque ;
- Le rendement ;
44
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Pour montrer la portée de ces deux aspects dans un portefeuille de crédits, nous donnons
l’exemple suivant1 :
Soit un portefeuille composé de 500 créances, de nominal égal à 1000 € et de maturité égale à
5 ans. La répartition en fonction du rating est la suivante :
Coté risque : les ratings les plus bas représentent les contributions les plus élevées ;
Coté rendement : les ratings les plus bas offrent les spreads les plus élevés.
Nous aboutissons donc au résultat : seul le risque est rémunéré. Cette conclusion nous
oriente à définir la RAPM : il s’agit d’une mesure de performance ajustée au risque : Risk
Adjusted Performance Measurement (RAPM).
Pour une créance i, d’exposition xi , prise isolément, on obtient (en ce qui s’en suit, nous
noterons : spread : Sp et taux de référence : Euribor) :
xi . (Euribor + Sp(i))
RAPM (i ) =
Risk(xi )
N’oublions pas que lorsqu’une opération (un crédit, par exemple) est envisagée, elle vient
pour s’ajouter à d’autres opérations ; nous nous intéresserons donc aux mesures suivantes :
1
Adapté de : T. RONCALLI, La Gestion des Risques Financiers, Ed. ECONOMICA, Paris, 2004, Chapitre 8.
2
Ce taux est généralement un taux sans risque tel que l’Euribor.
45
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
∑ x .(Euribor + Sp(i))
i =1
i
RAPM ( xi ,..., x I ) =
Risk ( xi ,..., x I )
xi . (Euribor + Sp(i))
Et : RAPM (i ; xi ,..., x I ) =
RC (i )
Nous remarquons bien que le dénominateur (au niveau individuel) est la contribution
en risque de la créance et non pas sa VaR ; ce-ci implique que la mesure de performance
intègre l’effet de la diversification du portefeuille.
xi . (Euribor + Sp(i))
Posons: Risk (xi) :=VaR (i) RAPM (i ) =
VaR(i )
Si on établirait le rapport RAPM (i ; xi ,..., x I ) / RAPM (i) , on aura :
RAPM est une mesure qui permet d’analyser le couple risque rentabilité au sein d’un
portefeuille de crédits, mais est-ce qu’elle sera fiable pour la gestion de portefeuille de crédits
proprement dite ? On apportera des réponses à cette interrogation dans la dernière section de
ce chapitre.
Le rendement des fonds propres économiques sert à évaluer une opération dont la
réalisation éventuelle est envisagée par la banque. Cependant, il ne faut pas omettre que cette
opération vient s’ajouter à des milliers d’autres opérations réalisées auparavant. Il est donc
nécessaire de connaître les caractéristiques de cette opération, à savoir : sa VaR et la règle de
décision basée sur le rendement des fonds propres économiques.
Pour expliciter ces idées, nous allons dérouler la simulation suivante1 qui suppose un
portefeuille de n opérations ; la problématique étant d’exécuter la n+1ème opération ou non,
cela tout en étudiant son impact sur la VaR, la valeur de la banque, la valeur des fonds propres
et à l’utilité des actionnaires ou des dirigeants.
1
Adaptée de : J. MATHIS, FONDS PROPRES ECONOMIQUES « RAROC » ET GESTION BANCAIRE,
CEREG, Université Dauphine.
46
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
L’hypothèse de normalité posée dans cet exemple n’altérera pas le raisonnement construit, du
moment que cette hypothèse est introduite pour simplifier l’estimation de la VaR et n’aura pas
un impact sur les règles de décision.
Pour des raisons de simplification, nous supposerons qu’il n’y ait qu’une seule période ; nous
aurons donc deux dates :
- La date 0 : l’opération est décidée ;
- La date 1 : le revenu de celle-ci est perçu.
A la date 0 : on a n opérations réalisées, le problème est de savoir est-ce qu’il faut réaliser
l’opération n+1 ou non.
Les caractéristiques du portefeuille aux dates « 0 » et « 1 » sont récapitulées au tableau
suivant :
A la date « 0 » A la date « 1 »
Nombre d’opérations n n+1
n n +1
Cash flows CF A = ∑ CFi CFB = ∑ CF i
i =1 i =1
n n +1
Dettes DA = ∑ Di DB = ∑D i
Financement i =1 i =1
des Fonds n n +1
opérations propres TA = ∑ Ti TA = ∑T i
i =1 i =1
Coût de la dette Rf Rf
Richesse de la banque WA=CFA-DA (1+ Rf) WB=CFB-DB (1+ Rf)
(richesse initiale = W0)
L’opération n+1 correspond à un investissement In+1 financé par la dette Dn+1 et les fond
propres Tn+1, telle que : In+1=Dn+1+Tn+1.
1.1. La VaR :
VaR = E (WB-WA) = E (WB) – E (WA) = E [CFB-DB (1+ Rf)] – E [CFA-DA (1+ Rf)]
L’opération n+1 augmente l’écart type de la richesse de : σ (WB) - σ (WA). Mais comme les
versements aux créanciers sont certains (seuls les cash flows sont aléatoires) nous obtenons :
47
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
∑ cov( CF A , CFi )
σ (CFA) = i =1
σ ( CF A )
cov( CF A , CFi )
La contribution moyenne de l’opération i est donc :
σ ( CF A )
48
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
CFn +1 − D n +1 ( 1 + R f ) − Tn +1
TIRfp(n+1) = le taux interne de rendement du financement de
Tn +1
l'investissement en fonds propres de l'opération n+1 envisagée.
CF A − D A ( 1 + R f ) − W0
RfpA = rendement des fonds propres en absence de l’opération n+1 en
W0
valeur de marché.
CFA est donc égal à : W0. RfpA + D A ( 1 + R f ) + W0
Et : CFn+1 à: Tn+1 . TIRfp(n+1) + Dn +1 ( 1 + R f ) + Tn +1
cov(CF A , CFn +1 ) cov(R fpA ,Tn +1 . TIR fp(n +1) )
σ (CFB) - σ (CFA) ≅ =
σ (CF A ) σ (R fpA )
cov(R fpA ,TIR fp(n + 1) )
= Tn+1
σ (R fpA )
La VaR reçoit souvent1 l’appellation de fonds propres économiques, ce-ci est valable
lorsqu’elle se trouve au dénominateur d’un indicateur de performance. Le numérateur est
choisi selon le taux rendement qu’il soit brut ou net. Lorsqu’on est au 2ème cas ; on affecte aux
fonds propres investis le taux sans risque Rf.
Le taux de rendement brut des fonds Le taux de rendement net des fonds propres
propres économiques économiques
E( CFn +1 ) − D n +1 .( 1 + R f ) − Tn +1 E( CFn +1 ) − ( D n +1 + Tn +1 )( 1 + R f )
cov(CF A , CFn +1 ) cov(CF A , CFn +1 )
u. u.
σ (CF A ) σ (CF A )
E( CFn +1 ) − D n +1 .( 1 + R f ) − Tn +1 E( CFn +1 ) − ( D n +1 + Tn +1 )( 1 + R f )
= =
cov(R fpA ,TIR fp(n +1) ) cov(R fpA ,TIR fp(n +1) )
Tn +1 Tn +1
σ (R fpA ) σ (R fpA )
L’utilisation de Raroc fait généralement appel au taux de rendement net ; la règle de décision
est de réaliser l’opération si le taux de rendement des fonds propres économiques est
supérieur à un certain seuil.
Pour ce faire, nous introduirons les notions des valeurs de la banque et des fonds propres :
1
Concernant le risque de crédit, les fonds propres économiques = VaR – expected loss. Dans cet exemple on a
posé l’hypothèse de normalité des rendements pour simplifier.
49
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Une opération n+1 consiste à investir un montant I à la date 0 pour en récupérer des
flux de liquidité à la date 1. L’investissement peut être financé par des fonds propres T ou par
des dettes D.
I=T+D
La valeur de la banque est la valeur des flux de liquidité hors impôts qu’elle
engendrera dans le futur. Pour simplifier on va négliger les impôts. Un investissement est
réalisé si l’augmentation de la valeur de l’entreprise qui en résulte > coût de l’investissement ;
tout simplement si sa valeur actuelle nette est positive :
E( CF )
VAN = − I + >0.
1 + E( R )
E(R) est le taux d'évaluation du marché des flux de liquidités de même risque que CF.
Le taux d’évaluation qui annule la VAN est le TIR (taux interne de rendement) :
E( CF ) CF − I
−I + =0, le TIR sera donc égal à :
1 + E( TIR ) I
Les actionnaires de leur part ont financé l’investissement et contracté une dette D, la
valeur de marché des fonds propres (FP) est la différence entre la valeur de la banque et les
dettes :
E( CF )
FP = -D
1 + E( R )
L’augmentation de la richesse des actionnaires est la différence entre la valeur de marché des
fonds propres et le financement qu’ils ont consenti :
E( CF ) E( CF )
FP - T = -D– T= -I
1 + E( R ) 1 + E( R )
Dans la mesure où le calcul de la valeur actuelle nette ne fait pas intervenir la structure
du financement (c'est-à-dire le partage de I entre T et D), on retrouve le théorème de
50
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Modigliani-Miller selon lequel, en l'absence de fiscalité, la décision d'investir, prise par les
actionnaires (ou en leur nom), est indépendante de la nature du financement, dette ou fonds
propres.
E( CF ) − D( 1 + R f )
>T
1 + E( R fp )
Et: E (TIRfp)>E (Rfp)
On est bien d’accord que, le TIR est le taux d’évaluation qui annule la VAN, donc si on
remplace E (Rfp) par E (TIRfp) on aura :
E( CF ) − D( 1 + R f ) E( CF ) − D( 1 + R f ) CF − D( 1 + R f ) − T
−T = 0 = T TIR fp =
1 + E( TIR fp ) 1 + E( TIR fp ) T
Le taux auquel le marché évalue les flux de liquidité espérés par la banque CF, ou
perçus par les actionnaires E (CF) – D(1+Rf) peut être tiré du MEDAF :
Où :
Rf Le taux sans risque
E (Rm) Le rendement espéré du portefeuille du marché
β Mesure de risque attachée au flux E(CF)
βfp Mesure de risque attachée au flux E(CF) – D(1+Rf)
PRm Prime de risque de marché
E( CF )
>I
1 + R f + β .PR m
Et: E (TIR)> β.PRm+ Rf
51
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
E( CF ) − D( 1 + R f )
>T
1 + R f + β fp .PR m
Et: E (TIRfp)> βfp.PRm + Rf
Les dirigeants de la banque sont tenus d’oeuvrer dans l’intérêt des actionnaires.
Certains conflits peuvent intervenir entre les intérêts des actionnaires et des dirigeants.
L’existence de ces conflits et leur résolution a permis la mise en place de la théorie de
l’agence.
52
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
La fonction d’utilité pour les dirigeants et les actionnaires mal diversifiés est telle que :
b
U = W0 . [E(1+Rp)- σ²(1+Rp)]
2
Rp est le taux de rendement des fonds propres dans le cas de la fonction d'utilité du
dirigeant, et du portefeuille de l'investisseur dans le cas de la fonction d'utilité de l'actionnaire
mal diversifié.
Les raisons de choisir une telle fonction d’utilité sont : sa simplicité et sa facilité
d'interprétation: l'utilité dépend du taux de rendement espéré et du risque mesuré par la
variance du rendement. Ce taux de rendement est le taux de croissance futur de la richesse de
la banque ou de l'investisseur. La présence de W0 est sans conséquence dans le cas d'une
période unique, puisqu'il s'agit alors d'une constante qui n'influe pas sur la représentation des
choix associés à la fonction d'utilité. Elle permet cependant, de faire apparaître la richesse et
les flux de liquidités plutôt que les taux de rendement. En effet, U peut encore s'écrire:
b
U = E(W)- σ²(W)
2W0
Dans les deux cas, une opération n+1 est envisagée pour ramener la richesse de WA à WB.
b b
UB -UA = [E(WB)- σ²(WB) ] - [E(WA)- σ²(WA) ]
2W0 2W0
b
= E(WB) - E(WA) - [σ²(WB) - σ²(WA)]
2W0
σ²(WB) peut être linéarisée autour de σ²(WA) :
σ²(WB) ≅ σ²(WA)+ 2. σ(WA)[ σ(WB) - σ(WA) ]
σ (WA )
UB -UA ≅ E(WB) - E(WA) – b. [σ(WB) - σ(WA)]
W0
53
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
E( CF ) − D( 1 + R f )
> T ou E (TIRfp)> b.cov(RfpA,TIRfp) banque……..(**)
1 + R fp + b. cov( R fpA ,TIR fp )
E( CF ) − D( 1 + R f )
> T ou E (TIRfp)> b.cov(RInvA,TIRfp) investisseur mal diversifié
1 + R fp + b. cov( R InvA ,TIR fp )
E( CF ) − D( 1 + R f )
> T ou E (TIRfp)> βfp.PRm + Rf
1 + R f + β .PR m
Nous pourrions à présent discuter de la pertinence des taux de rendement brut et net des fonds
propres économiques, rappelons les :
E( CFn +1 ) − D n +1 .( 1 + R f ) − Tn +1
TRB éco =
cov(R fpA ,TIR fp(n +1) )
Tn +1
σ (R fpA )
E( CFn +1 ) − ( D n +1 + Tn +1 )( 1 + R f )
TRN éco =
cov(R fpA ,TIR fp(n +1) )
Tn +1
σ (R fpA )
La règle décision consiste à comparer TRBéco et TRNéco avec un seuil bien défini.
Nous nous intéresserons à apporter une justification théorique à cette règle ; on abordera après
la problématique de l’affectation des fonds propres économiques et on testera l’hypothèse :
peut-il y avoir une identité entre fonds propres et fonds propres économiques ?
54
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
E( CF ) − ( D + T )( 1 + R f )
⇔ >1
T .b. cov( R fpA ,TIR fp )
E( CF ) − ( D + T )( 1 + R f )
⇔ >b
T . cov( R fpA ,TIR fp )
σ ( R fpA )
En multipliant l’inégalité par , on obtient :
u
E( CF ) − ( D + T )( 1 + R f ) σ ( R fpA )
>b ……..(***)
cov( R fpA ,TIR fp ) u
uT
σ ( R fpA )
Nous constatons que le terme à gauche de l’inégalité est bien le taux de rendement net
des fonds propres économiques. Cette règle qui consiste à imposer un seuil au taux de
rendement des fonds propres économiques est cohérente avec la maximisation de la valeur de
la banque.
L'expression ci-dessus fait apparaître que ce seuil n'est pas indépendant de l'écart-type du taux
de rendement des fonds propres à la date de la prise de décision. Ceci provient du fait que,
dans une fonction d'utilité moyenne-variance, le taux de substitution entre le rendement et le
risque n'est pas constant. Plus le risque est important, plus un même supplément de risque
demande, pour être compensé, un supplément de rendement plus important. Le graphique ci-
après illustre cet effet.
55
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Rendement
Ecart-type
b
TRNéco > σ ( R InvA )
u
Le respect du seuil ci-dessus ne peut constituer une règle de décision que lorsqu'un
seul actionnaire est capable d'imposer la décision (c'est souvent le cas d'un noyau dur),
puisque le seuil qui s'applique au taux de rendement des fonds propres économiques dépend
du risque du portefeuille de l'actionnaire et de son degré d'aversion vis-à-vis du risque; il ne
peut être commun à plusieurs actionnaires.
Raroc n'alloue pas des fonds propres mais du risque, au sens de la valeur à risque. En
conséquence, il n'est pas possible d'obtenir une écriture du type "taux de rendement brut =
taux sans risque + marge". Ceci provient de ce que, dans l'expression du taux de rendement
net, les fonds propres qui interviennent dans le calcul du résultat au numérateur, T, diffèrent
des fonds propres économiques au dénominateur :
56
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Les taux internes de rendement des fonds propres apportés, T, et de l'investissement, I=T+D:
E( CF ) − D( 1 + R f ) − T E( CF ) − T + D
TIR fp = et TIR =
T T +D
Sont en effet liés par la relation de l'effet de levier:
D
TIR fp = TIR + ( TIR − R f ).
T
cov( R fpA ,TIR fp ) T + D cov( R fpA ,TIR )
de sorte que: =
σ ( R fpA ) T σ ( R fpA )
L'égalité des fonds propres et des fonds propres économiques s'obtient alors en choisissant T
de telle sorte que:
T cov( R fpA ,TIR )
= u.
T+D σ ( R fpA )
C’est-à-dire en choisissant un ratio fonds propres/investissement proportionnel au
risque de l'opération, mesuré par sa covariance avec les fonds propres de la banque et non
avec le marché.
En dehors de ce choix, le seuil de rentabilité brut des fonds propres économiques ne peut être
défini comme le taux sans risque augmenté d'une marge.
L'allocation de fonds propres égaux aux fonds propres économiques n'a cependant pas de
justification claire. En effet, la règle de décision fondée sur l'augmentation de l'utilité des
dirigeants ou de l'actionnaire mal diversifié est indépendante de la structure du financement.
Raroc est un taux de rendement net des fonds propres économiques, il sert à
sélectionner les opérations fructifiant la valeur de la banque ou la richesse des actionnaires : il
s’agit bien d’un outil d’aide à la décision dans l’activité de crédit.
57
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Nous avons abordé précédemment les aspects théoriques de Raroc. Maintenant, nous
nous intéressons à l’application d’une telle méthode, nous exposerons tout au long de cette
section : les différentes utilisations de Raroc et les « ingrédients » nécessaires pour la mise en
place de celui –ci.
1. Utilisation de Raroc :
Nous avons constaté précédemment que, Raroc est en même temps outil de gestion du
portefeuille de crédit et d’aide à la décision (sélection des transactions profitables). Il peut
donc être un outil transactionnel ou de gestion :
Il est lié directement à la demande de crédit. Dans ce cas on estimera de manière ex-
ante la profitabilité d’une opération. Les données utilisées seront donc prévisionnelles, elles
seront estimées par le secteur commercial.
Plusieurs banques utilisent des outils basés sur la méthodologie Raroc. La mise en œuvre est
effective sur plusieurs niveaux :
Au niveau global : L’action commerciale va effectuer une segmentation de la clientèle,
elle proposera par la suite une offre personnalisée à sa clientèle et cela, vu la profitabilité du
client.
Au niveau individuel : le commercial disposant d’un outil de type Raroc calibré peut
prendre en compte l’environnement concurrentiel, pourra proposer une offre personnalisée à
son client dans des délais records.
Pour que Raroc soit un outil fiable de risk management, il faudra faire attention aux données
utilisées car les résultats sont excessivement sensibles à certaines données. Cependant si
celles-ci sont fiables, on pourra générer une série de reportings et de gérer les limites de
concentration ou de consommation en coût du risque. Ces reportings peuvent être exploitées
58
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
dans les procédures budgétaires ; on pourra allouer les budgets en fonction de la performance
économique des différents départements ou définir leurs objectifs sur des critères Raroc.
Ces deux approches, bien qu’elles paraissent opposées, sont complémentaires. Nous
pouvons le constater au tableau ci-dessous :
Raroc nécessite la réunion de plusieurs moyens, nous les avons classés en moyens humains et
logistiques :
- Gestion des risques : cela est nécessaire dans la phase de la modélisation des
risques ;
59
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
- Gestion des bases de données : car nous aurons affaire à un nombre fastidieux
d’opérations, la maîtrise des éditeurs de bases de données est donc nécessaire, surtout pour
le cas de Raroc où l’alimentation des bases doit être très prudente.
- Avoir des directions de risque : il faut aller au-delà de la notion du suivi des
engagements et du provisionnement ex post, une telle direction appréciera le niveau de
risque sur le portefeuille de crédit globalement et la contribution en risque de chaque
opération, elle s’occupera de l’estimation de la PDF sur le portefeuille et d’en tirer les
conclusions.
60
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Moyens
Humains
Moyens
Logistiques
Il est évident que la réunion de ces moyens n’est pas gratuite ! Mais lorsqu’on pense à mettre
en place un tel outil, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit bien d’un investissement, les coûts
engagés dans les premières années seront importants, mais ils vont être épongés lorsque le
procédé managérial arrivera à sa maturité.
Lorsqu’on veut appliquer Raroc ou n’importe quel autre outil de gestion, on est obligé de
passer par des étapes avant qu’on l’intègre au sein de la banque. Ces étapes dévoilent les
difficultés qui peuvent ralentir l’intégration : on pourra donc proposer des solutions à ceux-ci,
et cela au fur et mesure qu’on avance dans le processus d’intégration.
Si on brûle ces étapes, on affrontera toutes les difficultés simultanément ; d’ailleurs c’est ce
qui explique l’échouement de plusieurs outils managériaux poussés ; ces derniers ont été, tout
simplement, introduits brusquement.
Le processus d’assimilation d’un procédé managérial (Raroc en est un) est résumé dans la
figure suivante1 :
1
Brewer a procédé en 1996, au découpage du processus d’assimilation d’une innovation managériale en cinq
phases (acceptation et routinisation sont considérées comme une seule phase).
61
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Initiation
Adoption
Adaptation
Acceptation
Routinisation
Intégration
La mise en place de Raroc est une tâche complexe. Cependant, si on respectait les consignes
citées dans cette section, nous aurons en main un outil de sélection des engagements.
Bien qu’il s’agit d’une innovation de Banker’s Trust, bien qu’il est adopté par des
banques de renommée internationale telles que ING, BNP Paribas, Société Générale, …etc.
Raroc est à l’origine un outil statistique ; donc sensible aux aléas dus aux données. Il est aussi
basé sur des hypothèses qui peuvent être incompatibles avec les théories d’optimisation.
Nous présenterons donc à la première partie de la section les atouts de Raroc, la deuxième
partie sera consacrée logiquement aux limites de Raroc.
Les succès de Raroc découle du fait que ses trois fonctions : moniteur, régulateur et opérateur
aient le pouvoir d’agir dans des rapports d’interdépendance mais de manière contrôlée.
La mise en place d’un système d’inspiration libérale a incité les banques à s’acharner sur les
parts de marché, tout cela en négligeant l’activité clé des banques commerciales : le contrôle
et la gestion des risques. La performance était appréciée seulement par le volume d’opérations
ou le PNB qui représentaient les seuls vecteurs de pilotage. On pourrait parler de gestion des
risques qu’au début des années 1990 qui, connaissaient une hausse des défauts de paiement.
62
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
La performance financière devait incorporer une dimension risque associée au résultat, qui
comptait lui seul pour l’appréciation de la performance.
Pour cela Raroc a contribué à ce changement de point de vue envers la performance, cela en
affichant le risque comme indicateur de performance dans les relations Banque-PME.
Il a permis d’injecter la culture risque au sein des pratiques des promoteurs commerciaux, cela
en leur permettant de se développer en devenant au fil du temps une production cognitive
collective dépassant les connaissances de quelques individus plus particulièrement
sensibilisés à cette question. Depuis, dans les banques, la logique professionnelle de
management du réseau ne repose plus sur un développement furieux et libre des parts de
marché mais sur une gestion déléguée du couple rentabilité-risque.
Devant la hausse effrénée des contentieux en matière de crédits aux PME (début des années
1990), les banques ont décidé de modifier le processus de traitement d’un dossier de crédit à
une PME. Dans le but de préserver une certaine indépendance entre le chargé d’affaires et la
clientèle, les banques ont adopté une politique de scission : l’évaluation du risque est attribué
à une cellule totalement isolée du client. Mais cette division a provoqué des difficultés de
communication entre le pôle risque et les promoteurs commerciaux, du moment que :
- Le pôle risque : cherche à éviter au profit de la banque tous les crédits risqués.
- Les promoteurs commerciaux : cherchent à fructifier le portefeuille de crédit.
Les décisions de ces deux parties étaient souvent opposées. Face à un tel dialogue qui,
devenait de plus en plus difficile, Raroc a joué un rôle de réconciliateur entre le commercial
et le risk-manager. Il a contribué à une compréhension réciproque. En procédant au calcul de
la rentabilité nette de risque client, Raroc permet d’éviter une réponse exclusive : décision
d’octroi ou refus d’octroi de crédit. Elle permet de ménager au chargé d’affaires une base de
négociation lui permettant d’entrer en relation sous la condition par exemple que le client
accepte de diminuer son exposition au risque ou accepte d’augmenter le flux de revenus
futurs. Le calcul de la rentabilité nette du risque client offre une mesure de performance
uniforme permettant le benchmarking et créant l’émulation nécessaire à un développement du
fond de commerce. Raroc participe ainsi à la régulation des comportements en favorisant les
négociations entre le pôle risques et les commerciaux.
63
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
l’exigence de performance. L’intégration Raroc permet non seulement de définir des critères
objectifs de jugement des engagements dans une optique de gestion du risque bancaire mais
aussi d’homogénéiser les modes d’action professionnelle. Le risque bancaire est objectivé, en
fonction des produits et des segments, de façon à laisser le minimum de place à la
subjectivité des jugements de chaque commercial. Ainsi des tableaux de bord locaux sont
établis permettant de comparer à l’intérieur d’un même portefeuille des clients présentant un
risque comparable et de s’interroger sur les raisons expliquant les écarts (maturité des crédits,
valeur des garanties, conditions, …). Ces tableaux sont aussi un moyen de positionner un
portefeuille par rapport à une référence nationale et repérer les clients ayant des résultats
sensiblement inférieurs à la moyenne.
2. Points faibles :
Plusieurs auteurs jugent qu’il s’agit d’un outil lourd, difficile à mettre en place et surtout
coûteux. Cela est vrai, mais nous avons parlé de ce point dans la partie : les « ingrédients » de
Raroc, Raroc est un investissement et sa mise en place nécessite sans aucun doute, des coûts
et un suivi du processus d’intégration. Ces aspects constituent des contraintes à surmonter
plus que des points faibles à remédier.
Ce que nous considérons comme points faibles sont les ambiguïtés et les contradictions qui
peuvent apparaître lors du montage du processus.
Les limites de Raroc apparaissent surtout lorsqu’on l’utilise comme outil d’optimisation top-
down1.
Dans une approche d’optimisation top-down RAPM, on vise à établir un lien avec l’EVA, elle
suppose en fait que la maximisation des performances de la banque passe par la réduction de
l’agence entre actionnaires et direction générale. Cette réduction peut s’obtenir grâce à un
programme d’optimisation dynamique, dont les principes mathématiques sont connus par les
deux parties.
A. De Servigny, dans son livre LE RISQUE DE CREDIT, nouveaux enjeux bancaires, a
critiqué le modèle principal-agent en le qualifiant : « insuffisant pour définir la relation entre
direction générale et actionnaires de la banque ». Ce-ci est soutenu par les arguments :
Merton a proposé en 1974 ce qu’on appelle le modèle de la firme en se basant sur la logique
des options. Ce modèle suppose en fait trois acteurs : prêteurs, actionnaires et flux, donc des
employés. N’omettons pas aussi que, ce modèle a servi de base pour l’élaboration des
1
Cette approche est également appelée approche stratégique, elle consiste à la décomposition du portefeuille de
crédits de la banque en sous-portefeuilles, à partir d cette décomposition on recherchera une allocation optimale
du capital économique entre sous-portefeuilles.
64
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
méthodologies du capital économique. Donc le fait de considérer que deux acteurs (employés
et actionnaires) ne serait pas tout à fait correct.
Une banque doit se définir par ses grandes missions :
- intermédiaire en risque ;
- intermédiaire en liquidité ;
- intermédiaire en information.
Il est évident que ces missions complexes ne peuvent relever d’un pilotage direct des
actionnaires.
1
Coefficient d’asymétrie.
2
Coefficient d’aplatissement.
65
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
Si tout cela est fait, la direction générale aurait réalisé son meilleur effort pour contenir le
potentiel de perte de la banque ; sans pour autant mettre en œuvre des mesures positives de
rééquilibrage par des moyens générateurs du potentiel de gain.
66
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROCESSUS RAROC
- allègement du portefeuille de crédits, par cession de risques et d’actifs sur les marchés
secondaires pour diminuer le downside2 et libérer le capital économique ;
investissement massif dans les activités de distribution ;
- Investissement dans le développement de nouveaux produits à forte marge, dans le
consulting ou la structuration ;
- Développement de nouveaux métiers.
Donc, vu ces aspects, l’application de Raroc pour l’optimisation top-down des portefeuilles de
crédits doit être hyper prudente, et doit se limiter aux portefeuilles homogènes.
1
Potentiel de gain.
2
Potentiel de perte.
67
CHAPITRE TROISIEME :
ETUDE DE CAS
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Dans les chapitres précédents, nous avons présenté les aspects théoriques liés à Raroc.
Cependant, il demeure nécessaire qu’un tel concept soit vulgarisé pour améliorer son
assimilation. Ce chapitre sera donc une étude de cas ; il s’agit de mettre Raroc dans un
contexte réel. Tout au long de ce chapitre nous avons posé des hypothèses délimitant le cadre
de notre étude.
Notre stage s’est déroulé à ARAB BANK PLC ALGERIA, cette section sera donc
consacrée à la présentation de celle-ci. La structure d’accueil a été la Direction Corporate.
Cependant, il faut noter que l’application de Raroc a nécessité un recueil d’informations
auprès d’autres unités telles que : la Direction de Trésorerie, la Direction du Contrôle
Financier et la Direction du Suivi des Engagements.
1. Historique
ARAB BANK a été fondée par Abdel Hamid Shoman en 1930 à Jérusalem, avec
seulement sept actionnaires et un capital de 15.000 livres palestiniennes. L'entrée dans
l'arène internationale n'a jamais perdu l'élan ; aujourd'hui, avec une présence dans 30 pays et
cinq continents, la banque est autant internationale qu’un établissement arabe. Les entités
arabes de la Banque en Europe comportent réellement la part majoritaire des capitaux, du
portefeuille de crédits, des dépôts et des revenus totaux tandis que les pays arabes (à
l'exclusion de la Jordanie) sont maintenant en second rang.
L'expansion de la banque a été variée et souple : on distingue les compagnies sœurs, les
branches et les filiales. Il existe trois catégories de filiales :
- Wholly owned : celles qui sont entièrement possédées par les actionnaires de ARAB
BANK PLC;
- Majority owned : celles dont ARAB BANK PLC est actionnaire majoritaire (à plus de
50%) ;
- Affiliate : il s’agit des filiales dont ARAB BANK PLC est seulement affiliée (à moins
de 50%).
68
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
2. Chiffres clés
Nous avons jugé utile de présenter quelques indicateurs de ARAB BANK GROUP,
nous retrouvons ci-après un tableau récapitulatif des principaux indicateurs des exercices
2004 et 2005.
- La partie (I) du tableau rend compte des résultats : le produit net bancaire, le résultat
après impôts, les dividendes et le résultats par action.
- La partie (II) rend compte des principaux postes du bilan, à savoir : le total bilan, les
dépôts de clientèle, l’encours des crédits directs et le capital.
- La partie (III) est consacrée au ratios : PNB/total bilan, le résultat après impôts/total
bilan, le ratio Cooke et enfin l’encours des crédits directs/dépôts.
- Le graphique (partie IV) illustre l’évolution du cours de l’action de ARAB BANK
durant l’année 2005.
69
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
(I)
(II)
(III)
(IV)
70
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
ARAB BANK PLC ALGERIA est une branche de ARAB BANK PLC, elle a été créée en
2001, elle possède la même structure que la banque mère, sauf que, certaines entités ne sont
pas encore opérationnelles, nous citons :
- Private banking ;
- Investment banking ;
- Bancassurance.
Si on veut faire une correspondance avec l’organigramme général d’ ARAB BANK PLC, la
Direction Corporate serait la business unit : Global Banking.
Celle-ci a pour lignes métiers:
- Commercial Lending;
- Project and structured finance;
- Trade finance;
- Small and medium-sized enterprises (SME);
- Financial institutions.
71
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Il faut souligner que pour ARAB BANK PLC ALGERIA, le premier niveau de délégation en
matière de crédit est la Direction Corporate et non pas l’agence, du moment que les dossiers
de crédits se traitent au niveau de cette direction.
Au niveau de ARAB BANK PLC, il existe un système de notation interne pour les
entreprises (non applicable aux banques et établissements financiers). Ce système est scindé
en deux parties (selon la nature de la contrepartie) :
- Ce système de notation est applicable aux sociétés dont les états financiers sont jugés
sincères et conformes par la banque. Dans le cas contraire, ou dans le cas de
l’inexistence de ceux-ci, la banque appliquera un système de notation ajusté que nous
détaillerons dans le prochain point.
- pour les nouveaux projets dont on ne possède pas de données historiques, l’étude sera
basée sur les prévisions, ces dernières doivent être établies par un bureau d’étude
compétant et neutre, sinon la note de l’entreprise subit une dégradation d’une classe au
moins.
- La décision d’octroi de crédit est défavorable pour les entreprises ayant une note de
facilité > 5.
72
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Elle est établie sur la base de l’évaluation de six (06) éléments du risque de la contre partie:
Les classes de notation (rating categories), sont illustrées dans le tableau suivant :
Une fois que le défaut de l’emprunteur noté, la note sera ajustée selon les éléments suivants :
- Third party guarantees: on prendra en considération la nature de la caution : simple
ou solidaire, il évident que la banque préfèrera la caution solidaire puisqu’elle perd ses
deux droits : le droit de discussion et le droit de division.
Si la note de la caution < la note de la facilité, cette dernière sera
améliorée.
Dans le cas contraire elle demeure inchangée.
- Corporate structure : il s’agit de voir si on a affaire à la société mère ou une filiale et
cela pour connaître le rang de priorité des créances de la banque par rapport à d’autres
créances.
- Tenor of the facility : dans ce cas la note sera révisée en fonction de la maturité et non
la durée totale du crédit.
- Security : il y’a lieu d’évaluer la garantie : actifs monétaires, immeubles ou autres
sûretés. La banque classe évidemment les liquidités en premier rang. Si la garantie a
73
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
une note inférieure à la note de la facilité, cette dernière aura pour valeur la note de la
garantie, dans le cas contraire il n’y aura pas de changement.
d. Comprehensive rating :
Il s’agit de la note globale de l’entreprise qui est obtenue après l’ajustement de la note de la
facilité par la note pays.
Les conditions d’application et la démarche de la notation dans ce système sont les mêmes
que pour CRRS, sauf que ACRRS est destiné aux entreprises qui ne présentent pas d’états
financiers comme les sociétés civiles, ou celles que la banque juge que leurs états financiers
ne reflètent pas leur réelle situation financière.
Les éléments du risque sont présentés dans le tableau suivant :
On constate bien que ce système est basé surtout sur des éléments qualitatifs surtout (les
éléments quantitatifs représentent que 40%).
Nom du client :
Nom de la caution :
Autres garanties :
Eléments du risque Pondération Note (1-10) Note Observation
Ai Bi
Total 100% =ΣAi.Bi
Ajustement de la note
Durée de la facilité
Structure financière de l’emprunteur
Garanties
Note finale de la facilité
74
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
N.B. :
Lorsque la partie décimale de la note est inférieure ou égale à 0,5 la note sera la partie entière
suivie d’un signe moins (-).
Lorsque la partie décimale de la note est supérieure à 0,5 la note sera la partie entière +1
suivie d’un signe plus (+).
Exemple :
2,4 devient 2-
2 reste 2
2,6 devient 3+
La grille de notation de ARAB BANK est ajustée avec celle de Standard & Poor’s et
Moody’s, comme le montre le tableau suivant :
Tableau 4.5. Equivalence entre notation de ARAB BANK et celles de S&P et Moody’s.
ARAB BANK S&P Moody’s
1 AAA Aaa
2 AA+ AA- Aa1 Aa3
3 A+ A- A1 A3
4 BBB+ BBB- Baa1 Baa3
5 BB+ BB- Ba1 Ba3
6 B+ B- B1 B3
7 CCC+ CCC- Caa
8 CC+ CC- Ca
9 C+ D C
10 LOSS LOSS
Une fois que nous avons présenté la structure d’accueil, nous intéresserons au traitement des
données recueillies auprès de celle-ci pour pouvoir appliquer Raroc.
Nous présenterons dans cette section le portefeuille de crédit que nous allons traiter.
On expliquera pas à pas la démarche de la modélisation du risque de crédit au niveau de ce
portefeuille. Cette étape est indispensable, car elle va nous générer deux paramètres essentiels
dans l’estimation de Raroc, et qui sont l’Expected Loss et l’Unexpected Loss. Pour ce faire
nous utiliserons une macro complémentaire de Microsoft Excel conçue par CREDIT
SUISSE FIRST BOSTON, cette dernière est une version simplifiée de CreditRisk+, c’est
une application gratuite et téléchargeable depuis le site officiel de CREDIT SUISSE FIRST
BOSTON1.
1
www.csfb.com.
75
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Autorisation
N° Type de crédit Echéance Note Secteur d'activité
(en KDA)
1 Crédit à moyen terme 530,00 17/06/2007 5 Commerce de gros
2 Crédit à moyen terme 1 869,00 31/05/2007 4 Commerce de gros
3 Crédit à moyen terme 1 030,00 01/08/2007 3 Intermédiation
4 Crédit à moyen terme 12 500,00 31/10/2007 3 BTPH
5 Crédit à moyen terme 12 500,00 31/10/2007 3 BTPH
6 Crédit à moyen terme 56 000,00 01/09/2009 4 Industrie agro-alimentaire
7 Crédit à moyen terme 9 400,00 30/10/2010 4 Industrie agro-alimentaire
8 Crédit à moyen terme 977,00 16/12/2007 3 Intermédiation
9 Crédit à moyen terme 3 022,00 29/02/2008 3 Commerce de gros
10 Crédit à moyen terme 2 000,00 15/10/2006 4 Commerce de détail
1
L’intégralité du portefeuille est présentée en annexe.
76
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Commercial ; scindé en :
- Commerce de gros ;
- Commerce de détail.
Les services :
- Intermédiation.
Industrie papier
Industrie électronique
Industrie chimie-pharmacie
Industrie agro-alimentaire
Commerce de gros
Commerce de détail
BTPH
Coté risque, les notes des contreparties varient entre 3 et 5 comme il est précisé au graphique
suivant :
Graphique 4.3.
Répartition selon la note
5 4 3
L’une des raisons du choix de ARAB BANK comme lieu de stage est bien la
disponibilité de cet outil : la notation interne.
La taille de l’échantillon peut paraître réduite, mais cela peut se justifier par :
77
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
- On s’est intéressé aux crédits directs ; on n’a pas pris en compte les engagements par
signature, car on ne peut pas évaluer leur spread (le taux moyen pondéré des
ressources est calculé comme taux de référence pour les crédits qui font partie du bilan
et non pas pour les engagements par signature qui font partie du hors bilan).
Nous avons vu au Chapitre1 que l’exposition en cas de défaut est la valeur du crédit au
moment du défaut.
Pour les crédits à moyen terme nous allons utiliser la méthode d’actualisation par les taux
zéro-coupon. Les taux zéro-coupon sont explicités dans le tableau suivant :
Encours au Exposition en
N°
30/06/2006 cas de défaut
au 30/06/2007
1 530,00 788,38
2 1 869,00 2 196,08
3 735,83 895,72
4 12 500,00 15 179,74
5 12 500,00 15 179,74
6 56 000,00 78 760,65
7 8 460,00 10 786,48
8 732,90 915,54
9 3 021,67 3 874,75
10 666,67 403,74
U=KDA
1
L’intégralité des calculs d’expositions est présentée en annexe.
78
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Nous avons énoncé à la section précédente que, la grille de notation de ARAB BANK est
alignée avec celle de Standard & Poor’s et Moody’s. Pour trouver les probabilités de défaut il
ne reste que trouver l’équivalent des notes ARAB BANK en notes Moody’s (dans notre cas),
ensuite on a qu’à consulter les matrices de transition pour trouver les probabilités de défaut.
Les probabilités de défaut sont données au tableau ci-dessous en moyenne et en écart type :
Nous avons dit au chapitre premier que le taux de recouvrement (1-LGD) est fonction de la
garantie et de la séniorité de la dette. Dans cette partie nous allons modéliser ce taux de
recouvrement. Moody’s KMV Company a conçu un model qui estime LGD, ce dernier est
nommé LOSSCALC1. Le principe de ce modèle est de supposer que le taux de recouvrement
suit une loi Bêta de paramètres α et β ; la valeur retournée du taux de recouvrement
α
correspond à la moyenne de cette loi Β(α,β) qui n’est rien d’autre que .
α +β
Dans notre cas, nous allons utiliser cette logique pour estimer le taux de recouvrement et par
la suite LGD.
α
La maximisation de doit être effectuée sous les contraintes
α +β
α
≤ 1 (le taux de recouvrement ne peut pas excéder 1) ;
α +β
α > 0;
β > 0;
1
G.M.GUPTON & R.M.STEIN, LOSSCALC V2: DYNAMIC PREDICTION OF LGD Modeling
Methodology, Moody’s KMV Company, 2005.
79
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
αβ
La variance : σ ²(X)=
(α + β ) (α + β +1)
2
0− 1
( 1 − x)
La densité de probabilité d’une variable aléatoire X ~ Β(1,0) est : f ( x) := x1−1⋅ 1
⌠
x ⋅ ( 1 − x)
2− 1 .1− 1
Le graphique de cette densité est illustré ci-dessous : dx
⌡ 0
Β(1,0).
Graphique 4.4. La densité d’une Β(1,0)
3
f ( x)
1
0
0 0.5 1
x
Nous allons comparer par la suite1, pour un β fixé (=0.1), les densités Β(α;
(α;0,1),
0,1) on
augmentera au fur et à mesure α, il prendra les valeurs:: 1; 1,1; 2; 3; 4.
1
Les calculs d’intégrales et les graphiques des fonctions sont établis à l’aide du logiciel Mathcad 2000
professional.
80
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
1
⌠ .1 − 1
a− 1 ( 1 − x)
x ⋅ dx
α Densité ⌠
1
xa − 1 ⋅ ( 1 − x) .1 − 1 dx
⌡0
⌡0.7
1 f ( x) 0,97522496562173466797
1
0
0 0.5 1
x
g( x)
1,1
1 0,97234804798829384009
0
0 0.5 1
x
h( x) 1
2 0,94862792110477826794
0
0 0.5 1
x
I( x) 1
3 0,92621041215477215933
0
0 0.5 1
x
4 K( x ) 0.5
0,90712304928552967004
0
0 0.5 1
x
α −1
( 1 − x )β
1 −1
La colonne x exprime la concentration de la probabilité entre 0.7 et
∫ 1
∫
α −1
0 .7
x ( 1 − x )β −1
1 ; autrement dit la probabilité que le taux de recouvrement soit entre 0.7 et 1. On observe
clairement que cette intégrale est inversement proportionnelle avec α et atteint son summum
en α = 1.
1
81
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
α
Ce ci dit que la maximisation de a pour arguments :
α +β
α=1
β=0
1
xα −1
( 1 − x )β −1
Toutefois, cette solution est idéale ∫
0 .7
1
= ∞
, on pourra prendre
∫ xα ( 1 − x )β
−1 −1
0
α = 1,1
β = 0,1
82
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Exposure x
LGD Mean Standard
1
L’intégralité des données est présentée en annexe.
83
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Les principaux quantiles de la distribution de perte sont résumés dans le tableau suivant :
1
L’intégralité des outputs est présentée en annexe.
84
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
35
On pourra même vérifier que : ∑ EL
i =1
i = EL (portefeuille).
Risk Risk
Name Contribution Expected contribution
(VaR) Loss (UL)
1 41 3,0438133 37,9561867
2 12 2,1387861 9,86121391
3 4 0,3738665 3,62613354
4 191 7,2862746 183,713725
5 191 7,2862746 183,713725
6 2 010 36,754969 1973,24503
7 88 7,5505366 80,4494634
8 4 0,3821378 3,61786219
9 17 1,3898573 15,6101427
. . . .
. . . .
. . . .
31 41 4,28428 36,71572
32 40 3,44855 36,55145
33 556 12,92921 543,07079
34 11 0,3480522 10,6519478
35 86 7 79
Total 90 566 549,36418 90 016,6358
35
Nous remarquons bien que ∑ RC (UL) = UL (portefeuille).
i =1
i
85
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Graphique 4.5.
2.00%
1.50%
Probability
1.00%
0.50%
0.00%
0 50 100 150 200 250 300 350
Pour estimer Raroc pour chaque crédit, nous devons connaître les coûts opérationnels
supportés par ceux-ci. Nous devons donc identifier les centres de coûts et les centres de
profits ; et connaître par la suite la répartition finale des coûts opérationnels sur le centre de
profit concerné par l’activité du crédit.
Les centres de coûts sont les structures centrales, les organes de gestion et d’audit. ARAB
BANK PLC compte les centres de coûts suivants :
- Human ressources ;
- Operations;
- Data processing ;
- Financial control ;
- Premises and supplies ;
86
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
- Risk management ;
- Legal;
- Secretariat;
- Audit ;
Les centres de profits :
- Corporate
- Retail
- Private
- Investment
- Treasury
Ce qui nous intéresse c’est de connaître les coûts opérationnels supportés par la Direction
Corporate, puisque c’est elle qui gère le financement des entreprises (rappelons que les crédits
se traitent à son niveau et non pas au niveau de l’agence).
Pour chaque unité, qu’elle soit centre de coûts ou de profit, on distingue deux types de
charges :
Indirectes : il y a d’abord la répartition des joint expenses ou charges communes, elles sont
réparties au prorata du nombre d’employés et de la superficie de l’unité concernée.
A ce stade la répartition des coûts opérationnels est achevée pour les centres de coûts, restent
maintenant les centres de profit qui, en plus des charges directes et des charges communes
allouées, recevront les charges des centres de coûts.
Le total des coûts opérationnels de l’unité Corporate est affiché au tableau suivant :
2006
er ème
1 trimestre 2 trimestre 3ème trimestre 4ème trimestre
Coûts
opérationnels 63 893 125 478 188 490 250 989
trimestriels
(KDA)
Source: Budget ARAB BANK PLC ALGERIA (2006).
87
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Nous savons donc que l’unité Corporate est le centre de profit pour l’activité de crédit, les
coûts opérationnels de chaque crédit seront estimés au prorata de leur participation au Spread
de Corporate ; du fait que les coûts consommés par un crédit seront en fonction de sa
participation au profit.
Cela veut dire que si un crédit a une participation de 1% au Spread de Corporate ; ses coûts
opérationnels seront 1% des coûts opérationnels Corporate.
2006
er ème
1 trimestre 2 trimestre 3ème trimestre 4ème trimestre
Spread
d’intérêts 45 646 107 537 184 727 266 317
(KDA)
Source: Budget ARAB BANK PLC ALGERIA (2006).
Les deux tableaux précédents expriment l’évolution (prévisionnelle) durant l’année 2006 des
coûts opérationnels et du Spread d’intérêts. On s’intéressera évidemment à la dernière
colonne des tableaux puisqu’elle représente le cumul annuel des deux indicateurs cités
précédemment.
On remarque bien qu’on parle à présent de spread et non pas de PNB (comme énoncé dans la
formule générale de Raroc), on a donc écarté les commissions, cela revient à la disparité des
auteurs quant à la prise en compte ou non de cet élément dans le calcul de Raroc. En effet,
Raroc est un outil de tarification ajustée au risque, on s’interrogera donc à propos de la
rentabilité intrinsèque du crédit (relative à la transformation des ressources en emplois). De ce
fait on négligera la rentabilité additive générée par les commissions (relative aux services).
La prochaine étape dans l’estimation des coûts opérationnels individuels est de déterminer le
Spread d’intérêts de chaque crédit ; pour ce faire il est nécessaire de déterminer le coût de
refinancement des crédits. Dans notre cas ce coût est le taux moyen pondéré des ressources.
Nous avons posé l’hypothèse de l’existence d’un pool unique de trésorerie qui procure à la
banque des ressources avec le taux cité ci-dessus.
Ce taux est déterminé par l’unité Treasury (Direction de Trésorerie), mais juste pour les
ressources rémunérés ; donc, pour calculer le taux moyen pondéré de toutes les ressources (y
compris non rémunérées), on considèrera que la ressource non rémunérée (les dépôts à vue)
possède une maturité égale à la maturité des autres ressources, le taux est évidemment 0%.
88
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Mais nous savons bien que les dépôts à vue sont volatils, on déterminera alors une base
stable1 en se basant sur les données budgétaires qui prévoient l’évolution des dépôts à vue
pour l’année 2006.
L’évolution des dépôts à vue (2006) est représentée au graphique ci-dessous :
Graphique 4.6.
2 000 000
1 500 000 Base stable
1 000 000
500 000
-
févr-06
janv-06
avr-06
nov-06
mars-06
mai-06
juin-06
juil-06
août-06
sept-06
oct-06
déc-06
Source: Budget ARAB BANK PLC ALGERIA (2006).
Le tableau suivant illustre l’amortissement des ressources rémunérées. Pour information, les
ressources rémunérées pour ARAB BANK PLC ALGERIA sont :
On remarque bien l’absence du financement auprès du marché monétaire, cela est justifié par
la surliquidité de la Banque2. Les taux moyens pondérés sont calculés par l’unité Treasury :
1
Cette base stable représente le minimum de l’évolution des dépôts à vue.
2
Cette situation est actuellement le cas des banques algériennes.
89
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Le tableau ci-dessus nous a permis de calculer la maturité pondérée des ressources ; cela selon
la formule :
8
∑
Ri . mi
Mp = 8
i =1
∑R
i =1
i
On arrive à :
Mp= 0,407685753 année
Maintenant qu’on a la maturité pondérée, nous pouvons calculer le taux moyen pondéré des
ressources rémunérées ; il suffit d’appliquer la formule :
I . 100
Tmp = 8
∑ R . Mp
i =1
i
90
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Tmp = 3,05%
Il est nécessaire de prendre en compte les ressources non rémunérés. Le montant qu’on va
prendre est la base stable, soit : 2 435 434 KDA.
Nous obtenons alors
TMP = 0,95 %
Maintenant qu’on a le TMP, le calcul du spread d’intérêts devient aisé. On a qu’à faire la
différence entre le taux d’intérêts appliqué au client et ce taux.
N.B. : la colonne maturité est ajoutée surtout pour les crédits qui échoiront avant le
30/06/2007, pour les autres, elle est automatiquement égale à 1.
Maintenant qu’on a les spreads, le montant des coûts opérationnels, et celui du spread total on
pourra calculer les coûts opérationnels :
1
L’intégralité des calculs est présentée en annexe.
91
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Coûts
Spread
N° Contribution opérationnels
(KDA)
(KDA)
1 33,46 0,000126 31,535518
2 103,65 0,000389 97,685907
3 48,20 0,000181 45,423079
4 693,75 0,002605 653,820892
5 693,75 0,002605 653,820892
6 3 388,00 0,012722 3 193,002069
7 554,13 0,002081 522,236788
8 48,00 0,000180 45,242003
9 197,92 0,000743 186,527838
10 12,74 0,000048 12,003078
Pour les besoins de notre travail nous avons posé une hypothèse : les spreads des crédits sont
calculés sur la période 30/06/2006-30/06/2007, alors que les spreads et coûts opérationnels de
la Direction Corporate sont donnés pour l’année 2006 (du 01/01/2006 au 31/12/2006) ; notre
hypothèse est de considérer que ces deux éléments ont la même valeur pour la période allant
du 30/06/2006 au 30/06/2007.
Dans les sections précédentes nous avons réuni les éléments qui nous permettent
d’estimer Raroc, cette section ne sera pas destinée seulement au calcul des Raroc, on essayera
d’en tirer les conclusions quant à l’utilisation d’un tel outil en matière de gestion du risque de
crédit.
Du moment que Raroc est le taux de rendements des fonds propres économiques, le taux
butoir qu’on pourra lui imposer est la rentabilité des fonds propres ou return on equity (ROE).
Cet indicateur reste général du moment qu’il rend compte de la rentabilité de toutes les
activités de la banque (et non seulement celle du crédit).
Nous avons :
Résultat net
ROE =
Fonds propres
Pour les fonds propres, on prendra en considération que :
92
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Tier I:
- Le capital appelé ;
- Les provisions pour risques bancaires généraux ;
- Le résultat non distribué de l’exercice.
Tier II:
- Les provision pour risques et charges.
Maintenant qu’on s’est fixé un seuil de décision, on peut calculer Raroc pour chaque crédit ;
on les comparera après avec ce seuil.
Le tableau suivant expose un extrait1 du calcul des Raroc :
Coûts
Spread Expected Risk
N° opérationnels Raroc
(KDA) loss contribution
(KDA)
1 33,46 31,535518 3,043813273 37,95618673 -2,95%
2 103,65 97,685907 2,138786087 9,861213913 38,81%
3 48,20 45,423079 0,373866464 3,626133536 66,19%
4 693,75 653,820892 7,286274574 183,7137254 17,77%
5 693,75 653,820892 7,286274574 183,7137254 17,77%
6 3 388,00 3 193,002069 36,75496858 1973,245031 8,02%
7 554,13 522,236788 7,550536561 80,44946344 30,26%
8 48,00 45,242003 0,382137813 3,617862187 65,81%
9 197,92 186,527838 1,389857257 15,61014274 64,07%
10 12,74 12,003078 0,493837284 10,50616272 2,28%
1
L’intégralité des calculs est disponible en annexe.
93
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Pour mieux l’apprécier, Raroc doit être comparé avec le hurdle rate. Le graphique suivant
effectue cette comparaison pour chaque composante du portefeuille.
32
31
30
29
28
27
26
25
24
23
22
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
94
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
On enregistre 17 cas où Raoc < ROE, parmi eux 05 seulement affichent un Raroc négatif.
Prenons le crédit 1 : Raroc n’est pas seulement inférieur au seuil, il même négatif, cela
s’explique par la charge d’expected loss qui revient essentiellement à la note qui est de 5.
Le crédit 2 : le spread couvre largement les coûts opérationnels et les EL, et comme sa
contribution en risque est faible, on a eu un Raroc important.
Le cas le plus remarquable est le crédit 19 : un Raroc de 177,90 % ; cela paraît aberrant, mais
si on suivait la logique de l’estimation : ce crédit génère un spread de 141,34 KDA et supporte
133,20 KDA de coûts opérationnels, cela dégage une marge de 8,14 KDA, cette marge va être
« préservée » du moment que EL = 0,98 KDA et donc on s’attend que la contribution en
risque ne soit pas très importante et c’est le cas : RC = 4,02 KDA.
Au niveau portefeuille : Raroc < ROE, ce résultat n’est pas surprenant ; car, pratiquement la
moitié des crédits ont un Raroc < ROE, ceux-ci ont une contribution au spread du portefeuille
de plus de 54 %. Cependant, il ne faut pas omettre que l’emploi de Raroc au niveau
portefeuille n’est pas très informatif, et ne peut remplacer l’information apportée par les
Raroc individuels.
95
CHAPITRE TROISIEME : ETUDE DE CAS
Constat :
Raroc nous fournit une information synthétisée (rendement, risque), cet indicateur permet
donc de limiter significativement le risque de concentration qui, est très répandu au niveau
des banques. Rappelons que la concentration a trois principales raisons1 :
- La spécialisation de la banque sur des secteurs spécifiques dont elle possède une
expertise reconnue, cela est apparent dans la spécialisation de ARAB BANK PLC
ALGERIA dans le financement du secteur commercial.
- L’établissement de relations privilégiées avec certains gros clients de la banque, cette
pratique conduit à un niveau d’exposition trop important, accepté de manière à ne pas
fragiliser ce type de relation.
Cette pratique peut même fausser l’interprétation de Raroc portefeuille, bien entendu.
Revenons à notre portefeuille : si l’entreprise bénéficiant du crédit 19 avait un niveau
d’exposition important, et même si tout les autres crédits affichaient des Raroc
insatisfaisants, cela mènera automatiquement à un Raroc portefeuille considérable !
Nous assisterons dans ce cas à une concentration excessive qui, en cas de défaut de
cette contrepartie, impliquera un effet domino. Cet exemple simple nous permet
d’assimiler la faiblesse de Raroc au niveau portefeuille.
- La capacité de diversification de la clientèle est limitée en raison de l’existence de
deux formes de compétition : les banques de taille supérieure qui ont accès aux gros
clients, les marchés sur lesquels les acteurs significatifs se financent.
Face à cette dérive, les opérationnels sont incités à limiter le niveau de concentration, soit
en déclinant les opérations qui ne deviennent pas rentables en terme de Raroc, soit en
remettant sur le marché (via les dérivés de crédit, la titrisation, la syndication) une partie
de leur exposition.
Raroc est une jauge de tarification - ajustée au risque - des crédits, il nous permet de
confirmer que les revenus dégagés par l’activité de crédit couvrent les coûts opérationnels
et les pertes moyennes. Son rôle ne s’arrête pas là, il vérifie que cette couverture est
optimale ; cela veut dire l’existence d’une rentabilité satisfaisante (supérieure à un seuil
prédéfini).
1
A. DE SERVIGNY, LE RISQUE DE CREDIT nouveaux enjeux bancaires, Ed. DUNOD, Paris, 2003, p.217.
96
CONCLUSION
CONCLUSION
Raroc est une innovation managériale brillante, il est en phase de généralisation dans
les banques des pays émergents, telles que : BNP PARIBAS, Société Générale, ING…etc.
C’est le produit de la modélisation du risque de crédit et du contrôle de gestion bancaire ; ces
deux éléments sont les générateurs des paramètres de Raroc. Il s’agit d’un outil robuste d’aide
à la décision. Il jauge la tarification des crédits appartenant au portefeuille de la banque, cela
afin de s’assurer qu’ils soient rentables à un seuil bien défini, du moment que Raroc est un
taux de rendement net des fonds propres économiques.
Cet outil s’insère dans une vague de rationalisation, il est arrivé à réconcilier les deux
pôles de l’activité de crédit dans les banques : le pôle risque et le pôle commercial, ceux-ci
étaient avant, en désaccord : les commerciaux cherchaient à fructifier le portefeuille de crédit
de la banque tandis que les risk managers veillaient à décliner tout les crédits risqués. Raroc
possède donc une information synthétisée qui permet à la banque de mieux mener sa politique
de crédit.
Actuellement, les banques algériennes n’utilisent pas des outils tels que Raroc dans la
gestion du risque de crédit ; les ingrédients de celui-ci ne sont pas encore réunis :
Ces ingrédients ne sont pas propres à Raroc seulement, ceux sont des indispensables
de la gestion bancaire d’aujourd’hui. Remédier à ces carences n’est pas impossible, mais il est
coûteux en temps et en argent ; nous devons donc agir par étapes :
97
CONCLUSION
Les limites de Raroc apparaissent surtout lors de son utilisation au niveau collectif ;
son rôle d’optimisateur de portefeuille de crédit est fiable dans le cas des portefeuilles
homogènes.
98
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
Articles :
99
BIBLIOGRAPHIE
18) CreditRisk+, A credit risk management frame work, CREDIT SUISSE FIRST
BOSTON, 1997.
19) Principaux concepts du capital économique, BNP PARIBAS, 2003.
20) Rapport annuel ARAB BANK, 2005.
Séminaires :
21) J. PAILLES, Bâle 2 et la gestion du risque de crédit, ERNST & YOUNG, Alger, 22
mars 2006.
22) J. SVORONOS, Nouvel Accord de Bâle, FINANCIAL STABILITY INSTITUTE,
Banque Centrale du Maroc, Rabat, 08 décembre 2003.
Travaux universitaires :
Textes règlementaires :
26) Nouvel accord de Bâle sur les fonds propres, Banque des Règlements Internationaux,
avril 2003.
Sites Internet :
www.bank-of-algeria.dz
www.csfb.com
www.defaultrisk.com
www.gloriamundi.org
www.marches-financiers.net
www.mkmv.com
www.standardandpoors.com
100
TABLE DES ILLUSTRATIONS
INTITULE page
I. LES GRAPHIQUES
Graphique 1.1. Importance des Risques par rapport à l’origine des pertes………….………..…………….…...5
Graphique 2.1. L’évolution des charges en capital en fonction de la probabilité de défaut ................. 41
Graphique 4.1. Répartition par type de crédit ..................................................................................... 76
Graphique 4.2. Répartition par secteur d’activité ................................................................................. 77
Graphique 4.3. Répartition selon la note ............................................................................................. 77
Graphique 4.4. La densité d’une Β(1,0).................................................................................................. 80
Graphique 4.5. Distribution de perte du portefeuille ........................................................................... 86
Graphique 4.6. Evolution des dépôts à vue ........................................................................................... 89
Graphique 4.7. Comparaison entre Raroc et ROE ............................................................................... 94
101
TABLE DES ILLUSTRATIONS
102
ANNEXES
ANNEXES
Bilan au 30/06/2006.
103
VII
ANNEXES
Autorisation
N° Type de crédit en (KDA) Echéance Note Secteur d'activité
1 Crédit à moyen terme 530.00 17/06/2007 5 Commerce de gros
2 Crédit à moyen terme 1 869.00 31/05/2007 4 Commerce de gros
3 Crédit à moyen terme 1 030.00 01/08/2007 3 Intermédiation
4 Crédit à moyen terme 12 500.00 31/10/2007 3 BTPH
5 Crédit à moyen terme 12 500.00 31/10/2007 3 BTPH
6 Crédit à moyen terme 56 000.00 01/09/2009 4 Industrie agro-alimentaire
7 Crédit à moyen terme 9 400.00 30/10/2010 4 Industrie agro-alimentaire
8 Crédit à moyen terme 977.00 16/12/2007 3 Intermédiation
9 Crédit à moyen terme 3 022.00 29/02/2008 3 Commerce de gros
10 Crédit à moyen terme 2 000.00 15/10/2006 4 Commerce de détail
11 Crédit à moyen terme 791.00 30/11/2006 4 Commerce de détail
12 Crédit à moyen terme 2 000.00 31/01/2007 4 Commerce de détail
13 Crédit à moyen terme 61 000.00 28/02/2011 3 Industrie agro-alimentaire
14 Découvert 35 000.00 31/10/2006 4 Industrie électronique
15 Escompte Chèques/effets 400 000.00 12/11/2006 3 Commerce de détail
16 Découvert 200 000.00 12/11/2006 3 Commerce de détail
17 Avance sur factures 300 000.00 04/12/2006 3 Industrie chimie-pharmacie
18 Escompte chèques/effets 100 000.00 12/12/2006 4 Commerce de détail
19 Escompte chèques 3 500.00 09/05/2007 3 Commerce de gros
20 Découvert 5 000.00 20-12-2006 4 Commerce de gros
21 Escompte chèques 3 000.00 20-12-2006 4 Intermédiation
22 Avance sur factures 4 000.00 20-12-2006 4 Commerce de gros
23 Découvert 60 000.00 26/02/2007 3 Commerce de gros
24 Avance sur factures 11 000.00 01/12/2006 4 Intermédiation
25 Découvert 43 000.00 12/09/2006 3 Industrie agro-alimentaire
26 Découvert 15 000.00 31/05/2007 4 Commerce de gros
27 Découvert 20 000.00 06/12/2006 3 Commerce de gros
28 Escompte chèques/effets 10 000.00 06/12/2006 3 Commerce de gros
29 Crédit de compagne 20 000.00 06/12/2006 3 Commerce de gros
30 Escompte chèques 6 000.00 25/10/2006 3 Commerce de gros
31 Escompte chèques 4 500.00 30/04/2007 4 Commerce de gros
32 Découvert 5 000.00 18/03/2007 4 Commerce de gros
33 Découvert 70 000.00 30/11/2006 3 Commerce de gros
34 Découvert 900.00 25/03/2007 4 Commerce de détail
35 Escompte effets 11 000.00 22/03/2007 4 Industrie papier
I
ANNEXES
II
ANNEXES
III
ANNEXES
IV
ANNEXES
V
ANNEXES
ANNEXE 6 : Calcul des spreads, coûts opérationnels et Raroc de chaque crédit
Taux Spread Spread Coûts opérationnels Expected loss Risk contribution
N° Type de crédit client TMP (taux) Encours (KDA) Maturité (années) (KDA) Contribution (KDA) (KDA) (KDA) Raroc
1 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 530.00 0.963888889 33.46 0.000126 31.535518 3.04381327 37.95618673 -2.95%
2 CMT 7% 0.95% 6.05% 1 869.00 0.916666667 103.65 0.000389 97.685907 2.13878609 9.861213913 38.81%
3 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 735.83 1 48.20 0.000181 45.423079 0.37386646 3.626133536 66.19%
4 CMT 6.50% 0.95% 5.55% 12 500.00 1 693.75 0.002605 653.820892 7.28627457 183.7137254 17.77%
5 CMT 6.50% 0.95% 5.55% 12 500.00 1 693.75 0.002605 653.820892 7.28627457 183.7137254 17.77%
6 CMT 7% 0.95% 6.05% 56 000.00 1 3 388.00 0.012722 3 193.002069 36.7549686 1973.245031 8.02%
7 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 8 460.00 1 554.13 0.002081 522.236788 7.55053656 80.44946344 30.26%
8 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 732.90 1 48.00 0.000180 45.242003 0.38213781 3.617862187 65.81%
9 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 3 021.67 1 197.92 0.000743 186.527838 1.38985726 15.61014274 64.07%
10 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 666.67 0.291666667 12.74 0.000048 12.003078 0.49383728 10.50616272 2.28%
11 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 329.58 0.416666667 8.99 0.000034 8.477174 0.52216989 10.47783011 -0.04%
12 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 1 166.67 0.583333333 44.58 0.000167 42.010775 2.3123672 10.6876328 2.37%
13 CMT 7.50% 0.95% 6.55% 61 000.00 1 3 995.50 0.015003 3 765.537121 30.9929383 3153.007062 6.31%
14 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 92 435.82 0.333333333 2 018.18 0.007578 1 902.024711 43.1367173 2529.863283 2.89%
15 Escompte Chèques/effets 7.50% 0.95% 6.55% 142 125.92 0.366666667 3 413.39 0.012817 3 216.931426 100.659444 31722.34056 0.30%
16 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 56 044.90 0.366666667 1 346.01 0.005054 1 268.541431 49.2033678 7605.796632 0.37%
17 Avance sur factures 7.50% 0.95% 6.55% 299 708.40 0.427777778 8 397.66 0.031533 7 914.331555 109.538593 37433.46141 1.00%
18 Escompte chèques/effets 7.50% 0.95% 6.55% 12 070.00 1 790.59 0.002969 745.082509 28.4933478 1276.506652 1.33%
19 Escompte Chèques 7.50% 0.95% 6.55% 2 514.00 0.858333333 141.34 0.000531 133.204332 0.97605 4.02395 177.90%
20 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 3 529.00 0.472222222 109.15 0.000410 102.871525 5.18812 80.81188 1.35%
21 Escompte chèques 7.50% 0.95% 6.55% 0.472222222 - - - 2.52 8.48 -29.72%
22 Avance sur factures 7.50% 0.95% 6.55% 3 942.00 0.472222222 121.93 0.000458 114.910612 3.39633913 36.60366087 9.89%
23 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 31 763.00 0.655555556 1 363.87 0.005121 1 285.369869 22.2224092 1656.777591 3.40%
24 Avance sur factures 7.50% 0.95% 6.55% 7 873.00 0.419444444 216.30 0.000812 203.850507 8.70772609 140.2922739 2.67%
25 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 15 339.00 1 1 004.70 0.003773 946.878261 16.83955 432.16045 9.48%
26 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 9 808.00 0.916666667 588.89 0.002211 554.994903 9.5914 142.4086 17.07%
27 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 35 283.00 0.433333333 1 001.45 0.003760 943.810274 10.5849 377.4151 12.47%
28 Escompte chèques/effets 7.50% 0.95% 6.55% 1 044.00 0.433333333 29.63 0.000111 27.926705 2.3283 34.6717 -1.80%
29 Crédit de compagne 7.50% 0.95% 6.55% 20 000.00 0.433333333 567.67 0.002132 534.994345 6 137 19.47%
30 Escompte chèques 7.50% 0.95% 6.55% 1 200.00 0.319444444 25.11 0.000094 23.663211 1.44 15.56 0.03%
31 Escompte chèques 7.50% 0.95% 6.55% 1 801.00 0.833333333 98.30 0.000369 92.646617 4.28428 36.71572 3.74%
32 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 4 706.00 0.716666667 220.91 0.000829 208.193049 3.44855 36.55145 25.35%
33 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 48 584.20 0.416666667 1 325.94 0.004979 1 249.628448 12.9292099 543.0707901 11.67%
34 Découvert 7.50% 0.95% 6.55% 953.00 0.736111111 45.95 0.000173 43.304534 0.34805217 10.65194783 21.56%
35 Escompte effets 7.50% 0.95% 6.55% 2 000.00 0.727777778 95.34 0.000358 89.851614 7 79 -1.91%
VI
ANNEXES
VII
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION................................................................................................................... .............1
Section 1: L’apport des Risk Adjusted Performance Measurement (RAPM) ........................... ........... 43
1. Historique ....................................................................................................................................... 68
2. Chiffres clés ..................................................................................................................................... 69
3. ARAB BANK PLC ALGERIA ......................................................................................................... 71
4. Présentation du système de notation de ARAB BANK PLC............................................................... 72
4.1. Corporate Risk Rating System (CRRS): ............................................................................................ 72
4.1.1. Conditions d’application: .................................................................................................................. 72
4.1.2. Démarche de la notation :................................................................................................................. 72
4.2. Adjusted Corporate Risk Rating System (ACRRS): ........................................................................... 74
Section 2 : Modélisation du risque de crédit ............................................................................................... ........... 75
CONCLUSION........................................................................................................................................ ......... 97
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................................................. ......... 99