BLAVATSKY Helena Petrovna (1831-1891) - Isis Dévoilée Tome 2 - 1913-1921

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 486

Isis dévoilée

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Blavatsky, Hélène P.. Isis dévoilée. 1914.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la
BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :
*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.
*La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits
élaborés ou de fourniture de service.

Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :

*des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans
l'autorisation préalable du titulaire des droits.
*des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur
de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non
respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].


ISIS DÉVOILÉE
Clef des Mystères
de la Science et de la Théologie
anciennes et modernes
H -P. BLAVATSKY
tO~DATHtCnnn LA SOO~TKTUHOSOPtnQCE

!S!S DËVO!LÉE
~<

Clef des Mystères


de la Science et de la Théologie

anciennes et modernes

Ceci e.<t un livre de bonne ~oy.


MoXTAtGKE.

VERSION AUTORISÉE
FRANÇAISE

Traduit de l'anglais par R. JAQUEMOT

Publié sous a direction de GASTOA ~~VFL

Directeur des « Éditions Thëosophiques


Directeur-Fondateur du journal Le Théosophe

VOLUME SECOND

SCIENCE

LES ÉDITIONS THËOSOPHIQUES

Paris, 8t, Rue Dareau ~V"), Paris

'9'~
ILAHTET!REDECt:TOL'VR\GE

~7!<C//ty PJ'Cm~)/<r<S
sur papier de la ~<nu/<ure /n~J/<? du .ï/)on,
numérotés Je uf! :'fA!c~!<7
ISIS I) ÉVOi LÉE

CHAPITRE IX

Tu ne d-.is p~int appeler fn!ic une ct.sc d'~nt ~u ne sais

TEnTtt.i.[r't~o/c. rien.

Cccin't'-tpnint.t'.tn'aircd'atijnurd'fttu.
~i d'hier, c ta .1 existe (Iet<'u< temps:
t'.L nul no peut. dire d'ou cela vi<nt. t:t c~rrn'.cnt c'est venu

~c'rHoct.n.

Si quc'fpt'un trouve ce-- ct)0sc< ~n(-r~y.)!cs. qu'il ~nr'!f


s~n"pi!)i~t]p~r!ui.<-tqu'i)[]echcrct)cp~H~)c"ntredire
ceux qut,~r.<ce ces e<Tct,s. sont. portes .'f l'ctudc de la vertu

JOSUPHE.

Sc~ntAtRE

Les tr~~todvtcs des t~vzi~s. Les fruits 'ie ['ar'.rc-horr.mt*. Hercule


le THan tidc!e. Le l'ui-sant Sci~nc-.r Je 't~'ire. Hc-tes d'.ticrace
de -:('-ants. Haces prc-aJatn~jucs. La H'xc.' !u C~c! des Atchimis-
Les. Les phttos~phes du feu. Les Puissances <ie t'air. Quelques-
uns font de l'homme un automate mécanique.– La chute dans lapcné-
r~t.ion. La mort de l'âme suivant tes S\vedenbr)rgiens. Les < frères
de l'ombre Que sont les .mes s')uit!c.~s? I.'nc [ettr*~ curieuse.–
Un an~c gardien. Le co.ps astrat du s:n~e. L'étincelle aryctttce
du cerveau. L'avenir de la Psychométrie. Les mauvais esprits
seuls aiment l'obscurité. L'aurore de nouvelles découvertes.

Des idées de Platon et de sur la matière et la


Pytha~orc

force, nous allons a celles de la cabalis-


passer philosophie
sur l'origine de 1 homme, et nous les
tique comparerons
avec la théorie de la sélection naturelle Dar-
exposée par
~vin et Wallace. Peut-être reconnaîtrons-nous aux anciens

VOL. Il ï
.) !S!S n~VOtLLE

autant de droits a la priorité sur ce point. <!ue sur tous ceux


nous :t\<ms déjà examines. I~ou< nous, nous ne you!uns
que
pas de preuve j~uss()ti(!(.'()c)ath<orit.'(!up)'o~L's(j('s cy-
cles, que les «cmaissances comparées des siectes primitifs
et ceUes des Pères <!c
t'I'i-e, ce qui i concerne !;) torme
(Ie!a<ei'eet h'su)')U\e!))enLs un système pLoietaire.Si
mente h'
l'on(p!'ou\a:t ))es«i:i(!'a\oir<laut,t'es]u'euves,
!'i~nci'anec (h')i;ti Augustin r((!el.ac!auee, induisant eu
erreur touie la chrétienté sur ces que-ons jusqu'au temps
de Galilée, indiquerait les éclipses par !e.uc!Ies !a science

del'!iun:ut'n;sed'tL,'eenanc.

Hc~tpar~eau troisième cha-


I~e')'dont
(L'la < eomn:e fournies par Dieu a ,\<)amet.
pitre
KYe.sot~i:)t"t~'esna!'(juel(ptesp)u!osop!)es de l'anti-

quité. da:is~es"s de co:pscl:arr!e!s dont furent re\ejus


les ''e ta race, au cours du de-~eyctes. Ils
pro~eniteurs propres
tu~em~~nt~a~~mep~~H~ee~(~ma~[
de\enaitdeplu-'enp!us~'ros-ie:'e.jus~u'a<'e que tut atteinte
du dermerc~'ch'spn'itue!. après
~ar).')rtie!aph:nier]eure
~rfuelle~en". Iiun'a:n entre dans )'arc ascendant du nre-
mier cvc!e humain. Il commence alors une série ini'tter-

romnuedecye!-o'i//oy/s don). !ad'i\e précisée~) restée


un mvst.'rein'Iao!e,c~cr\e dans l'enceinte des-anc-

tuaires, et uniqueme):t rjvjie aux initit' Aussi!~t. (;ne l'hu-


mamtee:ttrcdansun cvcie :io.eau.l'.)_ede ptr:'<par
lequel s'est terniine !e e\c!e précèdent., commence a se trans-

for'merenun:eph~e)e\e.e!taqu'ep''rpiesueees-I\'e,
I.'s Iiommes se .ilisent de plus en plus jusqu'à ce qu'ds
aienL atteint. le ~us ):autde:~re possible de perfection phy-
sique et i::teHec: !!e' <!ans ce cyc'!e particulie; perdant en
n~L'-me temps p:")po!'t:o:u)e!!ement. de leur sp:r:tuali!e pri-
mitive.Alors le :u\ du temps emporte de no'.Ye:tua\c
I'i les dcrnie;'s \es!.i~es du pro_r'e~ numain social et intel-
lecLuel. Les cyeies succèdent aux cycles par transitions

imperceptibles d~'s nations e:uinemment. civilisées, deve-


nues florissante-, grandissent en puissance et par\ienncnt
au sommet du développement puis, déclinent, et disparais-

et l'Iiumanite. ayant atteint la partie inicricurede l'arc


retourne a la barbarie par elle avait com-
cyclique, laquelle
mence. Les royaumes se sont écroulés~ et les nations ont
ISIS DÉVOtLÉE 3

succède aux nations, depuis le commencement jusqu'à nos


jours les races montant, alternativement au plus haut degré
du développement pour retomber ensuite au plus bas (1).

Draper fait observer qu'i! n y a pas de raison pour suppo-


se' qu'un cycle particuHcr doive nécessairement s'appliquer
a la race humaine tout entière. Au contraire. lorsque sur
une partie de la
planète l'homme rétrograde, il peut se
trouver sur la voie du propres et de la civilisation sur une
autre.
Combien cette théorie n'ottre-t-ellc pa-~ d'analogies avec
!a toi du mouvement planétaire qui cause la rotation des
globes individuels sur leurs axes. (mi fait tourner les divers
s\s!cm''s aut"ur de leurs soleils respectifs et fait suivre a
t~utr l'armée stellaire la même route autour d'un centre
commun 1 Vie et mort, lumière et ténèbres, tour et nuit
sur ia planète, pendant que celle-ci pivote sur son axe et
traverse lec' rcledu /odiaque représentant les cycles mineur
et majeur .~). Rappete/vous 1 axiome hermétique: « En
bas ct'mme en haut dans L- ciel comme sur la terre.
~L Abred \a!lace démontre avec un'' logique profonde
qu !c d- v.'Ioppement de l'homme est plus apparent dans
son mentale dans sa forme extérieure.
~'r~'amsatton <}ue

sa ditl'érede l'animal, en ce
L'h.'mme, d après <<'nce;'fi''n.

qu i) t'st susceptible de subir grands de


changements de
condition et d entourage sans qu il y ait d'altération mar-
quéf dans sa structure et dans sa forme. Il fait face aux
chan~-mcnts de climat en modinant en conséquence sa
manier-' de se vêtir, de se loger, de se défendre, ainsi que
son outillage. Son corps devient moins velu. plus droit, et
de ( oulcu:' de proportions diirérentes. < Sa tête et son
visr~c sont plus immédiatement en rapport avec l'organe
c'e l'intelligence, et celui-ci, en étant l'interprète, exprime
les mouvements les plus raftinés de sa nature seul chan-
gement réel que produise le développement de son intellect.
C était alors 1 époque où « il n avait pas encore acquis ce

A v-nr /cr/c BuJJ/ttS~.A.-P. SmncLt.. F.F.S.


2.0~1 dtt.<{n'(J-phue a tixc au j~ranJ cycic u'ic dur.'c de 120.000 années
et. Ca-«.t:t h' !3ô.OOJ an~cc- Vutr Ccusorinus, De .V.ï<a~. DtC. fragments
de chron')! et. d'asLron-'mtc. Man n'oubtiotis pas que les < années
des Cabatisi.cs sont. des .<~cs.
4 ISIS DÉVOILÉE

cerveau si merveilleusement développé, l'organe de l'esprit.

qui maintenant, même dans les spécimens les plus infé-


rieurs, le hausse bien au-dessus des animaux les plus éle-
vés, époque où il avait, bien la forme, mais a peine la nature
de l'homme~ et où il ne possédait ni langage humain, ni
sentiments sympathiques et moraux )>. Plus loin, M '\VaI-
lace dit que « L'homme peut avoir etc. que dis-je. </<
~'o/ r/c autrefois une race homogène les poils ([ui cou-
vraient son corps ont presque entièrement, disparu. Au
sujet des troglodytes des
Eyxies.M. Wallace rcmarf~ue <~ue
la grande largeur de la face. l'énorme développement de la
mâchoire inférieure indiquent une grande puissance mus-
culaire et l'extrême rudesse d'un ours d'une race sau\âge
et brutale.
Tels sont les
aperçus que l'anthropologie nous fournit,
des hommes arrivés ;<u point le plus basd'un cycle <'u com-
mençant leur ascension d'un cycle nouveau. Voyons jus-
qua quel point ils sont confirmés par la psychométrie
clairvoyante. Le
professeur Denton soumit un jour a l'exa-
men de sa femme, sans lui donner la plus légère indica-
tion sur ce que cela pouvait être. un fragment d'ossement
fossile. A peine fut-il placé sous ses yeux que se prési ntérent
à ses regards des tableaux d'un peuple et de scènes, que le
professeur croit avoir
appartenu a 1 âge de pierre. Elle vit
des hommes, ressemblant fort a des singes, ayant le corps
très velu, et « comme si le poil naturel devait leur tenir lieu
de vêtements « Je doute, ajoutait-elle, qu'ils puis~-nt se
tenir parfaitement droits les articulations de la hanche sem-
blent indiquer que non. Je vois parfois une partie du corps
d'un de ces êtres, qui parait comparativement liss~ et unie:

j'en distingue la pt'au. qui est beaucoup plus b!anche. mais

je ne sais s'il appartient a la même période. A une certaine


distance, la face semble plate la partie inférieure en est
lourde et épaisse ils ont ce qu'on est convenu d'appeler la
mâchoire prognathe. La région frontale est basse la par-
tie inférieure de la tète est très proéminente, et trace un
sulon a travers le front, immédiatement au-dessus des
sourcils. Maintenant je vois une figure qui ressemble beau-

coup plus à un être humain, bien qu'elle ait encore une

apparence simiesque. Tous ces êtres paraissent appartenir


ISIS DÉVOU.EE 5

a la même espèce, ayant de longs bras, et le corps couvert


de poils. ( ) ). »
Que les savants soient ou non disposés à reconnaître
l'exactitude de la théorie hermétique de l'évolution phy-
sique de Ihomme. émanant de natures plus élevées et

plus spirituelles, ils nous montrent, eux-mêmes comment


!:t ra'-e a progresse du point le plus bas qui ait été
observe, jusqu'à son développement actuel. Ht comme
tout dans la nature semble forme d'analogies, est-il dé-
raisonnable d'afnrmer que le même développement pro-
gressif de formas individuelles a dû prévaloir parmi les
habitants de l'rnivers /r/< Si ces mcrveiUeux etïets
ont cté causés par l'évolution, sur notre planète insigni-
fiante. en produisant des hommes raisonnables et
intuitifs,
i~sus de quelque supérieur de la famille
type des singes,

pourou") suppose!' que les royaumes ulimités de l'espace


sont peuplés seulement de formes ~/?~/J< désincarnées?

Pourquoi ne pas admettre, dans ces vastes domames, les


d<'ub)es spirituels de ces ancêtres velus, scmi pensants et
armés de bra~
I"n~s qui auraient été leurs prédécesseurs,
ain-~i que tous
ceux qui leur ont succédé jusqu'à notre épo-
que '? XatureHement les parties spirituelles de ces membres
des temps primitifs de la famille humaine devaient être
aus<i barbares et aussi peu déve!"ppées que leur corps phy-
sique.
Bien qu'ils n'aient pas cherché a calculer la durée du
« ~rand les soutenaient
eycie philosophes hermétiques
cependant que. suivant la loi des cycles, la race humaine
d"it inévitablement et collectivement retourner un our à
ce point de départ même, où l'homme fut revêtu de « tu-

niques de peau ou, pour être plus clair, la race humaine


doit nnalement, suivant la loi d'évolution, être moralement
et /J~</vw/7!<~ spiritualisée. A moins que M~I. Dar\vm
et Huxley ne soient en mesure de prouver que les hommes
de notre époque ont, en tant
qu'animal physique et morale
atteint le sommet dela perfection, et que 1 évolution étant
parvenue a son apogée, doit arrêter tout progrés ultérieur
et s'en tenir au type moderne. l'no~o, nous ne voyons

W. et H. Dettton. The ;iou~o/'</n~s. Vol. 1.


6 !StS DÉVOILÉE

pas comment ils pourraient réfuter une déduction aussi lo-

gique.
Dans sa conférence sur The ~r//on o/*A'<7/ .S<('r//OA!
on J7< M. Alfred Wallacc termine ses démonstrations,
au sujet du développement des races humaines sous
l'empire
de cette loi de sélection, en disant que. si ses conclusions sont
« il doit inévitablement s'ensuivre que les races les
justes,
plus intellectuelles et les plus morales remplaceront néces-
sairement celles qui sont plus basses et plus dégradées et
la puissance de la sélection natureUe agissant encore sur son

organisation mentale, provoquera toujours l'adaptation la

plus parfaite des facultés les plus élevées de l'homme, a


la condition de la nature qui 1 entoure et aux exigences de
l'état social. Tandis que sa forme extérieure restera proba-
blement toujours la même. sauf dans le développement de sa
beauté parfaite, raffinée et ennoblie par les facultés intellec-
tuelles les plus hautes, et par les plus sympathiques émotions.
sa constitution mentale continuera a progresser et a s'amé-
liorer, jusqu'à ce fine le monde soit de nouveau habité par
une seule race homogène, dont pas un seul individu ne sera
inférieur c~r /< /!0~/c.'< <v~r//7!('s <7c /'c.)(' A/~<7/ne
ar/ Des méthodes scientifiques sobres et modérées,
et une certaine prudence dans l'exposition de possibilités
hypothétiques ont évidemment une large part dans cette

expression des opinions de l'éminent anthropologiste. Néan-


moins. ce qu'il dit plus haut ne détruit nullement nos asser-
tions cabalistiques. Qu'on accorde à la nature incessamment
progressive, a la grande loi de « la survivance des plus
aptes un pas de plus dans les déductions de ~1. Wallace,
et nous avons dans l'avenir la possibilité, mieux que cela,
l'assurance de 1 existence d'une race qui, comme le I'a
du Co/M/~y /?<?<*e de Bulwer Lytton, ne sera que d'un degré
inférieure aux primitifs ~/?/ de Dieu (i).

ï. Chacun des sept cycles qui forment Ic grand cycle entre deux < nuits
de Brahma (ou périodes de repos de la même durce que les périodes
d'activité est composé à son tour d'un nombre d'autres cycles. Ainsi le
cycle de notre planète la Terre la quatrième des sept ptanèt' qui com-
posent la ch.'fine de notre pettt monde dan? le système solaire–composé
qu'il est de sept races, commence par une race toute spiritucHc et cthé-
rée au physique comme au moral, et conséquemment, doit finir de même.
La septiéme et dernière race sera celle des < fils de Dieu f. des Bouddhas
ISIS DÉVOILÉE 7

On remarquera que cette philosophie des cycles, qui était


rendue allégorique par les
Hiérophantes égyptiens, dans le
« Cercle de Nécessite explique en même temps l'allégorie
de la « chute de l'homme ?. D'après les descriptions ara-
bes, chacune des ~f/~ chambres des Pyramides, ces symboles
cosmiques les plus grandioses de tous, était désignée par le
nom d'une planète. L'architecture particulière des Pyramides
décelé par ses formes mêmes la pensée métaphysique qui a
~-uidé leurs constructeurs. Le sommet en est perdu dans le
ciel bleu de la terre des Pharaons, et il représente le point

primordial nové dans 1 univers Invisible, d'où est sortie la

première race des prototypes spirituels de l'homme. CIiaque


momie, du moment qu'elle est embaumée, perd. dans un
sens. son Individualité physique elle symbolise la race
humaine. Placée de la façon la plus favorable a l'essor de
« l'âme le corps, celle-ci avait a passer par les
quittant
avant de sortir le
.s'<n/ r/t' /<<7/<<. pouvoir par
sommet symbolique représentant !a submersion iinale de
individualité dans le soleil central, le Nirvana, ou
chaque
Parabrahm. Chaque
chambre était l'emblème, en même

temps, d une des sept sphères ou planètes, et d un des sept

tvpes les plus élevés de l'humanité physico-spirituelle, qui


doit clore les sept races de chaque cycle planer ire. Chaque
trois mille ans. l'âme, représentante de sa race, était tenue
de retourner a son point de départ primitif, avan~ de subir
une nouvelle évolution vers une transformation spirituelle et

physique parfaite. Il nous faut plonger, en vente, très avant


dans la métaphysique abstraite du mysticisme oriental,
avant d'arriver a nous faire une idée complète de l'inHmté
de sujets qu embrassait. d'un seul coup, la majestueuse pen-
sée de ceux oui la professaient.
Etre spirituel créé parfait et pur, l'Adam du second cha-

pitre de la Genèse, ne se trouvant pas satisfait de la posi-


tion lui était assignée par le Démiurge (qui est le plus
qui
ancien des Premiers-Nés, l'Adam Kadmon). ce second Adam,
l'homme de poussière et de bouc, conspire dans son orgueil~

parfaits, di'-cnt tes Bouddhistes <s~t.6riq"es n~ s.t~ péché, comme les


prcmicr~ hnmmc. les :\la~1II ou Ics .rJil.'l;l. :'o:otrc race est la cinquième
dan:
dan< s.'n
:n commencement
~«rnm~n~ement de l:c
)a l'él>~olu~
t'ep'xjnc transi'oire, est grand proâria
lc progrès
physique et intellecLuet et la dJcadence de la spiritualité.
8 ISIS DÉVOILÉE

afin de devenir créateur a son tour. Emane du Kadmon

androgync, cet Adam est lui-même androgync: car, sui-


vant les plus anciennes croyances exposées allégoriquement
dans le Timœus de Platon, les prototypes de nos races
étaient tous enfermés dans l'arbre microcosmique.qui crois-
sait et se développait dans et sous l'arbre macrocosmique
du monde. L'Esprit, divin étant considère comme une unité,
maître les nombreux rayons de ce ~rand soleil spirituel,
l'homme tirait son origine, comme toutes les autres choses

organiques ou « inorganiques de cène fontaine unique de


Lumière Eternelle. Dussions-nous rejeter même l'hypothèse
d'un homme androgyne, en ce qui concerne l'évolution

physique, le sens de l'allégorie au point de vue spirituel


resterait encore entier. Tant que le premier homme-diet.
symbolisant les deux principes primitifs de la création, le
double élément masculin et féminin, n'avait pas la notion
du bien et du ma!, il ne pouvait faire l'hypostasc de la
femme, parce qu'elle était en lui comme il ét:tit en elle. Ce
ne fut qu'a la s'.u'e des mauvais conseils du serpent (la
~t'), lorsque !a partie matérielle se fut condensée et
refroidie dans l'homme spirituel, d.ms son contact avec les
éléments, que les fruits de l'arbrc-homme, qui est lui-même
l'arbre de la connaissance, se montrèrent a ses yeux. A dater
de ce moment, l'union andro~vne cessa. Ihommc faisant
évoluer de sa propre substance la femme, comme une entité
séparée. Ils avalent rompu le fil qui unissait le pur esprit
et la matière pure. Il s'ensuit qu'ils ne devaient plus créer
~/)~c//c/?!C/~ et par la seule puissance de leur volonté
l'homme était devenu un créateur physique, et le royaume
de l'esprit ne peut plus être conquis que par un long em-
prisonnement dans la matière. La signification de Gogard,
l'Arbre de vie hellénique, le chêne sacré dans les branches
duquel habite un serpent, qui ~c~c~~rc délogé (1 ~devient
ainsi fort claire. Sorti en rampant de l's primordial, le

Serpent du Monde devient de plus en plus matériel en se


développant, et il croît en force et en puissance~ a chaque
évolution nouvelle.

Voir la C'~smo~olue de Pherecydes.


!S)S OKVOU.EE 9

Le Adam,
premier ou Kadmon, le Logos des mystiques
juifs, même
est le que le Prométhéc des Grecs, qui cher-
che a nva!iser avec la Sagesse divine c'est aussi le Pimau-
der d'Hermès, ou la PuiSSA~CH HE LA PENSÉE D!VtXE, SOUS
son aspect le plus spirituel, car elle était moins personnifiée
chez les Egyptiens que chez les deux autres peuples. Ils
créent tons des hommes, mais ils échouent dans leur pro-
jet tinal. Désireux de doter l'homme d'un esprit divin, afin
enchaînant la trimté
l'umté. il a retourner ouïsse
qu en
graduellement a son état primitif', sans perdre son indivi-
dua'ité, I~rciriéthec éclioue dans sa tentative de dérober le
feu du ciel. et il est condamne a
expier son attentat sur
le mont Ka/.beek. Prométhée est !e /.o~o.< des a!)cicns Grecs
a'si bien qu'Héraclès. Dans !e ~'<<r A</j<7/s '~) nous
vcvons Baitak Xivo désertant le cie! de son père en confes-
sa :t que bien qu'il soit le père des génies, il est incapable
de « former des créatures », car il est aussi peu versé dans
to~t ce (lui a trait l'Orcus. que dans le procédé a employer

peur se servir « du feu qui


consume et qui manque de lu-
mière )>. Kt Fétahi!, une des < puissances », s'assied dans
la « boue (!a matière), et s'étonne de ce que « le feu vivant
soit si changé.
Tous ces /o/ essayent de douer l'homme d'un esprit
immorte! ils échouent dans leur tentative, et pour cela on
prétend qu'i!s
ont été punis de sentences diverses. Ceux des
p-emiers Pères
chrétiens qui, comme Ori~ene et saint C!é-
me:it d'Alexandrie, étaient très versés dans le Symbolisme
pa'!e:t, parce (pi Ils en avaient d abord pratiqué la philoso-
phie. furent fort embarrassés. Ils ne pouvaient nier que les
anciens mvthes eussent devancé leurs doctrines. Le der-
nier /.o'yo. suivant leur enseignement, était également
apparu pour enseigner a l'humanité la voie de l'immorta-
lité: et dans son désir de doter le monde de lavie éternelle
au moyen du feu de la Pentecôte, il avait perdu la vie, con-
formément au programme traditionnel. Ce fut la l'origine
de l'explication très maladroite dont notre moderne
clergé
a la naïveté de se servir, que tous ces types mythiques pos-
sédèrent le don de prophétie, lequel, par la grâce de Dieu,

Voir q')c!~ues pa~es plus loin la citation du Code-r .Va=arœcs.


10 tSrSMVOtt.ÉË

est accordé même aux Idolâtres Les païens, disent-ils,


avaient représenté, dans leurs images. le ~rand drame du
Calvaire, et de la. la ressemblance (rue l'on y remarque.
D'un autre côte,
philosophesles soutenaient, avec' une logi-

que impeccable, que les pieux Pères s'étaient tout simple-


ment servis d'une base toute nréparée. soi!, qu'Us trouvas-
sent la chose plus aisée que de se creuser la cervelle, soit

parce que la plus grande partie des prosélytes ignorants


étaient attires vers la nouvelle doctrine. précisém''n' a cause
de cette ressemblance extraordinaire avec leurs mvtholo~ies~
au moins en ce qui concerne la forme extérieure des doc-
trir.es fondamentales.
L'allégorie de la chute de l'homme et du feu de Promé-
thée est au'-si une version du mvthe de la rébellion de l'or-
gueilleux Lucifer, précipite dans le puits sans fond. l'Orcus.
Dans la religion des Brahmanes. Maha-sura, le Lucifer
hindou, devient envieux de la lumière resplendi'-santc du
Créateur, et, a la tête d'une lésion d'esprits inférieurs, se
révolte contre Indra et lui déclare la guerre. De même

qu'Hercule. le Titan Hdèle. qui aide Jupiier et le re!ab)it sur


son trône, Siva. la troisième personne de la trinité hindoue,
les précipite tous du céte<te séjour dans Honderah. la

région des ténèbres éternelle- Mais 1: les An~es déchus


se repentent de leur mauvaise action, e!, dans la doctrine
hindoue, ils obtiennent tous l'occ.tsion de progresser. Dans
la fiction grecque, Hercule, le dieu-solaire, (lescend aux
enfers pour délivrer de leurs tortures les victimes qui
s'v

trouvent et l'Eglise chrétienne fait aussi descendre son


dieu Incarné dans les sombres régions infernales pour y
vaincre l'ex-archan~c rebelle. A leur tour. les cabalistes

expliquent l'allégorie d'une manière semi-scientifique. Le


second Adam, ou la première race créée que Platon appelle
dieux, et la Bible, les Kiohims. n'était pas triple dans sa na-
ture, comme l'homme terrestre, c est-a-dire il n'était pas
composé d'une âme, d'un esprit et d'un corps avec leurs
subdivisions, mais bien d'éléments sublimés de nature
astrale, sur lesquels « le Père le principe universel, avait
insumé un esprit divin et immortel. Celui-ci, en raison de
son essence divine, luttait toujours pour se débarrasser des
liens de cette prison même éthérce par conséquent, les
ISIS DÉVOILÉE n

« fils de Dieu », dans leurs imprudents efforts, furent les

premiers a tracer un modèle futur pour la loi des cycles.


Mais l'homme ne doit pas être « comme l'un de nous dit
la divinité créatrice, un des Elohims, « chargés de la création
(le l'animal inférieur ». Et c'est ainsi que lorsque les hom-
mes de la
première. race furent parvenus au sommet du

premier cycle. ils perdirent leur équilibre, et leur seconde

enveloppe, le vêtement grossier (le corps astral), les entraîna


sur ht pente' de l'arc opposé.
Ct'tt' version cabalistique des « fils de Dieu » (ou de la

lumière) est donnée dans le Codex .Yefj<<. Bahak-Zivo,


le « père des génies reçoit l'ordre de former les créatu-
res, :nais comme il « ignore l'Orcus il échoue, et il appelle
a son aide Fé~hil. un esprit encore plus pur, qui éprouve
un échec encore plus sérieux (i).
C'est alors que sur la scène de la création apparaît l'Es-

prit (~) (que l'on devrait traduire plus justement par /~4/n~
car il est l'<y!~ /7!~n< qui. chez les Nazaréens et les

Gnostiques, éLdt féminin); lequel, s'apercevant qu'en Féta-


hil l'homme 1~ plus nouveau (!e dernier). la splendeur était
<( modi'Iéc ». et que dans cette splendeur il y avait « dé-
croissance et. dommage réveille violemment Karabtanos,
l'esprit de la matière et de la concupiscence, « qui était fré-

nétique et <~6/ de .'?f/~ (/c /e/ » et lui dit « Lève-


toi vois, la splendeur (la lumière) de Ihomme /?<3~rcQH

(Fétahil) a failli (dans la création d'une nouvelle race), et sa


décroissance est visible. Viens avec ta .I/<c l'Esprit et se-
coue les entraves qui te retiennent, et qui sont plus vastes

que l'univers entier. » A ce moment a lieu l'union de la


matière aveugle et sans raison, guidée par les insinuations
de 1 Esprit astral (non point le souffle < mais l'esprit

1. Fct.ahH cLa:). chez tjs Xazarcjns le roi de lumière, et le Créateur


mais dans le cas actuel, it est. t'infortune Promet-hce qui ne réussit pas
à attirer )e feu vivant nécessaire à la formation de l'amc divine, parce
qu'il tgrtore le nom secret. !'tnefrablc et incommunicable nom des Caba-
listes Tout cc)a a référence aux mystères du Temple.
2. Sur ~autorité d'Irenée.de Justin Martyr,ctdu Codex lui-même,Dun-
lap montre que les Xazarcena traitaient leur ~'xnrt<,ou plutôt t'ame, comme
une puissance fcmci'c et sinistre. Irencc accusant t's Gnostiques d'héré-
sie, app'Ue Christ et le Saint-Hsprit, le couple G~ostique qui produit
les Acous voir Dualap: Sod, lhe son o/'man, note, pa~e 52
12 ISIS DÉVOILÉE

astral, celui qui. par sa double essence, est déjà souillé de


matière), et l'offre de la .~re ét~nt acceptée, l'Esprit con-

çoit les « Sept Figures qu'Irénée semble disposé à

prendre pour les sept planètes, mais qui représentent les

sept péchés capitaux, la progéniture d'une âme astrale, sé-

parée de sa source divine, l'Esprit, et de la matière, l'aveu-

gle démon de la concupiscence. En voyant cela, Fétahil


étend sa main sur l'abîme de la matière et dit « Que la
terre cx~Lc comme les autres (trois planètes), le séjour des

puissances (préexistantes), existent.» Et trempant sa main


dans le chaos qu'il condense, il crée notre
planète (I).Tout
ceci se réfère à l'évolution première de notre planète
la quatrième a l'aube de notre manvantara.
Le Codex continue en nous disant comment Bahak-Zivo
fut séparé de l'Esprit, et les génies ou Anges, des rebel-
les~). Ensuite, Mano(3) (le plus grand) qui habite avec
le /)/? ~r~</ FEuno, appelle Kebar-Zivo (connu aussi sous
le nom de Nebat-lavar bar lufin-Ifafin), la vigne et l'or-
meau de vie (4), et prenant en pitié lesgénies rebelles et
insensés, a raison de la grandeur de leur ambition, il dit
« Seigneur des génies (~Eons) (o) vois ce que font les anges
rebelles, et sur quoi ils se concertent (C),ils disent Créons
le m.~nde. et appelons les puissances a la vie. Les génies
sont les Principes, « les fils de la lumière, mais tu es le
A/e~a~~ de la t'e » (7).
Et dans le but de contrebalancer l'influence des sept
principes « mal intentionnés progéniture du 5/)/u$,
Cabar Zio. le puissant Seigneur de splendeur, procrée sepl
</H/r<?. <c;9 (les vertus cardinales), qui brillent de leur
propre forme et de leur propre lumière du haut des deux (8),

1. Voyez le C<?Jc.c .Vj=j/cu~ de Frank et Sod, the son of the Tn~n de


Duntap.
2. Co/e.c .Va=.!r;pns. It. ~33.
3. C" Mj !o d~'s Xazarc~ns ressemble étrangement au \Ianou hindou,
l'homme cé!est.e de la Cosmogonie des Brahmans.
4. < .te suis le vrai cep et mo~ père est !e vigneron (Jean XV, t).
5. Chez les Gnostiques, le Christ, ainsi que Miche!, qui, à bien des
points de vue, est identique avec lui, était le ch.;fdes .Ejns.
6. Codex .Ysxarteus, I, 135.
7. Ibidem.
S. Codex A'a~jra'us, Ml, 61.
ISIS DÉVOILÉE 13

et il rétablit ainsi l'équilibre entre le bien et le mal, entre


la lumière et les ténèbres.
Mais cette création
d'êtres, sans l'indispensable con-
cours du souffle divin pur en eux, ce souille que les Caba-
listes appellent le « Feu vivant ne produit que des créa-
tures de matière et de lumière astrale (t). Ainsi furent
formés les animaux qui précédèrent l'homme sur la terre.
Les êtres spirituels, les fils de lumière, ceux qui restèrent
ndèles au grand /o (la cause première de tout), cons-
tituent la hiérarchie céleste
angélique, ou les Adonim, et
les légions d'êtres spirituels qui n'o~ jamais été encore
~oo/ Les Séides des génies insensés et rebelles, et les
descendants des sept esprits sans jugement, engendrés par
Karabianos et le Spiritus, devinrent, dans le cours des

temps, < les hommes de notre planète (2), après avoir

passé auparavant par chaque « création de chacun des


éléments. Depuis cette phase de la vie, Darwin en a suivi
la trace, et il nous montre comment nos formes les plus
élevées sont évoluées des plus basses. L'Anthropologie n'ose

pas suivre le Cabaliste dans son essor métaphysique au


delà de notre planète, et il est douteux que ses professeurs
aient le courage de rechercher les chaînons manquants dans
les anciens manuscrits de la Cabale.
C'est ainsi que le premier cycle fut mis en mouvement,
lequel, dans sa rotation descendanle, amena une partie in-
finitésimale des c/re~ créés, à notre planète de ~o~e. Arrivé
au point le plus bas de l'arc du cycle, qui précéda directe-
ment la vie sur la terre, la pure étincelle divine qui res-

1. La lumière aslrale, ou anima mundi (A Aa.~ est double et bi-


sexuelle. La portion mâle en est purement spirituelle et divine c'est la
sagesse tandis que la portion femelle le .Sp<rt<n~ des Nazaréens) est
souillée dans un sens par la matière, et par conséquent est déjà mau-
vaise. C'est le principe de vie physique ou animale de toute créature vi-
vante. et elle fournit l'âme astrale, le perisprit fluidique aux hommes,
aux animaux, aux oiseaux des airs, à tout ce qui vit. Les animaux ont
seulement le germe de l'âme immortelle ou spirituelle, comme troisième
principe.
Ce germe ne se développera que dans une série d'évolutions innom-
brables, dont la doctrine est contenue dans l'axiome cabalistique <Une
pierre devient une plante une plante devient un animal un animal de-
vient un homme un homme un esprit et un esprit un dieu.
2. Voyez les commentaires du Idra Snta par le Rabbin Eleashar.
!i tSfS HEVOtLÉH

tait encore dans Adam, Ht un ctTort pour se détacher de

l'esprit astral. car « l'homme toml)ait graduellement dans


la génération et. l'enveloppe de chair se condensait de plus
en plus a chaque action.
Nous touchons maintenant, a un mystère, un .So~ (I).un
secret que !c rabbin SIméon. l'auteur du .So/~a/ le ~rand
ouvrage cabalistiqucdu premier siècle de notre ère, ne com-
muniqua qu'a un très petit nombre d'initiés. Il était pra-
tiqué une fois tous les sept ans,pendant la durée des Mystè-
res de Samcthraee. et les souvenirs en sont imprimes par
la nature même sur 1 arbre sacre du Thibet le mysté-
rieux Kounboum, dans la Lamaserie des saints adaptes.
Dans l'océan sans rivages de l'espace, brille le suiri! spi-
rituel, central, mais /~f'c. L'univers t ntier est son

corps, son esprit et son âme et d après ce module idéal.


toutes choses sont fermées. Ces trois émanations son! les

trois vies. les trois d~rés du /r/'o~no~tique, les trois


< faces c'abalistiqu's car l'AX~lEX dL's Anciens. le saint
des « a une < i -t un moment
a~és.Ie ~rand En-Sopil forme,

il n'en a point )). L'Invisible « prend une .orme lorsqu'il


appelle un univers.) l'existene.)~, ditZ.c'.S~lcLivt\'
de Splendeur. La /c/ lumière est son anh-, le souine
innni. sans bornes, immortel, so~ i action tmquel i'n:\crs
soulève son sein puissent pour infuser la vie //7/(.y<</ a
la création. La .~cco/c émanation condense la matière
cométaire et produit les formes dans le cercle cosmique
elle fait ttotter des mondes innombrables dans l'espace élec-

trique et transmet
le principe de vie inintelH~'ni. et aveugle
dans chaque forme. La troisième produit t~'ut ~univers de
matière phvsique; et comme il s'éloigne graduellement.de
la Divine Lumière Centrale, son éclat
saiÏai!.)litctdispa:'ait,
et il devient les TËXÈ13RES et le MAL, la matière pure, ce

que les IL-rmétistes nomment les < grossières scorie" du


feu céleste

1. Sud si~mtic un mystère religieux. CtC~'ron mentionne le Sod,commc


faisant partie des Mystères ùu mont Ida. Les membres du Co~rp Jp Pr~-
<res étaient nommes .So~M, dit Dualap, en citant le Z..i<trt Le~<coft
448 de Freuad.
2. Voir les œuvres de l'abbé Hue, missionnaire apostolique.
3. Le So/Mr 111, 2S8; Idra Suta.
tS!S UËVO!) EE 15

Lorsque l'Invisible Central (le Seigneur Fcrho) vit les


ctiorts de l'A'rt' divine
<nji ne voulait pas se laisser
entraîner encore plus bas dans la dégradation de la matière,

pour s'atfranchir eHe-mcmc de ses liens, il lui permit de


tirer d'eHe-meme une ~!0~</<7< sur laquelle, attachée a elle
connue par le fil le ptusnn, l'étincelle divine, l'âme, devait,
veiller durant ses incessantes pérégrinations d'une forme a
une autre. Ainsi la monade fut jetée dans la première forme
de la matière, et fut- enfermée dans une pierre puis, au cours
du temps, par les efforts combines du /c'M et de l'c'~M ('
r~s. qui tous deux agissaient par /7f.r/ sur la pierre, la
monade sortit de sa prison et apparut a la lumière du soleil
sous forme d'un lichen. De
métamorphose
en métamorphose,
la monade s'élève toujours plus haut. empruntant a chaque
transio;'mation nouveHe un plus
peu de l'éclat de sa mère.
/'A'c//< d<i:!t t e!)c s'approche ainsi progressivement
chaque transmigration. La (~'(use Première avait voulu

qu'elle procédât de la sorte elle la destinait a monte:'

plus haut enco:e a chaque eH'ort, jusqu'à ce que sa forme


phvsiquc tut redevenuc de nouveau l'Adam de /)o~.<s/t'c.
forme a l'im de !'Adam K~d!n"n. Avant de subir sa der-
nière métamorphose
tt T-restre. l'enveloppe extérieure de la
monade, a partir du moment de sa conception comme
tm!):'yon, pas-.c. eïïe aussi, de nouveau par les diverses
phases des dinerents règnes. Dans sa prison fluidique elle
prcr.u aux diverses époques de la
gestation un~ vague res-
semblance avec la plante, le reptile, l'oiseau, 1 animal, jus-
qu' c'e qu'eHe devienne un embryon humain (!).
Au momenL de la naissance de l'iiomms futur, la monade
rayonnai avec tout l'éclat de h< gloire de sa mère immor-
telle, qui la surveille du haut de la septième sphère, devient.
/s'c~. /<(~). E!Ie perd tout souvenir du passe, et ne reprend
conscience d'eHe même que progressivement, lorsque l'ins-
tinct de l'enfance fait place à la raison et a 1 intelligence.
Et quand a lieu
!a séparation entre le principe de vie (l'esprit
astral) et le corps. l'âme libérée, la monade rejoint joyeuse
et triomphante l'esprit duquel elle est issue, le radieux

Everard.t/x:crc.- /)'o.'oy/(yt!~ p. î3~.


2. Voyez !e 7'<wce de Platon.
16 ISIS nÉVOtt.ÉF:

Angoeidcs. Ensemble i)s prennent pour toujours une forme

unique. d'autant glorieuse


plus que la pureté spirituelle
passée a été plus grande, et que l'Adam (ou l'Humanité),
qui a parfait son cycte de nécessité, est libère du der-
nier vestige de son enveloppe physique. partir de ce
moment, devenant de plus <'n plus radieux a citaque pas en
avant de son propres ascen !ant, il gravit le sentier bril-
lant qui se termine a son point de départ autour du GHAXD
CYCLK.
Toute la théorie de la sélection naturelle de Darwin est

comprise dans les six premi<'rs chapitres du livre de la ~/c-


/!<~c. < L'homme du chapitre premier est tout a fait dif-
férent de 1 Adam du chapitre II, car lepremier fut créé
« mâle et femelle c'est-à-dire bisexué!, et a l'image de
Dieu. tandis que le dernier, d'âpres le verset sept, est forme
de la poussière de )a terre, et ne devint une « âme vivante ))

qu'après que « le Seigneur Dieu lui eut insutllé dans !cs


narines le souflle de vie. De plus, cet Adam était un être
masculin, et l'on nous apprend, au verset vingt, que « pour
l'homme, il ne trouva point d'être semblable lui L"s
Adonaï. étant (les entités spirituelles pures, n'avaient point
de sexe ou plutôt ils réunissaient en eux les deux sexes,
comme leur Croateur et les anciens le comprenaient si
bien qu'ils représentaient beaucoup de leurs divinités
comme bisexuelles. Celui qui étudie !a Bible doit accepter
cette interprétation, ou alors les deux passades des cha-
pitres en question se contredisent l'un l'autre jusqu'à l'ab-
surde. C'est l'acceptation de ces passades dans leur sens
littéral qui a permis aux tourner en ridi-
matérialistes de
cule le récit mosaïque, et c'est la lettre morte du texte

antique qui a engendré le matérialisme de notre siècle. Non


seulement ces deux races d'êtres sont clairement désignées
dans la <y~<~<?, mais encore il y est question d'une troi-
sième et d'une quatrième que l'on présente au lecteur au

chapitre IV sous la dénomination de « fils de Dieu et. de


« race de Géants (Vovez Job, et chap. VI de la ~yM<<c.)
Au moment où nous écrivons, paraît, dans un journal
américain, le A~/z. C/ 7"77~, un compte rendu des

importantes découvertes de restes de cette race de géants


préhistoriques, qui confirment les déclarations des Cabalistes,
ISIS DÉVOILÉE 17

cf. en même temps, les allégories de la Bible. Ce compte


rendu mérite d être conservé.
« Dans ses rect~ercitcs a travers les forets du Missouri
occident. le juge H.-I~. West a découvert un certain nom-
bre de tumulus de forme conique, de construction analogue
a ceux trouves dans l'Ohio et le Kentucky. Ces tumuli ont
été t:'o)t\('-s sur les Itautes collines <}ui dominent la rivière
(lu Missouri, et les plus grands et les plus proéminents sont
ceux que l'on voit dans !c Tennessee. le ~lississipi et la
Louisiane. Jusqu'à ce ;our. on ne se doutait pas le moins
du u)oit')<j <!uc les hommes qui avaient é)evé ces monticules
funet'res. avaient fait leur patrie de cette région dans les
temps nréhis(oriques mais aujourd'hui, que <'n a découvert
cette étrange race. éteinte maintenant, occupa autrefois cette
rentrée, et y laissa une vaste nécropoie formée des innom-
brables n'onticulcs répandus sur les coteaux du comté de
C!ay.
« t'en n'a ouvert seul de ces tu-
Jusqu'à ce jour. qu'un
mu!i. I. ju~e West y a trouve. i!y a environ deux semai-
nes un squelette, et il a fait a ce sujet un rapport a ses col-
f~ues de la Société. Ceux-ci l'accompagnèrent sur les lieux,
t non loin de la surface du sol, où les fouilles étaient prati-
quées. (m retira les restes
squelettes. deLes deux os en
-ont très grands et très forts, tellement .rrands même que,
-t on les compare avec un squelette ordinaire de date mo-
<rne. Us paraissent avoir appartenu a un :?éant. Les os du

(r.'tne qui n'ont point été réduits en poussière sont d une


dimension monstrueuse. La mâchoire inférieure de l'un de
<' s s<;u< lottes est en parfait état de conservation, et elle est
!e double de celle
personne d'unecivilisée. Les dents en
sf'nt grandes et paraissent usées par l'usage des racines et
d .ments carnivores. L'os maxill:ire indique une force
rnus( ulair< immense. L'os de la cuisse, si on le compare a
celui d'un moderne ordinaire, est plutôt pareil a
squelette
<h:i d'un cheval. La longueur, et le développe-
l'épaisseur
ment musculaire sont remarquables. Mais la partie la plus
~'n~uHérc du squelette, c'est l'os frontal. Il est très bas, et
(!i:!ere essentiellement de tout ce que l'on a pu voir jusqu'à
.présent. Il forme une épaisse protubérance osseuse d'un
p~ucc de large, s'étendant entre les deux yeux. Au lieu de

VU!" f I
18 ISIS DÉVOtLLE

se développer vers le haut, comme de nos jours, le front se

dirige en arrière, a partir des sourcils, formant une tête


aplatie, ce qui indique un ordre très inférieur d'êtres hu-
mains. L'opinion des
savants qui ont fait cette découverte,
est que l'on se trouve en présence de restes d'une race
d'hommes préhistoriques. Ils ne ressemblent pas a la race
indienne actuelle, et les tumuli n'ont été construits d'après
aucun modelé pour connu
avoir été employé par les di-
verses races d'hommes existant aujourd'hui en Amérique.
Les corps ont été trouvés assis dans les tumuli, et parmi
les ossements, on a trouvé des armes de pierre, telles que
des couteaux en silex, des racloirs et autres, dont la forme
diltère sensiblement de celle des dards de flèches, des haches
de guerre, et autres armes de pierre en usag-e chez les In-
diens aborigènes de l'Amérique, lorsqu elle fut découverte
par les blancs. Les personnes auxquelles ces ossements ont
été confiés les ont déposés ehex le Foe dans Main Street.
Leur intention est de faire de
plus amples et de plus sérieu-
ses recherches dans les monticules des coteaux qui se trou-
vent en face de cette ville. Ils feront un rapport de leurs
travaux a la prochaine séance de l'Académie des Sciences,

époque a laquelle ils espèrent pouvoir définitivement asseoir


leur opinion. Il est déj;') établi d'une façon assex nette, tou-
tefois, que les squelettes dont il s'agit sont ceux d une race
d'hommes qui n'existe plus. »
L'auteur d'un ouvrage récent et très étendu (t) trouve
un suict d hilarité dans l'union des « fils de Dieu avec les
« filles des hommes » qui <t' 6e/ comme il est dit
dans la Genèse, et décrites avec plus de détails, dans cette
merveilleuse légende, le /rc ~'A~o~A. Il est fort dom-

mage que nos hommes plus érudits et les plus


les libéraux
n'emploient pas leur Ionique serrée et impitoyable a remé-
dier a ce travers de n'envisager qu'un des côtés de la ques-
tion, et a rechercher le véritable esprit qui a dicté cette allé-

gorie de l'antiquité. Cet esprit était certainement


plus
scientifique que les sceptiques ne semblent disposés a l'ad-
mettre, et chaque année, quelque nouvelle découverte

t. Superfia<nra~ Religion, Enquête au sujet de la réalité de la Révéla-


tion divine. Vol. II. Londres, 1875.
ISIS DÉVOILÉE 19

vient confirmer ses assertions, jusqu'à ce que toute l'anti-

quité soit ainsi réhabilitée.


Une chose au moins a été bien indiquée dans le texte
hébreu, savoir qu'il y a eu une race de créatures pure-
ment physiques~ et une autre de créatures purement spiri-
tuelles. La question de l'évolution et de la < transforma-
tion des espèces nécessaires pour combler le vide entre
les deux races a été laissée a des anthropolo~istcs plus
habiles, nous ne pouvons que répéter la philosophie des
anciens, qui dit que l'union de ces deux races en produisit
une troisième, la race Adamiquc. Participant de la nature de
ses deux parents, c.'Il-ei est apte a vivre également dans l'un
ou l'autre des deux mondes matériel et spirituel. La raison,
même de maintenir sa suprématie
qui met l'homme sur les
a

animaux inférieurs, et de soumettre la nature a ses besoins,


est chez lui allie'' a la partie physique de son être et c'est
a sa partie spiritu' qu'est alliée la conscience, qui lui sert
de ~uide infaillible, ma!ré les entraînements des sens car
!a conscience est cette perception instantanée, qui permet
de discerner le mal du bien, et qui ne peut être exercée que
par l'esprit, lequel étant la sagesse de
et de la pureté
partie
divines, est par conséquent absolument sa~c et pur lui-
même. Ses inspirations sont indépendantes de la raison, et
ne peuvent se traduire en manifestations chaires et nettes,

que lorsqu'il n'est pas embarrasse et entravé par les attrac-


tions inférieures de sa double nature.
La raison étant une faculté de notre cerveau physique.
cette faculté qu'on dit capable de tirer des conséquences Ioni-
ques de
prémisses posées, et, par conséquent, placée sous la

dépendance du témoi~na~e des sens, ne peut pas être envi-

sagée comme une qualité appartenant directement a notre


esprit divin. Ce dernier ~a~ de science certaine, et, par con-
séquent. tout raisonnement qui implique une discussion et
des arguments a faire valoir, est inutile pour lui. De même,
une entité, si elle doit être considérée comme une émanation
directe de l'éternel Esprit de Sagesse, ne peut l'être que
douée des mêmes attributs que l'essence dont elle fait par-
tie. C'est donc avec un certain de~ré de logique que les
anciens théurgdstes soutenaient que la partie raisonnable de
l'âme humaine (l'âme spirituelle ou le G" principe), centrait
20 JS!S DÉVO LËE

entièrement, dans !e corps de 1 homme, mais qu'elle


jamais
le oeuvrait ou moins de son ombre a travers l'âme /r/
plus
//o/<f'ou astrale sert d'agent intermédiaire entre.
qui
l'esprit et le L homme qui a suffisamment dotnpLé
corps.
la matière pourdé:~a~erdesonan~oeides é!mcelant!a

lumi.redireete, sent la verit.'p:u'intuition; il n''peut poi:;t


fai!!ir dat)s son ju:emen!,t~é tous !(>so])!)is)Des su~
~ércs p.)[') froide raison.car il est IU.IIXH.l)L'!a.I..s

prophéties. les prédictions et la prétendueitr-piration <r/

qui so'it tout ~implemeut !es effets de cette illumination

d'e:)l)autp:'r notre propre e-priti:nmortcl.


S\\ede':bor~. poursui'.ant les doctrines mysti<}ues des

plnlo-op!.es a consacre (quantité de volumes


hermeti'pjes,
I'e!uei(!(ion du « sens véritable de la Genèse. S\\ edenbo:~
<{a~ind'tab!emcnt un magicien ne,un vovant ;i[n'et.t t

/)< un ~<e. Ainsi, <pi"iqu'H paraisse avoir suivi !a


menie metitode d'interpretatlun <p~e les alchimistes et les
aut.r~ mystiques, il a p.tie~emcnt ec!ioue. d'autant
modèle choisi par lui, dans cette méthode,
p~usn'Ie
tout ~'r.i::d alehinusfe f~u'd :e. n'était pas plus un adepte.
da:!s j.e l'acccpti"n du mo! que ~e ~rand voyant suédois

!ui-:uei.)e.Hu~encPhiIa!ethe-n'a jamais atteint la «p!us


hau~ pyr-.teehnic ». pour employer l'expression des philo-
sophes mystiques, mais. quoique tous les deux niaient
vu la vertte tout ent~-re dans ses défaits, Swedenborg
pa
a vi:t.; ~e:t:ent donne au premier chapitre de la Genèse, la
m.m.' interprétation que les philosophes hermétiques. Le

voyant, au-si bien que les in~s. malgré leur phraseolo:n:ic


yol'e, démontrent elairemeut que les premiers cliapitrcs de
la G -nese se rapportent a une ou a une nou-
/'t~2J/'a~o/z
velle naissance de l'homm. et non pas a une création de
notre univers et de son œuvre maîtresse, l'HOMME. Le iait

que les termes des alchimistes, tels que ~c/so~f et /~c'


<c. sont transformes par S\vedenborg- en c/< <M.'x', et

c//<~ ( 1). ne modifie pas l'idée sous-jacente de résoudre les

problèmes des livres mosaïque- par la seule méthode pos-


sible. celle employée paroles hermétistes la méthode des

équivalents.

1. y"yc' ,'I~·crt'J ,\r,'ana.


ISIS nÉvon.ÉE ~1

Sa doctrine des
équivalents ou symbolisme hermétique
est celle de Pythagore et des Cabalistes: /M~ro~/7!c en
~a.s. C'est aussi celte despfutosophes bouddhistes (pti.dans
leur métaphysique encore plus abstraite, intervertissant le
mode usuel de définition donne par nos érud'ts, nomment

l'unique réalité les types Invisibles, et /<)A! tous les au-


tres etrets de causes ou prototypes. Quelque contradictoires
diverses élueidations d'i
que leurs Pentateu({ue puissent pa-
raître /</ s~r/~r< eh.acune d'elles tend a montrer que la
littérature sacrée de chaque pays, !a /c, aussi bien que
les f<'<s',ou les Ecritures Bouddhistes, ne peut être com-
et complètement approfondie qu'a la lumière de la
prise
hermétique. Les grands sag-cs de l'antiquité,
philosophie
ceux du moyen a~e, et les auteurs mystiques de nos temps
modernes également, étaient. d''s //c'?~<c's. Suit que le
flambeau de !a vérit('' les eut éclaires, ~racc a leur faculté
d'intuition, soit q !'i! eut lui a leurs yeux par suite de leurs
études et d'une Initiation régulière. ils avaient virtuelle-
ment accepte ia méthode, et suivi la voie que leur avaient
tracée Moïse.. Gautama Houddha et J''sus. La vérité, sym-
bolisée par des alchimistes sous la forme de la /"o.~<
r/'e/. était descendue dans leurs cœurs, et tous ils l'avaient
cueilHc sur le .7!~< /7?o/?/ </t' en étendant des

draps !t~<"L't.us <7~ pour la recevoir.. c'est ainsi que,


dans un sens, ils s'étaient assuré a eux-mêmes, chacun
de son c<té, le <<f,v/~ ~r.s-c/. Dans qu'-lle mesure
leur fut-il de le partager avec le public. c'est une
permis
autre Le voile dont Moïse se couvri). le visage en
question.
descendant du Sinaï pour enseigner au peuple « la Parole
de Dieu c'est-à-dire !a révélation intime de notre Esprit
divin le pur principe de l'homme dieu ce voile ne

peut être enlevé a la seule volonté du maître il faut


encore les disciples aient la faculté d~enlever celui
que
se trouve sur leur cœur. Saint Paul le dit claire-
qui
ment et ses paroles adressées aux Corinthiens peuvent
être a tout homme ou femme, et a toute épo-
appliquées
que de 1 histoire du monde. Si sont aveu- « leurs esprits
glés par l'éblouissante enveloppe de vérité divine, que
le voile hermétique soit levé ou non du visage du maî-
tre, il ne peut pas être enlevé de leurs cœurs, à moins
22 ISIS DÉVOILÉE

<7U'5 ne se /OM/'y!C/ï/ t~cr.9 le /?<<ïCMr. Mais cette der-


nière appellation ne doit pas être appliquée à l'un ou a
l'autre des personnages anthropomorphes de la Trinité,
mais au « Seigneur », tel que l'entendent Swedenborg et
les philosophes hermétiques le Seigneur qui est ViE et
IIo~ME.
L'éternel combat
que se livrent les religions du monde,
le CI~ristianisme, le Judaïsme, le Brahmanisme, !e Paga-
nisme et le Bouddiusme. provient de cette cause unique
La vérité n'est connue que du petit nombre !es autres, ne
voulant pas soulever le voile de leur propre cœur, s'ima-

ginent qu'il aveugle aussi les yeux de leurs voisins. Le


dieu de chaque religion exotérique, y compris le Christia-
nisme. maître ses prétentions au mystère, est une idole,
une fiction et ne peut être autre chose. Moïse, .«)~c/<!e-
y~c~ ro//c, parle aux multitudes endurcies de Jehovah. !a
divinité cruelle et anthropomorphique, comme du Dieu le

plus élevé, cachant au plus protond de sou cœur !a vérité


< qui ne peut être ni révélée ni exprimée » par des mots,

Kapila frappe du glaive acéré de ses sarcasmes les lo~uis

brahmani(~ues (jui. dans leurs visions mystiques, préten-


dent. voir le TRHS I1AL'T. Gaut::ma Bouddha cache !a vt'rite
sous un impénétrable voile de subtilités métaphysiques, et
il est regarde par la postérité comme un athée. Pytha~ore
avec son mysticisme allégorique et sa métempsycose est
tenu pour un habile imposteur, et on dit la même chose
des autres philosophes, comme Apollonius et Plotin, qu'on
traite en gênerai de visionnaires, sinon de char!at:ms.
Platon, dont les écrits n'ont jamais
été lus par la ma;orite
de nos <7r~ erudits, sinon d'une manière très superu-
cielle, est accuse par beaucoup de ses traducteurs d'absur-
dités et de puérilités, voire même d ignorance de sa propre

langue Nôtres probablement parce qu'il a dit, t relativement


a 1 Etre suprême, qu'une nature de ce ~enre ne pouvait être
défini? par des paroles comme les autres choses que 1 on

peut apprendre (~), et pour avoir trop voilé ses pensées


dans son Prota~oras.Xous remplirions tout un volume avec

1. Voyez Burpcs. Prc/hoe.


2. ~ep~teme Z.e«re.
ISIS DÉVOILÉE 23

les noms des


sages méconnus dont les écrits passent géné-
ralement pour absurdes, uniquement parce que les criti-

ques matérialistes se sentent incapables de lever les voiles

qui les couvrent. Le trait le plus important de ce mystère,


en apparence incompréhensible, réside peut-être dans l'ha-
bitude invétérée de la majorité des lecteurs, de juger une
oeuvre par son style et par les idées insuffisamment expri-
mées, en laissant de c<té et hors de la question son vérita-
ble esprit. Des philosophesappartenant a des écoles dia-
métralement opposées emploient souvent, tout en traitant le
même sujet, une multitude d'expressions différentes, dont
certaines paraissent obscures et métaphoriques, mais qui
sont toutes figuratives, et de même que les innombrables
ravons divergents d'un ~lobe de feu, aboutissent tous au
même point central, chaque philosophe mystique, qu'il soit
un pieux enthousiaste comme Henry More, ou un alchimiste
irascible au langage quelque peu trivial, comme son adver-
saire Eugène Philaicthes. ou un « pieux athée »
') comme
Spinoza, fous ont un seul et même objet envue.I'!IOMME.
C'est Spinoza toutefois qui nous fournit peut-être la clé la

plus sure pour éclaircir partie une divulgué. de ce secret non


Tandis que Moïse prohibe les « images gravées ou sculp-
tées » de Celui dont le nom ne doit pas être pris en vain,
Spinoza va plus loin. II déclare nettement que l'on ne doit
même pas essayer r/c <f/ï/r Dieu. Le langage humain est
tout a fait impropre a donner une idée de cet « Etre ?
absolument unique. Que ce soit Spinoza ou la théologie
chrétienne qui approche le plus de la vérité, nous laissons
au lecteur le soin de juger leurs prémisses et les conclu-
sions qu'ils en tirent. Toute tentative de déiinition de Dieu
aboutit a entraîner une nation à anthropomorphiser la divi-
nité a laquelle elle croit, et le résultat est celui qu'indique
Swedenborg. Au lieu d'établir que Dieu a fait l'homme
a son image, nous devrions véritablement dire que c'est
l'homme qui « a imaginé Dieu sa ressemblance (1),
en oubliant c'est a celle-ci voue un culte.
que qu'il
Où se trouve donc le vrai, le réel secret dont il est tant

The <rae Christian Religion.


24 ISIS DÉVOILÉE

parle chez les Hermétiques ? y eût et qu'il


Qu'il y ait un
secret, aucun doute n'est possible à cet égard, même chez
le plus candide étudiant de la littérature ésotériquc. Des
hommes de génie, comme le furent incontestablement beau-

coup de philosophes hermétiques, ne se seraient pas abu-


sés en cherchant a tromper les autres de la sorte, pendant
plusieurs milliers d'années. Que ce grand secret communé-
ment appelé « la pierre philosophale » ait eu une portée spi-
rituelle, aussi bien que physique, c'est chose q'ti a été soup-
çonnée de tous les temps. L'auteur de /?c/n<ïr/M
on .4/<y7?y
and lhe .4 /r/ïe/7!< fait remarquer.
avec beaucoup de raison,

que l'art hermétique, c'est I'IIO\IME, et que le but de cet


art n'est autre que la perfeclion de l'homme (1). mais nous
ne sommes pas d'accord avec lui, lorsqu'il dit qu il n'y a
que ceux qu'il appelle des « imbéciles avides de lucre », qui
aient jamais cherché à transporter un dessein purement moral
(celui des alchimistes), dans le domaine de la science physi-
que. Le fait seul que l'homme, a leurs yeux, est une trinité

exotériquement, et un septénaire–ésotériquemcnt qu'ils


divisent en leu solaire, eau de /rc//re ct.<o~qui est le

feu secrel, ou, pour parler plusclairement, en corps. <ne et

espril, ce fait démontre qu'il y a dans cette question un côté

physique. Au point de vue spirituel, l'homme est la pierre

philosophale, une /r~/c dans /ï/7e, suivant l'expression


de PIiilalèthes, mais il est aussi cette pierre au point de vue

physique. Cette dernière n'est que l'effet d'une cause, la-


est elle-même le dissolvant de toutes choses, l'esprit
quelle
divin. L'homme est une corrélation des forces physiques et

chimiques, aussi bien qu'une corrélation des pouvoirs spi-


rituels. Ces derniers réagissent sur les puissances physiques
de l'être, en proportion du degré de développement de
l'homme terrestre. « L'oeuvre est amenée a la perfection,
suivant la vertu d'un corps, d'une âme et d'un esprit, dit
un alchimiste, car le corps ne serait jamais pénétrable,
si ce n'était a cause
l'espril, de
et l'esprit ne serait pas per-
manent dans son état ultra parfait, si ce n'était à cause du

corps et tous les deux ne pourraient agir l'un sur l'autre


sans l'âme, car /'e~rz/ est une chose invisible, et il ne fait

1. E. A. Hitchcock..Streden&or~ a Hermelic Philosopher.


ISIS OÉVOÏLËE 25

jamais son apparition sans un autre VËTEMEXT~ qui est


L'AME;!).
Les « philosophes liermétiques » afHrmcnt, par l'organe
de leur chef Robert Fludd, que la sympathie est la source
de la lumière et que « l'antipathie prend naissance dans les
ténèbres ». Ils enseignent en outre avec les autres Cabalis-
tes, que < les contrastes dans la nature procèdent d une
essence éternelle, qui est la racine de toutes choses ».
Ainsi. la cause première est la source-mère du bien ainsi
que du mal. Le Créateur, qui n est pas le Dieu le plus
élevé, est le père de la matière qui est pe/cr.<!e aussi bien
que de l'esprit qui, émanant de la plus haute et invisible

cause, passe par lui, comme par un véhicule, et envahit tout


1 univers. < II est très certain, dit Hébert Fludd (Robcrtus
di F!uctibus), que de même qu'il existe une multitude
de créatures ('f.'<. de même il v a une variété infinie de
créatures invisibles, de natures diverses, dans la machine
universelle. Quant au nom mystérieux de Dieu. que Moïse
était si désireux d'apprendre et de connaître, il reçut cette

réponse .o~'r/ c~/ y7!D~ nom élernel, c'est-à-dire l'huma-


nité, Adam et Eve dont les deux noms composent le nom
./<2~'6\ L autre nom est si pur et sisimple, 'y/ ne peut
point <c <Tfr//<J OM ro~posJ. o~ (~r~r/c/7ïc/ exprimé
par /<? ~o/.r /7!c. tous les autres noms sont compris
dans ce!ui-l. car il contient la propriété du vouloir aussi
bien que du /o~/oz/ de la privation aussi bien que
de la jouissance, de la mort que de la vie,
aussi bien de la
malédiction aussi bien que de la bénédiction, du mal aussi
bien que du bien (quoique idéalement rien ne soit mauvais
en lui), de la haine et de la discorde, et par conséquent de
la sympathie comme de l'antipathie (~).
Les plus inférieurs dans l'échelle des êtres sont ces créa-
tures invisibles appelées par les Cabalistes les élémentaires
et les élémentaux. Il v en a trois classes distinctes. La plus
élevée en intelligence et en discernement est celle desesprits
dits terrestres dont nous avec plus de détails dans
parlerons
d'autres parties de cet Qu'il nous suffise de dire
ouvrage.

Ripley ~~t'pd !678.


2..tfoMtca~.P/u~osop/t~, p. T. 1659.
26 ISIS DÉVOILÉE

pour le moment, que ce sont les larves, les ombres de ceux

qui ont vécu sur la terre, repoussant toute lumière spiri-


tuelle, et toujours restés jusqu'à la mort, profondément plon-
gés dans le cloaque de la matière ceux dont 1 esprit immor-
tel s'est peu à peu détaché de leur âme souillée par le

péché. La seconde classe est composée des antétypes invisi-


bles des hommes naître. Aucune forme ne prend une
existence objective, depuis les plus élevées jusqu'aux plus
basses, avant que l'idéal abstrait de cette forme ou, comme
le dit Aristote, la privation de cette forme n'ait été évoquée.
Avant qu'un artiste ait peint un tableau, chaque trait en
existe déjà dans son imagination et pour qu il nous soit
donné de voir une œuvre humaine quelconque, il faut que
la forme abstraite de cette œuvre ait d'abord existé dans

1 esprit de 1 ouvrier. II en est de mcmc des hommes futurs.


D'après la doctrine d'Aristote, il y a trois principes de

corps naturels lajor/fo/zo~ ou idéal abstrait, la matière et


la forme; ces principes peuvent être appliqués au cas spé-
cial actuel. La
< privation » d un enfant qui va naître est
localiséedans l'esprit invisible du grand Architecte de l'Uni-
vers, la privation n'étant pas considérée, dans la philosophie
d'Aristote, comme un principe dans la composition des corps,
mais comme une propriété extérieure de leur production
car la production est un changement par lequel la matière
passe de la forme qu'elle n'a pas à celle qu'elle prend. Quoi-
que la < privation » de 1 enfant qui n'est pas encore né, aussi
bien que la forme future de la montre, qui n'est pas encore
fabriquée, ne soit encore ni une substance, ni une extension, ni
une qualité, ni même une existence proprement dite, cepen-
dant c'est
quelque chose qui est, bien que, pour exister,
ses contours doivent prendre une forme objective en un
mot, que l'abstrait devienne concret. Ainsi, aussitôt que
cet idéal de la matière est transmis par l'énergie à l'éther
universel, il devient une forme matérielle, quelque sublimée

que soit celle-ci. Si la science moderne nous enseigne que


la pensée humaine « affecte la matière d'un autre univers
simultanément avec son action sur celui-ci », comment ce-
lui qui croit en une Cause première intelligente pourrait-il
nier que la pensée divine soit transmise de même, par la
même loi d énergie, à notre médiateur commun, l'éther uni-
ISIS DÉVOILÉE 27

verser l'âme mondiale? Or, s'il en est ainsi, il s'ensuit né*


cessairement qu'une fois là, la pensée divine se manifeste
objectivement, l'énergie reproduisant fidèlement les
traits,
les contours de l'être ou de l'objet, dont la privation est
née d'abord dans l'esprit divin. Seulement, il ne faut pas

prendre cela dans le sens que cette pensée crée la matière.


Non, elle ne crée
que le plan de la forme future; la matière

qui sert à faire ce modèle ayant toujours existé, et ayant


été préparée pour former un corps humain par une série de
transformations progressives, comme le résultat dune évo-
lution. Les formes passent; les idées qui les ont créées, et
la matière qui leur donne l'objectivité demeurent. Ces mo-
dèles, encore dépourvus d'esprits immortels, sont les « élé-
mcntals » proprement dits des e/7!6r//o~ psychiques qui,
lorsque vient leur tour, meurent dans le monde invisible, et
naissent dans ce monde visible, sous forme d'enfants humains
en recevant au pû~o~e ce souffle divin nommé esprit, qui
complète l'homme portai! Cette classe ne peut communi-

quer o~/ec//6'c/7!c~/ avec les hommes.


La troisième classe est composée des « élémentals pro-
prement dits, qui jamais n'évolueront pour devenir des êtres
humains dans notre grand cvcle, mais qui occupent un degré

particulier de l'échelle des êtres, et qui, par comparaison


avec les autres, peuvent être justement nommés les purs
esprits, les agents cosmiques de la nature, chaque être se
trouvant confiné dans son élément, et ne franchissant jamais
les frontières qui le
séparent des autres. Ce sont eux que
Tertullien appelle les < princes des puissances de l'air
On croit que cette classe possède un seul des trois attri-
buts de l'humanité. Ils n'ont esprit ni immortel, ni corps
tangible ils n'ont que des formes astrales, qui participent,
dans un degré sensible, aux propriétés de l'élément auquel
ils appartiennent, et aussi à celles de l'éther. Ils sont une
combinaison de matière sublimée, et d'un esprit ou intelli-
gence rudimentairc. Quelques-uns sont à peu près immua-
bles, mais ils n'ont pas encore d Individualité distincte, et
ils agissent collectivement, ainsi dire. D'au-
toujours pour
tres, formés de certains éléments et espèces, changent de
forme, d'après une loi fixe, que les Cabalistes expliquent.
La partie la plus solide de leur est ordinairement
corps juste
2S ISIS DÉVOILÉE

assez immatérielle pour échapper a la perception de nos


sens physiques, mais pas assez insubstantielle, pour qu'ils
ne puissent être parfaitement reconnus par la vision interne
ou clairvoyante. Non seulement ils existent et peuvent vivre
dansl'éther, mais ils peuvent le et le diriger pour la

production d'enets physiques, aussi aisément que nous com-

primons l'air ou l'eau, dans le même but, au moyen <) appa-


reils pneumatiques ou hydrauliques et ils y sont d'ailleurs
aidés par les esprits « élémentaires humains » bien p!us
ils peuvent le condenser au point de s'en faire des corps

tangibles, auxquels, par leur puissance protéenne.ils peuvent


faire prendre la forme qu'il leur plaît, en prenant, pour
modèle les portraits qu'ils voient graves dans la mémoire
des personnes présentes. II n'est pas nécessaire pour cela

que ces personnes pensent, sur le moment, a celle (pu va


être représentée. Son image peut même être effacée en

apparence de leur souvenir depuis plusieurs années. L'esprit


reçoit l'empreinte indélébile mémo d'une connaissance for-
tuite, ou de personnes que l'on n'a vues qu'une fois. De même

que quelques secondes d'exposition de la plaque photogra-


phique sensibilisée suffisent a y imprimer pour un temps
indéfini l'image de celui qui a posé dcv-.nt l'appareil, il en
est ainsi pour l'esprit.
Selon la doctrine de Proelus. les régions supérieures de-

puis le zénith jusque la lune appartiennent aux dieux ou


Esprits planétaires, suivant leur hiérarchie et !eur clause.
Les plus élevés parmi eux étaient les dou/e j-j::x/
~/)~r our~n/o~ ou dL'x supra-c'Iestes. ayant des lésions
entières de démons ou génies, subordonnés.placés sous leurs
ordres. Ils sont suivis dans l'ordre hiérarchique par les
e~A'o~/7?/o/, les dieux ou esprits intercosmiques qui ont cha-
cun autorité sur un grand nombre de <o/?s. auxquels ils
communiquent leur puissance, en la reportant de 1 un a
l'autre, a leur gré. Ce sont la évidemment les forces per-
sonnifiées de la nature dans leur corrélation mutuelle, les
dernières étant représentées par la troisième classe ou les
« élémentals que nous avons déjà définis.
Plus loin, il montre, sur le principe de l'axiome hermé-
tique des types et des prototypes, que les sphères infé-
rieures ont leurs subdivisions et leurs classes d'êtres, aussi
ISIS DÉVOILÉE 29

bien les sphères célestes supérieures, les premières étant


que
subordonnées a celles-ci. Il les
toujours professe que quatre
éléments sont tous remplis de </<o/!s. soutenant avec Aris-
tote que l'univers est plein et qu'il n'existe point de vide
dans in nature. Les démons de la terre, de 1 air, du feu et
de l'eau sont d'une essence semi-corporelle. et
élastique
étheree. Ce sont ces classes qui agissent comme intermé-
diaires entre les daux et les i:ommes. inférieurs
Quoxtue
"n inte)):ence au .s'7''r/ o:'d:'(.' des damons les élevés.
p!us
ces êtres président dn'ectement aux éléments et a la vie
!!s dn'i~' nt la ~'ernunatton, ta noraison, les pro-
t'r~an:<te.
(~ les divers changements des phmtes. Ils sont la
nrietes
des idées ouvertus tombées du /e céleste
prr~<'nnH:eation
sur la m.di' ['e inur~aniqu' et Cfunme le rovaume végétal
e~t un d(~t\ plus e)'e que le r~ ~ne minera!, ces éma-
nations des
esprits célestes prennent forme et existence
dans la plante, et en deviennent /< C est ce qu~Aristotc
nomme !a dans les h-uis pri:~cip< d''s corps natu-
rel, cl ts~s nar !~t s-ts ta rubrique d~' p:v:(t!on,de matière
et de i'orn)~. Sa p):i!<'sop)m' en~e~)'- qa'oati'e la matière

originale, un autre principe est m.c'. ~saire pour compléter


la triple nature <h- chaque pareelit'. et celui-ci est la forme
un être invisible, mais néanmoins, dans l'acception onto-

!o~fuc du r)ut< substantiel et re<i'et)t distinct de la


matière propremen! dite. A[n~t.da::s ur; an.mal ou dans une
o't:'e !es o-. !e> e!nrs. les n.'rfs. !a cervelle, le
plante. san~

dans le tu'ema'r. eut: )a matière bu]ueu~< les tissus, les

fibres, la se\e <tan< la plante, le-.qae! san.r et sève,


en Circulant <!ans !e~ veines et les libres, nourrissent toutes
les part:e-. de ranimai et de la plante, outre les esprits
animaux, qui sont leprincipe du mouvement, et l'énergie
chimique q!ii se transforme en force vitale dans la feuille

verte, il do:! v avoir une forme substaniiellL-. qu'Aristote


appelaitdans un cheval.7!C du rAcr< Proclus,lec~7!on
de c!ia<p!e minéral, plante ou animal et les philosophes du
moven a~'e. les f~/)r~s r/7!c~/M~'c.< des (juatre royaumes.
Tout cela est tenu. dans notre siècle, pour de la méta-

physique et de lagrossière superstition. Cependant, d'après


des strictement ontologiques, il y a dans ces an-
principes
ciennes ombre de probabilité, quelque
hypothèses quelque
30 ISIS DÉVOtLÉE

indice pour les embarrassants « chaînons manquants de la


science exacte. Celle-ci est devenue si dogmatique dans ces
derniers temps, que tout ce qui dépasse la portée de la
science induclive est traité d'imaginaire et nous voyons le

professeur Joseph Le Conte déclarer que quelques-uns des

plus éminents parmi les savants « tournent en dérision l'ex-

pression force t~a/c ou vitalité, comme un reste de su-

jocr~/zon (i). De Candolle suggère que le terme « mou-


vement vital serait préférable à force vitale (~). préparant
ainsi le saut scientifique final qui transformera l'homme
immortel et pensant, en un automate, actionné par un mou-
vement d'horlogerie. « Mais, objecte Le Conte, pouvons-
nous concevoir un mouvement sans une force ? Et si le
mouvement est spécial, spéciale aussi doit être la /br/7!C
de celle force. »
Dans la Cabale Juive, les esprits de la nature sont con-
nus sous la dénomination générique de .S~cc~ et divisés
en quatre classes. Les Hindous et les Perses les appelaient
devs les Grecs les désignaient indistinctement sous le ti-
tre de démons et les Egyptiens leur donnaient le nom de

o/r~/c~. Les anciens Mexicains, dit Kaiser, croyaient aux


nombreux séjours des esprits, dans l'un desquels les ombres
des enfants innocents étaient placées jusqu'à leur distribu-
tion finale; dans un autre, situé dans le soleil, on plaçait les
âmes vaillantes des héros tandis que les hideux spectres
des pécheurs incorrigibles étaient condamnés a errer déses-
pérés, dans des souterrains, retenus dans les limites de l'at-

mosphère terrestre, sans vouloir ni pouvoir s'en dégager.


Ils passaient leur temps a communiquer avec les mortels, et
à effrayer ceux d'entre ces derniers qui pouvaient les voir.

Quelques tribus africaines les appelaient JKowaAoo~. Dans


le Panthéon hindou, il n'y a pas moins de 333.000.000 de

genres divers d'esprits, y compris les élémentals, qui plus


tard furent nommés Z~a.~ par les Brahmanes. Les adep-
tes savent que ces êtres sont attirés vers certaines parties
du ciel par une force mystérieuse comparable a celle qui
fait tourner l'aiguille magnétique vers le nord, ainsi que

t. Corrélation de la Force ct~e arec tes forces chimiques et physi-


ques, par J. Le Conte.
2. Archives des sciences, vol. XLV. p. 345. Décembre Ï872.
!S!S DÉVOILÉE 3ï

certaines plantes. On croit aussi que les diverses races ont


une sympathie particulière pour certains tempéraments hu-
mains, et exercent plus facilement leur pouvoir sur les uns
que sur les autres. Ainsi, une personne bilieuse, lymphati-
que, nerveuse ou sanguine est anectée favorablement ou
d'une façon défavorable par certaines conditions de la lumière
astrale, résultant de certains aspects des corps planétaires.
Ce principe ancrai établi, d'après des observations dont la
durée s'étend sur une série indéfinie d'années, l'adepte astro-
logue n'a besoin que de savoir quels étaient les aspects
pla-
nétaires à une date antérieure déterminée, et d'appliquer
cette connaissance aux changements qui se succèdent dans
les corps célestes, pour être en mesure de suivre avec une
exactitude presque absolue, les destinées variables
du per-
sonnage dont il établit l'horoscope, et même de prédire l'ave-
nir. L'exactitude de l'horoscope dépend naturellement, non
moins de !a connaissance par l'astrologue des forces et des
races occultes de la nature, que de son érudition astrono-
mique.
Eliphas Lévi expose avec une grande clarté, dans son
livre /~o~7!c c/ de la //<Tf~c .Vo~/e, la loi des in-
fluences réciproques entre les planètes, et leurs effets com-
binés sur les règnes minéral, végétal et animal, aussi bien
que sur nous-mêmes. II déclare que l'atmosphère astrale
change aussi constamment d'un jour a l'autre, et d'une
heure a l'autre, que l'air que nous respirons. Il cite, en
l'approuvant, la doctrine
de Pnraccisc qui enseigne que cha-
que homme, chaque animal et chaque plante portent des
signes évidents intérieurs et extérieurs des influences qui
dominaient au moment du développement de leur germe.
Il répète l'antique doctrine cabalistique que rien n'est sans
importance dans la
nature, et que, même une aussi petite
chose que la naissance d'un enfant sur notre insignifiante
planète, a son effet dans l'Univers, de même que l'Univers
entier exerce son influence réactive sur lui.
« Les astres, dit-il, sont liés et enchaînés l'un à l'au-
tre par des attractions qui les maintiennent en équilibre, et
les font mouvoir régularitéavec dans l'espace. Ce filet de
lumière s'étend sur toutes les sphères qu'il enveloppe, et il
n'est pas de point, sur une planète quelconque, auquel il ne
32 ISIS DÉVOtLËE

soit attaché par un de ses nls indestructibles. L'endroit pré-


cis, aussi bien que l'heure de lu naissance devraient par
conséquent être soigneusement enregistres par !e vérita-
ble adepte en astrologie puis, lorsqu'il aura tait le calcul
exact des influences astrales, i! lui lestera a compter les
chances de sa position dans la vie, les concours sur lesquels
il peut compter, les obstacles qu'il aura a surmonter, et
enfin ses impulsions naturelles pour l'accomplissement de
sa destinée. Il affirme aussi que !a force indtviduelle
d'une comme Indication de son aptitude a vain-
personne,
cru les difficultés et les circonstances défavorables,de façon
a dominer dans une certaine mesure sa destinée, ou ses
tendances a attendre passivement ce que le destin aveugle
lui réserve, doit aus-i entrer en ligne de compte.
L'examen de cette question, au point de vue des anciens,
nous donne, comme on le voit, une idée bien différente
de cel!e exprimée par TyndaII dans son célèbre discours de
Belfast. « C'est aux êtres supersensuels, dit-i!. qui, tout-

puissants et invisibles
qu'Us paraissent.ne
sont néanmoins

qu'une sorte de cre<7~ /<s- élevées peut-être au-


dessus de i humanité, et conservant toutes les passions et
tous tes appétits humains, qu'on) été confies l'empire et le
gouvernement des phénomènes naturels.

TyndaII, pour affirmer son dire. cite a propos le passade


bien connu d Euripide, que l'on trouve dans Hume « Les
dieux lancent tout au hasard et en désordre, mélangent en-
semble les choses Ie~ plus opposées, afin que tous, par igno-
rance et par indécision, nous leur rendions un culte d'au-
tant plus respectueux. ~lais, tout en énonçant, dans

6.'A~s//3D~<, plusieurs doctrines pythagoriciennes, Euri-


pide est considère par tous les auteurs anciens comme hé-
térodoxe, etpar conséquent la citation tirée de ce philoso-
phe ne corrobore nullement l'argumentation de Tyndall.
En ce qui a rapport a l'esprit humain. les notions des plus
anciens philosophes et des cabalistcs du moyen âge, bien
que différant sur quelques détails, sont d'accord sur l'en-
semble de sorte que la doctrine de l'un d'eux peut être
considérée comme étant celle de l'autre. La diitTérence la
plus substantielle consistait à déterminer la place que doit
occuper l'esprit immortel ou divin de l'homme. Tandis que
ISIS HÉVOtLÉE 33

les anciens Xéo-PIatoniciens professaient que l'Augoeides ne


descend jamais hypostatiqucment dans l'homme vivant, et
ne fait que projeter plus ou moins son rayonnement sur
qu'il
l'homme intérieur, Famé astrale, les cabalistes du
moven âge prétendaient que Fesprit, se détachant de l'océan
de lumière et d'esprit, entrait dans l'âme de l'homme où il
restait emprisonné pendant toute la vie dans l'enveloppe
ustrale. Cette diiFérence résultait de la croyance plus ou
moins enracinée des cabalistes chrétiens,dans la lettre morte
de l'aHégoric de la chute de l'homme. L'âme, disaient-ils,
devint, par suite de la chute d'Adam, souillée par le monde
de la matière ou Satan. Avant qu'elle pût comparaître, avec

l'esprit divin qu'elle renferme, en présence de l'Eternel, il


fallait qu'elle se purifiât des impuretés des ténèbres. Ils

(emparaient « l'esprit captif dans l'âme a une goutte d'eau


enfermée dans une capsule de gélatine et lancée dans l'océan
tant que la capsule subsiste intacte, la goutte d'eau reste
isolée mais que l'enveloppe se brise. la goutte devient
une partie de l'océan, et son existence individuelle disparaît.
II en est de même
l'esprit. de
Tant qu'il est enfermé dans
son enveloppe plastique, lame, il a une existence indivi-
dueHc, mais que la capsule soit détruite, ce qui peut avoir

peur cause l'agonie d'une conscience flétrie, le crime, un


:n:il moral quelconque, alors l'esprit s'en retourne a son lieu

d'origine. Sa
personnalité individuelle a cessé d'exister ».
D'autre part, les philosophes qui enseignaient « la chute
dans la génération », a leur manière, considéraient l'esprit
comme quelque chose de tout a fait distinct de l'âme. Ils
admettaient son existence dans
l'enveloppe astrale, seulement
en ce qui concerne les émanations spirituelles, ou rayons
de « l'être lumineux ». L'homme et son âme devaient con-
quérir leur immortalité en s'élevant vers l'unité, avec la-
quelle, en cas de succès, ils étaient liés et, intimement
dans laquelle, pour ainsi dire, ils s'absorbaient. L'indivi-
dualisation de l'homme après sa mort dépendait de l'esprit
et non de l'âme et du corps. le mot <: personnalité »,
Quoique
dans le sens qu'on lui donne généralement, soit une absur-
dité, si on l'applique littéralement à notre essence immor-
telle, toutefois celle-ci est une entité distincte, immortelle
et éternelle comme dans le cas de criminels
~)~r ~e et, pour
YOL.II 3
34 ISIS DÉVOUÉE

lesquels il n'y a pas de rédemption, lorsque le fil brillant qui


unit l'esprit à l'âme, depuis le moment de la naissance de
l'enfant, est violemment tranché, et lorsque 1 être désincarné
est condamné à partager le sort des animaux inférieurs, a
se dissoudre graduellement dans !'éther,ct a voir sa person-
nalité annihilée, même dans ce cas-Ih, l'esprit reste encore
un être distinct. II devient un esprit planétaire, un ange;
car les dieux des /~e~.s ou les ~rr/t anges des chrétiens,
émanations directes de la Cause Première, malgré la décla-
ration aventurée de Swedenborg, n'o~ jamais été el ne
5ero/~ /r//7!a~ des hommes, du moins sur notre planète.
Cette spécialisation a été de tous temps la pierre d'achop-
pement des métaphysiciens. Tout l'ésotérisme de la philo-

sophie bouddhique est basé sur cet enseignement mystérieux.


compris par si peu de personnes, et complètement dénaturé

par beaucoup de nos savants les plus érudits. Les métaphy-


siciens eux-mêmes sont trop enclins a confondre l'etfet avec
la cause. Une personne peut avoir gagné la vie immortelle,
et demeurer le même soi ~(~(~/r qu'elle était sur la terre,
et celapendant toute l'éternité mais il ne s'ensuit pas
nécessairement qu'elle doive continuer a être le Monsieur
un tel ou la Madame une telle qu'elle était sur la terre,
ou perdre son Individualité. C'est pourquoi l'àme astrale
et le corps terrestre de l'homme peuvent, dans le sombre
au-delà, être absorbés dans l'océan cosmique des éléments
sublimés, et cesser de sentir leur ~/o, si cet e~o n'a pas
mérité dt3 s'élever plus haut et l'esprit divin reste encore
une entité Invariable et immuable, quoique ses expériences
terrestres soient entièrement oubliées dés l'instant de sa

séparation avec son véhicule terrestre.


Si « l'esprit ou la partie divine de l'âme préexiste, en
tant qu'entité distincte, de toute éternité, ainsi qu'Origène.
Synésius, et d'autres Pères et philosophes chrétiens l'ont
enseigné, et si cet esprit est le même et rien de plus que
l'âme métaphysiquement objective, comment pourrait-elle
être autrement qu'éternelle ? Et dans ce cas, qu'importerait-
il que l'homme menât une vie animale ou une vie pure, si,
quoi qu'il fasse, il ne devait jamais perdre son individualité ?
Cette doctrine est aussi pernicieuse dans ses
conséquences
que celle de l'expiation par substitution. Si ce dernier dogme
ISIS DËVOItJÉE 35

eût été montré sous son véritable jour, de même la


que
fausse idée que nous sommes tous immortels, l'humanité
eût été rendue meilleure
par sa propagation.
Le crime
et le péché auraient été évités, non par crainte d un châti-
ment terrestre ou d'un enfer ridicule, mais sous 1 iniluence
de ce sentiment, profondément enracine dans notre nature
intime, le désir d'une vie individuelle distincte, dans l'au-
tre monde, l'assurance positive que nous ne pouvons la
mériter, si nous ne « nous emparons du rovaume des
deux par la violence », et enfin la conviction que ni les
prières des hommes, ni le san~d'un autre ne peuvent nous
sauver de la destruction individuelle après la mort, a moins
nous ne nous unissions étroitement pendant notre
que
vie terrestre, a notre propre esprit immortel, notre seul
/~fM.
Pythagore, Platon, Timéc de Locres et toute l'école
d'Alexandrie faisaient dériver l'âme de l'universelle Ame du
Monde et cette dernière (.'tait, selon leurs propres ensei-
gnements, léther; quelque chose d'une nature si rafnnée~

qu'elle ne pouvait être perçue que par la vue intérieure.


C'est pour cela qu'elle ne peut être l'essence de la Monade,
ou ra~c. parce que l'7?</ ~!M/ n'est que l'effet, l'émana-
tlonobjective de la Monade Universelle. L'espritdel~homme
(-t. son âme spiritucHc sont tous les deux préexistants. Mais
tandis que le premier existe comme entité distincte, comme
Individualisation, l'âme humaine n'est qu'a l'état de matière
préexistante, partie inconsciente d'un tout intelligent. Tous
les deux ctc formés
ont originellement de l'Eternel Océan
de Lumière mais, comme l'expriment les théosophes, il v
a dans le feu un esprit visible aussi bien qu'invisible. Ils
taisaient une différence entre I'7ïa brula et l'anima
<hcmû. Empédocle croyait fermement que tous les hommes
et tous les animaux possèdent deux âmes et nous trouvons
dans Aristote, qu'il nomme 1 une d elles l'urne raisonnable,
~j:, et l'autre l'âme animale, ô-jv. Selon ces philosophes,
l'âme qui raisonne vient du dehors de l'âme universelle,
l'autre du 6~~7/?.< Cette région supérieure et divine, dans
laquelle ils plaçaient la divinité suprême et invisible, était
considérée par eux (et par Aristote lui-même), comme un
cinquième élément purement spirituel et divin, car l'anima
36 !SIS DËVOH.ÉE

mundi proprement dite était composée, suivant eux, d'une


substance subtile, ignée, et éthérée, répandue dans tout
l'univers, en un mot l'éthcr (1). Les stoïciens, les matéria-
listes les plus célèbres de l'antiquité, affirmaient que tout
était formé d'une substance corporelle de cette nature, ex-
cepté le Dieu Invisible et l'Ame Divine (l'Esprit). Leurs
commentateurs modernes admirateurs, et leurs
saisissant
l'occasion avec empressement, ont échafaudé la-dessus l'hy-
pothèse que les stoïciens ne croyaient ni en Dieu, ni à l'exis-
tence de l'âme. Mais Epicure, dont la doctrine, militant
directement contre l'intervention d'un Être Suprême et de
dieux dans la formation ou le gouvernement du monde,
le plaçait bien au-dessus des stoïciens dans le champ de
l'athéisme et du matérialisme, enseignait pourtant que l'âme
est d'une essence subtile et tendre, formée des atomes les
plus suaves, les plus arrondis <-t les plus beaux, dont la

description nous ramène en définitive a l'idée de l'éthc'r


sublimé. Arnobe, Tertullien. 1 renée etOrigène, malgré
leur Christianisme, croyaient, avec les auteurs modernes,
tels que Spinoxa et IIobbes, que l'âme était corporelle,
quoique d'une nature extrêmement subtile.
Cette doctrine de la possibilité de perdre son âme, et par
conséquent son individualité est contraire aux théories
idéales et aux pensées progressives de quelques spiritualis-
tes, bien que Swedenborg l'ait pleinement adoptée. Ils

n'accepteront jamais la doctrine cabalistique, qui ensei-


gne que ce n'est qu'en observant la loi d harmonie que
la vie individuelle future peut être obtenue et que plus
l'homme intérieur et extérieur s'élo'gne de cette source
d'harmonie qui jaillit de notre esprit divin, plus il lui est
difficile de regagner le terrain perdu.
Mais tandis que les spiritualistes et les autres adhérents au
christianisme n'ont que peu ou point d idée de la possibilité
de la mort et de l'oblitération de la personnalité humaine,
par la séparation de la partie immortelle d'avec celle qui est
périssable, les disciples de Swedenborg le comprennent

1. L'Kther estl'.i~asa des ïndous. L'Akasa est. PrakrUi ou la nature


manifestée tout. entière tandis que Purm/ta est l'Esprit Universel et au-
dessus de l'Ame du Monde.
!8'3 DÉVO!f.ÉE 37

parfaitement. Un des ministres les plus respectés de la


Nouvelle Eglise, le Rev. Chauncey Giles D. D. de New-
York a récemment élucidé la question, dans un discours

public, de la manière suivante La mort physique, ou le


décès du corps, est une
disposition de Féconomie divine

pour l'avantage de l'homme, une disposition grâce à laquelle


il peut atteindre les fins les plus élevées de son être. Mais
il y a une autre mort qui est l'interruption de l'ordre divin,
et la destruction de chaque élément humain dans la nature de
l'homme, ainsi que de toute possibilité de bonheur humain.
C'est la mort spirituelle qui a lieu avant la dissolution du
corps. « II peut y avoir un vaste développement de l'in-

telligence naturelle de l'homme, sans que ce développement


soit accompagné du moindre amour pour Dieu, ou de
l'amour désintéressé de l'homme. » Lorsqu'un homme
tombe dans l'amour de soi, et dans l'amour du monde et de
ses plaisirs, laissant de coté l'amour de Dieu et du pro-
chain, il tombe de la vie dans la mort. Les principes élevés
qui constituent les éléments essentiels de son humanité
périssent, et il ne continue a vivre que sur le plan naturel
de ses facultés. il existe spirituellement, il
Physiquement,
est mort. Il est aussi mort à tout ce qui appartient à la
phase la plus noble et la seule durable de l'existence, que
son corps est mort à toute activité, à tout plaisir, à toute
sensation du monde, lorsque l'esprit l'a abandonné. Cette
mort spirituelle est le résultat de la désobéissance aux lois
de la vie spirituelle, qui est suivie de la même peine que
la désobéissance aux lois de la vie naturelle. Mais le mort
spirituellement a encore ses plaisirs ilpossède encore ses
qualités intellectuelles, la puissance de ses facultés et son
intense activité. II possède encore toutes ses jouissances
animales, et pour beaucoup d'hommes et de femmes, cela
constitue l'idéal le plus élevé de la félicité humaine. La
poursuite infatigable des richesses, des amusements et des
distractions de la vie sociale, la culture de l'élégance dans
les manières, du goût dans la toilette, dela prédominance
sociale, de la distinction scientifique, enivrent et charment
ces morts vivants mais, « ces
ajoute l'éloquent prédicateur,
créatures, avec toutes leurs grâces, leurs riches atours et
leurs brillantes connaissances, sont mortes aux du
yeux
38 ISIS t'ÉVO!LËE

Seigneur et des
Anges, et lorsqu'on les pèse sur la seule
véritable et immuable balance, elles n'ont pas plus de vie
réelle que le squelette dont la chair est retournée à la pous-
sière Un développement considérable des facultés intel-
lectuelles n'implique en aucune façon une vie spirituelle
véritable. Beaucoup de nos
plus grands savants ne sont

que des cadavres animés ils n'ont pas la vision spiri-


tuelle, parce que leurs esprits les ont abandonnés. Nous

pourrions ainsi parcourir tous les siècles, examiner toutes


les occupations, peser toutes les connaissances humaines, et
rechercher toutes les formes de sociétés, et nous trouve-
rions partout de ces êtres .<r//Me//c/7!cn/ morts.
Pythagore enseignait que l'univers entier est un vaste
système de combinaisons mathématiquement exactes. Pla-
ton montre la divinité ~eo/n~r/.so~y. Le monde est soutenu

par la même loi d'équilibre et d'harmonie sur laquelle il a


été établi. La force centripète ne peut se manifester sans
la force centrifuge, dans les révolutions harmonieuses des
sphères toutes les formes sont le produit de cette double
force dans la nature. Ainsi, pour illustrer notre thèse, nous
désignerons l'esprit comme la force centrifuge, et l'àm<
comme la force centripète, en tant qu'énergies spirituelles.
Lorsqu'elles se trouvent en parfaite harmonie, les deux
forces produisent un résultat unique; brisez ou entravez le
mouvement centripète de l'urne terrestre
qui tond vers son
centre d'attraction arrêtez sa course, en la surchargeant
d'une quantité de matière plus grande qu'elle ne peut por-
ter, et l'harmonie de l'ensemble, qui est sa vie. est détruite.
La vie individuelle ne peut se continuer que si elle est sou-
tenue par cette double force. Le moindre discord dans cette
harmonie la compromet, et lorsqu'elle est détruite sans
retour, les forces se séparent, et la forme
graduellement est
annihilée. Après la mort des dépravés et des méchants,
arrive le moment critique. Si durant sa vie~ 1 homme inté-
rieur néglige de faire un suprême effort désespéré pour
s'unir à la vague lueur rayonnant de son père divin si
ce rayon est de plus en plus arrêté par l'épaisse enveloppe
de matière, l'âme, une fois dégagée du corps, suit ses
attractions terrestres, et est magnétiquement entraînée et
retenue par les épais brouillards de l'atmosphère matérielle.
ISIS DÉVOILÉE 39

Elle tombe alors de plus en plus bas, jusqu'à ce qu'elle se

trouve, lorsqu'elle reprend conscience, dans ce que les


anciens nommaient le Hades. L'anéantissement d'une telle
urne n'est jamais instantané il durer des siècles peut-
pctut
être, car la nature ne procède jamais par bonds et par sauts,
et l'âme astrale étant formée d'éléments, la loi d'évolution
doit suivre son cours. Alors commence le régne de la ter-
rible loi des compensations, le ~ï-OM<ïn des Bouddhistes.
Cette catégorie d'esprits est nommée « terrestre » ou
« c/c/Tï~/er/r~ terrestres », en opposition avec les autres,
comme nous 1 avons indiqué dans notre chapitre d'introduc-
tion. En Orient, ils sont désignés sous la dénomination de
« Frères de l'Ombre » (1). Rusés, abjects, vindicatifs et
cherchant à prendre la revanche de leurs souffrances sur
l'humanité, ils deviennent, jusque leur complète annihila-
tion, des vampires, des goules et des comédiens éminents.
Ce sont les « étoiles )> conductrices sur la grande scène

spirite des c matérialisations dont ils accomplissent les

phénomènes avec le concours de créatures plus intelligentes,


les élémentals véritables, qui voltigent tout autour, et les
accueiHcnt. avec plaisir dans leurs propres sphères. Henry
Kunrath, le grand cabalistc allemand, représente sur une
des gravures de son précieux ouvrage ~/7ï/?A//A6a~r/
.S<7pze~œ .T~ïCp, les quatre classes de ces « esprits hu-
mains élémentaires ». Une fois le seuil de ce sanctuaire
d'initiation franchi, une fois qu'un adepte a soulevé le
voile d~Isis, la déesse mystérieuse et jalouse, il n'a plus
rien a redouter mais jusque-là, il est constamment en dan-
ger.
Bien qu'Aristote lui-même, devançant les physiologistes
modernes, considérât l'esprit humain comme une substance
matérielle, et se moquât des ~y/o~ors~, néanmoins il
croyait pleinement à l'existence d'une âme « double ou
esprit et âme. Il se moquait de Strabon, parce qu'il croyait
qu'une parcelle quelconque de matière,/)er se, pouvait avoir
assez de vie et d'intelligence façonner
pour graduellement

1. On les nomme DonjpM au Sikk!m et dans le Thibet. Ils se trouvent


dans la secte de ce nom nommée < bonnets rouges en contraste avec les
Geluk-pas bonnets jaunes secte qui compte tant d'adeptes parmi ses
adhérents.
40 ISIS DÉVOILÉE

un monde aussi multiforme que le nôtre (i). Aristote doit


la sublime morale de son Éthique Niehomachéenne, à une
étude approfondie Fragments des Ethiques de
~ro/ car l'on
peut aisément prouver que ce dernier est
la source à laquelle il a puisé ses idées, bien qu'il n'ait pu
jurer « par celui qui trouva le tétractys (2). Du reste, que
savons-nous en fin de compte de si certain au sujet d'Aris-
tote ? Sa philosophie est si abstraite, qu'elle laisse cons-
tamment au lecteur le soin de suppléer par l'imagination
aux lacunes de ses déductions logiques. De plus, nous sa-
vons qu'avant que ses ouvrages fussent parvenus à nos
savants, qui semblent se complaire dans ses arguments,
en apparence athées, a l'appui de sa doctrine du destin, ses
oeuvres avaient passé par beaucoup trop de mains pour
être restées immaculées. De Théophraste, son légataire,
elles passèrent a Nélée,dont les héritiers les laissèrent moi-
sir dans des caves souterraines, pendant près de cent cin-
quante ans (3). Après ce laps de temps,
ses nous dit-on,
manuscrits furent copiés et considérablement augmentés,
par Apellicon de Théos, qui remplaça les paragraphes deve-
nus illisibles, par des conjectures a lui et
personnelles,
dont beaucoup furent probablement tirées des profondeurs
de sa propre conscience. Nos savants du xix" siècle pour-
raient certainement profiter beaucoup de l'exemple d'Aris-
tote, s'ils étaient aussi désireux de l'imiter dans la pratique,
qu'ils sont empressés a jeter a la tête des Platoniciens sa
méthode d'induction et ses théories matérialistes. Nous leur
conseillons de rassembler les aussi soigneusement
faits qu'il
l'a fait, au lieu de nier ceux auxquels ils ne connaissent
rien.
Ce que nous avons dit dans le chapitre d'introduction
et ailleurs des médiums et des tendances de leur médium-
nité, n'est pas basé sur des conjectures, mais sur une ex-
périence personnelle et sur l'observation. Il est à peine une
phase de la médiumnité d'un genre quelconque, dont nous
n'ayons vu des exemples, durant les vingt-cinq dernières

1. Aristote. De P~r<. an. lib. i. c. 1.


2. Serment pythagoricien. Les Pythagoriciens prêtaient serment pa-
le nom de leur maître.
3. Voyez Lemprièrc. Dictionnaire Classique.
ISIS DÉVOILÉE 41

années, dans divers pays. L'Inde, le Thibet, Bornéo, Siam,


l'Egypte, FAsie Mineure, l'Amérique du Nord et du Sud
et autres parties du globe, nous ont montré leurs phases
spéciales de phénomènes médiumniques, et de pouvoir
magique. Notre expérience variée nous a enseigné deux
vérités importantes, savoir que, pour l'exercice de la puis-
sance magique, la pureté personnelle et l'exercice d'une
volonté bien entraînée et indomptable sont indispensables
et que les spiritcs ne sont jamais assurés de la réalité des
manifestations médiumniques, a moins qu'elles ne se pro-
duisent en pleine lumière, et dans des conditions de con-
trôle telles que toute tentative de fraude serait immédia-
tement découverte.
De crainte d être mal compris, nous ferons remarquer
que, tandis qu'en règle générale, les phénomènes physi-
ques sont produits par les esprits de la nature, agissant
de leur propre mouvement, etpour satisfaire leur propre
fantaisie, il y a néanmoins de bons esprits humains désin-
carnés qui peuvent, dans des circonstances exceptionnelles,
telles que 1 aspiration d'un cœur pur et des conditions très
favorables, manifester leur présence par quelques phéno-
mènes, sauf celui d'une matérialisation personnelle. Mais
il faut un attrait bien puissant en vérité, pour pousser un
pur esprit désincarné à quitter son radieux séjour afin de
venir se plonger dans cette atmosphère viciée de laquelle
il s'est évadé en abandonnant son corps terrestre I
Les mages et les
philosophes théurgistes s'opposaient
avec énergie à « l'évocation des âmes « Ne la ramenez
pas au monde dit PseIIus enparlant de l'âme, de peur
qu'en se retirant, elle n'en conserve quelque chose ». Et ce
même philosophe dit dans un autre passage « H ne vous
sied point de les voir avant que votre personne ne so/Y
iniliée, car, par des leurres incessants, elles séduisent les
âmes des non-initiés. »
Ils s'opposaient à cela pour plusieurs bonnes raisons
l* « Il est extrêmement difficile de distinguer un bon esprit
d'un mauvais dit Jamblique. 2" « Si une âme humaine
réussit à pénétrer dans la densité de l'atmosphère terrestre
qui l'oppresse toujours et souvent lui est odieuse, il y a là
néanmoins ce danger, que l'âme ne peut rentrer en con-
42 ISIS DÉVOILÉE

tact avec le monde matériel sans subir cette conséquence


inévitable « en se retirant, elle en ro/z.sc/'ue quelque chose »

qui contaminera sa pureté en la faisant souttrir plus ou


moins après son départ. C'est pour cela qu'un vrai theur-
i~iste évite toujours de causer une plus grande soutTrance
a un habitant de la sphère supérieure, a moins que les inté-
rêts de rhumanite ne l'exigent absolument. Il ny a que le
magicien noir qui. par de puissants sortilèges et des prati-
ques de nécromancie. rappeUe ici-bas !es âmes souillées de
ceuxquiont mené unevicmauvaiseetqui sont toujours dis-
posés a l'aider dans ses pro;eLs égoïstes. Xous parlerons
ailleurs des rapports avec !\l/o~c~.s. au moyen (les pou-
voirs mediumniques de médiums ;SM~<W/ Les iheur-
~istes employaient
des corps citimiques et des substances
minérales, pour chasser les mauvais esprits. La plus
puissante de ces substances était une nierrc nommée
M~j~.

Lorsque vous verrez un esprit terreslre approcher,


Élevez la voix, et sacrifiez la pierre Moidzourm.

s'écrie un oracle de Zoroastre (Psel, 40).


Et maintenant.
pour redescendre des hauteurs de ia poésie

theur~ico-ma~ique, a la ma~'Ie « inconsciente » de notre


siècle actuel et a la prose d'un cabaliste moderne, passons
en revue les documents suivants
Dans le ./o~ de
A~7!C du D' Morin. publie il
y a quelques ann~os a Paris, dans un moment où les « tables
tournantes faisaient fureur en France, on publia une let-
tre curieuse, dont voici quelques extraits (i)
« Croyex-mo!, Monsieur, écrivait !e correspondant ano-
nyme, il n y a pas d'esprits, de fantômes, d'anges, de dé-
mons e~r/n~ <5 une /c: mais tous ces êtres peu-
vent s'y trouver, car tout cela dépend de ~o/rc pro/)r~
t'o~/ï/J et de notre imagination. Ce mensabulismc (~)
est un phénomène ancien. mal compris des modernes.
mais naturel au demeurant et appartenant au domaine de

1. Voyez Eliphas Lévi sur tes < Esprits


2. Du mot latin mensa, table. Cette curieuse IcHre est reproduite in
e~fe~no dans la Science des ~prt~, d'Eliphas Lcvi.
ISI5 DÉVOtLÉE 43

la physique et de la psychologie malheureusement, il doit


demeurer incompréhensible jusqu'à ce que l'on ait décou-
vert rcIectricItecMheIio~Taphie(i), car pour expliquer un
tait de nature spirituelle, nous sommes obligés de nous
baser sur un fait correspondant d'ordre matériel.
« Comme nous le savons tous, la plaque daguerréotype
peut être impressionnée non seulement par les objets eux-
mêmes, mais encore par leurs réflexions. Eh bien! le phé-
nomène en question, qui devrait être appelé /)/ïo/o/yr~)A~
/7!fn/<c met, au jour, outre des /'c<7/~c~. les rêves de notn'

imagination, avec une fidélité telle, que très souvent,


nous sommes incapables de distinguer une épreuve tirée

d'après une /)cr.SM/!f ~c.f. d'avec un négatif obtenu

p;(r une simple idée.


« La /~<7~7/M/! d une table ou d une personne est
absolument identique dans ses résultats; c est la satura-
tion d'un corps étranger soit par l'électricité vitale

~n/(', soit par la pensée du magnétiseur et des personnes


présentes.
Rien ne peut en donner une meilleure et plus juste idée

que la batterie électrique accumulant le fluide sur son


conducteur, pour obtenir ainsi une force ~<ï/~ qui se
manifeste
par des étincelles lumineuses, etc. Ainsi, 1 élec-
tricité condensée sur un corps isolé acquiert une puissance
de réaction égale a l'action, soit pour charger, magnétiser.
décomposer, enflammer, soitpour décharger ses vibrations
a une grande distance. Ce sont les effets visibles d une élec-

tricité orc~/f, ou supposée produite par d aveugles élé-


ments le mot aveugle étant emplové par la table elle-
même. par opposition a l'électricité /n~<?. Mais il
existe évidemment une électricité correspondante produite
par la pile cérébrale de 1 homme cette c/cr/r/cz~ psychi-
(/MC, cet éther spirituel et universel qui est la /T7/~rë
'T~6/</n~c, intermédiaire de /<T.'? /7!)A~s/ ou
plutôt inrorporel, a besoin d'être étudiée, avant d'être
admise par la science qui, n'en ayant point la moindre
idée, ne saura jamais rien de ce grand phénomène de la
vie tant qu'elle ne l'aura pas étudié.

1. Dans leurs applications à ces sortes de phénomènes.


4< ISIS DÉVOILÉE

« II semble quepour se manifester, l'électricité cérél~rale

exige le concours de l'électricité statique ordinaire lors-

que cette dernière fait défaut dans l'atmosphère, lorsque


l'air est très humide, par exemple, on n'obtient que peu ou
même rien, soit des tables, soit des médiums.
« Il n'est pas nécessaire que les idées soient formulées avec
grande précision dans le cerveau des personnes présentes
la <<ï~ découvre et formule ces Idées ~c ~!t~p. tant en

prose qu'en vers, mais toujours correctement la table a


besoin d'un certain temps pour composer un vers elle
commence, puis elle rature un mot, le corrige, et quelque-
fois elle envoie uncépigramme a notre adresse. Si les per-
sonnes présentes sont parfaitement en sympathie entre
elles. elle plaisante et rit avec elles, comme une personne
vivante pourrait le faire. Quant aux choses du monde exté-
rieur, il faut que, comme nous, elle se contente de suppo-
sitions la table compose de petits systèmes philosophi-
ques. elle les discute et les souvent comme le fcrait le

plus habile rhétoricien. En un mot, elle se crée une cons-


eience et une raison qui lui appartiennent en propre, mais
avec les matériaux qu'elle trouve en nous.
« Les Américains sont persuades qu'ils conversent avec
leurs morts quelques-uns pensent (avec plus de raison)

que ce sont des <Dr/~ d autres les prennent pour des

anges, et d'autres encore pour des démons, /<<~


prenant la forme qui correspond a la conviction et à l'opi-
nion préconçue de chacun. Ainsi faisaient les inities des

temples de Sérapis, de Delphes, et autres établissements

théurgico-magiques du même genre. Ils étaient convaincus


d'avance qu'ils allaient se mettre en communication avec
leurs dieux et z/~ y réussissaient toujours.
« Nous, qui connaissons bien la valeur du phénomène~
nous sommes parfaitement sûrs, qu'après avoir chargé la
table de nos c//?Mues magnétiques, nous avons appelé a la
vie ou créé une intelligence analogue a la notre qui, comme
nous-mêmes, est douée d'une volonté libre et indépendante;

qui peut causer et discuter avec nous, avec une lucidité


supérieure, attendu que la résultante est plus forte que l'in-
dividu, ou plutôt que le tout est plus grand qu'une de ses
parties. N'accusons pas Hérodote de nous conter des men-
ISIS DÉVOtLÉE

songes, lorsqu'il rapporte les faits les plus extraordinaires,


car nous devons les tenir pour aussi véritables et aussi
exacts que les autres faits historiques, que l'on trouve
chez tous les auteurs païens de l'antiquité.
« Le phénomène est aussi ancien que le monde. Les

prêtres de l'Inde et de la Chine le pratiquaient avant les

.Egyptiens et les Grecs. Les sauvages et les Esquimaux le


connaissent fort bien. C'est le phénomène de la Foi.scu~e
source de
prodige, tout et il vous sera fait selon fo/re /o/.
Celui qui énonçait cette profonde doctrine était, sûrement,
le Verbe incarne de la Vérité; il ne se trompait pas, et il
ne cherchait pas a tromper les autres; il posait un axicme

que nous repetons aujourd'hui, sans beaucoup d espoir de


le voir accepter.
« L homme est un microcosme ou un monde en min:
!u!'e;il perte en lui un fragment du grand 7~o~ dans un
e};it chaotique. La tache de nos demi-dieux est de dégager r
de cet ensemble la part qui leur revient, par un travail
n:ental et matériel incessant. Ils ont leur mission a rem-

plir, 1 invention perpétuelle de nouveaux produits, de mora-


lités ncuveHes, et l'arrangement convenable des matériaux
gro-~iers
et informes que leur fournit le Créateur, qui les
a crées a son image, pour qu'ils puissent créer a leur tour,
et compléter de la sorte, ici-bas, l'œuvre de la création
labeu: immense q'ii ne sera achevé que lorsque /'cn.7!6/c
sera devenu si parfait, quil sera comme Dieu lui-même~ et
c:.p::ble ainsi de se survivre a lui-même. Nous sommes bien
L'in encore de ce moment nnal. car on peut dire que tout
est a faire, a défaire, et a <~7!c//orcr encore sur notre globe,
les institutions, l'outillage et les produits.

« Mens non solum agitât sed créât molem.

« Xous vivons dans cette existence, dans un centre intel-


lectuel ambiant, qui entretient entre les êtres humains et
les choses~ une solidarité nécessaire et perpétuelle chaque
cerveau est un
ganglion, une station d'un télégraphe ne~-
/'o/<c universel, en rapport constant avec la staticn
centrale et les autres, au moyen de vibrations de
la pensée.
« Le soleil brille les âmes, comme le soleil
spirituel pour
46 ISIS DÉVOILÉE

matériel, brille pour les corps, car l'univers c.s~ <FoM~e et


suit la loi des couples. L'opérateur ig'norant interprète d'une
manière erronée les dépêches divines, et souvent il les
transmet sous une forme ridicule et fausse. Ainsi, seules
l'étude et la véritable science peuvent détruire les super-
stitions et les non-sens répandus par les interprètes igno-
rants placés aux ."?/<z//o~.< f/c /'f~c/'y/ïe~ïe/ï~ parmi tous les

peuples de l'univers. Ces aveugles interprètes du l'


ont toujours pris a tache d'imposer a leurs disciples. l'obli-

gation de jurer pour toutes choses, sans examen, in rc/

/MC~S/
« Hélas, nous ne désirerions rien de mieux que de les
voir interpréter correctement les voix /n/e/c~ voix

qui ne trompent, jamais personne, sauf ceux qui ont de /'<z~.r

f~/)/s' en eux. « Notre devoir, disent-ils, est d'Interpréter


les oracles; cest nous qui en avons reçu la mission exclu-
sive du ciel, .M.s r~ et c'est sur nous seuls

qu'il a soufné.
« Il soufile .<w <~A~rM/ et les rayons de la lumière spi-
rituelle illuminent toutes les consciences; et lorsque tous
les corps et tous les esprits reHéteront é~iement cette
double lumière, on verra beaucoup plus clair qu'on ne le
fait aujourd'hui. »
Nous avons cité les fragments qui précédent, a cause de
leur grande ori~'InaHté et de leur vérité. Xous en connais-
sons Facteur: !a renommée le proclame un ~raud Cabaliste,
et les quelques amis
qui le connaissent le tiennent pour un
sincère et honnête homme. En un mot, c'est un ami d'Eti-

phas Lé vl.
La lettre montre d'ailleurs que celui qui l'a écrite a étu-
dié très soigneusement la nature de caméléon des intelli-
gences qui président aux séances des cercles spirites.
Qu elles soient de même ~enre et de même race que celles
dont il est si fréquemment question dar~s l'antiquité, ne
fait pas plus de doute que le fait que la génération actuelle
d'hommes est de la même nature que les êtres humains du
temps de Moïse. Les manifestations subjectives procèdent,
sous des conditions harmonieuses, de ces êtres que l'on
connaissait dans l'antiquité sous la dénomination de « bons
démons )>. Elles sont produites quelquefois, mais rarement,
ISIS DÉVOILÉE 47

êtres d'une autre race que la


pur les esprits planétaires
nôtre quelquefois par les esprits de nos amis et de nos
bien-aimés desincarnés quelquefois par des esprits de la
nature de l'une ou l'autre de leurs innombrables catégories
mais le plus fréquemment par tous les esprits élémentaires
terrestres, hommes méchants, désincarnés, les Diakka de
A. Jackson Davis.
Nous n'oublions pas ce que nous avons écrit ailleurs au

sujet des phénomènes médlumniques~f/cr/et o~/c~


\ous avons toujours cette distinction présente a la mémoire.
Dans les deux classes. il y en a de bons et de mauvais. Un
médium impur attire vers son être intime impur les in-
Huences vicieuses, dépravées et malignes, aussi Inévitable-
ment qu'un
médium
pur attire uniquement celles qui sont
bienfaisantes et pures. Peut-on trouver un plus noble

exemple (le ce ~'onre de médiums purs que la charmante


baronne autrichienne Adehna de Vav(née comtesse \Vurm-

brandt), quon nous dépeint comme « la Providence de


s<'n entouran'c ~? Elle emploie son pouvoir médiumnique
guérir les malades et a consoler les affligés. Pour les riches,
rllc est un phénomène, mais pour les pauvres, un an~e con-
solateur. Pendant bien des années, elle a vu et reconnu les

t-sprits de la nature, ou élémentaires cosmiques, et elle les


a toujours trouvés favorables. ~!ais c'est parce qu'elle est

pure. douce et bonne. D'autres correspondants de la Société


n'ont pas été aussi bien partagés dans leurs
Théosophique
rapports avec ces êtres frivoles et espiègles. Le cas de la

Havane, raconté ailleurs, en est un exemple (1).


autant a les
Bien que les spirites cherchent que possible
désaccréditer, ces esprits de la nature sont néanmoins des
réalités. Si les gnomes, les sylphes, les salamandres et les
ondines des Rosecroix existaient de leur temps, ils doivent
encore exister aujourd'hui. Le /e//c/' o/' lhe 77~ïO~

1. Ht dernièrement encore, un Theosophc dépravé, qui après avoir change


plusieurs fois de vues et. de religion, et. être devenu de Chrétien et fils d'un
missionnaire chrétien,– Mahomctan. puis Athée. puis Théosophe. ensuite
Gathoiiquc Romain, et s'être jeté corps et .me dans la pratique de la
Plagie noire, après son cxputsion de la Société Théosophique est
devenu gradueHement fou. 11 est fou a lier, à cette heure, avec des idées
de meurtre, de suicide et d'horribles sorti!c!?es, il se voit persécuté
incessamment par ces esprits malins qui l'incitent au crime. A'o/e du <r.
4S ISIS DÉVOILÉE

(Z/6f6~er/ï/ du seuil) Je Bul\ver Lytton, est une


concep-
tion moderne, modelée sur l'ancien type de la .SM/~n~~ (J) i
nui est mentionnée dans le Livre de y~.sAcy, des Hébreux
et des Egyptiens (~).
Les Chrétiens les nomment « diables », « suppôts de
Satan », et autres
désignations caractéristiques analogues.

Ils ne sont rien de pareil mais tout simplement des créa-


tures d'une matièreetheree, irresponsables, ni bonnes ni

mauvaises, mais subissant l'inHuence d intelligences supé-


rieures. Il est fort extraordinaire d'entendre les dévots ca-

tholiques malmener et dénature!' les esprits de la nature,


alors qu'une de leurs plus grandes autorites. Clément
d'Alexandrie, s'en servait et en donnait une description
exacte. Clément, qui peut-être avait été theurgi~te aussi
bien que néoplatonicien, et qui, par conséquent, s'appuyait
sur de bonnes autorites, dit qu'il est absurde (le les appeler
(les diables (~). car ce ne sont que des anges /c/e~r.s,
« des puissances qui habitent !es éléments, mettent les vents
en mouvement, distribuent la pluie, et comme tels sont les

agents et !es sujets de Dieu (~) ». Origine qui, avant d'être


chrétien avait appartenu aussi a l'école néoplatonicienne,
est du même avis. Porphvre décrit ces démons plus soi-

gneusement que tout autre.

Lorsqu'on connaîtra mieux la nature possible des intel-

ligences (lui se manifestent, que les croient être savants


une force psychique et les spirites, !es esprits des trépas-
ses. les académiciens et les croyants se tourneront du côté
des philosophes de l'antiquité, pour ctre renseignes.
Imaginons, pour un instant, un orang-outang intelligent,

1. La Sutanuth est décrite au chap. LXXX, versets HO. fie Ya.s/tcr.


2. < L.t. l'TsqUt.' tes H~yptiens se cachèrent pourechapper à l'invasion des
mouches une des prétendues plaies infligées par Moïse' ils fermèrent
leurs portes eUes verrouillèrent avec soin derrière eux: mais Dieu donna
ordre à la .Su/<H~/t que le traducteur rend naïvement, dans une note, par
nton.re marin), qui se trouvait dans la mer, d'en sortir et de se rendre en
Egypte. Elle avait de longs bras de dix coudées de )on~ et elle t-e
rendit sur le haut des maisons, dont elle enleva la toiture, et plongeant
ses bras à l'intérieur, elle tira les vcrroux,<:t ouvrit les portes des maisons
égyptiennes, et les essaims de moucherons et autres animaux extermi-
nèrent les Egyptiens, en les faisant souffrir extrêmement.» Z.tt're de
Jasher.
3. ~rofn. VI. l-, §159.
4. /At'cfem, VI, 3, 30.
ISIS DÉVOILÉE i9

ou Lien un singe anthropoïde africain désincarné, c'cst-a-


dire prive de son
corps physique, mais en possession d'un
astral, sinon immortel. Nous avons lu dans les jour-
corps
naux spiritcs de nombreux récits d'apparitions de chiens

favoris, ou d'autres animaux. C'est pourquoi; sur le témoi-

gnage même des spirites, nous pensons que les « esprits »


de ces sortes (l'animaux apparaissent, tout. en nous réser-
vant le droit de nous ranger a l'avis des anciens qui afiir-
ment que ces apparitions sont des tours joues par les élé-
mentals. Une fois !a porte ouverte aux communications
entre le monde spirituel et le monde terrestre, qui empê-
che le singe de produire des phénomènes physiques analo-

gues a ceux qu'il voit produire par les


esprits humains ?
Et pourquoi ne dépasseraient-Ils pas en habileté et en ingé-
niosité bon nombre de ceux dont on a été témoin dans
les cercles spIrites?QucIes spirites
nous répondent. L'orang-
de Bornéo est bien peu inférieur en intelligence a
outang
l'homme sauvage, si tant est qu'il le soit. M. Wallace et
d'autres grands naturalistes citent des exemples de son
étonnante acuité d esprit, quoique son cerveau soit inférieur
comme volume a celui du moins développe parmi les sau-
vages. II ne manclue a ces quadrumanes que la parole pour
être des hommes d'un degré inférieur. Les sentinelles pla-
cées par les singes les dortoirs choisis et bâtis par les

orangs-outangs leur prévision du danger et les calculs qui


dénotent plus que de l'instinct leur choix de chefs aux-
quels ils obéissent et l'exercice d'une foule de leurs facul-
tés, leur donnent droit a une place sur le même niveau que
beaucoup d. aborigènes australiens au crâne aplati. « Les

aptitudes mentales des sauvages, dit M. Wallacc, et les


facultés qu'ils exercent actuellement sont fort peu supérieu-
res à celles des animaux.
Or, bien
gens des
prétendent qu'il ne peut pas y avoir de

singes dans l'autre monde, parce qu'ils n'ont pas < d'amc
Mais les singes ont autant d intelligence, paraît-il, que cer-
tains hommes; pourquoi donc ces hommes, qui ne leur sont
aucunement supérieurs, seraicnt-il doués d'un esprit immor-
tel, et les singes pas? Les matérialistes répondront que ni
les uns ni les autres n'ont esprit, mais que l'anéantissement
est leur sort commun après la mort physique. Mais les philo-
Y'JL. Il 4
50 ÏStS DÉVOILÉE

spiritualistcs de toutes
époques s'accordentles à dire
sophes
que l'homme une
occupe place d'un degré plus élevé que
celle de l'animal, et possède ce quelque chose qui fait défaut
a ce dernier, et cela, qu'il soit !e plus idiot des sauvages ou
le plus sensé des philosophes. Les anciens, nous l'avons vu,
enseignaient que, tandis que l'homme est une trini~é formée
du corps de 1 âme astrale, et de l'esprit Immortel, l'anima!
n'est qu'une dualité, un être pourvu d'un corps physique
et d'un esprit astral qui l'anime. Les savants ne reconnais-
sent aucune ditrérence entre les éléments qui composent
le corps des hommes et celui des animaux, et les cabalistes
sont d'accord avec eux du moment où ils soutiennent que
le corps astral (ou, comme le nomment les physiciens, le
« principe de vie
») des animaux et des iden- hommes est

tique en essence.
L'homme physique n'est que le plus haut
développement de la vie animale. Si, comme le disent les
savants, la /~n.e même est de la matière, et si chaque
sensation de douleur ou de plaisir, chaque désir transitoin-
est accompagnéd'une perturbation de l'éther,–et les hardis
spéculateurs qui ont écrit l'cc~! ~/rc/ croient que la
pensée est conçue de façon a <c agir sur la matière d'un
autre univers, simultanément avec celui-ci », alors pour-
quoi la pensée grossière et animale d'un orang-outang ou
d'un chien, faisant son empreinte sur les vagues éthérées
de la lumière astrale, aussi bien que celle de l'homme,
n'assurerait-elle pas a l'animal une continuité d'existence
ou un état futur après la mort?
Les cabalistes soutenaient et soutiennent encore aujour-
d'hui qu'il n'est pas philosophiclue d'admettre que le corps
astral de l'homme puisse survivre a la mort corporelle, et
d'affirmer en même temps que le corps astral du singe
est dissous en molécules indépendantes. Ce qui survit,
comme ~M<7/ après la mort du corps, c'est /'<c
Q.r~ que Platon, dans le y//7!~ et dans le ~r<

appelle 1 âme mortelle, car, suivant la doctrine herméti-


que, elle rejette ses
particules les plus matérielles a chaque

changement progressif dans une sphère plus élevée. Socrate


raconte a Calliclès (1) que cette âme mortelle conserve

1. Gor~t.n.
ISIS DÉVOILÉE 51

toutes les caractéristiques du corps, après la mort de celui-


ci au point qu'un homme qui serait mort sous le fouet
aurait son corps astral tout rempli de « marques et de
cicatrices L amc astrale est une reproduction ndèle du
corps tant au physique qu'au moral. L'esprit divin, la plus
haute et /7?~ïo/c//c partie de l'homme, ne peut être ni
récompensé ni
puni. Soutenir une pareille doctrine serait t
en même temps absurde et blasphématoire, car
l'esprit
n'est pas seulement une flamme allumée a la source iné-
nuisabic de la Grande Lumière, mais encore il en est une
portion, et d'essence identique. 11 assure l'immortalité a
être individuel astral proportionnellement au degré de
désir de celui-ci de la recevoir. Tant que la dualité hu-
maine. c'est-a.dire l'homme de chair et d'esprit se tient
dans les limites de la loi de continuité spirituelle; tant que
la divine étincelle, pour si faible qu'elle soit, s'attarde en
!ui, il est sur la voie de l'immortalité dans l'existence fu-
ture..Mais ceux qui se laissent aller a une vie matérielle,
qui mettent obstacle
rayonnement au divin de leur esprit,
dès le début de leur pèlerinage terrestre ceux qui étouf-
fent la voix de cette sentinelle vigilante, la conscience, qui
sert de fovcr à la lumière dans l'âme, de tels êtres avant
laissé de côté 1 esprit et le sens moral, et ayant franchi
les limites de la matière, seront nécessairement tenus d'en
subir les lois.
La matière est aussi indestructible et éternelle que l'es-
prit immortel lui-même, mais seulement dans ses molé-

cules, et non dans sa forme organique. Le corps d'une


personne aussigrossièrement que matérielle celle dont nous
venons de parler ayant été abandonné par son esprit long-
temps avant sa mort physique, lorsque celle-ci a lieu, la
matière plastique, l'âme astrale, se conformant aux lois de la
matière aveugle, se façonne d'après le moule que le vice lui
:t graduellement la vie terrestre, de l'ïn-
préparé, pendant
(tividu. Ensuite, comme le dit Platon, elle prend la forme
a ressemblé les mauvais
dc"« l'animal auquel clle pendant
son existence sur la terre ~(1). « C'est une ancienne
jours~de
doctrine, dit-il, les âmes qui quittent la terre cxis-
que

1. Timée.
52 ISIS DÉVOILÉE

tent (1) dans le Hadès et reviennent de nouveau ici, 50~/


une r~pro~r/~o~ ceux qui sont morts. » Mais ceux qui
ont mené une vie éminemment sainte sont ceux qui attei-
la région CÉLESTE pure, et HABITENT LES
gnent
RÉGIONS ÉLEVÉES de la terre (la région éthérée) (~).
Dans Phèdre encore, il nous apprend que, lorsque l'homme
a terminé sa première existence (sur notre globe), il y en a

qui vont au lieu de châtiment .SOHS la terre (3). Cette


région <ïH-</c.<<~f/? de
la terre, les cabalistes ne l'entendent

pas comme un endroit a 1 intérieur du globe, mais comme


une sphère bien inférieure en perfection et beaucoup plus
matérielle que la terre.
De tous les spéculateurs modernes qui se sont occupe-
dés apparentes absurdités du Xouveau Testament, seul-
les auteurs de l~~cc~ ~fcr.~c paraissent avoir entrevu
ses vérités cabalistiques, relativement a la géhenne de
l'Univers (4). Cette géhenne, (pie les occultistes nomment
la /!U/ sphère (en comptant a rebours), est tout sim-

plement une planète comme la o/c~


celle-ci.
nôtre,
/<i s~rc~ f/<r~s -s~ ~/ï0/7~<? une sorte de dépotoir oit
« toutes les immondices (le la terre sont déversées et con-
sumées », suivant l'expression des dits auteurs et où toutes
les scories de matière cosmique de notre globe sont dans
un état
perpétuel de remaniement.
La doctrine secrète enseigne que l'homme, s'il gagne
1 immortalité, restera toujours la trinité qu il est durant
sa vie, et continuera a rester tel a travers toutes les sphè-
res. Le corps astral, qui dans cette vie est recouvert
d~une enveloppe physique grossière, devient a son tour.
lorsqu'il est délivré de ce vêtement par la mort corpo-
relle, l'enveloppe d'un autre corps plus éthéré. Celui-ci
commence a se développera partir du moment du décès.
et il devient parfait lorsque le corps astral de la forme
terrestre se sépare nnalement de lui. Ce processus su
renouvelle, dit-on, a chaque passage nouveau d'une sphère

ï. Gnry. P/tcpc/re. i. 69.


2. /~<dent, i.
3. Ibidem, Platon. 325.
4. The L'see~ ï/rurer~c, p. 205-:06.
ISIS OËVOJLÉE 53

a une autre. Mais l'âme immortelle, « 1 étincelle argen-


tée observée par le D~ .Fe/r~' dans le cerveau de

.Va/v/t~ (!) et qu'il ne trouve pas chez les animaux, ne

change jamais, et demeure indestructible pour quoi que ce


-~oit (lui vienne renverser son temple. Les descriptions fai-
tes par Porphyre, Jamblique et autres, des esprits des
animaux qui habitent dans la lumière astrale, sont con-
'!rtnées par celles de nombreux clairvoyants des plusintel-

'ents et des plus dignes de foi. Quelquefois les formes


animales sont môme rendues par la matérialisation
visibles,
{eûtes les personnes présentes, dans un cercle spirite.
Dans son livre intitulé Les /~6~ï/s de /'<ïu/ y?ïo.
It.' colonel OIcott décrit un écureuil matérialise qui a la vue
des spectateurs suivit l'esprit d'une femme, qui disparut
11 réapparut a leurs veux a diverses reprises, et qui finale-
:uent suivit l'esprit dans le cabinet.
Faisons un nouveau pas en avant dans notre démons-
tration. Si après la mort corporelle, il y a une autre exis-
tence dans le monde spirituel, elle doit se produire confor-
mément aux lois de l'évolution. Elle prend l'homme de sa

place au sommet de cette pyramide de la matière, et le fait


entrer dans une sphère de vie où la même loi inexorable
Et si elle le suit de la sorte, pourquoi ne
l'accompagne.
suivrait-elle pas toute chose dans la nature? Pourquoi pas
les animaux et les plantes, ont tous un principe de
qui
vie, et dont les formes grossières se décomposent comme
la sienne, lorsque ce principe de vie les abandonne ? Si son
corps astral devient plus éthéré en arrivant dans une autre

sphère, n'en serait-il pas de même des leurs ?


pourquoi
Eux. aussi bien que lui, ont évolue de la matière cosmique
condensée, et nos physiciens ne voient la moindre dif-
pas
férence entre les molécules des quatre règnes de la nature,
qui sont comme suit, le professeur Le
énumérés, par
Conte

1. Voir Bulwer-Lytton. S<rsn~eS<ory,p. 76. Nous ne savons où trou-


ver, dans le domaine de la littérature, une description plus vivante et
plus belle de cette différence entre le principe de vie de l'homme et celui
des animaux, que dans le passage auquel nous faisons rapidement allu-
sion.
54 ISIS DÉVOILÉE

4 Règne animal.
3 Règne végétal.
2 Règne minéral.
1 Eléments.

La progression de la matière de chacun


plans a de ces
celui au-dessus, est continue et. suivant Le Conte, il n'y
a pas de force dans la nature capable d'élever la matière
d'un seul coup du n° 1 au n" 3. ou du n" 2 au n" 4, sans
s'arrêter et sans recevoir un supplément de force d'un genre
dînèrent, dans le règne intermédiaire.
Maintenant, quelqu'un se hasarderait-il à dire que, d'un
nombre donné de molécules o/mfre~!en/ e/ co~~ût/Tï-
/ne/ /:o~!0~c/!e~,e~ recet'o~ /~Mr /'orce du même principe
c~euo/M~n, une certaine partie puisse être portée à travers
ces quatre règnes, jusqu'à l'évolution finale qui forme l'homme
immortel, et que les autres n'auraient pas le droit de
pro-
gresser au delà des plans 1, 2 et 3 ? Pourquoi ~ou~.<! ces
molécules n'auraient-elles pas un avenir analogue devant
elles; le minéral devenant plante, la plante animal, et l'ani-
mal homme, sinon sur celle terre, du moins quelque part
dans les royaumes infinis de l'espace ? L'harmonie, que la
géométrie et les mathématiques, les seules sciences exactes,
démontrent comme étant la loi de l'univers, serait détruite,
si l'évolution était amenée a sa perfection dans l'homme
seul, et limitée dans les règnes subalternes. Ce que la lo-
gique suggère, la psychométrie le démontre et ainsi que
nous l'avons déjà dit, il n'est pas impossible qu'un monu-
ment soit un jour élevé par les savants à Joseph Buchanan,
son inventeur moderne. Si un fragment de minéral, une
plante fossile, ou une forme animale donnent au psychomè-
tre des tableaux aussi vivants et précis de leurs conditions
précédentes, que le fait un ossement humain de l'individu à
qui il a appartenu, il semblerait que le même esprit subtil
pénètre toute la nature, et qu'il est inséparable subs-
des
tances organiques ou inorganiques. Si les anthropologistes,
les physiologistes et les psychologues sont également per-
plexes au sujet de l'indication des causes premières et fina-
les, et s'ils sont aussi embarrassés les uns que les autres,
en constatant dans la matière tant de similitudes dans les
ISIS DÉVOtLÉE 55

formes, et de si profonds abîmes de différences dans l'es-


prit, cela tient, peut-être, à ce que leurs recherches et leurs
études ont été limitées à notre monde visible, et qu'ils ne
peuvent ou n'osent aller au delà. L'esprit d'un minéral,
d'une plante, d'un animal peut commencer à se former
ici-bas, et n'atteindre son développement définitif que des
millions de siècles plus tard, sur d'autres planètes connues
ou inconnues, visibles ou invisibles pour nos astronomes.
Qui, en effet, est en mesure de détruire la théorie ci-dessus

suggérée, que la terre elle-même, de même que les créa-


tures vivantes auxquelles elle a donné naissance, deviendra

par la suite, après avoir passé elle aussi par les diverses
phases de l'existence, de la mort et de la dissolution, une
planète astrale éthériséc ? « En haut comme en bas l'har-
monie est
la grande loi de la nature.
L'harmonie, dans le monde physique et mathématique
des sens, c'est la Justice dans le monde spirituel. La Jus-
tice produit l'harmonie, et l'injustice la discorde or, la
(liscorde, sur une échelle cosmique, signifie chaos, annihi-
lation.
S'il y a dans l'homme un esprit immortel, il doit se re-
trouver aussi dans tout le reste, tout au moins dans un
état latent ou en germe, et ce ne doit être qu'une ques-
tion de temps pour chacun de ces germes de se déve-

lopper complètement. Ne serait-ce pas une injustice criante,


qu'un homme criminel, impénitent, ayant perpétré un meur-
tre horrible dans le libre exercice de sa volonté, possédât
un esprit immortel qui, à un moment donné, serait lavé
et purifié de son crime, et jouirait d'un bonheur parfait,
tandis qu'un pauvre cheval innocent de tout crime aurait
souffert et travaillé, dans les tortures inuigées par le fouet
impitoyable de son maître, pendant toute sa vie et serait en-
suite voué au néant, après sa mort ? Une pareille croyance
implique une injustice brutale, et n'est guère possible que
chez un peuple, à qui l'on a Inculqué le dogme, que tout a
été créé en vue de l'homme, et que seul il est souverain
de l'univers un souverain tellement puissant, que pour
le garantir des conséquences de ses mauvaises actions, il
a fallu que le Dieu de l'univers mourût pour apaiser sa
propre colère.
56 I$IS DÉVOILÉE

Si le sauvage le plus abject, ayant un cerveau « très

peu inférieur a celui d'un philosophe (1) » (celui-ci déve-

loppé physiquement par des siècles de civilisation) est


encore, en ce qui concerne l'exercice de ses facultés intel-
lectuelles, très peu supérieur a un animal, est-il juste d'en
inférer que ni lui, ni un singe n'auront l'occasion de deve-
nir des philosophes homme dans ce monde, et le singe
sur une autre planète également peuplée d'êtres créés a

~/c/~zc OM/r~ //7?~~ (le Dieu ?


Le professeur Denton, en parlant de l'avenir de la psy-
chométrie dit « L'astronomie ne dédaignera pas le con-
cours de cette puissance. Comme de nouvelles formes
d'êtres organiques sont révélées, lorsque nous retour-
nons vers les périodes géologiques des âges antérieurs,
de même de nouveaux groupements d'étoiles, de nou-
velles constellations seront découvertes, lorsque les deux
de ces périodes antiques auront été examines a l'alde
de la vision perçante des psychomeh'es futurs. Une cart''
soigneusement dressée du firmament étoile, pendant épo-
que sllurienn: nous révélerait bien des secreLs que nous
n'avons pu découvrir jusqu'à présent. Pourquoi donc
ne

pourrions-nous pas être,


un
jour.
a même de lire l'histoire

des divers corps célestes, leur histoire géologique, natu-


relle et peut-être aussi humaine ? J'ai de bonnes raisons
de croire (lue des psychomctres bien exerces pourront un
jour vovager d'une planète a l'autre, et connaître a fond
leur condition actuelle, aussi bien que leur histoire pas-
sée (2).
Hérodote nous que dans la huitième
apprend des tours de
Belus a Babylone, laquelle servait aux astrologues sacerdo-
taux, il y avait une chambre supérieure, un sanctuaire, où
les prêtresses prophétesses dormaient pour recevoir les com-
munications du dieu. A côté de la couche était placée une
table d'or, sur laquelle étaient posées diverses pierres, que
Manestro nous apprend avoir été toutes des aérolithes. Les

prophétesses développaient en elles-mêmes la vision pro-


phétique en plaçant ces pierres sacrées sur leurs têtes ou

1. A. R. Wallace. The action and M~ra! selection of .Van.


2. W. Denton. The <ouf of things, p. 2'3.
ISIS DÉVOH.KE 57

on les pressant sur leurs seins. La même chose avait lieu


a Thébes et a Patara, dans la Lycic (1).
Cela semblerait indiquer que les anciens connaissaient la

psvchomét.ric,ctla pratiquaient sur une assez vaste échelle.


Xous avons lu quelque part que la profonde connaissance que
possédaient, d'âpres Draper, les
astrologues anciens de la
Chaldéc,des planètes et de leurs relations, avait été acquise

par la divination à l'aide du ~c~o.s, ou pierre météorique,


plus que par les instruments astronomiques. Strabon,
Pline, IIélancius, parlent pouvoir tous
électrique du ou
électromagnétique des 6f/j'
Ils étaient révérés dès la plus
haute antiquité en K~-yptc et dans la Samothrace, comme
(les pierres magnétiques « renfermant des âmes tombées
du ciel et les prêtres de Cyb~le portaient un petit

~<)~ sur eux. Quelle curieuse coïncidence entre ces pra-


tiques des prêtres de Bélus et les expériences du professeur
Denton!
Ainsi que le professeur Buchanan le fait remarquer, la
psychométric nous permettra de découvrir le vice et le crime.
Aucun ac-tc criminel ne pourra échapper aux regards du
psvchomctre, lorsque ses facultés seront convenablement

développées. eL la certitude de découvrir le coupable (si


secret que puisse être l'acte) rendra vain tout effort pour le
cacher (~).
Porphyre dit, en parlant (les élémentaires < Ces êtres
invisibles ont reçu dj~ hommes les honneurs divins. une
croyance universelle laisse
supposer qu'ils sont capables de
devenir extrêmement malfaisants cela démontre que leur
haine est dirigée contre ceux qui négligent de leur offrir un
culte légitime (3
Homère les décrit en ces termes « Nos dieux nous ap-
paraissent lorsque nous leur ocrons des sacrifices s'as-
</ nos /ûr6/e.<, ils prennent part « nos repas de
/< Lorsqu'ils rencontrent dans ses voyages quelque Phé-
nicien solitaire, ils lui servent de ~ufcf~, et manifestent
de toute façon leur présence. On peut dire que notre piété

1. 7/erodo~e, b. i. c. 181.
A~tro/o/jry. p. 125.
3. 0/' Sacrifices ~o Gods aftd Daemons.
5S ISIS DÉVOILÉE

nous rapproche d'eux, autant que le crime et l'effusion du

sang unissent les Cyclopes à la race féroce des géants (1).


Cela prouve que ces dieux étaient des c~/TïO~s bienveillants
et portés à la bienfaisance, et que, soit qu'ils fussent des

esprits <ïca/<~ ou des esprits élémentaires, ils notaient

pas des diables.


Le
langage de Porphyre, qui était lui-mème un disciple
direct de Plotin. est encore plus explicite, quant a la nature
de ces esprits. « Les démons, dit-il, sont invisibles mais
ils savent co~ï/7!<~ se /'< de formes et cle figures sujet-
tes a de nombreuses variations, qui peuvent être expliquées
par le fait <ë /?a/M/'e &f~MCOM/) ~7!c/s ro/?o-
/'e/ Leur séjour est dans le voisinage de la terre. el lors-

~M'S/~Mf'M/ ~)/)e~~ la surveillance bcns démons,


il ~ï'c.s~ de /7!J/<ï~ < ne .SO/M/ /)~r/.s </ <o/y!c/
Un jour, ils emploieront la force brutale un autre- jour ils
auront recours a /'<c.c (~). » Plus loin, il dit: « C'est un

jeu d'enfant pour eux que d'exciter en nous de viles pas-


sions, d'inculquer aux nations et aux sociL-L'sdes doctrines

turbulentes, de provoquer des guerres, (les séditions, et d'au-


tres calamités publiques, et de nous dire ensuite que tout
cela est l'œuvrc des dieux. » C<?s esprits passent leur

temps a tromper et à décevoir les mortels, a produire au-


tour d'eux des illusions et des prodiges /c~ plus ~ë
<ï/7ï&f//o~ est de passer pour des dieux et des <(~ (des
esprits désincarnés) (3). »
Jamblique, le grand théurgiste de l'école néo-platom-
cienne, homme versé dans la magie sacrée, enseigne que
les « bons démons nous apparaissent /'M/< tandis que
les mauvais ne peuvent se manifester que sous la forme
nébuleuse de /'<z~j~~ Dans un autre passage, il con-
firme le dire de Porphyre, et il nous dit que « les ~o/ï.s ne
rra~ne/ pas la /M~~re, tandis que les mauvais ont be-
soin de lénèbres. Les sensations qu'ils provoquent en nous,
nous font croire a la présence et à la réalité des choses
bien n'existent »
qu'ils montrent, que ces choses pas.(~)

ï. OJt/ssfe. livre VII.


Por/t~f/re, 0/cr</Zccx <o G~c7~ .?nd Daemons.
3. /&<Jef?t.
4. Jamblique. De .V</s<er/t;{ Egyptorum.
ISISDÉVO!LEE 59

Les tiléurgistcs les plus


expérimentes trouvaient parfois
du danger dans leurs rapports avec certains élémentals, et

Jamblique déclare que « les dieux, les anges et les démons,


aussi bien que les <c.s peuvent être appelés par l'évoca-
tion et la prière. Mais prenez garde lorsqu'une erreur est
commise pendant les opérations théurgiques. Xe vous ima-

ginez pas communiquer avec des divinités


qui bienfaisantes
ont répondu a votre fervente prière non, car ce sont de
mauvais démons, sous le masque de bons En effet, les
~-lémentals se présentent souvent sous l'apparence de bons

esprits, et ils s'arrogent un rang bien supérieur a celui

qu'ils occupent réellement. Leurs vantardises les trahis-


sent (1).
II y a une
vingtaine d'années, le baron Du Potet, dé-
goûté de 1 'indinércncc des savants qui persistaient à voir
dans les plus grands phénomènes psychologiques le résul-
tat d adroites prestidigitations, donnait libre cours a son

indignation en ces termes


« Me voici, je puis le dire en vérité, en route pour la
terre des merveilles Je me préparc a blesser toutes les

cornions, et a provoquer le rire chez nos plus illustres sa-


vants.car, je suis convaincu ~y//c agents d'une puis-
.~nce /7!ën~ existent en dehors de /~o~ qu ils peuvent
<<?r enn~s, faire mouvoir nos membres et nos organes
~t en user à leur fantaisie. C'était, après tout, la croyance
de nos pères et de toute l'antiquité. Chaque religion a admis
la réalité ff~c/ .~p~r~ue~ Rappelant les innombrables

phénomènes j'ai produits


que yeux sous les
de milliers de

personnes, voyant la stupide //ï~<~re~ce la Science o/


<ë//e en présence d'une découverte qui transporte l'esprit
dans les régions de l'inconnu vieillard, au moment où je
devrais naître, pour ainsi dire. je ne suis pas certain qu'il
n'eût pas mieux valu pour moi avoir partagé l'ignorance
commune.
« J'ai supporté que l'on me calomniât par écrit, sans
réfuter les calomnies. Dans un cas, c'est la simple igno-
rance qui fait parler, et je garde le silence dans un autre
encore c'est un esprit superficiel qui, élevant la voix~com-

1. Jamblique. De la différence entre les Lo~et les maarjM e~pr~.


60 ISIS DÉVOILÉE

met une bévue, et j'hésite, ne sachant si je dois parler ou


me taire. Est-ce indifférence ou apathie ? La crainte a-
t-elle le pouvoir de paralyser mon esprit ? Non aucune de
ces choses ne touche me je sais, tout simplement, qu'il
faut prouver ce que l'on avance, et c'est ce qui me retient.
Car, en justifiant mes assertions, en montrant le FAIT vi-
vant, qui démontre ma sincérité et la vérité, je transporte
hors de L'E~CEi~TE DU TEMPLE l'inscription sacrée, Qu'Aucun
ŒIL PROFANE ~E DOIT JAMAIS LIRE.
< Vous doutez de la sorcellerie et de la magie? 0 vérité
ta possession est un lourd fardeau (!)!)>
Avec un fanatisme que l'on chercherait vainement en
dehors de l'Eglise dans l'intérêt de laquelle il écrit, des Mous-
seaux cite ce passade comme une preuve positive que ce
savant dévoue, et tous ceux qui partagent sa croyance, se
sont placés sous la domination du /)J/n~
La suffisance est un travers qui constitue l'obstacle le

plus sérieux a l'instruction du spirite moderne. Son expé-


rience de trente années des phénomènes lui paraît suffisante

pour avoir établi des rapports intermondains sur des bases


Inébranlables. Ces trente années ont non seulement pro-
duit chez lui la que les morts
conviction communiquent
avec les vivants, et prouvent ainsi l'Immortalité de l'esprit.
mais elles ont encore inculqué dans son esprit l'idée que
l'on ne peut rien apprendre de l'autre monde, ou fort peu
de chose, si ce n'est a l'aide de médiums.
Les récits du
passé n'existent pas pour les spirites, ou
s'ils sont familiers avec ses trésors accumulés, ils les con-
sidèrent comme n'ayant aucun rapport avec leurs propres
expériences. Et cependant, les problèmes qui les embarras-
sent tant étaient résolus, il y a des milliers d'années, par les
théurgistes, qui en ont laissé les clés à ceux qui les cher-
chent dans des dispositions
convenables, et avec discerne-
ment. Est-il possible que la nature ait changé son œuvre, et

que nous ayons affaire à des esprits et à des lois différents


de ceux de 1 antiquité? Ou bien un spirite quelconque s'ima-

gine-t-il qu'il en sait davantage ou même autant, au sujet


des phénomènes médiumniques et de la nature des divers

1. Du PoLet. La Afajte dévoilée.


ISIS DÉVOILÉE 61

cette caste sacerdotale, qui passa sa vie dans


esprits, que
la pratique de la théurgie, connue et étudiée depuis des
siècles sans nombre? Si les récits d'0\ven, de Hare, d'Ed-

monds, de Crookes et dcWallace sont dignes de foi, pour-


ceux d Hérodote, le < Père de l'Histoire de Jambli-
quoi
de Porphyre, et de centaines d'autres auteurs anciens
que et
ne le seraient-ils pas ? Si les phénomènes des spirites se
dans des conditions de contrôle absolu, il en était
présentant
(le même de ceux des anciens théurgistes.dont les relations,
d~illeurs, prouvent qu'ils pouvaient provoquer et varier les
manifestations a volonté. Le jour où ce fait sera reconnu,
et où les spéculations sans profit des chercheurs modernes
feront place a l'étude patiente des œuvres des théur~istes,
ce jour-la marquera l'aurore de nouvelles et importantes
découvertes dans le champ de la psychologie.
CHAPITRE X

Tï~ 0: EX T?::[~0t TX'~ ~U.OC ~XTT,p-~X'?XC'

Tay. Lyd. de .~c~. 20.

< Les âmes les plus puissantespcrçoivcntpar elles-mêmes


la vcrit.é et sont d'une nature plus inventive. Cesumcs sont
pauvecs par leur propre force, conformément à l'oracle. :t

Pnocujs dans la f Aie.

Puisque r.me est perpétuellement en mouvement et


/).isxe par <ou<e~ c/to~es dans un certain espace de temps, à
la fin duquel elle est présentement contrainte à revenir à
travers toutes choses, et à dérouter la même toile de gé-
nération dans le monde, c'est que toutes les fois que les
mêmes causes agissent, les mêmes effets doivent se pro-
duire de la même façon.

(F:Ct~, de 7fn..In. ~:?9. C~Me~M Or.!c~.)

Pi el!en'a point de but spécial, l'étude est une bagatelle


spécieuse de l'csprit.
Yoc~c.

SOMMAIRE

Le père Félix de ~otre-Da'.ne. Un abîme dans un grain de sabtc.


Un fragment. d'IIermias. Le livre de vie. Apulée sur l'ûme.
Spéculation cle Depuis et de Votney Oannes, t'homme-poisson.
La rcincarnaUoncst.-eUe possible. quand l'annihilation est possible?
Sorcières et magiciens. Le sommeil sacré de Les
fantômes du
professeur Peppcr. Les sorcières de Salem. Les mauvais esprits
craignent le glaive.- Histoire emout'.mte de Phiionœa.– Lf s pouvoirs
médiumniqucs définis Une expérience d'adresse magique. Le
français parlé par des enfants à la mamelle. Les miracles de ~L de
Paris. Curieuses propriétés du mariage. Une offre libérale.

Depuis le moment l~embryon du fœtus où est formé,


jusqu'à celui où, transformé en vieillard, il rend son der-
nier soupir et descend dans la tombe, l'homme est pour
la science scholasi.ique une énigme incompréhensible, dont
1S!S DÉVOILÉE 63

elle ne saisit ni le commencement ni la fin. Tout devant


nous estvide, et derrière nous tout est chaos. En effet,
il n'existe aucune preuve des relations entre l'esprit, l'âme
et le corps, soit avant, soit après la mort. Le simple prin-
cipe de vie lui-même présente un problème insoluble, a
l'étude duquel le matérialisme a vainement épuisé ses
facultés intellectuelles. En présence d'un cadavre, le phy-
siologiste sceptique reste muet, lorsque l'élevé lui demande
d'où venait ce quelque chose qui habitait naguère cette en-
veloppe vide, et où il s'en est allé. L'élève est obligé ou de
se contenter, comme son maître, de l'explication que c'est
le protoplasme (lui forma l'homme, et que la force lui donna
la vie et consumera maintenant son corps, ou bien de cher-
cher l'explication du mvstère en dehors des murs de son
collège et de sa bibliothèque.
Il est parfois aussi intéressant qu'instructif de suivre ces
deux grandes rivales, la science et la théologie, dans leurs

fréquentes escarmouches. Tous les fils de l'Eglise ne sont


pas aussi malheureux, dans leurs tentatives de défense que
le pauvre abbé Moignot de Paris. Ce prêtre respectable et
certainement bien intentionné échoua complètement dans
ses efforts pour réfuter les arguments des libres penseurs
Huxley, TyndaII, Du Bois-Raymond et autres. Le suc-
cès de ses arguments antidotaux fut plus que douteux,
et comme récompense de sa peine, la « Congrégation de
l'Index » interdit la circulation de son ouvrage parmi les
Hdèles.
II est toujours dangereux d'engager un duel avec les sa-
vants sur des questions qui sont bien élucidées par les
recherches expérimentales. Dans les choses qu'ils connais-
ils sont inattaquables, et tantqu'ils n'auront pas dé-
truit eux-mêmes la vieille formule en la remplaçant par une
autre r~us récente, il est inutile de lutter contre Achille, à
moins toutefois que l'on ne soit assez heureux pour attein-
(Ire l'invulnérable demi dieu au talon. Or cetalon, seule
partie vulnérable de la science, c'est ce qu'elle avoue ne
pas connaître.
C'est a ce moyen habile qu'eut recours certain prédica-
teur bien connu, pour atteindre la partie vulnérable en ques-
tion. Avant de faire le récit des faits extraordinaires, mais
Ci JStS DÉVOtLÉE

parfaitement authentiques, que nous allons présenter dans


ce chapitre, il sera utile de montrer une fois de plus com-
bien la science moderne est sujette a se tromper en ce qui
concerne tous les faits qui ne peuvent être démontrés a
l'aide du creuset ou de la cornue. Voici quelques fragments
d'une série de sermons précités par le Père Félix a ~\otre-
Dame, sous le titre de « Les mystères et la Science. » Ils
méritent d'être cités dans un ouvrage qui est écrit précisé-
ment dans le même esprit que celui dont parait animé le
prédicateur. Pour une fois, l'Eglise a réduit temporairement
au silence l'arrogance de son ennemie traditionnelle, en

présence des savants académiciens.


On savait que le grand prédicateur, se coniormant au désir

général des fidèles, et obéissant peut-ctre -~ux ordres de ses

supérieurs ecclésiastiques, s était préparé a un grand eifort


oratoire, et la cathédrale historique était remplie d'une as-
sistance considérable. Au milieu d'un silence profond, il
commença son sermon, dont les paragraphes suivants suf-
fisent pour notre but
« Une parole euravantc a été prononcée contre nous, afin
de mettre face a face le progrès et le Christianisme, et cette

parole c'est « la SCIEXCE ». Telle est la formidable évo-


cation par laquelle on essaye de nous épouvanter. A tout
ce que nous pouvons dire pour baser le progrès sur le Chris-
tianisme, l'on a toujours une réponse prête ce n'est pas
5c/en/Me. Xous parlons de révélation la révélation n'est

pas scientifique, dit-on. ~ous disons miracle on nous ré-

pond le miracle n'est pas scientifique.


< Ainsi l'antichristianisme, fidèle aujourd'hui plus que
jamais à ses traditions, prétend nous tuer par la Science.

Principe r/f /c/?e& il nous menace de la lumière, car il

prétend être la lumière.


« Cent fois je me suis demandé Quelle est donc cette
science terrible qui se prépare a nous dévorer ? Est-ce la
science mathématique ? Mais nous aussi, nous avons nos
mathématiciens. Est-ce laphysique? l'astronomie? la phy-

siologie? la géologie? Mais nous comptons dans la religion

catholique des astronomes, des physiciens, des géologues (I)


l.Xous serions curieux de savoir si le père Félix range dans cette caté-
gorie saint Augustin, Lactance, et te vénérable Bëde '?
ÏStS DÉVOILÉE C5

et des physiologistes qui font assez bonne figure dans le


monde scientifique, et qui ont leur place a l'Académie, et
leur nom inscrit dans l'histoire. II paraîtrait que ce qui doit
nous écraser n'est pas telle ou telle science, mais bien la
science en général.
« Et pourquoi nous prédit-on le renversement du Chris-
tianisme par la science ?. Ecoutez. nous devons périr par
la science, parce que nous enseignons des mystères, et parce

que les mystères chrétiens sont en antagonisme fondamen-


tal avec la science moderne. Le mystère est la négation du
sens commun la science le repousse, elle le condamne
elle a parlé. Qu'il soit anathèmc
<Ah,vous avez raison si le mystère Chrétien est ce que
vous le dites, prononcer contre lui l'anathème au nom de la
science. Rien n'est antipathique a la science comme l'absurde
et le contradictoire. Mais rendons gloire à la vérité Tel
n'est pas le mystère Chrétien. S'il l'était, il vous resterait a

expliquer le plus inexplicable des mystères Comment se


fait-il que depuis près de deux mille ans, tant d'esprits su-

périeurs et de rares génies aient accepté nos mystères, sans

songer a répudier la science ou a abdiquer pour cela la rai-


son (1)'? Parlez tant que vous voudrez de votre science mo-
derne, de la pensée moderne, du génie moderne, il y avait
des savants avant 1780.
« Si nos mystères sont si manifestement absurdes et con-
tradictoires, comment se fait-il que de si puissants génies
!s aient acceptés sans le moindre doute ?. Mais Dieu nous
préserve d'insister sur la démonstration que le mystère
n'implique point de contradiction avec la science. A quoi

bon prouverpar desabstractions métaphysiques que la science


peut se concilier avec le mystère, alors que toutes les réa-
lités de la création montrent d'une façon incontestable que
le mystère déjoue partout les efforts de la science ? Vous
nous demandez ds vous prouver que la science exacte ne
peut pas admettre le mystère, je vous réponds en parfaite
assurance qu'elle ne peut pas s~y soustraire. 1 Le mystère,
y
c'est la FATALITE de la science.

t. Par exemple, Copernic, Bruno et Galilée, sans doute? Pour de plus


amples détails voir l'Index expurgatoire, certes c'est le cas d'ajouter le
fameux proverbe Audaces fortuna Juvat.
VOL. !t *)
6G ISIS DÉVOILÉE

« Avons-nous besoin de choisir nos preuves ? En premier


lieu, jetons donc, autour de nous, un regard sur le monde
matériel depuis l'atome le plus microscopique jusqu'au so-
leil le plus majestueux. Eh bien là, si vous essayez d'en-
traver dans l'unité d'une simple loi tous ces corps et leurs
mouvements, si vous cherchez le mot qui explique, dans ce
vaste panorama de l'univers, cette harmonie prodigieuse,
où tout semble obéir a l'empire d'une force unique, vous

prononcez une parole pour l'exprimer, et vous dites: altrac-


lion! Oui, attraction, tel est le sublime épitome de la science
des corps célestes. Vous dites qu'a travers l'espace ces

corps se reconnaissent et s'attirent mutuellement vous di-


tes qu'ils s'attirent proportionnellement à leur masse, et en
raison inverse du carré de leurs distances. Et de fait jus-
qu'à présent, rien n'est venu contredire cette assertion, mais
tout, au contraire, a confirmé une formule qui règne main-
tenant en souveraine dans l'E~rpiRE DE L'HYPOTHÈSE, et c'est

pourquoi elle doit dorénavant jouir des honneurs d'une vé-


rité incontestable.
« Messieurs. je rends de tout mon cœur un hommage
scientifique a la souveraineté de l'attraction. Ce n'est pas
moi qui voudrais obscurcir la lumière dans le monde ma-
tériel qui se reflète dans le monde des esprits. L'empire de
l'attraction est donc palpable; il est donc souverain; il nous
éblouit.
< Mais qu'est-ce que cette attraction ? Qui l'a vue ? Qui
l'a rencontrée ? Qui l'a touchée, cette attraction ? Comment
ces corps muets, ~e/e/ insensibles, exercent-ils in-
consciemment, l'un sur l'autre, cette réciprocité d'action et
de réaction, qui les maintient dans un équilibre commun,
et dans une unanime harmonie Ce~e force qui entraîne
un soleil vers un a~trc et un atome vers un autre atome est-
elle un médiateur invisible qui va de l'un à l'autre ? Et
dans ce cas, quel est ce médiateur? D'où lui vient la force
dont il se sert, la puissance qu'il possède, et à laquelle le
soleil ne peut pas plus échapper que l'atome ? Mais cette
force est-elle quelque chose qui diffère des éléments eux-
mêmes, qui s'attirent entre eux ? Mystère 1 Mystère
« Oui, messieurs, cette attraction qui resplendit d'une lu-
mière si éclatante dans le monde matériel, reste vous,
pour
ISIS DÉVOÏLËE 67

en somme, un
mystère impénétrable. Cela vous fait-il nier
sa qui vous
réalité saisit, ou son empire qui vous subjugue ?
Et encore, remarquez, s'il vous plaît, que le mystère se
trouve dans une mesure identique à la base de toute science,
si bien que si vous désiriez l'en exclure, vous seriez con-
traint de supprimer la science elle-même. /a~r~ej
science que t'OM.? ~OM~fj, suivez le magnifique enchaîne-
ment de ses déductions, et lorsque vous arrivez à sa source,
vous vous trouvez face à face avec l'inconnu (1).
« Qui donc a pénétré le secret de la formation des corps.
la génération d'un simple atome ? Qu'y a t-il, je ne dirai
d'un mais au centre
pas, au centre soleil, même d'un atome ?
Qui a sondé les profondeurs de l'abîme qui se trouve dans
un grain de sable ? Le grain de sable, messieurs, a été étu-
die par la science pendant des milliers d'années elle l'a
tourné et retourné elle Fa divisé et subdivisé elle l'a tour-
menté par toute sorte d'expériences elle l'a accablé de ques-
tions pour en tirer le mot final quant à sa secrète constitu-
tion elle lui demande avec une curiosité ardente Dois-je
te diviser à l'infini? Et
suspendue alors sur cet abîme, la
science hésite, elle se trouble, elle est éblouie, elle est prise
de vertige, et, découragée, elle s~éerie « JE NE SAis PAS.
« Mais si vous êtes fatalementignorants de la genèse et de
la nature cachée d'un grain de sable, comment pouvez-vous
avoir l'intuition. quant à la génération d'un seul être vi-
vant ? D'où vient la vie dans cet être vivant ? Où commence-
t-elle ? Quel est le principe de la vie
(2) ? »
Les savants ont-ils une réponse à donner à l'éloquent re-

ligieux ? Peuvent-ils se dégager des liens de son impitoya-


ble logique? Certes le mystère les tient de toutes parts, et
l'M/o Thule, soit d'Herbert Spencer, Tyndall ou
Huxley
porte écrit sur les
frontispices portes de ses INCOMPRÉHEN-
SIBLE, INCONNU. Pour l'ami des métaphores, l'on peut com-

parer la science à une étoile scintillante, qui brille d un éclat

1. Ni Herbert. Spencer ni Huxley ne sont prêts à réfuter cette asser-


tion. Mais le père Félix parait ignorer ce qu'il doit à la science; s'il avait
dit cela en l'an 1600, peut-être eût.il partagé le sort du pauvre Giordano
Bruno.
2. Le mystére et la science, conférences du père Félix de Notre-Dame
des Mousseaux. Nscts PAe?t. magie.
68 ISIS DÉVOILÉE

resplendissant à travers les éclaircies des nuages épais. Si


ses adeptes ne réussissent pas à définir cette attraction
mystérieuse, qui rassemble en masses compactes les parcel-
les de matière qui composent le plus petit galet sur la plage
de l'océan, comment peuvent-ils prétendre définir les limi-
tes du possible et de l'impossible, et dire où finit l'un et où
commence l'autre?

Pourquoi y aurait-il une attraction entre les molécules de


la matière et non pas entre celles de Fesprit ? Si, en vertu
de la mobilité inhérente de ses molécules, les formes des
mondes et leurs espèces de plantes et d'animaux sont cons-
truites avec la partie matérielle de l'éther, pourquoi les ra-
ces successives d'êtres depuis la simple monade jusqu'à
l'homme ne se développeraient-elles pas de sa partie spiri-
tuelle chaque forme inférieure se transformant en une supé-
rieure gradation
par continue, jusque ce que l'évolution
soit complète sur notre terre, par la formation de l'homme
immortel? On voit que, pour le moment, nous laissons de
coté les faits accumulés qui démontrent le cas et que nous
n'avons recours qu'aux déductions de la logique.
Peu importe le nom que les physiciens au prin- donnent

cipe d'énergie de la matière c'est quelque chose de subtil,


en dehors de la matière elle-même, et comme ce quelque
chose échappe à leur analyse, ce doit être distinct de la ma-
tière. Si l'on admet la loi d'attraction comme réglant et gou-
vernant l'une, pourquoi l'exclurait-on de la direction de
l'autre ? En laissant à la logique le soin de répondre à cette

question, nous rechercherons dans le domaine de l'expé-


rience commune du genre humain, et nous y trouverons une
masse de témoignages confirmant l'immortalité de l'âme, si
nous en jugeons par des analogies. Mais nous avons encore
mieux que cela, nous avons la preuve irrécusable fournie
par des milliers et des milliers de penseurs, qu~il y a une
science de l'âme malgré qui,qu'on lui refuse encore aujour-
d'hui une place parmi les autres sciences, elle n'en est pas
moins une science elle-même. Cette science, en pénétrant
les arcanes de la nature bien plus profondément que notre
philosophie moderne ne l'a jamais cru possible, nous ensei-
gne comment on peut forcer /ïu/$/&/6 à devenir visible
elle nous apprend l'existence des esprits élémentaires; la
ISIS DÉVOtLÉE 69

nature et les propriétés magiques de la lumière astrale; le

pouvoir qu'a l'homme vivant de se mettre en communica-


tion avec ceux-là au moyen de celle-ci. Qu'elles examinent
avec le flambeau de l'expérience les preuves qui leur en
sont fournies, et ni l'Académie, ni l'Eglise, en faveur de

laquelle le père Félix a si éloquemment parlé, ne pourront


le nier.
La science moderne se trouve en face d'un dilemme il
faut qu'elle reconnaisse la vérité de notre hypothèse, ou
qu'elle admette la possibilité du miracle. Admettre le mira-
cle, c'est dire qu'il peut y avoir une dérogation aux lois de
la nature. Or si c'est le cas. quelle certitude avons-nous que
cela ne se reproduira pas une innnité de fois, détruisant
ainsi la fixité de ces lois, cette parfaite balance des forces
en équilibre qui régissent l'univers. C'est un argument fort
ancien et tout à fait irréfutable. Contester l'existence, mais
même l'apparition parmi nous d'êtres supersensuels, alors

qu'ils ont été vus, à différentes époques et dans des con-


trées différentes, non point par des milliers. mais par des
millions de personnes, est une obstination impardonnable
et dire que dans
n'importe quel cas l'apparition est l'œuvre
du miracleest funeste au principe fondamental de la science.
Que feront-ils ? Que pourront-ils faire lorsqu'ils seront re-
venus de l'engourdissement où les plonge leur orgueil, si-
non recueillir les faits, et essayer d'élargir les limites de leur
champ d'investigation ?
L'existence de l'esprit dans le milieu commun, l'éther,
est niée par le matérialisme tandis la théologie en
que
fait un dieu personnel, le cabaliste soutient que tous les
deux se trompent, et, disant que dans l'éther les éléments
ne dites
représentent que la matière, les forces cosmiques
« aveugles » de la nature, et l'Esprit, qui les
l'intelligence
dirige. Les doctrines cosmogoniques d'Hermès, d'Orphée
et de aussi bien celles de Sanchoniathon
Pythagore, que
et de Berose, sont toutes basées sur une formule irréfuta-
ble, savoir Que l'éther
le chaos, et ou, pour employer le

langage de Platon, l'esprit et la matière sont les deux prin-


cipes primordiaux et éternels de l'univers, parfaitement in-
dépendants de tout le reste. Le premier, l'esprit, est le prin-
cipe intellectuel vivifiant toutes choses le chaos est le
70 ISIS DÉVOILÉE

principe informe, liquide, sans « forme ou


sentiment »
de l'union de ces deux principes est né l'Univers, ou plutôt
le monde universel, la première divinité androgyne, dont
le corps est formé de la matière chaotique, et l'âme de
l'éther. D'après la phraséologie d'un fragment ~er/7~a~
« le chaos, par suite de cette union avec l'esprit, devenant
doué de sentiment, resplendit de plaisir, etproduit ainsi
le /~r~o<yo~o.<? (le premier-né) la lumière (i)*. C'est l'uni-
verselle Trinité, basée sur les conceptions métaphysiques
desanciens qui, raisonnant par analogie, ont fait de l'homme,

composé lui aussi d'intelligence et de matière, le micro-


cosme du macrocosme ou grand univers.
Si, maintenant, nous comparons cette doctrine avec les

spéculations de la science, qui vient s'arrêter net sur la fron-


tière de l'Inconnu, et qui tout en étant imcompétcnte pour
résoudre le mystère, ne permet pas que l'on examine la

question en dehors d'elle ou bien, avec le grand dogme


théologique que le inonde a été appelé a l'existence par un
tour habile de prestidigitation céleste, nous n'hésiterons pas
a croire, qu'en l'absence de preuve meilleure, la doctrine

hermétique est
de beaucoup plus raisonnable, tout éminem-
ment métaphysique qu'elle puisse paraître. L'univers est
la. et nous savons qu'il existe mais comment y est-il
venu. et comment y sommes-nous apparus ? Les représen-
tants de la science physique refusant de nous répondre, et
les usurpateurs du domaine spirituel lançant contre nous
l'excommunication et l'anathème pour notre curiosité im-
pie. que pouvons-nous faire, si ce n'est nous tourner du
côté des sages qui ont médité sur la question, des siècles
avant que les molécules de nos philosophes modernes se
soient agrégées dans l'espace éthéré ?
Cet univers visible
d'esprit et de matière, disent-ils, n'est
qu'une image concrète de l'abstraction idéale il a été cons-
truit sur le modèle de la première IDEE divine. Ainsi, notre
univers existait de toute éternité à l'état latent. L'âme qui
anime cet univers purement spirituel est le soleil central, la
plus haute Divinité elle-même. Ce n'est pas Elle qui a cons-

i. Damasciu~. dans la Théogonie l'appelle Dis, le f/!SppnM<earde <on~e.


cheses. Cory. Ancfcf!! Frjj~e~, p. 3)4.
ISIS DEVOtLÉt: 71

truit la forme concrète de son idée mais bien son premier-


né et comme elle a été bâtie sur la figure géométrique du
dodécaèdre ,1), le premier-né « a bien voulu mettre douze
mille ans à sa création Ce dernier nombre est indiqué dans
la Cosmogonie Tyrrhénienne (2), qui montre l'homme créé
dans la six-miUicmc année. Cela peut concorder avec} la théo-
rie égyptienne de G.000 années (~), et avec le compat Hébraï-
que mais bien peu avec la doctrine des vrais Cabalistes.
Sanchoniathon (4), dans sa Cosmogonie, déclare que lorsque
le vent (esprit) devint amoureux de ses propres principes
(le chaos), une union intime s'opéra. dont la réalisation fut
appelée pothos, et de cette union sortit la démence de tou-
tes choses. Et le chaos ne connut point sa propre produc-
tion, car il était dénué de senlimenl; mais de son accolade
avec l'esprit fut engendré /M<3/ ou l' la boue (5). C'est de
1:\ que sont issus les éléments de la création et la généra-
tion de l'Univers. Mais les chiffres employés par lui sont
des ligures secrètes dont la clef se trouve dans les mains de

quelques initiés.
Les anciens, qui ne nommaient que quatre éléments, firent
de l'éther un cinquième. En raison de ce que son essence
était divinisée par la présence de l'Invisible, ils le considé-
raient comme un intermédiaire entre ce monde et le monde
invisible voisin. Ils professaient que lorsque les intelligen-
ces directrices se retiraient d~une partie quelconque deFéther.
un des quatre règnes qu'ils sont tenus de surveiller, l'espace
ainsi abandonné était la proie du mal. Un adepte qui se pré-
parait à entrer en communication avec les « invisibles de-
vait bien connaître son rituel, et être parfaitement au cou-
rant des conditions requises pour le parfait équilibre des

quatre éléments dans la lumière astrale. Il devait avant tout

purifier essence,
son et, équilibrer les éléments, dans le cer-
cle dans lequel il cherchait a at tirer les esprits purs, de façon
à empêcher l'intrusion des élémentaires dans leurs sphères

1. Platon. Ttniëe.
2. Suidas V. Tyrrhenia.
3. Le lecteur comprendra que par années on veut dire des < aces a
et non simplement des périodes de douze mois lunaires chacune.
4. Voir la traduction grecque, par Phéton Byblius.
5. Cory..incte~ Fragments.
72 tStSDÉV~tLLE

respectives. Mais malheur au chercheur imprudent qui


s'aventure, le terrain défendu; le dan-
par ignorance, dans
ger le menacera a chaque pas. Il évoque des puissances dont
il n'est pas maître il réveille des sentinelles qui ne laissent
passer que leurs maîtres. Car pour employer les propres
expressions de l'immortel Rosecroix, fois « Une que tu as
résolu de devenir un coopérateur de l'esprit du Dieu !ua/

prends garde de ne point Le gêner dans Son œuvre car. si


La chaleur dépasse la proportion naturelle, tu provoqueras
le courroux des /ïa~e.'</ïM/yH<~s(t), qui se heurteront con-
tre le feu cc/ï/r~et le feu central contre elles, et il y aura
une division terrible dans le chaos (2). )> L~csprit d'harmonie
et d'union se séparera des éléments, troublés par une main

imprudente et les courants des forces aveugles seront im-


médiatement infestés par les innombrables créatures de la
matière et de l'instinct, les mauvais démons des théurgis-
tcs.Ies diables de la théologie les gnomes, les salamandres,
les sylphes et les ondines assailliront le téméraire opérateur,
sous les formes aériennes les plus variées. Incapables d'in-
venter quoi que ce soit, ils fouinèrent sa mémoire jusqu'au
plus profond de ses replis c'est de laque proviennent t

l'épuisement nerveux et l'oppression mentale de certaines


natures impressionnables dans les cercles spirites. Les élé-
mentaIsremeLtront en lumière les souvenirs du passé depuis
longtemps oubliés les formes, les Images, les doux sou-

Nous reproduisons le texte du Cabaliste qui vivait et publia ses cu-


vragcs au xvn* siècle. H est généralement considéré comme un des plus
c-lébres alchimistes parmi les philosophes Hermétiques.
2. Les plus positifs parmi les philosophes matérialistes sont d'accord
pour admettre que tout ce qui existe a été tiré de l'éthcr par conséquent.
l'air. l'eau, la terre et le feu. les quatre déments primordiaux doivent
aussi procéder de l'éther et du chaos. la première Duarle tous les impon-
dérables connus ou inconnus viennent de la même source. Si donc il y a
dans la matière une essence spirituelle et que cette essence la contraigne
à prendre des m)t!ions de formes, pourquoi serait-il il'ogique d'affirmer
<}u; chacun de ces règnes spirituels dans la nature est peuplé d'êtres is-
sus de cette même substance ? La chimie nous apprend que dans le corps
de l'homme il y a de l'air, de l'eau, de la terre et du calorique ou feu l'air
est présent par ses composés l'eau se trouve dans les sécrétions la terre
dans ses constituants inorganiques et le feu dans la chaleur animale. Le
cabaliste sait par expérience que l'esprit élémentat n'en possède qu'un.
ot que chacun des quatre règnes a ses esprits élémcntaux particuliers
l'homme étant au-dessus d'eux, la loi d'évolution trouve son application
dans la réunion des quatre éléments dans sa personne.
ISIS DEVOtLËE 73

venirs, les sentences familières depuis longtemps effacées


de notre esprit, mais conservés vivants dans les profondeurs
insondables de notre mémoire, ainsi que sur les tablettes
.(Strales de l'immortel LIVRE DE LA VIE.
Dans ce monde toute chose organisée, visible et invisi-
ble, a un élément qui lui est approprié. Le poisson vit et
respire dans l'eam la plante consomme l'acide carbonique
qui est mortel pour les animaux et les
hommes; quelques
êtres sont faits pour vivre dans les couches raréfiées de l'air,
et d'autres n'existent que dans celles où il est le plus dense.
La vie pour quelques-uns dépend de la lumière du soleil,
d'autres dépendent de l'obscurité, et c'est ainsi que la sage
économie de la nature adapte une forme vivante a chaque
condition d'existence. Ces analogies permettent de conclure
que, non seulement il n'y a pas de
place inoccupée dans la
nature, mais aussi que pour chaque chose ayant vie, des
conditions spéciales sont fournies, et sont nécessaires dès

qu'elles existent. Ainsi, en admettant qu'il y ait un côté


invisible dans l'univers, les conditions fixes dans lesquelles
agit la nature autorisent a en déduire que cette partie est

occupée exactement comme l'autre. et que chaque groupe


de ses habitants est pourvu de tous les éléments indispen-
sables d'existence. Or il serait aussi illogique d'imaginer
que des conditions identiques sont fournies à tous indistinc-
tement dans cette moitié de l'univers, que de soutenir cette
théorie relativement aux habitants de la partie visible de la
nature. Le fait qu'il y a des esprits implique qu'il doit y
en avoir une variété car les hommes différent, et les esprits
ne sont que des êtres humains des incorporés.
Direque tous les esprits sont pareils ou faits pour vivre
<~<ns la même atmosphère, ou investis des mêmes pouvoirs,
ou enfin régis par les mêmes attractions, magné-
électriques,
tiques, astrales ou autres, serait aussi absurde que de pré-
tendre que toutes les planètes sont de même nature, que
tous les animaux sont amphibies, que outous les hommes
peuvent s'accommoder du même genre de nourriture. Il est,
:'u contraire, parfaitement conforme à la raison que les
natures les plus grossières parmi les esprits descendent
davantage dans les bas-fonds de l'atmosphère, ou en d'au-
tres termes, dans les régions plus voisines de la terre. Par
-74 ISIS DÉVOILÉE

contre les plus pures monteront bien plus haut. Dans ce que
nous appellerions la /<t0/7ïc~<yue de l'occultisme (si
nous avions a créer un mot pour exprimer la chose) il est
aussi peu fondé de prétendre que l'une de ces catégories

d'esprits peut prendre la place, ou subsister dans les mêmes


conditions que l'autre, que de s'attendre, en matière d'hy-
draulique, à ce que deux liquides de densité différente puis-
sent marquer indiu'éremment sur l'échelle de l'hydromètre
de Beaumé.
Gorres, la description
dans qu il fait d'un entretien qu'il
eut avec quelques Hindous de la côte de Malabar, raconte

que leur ayant demandé s'il y avait des fantômes chez eux,
ils répondirent « Oui mais nous savons que ce sont de
mauvais e~oy~; il est que rareles bons se fassent voir.
Ce sont surtout les esprits des suicidés et des meurlriers,
ou de ceux qui sont morts de mort violente. Ils errent
constamment autour de l'humanité, et lui apparaissent sous
la forme de fantômes. La nuit leur est favorable, ils sédui-
sent les faibles d'esprit, et tentent les autres, de mille ma-
nières différentes (1). »

Porphyre nous apprend quelques faits répugnants, dont


la vérité est confirmée par l'expérience de tous les adeptes
de la magie. « L'âme (2), dit-il, ayant, même après la mort,
une certaine affection pour son corps, une affinité propor-
tionnée a la violence avec laquelle leur union a été rompue,
nous voyons beaucoup d'esprits errant désespérés autour
de leurs dépouilles terrestres nous les voyons même cher-
chant et fouillant avec avidité les restes putrides d'autres

corps, mais surtout recherchant le sang fraîchement répandu,


que leur donnent momentanément (luelques-unes des facul-
tés de l'existence (3).
Que les spirites qui doutent des assertions des théurgis-
tes essayent l'effet que produira a leur prochaine séance de
matérialisation un demi-litre de sang fraîchement versé.
« Les dieux et les anges, dit Jamblique, nous apparais-

1. Gurres..V~tqrne, lib. ii!, p. 63.


2. Les anciens appelaient âmes les mauvais esprits des hommes; l'àme
J-tait la larve et les lémures. Les bons esprits humains devenaient des
dieux.
3. Porphyre. Des sacrifices, chap. du Vrai culte.
ISIS DÉ VOILÉE 75

sent dans la paix et l'harmonie les mauvais démons au


milieu du désordre et de la confusion. Quant aux âmes
ordinaires, nous ne les apercevons que plus rarement (i).
« L'âme humaine astral) (le corps est un démon que notre

langage peut nommer génie, dit Apulée (2). C'est un dieu


//n/7ï0/c/, quoique, dans un sens, elle soit née en même

temps que l'homme dans lequel elle se trouve. Par consé-

quent, on peut dire qu elle meurt de la même façon qu'elle


est née.
« L'âme naît dans ce monde, en quittant un autre monde
(anima mundi) dans lequel son existence avait précédé celle

que nous connaissons tous (celle de la terre). Ainsi les dieux

qui examinent sa conduite sous toutes les phases de ses


diverses existences et dans son ensemble, la punissent

quelquefois ici des fautes commises dans une vie antérieure.


Elle meurt lorsqu'elle se sépare d'un corps dans lequel elle
a fait la traversée de la vie, comme dans une frêle barque.
Et tel est, si je ne me trompe, le sens secret de l'inscrip-
tion tumulaire ~4M.r dieux /nd~c$ <yu~ ont vécu, si aisée
à comprendre pour l'unité. Mais ce genre de mort n'anéan-
tit point 1 âme. elle ne fait que la transformer en /7ïur~.
Les lémures sont les mânes ou fantômes que nous connais-
sons sous le nom de lares. Lorsqu'ils se tiennent éloignés,
et qu'ils /!ou.~ acco/'<~<?/~ M~joro~c~'on 6/6/7/a~a/ï/e, nous
honorons en eux les divinités protectrices du foyer domes-
tique mais si leurs crimes les condamnent n. une existence
errante, nous les désignons sous le nom de larves. Ils de-
viennent une plaie pour les méchants, et causent aux bons
une lerreur ~'<2/c.
Il serait difncile de taxer d~ambiguïté un pareil langage,
et malgré cela. les partisans de la réincarnation citent Apu-
lée à l'appui de leur théorie, que l'homme passe sur cette
planète par une succession de naissances physiques humai-
nes, jusqu'à ce qu'il ait enfin réussi à se purger des impu-
retés de sa nature. Mais Apulée dit très nettement que
nous arrivons sur cette terre, en venant d'une autre, dans
laquelle nous avons vécu, mais dont nous avons perdu le

!s<erex ~e~~E'<p<ten.
2. Deuxième siècle. Du Dieu de Socrate. Apul. class., p. H3-H5.
76 ISIS DÉVOILÉE

souvenir. De même la montre d'un atelier a un


que passe
autre et de main en main dans la fabrique, une partie étant
ajoutée ici, et une autre là, jusque ce que la délicate machine
soit parfaitement conforme au plan conçu dans l'esprit du
maître, avant que l'ouvrage fut commencé, de même, d'après
la philosophie ancienne, la première conception divine prend
forme au fur et à mesure dans les divers compartiments de
l'atelier universel, et l'être humain parfait apparaît finale-
ment sur notre scène.
Cette philosophie enseigne que la nature ne laisse jamais
son œuvre inachevée si elle échoue la première fois, elle
recommence. évolue un embryon humain, son
Lorsqu'elle
intention est que l'homme devienne parfait physiquement.
intellectuellement et
spirituellement. Son corps doit attein-
dre son entier développement, s'user et périr; son entende-
ment se dégager, mûrir et
s'équilibrer harmonieusement
son esprit divin enfin illuminer et se confondre douce-
ment avec l'homme /r. Aucun être humain ne com-

plète son grand cycle ou son « cycle de nécessité » tant

que tout n'est


point réalise. que De même
les traînards,
dans une course, luttent et se fatiguent dans la première

partie de la course, tandis que les vainqueurs atteignent le


but, de même, dans la course de l'immortalité, quelques
âmes dépassent en vitesse toutes les autres et atteignent
le but, tandis que des myriades de compétiteurs luttent sous
le fardeau de la matière, non loin du point de départ.

Quelques infortunés abandonnent et perdent toute chance


de gagner le prix, d'autres enfin reviennent sur leurs pas et
recommencent. La /ra/7!<T//o~ et la re//ïc<ïn//on sont
ce que les Hindous craignent
par-dessus tout mais cela
seulement dans d'autres planètes inférieures, jamais dans
celle-ci. Il y a toutefois un moyen de l'éviter, et le Bouddha

l'indique dans sa doctrine de pauvreté, la domination restric-


tive des sens, la parfaite indifférence pour les choses de cette
vallée de larmes, le dégagement de toute passion, et les
fréquents rapports avec l'Atma, 1~ contemplation spirituelle.
La cause de la réincarnation est l'ignorance de nos sens, et
l'idée que, dans ce monde
y ait quelque ilchose de réel,
autre chose qu'une existence abstraite. L'hallucination, que
nous nommons contacta provient des organes des sens du
ISIS DÉVOILÉE 77

contact le désir du désir la sensation (qui est aussi une

déception de notre corps) de la sensation l'attachement


aux choses existantes de cet attachement la reproduction
et de la reproduction, la maladie, le dépérissement et la
mort.
Ainsi comme dans les révolutions d'une roue, les morts
et les naissances se succèdent en succession régulière, dont
la cause morale est l'attachement aux choses existantes, tan-
dis que la cause instrumentale est le Karma (la puissance
qui régit l'univers en lui imprimant l'activité), le mérite et
le démérite. « L'ardent désir de tous les êtres qui voudraient
être débarrassés du souci des naissances successives est donc
de trouver le
moyen de détruire la cause morale, cet atta-
chement funeste aux choses existantes ou les mauvaises

aspirations. » Ceux qui ont détruit en eux tous mauvais

penchants, sont nommés les ~lrAa~(l). L'affranchissement


des mauvais désirs assure la possession d'un pouvoir mira-
<<?~r. A sa mort, l'Arhat-Bouddha ou le Bodhisatwa ne
se réincarne jamais jusqu'à la iin du cycle; il arrive inva-
riablement au Para Nirvana, expression par parenthèse mal

comprise et faussement interprétée par les chrétiens, aussi


bien que par les commentateurs sceptiques. Nirvana est le
monde des causes, dans lequel tous les effets trompeurs ou
les illusions de nos sens disparaissent. Le Nirvana est la

sphcre la plus élevée qu'on puisse atteindre. Les pitris, ou


hommes pré-adamiques, sont considérés comme r~/ïc<v!~

par le philosophe Bouddhiste, bien que dans une condition de

beaucoup supérieure a celle de l'homme terrestre. Ne meu-


rent-ils pas à leur tour? Leur corps astral ne souffre-t-il
ou ne se réjouit-il pas, et n'éprouve-t-il pas des sensations
illusoires, comme pendant leur incarnation ?
Ce que le Bouddha enseignait au vr= siècle avant Jésus-
Christ dans l'Inde, Pythagore l'enseignait au v" siècle en
Grèce et en Italie. Gibbon montre combien profondément
cette croyance de la transmigration des âmes impressionnait
les pharisiens (2).

1. Eastern monachism, p. 9.
2. Dec~ and Fall of the ~ont<M Empire, n. 3S5.
78 !S!S DÉVOILÉE

Le cycle de nécessité Egyptien est gravé d'une manière in-


délébile sur les monuments de l'antiquité. Et Jésus, lorsqu'il
les malades, employait invariablement l'expres-
guérissait
sion suivante « Tes péchés te sont pardonnés. » Or cette
doctrine est purement Bouddhique. « Les Juifs dirent à

aveugle Tu es né complètement dans le péché, et tu veux


pous instruire ? La doctrine des disciples (du Christ) est

analogue à celle du mérite et du démérite des Bouddhistes


car, les malades guérissaient si leurs /<M/fs leur ~~en/

pardonnées. » (1) Mais cette existence antérieure, à laquelle


croient les sectateurs du Bouddha, n'est pas la vie passée
sur celle planète-ci, car, plus que tout autre peuple, les

philosophes Bouddhistes faisaient grand cas de la sublime


doctrine des cycles.
Les
spéculations de Dupuy, de Volney et de Godfrey
Higgins sur la secrète signification des cycles ou des A~
pas et des yogs des Brahmanes et des Bouddhistes n'ont

pas grande portée, puisqu'ils ne possédaient pas la clé de


la doctrine spirituelle ésotérique qu'ils renferment. Aucune

philosophie n'a jamais envisagé Dieu comme une abstrac-


tion, mais toutes l'ont considéré sous ses diverses manifes-
tations. La cause )) de la Bible
première des Hébreux, la
« Monade » de Pythagore, « FExiSTE~CE U~E (thé one life) »
des philosophes Indous, et 1' < En-Soph cabalistique, //ï-
fini, sont identiques. Le Baghavan hindou ne crée pas il
entre dans l'œuf du monde, et en sort transformé en Brahm,
de la même manière que la Duade de Pythagorc émane de
la plus haute et solitaire Mo~As (2). La monade du philoso-

1. Hardy..Maruï.~ o/BuJd/u: Dunlop. The ~'orM's Religions.


2. Lemprière, dans son Dictionnaire c~st<yae, à l'article ePyt.hagore~,
dit qu'il y a de grandes raisons pour suspecter la verit-c de tout le récit
du voyage de Pytha~ore dans l'Inde, et il en conclut que ce philosophe
n'a jamais vu ni les Gymnosophes ni leur pays. S'il en était ainsi, com-
ment expliquer ce fait que la doctrine de la métempsychosc de Pythagore
ressemble bien davantage à celle des Hindous qu'à celle des Egyptiens?
Mais, surtout, quelle explication fournir du fait que le nom de Monade
donné par lui à la Cause Première est identique à la désignation en sans-
crit de cet Etre suprême. D'ailleurs, Pythagore, Yafaftac~rya est men-
tionné dans beaucoup de livres écrits depuis l'époque Bouddhiste. En
1'792-1'797 lorsque Lemprière fit paraître son dictionnaire, le sanscrit était,
dirait-on, complètement inconnu et ignore la traduction de l'Aitareya
Brahmana (Rigvedas) par le D' Haug, dans laquelle se trouve ce mot, a été
publiée il y a une vingtaine d'années environ, et jusqu'à ce que cette pré-
ISIS DÉVOILÉE 79

phe de Samos est la Monade hindoue (l'intelligence), <: qui


n'a pas de cause première (ajodroa) et qui n'est pas sujette
a périr (ï). Brahma, en sa qualité de Prayâpati, se mani-
feste tout d'abord sous la forme des douze corps ou attri-
buts, qui sont représentés par les douze dieux symbolisant
i° Le feu; 2° Le soleil; 3* Le soma qui donne l'omniscience z
4° Les êtres vivants; 5° Vayn ou l'Ether matériel 6* La
mort ou le souffle de destruction, Siva 7° La terre 8° Le
ciel; 9° Agni,le feu immatériel; i0" Aditya, le soleil imma-
tériel femelle et invisible; il~ L'intelligence; 1:2" Legrand
cycle infini qui ne peut être arrêté (2). Après cela,Brahma
se dissout pour former l'Univers Visible, dont chaque atome
est sa substance. Cela fait, la Monade, non manifestée, in-
divisible et indéfinie se retire dans la majestueuse solitude
de son Unité, que rien ne vient troubler. La divinité mani-
festée, d abord une duade, devient maintenant une triade
sa qualité trine donne sans cesse naissance a des puissances

spirituelles, qui deviennent des dieux immortels (des âmes).


Chacune de ces âmes doit à son tour s'unir a un être
humain, et du moment où sa conscience apparaît, elle com-
mence une série de naissances et de morts. Un artiste orien-
tal a essayé de rendre par la peinture cette doctrine caba-
listique des cycles. Le tableau couvre
tout un mur intérieur
d~un temple souterrain, dans une grande pagode Bouddique,
et il est vraiment suggestif. Essayons d'endonner un aperçu,
tel que nous l'avons vu.

cieuse addition au trésor de la littérature des ~gcs archaïques fut complète.


et que l'âge précis de l'Aitareya,6xé maintenant par Haug à 2.000 ou
2.400 ans avant Jésus-Christ, cessât d'être un mystère, on a pu supposer
comme pour les symboles chrétiens, que les hindous t'avaient emprunté
a Pythagor~.Mai~ aujourd'hui, à moins que la philologie ne puisse trouver
que c'est une coïncidence, et que le mot monade n~est pas le même dans
ses définitions les plus minutieuses, nous avons le droit d~ainrmer que
Pythagore a été dans l'Inde, et que c'est auprès des Gymnosopbes qu'il
fut instruit dans sa théologie métaphysique. Le fait seul que le sanscrit
comparé au grec et au latin est considéré comme la sœur améc de ces
langues, ainsi que le démontre Max MuUer, n'est pas sufHsant pour expli-
quer l'identité du mot monade dans le sanscrit et le grec, dans son sens
le plus métaphysique et le plus ab&trait. Le mot sanscrit Deva est devenu
le mot latin Deus et indique une source commune, mais nous voyons le
même mot prendre dans le Zend Avesta un sens opposé, daera, esprit du
mal.
1. Haug. At~re~/a Brahmanam.
2. Ibidem.
80 ISIS DÉVOILÉE

un point dans l'espace, représentant le


Imaginez-vous
primordial de départ tracez ensuite avec le compas
point
un cercle autour de ce point à l'endroit ou le commence-
ment et la fin de la circonférence se rencontrent, l'émana-
tion et la
réabsorption se rencontrent également. Le cer-
cle lui-même est composé d'une multitude innombrable de
circonférences plus petites, comme les cercles d'un bracelet,
et chacun de ces anneaux moindres forme la ceinture de la
déesse que représente cette
sphère. La où la courbe de l'arc
du point extrême du demi-cercle, le nadir du
approche
grand cycle, où le peintre mystique a placé notre planète,
la face de chaque déesse successive devient plus sombre et

plus hideuse que ne le saurait concevoir une imagination


européenne. Chaque ceinture est couverte de représentations
de plantes, d'animaux, et d'êtres humains, appartenant à la
flore, à la faune et à l'anthropologie de cette sphère parti-
culière. Une certaine distance a été laissée exprès, entre

sphère car après l'accomplissement des cycles, a


chaque
travers les diverses transmigrations, il est accordé à l'àme
un temps de Nirvana temporaire, durant lequel elle perd
tout souvenir des peines passées. L'espace éthéré intermé-
diaire est rempli d'êtres étranges ceux qui se trouvent en-
tre l'éther le plus élevé et la terre au-dessous sont des créa-
tures de la nature médiane des esprits de la nature ou,
comme les cabalistes les nomment, des Esprits Elémentals.
Cette peinture est, soit une copie d'un tableau, dont la

description a été transmise a la postérité


par Berose, le

prêtre du temple de Belus a Babylone, soit alors l'original


de ce même tableau. Nous laissons aux archéologues mo-
dernes le soin d'élucider cette
question. Mais la muraille est

précisément couverte de créatures analogues décrites par le


semi-démon ou demi-dieu Oaunes, l'homme-poisson (3) des
Chaldéens. êtres hideux produits par un double principe,
la lumière astrale, et la matière la plus grossière.
Les antiquaires ont, jusqu'aujourd hui. beaucoup négligé
même les reliques architecturales des races primitives. Les
cavernes d'Ajunta qui se trouvent a 200 milles seulement

1. Bérose Fragment conservé par Alex. Polyhister Cory, 0/€ Cos-


wo~on~ and the Deluge.
ISIS DÉVOUÉE 8t

de Bombay, dans la chaîne des Monts Chaudor, et les rui-


nes de l'ancienne cité d'Aurengabad, dont les palais écrou-
lés et les curieux tombeaux gisent dans ces solitudes déso-
lées depuis bien des
siècles, n'ont attiré l'attention que
depuis fort peu de temps. Souvenirs d'une antique civilisa-
tion depuis longtemps disparue, ils étaient devenus l'abri des
bêtes féroces des siècles, avant qu'on les ait jugés dignes
d'une exploration scientifique, et ce n'est que tout récem-
ment qu'un « Journal » donnait une description enthousiaste
de ces ancêtres archaïques d'Herculannum et de Pompéi.
On trouve dans les environs beaucoup de vestiges hin-
dous, consistant principalement en grottes profondes et en

temples taillés dans le roc. Un grand nombre de ces sanc-


tuaires sont entourés d'un mur circulaire souvent orné de
statues et de colonnes. L'image de l'éléphant y est très
commune, placée devant ou en dehors de l'entrée du tem-
ple, comme une sentinelle. Des centaines et des milliers
cle niches sont admirablement taillées à même dans le roc,
et lorsque ces lieux sacrés étaient remplis de fidèles, chaque
niche avait sa statue, dans le style fleuri des sculptures
orientales. Il est triste de constater que presque toutes les
statues que l'on y voit encore ont été honteusement défi-
gurées et mutilées. On a prétendu que les Hindous ne s'in-
clinent pas devant une image imparfaite, et que les Musul-
mans, sachant cela, ont volontairement mutilé toutes ces

images, afin d'empêcher les Hindous de les adorer. Les Hin-


clous considèrent ce procédé comme sacrilège et impie et
réveille en eux la haine la plus ardente qu'ils héritent de
leurs pères et que les siècles n'ont pas encore réussi à effa-
cer.
« On voit aussi ici les restes de villes ensevelies, ruines

mélancoliques, sans un seul habitant. Dans les grands pa-


lais où la royauté autrefois tenait sa cour et donnait ses
fêtes, habitent maintenant les bêtes féroces. La voie du che-
min de fer a en maints endroits été construite à travers ces
ruines, et leurs matériaux ont servi aux remblais de la
route ferrée. Des blocs énormes de pierre sont restés en
place depuis des milliers d'années et y seront probablement
encore pendant des siècles à venir. Ces temples, taillés dans
le roc, et ces statues mutilées prouvent une habileté de

vo[..n
82 IStS DÉVO!LÉE

main-d'œuvre et un talent que les Hindous d'aujourd'hui


ne (1). Il est évident a siè-
peuvent égaler qu'il y quelques
cles ces collines étaient animées par la d'une mul-
présence
titude de udèles, se pressaient là où aujourd'hui
qui règne
la désolation, sans culture et sans habitants, domaine ex-

clusif des bêtes féroces.

« Ce sont aujourd'hui des terrains comme


fortgiboyeux~et

1. Un écrivain, en parlant de la majesté des monuments archaïques


hindous, et du travail
exquis de leurs sculptures, s'est servi d'une expres-
sion fort heureuse < Ils construisent, dit-il, comme des géants et finis-
sent comme des orfèvres.
Après avoir blâmé avec raison te gouvernement local, qui a fourni
tout simplement un bungalow où le voyageur trouve un abri, mais rien
de plus, il raconte dans le passage suivant les merveilles que l'on peut
voir dans cet endroit retire.
e Dans une gorge profonde tout en haut dans la montagne se trouve un
groupe de temples souterrains, qui sont les plus cavernes
curieuses les
qu'il y ait sur la terre. On ne sait pas encore aujourd'hui combien de ces
cavernes existent dans les profondes vallées de ces montagnes mais on
en a exploré, mesuré et, dans une certaine mesure, déblayé et nettoyé
vingt-sept. Il y en a, sans doute, beaucoup d'autres. Il serait difficile de
se faire une idée du travail infatigable qu'il a fallu pour creuser ces ca-
vernes dans le solide roc amygdaioïde. On assure qu'à l'origine elles
étaient toutes consacrées au culte du Bouddha qu'elles et étaient desti-
nées aux pratiques de la religion et d'ascétisme. On les considère comme
des œuvres d'art de haute valeur. Elles s'étendent à plus de cinq cents
pieds dans l'intérieur d'une falaise élevée, et les parois en sont sculptées
de la façon la plus curieuse, faisant honneur au talent, au bon goût et à
la persévérance des sculpteurs hindous.
Ces temples souterrains sont aussi admirablement ornés de sculptu-
res à l'extérieur mais intérieurement le travail est plus fini, plus soi-
gné, et décoré avec une profusion de
peintures et de sculptures. Ces
sanctuaires longtemps désertés ont soufTertde
t'humidité et de l'abandon
et les peintures et les fresques ne sont
ce qu'elles plus étaient il y a
quelques centaines d'années, mais les couleurs sont encore vives et écla-
tantes. et les scènes représentée: gaies et animées, se distinguent par-
faitement sur les murs. On croit que quelques-unes des figures sculptées
sur les murs représentent un cortège nuptial, et d'autres scènes de la vie
domestique de nature joyeuse. Les femmes sont belles, délicates et blon-
des comme les Européennes. Toutes ces reproductions sont éminemment
artistiques, et l'on n'y voit nulle part les grossières obscénités si com-
munes dans les oeuvres Brahmaniques du même gerre.
< Ces cavernes ont été visitées par un grand nombre d'antiquaires, qo~ ¡
ont cherché à déchiffrer les hiéroglyphes inscrits sur les murailles, et de
déterminer l'~ge exact de ces étranges temples.
< Les ruines de l'ancienne cité d'Aurengabad n'en sont pas très éloi-
gnées. C'était une ville fortiiïée de grand renom, mais elle est maintenant
entièrement déserte. Xon seulement ses muraitles sont écroulées mais
ses palais le sont aussi. Les constructions étaient pourtant d'une solidité
extrême et les murs paraissaient aussi solides que les éternelles collines.
Isis DÉVOILÉE 83

les Anglais sont de fervents chasseurs, ils préfèrent sans


doute laisser ces montagnes et ces ruines dans leur état ac-
tuel sans y rien changer. »
Nous espérons qu'ils y réussiront. Assez d'actes de van-
dalisme ont été commis au début, pour nous permettre
d'espérer qu'à notre époque d exploration et de science,
l'archéologie et la philologie ne seront pas privées de ces
souvenirs inappréciables du passé, écrits sur d'impérissa-
bles tablettes de pierre et de granit.
Mettons maintenant devant nos lecteurs quelques frag-
ments de cette doctrine mystérieuse de la réincarnation, si
distincte de
la métempsychose, que nous tenons d'une au-
torité en la matière. La réincarnation, c'est-à-dire, l'applica-
tion du même individu, ou plutôt de sa monade astrale (car
Fesprit individualisé y reparaît des milliers de fois) deux
fois sur la même planète n'est point de règle dans la na-
ture c'est une exception, comme le phénomène tératolo-

gique d un enfant à deux têtes. Elle est précédée d'une vio-


lation des lois de l'harmonie de la nature, et elle n'arrive

que lorsque celle-ci, cherchant à rétablir son équilibre rompu,


rejette violemment dans la vie terrestre la monade astrale,
~ui a été lancée hors du cercle de nécessité, par un crime
(l'avortement) ou un accident. Ainsi, dans le premier cas,
dans ceux d'enfants morts avant un cen-n âge. et dans
ceux d'idiotisme constitutionnel et incurable, le dessein ori-
ginaire de la nature de produire un être humain parfait a
été interrompu. C'est pourquoi tandis que la matière gros-
sière de chacune de ces diverses entités se désagrège dans
la mort, et se perd dans le vaste domaine des êtres, l'esprit
immortel et la monade astrale de l'individu, cette dernière
mise en réserve pour animer un autre corps, et l'esprit pour
projeter sa divine lumière sur l'organisation corporelle, de-
vront essayer une seconde fois de réaliser le but de ~'intel-
hgence créatrice.
Si la raison développée a été au point d'être devenue
active et pleine de discernement, il n'y a pas de réincarna-
tion sur cette terre de l'âme astrale ou le cinquième principe
car les trois parties principales de l'homme septenaire se
sont réunies et il peut dès lors parcourir sa carrière dan~
des personnalités subséquentes. Mais lorsque le nouvel être
Si tsts n~von.H'ï

n'a pas dépassa la condition de Manas, i âme Itumaine et


intelligente ou bien lors(pu\ comme dans !e casd~un idiot.
ta trinité n'a pas été complétée, l'étincelle immortelle qui
l'illumine doit rentrer dans !a sphère terrestre, dans les
mêmes véhicules (l'Ame divine et fume humaine) parce
qu'elle a échoue dans sa première tentative. S'il en était
autrement, les âmes mortelle ou astrale. et immortelle ou
divine ne pourraient pas progresser a l'unisson, et s'élever
a une sphère supérieure. 1/esprit suit une li~ne parallèle
celle de la matière: et 1 évolution spirituelle s'opère conjoin-
tement et simultanément avec 1 évolution physique. Ce
n est pas la faute de l'enfant s'il meurt avant l'évolution de

son principe respcnsab!e. t'indique Comme


l'exemple cite
par !e professeur Le Conte (chap. IX), « il n'v a pas de force
dans la nature qui puisse élever d'un seu! coun l'esprit on
la matière (car !a ré~le s'appli<{ue a révolution spirituel'
aussi bien qu'a !a physique'.du numéro au numéro 3 on
du numéro an numéro t. sans s'arrêter, et recevoir un sur-
croît de force <! une nature différente </<7/?s .?/ //?/
/7!~c/ ». Ce)a revient a dire que la monade a été
qui
emprisonnée dans un être élémentaire la forme astrate
rudimentaire !a plus inférieure de l'homme futur, après
avoir passe par la forme physique /</ p/ ~f'rf d'un ani-
mal muet. comme oran~-outan~ ou i Oephant. les ani-
maux les plus intelligents, par ~xernpie. cette monade.
dis-je, ne peut franchir d'un hond la snhere physique et
intellectuelle de 1 homme terrestre, et être immédiatement
introduite dans la sphère spirituelle snnerieure. Quelle
récompense ou quel châtiment pourrait-il y .tvoir. dans ce
domaines des entités humaines désincarnées, pour un foetus
ou un embryon humain qui n'a pas même eu le temps de
respirer sur la terre, et encore moins d exercer les facultés
divines de l'esprit? Ou bien, quel traitement pourrait-on y
réserver a un entant irresponsable, dont la monade insen-
sible est restée dormante dans l'enveloppe astrale et physi-
que. a un de~ré tel. qu elle ne aurait pas même d<'
empêché
périr dans les flammes comme s'il s agissait d'une autre per-
sonne. Ou bien encore quelle ser.t 1 < destinée d'un idiot
de naissance, dont le nombre de circonvolutions cérébrales
n'est galère qu'. de ir. nte pour cent de celui des personnes
)StM t)ÉVO)H';R Sj

saines d'esprit, et qui, par conséquent., n'est pas responsable


de ses ~oûts. de ses actes, et des imperfections de son intel-

ligence a demi développée et vagabonde?


Il semble inutile de dire que. fut-elle même hypothétique,
cette théorie n'est pas plus ridicule que tant d'autres con-
sidérées comme strictement orthodoxes. N'oublions pas que,
~oit par suite de ineptie des spécialistes, soit pour toute
autre raison, la physiologie elle-même est la moins avancée
ou la moins comprise des sciences,
et que quelques médecins
Français, d'accord avec le D" Fournier, désespèrent de

jamais pouvoir aller au delà du domaine de hypothèse pure


et simple.
De plus. !a même doctrine occulte reconnut une autre
possibilité mais ~i rare et si
va~ue. que réellement ce n'est

pas la peine d'en faire mention. Même !es occultistes occi-


dentaux modernes la nient, quoiqu'elle soit universellement

acceptée en Orient. Lorsque.par suite de ses


vices, de se~
crimes et de ses passions animales, un esprit desincarne
tombe dans lahuihènn-sphère.– le Madès allégorique. la
~7('A< de la Bible. )a spttèf-e la plus voisine de notre
t'-rre, i! peut, avec te concours de )a lueur de raison et
<)' conscience qui lui est restée, se repentir c'est-à-dire, il
peu! en exerçant reste -le sa puissance de volonté, s'ef-
forcer de s'élever. <-t. comme l'homme qui se noie, remon-
ter encore une fois t.t surface. Dans !es /~r~r<)/)A/7o-

'/)/<s < /7!<v~~ de PseHus nous en tr(*uvons un

qui dit comme avertissement a l'humanité:


« \e regarde pas en bas, car au-dessous de la terre il
existe un précipice qui attire ~</r /c ~.<:r<?/<' </<' .S/7"
~'f'yr< sous lesquels est le trône de !a destinée inévita-
ble (t).
Une ardente aspiration pour s'afTranchir de ses maux. un
désir énergique le ramèneront une fois de plus dans l'at-

mosphère de la terre. Il y errera et souffrira plus ou moins


dans une douloureuse solitude. Ses instincts le pousseront
a rechercher avidement le contact des êtres vivants. Ces
esprits sont les vampires magnétiques invisibles mais trop
tangibles les démons ~6/~r/ si bien connus des exta-

1. PseII':s. 6 Pied, 2: Cory. C~a/d~n ~ic~x.


se tStS n~VOLÉE

tiques du moyen a~e, nonnes ou moines, des sorcières ren-


dues célèbres par le H7/r/f /cr et, suivant leurs
propres aveux de clairvoyants sensitifs. Ce sont les démons
de san~ de Porphyre, les /r//v<"< et les /<V7~<< des anciens
!es diaboliques instruments qui ont envoyé tant d'infortu-
nées et faibles victimes a la roue et au bûcher. Ori~enc af-
firme que tous tes démons, d"nt étaient pos~des les demo

niaqucs, mentionnes dans le .Vo~f'r~ 7"<7!<'n/, étaient


des « esprits » A~~<?.<. C'est parce que Moïse savait si
bien ce qu'ils étalent, et combien terribles tes conséquences
pour tes personnes faibles soumises a leur inftuence qu'i!
avait édicté cette loi cruelie et sanguinaire contre !es pré-
tendues « sorcières » mais Jésus, plein de justice et d'a-
mour divin pour l'human' les ~«/ au lieu de tes
/~rc ~~r/r. Plus tard. notre c!er~ prrtcn(!ant être les
modèles des principes c))n'tiens. suivit !a loi de ~îoïse. et
méconnut sans scrupules la loi d~ C''tui <{u'i! nomme <~ le
Dieu Vivant ». en faisant brûler de-, dou/aines de miniers
de ces prétendues « soroeres ».
Sorcière Nom puissant et terrible, qui assurait dans h'
passe, a ccHes ;'( qui on !e donnait, une mort ignominieuse
et qui na
qu'ar're prononce aujo~rdhui. pour provoquer
une explosion <!t- ridicule, une ava];<nrh~ de sarcasmes
Comment se fait-il qu'il v ait to:ours eu des hommes d'in-
telu~cn~e et de savoir, qui n'ont pas ju~ contraire a leur
réputation de savants ou a 1-~ur di.ite d'affirmer !a possi-
bilité de l'existence d'~s ~oreirres » dan~ la véritable ac-
< eption du mot. Un de ces intrcpides champions cle la Sor-
cellerie était M~nry Mor'Ie savant prot'*ss~nr-du collège de
Cambridge, au xvir si'c!e. Cela vaut !a peine d'examiner
I'habi!et< avec
Iarm<'U'' il ''nvi~.T~e;)!t !a question.
Il par.ot que. ver~ l'année ~}7S. un certain ecclésiastique
nomme John Webstcr écrivit un livre intitule <?r/<y7!.<
~f~r/ /n~r~rc~on.< o/ .Scr//)~i/'c. contre 1 existence des
sorcières et autres superstitions. Jugeant Cft ouvrage fai-
ble et ma! a propos, le D~ More en fit la critique dans une
lettre adressée a G!anvit. auteur du .S~s~~ yr/o/Tï-
/?/<! et, en ~uise d appendice, il y joignit un traité sur
la sorcellerie avec des explications sur le mot « sorcier
lui-même. Ce document est fort rare. mais nous le possc-
ISIS D):VO)LER 87

dons, en fragments, dans un vieux manuscrit, et nous ne


l'avons vu mentionner ailleurs que dans un ouvrage insi-
~niHant sur les .4/~)ar/o~ publie en 18~0, car il paraît
(juele document lui-même est épuisé depuis fort longtemps.
Les termes /rA
(sorcière) d'après et M'rc~
(magicien)
te Dr More ne signiiient rien de plus qu'un homme ou une
femme savants. On s'en rend compte a première vue avec
le mot M~;<yr~ (magicien), c'est la déduction ta plus sim-
ple et la moins laborieuse du terme f/< (sorcière), qui
<-st dérive de (esprit) dont !e ({ualiHcati~ serait

~'u~c~, qui se contracte par l'usage en ~c/dcméme


que le substantif w// est dérivé du verbe lu M~'c~, savoir.
De sorte <}u'une /t'A (sorcière) n'est, en somme, rien de
plus quune femme savante; ce qui correspond parfaite-
ment au mot latin .'<<<ï, suivant l'expression de Festus,
s~~ (//<r anus <y~r ~tM/ .'{r/~n/.
Cette defmition du mot nous sembL' d autant plus plau-
sible, qu'elle correspond parfaitement
avec la sI~niHcatiott
<s termes russo-slaves pour les surcicres et les ma~tcie~ns.
On appelle celles-là /t~ et ceux-ci vvedmak, ces deux
<<'rmes étant dérives du
verbe savoir, r(~/<7/ ou r//<< 1-
f'.tcine, elle-nm'-me, ~~en~ sans aucun doute du sanscrit.
« \'eda ». dit Max Mùller, dans sa Z.6'r/A'< ~/ï rf6f<
~i~niHe .s'< ou <7/<< <'<Ia est le même mo!

qui. en ~rec. est ~z; je sais (omission faite dudi~amme


7') en anglais c est /<L', sa~e, K's~ sa~csse~ /o M'
savoir (1 D. plus, le ternie sanscrit r~ correspond a
aUemand u;s.~< nous savons. Il est fort regretta-
ble que l'emincnt philologue, tout en avant donne les ra-
cines comparées de ce mot en sanscrit, ~-rec. gothique, an-
-:Io-saxon et allemand, ait né~li~e de mentionner le slave.
LJne autre désignation russe pour s~rr/<'T(' et
~Tr<7,
est xnàhar et znahàrka féminin' celui que nous donnons
Ct-dessus étant slave;
purement ces dérivés du termes sont
même verbe ~/?~ Par conséquent
savoir. la définition don-
née par le D' ~ore en 167S est parfaitement correcte, et
correspond point pour point avec la philologie moderne.
< dit-il, a incontestablement le nom
L'usage, approprié

1. Voyez Lecture on the eJa~.


s., t3!S DÉVOILÉE

a la chose, et dans ce cas il s'applique a ce genre de con-


naissance et de savoir qui sort des routes battues. Et ce~/c

n'n/)/H~t/ ~rMnc Plus


idée tard
de cf<
y~r~ru/rïr/~
on y mit une autre restriction, ce qui fait qu'aujourd'hui
on donne aux termes ~7r/! sorcière, et K~J6f~. magicien,
cette unique interprétation et qu'on l'emploie pour désigner
ceux qui font ou disent les choses d'une manière extraor-
dinaire par suite de leur association ou d'un pacte exprès
ou supposé avec les < mauvais esprits ». Dans la clause de
la loi si sévère de Moïse, il est donné tant de noms divers

pour désigner une ff'~rA (ou sorcière), qu'il serait aussi


difficile qu'inutile d'en donner !a définition, telle qu'on I;'
trouve dans le remarquable traité du D' More. <: On n<'
a
devra point trouver parmi vous des gens qui se livrent
la divination, qui observent les astres, ni enchanteur, ni soi-
cier,ni charmeur, ni homme consultant les esprits familiers.
ni nécromanciers dit le texte Mosaïque. Xous ferons voir

plus loin le Lut réel de cette sévérité. Pour le moment,


nous nous contenterons do constater que le D" More, après
avoir donné une très docte définition (K- chacune de ces de-
nominations, et fait ressortir leur
signincation réelle du

temps de Moïse, prouva qu'il y a une très grande différence


entre les charmeurs, les gens qui consultent les astres, et
les sorciers.
Cette loi prohibitive de Moïse donne tant de termes pour ce
délit, a seule fin. comme c'est le cas pour notre propre code de
lois, de rendre le sens
plus clair, donna et ne lieu a aucune

équivoque. Ce nom de ~rA (sorcière) ne doit pas s'ap-


pliquer aux escamoteurs et ceux qui font des tours sur la

place publique, mais il doit être réservé a ceux qui évo-

quent des spectres par la magie afin de tromper les hommes,


ceux-là sont bien les sorciers, hommes et femmes possédés
d'un ~<ïM~a/s <<)/ « Tu ne souffriras point que vive
~2 ~o'~e/')A<ï~ c'est-à-dire une sorcière. Cette loi se-
rait d'une sévérité extrême voire mémo cruelle, envers les
pauvres diables de prestidigitateurs, qui exécutent des tours
de passe-passe. »
Ainsi ce ne sont que ceux de la sixième classe, ceux qui
consultent les esprits familiers ou sorciers qui s'exposent
aux pires peines de la loi de Moïse, car seuls les sor~cr~
tStS DÉVOtLEE 8'J

devaient être mis </ /no/ tandis que tous les autres ne sont
mentionnés qu'ann que les enfants n'eussent d Israël aucune
communication avec eux, a cause, principalement, de leur
idolâtrie ou plutôt de leurs convictions religieuses. Cette
sixième catégorie est le ~'K~, oAoc/ aub, qu'on traduit
par « celui qui consulte les esprits familiers mais le sep-
tuaginte le traduit
E-~x?- par qui a un esprit celui
familier en lui, celui qui est possède de l'esprit de divina-
tion, que les Grecs nommaient Python, et les Hébreux oM,
1 ancien serpent sa signification ésotérique est l'esprit de
concupiscence et de !a ~!<ï/~rf ce qui, suivantlescabalistes,
est, toujours un esprit étémental humain de la huitième
sphère.
« Je crois, Henry dit ~orc, <{ue .SAoc/ o6/! doit se dire
de la sorcière qui demande conseil a son esprit familier. La
raison du terme < vient de ce que l'esprit était dans le

corps de la personne, et 1 ennait au point d y créer une pro-


tubérance. la voix paraissant toujours sortir d une bou-
teiHe, raison pour laquelle on leur donnait je nom de f~

/o</M~. M signifie la même chose que /0, qui reçut


~on nom de /f. esprit oui dit les choses cachées,
ou qui prédit l'avenir. Dans les
.}/r~.s, .-}r/s-
XVI,
K), 'jj.x ~j:<.)- Ior-~({ue saint Paul en étant fatigué se re-
tourna et dit a 1 esprit: < Je te commande, au nom de Jésus.
de sortir de cette fille » et il sortit à 1 heure même. Par

conséquent les mots o~s<~<~ et /)o.S(~p.s sont synonymes


du mot ~7r/ sorcière; car cet esprit de Python de la hui-
tième sphère n'aurait pas pu sortir d'elle, s'i! n'avait été un

esprit distinct d'elle-même. C est ainsi que nous lisons dans


ic Levitikon, XX, ~7 « Si un homme ou une femme évo-

que les esprits ou se livre a la divination (un ~cfo~nz ir-

responsable) ils seront punis de /7!or~ on les lapidera /fM/'


r~o~ï~cr~ s~r ~.r.
Loi cruelle et injuste assurément, qui contredit d'une façon
formelle l'assertion récente faite par les esprits, par l'entre-
mise d'un des médiums les mieux /)/rcs de l'époque, que
les recherches philologiques démontrent que la loi de Moïse
n'a jamais voulu faire périr les pauvres médiums ou les
sorciers de /\4 ne/en Testament, mais les mots:<( vous
que
ne souffrirez pas sorcière vive au milieu de vous
qu'une
90 ISIS DÉVOILÉK

l'on ne devait pas souffrir vécut de


signifiaient que qu'elle
sa médiumnité. en fît un de sa vie.
qu'elle moyen ~a~ner
Cette n'est pas moins ingénieuse nou-
interprétation que
velle. Sans cette inspiration, nous n'aurions, certes, pas at-

teint une si grande profondeur (1).


philologique
« Fermez la au nez du démon », dit la Ca~M/c, et
porte
il s'enfuira loin de vous comme si vous le ce
poursuiviez,

qui veut dire ne doit pas donner aux esprits ob-


qu'on prise
sesscurs en les attirant dans une de de
atmosphère péché
même nature.

Ces démons cherchent a s'introduire dans le des


corps

simples d'esprit et des idiots, et ils y restent jusqu'à ce qu'ils


en soient chassés par une volonté puissante et /f. Jésus.

Apollonius et des avalent, le


quelques-uns ap~ircs pouvoir
de chasser les démons en au t/cr/s
purifiant latmosphcre
et au dehors du et de forcer, ce moyen, l'huit.'
patient, par
incommode à se retirer. Certains sels volatils leur sont par-
ticulièrement désagréables, et l'efTct de certaines substances

chimiques versées dans une soucoupe placée sous son lit par
M. Varley de Londres (~), dans le but de tenir à distance

Afin d'éviter d'être contredit par les spirites. nous donnons textuel-
lement cette version, c.~mme un spécimen du peu Je f~i qu'il faat ajouter
à certains oracles formules de la sorte par les esprits. Qu'i!-< soient hu-
mains ou élémentals, tes esprits capables de pareilles impertinences ne
doivent être considérés par les occultistes comme rien moûts que des
guides sûrs en phi'osophie. en sciences exacte' ou en morale. < Rappe-
lons-nous. dit M"* Cora V. Tappan dnns un discours public sur t'His-
toire de l'Occultisme et ses relations avec le Spiritisme, qu'; l'ancien mot
sorceUeria ou l'exercice de cet. art était interdit chez tes Hébreux. La
traduction dit que t'~n ne doit pas permettre aux sorciers de vivre. Cette
interprétation que a cru !'on a ctc
devoir faire littéral cnuse de ce que
nos très pieux et très dévots ancêtres ont mis à mort, sans preuves suf-
fisantes, une infinité de personnes très intelligentes, sa~'s et sincères,
sous l'inculpation de snrc~)!eric. Or il est maintenant prouvé quc l'inter-
prétation ou la traduction de ce texte doit être qu'il ne faut permettre à
aucune sorcière de faire de la pratique de leur art un moyen d'existence,
c'est à-dire d en faire une profession. Xous serait-il permis maintenant
de demander à l'éloquent orateur par qui e~ sur ~ee~e .!n<or<<<' une pa-
reille chose a-t-elle été procrée?
2. M. Cromwell F. Var!ey,Ietectricien bien connu de la Compagnie du
Câble Transatlantique, communique le résultat de ses observations au
cours d'une discussion à la Société psychologique de Londres rapportée
dans IeSp'rt~na~M< de Londres du 14 avril 1876. 11 pense que l'effet de
l'acide nitrique libre dans l'atmosphère était d'éloigner ce qu'il nomme les
< esprits déplaisants H croit que ceux qui sont inquiétés chez eux par
les esprits de cette nature, se trouverout bien de verser dans une sou-
!S!S DÉVOILÉE 91

quelques phénomènes physiques désagréables, confirme cette

grande vérité. Les esprits humains purs ou simplement inof-


fensifs ne redoutent rien, car s'étant débarrassés de la ma-
tière terrestre, les composés matériels ne les affectent pas
de tels esprits sont comme un ~o~/y/e. Mais ce n'est pas le
cas pour les âmes attachées a la terre et des esprits de la
nature.
Est-ce pour ces /a/6\'? charnelles, terrestres, esprits hu-
mains dépravés, que les anciens cabalistes nourrissaient l'es-

poir de la réincarnat ion. Mais alors où et comment ? A


l'heure convenable, aidés par un sincère désir d'amende-
ment et de repentir, inspiré par une personne puissante et

sympathique, ou par 1~ volonté d'un adepte, ou même tout

simplement par un désir de l'esprit fautif lui-même, il peut


atteindre ce résultat,pourvu que ce désir soit, chez lui, assez
énergique pour lui faire secouer le joug de la matière péche-
resse. Perdant alors toute conscience, la monade, jadis bril-
lante, est reprise par le tourbillon de notre évolution ter-
restre, et elle traverse de nouveaux règnes inférieurs, pour
respirer une fois de plus dans le corps d un enfant.
Il serait impossible de fixer le temps nécessaire pour ac-

complir ce processus. Du moment que la notion du temps


n'existe pas pour l'éternité, ce serait une perte de temps que
d'essayer d'en faire le calcul.
Ainsi que nous l'avons dit. fort peu de cabalistes croient
a cette doctrine enseignée a l'origine par certains astrolo-

gues. En recherchant les horoscopes de certains personnages


historiques renommés pour quelques dispositions spéciales,
ils trouvèrent que la conjonction des planètes correspondait
parfaitement avec les oracles et les prophéties notables, au
sujet de personnes nées plusieurs siècles plus tard L'obser-
vation est ce que l'on pourrait nommer de « singulières
coïncidences », ajoutées à la révélation obtenue durant le
« sommeil sacré » du néophyte, firent découvrir la redouta-

coupe une once de vitriol sur deux onces de sel de nitre pulvérisé et de
placer ce mélange sous leur lit. Voilà un savant dont la réputation est
bien connue dans les deux continents, qui donne une recette pour éloi-
gner les mauvais esprits. Et pourtant le public en généra! se moque, comme
d'une superstition, des herbes et aromates employés par ies Hindous, les
Chinois, les Africains et autres races pour arriver au même résultat.
92 tStS DÉVOtLËE
ble vérité. La pensée en est si horrible que même ceux qui
auraient dû être convaincus, préfèrent l'ignorer, ou tout au
moins ils évitent soigneusement d'aborder ce sujet.
Cette façon d'obtenir des oracles était pratiquée dès la

plus haute antiquité. Dans l'Inde, cette sublime léthargie est

appelée « le sommeil sacré de* C'est un état d oubli dans

lequel le sujet est plongé par certains procédés magiques,


secondés par le breuvage du suc du soma. Le corps du dor-
meur reste pendant plusieurs jours dans un état pareil a la

mort, et, par la puissance de 1 adepte, il est purifié de ses


souillures terrestres il est ainsi préparé pour devenir le ré-

ceptacle temporain de la splendeur de l'Augoeidcs immortel.


Dans cet état, le corps engourdi reflète la gloire des sphères
supérieures, comme un miroir bruni reflète les rayons du
soleil. Le dormeur n'a pas conscience du temps qui s'écoule,
et, a son réveil, après quatre ou cinq jours de transe, il
s'imagine n'avoir dormi que quelques instants. Ce que ses
lèvres ontproféré, il ne le saura jamais mais comme c'est
l'esprit qui les mue, elles n'ont pu prononcer que des véri-
tés divines. Pendant un laps de temps cette pauvreté im-
puissante, enveloppe charnelle, sera devenue le sanctuaire
de la présence divine, et il est transformé en oracle mille fois
plus infaillible que les pythonisses de Delphes son sommeil
sacré, qui n'est pas comparable à l'espèce de folie que celles-
ci exhibaient en présence de la foule, n'a pour témoins, dans
l'enceinte du sanctuaire, que quelques adeptes, dignes eux-
m~mes de se tenir en présence de l'Aco~At.
La description que fait Esaïe dela purification nécessaire
pour qu'un prophète devienne digne d être le porte-voix du
ciel, s'applique parfaitement au cas qui nous occupe. Il dit
en employant la métaphore qui lui est si familière « Mais
l'un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre
ardente qu'il avait prise sur l'autel avec des pincettes. Il en
toucha ma bouche et dit Ceci a touché tes lèvres ton ini-
quité est enlevée et ton péché est expié » (Esaïe VI, 6, 7).
L'invocation de son propre Augoeïdes, par l'adepte puri-
fié, est traduite en termes d'une beauté sans égale par Bul-
vver Lytton dans ~ï/ïo~ et il nous y donne à entendre que
le moindre élan de passion mortelle rend l'hiérophante in-
digne de la communion avec son âme sans tâche. Non seu-
ISIS DÉVOILÉE 93

lement il y en a peu qui puissent accomplir cette cérémo-


nie avec succès, mais encore ces rares individus n'y ont
recours que pour l'instruction d'un néophyte et pour obtenir
une connaissance de
la plus haute importance.
le public en général
Cependant, n'apprécie pas à sa juste
valeur la science précieusement gardée ces hiérophan-
par
tes 1 « Il existe une autre collection d'écrits et de traditions
sous le titre de Cabale, attribués à des savants orientaux »,
dit l'auteur de .4r/o~c mais, comme cet ouvrage re-
marquable, n'a peu
point ou de valeur sans la clé, qui ne.
peut êlre o~M~ <yM~ dans les con fréries de /'0/ sa
transcription ne serait d'aucune valeur or- pour le lecteur
dinaire ( i). Tout cela a été tourné en ridicule par les voya-
geurs de commerce qui parcourent l'Inde à la recherche
de clients, et qui écrivent dans le 7~/7!<?.<!leurs récits de vova-
ges; d'autres prétendent faire croire aux foules ébahies que
Inurs tours de prestidigitation sont les véritables exploits
des magiciens orient aux
Malgré la mauvaise foi dont fit preuve dans l'affaire d'Al-
ler Robert Houdin, une autorité dans l'art de la prestidi-
gitation, ainsi que Moreau Cinti ils ont loyalement témoigné
en faveur des médiums Français. Ils ont attesté tous deux,
lorsqu'ils furent interrogés par les Académiciens, que seuls
des « médiums pouvaient produire les phénomènes de
coups frappés dans les tables, et de lévitation sans prépara-
tifs, ou que les meubles fussent truqués en conséquence. Ils
reconnurent également que les « lévitations sans contact »
étaient des faits tout a fait en dehors du pouvoir des jon-
gleurs de /)ro/c;ss~ que pour eux, la lévitation était tout
a fait impossible a moins d'être présentée dans une cham-
bre pourvue de machinerie secrète et de miroirs concaves.
Ils ajoutèrent que la simple apparition d'une main diaphane
dans un endroit où il serait impossible de se faire aider par
des compères, le médium ayant été préalablement fouillé,
constituerait la preuve que cette apparition serait l'œuvre
d'une agence étrangère à l'homme quelle que cette agence
puisse être en réalité. Le Siècle et deux autres journaux
de Paris s empressèrent de publier leurs soupçons que ces

t..ir<-J/.iy<c. p. 9~.
04 ISIS DÉVOÏLÉE

deux habiles professionnels étaient devenus les alliés des

spirites.
Le professeur Pepper, directeur de l'Institut Polytechni-
que de Londres, a inventé un ingénieux appareil pour pro-
duire sur la scène les apparitions spirites, et il vendit son
brevet en d86~ à Paris, moyennant une somme de ~.OOOfr.
Les fantômes paraissaient réels et puis s'évanouissaient, mais
ils n'étaient que des effets d'optique produits par la réflexion
d'un objet très éclairé sur la surface polie d'une plaque de
verre. Ils
apparaissaient et disparaissaient, se promenaient
sur la scène, et jouaient leur rôle a la perfection. Quelque-
fois, un des fantômes se plaçait sur un banc après cela un
des acteurs vivants commençait à se quereller avec lui, et,
saisissant une lourde hache, partageait d'un coup en deux
la tête et le corps du fantôme. Mais les deux parties se re-

joignaient aussitôt, et le spectre reparaissait intactquelques


pas plus loin, au grand étonnement du public. L'appareil
fonctionnait merveilleusement, et chaque soir ce spectacle
attirait la foule. Mais naturellement l'exhibition de ces fan-
tômes exigeait des appareils et plus d'un compère. Cela

n'empêcha pas des reporters d'en faire un prétexte pour ri-


diculiser les spirites, comme si les deux genres de phéno-
mènes avaient eu le moindre rapport
Ce que les fantômes de Pepper prétendaient faire, de vé-
ritables esprits humains désincarnés peuvent réellement
l'accomplir lorsque leur réflexion est matérialisée par les
élémentals. Ils se laisseront trouer le corps par des balles
ou des épées, et couper les membres, et reparaîtront aussi-
tôt intacts. Mais il n'en est pas de même des esprits cos-
miques et des esprits élémentaires humains, car une épée
ou un poignard ou la pointe d'une arme quelconque, fût-ce
un simple bâton pointu, les fait trembler et fuir terrorisés.
Cela paraîtra peut-être inexplicable a ceux qui ne compren-
nent pas de quelle substance matérieUe sont composés les
esprits élémentaires mais les cabalistes le comprennent
parfaitement. Les souvenirs de l'antiquité et du moyen âge,
pour ne rien dire des merveilles modernes de Cideville, dont
nous avons l'attestation faite devant les tribunaux, confir-
ment ce fait.
Les incrédules et même les spirites sceptiques ont sou-
ISIS DÉVOILÉE 95

vr-nt injustement accusé les médiums de fraude, lorsqu'on


leur refusait, ce qu'ils con sidéraient comme leur droit, d'éprou-
ver les esprits. Mais pour un cas de ce genre, il y en a cin-
où les spirites ont été bernés par des imposteurs, tan-
quante
dis qu'ils négligeaient de constater, comme il convenait, les
manifestations réelles que leurs médiums leur procuraient.
Ignorants des lois de la médiumnité, ils ne savent pas que
lorsque les esprits ont une fois pris possession d'un médium
honnête, qu'ils soient désincarnés ou élémentals, il n'est
son maître. Il ne peut pas diriger les actes des esprits
plus
ni leur commander, pas plus que ses propres actions. Il est
devenu un pantin dont ils tirent les fils à leur gré, depuis
derrière les coulisses. Le faux médium peut simuler la transe
et néanmoins jouer tout le temps, la comédie tandis que,
au contraire, le médium véritable aura l'air d'être dans son
état normal, alors
qu'en réalité son esprit est loin, et son

corps animé par son « guider où l'esprit qui le < contrôle».


Ou bien il est endormi dans le cabinet, tandis que son
astral ou <~o/~e/~a?~er se promène dans la salle, mû
corps
par une intelligence autre que la sienne.
Parmi tous les
phénomènes, celui de la r~ercH.o~, in-
timement lié avec ceux de la bilocation ou ubiquité, et de
la « locomotion » aérienne sont les plus surprenants. Au

moyen âge ils étaient compris sous le chef de sorcellerie. De

Gasparin, dans ses réfutations du caractère merveilleux des

prodiges de Cideville, traite ce sujet tout au long mais ces

explications sont toutes battues en brèche à leur


prétendues
tour par de Mirville et des Mousseaux, qui, tout en essayant
de prouver l'intervention du diable dans ces phénomènes,
démontrent néanmoins leur origine spirituelle.
« Le de la répercussion dit des Mousseaux, se
prodige
produit coup sur l'esprit, non, visible ou
lorsqu'un frappé
d'une personne uzt'<zn~ et absente, ou sur un fantôme qui la
représente, frappe cette personne au même moment, et à la

p!acp exacte où le spectre ou son image ont été touchés 1


Nous supposons donc que le coup est répercuté, et qu'il
atteint par contre-coup de l'image de la personne vivante
son double fantôme (1) l'original en chair et en os où que
ce soit qu'il se trouve.
1. Ce fantôme est appelé Sc:~ Z.eec.Y. Voyez < une histoire étrange de
Buiwer Lytton.
96 ISIS DÉVOtLÉE

« Ainsi, par exemple, un individu se présente devant moi

et, visible ou non, il me déclare la guerre, me menace et


fait que je suis sous le coup d'une obsession. Je frappe à
l'endroit où j'aperçois son fantôme, où je l'entends remuer,
où je sens quelqu'un ou quelque chose qui m'agace et me
résiste. Je frappe; le sang quelquefois se montre à cet en-
droit, et parfois un cri se fait entendre il est blessé, peut-
être mort! C'est fait je l'ai
et expliqué (i).
« Et cependant, au moment où je le frappais, sa présence
dans un autre endroit est
authentiquement démontrée.
J'ai vu, oui, j'ai vu clairement le fantôme atteint sur la
joue ou à l'épaule, et cette même blessure se retrouve pré-
cisément sur le corps de
personne la vivante, répercutée
sur la joue ou sur l'épaule. Ainsi, il est évident que les faits
de répercussion sont étroitement liés à ceux de duplica-
tion ou d'ubiquité, soitspirituelle soit corporelle.
L'histoire des sorcelleries de Salem, telle que nous la
trouvons consignée dans les oeuvres de Cotton Mather.
Calef, Upham, et autres, fournit une curieuse confirmation
du fait de ce dédoublement de l'ètre, comme elle confirme
aussi les inconvénients de laisser les esprits élémentaires
agir à leur guise. Ce chapitre tragique de l'histoire améri-
caine n'a jamais été écrit
façon d'uneconforme à la vérité.
Quatre ou cinq jeunes filles avaient~ développée lamédium-
nité en fréquentant une négresse des Antilles qui pratiquait
l'O&e~. Elles commencèrent à souffrir toutes sortes de tor-
tures physiques, telles que des piqûres d'épingles, des coups

1. Dans F édition de ses œuvres publiées à Strasbourg en 1603, Para-


celse écrit au sujet de la merveilleuse puissance magique de l'esprit de
l'homme :< H est possible », dit-il, <: que mon esprit, sans le secours du
corps, par la seule force d'une volonté puissante, et sans avoir besoin
d'une arme, tue ou blesse d'autres personnes. Il est possible aussi de
faire venir l'esprit de mon ennemi dans une image quelconque, de le ter-
rasser et de l'estropier. L'exercice de la volonté est un grand point en
médecine.Chez tous les hommes, l'imagination agit sur le cœur, car il e't
le soleil du microcosme, et du microcosme l'imagination se dirige vers
ie grand univers (l'éther universel). L'imagination de l'homme est um
semence qui est ma<er?'<~e.
~os atomistes modernes l'ont démontré. Voyez Babbage et le profess.
Jevons. c Une idée fixe est aussi un moyen d'atteindre un but. La magie
est la grande sagesse cachée. et la raison est une grande folie
publique.
Aucune armure ne protège contre la magie, car elle atteint in-
l'esprit
time de la vie. s
ISIS DÉVOILÉE H7

et des morsures par tout le corps. Elles déclarèrent qu'elles


avaient été frappées par les spectres de différentes person-
nes, et nous apprenons par la célèbre ~Var/'a//ue of /~M~
/~M~on (publiée à Londres en i704), que < quelques-unes
de ces personnes avouèrent avoir frappé les jeunes filles,
ainsi que ces dernières les en accusaient. Interrogées sur la
façon dont elles avaient
agi, quelques-unes déclarèrent avoir

planté des épingles dans des poupées faites de chiffons, ou


de cire ou d'autres matières. Une d'elles confessa, après que
l'on eut signé sa sentence de mort, qu'elle avait pris l'ha-
bitude de tourmenter ces jeunes filles, en leur prenant les
tuains. et en indiquant par la pensée la partie du corps où
elle désirait qu'elles fussent atteintes, et cela se passait
<ï~z <yu'e//e l'avait voulu » (1).
M. Upham nous apprend qu'Abigail Hobbs, une de ces
filles, reconnut qu'elle avait fait un pacte avec le diable,
« qui s'était introduit chez elle sous la forme d'un homme
et qui lui avait commandé de tourmenter ces jeunes filles,
en lui apportant des images en bois à leur ressemblance, et
des épines pour les planter dans ces statuettes, ce qu'elle
lit; et aussitôt les victimes crièrent, se plaignant d'avoir
été piquées par elle.
Comme ces faits, dont l'exactitude a été démontrée par
des témoignages irrécusables, devant le tribunal, confirment
la doctrine de Paracelse Il est fort étrange qu'un savant
tel que M Upham ait accumulé, dans les 1.000 pages de ses
(leux volumes, une masse pareille de preuves légales démon-
trant jusqu'à l'évidence l'action d'âmes attachées à la terre
et de malins esprits de la nature ayant participé à ces tra-
gédies sans avoir même soupçonné la vérité.
Il y a des siècles, Lucrèce faisait dire au vieil Ennius

< Bis duo sunt hominis, manes, caro, spiritus, umbra


< Quatuor ista loci bis duo suscipiunt
<: Terra tegit carnem tumulum circum volat umbra
< Orcus habet mânes.

!.Sa!e7n Wt<cAera/ ~Wt an accoan~em V<~ye,parC.V.


Upham.
7
VOL.!1
9S t~tS DKVOtLLE

Dans le cas présent, comme dans tous les cas semblables,


les savants, impuissants a expliquer le fait, affirment qu'il
n'a pas pu exister.
Mais nous fournirons maintenant quelques exemples ti-
res de l'histoire, pour montrer que quelques daïmons «u

esprits élémentaires ont peur des épées, des couteaux ou


de tout autre instrument pointu. Xous ne prétendons pas
toutefois en expliquer la raison. C est affaire a la physio-
logie a la psychologie.
et Malheureusement les physiologis-
tes n'ont pas même encore pu éLabiir les relations qui exis-
tent entre la parole et la pensée, et ils en ont laissé le soin
aux métaphysiciens, qui (le leur cote, selon Fournié, n'ont
rien fait. Ils n'ont rien fait, c'est mais cela ne les

pas empêchés d'afHcher des prétentions comme s'ils avaient


résolu le problème. Aucun fait ne paraît trop vaste a ces
savants, pour (lu'ils essaient tout au moins de les classer
dans leurs casiers en les anublant de noms Grecs expri-
mant tout ce que on voudra, excepté la nature véritable
du phénomène.
« Hélas, hélas, mon fils! » s'écrie le sage Muphti d'AIep.
en parlant a son lils Ibrahim qui s'étranghut avec l.< tête
d'un gros poisson qu'il essayait d'valer, « quand donc te
rendras-tu compte que ton estomac est plus petit que l'O-
céan ? Ou comme le remarque M" Catherine Cro\ve.
dans son livre .V~A~ .s/c~ o f .V~/rc, quand est-ce que nos
savants reconnaîtront que « leurs intelligences sont inca-
pables de mesurer les desseins du Tout-Puissant ?
Xous ne demanderons pas quel est 1 écrivain de l'anti-
quité qui mentionne des faits d'un caractère en apparence
aurnalurel mais plutôt quel est celui qui n'en signale pas ?
Dans Homère, nous trouvons Ulysse évoquant l'esprit de
son ami, T:re-ias le devin. En se préparant pour la cérémo-
nie de la « fête de sang Ulysse tire son épée, étira ve et
écarte ainsi les millions de fantômes qu'avait attirés 1~
sacrifice. L'ami lui-même, le tant attendu Tiresias, n'ose
pas approcher, tant qu'Ulysse tient a la main son arme re-
doutable (t). Enée se prépare à descendre dans le royaume

1. O.pc A, 82.
tStSnËVOLEH ~9

des ombres, et aussitôt qu il approche de l'entrée, la si-


bvlle !e guide lui dicte a voix basse les a
qui précautions
prendre, et lui ordonne de tirer son glaive et de se frayer
un passage a travers la foule épaisse <s formes errantes.

y'<7~ue t/t!<ï(/c r/<< t'.«ytn.<Yue c'r/~c /crr~m(t).

Glauvil fait une narration sensationnelle de l'apparition


du< Tambour de Ted\vorth qui eut lieu en 1(~1. Dan'-
cotte apparition, le .~<t/cc<'a,ou le double du tambour-sor-
cier, fut évidemment fort etTrayc a !a vue de 1epée. I~sellus,
dans son ouvrage (~), raconte longuement l'histoire de sa
!)cne-soeur', mise dans un état. efFrovabIe par un daïmon
cicmentaire <}ui s'était empare d'e~e. Elle fut guérie par
un magicien étranger nommé Anaph;dan~is<{ui commença
par menacer l'invisihle habitant de ce corps avec son c/)r<'
/c, jusqu'à ce qu'il l'eût fait déloger. PseHus nous otfre
un catécinsme
complet
de démonologie, dans lequel il s'ex-
prime en ces termes, autant que nous pouvons nous en sou-
<'nir:
« Vous v(;ule/. savoir )>. tli!. i~ magicien, < si les corps
!cs Esprits peuvent ch'e b!esscs par l'cpee ou par toute au-
tre arme '~)? Oui. Hs peuvent 1 ct.)\ T'ute substance dure

:j:'i ie frappe !e:tr caus~ une douceur sensible et quoique


~curs corps ne soient, faits d aucune n~ttière solide et dure,
ressentent sensations,
nc.'nmoins
parce ces
que dans les
ch'es doues de sensibilité, ce ne sont pas seulement les nerfs

'{ui possèdent cette faculté de sentir, mais aussi l'esprit


qui réside en eux. le corps spirituel est sensible dans ~o~
c/c. aussi bien que dans chacune de ses parties. L'es-
prit voit et entend sans le secours d'aucun organisme phy-
sique, et, si on le touche, il sent le contact. Si vous le cou-
pez en deux, il éprouvera la même douleur que ressentirait
un homme vivant, car c'est encore dn la yn~/crc, bien que
sa substance soit tellement rafiinée qu'elle est généralement
invisible a nos yeux. Une chose cependant le distingue de

I. Enéide, livre VI. 2o0.


De Dce~to~, cap. ÇaofKO~oef.T/n. occupant.
3. XumquiJ 't'j~n~num corpora pulsari possurii ? Possurit sane, est que
dolerc solido quidam percusia corpore.
100 tS)S T)HVO!HE

l'homme vivant c'est


qu'une fois que les membres (te ce
dernier sont coupes, !eurs parties ne se peuvent pas aisé-
ment être remises ensemble. Mais coupez un <70/7 en deux,
et les Jeux tronçons se rejoignent immédiatement. De même

que !'eau ou 1 air se referment sur un corps solide, qui a


passe a travers ces éléments (1), sans en tarder la moindre
trace, de même le corps d'un démon se condense de nou-
veau, lorsque l'arme tranchante est retirée d'* !a blessure.
Mais chaque entadie qui lui est faite ne tul occasionne pas
moins de la douleur. t'o//</ /< /cs ~/7!< craignent
!a pointe d'une épce ou d'un Instrument
tr mettant ou ai~u.
Que ceux (iui veulent !es voir fuir en tassent 1 expérience.
Un des plus instruits, parmi les savant~ de son siècle.
Hodin. te demonolo~ue. professe !a m< me opinion il sou-
tient que les élémentaires humain", et cosmiques ont « fort
peur des epees et des
poignards. )> C'était au-.si l'opinion dc
Porphyre, de
JambUque et de Platon. P!uta:'que !e répète
souvent dans ses livres. Les theur~istes pratifpiants !e sa-
vaient et agissaient en conséquence, et un ~rand nombre
d entre eux afferment « que les démons sou't'rent <!e !a moin-
dre blessure faite a leur corps. » HoJin nou-. r.'conte a ce
~ujc-t une curieuse histoire, dans son ouvrage /c.<
(p. ~).
« Je me rappelle l'auteur.dit < ~u'e:i i'a:~ee !7. un
esprit ou démon ëlementa!. de ceux que !'on nomme
/<, tomba ~rt'r /</ /'<)~<c' dans ht m't'-on de Pondot !e
cordonnier, et Immédiatement il se mit .< lam cr des pierres
par toute la chambre. \ous en recucHHmcs une si grande
<~antite.que !a maitres~c de la maison en rempHt un t~rand
< otTre. après avoir soigneusement ferme tes nortes e! tes fe-
netrc's. et le coffre au~si. '\Iais cela n~e!nnech:t pas !e démon
d Introduire d autres pierres dans la pièce, mai-, sans faire du
mal a personne. Latomi. qui était alors/)rc'.</</t' <~ <
//<?r(~ t.vint voir ce qui se passait. Aussitôt après son entrée.
l'esprit fit tomber son chapeau de dessus sa tête et !e mit en
fuite. Ce!a durait depuis plus de six jours. lorsauc M. Jean

t. Cbi sccatur.m~x Ir: se ~erum rccrcatur et cùa!c-c.Jtctu velocm'


<mcni.cus aptritu? in se revert.it.ur.
Un magistrat du d:<r:ct.
!S)sn~vO)[.t':f: K)t 1

Mordues, conseiller de la /s/</<<vint me chercher pour


voir ce mystère. Lorsque j'entrai, quelqu'un sucera au
maître de la maison la pensée de prier Dieu avec ferveur, et
de faire tournoyer une épée dans l'air par toute la cham-
bre. Il le nt
et te lendemain, !a femme du cordonnier nous
apprit ({u a partir de ce moment, on n'avait plus entendu
le moindre bruit dans !a maison, tandis que pendant les sept
jours (pie cc phénomène avait (turc, il leur avait été impos-
sible d'avoir un moment de repos
Les livres ~ur !a sorcellerie du moyen âs~e sont remplis
de récits de ce .~enre. Le très r;)r.' et intéressant ouvrage
de Glauvil. intitulé .S~</<r/< y/7?/)/t<<?,t!ure.avec
celui de Hodin déj.'t cité. pai'tni !es meilleurs. Mais il nous
faut maintenant donner asi!e a certains récits de philcso-
phes plus anciens, qui expliquent en même temps qu ils
racontent.
Au
premier ran: en fa:t de uierveilles, il f.'ut placer
Proclus. Sa n<'mene!:(tu:'e <ie faits, )a plupart desquels sent
appuyés pa:' des e:t;ionsde tém"ins.qui sont souvent des
philosophes bien connus, est véri'abiemcnt stupé'Lt'ite. Il
'.(conte une toute de ca~ c<'ntemporains,de pers<:nnes mor-
tes que t'on av:ut trouvées ayant changé de posture dans
!e sépulcre <'ù.;<prés :;voiréte mises dans une position ho-
rizontale. on !e~ retrouv.tit assises ou débout. Il attribue
cela a leur ntture de /~r/'<<. ;)i)~i. dit-ii.que Jec(tnsta!ent
!es anciens uuteurs, tels que .\r:stius. Epiménide et Her-
modorus. Il cite cinq cas tirés de ~histoire de Cléarque,
le disciple i Le cas
d Aristote. de Cléonyme l*At!ténien.
~° Celui de Polykritus,un h<'m'ne iHustre parmi les Eoliens.
Ce fait est raconté par l'historien Xomachius. qui dit que
Po!ikt-itus mourut et revint neuf mois après sa mcrt. « 1/E-

pitéricn Iliéro et d'autres historiens, dit Taylor son tra-


ducteur, attestent la vérité de ce fait. 1~ Le cas de En-
rinus.a <pu il arriva la
a Xicopolis.même chose
Ce dernier
ressuscita le quinzième jour après son inhumation, et vé-
cut quelque temps après cela. menant une vie exemplaire.
4' Le cas de Rufus, prêtre de Salonique. rendu ,') !a vie le troi-
sième jour après sa mort afin qu'il pût accomplir certai-
nes cérémonies religieuses, conformément a la promesse
qu'il en avait faite. Il remplit son engagement, et mourut
!02 IS:S DÉVOILAI-:

de nouveau, cette fois pour ne revenir. 5" Le cas de


plus
PhUonoca, vivait du de Philippe. Elle était la
qui temps
fille de Demostratus et de Charito d'AmpIiipolos. Mariée
contre son à un nommé Kroteros, elle mourut bientôt.
gré
après. Mais le
sixiétne mois âpres sa mort, elle ressuscita,
comme dit Proclus. homme nomme
par amour pour un jeune
Machatas. qui était venu de PeHa ht demander a son père
Demostratus. Elle le visita pendant plusieurs nuits consé-
cutives, mais lorsque cela elle. ou plu-
fut enfin découvert.
tôt le vampire qui la représentait, mourut de colère. Avant
sa nouvelle mort, elle avait déclare qu'e!Ie avait agi de la
sorte par la volonté de </r/~o/!s /fr/</r<<. Son cadavre.
a ce deuxième décès, fut vu par tout !e monde, dans la
maison de son ouvrit son tombeau, où
père. Lorsqu'on
son corps avait étépl:'cé, lors (tu premier deccs. on le trouva
vide. et le fait fut soigneusement c"nstaté par des parents
incrédules, qui avaient tenu a s assurer eux-mêmes de la
vérité. Le récit en es'. (.onHrmé danstes /t's ~)j9ar-
'c et par ceUes d'Arridée a Philippe (I).
Proclus dit: «Bien d'autres auteurs anciens ont recueilli
!es récits de ceux q'r sont ynorts, en apparence, et ont re-
vécu ensuite. Parmi eux se trouve le philosophe Demo-
crite. Dans ses écrits sur les enfers, que la mort
il af!:r:ne
n'est pas, dans le cas en question, comme <d!e le parait.
une désertion de la vie totale du corps, mais une
compl'-te
suspension causée par un coup, ou peut-t'-tre une blessure;
mais les liens de l'âme demeurent attaches la moelle et
le cœur conserve encore dans sa profondeur l'empyrcumc de
vie; celui-ci étant conserve, la vie suspendue peut repren-
dre, car elle s'était éteinte par suite d'être adaptée au mou-
vement.
Il dit encore « I! e-t possible a l'àma de quitter et de
rentrer dans le corps cela est rendu évident par le fait
de l'homme qui, suivant Clearchus, se servait d'une &o-
f/uelle ~y~ <r<7// cr// ~~o/< l'âme d'un enfant endormi.
Il convainquit Aristote, dit Clearchus dans son Traité du

1. Ce fait étonnant a été certifié par le Préfet, de la Cité, et le Procon-


sul de la Province <'n fit )'ob;et d'un rapport àl*cmp'r--n" L'histoire est
modestement racontée par Mrs Catherine Crowc ..Y/yA< ~tcfe o/V~ure,
p. 335
)S)S DÉVOILÉE 103

sommeil, que l'âme peut être séparée


corps du
et y ren-
trer, et s'en servir comme d'un En effet, en frap-
logement.
pant le jeune garçon avec sa baguette, il en fit sortir l'âme
Ht aller et venir, afin de démontrer
qu'il que le corps restait
immobile lorsque l'âme (le
corps astral) était loin de lui,
et qu'il ne lui était fait aucun mal l'âme ramenée dans le
rorps,au moyen de la baguette, rendait compte alors de tout
ce qui s'était passé. C'est a la suite de ce fait qu'Aristote
aussi bien que les autres spectateurs furent convaincus que
.')mc est distincte et séparée du corps. »
Il paraît absurde de rappeler aussi souvent les faits de
~'rcclleric, en pleine lumière du xix* siècle. Mais le siècle
tui-méme se fait vieux et comme il approche petit a petit
de sa fin fatale, il a l'air de tomber en enfance non seu-
lement il refuse de reconnaître que le; faits de sorcellerie
sont démontrés, mais il ne veut mt'-me pas admettre ce qui
~'est fait depuis une trentaine d'années, dans le monde en-
her. Nous pourrions douter,a la rigueur, du pouvoir magi-
que des prêtres de la Thessalic et de leurs « sortilèges »
mentionnes par Pline après un laps de plusieurs milliers
(f'annccs (i); nous pourrions ne pas ajouter foi aux ren-
seignements fournis par Suidas, qui raconte le voyage de
Médée par les airs, et oublier ainsi que la magie est la
connaissance la plus haute de la philosophie naturelle mais
comment expliquerons-nous la reproduction fréquente de
ces mêmes voyages dans les airs précisément lorsqu'ils
s'accomplissent sous
nos yeux, et qu'ils sont et attestés
confirmés par le témoignage de centaines de personnes
ayant toutes les apparences de gens sains d'esprit ? Si l'uni-
versalité d'une croyance est une preuve de sa vérité, peu de
':)its ont été mieux établis que celui de la sorcellerie.
« Chaque peuple, depuis le plus barbare jusqu'au plus
rafnné, nous pouvons même ajouter que dans chaque siècle
on a cru a l'action surnaturelle que nous désignons par ce
terme dit Thomas l'auteur de .Sorcert/ <ïnc~ .t/a-
Wright,
~r et membre sceplique de l'Institut National de France.
« Elle était fondée sur une croyance également répandue,
qu'outre notre existence visible, nous en avons une autre qui

t.runcxxx.i.
lût ISIS DÉVOILÉE

se passe dans un monde invisible d'êtres spirituels, par les-

quels nos actions el /7ï<~e no.s/)e/!S~c.<: sont souvent guidées,


et qui jusqu a un certain point i un pouvoir sur les élé-
ments et sur le cours ordinaire de la vie organique.
De plus, s'étonnant que cette science
mystérieuse ait fleuri
ainsi partout, et faisant remarquer l'existence de plusieurs
céjcbres écoles de magie dans ditl'érentes parties de l'Europe,
il explique la croyance consacrée par le temps et montre
la ditrérencc qu'il y a entre la sorcellerie et la ma~ie dans
les termes suivants « Le magicien ditrére du sorcier en Cf
que, /s ~/e le ~<r~/e/' < f/~ /ns/r~/ncn/ /~noran~
dans la /M~ r/c\s ~~o~s. le /<rc/yt~ ~~f< devenu /f~
/n~c p<z/' la /OM/<?-<.s~<' /c~!<'<' sr/cno~ qui
t'tait seulement .< la portée d'un p~tit nombre d intelli~en-
oes. a laquelle
et c<'s t'-tr~s étaient dans l'impossibilité d<'
désol~ir(i). » Cette définition établie et connue depuis le

temps de ~loïse. l'auteur la donne comme tirée des « sources


It.'s plus authentiques
Si, de cet incrédule, nous pas'o'is .'( l'auturité d'un adepte
de cette mystérieuse science, l'auteur anonvme de /4/
A/y~,qui fut rendu accessible au public par Mrs Emma
IIardin~t nrit ton. voici ce que nous lisons dans son livre :«I~c
lecteur demandera en quoi consiste !a difrérence entn' un
médium et un magicien? I.e médium est un être au movcndc
l'esprit astral duquel d'autres esprits peuvent se manifester,
en faisant sentir leur présence par divers genres de phéno-
mènes. Quelle que soit la nature de ces phénomènes, le
médium est tout simplement un a~cnt passif entre leurs
mains. II ne peut ni ro~r leur présence, ni <'OM/o/r
leur absence il
peut jamais ne provoquer a son .ré 1 ac-
complissement d'un acte quelconque, ni en diriger la nature.
Le magicien, au contraire. /?6'~ /rc fe/ el /er
~/)r/<? </ ~o/ il peut accomplir une foule d'actes de
puissance occulte, par son propre esprit il p~ut forcer les
esprits d'êtres inférieurs au sien à venir et a lui prêter leur
concours, et enfin ciÏectuer des transformations dans les
règnes de la nature sur les corps animés et inanimés ('2).»

1. T. \Vr. M.A I- S.A.. etc. ~rce~/j~ .Ma~'c, vol. Iir.


r..4rf .~a~tf. p. lj~-160.
IStS DÉVOtLÉE !<'5

Si nous nous souvenons ces paroles sont écrites par


que
une dame, elle-même médium célèbre et orateur éloquent
des « Esprits », elles devraient donner a penser a
inspiré
Messieurs les spirites.
Ce savant auteur a oublié de signaler une distinction mar-

quée dans la médiumnité, ainsi que M°" E. H.


avec laquelle,
Britt.en, devait être bien au courant. Les phénomènes phy-
siques sont le résultat de manipulations de forces au moyen
<Iu système physique du médium, par des Intelligences invi-
sibles de n'importe quelle classe. En un mot, la médium-
nité physique dépend d'une organisation particulière du

système/)/s/~< la médiumnité spirituelle, qui est accom-


pagnée d'une certaine manifestation de subjectivité, phéno-
mène inteHectu~I,dépend (l'une organisation également spé-
ciale de la nature -</)/r/7w/ du médium. Ainsi que le potier
d'une masse d'argile peut faire un vase d'honneur, et d'une
aut re un vase abject. de même. parmi los médiums physiques,
esprit, astral de l'un peut être prédisposé a une
plastique
certaine classe de phénomènes objectifs, et celui d'un autre
:< des genres de phénomènes différents. Un" fols cette pré-
disposition acquise, il para!t difficile de modifier la phase
de médiumnité, comme
lorsqu'une barre d'acier est forgée
sous une certaine forme, elle ne peut plus être aisément
< mpioyée a un usa~c autre que l'usage primitif auquel elle
est destiné' En rèn-Ie générale. les médiums qui ont été
'léveloppés pour un ~enre de phénomènes, changent rare-
ment pour un autre. mais ils répètent </ /n/~ la même
manifestation.
Lapsycho~raphie. ou 1 écriture directe des messages par
!es esprits, tient aux deux formes de médiumnité. L'écriture
elle-même est un fait objectif physique, tandis que les sen-
timents qu'elle être du caractère le
plus
exprime peuvent
noble. Cela dépend entièrement de l'état moral du médium.
I! n'est pas nécessaire ait de l'instruction pour écrire
qu'il
des traités de philosophie d'Aristote, ni d'être
dignes poète
pour écrire des vers qui feraient honneur a lord Byron ou
Lamartine mais il est indispensable que Famé du mé-
dmm soit assez servir de canal aux esprits
pure pour qui
sont capables de donner une forme élevée a des senti-
ments de ce genre.
106 ISÏ~ DÉVOILÉE

Dans il ~Vo~/c, un des plus délicieux tableaux qui nous


aient été présentés, est celui d'un innocent petit médium
en présence duquel, pendant les trois dernières années, qua-
tre volumes de manuscrits en ancien sanscrit ont été rédi-
gés par les esprits, sans plumes, ni encre ni crayons. « I!
suffit > dit l'auteur, « de placer des feuilles de papier blanc
sur un trépied, soigneusement tenu à l'écart des rayons di-
rects du soleil, mais dans un endroit où il soit encore visi-
ble aux yeux des assistants. L'enfant s'assied a terre auprès
du trépied, sur lequel elle appuie la tête en tenant le pied
embrassé dans ses petits bras. Dans cette attitude elle dort
souvent une heure, pendant laquelle les feuilles posées sur
le trépied se remplissent de caractères sanscrits anciens,
admirablement exécutés. » Voila un exemple remarquable
de médiumnité psychographiquc, et qui donne une idée com-
plète du principe posé plus haut, que nous ne pouvons ré-
sister au désir de citer quelques passades de ces écrits, ainsi
obtenus, en langue sanscrite ancienne, d'autant plus qu'ils
renferment un exposé de cette partie de la philosophie
hermétique, qui se rapporte au précédent état de l'homme',
que nous avons décrit ailleurs d'une fa<;on bien moins satis-
faisante.
« L'homme vit sur de avant d'atteindre
beaucoup globes
celui-ci. Des myriades de mondes nagent dans l'espace et
servent de lieux de
pèlerinage a l'amc, a l'état rudimen-
taire, avant de gagner la grande et brillante planète nom-
mée la Terre, dont la glorieuse fonction est de lui donner
la soi-ronscienrc. Ce n'est ce degré est atteint
que lorsque
que cet être devient un homme a chaque autre étape de
sa vaste et sauvage carrière, il n'est qu'une entité embryon-
naire, une forme matérielle flottante et temporaire, une
créature dans laquelle une partie, mais seulement une /)ar-
~e, de l'âme élevée brille emprisonnée une forme rudi-
mentaire ayant des fonctions rudimentaires, toujours vivant,
mourant, soutenant une existence spirituelle passagère,
aussi rudimentaire que la forme matérielle d où elle émane:
un papillon s'élançant de sa chrysalide, mais toujours au
fur et a mesure avance, de nouvelles nais-
qu'il passant
sances à de nouvelles morts, subissant de nouvelles incar-
nations, pour mourir et renaître de nouveau mais toujours
ISIS DÉVOILER !07

taisant un pas en avant, cherchant a gagner du terrain, jus-


qu'à ce qu'il atteigne le sentier vertigineux et pénible, ra-
boteux et rude où il se réveille une fois encore, mais pour
vivre et devenir une forme matérielle, une chose de boue,
une créature de chair et d'os, mais désormais un homme ( 1 ).
Nous avons, nous-méme, été témoin une fois dans l'Inde
d'un essai de puissance psychique, dans un assaut entre un
saint gossein (~) et un sorcier (:~). lequel a quelque rapport
avec notre sujet. Nous venions de discuter sur le pouvoir
relatif de Pitris du fakir, esprits pré-adamiques, et des
Bhouts et jinis, alliés invisibles du jongleur. On convint
d'en faire une épreuve comparative, et l'auteur de ces lignes
fut choisi pour arbitre. Nous faisions la sieste dans une
tente près d'un petit lac, dans l'Inde septentrionale. Sur la
surface des eaux cristallines nottaient d'innombrables fleurs

aquatiques, aux feuilles larges et luisantes. Chacun des

champions prit une de ces feuilles. Le fakir, appuyant la


vienne contre sa poitrine, croisa ses mains sur elle et tomba
momentanément en h'ancc. II plaça alors la feuille sur l'eau,
surface supérieure tournée en bas. Le Jongleur se van-
tait (le dominer le « maître des eaux ~,l'esprit qui y habite
''t de le faire obéir. Il prétendit qu'il forcerait la puissance
d'empêcher le Pitris de manifester le moindre phénomène
dans son élément sur la fouille choisie par le fakir. Il prit
donc sa propre feuille et
après avoir pratiqué sur elle une
sorte d'incantation barbare, il la posa a son tour sur l'eau.
La feuille commença aussitôt a éprouver un mouvement
d'agitation violente, tandis (nie l'autre feuille était parfaite-
ment immobile. Au bout de quelques secondes, les deux
fouilles furent retirées. Sur celle du fakir nous vîmes, à la
grande stupéfaction du jongleur, quelque chose comme un
dessin symétrique formé de traits comme
d'un blanc de lait.
si les sucs de la plante avaient été transformés en fluide cor-
rosif. Lorsqu'elle fut sèche, nous examinâmes les lignes plus
attentivement et nous y reconnûmes une série de caractè-
res sanscrits parfaitement formés, et composant une sen-

t..tr~ ~fa~'c. p. 28.


2. Un faktr mendiant.
Ua soi-disant jongleur.
lOS ISIS DÉVOILÉE

tence qui renfermait un précepte de haute morale. Hâtons-


nous d'ajouter que le fakir ne savait ni lire ni écrire. Sur
la feuille du jongleur, au lieu d'écriture, nous trouvâmes

une figure hideuse, démoniaque. Chaque feuille portait par


conséquent la marque, l'allégorique reflet du caractère de
son maître, et indiquait la qualité de l'esprit auquel il obéis-
sait. Mais nous devons, a regret, quitter une fois encore
l'Inde, son ciel d'azur et son passé mystérieux, ses dévots

religieux et ses magiques sorciers, et revenir a l'atmosphère


moisie de l'Académie Française.
Pour apprécierla timidité, les préjugés et l'esprit super-
ficiel dont on a fait preuve dans l'étude
questions des
psy-
chologiques, dans le passé, nous nous proposons de passer
rapidement en revue un livre que nous avons devant nous.
C~cst/o/e du .Vcro~/7/eM.r dans les 7e/<! .Vo~cr/ï~.
L'ouvrage a été publié par le savant Dr Figuier, et i! est

rempli de citations dos autorités les plus en vue, en matière


de physiologie, de psychologie et de médecine. Le D' Cal-
meil, le directeur en chef de l'asile de Charenton, est le ro-
buste Atlas sur les épaules duquel repose co monde d'éru-
dition. Fruit mûr de la pensée en
18<)0, il doit désormais
avoirsa place parmi les plus curieuses œuvres d'art de l'épo-
que. Mû par l'Infatigable démon de la science, décidé a
tuer la superstition, etparconséquentle spiritisme du même
coup, l'auteur nous fournit un aperçu sommaire des exem-

ples les plus remarquables de phénomènes médiumnimiqucs


pendant les deux derniers siècles.
La discussion embrasse prophètes les des Cévenncs, les
Camisards, les Jansénistes, l'abbé Paris, et autres épidé-
mies historiques, dont nous ne parlerons que le moins pos-
sible, parce qu'elles ont été décrites depuis une vingtaine
données par presque tous les auteurs qui ont écrit sur les
phénomènes modernes. Ce ne sont pas des /0//5 que nous
voulons remettre en discussion, mais tout simplement la
manière dont ces faits ont été envisagés et traités par ceux
qui, en qualité de médecins et d'autorités reconnues, ont eu
la plus grande part de responsabilité dans ces questions. Si
nous présentons a cette heure cet auteur rempli de préju-
gés à nos lecteurs, c'est uniquement parce que son ouvrage
nous permet de montrer ce que les faits d'occultisme et
ISIS DÉVOILÉE !09

ses manifestations peuvent attendre de la science orthodoxe.


Si les épidémies psychologiques qui ont fait le plus de bruit
dans le monde sont traitées de la sorte, qu'est-ce qui en-
gagera les matérialistes a étudier sérieusement d'autres

phénomènes aussi authentiques, aussi intéressants, mais


moins populaires ? ~'oublions pas que les rapports adressés
a cette époque par les divers comités à leurs académies

respectives, de même que les procès-verbaux des séances


des tribunaux judiciaires existent encore aujourd'hui et

peuvent, par conséquent, être consultés pour vérifier les


faits. C est a ces sources irréfutables que le D' Figuier a

puisé pour écrire son ouvrage Ils extraordinaire. donneront


au moins, en substance, les arguments incomparables avec

lesquels l'auteur cherche a démolirchaque forme de supers-


tition, ainsi que les commentaires du démonologue des Mous-
seaux qui, dans un de ses livres (!), fond sur sa victime

sceptique comme un singe sur sa proie.


Entre les deux champions, le matérialiste et le bigot,
l'étudiant sans
parti-pris peut recueillir une riche moisson.
Nous commencerons par les Convulsionnaires des Céven-
ncs, épidémie dont les étonnants phénomènes survinrent
vers la fin de l'année 1700. Les impitoyables mesures adop-
i.éc's par les catholiques français, pour extirper l'esprit de

prophétie du sein d'une population tout entière, sont histo-


riques, et n'ont pas besoin d'être répétées ici. Le fait seul

(lu une simple poignée d'hommes, de femmes et


d'enfants,
ne dépassant pas '2.000 personnes, ont pu tenir en échec
pendant plusieurs années les troupes royales qui, avec la
milice, comptaient 60.000 hommes, est déjà un miracle en
lui-même. Les merveilles sont rapportées, et les procès-
verbaux du temps conservés dans les Atchives de la France
jusqu'à ce jour.existe, Il
entre autres, un rapport officiel
envoyé par le féroce
a Rome abbé Chayla, prieur de Laval~
dans lequel il se plaint que /6 Z~o~/e est si puissant, que
ni les tortures, ni les exorcismes inquisitoriaux les plus so-
lennels ne furent capables de le déloger de l'âme des Céven-
nois. II ajoute qu'il leur a posé les mains sur des charbons

1. ~fûenr. e< Pratiques des Démons.


no ISIS DÉVOILÉE

ardents, et qu'ils n'en ont pas même été échaudés qu'il a

enveloppé leur corps entièrement dans la o~o~ trempée


dans /~uf/e, qu'il y a mis le /ëM~ sans avoir trouvé,
dans bien des cas, la moindre trace de brûlure sur leurpeau

qu'on leur a tiré des coups de feu, et que l'on a retrouvé


les balles aplaties entre leurs vêtements et leurs corps, sans

(lue ceux-ci en eussent souffert la plus légère atteinte,etc., etc.


Acceptant toutes ces choses comme un terrain solide pour
ses savants arguments, voici ce que dit ~1. Figuier < Vers
la fin du xviF siècle, une vieille fille importa dans les Cé-
vennes l'esprit de prophétie. Elle le communiqua (?) a de

jeunes garçons et à des jeunes filles, qui l'exercèrent a leur


tour, et le répandirent dans l'atmosphère ambiante. Les
femmes et les enfants furent les plus sensibles a l'infection.
Les hommes, les femmes, les e/ï/a/ï/5 a~ berceau parlaient
sous l'influence l'inspiration,de pas en patois non ordinaire
du pays, mais dans le français le plus pur, langue a cette

époque entièrement inconnue dans la contrée. Des enfants


de douze mois et même moins, ainsi que nous l'apprennent
les procès-verbaux~ des enfants qui jusqu'alors avaient a

peine prononcé un petit nombre de syllabes courtes et fort


simples, parlaient couramment et prophétisaient. Huit mille

prophètes étaient répandus par tout le pays; des docteurs


et des médecins éminents furent appelés. La moitié des
écoles de médecine de France, y compris la Faculté de
Montpellier~ accoururent sur les lieux. Des consultations
furent tenues, et les médecins se déclarèrent complètement
déroutés et perdus d'étonnement et d'admiration, en enten-
dant de jeunes fillettes et de jeunes gardons, ignorant'- et
illettrés,prononcer des discours sur des sujets qu'ils n'avaienl
/a~e/M~(i). La sentence portée par Figuier contre
ces confrères traîtres à leur profession, pour avoir été char-
més à ce point par les jeunes prophètes, consiste à dire

< qu'ils n'ont pas compris eux-mêmes ce qu'ils voyaient~ (2).


Beaucoup de ces prophètes communiquaient par force leur

esprit à ceux qui essayaient de rompre le charme (3). Parmi

1. 7/otre du .Merrct~cuj: dans ~cs temps Modcr;:e. \'o!. II, p. 2~.


2. Ibidem.
3. /&«/e77t.
ISIS DÉVO!LËE ni

ceux-ci un grand nombre étaient


âgés de trois <7<~ou~€07ï~;
d'autres étaient encore à la /no/Me//e et parlaient distincte-
ment et correctement le français (1). Ces discours, qui
souvent duraient plusieurs heures, auraient été impossibles

pour ces petits orateurs, s'ils avaient été dans leur état nor-
mal (2).
« Or, quelle était la
signification de cette série de prodi-
ges franchement reconnus et admis par Figuier dans son
livre ? Pas de signiiieation du tout « Ce n"était pas autre
chose, dit-il, que l'effet d'une exaltation momentanée des
facultés intellectuelles (3) ». < Ces phénomènes, ajoute-t-il,
peuvent ctrc observés dans beaucoup de cas d'affections
cérébrales. »
« ~z~ e.rc/o/? /7:o/7?e/?/o/ïe~, qui dure pendant
plu-
sieurs heures dans les cerveaux de petits enfants au-des-
soMS d'un an, non encore sevrés, et parlant en bon fran-
çais, avant d'avoir appris un mot dans leur propre patois
0 miracle de la physiologie 1 Prodige devrait être ton
nom s'écrie (les Mousseaux.
« Le D'' Calmcil,dans sonouvrage sur l'insanité, remarque
Figuier, lorsqu'il parle de la ~co/~c/ï/e extatique des Calvi-
nistes, conclut que la maladie doit être attribuée, dans les
cas les plus simples, a l~nysTÉRiE, et dans les autres plus
sérieux et d'un caractère plus grave, a l'ÉriLEPsiE. Nous
incHnons plutôt, dit Figuier, vers l'opinion qui en fait une
affection sui ~e/ïer~, et pour donner un nom approprié a
cette maladie, nous nous contenterions de celui de Convul-
sionnaires trcmbleurs des Cévennes (4).
Encore la ~eo/KO~e et
l'hystérie Les corporations
médicales doivent être elles-mêmes atteintes d'une atomo-
/na/~c incurable sans cela, pourquoi mettraient-elles en
avant de pareilles absurdités sous le nom de Science, avec
l'espoir de les faire accepter ?
« Telle était la fureur d'exorcismes et de bûchers, conti-
nue Figuier, que les moines virent des possessions de dé-

1. Ibidem, p. 267, 401, <02.


2. Ibidem, p. 266, etc., 400.
3. Ibidem, p. 403.
4.7j&zJe/n, vol. I, p. 397.
H~ t~ts nKVon.HE

mens, partout où ils avaient besoin de miracles, soit pour


jeter jour
plus de encore sur la toute-puissance du Diable,
soit pour faire bouillir leur marmite au couvent (1).
Pour ce sarcasme, le pieux des Mousscaux exprime une
cordiale gratitude il Figuier car. fuit-il observer, « il est
en France un des premiers écrivains, qu'à notre grande
surprise nous ne voyions pas nier les phénomènes qui, de-
puis longtemps, sont /</t~/o~/< ~Iù par un sentiment de
haute supériorité et même de dédain pour la méthode
employée par ses prédécesseurs, ~1. Figuier désire que ses
lecteurs sachent qu il ne suit pas la même route qu'eux.
« Xous ne rejetterons pas, dit-il, comme indignes de créance,
~cs /6f~, uniquement parce qu'ils sont embarrassants pour
notre théorie. Au contraire, nous recueillerons tous les
faits que la mémo évidence historique nous a transmis, et
par conséquent, ont droit a )a même créance, et c'est
qui,
sur la masse entière de ces faits que nous baserons l'expli-
cation naturelle que nous avons a en fournir, a notre tour.
comme suite a celle (m'en ont donnée les savants qui ont
traité ce sujet avant nous (~).
Là-dessus, M. Figuier continuer!) il fait
quelques pas
en avant, et se plaçant au milieu des convulsionnaires de
SuinL-~Iédard, il invite ses lecteurs a étudier, sous sa direc-
tion,/c.< y~'o~/y~ qui Ht.' sont pour lui nue de simples effets
des lois de la nature.
Mais. avant d'aUer plus loin, et a!in de bien montrer

l'opinion
de Figuier, nous aurons, a notre tour, a rafraîchir
la mémoire du lecteur sur ce qu'étaient les miracles Jan-
sénistes, d'après lestémoignages historiques.
L'abbé Paris était un Janséniste qui mourut en 17~7.
Immédiatement après sa mort, les phénomènes les
plus
surprenants se manifestèrent sur son tombeau. Le cimetière
était plein de monde du matin jusqu'au soir. Les Jésuites.

exaspérés de voir des hérétiques opérer des ~uérisons et


autres merveilles, obtinrent des magistrats un ordre inter-
disant rigoureusement a tout le monde l'accès a la tombe
de l'abbé. Mais,malgré toute l'opposition qu'on leur faisait,

~«/ p.
2. /jbf~f~, p. ~33.
3. Des Mousseaux..Va~t~u .Y/.Y*x;cc/p. p. 432.
ISIS t)EVOtLKE 113

les prodiges continuèrent et durèrent encore pendant plus


de vingt années. L'évoque Douglas, qui vint a Paris en t74~)
dans ce seul but, visita les lieux, et il raconte que les mi-
racles continuaient parmi les convulsionnaires. Lorsqu'il vit
que tous les efforts tentas pour les arrêter échouaient, le
clergé catholique fut bien forcé d'admettre leur realité:
mais
il s'abrita, suivant la coutume, derrière l'intervention du
Diable. Hume, dans ses /t<7oso/)/~c<ï/ /~ss~f/.<,dit « II n'y
eut,certes, jamais un aussi grand nombre de miracles attri-
bues ;'t une personne, que ceux qu'on dit avoir été opérés,
en France, sur le tombeau de l'abbé Paris. Guérir les mala-
des, rendre l'ouïe aux sourds et la vue aux aveugtes, sont
choses qu'on attribuait communément a ce tombeau sacré.
Mais, ce qui est plus extraordinaire
encore, beaucoup de
ces miracles furent opérés sur les lieux, devant des Juges
d'une distinction et d'une autorité incontestables.et cela dans
un siècle d'érudition, et sur le théâtre le plus éminent du
:no!)de. et ce ne sont pas les Jésuites, tous instruits qu'ils
~'ient, appuyés par des magistrats civils et ennemis achar-
nés des opinions en faveur desquelles on prétend que ces
miracles furent opérés, qui les aient jamais réfutés ou ex-

pliqués, tant estpuissante leur évidence historique ( !). Le


D' Middieton, dans son /c~ ~Y~ livre qu'il écrivit a
une époque oit les manifestations étaient en décroissance,
c'est-a-dtre environ dix-neuf ans âpres leur début, déclare
que l'évidence de ces miracles est tout a fait aussi complète
que celle des merveilles attribuées aux apôtres.
Ces phénomènes si bien démontrés par des millions de
témoins en présence de magistrats, et en dépit des menées
du clergé catholique, figurent parmi les plus surprenants
dans Ihistoire. Carré de Montgeron, membre du Parlement.
d'-venu célèbre par ses relations avec les Jansénistes, les
énumère soigneusement dans son ouvrage, qui comprend
quatre forts volumes ~-y~ar/o, dont le premier est dédié
:'u roi. sous le titre /<~ ~r/ des /7!<7C/~ <)/)~r~ /)0/'
/t're~o/ï de .~7. de /~r~ ~c/no~~e~ contre /'arcA<

~t~g Sens. O~r~e dédié ~M /)a/' JI. de 3/b/ï/-


~'c/'o/? conseiller au Parlement. L'auteur présente une

Hume. P/tt~oso/<~«'a~ ~~<!)/


VOL. H
114 t~!SDEVO!LÉH

énormc de témoignages ofliciels et personnels de


quantité
la vérité do chaque cas. Pour avoir parlé /rrc~/?cc/MCM.sc-
ment du clergé romain, Mont~eron fut enfermé a la Bas-

tille, mais son ouvrage fut accepte.


maintenant, ce que le D' Figuier a a dire au
Voyons,
sujet de ces phénomènes incontestablement historiques le
savant auteur cite des passades des procès-verbaux, don)
voici quelques extraits « Une convulsionnaire se courbe en
arrière comme un arc. ses reins étant soutenus sur la pointa
d'un pieu très ai~u. Elle demande qu'on la frappe avec une

pierre pesant cinquante livres, suspendue par une corde

passant dans une poulie fixée au platond. La


pierre, élevée

jusqu'à sa plus grande hauteur, retombe de tout son poids


sur le ventre de la patiente, dont le dos porte toujours su;'
la pointe du pieu. Mont~eron et d'autres nombreux témoins
attestent que ni la chair ni la peau des reins n'en laissaient
voir la moindre trace, et que la jeune nlle. afin de prouver
qu elle n'éprouvait aucune douleur, ne cessait de crier
Plus fort plus fort
« Jeanne Mau!t, :ee de vin~'t ans. le dos appuyé con-
tre un mur, recevait sur l'estomac une centaine de coups
d'un marteau de t'orne, pesant trente livres les coups, admi-
nistrés par un homme très fort. étaient si violents, qu'ils
ébranlèrent l't muraille. Pour éprouver la force des coups.
Mont~eron en fit lui-même lessai
le mur sur
''n pierre au-
quel la jeune i:lle était adossée. Il prit un de ces instru-
ments de~ ~uerisons Jansénistes, appelés le Cn.D sEr.orns.
« Au vin~t-cinquième coup. dit-il, la pierre sur laquelle jr
frappais, ébranlée pur les coups précédents, se détacha et
tomba de l'utr~ c'tté de l.t muraille, en laissant une ouver
turc d'environ un demi-pied de diamètre. Lorsque les

coups étaient.
:rapn< s ;'v<.c violence sur une plaque de fer

placée en ~uise de plastron sur 1 estomac d'un Convulsion-


naire (qui est souvent une femme frêle et délicate), on aurait
dit que le corps allait être aplati, l'épine dorsale brisée, et
les intestin~ enti'rement
broyés par la force descoups (vol. i.
p. ~80). Mai~ loin de 1~ la Convulsionnaire criait, avec une

expression de parfait ravissement sur le visage « Oh que


c'e~t délicieux Que c~la me fait du bien Du courage.
frère frappez le double plus fort, si vous le pouvez! Il
t~tSOLVO!f,h:E i )5

nous reste maintenant, continue le D' Figuier, a essayer

<) expliquer les étranges p!)énomenes <tue nous venons de dé-


crire ?.
< Nous avons dit, dans l'Introduction de cet ouvrage,
qu'au milieu du Xt\' siècle. une dos plus célèbres épidémies
(h- possession éclata en Allemagne. C'est celle des

qui opéraient tous les miracles les


plus admirés depuis les
temps de saint Médard, et. même de plus grands encore
par exempte, faire des sauts pt''ri!Icux, gravir un mur per-
n:'t~dicu!airc, parler des LA~r:t Ks ÉTRA~f.ÈR~s (i). »
I.e rapport officiel de ces merveilles, qui est, encore plus
complet que le récit de- Figuier, ajoute quelques détails,
h'ts que les faits de personnc's a)Yeett''es se tenant pendant
des heures la tête en has;qui racontaient avec exactitude les
événements qui s'aecon]pHs'=;uent au mnment même dans la
tt~nson des membres (tu comité, événements qui furent Ye-
)t~ s par !a suite. !)e-. hommes et des femmes étaient main-
tenus suspendus en l'air par une force invisible, et les etrets
combines des membres de !a commissfon d'enquête furent
insuffisants pour tes t.ure redescendre. De vieiiles femmes
:);(mtaient le !on~ des murs perpendiculaires de trente pieds
<'e haut, avec l'a~iiitc de chats sauvages, etc., etc.
On s'attend, maintenant. ccquclesavan' cri:iqu2,I'emi-
n'nt. médecin et non ~eui~mcn). croit, a ces
psyc!i~ue. (}-.i:.

<:icroyab]es phenomeib~. mais encore !es decr:t. minutieuse-


cément lui-même, et r~ pour a)n'.i d~'e, va étonner
t-j lecteur, par quelque expHottion te!!ement extraordinaire,
:)c sa manière de voir sc'en'i'Ique inaugurera réellement
une ère dans les champs encore ine\p!o:s de La psycho~o-
-.i Eh bien. oui, il nous surprend. il nous abasourdit car,
!')ut cela. il repond tranquiHement (~~ c~~ /'ccD//r~ au
/r/~t' pour mettre an terme aux désordres des Convul-
~onnaires (~).
Ici, pour une fois. des Mousseaux eut !au jeu contre
s ~n adversaire « L? marias Est-ce cela que vous voulez
'hrc?~ dit-il. Le mariage ~'uerit !es ~ens <Ie !a faculté de
monter le lon~ des hautes murailles, comme autant de

1. /o/re Ju .Vgrt:c;~c~-r. p. 401.


/bn/t;f)t.
116 ISIS DÉVOtLÉE

mouches et de parler les langues étrangères Oh curieu-


ses propriétés du mariage, dans ces temps extraordinaires!
< II faut ajouter, continue Figuier, qu'avec les fa-

natiques de Saint-Médard, les coups n'étaient jamais frap-


pés que pendant les crises de convulsions, et que, par
conséquent, ainsi que le fait remarquer le D' Calmeil, le
météorisme de l'abdomen, l'étal ~/)a~/noû~<c de l'utérus
chez les femmes et du canal alimentaire, dans tous les cas
l'état de <'o~a<o/J/s~e de /Mr//c.«'t'nce des cn~-
loppes charnues des /7ï~.<r/ <{ui recouvrent et protègent.
l'abdomen, la poitrine, et les niasses vasculaires principales
et les surfaces osseuses /)<w< avoir .s//?~<?/'e~c~/ ro~-
/r/6~J réduire < /n~ïc e~r/c la force des coups
« L'étonnante résistance que la peau. le tissu aréolaire,
la surface du corps et des membres des convulsionnau'cs
otfraient aux choses qui paraissaient devoir les écraser est
(le nature a exciter une surprise plus grande. Néanmoins,
elle peut encore être expliquée. Cette force de résistance,
cette insensibilité paraît tenir a des modifications extrêmes
de la sensibilité, qui peuvent survenir dans l'économie ani-

male, pendant une période de grande exaltation. La colère,


!a peur. et en un mot toutes les passions, pourvu qu'elles
soic.it poussées au paroxysme, peuvent produire cette insen-
sibilité (ï).
« Remarquons en outre, ajoute le D' Calmcil cité par
Figuier, que pour frapper sur le corps des convulsionnaircs,
l'on faisait usage d'objets massifs à surfaces plates ou ron-
des, ou de formes cylindriques et obtuses (~). L'action de
ces agents physiques n'est pas comparable, au point de vue
du danger qu'elle oure, a celle de cordes, d instruments

souples et flexibles, ou ayant des bords tranchants ou ai-


gus. Eniin, le contact et le choc des coups produisaient sur
les convulsionnaires /'c//f~ d'une 6~0M<'Ae .~a/u/<7/rc, et dimi-
nuaient la violence des tortures de 1/m'sTÉRiE.
Que le lecteur veuille bien ne pas oublier que ceci n'est
pas une plaisanterie, mais bien une théorie sérieusement.
émise par un des plus éminents docteurs en médecine de

Ibidem, vol. II, p. 4:0-4)!.


Ibidem, p. 4')*.
!8tS DÉVOtLEE !17

France, chargé d'années et d'expérience. Directeur et méde-


cin en chef de l'Asile d'aliénés de Charenton. Certes, cette
explication serait capable d'induire le lecteur en erreur. On
serait tenté de croire que le D' Calmeil a fréquenté ses pen-
sionnaires plus longtemps qu'il ne convenait a sa santé et
au bon fonctionnement de son cerveau.
D'ailleurs, lorsque Figuier parle d objets massifs, de
terme cylindrique ou obtuse, il oublie certainement les pieux

pointus en fer,les épécs et les haches dont il a fait la des-

cription lui-même a la page t9 de son premier volume. Il


nous fait voir le frère d'Elie Marion se frappant l'estomac
et. l'abdomen avec un couteau pointu et affilé, et avec
une violence extrême, son corps résistant tout le temps,
comme s'il était en fer.
Ici, des Mousseaux perd toute patience, et s'écrie avec

indignation
« Est-ce que h' savant médecin était bien éveillé, lors-

qu'il écrivait ces choses ? Si, par hasard. les D~' Calmcil et
Figuier maintiennent sérieusement leurs dires, et persistent
();t)is leurs affirmations et dans leur théorie, nous sommes

parfaitement disposé a les croire. Mais. avant de faire cet


eU'urt surhumain de condescendance, voulez-vous nous prou-
ver !a vérité de votre théorie d'une manière plus pratique '?
Ltissex-nous. par exemple, provoquer chez vous une vio-
lent.- et terrible passion. la colère ou même unparoxysme
de 'âge, si voas voulez. Permettez-nous, pour un moment,
(~' voas irriter, d être envers vous grossier, insultant. Natu-
reHemenL nou- no le serions f~/rc ~~M/f et dans
~M'6[
) Intérêt de la science et de votre cause. Xotre devoir, en
vertu de ce contrat, consisterait a vous humilier et à vous

jusqu'à H dernière limite. Devant un public nom-


provoquer
breux, qui n'3 saura rien de nos conventions, mais auquel
vous serez désireux de prouver vo? assertions, nous vous
insulterons grossièrement. Nous vous dirons que vos écrits
sont un piège tendu à la
vérité, une injure au sens com-
mun, une honte que le papier seul peut porter; mais que le
public doit flétrir. Xous ajouterons que fOM~ /ne/ï/~ à la
.cc, que vous mentez a la face des ignorants et des stu-

pides insensés qui se pressent autour de vous, bouche bée,


comme une foule autour d'un charlatan courant les foires.
n~ t-fSD~VUU.f:}-:

Et lorsque, transportés de colère, hors de vous, le visage

pale ou cramoisi, /u/nc/~ par la fureur, vous aurez bien dé-

plctcé vos fluides, lorsque votre irritation sera a son corn.


ble, nous frapperons des coups violents et terribles sur vos
muscIes/M~/c.sr~~ vos amis nous indiqueront lesendroits
les plus insensibles et nous v laisserons tomber une bonne
ondée, ou une avalanche de pierres, car c'est ainsi qu'était.
traitée la chair de ces femmes convulsées, dont la soif (le
ces coups n'était jamais satisfaite. Mais, aHn de vous pro-
curer la satisfaction d une ~o~<ïë .~<ï/rc, comme vous
le dites si gracieusement, vos membres ne seront frappes
qu'avec des objets avant des ~Mr/arc.s o~e. c~ c~ /b/
r!ï~r~/f.'<, avec des gourdins et des bâtons dépourvus
de souplesse, et si vous le préierc/, parfaitement arrondis
au tour. »
Des Mousscaux est teUement libéral, tellement décide .'<
fournir a ses adversaires toutes les chances possibles pour
prouver leur théorie, qu'il leur otfre le choix de se faire
remplacer, dans cette expérience, par leurs femmes, leurs
mères, leurs sœurs ou leurs fi!!es. puisque, dit-il, vous avez
vous-mêmes fait observer que « lescxe faible est le sexe fort

qui résiste le mieux dans ces épreuves déconcertantes ».


Inutile d'ajouter que le défi de des Mcusseaux demeur.)
sans réponse.
CHAPITRE XI

Htr~nye condition de t'csprit humnin qui parait avoir


besoin df s\tre longtemps exerce dans !'EHHHUR, avant
d'user approcher de la VHRITK.
M.~r.c'sntB.

La v<ritc que je défends est. empreinte sur tous les


monomcnts dupasse. Pour comprendre rhfhurc.Ufaut
ct.u'it -r )f~ symbo'.c<! anctens, )ea signes sacres du sacer-
doce, .t. r.irt J~ ~ucrir dans les temps primitifs, artoublié
aujuurd h'tL
Baron DU PoTET.

C'est une vérité éternelle que les faits accumulés réu-


nis cri désordre commencent, il prendre de l'ordre des
'{u'unc hypothèse est jetée sur eux.

HERBERT SPENCER.

So~!A!RH

Robert Houdin enA~cric. njmpta-:c de serpents et de bêtes féroces.


Les fakirs et les c~'ocodites. Divers phénomènes tératoto~iques.
L'imagination de la mcrc, conditions pré-natales.– Les marques de la
mère. Théorie du professeur Armor. Une c.~ptication proposée.
Pigeons tùtc de perroquet. Cas anciens de tcrat'~ogie. Les
limites extrêmes de !i nature. Opinion du D~ Corson sur t'invnsion
de la science. Le développement de la vérité. Le tâtonnement dans
l'obscurité. Le s;rmcnt sodaliea. Xotre ancêtre péiactyle.
L'Atlantide submergée. Changement de !'eau en sang.

Nous allons maintenant fouiller l'histoire de la magie


pour y trouver des cas analogues a ceux que nous avons
cités dans le chapitre procèdent,. Cette insensibilité du corps
humain aux coups les plus violents, et sa résistance à la

pénétration des instruments pointus ou des balles est un


phénomène assez familier à l'expérience de tous les temps
et de tous les pays. Tandis que la science est complètement
120 !&tS DEVOtLEE

de donner une explication raisonnable du mys-


incapable
tère, la question ne paraît pas offrir de dlinculté aux ma-
ont bien étudié les propriétés du fluide.
gnétiseurs qui
L'homme qui, au moyen de quelques passes sur un membre,
une paralysie locale telle qu'elle le rend
peut provoquer
entièrement insensible aux brûlures, aux piqûres de grosses

aiguilles, etc., ne sera nullement étonna des phénomènes


(!es Jansénistes. Quant aux adeptes (le la magie, particu-
lièrement dans les Indes Orientales et au Siam, ils sont trop
familiarisés avec les propriétés de I'<7A'<7, le mystérieux
fluide de vie, pour considérer l'Insensibilité des convulsion-
naires comme un phénomène bien important. Il est possible
de comprimer le fluide astral autour d une personne de façon
lui en faire une enveloppe élastique absolument impéné-
trable a tout objet phvsiquc, quelque grande que soit la

rapidité de sa course. En un mot, ce fluide peut égaler et


même dépasser en force de résistance l'eau et l'air.
Dans l'Inde, au 'Malabar, et dans quelques endroits de

l'Afrique Centrale, les charmeurs permettront au voyageur


de tirer sur eux avec un fusil ou un revolver, sans avoir
touché l'arme eux-mêmes ni choisi 1-~s projectiles. Dans
7"r<.f!<?/~ ~/7!0~ 77/77<2C A'<~r<7.A'OS <ïn<~ ~/<C .SO!<M
de Laing. on trouve la description d'une scène extrêmement
curieuse, par un voyageur anglais. le premier Manc qui ait
visité la tribu des Solimas, près des so~rc~s du. Dialiba. Un

piquet de soldats d'élite iit feu sur un


chef, qui n'avait pour
se défendre que certains talismans. Bien que leurs fusils
fussent parfaitement chargés et amorcés, aucune balle ne

l'atteignit. Salvertc cite un cas analogue dans sa /oso/)A~


~e~ Sciences Ocr~En ~G8.dit-il, le prince d'Orange
condamna un prisonnier espagnol :< être fusillé a Juliers
les soldats l'attachèrent a un arbre et tirèrent, mais il resta
invulnérable. A la fin, ils le dépouillùrent pour voir quelle
armure il portait, mais ils ne lui trouvèrent qu'une o/n~-
lelle. Celle-ci lui ayant été retirée, il /o/7!~a /MO/~ 6(My?/'e-
y7ï/cr coup de /<'u.
C'est autre chose que la tricherie
a laquelle Robert Hou-
din eut recours en Algérie. Il prépara lui-même des balles
de suif noircies avec de la suie, et, par un tour de presti-
digitation,Illes substitua aux halles véritablesquelcs cheiks
!S!3 DÉVOtLKE ~t l

arabes croyaient mettre dans leurs pistolets. Les naïfs Ara-


bes, ne connaissant que la magie réelle dont ils avaient
hérita de leurs ancêtres, et qui consiste, dans la plupart des
cas, en certains actes à accomplir, sans s'inquiéter du com-
ment ni du pourquoi, en voyant Robert Houdin obtenir ce

qu'ils croyaient être les mêmes résultats par des moyens


plus impressionnants, ils
s'imaginèrent qu'il était un plus
~rand magicien qu'eux. Bien des voyageurs, y compris l'au-
teur de ce livre, ont été témoins de faits d'invulnérabilité
(le ce genre, mais dans lesquels toute déception était ma-
tériellement impossible. Il y a quelques années, vivait dans
un village d'Afrique, un Abyssin qui passait pour un sor-
cier. Une fois, quelques Européens se rendant au Soudan
s'amusèrent, pendant une heure ou deux, a tirer sur lui des

coups de pistolet et de fusil, chose a laquelle il avait con-


senti moyennant une faible rétribution.Un
Français nommé

Langlois tira jusqu'à cinq coups simultanément, et les ca-


nons des armes n'étaient pas a plus de deux mètres de la
poitrine du sorcier. A chaque coup, en même temps que la
Hamme de la détonation, on voyait la balle apparaître au
bout du canon, trembler on l'air, décrire une courte para-
bole, et tomber. ino!Tensive,sur le sol. Un Allemand de la

troupe, qui voyageait pour acheter de la plume d'autruche,


lui offrit cinq francs, pour avoir l'autorisation le de tirer,
canon du fusil touchant le corps du sorcier. L'homme refusa
d'abord; mais a la fin, après avoir eu une sorte de colloque
avec un être invisible sous terre, il y consenlit. L'expéri-
mentateur chargea soigneusement son arme, et appuyant le
bout du canon sur le corps du sorcier, après un moment d'hé-
sitation,tira.le canon éclata jusqu'ala crosse en une quan-
tité de fragments, et l'homme ne fut même pas touché.
Cette qualité d'invulnérabilité peut être aux per- donnée
sonnes aussi bien par les adeptes que par les djini, génies
ou esprits. Le grand sorcier Mahomenedan, Hassan Vhan
Djini, de Calcutta, connu de centaines d'Européens, qui
v:ent de disparaître si mystérieusement de la scène d'action
y a deux ou trois ans, faisait des vrais miracles a l'aide
de ces On pouvait
quatre (~ lui demander n'importe quel
fruit hors de saison et même n'existant pas aux Indes, pour
l'avoir immédiatement. < Mettez la main derrière la porter,
122 ISIS OÉVOtLÉE

disait-il à l'expérimentateur, et r<ï/)/?or/ était fait à l'ins-


tant. Il n'avait toucher n'importe quel objet dans un
qu'à
magasin européen, ou au bazar, pour que cet objet, dispa-
raissant de l'endroit où il était et sous les yeux de tout le
monde comme des se trouvât quelques
expérimentateurs,
instants dans sa chambre. Il accomplissait les phéno-
après
mènes les merveilleux, simplement, disait-il, en com-
plus
mandant à ses
quatre djini, dont, suivant lui, il avait hé-
rité de son père. Qui ne l'a connu a Calcutta, qui n'en a
entendu parler aux Indes ? Cet homme ne prenait point
ce qu'il faisait; mais c'était le caractère le
d'argent pour
plus dissolu puisse imaginer,coupable de tous les vices,
qu'on
sauf le vol un soulard.ivre du matin au soir. Ce n'était
un magicien, mais bien un sorcier responsable de ses
point
actions et qui s'attendait disait-il, que ces c(/ lui
toujours,
tordraient un jour le cou. Ces créatures n'étalent certaine-
ment pas des esprits désincarnés, mais bien des Elémentaux.
Il y a des personnes par eux. De notre
qui sont protégées
temps, plusieurs médiums bien connus ont souvent, en pré-
sence des plus témoins, non seulement manié
respectables
des charbons ardents a pleines mains, et placé leur visage
sur un brasier sans se roussir un cheveu, mais même mis
des charbons allumés sur la tête ou dans les mains des assis-

tants, comme dans le cas de lord Lindsay et de lord Adair.


L'histoire bien connue du chef indien qui avoua a Washing-
ton la bataille de Braddock il avait fait feu de son
qu'a
rifle sur luifois à une faible distance, sans avoir
dix-sept
pu le toucher, reviendra sans doute à la mémoire du lec-
teur en cette occurrence. Et de fait, beaucoup de grands
capitaines ont eu, parmi leurs soldats, la réputation de pos-
séder ce que l'on nomme un c/Mr/MC.et feu le prince E. de

Sayn Wcttgenstein et le général russe Michel Scobelef pas-


saient pour en posséder un.
Une autre faculté
genre du
permet à la personne
même
qui en jouit, soit à sa science ou à la protection des djini,
soit de comprimer le fluide astral au point de former une
cuirasse impénétrable autour de sa personne, soit de diri-
ger, pour ainsi dire, un jet de fluide sur un objet quelconque
avec une force fatale. de vengeances ténébreuses
Beaucoup
ont été exercées de la sorte et, dans ces cas, les enquêtes
tSIS DÉVOILÉE 123

des magistrats n'y ont jamais découvert qu'un cas de mort


subite, résultant en apparence de la rupture d'un anévrisme,
d'une apoplexie ou de toute autre cause naturelle qui, cer-
tes, n'était pas la véritable. Beaucoup de personnes croient
fermement que certains individus possèdent le don du mau-
vais œil. Le /7M/c<'A/o,ou Je~a~ura.cstune croyance très

répandue en Italie
dans et le Midi de l'Europe. Le pape
Pie IX passait généralement pour être doué, inconsciemment
sans doute, de cette fàcheuse faculté. Ily a des gens qui
peuvent tuer des crapauds simplement en les fixant, et qui
peuvent même tuer des hommes. La qualité malfaisante de
leurs désirs constitue un foyer de forces malignes qui jaillit
et frappe comme le projectile d'une arme à feu.
En 18C4, dans le département du Var, nous raconte le
chevalier des Mousseaux, près du petit village de Brignoles,
vivait un paysan nommé Jacques Pelissier, qui gagnait sa
vie en tuant des oiseaux par la seule puissance de sa vo-
/o~/c. Son cas est rapporté par le célèbre D~ d'Alger, à
la requête duquel ce singulier chasseur opéra u plusieurs
reprises en présence de quelques savants. Voici comment
s'exprime le D" d'Alger « A environ quinze ou vingt
pas de nous, je vis un charmant petit chardonneret que je
montrai Jacques. « Regardez bien, monsieur, me dit-il, il
est à moi ». Aussitôt, dirigeant sa main droite vers l'oiseau,
il s'en approcha doucement. Le chardonneret s'arrête, lève
et baisse sa jolie tête; il secoue les ailes, mais sans pouvoir
s'envoler endn il ne peut même plus bouger, et il se laisse
prendre en battant légèrement de l'aile avec un faible cri.
J'examinai l'oiseau; ses étaient entièrement fermés,
yeux
et son corps avait toute la rigidité d'un cadavre, malgré que
les battements du cœur fussent encore très perceptibles
c'était le véritable sommeil et tous les phéno-
cataleptique,
mènes produits prouvaient l'évidence l'existence
jusqu'à
d'une action magnétique. Quatorze oiseaux furent pris
petits
de la même façon dans l'espace d'une heure aucun ne résis-
tait à la puissance de maître et tous présentaient
Jacques,
les mêmes indices du sommeil sommeil qui,
cataleptique,
d'ailleurs, se terminait au gré du chasseur, dont ces petits
êtres étaient devenus les esclaves soumis.
« Cent fois la vie et le
je demandai à Jacques de rendre
]2t !~t~ DÉVOILÉE

mouvement a ses prisonniers, de ne les endormir qu'à moi-


tié de façon a ce qu'ils puissent aller et venir sur le sol et de
les remettre de nouveau complètement sous le charme. Il fit
tout ce que
je lui demandai, et ce
remarquable Nemrod ne

manqua pas une seule fois son coup. Il me dit a la fin « Si


vous le désirez, je ferai mourir, sans les toucher, ceux que
vous désignerez. J'en indiquai deux pour faire l'expérience,et
a vingt-cinq ou trente
pas, en moins de cinq minutes, il
avait accompli ce qu'il voulait (I). »
Le trait le plus curieux du cas en question, c'est que Jac-
ques exerçait un pouvoir complet seulement sur les passe-
reaux, les moineaux, les rouges-gorges, les chardonnerets et
les mauviettes il magnétisait parfois les alouettes, mais
« elles m'échappent souvent », disait-il.
Ce même pouvoir est exercé avec une force plus grande
encore par les individus connus sous la dénomination de

dompteurs. Sur les bords du


N11, certains indigènes peuvent
attirer hors de l'eau les crocodiles, au moyen d'un siffle-
ment très doux, particulièrement mélodieux et les prendre
impunément; d'autres exercent ce même empire sur les
serpents les plus venimeux. Les voyageurs racontent qu'ils
ont vu de ces charmeurs entourés de quantités de ces rep-
tiles, dont ils se débarrassent à volonté.
Bruce, Hasselquist et Lamprière (~) attestent avoir vu,
en Egypte, au Maroc, en Arabie et surtout dans le Sennaar,
quelques naturels qui ne faisaient aucun cas des morsures

des vipères les plus venimeuses, ni des piqûres des scor-


pions. Ils les prennent et jouent avec eux et ils les plongent
a volonté dans un état d'insensibilité complète. « C'est en
vain, dit Salverte, que les auteurs Latins et Grecs nous
assurent que le don de charmer les reptiles venimeux était
héréditaire depuistemps un immémorial dans certaines fa-
milles qu'en Afrique les Psylles en étaient doués, et qu'il
était possédé par les Marses en Italie et les Ophiozènes à
Chypre. Les sceptiques oublient qu'en Italie, même au com-
mencement du xvi* siècle, des hommes qui prétendaient des-

1. Villecroze. Z,e D~J'.4/~er, 19 mars !86!. Pierrart,vol. IV, p.25<-257.


2. Bruce. Tr~e~ Décorer the Sources of the A't~e, vol. X, p. 402-
417. Hassciquist. Voyaje in </t" Lera~<. vol. I, p. 92-100. Lcmprièrc. Voy.t~c
J.t~ !'jE.'n~re du .Maroc, etc., en /700, p. 4~-43.
tS!S DÉVOILÉH 125

cendre de la famille de saint Paul bravaient, comme les


Marses les morsures de serpents (1).
< Les doutes sur ce sujet, dit cet auteur, ont été définiti-
vement dissipés a l'époque de l'expédition française en Egypte,
et la relation suivante est attestée par des milliers de témoins
oculaires. Les Psylles
qui prétendent, au dire de Bruce, pos-
séder ce don, allaient
de maison en maison pour détruire les
serpents de toute espèce. Un instinct merveilleux les guidait
dès le premier pas vers l'endroit où les serpents se tenaient
cachés. Furieux, hurlants, écumants, ils étaient saisis avec
les mains et déchirés avec les ongles ou les dents.
« Mettons sur le compte du charlatanisme si l'on veut,
dit le sceptique invétéré qu'était Salverte
lui-même, la fu-
reur et l'action de hurler il n'en est pas moins vrai que
cet instinct qui avertissait les Psylles de la présence des ser-
pents a quelque chose de très réel. Aux Antilles, les nègres
découvrent par son odeur le serpent qu'ils ne peuvent aper-
cevoir (2). Ce don est encore possédé en Egypte par des
hommes qui ont été dressés a l'acquérir depuis leur en-
i'ance et qui naissent avec le don héréditaire de découvrir
les serpents même a des distances où les effluves de ces
animaux sont absolument imperceptibles aux sens plus
émoussés d'un Européen. Le fait principal qui domine tous
les autres, la faculté de réduire a l'impuissance les animaux
dangereux, simplement en les touchant, est parfaitement dé-
montré, et il est probable que nous n'en saurons jamais plus
long au sujet de la nature de ce secret célèbre dans l'anti-

quité et conservé jusqu'à notre époque par quelques-uns


des hommes les plus ignorants (3). Dans l'Inde du Sud, a
Nellore, nous avons connu personnellement les X~/MOcf~,
une secte de pariahs, montrer un contrôle parfait sur les
cobras les plus venimeux, les scorpions et les centipèdes.
Aucun de ces reptiles et insectes ne pourrait piquer un Yan-
nodi. LesAnglais les parent pour délivrer leurs bungalow
des serpents, et les procédés dont ils se servent sont fort
curieux. Ils tracent une ligne tout autour de l'habitation

1. Salverte. La Philosophie de la J~a~te. De l'influence sur les an~'maa.r.


vol. I.
2. Thibaut de ChanvaHon. Voyage <t ~a Martinique.
3. Salverte. La Philosophie de la .Ma~te.
126 t-t- DÉVOILÉE

faisant cercle et dont ils font rejoindre les deux bouts après
seulement que tous les serpents qui sont dans la maison en
sont sortis. Une fois cette ligne, a peine visible dans la pous-
sière et l'herbe, tracée, le charmeur se met près de la grande
de sortie, aux deux côtés de laquelle la ligne s'arrête,
porte
et commencent a chanter leurs mantras.Une minute ou deux

après, les serpents-cobras et autres s'y dirigent de tous les


coins et,glissant rapidement a travers le seuil,sortent et dis-

paraissent sans s'arrêter. C est lorsqu'on voit ces reptiles


dégoûtants et dangereux chercher a se tenir juste au milieu
de 1 issue et comme s'ils redoutaient d'approcher les bouts
de l'une des deux lignes, qu'on s'assura que la ligne doit
avoir vraiment quelque chose de répulsif et de dangereux

pour eux. Hcjcté violemment sur la ligne de coté,!e serpent


tombe dans une espèce de torpeur subite. Lorsque la pro-
cession est finie et qu'il ne reste plus un seul serpent sur
les lieux, If charmeur clôt la ligne. et toat est dit.
La musique est agréable a tout L' monde. Un sifilement
doucement modulé, un chant mélodieux on les accords d'une
Hùtc attireront invariablement les reptiles dans toutes les
contrées où on les trouve. Xous en avons été t-'ir :ns nous-
mêmes et nous avons pu vériiicr le lait m.tinn.-s et maintes
fois, non seulement aux Indes, mais en H-ypte aussi. Dans
la Haute-Egypte, partout où notre caravane s'arrêtait, un
',eune voyageur qui se croyait un ilûtiste distingua amusait
la compagnie avec son instrument. Les chameliers et autres
Arabes 1 arrêtaient invariablement parce que,plusd'unefois~
ils avaient été ennuyés par la présence ~attendue de spé-
cimens de la tribu des ophidiens, qui évitent généralement
avec soin la rencontre de l'homme. Finalement, notre cara-
vane rencontra une société dans laquelle se trouvaient des
charmeurs de profession, et le virtuose fut alors requis à

déployer son talent afin d'exhiber leur savoir-faire. A peine


eut-il commencé a jouer, que Fon entendit, un léger frémis-
sement et notre musicien fut saisi de frayeur à la vue d'un
énorme serpent qui s'était approché de ses jambes d'une
façon inquiétante. Le reptile, la tête haute et les yeux fixés
sur lui, rampait lentement et comme inconsciemment, en
faisant doucement onduler son corps et en suivant chacun
de ses mouvements. A ce moment apparut un second scr-
ISIS DÉVOILÉE !27

pent, puis un autre et un quatrième bientôt suivi de plu-


sieurs autres, si bien qu'au bout de quelques instants nous
en avions toute une bande autour de nous. Plusieurs des
voyageurs se réfugieront sur le dos de leurs chameaux, tan-
dis que d'autres se sauvaient dans la tente de la cantine.
Mais ce n'était qu'une fausse alarme. Lcs cliarrneurs, au nom-
bre de trois, commencèrent leurs cliants et leurs incanta-
tions et, attirant les reptiles, ils en furent bientôt couverts
de la tête aux pieds. Aussitôt que les serpents approchaient
des hommes, ils donnaient des signes de torpeur et ils ne
tardaient pas p~on~és dans
eh'e un profond sommeil cata-
leptique. Leurs y~ux étaient a demi clos et vitreux et leurs
te!.cs retombaient. I! ne restait plus qu'un seul récalcitrant,
un grand serpent noir luisant, a la peau tachetée. Ce /nc/o-
/7~?f du désert s'avançait gracieusement < n sautillant.
comme s'il eût da:isc sursa queue
sa vie, et il suivait toute
la mesure des not~ s de la tlùte.
serpent ne paraissait
Ce pas
dispose à se laisser <. ntramer par les charmes des AraLes,
mai~ II marchait toujours dans la direction du joueur de
tlùte qui imit par prendre la fuite. Le moderne Psyllie prit
alors dans son sac une plante a dt-mi desséchée qu'il agita un
moment du cote du serpent. Elle avait une forte odeur de
menthe, et des <:u~ le reptile en eut senti h-parfum, il sui-
vit l'Arabe, toujours dresse sur sa
queue
et
s'approchant
de plus en plus de I:' plante. Encore quelques secondes, et
l'ennemi traJition: de l'homme était enroule, moiïensif,
autour du brus du charmeur, devenait a son tour insensible.
et toute la troupe des reptiles était soit jetée dans une

mare, après qu'o:i eut écrase leurs têtes, soit emportée dans
un sac.
Bien des gens croient que ces serpents sont dresses et
cu'ils sont ou privés de leur venin ou que leur bouche a été

préalablement cousue. Sans doute, les supercheries de quel-


ques jongleurs de bas étage ont donné lieu a cette croyance.
Mais les ~r/ charmeurs de serpents ont trop bien
fait leurs preuves en Orient, pour avoir besoin de recourir
a une fraude de cette nature. Ils ont le témoignage incon-
testable de trop de voyageurs, y compris des savants, pour
qu'on les accuse de semblable charlatanisme. Que les ser-

pents ainsi charmés et amenés a danser et à devenir inof-


t23 t~IS DËVOH.ÉE

fensifs sont encore venimeux a été démontre par Forbcs.


« La musique s'étant arrêtée trop subitement, dit-il,ou pour
toute autre cause, le serpent qui dansait au milieu d'un
cercle s'élança sur les assistants, et iniïi~ea une morsure au
cou d'une jeune femme, qui mourut dans de (ruelles souf-
frances au bout d'une demi-heure ( ).
Suivant les relations des voyageurs. les négresses de la
Guvane Hollandaise, les femmes Obi. excellent dans l'art
de dompter de très s~ros serpents nommes ~/?!<~7~ ou
elles les font descendre des arbres, les suivre et leur
/)~/)0;
obéir uniquement en l'-ur parlant (~).
Xous avons vu dans l'Inde une petite confrérie de fakirs
rassemblée autour d'un petit lac, ou plutôt d'un ét.in~ pro-
fond littéralement tapissé d'énormes alligators. Ces monst rcs

amphibies se traînaient et venaient se réchauTer au solei) ;'<

quelques pieds dest'.tku's. dont quelques-uns étaient éten-


dus immobiles, absorbés dans la pné:'e <~u !;< contemplation.
Tant que l'un de c-'s p~'ux m:nd;its était en vue, les cro-
codiles étaient ;m-si inotlensifs
que des petits chats. ~I;ds
nous n'aurions p.'s conseillé a un étr;<n~r de s'aventurer
seul a quelques mf')'~ seulement de ce-~ monstres. )~e pau-
vre Pradin.voya~u!'Franç.tis,tr.'uv;( u!U tomi)~ pré'naku'ée
dans le corps d'un de ces terribles -~on'tcns, les Mak!\ar.t
nommés par les hindous ~loudela. Mu~er et \a!~ra f~).
Lorsque Jamblique. Hérodote, Pline et quelques autres
anciens auteurs nous parlent de prêtres qui faisaient des-
cendre des aspics sur l'autc! d'isis, ou dethaumaturges
domptant par un rc~a;-d !cs animaux les p!u~ i'éroces, on
les considère comme de~ menteurs ou comme des imbéciles.
Et quand des voyageurs moderne- nous racontant des faits
merveilleux analogues accomplis <-n Orient, on les traite de
bavards enthousiastes ou d'écrivains pc~ (V~/nes f/e /'o/.
~fais, n'en déplais~ au scepticisme matérialiste, l'homme
possède positivement ce pouvoir, ainsi que nous le consta-
tons par les exemples que nous venons de citer. Lorsque
la psychologie et la physiologie seront devenues dignes du
nom de science, les Européens seront convaincus de l'étrange

1. F<)!cs
F'~rhes Ort.t<a~
Uri,'n.tal .Ve~c/r~, "01 J.
J[em.oirs, vot -iL Vo!.
I.p.p, 4'. Vol. rr. p. 38*.
387,
Stedman. ~'o~/ijc f~ ~urtft.tot, vol. 111. p. C4-6j.
3. V'y<z ~'Jt~~ury/t~et.'<c<v'jt. LXXX, p.4~s.etc.
ISIS DÉ\'0!LEE 12U

et formidable puissance qui réside dans la volonté et dans


i imagination de l'homme, soit qu'il l'exerce consciemment,
soit qu il en use a son insu. Et cependant, qu'il serait d'ores
< t déjà facile de s'en rendre compte, si Ion songeait seule-
ment a cette grande vérité naturelle que 1 atome le plus
innmc existant dans la nature est mû par l'esprit qui est
LX dans son essence, car !a plus petite
parcelle représente
/</ /o~; et (}ue la matière n'est, après tout, que la forme
concrète d'une idée abstraite. A ce propos, citons quelques
exemples de la puissance souveraine de la volonté, ~!(~f
~!<'o/7Se/<c. pour en ''r conformément aux plans dressés
par l'imagination, ou plut' par la faculté de discerner les
images dans la lumière astrale.
Il n y a. pour cela, qu' s'' rappeler le phénomène très
familier des ~<'r/, ou
marques
de naissance, dans lesquels
certains effets sont produits par l'action involontaire de
!'ima..ination materne! surexcitée. Le fait que la mère
a une iniluencc sur la conformation d'' son enfant non encore
né était si bien connu des anciens, que l'usage parmi
Ie~ Grecs aisés était (!e
j'tacer des statues auprès des lits.
atin que les mères cuss-'nt c"nstamment. s(~us !es yeux des
modèles de formes partaiit-s. Le moyen adroit a l'aide du-

quel le patriarche Hébreu Jacn!) obtenait des veaux mc'u-


rh'-tés ou non.dans se-, est un
troupeaux, exemple d'appii-

caLi'm aux animaux < (.ett-' loi naturelle'; et Aristote nous

apprend qu il a connu «quatre portées successives déjeunes


chiens» nés de parent parfaitement bien conformes et sain<<,

"uftueloues sujets de la portée étaient bien venus.tandis que


ies autres étaient dépourvus de membres antérieurs et avaient
!e bec de lièvre. Les u-uvres de GeoiFroy Saint-Hilaire. de
Hindach. d'Imam et autres contiennent des citations d'un
-rrand nombre de cas analogues, et l'important ouvrage du
1~ Pro~per Lucas, .S~r /e< .<rc//t'. en rapporte
un.' quantité. Elam cite. d après Pritcbard. un cas dans

teque! un enfant d'un noir et d'une blanche était marqué


de noir et de blanc sur diverses parties du corps. Il ajoute,
avec une sincérité di~ne d'éloges « Ce sont la des singu-
larités dont la science, dans son état actuel,ne peut fournir
aucune explication plausible. » Il est fâcheux que son exem-
ple ne soit pas plus généralement imité. Parmi les anciens.
130 !a!S DÉVOILÉE

Empédocle, Aristote, Pline, Galien, Marc Damascène et


autres citent des cas tout aussi merveilleux que ceux rap-
portés par les auteurs contemporains.
Dans un ouvrage publié a Londres en 1659 (t), un argu-
ment puissant est fourni pour réfuter les matérialistes, en
montrant la puissance de l'esprit humain sur les forces subti-
les de la nature. L'auteur, le D' More, considère le fœtus
comme une substance plastique, qui peut être façonnée par
la mère, de manière a lui donner une forme agréable ou re-

poussante, a ressembler à une seule personne ou a plusieurs


dans différentes parties du corps, a être empreinte de cer-
taines marques, ou pour employer un terme plus approprié,
d'a.s/o~/v//)/c. de quelque objet qui a plus vivement frappé
son imagination. La mère peut produire ces effets volontai-
rement ou involontairement, consciemment ou inconsciem-
ment. faiblement énergiquement.ou suivant les cas. Cela
dépend de son ignorance ou de sa science des profonds mys-
tères de la nature. En prenant les femmes en masse, on doit
considérer les marques de l'être embryonnaire plutôt comme
accidentelles que comme le résultat d'un calcul et, comme
~l'atmosphère de chaque personne dans la lumière astrale
est peuplée d'images de personnes de sa famille, l'épidermc
sensible du fœtus, qu'on peut comparer la plaque sensi-
ble du photographe, peut fort bien prendre l'empreinte de
l'image d'un ancêtre immédiat ou non, que la mère peut
n'avoir jamais vu, mais qui, dans un moment critique, est
venue se présenter comme qui dirait devant la lentille de
la chambre noire de la nature. Le D' Elaus dit « Près de
moi était assise une visiteuse de ma famille venue d un con-
tinent éloigné où <lle était née et où elle avait été élevée.
Le portrait d'une aïeule, qui vivait au commencement du
siècle dernier, était accroché au mur. Or, dans chaque trait,
dans chaque détail de la physionomie, la visiteuse offrait.
une ressemblance complète et frappante avec
le portrait,
quoique l'une d'elles n eût jamais quitté l'Angleterre, tandis
que l'autre était Américaine de naissance et par une des
branches de sa famille. »

1. /~nior<a~ of the Soul, par Henry More, Membre du Christ's Col-


tCoC. Cambridge.
!S!9 DÉVOILÉE 131

La puissance de l'imagination sur notre état physique,


même après que nous ayons atteint l'âge mûr, est démon-
trée de bien des manières. En médecine, un praticien intel-
ligent n'hésite pas a lui attribuer une influence curative
bien supérieure a celle de ses pilules et potions. Il l'appelle
/s ~!c<7/r<ï/r/.E no/~r.r, et son premier but est de gagner
la confiance de son malade au point que,grâce à elle,il peut
forcer la nature a vaincre le mal. La peur tue souvent et
ta douleur a un tel pouvoir sur les fluides subtils du corps,

que non seulement elle dérange les organes internes, mais


encore elle fait blanchir les cheveux. Ficin mentionne des
de fœtus, formées de
usures de cerises ou au-
.fy~<7/</rc.<;
tres fruits, de couleurs, de poils, d'excroissances, et il recon-
naît que l'imagination de la mère peut transformer ces
signes en images d'un animal, d'un
singe, d'un cliien, etc.
Marc Damascène parle d'une
jeune fille qui était couverte
< poils, et portait d~ la barbe, comme notre moderne Julia
Pastrana qui était gratifiée d'une barbe complète Guil-
laume Paradin
parle d'un enfant dont la peau et les ongles
étaient ceux d'un ours Balduin Ronsceus en cite un, né
'vee des barbes de dindon Paré dit en avoir vu un avec
u:ie tête de grenouille, et Avicenne fait mention de poulets

;)yant des tètes d'épervier. Dans ce dernier cas, qui prouve


péremptoirement l'intluence de 1 imagination chez les ani-
maux, l'embryon a <!ù être ainsi formé au moment de la

conception, parce que l'imagination de la poule avait été

frappée par la vue réelle ou imaginaire d'un épervicr. Cela


( st évident, car le D' More, qui cite ce cas, sur l'autorité
<Avicenne. observe très justement que comme l'œuf en

question aurait pu être couvé et éclorc à des centaines de


milles de distance de la poule qui l'avait pondu,l'image mi-

croscopique du faucon empreinte sur l'embryon a dù croî-


tre avec le poulet et, par conséquent, indépendamment de
toute influence ultérieure de la poule.
Cornelius Gemma nous parle d'un enfant né avec le front
blessé et ruisselant de sang, résultat de menaces faites par
père a la mère avec un sabre dirigé contre son front.
Sonnert rapporte le fait d'une femme enceinte qui, voyant
un boucher partager une tête de porc avec son couperet,
mit au monde un enfant dont la figure était fendue depuis
132 ISIS CÉVOtLÉE

le palais et la lèvre supérieure jusqu'à la racine du nez.


Dans le traité De /<T~~ 3/a/~a//6~ de Van Helmont,
on trouve rapportés quelques phénomènes bien surprenants.
La femme d'un tailleur de Mechlin se tenait sur le pas de
sa porte, lorsqu'elle vit, dans une querelle, couper la main
d'un soldat, et cela lui fit une telle impression, qu'elle accou-
cha avant terme et mit au monde un enfant n'ayant qu'une
main, et l'autre bras mutilé saignant. Et i()0~, la femme
de Marcus Devogcler, marchand d'Anvers, voyant un sol-
dat qui venait de perdre un bras, fut prise des douleurs et
accoucha d'une fille dont l'un des bras était mutile et sai-
gnait. comme dans le cas précédent. Van Helmont raconte
un troisième fait d'une autre femme qui fut témoin de la

décapitation de treize personnes par ordre du duc d'Albc.


L'horreur que lui inspira ce spectacle fut si forte, qu'elle
fut « subitement prise des douleurs de l'enfantement, et
donna le jour a un enfant parfaitement conformé, mais dont
la tête manquait, et dont le cou saignait comme ceux des
suppliciés qu'elle avait vus Et ce qui vient accroître ces
merveilles, c'est que, dans ces divers cas, il fut impossible
de retrouver la main, le ~ra.~ et ~c de ces enfants (1).
S'il était possible de concevoir un miracle dans la nature,
les cas ci-dessus cités de disparition soudaine de parties de

corps non encore nés pourraient être donnés comme tels.


Nous avons vainement cherché dans les plu~ récentes auto-
rités qui ont écrit sur la
physiologie de l'homme, pour y
trouver une théorie satisfaisante qui explique les moins

remarquables de ces empreintes ou signatures du f~-tus.


Tout ce que ces auteurs ont pu faire a été de rappeler les
exemples de ce qu'ils nomment des < variétés spontanées
de types~ et de se rejeter ensuite sur les « curieuses coïn-
cidences de M. Proctor, ou sur les naïfs aveux d'ignorance
que l'on rencontre chez les
auteurs, qui ne sont pas com-
plètement satisfaits de la somme actuelle des connaissances
humaines. Magendie reconnaît que, malgré les recherches

scientifiques, on ne sait que relativement fort peu de chose


au sujet de l'existence du fœtus. A la page 518 de l'édition
américaine de son Précis 7~/c/Tïc/~a/rc de 7~f/s/o/o~<~ il

J. D' H. More. Immortality of the Soa~ p. 393.


!S DÉVOILÉE

un cas où le cordon ombilical était rompu et par-


rapporte
faitement cicatrisé, et il demande < comment la circulation
du sang avait pu avoir lieu ? A la page suivante, il dit
« Pour le moment, on ne sait rien relativement à l'uti-
lité de la chez le foetus. » En ce qui concerne sa
digestion
nutrition, il pose la question suivante « Que pouvons-nous
donc dire de la nutrition du fœtus ? Les ouvrages physiolo-
giques ne contiennent que de vagues conjectures à ce su-
A la page S~O, il tient le langage suivant « Par
jet.
suite d'une cause /<y/t0/'< les différentes parties du fœtus
se développent quelquefois d'une façon anormale. » Mais
:tvec une inconséquence singulière, après avoir admis l'igno-
rance des savants sur tous ces points, il ajoute « 7/ n'y <ï
/~s de raison pour croire que /o~~<T//on de la mère
une ~cc <y/ro/ dans la formation de ces
/y!C'/?~rc.9 d'ailleurs, des productions de ce genre sont jour-
nellement observées chez les autres animaux et même dans
tes rejetons des plantes. Quel parfait exemple il nous
donne de la manière de procéder des savants Dès qu'ils

dépassent la limite des faits observés, leur jugement paraît


entièrement perverti. Les déductions qu'ils tirent de leurs
recherches sont souvent très inférieures a celles
propres
tirées par d'autres, qui ne tiennent les faits que de seconde
main.
La littérature de la science fournit à chaque pas des preu-
ves de cette vérité et lorsque nous examinons les raison-
nements des observateurs matérialistes au sujet des phé-
nomènes psychologiques. la règle devient manifeste. Ceux

qui soutirent de récifé de l'rime sont aussi incapables de


discerner les causes psychologiques des effets matériels que
les personnes affectées de daltonisme sont inaptes à distin-

guer le rouge du noir.


Elam, sans être le moins du monde un spirite, bien

mieux, étant un ennemi déclaré du spiritisme, exprime


l'opinion des savants honnêtes dans les termes suivants
« II est certainement impossible d'expliquer comment la
matière et l'esprit agissent et réagissent l'un sur Fautre
il est reconnu par tous que cemystère est insondable, et

qu'il restera probablement à jamais insoluble. »


L'auteur anglais le plus autorisé en matière de malfor-
13~ ISIS DÉVOtLËE

mation est le D' W. Aitken, d'Edimbourg, professeur de


Pathologie à l'Ecole de Médecine militaire, à qui l'on doit
l'ouvrage intitulé The Science and Praclice of Medi-
cine, dont l'édition américaine, imprimée par les soins du
professeur Meredith Clymcr de l'Université de
Pensylva-
nie. jouit d'une
réputation égale aux la Etats-Unis. A
page 233 du premier volume, nous trouvons ce sujet traité
tout au long. L'auteur dit « La superstition, les notions
absurdes et les causes étranges attribuées à ces malforma-
tions disparaissent maintenant, assez vite, en présence des
lucides explications données par les célèbres anatomistes

qui ont fait du développement et de la croissance de l'œui


et de l'embryon l'objet d'une étude spéciale. Il suffit de
citer ici les noms de J. Mullcr, Pathke, Bischoiï, Saint-Hi-
laire, Burdach, Allen Thompson, G. et W. Vrolick, Woltl',
Meckel, Simpson, Rotkitansky et Von Ammon. pour dé-
montrer que les vérités de la science
dissiperont à un
moment donné les brumes de 1 ignorance et de la supersti-
tion. II paraît que nous aurons le temps d'attendre un
résultat aussi heureux. Les « lucides explications des
célèbres anatomistes se bornent ces
quelques mots
« Nous ne savons pas. » Ce que Magendie écrivait il y a

cinquante ans, les physiologistes les plus modernes le répè-


tent encore aujourd'hui. La Semaine 3~cc~'CG/<? (20 déc.
1883). tout en constatant un nouveau fait de tératologie,
celui d'un agneau né avec une véritable
gueule de loup, pré-
senté à la Société de Biologie par M. M. Duval, nous annonce
franchement ne pouvoir expliquer la cause de ce qu'on se

plaît à nommer « un arrêt de développement au lieu de


lui donner son vrai nom.
tout, la science
Après sera bien

peut-être forcée un jour d'accepter les explications suggé-


rées par la « superstition » des occultistes. On croirait, au
ton de complaisante assurance adopté par cet éminent
auteur, que nous sommes en possession, sinon des moyens
de résoudre immédiatement ce difficile problème, du moins
d'un fil pour nous guider dans ce labyrinthe. Mais en 1872.
après avoir mis à profit tous les travaux des plus illustres

professeurs de pathologie, nous le voyons formuler le même


aveu d'ignorance que Magendie en 1838. < Néanmoins, dit-
il, un grand mystère enveloppe encore l'origine de ces
ISIS UÉVOtLËE 135

monstruosités on peut envisager ces défauts de conforma-


tions à deux de vue diirérents Sont-ils dus a une
points
malformation originaire du germe ? Ou bien sont-ils le
résultat de déformations ultérieures de l'embryon par des
causes qui agissent sur son développement ? Pour ce qui
est de la première question, on pense que le germe a été
mal formé a l'origine, ou défectueux a la suile d'une in-
/7rc ~o~ de la f emelle, soit du /n~/e, comme dans les
cas où le même vice de conformation se reproduit chez
les mêmes parents, qui le transmettent en héritage aux
enfants. »
N'ayant aucun système philosophique propre pour expli-
quer les lésions, les pathologistcs, fidèles à leur instinct

professionnel, ont recours à la négation. « Que ces difformi-


tés puissent être produites par les impressions mentales des
femmes enceintes, c'est ce qu'aucune preuve positive ne
démontre disent-ils. « Lesgrains de beauté, les verrues,
les marques et taches cutanées doivent être attribués à des
états morbides des
enveloppes de l'œuf. Une cause de mal-
formation généralement admise consiste dans 1 arrêt de dé-

veloppement du fœtus. /7ï~<! la cause de ce temps d'a/v<~


c. pas ~OM/OMr< manifeste, el elle est, <m contraire, le
plus ~o~fenf cachée. Les /or~n~.s /ran<of/'es de l'embryon
humain sont comparables aux /o/7ï~ /)<?r.9~c.? de

~~<?MCOM/) 6~ï//7ï~r inférieurs, » L'éminent professeur


peut-il en donner la raison ? c'est pourquoi les malforma-
tions,résultant e~M arrêt de dcu~/o/)/)e/7ïe/ï/, adop~e~ sou-
t'e~/ /'<ï~/?er~ d'M/ï animal.
C'est juste mais pourquoi les pathologistes ne nous en
donnent-t-ils pas la raison ? Tout anatomiste qui a fait une
étude spéciale de ces matières peut dire, sans beaucoup se
creuser la cervelle,ce que Inexpérience de tous lesjoursetle
témoignage de ses propres yeux lui montrent. savoir Que
jusqu'à une certaine période, l'embryon humain est le fac-
similé d'un jeune batracien à sa sortie de l'œuf, d'un têtard.
Mais aucun physiologiste ou anatomiste ne paraît avoir eu
l'idée d'appliquer au développement de l'être humain, depuis
le premier moment de son apparition à l'état de germe jus-
qu'à sa formation déunitive complète, et à sa naissance la
doctrine ésotérique de la métempsychose de Pythagore, si
136 !?tS nÉVOI'~E
mal comprise et si mal interprétée par les critiques. Le
sens de l'axiome cabalistique « Une pierre devient une
une plante devient un animal un animal un
plante
homme, etc. a déjà été indiqué ici relativement a l'évolu-
tion spirituelle et physique de l'homme sur cette terre.
Nous ajouterons maintenant quelques mots, afin de rendre
l'idée plus claire.
Quelle est la forme primitive de l'homme futur ? Une
cellule gélatinée microscopique, un corpuscule, disent quel-
ques physiologistes une molécule, un germe d'œuf. disent
les autres. S'il pouvait être analysé au moyen du spectros-

cope ou autrement, de quoi devrait-on s'attendre a le voir

composé ? A cette question, nous répondrions, par analo-


gie, d'un noyau de matière inorganique par les
considérée
savants, déposé par la circulation au point de la germination.
et uni à un dépôt de matière organique. En d'autres termes,
ce noyau infinitésimal de l'homme futur est formé des
marnes éléments qu'une pierre, des mêmes éléments que
la terre, que l'homme est destiné a habiter. Xous lisons
dans La C'r~on na~'c~c du Dr J. Rongade, que la cel-
lule type et l'œuf élémentaire. ce
microscopique atoirn'
de matière organisée, le commencement de tout ce qui
vit, que ces cellules ne diffèrent en rien du tout entre
elles, qu'elles soient « la cellule d'un brin de mousse infime,
ou le chêne géant, l'infusoire qui se perd dans la goutte
(l'eau, ou l'homme lui-même.» « Ces deux germes, celui de
l'homme et celui de t'amibe,a ce point de départ, ont même
forme et même apparence ils se ressemblent o&~o/
ment. Identiques. il est absolument impossible de dire ce

que produira définitivement tel ou tel de ces œufs un


mollusque, un poisson, un oiseau, un homme C est la
force spéciale dont il est animé qui développe seule soit
l'infusoire, soit l'homme. Moïse est cité par les cabalistes
comme une autorité pour sa remarque qu'il a fallu de l'eau
et de la terre pour former un être vivant, et c'est ainsi que
l'on peut dire que l'homme, au début, eut l'apparence d'une
pierre.
Au bout de trois ou quatre semaines, l'œuf prend l'as-
pect d'une plante, une de ses extrémités devenant sphéroï-
dale, et l'autre comme une carotte. A la dissec-
allongée
ISIS DÉVOILÉE 137

tion, on trouve qu'elle est formée, comme l'oignon, de

pellicules très délicates, renfermant un liquide. Ces lamel-


les se rapprochent de plus en plus inférieure, à l'extrémité
et l'embryon pend à la racine de l'ombilic, presque comme
un fruit pend à la branche. La pierre s'est maintenant
transformée, par la métempsychose, en une plante. Puis la
créature embryonnaire commence à percer ses enveloppes
et a développer ses formes. Les yeux sont visibles comme
deux points noirs les oreilles, le nez et la bouche forment
des dépressions, comme les rugosités d'un ananas, avant de
commencer à se projeter en saillie. L'embryon devient un
fœtus animal, ayant d'abord la forme d'un têtard, et
vit comme un amphibie dans l'eau où il se développe. Sa
monade n'est pas encore humaine ni
immortelle, car les
cabalistes nous apprennent la première ne devient hu-
que
maine qu'a la « quatrième heure ». Le fœtus prend alors
un a un les caractères de l'être humain, et lepremier ré-
veil de l'essence immortelle traverse sa substance il se
meut la nature lui ouvre voie la elle l'introduit dans le
monde des vivants, et l'essence divine habite dans le corps
de l'enfant, où elle résidera jusqu'à sa mort physique, alors

que l'homme devient un esprit.


Ce mystérieux procédé de formation qui dure neuf mois
est ce que les cabalistes appellent le complément du «cycle
individuel d'évolution ». Comme le fœtus se développe dans
le //<yMO/* ~/7!n// dans la matrice, de même les terres ger-
ment dans l'éther universel ou fluide astral, dans la ma-
trice de l'univers. Ces enfants cosmiques, de même que
leurs habitants sont d'abord des noyaux ils pas-
pygmées,
sent ensuite à l'état d'ovules, et atteignent graduellement
la maturité devenant mères à leur tour, ils donnent nais-
sance aux formes minérales, végétales, animales et humai-
nes. Du centre a la circonférence,
depuis l'imperceptible
vésicule jusqu'aux dernières limites concevables du Cosmos,
ces glorieux les cabalistes, suivent la trace des
penseurs,
cycles émergeant des cycles, contenant et contenus en des
séries sans fin. L'embryon faisant son évolution dans sa

sphère prénatale, l'individu dans sa famille, la famille dans

l'Etat, l'Etat dans l'humanité, la terre dans notre système,


ce système dans l'univers central, l'univers dans le Cosmos,
138 ISIS DÉVOILÉE

et le Cosmos dans la CAUSE c~E, l'Infini et l'Eternel. Ainsi

procède leur philosophie de l'évolution.

« A!! are but parts of one stupendous whole


Whose body nature is and ~od the soul.
Worids without member
Lie in this bosom like children (1).

Tout en s'accordant à reconnaître que les causes physi-


ques, telles que les coups, les accidents et la mauvaise qua-
lité de la nourriture de la mère affectent le fœtus de façon
à compromettre son existence, et en admettant aussi
que
des causes morales, comme la crainte, une terreur subite,
un chagrin violent ou même une joie extrême puissent re-
tarder la croissance du fœtus, et même le tuer, beaucoup
de physiologistes sont pour dire d'accord avec Magendie
« qu'il n'y a pas de raison pour croire que l'imagination de
la mère exerce une influence quelconque sur la formation
des monstres », et cela uniquement~ parce que tous les jours
on observe des phénomènes de ce genre dans la production
des autres animaux et même des plantes~.
La
plupart des principaux tératologistes d'aujourd'hui
partagent cette opinion. Bien que Geotfroy Saint-Hilaire ait

baptisé la nouvelle science, les faits sur lesquels il s'appuie


sont tirés des remarquables expériences de Bichat, qui, en
1802 a été reconnu comme le fondateur de l'anatomie ana-

lytique et philosophique. Une des


plus importantes produc-
tions qui aient conduit à la littérature tératologique est la

monographie de G.-J. Fisher de Sing-Sing (New-York), in-


titulée ~~< on Compound Hu-
Z)f/)/o~~o/o~ ~/z
man J/ons/er~. Cet auteur classe les productions fœtales
monstrueuses en genres et espèces, en faisant suivre cha-

que cas de réQexions suggérées par ses particularités. Sui-


vant les traces de Saint-Hilaire, il divise l'histoire du sujet
en périodes fabuleuse, positive et scientifique.
II est suffisant pour nous avons en vue que,
l'objet que

1. Ils sont tous les parties d'un admirable tout


Dont le corps est la nature, et dont Dieu est Famé
Des Mondes sans nombre
Reposent dans son sein comme des enfants.
ISIS HÉVOtLÉE 139

dans l'état actuel de la science, deux points soient con-


sidérés comme établis, savoir 1" Que la condition men-
tale de la mère n'a aucune influence sur laproduction des
monstruosités 2° que la plupart des variétés de vice de
conformation peuvent être à la théorie
attribuées d'un arrêt
ou retard dans le développement. Fisher dit < Par une

soigneuse étude des lois du développement, et de l'ordre


dans lequel les divers organes évoluent et se forment dans

l'embryon, on a observé que les monstres par défaut ou ar-


rêt de développement sont, jusqu'à un certain point, des

embryons permanents. Les organes anormaux représentent


tout simplement la condition primitive de la formation,
telle qu'elle existait pendant la première phase de la vie

embryonnaire ou fœtale (1).


Avec la physiologie a l'état chaotique où elle est aujour-
d'hui, il serait assez difficile pour un tératologiste, quel-
que grandes que soient ses découvertes en anatomie, en
ou en embryologie, de soutenir une aussi
thèse
histologie
dangereuse que celle qui prétend que la mère n'a aucune
influence sur sa progéniture. Tandis que les microscopes de
Haller et de Prolik, de Dareste et de Lereboulet ont décou-
vert nombre de faits intéressants concernant les simples ou
doubles traces sur la membrane vitelline, ce que la science a
encore à découvrir sur l'embryologie paraît plus important en-
core. Si nous admettons sont le ré-
que les monstruosités
sultat d'un temps d'arrêt dans le développement; bien mieux,
si, allant plus loin encore, nous concédons qu'on peut pro-
nostiquer l'av enir du fœtus les traces vitellines, où
d'après
les tératologistes prendront-ils les éléments nécessaires pour
nous apprendre la cause psychologique antérieure de ces
deux faits ? Le D' Fisher peut avoir sérieusement étudié

quelques centaines de cas, et se croire autorisé à faire une


nouvelle classification de leurs
genres et espèces mais les
faits sont des faits, et en dehors de son champ d'observa-
tion, il paraît, même si nous n'en jugeons que par notre
expérience personnelle, dans diverses contrées, qu'il y a
d'abondantes et d'incontestables preuves que de violentes
émotions maternelles sont souvent reflétées dans des défor-

1. Transactions of the ~ed/ca~ Society o/*A\-y, Ï865.6.7.


no t~tS DÉVOILÉE

mations visibles et
permanentes chez l'enfant. Et
tangibles,
les cas en question semblent, en outre, contredire l'assertion
du D' Fisher les développements monstrueux sont dus
que
h des causes que l'on peut retrouver dans les premières
phases de la vie embryonnaire
ou fœtale. Un cas à citer est
celui d'un Juge de la Cour Impériale a Saratow en Russie,
qui portait toujours un bandeau pour cacher une véritable
forme de souris avait sur la joue gauche. C'était une
qu'il
souris parfaitement conformée, dont lecorps était représenté
en relief sur la joue, et dont la queue, remontant par la
tempe, allait se perdre dans la chevelure. Le corps parais-
sait luisant, le et tout a fait naturel. De son
poil grisâtre
propre aveu, sa mère avait une invincible répugnance pour
les souris, et elle avait accouché avant terme a la vue d'un
de ces animaux, sortant tout a coup de sa boîte a ouvrage.

Dans un autre
cas, l'auteur de ces lignes présente une
dame enceinte, deux ou trois semaines avant ses couches qui
vit un plat de framboises, et elle fut prise d'une violente
envie d'en avoir quelques-unes qui lui furent refusées. Elle
porta vivement sa main droite a son cou par un geste quel-
que peu théâtral en s'écriant qu'il fallait absolument ~W/f
en L'enfant, né sous nos yeux, trois semaines plus
tard, portait une framboise parfaitement reproduite sur le
euté droit du cou et jusqu'à ce jour, a l'époque de la ma-
turité du fruit, la marque de naissance devient d'un rouge
très vif. tandis que durant l'hiver elle est très pale. Que
vient faire ici « l'arrêt de développement » ? Et n'était-ce
pas plutôt un .<?M/'cro/7 de développement ?

Ces exemples très familiers aux mères de famille, soit


par leur propre expérience ou celle de leurs amies, pro-
duisent une conviction réelle, en dépit des théories de tous
les tératologistes de l'Europe et d'Amérique. De ce que l'on
observe des malformations de l'espèce chez les animaux et
chez les plantes, aussi bien que chez les êtres humains,
Magendie et son école concluent que les malformations
humaines d'un caractère identique ne sont en aucune façon
dues à l'imagination maternelle, puisque celles-là ne /e sont
//a~. Si les causes physiques produisent des effetsphysiques
dans les règnes inférieurs de la nature, la véritable déduc-
I~tS n~VOtLHE Mli
tion a en tirer, c'est la même doit s'appliquer
que règle
aux autres règnes (I).
Mais une théorie tout a fait originale a été émise par le
professeur Armor, du collège médical de Long Island, au
cours de la discussion qui eut lieu a l'Académie de Méde-
cine de Détroit. En opposition avec la doctrine orthodoxe
représentée par le D' Fisher, le professeur Armer dit que
les malformations proviennent de l'une ou l'autre de ces
deux causes, savoir 1° une insuffisance ou une condition
anormale dans la matière générative dans laquelle le fœtus
est développé, ou ~° des influences morbides agissant sur le
œtus dans l'utérus. II soutient que la substance générative
représente dans sa composition chaque tissu, chaque struc-
ture, chaque forme, et qu'il peut y avoir telles transmis-
sions de singularités structurales <?r<'7'< qui rendent la
substance générative incapable de produire un rejeton sain
et parfaitement équilibré, au point do vue de la conforma-
tion. D'autre part, la substance générative p?ut être par-
faite en
cl!e-mém< mais se trouver soumise a des innuen-
<-cs morbides durant la gestation, et l'enfant en deviendra
nécessairement monstrueux.
Pour être conséquente, cette théorie
expliquer en devrait
même temps les cas
diplotératologiques (les monstres a
deux têtes ou a doubles membres) ce qui paraît difficile.
Xous pourrions peut-être admettre que dans la substance
générative défectueuse, la tête de l'embryon ne soit pas
représentée, ou que quelque autre partie du corps fasse
défaut mais il est malaisé d'admettre qu'il puisse y avoir
deux. trois modèles ou plus d'un seul membre. En outre,
si la substance est atteinte d'un vice héréditaire, il faut
croire que /o~ë la progéniture sera également défectueuse.
Or, il arrive que. dans beaucoup de cas, la mère a donné
naissance à un grand nombre d'enfants bien conformés,
avant que le monstre n'apparaisse, et provenant tous du
même Le D' Fisher cite de nombreux cas de ce genre
père.

1. On a un certain droit de refuser à une brebis le don d'imagination.


Mais une brebis n'a-t-elle pas la faculté de prendre peur à la vue d'un loup,
a.asi que la femme, et comme conséquence de cette frayeur naturelle
mettre au monde un agneau à tctc de loup ?'?
!i2 ta!S DÉVOILÉE

entre autres, celui de Catherine Corcoran (1), une femme


très robuste et très saine, âgée de trente ans,
qui, avant de
donner naissance a un monstre, avait eu cinq enfants fort
bien conformés, dont aucuns n'étaient jumeaux. Le mons-
tre auquel elle donna le jour avait une tête a chaque extré-
mité du corps, deux poitrines avec les bras complets, deux
cavités abdominales et pelviqucs réunies bout a bout avec

quatre pieds placés par deux, de chaque cote. a l'endroit


où les deux corps étaient relies. Toutefois, certaines parties
du corps n'étaient pas doubles, de sorte que l'on ne peut
citer ce cas comme un fait de deux corps jumeaux reunis
en un seul.
Un autre exemple est celui de Marie-Thérèse Parodi (~).
Cette femme, qui avait précédemment mis au monde huit
enfants bien formés, accoucha d'une fille dont la partie supé-
rieure du corps était double. Les cas, où </{'<7/ et. <<<
la production d'un monstre les enfants étaient parfaitement
conformés, sont nombreux, et si, d autre part, le fait que
les monstruosités sont aussi communes chez les animaux

que chez les hommes est un argument généralement acc''pté


contre la théorie populaire que ces malformations sont dues
a l'imagination de la mère et si on admet cet autre fait
qu'il n'y a aucune différence entre les ovaires d'un mam-
mifère et ceux d'une femme, que devient dés lors la théorie
du professeur Armor? Dans ce cas, le fait d'une malfor-
mation animale est aussi concluant que celui d'un monstre
humain, et c'est ce que nous d mslisons l'article du
D' Samuel Mitchell: On /H'o-/zc~d</<)(' Un serpent
femelle fut tué avec toute sa portée, au nombre de 1~0 pe-
tits, parmi lesquels il y avait /ro~ /7t0/s/f.s. L'un avait
deux têtes bien distinctes; un autre avait deux tètes, mais
seulement trois yeux; et un troisième avait un double
crâne, muni également de trois yeux, mais avec une seule
mâchoire inférieure. Ce dernier avait deux corps (~. Certes,
la malière ~c/zcrcr/e qui avait produit ces ~o/.s monslres
était identique à celle qui avait procréé les 117 autres!

1. Do&~tK Quarterly ./ourn<Jo/p<7;ca~ôc/eytC~. vol. XV, p. 263, 1853.


2. Recherches ~na/orme Transcendante et Pa~Ao~o~t~up, e~c., Paris,
~32.
J. ~t~t/na~ yournaf of Science a/tJ .i/ vol. X, p. 4.s.
t-ÏS DÉVOILÉE 143

Ainsi donc, la théorie du D' Armor est aussi imparfaite que


toutes les autres.
L'erreur provient de la méthode défectueuse de raison-
nement habituellement adoptée, l'induelion. C'est une
méthode qui prétend rassembler, par l'expérience et l'obser-
vation, tous les faits </ .s<ï /)or/cc, la première recueillant et
examinant les faits pour en tirer des conclusions; et, comme
le dit l'auteur de /t7o.~o/)/r~/ /n~M/r/ « comme ces con-
clusions ne s'étendent pas au delà de ce qui est garanti et
démontré par l'expérience, l'induction est un instrument

d'épreuve fort limité Malgré que cette limitation se


retrouve partout dans les enquêtes scientifiques, on en con-
\icnt très rarement, et l'on bâtit des hypothèses, comme
si les expérimentateurs avaient trouvé le moyen d'en faire
des théorèmes, mathématiquement démontrés, au lieu de
ce qu'elles sont, c est-a-dire de simples a peu près, pour ne

pas dire plus.


Pour un homme (nii étudie la philosophie occulte et qui,
a son tour, rejette la méthode d'induction, en raison préci-
sément de la limitation perpétuelle, mais qui adopte plei-
nement la division des causes de Platon, c'est-à-dire en cau-
ses Eflicientes, Formelles,'Matérielles, et Finales, aussi bien

que la méthode Eléatique consistant a examiner toute pro-


position émise, il parait tout naturel de raisonner en par-
tant du principe suivant de 1 école Xéo-Platonicicnne 1° Le

sujet < ou /A~/ pas tel qu'on le suppose. Par conséquent,


nous demanderons L'Ether universel, connu des cabalistes
sous le nom de « lumière astrale », contient-il de l'électri-
cité et une action magnétique, ou non? La réponse doit être
affirmative, car la science exacte nous apprend qu'il y a
entre ces deux convertibles,
agents saturant tous deux la
terre et l'air, un échange constant d'électricité et de magné-
tisme. La question n" 1 étant réglée, nous avons mainte-
nant a examiner ce qui a lieu 1° En lui par rapport a lui-
/n~e relativement aux autres choses ~° dans les
<ïM/r~ choses par rapport à lui; 4* enfin, dans les autres
choses par rapport à elles-mêmes.
RËPOXSES. 1° Par rapport à /n(?/7ïe. Les propriétés
inhérentes, d'abord latentes dans l'électricité, deviennent
actives sous certaines conditions favorables; et à un moment t
Ht JSiSDKVOtLER

donné, la forme de force magnétique est adoptée par l'agent


subtil et pénétrant, tout a un autre moment, c'est la forme
de force électrique qui est adoptée
2' Relativement aux autres choses. Il est attire par tous
les corps pour lesquels il a de l'affinité, et repousse par les
autres
Dans les autres corps par rapport a lui. H arrive que
toutes les fois qu'ils se trouvent en contact avec l'électri-
cité, ils en reçoivent une impression, en proportion de leu:'
conductibilité;
4° Dans les autres choses par rapport elles-mêmes. Sou,

l'impulsion reçue de la force électrique, et proportionnel-


lement a son intensité. leurs molécuh's changent leur mode
de corrélation el!es sont forcément séparées de façon a
détruire l'objet qu'elles forment, organique ou inorganique
uu bien, si elles étaient dérangées .tuparavant. elles sont
remises équilibreen (comme dans les cas de maladie) ou
la perturbation ne sc'ra que super!!ci~I!e, ut l'objet recevr:)

l'empreinte d'un autre corps, rencontré par le fluide avant


d'arriver a lui.
Pour appliquer les propositions ci-dessus au cas en ques-
lion, nous dirons il y a plusieurs principes scientifiques
bien reconnus. comme, par exemple, celui <~n vertu duquel
une femme enceinte se trouve dans un état physique et
mental d'une extrême impressionnabilité. La physiologie
nous apprend que ses facultés intcïïcctueIL's sont affaiblies.
et qu'elle est affectée, a un de~ré extraordinaire, par les
événements les plus insignifiants. Ses porcs sont ouverts, et
cl!e est sujette une transpiration cutanée particulière;
elle semble dans une situation la rend très accessible
qui
touter les influences existant dans la nature. Les disciples
de Reichenbach affirment que sa condition o~c est très
intense. Du Potet recommande de des précautions
prendre
pour la magnétiser, de peur d'affecter l'enfant. Ses maladies
l'atteignent, et souvent il les absorbe entièrement; ses dou-
leurs et ses joie.s réagissent sur son aussi
tempérament,
bien que sur sa santé; les grands hommes ont eu des mére~
de mérite, et vice-versa. << ~ûz influe
< /<zn<z//o/?
le /<p~, dit Ma~endie, une de ses
qui contredit ainsi
assertions formulées et il ajoute
ailleurs; qu' « une terreur
tSIS DÉVOILÉK H3

subite peut occasionner la mort du fœtus, ou retarder son


développement (t).
Dans le cas, récemment raconté dans les journaux améri-
cains, d'un garçon qui fut tué par la foudre, on trouva, en
!e déshabillant, parfaitement imprimée sur sa poitrine, la
reproduction fidèle d'un arbre, qui se trouvait non loi de la
fenêtre en face de laquelle il était au moment de la catastro-

phe, et qui avait été lui-même frappe par la foudre. Cette pho-
tographie électrique faite /orr~ de la sorte par les
~CM<y/<'5
<!<-la nature nous fournit une analogie, grâce à laquelle nous
pouvons comprendre comment les images mentales de la
;nère sont transmises a l'enfant encore a naître. Ses ~)o/'e.!
~ont ouverts; elle exsude une émanation 06~</Me qui n'est
qu'une forme différente de I'.lA' l'électricité ou le prin-

ripe de vie, lequel, d'après Reichenbach, produit le sommeil


magnétique, et par conséquent est du /7ï~/ïc/c. Les cou-
rants magnétiques se développent et se transforment, a leur
sortie du corps, en courants électriques. Un objet faisant une

impression violente sur l'imagination de la mère humaine


:'u bien sur l'instinct conservateur d'une femelle, si c'est
un animal dont il s'agit, son
image est aussitôt projetée
(!;)ns la lumière astrale, ou éther universel, que Jevons et

Babbage. de même que les auters de ~<~ nous ~t'fr.<~


disent être le dépôt des images .xr//Mc/s de toutes les
formes et jusqu'aux pensées humaines. Les émanations

inagnétiqucs attirent le courant descendant, (lui porte déjà


l'image, et s'unissent a lui. Il rebondit et, se répercutant
plus ou moins violemment, il s'imprime sur le foetus, d'après
la formule même de laphysiologie, qui montre comment

chaque sentiment maternel réagit Est-ce quesur l'enfant.


cette théorie cabalistique est plus /)O~A~</M~ ou incom-
préhensible que la doctrine tératologique enseignée par les
disciples de Geoffroy Saint-Hilaire? C'est cette doctrine, de

laquelle Magcndie dit, avec tant de raison, « qu'elle a été


trouvée commode et facile a cause de son obscurité et du

vague de ses enseignements et « qu'elle ne vise a rien


n~ins la création d'une science nouvelle, dont la théo-
qu'a
rie repose sur certaines lois non encore très intelligibles,

1. Prec~ ~f~en~tre de Physiologie, p. 520.


lt6 !&tS HÉVOtLÉE

telles que celles de l'arrèt, du retard, de la


position s//nt-
laire ou excentrique, et spécialement la grande loi du soi
pour so~ (1).
Eliphas Lévi, qui est certainement une des meilleures
autorités sur certains points, parmi les cabalistes, dit « Les
femmes enceintes sont, plus que les autres, sous l'influence
de la lumière astrale qui concourt a la formation de leur
enfant, et leur présente constamment des réminiscences de
formes dont elle est remplie. C'est ainsi que de très ver-
tueuses femmes trompent la malignité des observations par
des ressemblances équivoques. Souvent elles impriment sur
le fruit du mariage une image qui les a frappées durant leur
sommeil, et de la sorte les mêmes physionomies se perpé-
tuent d'âge en âge.
« L'usage cabalistique du pcntagrammc peut déterminer,
par conséquent, les traits de l'enfant encore à naître, et une
femme initiée pourrait donner a son enfant les traits de
Nérée ou d Achille, aussi bien que ceux de Louis XV ou de
Napoléon (~).
Si cette théorie devait en confirmer une autre que celle
du D~ Fishcr, il devrait être le dernier a se plaindre, car.
ainsi qu'il le confesse lui-même, confession d'ailleurs que
son exemple confirme (3) « un des obstacles les plus redou-
tables à l'avancement de la science a toujours été l'aveugle
~OM/n~/o~ e/cr.~ l'aulorilé. Dégager l'esprit de l'influence
de l'autorité, afin qu'il ait les coudées franches dans la
recherche des lois et des faits qui existent dans la nature,
est la première condition indispensable aux découvertes
scientiiiques et au progrès permanent. »
Si l'imagination maternelle peut arrêter le développement
ou détruire la vie du foetus, pourquoi ne pourrait-elle pas
exercer une influence sur son apparence Il v a
physique ?
des chirurgiens qui ont consacré leur vie et leur fortune a
la découverte des causes de ces malformations, mais qui
n'ont abouti qu'a l'opinion qu'elles étaient dues tout sim-
plement a des « coïncidences II serait aussi éminemment

I.7&tJcm.n.u2t.
C. Dognte et Rituel Je ~fa~~e .e, p. 175.
3. Tra~ac~o~ o/' .Ve~tca~ Society, p. 246.
ISIS DÉVOILÉE 147

antiphilosophique de dire que les animaux ne sont pas


doués d'imagination et bien que l'on puisse considérer
comme le comble de la spéculation métaphysique de formu-
ler même l'idée que les individus du ré~ne végétal, par
exemple les mimosas et le groupe des chasseurs d'insectes,
possèdent un instinct et même une imagination qui leur
est propre, cependant cette idée n'est pas sans avoir des
défenseurs. Si de grands physiciens, comme Tyndall, sont
obligés de reconnaître que, même dans le cas de l'homme

intelligent ot doué de la faculté de s'exprimer par la parole,


ils sont impuissants a combler l'abîme qui sépare l'esprit
Je la matière, et a définir la puissance de l'imagination
combien plus grand encore doit être le mystère qui enve-
loppe les phénomènes qui se produisent dans le cerveau
d'un animal muet?
Qu'est-ce que l'imagination? Z.c.s/).<cAo/ nous di-
senl </Mc c'esl la /)M/s.M~'c /)/<y~ ou <J~/r/~ </c
mais les matérialistes la confondent avec la fantai-
sie. La diifércnce radicale qui existe entre ces deux choses
a été cependant si clairement indiquée parWordsworth~
<!ans la préface (le ses /c~/ 7~<s.. que l'on n'a plus
d'excuse de confondre ces deux termes entre eux. Pytha-
gore soutenait que l'imagination était le souvenir d'états
spirituels, intellectuels et physiques antérieurs, tandis que
la fantaisie est la production désordonnée du cerveau ma-
té riel.
De quelque c'Lé que l'on envisage et étudie la question,
la philosophie universelle antique enseignant que le monde
a été vivitlé et fécondé par l'idée éternelle ouimagination
t l'esquisse et
la préparation arbitraire de la forme concrète)
s'impose inévitablement. Si nous rejetons cette doctrine, la
théorie d'un cosmos évoluant graduellement de son désor-
dre chaotique devient une absurdité car rien n'est moins

philosophique que d'imaginer inerte, une matière


mise uni-
quement en mouvement par une force aveugle et dirigée
par l'intelligence, se transformant spontanément en un uni-
vers d'une harmonie aussi admirable. Si l'âme de l'homme
est réellement une émanation de l'essence de cette âme uni-
verselle, une fraction infinitésimale de ce premier principe
créateur, il doit nécessairement participer, dans une certaine
MS !S!S DÉVO!LËE

mesure, à tous les attributs de la puissance démiurgique.


De même que la Force créatrice, en manipulant la masse

chaotique de la matière morte inactive, lui donna et la


forme, de même l'homme, s'il connaissait sa puissance, agi-
rait aussi, jusqu'à un certain point, de la sorte. Ainsi que
Phidias, en réunissant les parcelles éparses de l'argile et en
les humectant d'eau, a pu donner une forme plastique à la
sublime idée
évoquée par sa faculté créatrice, ainsi la mère

qui a la conscience de son pouvoir est capable de façonner


a son gré l'enfant qui va naître. Ignorant sa force, le sculp-
teur avec sa matière inerte ne produit qu'une figure ravis-
sante, mais inanimée tandis que âme de la mère, violem-
ment affectée par l'imagination, projette aveuglément dans
la lumière astrale l'image d'un objet qui Fa vivement

impressionnée, et, par voie de répercussion, cette image


vient s'imprimer sur le fœtus.
La science nous apprend que la loi de la gravitation nous
assure qu'un déplacement quelconque s'opérant au centre
même de la terre est ressenti dans tout
l'univers, « et nous

pouvons imaginer que le même phénomène se produit pour


les mouvements moléculaires qui accompagnent la pensée ».
Parlant de la transmission de l'énergie a travers l'éther
universel ou lumière astrale, le D' Fournie dit « Des re-

productions photographiques continuelles de tous les faits


sont de la sorte obtenues et conservées. Une grande partie
des énergies de 1 univers est ainsi employée dans ces ima-

ges (1).»
Le D' Fournié de l'Institut national des Sourds et Muets,
au chapitre II de son ouvrage (~), en examinant la question
du fœtus, dit que le microscope le plus puissant est incapa-
ble de nous montrer la plus légère différence entre la cel-
lule ovaire d'un mammifère et celle del'homme et en ce

qui concerne le premier ou le dernier mouvement de l'ovule.


il pose cette question « Qu'est-il ? A-t-il des caractères

qui le distinguent de tout autre ovule? Et il


particuliers
lui-même avec raison « Jusqu'à présent, la science
répond

1. Fournié. P/n/.<~0ji'e du système fierre~r, ccrp&ro-~t~ Paris.


18~2.
1!. Ibidem.
ISIS DÉVOtLÉB 149

n'a répondu à aucune de ces questions, et sans être un pes-


simiste, je ne crois pas qu'elle y r~o~a jamais. Du jour
où ses méthodes d'examen lui permettront de surprendre
le mécanisme mystérieux du conflit entre
le principe de vie
et la matière, elle connaîtra la vie elle-même et sera capa-
ble de la produire. Si notre auteur avait lu le sermon du Père
Félix, comme il aurait répondu ~/7!p/ï/ a l'exclamation du

prêtre MYSTÈRE! MYSTERE'


Examinons 1 assertion de Magendie au point de vue des
exemples cités de la puissance de l'imagination dans la produc-
tion des diiFormités monstrueuses, en dehors de la question
des femmes enceintes. Il admet que ces anomalies
se produi-
sent journellement dans les rejetons des animaux inférieurs;
comment expliquerait-il l'éclosion de poulets a tête de faucon,
si ce n'est au moyen de la théorie que l'apparition de l'en-
nemi héréditaire agit sur l'imagination de la poule, qui a
son tour imprime a la substance dont le germe est consti-
tué certains mouvements qui,avant de se former, produisent
les poussins monstrueux ? Nous avons connu un cas ana-

logue dans lequel une colombe apprivoisée, appartenant


une dame de notre connaissance, ayant été journellement
etirayée par un perroquet, eut a la couvée suivante deux

petits avec des tètes de perroquet, la ressemblance avec cet


oiseau s'étendant jusqu'à la couleur des plumes. Nous pour-
rions citer aussi Calmette, Zouatt. et d'autres auteurs ainsi

<rue les résultats de l'expérience d'un grand nombre d'éle-


veurs qui démontrent qu'en agissant sur l'imagination de
la mère. l'aspect extérieur du produit peut être grandement
modifié. Ces exemples n'atToctent en aucune manière la

question de l'hérédité, car ils ne sont simplement que des


variations spéciales de types produits artificiellement.
Catherine Crowe discute longuement au sujet du
pouvoir
de l'intelligence sur la matière, et elle raconte a son appli
une foule de faits parfaitement authentiques (1). Entre
autres. le curieux phénomène des stigmates a, à cet ~gard,
une portée décisive. Ces marques sont produites sur des

personnes de tout âge, et elles sont toujours le résultat


d'une imagination surexcitée. Dans les cas de l'extatique Ty-

A't~-StJe of A'a<ure, par Catherine Crowe, p. 434 e(. suivantes.


150 ISIS DÉVOILÉE

rolienne Catherine et beaucoup


Emmerich d'autres, les plaies
de la crucifix ion sont, paraît-il, aussi naturelles que possi-
ble. Une certaine M"' von N. rêva, une nuit, qu'une personne
lui offrait une rose blanche et une rouge, et qu'elle choisis-
sait cette dernière. A son réveil,
éprouva elle sur une par-
tie du bras comme la d'une
sensation brûlure, et elle y vit
apparaître graduellement 1 image parfaite de couleur et de
forme d'une rose elle formait légèrement relief sur la surface
de la peau. Cette marque augmenta d'intensité jusqu'au hui-
tième jour, et elle se fana ensuite jusqu'au quatorzième, où
elle disparut complètement. Deux jeunes dames, en Pologne,
se tenaient pendant un orage devant une croisée ouverte; un

coup de foudre éclata tout près d'elles, et le collier en or de


l'une d elles fut fondu du coup, en laissant sur l'épidermeunc

empreinte porta to~te sa vie. L'autre, etÏrayée de


qu'elle
l'accident survenu à sa compagne, fut saisie d'horreur pen-
dant quelques minutes et s'évanouit. Petit à petit, le même

stigmate du collier, qui s'était instantanément produit sur le


cou de son amie, apparut aussi sur le sien, et subsista pen-
dant plusieurs années, au bout desquelles il finit par dispa-
raître.
Le DrJustin Kerner, le distingué auteur allemand, raconte
un fait encore plus extraordinaire. A l'époque de l'invasion
française, un cosaque ayant poursuivi un Français, et l'ayant
acculé dans une impasse, une lutte terrible s'engagea entre
eux, dans laquelle le dernier fut
grièvement blessé. Une

personne qui avait cherché un refuge dans ce cul-de-sac, et


ne put s'échapper, fut tellement effrayée, qu'en rentrant
chez elle. on vit se reproduire sur son corps exactement
les mêmes blessures que le cosaque avait infligées à son
ennemi.
Dans cas, cecomme dans ceux où des désordres organi-
ques et même la mort physique sont le résultat d'une surex-
citation soudaine de l'esprit, réagissant sur le corps, Magen-
die aurait de la peine à attribuer l'effet à tout autre cause

qu'à l'imagination: et s'il était un occultiste, comme Para-


celse ou Van Helmont, la question serait débarrassée du

mystère qui l'enveloppe. Il


comprendrait la puissance de
la volonté et de l'imagination humaine, (la première con-
sciente et la seconde inconsciente), sur l'agent universel,
ÏSIS DËVOrLÉE 151

porter des atteintes et mentales non seule-


pour physiques
ment à des victimes choisies, mais aussi, par une action ré-
ilexe, inconsciemment à soi-même. C'est un des principes
fondamentaux de la magie, que si un courant de ce fluide
subtil n'est pas poussé avec une force suffisante pour qu'il
atteigne le point il réagira sur le sujet qui Fa mis
objectif,
en mouvement, de même qu'une balle élastique rebondit
dans la main du
joueur, après avoir frappé la muraille

qu'elle n'a pu traverser. Il y a, en effet, beaucoup d'exemples


où de soi-disant sorciers ont été les victimes de leur inex-

périence. Van Helmont dit « La puissance d'imagination


cl'une femme vivement excitée produit une idée, qui sert
d'intermédiaire entre le corps et l'esprit. Elle se transfère
:< l'être avec lequel la femme est en relation la plus immé-
diate, et elle imprime en lui l'image qui l'a le plus agitée
elle-même.
Deleuze a recueilli, dans sa Bibliothèque du ~a~p/e
~/ï~n<z/, un grand nombre de faits tirés de
remarquables,
Van Helmont, et parmi ces faits, nous nous contenterons de
citer le suivant, faisant pendant au cas du chasseur d'oi-
seaux, Jacques Pelissier. Il dit « que des hommes en regar-
dant fixement des animaux,occulis /e/ï~,pendant un quart
d'heure, peuvent occasionner leur mort ce que Rousseau
confirme, d'après sa propre expérience en Egypte et en
Orient, où il tua de cette manière plusieurs crapauds. Mais

lorsqu'il voulut l'essayer à Lyon, le crapaud,sentant qu'il ne

pourrait échapper aux atteintes de son regard, s'éveilla et


s'élança sur lui avec tant de violence, sans détacher ses yeux
de lui, Rousseau fut pris de faiblesse et s'évanouit, et
que
pendant quelque temps on le crut mort :>.
Mais pour en revenir à la question de tératologie, Wier,
dans son livre De .~raM/s /)a?/no/m/7ï, parle d'un enfant
né d'une femme de temps avant avait
sa naissance,
qui, peu
été menacée par son mari, lui disant qu'elle avait le diable
en elle, et qu'il voulait le tuer. L'eiîroi de la mère fut tel, que
l'enfant vint au monde < bien conformé de la ceinture au
bas, mais ayant à la partie supérieure le corps moucheté de
taches d'un brun rougeàtre, les yeux à fleur de tête, la bou-
che d'un satyre, des oreilles de chien, et des cornes recour-
bées sur la tête comme un bouc Dans un ouvrage de
ISIS DÉVOILÉE

Démonologie écrit Peramatus,


par on lit l'histoire d'un
monstre, né à Saint-Laurent, dans les Indes Occidentales.
en 1573, dont l'authenticité est attestée par le duc de Medina-
Sidonia. L'enfant, « outre l'horrible difformité de la bou-
che, des oreilles et du nez, avait deux cornes sur la tête

pareilles à celles jeunesdes boucs, le corps couvert de longs

poils, et vers le milieu du corps une espèce de ceinture


charnue, de laquelle pendait un morceau de chair ayant la
forme d'une bourse, et une cloche de chair dans la main

gauche, comme celles dont se servent les Indiens dans leurs


danses; il avait enfin les jambes emprisonnées dans des
bottes à retroussis en chair de couleur blanche. En un mot,
tout l'ensemble était horrible et diabolique, et il était à pré-
sumer que tout cela provenait d une frayeur que la mère
avait éprouvée, en voyant des Indiens exécuter leurs danses

grotesques ». Le D~ Fisher rejette tous ces exemples comme


dénués d'authenticité et comme fabuleux.
Mais nous ne voulons pas fatiguer davantage le lecteur
par le récit des nombreux cas de tératologie que l'on
trouve rapportés dans les oeuvres des auteurs qui ont écrit
sur la
matière ceux qui précèdent suffisent pour prouver
qu'il y a de fortes raisons pour attribuer ces aberrations du

type physiologique à la réaction mutuelle de l'esprit mater-


nel et de l'éther universel. Dans le cas où l'on révoquerait
en doute l'autorité de Van Helmont, comme homme de
science, nous en référerions à l'ouvrage de Fournié, le célè-
bre physiologiste, dans lequel (à la page 717) on trouve l'ap-
préciation suivante de son caractère « Van Helmont était
un chimiste extrêmement distingué il avait tout particu-
lièrement étudié les fluides aériformes, auxquels il avait
donné le nom de gaz en même temps il poussait la piété
jusqu'au mysticisme, s'abandonnant exclusivement à une
contemplation constante de la divinité. Van Helmont s'est
distingué au-dessus de tous ses prédécesseurs en reliant le
principe de la vie directement et en quelque sorte expéri-
mentalement, ainsi qu'il le dit lui-même, aux plus infimes
mouvements du corps. C'est l'action incessante de cette
entité, qu'il n'associe nullement avec les éléments matériels,
mais qui forme une individualité distincte, que nous ne pou-
ISIS DËVO!LKE 153

vons comprendre. Néanmoins, c'est sur cette entité qu'une


célèbre école a établi sa base principale.
« Le principe de vie » de Van Helmont, ouForc~ceu~,
n'est ni plus ni moins que la lumière astrale de tous les caba-
listes et l'éther universel de la science moderne. Si les em-
les plus importantes du fœtus ne sont pas dues à
preintes
l'imagination de la mère, à quelle autre cause Magendie
attribuerait-il la formation des plaques cornées, des cornes
de boucs et la peau velue d'animaux que, dans les citations
précédentes, nous voyons caractériser les monstrueuses pro-
génitures en
question ? Il n'existait, certes, aucun germe
latent de caractères du règne animal, capables d'être déve-

loppés sous l'impulsion soudaine d'un caprice maternel.


Bref, la seule explication possible est celle présentée par
les adeptes des sciences occultes.
Avant de quitter ce sujet, nous voudrions encore dire

quelques mots relativement aux cas dans lesquels la tête,


le bras et la main furent instantanément dissous, bien qu'il
soit évident que, dans chacun de ces
cas, le corps entier de
l'enfant avait été parfaitement formé. Quelle est la compo-
sition du corps de l'enfant a sa naissance ? Les chimistes
nous diront qu'il comprend une douzaine de livres de gaz
solidifiées, quelques onces d'un résidu cendreux, de l'eau, de

l'oxygène, de l'hydrogène, de l'azote, de l'acide carbonique,


un peu dechaux, de magnésie, de phosphore et quelques
autres substances minérales et c'est tout D'où viennent
ces substances ? Comment ont-elles été rassemblées de ia
sorte ? Comment ces
parcelles que M. Proctor nous dit être
attirées des profondeurs de l'espace qui nous environne de
toutes parts, pour être façonnées sous la forme d'êtres hu-
mains ? Nous avons vu qu'il était inutile de le demander a
l'école dominante dont Magendie est l'illustre représentant
car il avoue qu'elle ne sait rien de la nutrition, de la diges-
tion ou de la circulation chez le fœtus et la physiologie
nous apprend que tandis que l'ovule est enfermé dans
l'ovaire, il participe à la structure générale de la mère, dont
il forme partie Intégrante. Mais dès qu'il en est détaché, il
devient presque aussi indépendant d'elle pour ce qui doit
constituer le corps de l'être futur, que le germe dans un
Iji ISÎS nÉVOïLËH

œuf d'oiseau, après que la mère la déposé dans le nid. Cer-


tes peu de chose, dans les faits démontrés de la science,
viennent contredire l'idée que la relation de l'enfant a l'état
d'embryon avec la mère est fort ditTércnte de celle du loca-
taire envers la maison, sur l'abri de laquelle il compte pour
sa santé, son chauffage et son confort.
Suivant Démocrite, l'Ame (1) provient de l'agrégation des
atomes, et Plutarque décrit sa philosophie comme suit
« II y a un nombre infini de substances indivisibles, insen-
sibles, sans différences entre elles,
qualités, sans
et qui se
meuvent dans l'espace, où elles se trouvent disséminées
lorsqu'elles s'approchent les unes des autres, elles s'unis-
sent, s'accrochent et forment par leur agrégation l'eau, le
feu, une plante, un homme. Toutes ces substances, qu'il
nomme des ~/o/?!C~ en raison de leur solidité, ne peuvent
éprouver ni changement, ni altération. « Mais, ajoute Plu-
tarque, nous ne pouvons faire une couleur de ce qui est
incolore, ni une substance ou une âme dece qui n'a ni âme
ni qualité. » Le professeur Balfour Stc\vart dit que cette
doctrine, dans les mains de John Dalton. a permis a l'es-
prit humain de saisir les lois qui règlent les changements

chimiques, aussi bien que de se représenter les phénomènes


qui y ont lieu. Après avoir cité, en l'approuvant, l'idée de
Bacon que l'homme cherche perpétuellement les limites
extrêmes de la nature, il formule une loi d'après laquelle,
lui et sescollègues en philosophie devraient bien régler
leur conduite « Nous devrions assurément être très pru-
dents avant d'abandonner une branche quelconque des con-
naissances humaines ou de l'exercice de la pensée, comme
essentiellement inutile (2).
Vaillantes paroles que celles-là Mais combien de savants
les mettent en pratique
Démocrite d'Abdère nous montre l'espace rempli d'ato-
mes, et nos astronomes contemporains nous font voir com-

1. Par le mot ;<7ne. ni Démocrite ni les autres philosophes n'entendaient


ni le -Yonx ni le Pneu ma, l'urne divine immat~rielic, mais bien le psyché-
ou corps astral; ce quj Platon a toujours désigne sous le nom de seconde
ume mortelle que les cabalistes appellent l'dmo humaine, le cinquième
principe.
2. Balfour Stewart, L. L. D., F. R. S. The Conserr~tOTt o/er~ry.
ISIS DEVOILEE ~3

nient ces atomes se réunissent pour former les mondes et


ensuite les races, y compris la nôtre, pour les peupler.

Puisque nous avons signalé l'existence d'une puissance dans


la volonté de
l'homme laquelle, en concentrant les cou-
rants de ces atomes sur un point objectif, peut créer un
enfant conformément a la fantaisie de la mère, ne
pourquoi
serait-il pas admissible que ce même pouvoir exercé par la
mère puisse, par un renversement intense, presque incons-
cient, de ces courants, dissoudre et faire entièrement dis-

paraître une partie quelconque et même tout le corps de


son enfant encore a naitro? Ici se pose actuellement la ques-
tion des fausses grossesses, qui ont si souvent embarrassé
et les médecins et leurs sujets. Si la tête, le bras et la main
<tes trois enfants dont parle Van IIelmont ont pu
disparaî-
tre par suite d'un mouvement d'horreur, pourquoi une
émotion analogue ou même de toute autre nature, excitée
au même degré, ne causerait-elle pas la
disparition du fœ-
tus dans ces prétendues fausses grossesses ? Ces cas sont
rares, mais ils existent, et. de plus. iis défient totalement
h's efforts de la science. 11 n v a certainement pas dans la
circulation de la mère de dissolvant chimique assez puis-
sant pour dissoudre l'enfant, sans qu'elle ne périsse elle-
même. Xous recommandons en conséquence ce sujet à la
science médicale, dans l'espoir qu'elle n'adoptera pas la con-
clusion de Fournie, q'-ii dit « Dans cotte succession de
phénomènes, nous devons nous en tenir au rôle d'historien.
car nous n'avons pas même essayé d'expliquer le pourquoi
et le comment de
choses, ces
et elles restent les
mystères
Inscrutables de la vie a mesure que nous avançons dans
notre exposition, nous sommes obligés de reconnaître que
c'est la pour nous le /e/<7/~ ~e/cn~ (1).
Dans les limites de ses intellectuelles, le vrai
capacités
philosophe ne connaît pas de terrain défendu, et il n'admet
pas qu'il y ait dans la nature de mystère inscrutable ou
Inviolable.
Aucun adepte de la philosophie hermétique, aucun spi-
ritualiste ne fera d'objection au principe abstrait posé par
Hume, que le miracle est impossible car supposer sa pos-

Fournié. Physiologie df7 ~y~e/ne nerveux. p. t6.


1~6 ISIS DÉVOILÉE

sibilité serait admettre que l'univers est gouverné par des


lois spéciales au lieu de lois générales. C'est la un des points
fondamentaux de désaccord entre la science et la théologie.
La première, raisonnant d'après Inexpérience universelle.
soutient qu'il y a dans la nature une uniformité constante
de règles générales, tandis que la seconde prétend que
l'Etre peut
Dirigeant être invoqué et prié de suspendre l.t
loi générale, pour cadrer avec certaines éventualités toutes

spéciales. John Stuart ~Iill(~),dans.l .S/<M o/'Z.oy~\dit


« Si nous ne croyons pas d'avance aux agents surnaturels
et à leur action, il n'y a pas de miracle qui puisse nous
prouver leur existence. Le miracle lui-même, considéra
simplement comme un fait extraordinaire, peut être attcstê
d une façon satisfaisante par le témoignage de personnes
dignes de foi ou par celui de nos sens mais rien ne pourr.)
jamais démontrer que ce soit un miracle. Il y a encore une
autre hypothèse possible: c'est que le fait en question est
le résultat d'une cause naturelle inconnue et cette possi-
bilité ne peut en aucun cas être si complètement écartée.
qu'il ne nous reste plus d'autre alternative que d'admettre
l'existence et 1 intervention d'un être supérieur a la na-
ture. »
Telle est la conviction que nous avons cherché a taire
naître chez nos logiciens et nos physiciens. Comme le dit
M. ~lill lui-même, « non-, ne pouvons admettre une pro-
position comme une loi de la
nature, et croire, en même
temps, un fait qui est en contradiction manifeste avec elle.
Il faut de toute nécessité ou repousser la croyance a un

pareil fait, ou admettre que nous avons fait erreur en ad-


mettant la loi en question ». M. Hume invoque « la ferme
et J/?~6va&/e expérience » du genre humain, comme éta-
blissant les lois dont l'action rend ~pso /~<o les miracles
impossibles. La difficulté que présente cette théorie réside

principalement dans l'adjectif souligné « Inaltérable », qui


suppose que notre expérience ne change jamais, et que.
par conséquent. les mêmes expériences et observations ser-
viront de base à notre jugement. Cette opinion suppose
également que tous les philosophes auront toujours les mê-

1..1. ~s~ of ~.o;/<c. S* édit. t5T: Vùl. I!, p. 165.


ISIS DÉVOILÉE 157

mes faits à examiner, et elle semble ignorer entièrement


les rapports d'expériences philosophiques de et découver-
tes scientifiques dont nous avons été temporairement privés.
Ainsi l'incendie de la
bibliothèque d'Alexandrie, et la
destruction de Xinivc ont privé le monde, pendant plusieurs
siècles, des données nécessaires pour se former une opinion
de la valeur de la véritable connaissance exotérique et éso-
têrique des Anciens. Mais, dans ces dernières années, la
découverte de la pierre de Rosette, des manuscrits d'Ebers,
d'Aubigné, d'Anastasi et autres papyrus, et l'exhumation
des bibliothèques souterraines ont ouvert un vaste champ
;<ux recherches archéologiques qui,très probablement,abou-
tiront à des modifications radicales dans cette expérience
« ferme et inaltérable ». L'auteur de .SM/~rn<z~ra/
~/on fait remarquer, avec raison. « qu'une personne qui
croit a quelque chose qui est en contradiction avec la logi-

que. et cela uniquement sur la foi d'une aftirmation sans

preuve, est tout simplement coupable de crédulité mais


cette affirmation ne porte aucune atteinte à l'évidence
même de la chose.
Dans une conférence de M. Iliram Corson, professeur
(le littérature Anglo-Saxonne a l'université de Cornell, a
Hhaca (Etat de \c\v-York) faite aux élèves du Collège
dr Saint-John a Annaprdis, au mois de juillet 187~, le con-
férencier condamne a bon droit la science en ces termes
« II y a des choses (lue la science ne fera jamais, et qu'elle
aurait de la présomption à vouloir essayer. Il fut un temps
"ù !a Religion et l'Eglise, dépassant les limites de leur do-
maine légitime, avaient envahi et harcelé celui de la science,
et imposé a celle-ci un tribut extrêmement lourd mais il
semblerait que leurs anciennes relations subissent un chan-
gement complet la science, a son tour. a franchi ses fron-
tières et a envahi le domaine de la Religion et
de l'Eglise,
et au lieu d'une Papauté religieuse, nous courons risque
d avoir a subir le joug d'une Papauté scientifique; en fait,
nous sommes déjà placés sous cette domination et de même

qu'au xvi* siècle on a protesté. dans l'intérêt de la liberté


intellectuelle, contre le despotisme religieux et ecclésiasti-
que, de même, dans notre xix* siècle,le-~ Intérêts spirituels
et éternels de l'homme exigent qu'une protestation soit
~3 ISIS DÉVOILÉE

formulée contre le despotisme scientifique qui va se déve-


rapidement, ai!n que les savants, non seulement
loppant
restent dans leur domaine légitime du phénoménal et du
normal, mais encore aient a examiner de nouveau tout leur

bagage de vérités, de façon a s'assurer positivement jus-


point la quantité de numéraire qu ils ont dans
qu'à quel
leurs caves, et sur la foi de l'existence duquel on a fait cir-
culer tant de papier-monnaie, est bien réellement l'or pur
de la vérité.
« Si ce pas fait pour
n'est la science, comme on le fait

pour les affaires ordinaires, les savants sont capables de

porter leur capital a un intérêt trop élevé, et a entrepren-


dre, par conséquent, des opérations bien au-dessus de leur

portée. Depuis même que le professeur Tyndall a prononcé


son discours de Belfort.il a été démontré par les nombreu-
ses répliques qu'il a provoquées que le capital de l'école
de la Philosophie d'Evolution, a laquelle il appartient, n'est
pas, a beaucoup près, aussi considérable qu'on l'avait va-

guement supposé auparavant, dans le monde intelligent.


mais non scienti'ique. Pour une personne étrangère au
monde de la science, il est fort surprenant de voir combien
la science officielle table sur un domaine de pures hypo-
thèses, dont se vantent les savants en les présentant comme
leurs propres conquêtes :i).
C'est exact: mais il faudrait ajouter en même temps
qu'ils contestent aux autres le même privilège. Ils protes-
tent contre les miracles de l'Eglise et répudient avec tout
autant de logique les phénomènes modernes. En présence
des aveux d'autorités
scientifiques telles que le D~ You-
mans et autres, (lue lascience moderne passe par une phase
de transition, il semblerait qu'il est temps de cesser de trai-
ter certaines choses d'incroyables,uniquement parce qu'elles
sont merveilleuses. et parce qu'elles semblent contraires a
ce que l'on a toujours envisagé comme une loi universelle.
Il nemanque pas de penseurs sérieux, dans notre siècle,
désireux de venger la mémoire des martyrs de la science,
tels qu'Agrippa, Palissy et Cardan, qui n'arrivent cependant
pas, faute de moyens, a bien comprendre leurs propres

1. Draper. Conflit entre la. Religion et la Science, p. 22.


ISIS DÉVOILÉE i59

idées. Ils croient a tort que les néoplatoniciens prêtaient


plus d'attention à la philosophie transcendante qu'à la
science exacte.
« Les insuccès qu'on constate souvent chez Aristote,
dit le
professeur Draper, ne sont pas
preuve une de l'in-
consistance de sa méthode, mais plutôtbien de sa bonté.
Ce sont les insuccès qui résultent de l'insuffisance des faits. »
Quels sont ces faits? s'il nous est permis de le demander.
Un savant n'admettra jamais que l'on aille les chercher dans
les sciences occultes, puisqu'il n'y croit pas. Néanmoins,
l'avenir démontrera la vérité de celles-ci. Aristote a légué
sa méthode d'induction a nos savants mais tant qu'ils ne
la compléteront pas par celle des « Universaux de Platon
ils éprouveront plus d'insuccès encore que leur grand guide
Aristote. Les universaux ne sont un article de foi que tant

qu'ils ne peuvent être démontrés par le raisonnement et


appuyés sur l'expérience constante et
ininterrompue. Quel
est le philosophe actuel qui pourrait prouver, a l'aide de cette
même méthode d'induction, que les anciens n'étaient pas
en possession de ces démonstrations par suite de leurs étu-
des ésotériques ? Les propres négations de nos philosophes,
dénuées qu'elles sont de preuves, attestent suffisamment
qu'ils ne restent pas aussi fidèles a la méthode d'induction
qu'ils veulent le laisser croire. Forcés qu'ils sont de baser
leurs théories, bon gré, mal gré, sur le terrain de la philo-
sophie ancienne, leurs découvertes modernes ne sont que
des bourgeons provenant de germes plantés par leurs pré-
décesseurs de l'antiquité. Et encore, ces découvertes sont
généralement incomplètes, quand elles ne <=ont pas avortées.
Leur cause est
toujours enveloppée d'obscurité, et leur effet
définitif imprévu. « Nous ne sommes pas en état, dit le
professeur Youmans, de considérer les théories de l'anti-
quité comme des erreurs discréditées, ni les théories actuel-
les comme déhnitives. Le corps vivant et progressant de
la vérité n'a fait que transformer ses anciens
téguments
par le progrès, en leur donnant plus de vigueur et plus de
force (1). » Ce langage, à la chimie moderne par un
appliqué
des premiers chimistes philosophes et l'un des auteurs scicn-

1. Edward L. Youmans, M D. Class-Book o/'CAerM~ry, p. 4.


~60 t-)S DÉVOILÉE

tifiques les plus enthousiastes du jour, montre bien l'état


de transition dans lequel se trouve la science moderne
mais ce qui est vrai de la chimie l'est aussi de toutes les
sciences, ses sœurs.

Depuis l'avènement des phénomènes dits ~/)/e5, les


physiciens et les pathologistes sont plus disposés que jamais
traiter de superstitieux empiriques et de charlatans de
grands philosophes comme Paracciseet Van Helmont.ct a
tourner en ridicule leurs notions au sujet de l'~l rr/~MS ou
anirna ~uncfz, aussi bien que 1 importance qu'ils accordent
a la connaissance de la structure des Astres. Et cependant
combien de progrès substantiels la médecine a-t-elle faits
depuis l'époque où lord Bacon la rangeait parmi les scien-
ces <"t3~M/VÏ/~
Des philosophes tels que Démocrite, Aristote, Euripide,
Epicure, ou plutôt son biographe Lucrèce, Eschyle et au-
tres anciens auteurs, que les matérialistes citent si volon-
tiers comme des autorités à opposer aux Platoniciens rêveurs,
n'étaient que des théoriciens et non pas des adeptes. Les
adeptes, lorsqu'ils écrivaient,voyaient leurs ouvrages brû-
lés par la plèbe chrétienne, ou alors ils les rédigeaient dans
des termes qui ne les rendaient intelligibles que pour les
initiés. Quel est celui de leurs détracteurs modernes qui
peut assurer qu'il sait lout ce qu'ils savaient ? Dioclétien,
a lui seul, a brûlé des bibliothèques entières de livres sur
les arts ~erre~s pas un manuscrit traitant de l'art de
faire de l'or et de 1 argent n'a échappé a la fureur de ce
Lyran illettré. Les arts et la civilisation avaient atteint un
tel développement à l'époque (lue l'on se plaît à appeler les
temps archaïques, que nous apprenons, par les constata-
tions de Champollion, qu'Athothis, le deuxième roi de la

y~<<6 dynastie, avait écrit un livre sur


l'anatomie, et le
roi Xeeho un traité d'astrologie et d'astronomie. Blantasus
et Cynchrus furent deux savants géographes de ces temps
anté-mosaïqucs. Elien l'Egyptien parlelachus,de dont la
mémoire était vénérée depuis des siècles, pour des décou-
vertes étonnantes en médecine. II arrêta les progrès de plu-
sieurs épidémies, tout simplement au moyen de certaines

fumigations. Un ouvrage d'Apollonide, surnommé 0/'6f/)/o~,


est cité par Théophile, patriarche d'Antioche il était inti-
ISIS DÉVOILÉE 161

tulé le Livre Divin et donnait la biographie secrète et l'ori-

gine de tous les dieux de l'Egypte. Ammien MarceUin

parle d'un ouvrage secret dans lequel était indiqué ~a~e


du ~o?M/* .1/)~, de de nombreux mystères et de
maint calcul cyclique.
Que sont devenus ces livres, et qui connaît les trésors
d'érudition et de science
qu'ils peuvent avoir contenus ?
Nous ne savons avec certitude qu'une chose c'est que les
Vandales, Chrétiens et Païens, ont détruit ces trésors litté-
raires joar~oM~ CM ils les /ro~uaïe~ que l'Empereur Alexan-
dre Sévère parcourut
l'Egypte pour rassembler entière,
tous les livres sacrés
sur le mysticisme et la mythologie,

pillant tous les temples, l'un après l'autre que les Ethio-
piens, malgré l'antiquité bien démontrée des connaissances
des Egyptiens dans les arts et les sciences, réclamèrent la

priorité de ces
notions et du reste, ils
le pouvaient puis-
qu'elles existaient dans l'Inde, non seulement depuis l'au-
rore, mais depuis la nuit la plus profonde de l'histoire. Nous
savons aussi que Platon apprit plus de secrets en Egypte
qu'il ne lui était permis d'cn révéler; que, suivant Champol-
lion, tout ce qui est réellement bon et scientifique dans les

ouvrages d'Aristote, si vanté de nos jours par nos moder-


nes inductionnistes, est du a son divin maître et que,
comme conséquence logique, Platon ayant enseigné orale-
ment a ses disciples initiés les profonds secrets qu'il avait

appris des prêtres de l'Egypte, ces secrets se transmirent


ainsi de génération en génération parmi les adeptes, dont
les derniers en $a~e~)/M.$ sur les forces occultes de la na-
ture que nos philosophes d'aujourd'hui.
C'est le cas de mentionner ici les ouvrages d'Hermès

Trismégistc. Qui les a lus ou combien ont eu occasion de


les lire, tels qu ils existaient dans les sanctuaires de 1 Egypte ?
Dans ses .~y~res de /)~ Jamblique attribue à Her-
mès i.100 volumes, et Seleucus ne compte pas moins de
~0.000 ouvrages de lui avant la période mosaïque. Eusèbe
n'en a vu que quarante-deux de son temps, dit-il, et le der-
nier des six livres sur la médecine traitait de cet art tel
qu~on le pratiquait dans les siècles les plus reculés (i) et

1. Sprengel, dans son Hisloire de la Médecine, fait voir Van Helmont


comme outré du charlatanisme et de la présomption ignorante de Para-

VOL. Il 11
1M 19t3 DÉVOfLEE

Diodore dit que ce fut le plus âgé des législateurs Mnévis,


le troisième successeur de Menés, qui les reçut d'Hermès.
De tous les manuscrits qui sont parvenus jusqu a nous,
la plupart ne sont que des rctraductions latines des textes
traduits en grec, principalement par les Néoplatoniciens,
d'après les ouvrages originaux conserves par quelques adep-
tes. Marcile Ficin, qui fut le premier a les publier a Ve-
nise, en 1488, ne nous en a donne que de simples extraits
et les plus importantes parties paraissent en avoir été ou
expurgées ou volontairement omises, comme trop dange-
reuses a publier dans ces temps d'<7/o da Aussi, il ar-
rive maintenant que cabaliste,
lorsqu'un qui a consacre sa
vie entière a étudier l'occultisme
et a acquis ainsi le grand
secret, se hasarde à faire remarquer que la Cabale seule con-
duit à la connaissance de 1 absolu dans l'infini, et de l'in-
dénni dans l'intini, il est tourne en dérision par ceux qui,
sous prétexte qu'ils connaissent l'impossibilité de la qua-
drature du cercle. en tant que problème physique, en con-
testent la possibilité dans le sens métaphysique.
La psychologie, suivant les autorités les plus considéra-
bles, est un département de la science jusqu'à présent pres-
que inconnu. La physiologie, d après Fournie, un de ses
maîtres en France, se trouve dans des conditions tellement
mauvaises, qu'il s'écrie, dans la préface de son savant ou-
vrage Physiologie du ~e/Mf /ï<?/r < Nous nous
apercevons enfin que non seulement la physiologie du cer-
veau n'est pas connue, mais encore </M~/ /z~r/~e pas de

physioloyie du ~s~c/M~ nerveux du tout. »

cel~e. « Les ouvrages de ce dernier, dit Sprenge!. qu'il <Van Helmon~


avait lus avec attention, révciHércn<. en lui l'esprit de la réforme mais
ils ne lui suffirent pa« eux seuls, car son érudition et son jugement
étaient, infiniment supérieurs à ceux de cet auteur, et il ~ic~r~a~ cel
c'yo~p, ce vagabond i.:n')rant et ridicule qui semble parfois être atteint
de folie. » Cette dfnrmati'~n est parfaitement fausse. I~ous avons devant,
nous les ouvrages de Van Helmont lui-même qui viennent ie contredire.
Dans la célèbre dispute entr.' les deux écrivains, Coclenius.uti prufcs-cnr
de Marbur~. qui préconisa l'efncacitc du baume symphatiquc découvert
par Paracelse pour guérir toutes tes plaies, et le Père Robert, un Josuit.e.
qui condamna toutes ces guérisoaa, les ayant attribuées au Diable. Van
Helmont s'engagea à arranger le diiTérend. La raison qui! donna pour
son intervention était que toutes ces chicaneries < anectaient P.truccise
comme inventeur, et, ~/<-Mte~)c, comme son c/éue (Voyez Z~gw.Tynp~c.t
Vu~ncr. et. f. c.. p. 705.1
ISIS DÉVOILÉE 163

La chimie a été entièrement refondue dans ces dernières


années; c'est pourquoi, comme toutes les autres sciences
en enfance, elle ne peut être considérée comme très solide-
ment établie sur sa base. La Géologie n'a pas encore pu
faire savoir à l'anthropologie depuis combien de temps
l'homme existe. L'astronomie, la plus e~ac/e des sciences,
en est encore aux tâtonnements et aux recherches sur les
forces cosmiques, et sur beaucoup d'autres questions aussi
Quant a l'anthropologie. M. Wallace nous
importantes. ap-
prend qu'il y a parmi ses adeptes une divergence d'opi-
nions énorme, au sujet des questions les plus vitales tou-
chant la nature et l'origine de l'homme. Plusieurs médecins
célèbres estiment que la médecine n'est tout au
plus qu'un
rébus
scientifique. Ce n'est partout que connaissances in-
complètes. et nulle part la perfection. Lorsque nous voyons
ces hommes, pourtant sérieux, se mouvant dans les ténèbres

puur y trouver les animaux manquants de leur chaîne bri-


sée, ils nous font l'effet de personnes émergeant par divers
chemins d'un abîme sans fond. Chacune des routes prises
par eux aboutit au bord de ce gouffre qu'ils ne peuvent
<xp!orer. D'une part.. le moyen de descendre dans ses mys-
térieuses profondeurs leur fait défaut, et de l'autre ils
sont repoussés par des sentinelles jalouses, qui leur en in-
terdisent l'accès, a chaque tentative qu'ils font pour y pé-
nétrer. C'est ainsi qu'ils continuent a étudier les forces in-
férieures de la nature, en initiant de temps a autre le public
;'( leurs grandes découvertes.
Ne viennent-ils pas de se lancer dans l'étude de la force
vitale, et de définir son rôle dans le jeu des corrélations
.tvec les forces physiques et les forces chimiques ? Certes,
ils l'ont fait mais si nous leur demandons d'où provient t
cette force vitale, et comment il se fait que ceux qui, na-
guère encore,croyaient si fermement
que la matière était des-
tructible et cessait d'exister, ont maintenant appris à croire

qu'elle est indestructible, sans pouvoir rien nous dire de


plus à ce sujet, ils sont forcés, dans ce cas comme dans
bien d'autres, de revenir a une doctrine enseignée par Dé-
mocrite il y a vingt-quatre siècles (1). A cette question, en

1. DemocriLe a dit que comme rien ne pouvait, être produit de rien. de


nicmc il n'y a rien qui puisse jamais ~t.re réduit à néanl.
164 ISIS DÉVOILÉE

effet, ils répondent « La création ou la destruction de la


matière, son augmentation ou sa diminution sont au-des-
sus domaine de la science. son domaine est purement
et simplement limité a ce qui concerne les changements de
la matière; c'est dans les limites de ces changements qu'est
enfermé le domaine de la science, en dehors duquel se
trouvent sa création et son anéantissement (1). Oh non!
ils ne se trouvent qu'en dehors des atteintes des 5<ïf<zn/s
matérialistes. Pourquoi confondre ainsi les sa vants avec la
science? S'ils disent que « la force ne peut être détruite

que par la puissance même qui l'a créée n'est-ce point


admettre tacitement l'existence de cette puissance, et n'est-
ce pas, par conséquent, déclarer que 1 on n'a pas le droit
de multiplier les obstacles sur la route de ceux qui, plus
audacieux qu'eux, essayent de pénétrer plus aro/ et qui
constatent qu on ne peut le faire qu'en ~OM~u<v/ le t'o/7c
d'Isis ?
Mais assurément parmi toutes Ct's brandies ébauchées
de la science, il doit v en avoir
complète! auIl moins une
nous semble que nous entendons de grandes clameurs d'ap-
probation, « comme la voix de grandes eaux a propos
de la découverte du~)y'o/o/)/a.s/7!(\ Mais, hélas lorsque nous
lisons les livres de M. Huxley, le savant progéuiteur du
nouveau-né, nous y trouvons l'aveu, « que, strictement

parlant, il est vrai que l'examen chimique ne peut nous

apprendre que fort peu de chose ou rien du louf, sur la

composition de la matière vivante, et qu'il n'est pas moins


exact que nous ne savons rien de la composition d'un corps
quelconque tel qu'il est cr~ro du « protoplasme mysté-
rieux encore moins.
Voilà, en vérité, un pénible aveu.
Il paraît donc (lue la
méthode d induction d'Aristote est,après tout, insuffisante.
dans bien des cas. Cela expliquerait aussi que ce philoso-
phe modèle, malgré toutes ses études des particuliers avant
de s~éleveraux universaux, ait enseigné que la terre se trou-
vait au ce~/y'e de l'univers tandis que Platon, qui s'est
perdu dans les méandres des « divagations pythagori-

J. Le Conte. Corre~tOft (~ r/~ x't Chemical and P/t!</e~ For-


ces. Appendice.
ISIS DEVOILEE ~65

ciennes, et qui prenait son point départ de dans des prin-

généraux, était parfaitement au courant du système


cipes
héliocentrique. Nous pouvons aisément prouver le fait, en
faisant usage de cette même méthode d'induction. Nous sa-
vons que le serment sodalien de l'initié aux Mystères l'em-
de faire part au monde de ses connaissances, au-
pêchait
tromcnt que dans des termes voilés et mystérieux. « C'était
le rêve de sa vie, » dit Champollion, « d'écrire un ouvrage
dans lequel il eût consigné intégralement les doctrines pro-
fessées par les hiérophantes Egyptiens il en parlait sou-

mais il se vit contraint de s'en abstenir, à cause de


son serment solennel.
Maintenant, jugeant nos philosophes modernes d'après
la méthode opposée, c'est-à-dire celle qui procède des uni-
~)~.r aux /)or//<r~, et laissant de cote les savants
comme des individualités sur l'ensemble desquelles nous
aurons purement et simplement a donner notre opinion,
nous sommes forcés de soupçonner cette très respectable
corporation de sentiments très mesquins a l'égard de leurs
confrères aînés les philosophes anciens et archaïques. On
dirait, vraiment, qu'ils ont sans cesse a la mémoire l'ancien
adage « Eteignez le soleil, et les éloiles brilleront. »
Xous avons entendu un Académicien français, homme
d'une érudition profonde, assurer qu'il sacrifierait très volon-
tiers sa propre réputation pour voir la nomenclature des
nombreuses et ridicules erreurs de ses collègues rayées de la
mémoire des hommes. Mais ces erreurs ne sauraient être
/r~p .<?o~ rappelées en présence du sujet que nous trai-
tons. Le temps viendra où les enfants des savants, à moins
qu'ils n'héritent de l'aveuglement intellectuel de leurs scep-
tiques parents, auront honte du matérialisme avilissant et
de l'étroitesse d'esprit de leurs pères. < Ils détestent les
vérités nouvelles, comme les voleurs et les hiboux ont hor-
reur du soleil. L'instruction purement intellectuelle ne
veut pas reconnaître celle qui est spirituelle. De même que
le soleil le feu, de même l'esprit éblouit les yeux de
éclipse
la seule intelligence.
C'est une vieille, vieille histoire. Depuis l'époque où un
prédicateur s'écriait « Focil n'est pas satisfait de voir, ni
l'oreille d'entendre » les savants se sont conduits comme si
166 ISIS DÉVOILÉE

ces paroles avaient été écrites pour depeindre leur état men-
tal. Avec quelle fidélité Locke, rationaliste lui-même, dé-

peint inconsciemment cette tendance des savants a railler


toutes les nouveautés dans la description qu'il fait de la ma-
nière dont les hommes instruits écoutent la relation d'un
miracle! <c Ils r'accueillent, dit-il, avec une incrédulité abso-
lue et même ironique, qui les dispense d'examiner les preu-
ves fournies à l'appui Bien plus, ils sont tellement satu-
rés du scepticisme à la mode, une fois qu ils ont obtenu
accès au sein de l'Académie, qu'ils deviennent persécuteurs
a leur tour. « C'est une des curiosités de la Science dit
Hovvitt, « que Benjamin FrankHn, qui avait été en butte
aux railleries de ses concitoyens, a propos de ses tentatives

pour démontrer l'identité de la foudre et de l'électricité, ait


été l'un des membres de la Commission de Savants, à Paris,

qui, en 1778 après avoir examiné les titres du mesmcrisme,


le condamna comme du pur charlatanisme » (i).
Si les savants se contentaient de jeter le discrédit sur les
nouvelles découvertes, ils seraient excusables dans leurs
tendances n la conservation des vieilles coutumes et des
anciens errements; mais non seulement ils ont des préten-
tions à l'originalité que rien ne justifie, mais encore ils

repoussent dédaigneusement toutes les preuves que les


anciens en savaient autant et même plus qu'eux. H est regret-
table que le texte suivant de l'Ecclésiaste ne soit pas affi-
ché dans leurs laboratoires « S'il est une chose dont on
dise vois, ceci, c'est nouveau cette chose existait déjà dans
les sièclesqui nous ont précédés »(i). Dans le verset qui suit
celui que nous venons de citer, le Sage dit « On ne se sou-
vient pas de ce qui est ancien » de sorte que cette asser-
tion peut, à la rigueur, expliquer toutes les négations nou-
velles. M. Meidrum peut tirer vanité de ses observations
météorologiques des cyclones a ~laurice M. Baxendell, de
Manchester, parler savamment des courants de convection
terrestres; le D' Carpenter et le commandant Maury tra-
cer le plan du courant équatorial, et le professeur Henry
nous montrer comment les vents chargés d'humidité dépo-

i. La date est inexacte; ce doit ttre en t'84.


2. fcc!esm~, I, 10.
ISIS DÉVOILÉE 16?

sent leur fardeau, pour former les ruisseaux et les rivières,


pour être ramenés
depuis l'Océan aux collines
uniquement
d'où ils sortent; cela n'empêche l'Ecclésiaste ait
pas que
dit Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord,
il tourne encore et reprend les mêmes circuits (1).
puis
« Tous les fleuves vont a la mer, et la mer n'est point
ils con~nfz~ à aller rer~ le lieu où ils se ~rz-
remplie;
~c~/ (2).
La philosophie de la distribution de la chaleur et de l'hu-
midité, au moyen des courants ascendants et descendants
entre l'équateur et les pôles, est d'origine très récente; mais
son énonciation a passé inaperçue depuis près de trois
mille ans, dans le livre qui nous est le plus familier. Et
même aujourd'hui, en le citant, nous sommes obligés de rap-
peler que Salomon, s'il a jamais vécu, était un cabaliste, et

que, dans les textes ci-dessus, il ne fait que répéter ce que


l'on avait écrit des milliers d'années avant lui.

Séparés qu'ils sont de l'accumulation de faits qui a lieu


dans une moitié de l'univers, et celle-là la plus importante,
les savants modernes sont naturellement incapables d~édiGer
un système de philosophie qui les satisfasse eux-mêmes,
pour ne pas parler des autres. Ils sont comme les mineurs
dans une mine de houille, qui y restent toute la journée et
n'en sortent que le soir, si bien qu'ils sont dans l'impossi-
bilité de comprendre la beauté et l'éclat du Soleil. La vie,

pour eux, est la mesure et le terme de l'activité humaine, et


l'avenir ne présente a leur perception intellectuelle qu'un
:)hime de ténèbres. Ils n'ont aucun espoir d'une éternité de
recherches, de découvertes et de satisfactions qui en sont la
conséquence, pour adoucir les aspérités de l'existence pré-
sente la seulerécompense qu'ils entrevoient pour leurs
travaux, c'est outre l~ur subsistance, la vaporeuse et vaine
conviction que leur nom ne sera pas oublié quelques années

après que la tombe se sera refermée sur leurs restes mortels.


La mort, a leur sens, signifie l'extinction de la flamme
de la vie, et la dispersion, dans l'espace sans bornes, des

fragments de la lampe. Berzélius, le grand chimiste, à sa der-

1. Ibidem, I, 6.
2. Ibidem, 1, '7.
168 ÏSÏS DÉVOÏLKE

nipre heure, s'écriait, les larmes aux yeux « Ne soyez pas


de me voir pleurer; vous ne pensez pas que je sois
surpris
un homme faible, ni que je sois alarmé de ce que m'a
annoncé le docteur; je suis prêt a tout. Mais il faut ~e
dise adieu à la .Sr/M~' et ne doutez pas que cela ne soit t
un grand sacrifice pour moi (1).
Que les réilexions d'un aussi grand étudiant de la nature
doivent être amères, lorsqu'il se voit contraint d'interrom-
l'édiiication d'un
pre a moitié chemin ses laborieuses études,
système grandiose, la découverte d'un mystère qui avait

déjoué les efforts de l'humanité pendant des siècles, et que


le philosophe mourant avait osé espérer résoudre Regardez
le monde savant d'aujourd'hui, et vous verrez ces théori-
ciens des atomes rapiécer de leur mieux leurs robes en

haillons, qui laissent voir partout lesimperfections de leurs

spécialités diverses! Voyez-les, raccommodant les piédes-


taux ~ur lesquels ils replaceront leurs idoles, tombées de
l'endroit où ils les avaient exposées au culte, avant que
cette théorie révolutionnaire eût été exhumée par John Dal-
ton du tombeau de Démocritc Dans l'Océan de la Science
matérialiste, ils jettent leurs filets dont les mailles se rom-

pent inévitablement, lorsqu'ils rencontrent quelque pro-


blème monstrueux et ina ttendu. Ses eaux sont amèrcs
comme celles de la Mer Morte elles sont si denses, qu'a
peine peuvent-ils s'y plonger et encore moins en atteindre
le fond elles n'ont ni issue, ni vie dans leur sein, ni sur leurs
rives. C'est une immensité sombre, interdite, sans issue
c'est un désert qui ne produit rien qui vaille, car ce qu'il
produit n'a ni vie, ni âme.
Il fut un temps où les Académiciens les plus instruits
faisaient des gorges chaudes des simples énonciations de

quelques faits merveilleux que les anciens racontaient


comme les ayant observés eux-mêmes. Comme ils devaient
paraître niais, voire même des imposteurs aux yeux d'un
siècle aussi éclairé que le nôtre! Ne racontaient-ils pas qu'ils
avaient vu des chevaux et d'autres animaux, dont les pieds
offraient quelques points de ressemblance avec les mains et
les pieds des hommes? Or voici que dans l'an de gràce 187U,

1. Scance de l'Académie de Paris, 13 aout l~u*.


ÏStS DÉVOILÉE 169

M. Huxley, dans de
remarquables conférences, nous parle
du /)ro/o/)joo.'?, dont l'avant-bras a la forme de celui de
l'homme; du
orohippos, avec ses quatre orteils et son ori-

gine Eocénicnnc. et de l'hypothétique/)c</a<e<yuM~ grand-


oncle maternel du cheval actuel, qui tous tiennent une place
importante dans ses études. La merveille est donc confir-
mée Les Pyrrhoniens matérialistes du xix" siècle se vengent
des Platoniciens superstitieux et des ~/o6c-~ouc/!c~ antédi-
luviens. Or, avant M. Huxlev, Geoffroy Saint-Hilaire avait
cité le cas d'un cheval qui avait positivement des doigts

séparés par des membranes.

Lorsque les anciens parlaient d'une race de pygmées


existant en Afrique, ils furent
de mensonge. taxés Et pour-
tant des pygmées tout a fait conformes a leurs descriptions
ont été vus et examinés par un savant français, pendant
son vovage dans le Tenda Maia sur les bords du Rio Grande
en 1840(1) par Bavard Taylor au Caire en 1874 et par
~1. Bond du Comité d'Exploration Trigonométriquc de

l'Inde, qui a découvert une race sauvage naine vivant dans


les Jungles du Galitax Occidental vers le sud-ouest des
collines de Palini, race dont on n'avait trouvé aucune trace

auparavant, bien qu'il en eût été souvent fait mention.


« C'est une nouvelle race de pygmées, ressemblant aux

Obongos Africains du Chaillu, aux Akkas de Schwcin-


furth, et aux Dokos du D' Krapf, pour la taille, l'aspect et
les mœurs (2).
Hérodote fut pourtenu fou pour avoir parlé d un peuple
dont on disait qu'il dormait pendant une nuit de six mois
de durée. Si l'on explique le mot dormir en faisant sentir

1 équivoque a laquelle il prête, il sera très facile de com-


prendre qu il est fait ici allusion à la nuit des régions po-
laires~). Pline, dans ses œuvres, présente une abondance
de faits, qui ont été rejetés comme des fables jusqu'à une

époque toute récente. Entre autres, il mentionne une race

d~- petits animaux dont les yn<e.~ <7//a//c~ leurs petits.


Cette assertion provoque naturellement une grande hilarité

MoUien. Vo~aye</art~'<~er/eurde~/r~Me, tome II, p. 210.


H. 7'/<e Popular Science tVon< mai 18~6, p. 110.
3. MaHe-Brun. p. 372-373. Herodotc.
170 ISIS DKVO!Lh;H

parmi nos <:af<7~9. Dans son /~<ï/)/?o/V de /rp/ora~o/?

<7~o/o~y~~ des /er/~7o/6' /)0~ Y~7~, M. C.-H. Merriam


décrit une curieuse et rare espèce de lapins (lepus Bairdi),
habitant les régions de-pins vers les sources des rivières
Wind et Jellowstone, dans le Wyoming (1). M. ~lerriam
se procura cinq spécimens de cette race, qui sont les pre-
/?!/er.s ~~t'~M~ ùfe /'e.~(~<~ < a/e~ ~J/)r<e~ </u monde
.~cfe/ï~/?~7M~. Un fait extrêmement remarquable est que /o~
les /72~/c~ onl des /7!a/7ïe//<?. c~ prennent /jor~ /'<?//<ï//c-

/M~n/c~<?/~Mr5/)c~ Les mâles adultes avaient des ma-


melles pleines de lait, et le poil autour du bout de l'une
d'elles était mouillé et
collé, indiquant qu'au moment où
celui-là fut
pris, il était en train de donner à téter à son

petit. » Dans le récit carthaginois des premiers vovagcs de


Hanno (2), on trouve une longue description d'un peuple
sauvage, dont le corps était tout velu, et que les interprè-
tes appelaient </o~a':x/j: x;"r~~ suivant le texte, ce qui

implique assez clairement que ces sauvages étaient des sin-

ges. Jusqu'au siècle r~cit a été considéré


actuel, ce comme
un conte, etDod\vell rejeta (.empiétement l'authenticité du
manuscrit et des récits ou il contient (~).
La fameuse Atlantis est envisagée par le plus récent des
commentateurs modernes et traducteurs des œuvres de ce

sage, comme un des « nobles mensonges de Platon (4).


Le fait d'admettre franchement dans 1<~ 7Y/7~ que l'on
dit que, de leur temps, les habitants de cette île (Poseidoti.)
conservaient une tradition qui leur avait été transmise par
leurs ancêtres sur l'existence de l'ile de l'Atlantique d'une
étendue, etc. (~)n'a pas préservé le grand phi-
prodigieuse
de l'accusation de mensonge portée contre lui par
losophe
l'Infaillible école moderne.
Dans la grande masse de peuples plongés dans la supers-
titieuse ignorance du moyen âge, il n'y eut que fort peu

1. F/te P~u~r .<c~nre .1~i~ dcc. 18'4. p. 252.


Le Periptc d'il 'nnf)n.
3. L'ori~mat en était, expose dans le tem~o de Saturne à Carthage.
Falconer a pub'Lc deux dtssm'Lat.tons sur ce document, et il est d'accord
avec BoupaittVttte à l'attribuer au \'<* suL'cle avant l'cre chrétienne (Voir
Cory .t~ct€n< .Frayme~).
t. Le Professeur Jo~vett.
5. On </te.4~n~c /~ancf(de Marcenus~. Histoire de !<toptf.
!St~ UKVOtLKh: !7< t

d'adeptes de l'ancienne philosophie hermétique qui, proH-


tant de ses enseignements, pressentirent les découvertes

qui sont For~ueil de notre siècle tandis que les ancêtres


de nos modernes grands prêtres du temple de la Sainte
jl/o/~ru/f en étaient a découvrir les traces du pied fourchu
de Satan, dans le phénomène naturel le plus simple. Le

professeur A. \ViIder dit « Ho~cr Bacon, au xvi** siècle.


dans son traité sur .4 ~/n/r~/)/c/cc o/'j4/ ancl JV~~rc (~ i,
consacre la première partie de so:) (uuvre aux faits naturels.
11 nous donne quelques values notions sur la poudre a ca-
non, et il prédit 1 emploi de la vapeur comme force motrice.
La presse hydraulique, la cloche a plongeur
.1 et le kaléidos-

cope y sont aussi décrits.


Les anciens parlent d'eaux changées en san~, de pluies
de sang, de tempêtes de neii~e pendant lesquelles la terre
ctait couverte sur une étendue de plusieurs milles comme
(1 une couche de nci~e .<no/en/c. Cette chute de mo-
lécules écartâtes a été démontré, comme tout le reste, n'être

qu'un phénomène naturel. Elle s'est produite a diverses

cpoques, mais sa cause demeure un mystère jusqu'à ce jour.


De Candolic. un des botanistes les plus distingués du
siècle, a cherché a prouver en i8i~, au moment ouïes eaux
<!u lac de Morat s'étaient changées, en apparence, en un
san~ épais (lue le phénomène était facile a expliquer. Il l'at-
tribuait au développement de myriades de ces ammaux, mi-
végétaux, mi-infusoires. qu'il nomme <~<'6//<7/or/a r~&s-
r<?~ et qui forment le lien en trel animal et les organismes vé-

gétaux (~).Xous donnons ailleurs une explication de la neige


icus~e que le capitaine Ross a observée dans les régions Arc-

tiques, un g'rand nombre de mémoires ont été écrits sur ce


sujet par les naturalistes les plus éminents. mais l'on n'en
trouve pas deux qui soient d accord dans leurs hypothèses.
Quelques-uns veulent que ce soit la poudre ou le pollen
d'une espèce particulière de pin d'autres de petits insec-
tes et le professeur A~ardt confesse très franchement qu'il
ne sait comment définir la cause de cesphénomènes, ni

expliquer la nature de cette substance carminée (3).

t. -t~x?ntt/. or the /A'r/y:e~'c /V«7o.?op/t!


2. Voyez Revue E/tc;t/cfo/)ecft<yMe, vol. XXX, iit. p. 6'76.
3..Bu~e~ de la Soc. Géograph.. vol. 1, p. ~09-220.
~? ISIS DÉVOILÉE

Le témoignage unanimegenre humain du est reconnu


comme la preuve irréfutable d'une vérité or sur quel point
v a-t-il eu un témoignage plus unanime que pendant des
milliers de siècles les peuples civilises, aussi bien que les

barbares, ont eu une foi inébranlable dans la magie ? La


magie n'implique une contravention aux lois de la nature
dans de l'ignorant; et si l'on doit déplorer cett<'
(lue l'esprit
ignorance chez les nations anciennes peu instruites, pour-
quoi ne la déplorerait-on pas chez nos fervents chrétiens
des classes élevées et éminemment instruites ? Les mystè-
res de la religion chrétienne ne supportent pas plus que les
miracles bibliques un examen sérieux. La magie seule, dans
le véritable sens du mot, fournit la clé des merveilles delà

d'Aaron, des des m~ges de Pharaon qui lut-


verge exploits
taient contre ~oïs<etclle les explique, sansporteratteinte
a la véracité des auteurs dclHxodc. ni a favoriser, sous ce
le prophète d'Israël plus que ses adversaires, et
rapport,
sans avoir a admettre la possibilité d'un seul cas où le mira-
cle ait été accompli en contravention aux lois dela nature.

Prenons, par exemple, parmi les prétendus miracles, celui


« des eaux du Xilchangées en~ang ». Le texte dit: « Prends
ta verge, et étends Les mains sur les eaux, les torrents, etc.,
afin qu'elles soient changées en sang. »
Nous n'hésitons pas a affirmer que nous avons vu la même
chose se reproduire nombre de fois sur une petite échelle,
les expériences dont nous avons été témoin n~ayant jamais
été faites sur une rivière. Depuis le temps de Van Helmont

qui, au xvu* siècle et en dépit du auquel il s'expo-ridicule


sait~ a voulu donner les véritables explications de la préten-
due production des anguilles, des grenouilles et d'infusoires
de divers genres, jusqu'aux champions de la génération

spontanée de notre siècle, il est bien connu que ce hutif


développement des germes est possible, sans appeler a l'aide
les miracles ni une contravention aux lois naturelles. Les

expériences de Pasteur et de Spallanzani, et la controverse

despanspcrmistcs avec les hétérogénistes. disciples de Buf-


fon, et parmi eux Xeedham, ont trop longtemps occupé
l'attention publique pour nous permettre de douter désor-
mais que des êtres puissent être appelés a l'existence par-
tout où l'air se trouve dans des conditions favorables d'hu-
ISIS DÉVOILÉE 173

midité et de température. Les rapports des réunions officielles


de l'Académie des Sciences de Paris (i), contiennent des re-
lations de fréquentes apparitions de ces phénomènes de neige
et d'eaux d'un rouge de sang. Ces phénomènes étaient dé-
nommes /c/)/'<z <'e.s~f~/7:, et n'étaient autre chose que ces
infusoires du lichen. Ils furent observés d'abord en 786 et en
U~U, deux années dans lesquelles curent lieu de grandes
pluies. Que ces /~o~c<7/)<?.< fussent des plantes ou des ani-
maux, c'est ce que 1 On n'a pas encore détermine a ce jour,
et, il n'y a pas de naturaliste qui osât se risquer a dire avec
certitude a quelle division du règne organique de la nature
ils appartiennent. Los chimistes peuvent modernes
pas ne
non plus nier que ces germe s se développent dans un élément
favorable, et dans un espace de temps incroyablement court.
Or. si la chimie, d'une part, a trouvé le moyen de priver

l'atmosphère de ses germes flottants, et d'autre part, dans


des conditions opposées elle développe ou facilite le déve-

loppement de ces organismes, pourquoi les magiciens de

l'Egypte n'auraient-ils pas pu en faire autant, par leurs


<r/z~c/y!c~.s ? Il est beaucoup plus aisé d'imaginer que
Moïse, qui, d'après le dire de Mancthon, avait été un prêtre
Egyptien et avait appris les secrets de la terre natale, de
la Chimie, produisait des merveilles conformes aux lois

naturelles, que d'admettre que Dieu lui-même violait l'or-


dre établi par lui dans l'Univers. Et nous répétons que
nous avons vu nous-méme cette transformation de l'eau
en sang, opérée par des adeptes de l'Orient. Cela peut se
faire de deux manières dans l'un des deux cas, l'expéri-
mentateur se servait d'une ~a~f magnétique fortement
électrisée, qu'il passait sur l'eau contenue
un grand dans
bassin métallique, suivant un procédé que nous n'avons

pas le droit de décrire plus en détail, pour le moment


l'eau, au bout d'une dizaine d'heures, se couvrit d'une sorte
d'écume rougeatre qui, deux heures plus tard, était deve-
nue un lichen semblable a la /ï<ar/6r A'c/7!<2.s~a du baron

Wrangel. Elle se transforma alors en une gelée d'un rouge


de sang, dont l'eau prit la couleur rouge qui se peuplait,
vingt-quatre heures plus tard, d'une masse innombrable

Yoyex /}er~ ~c~c~opcd~Me, vol. XXX. tu et XXXi\ p. 6'6-393.


i7t i )X~ DËVOfLÉS

d'organismes vivants. La seconde expérience consista a

saupoudrer légèrement la surface d'un ruisseau à très faible


courant et dont le fond était vaseux, de la
poussière d'une
plante préalablement séchée au soleil et réduite en poudre.

Quoique cette poussière, en apparence, eût été entraînée par


le courant, une partie sans doute atteignit le fond, car le
lendemain matin leau s'épaissit a la surface, se couvrit de
ce que de Candolle décrit comme l'</srf/or/</ /6~cens,
d'une couleur cramoisi, et qu'i! croît ét:c le chaînon entre
la vie végétale et la vie animale.
Prenant ce qui précède en considération, nous ne voyons
pas pourquoi les alchimistes et les physiciens instruits
(nous disons les /)/cze/M) du temps de Moïse n'auraient
pas été en possession du secret naturel dévelop-pour faire

per en
quelques heures des myriades espèce d'une
de ces
bactéries, dont les germes se trouvent dans l'air, dans l'eau
et dans la plus grande partie des tissus animaux ou végé-
taux. La verge joue dans les mains d'Aaron et de Moïse
un rôle aussi important (lue dans toutes les soi-disant
«nu'merics magiques» d<s cabalistcs magiciens du moyen
âge, que l'on considère aujourd'hui comme une folie su-

perstitieuse ou du charlatanisme. La baguette de Paracelse,


(son trident cabalistique), et la fameuse verge d'Albert
le Grand, de Bacon,
Roger et d Henry ne sont Kunrath

pas plus ridicules que la baguette graduée électro-magnéti-


que de nos physiciens. Des choses qui paraissaient absur-
des et impossibles aux charlatans ignorants, et même aux
savants du siècle dernier, commencent maintenant a pren-
dre unvague aspect de probabilités, et, dans certains cas,
la tournure de faits accomplis. Aussi certains charlatans
instruits et certains savants peu érudits commencent-ils
même admettre cette vérité.
Dans un fragment conservé
par Eusèbe, Porphyre, dans
sa « Lettre ;'t Anebo~ fait appel a Charemon « 1 hiérogram-
matiste pour prouver que la doctrine des arts magiques,
au moyen desquels les adeptes « peuvent frapper de ter-
reur les dieux eux-mêmes était réellement admise par
les sages de l'Egypte (1). Or.si l'on tient compte de la règle

Porphyre.< EpisLote ad Ambo, ap.Huseb. Pr.up.~v. 10, JamhHquc:


<De Mysteriis K~ypt. Porphyre :< Hpistola ad Anebonum Hgyptmm. »
ISIS t)EVO!LÉE 175

des preuves historiques proposée par Huxley dans son dis-


cours a Nashville. deux conclusions s imposent à l'esprit
avec une force irrésistible. La première, c'est que Porphyre,
ayant une réputation incontestée de haute moralité et d'ho-
norabilité, incapable de tomber dans des exagérations, était

par conséquent incapable de proférer un mensonge a cet

égard, et qu'il /ï'a pas menti et la seconde, c'est qu'étant


parfaitement instruit dans toutes les branches des connais-
sances humaines dont il parle (i).il était impossible qu'on
lui en fit accroire en ce qui concerne les arts magiques, et

que, par conséquent, on ne lui en a point imposé. C'est

pourquoi la doctrine des probabilités, sur laquelle s'appuie


la théorie du professeur Huxley, nous amène a croire
1 qu'il existait réellement des arts magiques et 2° qu'ils
étaient connus et pratiqués par les magiciens et les prêtres
égyptiens, et même sir David Brewster reconnaît qu'ils
étaient profondément versés dans ces sciences.

). Porphyre. ditle Dictionnaire classique d~ Lcmpricre,cLait. un homme


de savoir universel, et, --uivant. le temoi~'ia~e des atteins, il dépassait
ses contemporains dans la cf'naals~ance Je I'htstoire,des mathématiques,
de la philosophie et de la musique.
CHAPITRE XII

c The vorid will ham a reHgton of somc kind.


com thou~h it. should ply for it to the intet!cc-
tual ~Aoredont o/' Spf7'(<ua~ts~.

TYNDALL(1).

« But i!rst on Eart.h as vampire sent


Thy corpsc sha!I from as tomb bc rent.
And suck the blood of ai! thy race.

Lord BvRor.. Giaour (2).

SOMMAIRE

La base physique de la vie. Cesens


qui commun
choque du pro- le
fesseur Huxicy. La trinité que c'est
du t'eu. Ce
que l'tnstinct, et
ce qu'est la raison. Les bctcs sont-elles immortelles ? Aristotc
sur les songes. Inconséquence de Lemphèrc. Adam, Eve et Li-
lith. L'intuition soutient la foi en < Dieu La réincarnation du
Bouddha. Le petit, prophète de ~arrclouis. La lune magique du
Thibet. Ammonius philosophe te
disciple direct de < Dicu La
suprême épreuve des moines. L'expulsion des mauvais esprits.
Le vampirisme est-il un fait Le Vourdalak Serbe. Absorption
de la force des vivants. Le gouverneur vampire de Tch* Pres-
tidigitateurs et Jongleurs du Bengale. Les incubes et les succubes au
moyen âge.

Nous maintenant de l'enceinte sacrée de ce


approchons
dieu Janud le moléculaire nus.
Tyndall. Entrons-y pieds
En franchissant le sacro-saint du de la
portique temple
science, nous de l'éblouissant soleil du sys-
approchons
tème Baissons les si nous ne vou-
.u.3'<~oce~r~y~. yeux,
lons être
aveugles.

1. Le monde doit avoir une religion d'une espèce quelconque, alors-


m<*me qu'il devrait, pour l'avoir, se lancer dans cette prostitution intel-
lectuelle, nommée spiritisme.
2. Mais d'abord envoyé sur terre comme Vampire
Ton cadavre sera arrache à sa tombe
Et sucera le sang de toute ta race.
ISIS DÉVOILÉE 177

Nous avons discute les diverses matières contenues dans


ce livre avec toute la modération possible, en présence de
l'attitude gardée
pendant des le siècles par monde scienti-
les
fique et théologique, vis-à-vis de ceux qui lui ont légué
notions sur lesquelles reposent toutes les connaissances

qu~il possède actuellement. Lorsque nous nous tenons a


l'écart, et que, simples spectateurs, nous constatons combien
les anciens savaient, et combien les modernes croienl
savoir, nous sommes stupéfaits que la déloyauté de nos
savants contemporains puisse passer inaperçue.
Chaque jour apporte de nouvelles confessions des savants
eux-mêmes, et de nouvelles
critiques des observateurs pro-
fanes bien informes. A l'appui de ce que nous avançons nous
lisons dans un journal le passage suivant
« II est curieux de noter les diverses opinions qui préva-
lent parmi les savants, au sujet de quelques-uns des phé-
nomènes naturels les plus ordinaires. L'aurore, par exem-
ple, en est un exemple frappant. Dcscartes la considérait
comme un météore tombant des régions les plus élevées de

l'atmosphère. Halley l'attribuait au magnétisme du globe


terrestre, et Dalton partageait cette opinion.Coates supposait
que l'aurore provient de la fermentation d'une matière éma-
née de la terre. Marion prétendait qu'elle est la conséquence
d'un contact de l'atmosphère brillante du soleil avec l'at-
mosphère de notre planète. Euler pensait que l'aurore pro-
venait des vibrations de l'éther, au sein des molécules de

l'atmosphère terrestre. Canton et Frankiin la considéraient


comme un pur phénomène électrique, et Parrat y voyait
l'effet de la combustion de rhydrogène carburé se déga-
geant de la terre, par suite de la décomposition putride de
substances végétales; et, suivant lui, les astres à leur déclin
étaient la cause initiale de cette conflagration. De la Rive
et Oersted soutenaient que c'est un phénomène électro-

magnétique, mais
purement terrestre. Olmsted supposait
qu'un certain corps nébuleux opérait la révolution autour
du soleil dans un laps de temps donné, et que lorsque ce

corps arrivait dans le voisinage de la terre, une partie de ses


matières gazeuses se mêlait a notre atmosphère, et que c'était
là l'origine du phénomène de l'aurore. Nous pourrions en
dire autant de chaque branche de la science.

v0t.. n 3
178 ISIS DÉVOILÉE

Ainsi, il semblerait que les opinions des savants sont


loin d'être unanimes, même en ce qui concerne les phéno-
mènes naturels les plus ordinaires. Il n'y a pas d'expéri-
menteur ou de théologien qui, traitant des relations subti-
les entre l'esprit et la matière, de leur genèse et de leur fin,
ne trace un cercle magique, sur la surface duquel il inscrit
/crra/~ z/z/e/ La où la foi permet a un prêtre daller, il
va; car, comme le dit
Tyndall, «l'élément positif, c'est-à-
dire l'amour de la vérité ne lui fait pas défaut mais l'élé-
ment négatif, la crainte de l'erreur l'emporte Le malheur
est que leur foi dogmatique alourdit leur intelli-ence,
comme la chaîne et le boulet alourdissent les jambes du
forçat.
Quant au progrès des Savants, leurs connaissances elles-
mêmes sont paralysées par ces deux causes 1" L'incapa-
cité constitutionnelle de comprendre le côté spirituel de la
nature, et leur crainte de l'opinion publique. Personne
ne leur a adressé une plus cruelle parole que le
professeur
Tyndall, lors(lu'il fait la remarque suivante « En fait, ce
n'est pas parmi le cierge, nmis bien dans les rangs de la
science, que l'on trouve aujourd'hui les plus grands pol-
trons. S'il existait le moindre doute sur la justesse de
cette dégradante épithète. il serait levé par la conduite du
professeur Tyndall lui-même car, dans son discours de Bel-
fast, en qualité de Président de la Brilish -.4.s~c~o/!
non seulement il déclare discerner dans la matière la pro-
/?z6.?.<c el /6! /)<~c/L'J de toute forme et de toute qualité
de vie, mais il dépeint la Science comme enlevant a la théo-

logie le domaine tout entier de la théorie cosmologique ».


Voyant ensuite cette opinion accueillie par défavorablement
le public, il publia une édition revue et corrigée de son dis-
cours,dans laquelle il modi:;e son expression, en substituant
aux mots: ~'o~/c /b/7~' /M/e <e de o/e, ceux-ci:
/o/e ~c ~<s/c. C est agir plus qu'en poltron, car
c'est abjure:'ignominieusement principes qu'il les
a profes-
sés. A l'époque de la réunlo:i de Belfast, ~\L Tvndall avait
deux violentes aversions, la Théologie et le Spiritisme. Sa
manière de voir sur la première a déjà été indiquée quant
au second il l'appelle « une croyance ». Lorsqu'il
dégradante
est pris a partie par l'Eglise pour son prétendu athéisme, il
ISIS DÉVOILÉE 179

s'empresse de repousser l'imputation, et d'implorer son par-


don mais comme ses « centres nerveux et ses « mo-
agites
lécules cérébrales x. ont besoin de reprendre leur équilibre en
employant leur force dans un autre sens, il se retourne contre
les faibles spirites, parce qu'ils sont pusillanimes, et, dans
ses /~a~/Mc/~ o f Science, il insulte leur croyance en
ces termes « Le monde veut avoir une religion quelcon-
que, même s'il fallait, cela, recourir
pour a la prostitution
intellectuelle du spiritisme ». Quelle monstrueuse anomalie

(lue des millions de personnes intelligentes se laissent ainsi


rabaisser par un prince de la science, qui, lui-même nous
dit que « ce qu'il faut combattre, dans la science et en
dehors d'elle, c'est le dogmatisme Nous ne voulons pas
perdre notre temps a discuter la valeur étymologique de
cette épithète mais tout en exprimant l'espoir que la
science ne l'adoptera pas à l'avenir sous le titre de 7~ïc~-
/f/Mf, nous attirons seulement l'attention du bienveillant

personnage sur un trait caractéristique qui lui est propre,


Un de nos
plus intelligents, honorables et érudits spiri-
tistes, homme d'un grand renom aussi parmi les savants (1),
a fait ressortir aux yeux de tous <~ses coquetteries (en parlant
de Tyndall) simultanées avec les opinions les plus diver-
ses. » Si donc nous devions
accepter Fépithcte de M. Tyn-
dall avec toute sa brutalité nous dirions qu'elle s'applique
moins aux spirites, qui restent ndèles à leur foi, qu'au
Savant athée qui quitte les amoureuses accolades du maté-
rialisme pour se jeter dans les bras d'un théisme dédaigné,
uniquement parce qu'il y trouve son profit.
Xous avons vu comment Magendie avoue franchement

l'ignorance des
physiologistes en ce qui concerne quelques-
uns des problèmes les plus importants de la vie, et com-
ment Fournié se trouve d'accord avec lui. Tyndall recon-
naît lui-même l'hypothèse
que de l'évolution ne résout pas
et n'a pas la prétention de résoudre le mystère final.
Xous avons aussi porté toute l'attention dont nous som-
mes capables a la fameuse conférence du professeur Hux-

ley, On the .P/<"a/ Z~a.s's of -L~/c, de sorte que ce que


nous dirons dans ce volume sur les tendances de la pen-

1. E?es Sargent. Voir sa brochure, La ma<tëre a-t-elle tout /a~


180 ISIS DÉVOILÉE

sée scientifique moderne ne donnera lieu à aucune équivo-


En serrant sa théorie le plus près possible, elle peut
que.
se formuler comme suit « Toutes choses ont été créées de
la matière cosmique les formes dissemblables résultent
des différentes permutations et combinaisons de cette ma-
tière la matière « a dévoré l'esprit et, par conséquent l'es-

prit n'existe pas la pensée est une propriété de la matière;


les formes existantes meurent pour faire place à d'autres
la dissimilitude dans l'organisme est due uniquement à la
variété d'action chimique sur la même matière vitale, tout

protoplasme étant identique.


En ce qui concerne la chimie et la microscopie, le système
du professeur Huxley peut être irréprochable, et la sensa-
tion profonde produite dans le monde par son énonciation

s'explique facilement. Mais son défaut consiste en ce que le


fil de sa logique ne commence nulle part et se termine dans
le vide. Il a fait le meilleur usage possible des matériaux
sa portée. Etant donné un univers rempli de molécules~
douées de forces
actives, et contenant en elles-mêmes le
principe de la vie, tout le reste est aisé; une série de forces
inhérentes a ces molécules les poussent a s'agréger pour
former des mondes, et une autre série les fait évoluer et
prendre les diverses formes
l'organisme de
de la plante et
de l'animal. Mais qui est-ce qui a donné la première impul-
sion a ces molécules et qui les a douées de cette mysté-
rieuse faculté de vie? Qu'est cette propriété occulte qui est
la cause que les protoplasmes de l'homme, de la bête, du
reptile, du poisson, ou de la plante se différencient, et que
chacun d'eux évolue dans sa sphère, sans jamais empiéter
sur une autre ? Et après que le corps physique a rendu ses
parties constituantes à la terre et à l'air », champignon ou
chêne, ver ou homme », que devient la vie qui l'animait,
naguère ?
La loi d'évolution, si impérative dans son application a
la méthode de la nature, depuis le moment où les molécu-
les flottent dans l'espace jusqu'à celui où elles forment un
cerveau' humain, doit-elle être coupée court à -;e moment et
devenir inhabile à développer des entités
plus parfaites en
dehors de cette loi « préexistante de la former ? M. Huxley
est-il en mesure d'affirmer l'impossibilité pour l'homme
ISIS DÉVOILÉE 181

d'atteindre, après la mort physique, à un état d'existence


dans lequel il sera entouré de nouvelles formes de
plantes,
devieanimale.etc., ~résultant de nouvelles combinaisons de
la matière sublimée (I). Il reconnaît qu'il ne sait rien au sujet
des phénomènes de la gravitation, si ce n'est que, comme
dans toutes les expériences humaines « les pierres dépour-
vues de soutien tombent à terre, il n'y a pas de raison pour
croire que, dans les mêmes conditions, une pierre quelconque
ne tombera pas a terre ». Mais il rejette entièrement toute
tentative de changer cette probabilité en une nécessité et,
de fait, il dit « Je répudie complètement et j'anathéma-
tise l'intrus. Je connais les faits, et je connais la loi mais.

qu'est-ce que cette nécessité, sinon une ombre vaine de


l'élan de mon propre esprit? » A cela il n'y a qu'une objec-
tion que voici tout ce qui a lieu dans la nature est le
résultat d une loi nécessaire, et une loi, une fois en action,
continue indéfiniment cetteaction, même
jusqu'à ce qu'elle
soit neutralisée par une loi contraire d'une puissance égale.
Ainsi, il est naturel que la pierre tombe sur te sol, obéis-
sant à une force, et il serait également nat.uLe! quelle ne
tombât pas, ou qu'étant tombée elle se relevât en obéissant
à une autre force également puissante, que M. Huxley
reconnaisse cette dernière ou non. Il est naturel qu'une
chaise reste sur le sol lorsqu'on l'y a placée, et il est tout
aussi naturel qu'elle s élève en l'air (ainsi que l'attestent
des centaines de témoins dignes de foi) sans le contact
visible d'une main humaine. X'est-il pas du devoir de
M. Huxley de s'assurer d'abord de la réalité du phéno-
mène, et de trouver ensuite un nouveau nom scientifique
pour la force qui le produit ?
< Je connais les faits, dit M. Huxley, et je connais la

t. Dans son ~ssa</ on C~<«/Ic~<tort (scct. XVII, pp. 97-99), Louis


A~assiz. le ,an 1 x~ tto~iste, remarque que <' La plupart des arguments
en faveur de t'im-norta!tt6 de l'homme s'appliquent également à la per-
manence de ce priacipe chpz tous les autres êtres vivants. ~c pourrai-je
ajouter qu'une vit* future dans laqueHe l'homme serait privé de cette
grande source de jouissances et de progrès inteHectuct et mo-at qui se
trouve dans la contemplation des harmonies d'un monde organique,
entrainerait une perte lamentable? Kt ne pouvons-nous pas envisager un
concert spirituel des mondes combinés et de tous leurs habitants en pré-
sence de leur Créateur, comme la plus haute conception du paradis?
1.S-2 tStsn~von.)';):

toi. Mais
par quels moyens est.il arrive a connaître les faits
et la loi ? A l'aide de ses propres sons, sans doute et ces ser-
viteurs vie-ii.mts lui ont permis de découvrir asscxde ce qu'il
considère comme !a vérité. p(~ur édifier la-dessus un système
fpn, de son propre aveu. « parait presque choquer le sens
communs. Si l'on doit accepter son té-moi~na~e. comme base

pour une reconstitution générale <!e )a (royancc religieuse,


dors qu en définitive il n a produit qu une théorie, pourquoi
donc les témoignages accumulés d~ !ni!)ions de personnes
sur ]<'s p))(''nomrn"s nui sapent !<'s !)ases de ce système n''
sera)ent-iN pas dignes de ta m~'m'' respectueuse considéra-
tion? M. Iluxh'y /?'<s/ /A'/?!f/)/ /r<s'.s-~ dans ces phe-
nomctx~s. mais (rs millions d'' irmons !e sont; et tandis

quH di~t'i! s.-s <. prot<tp!asn!esd(~ p.un et de mouton ~aHn


<!e récupérer d'-s forces pour des ('n\o!('s encore p!us méta-

physifpu- ils f~nt rceonnu I'<crit.urc f.ttnilirre de ceux qu'ils


avaipnt le n!us ;)imt'-s. tracre par drs mains spirituelles, et
Usont '!i<< '))!- !~s simulaercs d<' ceux
vapoicux qui~ ayant

vécu sur 't frrn- < rtant passas pa" l'cpreuvedc la mort,
venan'nt d"n')"r un démenti a sa thr'n'ie favorite.

Tant que !a scionc'' confessera q'n' son domaine (~st


rpstr-'nu. aux limites de ces changements de !a matière, et
<}uc t e!nmie certifiera que La ma:i.'re, en
changeant sa
terme de !')'-tat solide ou Ii<tuidea !e!.a! gazeux, ne fait que
passer de !a condition visih'e a /<<' et enfin qu'a
travers toutes (es transformations, la même quantité de
matière subsiste, eue /< A' < de dogmatiser. Elle
est incompétente pour se prononce' soit affirmativement
soit ne.at:\ement, et elle doit abandonner le terrain aux
personnes douées de plus d'intuition que ses représen-
tants.
M.
Huxley inscrit très haut au-dessus de tous les autres,
dans son Panthéon du Xihilisme, !c nom de David Hume. II
estime que le _rrand service rendu par ce philosophe a l'hu-
manité consiste dans sa démonstration irréfragable Jes
« limites de ~,en dehors
I~cnquete philosophique desquelles
se trouvent les doctrines fondamentales « du spiritisme et
autres < ~~cs ~.11 est vrai le dixième chapitre de En-
que
~zry ~o~r~ //M~!<ïn ~r.<n~ de Hume était si
prise par son auteur, qu'il considérait avec les sages et les
isfs n~von~E t.S3

érudits~. que c'était la « un coup mortel définitif porté a tous


!es genres d illusions superstitieuses ainsi qu'il qualiHait !a
croyance .'< des phét~omenes qui ne lui étaient pas familiers,
et qu'il classait arbitrairement au ran~ des miracles. Mais
comme le remarque très ;') propos ~1. \Va!!ace, l'apophtegme
de Hume f{U' <( un miracle <~st une violation des lois de la
nature est imparfaite car, e)) premier heu, il suppose
que nous connaissons toutes les !ois de ta nature; et en
second Heu qu'un phénomène peu fréquent t' un miracle.
M. \Va!!ace propose de dénnir !e miracle « tout acte ou
événement impliquant nécessairement l'existence et
repé-
rât'on d'intelligences surhumaines. Or, Hume lui-même
~it qu' <: une expérience constante uniforme a la valeur
<i une preuve et Huxley, dans son fameux A. ndmct

'[ue tout ce que nous pouvons savoir de l'existence de !a


loi de gravitation est que. si, <~a)~s toutes les expériences
humaines, !es pierres non soutenues sont tombées a terre,
il n v a pas de raison de croire que la même chose ne se

reproduira pas. dans les m<mes circonstances, mais qu au


ontraire. i! y a tout li.'u de croire qu'elle se reproduira.
S'i! était certain que !s limites de l'expérience humaine ne
~'ron! jamais r~cuL''es ni e!ar~i"s, il pourrait y avoir quelque
vérité dans l'assertion de Hume qu il était familier avec
t~at ce qui peut se produire suivant !a loi nature!!e, et cela
xcus~rait dans u:i certaine mesure !e ton de mépris qui
'ccompa.rne !cs anusions au
spiritisme faites par M. Huxley.
Mais comme il est .'vident. d'apr< s les écrits des deux philo-
~ophes, qu'ils ignoraient les possibi!ites des phénomènes
psychologiques, on ne saurait prendre trop de précautions
pour accorder une valeur a leurs assertions dogmatiques. On

supposerait vraiment qu'une personne qui se permet de criti-

quer aussi vertement les manifestations spirites a acquis des


droits au titre de censeur, par des études longues et conscien-
cieuses en rapport avec cette qualité mais dans une lettre
adressée a la A~n~/o;! /)/<7/< .Sor~ M. Huxley~
après avoir déclare qui! n'avait pas de temps a consacrer
a cette qui d'aiMcurs ne 1 intéresse pas, formule
question,
t aveu suivant, qui montre sur quelles bases légères les
savants modernes édifient parfois leurs opinions les plus
positives Le -< r/?.< de .<y)/r/77~ ~e ~c eu occa-
!8i ÏS!S DÉVOILÉE

.<:<o/! <<r<ï~< /)<7/' /~o/<~y?r. écrit-il, « était une impos-


ture aussi grossière <pje toutes celles dont j'ai eu connais-
sance.~
Que penserait ce philosophe protoplasmique d'un spirit'~
<fui. n ayant t eu quune seule occasion de regarder dans
un télescope, et ayant été trompe dans cette circonstance

unique par un mauvais plaisant de l'observatoire, s'en irait


traitant, 1 astronomie de < croyance dégradante »? Ce fait
démontre que les savants, en gênera!, ne snnt utiles que
pour observer les faits physiques leurs généralisations sont
souvent plus faibles plus et
illogiques que celles de leurs

critiques profanes. C est aussi pour cette raison qu'ils mé-

prisent et vilipendent de toutes façons les doctrines de

l'antiquité.
Le professeur Balfour Stev\art est plus juste. Il rend un
hommage éclatant a 1 intuition philosophique d'Heraclite

d'Epht. se, (pu vivait cinq siècles avant notre ère,du philoso-
phe chagrin qui déclarait que « !e feu était la grande cause.
et que toutes choses se mouvaient dans un Hux et reflux

perpétue! < 11 est évident dit le professeur « qu Hera-


clite doit avoir eu une vive conception de l'incessante mo-
bilité et de l'énergie de l'Univers, conception de mém.~
n tture et ~f~ //?o~.s' ~)/'r~s'c <tue ce!le des philosophe~
modernes, qui considèrent la matière comme essentielle-
ment dynamique Il est d avi~ que expression /<' /M est
f"rt va~ue et tout naturellement, manquent les preuves
pour faire apprécier si, soit le professeur HalfourSt~art (qui
parait moins porte vers le matérialisme que quelques-un~
de ses collègues) soit tout autre de ses contemporains
comprennent dans quel sens le mot était employé.
Son opinion sur l'origine des choses est la même que celle
d'Htppocrate. Tous deux professent les mêmes idées sur 1:~
Puissance Suprême (!), et, par conséquent, si leurs notions
du feu primordial, regardé comme une force matérielle, ou.
en un mot, comme ayant une certaine analogie avec le ~?~-
~/s~~ de étaient « moins de~
Leibnitx. précises que celles
philosophes modernes, question qui reste encore a résoudre.
d'un autre côté, leurs idées métaphysiques étaient bien plu-

1. Dtû~. in t't~.
tUS nÉVOfLÉE !85

philosophiques et plus rationnc!!cs sur ce point que les


théories unilatérales de nos savants d'aujourd'hui. Leurs
notions sur le feu étaient précisément celles des derniers

philosophes hermétiques: IesH')se-(~roix et les premiers dis-

<.ip!es de Xoroastre. Ils affirmaient (pic If inonde avait été


crée par le feu, dont ~/r/ était un DIEU omniscient
et tout puissant. La science a bien voulu condescendre a
conurm< leur assertion, quant laquestion physique.
Dans la philosophie antique de tous les temps et de tous
i<-s pays, y compris le n<Mre, le feu a été considère comme
un trip!e principe. De m'~me (ptc l'eau contient un nuidc visi-
!e avec des ~ax invisit)h\s qui y sont renfermes et que, der-
rière eux, se trouve !e principe spirituel de ta nature, qui
)eur donne leur énergie d\'namique, de même dans le feu
"n reconnaissait !a Hamme
visible ~° !e feu invisible ou
.'strat. qui n'était invisible qu~a l'état inerte, mais qui, en
activité produit !a chaleur, !a lumière, la force chimique,
rf i'é!ectricite, les forces moléculaires ~° l'esprit. On

;<ppli(}uait la m~me rc~!c a chacun des éléments et on


considérait que toutes !es choses produites par leurs com-
binaisons et leurs corrélations, compris, étaient
l'homme
triples. Le feu, de l'avis
Rosé-Croix,des qui n'étaient que
les successeurs des théur~istes, était !a source, non seule-
ment des atomes de ia mati<'re. mais encore des forces qui
les animent. Lorsqu'une flamme visible est éteinte, elle est
disparue, à jamais non seulement de notre vue, mais encore
de la conception du matérialiste. Mais le philosophe Hermé-
tique la suit au delà « de ]a frontière du monde connu, à
travers le monde invisible et au delà.dans l'inconnaissable»,
comme il suit la trace de l'esprit humain désincorporé.
étincelle vitale de la flamme céleste », dans les espaces
'-thérés au delà du tombeau (i).
Ce point est trop important pour que nous le laissions
passer sans quelques mots de commentaire. L'attitude de
!a science physique officielle vis-a-vis de l'aspect spirituel
du Cosmos est parfaitement dessinée dans sa grossière ma-
nière de concevoir le feu. La, comme dans toutes les autres

1. Voyez les ouvrages de Robert "udd et Les ~usecrot.c, par Margrave


Jcnnin~.
186 !S!S DÉVOILÉE

branches de
la science, sa philosophie n'a pas un seul point
d'appui solide; tous ceux sur lesquels elle s'étaye sont dénués
de valeur et de force. Les ouvrages de ses propres leaders
fourmillent d'aveux humiliants, qui nous donnent le droit
de dire que le sol sur lequel ils se tiennent est mouvant,
au point qu'a chaque instant, quelque nouvelle découverte.
faite par l'un d'eux peut renverser les étais, et les pré-
cipiter dans 1 abîme, lis ont
un tel souci 1 esprit d'écarter
de leurs conceptions et de leurs doctrines que. comme le
dit Balfour Ste\vart, « il y a une tendance a se rejeter
dans l'extrême oppose, et a pousser a 1excé- i. s conceptions

purement » Il formule un avertissement très


physiques.
utile en ajoutant « prenons bien ~arde. en voulant éviter

Scylla, (le ne pas nous précipiter tête baissée dans Cha-

rybde, car l'univers otFrc plus d'un point de vue. et il peut

y avoir des relions qui pas ne livrent


leurs trésors aux

physiciens, même les plus détermines, armes seulement de

kilogrammes, de mètres et de régulateurs Plus loin, il


fait l'aveu suivant « Nous ne savons rien ou presque rien
de la structure ultime et des propriétés de la matière or~a
nique ou Inorganique. »
En ce qui concerne 1 autre grande question, n.ms trou-
vons dans Macau!av une déclaration encore p)~s nette
« Quant a ce que homme devient après la mort. nous ne
voyons point qu'un Européen, même doue d une instruc-
tion supérieure, puisse résoudre question mieux cette
qu'un
Indien de la tribu des Blackfoot pieds noirs). Pas une des
sciences dans lesquelles nous s irpassons ces B)ackfoot ne
jette la moindre lumière su; l\tat de l'âme, après (lue la
vie animale s'est éteinte. En ve~té, tous les philosophes, an-
ciens et modernes, qui ont essa'. j, san~ le secours de la révé-
lation, de prouver 1 immortalité de 1 homme, depuis Platon

jusqua FrankIIn, nous paraissent avoir échoué d une façon


déplorable.
I! y a des révélations des sens spirituels de l'homme

auxquelles on
peut bien mieux se fier qu'a tous les sophis-
mes du matérialisme. Ce qui était une démonstration et un
succès aux veux de Platon et de ses disciples est mainte-
nant considéré comme un débordement de fausse philoso-
phie, et comme une erreur. Les méthodes scientifiques sont
!S DHVOtr.KE 187

renversées. Les
témoignages des hommes de l'antiquité, qui
étaient plus près de la vérité, parce qu'ils se rapprochaient
davantage de l'esprit de la nature, –seu! aspect sous lequel
h) divinité se laisse voir et entendre.– leurs et
témoignages
tours démonstrations sont repousses. Leurs spéculations, si
nous en croyons !es penseurs modernes, ne sont l'ex-
que
pression d une redondance d'opinions peu systématiques,
d'hommes ignorant les méthodes scientifiques du siècle ac-
tuel. Ils fondaient follement le peu de physiologie qu'ils
savaient sur une psychologie bien démontrée, tandis que
!es savants actuels basent icur psychologie, dont ils se re-
connaissent parfaitement ignorants.–sur ta physiologie,qui
cstel'e-méme peureux un livre encore ferme, et pour l'étude
de laquelle ils n'ont aucune méthode propre, ainsi que nous
l'apprend Fournir. Quant a h< dernière objection dans l'ar-
~umen[ de Maeaulay. IIippocrate a réfutée il v a des sie-
c!es. « Toute science, tou~ I~s arts se trouvent dans la na-
ture dit-il « si nous l'interrogeons ~s/ ~W co/!f'/r~
elle n'ms r:vélera qui se rapportent
les vérités a chacun
d'eux et a n'ul~-mémes. Qu'est-ce que la nature en action,
sinon la divinité e!le-m<'mc manifestant sa présence? Com-
ment devons-nous l'interroger et comment nous répondra-
t-elle ? Xous devons pror-édcr avec avec la ferme c"T-
vietion de découvrir a !a fin toute la vérité et !a nature
nous fera connaître sa
réponse par l'intermédiaire de notre
sens //2/f~<< avec l'aide duquel notre connaissance de
certain < ou de certaine .s'r~c< nous révèle la vérité
avec une telle clarté que le doute devient impossible ».

Ainsi, dans le cas qui nous occupe, l'instinct de l'Indien


Blackfojt de Macaulay est plus digne de foi que la raison
la plus développée et la plus instruite, en ce qui concerne
le sens /7!c de l'homme qui lui affirme son immortalité.
L'instinct est le don universel de la nature, conféré par l'Es-
prit de la Divinité elle-même la raison est le lent déve-

loppement de notre constitution physique, l'évolution de


notre cerveau matériel adulte. L'instinct, telle une étincelle
divine, se cache dans le centre nerveux inconscient du mol-

lusque ascidien et se manifeste dans la première phase


d'action de son système nerveux, sous la forme que le
le nom d'action réflexe. Il existe
physiologiste désigne par
J8S ISIS DÉVOILÉE

dans les classes les


plus inférieures des animaux acéphales,
aussi bien que dans ceux qui ont des têtes distinctes il
croît et se développe conformément a la loi de la double
évolution, physiquement et spirituellement et, entrant
dans sa phase consciente de développement et de
progrès
chez les espèces céphaliques, déjà douées de sensorium et
de ganglions symétriquement arrangés, cette action réflexe,
que les savants la nomment <7M/M//<yMc,comme dans les

espèces inférieures, ou //ïs/ïo/ les organis-


comme dans
mes plus complexes, qui agissent sous l'influence du sen-
sorium et du stimulant qui provient d'une sensation dis-
tincte, est toujours une seule et même chose. C'est
/s~r/ divin dans
progrès son
incessant de développe-
ment. Cet instinct des animaux, qui agit, a partir du moment
de leur naissance, dans les limites fixées par la nature pour
chacun d'eux, et qui leur fait savoir comment ils doivent se

préserver, sauf les cas d'accidents provoqués par une intel-


ligence supérieure a la leur, cet instinct peut être nommé

automatique, si l'on tient a une dénnition exacte mais il


doit avoir, soit au dedans de l'animal qui le possède, soit en
dehors de lui, 1 intelligence de quelclue chose ou de quel-
qu'un pour le guider.
Cette croyance, au lieu de contredire la doctrine de l'évo-
lution et du développement graduel, soutenue par les hom-
mes éminents de notre époque, la simplifie au contraire et
la complète. Elle dispense sans difficulté d'une création spé-
ciale pour chaque espèce car. là où la première place est
donnée à un esprit dénué de formes, la forme et la subs-
tance matérielle sont d'une importance secondaire. Chaque
espèce perfectionnée dans l'évolution physique ne fait qu'of-
frir plus de prise a l'intelligence dirigeante, pour agir dans
le système nerveux perfectionné. L'artiste tirera mieux des
flots d'harmonie d'un Erard, qu'il ne le ferait d'une épinette
du xvi* siècle. Donc, que cette impulsion /c soit
directement imprimée au système nerveux du premier in-
secte venu, ouque chaque espèce la sente se développer
graduellement en elle, par l'imitation des actes qu'elle
verra accomplir par ses pareils, ainsi que le prétend la doc-
trine plus parfaite de Herbert Spencer, cela importe peu
pour le sujet que nous traitons. La question ne concerne pu-
ISIS DÉVOILÉE t89
rcment et simplement que l'évolution ~p/r//MC//c. Si nous

rejetons l'hypothèse comme non scientifique ou non démon-


trée, l'aspect physique de l'évolution s'écroulera également
avec elle, puisque l'un est aussi peu prouvé que l'autre,
et que l'intuition spirituelle de l'homme n'est pas autorisée a
les rassembler, sous prétexte qu'elle n'est pas philosophi-
que ». Ainsi, bon gré, mal gré,nous retombons dans la vieille

querelle du symposiaquc de Plutarque, pour savoir lequel


de l'oiseau ou de l'œuf fit le premier son apparition dans le
monde.
Maintenant que l'autorité d'Aristote est ébranlée jusque
dans ses fondements par celle de Platon, et que nos savants
repoussent toute espèce d'autorité, et même la détestent,
;'< l'exception de la leur propre maintenant que les appré-
ciations générales de
la sagesse humaine collective se trou-
vent a leur plus bas niveau, l'espèce humaine guidée par la
science ellc-mcmc en est encore à retourner inévitablement
en arrière jusqu'au point de
départ des plus anciennes phi-
losophies. Notre manière de voir est parfaitement exprimée
par un des rédacteurs de la 7~o/)M/~r science A/on/jf/.
« Les dieux des sectes et des spécialités, dit M. Osgood
Mason, pourront peut-être se voir
du frustrés respect au-
quel ils sont accoutumés, mais en même temps on voit
poindre sur le monde, avec un éclat plus doux et plus se-
rein, la conception, tout imparfaite qu'elle soit encore, d'une
.me consciente, origine des choses, active et pénétrant tout,
l'Ame suprême, la Cause, la Divinité non révélée par la
parole ou la forme humaine mais remplissant et inspirant
suivant ses moyens toute âme vivant en ce vaste univers,
</c'n~ le /77/)~ esl la Ac~Mr~, et dont le culte est admira-
tion ». C'est là du Platonisme pur, du Bouddhisme, ce sont
les idées exaltées mais justes des premiers Aryens dans
leur déiHcation de la nature. Et telle est l'expression de la
pensée fondamentale de tous les Théosophes, des cabalis-
tes, et des adeptes des sciences occultes en général et
si nous la comparons avec la citation d'Hippocrate que
nous avons donnée plus haut, nous trouvons qu'elle est
exactement conçue dans le même esprit et dans la même
pensée.
Pour en revenir à notre sujet, l'enfant manque de rai-
190 ISIS DËVOfLÉE

est encore latente en lui et pendant


son, parce que celle-ci
ce temps, il est inférieur a ranima!, sous le rapport d~-
l'instinct proprement dit. M se brûlera ou se noiera avant du
savoir que le feu et l'eau peuvent faire périr et constituent
un danger pour lui tandis que le petit chat ou le poussin
éviteront instinctivement l'un et l'autre. Le peu d'ins-
tinct que l'enfant possède s'éteint au fur et a mesure qur
la raison se développe en lui. On pourrait peut-être objec-
ter que l'instinct n'est pas un don spiritue!. puisque les
animaux l'ont degré a un
supérieur a l'homme, et que
les animaux /?'«~/ /)<< <c. Une pareille croyance est er-
ronée et basée sur des fondements très peu sûrs. EIh-
vient de ce que la nature intime de l'animal est encor.-
moins connue que celle de l'homme, qui est doue du don
de la parole, et déploie a nos veux ses forces psychologi-
ques.
Mais quelles autres preuves, sinon des preuves négatives,
avons-nous que l'animal
dépourvu est d'une âme qui lui
survit, si même elle n'est pas immortelle ? Sur l" terrain

purement scientinque. il y a autant d'argumc-nts /c


c't' et aiin d être plus clair nous dirons que ni l'homme
ni l'animal ne fournissent aucune preuve pou'' ni contre l.i
survivance de leur
après âme
la mort. Au point de vue de
l'expérience scientifique, il est impossible de placer ce qui
n'a pas d'existence objective dans le domaine d'une loi scien-

tifique exacte. Mais Descartes et Hois Haymond ont épuisé


leur imagination sur cette question, et Agassix ne pouvait
concevoir l'idée d'une existence future.qui ne serait partagée
par les animaux que nous aimons, et même par les êtres du
règne végéta! qui nous entourent. II nous suffirait. pour nous
faire mettre en révolte contre la prétendue justice de la Cause
Premi-re, de que. tandis qu'un scélérat sans cœur est
doué d'un esprit immortel. le noble et honnête caniche, dont
l'abnégation va souvent jusqu'au sacrifice desa vie qui
protège l'enfant ou le maître qu'il aime, jusque la mort
qui jamais n'oublie son maître et se laisse mourir de faim
sur sa tombe l'animal, chex qui les sentiments de la jus-
tice et de la générosité sont souvent développés a un degré

surprenant, que cet animal puisse être anéanti! Xon. arriére


la raison civilisée une aussi
qui suggère impitoyable partia-
ISIS DEVOILEE t9!

lité. Il vaudrait mieux cent fois s'en rapporter a son pro-


pre instinct enpareil cas, et avoir la foi de l'Indien de
l'ope, dont l'esprit naïf et ignorant ne peut se représenter
qu'un ciel où

< .admis a ce séjour d'e~aUt.~


~()n fi(It'~I,' lui ticnclrl
Son chien fifh'')~ Mcndra cfnip~~nie.
c()mr~nie.» »

L'espace nous manque pour présenter ici les opinions spé-


culatives de certains occultistes de l'antiquité et du moyen
a~'c a cet e~ard. Qu'il nous suffise de dire qu'ils ont devance
!)ar\vin. qu'ils ont embrasse plus ou moins toutes ses théo-
ries sur la sélection naturelle et l'évolution des espèces, et
qu'ils ont largement allonge la chaîne dans les deux sens. De
plus, ces philosophes étaient des explorateurs aussi hardis
dans le demain'' de la psychologie, que dans celui de la phy-
siologie et de l'anthropologie. Ils n'ont jamais dévie du dou-
b'e sentit r parallèle que leur avait trace leur ~'rand maître
Il~rmcs. « En haut comme en bas», fut toujours leur axiome
t't leur évolution physique marchait de pair avec leur évo-
lution spirituelle.
Nos biologistes modernes sont du moins d'accord sur un
point ne pouvant encore démontrer l'existence d'une âme
individuelle chez les animaux, ils la r:usent aussi a
l'homme. La raison les a amenés « gouffre sur le bord du
infranchissable » de Tyndall. entre l'esprit et la matière seul
l'instinct peut les aider a le franchir. Lorsque, dans leur
désespoir de ne pouvoir approfondir le mystère de la vie,
ils se verront obligés de s'arrêter net, leur instinct peut
s'affirmer de nouveau et les aider a traverser l'abime infran-
chissable. C'est le
point que le professeur John Fiskeetles
auteurs de ~'n.~cc~ ~'n/<?r. paraissent avoir atteint et
Wallace, l'anthropologiste et cx-matérialisie, est le premier

qui, courageusement, ait fait le saut pour le franchir. Qu'ils


continuent hardiment jusqu'à se rendre compte que ce
n'est pas l'esprit qui séjourne dans la matière, mais bien
la y7?a~('e qui s'attache temporairement a l'esprit et que
ce dernier seul est une demeure éternelle et impérissable,
pour toutes choses visibles et invisibles.
Les philosophes ésotériques professaient que tout, dans
~2 ISIS [)ËVO!LEE

la nature, n'est, qu'une matérialisation de l'esprit. La Cause


Prc-m'ère Eternelle est l'esprit latent, disaient-ils, et la ma-
tière coexistant dès le commencement. «Au commencement
était le Verbe. et le Verbe était Dieu.» Tout en admettant

que cette notion d'un Dieu est une abstraction incompréhen-


sible pour la raison humaine, ils prétendaient que l'instinct
humain infaillible le saisit comme la réminiscence d'um'
chose dont il fait partie, bien que non tangible pour nos
sens physiques. Avec la première idée émanée de la Divi-
nité bi-sexuelle et jusqu'alors inactive, la première impul-
sion fut transmise à l'univers tout entier, et la vibration

électrique, Instantanément ressentie a travers l'espace sans


bornes. L'esprit entendra la force, et la force entendra la
matière c'est ainsi que la divinité latente se manifesta
comme une énergie créatrice.
Quand cela eut-il lieu ? a quel moment de l'éternité? ci
comment? ces questions resteront toujours sans réponse
car la raison humaine est incapable de comprendre le pro-
fond mystère. Mais bien que l'esprit-matièrc ait existé de
toute éternité, il existait a l'état latent l'évolution de
notre univers visible doit avoir eu un commencement.
Pour notre faible intelligence, ce commencement paraît si

éloigné qu'il nous fait l'enet de l'éternité, cette période ne


s'exprimer ni par les chiffres ni par le lan~a~e.
pouvant
Aristote concluait que le monde était éternel, et
qu'il en
serait toujours ainsi qu'une génération d'hommes en

produit toujours une autre, sans que jamais il y ait eu


un commencement pouvant être calculé par notre intelli-
En cela, son enseignement, dans son sens ésoté-
gence.
rique. était en opposition avec celui de Platon, lequel
enseignait que. « il y eut un temps ou l'humanité ne se

perpétuait pas » mais les deux doctrines concordent dan-~


leur esprit, car Platon ajoute, immédiatement « cette
humanité fit place a la race ~/7/7?a~c /eA*r~/re. chez

laquelle le souvenir de l~histoire primitive tomba graduel-


lement dans l'oubli, et l'homme descendit de plus en plu-~
bas et Aristote, de son côté, dit « S'il v a eu un

premier homme, il a dû naître sans le concours d'un père


et d'une mère ce qui répugne a la nature. Car il n'a

pu y avoir un premier œuf pour donner naissance aux


ISIS DÉVO!LÉE 193

oiseaux, ou alors il a dù exister un premier oiseau pour


le premier œuf car l'oiseau est le produit d'un
pondre
œuf. On peut en dire autant de toutes les espèces,
tablaut avec Platon, que toute chose avant d'apparaître
sur terre doit avoir existé premièrement à l'état d'esprit.
Ce mystère de la création initiale, qui a toujours fait le
désespoir de la science, est insondable, à moins d'accepter
la doctrine des Hermétistes (1). Bien que la matière soit
co-éternelle avec l'esprit, ce n'est, certes, pas notre matière
visible, tangible et divisible, mais bien sa sublimation ex-
trême. L'esprit pur n'est qu'un degré ~u dessus. Si nous
n'admettons pas que l'homme ait été évolue de cette ma-
tière-esprit primordiale, comment pouvons-nous arriver à
une hypothèse raisonnable quant a la genèse des êtres ani-
més ? Dar\vin fait commencer ~on évolution des espèces
au point le plus bas, et de la il les fait s'élever. Son seul
tort serait d'appliquer son système du mauvais côté. S'il

portait ses recherches de l'univers visible sur l'univers in-


visible, il se trouverait probablement sur la bonne voie.
Mais alors, il ne ferait que suivre la trace des Hermé-
tistes.
Que nos philosophes positivistes même les plus
savants, n'aient jamais compris l'esprit des doctrines mysti-
ques enseignées par les philosophes de l'antiquité les
Platoniciens est évident si nous devons en croire cet ou-

vrage le plus éminent des temps modernes, le Con/lit


entre la
./?<o~ el la Science. Le professeur Draper
commence son cinquième chapitre en disant que « les Païens

~recs et romains croyaient que /'e.<p~/ de l'homme res-


semble a sa forme corporelle, son apparence changeant avec
ses variations~ et croissant avec sa croissance ». Ce que les

masses Ignorantes croyaient n'avait aucune importance,bien


qu'elles n'eussent jamais pu croire a de pareilles fantaisies

1. Cette doctrine seule peut réconcilier la science et le sentiment reli-


.i:ux eh~z l'homme. Les occultistes croient, car ils sarent, et ils savent
que si la vie terrestre a commencé par la cellule amiboïdc, incapable de
to~te évoluti'm dans son unité. qu'il en est sorti la cellule perfectionnée.
d'où sont ncs les êtres supérieurs et que, pour ceta. il a fallu que les ato-
mes et molécule- qui composaient, même la première.fussent organiques,
c'est-à-dire, contenant la \E, qui est le souffle divin même à son état
latent (~ote de H.-P. B.).
VOL. II 13
194 ISIS DÉVOILÉE

au pied de la lettre. Quant aux philosophes grecs et


prises
romains de l'école platonicienne ils ne croyaient rien de
semblable au
sujet de l'esprit de l'homme, mais ils appli-
quaient la doctrine ci-dessus a son âme, ou nature psychi-
que, laquelle, ainsi que nous l'avons déjà fait observer,
n'est pas l'esprit divin.
Aristote, dans ses déductions philosophiques sur Les
Songes, donne clairement a entendre cette doctrine de l'âme
double, ou âme-esprit. < II faut rechercher dans quelle par-
tie de l'âme les songes apparaissent », dit-il. Tous les an-
ciens Grecs croyaient non seulement qu'une âme double.
mais même qu'une âme triple existait dans l'homme.Nous

voyons même qu'Homère appelle OL~~ l'âme animale que


M. Draper nomme « l'esprit et l'âme 6~u~!e ~j.: nom

par lequel Platon lui-même désignait l'esprit supérieur.


Les Jaïns hindous conçoivent l'âme, qu'ils apppellent
.UC!, comme ayant été unie de toute éternité jusqu'à deux

corps éthércs, sublimés, un desquels est invariable et est


formé des pouvoirs divins de l'esprit ~/jocr/e~r l'autre
est variable et composé des passions grossières de l'homme,
ses affections sensuelles et ses attributs terrestres. Quand
l'âme se purifie apr~s la mort elle rejoint son V~/c'3r/<'</
ou esprit divin, et devient un dieu. Les partisans de San-

karacharya, les savants Brahmanes, exposent la même


doctrine dans le l'c~/ï~. Suivant leur enseignement.
l'âme, portion de l'esprit universel, ou immatériel e~t capa-
ble de s'unir à l'essence de son entité la plus élevée. Cette
doctrine est explicite le Tcc~~o affirme que celui qui
atteint la connaissance complète de son dieu devient un
dieu lui-même, pendant qu'il est encore dans son corps
mortel, et acquiert la suprématie sur toutes choses.
~1. Draper, en citant dans la Théologie Védique le verset

qui dit « II n'y a, en vérité, qu'une seule Divinité, l'Es-

prit suprême elle est de la même nature que 1~'me hu-


maine », veut prouver que la doctrine Bouddhique fut im-

portée en Europe orientale par Aristote. Nous croyons que


cette assertion est inadmissible, car Pythagore et, après lui.
Platon l'avaient enseignée bien avant Aristote. Si, par la suite.
les Platoniciens subséquents acceptèrent dans leur dialectique
les d'Aristote au sujet de l'émanation, ce ne fut
arguments
ISIS DÉVOILÉE 195

que parce que leurs points de vue


coïncidaient, sous quel-
que rapport, avec ceux des philosophes orientaux. Le nom-
bre harmonieux de
Pythagore, et la doctrine ésotérique de
Platon, sur la création, sont inséparables de la doctrine
Bouddhiste de l'émanation; et le grand but de la philosophie
Pythagoricienne, savoir, celui de libérer l'âme astrale des
liens de la matière et des la rendre,
sens, par cela
et de
même, apte à la contemplation éternelle des choses spiri-
tuelles, est une théorie identique à celle de la doctrine
Bouddhiste de l'absorption finale. C'est le Nirvana inter-
prété dans son véritable sens c'est une doctrine métaphysi-
que que commencent à peine à entrevoir nos érudits sans-
crits modernes.
Si les doctrines Aristotéliennes ont exercé une « influence

prédominante » sur les Néo-Platoniciens ultérieurs, com-


ment se fait-il que ni Plotin, ni Porphyre, ni même Pro-
clus, n'aient jamais accepté sa théorie des songes et des
visions prophétiques de l'âme ? Tandis qu'Aristote prétend
(lue la plupart de ceux qui prophétisent sont atteints de
« maladies mentales » (1) donnant ainsi l'occasion à quel-
ques plagiaires et spécialistes américains de déGgurer des
notions fort raisonnables l'opinion de Porphyre et, par-
tant, celle de Plotin, étaient diamétralement opposées. Les
Néo-Platoniciens contredisent à tous moments Aristote dans
les questions les plus vitales des spéculations métaphysi-
ques. De plus, ou bien le Nirvana Bouddhiste ne constitue

pas la doctrine nihiliste, telle qu'on la


représente aujour-
d'hui, ou alors les Néo-Platoniciens ne l'admettaient pas dans
ce sens. Certes M. Draper ne prend pas sur lui d'affirmer

que Plotin, Porphyre, Jamblique ou quel autre philosophe


de leur école mystique que ce soit, niaient l'immortalité de

FEgo spirituel. Dire qu'ils cherchaient l'extase comme un


« avant-goût de l'absorption dans l'âme mondiale univer-
selle », dans le sens que prêtent a.u Nirvana Bouddhiste tous
:es savants sanscrits, est faire tort ces philosophes. Nirvana

a'est pas,ainsi que le dit M. Draper, « la réabsorption dans


~a Force Universelle,le repos éternel et la béatitude )) mais
pris au pied de la lettre par ces savants, il veut dire ~'ea~nc-

1. De Va<t'jbns in ProMen~e, sect. 21.


196 ISIS OËVOILÉE

//o~7~o~ totale,et non l'absorption (1). Autant que


nous le sachions, personne n'a pris la peine de se rendre

compte de la t'<~r//< signification métaphysique de ce mot,

qu'on ne trouve même pas dans la ZanA'<<!r~ (2), qui


donne tes din'ércntes interprétations du Xirvana par les
Hrahmanes-Tirthankara ou des Jaïns. Par conséquent, pour
celui qui lit ce passade dans l'ouvrage de M. Draper, et ne
tient compte (lue de la signification généralement acceptée
(le Nirvana, Plotin et Porphyre ne seront que (les .V/A/V~/c.
Ce passade dans le Co/ <6' /</ /on t'/ la .Sr/rc
nous donne ]e droit du supposer l <{uc l'auteur desirait
placer PIotin et Porphyre sur le même niveau
que son Gior-
dano Uruno (voir le vo!. I!) dont il fait, bien a tort, un
athée ou qu'il ne prit jamais la peine d'étudier les vies
de ces philosophes ou leurs doctrines.
Or, pour c'/lui qui connaît le professeur Draper, même
de réputation, cette dernière supposition est
parfaitement. t
absurde. Nous devons, par conséquent, croire, tout en
regrettant '-inc~rement comme tant d'autres matérialistes.
qu'i! voulait exposer sous un faux jour leurs aspirations
religieuses. Il est fort malaise pour un philosophe moderne.
dont le but unique paraît être d'éliminer de la pensée hu-
maine les notions de la Divinité et de l'esprit immortel, que
d'avoir a traiter avec impartialité historique les plus célè-
bre:, parmi les Platoniciens païens. D'avoir a admettre.
d'une part, leur profonde sagesse, leur ~enie, leurs connais-
sances par rapport aux questions philosophiques les plus
abstraih-s, et, par conséquent, leur sagacité et d'autre
part, leur adhésion, sans reserves a la doctrine de l'immor-
talité, du triomphe final l'esprit de
sur la matière, et leur
foi inébranlable en Dieu, et les dieux, ou esprits planétai-
res il y a tout lieu de croire (lue la nature humaine acadé-
mique ne s'affranchira pas de si t't du dilemme où l'ont
placée l'existence posthume des défunts, les apparitions et
les autres questions < spirituelles
Le moyen adopté par Lempriere (~),en pareille circons-

1. \'(~r M;.x M~Icr. La .s<7<o~ Jf: .Y/rt'n.t.


/P /,a~ !t-a~r~. t~'aductmn de ih.rn~uf. p. &<.
3. L'.c~onn~frc c/a~f~He.
!Sm DÉVOILÉE !97

tance, est plus grossier encore que celui du professeur Dra-


per, mais non moins efficace. Il accuse les anciens philoso-
phes de mensonges délibères, (le fourberie et de crédulité.
Apres avoir représente Pythagore, Plotin et Porphyre
comme des merveilles de savoir, de moralité et de mérite
comme des hommes remarquables par leur dignité person-
nelle, la pureté de leurs vies et l'abnégation dans la pour-
suite des vertus divines, il n'hésite pas a qualifier d'im-
posteur « ce célèbre philosophe » (Pythagore) quant a
Porphyre il prétend qu'il est crédule, malhonnête et qu'il
manque du jugement. < Lorsqu'il
oblige se voit
par les faits
(! Ihistoire a leur rendre justice au cours de sa narration, il
laisse percer sa prévention fanatique dans les commentai-
res entre parenthèses qu'il y ajoute. Nous apprenons de cet
auteur suranné du siècle dernier, qu'un homme peut être
honnête tout en
imposteur étant qu'il unpeut être pur,
vertueux et un grand philosophe, et cependant être malhon-
nête mentenr et fourbe! Or l'inconsistance des philosophes
du siècle pas~éesta l'ordrcdujour de nos savantsmodernes.
~ous avons fait voir, d'autre part, que la « doctrine su-
crète » ne concède pas a tous les hommes l'immortalité au
même degré. « L œil ne verrait jamais le soleil s'il n'était
pas de même nature que le soleil », dit Plotin. Ce n'est
<~ moyen de la plus sublime et chasteté
qu'au pureté que
nous
pouvons nous rapprocher de Dieu. c'est-à-dire du
Principe universel et recevoir, dans sa contemplation, la vé-
ritable sagesse et 1 intuition », écrit Porphyre. Si l'àme
humaine a néglige pendant sa vie de recevoir l'illumina-
tion de son Esprit Divin, notre Dieu /)C/<!0~c/, il est fort
'Hfncile pour l'homme grossier et sensuel
long- de survivre
temps a sa mort physique. De même qu'un monstre dif-
forme ne p.:ut vivre longtemps après sa naissance physique
même l'âme, une fois qu'elle s'est trop matérialisée, est
incapable d'exister après sa naissance dans le monde spi-
rituel. La viabilité de la forme astrale est si faible que ses
particules ne cohérent pas fermement ensemble lorsqu'elles
s'échappent de la capsule inflexible corps du
physique. Ses
particules obéissant graduellement a l'attraction désorga-
nisatrice de l'espace universel, s'échappent finalement hors
de toute possibilité de se réagrégcr.
tO.S ISIS DÉVOILÉE

Lorsqu'une catastrophe de cette nature a lieu, la person-


nalité cesse d'exister; son glorieux Au~oeides l'a abandon-
née. l'cndant la période intermédiaire entre sa mort physique
et la désintégration de sa forme astrale, celle-ci, attachée

par l'attraction magnétique a son hideux cadavre, erre


l'entour de celui-ci et puise de la vitalité chez des victimes

susceptibles de lui en fournir. L'homme semi-physique, qui


s'est soustrait a tous les rayons de la lumière divine, se

perd dans l'obscurité et. par conséquent, s'attache a la terre


et a ce qui est terrestre.
Aucune :'tme astrale, pas même celle des purs, des bons
et des vertueux, n'est immortelle au sens strict du mot
< elle a été formée d'éléments et aux éléments elle doit
retourner ». Mais, tandis que 1 .'<me du méchant disparaît.
rt est absorbée sans rédemption, celle de tous les autres,
même modérément purs, ne fait que changer ses particule-
éthérées contre d'autres plus éthérées encore et tandis
reste en elle une étincelle du /)/r~, l'homme indivi-
qu'il
duel, eu plutôt l'essence de
personnel, son ne mourra
r-y~
pas. « Après la mort )). dit Proclus. « l'âme (l'esprit) con-
tinue ;'t séjourner dans la forme aérienne (le corps astral) jus-
qu't sa complète puriiicaLion de toutes ses passions irrita-
bles et voluptueuses.elle se débarrasse alors du corps aérien

par une s<r~/ï~ ~o/ ainsi qu'elle l'avait déjà fait pour
son corps tcrr-L'stre. C'c.~t ainsi que les anciens prétendent
qu'un corps céleste est toujours uni </ /?:< laquelle est
//7!7!0/C//C, /M/C/C f/ </C /C </(' t~O/Vt'S (1).
Laissons maintenant la digression qui nous a fait écar-
ter d~ notre sujet, pour étudier la question de la r~so~
et de- /7.s/r/. Ce dernier. suivant les anciens, procède de
la divinité, et la premicre est purement humaine. L'un

(l'instinct) est le produit des sens, une sagacité que possè-


dent L's animaux les plus bas. même ceux qui sont dépour-
vus de raison, c'est l'x~Y: l'autre est le produit de~-
facult.és réflectives, le '<. dénotant le jugement et l'in-

telligence humaine. C'est pourquoi l'animal dépourvu de


raisonnement possède, dans l'instinct inhérent à son être.

1. Ce~t. )a doctrine théosophique. Voyez la traduction de FrJj~P~~


<)/' ~cc~/ Trulh, numéro ], traduit par D.-A. C. (Note de II.-P. B.)
ISIS DÉVOILÉE 199

une faculté infaillible, qui n'estque cette


autre étin- chose
celle divine qui réside chaque dans
parcelle de matière, celle
même considérée inorganique, esprit matérialisé elle-même.
Dans la Cabale Juive, le second et le troisième chapitres
(le la Genèse sont expliqués comme suit: lorsque le second
Adam fut créé de la poussière de la terre, la matière est
devenue tellement grossière, qu'elle rè~nc en souveraine.
!)e ses désirs est émanée la femme, et Lilith possédait la
meilleure partie de l'esprit. Le Seigneur Dieu se promenant
dans le Jardin ri /<T /r<?/r/!c/ du Jour (le crépuscule de
t esprit, ou la divine lumière obscurcie par les ombres de la
matière). maudit, non seulement ceux qui commirent le
péché, mais encore la terre elle-même et tous les êtres vi-
vants. et le serpent-matière, tentateur par-dessus tout.
Qui donc. sinon les cabalistes, serait capable d'expliquer
cet acte en apparence si injuste? Comment devons-nous
comprendre cette malédiction de toutes les choses créées
Innocentes de tout crime ? L'allégorie est évidente. La ma-
lédiction ou le mal. l'absence de spiritualité, est inhérente
.'< la matière elle-même. Il s'ensuit qu'elle est condamnée
.< lutter contre sa propre grossièreté, pour sa purification
l'étincelle latente de l'esprit divin, bien qu'étouffée, est en-
core la: et son invincible attraction ascensionnelle la con-
traint combattre dans la douleur et le travail afin de se
libérer. La Ionique nous montre que comme toute matière
a eu une origine commune, elle doit avoir des attributs
communs, et que,comme l'étincelle vitale et divine se trouve
dans le corps matériel de l'homme, elle doit se retrouver
aussi dans toutes les espèces qui lui sont inférieures. La
mentalité latente l'on con-
que. dans les règnes inférieurs,
sidère comme une semi-conscience, conscience et instinct
est grandement adoucie chez l'homme. raison, La produit
du cerveau physique, développe aux dépens de l'instinct

la va~ue réminiscence d'une omniscience autrefois divine,


l'esprit. La raison, symbole de la souveraineté de l'homme

physique sur tous les autres organismes physiques, est sou-


vent bafouée par l'instinct d'un animal. Comme son cer-
veau est plus parfait que celui de toute autre créature, ses
émanations doivent naturellement produire les résultats les
plus élevés de l'action mentale; mais la raison ne sert uni-
200 ISIS DÉVOtLËE

que pour l'étude des choses matérielles elle est


quement
incapable d'aider son possesseur dans la connaissance des
choses de l'esprit. En perdant l'instinct, l'homme perd sa
force d'intuition, qui est le couronnement et le point culmi-
nant de 1 instinct. La raison est l'arme grossière des savants,
l'intuition est le guide infaillible du voyant. L'instinct
enseigne a la plante et a l'animal leurs saisons pour la

procréation de leurs espèces, et il guide l'animal dans la


recherche du remède convenable a l'heure de la maladie.
La raison de l'homme est impuissante a bat-
orgueil
tre en brèche son penchant vers la matière, et ne tolère au-
cun obstacle à la satisfaction illimitée de ses sens. Loin d<
le porter a ~tre son propre médecin, ses subtiles sophismes
le mènent trop souvent a sa propre destruction.
Bien n'est plus aisé a prouver que la proposition que la
perfection de la matière s'obtient aux dépens de l'instinct.
Le zoophyte attache au rocher sous-marin, en ouvrant la
bouche pour y attirer la nourriture qui notte aux alentours,
fait preuve, proportionnellement a sa structure physique,
de plus d'instinct que la baleine. La fourmi, avec ses apti-
tudes architecturales, soci;'Ies
politiques, est placée infi-
et
niment plus haut
sur l'échelle des animaux que l'adroit
tigre royal guettant sa proie. « C'est avec crainte et admi-
ration », s'écrie Bois-Raymond, « que celui qui étudie la
nature regarde cette molécule microscopique de substance
nerveuse, qui est le siège de l'âme laborieuse, amie de l'or-
dre, industrieuse, loyale et intrépide de la fourmi »
Comme tout ce qui tire son origine des mystères psycho-
logiques, l'instinct a été trop longtemps négligé dans le
domaine d' ia science. « Nous voyons ce qui a indiqué a
l'homme la route pour trouver un soulagement a toutes ses
souffrances physiques dit Hippocrate. « C'est l'instinct
des races primitives, alors que la froide raison n'avait pas
encore obscurci la vision interne de l'homme. Son indica-
tion ne doit jamais être dédaignée, car c'est à l'instinct
seul que nous devons nos premiers remèdes (I). Connais-
sance instantanée et infaillible d'un esprit omniscient, l'ins-
tinct est en tout dinerent de la raison finie et limitée et

1. Voir Cabanis. Histoire de la Médecine.


ISIS DÉVOILÉE 201

dans leprogrès expérimental de celle-ci, la nature divine


de l'homme est souvent complètement engloutie, lorsqu'il
renonce de lui-même à la lumière divine de l'intuition.
L'une rampe, l'autre vole la raison est la puissance de
l'homme, l'intuition est la prescience de la femme 1
Plotin, l'élevé du Grand Ammonius Saccas, le principal
fondateur de l'école néo-platonicienne enseigne que les con-
naissances humaines passent par trois degrés ascendants
l'opinion, la science, et I'y/ïo</o/ï. Il l'explique en di-
sant que < le moyen ou instrument de l'opinion, c'est le
sens ou la
perception celui de la science, la dialectique
et celui de l'illumination, I'o/ï (ou instinct divin). A
cette dernière est subordonnée la raison elle est la con-
naissance absolue, fondée sur l'identification de l'intelligence
avec l'objet connu ».
La /)r/c/'f ouvre la vue spirituelle de l'homme, car la

prière, c est le désir, et le désir développe la vOLOr~TÉ les


effluves magnétiques qui se dégagent du corps chaque
effort, soit mental soit physique, produisent l'automagné-
tisation et l'extase. Plotin recommande la solitude pour la

prière, comme le moyen le plus eflicace d'obtenir ce que l'on


demande et Platon avertit ceux qui prient « de demeurer
silencieux en présence de l'Etre divin, le Dieu en nous, Notre

Esprit, jusqu'à ce qu'il fasse disparaître le nuage de devant


leurs yeux, et les rende aptes a voir, grâce à la lumière qui
émane d'eux-mêmes. Apollonius s'isolait toujours des
hommes pendant la conversation qu'il entretenait avec
Dieu, et partout où il sentait le besoin de la contemplation
divine et de la prière, il s'enveloppait la tête et tout le corps
dans les plis de son 6/0/2~ manteau de laine. Qui ne con-
naît les propriétés magnétiques de la laine ?« Lorsque vous

priez, entrez dans votre cabinet, et en ayant fermé la porte,

priez votre Père, en secret », dit le Nazaréen~ le disciple


des Esséniens.
être humain est né avec un rudiment du sens
Chaque
interne nommé intuition, qui peut être développé, et deve-
nir ce que les Écossais appellent < la seconde vue ». Tous
les grands philosophes qui, comme Plotin, Porphyre et

Jamblique ont fait usage de cette faculté, enseignent cette


doctrine. « Il est une faculté de l'esprit humain écrit
~02 !SIS DÉVOtLEE

Jamblique, « qui est supérieure à tout ce qui naît ou est

entendre. C'est par elle que nous pouvons atteindre l'union


avec les intelligences supérieures, à être transportés au delà
des scènes de ce monde, et a prendre part a la vie plus
élevée, et aux pouvoirs particuliers des êtres célestes.
Sans la vue interne ou intuition, les Juifs n'auraient
jamais eu leur Bible, ni les chrétiens Jésus. Ce que Moïse
et Jésus ont donné au monde était le fruit de leur intuition
ou illumination. Ce que les chefs de l'Eglise et les maîtres
de théologie postérieurs a eux ont donné a entendre au
monde à ce sujet, étaient de faux exposes dogmatiques et
trop souvent des blasphèmes.
Accepter la Bible comme une révélation, et ajouter une
foi aveugle a une traduction littérale
texte, c est pire de son
qu'une absurdité, c'est un bl.'sphemc contre la divine ma-
jesté de l'Unité Invisible. Si nous avions a juger la divinité
et le monde des esprits, par ce qu'en disent leurs interprè-
tes humains maintenant que la philologie avance a pas de
géants dans le champ des religions comparées, la croyance
en Dieu et dans l'immori.alite de lame ne résisterait pas
un siècle de plus aux attaques cle la /v/~< Ce qui sou-
tient la foi de Ihommc en Dieu et la vie spirituelle future.
c'est I'7~~ ce divin produit cle notre être intime qui
dciie les momeries du
prêtre catholique Romain, et ses ido-
les ridicules les mille et une cérémonies du Brahmane et
ses idoles et les 'eremiadcs (lu prédicateur protestant, et
sa foi desoK'e et aride, sans idoles (quoi qu'il en fasse une
de sa Bible) mais avec un enfer sans limites et la damna-
tion pour thur.Si ce notait l'intuition, immortelle, quoique
souvent indécise, parce qu'elle est obscurcie par la matière.
la vie humaine serait une parodie et l'humami.e une fraude.
Ce sentiment indéracinable de
la présence de quelqu un en
dehors au dedans de nous-mêmes est tel, qu'aucune con-
tradiction dogmatique, aucune forme extérieure de culte ne

peut le détruire dans l'humanité malgré tout ce qu'ont beau


faire le clergé et les savants. Mû par cette pensée de l'inii-
nité et de l'impersonnalité de la Divinité, Gautama Boud-
dha, le Christ hindou, s~ecrie « De même que les quatre
rivières qui se jettent dans le Gange perdent leur nom aus-
sitôt qu'elles mêlent leurs eaux avec celles du fleuve sacré,
ISIS DÉVOILÉE 203

<lc même tous ceux qui croient au Bouddha (1) cessent


d'être Brahmanes, Kshatriyas, Vaisyas et Sûdras 1 »
L'ancien Testament fut compilé et arrangé d'après la tra-
dition orale les masses n'ont jamais connu sa signification
réelle, car Moïse reçut l'ordre de ne faire part des vérités
secrètes qu'aux soixante-dix vieillards, sur lesquels le Sei-
gneur souffla /'e.~r// qui était sur le législateur. Maimoni-
des, dont l'autorité et la connaissance de l'histoire sacrée
peuvent difucilemcnt être rejetées, dit « Quiconque trou-
vera le sens véritable du Z.re de la Genèse doit avoir
soin de ne pas le divulguer. Si une personne en découvrait

par elle-même /<7 t'a~/f ~tco~o~, ou avec l'aide


d'un autre, elle doit garder le silence ou si elle parle, il
!)ut qu'elle le fasse d'une manière obscure et énigmatique. »
Cette confession que ce qui se trouve dans les Ecritures
sacrées n'est
qu'une allégorie a été faite par d'autres auto-
rités juives, en dehors de Maimonides car nous voyons
Joséphc déclarer que ~loïse philosophé (a parlé par énig-
mes dans des t!gu:'cs allégoriques) lorsqu'il a écrit le livre
('e la Genèse. C'est pourquoi la science moderne en négli-
geant de déchiffrer le vrai sens de la Bible, et en laissant
I;( Chrétienté tout entière croire la lettre morte de la

rhéologie; s'est faite tacitement la complice du


Judaïque,
fanatique. EHc n'a pas le droit de tourne" en ridi-
clergé
cule les récits d'un ne les a jamais écrits d~ns
peuple (lui
la pensée qu'ils dussent recevoir une aussi étrange interpré-
Lation. de !a part d'une religion ennemie. L'un des carac-
tères les plus tristes du Christianisme est que ses textes les

plus ont été tournés contre lui, et le souvenir des


morts a étouifé l'esprit de vérité.
« Les dieux
existent, dit Epicure, mais ils ne sont pas
ce que le peuple, ~A:: suppose qu'ils sont. » Et
cepen-
dant les critiques su-
Epicure, jugé comme d'habitude par
perficiels, pour un matérialiste et est présenté comme
passe
tel.
Mais ni la Grande Cause Première ni son émanation, l'es-

prit immortel de l'homme, ne sont restés sans témoins pour

t. Ce n'est pas à tut-mome– Gautama Bouddha que ce dernier


faisait allusion en disant cela, mais bien au Bouddha impersonnel,ai Aot-
HorDDnA ou Boudhi, la Sagesse divine et Eternelle.
201 ISIS DÉVOILÉE

affirmer leur existence. Le mesmérisme et le spiritisme


sont la pour attester les grandes vérités. Pendant plus de

quinze siècles, grâce aux aveugles et brutales persécutions


de ces grands vandales de l'histoire des premiers temps du
Christianisme, Constantin et Justinien, l'antique SAGESSE

dégénéra, et petit a petit finit par tomber dans la fange la

plus profonde de la superstition et de l'ignorance monaca-


les. La notion Pythagoricienne « des choses qui existent
la profonde érudition des Gnostiqucs les enseignements
des grands philosophes honorés de tous temps et en tous
lieux, tout cela fut rejeté comme doctrines de l'Antéchrist
et du Paganisme, et livré aux flammes. Avec les derniers
Sept Sages de l'Orient, le groupe qui restait des Néo-plato-
niciens, IIermias, Priscianus, Diogénc. Eulalius, Damas-
kius, Simplice et Isidore, qui se réfugièrent en Corse pour
échapper aux fanatiques persécutions de Justinien, le règne
de la sagesse prit fin. Les livres de Thoth (ou Hermès Tris-

mégiste), qui renferment dans leurs pages sacrées l'histoire

spirituelle et physique de la création et des progrès de notre


monde moisirent dans l'oubli et le mépris, pendant bien
des siècles. Ils ne trouvèrent pas d'interprètes dans l'Eu-

rope Chrétienne les Philaléthéens, ou « sages amis de I:<


vérité », n'étaient plus ils furent remplacés par les rail-
leurs ignorants, moines tonsurés et encapuchonnés de la
Rome qui craint
papale, la vérité, sous quelque forme et
de quelque c<')té qu'elle apparaisse, si elle tend le moins du
monde a porter atteinte à ses dogmes.
Quant aux
sceptiques, voici les remarques que fait a leur
sujet et au sujet de leurs disciples le professeur Alexandre
Wilder vice-président de la Société Théosophique de New-
York, dans ses esquisses sur Ic.Yec')/a/o~ e/4/c/
mie « Un siècle s'est écoulé depuis que les compilateurs
de l'Encyclopédie Française ont infusé le scepticisme dans
le sang du monde civilisé, et fait envisager comme désho-
norant de croire à quelque
qu'on ne peut
chose éprouver
dans les creusets, ni démontrer par un raisonnement criti-
que. Même de nos jours, il faut une certaine dose de can-
deur et de courage pour se risquer à traiter un sujet qui a
été pendant bien des années repoussé et dédaigné, parce
qu'il n'a pas été bien compris ou correctement interprété.
ISIS DÉVOILÉE 205

Celui-là doit être audacieux, qui soutient que la philoso-


Hermétique est autre chose qu'une apparence de
phie
science, et qui, dans cette conviction, réclame pour ses en-
seignements un auditoire patient. Et pourtant profes- ses
seurs furent jadis les princes de l'examen scientifique et des
héros parmi les hommes. En outre, il n'y a rien à dédai-
gner dans ce qui a provoque la vénération des hommes et

mépriser les convictions ardentes d'autrui, c'est faire

preuve d'ignorance et manquer de générosité.


Encouragé par ces opinions d'un érudit, qui n'est ni un
fanatique ni un conservateur, nous rappellerons mainte-
nant quelques faits rapportés par des voyageurs qui en ont
été témoins au Thibet et dans l'Inde, et que les indigènes
gardent comme des preuves pratiques de la vérité de la

philosophie et de la science, transmises par leurs ancêtres.


En premier lieu, nous allons étudier le très remarquable

phénomène qu'on peut contempler dans les temples du Thi-


bet et dont les relations ont été apportées en Europe par
des témoins oculaires, autres que les missionnaires Catho-
liques. dont nous écarterons les témoignages, pour des mo-
tifs aisés a comprendre pour qui les connaît. commen- Au
cement de notre siècle, un savant Florentin, un sceptique, et

correspondant (le l'Institut de France, ayant obtenu la per-


mission de pénétrer sous
déguisement undans l'enceinte
réservée d'un temple Bouddhique, où l'on célébrait la plus
solennelle de toutes les cérémonies, rapporte les faits sui-
vants, dont il a été lui-même témoin. Un autel était pré-
paré pour recevoir un Bodhisatva ressuscité, trouvé par le
clergé initié, et reconnu a certains indices secrets pour s'être
réincarné dans le corps d'un enfant nouveau-né. Le nour-
risson, ~gé seulement de quelques jours, est amené en pré-
sence du peuple, et révérencieusement placé sur l'autel.Se
dressant tout à coup sur son séant. l'enfant commence a
prononcer d'une voix haute et mâle les paroles suivantes
« Je suis Bouddha, je suis son esprit; et moi, Bouddha,
votre Dalai-Lama.j'ai laissé mon vieux corps décrépit dans
le temple de. et j'ai choisi le
corps de ce petit enfant
pour mon nouveau séjour sur la terre. » Notre savant ayant
finalement été autorisé par les prêtres à prendre avec tout
le respect voulu l'enfant dans ses bras, et à l'emporter a
:206 ISIS DÉVOILÉE

une distance des assistants suffisante pour le convaincre

n'y avait pas possibilité de faire usage de ventrilo-


qu'il
quie, ni d'aucune supercherie, le bébé jette sur le grave
académicien regard un qui le fit frissonner, suivant ses pro-
pres expressions, et répète les mots qu'il avait dits aupa-
ravant. Un rapport détaillé de cet événement, dit-on, at-
testé par la signature de ce témoin oculaire, fut envoyé a
Paris mais les membres de l'Institut, au lieu d'accepter
le témoignage d'un savant observateur dont le mérite était
reconnu, conclurent que le Florentin avait été soit -<!0/~

/?M<~ce e~ïe <~a~c d'insolalion, scit trompé par un


adroit truc acoustique.
Quoique, suivant M. Stanislas
Julien, le traducteur fran-
çais des textes sacrés de la Chine, il y ait un verset dans
le Lolus (1) qui dit qu' « un Bouddha est aussi difficile a
trouver que les fleurs d'Udumbara et de Palàca, si nous
devons croire les nombreux témoins oculaires, ce phéno-
mène se produit certainement. Comme de juste, les cas en
sont rares, puisqu'ils n'ont lieu qu'a la mort de chaque
grand Dalai-Lama; et cfs vénérables personnages vivent 1

jusqu'à une vieillesse devenue proverbiale.


Le malheureux abbé Iluc dont les livres de voyage au
Thibet et en Chine sont
connus, bien
raconte fait le même
de la résurrection d'un Bouddha. Il y ajoute, en outre, h:
circonstance curieuse que le bcbé-oracle prouva péremptoi-
rement « a ceux qui l'interrogeaient et (lui avaient connu
la vie passée dudéfunt, qu'il était bien un esprit mûri par
la vieillesse dans un corps Il'enfant, en donnant les détails
les plus exacts sur son existence antérieure ».
Une chose digne de remarque, c'est que Des Mousseaux,
qui s'étend assez longuement sur ce phénomène, en l'attri-
buant, comme de raison, au Diable, observe en parlant du
pauvre abbé que le fait d'avoir été défroqué « est un acci-
dent qui, il faut l'avouer, n'est pas de nature a fortincr
notre confiance A notre humble avis, cette petite cir-
constance ne fait au contraire que l'augmenter.
L'ouvrage de l'abbé Hue a été mis a l'Index, parce qu'il
disait la vérité sur la similitude des rites Bouddhiques avec

1. Le Lo~us Je f;t.Bj.T!C ~o<. !.ra:I:ut.du Sanscrit, par K. Burnouf.


ISIS DKVO!LËE 207

les rites Catholiques. Il fut en outre rappelé de sa mission,


avoir été ~o/) sincère.
pour
Si cet exemple d'enfant prodige était le seul, nous pour-
rions avec raison éprouver une certaine hésitation à l'ad-
mettre mais, sans parler des prophètes Camisards de 1707,

parmi lesquels se trouvait quinze l'enfant


mois de cité par
Jacques Dubois, lequel parlait en excellent Français,
« comme si Dieu eût parlé par sa bouche », ni des enfants
des Cévennes, dont le langage prophétique est attesté par
les premiers savants de France, nous avons des exemples
dans les temps modernes, d'un caractère tout aussi remar-

quable. Le Lloyd's WceA-/y A'cws/)<7jocr de mars 1875 con-


tient la relation du phénomène suivant « A Saar-Louis, en
France, un enfant venait de naître. La mère venait d'accou-
cher, la sage-femme s'extasiait sur la beauté de la petite
créature, et les amis félicitaient le père de l'heureux événe-
ment, lorsque quelqu'un demanda l'heure. Qu'on juge de
la surprise de tous les assistants, en entendant le nouveau-
né répondre distinctement Deux heures Mais ce n'était
encore rien en comparaison <Ie ce qui suivit. La compagnie
regardait l'enfant avec une muette surprise et presque
avec épouvante, lorsqu'il ouvrit les yeux et dit « J'ai été

envoyé dans ce monde pour vous dire que l'année 1875


sera une bonne année, mais que l'année 1876 sera une an-
née de
sang. Apres avoir fait cette prophétie, il se retourna
sur le côté et expira, a peine d'une demi-heure. »
Xous ignorons si ce prodige a été officiellement reconnu

par l'autorité civile comme de juste d'ailleurs, il n'en peut

pas attendre de la part du clergé~ puisqu'il n'en pouvait


retirer ni honneur ni profit; mais mcme si une Revue anglaise
ne s'était pas portée garante responsable de 1 histoire, le ré-
sultat n'en aur~'t pas moins eu un intérêt tout particulier.
L'année 187C qui vient de inir (nous écrivons ces lignes en
février 1877), a été positivement, et à partir du mois de
Mars, une année de sang, et c'el~ d'une manière inattendue.
C'est dans les principautés Danubiennes qu'a été écrit un
des chapitres les plus sanglants de l'histoire des guerres et
des rapines, un chapitre d'excès des Musulmans sur les
Chrétiens, qui n'a point d'équivalent depuis que les sou-
dards catholiques massacraient par dizaines de mille les
208 ISIS DÉVOUÉE

naturels del'Amérique du Nord et du Sud, et que


simples
les protestants anglais s'avançaient péniblement jusqu'au
trône impérial de Delhi, pas à pas, à travers des fleuves de
Si la prophétie de Saar-Louis n'était qu'un article
sang.
sensationnel d'un journal, le cours des événements Fa fait
monter au rang des prédictions accomplies 187~ /M/ une
année de grande abondance, et 187C, à la grande surprise
de tout le monde, une année de carnage.
Mais en supposant même que le prophète nouveau-né en
n'ait jamais desserré les lèvres, le cas de l'enfant
question
Jencken reste encore pour dérouter l'examinateur. C'est un
des surprenants phénomènes de médiumnité. La mère
plus
de cet enfant est la célèbre Kate Fox, et son père M. H.D.
Jencken, M. R. I., avocat à Londres. Il est né à Londres en
187~ et avant
l'âge de trois mois il commença à donner des
de médiumnité spirite. Des coups étaient frappés
marques
sur son oreiller et son berceau et aussi sur la personne de
son père, pendant qu'il tenait l'enfant sur ses genoux, et

que M*" Jencken était absente de la maison. Deux .mois


plus tard, une communication de vingt mots sans signature
fut écrite de sa main. Un gentleman, un avoué de Liver-

pool nommé J. Wason, se trouvait présent a ce moment,


et il avec la mère et la nourrice un certificat qui fut
dans le .Vc~/M/7! and Z)''7~/6r~oA' du 8 mai J874. Le
publié
rang professionnel et scientifique de M. Jencken rend tout
fait improbable l'hypothèse qu'il se soit prct.é à une su-
Bien plus, l'enfant était si bien a portée de
percherie.
7n~u~zo/ï, dont son père était membre,que le pro-
/o/
fesseur Tyndall et ses partisans n'eurent aucune excuse

pour négHger d'examiner le cas, et d'informer le monde de


ce phénomène psychologique.
L'enfant sacré du Thibet étant si loin, ils avaient beau

jeu pour nier le fait en le mettant sur le compte de l'inso-


lation et de l'illusion acoustique. Mais en ce qui concerne
le nouveau-né de Londres, l'affaire est encore plus simple
que l'enfant grandisse et apprenne à écrire, et alors ils nie-
ront le fait tout net.
Ainsi que l'ont fait d'autres voyageurs, l'abbé Hue nous
donne une description de ce merveilleux arbre duThibet,
nommé le 7\'o~/7!~c'M/7Z c'est-à-dire l'arbre aux 10.000 ima-
ISI5 DÉVOILÉE 209
<res et caractères. Il ne pousse pas sous une autre latitude,
malgré les essais répétés qui en ont été faits et il ne peut
même se reproduire
pas par boutures. rapporte La tradition

qu'il naquit de la chevelure d'un des Avatars (le Lama-


Tson-ka-pa) une des incarnations d'Amita Bouddha. Mais
nous laisserons l'abbé Hue raconter lui même le reste de
l'histoire « Chacune de ses feuilles, lorsqu'on l'ouvre, porte
soit une lettre soit une sentence religieuse écrite en carac-
tères eacrés.et ces lettres sont, dans leur genre, d'une telle
que les fonderies de caractères de Didot ne
perfection,
présentent rien qui les
surpasse. Ouvrez les feuilles que
la végétation est sur le point de dérouler, et vous y décou-
vrirez, prêts a se montrer, les lettres ou les mots distincts

qui sont la merveille de cet arbre unique Détournez votre


attention des
feuilles, etreportez la sur l'écorce des bran-
ches, et de nouveaux caractères s'oifriront a vos yeux Xe
laissez point se refroidir votre curiosité levez les couches
de cette écorce,ct d'autres caractères encore, dont la beauté
vous surprendra, se montreront au-dessous des premiers. Et
ne vous imaginez point que ces couches superposées répè-
tent la même impression. C'est tout le contraire chaque
!amc que vous enlevez vous oifre un type diiférent. Comment
donc y soupçonner de
supercherie la
? J'ai fait tout mon

possible pour y découvrir la plus légère trace de l'adresse


de l'homme, et mon esprit abasourdi n'a pas pu conserver
le moindre doute a cet égard. »
Nous ajouterons au récit de M. Hue la déclaration que
\'s caractères (lui apparaissent sur les déférentes parties du
Koumboum sont en caractères Sensar, ou langage dit du so-
leil (langue sacerdotale et secrète) qui a précédé l'ancien
sanscrit, dit-on, et que l'arbre sacré contient dans ses diver-
ses parties toute Ihistoire cle la création in e.E/<~$o, et en
substance la
philosophie ésotérique des livres sacrés du
Bouddhisme. Sous ce rapport, il présente, relativement a la

religion Bouddhique, les mêmes relations que les peintures


<!u temple de Dendera en Egypte relativement à l'ancienne
ici des Pharaons. Ces dernières sont bravement décr'tes par
le professeur Carpenter, président de la ~r/A ~.sso<"z<z~on,
dans sa conférence faite à Manchester, sur l'Egypte. Il mon-
tre clairement que le livre juif de la Genèse n'est pas autre
210 TSIS DÉVOILÉE

chose que l'expression des idées primitives des Juifs, basées


sur le souvenir des peintures des Egyptiens chez lesquels
ils avaient vécu. Mais il ne donne pas clairement a enten-
dre par voie de déduction,
sauf que les peintu- s'il croit
res de Dendera et le récit Mosaïque ne sont qu'une allé-

gorie ou bien une prétendue narration historique. Il est


inadmissible qu'un savant qui a étudie la question même su-

perticic!lcment. puisse se hasarder a atnrmer que les anciens

Egyptiens
avaient les mêmes notions ridicules sur la créa-
tion instantanée du monde que les théologiens chrétiens pri-
mitifs. Comment peut-il dire que, parce que lespeintures
de Dendera se trouvent représenter leur théogonie dans
une allégorie, elles avaient pour but de montrer la scène
comme accomplie en six minutes ou six millions d'années?
Elles peuvent aussi bien indiquer allégoriquement six épo-
ques successives ou œons, ou l'éternité que six jours. De

plus, les Z~cs ~A't' ne prêtent certainement pas le


ilanc a accusation, et t r~s/</ parle d'une fa~-on spécitiquf
de six périodes, embrassant chacune des milliers d'années
au lieu de jours. Nombre d'hiéroglyphes Egyptiens contre-
disent la théorie cle Carpentcr, ut Champollion a vengé I;'
mémoire des anciens sur une foule de points. De ce qu~ a
été fait. auparavant il résultera clairement, croyons-nous,
pour le lecteur, que la philosophie égyptienne n'a point de

place pour ces spéculations informes, si tant est que les


Hébreux y aient jamais ajoute foi leur cosmogonie consi-
dérait l'homme comme le résultat d'une évolution, et son

propres, comme devant s'accomplir dans des cycles immen-


sément longs.Mais revenons aux merveilles du ThibcL
En fait de peintures, celle décrite par M. Hue, et placée
dans une certaine lamaserie, peut être envisagée comme la

plus surprenante qui existe. C'est simpleune toile sans K-


moindre appareil mécanique, comme le visiteur peut s'en
convaincre en l'examinant a loisir. EU représente un pay-
sage au clair de lune, mais la lune n'y est pas immobile e~
morte tout au
contraire, car, d'après l'abbé, on dirait que
notre lune elle-même, ou du moins son image vivante éclaire
le tableau. Chaque phase, chaque aspect, chaque mouve-
ment de notre satellite, s"y trouve reproduit en /</<s//7!J,
dans le mouvement et la marche de la lune dans la peinture
ISIS DÉVOILÉE 211

sacrée. Vous voyez cette planète dans le tableau marcher


.)\'ec la forme d'un croissant, devenir pleine, briller avec
rdat. passer derrière des nuages, se montrer ou disparaître
d'une manière correspondant de la façon la plus extraordi-
naire aux allures de l'astre réel. C'est en un mot une re-
production très servilc et resplendissante de la paie reine
des nuits, qui était l'objet de l'adoration de tant de fidèles
dans l'antiquité (1).
Si l'on son~t' a l'etonnemcnt que ressentirait inévitable-
ment un de no' académiciens si satisfaits d'eux-mêmes, en
voyant une pareille peinture (et ctle n'est pas la seule, car
il y en a d'autres dans d'autres parties du Thibet et du Ja-
pon également représentant les mouvements da sole:! ,si
i on son~c. disons-nous, a l'embarras de cet Académicien
devant la conviction, que s'il ose dire franchement la vérité
:( ses coliques, il est condamne a subir le même sort que
!<' pauvre abbé Hue.. et a être chasse de son siège académi-

que. comme un menteur ou un dément, on ne peut s'em-

prcher de se rappeler l'anecdote de Tycbo-Brahe


y racontée

p:<r Humbold!. dans son ~'o.s/~o.~ (~).


« Un soi;' dit !e ~rand astronome Danois. « un soir

que suivant mon habitude, je considérais la voûte céleste,


.t mon indicible
etonnemcnt, je
vis tout près du zénith dans

(~'ssiopee une radieuse 'toile d'une grandeur extraordinaire.

1 rappe dL' saisissement, je ne savais si je devais en croire

'nés yeux. Quelque temps âpres, j'appris qu'en Aliemagne


'tjs voiturn'rs et d'autres personnesdu peuple avalent averti
's savants a plusieurs reprises qu'une grande apparition
s.' vovait dans le ciel ce fait fournit a la presse et au pu-
blic une nouvelle occasion de se livrer aux railleries habi-
tuelles contre les hommes de science qui. dans les cas
d'une foule de comètes antérieures, n'avaient
d'apparition
pas su prévoir leur venue ».
les temps les reculés, les Brahmanes étaient
Depuis plus
réputés comme possédant de merveilleuses connaissances
'i tnstjut~sl~s branches de l'art magique. Depuis Pytha~ore,

t. M. des M.s-.cau\ ccrUMe te fait, disant. qu'U l'a eu de la bouche


mcme de t'jb~c.
2. Cosnio~. vuL III. part.. 1, p 16~.
2t2 !3fS DÉVOtLÉE

le philosophe qui ait étudie la sagesse chez les


premier
et PIotin qui était initie au mystère de l'union
Gvmnosophes.
avec la Divinité par la contemplation abstraite, jusqu'aux
adeptes modernes, tous savaient parfaitement que c'est dans
ia contrée des Urahmanes et de Gautama Houddha
(p~'il fal-
lait aller chercher les sources de !a Science Secrète. Il ap-

partiendra aux siècles futurs de découvrir cette grande vé-


rité, et de accepter comme telle. puisque aujourd'hui elle
est ravalée et méprisée comme une basse superstition. Que
savaient, même les plus emments hommes de science sur
l'Inde, le Thibet et !a Chine.jusqu au dernier quart de siè-
cle actuel ? L'~ plus infatigable des savants, Max Mùller.
nous apprend que jusqu'à cette époque, pas un seul docu-
ment original de la religion Houddhiquc n'avait, été acces-
sible aux philol"ue.~ Kurope'ns qu'il y a cinquante an~
il n'existait pas un !ettre. qui eut pu traduire une h~ne du
Veda. une li~ne du Xend-Avesta.ou une )i~'ncdu /7~ l

Bouddhi(jue, sans parler dc~ autres dialectes ou lan~a~es.


i~t même maintenant la Science est en
qu<' possession

'.les divers textes sacres, ceux que l'on possède ne sont que
d''s éditions très incomplètes de ces ouvrages, et /'f<n, at'-
~olumentricn de la littérature sacrée secrète du Houddhisme.
Le peu que nos erudits ont appris de Sanscrit. qua!i!'e
d abord par Max Mulle)' « uneei!t'oya!)!e Jun~h- de litter <-
t'n'e religieuse. H plus excetJ~nte cachette pour les Lama~
'-t. les Dalai-Lamas commence a peine maitttenantajetcr
.ne i'uble lueur dans ces ténèbres primitives. ~<ous voyons
e tre nous déclarer que ce qui apparait au premier coup
')). dans le labyrinthe du monde, comme des religions
')i -i!~ d'obscurité, de déception et de vanité commence
"r une autre forme. « On croirait ecrit-i). < que
c'est < ~rader le nom même de la religion que de l'appli-
i a'jx sauvages elucubrations des Yo~uis hindous.et aux
'~t:'s bl:<-nhemes d(-s Bouddhistes chinois. Mais a mesure

~ue.lentement et patiemment~ poursuit on


sa route a travers
ces caeho's redoutables, nos yeux seml'ient se desil!cr. et
~s e/t'r~? ~</yo/! </f /M~re. 1~ où auparavant
t- ;i'e~ d'abord que ténèbres (I).

'r<"tce sur les t'eJa~.


!SrS DEVOILER 213

Si Max Muller était tombé du ciel en ce


icmps-la au mi-
lieu des lettrés de l'époque, avec ses connaissances actuel-
le. nous aimerions a recueillir toutes les épititétes dont
aurait. été grati'ié par les savants académiciens l'audacieux
innovateur! Sonnez donc! Un savane
qui.classant généalo-
niquement les langages, dit. (pic « le Sanscrit., compare au
(h-cc et au Latin.. est, un frjre aîné. te plus ancien dépôt
<)" !a langue Aryenne
(~omme preuve du peu de la génération
compétence de
qui a directement précé(!é !a n<tre,pour ju~~r les religions
< t. les crova)tces des centaines de mi!!ions de Bouddhistes,
nrahmanes et. Parsis.rrue l'on consulte annonce placée en
t''t'' d un ouvrage scient!'i<tu<' put)!ic en tS~S par un pro-
t't'sseur Dunbar, !e
premier crudit qui ait entrepris de dc-
in<'t)trer <ptc Sanscrit, c-~t dérive du Grec. Il parut sous
(e titre
~c <?~~<f' <r s/r/t' < /'<7/ </cs /<cs
~7rt'< ('/ A~C <7/'CC </(.'S ro/ons r/s/
'rcs < .S'f' ('/ < < r/ /Z/! ~('<rc r/
EST n~-
A Y~/ on .s''('.</ ('YT <<7~ ~<* Lf: SA~SC)!!T
n!VÉ Dr C.m;c < /r /s'. c//)/'o/f<
s~r</(' ~c~ /V/</7J<?! Prix tSsh.(t).
(ht peut ainsi natureHement s'attendre a ce <pi'en 1~7~
!rs m~-n~-s c:'iti(p)e' soient, faitessujet de
au découvertes

s(;ienti!!quc~. aujourd'hui
~cicmti~icluc;tu.j~~unl'hui con.i~l~r~u~
considérées par savants comme
nos :w-:mt~
l~:cr no; comrnc
dcHnitives et it-cvoca!~es. Ce qu', maintenant, ecf quahf!e c
de superstitieux et de baragouinage de païens et
rc/c'
d'- sauvages, compose il v a des mmiers de siècles, pour-
rai! bien renfermer la de de tous les religieux. La
systèmes
prudente sentence de saint Augustin, auque! 'Max Muller
fait souvent aHu'-ion dans ses conférences. «<p~i! n'y a pas
éléments de
cle fausse religion qui ne contienne quelques
vérité », pourra encore être prouvée exacte, d'autant plus
cette sen-
que loin d être original chez l'évequc d'Hippone,
tence d'Ammonius Sac-
est empruntée par lui aux ouvrages
cas. le grand mutrede l'école d Alexandrie.
Oui, ce philosophe,versé en divinité. /co~A'/o~ avait

répété cela a satiété dans ses nombreux ouvrages, quelques

t.C~Mt'c~our~. Voi.IV, p. t0', 3.8.


2n !S!S DÉVOLUE
cent ans avant saint Augustin. Reconnaissant .té-
quarante
sus comme « un excellent homme, et l'ami de Dieu il
soutint toujours que son but n'était point d'abolir le com-
merce avec les dieux et les démons (esprits), mais tout

simplement de puriner les religions anciennes que <( la re-


ligion de la multitude marchait d'accord avec la philoso-

phie, et
qu'avec elle, elle s'était corrompue par degrés, c)
avait été obscurcie par les conceptions purement humaines
de la superstition et des mensonges; qu'elle devrait par con-
être ramenée a .< /c/r o/n~/<? en la débar-
séquent
rassant de ces scories.. et en la rétablissant sur des princi-
pes philosophiques que le seul objet du Christ avait et'
de reinstaller et de rétablir dans son intégrité primitive a
sagesse des anciens (i)
Ce fut ce nu'mc Ammonius qui enseigna le premier que
chaque religion était fondée sur une seule et même vérité:

qui est la Sagesse trouvée dans les livres de Thoth( Hermès


Trismé~'istt-) desquels livres Pvtha~cre et I~aton avaient
tiré toute h'ur philosophie. Il afiirmait que 1rs doctrines du
premier étaient identiquement conformes avec les premiers
enseignements des Brahmanes compris mai'itenant dans
les plus anciens I'c< « Le nom de Thoth dit le pro-
fesseur Wiider, <( signifie un colleté f~u assemblée (~). et
il n'est pas improbable que les livres aient été ainsi nom-
mes. parce qu'ils contenaient la collection des oracles et des
doctrines de la Confrérie sacerdotale de Le Rab-
Mcmphis.
bin \Visc avait suggère une analogue relative-
hypothèse
ment aux divines formules recueillies dans les Kcriture-~
Mais les écrivains de l'Inde affirment
Hébraïques. que du-
rant le re~nc du roi les Yadus (les Juifs
Kansa, ?) ou la
tribu sacrée quitta l'Inde et émi~ravers l'Ouest, en empor-
tant avec elle les quatre t'g~z.< II existe certainement une
grande ressemblance entre les doctrines philosophiques et
les coutumes religieuses des Egyptiens et des Bouddhistes
Orientaux mais on ignore encore si les livres Herméti-
ques et les quatre ~e~~ sont identiques
Ils ne le sont mais il est certain
pas que tous deux sont

1. Voyez .Mos/tptTu.
~Y~M' Plalonism and .l~c~c/ny.
ISIS DÉVOILÉE 215

bases sur la même doctrine ésotérique. Une chose est cer-


tainement connue, qu'avant et que le mot philosophe
c'est
fut prononcé pour la première fois par Pythagore a la Cour
(lu roi des Philiasiens, la « doctrine secrète » ou sagesse
était identique dans tous tes pavs. C'est par conséquent dans
les textes les plus anciens, les moins souilles par des falsi-
fications ultérieures, que nous devons rechercher la vérité.
Maintenant que
philologie a été mise
la en possession des
textes sanscrits, que 1 On peut hardiment déclarer des do-
cuments de beaucoup antérieurs a la Hible Mosaïque, le
devoir des lettres est de présenter au monde la vérité, <
/n ~f/c !'<v' Sans e~ard pour leurs préjuges scepti-
ques ou theolo~iques, ils sont tenus d'examiner impartia-
lement les deux documents, les t's les plus anciens et
l'ancien Testament, et de décider ensuite lequel des deux
est le ~r~/ ou Révélation originale, et quel n'est que le
correctement Max Mûller, si-
.S~ qui, comme l'indique
gnifie seulement souvenir ou /r~<7~o/?.
a écrit furent renom-
Ori~ene que les Brahmanes toujours
mas pour les merveilleuses cures qu'ils opéraient avec cer-
tains mots (i ) et dans notre siècle actuel nous avons Orioli,
savant correspondant de l'Institut de France (~), qui con-
firme la déclaration faite au in* siècle par Ori~'ene, et celle
de Léonard (le V.dr au xvi°, dans laquelle ce dernier
écrit « II y a aussi des personnes, (lui en prononçant cer-
taines formules, au moven de certains charmes, marchent
sur des charbons ardents et sur des pointes de
nu-pieds
couteaux aftiles, plantés dans la terre et (lui, une fois en
sur un orteil sur ces pointes, peuvent soulever
équilibre
en l'air un homme lourd, ou tout autre fardeau d'un poids
considérable. Ils domptent de même des chevaux sau-
et les taureaux les plus furieux avec une simple
vages
parole (3).
Selon adeptes, il faut chercher ce mot dans les
quelques
.V~n/ra.<; des ~<; Sanscrits. C'est aux philologues a dé-
cider s'il existe un mot de ce genre dans les I~~r~. Autant

1. O''i?ônn. Cnt~ra Ce~n~.


2. Fa~t rc~tCt.~Afesmer~nto, p. S3, 9\ 1-~2.
3. Léonard de ratr, !iv. 11. chap.2. La .Vayte au -Y~Y* siècle, p. 332.
216 ISIS DÉVOILÉE

que le permet. le témoignage des hommes, il semblerait.

prouvé que ces mots magiques existent, quoique, a vrai


dire ce ne sont pas des < mots du tout, mais simplement
!e Vach-1'intonation ou la modulation de certains /7:<ï~
ou invocations.
Il paraît, que les révérends pères de l'Ordre des Jésuites
ont appris beaucoup de ces tours dans leurs voyages de
mission. Baldinger leur rend pleinement justice a cet égard.
Le .7/)ooA'. mot Indou duquel est dérive le motanglais
moderne .</?'?oo//?' est une manipulation magique bien
connue dans les Indes Orientales. Les so/r.~ indigènes
I'cmp!oient avec sucées jusqu'à ce jour, et c'est d'eux que
les p<res Jésuites tirent leur habileté.
Camerarius. dans ses /Ah"<r .S~.src~/r~. raconte rnje.a une

époque,
il existait une grande rivalité pour les miracles en-

tre les moines Au~ustins et les.lésuites.t'ncdiscussions'étan:


élevée entre le père génér.d des m"ines Augustins qui était
très instruit et le général des Jésuites. qui était très !mo-
/'<?/. mais verse dans les ron/!<«/? //?<7'y/Y/ ce der-
nier proposa de trancher la ques':on en mettant a l'épreuvr
leurs subordonnes. ( t e:i montrant h'squels dans les deux
ordres étaient le plus disposés obéir aveuglément a leur~
su;)é:'I. u;I.Jr.>u~.s. tuu;a:i~ .c. !n de >s Jésui~L;
« Frère Marc. lui dit-H. vos confrères ont iroid 'e vous
ordonne, au nom de !;) sainte ob'iss;mce que vous m'avez
jurée, d'apporter ici immédiatement du feu de !a cuisine.
en tenant dans vos mains quelques charbons ardents. a':n

qu'ils puissent se réchauffer pendant que vousies tiendrex.~


Le frère Marc obéit aussitôt, et apporta dans ses deux
mains des braises cnnammées, qu'i! y ~arda jusqu'à ce que
tous les assistants se fussent réchaunés. et qu il rapporta
ensuite dans le fourneau de la cuisine. Le général des Au-
~ustms ])aissa la tête, car aucun de ses subordonnes n'au-
rait poussé l'obéissance jusque-la. Le triomphe des Jésui-
tes fut ainsi
complet.

Si l'on regarde ce qui précède comme une anecdote indi-


gne de créance, nous demanderons au lecteur ce que nous
devons penser de certains médiums
modernes, qui exécu-
tent la même chose, sont sous l'empire d'une
lorsqu'ils
/ra/~c. Le témoignage de nombreuses personnes très rcs-
ISIS t)HVO!LLf: 217

pcctabics et. dignes de foi, telles que lord Adair et M. S. C.


Mail. est indiscutable'. « Les esprit diront les spiritcs.
Peut-être l)ien est-ce cela dans !c cas de médiums

/'r/c~c < en Amérique et en Angleterre mais non

pas au Thibet et dans l'Inde. En Occident, une personne


« sensitivc a I~esoin d'être endormie pour devenir invul-
néra!)!e, sous l'influence des « guides » qui dirigent l'opé-
ration, et nous défions quelque « médium que ce soit, dans
son état normal physique, de plonger les bras jusqu'à
l'épaule dans un foyer de charbons ardents. Mais dans
!'0rient,que l'acteur soit un saint lama ou un sorcier merce-
naire (ces derniers sont en ancrai nommes jongleurs). il
n'a pas besoin de préparation, ni de se mettre dans un état
anormal pour pouvoir tenir du feu dans la main, des pie-
ces de fer rou~I, ou du plomb fondu. Nous avons vu. dans
]'Indc Méridionale, ces jongleurs tenir leurs mains dans des
charbons ardents jusqu'à ce que ceux-ci fussent réduits en
cendres. Pendant. la cérémonie religieuse de Siva-Ratri, ou
]a veillée de
SIva, lorsque le peuple passe des nuits entiè-
res a veiller et a prier, quelques SIv:utes firent venir un
jongleur Tamil, qui produit les phénomènes les plus mer-
veilleux en appelant simplement a son aide un esprit qu'on
nomme A~S~ h'p.'fit </<Mais, loin de laisser
'-roire qu'il est ~</J ou mené par ce ~nom~. car ce n'est

'jU'un ~'nome. s'il est quelque chos~, l'homme, pendant sa


redoutable opération, riposta ficrement a un missionnaire

catliolique, qui profitait de l'occasion pour informer les


spectateurs que ce misérable pécheur « s'était vendu au
diable ». Sans otcr ses mains et ses bras de la fournaise
dans laquelle il les rafraîchissait, le Tamil se contenta de
tourner la t~-tG regardant avec mépris et arro~-ancelc mis-
sionnaire qui rougit, il lui dit < Mon père et le père de
mon
père ont eu ce petit d~'mon a leur. ordres. Depuis
deux siècles, le A~ est un serviteur Udfle dans notre
maison, et maintenant. Monsieur, vous voudriez faire croire
au peuple qu'il est mon maître Ils savent bien que c'est
faux. Apres cela, il retira tranquillement ses mains du
feu et passa a d'autres exercices.
Quant aupouvoir étonnant de prédiction et de clairvoyance
que possèdent certains Brahmanes, il est bien connu de tous
218 tSIS OÉVOILËE

les Européens résidant dans l'Inde. Si, a leur retour dans


les contrées civilisées, ils rient de ces histoires, et quelque-
fois les nient carrément, cela fait du tort a leur bonne fol.
mais non pas aux faits eux-mêmes. Ces Brahmanes vivent

principalement dans des villages sacrés et dans des endroits


retirés, surtout sur la Ct''tc occidentale de l'Inde. Ils évitent
les cités populeuses, et particulièrement le contact des Eu-

ropéens, et il est fort rare que ces derniers réussissent a


licr intimement avec les« voyants~. On croit généralement
fidélité aux
que cette circonstance est due a leur religieuse
observances de caste mais nous sommes fermement con-
vaincus dans bien des cas. ce pas celle-là
n'est la rai-
que
son. Des années, des siècles s'écouleront, avant
peut-être
que la véritable raison soit connue et constatée.
Les classes inférieures dont quelques-unes sont dénom-
mées du les
par les missionnaires adorateurs diable, malgré
pieux etfortsdes missionnaires catholiques pour répandre eu

Europe des rapports navrants sur la misère de ces popula-

tions, < vendues a Satan et malgré les tentatives analo-

gues, mais tant soit peu moins ridicules et absurdes des


missionnaires le mot diable, dans le sens qu~
protestants.
lui donnent les chrétiens, est une non cntit-é pour eux. Ils
croient aux bons et aux mauvais esprits mais ils n'ado-
rent pas le Diable ni ne le craignent. Leur culte est tout
un cérémonial de précaution contre les esprits
simplement
terrestres et /7ï~?.s– les bbouts– qu'ils redoutent bien

davantag-c que les millions d'élémentaux for- de diverses


mes Ils font usage cle toute espèce de musique, d'encens
(1).
et de parfums, les mauvais
dans leurs pratiques pour éloigner
(les élémentaires). Dans ces circonstances, ils nu
esprits
donnent pas plus matière a raillerie, que le savant bien

connu, convaincu, suggérait d'avoir du vitriol


spirite qui
et de la poudre de nitre dans la chambre, pour tenir a
l'écart les esprits déplaisants et pas plus que lui ils n'ont tort
de faire ce qu'ils font. de leurs ancêtres, en
L'expérience

1. A voir le journal The T'/tPO.~opA/s~, rédigé et publié à Madras, il est


plein de confessions venant, des indigence. Les Indous regardent comme
un malheur la présence d'un médium dans leurs maisons, et cherchent
tous les moyens possibles pour délivrer la malheureuse personne des Es-
prits qui l'obsèdent (note de H.-P. B.).
tsrs nÉvorr.Én 219

effet. qui porte sur plusieurs miniers d'années, tour a ap-

pris la manière de procéder contre cette vite horde spirituelle.


Ce qui démontre que ce sont pour eux des esprits /7ïa//ï.<
c'est que très souvent Us essayent de satisfaire et d'apai-
ser les larves de leurs propres HHes ou parentes, lorsqu'ils
ont des raisons de soupçonner qu'elles ne sont pas mortes
en odeur de sainteté et de chasteté. Ils nomment ces es-
m-i!s-!a < K;mni », /7!7/s< r/c/y/fs.
Le cas a été signale par plusieurs missionnaires le Hév.
R. Lewis (t), entre autres. ~lais ces pieux gentlemen insis-
!en< <(u'i!s pratiquent ]e culte du démon quand ils ne font
rien de semblable; car Us cherchent tout simplement a res-
ter en bons fermes avec eux, a'in de n'en pas ('-tre modestes.
I!s leur offrent d~s ~deaux et des fruits, et divers genres
de mets qu'ils aimaient de leur vivant, parce que plusieurs
<r~n!)'e eux ont éprouve les effets de la méchanceté de ces
morts, oui reviennent et dont les persécutions sont quel-
quefois tcrr:h!es. C'est d'anres ce principe qu'ils agissent
.'t lY'~ard des c~rits de tous les méchants. Ils laissent près
de !eur tem! s'ils ont été inhumes, ou tout proche de
l'endroit où leur corps a été hrùle. des aliments et des li-
queurs dans le but de les retenir dans ]e voi~ina~e de ces
lieux, et avec r:dec que ces vampires seront de la sorte

'npeches de revenir dans leurs maisons. Ce n'est point la


une adorafion. ni un culte c'est plutôt unspiritisme d'un
~t'nre pratique. Jusqu'en i~GÎ, rusn~e de mutiler les pieds
des meurtriers exécutes subsistait chez les Hindous, dans
h ferme croyance que de cette façon l'âme désincarnée se
trouverait dans l'impossibilité d'errer et de commettre d'au-
tres mauvaises actions. Plus tard, cette pratique fut inter-
dite par la pfdicc.
Une autre exccUente raison pour laquelle les Hindous
n'adorent pas !e Diable, c'est qu'ils n'ont aucun mot dans
leur langue pour exprimer ridée d'un tel être. Ils appellent
ces esprits « bhoutam » mot a notre
qui correspond ~ro~e;
~ne autre expression est pey et en sanscrit /?<?M~H, qui.
tous deux signifient fantômes ou revenants, peut-être far-
fadet dans quelques cas. Les Mo~a/n sont les plus tcrri-

The T't~cz'e~ .S~m< p. 43.


220 ISIS DÉVOILÉE

bles, car ils sont littéralement des goules, des vampires,


(lui hantent les vivants et qui reviennent sur la terre pour
les tourmenter. On croit qu'Us visitent généralement l'en-
droit où leur corps a été brûle. Le feu ou les Esprits de
Siva sont identiques aux ~o/n<?.s et aux .<!<?/?<Tf/ des
rïcsccroix; car on les peint sous la forme de nains d'un as-

pect féroce, vivant sur la terre et dans le feu. Le démon de


Ceyian nommé /~rc/ est une forte et souriante femelle
ayant une collerette blanche autour du cou comme celles du
temps d'Elisabeth, et une jaquette rouge.
Ces phénomènes, lorsqu'ils sont produits en dehors des
rites religieux dans l'Inde. le Japon, le Thibct, le Siam ci.
autres contrées païennes, et cent fois plus variés et plus

surprenants que tout ce qui a été vu en Europe et en Amé-

rique, ne sont jamais attribués aux esprits des morts. Les


l'itris des Hindous n'ont rien a voir dans ces exhibitions

publiques. Et nous n'avons qu'a consulter la liste des prin-


cipaux démons ou esprits élémentaux, pour trouver qu'
leurs noms seuls indiquent leurs professions, ou pourpa,-
!er plus clairement, les tour", auxquels chaque variété est
le plus apte. Ainsi, nous avons 1rs Maian.nom
générique.
désignant les méchants esprits é!ém<ntaux, moitié brute-
moitié monstres, car Madan signifie un être qui ressembla
une vache. II est 1 ami des sorciers malicieux, et les aid-
a accomplir leurs actes de vengeance, en frappant les hom-
mes et les troupeaux de maux subits et de mort.
Le .S/f~ ~/</<7,ou démon des chrétiens, correspond
a notre goule. Il se complaît dans les lieux où des crimes
et des meurtres ont été commis, près des sépultures et des
places d'exécutions. II prête son concours aux jongleurs.
dans tous les
phénomènes où le feu joue un rôle, ainsi que
les Kutti Shattan. les petits farfadets des jongleurs musul-
mans dans l'Inde. Le Shudala, dit-on, est un démon moi-
tié feu, moitié eau, car il reçut de Siva la permission de
choisir et de prendre telle forme qu'il voudrait, de méta-
morphoser une chose
en une autre et lorsqu'il n'est pas
dans le feu, il est dans l'eau. C'est lui qui aveugle lesgens
pour leur faire voir des choses qu'ils ne voient pas. Le
Shûla Madan est un autre mauvais génie. II est le démon
des fournaises, habile dans l'art du potier et du boulanger.
ISIS DÉVOILÉE ;)2ï 1

Si vous vous tenez en bons termes avec lui, il ne vous fera


de mal mais malheur a celui qui encourt sa colère.
point
Le Shûla aime les compliments et la flatterie, et comme il
se tient généralement sous terre, c'est a lui que lejongleur
doit recourir pour l'aider a faire sortir un arbre d'une se-
mence et en faire mûrir les fruits dans l'espace d'un quart
d'heure.
Le A'?!~7-J/«< est l'ondinc, proprement dite. C'est
un esprit é!émental de l'eau, et son nom signifie éclalanl
('o/7!c ~c ~e. C'est un lutin très gai; et il aidera un
ami dans tout ce qui est de sa compétence; il fera tomber
la pluie, et montrera l'avenir et le présent a ceux (lui au-
ront recours a l'hydromancie ou divination par l'eau.
Le /~o/ .</< est le démon lutteur ;il est le plus fort
Je tous et toutes les foisqu'il s'agit de faits dans lesquels
la force physique est nécessaire, tels que les
lévitations, le

dnmptagc
d'animaux féroces, il aidera l'opérateur en le sou-
tenant. a distance du sol, ou en maîtrisant la bête sauvage,
jusqu'à ce que le dompteur ait eu le temps de prononcer son
incantation. Ainsi chaque manifestation physique a son genre

spécial d'esprits élémcntaux pour y présider. Ainsi que le


tait remarquer très justement le D' Warton < Il n'est pas
de notion plus strictement orientale que celle des dragons
du roman et de la fiction on les trouve mêlés toutes les
traditions d'une date antique, et leur présence est pour ainsi
dire une
preuve évidente
l'origine de » Il de la tradition.

n'y a pas d'écrits où ces ngures soient plus marquées que


dans les récits du Bouddhisme exotérique; ils rapportent
une inimité de détails sur les .V<7~~ ou serpents royaux,
qui habitent les cavités souterraines, correspondant aux
habitations de Tiresias et des voyants grecs, une région de

mystère et d'obscurité, dans laquelle se pratique le système


cle la divination a une sorte de
par les oracles. grâce pos
session par l'esprit de Python, le dragon tué par Apollon.
Mais les Bouddhistes ne croient pas plus que les hindous
au diable du système chrétien, c'est-à-dire a une entité aussi
distincte cle l'humanité que la divinité elle-même. Les Boud-
dhistes enseignent qu'il existe des dieux inférieurs, qui ont
été des hommes sur cette planète ou sur une autre, mais

qui n'en ont pas moins été des hommes. Ils croient aux
ISIS DÉVOILÉE

Nagas~qui ont été des sorciers


tcrrc,~e/~ sur la
méchanls,
et qui donnent a d'autres méchants encore vivants le pou-
voir de ilétrir tous les fruits qu'ils fixent, et même les vies
humaines. Lorsqu'un Cingalais a la réputation de faire faner
et périr un arbre, ou une personne, en les nxant du regard,
on dit qu'il a en lui un ~aga-Raya ou Roi-Serpent. L'in-
terminable catalogue des mauvais esprits n'en comprend pas
un qui soit un diable dans le sens que le clergé chrétien
veut nous faire accepter, mais tout simplement des pèches,
des crimes, et des pensées humaines .s/)/c//c/7ïc/ï/ /r~
nés, si nous pouvons nous exprimer ainsi. Les dieux-démons
bleus, verts, jaunes et pourpres, comme les dieux inférieurs
de Jungandérc appartiennent plutôt aux génies, et beaucoup
(rentre eux sont aussi bons et bienfaisants que les divinités
de Nat elles-mêmes: quoique les Xats comptent parmi eux
des géants, de mauvais génies et autres esprits analogues,
qui habitent les déserts du ~loni,
Jugandére.
La doctrine populaire de Bouddha dit que les démons,

lorsque la nature produisit le soleil, la lune et les étoiles


étaient </c. c~'e.s /?M~.mais qu'en raison de leurs péchés
ils déchurent de leur état de félicité. S'ils en commettent.
de plus grands, ils subissent des châtiments plus terribles,
et les damnés sont comptés par les Bouddhistes parmi les
r/z'cf~/('?/ tandis qu'au contraire, les démons ~M~ /7!C~c/
(les esprits élémentaux), et naissent ou s'incarnent sous la
forme d hommes et qui ne commettent plus de péché, peu-
vent arrivera l'état de félicité céleste. Cela est une preuve.
observe Edward Upham dans son /or// and Z)oc/L'
o/ou~AtS/n, que tous les êtres, divins aussi bien qu'hu-
mains. sont sujets aux lois de la
transmigration qui agis-
sent sur tous, suivant une progression de faits moraux. Cette

croyance, par conséquent, e-.t le type complet d'un code de


motifs et de lois morales appliqués à la règle et au gou-
vernement des
hommes, et, ajoute-t-il, une expérience « qui
rend Fétude du Bouddhisme un sujet important et curieux
pour le philosophe ».
Les Indous ~a/z/<M croient
vampires ausssi auxfer-
mement que les Serbes et les Hongrois. Bien plus, leur doc-
trine est celle de Pierart. le fameux spirite et magnétiseur
français, dont l'école florissait il y a une douzaine d'années.
ISIS DÉVOILÉE 223

« Le fait d'un spectre revenant sucer le sang humain », dit ce


docteur (1), « n'est
pas aussi inexplicable qu'il le paraît, et
ici nous en appelons aux spirites, qui admettent le phéno-
mène de la bicorporéité ou dédoublement de /7ze. Les
mains que nous avons pressées. ces membres matérialisés
rendus si palpables. prouvent clairement ce que peuvent
/t' ~ec/rc.~ o~aua? dans des conditions favorables ».
L'honorable médecin reproduit la théorie des Cabalistes.
Les ~GC~ étaient le dernier des ordres d'esprits. Mai-
monides, qui nous apprend que ses concitoyens étaient obli-
ges d'entretenir un commerce intime avec leurs morts.
décrit la fête du qu'ils célébraient
sang dans ces occasions.
Ils creusaient un trou, et l'on y faisait couler du sang frais,
puis on plaçait au-dessus une table, et après cela les « es-
venaient et répondaient à toutes les questions (~).
prits
Pierart, dont la doctrine était fondée sur celle des théur-
~Istes qu'il a défigurée, manifeste une ardente indignation
contre la superstition du clergé, qui exige, toutes les fois

qu'un cadavre est soupçonné de vampirisme, qu'un pieu


lui soit enfoncé dans le cœur. Tant clue la forme astrale n'est

pas entièrement libérée du corps, il y a une possibilité qu'elle


puisse être forcée de le
réintégrer au moyen d une attrac-
hon magnétique. Quelquefois elle ne sera qu~a demi sortie,
lorsque le corps,
qui présente les apparences de la mort est
inhumé. Dans ces cas, l'âme astrale terrifiée rentre violem-
ment dans son enveloppe et alors il arrive l'une de ces deux
choses ou la malheureuse victime se tordra dans les ter-
ribles tortures de la suMocation, ou, si elle a été grossière-
ment matérielle, elle deviendra un vampire. La vie bicor-

porelle commence et ces infortunés, enterrés en état de

catalepsie, soutiennent leur misérable existence en faisant


sucer par leur corps astral, le sang vital de personnes vi-
vantes. La forme éthérée va où il lui plaît d'aller et tant
que le lien qui l'attache au corps n'est pas brisé, elle est
libre d'errer de-ci, de-là, visible ou invisible, et se repais-
sant de victimes humaines. « Suivant toutes les apparences,
cet esprit transmet alors au moyen d'un lien de connection

1. Pierart. jRccne spt/na~s/e, chapitre sur le vampirismc.


2. Ma:momdes..4.&o't 5ara/t, 12 absh, 11 abth.
~i 1 Ï5!S DÉVOILÉE

mystérieux et invisible, qui peut-être un jour sera explique.


les résultats de la succion du corps matériel, qui gît inerte
au fond du tombeau. l'aidant, de cette façon, a perpétue)
son état de catalepsie (1).
Brierre de Boismont cite une foule de cas de ce genre.
parfaitement constatés qu'il se plaît a nommer des « hallu-
cinations ». Une enquête récente, dit un journal français.
«a établi qu'en 1871 deux cadavres ont été soumis a l'infann-
traitement de la superstition populaire, à l'instigation du
cierge.0 préjuge aveugle » Mais le D' Pierart.cité par des
Mousseaux qui croit fermement au vampirisme, s'écrie
« Aveugle, dites-vous ? Oui, aveugle tant que vous voudrex.
Mais d'où proviennent ces préjuges? Pourquoi sont-ils

perpétués dans tous les temps et dans tant de pays. Apres


une quantité de faits de vampirisme si souvent prouvé.,
pouvons-nous dire plus, et qu'ils
qu'il n'en existe étaient
dénués de fondement? De rien, rien ne se produit. Chaque
croyance, chaque coutume prend sa source dans des faits
et des causes qui lui ont donné naissance. Si l'on n'avait

jamais vu apparaître, dans le sein des familles de certaines


contrées, des êtres ayant pris la forme de morts familiers.
venant ainsi sucer le sang d'une ou de } usieurs personnes.
et si la mort, par affaiblissement des victimes ne s'en éta:~

pas suivie, on n'aurait jamais été déterrer les corps dans les
cimetières; nous n'aurions jamais vu attester le fait incroya-
ble de
personnes inhumées depuis plusieurs années, retrou-
vées avec le corps souple, les membres flexibles, les yeux
ouverts, le teint frais et rosé, la bouche et le nez pleins de

sang, et leur sang coulant a flots des blessures infligées.


ou lorsqu'on leur coupe la tête (2).
Un des exemples les plus frappants de vampirisme est
relaté dans les lettres particulières du philosophe, marquis
d'Argens et dans la /rM<? ~r/n/</H<? de mars 18~7, le
voyageur anglais Pashiey en décrit quelques-uns parvenus
a sa connaissance dans l'île de Candie. Le D' Jobart, le sa-
vant anticatholiquc et ant'spirite Belge, atteste de ~sembla-
bles expériences (~).

t. Pierart. Rerue spt'r~ua~c.


2. Pierart. Tierce spiritualiste, vol. IV, p. 10~.
3. Voyez ~7au~ Phén., p. 199.
ISIS DÉVOtLËE ~25

« Je n'examinerai pas x-, écrivait l'évêque d'Avranches


Iluct, « si les faits de vampirisme, qui sont constamment

rapportes, sont vrais ou s'ils sont le résultat d'une erreur po-


pulaire mais il 'est certain qu'ils sont attestés par bon
nombre d'auteurs capables et dignes de foi, et par tant de
témoins oculaires que personne ne
devrait trancher cette

question sans beaucoup de circonspection (1). »


Le chevalier qui s'étai!. donne tant de peine pour recueil-
lir les matériaux pour sa théore démonologique, fournit les
exemples les plus saisissants, pour démontrer que tous ces
faits sont produits par le Diable, qui se sert des cadavres des
cimetières, pour s'en revêtir, et errer la nuit suçant le sang
(les hommes. II aurait dû s'adresser aux /~rn/r/Av/~ hindous

(lui lui en auraient prouvé bien d'autres Il me semble

pourtant que nous pourrions nous en tirer parfaitement,


:-ans introduire ce sombre personnage sur la scène. Si nous
allons jusqu'à croire au retour des esprits, il ne manque pas
de méchants sensualistes, de misérables et de pécheurs de
toutes sortes, et spécialement de suicidés, qui pourraient
rivaliser en fait de malice avec le diable lui-même, dans ses

plus mauvais jours. Cest assez de croire a ce que nous

voyons, et .s<9 ~/rf des /<ï/s /e' sans ajouter a notre


Panthéon de fantômes le Diable, (lue personne n'a jamais vu.
Néanmoins, il v a d intéressants détails a rassembler au

sujet du vampirisme, la croyance en ce phénomène


puisque
a existé dans tous les pays, depuis les temps les plus recu-
!js. Les nations Slaves, les Grecs, les Valaques, et les Ser-
bes révo(lueraient plutôt en doute l'existence de leurs enne-
mis les Turcs, que le fait de l'existence des vampires. Les
/OM<"o/</A' ou ro/7r<T~/<ïA', comme on nomme ces derniers,
sont des hôtes trop familiers des foyers Slaves. Des écri-
vains d'un talent hors ligne, des hommes aussi remplis de

sagacité que d'irréprochable intégrité, ont traité cette ques-


tion, et v croient. D'où provient donc cette superslition ?
D'où, cette unanime croyance a travers les siècles, et d'où
cette identité dans les détails, cette similitude dans les des-
criptions de ce phénomène particulier, que nous trouvons
dans les témoignages, généralement rendus sous serment,

/7ce~tafM, p. 81.
VOL. Il !5
:Ï2G ISIS DÉVOILÉE

de peuples étrangers les uns aux autres, et en divergence


très tranchée sur ce qui touche a d'autres superstitions ?
« Il y a dit Dom Calmet, Bénédictin sceptique du der-
nier siècle, « deux moyens différents de détruire la croyance
en ces prétendus fantômes. Le premier consisterait a t'.r/?/

~/< les prodiges du vampirisme par des causes physique~.


I~e second moyen consiste a /< <rf/7!C/ !a érité d<
toutes ce~ histoires et ce dernier plan serait incontestable-
ment le plus sur et le plus sa.n-e (!).~
Le
premier procède, eetui qui consiste a l'expliquer p.ir
des caus's physiques quoique occultes, est celui qu'a adopte
l'écoh de magnétisme de Pierart. Ce ne sont certainement
en doute !a plausi-
pas les Spirites <~ui ont le droit de mettre
hilité de cette explication. Le second plan est celui qu'ont
adopte les savants et les sceptiques. Ils contestent tout net
les l'aits. Ainsi des Mousseaux le tait observer, il n'y
que
pas
de
moyen
meill''ur ni
plus sûr, et il n'en est pas qu;
exi~'e :uo.ns de philosophie ou de sCY-nce.

spectre d'un pâtre de village, près de I~odom en B.


icre. a Ita))itants du
cjmmença apparaitre plusieurs pay".

et soiL par suite de la frayeur éprouvée, soit pour tout'


autre cause, chacun d'eux mourut dans le courant de h< se-
maine suivante. Poussas audesespoir. Icspaysans déterrèrent
le cadavre e*. le clouèrent au sol avec un Ion. pieu. L~
même nuit il reparut plongeant les ~cns dans l'epouvanti\
et en étouffant plusieurs. Alors les autorites du village liv:'r-
rent le corps aux mains du bourreau, qui le traîna dans un

champ voisin et l'y brù!a. « Le cadavre », dit des Mous-


seaux citant dom Calmet, « hurlait comme un fou, ruant ci

pleurant comme s'il eut Lorsquété on le per(,'a


vivant. de
nouveau avec des pieux très pointus, il poussa des cris per-
çants, et vomit des masses de san~ vermeil. Les apparitions
de ce spectre cessèrent des que le corps eut été réduit en
cendres )> (~).
Des officiers de Justice visitèrent les endroits que 1 on
disait ainsi liantes; les corps furent exhumés, et dans pres-
tous les cas, on le cadavre do
que remarqua que soupçonné
vampirisme paraissait frais et rose, et que sa chair n'était

D.'m G.~mct..t/~p~r~M~ etc. /?u<~ P/te/t. de la J~a~/e, t93.


2. //<!f.< PAc/to~ p. t96.
!3IS DLVOtLÉE 2i'7

nullement décomposée. On constata que les objets qui


avaient, appartenu ces fantômes se mouvaient dans la mai-
son, sans que
personne les touchât. Mais les autorités léga-
les, en général, refusèrent d'avoir recours a la crémation et
:') la décapitation, avant d avoir strictement observe toutes
tes règles cle la procédure légale. Des témoins furent assi-
gnes a comparaître, et leurs
dépositions furent entendues et

soigneusement pesées. Apres cela les corps exhumes furent


examines et s'ils étiraient des signes caractéristiques et
non équivoques de vampirisme, ils étaient livres a l'exécu-
teur.
« Mais Ja principale difficulté », dit dom Calmet, « con-
siste savoir <'o/7~ ces vampires peuvent quitter leur
tombe, et comment ils peuvent y rentrer sans <<;r/!<yc;' /c
w~s ~/z monde /c/c (lui les recouvre comment se
tait-il qu on les voit couverts de leurs vêtements ordinaires
~'mment peuvent-ils aller, marcher et
prendre de la nour-
riture ? Si tout cela n'est que le produit de l'imagination
hcx ceux qui croient qu'ils sont tourmentés par ces vampi-
s. comment se fait-Il que les fantômes incrimines sont
nsuiie retrouves dans leur tombeau, ne présentant, aucun
si~ne de décomposition, pleins de sang, souples et frais?
comment expliquer la cause </(' /</ 60~00~ de /cr/)~J/
~o~ /c~ /)/c~ .<r)/7~ <"o~t'c/ le lendemain <7uyo~ où ils
~jnt apparus et ont eti'raye leurs voisins, tandis que rien de
pareil ne se retrouve jamais sur les autres cadavres enter-
ns dans le même cimetière ( t) '? Comment se fait-il encore

qu'une fois brûles, ils ne reparaissent plus ? et que ces cas se


~OMrc/ dans ce pays, qu'il semble impossi-
n produisent
ble de guérir le peuple de ce préjuge car, au lieu de le

détruire, de jour ne fait que fortifier la


l'expérience chaque
du peuple et accroître sa foi dans
croyance superstitieuse
<-e~faits(2).
Il existe un phénomène d'une nature inconnue, et qui,

par est repoussé dans notre siècle d'incrédulité


conséquent,
~ar la physiologie et la psychologie. Ce phénomène est un
état de c~/7!M<.)/ Virtuellement, le corps est mort et

). /~<d. Votr le même témoignage sous serment dans les documents


'fiictels. De ~/fMptr. des Cann;;arJ~,H. Blanc, ISM. Pion, Paris.
2. Dom Caimet..4pjMrth'on~ vol. II, chap. 44, p. 122.
2~8 ISIS DËVO!LÉE

dans les cas cle personnes chez lesquelles la matière ne pré-


domine pas sur l'esprit, et chez
lesquelles la méchanceté n'est
détruire la spiritualité, si elle
pas assez puissante pour est.
laissée libre, leur âme astrale se dégagera elle-même par
des enorts graduels, et lorsque le dernier lien sera brisé.
elle se trouvera séparée pour toujours de son corps terres-
tre. Une polarité magnétique analogue repoussera violem-
ment l'homme éthéré.loin de sa masse organique en décom-
Toute la dift'culté repose en ce que i l'on croit
position.
décisif de la séparation entre les deux
que le moment es!
celui où le corps est déclaré être mort par la science et

~° que cette même science nie l'existence de 1 âme ou de

1 esprit dans Ihomme.


Pierart essave de f!ue, dans
démontrer tous les cas. il c~t

dangereux d inhumer trop t(''t les gens, même lorsque le

corps présenterait des signes indubitables de putréfaction.


« Pauvres morts cataleptiques dit le docteur, « enterrée
comme étant /o/~ </ /a~ morts, dans des endroits froids et
secs. où /C.~ 0<7~('< /7:0/'&/</C.s' .<f~~ /< <<7~S </<* ~)/<
</('rMC//o~ </f /s ro/s'. jour esprit (astral) s enve-

loppant d un
corps /<6' (ét)téré). poussé a quitter est
le séjour de la tombe, pour exercer sur (les êtres vivant-.
des actes particuliers a la vie physique et celui de la nutri-
tion en particulier il en résulta par un mystérieux lien
entre 1 âme et le corps que la science spiritualiste expli-
quera un jour, que la nourriture est fournie au corps maté-
riel encore gisant clans le tombeau, et ce dernier est ainsi
aidé a perpétuer son existence vitale (t).~ Ces esprits.dan-~
leurs corps éphémères, ont souvent été vus .~o/<7/?~ r/~ ci-
~!ë't~c on a constaté qu'ils se sont attachés a (les person-
nes vivantes et qu'ils en ont sucé le san~. L'enquête judi-
ciaire a établi qu'il en est résulté, pour les victimes, un état,
d'affaiblissement, qui s'est souvent terminé par la mort.
Ainsi, en suivant le pieux avis de dom Calmet, nous
devons soit continuer a nier, soit, si les témoignages hu-
mains et légaux sont bons a quelque chose et ont une va-
leur quelconque, accepter la seule explication possible
« Que les urnes des morts sont incorporées dans des véhi-

1. Pierart. ~erue ~(r~n-t~ vol. IV, p. 1(~.


ISIS DÉVOtLÉE 229

cules aériens ou étheres ceci est. pleinement, et clairement


démontre par ces excellents hommes !c D' C. et le
D' ~îorc 'lit. Glanvil, « et ils ont pleinement démontré

que telle était la doctrine des plus grands philosophes et


des pures des temps les plus recules (!).
G~'rres. le philosophe Allemand, parlant dans le même
sens dit que « Dieu n a jamais crée 1 homme comme un
corps mort, mais sous la forme d un animal plein de vie.
Une fois qu il l'eût forme de la sorte, trouvantqu il était
prêt a recevoir le sou~e immortel,)! lui soui~a au visage,
t e est ainsi nue 1 Ijommc devint un double ehef-d œuvre
rntre Ses mains. C est dans le centre cle la vie elle-même
que cette mystérieuse insufuation eut lieu pour le premier
homme (la première race '?) et c'est a partir de ce moment,
que furent unis l')mc animale issue de la terre et l'esprit
émane du clé! (~).
Des Mousseaux, d'accord avec les autres écrivains Ca-
Homains, s'écrie < Cette est tout a
tholiques proposition
fait anti-catholique Soit que ce soit le cas ?
supposons
Elle peut être et néanmoins être logique
anti-catholique,
ut L ofFrir une solution a plus d un embarrassant problème
psychologique. Le so!ei! de la science et de la philosophie
huile pour tout le monde et si les catholiques, qui comp-
tent a
peine
un
septième
de la population du globe, ne s'en
trouvent pas satisfaits, peut-être les nombreux millions
d'hommes appartenant a d'autres religions, dont le nom-
bre est de beaucoup supérieur sen contenteront-Ils.
Et
maintenant, avant de ce
repoussant sujet du
quitter
vampirisme, citons un exemple de plus sans autre garantie
que la déclaration qui nous a été faite par des témoins sû-
rement dignes de foi.
Vers le commencement du siècle actuel, survint en Rus-
sie un des cas de vampirisme les enrayants dont on
plus
ait garde le souvenir. Le gouverneur de la province de Tch**
était un homme d environ soixante ans, et d'un naturel
méchant, tyrannique, cruel et jaloux. Investi d'une autorité

despotique, il l'exerçait sans mesure, suivant les inspirations

I. 5~JJuc~~nsfr<Q~)/t~ns, vol. II, p. 70.


2. Gôrres. Œurre~ cof!tp/è<e~, vol. III, chap. VU, p. 132.
230 ISIS DÉVOILÉE

de ses instincts brutaux. Il devint per- amoureux d'une jolie


sonne, HHe d'un fonctionnaire son subordonné. Quoique la
demoiselle fût fiancée a un jeune homme qu'elle aimait, h-
!vran contraignit le père ic consentir a son mariage avec
elle et la pauvre victime, maître son désespoir, devint sa
femme. Sa jalousie ne tarda pas a se manifester. Il la bat-
tait, la séquestrait des semaines entières dans son apparte-
ment, et l'empêchait de voir qui que ce soit, si ce n'est en
sa présence. Finalement il tomba malade et mourut. Voyant
sa dernière heure approcher, il lui fit jurer qu'elle ne se
remarierait jamais et la menaça avec des serments etfroya
bles, dans le cas où elle contracterait une nouvelle union.
de sortir de sa tombe et Je la tuer. Il fut enterré dans le
cimetière de l'autre côte du Heuvc et la jeune veuve n'eut

plus de tourments, ce que. la nature reprenant le


jusqu'à
dessus, et dominant ses fraveurs. elle prêta l'oreille aux

:mportunités de son premier amoureux, et de nouvelles iian-


cailles eurent Heu.
La nuit de la fête habituelle des
fiançailles, lorsque tout
le monde fut retiré, l'antique demeure fut mise en émoi par
des cris venant de sa chambre. Les
portes furent enfoncées,
et l'on trouva la malheureuse femme étendue évanouie sur
sa couche. En même temps on entendit le bruit des roues
d'une voiture sortant de la cour. Le corps de la jeune veuve
était couvert
d'ecchymoses, comme si elle avait été pincée
en divers endroits, et d'une petite piqûre au cou s'échap-
paient des gouttes de sang. En reprenant ses sens, elle dé-
clara que son défunt mari était entré soudain dans sa cham-
bre. exactement tel qu'il était durant sa vie, sauf qu'il était
d'une pâleur mortelle qu'il lui avait reproché son incons-
tance, et (lu'ensuite il l'avait battue et cruellement pincée.
On n'ajouta aucune foi a son récit; mais le lendemain ma-
tin, les gardes stationnant de l'autre côté du pont, racon-
tèrent qu'un moment. avant minuit, une voiture sombre
attelée de six chevaux avait passé au grand galop devant
eux, se dirigeant vers la ville, sans répondre a leurs appels.
Le nouveau s'était montré incrédule a
gouverneur, qui
l'histoire de
l'apparition prit néanmoins la précaution de
doubler la garde du pont. Malgré cela, le fait se reprodui-
sit toutes les nuits les soldats déclaraient la barrière
que
!SIS DÉVOtLEE 231

de leur station auprès du pont s'ouvrait d'elle-même, et que


l'équipage spectral filait devant eux, malgré tous leurs ef-
forts pour l'arrêter. En même nuit, la voi-
temps, chaque
ture roulait bruyamment sur le de la cour de l'hôtel
pavé
les veilleurs, y compris la famille de la veuve et les servi-
teurs, étaient plonges dans un profond sommeil et chaque
matin, la jeune victime était trouvée brisée, sanglante et
sans connaissance comme La ville était dans la
auparavant.
consternation. Les médecins ne pouvaient fournir aucune
< xphcation prctrcs les venaient passer la nuit en prières,
mais aux approches de minmt. tous étaient invinciblement
pris d'une terrible léthargie. Finalement, l'archevêque de
la province vint, et fit en personne les cérémonies de l'exor-
cisme, mais le lendemain matin, la veuve du gouverneur
fut trouvée dans un état encore jamais. Elle était
pire que
aux portes de la mort.
Le gouverneur fut enfin amené
a prendre les mesures les

plus sévères pour mettre un terme a la panique, toujours


croissante, dans la ville. Il plaça cinquante cosaques en sta-
tion le lon~ du pont, avec ordre d'arrêter a tout prix la
voiture fantôme. A l'heure habituelle, on l'entendit et on
la vit approcher, venant de la direction du cimetière. L'of-
ticicr de ~arde et un prêtre portant un crucifix se plantè-
rent devant la barrit're. et crièrent ensemble « Au nom
de Dieu et
Tsar, du
qui va la ? De la portière de la voi-
ture émergea une tête bien connue, et une voix familière

répondit: « Le Conseiller privé d'Etat, et ~ouvc'rncur C. »


Au même moment, prêtre, officiers et soldats furent jetés
de côté par un choc électrique, l'équipage fantôme passa
outre avant qu'ils eussent repris leurs sens.

L'archevêque résolut alors, comme dernier expédient, de


recourir au procédé consacré par le temps, d'exhumer le
cadavre, et de le clouer au sol avec un pieu de chêne planté
dans le cœur. Cela fut fait avec un s~rand cérémonial reli-

gieux, en présence de la population tout entière. L'histoire

rapporte que le corps fut trouvé gors~é de sang, avec les


joues et les lèvres routes. Au moment où le premier coup
fut frappé sur le pal, le cadavre poussa un gémissement, et
un jet de san~ jaillit en l'air. L'archevêque prononça la for-
mule usuelle de l'exorcisme, le cadavre fut réinhumé, et a
~32 ISIS DÉVOILÉE

partir de ce moment on n'entendit plus parler du vampire.


Jusqu'à quel point les faits de ce drame ont-ils été exa-

gérés par la tradition, c'est ce que nous ne pouvons dire.


~fais nous les tenons, il v a de longues années. d'un témoin
oculaire et il existe aujourd'hui en Russie des familles,
dont les membres les plus a~és se rappellent parfaitement
le terrible récit.
Quant a la déclaration que l'on trouve dans les livres
cle médecine, qu il y a des cas fréquents d'inhumation de

personnes a l'état de catalepsie, et quant aux dénégations


persistantes des spécialistes que ces choses n'arrivent qu<-
très rarement, nous n'avons qu'a consulter la presse quo-
tidienne de tous lespays, pour trouver l'horrible fait éta-
bli. Le Rév. II.-R. Hawcis M. A.. auteur du livre .l.s/~
~o .-IsA~ (1) énumère dans son ouvrage, écrit en faveur d''
la crémation, quelques cas très poignants d inhumations
prématurées. A la pa~e quarante-six, on lit le dialogue
suivant
« Mais avez-vous connaissance de beaucoup de cas d'inhu-
mation prématurée ?
« Sans aucun doute 'e ne dirai
pas qu'ils soient fré-

quents dans notre climat tempéré, mais il en survient. A

peine explore-t-on un cimetière sans v trouver des cer-


cueils renfermant des corps, non seulement retournés, mais
encore des squelettes contournés dans la dernière lutte
désespérée pour la vie, sous la terre. La
position renversée
pourrait être attribuée a quelque secousse du cercueil.
mais certainernefil /?'T' les C'~or.S/O~.9. »
Après cela, il mentionne les cas suivants qui ont eu lieu
récemment.
« A
Bergerac (Dordo~ne), en 1842, le malade prit un

narcotique, mais ne se réveilla pas. On le saigna, et il ne


s'éveilla pas. Enfin on déclara qu'il était mort. et on l'en-
terra. Après quelques jours, au souvenir du narcotique
qu'il avait pris, on ouvrit la tombe et le cercueil. Le corps
s'était retourné et débattu. »
« Le .SM/~<ijr/ Times du ~0 décembre 18~0 raconte qu'à
Tonneins, dans le Lot-et-Garonne un homme était inhumé,

ï..A~M ~o Ashes. London Daldy, Isbistcr et C°, ~75.


ISIS DÉVOILÉE 233

entendit du bruit venant du cercueil pris de


lorsqu'on
peur le fossoyeur indiffèrent se sauva. La bière fut remon-
tée et ouverte. Un visage pétriHé de terreur et de déses-

poir, le linceul déchire, les membres contournes parlaient


assez haut, pour dire la navrante vérité. /o/) /<7.
« Le Times de mai 187 raconta qu'en août 1873, une

jeune (lame mout'ut peu (le temps après son mariage. Au


bout d'une année, son mari se remaria, et la mère de sa

première femme résolut de transporter le corps de sa Hllc


a Marseille. On ouvrit le cavt au, et l'on trouva le corps de
!;( pauvre fille, la face contre terre, la chevelure flottante,
et son suaire mis en lambeaux (!). »
Comme nous avons a reparler de ce sujet a propos des
miracles de la Bible, nous laisserons de coté ce sujet pour
)~ moment, et nous reviendrons aux phénomènes magiques.
Si nous voulions donner une description complète des
diverses manifestations ont lieu parmi les adeptes de
qui
t Inde et d autres contrées, nous pourrions remplir des vo-
fumes entiers, mais ce serait sans utilité et sans profit,
parce qu il ne resterait pas de place pour les explications.
C'est pourquoi nous choisirons de préférence celles qui ont
K'ur équivalent dans les phénomènes modernes, ou qui sont
rendues
authentiques par des enquêtes légales. IIorst a

essaye de donner a ses lecteurs une Idée de certains esprits


Persans et il a échoue car la seule mention de quelques-
uns d'entre eux est bien faite pour mettre la cervelle d'un

croyant a l'envers. Il y a les Deos et leurs agissements par-


ticuliers les Darwands et leurs sombres tours les Sha-
dins et les Djinns toute la vaste légion des esprits, des
démons, des lutins et des elfes du calendrier Persan et
d'autre part, les Séraphins, Chérubins, Izeds, Amshas-
pands, Sephiroth, Malachim, Elohim des Juifs et, aj oute
Horst, « les millions d'esprits élémentaires, ou esprits inter-
médiaires, fantômes et êtres imaginaires de toutes races et
de toutes couleurs » (2).
Mais la majorité de ces esprits n'ont rien a voir avec les

1. L'auteur renvoie ceux qui douteraient des faits qu'il rapporte à l'ou-
vrage. Ga~ert'n~ from Grauey.!ra~, par G.-A. Walkcr.
2. Horst. Zaujber Bibliothek, vol. V, p. 52.
~3i ISIS DÉVOILÉE

phénomènes produits consciemment et de propos délibéré


de l'Orient. Ces derniers une
par les magiciens repoussent
telle accusation, et ils laissent aux sorciers même le con-
cours des esprits élémentaux et des élémentaires. L'adepte
possède un pouvoir illimité sur ces deux catégories d'es-
mais il en fait rarement usage. Pour la production
prits,
des phénomènes physiques, il appelle les esprits de la na-
ture. dont il se sert comme de /'uroë.<! obéissantes, mais non
comme des intelligences.
Comme nous aimons toujours a renforcer
arguments nos

par des témoignages personnesd'autres que nous-même.


peut-être ferons-nous bien de citer l'opinion d'un journal.
le /?~/o/! /A'r< en ce qui concerne les phénomènes en

général et les médiums en particulier. Avant éprouve de


tristes déceptions avec des personnes malhonnêtes, (lui peu-
vent être ou ne pas être des médiums, l'auteur de l'article

prit la peine de vérifier certains prodiges, que 1 on dit se

produire dans l'Inde, et il les compare a ceux des thauma-

turges modernes.
« Le médium d'aujourd'hui, dit-il, offre une ressemblance

plus intime, quant aux méthodes et aux manipulations.


avec le sorcier bien connu de l'histoire, qu'avec tout autre
représentant de l'art magique. Ce qui va suivre démontre
combien il est encore loin des exercices de ses
prototypes.
En KMo, une délégation de personnages distingués et d'une
haute éducation, appartenant à la Compagnie des Indes,
vint rendre visite a l'empereur Jehangire. Au cours de leur
mission, ils assistèrent à une foule d'exercices merveilleux,
au point de leur faire douter du témoignage de leurs pro-
pres sens, et défiant toute explication. Un groupe de sor-
ciers et de jongleurs du Bengale faisant exhibition de leur
art devant l'empereur fut sollicité
produire dix mûriers de
séance tenante, au moyen de semences. Ils plantèrent im-
médiatement des graines qui, en quelques minutes produi-
sirent autant d'arbres. La terre où la semence avait été
jetée s'ouvrit pour livrer passage à quelques feuilles légères,
bientôt suivies de jeunes pousses, qui s'élevèrent rapide-
ment, en développant des bourgeons, des branches et des
feuilles, à mesure qu'elles montaient, et finalement don-
nèrent en plein air des fleurs et des fruits, qui mûrirent sur
ISIS DÉVOILÉE ~35

place, et (lui furent trouvés excellents. Tout cela s'était

passe pour ainsi dire en un clin d'œil. Des figues. des


;tiiian(les, des manques, des noisettes furent obtenues de la
n~me manière, dans des conditions analogues. Les mer-
veilles succédaient aux merveilles. Les branches se garnis-
s.tient. d'oiseaux plumage, au riche
voletant entre les feuilles,
et semant dans les airs leurs notes pleines de douceur. Les
feu~Ics jaunissaient et tombaient, les branches et les tiges
se desséchaient, et en!in les arbres rentraient dans le sol,
<)'où ils avaient a peine
pousse une heure auparavant.
l'n autre avait un
arc et une cinquantaine de flèches à

pointe d'acier. 11 lança en l'air une de ses flèches, qui resta


!!xée dans l'espace a une hauteur considérable. Une autre
l'ut tirée, puis une autre, et ainsi de suite, chacune venant
se planter dans le bout de la précédente, de façon a former
une chaîne de Heches dans l'espace, jusqu'à la dernière,
qui. frappant en
plein dans la chaîne, la rompit et la fit
tomber a terre par tronçons.
« Ils installèrent deux tentes en face l'une de l'autre, a
!a distance d~cnviron une portée d'arc. Ces tentes furent
«'nsclencieuscment examinées par les spectateurs, comme
le so:it les cabinets des médiums, et l'on reconnut qu'elles
'tai'-nt vides. Elles étaient fermement attachées au sol. Les
assistants furent alors Invités a dési~-ner les sortes d'ani-
maux ou d'oiseaux qu'ils voulaient voir sortir des tentes.
et se livrer bataille. Khaun-e-Jahaun demanda, avec un
récent très marqué d'incrédulité, a voir un combat d'au-
truches. Quelques minutes après, une autruche sortit de
chacune des tentes, et se lança au combat avec une énergie
mortelle bientôt le sang commença a couler, mais elles
raient tellement acharnées et vaillantes, et de force égale,
qu'aucune ne put triompher de son adversaire, et qu'elles
furent enfin séparées par les jon~leurs~ qui les ramenèrent
dans leurs tentes. Après cela, toutes les demandes d'ani-
maux et d'oiseaux faites par les assistants furent satisfai-
tes, toujours avec les mêmes résultats.
« Un grand chaudron fut installé, dans lequel on mit
une grande quantité de riz. Sans la moindre trace de feu,
ce riz commença bientôt a bouillir, et l'on tira du récipient
plus de cent assiettes de riz cuit, avec un poulet sur cha-
236 ISIS DÉVOILÉE

cune d'elles. Ce tour est exécuté aujourd'hui sur une plus


petite échelle par les fakirs les plus vulgaires.
« Mais l'espace pour illustrer, par des exemples
manque
du passé, combien en comparaison les exercices misérable-
ment incolores, des médiums de nos jours, sont pales et

éclipses par ceux des autres


époques pluset de gens adroits.
Il n'y a pas un exploit merveilleux, dans un phénomène ou
manifestation quelconque qui ne fut, que dis-je, qui ne soit
aujourd'hui beaucoup mieux présenté par d'autres habiles
exécutants, dont les relations avec la terre et avec la terre
seule, sont trop évidentes pour pouvoir être révoquées en
doute, même lorsque le fait ne serait pas appuyé par leur

propre aveu.
C'est une erreur
de prétendre que les fakirs ou les jon-
gleurs se disent toujours aidés par des esprits. Dans les
évocations semi-religieuses du genre de celle que le Kovin-
dasami ou plutôt Quovinda S~vami de Jacolliot fit devant
cet auteur français, en fait la description, lorsque les
qui
spectateurs désiraient voir des manifestations réellement
spirituelles, ils ont recours aux prières adressées a leurs
pitris. ancêtres primitifs, afin de les protéger de tout autres

que les purs esprits. Or ils ne peuvent évoquer ces derniers

qu'au moyen de la prière. Quant a tous les autres phéno-


mènes, ils sont produits par le magicien et le f~.kir </
!c'/on/J. Malgré l'état apparent d'abjection dans lequel le
dernier paraît vivre, il est souvent un initié des temples,
et il est aussi versé dans l'occultisme que ses frères plus
riches.
Les Chaldéens, queCIcéron compte parmi les plus anciens

magiciens, plaçaient le fondement de toute la magie dans


les pouvoirs intenses de l'âme de l'homme, et dans la con-
naissance des prophéties magiques existant dans les plantes,
les minéraux et les animaux. A l'aide de ces choses, ils

accomplissaient les plus étonnants « miracles ». Magie,


chez eux, était synonyme de religion et de science. Ce n'est

que plus tard que les mythes religieux du dualisme Mag-


déen, déngurés par la théologie chrétienne, et parés par
certains pères de l'Eglise, prirent la déplaisante forme sous

laquelle nous les voyons exposés par les écrivains catholi-

ques, tels que des Mousseaux. La réalité objective de l'in-


ISIS DÉVOILÉE 237

cube et du succube du moyen âge, cette superstition abo-


minable de ces siècles ténébreux, qui coûta tant de vies
humaines, soutenue par cet auteur dans un volume tout
entier, est le monstrueux produit du fanatisme religieux et
de l'épilepsie. Elle n'a pas de forme et en attri-
o6/ec//uc/
buer les etfets au diable c'est proférer un blasphème c'est
supposer que « Dieu, après avoir créé Satan » lui a permis

d'agir de la sorte. Si nous sommes forces de croire au


vampirisme, c'est en nous appuyant sur la force de deux
propositions Irréfragables de la science psychologique oc-
culte, savoir: 1" L'âme astrale est une entité distincte, pou-
vant se séparer de notre pouvant courir
<o, et
et vaga-
bonder loin du corps, sans rompre le fil de la vie le corps
n'est pas c~crc/7«~ mort, et tant que son tenancier peut
v rentrer, celui-ci peut en tirer une somme d'émanations
matérielles, suffisante pour lui permettre de se montrer
sous une forme
quasi-terrestre. Mais, soutenir avec des
~lou~seaux et de Mirville, que le diable, que les catholiques
douent d'une puissance en antagonisme égale à celle de la
divinité Suprême, la Loi Universelle et Immuable, se trans-
forme en loup, serpent, en en chien, pour satisfaire ses
convoitises, et procréer des monstres, c'est une idée dans
laquelle se trouvent en germe la démonolatrie, la démence
et le sacrilège. L'Eglise catholique qui non seulement nous
enseigne a croire a cette monstrueuse erreur, mais force ses
missionnaires a prêcher ce dogme, n'a pas beau jeu à s'in-

digner contre le culte du démon de certaines sectes Parsis


et de l'Inde méridionale. Au contraire, car lorsque nous
entendons les Yézides répéter le proverbe bien connu
« Restez amis avec les démons donnez-leur votre bien,
votre sang, vos services, et vous n'aurez pas besoin de vous
préoccuper de Dieu ne vous fera ~MCH/! mal », nous
trouvons qu'ils sont
logiques et conséquents avec leur foi
et leur respect pour l'Être Suprême qu'ils se figurent. Leur

logique est saine et rationnelle ils révèrent trop profon-


dément leur Dieu, pour s'imaginer que Celui qui selon eux,
a créé l'Univers et les lois qui le régissent, soit capable
de leur faire du mal à eux, pauvres atomes mais les
démons sont là ils sont imparfaits, et, par conséquent, les
humains ont de bonnes raisons pour les redouter.
33S ISIS DÉVOILÉE

C'est, pourquoi, le diable, dans ses diverses transforma-


tions, ne peut être qu'une illusion. Lorsque nous nous ima-
ginons que nous voyons, que nous entendons ou que nou~
sentons le diable, c'est
trop souvent le reflet de notre amc

perverse, dépravée et souillée que nous voyons, entendons


et sentons. Les semblables s'attirent, dit-on; ainsi, suivant
la disposition dans laquelle notre forme astrale s'éehappr
durant, les heures du sommeil, suivant nos pensées, nos
tendances et nos occupations journalières, toutes choses

(lui impriment leur cachet sur la capsule pratique nommée


~/7:e /7!a~ cette dernière attire autour d'elle des être"
semblables a ~lle-m~me. C'esl de ec faiL qu'
spirituels
resuite que des rêves et des visons sont purs et pleins d
!)eaute, et d'autres bestiaux et mauvais. La personne n~
réveil se hâte alors vers le confessionnal, ou rit avec inditfL'-
rence de ce souvenir. Dans le premier cas, on lui
promet. K'
salut imal, au prix de quelques indulgences (qu'elle aur.t
ach'-ter l'Eglise), et peut-e! un peu de purgatoire sinon
de l'enfer.
Qu'importe ? X'est-eIIc pas assurée de l'immor-
talité et de l'éternité, quoi qu'elle fasse C'est le diable.
On le m< en fuite avec les cloches, le rituel, et le sainL

goupillon Mais le diable revient, et souvent le croyant est


amené a nc plus croire en Dieu, lorsqu'il finit par s'aperce-
voir que le diable l'emporte sur son Créateur et son ~laitre.
Alors il en est réduit a la seconde alternative il se plonge
dans l'inditrérence, et il se donne tout entier au diable. Il
meurt, et le lecteur connaît la suite, pour l'avoir vue dans
les chapitres précédents.
Cette pensée est magnifiquement exprimée par le D~ Enne-
moser « La religion n'a pas jeté ici (en Europe et en Chiner
d'aussi profondes racines que chez les Hindous », dit-il en
faisant allusion a cette superstition. « L'esprit des Perses
et des Grecs était plus versatile. L'idée philosophique du
bon et du mauvais principe et du monde spirituel doit avoir
aidé la tradition à former des visions de formes infernales
et célestes, et des contorsions les plus eiTroyabIes, qui dans
l'Inde étaient produites beaucoup plus simplement, par un
fanatisme plus enthousiaste il y a la le voyant r~cc~'a~
la lumière c~ïe ici, il se perd dans une multitude de
choses étrangères avec lesquelles il confond sa propre iden-
!S!S DÉVOILÉE 23'~

lilé. Les convulsions accompagnées de l'absence de l'esprit


loin du corps, dans (les pays lointains, étaient communes
ici, parce que l'imagination y est moins ferme, et aussi
moins spirituelle.
« Les causes extérieures sont aussi ditrërentes: les maniè-
res de vivre, la position géographique et les moyens artinciels

produisent des modifications diverses. La façon de vivre.


dans les contrées de l'Occident, a toujours été très varia-
ble, et elle trouble et détourne, par conséquent, l'occupation
'~s sens. et <f.s//)o~ rc/~ ~c !c ~.r~CM/'c se y'c/f<)/f
dans le monde interne des songes. Les esprits sont donc
d une variété innnie de formes, et ils portent les hommes
) satisfaire leurs passions, leur en indiquant les moyens, et
descendant même jusqu'aux plus menus dei-ails. ce qui est
~i contraire au caractère élevé des voyants hindous. »
Que celui oui étudie les sciences cherche a ren-
occultes
dre sa nature aussi pure, et ses pensées aussi elcvces (pie
ij~Ues cle ces voyants de l'Inde, et il pourra dormir sans
~tre molesté par le vampire, l'incuba ou !e succube. L'es-

;u immortel rayonne autour de la forme insensible de ce


d~rmeu! comme un bouclier, un pouvoir divin qui le

protège contre les atteintes du mal.c~mme s'il était un mur


cristal.

« !i.-c muras .L.teuse-~to;aiIc'msciresib!,nuUap3HascerecuI?a.~


CHAPITRE XIII

L'At.ctt'M'STn.– Tu dis t.r)ujours des énigmes. I)i<=-


moisituescettcfo!!t;ut)edontp;)r)eHcrnardLord
Trcvipati?
Mnnn;'t<n.ïen~sni'<p.<cctt.cf~nta!nc.maisj'cn
suist'ct)u.L;)f')Mt.i:;)cm'<tt'-rmc.

SA's;rttv"<t'-?.A'fn'7.f'f~n/Uf/)'/fnr/.

Tr<ut. ce q'te nous prct~n.fon~ f.~irc c'est trouver te--


secreL-tfe t'humait)~'structure. s;)v~:t'pourquoi cer-
taines parti'ss'r)s-tfit-nt..c-~[csnn.rstr)~<'nnc.ct.np-
pli'lu'T d,. cmnl il'!lrl, prè<:C'r-I;¡¡lif" c"lIl 1' 1~·: l'fTds tln
temps. (~I;)n'e'.tponit. de !am;)~ie, mais I'drt,de!.)
med~-CHtebi-n compris.
Ht'f~Rn LYTTO~.

«I.o.ar:'ior'no\vtt)~ernssnfred
P"i:tt.st'tUK'cross of thé ))u.:ht\-d.-ad:
~it!nttitt)'rnsa\\ondrr)us))~)tt..
T"e)))s.hespiritst));)t.)oveth<'ni;r!)t
Thal hmp will ;)'II'n IlOqu,-IJch'.bly
L'util t)~'L-~c:'t:aIdooms)):d!I)c.~ »

«X<t.)t'th'l!me!.)'.)/ede'rs~hri-:).t(n.)' a

S)):Ar.Tr:!<S<:oTT.

So~rMAtRE

en couleurs par la s'ute puissance de la vo'ont' L'!io-


Photographie
muncute et la mandragore. Une séance de mapic au Hcn~alc. Fail-
le mt~ie blanche et noire. Transmutation d'un cadavre en or.
Le comble de l'iHusion. La vie douée d'une activit' intense dans Li
mort. Inhumation et rt.surr~cti":t des f.ikirs. Q:)a:)d h's morts
s~nt-ils t'ccllement morts. La nature ferme la porte derrière nous.
La vie suspendue. Faire partcr et marcher les statues. L'arc-
en-ciel. Le mot de passe mystique de Proclus Les magiciens du
roi Pharaon. Quels esprits aiment le san~ fraichem~nt v~rsc? L'n n
nretre siamois marche dans l'espace. Ce qui supporte et ce
l'adepte,
qui supporte le médium. Opinion du professeur ~sicholas \Vagner.
La fascination du precipiej. La philosophte de l'élixir de vie. La

1. Ah. guerrier miintenant la croix rouge


Indique la tombe du Puissant mort;
Dans cescputch~c brute une lumière merveilleuse
Qui chasse les esprits amis des ténèbres.
Cette lampe brùtera sans s'éteindre

Jusqu'au jugement éternel.

Jamais flamme terrestre n'eut un pareil éclat.

Sin \ALTER SCOTT.


ISIS DËVOtLÉE 24l

terre avant Adam. Le tctra~ramrne sacre. Les diamants alchimi-


ques du Comte do Captiostro. L'or hermétique, ré<Icxion condensée
des rayons solaires. L'imprimerie dans tes lamaseries Thibctaiacs.

Il y a des personnes dont l'intelligence est incapable d'ap-


précier la grandeur intellectuelle des anciens, même dans
les sciences physiques, et même si on leur offrait la démons-
tration la plus complète de leur profond savoir et de leurs
découvertes. Maître la leçon de prudence que plus d'une dé-
couverte inattendue leur a infligée, elles persistent à suivre
l'ancien procédé de la négation, et, ce qui est pire encore, de
tourner en ridicule ce quelles n'ont le moyen ni de prouver
ni de réfuter. Ainsi, par exemple, elles riront de l'idée de
Cotlicacité des talismans. Que les sept esprits de l'.t/)ora-

/).sc aient une relation directe avec les sept forces occultes
<le la nature, voi)a une chose qui paraît incompréhensible et
absurde a leurs faibfcs intellect" et la seule pensée d'un
magicien prétendant accomplir des merveilles, a l'aide de
certains rites cabalistiques. les fait rire aux larmes. Qu elles
aperçoivent seulement une figure géométrique tracée sur
une feuille de
papier, sur un morceau de métal, ou sur
toute autre substance, elles ne s~imayinent pas comment un
être raisonnable puisse reconnaître a l'une de ces choses
une puissance occulte quelconque. Mais ceux qui ont pris
h) peine cle se renseigner savent comment les anciens fai-
saient des découvertes aussi grandes dans la psychologie

que dans la physique, et que leurs recherches ne laissaient

que pcu de secrets a découvrir.

Lorsque nous constatons de notre côté qu'un pentacle


est une n~ure synthétique qui exprime dans une forme con-
crctc une profonde vérité naturelle, nous ne voyons rien de

plus ridicule dans cetteque dans u~ure ni celles d'Euclide,


rien (lui soit aussi comique que les symboles employés dans
un ouvrage de chimie moderne. Qu'est-ce qui, pour un lec-
teur non initié, paraîtrait plus absurde que la donnée, que
le symbole XA~CO' veut dire de la soude'? etque C"H"0
n'est autre chose qu'une manière différente d'écrire le mot
alcool ? Qu'y a-t-il donc de si risible a ce que les alchimistes
exprimassent leur azoth, ou principe créateur de la nature
'la lumière astrale) par le symbole

VOL. I! 16
242 ms DÉVOILÉE

T
1
-A
1
U ~I

(lui embrasse trois choses 1° La divine hypothèse La


synthèse philosophique ~° La synthèse physique, c'est-a-
dire une croyance, une idée et une force. Mais combien
n'est-il pas plus naturel qu'un chimiste moderne, qui veut

indiquer a ses élèves dans son laboratoire, la réaction d'un


carbonate de soude avec de la crème de tartre en dissolu-
tion se serve du symbole suivant

(Xa'Co~ HKC'irO~ + Aq) == (~ NaKC-IPO + 11=0

Aq) + 'œ

Si le lecteur non
inspire peu~ être excusable d'ouvrir des

yeux égares devant cet abracadabra de la science chimique,


pourquoi ses professeurs ne modéreraient-ils pas leur hilarité
jusqu'à ce qu'ils aient appris la valeur philosophique du
symbolisme des anciens ? Du moins s'évitcraicnt-ils d être
aussi ridicules que M. de MirviUe
qui, confondant l'AxoL':
des philosophes hermétiques avec l'azote des chimistes, af-
firme que les premiers adoraient le gaz nitrogcnc (1).
Appliquez un morceau de fer sur un aimant, et il devient
aussitôt imprégné de ce principe subtil et capable de le com-

muniquer a son tour a d'autres morceaux de fer. Il n'en


pèse pas davantage ni il ne présente aucune diifcrence avec
son état antérieur. Et pourtant une des plus subtiles forces
de la nature a pénétré dans sa substance. Un talisman, mor-
ceau de métal probablement sans valeur intrinsèque, chif-
fon de papier ou lambeau d'étoffe quelconque, a néanmoins
été imprégné de l'influence du plus grand de tous les ai-
mants, la volonté de l'homme, avec une puissance pour le
bien ou le mal, aussi reconnaissable par ses effets que
propriété subtile que le fer acquiert par son contact avec
l'aimant physique. Que l'on fasse sentir a un limier une

pièce du vêtement qu'a porté un fugitif, et il suivra sa trace

1. Voir Elip!~s Levi. La Science des Esprits.


ISIS DÉVOILÉE ~3

a travers les
marécages et les forêts jusqu'à l'endroit où il
s'est réfugie. Qu'on donne a un des « psychomètres » du
Buchanan un manuscrit, quelle que soit son anti-
professeur
quité, et il décrira le caractère de l'écrivain, et peut-être
même son aspect physique. Que l'on remette a un clair-

voyant une mèche de cheveux ou un objet quelconque qui


:dt été en contact avec une personne dont on désire savoir

quelque chose, et il entrera aussi en sympathie


intime avec
elle, qu'il pourra la suivre pas a pas dans toute son exis-
tence.
Les élevcurs nous apprennent que les jeunes animaux ne
doivent pas être mis en troupeau avec les vieux et les
médecins intelligents défendent aux
parents de prendre leurs
;cunes enfants dans leurs lits. Lorsque David devint vieux
et aifaibli. ses forces vitales furent rétablies en mettant une
jeune personne en contact avec lui de manière qu'il absor-
bât de sa force. Feue l'impératrice de Russie, sœur de l'em-
oercur d'Allemagne actuel (!), était si faible dans les der-
nières années de sa vie que les médecins lui ordonnèrent.
a part, de faire coucher avec elle une jeune et
-tiaisanteric
icbus~c paysanne. Quiconque la description
a lu le faite par
i)' Kerner de la voyante de Prévost, M°" Hauue, se rappel-
lera. sans doute, ses paroles. Elle déclara a plusieurs repri-
ses qu'elle entretenait sa vie uniquement par l'atmosphère
des personnes qui l'entouraient et par leurs <~7:~<ï//<3/ï.'<

.j/~7~c.s, qui étaient vivifiées d'une façon extraordi-


naire par sa présence. La voyante était tout simplement un

vampire magnétique, qui absorbait, en l'attirant a elle. la


vie de ceux qui étaient assez robustes pour lui communi-

quer de leur vitalité, sous la forme de sang ro/J. Le


D~ Kerner observa que ces personnes étaient toutes plus ou
moins affectées par cette perte forcée.
Grâce a ces exemples familiers de la possibilité, pour un
individu, de communiquer un fluide subtil a un autre ou
;)ux substances qu'il touche, il devient moins difficile de

comprendre que, par une concentration déterminée de la


volonté, un objet, d'ailleurs inerte, peut être imprégné d'un

1. Guinaum" I' C3t ouvrage fut. écrit. JS*7 (Xot.c du Trad'jct~ur


244 ISIS DÉVOILÉE

protecteur ou destructeur, suivant le but qu'on a


pouvoir
en vue.
Une émanation magnétique produite inconsciemment est
sûrement vaincue par une émanation plus énergique avec

laquelle on la met en opposition. Mais lorsqu'une volonté

intelligente et puissante dirige la force aveugle et la con-


centre sur un point donné, l'émanation la plus faible l'em-

porte souvent sur la plus forte. Une t'o/o/~J humaine pro-


duit le même effet sur l'~lA~.<?6f.
Nous avons assisté un jour au Bengale (1) a une mani-
festation de la
puissance de la volonté, qui jette une vive
lumière sur une très intéressante phase du sujet. Un adepte
dans la magie fit quelques passes sur un objet d'étain com-
mun, l'intérieur d'un couvercle de marmite, qui se trouvait
a sa portée, et, tout en le regardant attentivement pendant
quelques minutes, il paraissait recueillir a poignées le fluide

impondérable et le répandre sur la surface du métal. Lors-

que l'étain eut été exposé a la pleine lumière du


jour pen-
dant environ six secondes, la surface polie </t brillante se
couvrit soudain comme d'une buée. Bientôt des plaques plus
foncées commencèrent it se montrer
surface et a la lors-

que au bout d'à peu près trois minutes l'objet nousfut rendu,
nous y trouvâmes imprimé un tableau, ou plutôt une pho-

tographie du paysage qui s'étendait devant nous, reproduc-


tion lidèle comme la nature elle-même et parfaite de coloris.
Ce tableau subsista en cet état pendant environ quarante-
huit heures, puis il s'effaça lentement.
Ce phénomène est facile a expliquer. La volonté de l'adepte
avait condensé sur le métal une pellicule d\l/d.$a, qui le
rendit pour le moment sensible, comme une plaque photo-
graphique. La lumière fit le reste.
Une pareille manifestation de la puissance de la volonté
pour produire des résultats objectifs physiques préparera
l'étudiant à comprendre son eFHcacité pour la guérison des
maladies, en communiquant la vertu désirée aux objets ina-
nimés placés en contact avec le malade. Lorsque nous voyons

1. Dans le SIkkim, près de Darjcciing. Ce pays qui,quoique tout à cutc


de la province du Bengale du ~urd, permet rarement à un voyageur
Européen de tr tverser ses frontières, est visite fort souvent par des La-
mas Tibétains. Le Tibet n'étant qu'à un pas du Stkkim (Note de H.-P. B..
ISIS DÉVOILÉE 245

des psychologistes tels queMaudsiey (1) citer, sans être con-


tredit, les récits de quelques cures miraculeuses opérées
par le père de Swedenborg, récits qui ne diffèrent guère de
centaines de guérisons obtenues par d'autres « fanatiques
suivant sa propre expression, magiciens et guérisseurs na-
turels, et cela sans essayer d'expliquer leurs actes, mais
retenant le rire devant l'intensité de leur foi, sans se de-
mander même si le secret de ce pouvoir de guérir ne se
trouve pas précisément dans l'empire que cette foi donne
sur los forces occultes. nous déplorons qu'il y ait tant de
savoir et
si peu de philosophie dans notre siècle.
Certes, nous ne voyons pas que le chimiste moderne soit
moins magicien que l'ancien théurgiste ou philosophe Her-

métique, si ce n'est pourtant que ceux-ci, reconnaissant la


dualité de la nature, avaient, un champ double de celui du
chimiste, pour leurs recherches expérimentales. Les anciens
animaient des statues, et les IIermétistcs appelaient à la
vie, en les tirant des éléments, des formes de salamandres,
de gnomes, d'ondines et de sylphes, qu'ils ne prétendaient
pas créer, mais tout simplement rendre visibles, en tenant
ouverte la porte de la nature, de sorte que, sous certaines
conditions favorables, ils se montraient aux regards. Le
chimiste met en contact deux éléments contenus dans l'at-
mosphère, et en développant en eux une force latente d'af-
finité, il crée un nouveau corps, l'eau. Dans les perles dia-

phanes et sphéroïdes cette sont nées


deux de union de
qui
gaz naissent les germes de la vie organique, et dans leurs
interstices moléculaires se dissimulent la chaleur, 1 électri-
cité et la lumière, exactement comme dans le corps humain.
D'où vient cette vie dans une goutte d'eau qui vient de se
former de l'union de deux gaz '? Et qu'est-ce que l'eau elle-
même ? Est-ce que l'oxygène et l'hydrogène subissent quel-
que transformation qui oblitère qualité simultanément
leur
avec l'oblitération de leur forme ? Voici la réponse de la
science moderne < L'oxygène et 1 hydrogène existent-ils
tels quels dans l'eau, ou ont-ils été produits par quelque
transformation inconnue et inconcevable de leur substance,
voilà une question au sujet de laquelle nous pouvons nous

1. Henry Maudsiey. Body and 31ind.


2~ ISIS DÉVOILÉE

livrer a des mais sur laquelle nous n'avons


spéculations,
aucune connaissance réelle (1). Sans donnée aucune sur
un sujet aussi simple que la constitution moléculaire de
l'eau, ou sur le problème plus profond de l'apparition de la
vie en elle, et M. Maudsicy ne ferait-il pas bien de donner
l'exemple de son propre principe et de s'en tenir n H/! calme

~r~('c/7:c~M/<ïo/~yïr~M. ce <yMC /</ /M/ere~f


lasse (~) ?
Les prétentions des amis de la science ésotériquc qui
affirment que Paracelse produisait chimiquement de cer-
taines combinaisons encore inconnues de la science ollicielle
lcs Ao/?2M/!r/ sont comme de raison reléguées parmi les
bourdes et les mystifications. Mais pourquoi donc ? Si Para-
celse n'a pas fabriqué ~o/7!M/ï< d'autres adeptes en ont
fait et cela il n'v a pas mille ans. Ils étaient produits, de
fait, d'âpres exactement le même principe, en vertu duquel
le chimiste etle physicien donnent !a vie à leurs ~/ï/r/<?$.
Il y a quelques années, un gentleman anglais, Andrew
Crosse <lu Sommersetshire, produisit dos acarus par le pro-
cédé suivant « Du silice noir ayant été chauiYé au rouge
et réduit en poudre fut mêlé avec du carbonate de
potasse
et expo-é a une grande chaleur pendant quinze minutes
le mélange fut ensuite versé dans un creuset de mine de
plomb, dans un fourneau a air. Il fut réduit enpoudre en-
core chaud et mêlé avec de 1 eau bouillante que l'on laissa
bouillir pendant quelques minutes, et l'on y ajouta ensuite
<le l'acide chlorhydriquc jusqu'à saturation. Apres l'avoir
exposé a l'action voltaïque pendant vingt-six jours, un in-
secte parfait de la tribu des acaridcs apparut, et dans l'es-
pace de quelques jours on en obtint une centaine d autres.
L'expérience fut renouvelée avec d autres lirruides chimi-
ques et avec des résultats analogues. Un M. Weeks en
produisit aussi avec du ferrocyanure de potasse.
Cc-ttc découverte produisit une sensation profonde.
M. Crosse fut accusé d'impiété et de viser au rôle de créa-
teur. Il répliqua, en ni.'nt l'imputation, qu'il considérait que
ry'cer c'e~/7 /r/7!<?r ~M~Mg o/zo~c de rien (~).
1. Jo.st~h Cooke, J~. 7'AeA'etc C/te7rn.s<r!
2. Henry Mauds'ey. The limits o/'P/u~osopAtca~ 7n~mr~
3. Sc~en~t/fc .1/nertca/t, 12 août 1868.
tStS DÉVOILÉE 2i7

Un autre savant, considéré par plusieurs personnes comme


un homme de grand talent, nous a répété plusieurs fois qu'il
était sur le point de prouver que même les œufs
non fécon-
des pouvaient être amenés à éclosion, en faisant passer à
travers eux un courant d'électricité négative.
Les
mandragores (c~<M ou fruit d'amour) trouvées dans
le champ de Ruben fils de Jacob, (lui excitèrent la convoi-
tise de Rachel, étaient des mandragores cabalistiques mal-

gré ce que l'on en dit, et en dépit de toutes les négations et


les versets qui s'y rapportent appartiennent aux passages
les plus osés, dans leur signUieaiion ésotérique, de tout
l'ouvrage. La mandragore est une plante ayant la forme
rudimentaire d'une créature humaine avec une tête, deux
bras et deux jambes formant racines. La superstition qui
veut que lorsqu'on l'arrache elle crie avec la voix humaine
n'est pas
complètement dénuée de fondement. Elle produit
une espèce de son (lui ressemble à un cri aigu, qui est dû
la nature résineuse de la substance dont sont formées ses
racines, ce qui les rend difliciles aarracher elle possède
plus d'une propriété secrète, absolument ignorée du bo-
taniste.
Le lecteur qui voudrait avoir une idée claire et précise
cle la commutation des
forces, et de la ressemblance qui
existe entre les principes de vie des plantes, des animaux
ft des êtres humains, peuvent consulter avec profit un tra-
vail sur la corrélation des forces nerveuses et mentales, par
le professeur Alexandre Bain de l'Université d'Aberdeen.
Cette mandragore paraît occuper sur la terre le point où
les règnes végétal et animal se touchent comme le font dans
la mer les zoophites polypeset les la barrière entre les
deux étant, dans l'un et l'autre cas, si peu distincte, qu'elle
rend presque imperceptible le point où l'une finit et où l'au-
tre commence. Il semblerait improbable qu'il y ait des
/7Y~CM/ mais un naturaliste quelconque osera-t-il, en

présence de l'extension récente de la science, assurer que


c'est impossible ? « Quelle est », dit Bain « la limite des
possibilités de l'existence ?
Les mystères inexpliqués de la nature sont nombreux, et
de ceux que l'on présume avoir expliqués, à peine il y en
a-t-il un, dont on puisse dire qu'il est devenu absolument
2~8 MIS DÉVOtLÉE

Il n'est pas une plante ou un minéral qui ait


intelligible.
révélé la dernière de ses propriétés aux savants. Que savent
les naturalistes sur la nature intime des règnes végétal et
minéral ? Comment
peuvent-ils penser que, pour chacune
des propriétés découvertes il n'y a pas beaucoup de forces
cachées dans la nature inlime de la plante ou de la pierre.
Ils ne font qu'attendre d'être mis en relation avec quel-
que autre plante ou minéral, ou avec quelque force de la na-
ture, pour se manifester dans ce qu'on veut bien considérer
comme « une façon surnaturelle Partout où Pline le na-
turaliste, Alien et même Diodore, qui chercheront avec une
si louable persévérance a débrouiller la vérité historique de
son pêle-mêle d'exagérations et de fables, ont attribué a

quelque plante ou minéral une propriété inconnue à nos


botanistes ou physiciens modernes, leurs assertions ont été
mises de côté, sans plus de cérémonie, comme absurdes, et
l'on n'y a plus fait attention.
De temps immémorial la spéculation des savants a eu
pour objet ce qu'est cette force vitale ou principe de vie.
Seule la doctrine secrète peut fournir a notre esprit le fil
conducteur. La science exacte ne reconnaîtque cinq forces
dans la nature une molaire, et quatre /7~<v//a/res; les
cabaHstes en admettent sept et dans ces deux forces addi-
tionnelles gît tout le mystère de la vie ou plutôt la résul-
tante des sept. L'une d'elles est l'esprit immortel, dont le
reflet est rattaché par d'invisibles liens, même avec la na-
ture nommée nous laissons à chacun le soin
inorganique
de faire la découverte de l'autre. Le professeur Joseph Le
Conte dit: « Quelle est la nature de la différence qui existe
entre l'organisme vivant et mort ? Nous n'en
l'organisme
pouvons découvrir aucune, physique ou chimique. Toutes
les forces physiques ou chimiques tirées du fond commun
de la nature et incorporées dans l'organisme vivant, parais-
sent être encore incorporées dans l'organisme mort, jusqu'à
ce que petit à petit il tombe en décomposition. Et
pourtant
la différence est immense, inconcevablement Quelle
grande.
est la nature de cette différence d'après la for-
exprimée
mule de la science matérielle? Qu'est-ce qui est parti, et
où est-il allé ? II y a ici chose la science ne peut
quelque que
pas encore comprendre. Et cependant c'est cette chose man-
ISIS DÉVOILÉE 2i9

qui disparaît à la mort, et avant la décomposition,


(luante
au plus haut la force vitale (i)!
qui représente, degré,
Pour si difficile, voire même impossible que paraisse à
la science de découvrir le moteur invisible et universel de
toutes choses, la t~c, d'en expliquer la nature, ou même
de suggérer une hypothèse raisonnable à ce sujet, le mys-
tère n'est pourtant qu'un demi-mystère, non seulement pour
les grands adeptes et les voyants, mais encore pour les
sincL'res et fermes croyants au monde spirituel. Pour le sim-

ple croyant, non favorisé d'un organisme personnel, pourvu


de cette sensibilité nerveuse et délicate, qui le mettrait à
irK'me, comme elle le fait
au voyant, d'apercevoir l'univers
visible rcnété, comme' dans une glace, dans l'Invisible, et
cela d'une façon objective, la foi divine subsiste. Elle est
fortement enracinée dans ses sens intimes dans son infail-
lible intuition, avec laquelle la froide raison n'a rien avoir,
il sent qu'elle ne peut le tromper. Que les dogmes erronés,
enfants de l'esprit humain et le système sophistique des
théologies se contredisent que les uns fassent tomber les
autres, et que la subtile casuistique d'une croyance détruise
le raisonnement artificieux de 1 autre la vérité demeure

toujours une, et il n'y a pas de religion, chrétienne ou

païenne, qui ne soit fermement bâtie sur le roc séculaire, le


Dieu Universel et l'Esprit immortel son rayon direct.

Chaque animal est plus ou moins doué de la faculté

d'apercevoir, sinon les esprits, du moins quelque chose qui


demeure pour le moment invisible au commun des mortels
et ne peut être discerné que par un clairvoyant. Xous avons
fait des centaines d'expériences dans ce sens, avec des chats,
des chiens, des singes de divers genres et espèces, et une
fois, avec un tigre apprivoisé. Un miroir rond et noir, connu
sous le nom du c/<z/ magique, fut fortement magnétisé
par un hindou, résidant antérieurement à Dindigal et domi-
cilié maintenant dans un endroit plus retiré, dans les mon-

tagnes connues sous le nom de Western Ghauts. Il avait


apprivoisé un jeune tigre, qui lui avait été rapporté de la
côte du Malabar, partie de l'Inde où les tigres sont d'une

1. Le Conte. Corrélation de la Force l'itale avec ~es Forces C/nnuqrae~


et Physiques.
250 tSÏS DÉVOILÉE

férocité proverbiale c'est avec cet intéressant animal que


nous fimes nos expériences.
De même que les anciens Marses et Psyllis, les célèbres
charmeurs de serpents, cet hindou prétendait posséder le
don mystérieux d'apprivoiser toute espèce d'animaux. Le
tigre avait été réduit a un état de /o/Y?ëur menlale chro-

nique, pour ainsi dire, il était devenu aussi inoffensif et


doux qu'un chien. Les enfants pouvaient le taquiner et lui
tirer les oreilles, et il ne faisait que se secouer et gémir
comme un chien. Mais toutes les fois qu'on le forçait à re-

garder dans le « miroir magique », la pauvre bête étaiL


instantanément poussée à une sorte de frénésie. Son regard
était empreint d'une terreur presque humaine il hurlait de

désespoir, incapable de détourner les yeux de cette glace, a

laquelle son regard semblait cloué par un charme magné-


tique il se tordait et tremblait, jusqu'à tomber en convul-
sions par la crainte de quelque vision, qui pour nous restait
inconnue. Il se couchait alors en poussant de faibles gémis-
sements, mais toujours les yeux uxés sur la glace. Lors-

que celle-ci était enlevée, l'animal restait pantelant et dans


un état de prostation visible pendant près de deux heures.
Que voyait-il ? Quel tableau spirituel de son propre monde
animal invisible pouvait produire un eHet si terrible sur
une bête sauvage et naturellement féroce ? Qui le dira ?
Peut-être celui qui provoqua la scène.
La même impression, produite sur les animaux a été obser-
vée pendant les séances spirites, avec quelques vénérables
mendiants et il en fut de même lorsqu'un syrien moitié

païen, moitié chrétien, de Kunankulam (Etat de Cochin).


sorcier en renom, fut invité à se joindre à nous pour faire
des expériences.
Nous étions en tout
personnes, neuf
sept hommes et
deux femmes, dont une indigène. Il y avait en outre dans la
p'èce le jeune tigre très occupé après un os; un M'zc~oo
ou singe-lion qui, avec son poil noir, sa barbe d'un blanc
de neige, et ses veux vifs et brillants, semblait une person-
nification de la malice et un beau loriot doré, lissant tran-

quillement sa queue aux radieuses teintes, sur un perchoir


placé près d'une grande fenêtre sur la véranda. Dans l'Inde,
les séances « spirites > n'ont pas lieu dans l'obscurité,
ISIS DÉVOILÉE 251

comme en Amérique et il n'y faut pas d'autres conditions


silence parfait et de l'harmonie entre les assistants.
qu'un
C'était donc en pleine lumière du jour, pénétrant à flots

par les portes et les fenêtres larges ouvertes, au milieu du


bourdonnement lointain de la vie dans les forêts environ-
nantes, et dans les jungles, dont les échos nous renvoyaient
les bruits de myriades d'insectes, d'oiseaux et d'animaux.
Nous étions installés au milieu d'un jardin, qui entourait
la maison, et au lieu de respirer l'atmosphère étouffante
d'une salle de séances, nous nous trouvions entourés de
massifs d'hérythrina, a la teinte couleur de feu, de l'arbre
du corail, respirant les odorantes effluves des plantes, et des
iieurs de bégonia, dont les blanches pétales tremblaient au
soufHc de la brise légère. En un mot, nous étions environ-
nés de lumière, d'harmonie et de parfums. De larges bou-

quets de fleurs et de branches d'arbustes consacrés aux


dieux indigènes avaient, été cueillis pour la circonstance, et

apportés dans les appartements. Il y avait le basilic odo-


rant, la fleur de Vishnou sans laquelle, au Bengale, aucune
cérémonie religieuse ne peut avoir lieu et les branches du
/<"Hs rc/o.«7. l'arbre dédié à cette même brillante divi-
nité. entremêlaient leurs feuilles avec les fleurs rosées du
lotus sacré, et de la tubéreuse de l'Inde, répandues à pro-
fusion pour parer les murs.
Pendant que le « saint béni » représenté par un fakir très
sale, mais véritablement fort saint, restait plongé dans la

contemplation intime, et que quelques prodiges spirituels


s'accomplissaient sous l'influence de sa volonté, le singe et
l'oiseau ne donnaient que de rares signes d'inquiétude. Le

tigre seul tremblait par visiblement intervalles, et regardait


~xcment par toute la pièce, comme si ses phosphorescentes
prunelles vertes suivaient quelque chose d'invisible flottant
dans tous les sens. Cette chose encore imperceptible pour le
regard humain devait donc être devenue o6/cr//rc pour lui;
quant au wanderoo, toute sa gentillesse avait disparu il

paraissait assoupi, et reposait accroupi sans mouvement. L'oi-


seau ne manifestait que peu ou pas d'indices de malaise. On
entendait un son comme un bruit d'ailes battant doucement
1 air les fleurs allaient et venaient dans la chambre, comme
déplacées par d'invisibles mains et une fleur admirable-
252 ISIS DÉVOILÉE

ment teintée d'azur étant tombée sur les


pattes croisées du

singe, il eut un soubresaut nerveux, et courut chercher un

refuge sous la blanche tunique de son maître. Ces mani-


festations durèrent environ une heure, et il serait trop lon~
de les narrer toutes. La plus curieuse fut précisément celle

qui clôtura la série de ces merveilles. Quelqu'un s'étant


plaint de la chaleur, nous eûmes le spectacle d'une rosée
délicieusement parfumée. Les gouttes tombaient larges et
serrées, et procuraient une sensation de fraîcheur inexpri-
mable, en se séchant aussitôt, avaient touché nos
qu'elles
personnes.
Lorsque le fakir eut terminé cette séance de magie 6~.
che, le < sorcier ou charmeur, comme on les nomme,
s'apprêta a déployer son adresse. Xous fûmes gratifiés d'une
succession de prodiges, que les récits des voyageurs ont
rendus familiers au public et il nous fut montré, entre
autres choses, que les animaux possèdent naturellement la
faculté de la clairvoyance et même, paraît-il, le pouvoir de
discerner entre les bons et les mauvais esprits. Tous h's
tours du sorcier étaient précédés de fumigations. M fit
brûler des branches d'arbres résineux et d'arbustes qui
répandaient des colonnes de fumée. Quoiqu'il n~y eut rien
dans tout cela de nature a effrayer un animal faisant usage
de ses
yeux le tigre, le singe et l'oiseau mani-
physiques,
festaient une terreur indicible. Nous suggérâmes l'idée que
peut-être les animaux étaient effrayés par les branche?
enflammées, en nous rappelant l'usage familier d entretenir
des feux autour des camps pour éloigner les bêtes féroces.
Afin de ne pas laisser de doute a cet égard, le Syrien s'ap-
procha du tigre avec une torche de l'arbre de Bael (con-
sacré à Siva), à la main, et il l'agita fois sur s.)
plusieurs
tête en murmurant ses incantations. La bête donna aussitôt
des marques d'une au delà de toute Ses
frayeur expression.
yeux sortaient de leurs orbites, comme des boules de feu;
sa gueule était il se précipita sur le sol,
pleine d'écume
comme s'il eût cherché un trou il poussait
pour s'y cacher
rugissements sur rugissements, et réveillait les nombreux
échos dans les jungles et les forêts. Enfin, un dernier
jetant
regard sur cette place, ses yeux n'avaient
que pas quittée,
ïl fit un brisa sa chaîne, et il franchit
suprême effort, qui
ISIS DÉVOILÉE 253

d'un bond la fenêtre de la véranda, en emportant un mor-


ceau de la boiserie. Le singe s'était enfui longtemps aupara-
vant, et l'oiseau était tombé de son perchoir, comme frappé
Je paralysie.

Xous ne demandâmes ni au fakir ni au sorcier d'expli-


cation sur la méthode laquelle leurs
par merveilles étaient
Si nous fait, il n'est
l'eussions pas douteux qu'ils
produites.
n~us eussent répondu ce qu'un fakir repondit à un Français,
M. Louis Jacolliot, qui en fait le récit reproduit de son livre
dans un numéro récent, d'un journal de New-York intitulé,
le /r~4~rû//?, en ces termes
« Beaucoup de ccs jongleurs hindous qui vivent dans le
silence des pagodes exécutent des tours,
qui dépassent de

beaucoup les prestidigitations de IIoudin, Robert


et il y en
a beaucoup d'autres qui provoquent les phénomènes le plus
curieux en fait de magnétisme et de catalepsie, sur les pre-
miers objets qui leur tombent sous la main, au point que
je me suis souvent demandé si les Brahmanes avec leurs
sciences occultes n'ont pas fait d importantes découvertes
dans les questions qui ont tout récemment été agitées en

Europe.
Nous trouvant une
en compagnie fois d'autres personnes
dans un café avec sir Maxwell, il ordonna a son domestique
de faire entrer un charmeur. Peu après entra un hindou
décharné, presque nu, a la face ascétique d'une teinte bron-
xée. Autour de son cou. de ses bras, de ses cuisses, de son

corps, étaient enroulés des serpents de diverses dimensions.

Après nous avoir salués, il nous dit


« Que Dieu soit avec
vous. )C suis Chibh-Chundor. fils de Chibh-Gontnalh-Mava.
< Nous désirons voir ce que vous pouvez faire », dit notre
hôte.
« J'obéis aux ordres de Siva. qui m'a envoyé ici répon-
dit le fakir, s'installant sur une des dalles de marbre.
Lesserpents dressèrent leurs tètes et sifflèrent, mais sans

témoigner la moindre colère. Prenant alors un flageolet fixé


dans une mèche de ses cheveux, il produisit des sons à peine

perceptibles, imitant le chant du ~7'Tpac~, un oiseau qui


se nourrit de noix de coco écrasées. Les serpents se dérou-
lèrent alors, et descendirent l'un après l'autre à terre. Aus-
25~ ISIS DÉVOILÉE

sitôtquils eurent touché le sol, ils se redressèrent d'environ


un tiers de leur longueur, et commencèrent à se balancer en
mesure avec la musique de leur maître. Tout a coup le fakir
remit son instrument en place et fit quelques passes avec
ses mains sur les serpents, au nombre de dix, et tous appar-
tenaient aux espèces les plus dangereuses du cobra Indien.
Son œil prit une expression étrange. Nous éprouvâmes tous
un sentiment de malaise indéfinissable, et nous chcrchions
instinctivement a détourner de lui nos regards. En ce mo-
ment un petit C'oA'/v/ (!) (garçon) dont le rôle était d'offrir
du feu dans un petit brasier pour allumer les cigares, suc-
combant a son influence, s'affaissa et resta endormi. Quel-
ques minutes se passèrent et nous sentîmes que si ses mani-
pulations devaient continuer quelques secondes de plus,
nous allions tous être endormis. Chundor se releva et fai-
sant encore deuxpasses le Chocra, il lui dit
sur « Donne
du feu au commandant. » Le jeune garçon se leva et sans
hésiter, vint offrir (lu feu son maître. On le pinça. on L;
poussa, on le secoua de manière a bien s'assurer qui! ét:'iL
parfaitement endormi. II ne voulut
pas s'éloigner de sir
Maxwell. jusqu'à ce qu'il en eût reçu l'ordre du fakir.
« Nous examinâmes alors les cobras. Paraivsés par l'in-
Huenee magnétique, ils étaient étendus tout de leur long
sur le sol. Ils étaient dans un état de catalepsie complète.
En les
prenant, nous les trouvâmes raides comme des bâtons.
Le fakir les réveilla, et la-dessus ils revinrent s'enrouler de
nouveau autour de son corps. Nous lui demandâmes s'il
pourrait nous faire sentir son influence. Il lit quelques pas-
ses sur nos jambes,et instantanément nous perdîmes l'usage
de ces membres nous ne pûmes quitter nos sièges. Il nous
soulagea aussi aisément qu'il nous avait paralysés.
« Chibh-Chundor termina la séance des expériences
par
faites sur des objets inanimés. Au moyen de quelques pas-
ses exécutées avec ses mains, dans la direction des objets
sur lesquels il voulait agir. et sans quitter son siège, il f)!
pâlir et m'orne s'éteindre des bougies dans les parties les
plus éloignées de l'appartement il fit se mouvoir les

1. Tra tu't par sm~e' ce qui n'est pas correct, le mot hindou pou" sin.:c
est ru~-c/Mr/t~. n est fort probable qu'on a voulu dire cAo~r. tm
j<*unc dom~sti~ue iadtg'éae.
ISIS DÉVOILÉE 255

meubles, y compris les divans sur lesquels nous étions


assis, s'ouvrir et se fermer les portes. Apercevant un hin-
dou qui puisait de l'eau dans un puits au jardin, il fit
une passe dans
direction, sa et la corde s'arrèta soudain
dans son mouvement de descente, résistant à tous les ef-
forts du jardinier abasourdi. Avec une autre passe, la corde
recommença a descendre.
« Je demandaia Chibh-Chundor « Employez-vous pour
.:g-ir sur les objets inanimés le même procédé que sur les
créatures vivantes '?
« II répondit « Je n'ai qu'un seul et unique procédé. »
« Quel est-il ?
« LA VOLONTÉ. L'homme, qui est la fin de toutes les for-
ces intellectuelles et matérielles, doit les dominer toutes.
Les Brahmanes ne connaissent rien autre que cela. »
« Sanang Sctxen », dit le Colonel Jule (Ser Marco Polo
!ohn.I, p.~0~07) « énumère toute une série d'actes mer-
\ci!loux qui sont accomplis au moyen du Dharani (charmes
mystiques des hindous), tels que planter une chevilla dans
une roche dure rappeler les morts a la vie changer un
cadavre en or
pénétrer partout, comme le fait l'air (sous
'-a forme astrale, bien entendu) voler saisir avec la main
h's animaux sauvages lire dans la pensée des gens; faire
.monter le courant a l'eau manger des tuiles s'asseoir
sur ses talons en l'air, etc. Les légendes anciennes attri-
buent: a Simon le
Magicien précisément les mêmes pouvoirs.
« II faisait marcher les statues il sautait dans le feu sans
~y brûlera il volait dans les airs; il transformait les pier-
res en pain il pouvait modifier sa propre forme il pré-
sentait deux
ligures a la fois il se métamorphosait en pi-
iicr il faisait s'ouvrir spontanément les portes clo.es il
faisait se mouvoir d'eux-mêmes les ustensiles de la mai-
son, etc. » Le Jésuite Delrio déplore que des princes cré-
dules, et jouissant d'ailleurs d'une réputation de pié!-é, per-
mettent que l'on exécute en leur présence des tours

-a6o/ tels par exemple, que faire bondir d'un bou-


de la table a l'autre des objets en fer, des gobelets en ar-
gent et autres articles pesants sans employer aucun aimant,
ni aucun autre procédé )) (l).Nous croyons que la force de
Djirio. D~CM-J~Jjtca, p. 34, 100.
256 ISIS DÉVOILÉE

la volonté est le plus puissant des aimants. L'existence


d'une pareille puissance magique chez certaines personnes
est démontrée, mais l'existence du diable est une fiction,

qu'aucune théologie ne saurait démontrer.


« Il y a certains hommes que les Tartares honorent par-
dessus tout dans le monde dit le moine Bicold, « ce sont
les Baxila, une sorte de prêtre des idoles. Ces hommes
sont originaires de l'Inde, et ils ont une
profonde sagesse
et une morale des plus graves à /<?~He//e ils ro/ï/b/v7ïc/ï/
leur conduite. Ils sont familiers avec les arts magiques.
exécutent nombre de choses qui font illusion, et
prédisent
les événements futurs. Par exemple, on dit qu'un des plus
éminents parmi eux s'élève et vole dans les airs mais la
vérité, telle qu'elle a été démontrée, c'est qu'il ne volait

pas, mais qu'il marchait près de la surface du sol, sans la


toucher r/ il paraissait y être assis sans ~'o/r <?~u/!

~)/)0/)our le soulenir (1). Ce


phénomène dernier
fut vu

par Ibn Batuta à Delhi, ajoute le colonel Jule, qui cite le


moine dans le Livre de J/crrro Polo, en présence du
Sultan Mahomet Tughiak; et il fut exhibé formellement a
Madras, dans le siècle actuel,par un Brahmane descendant,
sans doute, de ces Brahmanes qu'Apollonius vit marcher a
deux coudées du sol. Il est décrit aussipar l'honorable
Francis Valcntyn, comme une chose bien connue et prati.
quée de son temps dans l'Inde. On raconte, dit-il, qu'un
homme commence par s'asseoir sur trois perches placées en-
semble, de manière à former un trépied ensuite, l'on retire
de dessous lui une des perches, puis une deuxième, et enfin
la troisième, et l'homme ne tombe pas et reste encore assis
en l'air J'en ai parlé même avec deux amis, qui avaient
été témoins d'un fait de cette nature l'un d'eux n'en
croyant pas ses yeux, avait pris la peine de s'assurer avec
un long bâton s'il n'existait pas quelque soutien invisible
sur lequel l'homme aurait été posé mais, comme me le
dit ce gentleman, il ne put rien sentir ni voir de pareil. »
Nous avons rapporté ailleurs que la même chose avait eu
lieu, l'année dernière, devant le Prince de Galles et sa
suite.

1. Colonel Jule. Le livre de 3fjrco Polo, vol. 1, p. 308.


ISIS DÉVOILÉE 257

De tels faits ne sont rien


en comparaison de ce qu'accom-

les jongleurs de profession.« Faits qui pourraient être


plissent
considérés comme de simples inventions, dit l'auteur ci-des-
sus cité, s'ils n'étaient rapportés que par un seul auteur,
mais qui paraissent mériter une sérieuse attention, lorsqu'ils
sont racontés par toute une série d'écrivains assurément

indépendants les uns des autres, et écrivant à de longues


distances et à de longs intervalles. Notre premier témoin
est Ibn Batuta, et il est nécessaire de le citer en entier aussi
bien que les autres, afin de montrer jusqu'à quel point
)eurs témoignages concordent. Le voyageurarabe assistait
une grande représentation a la Cour du vice-roi de Khrausa.~
Ce même soir, un jongleur, un des esclaves du Khan fit
son apparition, et l'Emir lui dit « Viens, et montre-nous
de tes tours. » La-dessus, il prit une bille de
quelques-uns
bois percée de
plusieurs trous dans lesquels
passées étaient
de longues lanières, et tenant une de celles-ci, il lança la
bille dans les airs. Elle s'y éleva si haut que nous la per-
dîmes entièrement de vue. (Nous étions au milieu de la
cour du palais.) Il ne restait plus qu'un petit bout d une
des lanières dans la main de l'escamoteur, et il demanda
des garçons et y montât.l'assistait le prît
que l'un qui Le
garçon le lit et monta le long de la courroie si bien, qu'il
eut vite disparu à nos regards. Le magicien l'appela alors

par trois fois, mais n'en obtenant pas de réponse, il prît un


couteau, comme s'il eût été dans un violent accès de colère,

prit la lanière, et
disparut à son tour. L'un après l'autre~
il jeta à terre une des mains du jeune homme, puis un pied,
ensuite l'autre main, après cela l'autre pied, le tronc, et en-
fin la tête 1 Il redescendit alors lui-même, soufnant avec
effort, et les vêtements tout ensanglantés, il se prosterna et
baisa la terre en présence de l'Emir, en lui adressant quel-
ques mots en chinois. L'Emir lui donna un ordre en ré-

ponse et l'homme prit ~cs membres du gamin, les remit a


leur place, et frappant la terre du pied. voila que le gar-
çon se relève et se pi.mie droit devant nous Tout cela me

surprit outre mesure. eL j'eus des palpitations comme lors-

que le Sultan de l'Inde me (it voir quelque chose du même

genre. Mais l'on me donna un cordial qui me guérit et fit


cesser l'attaq ic. Le Kaji Afkharuddin qui se trouvait auprès
VOL.U t-7
258 ISIS DÉVOILÉE

de moi me dit à voix basse: « Allah, je crois qu'il n'y a eu


ni ascension, ni descente, ni mutilation, ni reboutage 1 Tout
cela, c'est un tour de passe-passe 1 »
Et qui doute que ce ne soit un tour de passe-passe, une
illusion, ou 3/<a, comme le nomment les Hindous? Mais
lorsqu'une pareille illusion est produite, pour ainsi dire,
chez plusieurs milliers d'individus en même temps, comme
nous l'avons vu, nous-même, durant une fête publique, cer-
tainement les moyens a l'aide desquels cette étonnante hal-
lucination est provoquée méritent l'attention de la Science'
Lorsque, par une magie pareille, un homme qui se tient
devant vous, dans une chambre, dont vous avez vous-même
fermé les portes et dont vous tenez les clés dans votre main,
disparaît touta coup, s'évanouit comme un éclair, et que
vous ne le voyez nul~e part, tout en entendant sa voix de
divers côtés de la chambre, vous adressant la parole et riant
de votre perplexité, assurément un tel art n'est pas indi-
gne de M. Huxley ni du D~ Carpcntier. Est-ce que cela ne
vaut pas la peine que l'on consacre a son étude autant de

temps qu'on en a mis a examiner un mystère de moindre

importance, la raison pour laquelle les coqs de ferme chan-


tent a minuit.
Ce que Ibn Batuta le Maure vit en Chine vers l'an 1348,
le colonel Yule nous apprend qu'Edouard Melton, voyageur
anglo-hollandais en fut témoin vers l'année 1670. « Un in-
dividu de la même bande de sorciers), dit Melton (1), prit
une petite pelote de corde, le bout et en gardant dans sa
main, il lança la pelote avec une telle force en l'air, que
l'autre extrémité fut bientôt hors de vue. Il grimpa alors le
long de la corde avec une indescriptible rapidité. J'étais
plein de surprise, ne concevant pas par où il avait disparu,
lorsque voilà une jambe qui tombe d'en haut. Un moment
après c'est le tour d'une main, etc. En résumé, tous les
membres du corps tombèrent successivement et furent mis
ensemble dans un panier par l'aide qui l'assistait. Le der-
nier fragment qui parut fut la tête, et à peine avait-elle tou-
ché la terre, que l'homme qui le servait et qui avait ramassé

1. Edward Metton. ~nye~ jE~/e~n. Zeldraame en Geden ~«a/Y7/<:


Zee en Land ~e~e~ etc., p. 468. Amsterdam, 1702.
ISIS DÉVOtLËE 259

les membres, les retourna sens dessus dessous, en renver-


sant le panier. Aussitôt, nous vimes de nos propres yeux
ces membres ramper l'un vers /'au~c, se rejoindre et, en
un mot, reconstruire un
complet, homme
qui put dès lors
se redresser et agir comme auparavant, sans paraître sentir le
moindre mal. Jamais, dans le cours de ma vie, je n'ai été
aussi étonné. et je ne doutais plus que ces hommes éga-
rés ne fissent ces choses avec le secours du diable.
Dans les mémoires de l'empereur Jehangire, les exerci-
ces de sept jongleurs ou sorciers du Bengale, qui travaillè-
rent devant lui, sont décrits en ces termes « Neuvième ils

présentèrent un homme dont ils détachèrent les membres


l'un après l'autre, en finissant par séparer la tête du tronc.
Ils éparpillèrent ces membres mutilés sur le sol et les y
laissèrent pendant quelque temps. Ils étendirent ensuite un

drap au-dessus d eux, et l'un des hommes s étant mis sous


le drap, en ressortit au bout de quelques minutes, suivi de
Fhommc que l'on avait cru
coupé en morceaux, en parfait
état de santé, et sans aucune avarie. W~ro/s~/ne. Ils
montèrent une chaîne de cinquante coudées de longueur, et,
en ma
présence, ils en lancèrent un des bouts vers le ciel
OM elle demeura comme fixée à quelque chose en l'air. Un
chien fut alors amené et placé au bas de la chaîne immé-
diatement il y grimpa, et, gagnant l'autre extrémité, il dis-

parut dans les airs. De la même façon, un porc, une pan-


thère, un lion tigreet un
furent successivement envoyés en
haut de la chaîne, et tous disparurent de même à l'extré-
mité supérieure. Enfin ils firent retomber la chaîne qu'ils re-
mirent dans le sac sans que personne ait pu découvrir de

quelle manière ces din'érents animaux avaient pu ainsi dis-


paraître mystérieusement en l'air comme nous l'avons rap-
porté (1).
Nous avons en notre possession une photographie repré-
sentant un
magicien persan avec un homme, ou plutôt les
divers membres de ce qui, une minute auparavant, était un
homme épars devant lui. Nous avons de ces jongleurs, et
nous avons été témoins de ces exercices plus d'une fois dans
divers endroits.

JtfëntOtres de l'empereur Jehangire, p. 9C-!02.


260 ISIS DÉVOILÉE

En ne perdant pas de vue que nous répudions toute idée


d'un miracle, et revenant a des phénomènes plus sérieux,
nous demanderons maintenant quelle objection logique l'on

peut faire contre la prétention que beaucoup de thaumatur-

ges aient réussi a réanimer des morts? Le fakir cité dans


l'article du Franco -1 merican, que nous venons de repro-
duire dans une note pourrait avoir poussé les choses jusqu'à
dire le pouvoir
que de la volonté
de l'homme est si énergi-

que qu'il a la faculté de réanimer le corps enapparence


mort, en rappelant l'âme envolée qui n'a pas encore rompu
le fil au moyen duquel la vie les unissait l'un a 1 autre. Des
douzaines de fakirs comme celui-là se sont laissés enterrer
vivants devant des milliers de témoins, et ont été ressus-
cités des semaines après. Si les fakirs ont le secret de ce

procédé artinciel.. Identique ou analogue à l'hibernation, pour-


quoi ne pas admettre que leurs ancêtres, les gymnosophes
et Apollonius de Tyane, qui avait étudié chez eux dans
l'Inde, et Jésus et d'autres prophètes et voyants qui tous en
savaient bien plus long sur les mystères de la vie et de la
mort que n'importe lequel de nos savants modernes, aient

pu ressusciter des hommes et des femmes morts ? Etant tout


à fait familiers avec cette puissance, ce mystérieux quelque
chose « que la science ne peut pas encore comprendre » ainsi
que le confesse le
professeur Le Conte. sachant en outre
d'où elle vient et où elle va. Elie, Jésus, Paul et Apollonius,
ascètes enthousiastes et initiés instruits, ont pu aisément
rappeler a la vie tout homme qui « n'était pas mort, mais
endormi », et cela sans aucune espèce de miracle.
Si les molécules du cadavre sont imprégnées des forces

physiques et chimiques de l'organisme vivant (1) qu'est-ce


qui peut les empêcher d'être de nouveau mises en mouve-
ment pourvu que Fon sache quelle est la nature de la force
vitale, et. qui doit lui commander? Le matérialiste ne fera
certes pas d'objection, car pour lui il n'est nullement ques-
tion de réinfctser une âme. Pour lui, l'âme n'existe pas, et
le corps humain doit être considéré, tout simplement, comme
une machine vitale, une locomotive qui partira lorsqu'on lui

!.J. Hu~ttc~ !;cnnct. 7'e.r<.Boo&o/'P/n/~c~o~ Lippincott's Americac


cdit.i..)n. p 37-jO.
ISIS DÉVOILÉE 261

appliquera de la chaleur et de la force, et qui s'arrêtera lors-

qu'elles lui seront retirées. Pour le théologien, le cas pré-


sente des difneultés plus grandes, car, a son point de vue,
la mort coupe tout net le lien qui unit l'âme et le corps, et
l'une ne peut pas plus retourner dans l'autre sans miracle,
que l'enfant déjà né ne peut être poussé a reprendre son
existence, à l'état de fœtus, après l'accouchement et la rup-
ture du cordon. Mais le philosophe Hermétiste se place en-
tre ces deux antagonistes irréconciliables, en /7ï~re de la
.<H~M. Il connaît la nature de l'Orne, cette forme compo-
sée de fluide nerveux et d'éther atmosphérique, et il sait
comment la force vitale peut être rendue a volonté active
ou passive, tant que quelque organe essentiel n'a
pas été
définitivement détruit. Les prétentions formulées par Gaffa-
rilus, qui, soit dit en passant, parurent si déraisonnables
en ICoO (1), ont été corroborées par la science. Il soute-
nait que chaque objet existant dans la nature, pourvu
qu'il no soit pas artificiel, lorsqu'il était brûlé, conser-
vait néanmoins sa forme dans les cendres dans lesquelles il
restait ainsi, jusqu'à s:t résurrection. Du Chesne. un chi-
miste éminent, s'assura du fait. Kirchcr, Digby et Vallemont
ont démontré que les formes des plantes pouvaient être res-
suscitées de leurs cendres. Dans une réunion de naturalis-
tes en a Stuttgart,
1834, une recette pour produire ces expé-
riences fut
trouvée dans un ouvrage d'Oetinger (~). Les
cendres des plantes brûlées, renfermées dans des flacons,

lorsqu on les chautÏe, présentent de nouveau leurs diverses


formes. « Un petit nuage obscur s'éleva graduellement dans
le flacon, prit une forme déHnie et offrit a nos yeux la fleur
ou la plante qui avaient donné les cendres. » « L'enveloppe
terrestre écrit Octinger, « reste dans la cornue, tandis

que l'essence volatile monte ro/f M~ esprit. parfaite de


forme, mais dépourvue et vide de substance (3) ».
Or, si la forme astrale, même d'une plante, survit encore
dans les cendres, lorsque le corps est mort, les sceptiques
persisteront-ils à dire que l'âme de l'homme, l'<?<yo intérieur,

1. Curiosités inouïes.
2. Pensées sur la M~M~ce et yenera~to~ des choses.
3. Crove..Y~/t side o/V~ure, p. 1U.
~1
~62 ISIS DÉVOILÉE

est, après la mort de la forme plus


grossière, dissoute en
même temps et qu'elle n'existe plus ? « A la mort, dit le

philosophe, un des corps s'échappe de l'autre, par o~/nose


et à travers le cerveau il est maintenu près de son an-
cienne enveloppe, par une double attraction, physique et

spirituelle, jusqu'à ce que cette dernière se décompose; et


si les conditions convenables sont remplies, l'âme peut se
réincarner et reprendre la vie suspendue. Elle 'le fait dans
le sommeil elle le fait encore plus complètement dans la

léthargie et enfin elle le fait d'une façon plus surprenante


encore au commandement, et avec le concours d'un adepte
de la
philosophie Hermétiste. Jamblique déclarait qu'une
personne bien douée de ce pouvoir de ressusciter était
« remplie de Dieu ». Tous les esprits subordonnés des sphè-
res supérieures sont a ses ordres, car il n'est plus un mor-
tel, mais bien un dieu lui-même. Dans son /)<7~ aux
Cor~A/e~.s, Paul remarque que « les esprits des prophè-
tes sont ~OH~ aux /)yop/!<~e.-?. »

Quelques personnes possèdent naturellement, et d'autres

acquièrent le pouvoir de séparer a volonté le corps intérieur


de l'extérieur, de lui faire faire de longs trajets, et de se
rendre visible a ceux qu'il visite. Nombreux sont les exem-

ples, attestés par d'Irrécusables témoins, du dédoublement


cle personnes, qui ont été vues, et qui ont conversé à des
centaines de milles de distance de l'endroit où l'on savait

qu'elles étaient. Hermotimp, si nous devons en croire Pline

et Plutarque (t) pouvait a volonté tomber en léthargie, et


alors la seconde âme se rendait selon sa volonté à un endroit

éloigné.
L'abbé Fretheim, le célèbre auteur de ~S/c~o~r<7/)~qui
vivait au xvn' siècle, pouvait entrer en conversation
avec ses amis, par la simple puissance de la volonté. « Je

puis faire connaître mes pensées aux initiés », écrivait-il,


« à une distance
plusieurs de
centaines de milles, sans
faire usage de la parole, ou de l'écriture, ni de chiffres, au

moyen d'un messager quelconque. Ce dernier ne peut pas


me trahir, car il ne sait rien. Si c'est nécessaire, je puis

1. Pline. //t.~or. A'aL VII, chap. 3~: et Plutarque.Discours concernant


le démon de Socrate, 22.
ISIS DÉVOILÉE 263

même me
passer de messager. Je pourrais faire parvenir
mes pensées aussi clairement et aussi fréquemment que je
voudrais à n'importe quel correspondant, fût-il enseveli dans
le cachot le plus profond, et cela de la façon la plus simple,
sans pratique superstitieuse et sans l'aide des esprits ~.Cor-
danus pouvait de même envoyer son esprit, ou un message
Lorsqu'il le faisait, il sentait « comme si une
quelconque.
porte était ouverte, par laquelle je passe immédiatement~,
dit-il. < laissant mon corps derrière moi » (1). Le cas d'un
haut fonctionnaire allemand, le conseiller Wesermann, est

rapporté dans un journal scientifique (2). Il prétendait pou-


voir faire rêver un ami ou une connaissance à tel ou tel

objet qu'il voulait, ou voir la personne qu'il désirait leur


faire voir. Ses prétentions furent prouvées exactes, et attes-
tées dans plusieurs circonstances par des sceptiques et des

personnes faisant profession d'érudition. Il pouvait aussi se


dédoubler, apparaître
partout où il lui convenait, et être vu

par plusieurs personnes à la fois. En murmurant à leurs


oreilles quelque sentence préparée et acceptée d'avance par
des incrédules, dans ce but, il prouvait d'une façon indis-
cutable sa faculté de dédoublement.
Suivant Xapier, Osbornc, le major Lawes. Quenouillet,
Nikiforovitch, un et grand nombre d'autres témoins, il est
démontré maintenant que les fakirs peuvent, à la suite d'un

long régime de préparation et de repos, amener leur corps


un état qui leur permet d'être enterrés a six pieds de

profondeur au-dessous du sol,laps de temps


pendant un
indéfini. Sir Claude Wadc présent à la cour
était Rundjit
SIngh, lorsque le fakir dont parle l'honorable capitaine Os-
borne, fut enterré vivant pendant six semaines, dans un cer-
cueil placé dans une cave a trois pieds au-dessous du niveau
du sol (~). Afin d'enlever toute chance d'erreur ou de su-

percherie, une garde composée de deux compagnies d'infan-


terie fut établie dans la maison et quatre sentinelles rele-
vées toutes les deux heures, et veillant nuit et jour, furent

placées à toutes les issues avec consigna d'empêcher d'y

De Res. Var. V.IM.I.VHI, c.43.P!ut,arque. Discours conccrfMr~ le


dpntoft de Socra<e, 22.
2. Nasse. Zeilschrift für Psychische ~ler~e. t320.
Osbornc. Camp and Cour~ o/Ru7td/t~ ~t~/t Brad. On Fm~cc.
264 ISIS DÉVOILÉE

entrer. < En ouvrant le cercueil » dit sir Claude, < nous vl-
mes une forme humaine enfermée dans un sac d'étoffe
blanche, retenue au-dessus par un lien..
de la
Le ser-
tête
viteur chargé de ce soin commença alors a répandre de
l'eau chaude sur le corps. Les jambes et les bras étaient
raccornis et raides, la face pleine, la tête inclinée sur l'épaule
comme celle d'un cadavre. J'appelai alors le médecin qui
m'assistait, et je le priai de venir examiner le corps, ce

qu'il fit, mais il ne put y découvrir de pulsations ni au cœur,


ni aux tempes, ni au poignet. Il y avait cependant une
cerlaine c/M/~Mr vers la région rcre&ra/e, que l'on ne re-
trouvait dans aucune autre partie du corps » (1).
Regrettant que les limites de cet ouvrage ne nous per-
mettent pas de citer tous les détails de cette intéressante
histoire, nous nous bornerons a ajouter
que le procédé de
résurrection comprend le bain chaud, les frictions, l'enlève-
ment des tampons de ouate et de cire des narines et des
oreilles, la friction des paupières avec du beurre clarifié, et
ce qui paraîtra plus étrange à bien des gens, l'application
d'un gâteau de froment chaud, d'un pouce d'épaisseur, sur
le sommet de la tête. Après que le gâteau eut été appliqué

pour la troisième fois, le corps eut des convulsions violen-


tes, les narines s'enflèrent, la respiration revint, les mem-
bres reprirent leur plénitude naturelle, mais les battements
du cœur étaler t encore faiblement perceptibles. « La langue
fut ointe de beurre les paupières se dilatèrent et reprirent
leur couleur normale, et le fakir reconnut les personnes
présentes et leur adressa la parole. » II est à remarquer que
non seulement les narines et les oreilles avaient été bou-
chées, mais que la langue repliée avait
en arrière, été de
façon à fermer le gosier, et a empêcher toute introduction
de l'air atmosphérique par une ouverture quelconque. Pen-
dant notre séjour dans l'Inde, un fakir nous dit que l'on

agissait de la sorte, non seulement afin d'empêcher l'action


de l'air sur les tissus organiques, mais encore pour garan-

1. H y a deux ans à peine,que nous eûmes une entrevue à Lahore avec


un des témoins oculaires de ce phénornéne, Brij-Lala, un vieillard respec-
table dans sa jeunesse au service de Rundjit Sin~. Il nous donna des dé-
tails qui Le se trouvent même pas dans le récit de sir Claude Wade. Note
de H.-P. B.
ISIS DÉVOILÉE 265

tir le sujet contre le dépôt de germes de décomposition, qui


dans les cas de suspension de la vie, amèneraient la décom-

position, exactement comme pour toute autre chair expo-


sée à l'air. Il y a aussi des localités où un fakir refuserait
de se laisser enterrer telles, par exemple, que beaucoup
d'endroits dans le sud de l'Inde, infectés de fourmis blan-
ches ces termites nuisibles sont considérés comme les plus
dangereux ennemis de l'homme et de ses biens. Ils sont si
voraces, qu'ils dévorent tout ce qu'ils rencontrent, sauf
peut-être les métaux. Quant au bois, il n'y a pas d'espèce
à travers laquelle ils ne se frayent un passage les briques
même et le mortier n'offrent qu'une faible résistance à leurs
armées formidables. Ils travailleront patiemment sur le
mortier le détruisant petit à petit, et un fakir, quelque
saint qu'il soit, et quelque solide que soit son cercueil tem-
poraire, ne laisserait exposer son corps à être dévoré, au
moment où devrait avoir lieu sa résurrection.
Dans tous les cas, voici un
exemple, un seul entre mille,
qui est attesté par le témoignage de deux nobles Anglais,
l'un d'eux ofHeicr, et par un prince hindou, qui était aussi
sceptique qu'eux. Il place la science dans une alternative
embarrassante entre les deux membres du dilemme il faut

révoquer en doute de nombreuses et irrécusables attesta-


tions, ou admettre que, si un fakir peut ressusciter au bout
de six semaines, tout autre fakir le peut également, et si
un fakir le peut, pourquoi pas un Lazare, un enfant de la
Sunamite, ou la fille de Jaïre (1) ?
Il ne sera peut-être pas hors de propos maintenant de
s'informer sur quelle certitude peut s'appuyer un médecin

quelconque, en dehors de l'évidence extérieure, pour affir-


mcr que le corps est réellement mort ? Les meilleures au-

1 M"" Catherine Crowe. dans son livre A'tr//t< side n/Ya<Hre. p. MS.
nous fournit tes détails d'un cas analogue d'enterrement d'un fakir, en
présence du gênerai Ventura, ainsi que du Vlaharajah etd'un grand nom-
bre de ses SirJars. L'agent politique à Loodhiana ctait<( présent lorsqu'on
le déterra dix: mois après qu'il eût été inhumé. Le cercueil ou caisse
coutenant le corps du fakir était enterré dans un endroit voûté, la terre
avait été jetée tout autour et dessus et ensemencée d'orge. et des fac-
tionnaires furent placés pour le garder. Malgré cela, le Maharajah était
si incrédule à ce sujet, qu'en dépit de ces précautions, par deux fois en
dix mois. il le fit retirer et examiner, et chaque fois, il fut trouvé exac-
tement dans le même état, que lorsqu'on l'avait enfermé.
:266 ISIS DEVOILEE

torités s'accordent qu'il a dire


n'y en a aucune.Le D'Todd
Thomson de Londres (t) dit, de la façon la plus positive, que
~l'immobilité du corps, et même son aspect cadavérique, le
froid de la surface, l'absence de la respiration et du pouls, le
renfoncement de l'orbite de l'ceil.ne sont pas des preuves non

équivoques de l'extinction totale de la vie ». Seule la dé-

composition complète constitue une preuve irréfutable que


la vie s'est enfuie pour toujours, et que le tabernacle est
vide. Démocrite amrmait qu il n'existait aucun si~nc cer-
tain de la mort réelle (2). Pline soutenait la même thèse (3).
Asclépiade, médecin instruit, et l'un des hommes les plu'-
distingués de son temps, soutenait que la certitude était
encore plus difficile dans le cas des femmes que des hom-
mes.
Todd Thomson, déjà cité. rapporte plusieurs cas de cette

suspension de la vie. Il mentionne, entre autres, un certain


Francis XpviIIc, normand, qui mourut en ap-
gentilhomme
parence a deux reprises et qui, par deux fois fut sur le

point d'être enterré. Mais, au moment de descendre la bière


dans la fosse, il se reprenait spontanément a vivre. Au
xvii'' siècle, Lady Russeli oifrit toutes Ic's apparences de la
mort, et l'on allait l'inhumer, mais pendant que la cLoche
annonçait ses funérailles, elle se mit sur son séant dans le
cercueil et s'écria « II est temps a l'Eg-lise Die-
d'aller
merbrœse fait mention d'un paysan, qui ne donna pas de
signes de vie pendant trois jours, mais qui, placé dans la
bière et arrivé près du tombeau, revint a la vie, et vécut

plusieurs années après cela. En 183<). un respectable ci-


toyen de Bruxelles tomba un dimanche matin dans une

profonde léthargie. Le lundi, comme ses serviteurs s'apprê-


taient a visser le couvercle du cercueil, le prétendu mort
se redressa, se frotta les yeux, et demanda son café et un
journal (4).
Ces cas de mort apparente sont fréquemment rapportés
dans la presse quotidienne. Au moment où nous écrivons
(avril 1S77), nous trouvons dans une lettre adressée au

t. Todd Appendice a la Science Occulte, vol. t.


2..4 Cormel-Cels. lib. II, cap. VI.
.3. /Y.-t<ur.. lih. VU. cap. j2.
4..t/orft<y//c/d. Juillet. 2L1&3~.
ÏSIS DÉVOILÉE 267

y~n<?.< de New-York, le paragraphe suivant < Miss Annie


Goodale, l'actrice, est morte il y a trois semaines. Juqu'a
hier, elle n'avait
pas encore été enterrée. Le corps est chaud
et souple, et les traits aussi doux et mobiles que pendant t
la vie. Plusieurs médecins l'ont examinée, et ont donné
l'ordre de veiller le corps jour et nuit. La pauvre dame est
évidemment en léthargie, mais il est impossible de dire si
elle reviendra à la vie. »
La Science considère l'homme comme une agrégation de
molécules unies temporairement par une force mystérieuse.
nommée principe de vie. Pour le matérialiste, la seule dif-
férence entre un corps vivant et un cadavre, estque dans
!c premier cas la force
est active, et dans le second elle est
latente. Lorsqu'elle est cntièremcnL éteinte ou tout à fait
latente. les molécules obéissent a une attraction supérieure,
qui les dissémine et les répand dans l'espace.
Cette dispersion doit être la mort, s'il est possible de con-
cevoir une chose telle que la mort dans laquelle les mo-
lécules même du corps mort manifestent une énergie vitale
intense. Si la mort n'est que l'arrêt de la machine a diges-
tion, et a
triturago pensées, des
comment peut-elle être
réelle et non pas re!ativc, avant que cette machine ne soit
complètement brisée, et ses particules totalement disper-
sées ? Tant que quelques-unes se maintiennent adhérentes,
la foret.' vitale centripète p<ut l'emporter sur l'action cen-

trifuge disp~rsivc. Eliphas Levi disait < Le changement


atteste le mouvement, et le mouvement seul révèle la vie.
Le cadavre ne se décomposerait pas s'il était mort toutes
les molécules qui le composent sont vivantes, et luttent
pour se séparer. Et vous ima~inex-vous que l'esprit se dé-

gage le premier de tout, pour cc~er d'exister ? Que la pen-


sée et l'amour peuvent mourir, lorsque les plus grossières
formes de la matière ne meurent pas ? Si le changement
devait être appelé mort, nous mourons et nous renaissons
tous les jours, car tous les jours nos formes subissent un

changement~).
Les cabalistes disent qu'un homme n'est pas mort lors-
que son corps est dans la tombe. La mort n'est jamais sou-

J. La ~cte7!ce~<'s~p/'t<
~68 ISIS DÉVOILÉE

daine car, suivant Hermès, rien dans la nature ne s'opéra

par transitions violentes. Tout a lieu graduellement, et de


même qu'il faut un développement lent et graduel pour pro-
duire un être humain, de même il faut du temps pour en-
lever toute vitalité a la charpente. « La mort n'est
pas plus
une tin absolue, que la naissance n'est un commencement
véritable. La naissance démontre la préexistence de l'être,
comme la mort en prouve l'immortalité », dit le même ca-
baliste français.
Tout en ajoutant implicitement foi a la résurrection de
la fille de Jaïre,le chef de laSvnagoguc, et aux autres mira-
cles de la Bible, des chrétiens éduqués, qui d'ailleurs se-
raient indignés de passer pour superstitieux, accueillent les
faits, comme celui d'Apollonius et de la jeune fille qu'il
rappela a la vie, nous
biographe,dit son une avec dédai-

gneuse
incrédulité.
Diogène Laérce, qui parle d une femme
rendue a la vie par Empédodo, n est pas traité avec plus de
respect, et pour les chrétiens, le nom d'un thaumaturge
païen est toujours synonyme- d imposteur. Nos savants sont
au moins d'un degré plus rationnels ils rangent, tous h s
prophètes, les aputres de I;. I~ibic et les t'aiseurs de mira-
cles païens en deux catégories de déments hallucinés, et.
d'habiles imposteurs.
~lais tant les chrétiens queh's matériali-ies pourraient,
sans grand effort, se montre:' tuyaux et logiques en même

temps. Pour opé:'or un parci! miracle, il leur suffirait de


consentir a comprendre ce qu ils lisent, et a le soumettre
sans parti pris a I:: critique ~c leur jugement. Vuyons jus-
qu'à quel point cela serait possible. Laissant de ccté l'in-

croyable tiction de Lazare, choisissons de~x cas celui de


la fille du chef de la Synagogue rappelée a ia vie par Jésus,
et celui de la mariée de Corinthe, ressuscitée par Apollo-
nius. Dans le premier cas. sans tenir compte de la parole
signiucativo de Jésu-l 7~7/f /7!<~ /7;~s c//e <~o/
le clergé force son dieu a violer lui-même ses propres lois.
et a accorder injustement a l'un. ce qu'il refuse a tous les
autres, sans autre objet en vue. que d'opérer un miracle inu-
tile. Dans le second cas, nonobstant les paroles
biogra- du

phe d'Apollonius, si claires et si précises, qu'il n'y a pas


le plus léger motif pour les méconnaître, en accuse Philos-
ISIS DÉVOILÉE 269

trate d'imposture préméditée. Or, qui pourrait être plus


honnête et qui moins accessible a l'imputation de mystifi-
cation que lui car, en donnant le récit de la résurrection
Je la jeune fille par le sage de Tyane, en présence d'un im-
mense concours de peuple, en biographe consciencieux il
dit « elle /)<7/~ss<ï~ être morte. »
En d'autres termes, il indique très clairement un cas de

suspension de la vie et il ajoute immédiatement, « comme


!:< pluie tombait très abondante sur la jeune fille », tandis

qu'on la transportait au bûcher, « son visage vers tourné


le ciel, cela aussi a pu contribuer à réveiller ses sens. (i).
Est-ce que cela ne démontre pas clairement que Philostrate
n'a pas constaté de miracle dans cette résurrection ? Cela

n'impliquc-t-il pas plutôt, si cela veut dire quelque chose,


le profond savoir et l'habileté d'Apollonius qui, de même

qu'Asdépiadc, avait le mérite de savoir distinguer d'un coup


d'œil la mort apparente de la mort réelle (2) ?
Une résurrection, après que l'âme et l'esprit se sont en-
tièrement séparés (lu corps, et que le dernier fil électrique
est tranché, est impossible que. pour un esprit une
fois désincarné, de s~ réincorporer sur
terre, cette
excepté
de la façon décrite dansles chapitres précédents. « Une feuille,
une fois tombée, ne se rattache plus d'elle-même a la bran-
che », dit Eiiphas Levi. « La chenille devient papillon, mais
le papillon ne retourne jamais a l'état de ver. La nature
ferme la porte derrière tout ce qui passe, et pousse la vie
en avant. Les formes passent, la pensée reste, et ne fait pas
revenir ce qui une fois a été anéanti (~). »
Pourquoi s'imagincrait-on qu'Asclépiadc etApollonius
jouissaient de facultés exceptionnelles pour discerner la mort
réelle ? Quelque école moderne de médecine a-t-elle cette
science a donner ses élèves ? Que leurs autorités répon-
dent pour elles. Ces prodiges de Jésus et d'Apollonius sont
si bien attestés, qu'ils paraissent authentiques. Que dans
l'un et l'autre cas, la vie fut ou non suspendue, il reste ce
fait important que le même pouvoir, qui leur était particu-
lier a tous les deux, permit a ces deux faiseurs de miracles

r~i .lo<?/t'o/ 7'< lib. IV, chap. XVI.


~a:L'rk sciencm ~Ic·cttllcs. vvl. II.
~.i S-tc/ic? '/c.s /)rt'
~0 !S!SDË\'OîLEE

de rappeler, constamment a la vie, des personnes en û/)/?~-


rence décédées (1).
Est-ce, parce que les médecins modernes n'ont pas encore
découvert le secret que les théurgistes possédaient évidem-
ment, que sa possibilité est contestée?

Négligée comme l'est maintenant la psychologie~ et dans


l'état étrangement catholique dans lequel se trouve la phy-

siologie, de l'aveu même de ses plus loyaux disciples, il


n'est certainement pas probable que nos savants soient en-
core prêts à redécouvrir la sagesse perdue des anciens. Dans

l'antiquité, alors que les prophètes n'étaient pas traités en


charlatans, ni les thaumaturges en imposteurs, il y avait des

collèges institués pour enseigner l'art de prophétiser, et les


sciences occultes en général. Samuel est représenté comme;
le chef d'une institution de ce genre a Ramah; Elisée <!c
même a Jéricho. Les écoles de /<7:M, prophètes ou voyants,
étaient célèbres dans toute la contrée. Hillel avait une aca-
démie régulière, et l'on sait. bien que Socrate envoya plu-
sieurs de ses disciples étudier le /?~r~/nf. L'étude <!c
la magie, ou sagesse, comprenait toutes les branches de la
science métaphysique aussi bien physique, la psycholo-
que
gie et la physiologie dans leurs phases communes et oecu!-
L's, t-t l'étude de l'alchimie était universelle, car c'était en
même temps une science physique et spirituelle. Pourquoi
donc douter ou s'étonner de ce que les anciens, qui étudiaient
la nature sous son double aspect, aient réalisé des décou-
vertes qui. pour nos physiciens modernes, qui n'en étudient

que la lettre morte, sont un livre fermé?


Ai'~sl. ~a question n'est-elle pas de savoir si un corps
~7ï0/ peut être ressuscité, car, l'affirmer serait admettre
!;< possibilité du miracle, ce qui est absurde, mais bien de
nous assurer si les autorités médicales ont la prétention de
détermine:' !c moment précis de la mort. Les cabalistes di-

I. ''r: r' :;ti!c !umn'.iL'- nos r:d~cins m~.iornc:-


?'):- f;'jc p<

'-t'-dns-c-t'c .nrs'.imah!~ bcnucounmou:- =


:cti~c. c.ir't:"u- nu:msa'f'r-'

dc rccit.dc r!r! h~rri~ies )'i:.hu:nnt.[~n.M"sGatheri:


sur'ftmcsuprc-

Crf.~c. l'j .Jt' .Hrc. d~ns le int.itu'c


A'</ rappc'ttf ehapi!.re

<0(das ll*1! '.). ci:1'I de: l'èS C: ml sciilenierit, et t'.a:l~


-tcc'e actuel. Parmi rux. c'~Iu: du I)' \alkcr de Du!)l!n, et d'un M. s.
'iont la b)'f-'n'rc fut accusée de )'avotr empoisr-nne, et qui, !orsqu":i
I'c\ami:~a. fut trouve ia face contre terre.
ISIS DÉVOILÉE 271

sent que la mort survient a l'instant où le corps astral ou


de vie et
l'esprit se séparent pour jamais du corps
principe
matériel. Le médecin scientifique, qui nie l'existence du

corps astral et de l'esprit, et qui n'admet pas l'existence


d'autre chose que du principe de vie, juge que la mort
arrive lorsque la vie paraît être éteinte. Lorsque les batte-
ments du cœur et
le jeu des poumons que la rigi- cessent,
dité de la mort se manifeste, et, surtout, lorsque la décom-
commence, ils affirment que le patient est mort.
position
Mais les annales de la médecine sont remplies d'exemples
de suspension de la vie, comme résultat de l'asphyxie par
immersion, inhalation de gaz, et autres causes; la vie étant

rappelée, dans le cas de personnes même


noyées, douze
heures âpres la mort apparente.
Dans les cas de catalepsie somnambulique, aucun des si-

gnes ordinaires de la mort ne font défaut la respiration et


le pouls sont éteints la chaleur animale a disparu; les mus-
cles sont rigides, les yeux voilés, et le corps décoloré. Dans
le cas célèbre du colonel Townshend, il se mit, de lui-même,
d.tns cet état en présence de trois médecins; au bout d'un
certain temps ceux-ci furent
persuadés qu'il était réelle-
ment mort, et allaient quitter I:< chambre, lorsqu'il revint
lentement ;'< la vie. Il décrit ce don particulier, en disant

qu'il pouvait mourir ou expirer quand il le voulait; puis par


un effort, ou f/c /7!'7~re 'yMe/<"o/ revenir a la vie.
Il v a quelques années, un remarquable cas de mort ap-
parente eut lieu a Moscou. La femme d'un riche marchand
tomba pendant dix-sept jours en catalepsie pendant les-

quels les autorités Hrent plusieurs démarches pour l'enter-


rer mais comme le corps n'entrait pas en décomposition. la
famille empêcha la cérémonie, et au bout de ce temps elle
revint a la vie.
Les
exemples ci-dessus cités prouvent que les hommes
les plus instruits dans la profession médicale sont
incapa-
bles d'avoir une certitude absolue qu'une personne esL
morte. Ce qu'ils nomment « suspension de la vie » est ceL
état duquel le patient peut sortir spontanément, par un ef-
fort de son propre esprit, et que des causes diverses peuvent
provoquer. Dans ces cas-la le corps astral n'a pas quitté le

corps physique ses fonctions extérieures sont tout simple-


272 ISIS DÉVOILÉE

ment le sujet est dans un état de torpeur, et


suspendues
son retour à la vie n'est que le rétablissement de l'état nor.
mal.
Mais dans le cas que les physiologistes appelleraient « la
mort réelle » et qui ne l'est pas réellement~ le corps astral
s'est retiré peut-être même la décomposition s'est-clle ma-
nifestée. Comment l'homme sera-t-il rappelé à la vie ? La
est le corps intérieur doit être contraint a rentrer
réponse
dans son enveloppe extérieure, et la vitalité réveillée dans
celle-ci. L'horloge s'est arrêtée il faut la remonter. Si la
mort est absolue si les
organes n'ont pas seulement cessé
de fonctionner, mais s'ils ont perdu la possibilité d'un re-
nouvellement d'action, dans ce cas, il faudrait précipiter
l'univers dans le cahos pour ressusciter le corps un mira-
cle serait nécessaire pour cela. Mais, ainsi que nous l'avons

dit, l'homme n'est pas mort lorsqu'il est froid, raide, sans

pulsation, sans respiration, et manifestant même des signes


de décomposition il n'est pas mort lorsqu'on l'enterre, ni
même âpres ccla,jusqua ce qu un certain point ait été at-
teint. Ce point, c'est /c /7~/7ïC/~ < /<~ ~<e~ ~r so/~
~(~c~ c~Jro~~os~ que s'ils c/<c'n/ /'t~J.~ ne

/M/<~< /f.~ /o/< /< /~r/s oc<'o~/M~Je.s

lorsque le grand ressort et les rouages de la machine sont,


pour ainsi dire, tellement rongés par la rouille, qu'ils se
casseraient au premier tour de clé. Tant. que ce point n'est pas
atteint, on peut, sans miracle, faire rentrer le corps astral dans
son tabernacle, soit par un etfort de sa propre volonté, soit
sous l'irrésistible impulsion de la volonté de celui qui con-
nait les forces de la nature et
le procédé a employer pour
les diriger. L'étincelle n'est pas éteinte, mais seulement la-
tente, de même que le feu dans le silex, ou la ch.deur dans
le fer refroidi.
Dans les cas de la plus profonde clairvoyance catalepti-
que, tels que ceux obtenus par le baron du Potet. et décrits
très minutieusement par feu le professeur ViHmm Gregory.
flans ses/.c/< (~ .l/z/~a/ J/<7C~/7!,l'cspri' est telle-
ment
dégagé du corps, qu'il lui serait Impossible d'y ren-
trer sans un effort de volonté du magnétiseur. Le
sujet est
artiitcieUcment mort, et s il était abandonné lui-même,
r'-sprit s'échapperait, pour toujours. Bien qu'indépendant de
ISIS DÉVOILÉE 273

l'enveloppe physique endormie, l'esprit, à demi auranchi, est t


encore lié a celle-ci
par un cordon magnétique, que les clair-
voyants décrivent comme ayant un aspect sombre et nébu'
leux, par contraste avec rincuable clarté de l'atmosphère
astrale dans laquelle plongent leurs regards. Plutarque ra-
contant l'histoire de Therpesius, qui tomba d'une grande
hauteur, et resta trois jours avec toutes les de
apparences
la mort nous tait connaître les sensations éprouvées par lui
dans cet état de mort partielle. « Thespesius dit-il. « re-
marqua alors qu'il était diiïerent des morts dont il était
environné. Ils étaient transparents et enveloppés d'un
rayonnement, mais il paraissait lui-même traincr avec lui
un rayon sofnbrc, ou une ligne d'ombre, qui leur faisait
défaut. Toute sa description, très circonstanciée dans les dé-
tails, paraît confirmée par les clairvoyants de toutes les épo-
ques, et, cil tant que ce genre de témoignage peut être
admis, cela a une cerlaine importance suivant l'interpréta-
tion donnée de leur doctrine par Eliphas Levi, dans la
Science ~.s ~.s/ les cabalistes prétendent que, lorsqu'un
homme tombe dans son dernier sommeil, il est plongé
d'abord dans une sorte de
rêve, avant de reprendre con-
science de l'autre coté de la vie. 11 voit alors, soit une vision
belle, soit un terrible
cauchemar, le paradis ou l'enfer, aux-
quels il croyait pendant son existence C'est pour
physique.
cela qu'il arrive souvent que l'âme etfrayée revient violem-
ment dans la vie terrestre qu'elle vient de quitter, et que
quelques-uns qui étaient réellement morts, c'est-à-dire qui,
s ils eussent été laissés tranquilles abandonnés a eux-mê-
mes ils auraient paisiblement passé pour toujours dans cet
état de léthargie inconsciente, s'ils eussent été enterrés pré-
maturément, se réveillaient a la vie dans le tombeau. »
A ce propos. le lecteur se rappellera peut-ètre le cas bien
connu du vieillard qui avait légué, par son testament,
quelques généreux dons a ses nièces orphelines; au moment
de samort, il avait confié ce document à son fils qui était
riche, en lui enjoignant d'exécuter ses volontés. Mais il y
avait à peine quelques heures qu'il avait rendu le dernier

soupir, que son Mis déchira le testament et le brûla. La vue


de cet acte impie rappela l'esprit encore errant dans la
chambre, et le vieillard, se dressant sur son lit de mort,
Y~L. I! i.~
-S
274 ISIS DÉVOILLE

une terrible malédiction contre le misérable saisi


prononça
d'horreur et retombant de nouveau sur sacouche, rendit
l'âme, cette fois toujours. Dion Boncicaut fait usage
pour
d'un incident de ce dans son puissant drame de
genre
Louis A/ et Charles Kean fit une profonde impression dans
le rôle du français, lorsque le mort ressuscite
monarque
pour un instant, et saisit la couronne, au moment où l'héritier

présomptif en approche.
Levi dit que la résurrection n'est pas impossible tant que
vital n'est pas détruit, et que l'esprit astral
l'organisme
est encore a portée. « La nature », dit-il, « ne fait rien par
soubresauts, par secousses, et la mort éternelle est toujours
précédée d'un état qui tient un peu de la uaturc de la lé-

thargie. C'est une torpeur qu'un puissant ou le magné- choc


tisme d'une volonté puissante sont capables de surmonter.
H explique de cette façon la résurrection du mort jeté sur
les ossements d'Elisée, en disant qu'a ce moment l'âme pla-
nait au-dessus du corps les personnes du cortège mor-

tuaire, d'âpres la tradition, furent attaquées par des bri-


gands et leur frayeur se communiquant par sympathie ;t
cette âme, elle fut saisie d'horreur a l'idée de voir ses restes

profanés, et <( elle rentra violemment dans son corps pour


le relever et le sauver ». Ceux qui croient a la survivance
de l'âme ne voient rien dans cet incident qui ait un carac-
tère surnaturel ce n'est qu'une manifestation parfaite de
la loi naturelle. Raconter a un matérialiste un fait pareil,
si bien prouvé soit-il, serait entreprendre une tâche inutile
le théologien regardant toujours au delà de la nature pour
y trouver une providence spéciale, le considère comme un
prodige. Eliphas Lévydit « On attribua cette résurrection
au contact des ossements d Elisée et le culte des reliques
date logiquement de cette époque. »
Balfour S~e\vart a raison en disant que les savants « ne
savent rien ou
presque rien de la composition ultime et des
propriétés de la matière organique ou inorganique
Nous sommes maintenant sur un terrain si solide que
nous pouvons faire un nouveau pas en avant. Z.~ /7~/7~'
<'0/<'C <?/ le /72t~C C/7!/)/C sur /c'.S /0/'<'e.<? 0~<*M/?.
~/7!/)/ la /'o/'oc r//a/c'/u~r/7~ au fakir de ~M~/<?r
~)ora~'t~< son corps et c~ rentrer, el a Jésus,
ISIS DÉVOILÉE 275

/l/)o~/< el Elisée de rappeler leurs ~ter5 sujels à la


~<?,)o;9~&/t' aux ~/ïc/e/ï.? ~o/)~<?~9 d'animer
les slatues, e~ de les faire agir el parler comme des créa-
/~A'c~ r~'T/ C'est cette même connaissance et ce même
pouvoir qui rendit possible à Paracelse la création de ses
Ao/7ïH/!CM~a Aaron de changer sa verge en serpent et en
branche fleurie a Moïse de couvrir l'Egypte de grenouil-
les et autres néaux et au théurgistc égyptien de nos jours de
vivifier sa mandragore possède
pygmée,qui la vie physique,
mais pas d'âme. Ce n'était
plus étonnant
pas pour Moïse,
dans des conditions convenables, d'appeler a la vie de grands
serpents et des insectes, que pour nos physiciens modernes
cle faire germer, dans les mêmes conditions favorables, de
plus petits auxquels ils donnent le nom de bactéries.
Et, maintenant, par rapport aux faiseurs de miracles et
aux prophètes de l'ancien temps, examinons les prétentions
des médiums modernes. Nous constatons qu'ils prétendent
reproduire aujourd'hui presque toutes les formes de phéno-
mènes rapportées dans les histoires sacrées et profanes
du monde. Choisissons dans le nombre des soi-disant mer-
veilles. la lévitation de lourds objets inanimés, ainsi que
les corps humains, nous fixerons notre attention sur les
conditions dans lesquelles le phénomène se manifeste. L'his-
toire cite les noms de théurgistes païens, de saints dire-
tiens, de fakirs hindous et de médiums spirites, qui ont été
ainsi enlevés, et qui restaient suspendus en l'air, souvent
pendant un temps considérable. Le phénomène n'a pas été
limité à une contrée ou à une époque, mais presque inva-
riablement les sujets ont été des extatiques religieux, des
adeptes de la magie ou, comme aujourd'hui, des médiums

spirites.
Nous considérons que ce fait est si bien établi qu'il n'est
nas besoin maintenant d'un s~rand effort de notre part, pour
prouver que les manifestations inconscientes de la puis-
sance des esprits, de même que les exploits conscients de
haute magie ont eu lieu dans tous les pays. dans tous les

temps, et par des hiérophantes aussi bien que par des


médiums irresponsables. Lorsque la civilisation européenne
actuelle était encore a l'état d'embryon, la philosophie
occulte déjà blanchie par l'âge spéculait sur les attributs
276 ISIS DÉVOILÉE

de l'homme, par analogie avec ceux du Créateur. Plus tard,


des individus, dont les noms resteront à jamais immortels
inscrits sur
le portique de Fhistoire spirituelle de l'huma-

nité, ont fourni dans leur personne des exemples de l'éten-


due possible du développement des pouvoirs presque divins
du microcosme. Le Professeur A. Wilder décrivant les
Z)oc/r~~c~)r~z/)OM:r ~ï~res de /'E'co/e<f.4/e.ra~-
drie, dit « Plotin enseignait qu'il existe dans l'âme une

impulsion de
recour, un amour
qui l'attire intérieurement.
vers son origine et son centre, le Dieu éternel. Tandis que
la personne qui ne comprend pas comment Famé contient
le beau en elle, cherchera par de laborieux efforts a recon-
naître la beauté au dehors, l'homme sage la reconnaît en
lui-même, en développe ridée en se retirant en lui-même,
en v concentrant son attention, et en s'élançant ainsi vers
les sphères supérieures jusqu'à la source divine, qui coule
au-dedans de lui. Ce pas n'est
par la raison que l'on

acquiert la connaissance de l'infini, mais au moyen d'une


faculté supérieure a la raison, en entrant dans un état où
l'individu ce~se. pour ainsi dire, d'être fini, et où la divine
essence lui est transmise. C'est l'état d'EXTASE.
Le Professeur fait la belle remarque suivante, au sujet
d'Apollonius qu'en raison de sa vie sobre il affirmait qu'il
pouvait voir « le présent et l'avenir dans un miroir sans
tain ». :< C'est ce que l'on pourrait appeler la /~o/o/yr~-
/)A~ spirituelle. L'âme est la chambre noire, danslaquelle
les faits et les événements futurs, passés et présents, sont
nxés de la même manière et l'esprit en a conscience. Au
delà de notre monde journalier limité par le temps, tout est
un jour ou un état, le passé et l'avenir sont compris dans
le présent (!).
Ces hommes pareils à Dieu étaient-ils des « médiums ».
comme les
spirites orthodoxes voudraient le faire croire? '?
Nullement, si par cette expression nous entendons ces sen-
sitifs maladifs, qui naissent avec une organisation particu-
lière, et qui, à mesure que leurs aptitudes se développent,
deviennent de plus en plus sujets à l'irrésistible influence

1. A. \VHder..Yeo-p'a<0ftt'sm a~J .4~c/tem~


ISIS DÉVOILÉE 277

des esprits de diverses espèces purement humains, élémen-


taires ou élémentaux. Cela est incontestable, si nous envi-

sageons chaque individu comme un médium, dans l'atmo-

sphère magnétique duquel les habitants des sphères invisibles

plus élevées peuvent se mouvoir, agir et viv re Dans ce


sens, tous sont des médiums. La médiumnité peut être ou
1" développée par elle-même 2' déterminée par des in-
fluences étrangères ou 3° conservée à Fêtât latent pendant
toute la vie. Le /cc~cM/' <~o/~ yc/ de c/c/o/ï
compte
du ferme, car, à moins de le co/7!/)re/!c~re c/a~< la

cu~M~~o/ï sera //ïJ~f2~/ë. La médiumnité de ce genre peut


être active ou passive, répulsive ou réceptive, positive ou

négative. La médiumnité se mesure par la qualité de F~ya


dont chaque individu est environné. Elle peut être dense,
brumeuse, malfaisante, méphitique, nauséabonde pour l'es-
prit pur, et n'attirer que ces êtres
incomplets qui s'y plai-
sent, comme l'anguille dans les eaux vaseuses, ou bien elle

peut être pure, cristalline, limpide et aux teintes opalines


comme l'aurore. Tout dépend du caractère moral du mé-
dium.
Autour d'hommes tels qu'Apollonius, Jambliquc, Plotin
et Porphyre, se condensait ce nimbe céleste. Il était engen-
dré par la puissance de leurs propres âmes en union étroite
avec leurs esprits, et par la surhumaine moralité et sainteté
de leur vie, et il était aidé par une fréquente contempla-
tion extatique intérieure. Les influences pures et spiri-
tuelles pouvaient agir sur des hommes aussi saints. En
faisant rayonner autour d'eux une atmosphère divine et
bienfaisante, ils mettent en fuite les mauvais esprits. Non
seulement, il e-t impossible a ces derniers d'exister dans
leur aura, mais ils ne peuvent pas même rester dans celles
des personnes obsédées, si le thaumaturge exerce sa volonté
ou même s'approche d'elles. Cela, c'est la MÉDIATION,
et non pas la médiumnité. De telles personnes sont des

temples dans lesquels réside l'esprit de leur Dieu vivant


mais si le temple est souillé par l'admission d'une passion
mauvaise, d'une pensée ou d'un désir, le médiateur retombe
dans la sphère de la sorcellerie. La porte est
ouverte les
esprits purs se retirent, et les mauvais y font irruption.
C'est encore de la médiation, bien mauvaise le sorcier,
que
278 ISIS DÉYOtLÉE

sa
de même que le magicien pur, façonne propre aura, et
soumet à sa volonté les esprits inférieurs qui lui sont sym-
pathiques.
Mais la médiumnité, telle qu'elle est comprise et se ma-
nifeste de nos jours est chose fort différente. Les circons-
tances indépendantes de sa propre volonté peuvent, soit au
moment de la naissance, soit plus tard, modifier l'aura
d'une personne, de façon a donner lieu à des manifestations
étranges, physiques mentales, ou
diaboliques ou angéli-
ques. Ce genre de médiumnité, de même que la médiation
dont nous venons de parler, a existé sur terre depuis l'ap-
parition du premier homme. Celle-là est la soumission de
la chair faible et mortelle a l'empire et aux suggestions
d'esprits et d'inteHigences autres que le génie immortel de
la personne. C est littéralement l'obsession et la jD~e~-
sion et les médiums qui se vantent d'être les esclaves
fidèles de leurs « guides et qui repoussent avec indigna-
tion l'idée de diriger et de contrôler les manifestations, ne
peuvent pas contester le fait sans manquer de logique.
Cette médiumnité est
symbolisée dans l'histoire d'Eve suc-
combant aux raisonnements du serpent, dans celle de Pan-
dore regardant dans la boîte interdite, et en laissant échap-
per dans le monde le chagrin et le mal et enfin dans celle
de Marie-Madeleine qui, après avoir été obsédée par sept
diables, fut finalement rachetée par la lutte victorieuse de
son esprit immortel touché par la présence d'un médiateur
sacré. contre l'obsesseur. Cette médiumnité, bienfaisante
ou malfaisante, est toujours passive. Heureux sont ceux
qui, purs de cœur, repoussent inconsciemment les sombres
esprits du mal grâce à cette pureté de leur nature inté-
rieure. Car ils n'ont aucune autre arme pour se défendre,
sinon, cette bonté et cette pureté innées chez eux. La mé-
diumnité, telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui, est un don
bien moins désirable encore que la robe de X~.ssus.
« On connaît l'arbre a ses fruits. » Côte a -jôte avec les
médiums passifs apparaissent, dans l'histoire c*u monde, les
médiateurs actifs. Faute d'une meilleure nous les désignons
par cette qualification. Les anciens sorciers et enchanteurs,
et ceux qui avaient un « esprit familier » faisaient généra-
lement commerce de leur faculté et la femme fétiche
IS!S DÉVOILÉE ~79

d'En-d'Or si bien dépeinte par Henry More, quoiqu'elle


puisse avoir tué son veau pour Saül, n'en accepta pas
moins un salaire de ses visiteurs. Dans l'Inde, les jon-
gleurs qui, soJt dit en passant, le sont moins que beaucoup
de médiums modernes, et les T~aoMO ou sorciers et char-
meurs de serpents d'Asie et d'Afrique, tous exercent leurs
talents pour de Fardent. Il n'en est pas ainsi des média-
teurs ou des hiérophantes. Le Bouddha était mendiant, et
refusa le trône de son
père. Le « fils de l'homme n'avait

pas un lieu où reposer sa tête les apôtres choisis


n'avaient « ni or, ni argent, ni monnaie de billon dans
leurs bourses ». Apollonius donna la moitié de sa fortune
a ses parents, et l'autre moitié aux pauvres Jamblique et
Plotin étaient renommés pour leur charité et leur abnéga-
tion les fakirs ou mendiants sacrés de l'Inde sont Gdèle-
ment dépeints par Jacolliot, les Esséniens Pythagoriciens et
les Thérapeutes croyaient souiller leurs mains par le contact
de l'argent. Lorsqu'on offrit de l'argent aux apôtres pour
qu'ils communiquassent leurs pouvoirs spirituels, Pierre,
malgré que la Bible le représente comme un lâche, trois fois

renégat, repoussa néanmoins avec indignation cette offre


en disant « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu
as pensé que les dons de Dieu pouvaient s'acquérir avec
de l'or. » Ces hommes étaient les méditateu.'s, guidés sim-

plement par leur esprit personnel, ou âme divine, et se


servant du concours des esprits seulement jusqu'n la limite
où ceux-ci restaient dans le bon chemin.
Loin de nous la pensée de flétrir les médiums a phéno-
mènes physiques. Harcelés par desinteHigences diver-
ses, subjugués par l'influence prédominante des esprits, à

laquelle leurs natures faibles et nerveuses sont incapables


de résister à un état morbide, qui finit par devenir chroni-

que, ils sont empêchés par ces influences, d'entreprendre


d'autres occupations. Ils deviennent mentalement et physi-

quement impropres à autre chose. Qui pourrait les juger


sévèrement, lorsque poussés à la dernière extrémité, ils sont

obligés d'accepter la médiumnité comme un métier? Et Dieu


sait, ainsi que de récents événements l'ont trop bien démon-
tré, si cette profession est de nature à être enviée par qui
que ce soit Ce ne sont pas les véritables médiums loyaux
~sn ÏStS DÉVOILÉ):

et honnêtes que nous ayons jamais blâmes, mais bien leurs

patrons. les spirites.


Sotlicité d'assister aux cérémonies publiques du culte des
dieux, PIotin repondit nercment « C'est a eux (aux es-

prits) a venir a moi.


» Jaml)!i(}ue affirmait et prouvait par
son propre exemple que notre âme peut s élever a la com-
munion ;'vec les intelligences les plus hautes, avec « les
natures plus élevées que la sienne )>.et il écartait soigneu-
sement (ie ses cérémonies theur~iques (!) tout esprit infé-
rieur, ou mauvais ~enie. qu'i! apprenait a ses disciples a
reconnaître. Proclus. qui « élabora la theosophie entière et
la tlieur~ic de ses prédécesseurs en un système com-

plet » (~). suivant le professeur Wilder, « croyait avec

Jamblique a la possibilité d'.dteindrc a une puissance divine

qui. triomphant d" la vie mondaine, faisait de 1 indtvidu un


or~an'deladivinite. ~Ilen~'i~nait mrni; <}u'il yavait«un
mot de p.e~se mvsttfmc qui trat~sporterait une personne
d'un ordre d'êtres spirituels un autre, de plus (.'n plus

haut. jusqu'à atteindre l'absolu d:vin ApoUonius mépri-


sait 1( s scr(iers et les vulgaires dis.'urs de Donne aventure,
et dec!.trait <~u'' c'était son ~enre partiemict' de vie régu-
lière et sobre qui produirait cette acuitr des sens ut créait
les.tutres f.tculte- de s<~rte que l'on pt'uv.nt ainsi pn~duire
les choses I.-s plus grandes et les p!u~ !'e!n:)rt'uab]cs. Jésus

proclamait l'homme /<' s<y~r/ < .<< e! son ordre


les esprits élémentaires et terrestres fuvaient de teur séjour
temporaire; puissance qui était partagée par AppoIIonius,
et par nombre de membres de la Contrer.e des Essenicns
de la Judée et du Mont Carmel.
I! a du y avoir incontestablement de bonnes raisons pour-
quoi les anciens pcrsecut.'it'nt les médiums qui n avaient
/M/ ~<' r<<< Sans cela. pourquoi du temps de Moïse, de
David et de Samuel, aurait-on encourage le don de pro-
phétie et de divination. l'astrologie et l'arl de prédire
l'avenir, entretenu des écoles et collèges dans lesquels ces
dons naturels étaient fortinés et développés, tandis que les
sorcières et ceux qui faisaient de la divination par l'esprit
d'~ étaient mis à mort ? Même au temps du Christ, les

t..t.im'iq:.j fut t fondateur de la théur~ie X'o-ptatinict< nn'


2. .jir le .~Af<c/! ~y~/ts ~cc/ec/tc P/it/o;<op/ o/Ae .t~ejr.indrt~n~c/!oo/.
ISIS DKVOtLÉE 281

pauvres médiums opprimes étaient chassés vers les tombeaux


et les endroits déserts, hors des murs de la ville. Pourquoi
cette grossière injustice en apparence? Pourquoi le bannis-
sement. la persécution et 1.) mort auraient-ils été le partage
des médiums physiques de ces temps-la, tandis que des
communautés entières de thaumaturges, tels que !es Essé-
niens. étaient non seulement tolérées mais révérées? Cest

parce que, bien différents de nous. les anciens pouvaient


éprouver les
esprits, et discerner la dUTérence qu'il Y avait
entre les bons et le~ mauvais, les humains et les élémcn-
t.'ux. Ils savaient au~s: eue le commerce mal ré~I'' des es-

prit~ était une cause de ruine morale pour les individus,


et de desastres pour la Société.
Cette manière de voir au sujet de la mediumnité est peut-
're nouvelle et même pour un ~r:md nom-
antipathique
h: de spirites mais c'est 1 opinion en'-ei~née dans
pourtant
l'ancienne philosophie, et démontrée de temps immémorial

par l'expérience du ~'enre humain.


C'est une erreur de dire qu'un
médium a des
~o//r0f/'s
développes; un médium passif n'a pas de pouvoirs. Il réu-
nit certaines conditions morales et physiques qui produi-
sent des émanations ou une aura, dans laquelle les intelli-

gences qui !e ~uide')t et le dominent peuvent vivre, et au


mov.'n df htquclh' e!!es peuvent se manifester. Il est tout

amplement le véhicule ~r;ce auquel clies exercent leur

pouvoir. Cette atmosphère varie tous les jours et, même,


d'après les expériences de M. Crookes, d'une heure a l'au-
f"e. C'est un effet extérieur résultant de causes internes.
1/etat moral du mrdium d<'tcr!nine le ~~nre d'' sprits (~ui
a.-courent :'< lui et ces esprits influencent réciproquement
médium au point de vue intellectuel, moral et physique.
La perfection de sa mediumnité est en raison directe de sa
et le danger Lors-
passivité, qu il court est au memede~re.
que Ip médium est complètement développe, parfaitement
passif, son propre esprit astral peut être engourdi et même
pousse hors du e~-t alors
corps occupe par un esprit
qui
elemcntal, ou ce (mi est pire, par un monstre humain de
la huitième s'en sert comme de son propre
sphère, qui
corps. Trop souvent, hélas, la cause des crimes les plus cé-
lèbres doit être cherchée dans ce genre de possession.
2.S2 !S DÉVOtLEH

La mediumnitc dépendant de la passivité', son


pbvsique
antidote est tout indiqua /c ~!r<7! </o/7 rt's< <<<'

~< Les esprits ne dominent jamais les personnes d'un


caractère positif, déterminées a résister a toute ir.uuencc

étrangère. Ils entraînent au vice les faibles d'esprit ou de

c<eur. dont ils peuvent faire leur victime. Si ces esprits e!c-
mentaux et ces diables désincarnés nommes esprits élé-

mentaires, faiseurs de miracles, étaient véritablement des

an~es gardiens, comme on a voulu !e faire croire


pendant.
ces trente dernières années. n'ont-iis pas donne
pourquoi
pour le moins a leurs i!de!es médiums utie bonne santé et
h' bonheur Pourquoi !cs abandonnent-Ds au
domestique?
moment Jeplus critique de! épreuve, lorsqu'ils se trouvent.
"eus le coup d'une accusation de fraude' t! est de notoriété

publique les meilleurs médiums physiques sont ou ma-


oue
ladifs. ou queh{uefois. ce qui est pis encore. portes <{uel-
<[uev)ce anormal ou autre. Pourquoi ces guides guérisseurs
<;ui font jouer leurs médiums ie r'te ()" the-'apeutes
et de

thaumaturges a l'égard des autres, ne leur !ont-Hs pas don


d'une vigueur r.'buste'? L.es anciens tl~aum.'tur~es
puvrique
et. les apôtres, et. ~e'i''ra!. ~inon invariable'nen'. 'ouiss.tient
d'une bonne santé; leur magnétisme jamais au
n'apportait
malade une tacite mor.de ou p))\ sique <!ue!conq'ae "t ~nais
')" ne turent accises de inculpation qu'un
vamptnsme,
tournai spirite form'ue très justement a l'e~'ard de quelqu'~s
médiums guérisseurs (!).
Si nous !a loi ci dessus de !a mcdiumnite et
appliquons
<ie )a médiation a) a question de !a lévitation, avec !a<}ueHe
nous avons ouvert notre présente discussion, que trouve-
rons-nous ? Voici un médium et un su;et appartenant a la
classe des médiateurs en!cves en l'air, !e premier dans une
séance, le second pendant une prière, ou dans une contem-

plation extatique. Le médium étant passif doit c/c <c;

l'extatique étant actif doit s~enlever lui-même. Le premier


est ses familiers, soient et où
'eve par esprits quels qu'ils
ils se trouvent, et le dernier la de sa vo)onté,
par puissance
et des de son âme. Peut-on les qualitier tous
aspirations
deux indistinctement, du nom de ~<ï.< '?

1. Y-ir .Mpr~'n~t .i~F Da' Ju juillet 18*'). ~S.


!S!S DÉVOtLHE 283

On
pourrait néanmoins nous
objecter que les mômes phé-
nomènes sont. produits en présence d'un médium moderne,
(pt'cn celle d'un saint de l'antitp~te. Sans doute et il en
e!ait ainsi du temps de ~foïse car nous que le
crevons

prétendu triomphe de ce dernier sur les ma~icf ~s de Pha-


raon, proclame dans l'</c, est tout simplement une
fanfaronnade nationale de la part du « peuple élu )). Le
plus probable, c'est que le pouvoir qui produisit les phéno-
mènes de ~~ïse produisit également ceux dos magiciens
qui, d'ailleurs, avaient été les premiers maîtres du législa-
teur II'hreu. et lui avaient enseigne leur sa~sse. Mais
même epcque. cette
t'en parait avoir bien apprécie la dif-
férence entre des phénomènes en apparence identiques. La
divinité tutc!a:re nationale des Hébreux (qui /ï~s/ /)</s le
l~ere. le Trrs-Haut (!). défend formellement dans le /)o~-
/<o/?~?<' (eha;). XVIII) a son peuple, d'apprendre ;( pt'ati-

.juer !e'- abf')inati"n~ des autres nations. de passer dans


/'< ou de itire usa~e de la ~r/< d'étudier 1' .s-
trolo~ie. ou l'art des enelianteurs. des sorcières, de ceux

qui eonsu!!e'~t, <L's c.7s /?~ ou des necromans.


Quel!e <!in\'r née avait-il donc entre tous les phénomè-
nes que nou~ venons d'enumercr. produits par «. !<. s autres
na'ions et c mêmes phénomènes accomplis par les pro-
plirtes ? l'~vl~emment on en faisait une, et elle était basée
~ur q::elq'te !nne raison et nous la trouvons dans la /c-
/7!/r/'e A/ sai'it Jean
(IV) qui dit « Ne croyez pas
tous
esprits, les
mais eprouve/'Ies pour savoir s'ils vien-
nent de Dieu. parce que h 'aucoup de faux prophètes se sont
introduits dans le monde. »

U)ns ]<* -.c:ti v~'um~. n')u-< cinir'-m~n' ~u~ t'A'ien


p"~)i\-t'))s

T. st ''n":[.t'.ut. :n<- 'tt .)')!:) cu!t.<' rt-n.in .'< d'mt dieu par !es T-.rac-
pt~s

..t~'s. ShfJ; \r.))))rn .'t. (ic J.~c" ri.iit. p.!S it.- .fc~vah de M
.u! )-' ~o-rnc'ir ft! -'t .Tt<~r ~.ir Jttif-. nc'T! 'rt. f~uat'nt.t~ nns '!n:)<.
tes. :;(.[<' 'heu ). .n)c.(i'm~< n\t. -t-. si ncus .j<-v"ns cr. croire
:c~ nr.~[r-· p:J: Itiau ~l'a'j;!I1". la c!i\nil.: !n ~in:li, car \Li:1 cc
.:u'* n t- v ~s x !t.ii'. et. 'c m/-pri-:e \sft!cnnttcs. v~s "ff'r.itdes
de vin': ics. ci j.- e voux p-'int t~s nccc~t 'r. M'nvey-vr.n'- ~tTcrt des

<.<nr;
~~WIt:~I~W ~Irt:lf·l't)llst~.Tl'P:.7r.lWl're%l'i:lh['rh:IC~I'nC'1't)IrP"m(nC~l
\t;t/sr<)t/f/=.T./)')r/e /hcrf!c'/f'/c t'rp.e'f)/oc/t

< C/N'ftn S;t!nrn'' v~'s ima~fs. )'ctr)i;c d v'c dieu. ~mc v"ns v.~)-. ctfs
fait 'Io"')\I.mt'm. et,"t pnll~r¡lIr)i .:e ,'O!J, f,:r;¡Î réduirv l'n (';¡, tiviti dit
:t.'nc--t.!c D~cu ijsAr.nccs. t 'Am' V. 2)-~7.~
'.eSc.tjnrd<:i~.c
28 ISIS DÉVOILÉE

L'unique régulateur a la portée des spirites et des mé-


diums de notre temps pour éprouver les esprits consiste
a les ju~er: 1° suivant leurs actes et leurs discours ;~° par
leur promptitude a se manifester et par l'objet en vue,
s'il est di~ne ou non de l'apparition d'un esprit desincarné,
ou s'il est de nature celui, a quel excuser
qu'il soit, qui
vient ainsi déranger les morts. Saùl était sur le point de

périr, lui et ses enfants, et cependant Samuel lui demande


« Pourquoi m'as-tu /r en me faisant monter (1) ? »
Mais les intelligences qui visitent les salles de séances
accourent au premier si~na) du premier farceur venu, qui
cherche un passe-temps pour son oisiveté.
Dans le numéro du 14 juillet 1877 du /<o/!f/ .S/)/r/-
//M/ nous trouvons un lon~ article dans lequel l'auteur
cherche a prouver que « les merveilleux prodiges du temps
présent, qui appartiennent au soi-disant spiritisme moderne,
sont identiques, comme caractère, aux expériences des
patriarches et des upôtrcs de l'antiquité
Nous nous vovons forcés <!c contredire de but en blanc
une pareille assertion. Ils ne sont Identiques qu'en ce qu ils
sont le produit des mêmes forces des puissances occultes
de la nature. Mais quoique ces
pouvoirs et ces forces puis-
sent être et sont certainement toutes diri~'ét-s p.'r des intcl-
h~'nces invisibh-s,
ces dernières diticrent encore plus entre
elles, comme essence, caractère, et tendances, que le g'enre
humain lui-même, composé, tel qu'il est aujourd'hui, de
blancs, de notrs, de bruns, de peaux routes et d'hommes
~aunes, et comptant des saints et des criminels, d~s génies
et des idiots. L'auteur peut, par-exemple, recourir aux ser-
vices d'un oran~-ojtan~ apprivoisé ou d'un insutaire delà
Mer du Sud mais le seul fait d'avoir un scrvi~'u:' ne rend
pas ce dernier identique a Aristotc ou a Alexandre. L'au-
teur compare E/échiel enlevé dans les airs et porté a la
porte oneatalc de la mdsou d~ Seigneur avec les enlève-
ments de certains médium", et les trois jeunes Hébreux
dans la fournaise ardente avec les médiums a l'épreuve du

t. G'' mut, ~no~/er dit. par t'cspr.t..J'u'i prophète, dont le séjour devait,
certainement être dans le ciel et. q'ii. par conséquent, aurait du dire c/p.<
c'Ttdrf, est très ".t~ tiiicat.if en iut-'nemc. pour un chrctten qui place le
paradtS et I'c:;fcr aux Jeux point:- o~~u~es.
JStS DÉVO!LÉË 285

feu « la lumière esprit » du roi Jean est assimilée a « la


lampe allumée et enfin.
d'Abraham après de nombreu-
ses comparaisons analogues, le cas des frères Davenport
relâchés de la prison d'0s\vego est compare a celui de saint
Pierre, délivre de sa prison par « l'Ange du Seigneur
Or, a l'exception de l'histoire de Saùl et de Samuel, on
ne rencontre dans la Bible aucun exemple <<o~o~ des
morts. Quant a ce qui est (le- la légalité de cette opération,
elle est contredite par chaque prophète et Saùl lui-même
l'avait interdite avant d'v recourir. Moïse rend un décret
contre ceux qui évoquent les esprits des morts, les nécro-
manciens. XuIIc part dans l'Ancien Testament, ni dans
Homère, ni dans Virgile, la communion avec les morts
n'est qualifiée autrement que de nécromancie. PInlon le
Juif fait dire a Saùl que s'il bannit du territoire tout devin
et n'crom;'n, son nom lui survivra. Le .S<n<ï ~'c< est
déclare impur par le législateur hindou Manon, seulement
parc'e qu'i! y enseigne l'évocation des morts, des ~/?o~/<<!
Cne des grandes raisons pour cette manière de voir était
la doctrine des anciens, qu'aucune âme du séjour (les élus
ne revenait sur la terre, sauf dans les rares occasions dans

lesquelles son apparition ou plutôt celle de son simulacre

pouvait être requisepour accomplir quelque grande œuvre

qu'elle .(vait en vue.


et procurer ainsi quelque grand avan-

tage l'humanité. Dans ce dernier cas. l'âme n'avait pas


besoin d être ~ro'y//Jp. Elle transmettait son merveilleux

message, soitau moyen d'un .<r<? fugitif d'elle-même,


soit. par l'intermédiaire de /7~s~cr.< qui pouvaient appa-
raître sous une forme /r/e//e et personnifier fidèlement
le trépassé. Les
qu'on âmes
évoquait si facilement étaient
considérées comme d'un commerce peu utile et non exempt
de danger. Il y avait des âmes, ou plutôt des /~rf~,
venant de la région infernale des limbes, le .S~~o/, la région
connue des cabalistes juifs comme la li~itième sphère, et

par les occultistes orientaux comme le Kama-Loka (la région


des désirs humains et terrestres mais bien différente de l'en-
fer ou Hades orthodoxe de l'ancienne mythologie. Horace
décrit cette évocation et le cérémonial qui l'accompagnait,
et Mamnonide nous fournit des détails sur le rite juif.
Chaque cérémonie nécromantique était accomplie dans des
286 ISIS DÉVOH.ËE

lieux élevés, sur des collines, et l'on employait, le san~.


clans le bat d'apaiser les goules humaines (1~.
« Je ne puis empéclier les sorcières de ramasser leurs
ossements dit le poète. « Vovex le san~ versent
qu elles
dans la fosse, pour attirer les âmes qui rendront leurs ora-
cles (~) » C/v/orc /o.s'/7/~ ro/s' e/
rc/'< <s /"c.</)o~.s'</ ~<T~v/.<.
« Les <<s. dit Porplivre, préfèrent a tout le reste du
.s'< /<r/?{' /'<Y/< (~ui semble, pour un temps
assez court. leur rendre quelques-unes des facultés de I;'
vie ~).
Quant aux matérialisations, il v e:i a de nombreuses e!
très variées rapportées dans les livres sacres. Mais étaient-
elles opère' s dans les mêmes conditions qu'aux séance--
modernes ? L'obscurité. a ce qu'il parait, n'était pas indis-
pensable dans le temps des patriarches et des
pouvoirs
magiques.
Les trois
An~es qui apparurent a Abraham bu-
rent a la pleine lumière du soleil, car « ils s'assirent a la

porte de !a tente/)<f/ /</ r/<v/ <


/o~ dit le livre
de la Gene-e (XVIII. I). Les esprits d LIie et de Moïse ap-
parurent également en plein jour. car il n'est pas probable
(me le Christ et les apôtres fussent montes sur une haute
monta~'ne pendant la nuit. Jésus est représente comme
étant app;:ru ~larie-~la~'deleine dans le jardin a la pointe
du jour e!. aux ap'tres a trois reprises différentes, et gé-
néralement dans la journée une fois dans la matinée

(Jean. XXI. ~). Même lorsque l'anesse de B.daam vit l'ang'e


/7~e/ c était a la clarté de la lune.
Xous sommes tout disposés a convenir avec l'auteur en

Question, que nous trouvons dans la vie du Christ et nous


pourrions ajouter dans l'Ancien Testament, au~si. un récit

ininterrompu de manifestations spirites, mais rien de mé-


dlum:nq'e. ni d'un caractère physique, si nous en excep-
tons la visite de Saul a Sedecla, la femme sorcière d En-
Dor. Ce point est d une importance capitale.
Certes la promesse du Mjitre avait été clairement expri-
mée « En vérité, vous accomplirez des œuvres plus ~ran-

t. 'A'~ian-. Howtt.t. /s/~f/«/tp~u/,crf!r< \-o!. II, ch. 1.


2. H.c. ):;). Sat.. :}.
1' i\r~. De ~.<cr//t<N.
tStS DÉVOILER 287

des celles-là des œuvres de médiation. D'après


que
Joël, le moment viendra il y aura un épanchcment
où abon-
dant de l'esprit, divin. < Vos nls et vos iilles~ dit-il, pro-
vos vieillards auront des songes et vos jeunes
phétiseront,
des visions. » Le temps est venu, et toutes ces cho-
"'ens
ses s'accomplissent de nos jours le spiritisme a ses pro-
et ses martyrs, ses apôtres et ses guérisseurs. Comme
phètes
Moïse et David et Joram, il y a des médiums qui obtien-
nent des communications écrites directement par de vrais
ou planétaires et le mieux est que ces
esprits humains,

communications ne procurent aux médiums aucun profit


Le plus grand ami de la cause en France, Ley-
pécuniaire.
marie, langui', au tnoment où nous écrivons, dans une
cellule de prison, et, comme il le di! dans un touchant lan-
il n'est plus un homme mais /y!J/~ sur le re-
~a~'e.
gistre d écrou. M a eu sa récompense des « an~es )>, les
< esprits 1 ont bien
protégé
Il v a peu, bien peu d'orateurs a la tribune spirite, qui
parlent par Inspiration et s'ils ont. le moins du monde la
connaissance de ce qu'on y dit, ils sont, dans les conditions
« Les forces me manquèrent.et
indiquées par i)a:ne!: je
perdis toute vigueur, j'entendis le son de ses paroles, je
tournai frappé d'étourdissement la face contre terre. (Da-
niel, X. 8). Il y a des médiums,ceux dont nous avons parlé.
pour qui la prophétie de Samuel pourrait avoir -té écrite.
« L'esprit de l'Eternel te saisira, tu prophétiseras avec eux
et tu seras rA~c c. Mn fm~re Aorn~c (1). Mais, dans
ia longue liste des merveilles de la Bible, où voyons-nous
des récits de guitares voltigeant dans l'espace, de tambou-
rins, résonnant dans les airs et de sonnettes carillonnant
dans des chambres plongées dans une profonde obscurité,
comme preuves de 1 immortalité?

Lorsque le Christ fut accusé de chasser les démons par


la puissance de Beizébuth, il le nia, et répliqua amèrement
en disant « Par quelle puissance vo~ fils et vos disciples
les chassent-ils '? » Les spirites anirmcnt, eux aussi, q~c
Jésus était un médium qu'il était guidé par un ou plu-

Sam.jL' X, 6.
2. E\ur~i.Ie selon saint. Jean, YII, 20.
~83 ISIS DÉVOILÉE

sieurs esprits mais lorsque cette imputation lui fut adres-


sée directement, il dit qu'il n'était rien de la sorte. « X'a-
vons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et.

que tu as un démon ? Daimonion, un Obeah, ou esprit


familier, dans le texte Hébreu. Jésus répondit « Je n'ai

pas de démon. »
L'écrivain dont nous empruntons quelques citations,
établit aussi un parallèle entre les essors aériens de Philippe
et d'Exéchiel, et ceux deGuppy, Mrs et autres médiums
modernes. Il ignore ou a oublié le fait, que la lévitation,
tout en n'étant dans les deux cas qu'un etfet, est produite

par des causes totalement différentes. Nous avons déjà


indiqué la nature de cette différence. La lévitation peut
être produite d'une façon consciente ou inconsciente pour
le sujet. Le jongleur détermine a l'avance qu'il sera élevé
dans les airs, le temps que cela durera, et a quelle hauteur
et il règle l'action des forces occultes en conséquence. Le
fakir obtient le même résultat par la puissance de ses aspi-
rations et de sa volonté, et. seul lorsqu'il se trouve a l'état
d'extase, il conserve la direction de ses mouvements. Le
prêtre de Siam agit do même, lorsque, dans les pagodes
sacrées, il monte a cinquante pieds de hauteur, un cierge a
la main, et vole d'une idole a l'autre, allumant les flam-
beaux des niches, se supportant lui-même et s'arrêtant avec
autant d'aisance
que s'il marchait sur terre ferme. Il y a
des personnes qui l'ont vu et qui l'ont attesté. Les officiers
d'une escadre russe, qui tout récemment a fait un voyage
de circumnavigation, et qui stationna longtemps dans les
eaux du Japon, rapportent, en plus d'un grand nombre
d'autres faits merveilleux, celui de jongleurs, qu'ils ont vus
marcher en l'air, d'un arbre a un autre, sans le moindre
point d'appui (1). Ils ont aussi vu les exploits de grimper
le long des perches ou des cordages, décrits par le colonel
Olcott. dans son livre /~)/)/c /ro/M lhe o/A<?r ~'or~, et
qui ont tant été critiqués par certains spirites et médiums,
dont le zèle est bien supérieur a l'instruction. Les citation-;
du colonel Yule et d'autres auteurs données à part dans cet

1. La personne qui nous fournit ce renseignement. qui en fut. cl!c-


même, u:i tcmoift oculaire c~t \I. N.tT de Saint-Pétersbourg qui était
attaché au vaisseau amiral < Almaz~ si nous ne nous trompons pas.
ISIS DÉVOtLÉE 289

ouvrage, semblent mettre hors de Joute la possibilité d'exé-


cuter ces phénomènes.
Pour en revenir a la lévitation des corps humains et des

objets inanimés dans les salles de séances, nous renvoyons


le lecteur au chapitre d introduction de cet ouvrage (voyez
.y~/Aro~czc). A propos de l'histoire de Simon le magicien,
nous avons donne l'explication des anciens sur la manière
dont pouvait être produite la lévitation et le transport des
objets pesants. Nous essayerons maintenant d'émettre une
hypothèse au sujet des /~J< e'est-a-dirc des personnes
supposées inconscientes, au moment des phénomènes que
les croyants attribuent aux esprits désincarnés. Nous n'avon
pas besoin de répéter ce nui a été suffisamment expliqué
<!éja. L'~y~/Aro~ar/c consciente, dans certaines conditions

électro-magnétiques, est possible seulement aux <f/)/e.<


qui ne peuvent jamais être dominés par une influence

étrangère, et qui restent toujours maîtres de leur VOLONTE.


Ainsi, la lévitation, disons-nous, doit toujours s'efFectuer
en obéissant à la loi qui la régit, loi aussi inexorable que
celle qui fait qu'un corps qui n'est pas sous son influence
reste attaché au sol. Et où chercherions-nous cette loi en
dehors de la théorie de l'attraction moléculaire? C'est une

hvpothese scientifique que la force, qui la première entraîne


h: nébuleuse ou la matière stellaire dans un tourbillon, est
l'électricité et la chimie moderne est totalement rééditiée
sur la théorie des polarités électriques des atomes. La
trombe d'eau, le cyclone, le typhon, l'ouragan et la tem-

pête sont,
tous, sans aucun doute le résultat d'une action

électrique. Ce phénomène a été observé d'en haut aussi


bien d'en bas, car les observations ont été faites à
que
terre, et dans un ballon planant au-dessus des nuages pen-
dant un orage.
Or. cette force, sous des conditions de sécheresse et de
chaleur de
l'atmosphère a la surface de la terre, est capa-
ble d'accumuler une énergie dynamique suffisante po~r '-où-
lever d'énormes quantités d'eau, de comprimer les molécu-
les de l'atmosphère et de balayer toute une contrée, déraciner
les forêts, en lançant au loin les rochers, et en réduisant
les édifices en morceaux. La machine électrique de \ViId

produit des courants d'induction électro-magnétiques si

J:. u
290 ISIS DÉVOILÉE

fabuleusement puissants, qu'ils donnent une lumière


de lire dans la nuit les caractères les plus
permettant
uns, à une distance de deux milles de l'endroit où elle

opère.
Déjà dès l'année 1000~ Gilbert, dans son livre de J/o-
formulait le principe que le globe lui-même est un
~ë/ë,
vaste aimant, et quelques-uns de nos électriciens les plus
avancés commencent a reconnaître que l'homme aussi pos-
sède cette propriété, et que les attractions et les répulsions
mutuelles des individus peuvent, du moins en partie, trou-
ver leur explication dans ce fait. L'expérience des assis-
tants dans les cercles spirites confirme cette opinion. Le

professeur Nicholas Wagner de l'Université de Saint-


Pétersbourg dit « La chaleur ou /)e/t~e le fluide c/~t'-

~r/~e des investigateurs assis en cercle doit se concentrer


sur la table et graduellement se développer de façon a la
mettre en mouvement. En même temps, ou peu après, la
force psychique vient s'y joindre pour assister les deux
autres pouvoirs. Par force /)~/r/2/~e, j'entends cette force
de toutes les autres forces de notre
qui se dégage orga-
nisme la combinaison de plusieurs forces séparées, en
chose de général, capable lorsqu'il est ainsi com-
quelque
biné, de se manifester a un certain degré suivant l'indivi-
dualité. » II considère que le progrès des phénomènes est
influencé par le plus ou moins d'élévation ou d'abaisse-
ment de la température et de sécheresse de
l'atmosphère.
Or, rappelant ce qui a été dit au sujet des former plus
subtiles d'énergie dont les hermétistes ont démontré l'exis-
tence dans la nature, et acceptant l'hypothèse émise par
~1. Wagner, que « la puissance qui provoque ces manifes-
tations est centralisée dans les médiums ». est-ce que le
médium ne pourrait pas, en créant en lui-même un foyer
aussi parfait dans son genre que le système des aimants
d'acier permanents dans la batterie de Wild, produire des
courants astraux suffisamment énergiques, pour enlever
dans leur mouvement un corps même aussi pondérable que
le corps humain? Point n'est nécessaire que
l'objet soulevé

prenne pour cela un mouvement de rotation, car le phé-


nomène que nous observons, difFérent du tourbillon, est

dirigé par une intelligence capable de maintenir le corps


ISIS DÉVOILÉE 291

montant ainsi dans le courant ascendant, et de l'empêcher


de tourner.
Dans ce cas la lévitation serait un phénomène purement
mécanique. L'? corps inerte du médium passif est soulevé

par un tourbillon, créé soit par les esprits élémentaux.


peut-être dans quelques cas par des esprits humains, soit

par des causes purement morbides, comme dans


quelquefois
le cas des malades somnambules du professeur Perty. La
lévitation de l'adepte, au contraire, est un etfet électro-ma-

gnétique, ainsi que nous venons de le constater. Il a rendu


la polarité d~ sun corps, opposée à celle de l'atmosphère, et

identique a ceUe de la terre il s'ensuit qu'il est propre a


être attiré par celle-là, et repoussé par celle-ci, tout en con-
servant tout le temps la conscience de ses actes. Un enlè-
vement phénoménal de cette nature est également possible
lorsque la maladie moditie la polarité corporelle du patient,
comme le font toujours plus ou moins certaines affections

pathologiques. Mais dans ce cas, la personne ainsi enlevée


n'aurait probablement pas conscience de son acte.
Dans une série d'observations sur les tourbillons, faite
en 1859, dans le bassin des Montagnes Rocheuses, un jour-
nal fut enlevé à une hauteur de quelque deux cents pieds:
la, il oscilla dans un sens et dans un autre, pendant un
temps considérable, tout en suivant le mouvement en
avant i ). Comme de juste, les savants diront qu'on ne peut

pas établir de parallèle entre ce fait et celui d'un enlèvement


humain qu'un tourbillon assez puissant ne peut pas être
formé dans une chambre, pour pouvoir enlever un médium;
mais ceci est une question de lumière astrale et d'esprit,
qui ont leurs lois dynamiques particulières. Ceux qui com-
prennent ces lois affirment qu'un concours de personnes
mentalement surexcitées, dont l'excitation réagit sur le

système physique, projette des émanations électro-magné-


tiques qui, lorsqu'elles ont une intensité suffisante, peu-

1. < Qu'Ues JLaient les forces qui agissaient pour occasionner cette
oscillation du journal ? demande M..f.V. Phclps qui cite le fait. < I)
y avait lo mou ventent ascensionnel rapide de l'air échauffé, '.e mouvement
descendant de l'air froid, le mouvement de translation de la brise à la
surface et le mouvement circulaire de la trombe. Mais comment ces di-
vers mouvements pouvaient-ils se combiner de façon à produire l'oscil-
lation ? (Conférence sur la « Force expliquée électriquement ~).
292 ISIS DÉVOILÉE

vent jeter la perturbation dans toute l'atmosphère ambiante.


On peut engendrer ainsi sufiisammcnt de force pour créer
un tourbillon électrique assez puissant pour produire bien
des phénomènes étranges.
A ce point d<~ vue le tournoiement des derviches, et les
danses sauvages, les balancements, les gesticulations, les
chants et les cris des dévots doivent être envisagés comme

ayant tous en vue un objet commun, c'est-à-dire la création


de ces conditions astrales, propres a favoriser la production
de phénomènes psychologiques et physiques. La raison
d'être des revivais religieux sera aussi mieux comprise, si
l'on ne perd pas ce principe de vue.
Mais il y a encore un autre point a considérer. Si le mé-
dium est un foyer de magnétisme et un conducteur de cette
force, il sera sujet aux mêmes lois que le conducteur mé-

tallique, et il sera attiré par son aimant. Si donc, un centre

magnétique de la puissance voulue était formé directement


au-dessus de lui par les puissances invisibles, qui prési-
dent aux manifestations, pourquoi son corps ne serait-il pas
soulevé vers lui, malgré l'attraction terrestre Nous savons
bien que dans le cas d'un médium qui est inconscient de
la marchcde l'opération, il est nécessaire d'ad mettre. d'abord,
le fait d'une telle intelligence, et ensuite la possibilité de
conduire l'expérience de la façon dont on la décrite mais
en présence des nombreuses attestations produites, non
seulement dans nos propres recherches qui n'ont pas la
prétention de faire autorité, mais encore dans celles de
M. Crookes et d'un grand nombre d'autres, dans beaucoup
do pays et a diverses époques; nous ne pouvons nous em-
pêcher d'offrir cette hypothèse, tout en sachant qu'il est
inutile de défendre un cas que les savants n'examineront
pas avec patience, même après la sanction que lui ont donné
les hommes les plus distingués parmi eux.
Déj;') en t8~C, le publie fut informé de certains phéno-
mènc-s qui étaient
aussi extraordinaires, sinon davantage,
que toutes les manifestations qui se sont produites de nos
jours. La fameuse correspondance entre deux célèbres ma-
gnétiseurs, Deleure et Billo', fut publiée en France, et les
merveilles auxquelles elle faisait allusion furent pendant
quelque temps l'objet de la discussion dans tous les cercles.
ISIS DÉVOILÉE 293

et sociétés. B'Ilot
croyait fermement a l'apparition des es-

prits, car, ainsi qu'il le dit lui-même, il en avait vu, entendu


et touché. Deleure était tout aussi convaincu de cette vérité

que lui, et il déclarait que l'immortalité de l'homme et le


retour des morts, ou plutôt de leurs ombres, était, dans son

opinion, le fait le mieux démontré. Des objets matériels lui


avaient été apportés d'endroits éloignés par des mains in-
visibles, et il communiquait avec d'invisibles intelligences
sur les questions les plus importantes. « A ce sujet, dit-il,
je ne puis concevoir comment des êtres spirituels sont ca-

pables de transporter des objets matériels. )> Plus sceptique


et moins intuitif que Billot, néanmoins, il était d'accord avec
lui, que « la question du spiritisme était, non pas une

question d'opinion, mais une question de faits ».


Telle est précisément la conclusion a laquelle était fina-
lement amené le professeur Wagner de Saint-Pétersbourg.
Dans la seconde brochure sur les Phénomènes .V~c~/Mn~-

publiée par lui en décembre 1875, il adresse a


</H~
M. Shkiiarcvsky, un de ses critiques matérialistes, la ré-

primande suivante: « Tant que les manifestations spirituel-


les furent faibles et dispersées, nous autres hommes de
science, nous pouvions nous laisser aller à nous tromper,
avec les théories de l'action musculaire inconsciente, ou de
l'inconsciente r~6r<?//on, et traiter tout le reste de tours de

passe-passe. Mais maintenant que ces prodiges sont de-


venus patents; que les esprits se montrent sous des formes
matérielles et tangibles, pouvant être touchées et palpées
a volonté par tout incrédule instruit comme vous-même, et

qui plus est, mesurées et pesées, nous ne pouvons plus lut-


ter, car dans ce cas, toute résistance est absurde, et peut
amener la démence. Essayez donc de vous en rendre compte
comme il convient, et humiliez-vous devant la possibilité
de faits considérés impossibles. »
Le fer n'est aimenté temporairement, mais l'acier
que
l'est d'une façon permanente par le contact de l'aimant. Or
l'acier n'est que du fer qui a subi un procédé de carbura-
tion, et cetteopération pourtant a complètement modifié
la nature du métal, du moins, en ce qui concerne ses rela-
tions avec l'aimant. On peut dire de même que le médium
n'est qu'une personne ordinaire, magnétisée par l'influence
~94 !«tS n~VOIt.EE

de la lumière astrale et comme la permanence de la pro-


priété magnétique dans le métal est proportionnée a ses

qualités plus ou moins rapprochées de celles de l'acier, l'in-


tensité et la permanence de la faculté médiumnique est en

proportion de la saturation en force magnétique ou astrale


(lu médium.
Cette condition de saturation congénitale,
peut être
ou
obtenue par l'un ou 1 autre des procédés suivants, par la
magnétisation, par l'action des esprits, par celle de sa pro-

pre volonté. De plus, la condition.parait être héréditaire.


comme toute autre particularité mentale ou physique un
grand nombre de médiums et nous pourrions même dire
la grande majorité des médiums ayant eu ehex quelqu'un ou

quelques uns de leurs ascendants des signes manifestes de


médiumnité. Les sujets magnétiques passant aisément a un
état plus élevé de clairvoyance et de médiumnité, ainsi que
Grégorv, Ucleure. Puvsé~ur. du l'otct et autres autorités
nous 1 apprennent. Quant au procédé de saLuration par soi-
même. nous n avons qu'a jeter les yeux sur les relations
(les dévots et des prêtres du Japon, de S::)m. de la Chine,
(le l'Inde, du Thibet et de l'Egypte, aussi bien que des
contrées (le l'Europe, pour être renseignés sur la réalité du
fait. Une longue persistance dans la détermination bien
arrêtée de subjuguer la matière provoque un état, dans

lequel, non s-eulemcnt l'on devient insensible aux impres-


sions extérieures, mais où l'on présente encore tous les symp-
tômes et apparences de la mort,ainsi que nous av< ns déjà
vu. L'extatique fortifie sa puissance de volonté ;<u point
d'attirer a lui, comme dans un gouffre, les forces résidant
dans la lumière astrale, afin de suppléer a l'insuffisance de

se", propres moyens.


Les phénomènes du magnétisme ne <-ont explicables par
aucune autre hypothèse sinon celle de la projection d'un
courant de force, de l'opérateur au su jet. Si un homme peut
projeter cette force par un exercice de la volonté, qu'est-ce
qui l'empêchera de l'attirer a lui. en renversant ce cou-
rant ? A moins, toutefois, que on ne prétende que la force
est engendrée dans son corps, et ne peut être attirée d'au-
cune source du dehors. Mais, même dans cette hypothèse,
s'il peut faire naître une surabondance d'approvisionnement
IStS nÉVOtLÉE ~!95

de force pour en saturer une autre personne, ou même un

objet inanimé moyen au de sa volonté, pourquoi ne pour-


rait-il pas le générer en excès, pour s'en saturer lui-même?
Dans son ouvrage sur/nMro/)o/c le professeur J. R.
Huehanan constate la tendance des restes naturels a suivre
!a direction des
organes phénolo~iques: l'attitude de com-
bativité étant vers le bas et en arrière celle
de l'espérance
et de la spiritualité vers le haut et en avant celle de la
fermeté en haut et vers 1 arrière et ainsi de suite. Les

adeptes de la science hermétique connaissent si bien ce

principe, qu'ils expliquent la lévitation de leur propre corps,


lorsqu'elle survient a l'improviste, en disant que la pensée
est fixée sur un point au-dessus d eux, avec tant d inten-
sité, eue lorsque le corps est entièrement imprégné de l'in-
nuenco astrale, il suit 1 aspiration mentale, et s'élève dans

l'espace aussi aisément qu'un bouchon de liè~e, poussé


sous l'eau, remonte a la surface, et que sa légèreté le fait
surnager. Le vertige qui s'empare de certaines personnes
)orsqu'eIIes se trouvent sur le bord d'un abîme s'explique
d'après lo même principe. Les jeunes enfants qui n'ont

qu'une imagination peu ou pas active


et chez du tout.
qui
expérience n a pas encore eu assez de temps pour déve-

lopper la crainte, sont rarement pris de vertige, s ils le


sont jamais mais l'adulte d'un certain tempérament
mental voyant le goutFre. et se peignant dans son imagi-
nation les conséquences d'une chute, se laisse aller a l'at-
traction de la terre, et <j[ ~ns ~<' le charme ~/M/ le /Y/r/ne
ne sf'it rompu, son corps suivra sa pensée au fond du pré-

cipice.
Que ce vertige soit purement une affaire de tempérament il
est démontré par le fait qu il y a des personnes qui n'éprou-
vent jamais cette sensation,et l'examen révélerait probable-
ment de la faculté ima-
que ces personnes sont dépourvues
ginative. Xous avons présent a la mémoire le cas d un
monsieur qui, en i858, fit preuve d une fermeté du sys-
tème nerveux telle qu~il effrayait tous ceux qui le virent
se tenir debout sur la corniche de 1 Arc de Triomphe a Pa-

ris, les bras croisés, et les pieds a moitié sur le rebord mais

depuis, ayant été atteint de myopie, il fut saisi de frayeur


en essayant de passer sur une passerelle en planches de
IStS DÉVOH.EE

de deux pieds et. demi de


lar~e, jetée sur la cour d'un
plus
h'te!, et. où il n'y avait, pas le moindre En regar-
danger.
dant Je sol au-dessous, i! donna libre carrière a son imagina-
tion. et il serait tombe s'H ne s'était assis.
(,'e<=.t un dc~me scientifique nue le mouvement perpétue!
est impossible. G est encore un do~me de prétendre que !cs

Hermetistes avaient découvert l'elixir de vie. et la fab!e


d'entre eux. en en faisant usa~e. avaient
que <me!qucs-uns
!eur existence au <!e! des limites ordinaires, n'est
pro!on~e
superstition absurde. La prétention les métaux
qu'une que
communs avaient été transmutes en or. et que le dissol-

vant universel avait été trouve n'excite que le mépris, dans


un siècle a couronne t ediHce de !a philosophie avec la
qui
coupole du/)/'o/o/)/~s/ Le premier est déclare une /</)o.s-
.< autant selon Babitiet, l'astronome, que
pAy.s/y~c.
« la lévitation <l'un ob;ct sans contact (!) » !a seconde est

qua!it!ee de divagation pttvsiclo.~iqne, émanée d un esprit


en dehre et la troisième e~t une absurdité chimique.
BatfourS'e~vartdit queutant qu'un savant nepeutaiurme)'
« quH est parfaitement au courant de toutes les forces de ta

nature, et démontrer que fe mouvement perpétue! est impos-


sible, car. en reatite.ii ne sa:t que fort peu de chose de ces fur-
ces. il pense <y/ /?f'7/ /'<< < /c.s ~/c.'<\t'< <

~r(\et c'e-~t pour ce!a <['a'H nie e./ <o lapossibihte


d'une tc)!e machine (~). S'i) a découvert !cs desseins de la

nature, il n'a certainement pas pénètre .s-on t'.s-7, car i!


conteste son existence a p!us d'un point de vue et en
niant !'e~prit. il empêche cette parfaite entente de la loi
universe!!e. qui délivrerait !a philosophie moderne de ses
erreurs mortifiantes et de ses diiemmes. Si la négation de
B. Stewart ne repose pas sur une plus so!idc analogie que
ceHc de son coHe~ue 'raneais Habinet, il court !e danger
d'aboutir a une humiliante comme ceUe de
catastrophe,
ce dernier. I.'univers lui-même démontre la realite du
mouvement perpétuel: et ta théorie atomique, ce baume
salutaire pour !es esprits épuises de nos explorateurs cos-

miques, est basée sur ce mouvement. Le télescope fouil-

!Rprue c~ Dfu.r-.Von~M. p. 414. t8j8.


2. Cofuprra~u~ o/' ~cr~y, p. ~0.
tStsnÉvon.~E ~)7

tant. l'espace, et lc microscope découvrant les mystères du


monde des infiniment petits, nous revêtent cette même
loi mise en
action et comme tout au-dessous est exacte-
ment le même qu'au-dessus, qui oserait prétendre que, lors-
que l'on comprendra mieux les lois de la conservation des
forées, et que l'on aura ajoute les deux forces additionnel-
les des cabaiistes au catalogue de la science orthodoxe, on
ne découvrira pas !c moyen de construire une machine mar-
chant sans frottement, et s'alimentant de force au fur et
a mesure de sa consommation ?«
H v a cinquante ans, dit
le vénérable ~1. de Lara, un journal de Hambourg, repro
duis.mt le compte rendu donne par un'ournal anglais de
l'Inauguration de )ati~ne du cuemit) de fer <tc Mancitester
;t I.iverp< ol, dec!r;ut <{uc c'était une grossière imposture
et il y mettait !e co!))))!e en ajoutant: voila pourtant jus-
<[u'oùpeuta)'e)'I;)C!duIiteen Att:~Ie!.erre! » La morale
en est faci!e et apparente. l.a dec<~uverte récente p:'r un chi-
miste ;tm~ric;)in dt 1 c"mnose dénomme ~?c/<c laisse

croire a la pro!)ahi!ite <tue ott a réussi a éviter !e frotte-


ment dans une iar~e mesure. Une chose est certaine c'est

que. quand i'homme aura découvert !e vrai sens du mou-


vement perpétue!, il sera en mesure de comprendre par ana-

logie tous les secrets de !a nature; le propres en raison di-


recte delà résistance.
\ou~ pourrions en dire autant de lelixir de vie par !a-
queUe il faut entendre la vie ptivsique, l'âme étant, comme
de raison, immortel!e,mais seulement a cause de son union
immortelle divine av''c l'esnrit. ~Ialsrr)/c/ ou /)c/c/
ne veut pas dire sans fin. Les cabalistes n'ont
jamais pré-
tendu qu'une vie physique sans tin. ou un mouvement sans
fin fussent possibles. L'axiome hermétique soutient que
seule la Cause Première et son émanation directe, nos es-

prits (etinccUes du soleil centra! éternel, qui seront réab-


sorbëes par lui a !a fin du temps), sont incorruptibles et
éternels. Mais. connaissant les forces naturelles occultes.
non encore découvertes par les materalistes, ils affirmaient

que tant la vie physique comme le mouvement mécanique


pouvaient être prolonges indenniment. La pierre philoso-
phale avait plus d une si~nincation attachée a son origine
mystérieuse. Le professeur ilder dit < L'étude de FAl-
208 ISIS DÉVOILÉE

chimie était même plus universelle que bon nombre qui ont
écrit sur elle ne paraissaient s'en douter, et elle fut tou-
jours l'auxiliaire des sciences occultes, de la ma~Ie~ de la
nécromancie et de l'astrologie, si elle notait pas identique
avec elles cela venait probablement de ce qu'a l'origine
ces sciences n'étaient que les formes d'un spiritualisme
qui a existé de tous temps dans 1 histoire de l'humanité.
Ce qui nous surprend le plus. c est que ces mêmes hom-
mes, qui envisagent le corps humain tout simplement
comme « une machine à digérer trouvent des objections
a faire à l'idée que, si on appliquait une substance équiva-
lente a la métalline entre ses molécules, elle fonct ionnerait
sans frottement. Le
corps de l'homme, d après la Genèse, a
été tiré de la terre ou delà poussière, cette allégorie détruit
la prétention de nos analystes modernes a l'originalité de
la découverte de la nature des cons!i)uants inorganiques
du corps humain. Si 1 auteur de la G''nèse <'n a eu connais-
sance, et si Aristote a enseigné l'identité entre les principes
vitaux des plantes, des animaux et des hommes, t'oh'e filia-
tion avec la terre notre mère a évidemment été établie de-

puis longtemps.
Tout récemment, Eiie de Beaumcnta réafHrméI l'ancienne
doctrine d'Hermès, qu'il existe une circulation terrestre
comparable a (elle du
sann' chex bornn. Or puisque c'est
une doctrine aussi vieille que le monde, que la nature re-
nouvt-De continuellement ses forces épuiséef par l'absorp-
tion la source énergies des vitales, pourquoi l'enfant dif-
férerait-il sur ce point de sa mère ? Pourquoi l'homme ne

pourrait-il pas. en découvrant la source et la n dure de cette


énergie récupératrice, extraire de la terre elle-même le sac
et la quintessence, avec lesquels il reconstitue ses forces ?
C'était peut-être I. le secret des alchimistes. Arrête?: la cir-
culation des fluides terrestres, et nous avons la stagnation,
la putréfaction, la quemort l'on arrête la circulation des
fluides chez 1 homme, et la stagnation, l'absorption. l'ossifi-
cation par suite de la vieillesse et la mort en seront la con-

séquence. Si les alchimistes avaient tout simplement décou-


vert quelque composé chimique pour conserver toujours
libres les canaux de notre circulation, tout le reste ne s'en-
suivrait-il pas facilement ? Et pourquoi, demanderons-nous,
ISIS D~VOtLEE 299

si les eaux de la surface de certaines sources minérales


ont une
vertu quelconque pourlaguérison des maladies et le
rétablissement de la vigueur physique, est-il illogique de
dire, que si nous pouvons obtenir les premiers produits de
l'alambic de la nature dans les entrailles de la terre nous

pourrons peut être trouver que la fontaine de Jouvence


n'était pasie moinsdu monde unmythc.Jennings assure que
l'éhxir était tiré par quelques adeptes du laboratoire chi-

miqu" secret de la nature et Bobcrt Boyie. le chimiste,

parle d'un vin médicinal ou cordial, que le D' Lcfévre es-


suya sur une vieille femme avec un résultat merveilleux.
//<X/<f/C <s.s/ ~f ~e la /<0/ï elle-
w~/7~ « La première mention authenti({ue que l'on ait à
ce sujet, dit \iIIiam Godwin, est un édit de Dioclétien
d environ trois cents ans après le Christ, ordonnant de faire
en Egypte de diligentes rec!iercl)es pour retrouver tous les
livres anciens, traitant de l'art de faire de l'or et de l'argent
.'un de les jeter au feu. Cet édit laisse nécessairement sup-
poser que cette étude était d'une certaine antiquité et l'his-
toire /<c'sc donne Salomon, Pyth.~orc et Hermès,
comme ses adeptes !cs plus distingues.
Et cette question de la transmutation, cet aïkahest ou
dissolvant universe! qui vient après l'uMxir de vie dans l'or-
dre des agents de l'alchimie? L'idée est-elle tellement ab-
surde. qu'eHe doive être conside:'ée comme indigne de l'exa-
men de ce siècle de découvertes chimiques ? Comment
expliquerons-nous ces anecdotes historiques d'hommes qui
ont VL-tablement f:ct de 1 or, et qui l'ont abandonné, et
des attestations de ceux
qui déclarent leur faire? en avoir vu
Libavius.. Geber, Arnold, Thomas d Aquin. Bernard Cornes,
Joannès, Penotus, Quercetan Geber, le père de l'Alchimie
en Europe, Eugène Phihdethe..Baptista Porta, Rubens.Dor-
nesius, Vogelius, Irenéc Philaletha Cosmopolita, et quan-
tité d'alchimistes du moyen âge et de philosophes hermé-
tistes ainrmcnt le fait. Devons-nous prendre pour des
visionnaires ou des lunatiques tous ces savants, ail- traités
leurs de grands génies ? François Pic, dans son livre de
.4Mro, cite dix-huit cas de fabrication de l'or par des procé-
dés artificiels dont il a été témoin et Thomas Vaughan (1)
1. Hugènc Phitalethc.
300 !StS!)ÉVOt[.ËE

étant allé chez un orfèvre, pour lui vendre i.200 marcs


d'or, 1 homme Ht la remarque. d'un air soupçonneux, que
l'or était trop pur pour avoir jamais été extrait, d'une mine,
ce qui lit fuir te vendeur en laissant t'arment. Dans un cha-

pitre précédant nous avons cité les témoignages d un ~rand


nombre d'auteurs sur ce sujet.
Marco Polo nous apprend que dans quelques montagnes
du Tiubet, <iu'il nomme ~?/<7/s', il existe des <!lons
de la substance dont est faite la Salamandre « Car a la
vérité dit-i). < la salamandre n'est pas un anima!, comme
on le prétend dans nos contrées, mais une substance que
l'on trouve dans ]a terre » (!). Et il ajoute qu'un Turc-
nommé Zurncar lui dit qu'il avait été occupé pendant trois
ans dans cette région a procurer des salamandres au ~rand
Khan. « Il lui dit que le moyen employé pour se les pro-
curer consistait a creuser cette montagne jusqu'à ce qu'ils
eussent découvert une certaine veine. La substance de cette
veine était alors enlevée et écrasée, et après ce traitement
elle se divise en !i!ament<. tels qu'on les voit, et que l'on
fait sécher. Ces !:bres une fois sèches, sont persées et lavées
de façon a ce qu il ne reste plus les Hbres. comme celles
que
de la laine. On les t:ssc ensuite D'abord, ces étotres ne
sont pas très blanches, mais en !es passant au feu un cer-
tain temps. eHes deviennent aussi blanches que la net~e.
Par conséquent, ainsi que l'attestent plusieurs autorités.
cette substance minérale est le fameux .L~<< (~) ou
amianthe, que le Rév.A. WIIliamson dit se trouver a Shan-

tun~. Mais ce n'est pas seulement un Hl incombustible que


l'on en peut tirer. On en extrait aussi une huile qui possède
plusieurs propriétés extraordinaires et seuls quelques La-
mas et adeptes hindous possèdent le secret de ses vertus.

Lorsqu'on en frictionne le corps, elle ne laisse aucune taehc


ni marque et néanmoins la partie enduite peut être lavée
au savon, et avec de l'eau chaude ou froide, sans que 1 eifet
de l'onction soit le moins du monde atfécté. La personne
ainsi frictionnée sans crainte s'avancer dans le feu le
peut
plus ardent et, à moins d'être sutroquée, elle n'en éprou-

Livre de Mirco Po'o. vol. t. ?)j.


V~ir /)<c<to~ft/re des 7'< de Sa-~c, vot.tî, p. '2.
ISIS DÉVOUÉE 30!

vera aucun malaise. Une autre propriété de l'huile, lors-

qu'elle est combinée avec une 6fM/f 5/ïrc, que nous


ne sommes pas libres de designer, et exposée aux rayons de
!a lune, dans certaines nuits indiquées par les astrologues
indigènes donne naissance a d'étranges créatures. Nous

pourrions, dans un sens, les appeler des infusoircs, n'était

nue ceux-ci croissent et se développent. En parlant du


Cachemire. Marco Polo remarque que les habitants sont
très verses dans les <7/< des enchantements, puis-
qu'ils en arrivent </ /'r/c /)~r/cr /pw.s /o/
Les plus grands mages mystiques de ces régions se trou-
vent encore en cM'et a Cachemire. Les diverses sectes reli-
gieuses de ce pays ont toujours eu la réputation d avoir des
pouvoirs surnaturels, du ressort des adeptes et des sa~cs.
Ainsi que le fait le colonel Yule, « Vambery nous
.tnprend que, même de nos jours, les derviches de Cache-
mire excellent, parmi leurs frères Mahométans. dans la
''ciencc des arts secrets, l'habneté dans les exorcismes et la
ma~ic (1).
~lais tous nos chimistes modernes ne sont pas aussi dog-
matiques
dans leur négation de la possibilité d'une telle
transmutation. Le 1)' Poisse. Desprex. et même le
négateur
(L* tout, Louis Figuier de Paris sont loin de rejeter cette
notion. L'~ D \ViIder dit :<( La possi))ilité de réduire les élé-
:!)';nts a l~ur forine primitive, tels qu'on les suppose avoir
r\isté dans la masse i~néc, de laquelle on croit que la
</roù!.e terrestre a été formée, n est pas considérée par les
physiciens comme une idée aus-.i absurde que l'on a voulu
le donner a entendre. II v a comme une sorte de parenté
entre lesmétaux, et souvent tellement proche, qu elle sem-
ble indiquer une origine identique. Les personnes que l'on
nomme alchimistes pourraient, par conséquent, avoir con-
sacré toute leur énergie a des recherchc-s dans ces matiè-
res. comme Lavoisier, Davy, Faraday et autres, de nos
j"urs. ont expliqué les mystères de la chimie (~). Un sa-
vant Théosophe, un médecin pratiquant, qui a étudié pen-
(lant plus de trente ans les sciences occultes de l'alchimie,

1. BooA: o/'5er .Mjrco vol. 1, p. 0.


2..Uchpnty or t/te/~er'Mp~c P/n/(,'xop/ p. 2j.
302 tStS DÉVOILÉE

a réussi a réduire les éléments a leur formeprimit.ive, et


a faire ce que l'on nomme « de la terre pré-adamique ». Elle

apparaît sous la forme d'un précipite terreux dans l'eau


pure, qui, si on la trouble, présente les couleurs les plus
vives et les plus opalines.
« Le secret disent les alchimistes, comme s'ils parta-
geaient l'ignorance des non initias, est un amalgame d
sel,dcsoutTrc,etde mercure, combine troisfoisdansl'.lro/
par une triple sublimation et une triple tixation ».
« Quelle absurdité s'écriera 1'* savant chimiste mo-
derne. Eh bien, les disciples du ~'rand Hermès comprennenl
ce qui précède, aussiqu'unbien
gradue de l'Université
d~Harvard comprend la signification de ce que lui enseigne
son professeur de chimie, lorsque celui-ci lui dit Avec un

groupe hvdroxvque nous ne pouvons produire que des com-


posés monatomiques en employant deux ~roup~s, nous

pourrons former autour du même squelette un certain nom-


bre de composés diatoniques. Attachez a ce noyau trois

groupes,et il en i'csuRera des composés triatomiques, parmi


lesquels se trouve une substance très familière.

« Attache-toi dit l'alchimiste, « aux quatre lettres du

disposé de la manière suivante les lettres du


tétra~ramme
nom ineffable s'y trouvent, bien que tu ne puisses tout
d'abord les discerner. L'axiome incommunicable s'y trouve

renferme, et c'est ce que les maîtres nom-


cabalistiquement
ment l'arcane magique L'arcane.la quatrième émanation
de l'Akâsa, le principe de VIE, qui dans est représente
sa
troisième transmutation, par le soleil ardent, l'œil du monde,
ou d'Osiris, comme le nomment les Egyptiens. Un œil
veillant tendrement sur sa plus jeune fille, épouse et sœur,
ISIS DÉVOÏLÉE 303

Isis, la terre notre mère. Voici ce que dit d'elle Hermès,


le maître trois fois grand < Son père est le soleil, sa mère
est la lune. II l'attire et la caresse, puis repousse il la

par une force projectile. C'est a 1 élevé Hermétique de


guetter ses mouvements, de saisir ses courants subtils, de

les guider et de les diriger avec l'aide de l~/Aa/tor, le levier


d'Archimcde de l'alchimiste.
Qu'est-ce que ce
mystérieux
athanor ? Le physicien peut-il nous le dire, lui qui le voit
et l'examine journellement ? Oui, il le voit, mais comprend-
il les caractères secrètement chiffres, tracés par le doigt
divin sur
chaque coquillage dans la profondeur des mers
sur chaque feuille qui tremble au souille de la brise dans
la brillante étoile, dont les lignes radieuses ne sont à ses

yeux qu'autant de raies plus ou moins lumineuses d hydro-


gène ?
« Dieu ~éométrisc ». dit Platon (1). « Les lois de la nature
sont lespensées de Dieu ». s'écriait Ocrstedt 2.UOU ans plus
tard. « Ses pensées sont immuables répétait l'élevé soli-
taire de la Science Hermétique, « et c'est pour cela que
c'est dans la parfaite harmonie et l'équilibre de toutes cho-

1. Voir Plutarque. Symphosiaque, VIII, 2. « Dio~cniane commence et


dit Admettons Platon à la conférence, et voyons à quel point de vue il
Jit. en supposant que ce soit la formule, que Dieu remplit toujours /e
rf~p J'uft <jrcome<re. i' Je dis Cette sentence n'a pas ~tc clairement for-
mulée dans aucun de ses livres mais il y a de bons arguments en faveur
de l'opiniott qu'ctielu: appirtient. et elle ressemble beaucoup à sa ma-
nière de s'exprimer. TvnJarc ajoute alors II exalte la géométrie comme
une science qui élevé les hommes au-dessus des objets sensibles, et les
porte vers 1 intcHigible et éternelle nature, dont la contemplation est le
but de la philosophie, ainsi qu'un aperçu des mystères de 1 initiation aux
rites sacrés.
30~ !S!S DÉVOILÉE

ses que nous devons chercher la vérité Et ainsi procédant


de 1 unité indivisible, il trouva deux forces contraires, éma-
nant d'elle, chacune agissant sur l'autre, et produisant
l'équilibre, et les trois n'en faisant qu'une, la ~lonadc Eter-
nelle de Pythagore. Le point primordial est un cercle. Le
cercle réalisant sa propre quadrature, en partant des qua-
tre points cardinaux, devient le quaternaire, un carre par-
fait, ayant à chacun de ses quatre angles une lettre du nom

mirifique, le /c/r~/7!ïc sacre. Ce sont les quatre Boud-


dhas primitifs qui vinrent et sont passés le /r/s de

Pvthagore, absorbé et résorbé ptr l'unique éternel ~;ox-


ETHH.
La tradition déclare que sur le cadavre d'Hermès, à
Hébron, un Isarim, un initié, trouva la tablette connue sous
le nom de .S/7~/v/y~ KUe conticnt en quelques senten-
ces l'essence de la Sagesse Hermétique. A ceux qui ne
lisent qu'avec les ycu\ du corps les préceptes qu'elle ren-
ferme ne suggéreront ni d extraordinaire~
rien de nouveau
car elle commence purement et simplement par dire qu'elle
ne parle pas de choses fictives, mais de ce qui est vrai et
très certain.
« Ce qui est en bas estpareil a ce qui est en haut, et ce

qui est en liaut est semblable a ce qui est en bas, pour


accomplir les merveilles d'une chose.
< De même que toutes choses ont été produites par la
médiation d'un être, de même toutes choses ont été pro-
duites de celui-ci r/<7<(~.
« Son père est le soleil, sa mère est la lune.
< C'est la cause de toute perfection dans la torr~ entière.
« Son pouvoir est parfait, .s~/c.</ rAo/7~< /f/v'f.
«Séparez la terre du feu, le subtile du grossier, en agis-
sant avec prudence et jugement.
« ~fontez avec la plus grande sagacité de la terre au ciel,
et descendez ensuite de nouveau sur la terre, et réunissez
les forces des choses inférieures et supérieures vous pos-
séderez ainsi la lumière du monde entier, et toute obscu-
rité s~éloignera de vous.
« Cette chose a plus de force la force elle-même,
que
parce ~M~e t'<a/cr~ loule chose ~M~e p<ra
/C'f//C chose solide.
ISIS DÉVOILÉE 305

« C'est par elle que le monde est forme.


Cette chose mystérieuse est
l'agent universel, magique,
la lumière astrale qui, par la corrélation de ses forces, four-
nit l'alkahest, la pierre philosophale et l'élixir de vie. La

philosophie Hermétique Azoth, la nomme


l'âme du monde,
la vierge céleste, ïe grand Aimant, etc., etc. La science

physique la connaît sous la forme de chaleur, lumière, élec-


tricité et magnétisme mais, ignorant ses propriétés spi-
rituelles et la puissance occulte contenue dans l'éthcr, elle

repousse tout ce qu'elle ignore. Elle explique et dépeint


les formes cristallines des flocons de neige, leurs modifica-
tions d'un prisme hexagone, qui produit une Infinité d'ai-

guilles délicates. Elle les a si parfaitement étudiées qu'elle


a même calculé, avec la précision mathématique la plus
étonnante, que toutes ces aiguilles forment un angle diver-
gent de GO degrés. Peut-elle nous
indiquer aussi bien la
cause de cette infinie variété de formes les plus exquises (1),
dont chacune est en elle-même une figure géométrique la

plus parfaite ? Ces corolles gelées, semblables à des étoiles


ou a des fleurs, peuvent être, en plus de ce que la science
matérialiste en connaît, une ondée de messages lancés par
des mains spirituelles des mondes supérieurs, lisibles pour
les veux spirituels de ce monde Inférieur.
La croLx philosophique, les deux lignes courant dans de s
directions opposées, l'horizontale et la perpendiculaire, la
hauteur et la largeur, que la divinité géométrisant divise
au point d'intersection, qui forme et
le quaternaire magi-
que, aussi bien que scientitique, lorsqu'elle est inscrite dans
un carré parfait, est la base de l'occultiste. Dans sa mys-

tique enceinte se trouve la clé qui ouvre la porte de toute


science, physique aussi bien que spirituelle. Elle symbo-
lise notre existence humaine, car le cercle de la vie circons-
crit les pointes de la qui croix
représentent, dans
quatre
leur succession, la naissance, la vie, la mort et l'immorta-
lité. Chaque chose en ce monde est une trinité, complétée
par le quaternaire~), et chaque élément est divisible d'après

1. Prof. ËJ.-L. Youmans. Chimie Descriptive.


2. Dans !cs nations anciennes, ta divinité était une trinité complétée
par une dccs~c l'.tr&t ou Dieu quadruple.

VOL. Il 20
306 ISIS DÉVOILÉE

ce même principe. La physiologie peut diviser l'homme a


l'inuni, de même que la science physique a divisé les qua-
tre éléments primordiaux et principaux, en plusieurs douzai-
nes d'autres; elle ne réussira a en changer aucun. La nais-
sance, la v~e et la mort seront toujours une trinité qui
n'est complétée qu'a la fin du cycle. Même dans le cas où
la science arriverait à changer l'immortalité désirée en anni-
hilation, file serait toujours un quaternaire car « Dieu

géométrise
C'est pourquoi peut-être serait-il permis un jour à l'al-
chimie de parler de son sel, de son mercure, de son soufre
et de l'azoth, de ses symboles et de ses mirificlues lettres,
et de répéter, avec l'exposé de la ~z~e cles Co~joo~~

0/ï~/< qu'il faut bien se souvenir


que le groupement
n'est pas jeu cle /a~a~/< et que l'on peut fournir de
très bonnes raisons pour la position de chaque lettre (1).
Le D' Peisse de Paris écrivait en 1863 les lignes suivan-
tes
« Un mot a propos Que devons-nous
d'alchimie. penser
de l'art Hermétique ? Est-il correct de croire que nous pou-
vons transmuer les métaux, faire de l'or '? Eh bien, les hom-
mes positifs, les esprits forts du xix<* siècle savent que
M. Figuier, docteur es sciences, et en médecine, analyste
chimiste a l'école de Pharmacie de Paris, n'a nulle envie
de se prononcer sur cette question. Il doute, il hésite. Il
connaît plusieurs alchimistes (car il en existe) qui, se fon-
dant sur les découvertes chimiques modernes, et spéciale-
ment sur la singulière circonstance des équivalents, démon-
trée par ~1. Dumas, prétendenL que les métaux ne sont pas
des corps simples, de véritables éléments dans l'absolue
acception du mot, que, et
par conséquent. ils peuvent être
produits par le procédé de la décomposition. Cela m'encou-
rage à faire un pas en avant, et a avouer candidement que
je ne serais pas surpris de voir quelqu'un faire de l'or. Je
n'ai qu'une raison a en donner, mais elle paraît sufïisante
c'est que l'or n'a pas toujours existé il a été formé par
un travail chimique ou autre, dans le sein de la matière en

1. Josia' Cookc. The .Ye~ CAe~~ry.


ISIS DÉVOILÉE 30'

fusion de notre globe (i) peut-être il y en a-t-il mainte-


nant en voie de formation. Les prétendus corps simples de
notre chimie sont fort probablement des produits secon-
daires, dans la formation de la masse terrestre. Cela a été
démontré pour l'eau, un des plus respectables éléments de
la physique ancienne. Aujourd'hui nous créons l'eau. Pour-

quoi ne ferions-nous pas de l'or ? Un éminent expérimen-


tateur M. Desprez a fait du diamant. Il est vrai que ce
diamant n'est qu'un diamant scientifique, un diamant phi-
losophique, qui
peut n'avoir aucune valeur mais malgré
cela, ma thèse tient bon. D'ailleurs, nous n'en sommes pas
réduits à cet égard à de simples conjectures. II existe en-
core un hommequi, dans un mémoire adressé aux corps
savants, en 1853, a souligné ces mots « J'ai découvert la
méthode pour produire de l'or artificiel, j'ai fait de For.
Cet adepte, c'est M. Théodore Tiffereau, ex-préparateur dc
chimie a l'.Ë'co/<o/<o/<e//c Supérieure de Nantes (2).
Le cardinal de Rohan, la célèbre victime de la conspira-
tion du collier de la Reine, attesta qu'il avait vu le Comte
de CagHostro faire des diamants et de l'or. Nous présu-
mons que ceux qui sont d'accord avec le professeurT.Sterry
Hunt, ne seront pas satisfaits de la théorie du D~ Peisse.
car ils croient que tous nos dépôts métallifères sont dus
l'action de la vie organique. Par conséquent jusque ce qu'ils
se soient mis d'accord en nous faisant connaître avec cer-
titude la nature de l'or, et s'il est le produit d'une alchimie

volcanique intérieure, ou une sécrétion et filtration de la


surface, laissons-les régler leur querelle, et faisons crédit en
attendant aux philosophes de l'antiquité. »
Le professeur Balfour Stewart que personne ne s'avisera
de ranger parmi les esprits mesquins, qui plus loyalement
et plus fréquemment que ses collègues admet les défail-
lances de la Science moderne, se montre néanmoins en cela
aussi imbu de préjugés que les autres savants. La lumière

perpétuelle n'étant qu'une autre expression du mouvement


perpétuel, nous dit-il, et ce dernier étant impossible, parce
que nous n'avons pas les moyens d'équ~ibrer la déperdition

1. La théorie du prof.Sterry Hunt sur les dépôts métallifères contredit,


cette assertion. Mais cette théorie est-elle exacte '?
2. Peisse. La JfedectRcene.! ~fedect~. Vol. 1, p. 59, 2S3.
308 DËVO!LËE

(lu matériel combustible, une lumière hermétique est, p;)r


conséquent, une impossibilité (t). Notant le fait qu'une lu-
mière perpétuelle doit être le résultat de pouvoirs /7?o~
'7//c.'<, et faisant observer en outre qu'une pareille lumière
n'est certainement pas de cette t< rre, où la lumière et tou-
tes les autres formes de l'énergie supérieure sont essen-
tiellement transitoires, ce savant en tire un argument,
comme si les philosophes Hermétiques avaient toujours
prétendu que la flamme dont il s'agit était une ilamme ter-
restre ordinaire, résultant de la combustion de matières
lumineuses. Sur ce point-la, les philosophes ont toujours été
mal compris et mal interprètes.
Que de grands esprits, incrédules au début, après avoir
étudie la doctrine secrète, ont modifié leurs opinions, et re-
connu a que) point ils étaient dans l'erreur Et comme il
paraît contradictoire de
voir, a un moment donne, Balfour
Stewart citer quelques maximes philosophiques et mora-
les de Bacon, qu'il nomme le père de la science expérimen-
tale. et dire. « Sûrement nous devons tirer une leçon de
ces remarques, et nous garder </c /'<<v' ro/?!/7!~ /('
une ~r/7/!< <<ro/c </c.s <'o/ss<7~rc.'?, ou de l'exer-
cice de la pensée », puis, a un autre moment, repousser
comme complètement impossibles tes prétentions des alchi-
mistes II montre Aristote entretenant l'idée que la lumière
n'est nullement un corps, ni l'émanation d'un corps quel-
conque, et que, par conséquent. la lumière est une force
ou une action et pourtant, malgré que les anciens aient
été les premiers a faire voir, par l'organe de Démocritc, la
doctrine des atomes a John Dalton, et. par Pythagore et
les plus anciens oracles de la Chaldée, celle de léther comrm-

agent universel, leurs idées, dit Stewart, n'étaient pas fé-


condes. Il admet qu'ils possédaient le grand génie et la
puissance intellectuelle, mais il ajoute qu'ils étaient très
pauvres en conceptions physiques, et que, par
conséquent
leurs idées n'étaient pas prolifiques (2).
Tout le présent ouvrage n'est qu'une protestation contre
une aussi folle manière de juger les anciens. Pour être tout

1. La C~7!.<p/07tc/pr~er<jr/p.
La Co~erra~o~ de ~'Fter~te, p.
ISIS DÉVOILÉE 309

a fait compétent pour critiquer leurs idées, et s'assurer si


elles étaient distinctes et « appropriées aux faits il fau-
drait les avoir étudiées a fond. Il est oiseux de répéter ce

que nous avons dit si souvent, et ce que tout homme cher-


chant a connaître la vérité devrait savoir c est que la quin-
tessence de leurs connaissances était dans les mains des prê-
tres, qui jamais ne les ont
consignées par écrit, et dans
celles des initiés qui. comme Platon, ~*o.<!frc/)~.< les écrire.
C'est pourquoi, les rares spéculations sur les univers, ma-
tériel et spiritue!, qu'ils confièrent récriture, ne peuvent
mettre la postérité .') même de les juger en connaissance de
cause,même si les Vandales chrétiens des premiers siècles,
les croises venus après eux, et les fanatiques du moyen âge
n'avaient pas détruit la majeure partie de ce qui restait de
la Bibliothèque d'Alexandrie, et de ses écoles postérieures.
Le professeur Draper nous apprend que le Cardinal Ximc-
nes, a lui seul, m livrer aux flammes, sur les places publi-
ques de Grenade. 30.000 manuscrits Arabes, dont un grand
nombre étaient des traductions d'auteurs classiques. Dans
!es bibliothèques du Vatican, des passades entiers de traités
précieux des anciens ont été trouvés, grattés et
effacés,
uniquement dans le but de les remplacer par quelques ab-
surdes psalmodies
Qui donc, parmi ceux
qui tournent le dos « a la doctrine
secrète parce qu elle est « antiphilosophiqu? et. comme
telle, indigne de la pensée scientIHf'ue, a le droit d'amrmer
qu'i! r. étudié les anciens qu'il saiL tout ce que ceux-là sa-
vaient, et (me bien plus instruit encore maintenant, il sait

que leur science comptait pour peu de chose, si toutefois elle


avait une valeur quelconque. Cette doctrine secrète ren-
ferme l'alpha et l'oméga de la Science universelle c'est la

que se trouvent la base et la clé de toutes les connaissan-


ces anciennes et modernes et c'est seulement dans cette
doctrine antiphilosophique que reste enfoui /so/M dans
la philosophie des obscurs problèmes de la vie et de la
mort.
« Les grandes forces de la nature ne nous sont connues

que par leurs effets dit Paley. Paraphrasant cette sen-

tence, nous dirons que les grandes découvertes des temps


anciens ne sont connues de la postérité que par leurs effets.
31~ ISIS DÉVOtLKE

Si l'on prend un livre traitant d'alchimie, et si l'on y voit


I''sspéculations frères Rosecroix sur la lumière et l'or,
ton sera certainement émerveillé, par la simple raison que
l'on n'y comprendra rien du tout. On y pourra lire que
« l'or hermétique est le produit des rayons solaires ou de
'.a lumière répandue invisiblement
magiquement dans le et
corps du Monde La lumière c~t l'or sublimé,tire ma~iquc-
'ncnt par une Invisible attraction ste!!aire des profondeurs
de la matière. L'or est ainsi le dépôt de la lumière qui
s'entendre toute seu!e. La lumière, dans le monde céleste,
est 1 or subtil, vaporise, et magiquement exalté. ou t'.s-~)/
'~c /</ /~f/ L'or entraîne et extrait les natures inférieu-
res dans métaux, les
et en les intensifiant et!es multipliant,
:1 les convertit en lui-même (!).
Néanmoins, faits sont les faits; et, comme le dit Bil-
lot du spiritisme, nous remarquerons, au sujet de occul-
tisme en
gênera! et de 1 alchimie en particulier, que ce n'est

pas une a'faire d'opinion, mais de /s: et que si des sa-


vants considèrent une lampe inextinguible comme une Im-

possibiHté. il n'en est pas moins vrai que des personnes,de


nos 'o'ir- au~si bien ou.' dan~ ies si(''c!es d'ignorance et de

~uper-!it.:o:i. -n ont trouve brûlant encore d'une Hamme


hril!ant'\ dans d'anciens caveaux ierme~d''pui~des siècles;
(lue <I'autres personnes posse<!ent le secr''t d'entretenir
,le parcH!c's Hammes
p!n'-icurs
pendant~ir<es. Le> savants
disent que !e spiritisme ancien et moderne, !e magnétisme
'-t la nia~ie <ont du charlatanisme et de I'i!)usion mais il y
a sur b surface duljobe SOO millions d'hommes <[ defem-
:ncs. parfaitement
sains
d esprit, (lui croient il toutes ces
choses. Quels sont ceux qui ont raison?
« Démocrite.dit Lucien (~).ne croyait pasaux miracles.
:I s'appliqua a découvrir le procédé les théurgcs
par lequel
en opéraient en un mot, sa philosophie le conduisit a la
conclusion que la ma~ie était entièrement confinée à l'ap-
plicat:on et a /'z~o~ï des lois et des œuvres de la na-
ture. »
Or, l'opinion du gai philosophe est pour nous de la plus

Ext.raits d<- Robert Ftudd da'is Les Rosecroix.


P'.iiopseud.
ISIS DÉVOILÉE 3H

haute importance, puisque les Mages laissés a Abdére par


Xerxes furent ses maîtres, et <fu il avait en outre longtemps
étudié la magie, avec les prêtres Egyptiens (i). Pendant

près de quatre-vingt-dix ans, sur les cent neuf qu'il vécut,


ce grand philosophe avait fait des expériences, qu'il avait
notées dans un livre traitant, suivant Petronius (2), des
faits de la nature qu'i! avait. lui-même.observés etvériiïés.
Et nous le voyons, non seulement refusant de croire aux
/7!cs qu'il rejette absolument, mais encore affirmant

que tous ceux qui (''talent attestes par des témoins oculaires
avalent, et pouvaient avoir réeDemcnt eu
lieu cartous,
même les plus incroyables. avaient été exécutés conforme
ment aux /o/ <?t'rrr/< </<' /?<rc (3).
I.e jour où une des propositions d'Euclide sera contes-
tée est encore ;') venir dit !e professeur Draper (~) exal-
tant les disciple~ d Aristote aux dépens de ceux de Pytha-
~ore (~t de Platon. Hetuscrons-nou~. dans ce ca~, de croire
aux nombreuses autorites bien informées (Lampricrc entre
autres) qui affirment quinze
que les ne livres d'A/s
doivent pas tou~ être a Euc!ide;et
attribues que beaucoup
des plus précieuse~ démonstrations et vérités qu'ils con-
tiennent doivent le~r existence a Pvtha~ore. a Thaler et
a EudoxusPQu Euclide~ maître son ~enic, le /)r~/7?/c/'
.'< mettre de l'ordre (tans ces matières, et qu'il ne fit qu'y
intercaler quelques u;s de ses théories. a!!n de rendre l'en-
semble complet, et en fair~ un système suivi de géomé-
trie? Et si ces autorites sont dans le vrai, e\st donc a ce
solei] centra) de ]a science métaphysique. Pytha~oreetson
école, que les modernes sont directement redevables d'hom-
mes. tels qu'Eratosthenes, le
géomètre et cosmographe,
et dont la réputation est universelle. Archimede, et même
Ptolemee, maigre ses erreurs obstinées. Sans la science
exacte de ces hommes et sans !es fragments des ouvrages

qu'ils nous ont laisses, et sur lesquels Galilée a basé ses

spéculations. les grands prêtres du xïx" siècle pourraient


peut-être encore se trouver, sous la tutelle de FEglise phi-

1. Dtf\?'nc f.it-rcc in Demncrt~t r/


2. Satyrie. V~rns. /) /trcht~cc(ur.,ti!). IX.cap. H!.
:<. Ptinc. //t. Y.<<.
i. Draper. C'of!/7t< cn/re /a T~e~~toft p/ la ~ctcnce.
3t2 ISIS DÉVOILÉE

losophanten I87G sur la cosmogonie d'Augustin et de Bcde,


avec la rotation de la voûte céleste autour de la terre, et
celle-ci encore aussi plate qu'une assiette.
Le xix* siècle semble positivement condamné aux confes-
sions humiliantes. Feltre (en Italie) érige une statue </ Pan-
filo C~~M~. l'illuslre ~{,'c~/c~r des c~r~r~t'rc.s /7!0~f/c.s

~)r/r/c. et ajoute, dans l'inscription, le généreux aveu

que l'Italie lui rend un /r/ ff/ï/7!~< /r<~) /o/c/7!/).


<r~. Mais la statue n'est pas plutôt installée que le colo-
nel Yulc conseille aux habitants de Feltre de la brûler dans
de la chaux vive. Il leur démontre que plus d'un voyageur.
outre Marco Polo, a rapporté de la Chine des types mobiles
en bois, et des spécimens de livres chinois, dont le texte
entier avait été imprimé au moyen de caractères mobiles (i'
Nous avons vu dans plusieurs lamaseries du Thibet, où il y
a des imprimeries, de ces
types conservés comme curiosités.
On sait qu'ils remontent a la plus haute antiquité, puisque
les types furent perfectionnés, et les anciens abandonnés, a
une époque contemporaine des premiers souvenirs du la-
maïsme Bouddhique. Par conséquc'nt. ils doivent avoir
existé en Chine avant l'cre chrétienne.
Que chacun médite et pèse les sages paroles du professeur
Roscoe.d~ns sa conférence sur 1.1 /<c <~z .S/)~r/< « Les
vérités a l'état d enfance doivent être rendues utiles. NI
vous ni moi, peut-être, ne verrons comment ni quand cela
aura lieu. mais nul de ceux qui savent ce que c'est que la
science ne doutera un seul instant que l'heure peut sonner
tout moment où les secrets les plus cachés de la nature
seront mis a la portée de
tous, pour le bien de l'humanité.
Qui aurait prédit que la découverte que les membres d'une
grenouille morte se contractant lorsqu on touche avec deux
métaux différents conduirait a la découverte du télégraphe
électrique ?
Le professeur Roscoe, visitant Kirchhoffet Bunsen, lors-
qu'ils faisaient leurs grandes découvertes sur la nature
des lignes de Fraunhoffer, dit qu'il eut l'intuition qu'il
devait y avoir du fer dans le soleil ce qui a;oute une
preuve nouvelle au million de preuves antérieures, que ce

Book o/r .M.!rco Polo, vol. I, p. 133-t35.


ISIS DÉVOILÉE 3J3

n'est pas par induction, mais


plus bien
souvent par une
intuition, subite comme un coup de foudre, que s'opèrent
les grandes découvertes. II y a encore bien d'autres éclairs
de la sorte en réserve pour nous. On trouvera, peut-être,
des dernières étincelles de la science moderne, le
qu'une
beau spectre vert de l'argent, n'offre rien de nouveau, et
était bien connu des anciens physiciens et chimistes,
qu'il
malgré la rareté et la grande Infériorité de leurs instru-
ments d'opticlue. L'argent et le vert étaient déjà associés a
]époque d H'-rmcs. La lune ou Astarté (l'argent Hermétique)
est un des deux principaux symboles des Rosecroix. C'est
un axiome Hermétique, que « I:t cause de la splendeur et
de la variété des couleurs est profondément ensevelie dans
!cs aftmites de la nature et qu'i! existe une alliance sin-
gulière et mystérieuse entre la couleur et le son )>. Les ca-
b.distes placent leur « nature moyenne en relation directe
;)vec !a lune et le rayon vert occupe le point central des
autres, étan< place au milieu du spectre. Les prêtres Egyp-
tiens chan'ent les .<!<y)~voyelles comme un hymne adresse
;'< Scrapis ~)), et au son de la .<r/)~/7!c voyelle, de même
du soleil levant, la Statue de Mcm-
qu au srp/c /n
non repondait. De récentes découvertes ont démontré les
mervci!!euscs propriétés de !a lumière b!eu-vio!et, le sep-
//r/~ rayon du spectre du prisme. ]e plus puissant de tous,
parlant, et qui correspond a la note la plus
chimiquement
'ovcc dans !a gamme musicaJc. La théorie des Rosecroix
l'univers est un instrument de musique est la doc-
que tout
trine Pythagoricienne de la musique des sphères. Les sons
et les couleurs sont tous spirituels des membres
de même

que les sept rayons du prisme procèdent d'un endroit du


ciel, de même les sept forces de la nature, chacune d'elles
un nombre, sont les sept irradiations de l'unité, le SOLEIL

spirituel central.
« Heureux celui qui comprend les nombres spirituels et

perçoit leur puissante Influence s'écrie Platon. Et heu-


reux, pouvons-nous ajouter, celui qui, parcourant le ïaby-
rvnthe de la corrélation des forces, ne néglige pas de les
faire remonter a ce Soleil Invisible

1. Denis d'7/a~carfta;;xc.
3!4 ISIS DÉVOtLËE

Les futurs
expérimentateurs auront l'honneur d'avoir dé-
montré que les tons de la musique ont un merveilleux effet
sur le développement de la végétation. C'est par l'énoncia-
tion de ce sophisme peu scientifique que nous clorons ce
chapitre, et nous continuerons a rappeler au lecteur indul-
gent certaines choses que les anciens savaient et que les
modernes r/'o!e/ï~ savoir.
CHAPITRE XIV

<f Les transactions '!c notre cite de Saï~ ont


été consignées dans nos écrits sacrés une
pendant
période de 8.000 ans

PLAïo?', le r<fnee.

Lfs Egyptiens afnrmcnt <)u repne d'Hcra-


que
c!is a ce)ui d'Amasis t'.OOO années se sont écou-
ter.

I!t':nonoT! !ib. H. c. 4~.

1.(' thénln~il'n nc peut-il pac dériw'r au m(1Ï:}~

q')")quc h)tT)i(''rc de cette foi pure des .'t?cs pri-


nut.ifs qui res;)irc dans tes hiL'r'~lyphes E~yp-
t:ensn<in'ni']er.'t)ademf't)strn<.i)ndt:I'tmator-

ta!ite()e!)me'?f/hist"rienned.n~nera-t-t)p:ts
si~na)ertanrioritcd'ori:rin~d"tout,artetde
t'"][c science en !ypte, des miHiers d'années
a'n;)( f;')e !cs !~c]ir.-es eussent couvert tes i!es et
's caps de l'archipel de !curs forteresses et de
tet)rs ternîtes?
(~t.inno?'.

SûM~AtRE

Pr"u,
Preuves de la
ta ::1':1'1,1('111'
='r')')'!eur' (II' J"vnfl'
de )'rypt'* ;¡nci('nne.
ancienne. Trans"ort.
Trans-'ort. (Je~
ries ml)!1nli-
monoH-
titcs. La (!r(''cc doit t~'ut~ ses connaissances l'Egypte. La ~)n-
t'i~usc rhcbes c!. la puissante Karnak.–Q~ets furent !esnrchitcctesde

t'E.rvptc '? L'')C tr.'t!'f q'.ti p trc ~'s o~.ttp'< ()c fondra. Cf* que con-
tient. )c papyrus d'Hh~rs. Arts 'vr'ticns de la s'u'j'-rc' et do la patx.
Les trois dc~rt'-s du prf)~rc< socntttique. –Xotre s!cc)c est le siècle
d'airain. Mc'rvcineux vorre chi'is. Trempe du cuivre Envc-

!I)ppe des m')mir,; an~<:t'II"sie. L:\ chimie d"s ('O"¡]el:r" anlom;¡te.


Fahricatinn du vcrrc. pi~:rrc. prl'('icu<:cs :1rtifL;i.~lJt' Les prc-
micrs navigateurs du G)obe. I''te v[I!c mystérieuse dans )es Cordi!-
liërcs. Quic et autres CosmoK"ni~s. Qu'étaient !es aborigènes
Américains. Vntan te dcmt-d':eu Mexicain. Cutt~ du serpcn~
d Israet. Culte de Voudou et Xa?ua!ismc. Religion des anciens
Mexicains. Tfo~s glorieuses rctiqucs d'un passe puissant. Qui a
construit \a?k~n Wat ? )'cc c'* furent, tes tribus perdues d'Is-
qu.'
raël ? Qu'étaient tes Juifa? Mchrnn. ta ville des géants. L<*

pays de l'Etcphant-Btanc. Les énigmes du Sphinx.

Comment a-t-ellc sa science ? A


l'Esypte acquis quelle

a lui cette aurore de la civilisation, dont la merveil-


époque
leuse est les débris et les
perfection indiquée par fragments
316 ISIS DÉVOILÉE

que nous en fournissent les archéologues ? Hélas, les lèvres


de Memnon sont muettes, et ne rendent plus d'oracles le

Sphinx dans son mutisme est devenu un problème plus


dimcile encore a déchiffrer que ne l'était l'énigme propo-
sée a OEdipe.
Ce que l'Egypte a enseigné aux autres, elle ne l'avait
certainement pas acquis dans 1 échange international d'idées
et de découvertes avec ses voisins de race Sémitique, et
ce n'est pas ceux-ci la stimulèrent. < Plus nous en
qui
apprenons sur le compte
Egyptiens des », dit un auteur
dans un récent article, < et plus ils nous paraissent surpre-
nants ». De qui aurait-elle appris ses arts merveilleux,
dont le secret s'est perdu avec elle ? Elle n'a envoyé aucun

agent a travers le monde, pour apprendre ce que les autres


savaient mais c'est a ses sages que les sages des nations
voisines curent recours pour acquérir la science. Se ren-
fermant fièrement dans son domaine enchanté, la belle
reine du désert créait des merveilles, comme avec l'aide
d'une baguette magique. « Rien ne prouve », dit le même
auteur que nous avons dép cité ailleurs, « que la civilisa-
tion et la science aient suivi chez elle la même marche que
chez les autres peuples, mais tout semble y avoir existé au
même degré de perfection e~ les temps les plus Q~r/c/
L'histoire nous démontre que nulle nation n'a eu autant de
« connaissances
qu'elle. »
Xe pourrait-on donner pour
que jusqu'à une
raison,
époque fort récente l'on ne savait
de l'Inde rien
antique ?
Que ces deux nations, l'Inde et l'Egypte, étaient sœurs ?
Qu'elles étaient les plus anciennes dans le groupe des
nations et que les Ethiopiens Orientaux les puissants
constructeurs étalent venus de l'Inde à l'état de peuple
adulte et mûr, apportant leur civilisation avec eux, et colo-
nisant peut-être le territoire inoccupé de l'Egypte ? Mais
nous développerons ce thème d'une façon plus complète
dans notre troisième volume (1).
« La mécanique, dit Eusèbe Salverte, était pratiquée par
les anciens a un degré de
perfection qui n'a jamais été
atteint dans les temps modernes. Leurs inventions ont-elles

t. VoLr volume IV, chap. 8.


JStS DÉVOtLÉE 317

à notre et au-
été surpassées époque ? Certainement non
jourd'hui, avec tous les
moyens que le progrès de la science
et les découvertes modernes ont placés entre les mains des
mécaniciens, n'avons-nous pas été arrêtés par de nom-
breuses difncultés, en cherchant à mettre en place un de
ces monolithes sur son piédestal, qu'il y a quarante siècles,
les Egyptiens érigeaient en si grand nombre devant leurs
édifices sacrés.
Aussi loin que nous jetions nos regards dans l'histoire,
au règne de Mènes, le plus ancien des rois dont nous ayons
connaissance, nous trouvons la preuve que les Egyptiens
étaient beaucoup plus versés en hydrostatique et en ma-
tière de machines hydrauliques que nous-mêmes. L'oeuvre

gigantesque du détournement du cours du Nil, ou plutôt


de ses trois principales branches, pour l'amener à Memphis~
fut accomplie sous le règne de ce monarque, qui nous paraît
aussi éloigné dans la nuit des temps qu'une étoile lointaine
brillant dans la voûte céleste. Wilkinson dit « Menés prit
soigneusement la mesure de la force qu'il avait à combat-
tre, et il construisit une digue dont les puissants remblais
et les énormes remparts firent dévier les eaux vers l'est,
et depuis cette époque le fleuve est resté maintenu dans
son nouveau lit. » Hérodote nous a laissé une poétique
mais exacte description du lac Mœris, ainsi nommé du Pha-
raon qui fit creuser ce réservoir artificiel.
L'historien a décrit ce lac comme mesurant 450 milles
de circonférence et 300
pieds de profondeur. Il était ali-
menté par le Nil au moyen de canaux artificiels, et il avait
été construit dans le but de mettre en réserve une partie
des eaux de l'inondation annuelle, pour servir a l'irriga-
tion sur une étendue de plusieurs milles. Ses nombreuses
écluses, ses batardeaux, ses barrages et ses mécanismes
merveilleusement adaptés aux besoins étaient construits
avec la plus
grande habileté. Les Romains, à une époque
beaucoup plus récente, puisèrent leurs connaissances, en ma-
tière de constructions hydrauliques, chez les Egyptiens, mais
nos progrès les plus récents, dans la science de l'hydrosta-

tique, ont démontré que leurs notions sur certaines bran-


ches de cette science laissaient beaucoup à désirer. Ainsi,
par exemple, s'ils étaient au courant de ce que l'on appelle
318 ISIS DÉVOILÉE

la loi 'en hydrostatique, ils


paraissent avoir été
grande
moins familiers avec ce que nos modernes ingénieurs dési-
gnent sous le nom de joints étanchcs. Leur ignorance est
sumsamment démontrée par leur manière de conduire l'eau
a travers grandsde aqueducs de niveau, au lieu d'em-

ployer pour cela, à moins de frais, des tubes de fer placés


au-dessous de la surface du sc'l. Mais les Egyptiens évi-
demment usaient d'une méthode beaucoup supérieure, pour
leurs canaux et leurs irrigations artificielles. Malgré cela,
les ingénieurs modernes employés par M. de Lesseps pour
le Canal de Suez, qui ont appris des anciens Romains tout
ce qu'ils ont pu leur enseigner do leur art, que de leur côté
ils avaient puisé en Egypte, ont haussé les épaules a l'idée

qu'on leur suggérait, qu'ils pourraient chercher le remède


a certaines imperfections de leur travail dans l'étude des
divers musées Egyptiens. Néanmoins, les ingénieurs ont
réussi a donner aux rives de ce « long et vilain fossé
comme l'appelle le professeur Carpcntcr, une force et une
solidité sutHsantes, pour en faire une voie d'eau navigable,
au lieu d'un écueil de boue qu'i! était d'abord pour les
navires.
Les dépôts d'alluvion du Xil, durant les trente derniers
siècles, ont complètement modifié la structure du Delta, de
sorte qu'il gagne continuellement sur la mer, en ajoutant
sans cesse au territoire du Khédive. Dans les temps anciens.
la principale bouche du fleuve était nommée Péluvienne
et le canal creusé par l'un des rois, le canal de Xecho, con-
duisait de Suez a cette branche. Après la défaite d'Antoine
et de Cléopâtre a Actinus, on proposa de faire passer une

partie de la flotte par le canal dans la Mer Rouge, ce qui

indique la profondeur que ces ingénieurs des premiers âges


avaient su donner a leur canal. Les colons du Colorado
et de 1 Arizona ont récemment reconquis de grandes éten-
dues de terrain aride par
d'irrigation un et les
système
journaux ont fait de pompeux éloges de leur ingéniosité.
Mais sur une distance de 300 milles au-dessus du Caire,
s'étend une bande de terre conquise sur le décret et rendue,
suivant le professeur Carpe nter, « la plus fertile qui existe
sur la surface du globe Cet auteur dit « Pendant des mil-
liers d'années ces canaux d'embranchement ont apporté l'eau
ISIS DÉVOILÉE 319

du Nil
pour fertiliser le sol de cette étroite langue de terre,
aussi bien que celui du Delta. Il décrit « le réseau des
canaux du Delta qui date de la première époque de la
monarchie égyptienne ».
La province française de l'Artois a donné son nom aux

puits artésiens, comme si cette forme d'appareils de forage


avait été employée pour la première fois dans cette contrée
mais, si nous consultons les annales de la Chine, nous trou-
vons que ces puits y ont été d'un usage commun, des siè-
cles avant 1ère chrétienne.
Simaintcnant nous nous tournons du côté de l'Architecture,
nous voyons se déployer a nos yeux de véritables merveilles

qui défient toute description. En parlant des temples du Phi-


lae.d'Abu Simbcl.dc Dendcra,d~Edfu,etde Karnak, le pro-
fesseur Carpentcr remarque que « ces belles et étonnantes
constructions, sptcndidcs et stupéfiantes, ces pyramides et ces

temples gigantesques ont encore une ampleur et une beauté

impressionnantes, après tant de milliers d'années. Il reste con-


fondu de l'admirable caractère du travail, les pierres étant join-
tes, dans la plupart des cas, avec une étonnante
exactitude,
si bien que 1 on ne peut pas même introduire entre les joints
la lame d'un couteau ». Il signale, au cours de son pèleri-
nage archéologique d'amateur, une autre de ces curieuses
~o//ïc/c<~ que Sa Sainteté le Pape apprendra peut-être
avec quelque intérêt. Il parle du Z~e Egyptien des Morts,
sculpté sur les anciens monuments, et de l'antique croyance
a rimmortalité de l'âme. « Or », dit-il, « il est fort éton-
nant de voir que non seulement cette ancienne croyance,
mais encore le langage dans lequel elle est exprimée dans

l'antiquité Egyptienne anticipent sur la Révélation Chré-


tienne. En effet, dans ce Livre des J/or~s, on fait usage des
mêmes que nous
phrases retrouvons dans A'OHueoH Tesla-
/7ï~, au sujet
du jour du Jugement et l'auteur admet
que ce hiérogramme « a été gravé probablement 2.000 ans
avant Fère chétienne ».
D'après Bunsen, qui est considéréayant fait les
comme
calculs les plus la masse
exacts, de maçonnerie de la grande
pyramide de Cheops mesure 8~.111.000 pieds, et pèserait
C.316.000 tonnes. L'immense quantité de blocs de pierre
carrés nous montre l'adresse sans pareille des tailleurs de
320 ISIS DÉVOILÉE

Egyptiens. Parlant de la grande


pyramide, Kenrick
pierre
dit « Les joints sont a peine perceptibles, car leur épais-
seur ne dépasse pas celle d'une feuille de papier, et le ci-
ment en est si dur, que les fragments des pierres de revê-
tement restent encore dans leur position originelle, malgré
que plusieurs siècles se soient écoulés, et la violence avec

laquelle elles furent détachées. » Lequel de nos architectes


modernes et de nos chimistes redécouvrira le ciment indes-
tructible des plus anciens édifices égyptiens ?
« L'habileté des anciens dans la taille des pierres », dit
Bunsen, se montre le plus manifestement dans l'extraction
des blocs gigantesques dont sont
les obélisques tirés
et les
statues colossales, obélisques de quatre-vingt-dix pieds de
hauteur, et statues de quarante pieds, sculptés dans un seul
bloc » Or il en existe un grand nombre. Ils ne faisaient
pas sauter les blocs pour ces monuments mais ils avaient

adopté la méthode scientifique suivante Au lieu d'employer


d'énormes coins en fer, qui auraient fait éclater la pierre, ils
creusaient une petite rigole sur toute la longueur de la ro-
che, sur une longueur d'une centaine de pieds, et ils y insé-
raient très près les uns des autres un grand nombre de

petits coins en bois très sec ils jetaient ensuite de l'eau


dans la rigole, et les coins gonflés par l'humidité se déten-
daient et éclataient simultanément avec une force terrible,
qui fendait l'immense pierre aussi net qu'un diamant coupe
un morceau de verre.
Les géographes et les
géologues modernes ont démontré
que ces monolithes avaient été apportés de distances pro-
digieuses, sans pouvoir se former une idée de la manière
dont s'effectuaient ces transports. D'anciens manuscrits nous
apprennent qu'ils étaient opérés au moyen de rails porta-
tifs, qui reposaient sur des sacs remplis en cuir d'air et
rendus incorruptibles par le même procédé mis en usage
pour la conservation des momies. Ces coussins
ingénieux
d'air empêchaient les rails de s'enfoncer dans le sable.
Manetho en fait mention, et il observe qu'ils étaient si bien
préparés, qu'ils pouvaient braver l'usage pendant des siècles.
Il est impossible de fixer, d'après les règles de la Science
moderne, la date des centaines de pyramides dans la vallée
du Nil; mais Hérodote nous informe roi en
que chaque
!S!S DËVOÏLËE 321

érigeait une en commémoration pour lui


de son règne, et
servir de sépulture. Mais, Hérodote n'a pas tout dit, bien
ait été au courant
qu'il que le but réel de sa pyramide était
bien digèrent de celui qu'il lui attribue. Si ses scrupules reli-
gieux ne le lui eussent défendu, il aurait pu ajouter qu'exté-
rieurement, elle symbolisait le principe créateur de la nature,
et qu'elle lui servait aussi d'illustration aux principes de la
géométrie, des mathématiques, de l'astrologie, et de l'astro-
nomie. Intérieurement c'était un temple majestueux, dans
les sombres retraites duquel les mystères,
s'accomplissaient
et dont les murs avaient souvent été témoins des cérémonies
d'initiation des membres de la famille royale. Le sarcophage
de porphyre que le professeur Piazzi Smyth, Astronome
Royal d'Ecosse, fait descendre au rôle trivial de coffre a
grain, était le {ont baptismal, d'où, en sortant, le néophyte
« était né de nouveau » et devenait un cc~e/)~.
Hérodote nous donne cependant une juste idée du travail
considérable dépensé dans le transport d'un de ces gigan-
tesques blocs de granit. Il mesurait trente deux pieds de
long, vingt et un de large et douze d épaisseur. Il évalue
son poids à plus de 300 tonnes, et 2.000 hommes travail-
lèrent pendant trois ans à le transporter le long du Nil de
Syènc au Delta. Gliddon dans son livre ~4/ïc/e/~ ~yy~,
mentionne la description donnée par Pline des mesures

prises pour transporter l'obélisque érigé à Alexandrie par


Ptolémée Philadelphe. On creusa un canal du Nil à l'endroit
où gisait l'obélisque. Deux bateaux furent amenés au-des-
sous ils étaient lestés de pierres cubiques d'un pied cha-
cune, et le poids de l'obélisque ayant été calculé par les
ingénieurs, le chargement des bateaux était exactement pro-
portionnel à ce poids, de façon qu'ils étaient sumsamment
submergés pour pouvoir passer sous le monolithe couché en
travers du canal. Dans cette position, le lest fut successive-
ment enlevé, les bateaux se relevèrent et soulevèrent l'obé-

lisque, qu'ils transportèrent de la sorte, jusqu'à l'embou-


chure du fleuve.
Dans la Section Egyptienne du Musée de Dresde, ou de
Berlin, nous ne savons plus au juste lequel, il y a un dessin
représentant un ouvrier grimpant le long d'une pyramide
inachevée, portant une charge de sable sur le dos. Cela a

VOL.fl 21
322 ISIS DÉVOILÉE

à certains Egyptologues l'idée que les blocs des


suggéré
étaient chimiquement composés sur place. Quel-
pyramides
ques ingénieurs modernes croient que le ciment de Portland,
un double silicate de chaux et d'alumine, constitue le ci-
ment indestructible des Anciens. Mais, d'autre part, le pro-
fesseur aiïirme que les pyramides, à l'exception
Carpenter
de leur de granit, étaient formées de ce que les
enveloppe
géologues nomment pierre calcaire /ïM/7ï/nM/<yM~. Ce cal-
formé il est
caire est plus que la vieille
récent des craie
coquilles nommés
d'animaux nummulites, grands comme de
de monnaie de la dimension d'un shilling.
petites pièces
Quelle que soit la décision qu'on prenne à cet égard, per-
sonne, depuis Hérodote et Pline, jusqu'au dernier ingénieux
voyageur qui a contemplé ces monuments impériaux de

dynasties depuis longtemps disparues, n'a dire pu nous


comment ces masses gigantesques avaient été transportées
et mises en place. Bunsen accorde a l'Egypte une antiquité
de 20.000 ans. Mais, même a cet égard, si nous voulons nous
en rapporter aux autorités modernes, nous en sommes
réduits aux conjectures. Elles ne nous apprennent ni pour-
les pyramides construites, ni sous quelle dynastie la
quoi
première fut érigée, ni les matériaux avec Icsqr~ls elles ont
été bâties. Tout est conjecture en ce
qui les concerne.
Le professeur Smyth nous a fourni la description mathé-

matique. de beaucoup la plus exacte que l'on trouve dans la


littérature sujet au de la grande
pyramide. Mais après nous
avoir montré la portée astronomique de sa structure, il

apprécie si mal les notions de l'ancienne Egypte, qu'il sou-


tient fermement que le sarcophage de porphyre dans la
chambre du roi est l'unité de mesure des deux nations les

plus éclairées du globe, « l'Angleterre et les États-Unis


d Amérique Un des livres d Hermès décrit certaines de
ces pyramides, comme s'élevant sur les bords de la mer,
« dont les vagues impuissantes viennent se briser à leur
base Cela laisse supposerque les tracés géographiques
de la contrée ont été changés, et pourrait indiquer que nous
devons attribuer à ces anciens < greniers », observatoires
magico-astrologiques », et « sépulchres royaux », une ori-
gine antérieure à la formation du Sahara et des autres dé-
serts. Cela impliquerait une antiquité de beaucoup supé-
ISIS nÉVO!LÉE 323

rieure aux
quelques milliers d'années, si généreusement
concédées par les Egyptologues.
Le D' Rebold, un archéologue français de quelque re-
nom, donne à ses lecteurs un aperçu de la culture qui pré-
valait o.OOO (?) ans avant Jésus-Christ, en disant qu'il n'y
avait à cette époque pas moins de « trente à quarante col-
lèges de prêtres, qui étudiaient les sciences occultes et de
la magie pratique
Un rédacteur de la .Vo//o/!a/ ~Mo/er/ /w (vol.
XXXII, n° LXIII, décembre 1873) dit que « les récentes
excavations faites dans les ruines de Carthage ont amené
au jour des traces de civilisation, et d'un ravinement d'art
et de luxe qui doit même avoir éclipsé ceux de l'ancienne
Rome et lorsque le fameux vœu delenda Carlhago fut
réalisé, la maîtresse du monde savait bien qu'elle allait
détruire une nation plus grande qu'elle-même, car, tandis

que l'un de ces deux empires conquérait le monde


par la
seule force des armes, l'autre était le dernier et le plus par-
fait représentant d'une race qui avait été à la tête de la
civilisation, bien des siècles avant que l'on n'eût rêvé de
Rome, et dirigeait l'instruction et l'intelligence du genre
humain Cette Carthage est celle qui, d'après Cyprien,
existait déjà 12~4 avant Jésus-Christ, ou cinquante ans
avant la prise deTroie, et non celle que la tradition popu-
laire suppose avoir été bâtie par Didon (Elissa et Astarté)

quatre siècles plus tard.


Nous trouvons ici encore une preuve de la vérité de la
doctrine des cycles. Les affirmations de Draper, au sujet
de l'érudition astronomique des anciens Egyptiens, sont
singulièrement corroborées par un fait intéressant cité
d'une conférence donnée à Philadelphie par feu le professeur
d'astronomie 0. M. Mitchell. Sur le cercueil d'une momie,
actuellement au British Muséum, est dessiné un Zodiaque,
avec les
positions exactes des planètes au moment de l'équi-
noxe d'automne, de l'année 17~3 avant Jésus-Christ. Le pro-
fesseur Mitchell calcula la position exacte des corps célestes

appartenant a notre système solaire, à l'époque indiquée.


« Le résultat dit l'auteur qui le cite, le voici suivant ses

propres expressions « A ma grande surprise, je trouvai que


le 7 octobre 17~ avant Jésus-Christ la lune et les planètes
321 ISIS DÉVOILÉE

avaient occupé exactement, dans le ciel, les places indi-


sur le cercueil du British Museum (i). »
quées
Le professeur John Fiske, dans son attaque contre le /5-

o f the intellerluel ~cuf/o/)~/7?f/ o f ~ro/~c du D' Dra-

per, part en guerre contre la doctrine de la progression cycli-


que, en faisant remarquer < que nous n'avons jamais connu
le commencement ni la fin d'un cycle historique et que nous
n'avons aucune garantie inductive pour croire que nous en
traversons un maintenant » (3). Il blâme l'auteur de cet élo-

quent et remarquable ouvrage, pour « l'étrange disposition


qu'il y trahit, non seulement de rapporter la meilleure part
de la culture des Grecs à une Egyptienne, mais
source en-
core d'exalter uniformément la civilisation non Européenne,
aux dépens de celle de l'Europe > Nous croyons que cette
« étrange disposition » pourrait être directement sanction-
née par les aveux des grands historiens Grecs eux-mêmes.
Le professeur Fiske pourrait relire Hérodote avec profit.
Le « Père de l'Histoire confesse a plusieurs reprises que
la Grccc doit tout a l'Egypte. Quant a son assertion que le
monde n'a jamais connu le commencement ni la nn d'un
cycle historique, nous n'avons qu'a jeter un coup d'œil ré-
trospectif sur les nombreuses glorieuses nations qui ont
disparu, c'est-à-dire qui ont atteint
fin de leur la
grand
cycle national. Que l'on compare l'Egypte de cette époque
avec ses arts poussés à la perfection, sa science, sa reli-

gion, ses glorieuses cités, ses monuments, et sa nombreuse


population, avec l'Egypte d'aujourd'hui, peuplée d'étran-
gers ses ruines devenues l'asile des chauve-souris et des
serpents, et quelques rares Cophtes, les seuls héritiers sur-
vivants de toutes ces grandeurs, et que l'on dise si la théo-
rie cyclique est un vain mot. Gliddon, qui est contredit par
Fiske dit « Les philologues, les astronomes, les chimistes,
les peintres, les architectes, les médecins, doivent revenir de
l'Egypte, pour y apprendre l'origine du langage et de l'écri-
ture du calendrier et du système solaire, de l'art de tail-
ler le granit avec un ciseau d'airain, et de donner de l'élas-

Peebles..Arou~d the Hor~J.


2. John F~ke. The .\or< .imertca~ Tïerteu', art. < Th': Laws of His-
tory juillet. 1859.
ISIS DHVOtLÉE 325

ticité a une épée de cuivre de fabriquer du verre avec la


diversité de nuances de l'arc-en-ciel; de mouvoir des blocs
de syénitepolie, du poids de neuf cents tonnes, et de les
transporter a n'importe quelle distance, par terre ou par
eau de construire des arches de plein cintre ou en ogive,
avec une précision mathématique qui n'a pas été surpassée
jusqu a nos jours, et cela ~.000 années avant la C/o</r~[ ~/a-
~M de Home de sculpter une colonne Dorique mille ans
avant que les Dotions aient été connus dans l'histoire de
peindre a fresque avec des couleurs inaltérables de la con-
naissance pratique <!e l'anatomie et de la manière de cons-
truire des
pyramides dénant
temps. le
»
« Tout artisan peut se rendre compte du propres de son
art il y a t.()(i0 ans, dans les monuments de l'Egypte et,
qu'il soit charro:! construisant des chars cordonnier cou-
sant sa chaussure corroveur employant la même forme de
couteau que les anciens, parce qu'elle est considérée aujour-
d'hui comme !a meilleure tisserand faisant usage de la
même navette ferblantier se servant d'un soufilet de forge
de forme
identique ;'( la leur, reconnue tout récemment la

plus etHcace le graveur sur pierre taillant en hiéroglyphes


des noms comme ceux dj Schooho il y a plus de ~00 ans
/OM~<s ces y/y'c/yrc's. et bien d'autres plus su: prenantes en-
core de la priorité des Egyptiens ne demandent, pour être
obtenues, qu'un simple coup d'œil jeté sur les gravures de
Rossellini.
« En vérité », s'écrie un autre auteur, <c ces temples et
ces tombeaux des Rhamsès étaient pour IIérodot-j autant

que pour nous-mêmes, d'incontestables merveilles (1)~.


Malgré cela, l'impitoyable main du temps a les laissé
traces de son passade sur leurs constructions, et quelques-
unes d'entre elles, dont le souvenir aurait été perdu sans les
Z~t'c.s </ //('r~ï~s, ont été plongées pour jamais dans l'oubli
des âges. Hois après rois, et dynasties après dynasties ont

passé dans leur pompe brillante sous les yeux des géné-
rations successives, et leur renommée a rempli le monde
habitable Le même voile d'oubli était tombé sur eux ainsi

que sur leurs monuments, avant que la première de nos

1. Peebles, tjb;d.
ISIS DÉVOILÉE

autorités Hérodote, ait conservé a la postérité


historiques,
le souvenir de cette merveille du monde, le grand Laby-
rinthe. La longtemps acceptée a telle-
chronologie Biblique
ment rétréci les esprits, non seulement du clergé, mais
encore de nos savants a peine atfranchis de leurs chaînes,
traitant les vestiges préhistoriques, dans les différentes
qu'en
du monde, on manifeste toujours une crainte cons-
parties
tante d'aller au delà de la période de (;.000 années, jusqu'à
présent accordée par la théologie comme étant 1 âge réel du
monde.
Hérodote trouva le Labyrinthe déjà en ruines mais, mal-

gré cela, son admiration pour le génie de ses constructeurs


ne connut pas de bornes. Il le considérait comme, de beau-
merveilleux et
coup, plus que les pyramides eUcs-mémes.
il le décrit minutieusement en témoin oculaire. Les savants
Français et Prussiens, aussi bien que d'autres Kgyptologues,
sont d'accord sur son et ils ont visité et
emplacement,
reconnu ses ruines. De plus. ils confirment les
rapports
qu'en a fait l'historien antique. Hérodote dit qu'il y a trouvé
~.000 chambres, dont la moitié souterraines et Vautre moitié
au-dessus du sol. « Les chambres supérieures~ dit-il, je les ai
parcourues et examinées en détail. Dans celles au-dessous
du sol (qui /)~/rc/ c/!ro/ c.r/ < </V~ quoi qu en
disent les archéologues), les gardions de l'édi!!ce ne vou-
lurent pas me laisser pénétrer, parce qu'elles renferment
les des rois le Labyrinthe, et
sépulchres qui construisirent
aus~i ceux des crocodiles sacrés. Je trouve que ces cham-
bres supérieures que j'ai vues et étudiées de mes yeux
dépassent toutes les autres productions humaines. » Dans
la traduction de Ravvlinson, on fait dire a Hérodote « Les

passages dans les éditices et les détours variés des couloirs


a travers les cours éveillaient en moi une admiration sans
bornes. lorsque je passais des cours dans les chambres, et
de c'~Des-ei dans les colonnades, et ainsi de suite dans des
pièces et des cours encore inexplorées. Le toit éta~t tout
entier en pierre. comme les murs. et l'un et les autres étaient
admirablement sculptés et ornés partout d'exquises ilgures.
Chaque cour était entourée d'une colonnade construite en
pierres blanches très finement sculptées. Au coin du Laby-
rinthe s élève une de quarante brasses de hau-
pyramide
ISIS DÉVOILÉE 327

teur, avec de grandes figures gravées sur ses diverses faces,


et dans laquelle on arrive par un vaste passade souterrain.
Si tel était le Labyrinthe, lorsque Hérodote le visita,

qu'était donc l'ancienne Thèbes, la ville détruite longtemps


avant l'époque de Psammétique, qui lui-même régnait
530 ans âpres la destruction de Troie? Nous trouvons que
de son temps Memphis était la capitale, tandis que de la
glorieuse Thèbes il ne restait plus que des ruines. Or, si
nous, qui nepouvons baser nos appréciations que sur les
ruines de ce qui était d.'ja à l'état de ruine tant de siècles
avant notre ère, nous sommes stupéfaits par leur contem-
plation. que doit avoir produit sur 1 esprit le spectacle géné-
ral de Thèbes, dans ses jours de gloire? Karnak, temple,
palais, ruines, quelque nom qu'il plaise aux archéologues
de lui donner, est maintenant l'unique chose qui la repré-
sente. Mais toute solitaire et abandonnée qu'elle soit, em-
blème exact d'un majestueux empire, et comme oubliée

par le temps dans la marche des siècles, elle atteste haute-


ment L'art et l'h:(bilt'té des hommes de ces âges anciens. Il
faudrait en vérité, totalement méconnaître le génie, pour ne

pas sentir et v'r la grandeur intellectuelle d'une race, qui


a pu concevoir la place d'un pareil édifice et le construire.

Champollion, qui a passé presque toute sa vie a explorer


les restes archéo!ogiques, donne carrière a ses sentiments
dans la description suivante de Karnak « Le sol couvert
par la i.iasse
de l'édince encore debout est de forme carrée
et chaque face mesure 1.800 pieds. On est frappé de stupeur
et ~<Tr~/)or /<v ~r~/ï~w de ces restes sublimes et par la
prodigalit.é et la magnincenec du travail qui s'y trahit par-
tout. » Aucun peuple des temps anciens ou modernes n'a
conçu l'art de l'architecture sur une échelle aussi vaste et
aussi grandiose que ceile des anciens Egyptiens; et l'ima-
gination qui. en Europe, s'élève bien plus haut que nos

portiques, .s'rr~/f el /o/n~c //n/<!<7/ï~ au pied des


cent

quarante colonnes de Fhypostyle de Karnak La cathédrale


de Notre-Dame de Paris pourrait tenir sans toucher la voûte
dans une de ses salles en v produisant au centre l'effet d'un

petit meuble d'ornement.


Un écrivain, dans un numéro d'un journal anglais de
~870, parlait évidemment avec la compétence d'un voya-
32~ ISIS DÉVOILÉE

ce qu'il a vu, s'exprime en ces termes


geur qui décrit
« Les cours, les salles, les portes, les piliers. les obélisques,
les statues monolithes, les sculptures, les longues rangées
de sphinx se trouvent en si grande profusion a Karnak. que
ce spectacle en impose a la compréhension moderne. »
Denon, vovageur français, dit de son coté « I! est a

peine possible de croire, après 1 avoir vu, h la réalité de


l'existence de tant de constructions rassemblées sur un
même point, a leurs dimensions, a la ferme persévérance
que leur édification a exigée, et aux dépenses incalculables
d'une si grande magnificence! Il faut que !e lecteur se rende

compte que ce qu'il a sous les yeux est un rêve. puisque


celui qui voit les objets mêmes, se prend parfois a douter

qu'il soit parfaitement éveillé. Il y a des lacs et des mon-


tagnes dans la périphérie du .S~nr~~rt'. Ces deux édifices
sont choisis pour exemples, dans une liste /)/< /)~
sable. Toute la villée et le delta du Xil. des cataractes a la
mer, sont couverts de temples, de palais, de tombeaux, de

pyramides, d'obélisques et de piliers. L'exécution des sculp-


tures est au-dessus de tout éloge. D~ l'avis de tous les

experts I.t perfection mécanique avec laquelle les artistes


travaillaient le granit, l'ophite, la broche et le basalte est
mervciHeuse. Les animaux et les plantes sont aussi bien
ex'cu(é-' que s'ils étaient naturels, et les objets artificiels
sont admirablement sculptés des batailles sur terre ou
sur mer et des scènes de la vie domestique se retrouvent

partout dans les bas-reliefs. »


« Les monuments », dit un auteur anglais, « qui frappent
l'esprit du voyageur, le remplissent d'idées grandioses. On
ne peut s'empêcher de s'écrier, à l'aspect des colosses et des

magnifiques obélisques qui semblent dépasser les limites de


la nature humaine « Voila l'ouvrage de l'homme, et ce
sentiment paraît ennoblir son existence (i). »
A son tour, le D~ Richardson, parlant du temple de Den-
dera, dit < Les figures de femmes sont si bien exécutées,
qu'il ne leur manque que la parole elles ont une douceur
de physionomie et d'expression qui n'a jamais été sur-
passée. »

t. Pavary. Z.e~<rs on .F~y~, vol. I!, p. 6~, London, 1*86.


ÏStS DÉVOILÉE 329

C/Mc~/ïc de ces pierres est ro~ucr/e <<~o~3~M,


C/ /)/ ils .0~/ ~/ïr/C/ï5, plus ils sont finemenl r~C/~S.
Cela ne fournit-il pas une preuve nouvelle que l'histoire n'a
eu son premier aperçu des anciens, que lorsque, déjà, les arts
allaient en décadence? Les obélisques ont des inscriptions
fouillées a deux pouces de profondeur, et quelquefois davan-

tage. et elles sont gravées au plus hautdegré de perfection.


On peut se faire une idée cle leur profondeur, par le fait
que les Arabes, pour un salaire minime, monteront parfois
jusqu'au sommet d'un obélisque, en plaçant leurs doigts de

pied dans les excavations des inscriptions hiéroglyphiques,


en guise d'échelons. Que tous ces travaux, chez lesquels la
solidité le dispute a la beauté d'exécution, furent exécutes
avant t époque de l'Exode, ne fait pas le moindre doute.
Tous les archéologues s'accordent aujo'ird hui a dire que
plus nous avançons dans l'antiquité. plus ces arts sont beaux
et finis. Ces avis unanimes contredisent formellement l'opi-
nion personnelle cle M. Fiske, qui voudrait nous faire croire

que les sculpteurs de ces monuments (de l'Egypte, de l'Ilin-


doustan et del'Assyrie) dénotent un très faible développe-
ment des facultés artistiques (t). Que dis-je le savant pro-
fesseur va plus loin encore. Se joignant aux adversaires
des connaissances, qui par droit étaient le lot d's castes
sacerdotales de l'antiquité, de ce! de
Lévi. par exemple, il

remarqua dédaigneusement « que la théorie extravagante de


la science profonde des prêtres Egyptiens depuis l'antiquité
la plus reculée départie aux philosophes grecs voyageurs,
a été complètement détruite par Sir G.-G. Lewis (~). tandis
qu'en ce qui concerne l'Egypte et 1 Ilindoustan aussi bien

que 1 Assyrie, on peut dire que les monuments gigantesques


qui ont orné ces contrées depuis les temps préhistoriques,
attestent la prédominance d'un despotisme barbare, totale-
ment incompatible avec la noblesse sociale, et, par consé-
quent. avec un propres soutenu (H).
Drôle d'argument, en vérité Si la grandeur et l'étendue
des monuments publics doivent servir de critérium a la

t. J"hn Fiskc..Yor~ .imprtcart ~Reute~ art. « The L~v~ of History


juillet !86~.
2. Sir G -C. Lewis, .-ts/ro~omy <e .ific/e~s.
3. John Fiske, ibid., ibid.
330 ISIS DÉVOILÉE

postérité pour apprécier approximativem~nt le « degré de


civilisation atteint par leurs constructeurs,
l'Amérique,
si fière de ses prétendus sa liberté,
progrès et de
ferait
bien de réduire ses édiilces a un seul étage; sans quoi, sui-
vant la théorie du professeur Fiskc, les archéologues de
l'année 3877 de l'ère chrétienne appliqueront a « l'ancienne

Amérique » de 1877 la règle de Sir Lewis, et diront que


les ~nr~ns Etats-Unis doivent être considérés comme un

grand /a~M~! ou plantation, cultivée par la popula-


tion tout entière, esclaves du roi (c'est-à-dire du
président).
Est-ce parce que les races Aryennes a peau blanche n'étaient

pas nées constructeurs, comme les Ethiopiens Orientaux,


ou les Caucasiens bronzés (i) par conséquent, étaient inca-

pables de faire concurrence a ces derniers pour ces colos-


sales constructions, que nous devons que tirer la conclusion
ces temples grandioses et ces pyramides n'auraient jamais
été bâtis si ce n'est sous le fouet d'un despote? Etrange lo-

gique II semblerait, certes, plus prudent de s'en tenir aux


« rigoureuses règles cle la critique )> posées par Lewis et
Grota et de confesser loyalement, une fois pour toutes, que
nous ne savons que fort peu de chose au sujet des nations
de ~antiquité. et que sauf ce qui concerne les spéculations

purement hypothétiques, nous avons de tout aussi peu


chanc- a l'avenir, a moins que nous ne dirigions nos études
dans le même sens que les prêtres anciens. Nous ne savons

que ce qu'il était permis aux non initiés de savoir, mais le

peu que nous avons pu en apprendre par déduction devrait


suffire a nous donner la certitude que, même au xix' siècle.
avec toutes nos prétentions a la suprématie dans les arts
et les sciences, nous sommes tout a fait incapables. non seu-
lement (le bâtir quelque chose de pareil aux monuments de
l'Egypte, de l'Indoustan ou de
l'Assyrie, mais même de
découvrir de nouveau le moindre de leurs arts /v/us.
D'ailleurs, Sir Gardner Wilkinson corrobore cette appré-
ciation des trésors exhumés cle
l'antiquité, en ajoutant a
ce que nous venons de dire « que nous ne pouvons recon-
naître aucun mode primilif de vie, aucune coutume bar-

1. Xtius essaierons de dcm'.ntrerdans le vol. !V,chap. 2 que les an-


ciens Et.~i'j~tcnsn'ap?a:<,j::aie:it. pas a!a race Chamit.tque.
ISIS DÉVOILÉE 331

barc, mais bien une sorte de civilisation stationnaire dès


les cpo</Me.s les plus rcrM/ee~ de /'on/M/ Ainsi l'ar-
ciléologie a cet égard est en désaccord avec la géologie, qui
ailirme que du plus loin que nous suivons les traces de
l'humanité, plus luinous reconnaissons
de barbarie. Il est
douteux que la géologie ait déjà épuisé le champ des re-
cherches que lui ont fourni les cavernes, et l'opinion des

géologues basée sur l'expérience présente, pourrait être ra-


dicalement modifiée, lorsqu'on aura découvert les restes des
ancêtres du peuple qu'ils désignent, maintenant, sous le
nom de troglodytes.
Qu'est-ce qui démontre mieux la théorie des cycles que
Fait suivant? Près de 700 ans avant Jésus-Christ, dans
tes écoles de Thaïes et de Pythagore, l'on enseignait la doc-
{rine du véritable' mouvement de la terre, de sa forme
réelle, et du système héliocentrique. Et en l'an ~17 après
Jésus-Christ, nous trouvons Lactance, le précepteur de Cris-

pus César, lils du grand Constantin, enseignant a son dis-

ciple que la terre était une surface plane entourée de ciel,

composée d'eau et de feu, et le prémunissant contre la doc-


trine hérétique du la forme sphéroïde de ~a terre!
Toutes les fois
l'orgueil d'une
que. découverte
dans nou-
velle, nous jetons regard sur le passé,
un nous sommes fort
étonnés de constater que la prétendue découverte n'était

pas entièrement inconnue des anciens.


On afHrmo généralement que ni les habitants primitifs
des mosaïques,
temps ni même les nations plus civilisées
''e la période des Ptolémécs ne connaissaient l'électricité.
~i nous persistons a professer cette opinion, ce n'est pas
faute de preuves du contraire. Si nous dédaignons de cher-
cher a connaître le sens profond de certaines assertions de
Servius et autres écrivains, nous ne pouvons les faire ou-
blier au point, que plus tard, leur signification ne nous
saute aux veux avec toute son incontestable vérité. « Les

premiers habitants de la terre )>, dit-il, « n'apportaient ja-


mais de feu sur leurs autels; mais par leurs prières, ils le
faisaient descendre du ciel » (î). Prométhée découvrit et
révéla aux hommes l'art d'attirer la foudre et grâce à la

1. Servius. Vtr~t~e Eglogue, YI, v. 42.


332 ISIS DÉVOILÉE

méthode qu'il leur enseigna, ils faisaient descendre le feu


des régions supérieures.
Si, après avoir médite ces paroles, nous ne voulons en-
core y voir que la vaine phraséologie des fables mytholo-
giques, nous pourrions nous reporter au temps de Numa,
le roi philosophe, si renommé pour ses connaissances ésoté-
riques, et nous nous trouverions embarrassés pour faire
concorder notre opinion avec son cas. Nous ne pouvons l'ac-
cuser soit d'ignorance, soit de
superstition ou Je crédulité
car si l'on doit en croire l'histoire, il était fermement décidé
a détruire le polythéisme et l'idolâtrie. Il avait si bien dissuadé
les Romains des pratiques de l'idolâtrie pendant près
due.
de deux siècles on ne vit dans leurs temples ni statues,
ni images. D'autre part, les anciens historiens nous appren-
nent que les connaissances possédait Numa dans la phy-
que
sique naturelle étaient remarquables. La tradition rapporte
qu'il avait été initié par les prêtres des divinités Etrusques,
et qu'ils lui avaient enseigné a contraindre Jupiter, le maî-
tre du tonnerre, a descendre sur la terre (1). Ovide nous
montre c'est de cette des Ro-
que époque que date le culte
mains a Jupiter Elicius. Salvertc est d'avis, qu'avant que
Franklin eùt découvert son électricité perfectionnée, Xuma
l'avait expérimentée avecle plus grand succès et que Tul-
lus Hostilius fut la première victime du dangereux hôte cé-
leste. dont il ait été fait mention dans l'histoire. Tite Live
et Pline racontent que ce prince, avant trouvé dans les
livres de Xuma des instructions sur les sacrifices secrets
oiferts a Jupiter Klicius, commit une erreur, et, par suite,
il fut de la foudre et tué dans son
frappé propre pa-
lais (~).
Salverte remarque que Pline, dans l'exposé des secrets
scientifiques de Xuma, fait usage d'expressions qui parais-
sent indiquer deux distincts; l'un servait à obte-
procédés
nir le tonnerre et l'autre a le forcer a briller
'7!/)'r~rc)
(ro~rc~ (:3). « Guidé par le livre de Numa », dit Lucius
d'après Pline, « Tullus entreprit d'invoquer l'aide de Jupi-

1. Ovide. Fast., livre III, v. 285. 345.


Tite Lire, Livre cap. XXXI.
3. Pline. //M<o<re naturelle, liv. H, cap. HH.
ISIS DÉVOILÉE 333

ter (I) Mais s'étant trompé dans la pratique des rites, il

périt foudroyé.
Si nous remontons aux connaissances que les prêtres Etrus-
avaient du tonnerre et de la foudre, nous constatons
ques
que Tarchon, le fondateur de leur théurgie, désirant préser-
ver sa maison du feu du ciel, l'entoura d'une haie de bryone
blanche, plante grimpante qui a la propriété de préserver
de la foudre (~). Tarchon le théurge vécut longtemps avant
le siège de Troie. Les pointes métalliques des
paratonnerres
dont nous sommes soi-disant redevables a Franklin, ne sont

probablement qu'une rc~co~'cr/c. II existe un grand nom-


bre de médailles qui paraissent indiquer nettement que le
principe en était connu dans l'antiquité. Le toit du temple
de Junon était couvert d'une quantité de pointes de lames

d'épéc (3).
Si nous n'avons que peu de preuves que les anciens avaient
des notions claires sur /<?~ les effets de l'électricité, dans
tous les cas, les preuves sont concluantes qu'ils étaient par-
faitement au courant de l'électricité elle-même. « Ben Da-
vid, dit l'auteur de The O~M// .Sc~cc.s affirmait que
Moïse connaissait les phénomènes de l'électricité. » Le pro-
fesseur Hirt de Berlin est aussi de cet avis. Michaelis re-

marque « qu'il n'y a rien qui indique que la foudre ait

jamais frappé le temple de Jérusalem dans l'espace d'un


millier d'années. 2° Que, d'après Josèphe (4), une forêt de

pointes d'or très aiguës couvrait le toit du temple. 3° Que ce


toit communiquait avec les souterrains de la montagne sur

laquelle il était
situé, par le moyen de à la tuyaux reliés
dorure qui couvrait toute la partie extérieure de l'édinee; par
conséquent les pointes agissaient comme des conducteurs~ )
Ammien Marcellin, historien célèbre du iv° siècle, et écri-
vain généralement estimé pour la correction et l'exactitude
de ses renseignements, nous dit que « les mages conservaient
perpétuellement dans leurs fournaises du feu qu'ils avaient

1. Luc;~n !'isoPHni. Hist. ~ur., lib. XXVIII, cap. II.


2. Colurnella. Liv. X, v. 346.
3. Voir .Yn/i'cc sur les ~rar.:u.c de ~Icade~'e de Gard, part. I, p. 304-
314, par la H.'isoèrc.
4. ~<?~.7uJ.dt'o~ta~ib. V, cap. X!V.
j..Ma~a~tft scienli.fique de Coë-~rtnje~, 3* année, 5* cahier.
331 ISIS DÉVOILÉE

obtenu miraculeusement du ciel


(1). On trouve dans l'Oup-
/<~ hindou une sentence ainsi conçue « Connaître le

feu, le soleil, la lune et la foudre, ce sont les trois quarts de


la Science de Dieu (3).
Enfin, Salverte nous apprend qu'au temps deKtesias,
« l'Inde connaissait l'usage des paratonnerres ». Cet histo-
rien déclare nettement qu'un fer placé au fond d'une fon-
taine et
ayant la forme épée, avec
d'une la pointe /ou/ïce
vers le ~OM~, possédait, aussitôt qu'il était ainsi fixé dans
le sol, la propriété de préserver des orages et de la fou-
dre (3). Quoi de plus clair ?

Quelques auteurs modernes contestent le fait qu'un grand


miroir avait été placé dans la tour du phare, dans le port
d'Alexandrie, afin de découvrir en mer les navires a une

grande distance. Mais le célèbre ButÏbn le croyait~ et II avoue

loyalement que « si ce miroir a réellement existé, comme

je le crois fermement, dit-il, « c'est aux anciens qu'appar-


tient l'honneur d'avoir inventé le lélescope » (4).
Stevens dans son ouvrage sur l'Orient affirme avoir trouvé
des chemins de fer dans
la Haute-Egypte, dont les rainures
étaient revêtues de fer. Canova, Powers, et d'autres sculp-
teurs célèbres des temps modernes, étaient honorés d être

comparés a Phidias dans l'antiquité, mais la stricte vérité


n'aurait probablement pas accepté une flatterie de cette na-
ture.
Le
professeur Jowett n'accorde aucune créance à l'histoire
de l'Atlantide, du Timée et il considère les récits d'il y a
8.000 à 9.000 ans comme une fable de l'antiquité. Mais
Bunsen remarque qu' « il n'y a rien d'improbable dans les
réminiscences et les relations de grands événements accom-

plis en Egypte 0.000 ans avant Jésus-Christ, car les origi-


nes de l'Egypte remontent au neuvième millénaire avant
notre ère (3) ». Que dira-t-on alors des forteresses Cycio-
péennes des premières époques de l'ancienne Grèce ? Est-
ce que les murailles de Tyrins.que d'après les constatations

ï..4/!nu..Varce~, lib. XXIII, cap. VI.


2. C'upneA-/ta<. Brahman XI.
3. ~e.«a$. in /ndtA ap. P~o~n~. Bibl. Cod LXXII.
<. B~ffun. 7/tstotre Naturelle des Minéraux, 6e Mem., arL. H.
5. Bunsen. La Place de l'Egypte dans rHï~OtreU~uuer~e~e,voI.I\p.462.
IS1S DÉVOILÉE 335

archéologiques,lesanciens eux-mêmes reconnaissaientcomme


l'œuvre des Cyclopes (1), doivent être considérées comme

postérieures aux pyramides ? Faut-il croire que des masses


de pierre, quelques-unes cubiques et dont
de six pieds les

plus petites, nous dit Pauranica, n'auraient pu être remuées


de murs de solide
par une paire de bœufs, faisant partie
maçonnerie épais de vingt-cinq pieds, et hauts de plus de

quarante, aient été travaillées par des hommes appartenant


aux races connues de notre histoire.
Les recherches de Wilkinson ont fait connaître que bon
nombre d'inventions que nous disons modernes, et dont
nous nous glorifions, avaient été perfectionnées par les an-
ciens Egyptiens. La récente découverte du papyrus d'Ebers,
le géologue Allemand, prouve que ni nos chignons moder-
nes, ni les poudres de perles pour embellir la peau, ni les
eaux dentifrices n'avaient de secrets pour eux. Plus d'un
de nos médecins modernes, même parmi ceux qui se font
de la réclame en annonçant pompeusement qu'ils se sont fait
une spécialité des maladies nerveuses, consulteraient avec

profit les livres de Médecine d'Hermès, qui contiennent des

prescriptions d'une réelle valeur thérapeutique.


Les Egyptiens, ainsi que nous l'avons vu, excellaient dans
tous les arts. Ils faisaient du papier d'une si excellente qua-
lité, qu'il était à l'épreuve du temps. < Ils prenaient la
moelle du papyrus », dit notre auteur anonyme déjà cité,
« ils la desséchaient, et en ouvraient les fibres, et, les apla-
tissant par un procédé à eux, ils les faisaient aussi minces

que notre papier à écrire, mais


plus infiniment
durable.
ils le coupaient en lanières qu'ils collaient en-
Quelquefois
semble. Beaucoup de ces manuscrits existent encore aujour-
d'hui. Le papyrus trouvé dans le tombeau de la momie de
la reine, et un autre dans le sarcophage de la « Chambre
de la Reine », à Ghizeh, offrent l'apparence de la plus belle
mousseline blanche tout en étant aussi solide que le meil-
leur parchemin. « Pendant longtemps les savants ont cru

que le papyrus avait été introduit par Alexandre le


Grand,
comme ils ont imaginé à tort bien d'autres choses, mais

Lepsius a trouvé des rouleaux de papyrus dans des tom-

1. Archeologia, vol. XV, p. 320.


336 ISIS DÉVOILÉE

beaux et des monuments de la douzième dynastie on a


découvert plus tard dans des monuments de la quatrième

dynastie des sculptures représentant des papyrus, et il est


maintenant démontré que l'art de l'écriture était connu et
en usage temps du de Mènes, le protomonarque ~;et l'on
s'est ainsi rendu compte que l'art de l'écriture et leur sys-
tème de lettres étaient parfaits et complets depuis le com-
mencement de leur histoire.
C'est à Champollion que nous devons la première inter-

prétation de leur étrange écriture et sans ses travaux qui


durèrent toute sa vie, nous resterions encore aujourd'hui
tout a fait ignorants de la signification de toutes ces lettres

peintes ou gravées, et les modernes tiendraient encore les


anciens pour des ignorants bien que ceux-ci les dépassent
aussi beaucoup en matière d'arts et de sciences. « II fut
le premier à démontrer quels merveilleux récits les Egyp-
tiens avaient à faire a celui qui arriverait à déchifTrer leurs
manuscrits et leurs documents. Ils en ont recouvert tous
les endroits et tous les objets
susceptibles de recevoir des
caractères. Ils les ont gravés, ciselés et sculptés sur les
monuments; ils les traçaient sur les meubles, sur les rochers,
sur les pierres, murs, sur les
les cercueils et les tombeaux de
même que sur le papyrus. Les scènes de leur vie ournalièrc se
déroulent d'une façon merveilleuse dans leurs plus petits dé-
tails, devant nos yeux étonnés. Rien de ce que nous savons
ne paraît avoir été ignoré des Egyptiens. L'histoire de Se-
sostris nous montre a quel point son peuple et lui étaient
versés dans l'art et la pratique de la guerre. Les peintures
nous indiquent combien ils étaient redoutables dans le choc
des batailles. Ils construisaient des machines de guerre.
Homère dit que par chacune des cent portes de Thèbes sor-
taient deux cents hommes avec leurs chevaux et leurs cha-
riots ces derniers étaient admirablement construits et fort
légers, en comparaison de nos fourgons d artillerie si lourds,
si grossiers et si peu confortables. » Kenrik les décrit dans
les termes suivants « En somme, de même que tous les
principes essentiels
qui régissent la construction et l'atte-
lage desvoitures sont appliqués dans les chariots de guerre
des Pharaons, de même il n'y a rien que le goût et le luxe
moderne n'ait imaginé pour leur décoration, dont nous ne
ISIS DÉVOILÉE 337

retrouvons le prototype dans les monuments de la dix-hui-


tième dynastie. Les ressorts, des ressorts /n~/o/Me~, y
ont été retrouvés, et, malgré l'étude très superficielle de
Wilkinson dans cette voie, dans la description qu'il nous
en a faite, nous trouvons des preuves qu'ils étaient employés
pour éviter les cahots dans les courses trop rapides des
chariots. Les bas-reliefs nous montrent certaines mêlées et
batailles, où l'on se rend compte de leurs coutumes dans
leurs plus petits détails. Les hommes lourdement armés
étaient couverts de cottes de mailles l'infanterie avait des

tuniques capitonnées et des casques de feutre recouverts


de métal, pour mieux
protéger. Muratori,les 1 inventeur
moderne Italien, qui il y a une dizaine d'années, fit connaî-
tre sa cuirasse imperforable, n'a fait que suivre ce dont l'an-
cienne méthode lui a suggéré l'idée. Le procédé pour ren-
dre les substances telles que le carton, le feutre et autres
tissus impénétrables aux coups de taille ou depointe d'une
arme quelconque est maintenant classé parmi les arts per-
dus. Muratori n'a réussi qu'imparfaitement a prépare:' de
ces cuirasses de fcutrps,et malgré les découvertes dont se
vante la chimie moderne, il n'a pas pu en tirer une prépa-
ration appropriée au but qu'il so proposait, et il a échoué.
On se rend compte du degré de perfection que la chimie
avait dans l'antiquité, par un fait relaté par Virey.Dans ses
dissertations il nous informe qu'Asdcpiadotus, général de
Mithridate, reproduisait chimiquement les exhalaisons délé-
tères de la grotte sacrée.
vapeurs, Ces
comme celles de
Cumœ, jetaient la pythonisse dans l'extase prophétique.
Les faisaient usages d'arcs, d'épées a deux tran-
Egyptiens
chants et de dagues, de javelots, d'épieus et de piques. Les

troupes légères étaient armées de dards et de frondes les


conducteurs de chars se servaient de massues et de haches.
Ils étaient
parfaits dans les opérations de siège. « Les assail-
lants », dit un auteur anonyme. « avançaient formés en li-

gne étroite et longue, dont la tête était protégée par une


machine impénétrable triangulaire, qu'une escouade invisi-
ble poussait devant elle, sur une espèce de rouleau. Ils
avaient des passages souterrains couverts, des trappes et
des échelles, et ils pratiquaient l'art de l'escalade et de la
militaire à la perfection. Le bélier leur était connu
stratégie
VOL.U
338 ISIS DÉVOtLÉE

comme les autres engins et, experts comme ils Fêtaient


dans l'art d'extraire les pierres des carrières, ils savaient
creuser une mine au pied des murailles, pour les démolir
Le même auteur
remarque beaucoup qu'il est de
plus aisé
pour nous d'énumérer ce que les Egyptiens <w~6Vï/.quc ce
qu'ils ne .s~<'o~ /)< car chaque' jour apporte un témoi-

gnage nouveau au sujet de leurs étonnantes connaissances


et il ajoute, « si on nous disait qu'ils faisaient usage du
canon Armstrong.ccla ne nous ('-tonnerait pas plus que bien
d autres faits déjà mis en lumière
La preuve qu'il' é'ai~n' très verses dans les sciences
mathématiques se trouva dans le fait que ces anciens ma-
thématiciens. que nous honorons comme pères les
de la

géométrie. étaient venus s'instruire en Egypte. Le profes-


seur Smyth. cite par M. Pcebics. dit que « )a science géo-
métrique des constructeurs des pyramides commençait où
celle d'Euclide Unissait Avant que la Grèce n'eût existe
les arts. chez les Egyptiens. étaient dcj:') :') leur apogée et
presque ça !ucs.I/arpcnt:tge. art reposant sur la géométrie.
était certainement bi~n connu des Egyptiens, puisque.d'après
la Bible, Josuc, apr~s avoir confpus la Terre Sainte, eut
assez de connaissances dans cette branche pour faire le par-

tage du pays. Et comment un peuple,aussi habile que l'étaient


les Egyptiens dans !a philosophie naturelle, n'aurait-il pas
été en proportion versé dans la psychologie et la
philoso-
phie spirituelle? Le temple était l'école de la civilisation la

plus élevée, et seul il possédait les notions les plus hautes


de la magie, qui. cllc-méinc, était la quintessence de la phi-
losophie naturelle. Les puissances occultes delà nature étaient
enseignées dans le plus grand secret, et les cures les plus
merveilleuses étaient opérées pendant les mystères. Héro-
dote reconnaM(i) que les Grecs apprirent des Egyptiens tout
ce qu'ils savaient, y compris les services sacrés des temples,
et voila la raison pourquoi leurs principaux temples étaient
consacrés a des divinités Egyptiennes. MeL<mpe, le célèbre

guérisseur et devin d'Argos, employait ses médicaments « à


la façon des Egyptiens desquels il avait acquis ses con-
naissances, toutes les fois qu'il voulait rendre ses guérisons

1. Lib. H, cap. 50.


ISIS DÉVOtLLL 339

compactes et effectives. Il guérit Iphiclus de son impuis-


sance et de sa débilité, au moyen de /a/'o~ de /~r, d'après
!es conseils de Mantis, son .9~ /7z~/ï~uf,ou oracle.Spen-
~cl cite un ~rand nombre d'exemples de ces sortes de gué-
risons ~o~c. dans son //7.s/oN'c la .t/J~ec~e (voir
pa~e 1!9).
Diodore, dans son ouvrage sur les Egyptiens (livre 1*~),
dit qu'Isis avait bien mérité l'immortalité car toutes les
nations de la terre attestent !a puissance de cette déesse
pour guérir les maladies par son influence. « Cela est dé-
montré ». dit-il, « non point par la fable, comme chcx les
Grecs, mais
par des faits authentiques Galion rapporte
plusieurs procédés curatit's s~i~'m'usement. conservés dans
la partie <!es temples consacrée au traitement des maladies.
11 fait aussi mention d'un svsL m< uni\rse' de médecine,
qui de son t~mps ctait dénommt'- /)~'(~).
Les docU'int-s d~ p!usn'urs ph:!o-)phes ~-recs qui avaient
été in~h~ifs en H~'yptc prouvent L<ur profonde sctcnce.

Orphée, qui. suivant, Arfanane étatt un disciple dc~îoyse(~),


Pvtha~or. llértxloie et Platon éi.a~-nt redovabics de leurs

phHosoph:cs aux mêmes teinp! '(! .nsl~'s<~ucls le sa~ Solon


lut instruit par les p!t;' s.~ Anuk~df raconte ~,ditPline,
« que !<'s lèpres f!re;;i. in\'cn!é.~ L-n Egypte par une per-
sonne nommée Menon, quin. ans avant i'avéncment de
Phoroné)\!e plus ancien roidL'Gfcee <~).~ Jablonski démon-
tre bien que aussi
~a sphé-
qut.' le système héuocL'nt:'iquc.
ricité de !a terre étaient connus des ~ré!.res de !'E~ypte de-

puis un temps immémorial. « CetLe théorie a:oute-t-il,


« Pyi.ha~ore l'emprunta aux Egyptiens, qui eux mêmes la
tenaient des Brahmanes de l'Inde ~(~. FéncIon.l'iHustre ar-
de Cambrai, dans son livre ~.s J~ .«"s /)A/-
chevêque
A<o/3/ fait crédit a Pytha~'ore de cette connaissance, et
il dit qu'en plus d'enseigner a ses disciples qu~ la terre
était ronde, il y avait aussi des antipodes, puisqu elle était
habitée partout.le ~rand mathématicien fut le premier qui
découvrit que l'étoile du matin était la même que celle du

). Gaiicn. De com/)0~ JfeJec., !ib.


2.Ancte~< /'r.~me't<i. Voir chapitre sur les premiers rois d'1'~ypte.
3. Pline !.b. VI!. c. 56.
4. Jabicmski. Le Panthéon d'~j~/p~c, !1 proleg. 10.
3i0 ISIS DÉVOILÉE

soir. Si nous considérons maintenant que Pythagore vivait


du temps de la seizième Olympiade à peu près 700 ans avant
Jésus-Christ, et qu'il enseignait ce fait à une époque aussi
reculée, nous devons supposer qu'il était connu d'autres
personnes avant lui. Les œuvres d'Aristote, de Laërce et de
plusieurs autres,dans lesquelles Pythagore est cité, démon-
trent qu'il avait appris des Egyptiens les notions sur l'obli-

quité de l'écliptique, la composition stellaire de la voie


lactée, et la lumière réfléchie de la lune.
Wilkinson, confirmé plus tard par d'autres auteurs, dit
que les Egyptiens divisaient le temps, et connaissaient la
véritable longueur de 1 année, et la précession des équi-
noxcs. En tenant compte du lever et du coucher des étoi-
les, ils avaient compris les influences particulières exercées
par les positions et les conjonctions de tous les corps cé-
lestes, et c'est pourquoi leurs prêtres, tout en prédisant
aussi exactement que nos astronomes modernes les varia-
tions e' les changements météorologiques, pouvaient en ou-
tre faire de 1 astrologie avec les mouvements des astres.
Bien que le sobre et éloquent Cicéron ait raisonjusquaun
certain point lorsqu'il s'indigne contre les exagérations des
prêtres de Babylone.qui affirmaient avoir conservé sur leurs
monuments des observations rcmontantjusqu'a une période
de 470.000 années (I), malgré cela l'époque a laquelle l'as-
tronomie était arrivée a la perfection chez les anciens re-
monte bien û~ </c/</ des calculs modernes.
Un rédacteur de nos journaux d'un scientifiques fait re-

marquer que « chaque science passe par trois phases distinc-


tes, dans sa marche ascendante 1" La période d'observa-
tion, pendant laquelle les faits sont recueillis et enregistrés
par une fouled'espritdansun grand nombre de lieux.2° Nous
avons la période de généralisation, dans laquelle ces faits,
soigneusement vérifiés, sont arrangés méthodiquement, sys-
tématiquement généralisés, et logiquement classés de ma-
nière a déduire et a élucider les lois qui les régissent et
1 ordre dans lequel ils se produisent. 3" Enfin vient la pé-
riode de prophétie, durant laquelle ces lois sont appliquées
de façon à prédire les événements, avec une infaillible exac-

1. Ciccron. De Dt~a~tone.
ISIS DÉVOtLÉE 341 t

titude Si plusieurs milliers d'années avant Jésus-Christ


les astronomes de la Chine et de la Chaldée prédisaient les

éclipses, que les derniers le lissent a l'aide du cycle de Saros


ou par d'autres moyens, la chose
importe pou, le fait n'en
est pas moins le même et certain. Ils étaient parvenus au

plus élevé et au dernier degré de la science astronomique


ils prophétisaient. Si 172~ ans avant l'ère Chrétienne ils
ont pu tracer le
Zodiaque avec les positions exactes des

planètes au moment de l'équinoxe d'automne, et cela d'une


manière si exacte, que le professeur d'Astronomie MItchcII
n'a pas eu de peine ;'< le démontrer, il est certain qu'ils con-
naissaient parfaitement les lois qui règlent « les faits soi-

gneusement vériHés », et qu'ils les appliquaient avec autant


de certitude que nos astronomes modernes. Deplus, on

prétend que 1 astronomie est, aujourd hui, la seule science


la ~ë/ï/c/'e les autres
qui ait entièrement atteint phase.
sciences en sont encore aux diverses phases de leur déve-

loppement, l'électricité dans quelques-unes de ses branches


en est arrivée a la dernière période, mais dans beaucoup
d'autres elle en est encore a l'enfance (!). Xous savons cela

par les aveux désespérés des savants eux-mêmes, et nous


n'avons pas de doute
sujet au
de cette triste réalité, dans
le xix siècle, puisque nous y appartenons. Il n'en est pas de
même des hommes qui vivaient du temps de la gloire de
la Chaldéo. de l'Assyrie et de Babylone. Nous ne savons
rien du degré qu'ils avaient atteint dans les autres sciences,
mais dans 1 astronomie ils étaient nos égaux, car ils étaient
aussi parvenus a la /o/.s'7!C et dernière période. Dans sa
conférence sur The Z-OS/ .l/s, Wendell Philipps décrit la
situation fort artistiquement. < Nous voulons bien croire,
soit avec nous ou nous
dit-il, que, que la Science meure
survive, elle a certainement commencé avec nous. Nous
avons une bien faible estime et nous éprouvons une tendre

pitié l'obscurité et l'étroitesse d'esprit des


pour
l'ignorance,
âges passés. » Afin de rendre plus claire notre propre idée,
a l'aide de l'apophthegme final du conférencier favori, nous
avouons que nous avons entrepris ce chapitre qui dans un
sens notre narration pour demander a nos savants
interrompt

1. 7'e~yrap/nc Journal art. « Scicnt.ific Prophecy t.


312 !StS DÉVOILÉE

s'ils sont persuadés d'avoir raison en se vantant de ce qu'ils


savent?
Ainsi nous lisons au sujet d'un peuple qui, suivant quel-
(lues savants auteurs venait de sortir de l'âge de bronze

pour entrer dans l'âge de fer ( t). « Si la Chaldée, l'Assyrie


et Babylone nous présentent des ~yu/ r~~r~/cs el
t~on~a/ï/fs /'(.v7~r/ bien loin dans la /!M/7 des /c//ï/?~, la
Perse n'est pas sans ses merveilles d une date plus récente.
Les salles ornées de colonnades de Persépolis sont remplies
de prodiges d'art, ciselures, sculptures, émaux, bibliothè-

ques d'albâtre, sphinx, bœufs gigantesques. Ec-


obélisques,
batane, dans laMédie.la fraîche retraite d'été des rois Per-
ses, était défendue par
sept murailles de circonvallation,
construites avec des blocs taillés et polis, gradués a l'inté-
rieur et variés de couleur en concordance astrologique avec
les sept planètes. Le palais était couvert de /c.< <f<~r~
les solives étaient plaquées d'or. L'éclairage,dans ses salles
a minuit, fourni par de nombreuses lampes a 1 huile de

naphte, rivalisait avec le soleil. Un paradis, le luxe des mo-


narques cl'Orient, était planté au milieu de la ville. L'em-
pire de Perse était vraiment le jardin du monde. Il reste
encore a Babylone les murailles qui avaient autrefois un

développement de plus de soixante milles, et qui après les

ravages de trois siècles, et de trois conquérants ont encore


plus de quatre-vingts pieds de haut il v a encore les rui-
nes du temple de Bel dont le sommet se perdait dans les
nuages. La était établi l'observatoire dans lequel les astro-
nomes Chaldéens s'entretenaient la nuit avec les astres il
s'y trouve encore des vestiges de deux palais avec leurs
jardins suspendus, où les arbres fleurissaient sur des ter-
rasses élevées, et les débris d'un système de machines hy-
drauliques qui leur amenait l'eau du fleuve. Dans le lac
artificiel, avec ses vastes réseaux d'aqueducs et de vannes,
les neiges fondues des montagnes d'Arménie trouvaient un
débouché, et étaient arrêtées dans leur cours a travers la

1. Le professeur Atbrccht Mu!!er. dans f;r~t traces o/taft in Europe


dit:< Cet. <~e de ~rnnxe s'étend jusqu'au commencement de !a période his.
torique et la dcpa~sc dans certaines centrées il comprend ainsi les ~ran-
desépoquesdes Empires Assyrienct HgypHen 1.500 ansavantJésus-Christ
et 'es premiers ternes de l'uye de fer qui vinrent immédiatement après
)~IS DEVOILEE 343

ville, les de Le plus merveilleux de


par quais l'Euphrate.
tout, peut-être, c'était le tunnel creusé sous le lit du

fleuve (1).
Dans son livre AI-
First /rac~~ o f Jlan Europe,
brecht Mùller le siècle où nous vivons un
propose pour
nom caractéristique, et suggère l'idée que la dénomination
du papier toutes
« d'âge » est peut-être aussi bonne que
celles que l'on pourrait olfrir. Là-dessus nous ne sommes

pas (l'accord avec le savant professeur. Notre ferme convic-


tion est les générations a venir surnommeront notre
que
époque tout au plus « l'âge du laiton et, au pis aller

l'âge de l'oroïdc.

L'opinon des commentateurs et des critiques d'aujour-


d'hui, au sujet de la science des anciens est limitée à l'exo-
lérisme des temples, et ne va
pas au delà. Ils ne veulent
ou sont incapables de pénétrer dans le mystérieux sanc-
tuaire de l'antiquité, où l'hiérophante apprenait au néophyte
a considérer le culte public sous son véritable jour. Aucun
sage de 1 antiquité n'eût enseigné que l'homme est le roi de
la création, et que la voûte étoilée et notre mère la terre
avaient été créées pour lui. Celui qui en douterait n'a qu'a
consulter les P/'e<<?/?/t~ et de
J/yMM /~7'~o/)/~<yMes
Zoroastre pour y trouver la confirmation dans les maximes
suivantes (~)

Ne porte point ton esprit vers les vastes étendues de terre.


Car l'arbre do la vérité ne p ~us-e ~'int snr s~n -oL
Ne mesure poi <t !a surface (hj soici!. en rassembhnt des règles,
Car il est soutenu par P~terneU~ voionté du Père mais non y~a~
[pour la confenancc.
Laisse s accomplir la course impétueuse de la lune,
Car elle ~e ~'eut toujours p-sr ta force de la nécessité.
La pro~rc~si.m des .~tres n a pas é~ /~t~e pour ~Ot seul.

C'est un enseignement plutôt étrange de la part de ceux

que l'on s'est généralement plu à considérer comme les ado-


rateurs du soleil et de la lune, et de la légion d'étoiles,
comme autant de dieux. La sublime profondeur des précep-

1. Draper. Con/It~ entre la Religion et la Science, chap. 1.


2. Psettus. Oracles Chaldéens, 4, CXLIV.
3H ISIS DÉVOtLËE

tes, des Mages étant bien au-dessus de la portée de la pensée


matérialiste moderne, on a accusé les philosophes Chaldéens,
ainsi que les masses ignorantes, de Sabianisme et de culte
du Soleil.
II y avait une grande différence entre le véritable culte
enseigné a ceux qui s'en montraient dignes, et les religions
d'Etat. On a accusé les
mages de toutes sortes de supers-
titions, mais voici ce que dit un oracle Chaldéen

Le large vol
aérien des oiseaux n'est pas u/t .s«yftc exact.
Pas plus que la direction des entraïUcs des victime~. cj <ont de
[-impie-' jouets,
Qui servent deA~c~</c;y/rjuc~ /M<?rce~rc.s: é!"i.;n.'z-vous-en,
Si vo: s voulez avoir accès au paraclis ~acré de la p:tc.
Où se rassemblent la vertu. !a sagesse et l'équité (1).

Assurément, ce ne sont pas ceux qui mettent le peuple


en garde contre des fraudes mercenaires qui peuvent en être
accusés eux-mêmes; et s'ils accomplissent des actes qui pa-
raissent miraculeux, qui donc osera loyalement contester
qu'ils n'ont été accomplis que parce qu'ils possédaient une
connaissance de la philosophie naturelle et de la science
psychologique, a un degré inconnu chez nous.
Ht pourquoi n'auraient-ils pas eu cette science? Que peut-
on nommer dont les vieux Egyptiens étaient ignorants ?
C'est un fait bien démontré que le véritable méridien était
correctement tracé avant que la première pyramide fût
construite. Ils avaient des horloges et des cadrans solaires
pour mesurer le temps leur coudée était l'unité établie
de mesure linéaire, équivalant à ~.707 pieds anglais; sui-
vant Hérodote ils connaissaient aussi l'unité de poids; quant
a la monnaie, ils avaient des anneaux d'or et d'argent éva-
lués suivant leur poids ils employaient pour leurs calculs
le système décimal et le système duodécimal depuis les
temps primitifs, et ils étaient au courant de l'algèbre.
« Comment auraient-ils pu autrement dit un auteur in-
connu, « mettre en œuvre des forces mécaniques aussi colos-
sales, s'ils n'avaient pas entièrement compris la philoso-
phie de ce que nous appelons les forces mécaniques ?
1. P~cIIus. Oracles de Zoroastre, 4.
ISIS DÉVOILÉE 345

L'art de filer le lin et la dentelle est démontré comme


faisant partie de leurs connaissances, puisque la Bible en
parle. Joseph reçut en don de Pharaon un vêtement de fin
lin, une chaîne d'or et plusieurs autres choses. Le lin de
l'Egypte était renommé dans le monde entier. Les momies
étaient toutes enveloppées dans des bandes de lin, qui est
toujours admirablement conservé. Pline parle d'un cer-
tain vêtement envoyé COO ans avant Jésus-Christ par le
roi Amasis a Lindus chaque fil était formé de 360 fils moin-
dres tordus ensemble. Hérodote nous donne, dans sa des-
cription d'Isis et des mystères célébrés en son honneur
(!iv. f), une idée de la beauté et de « l'admirable souplesse
de l'étoffe de lin portée par les prêtres ». Ces derniers por-
taient des chaussures faites de papyrus, et des vêtements
de lin fin parce que cette déesse enseigna la première son
usage et ainsi, outre leur dénomination d'Isiaques, ou prê-
tres d'Isis, Ils étaient aussi connus sous celle de Linigères
ou porteurs de lin. Ce lin était filé et teint de ces brillan-
tes et riches couleurs, dont le secret est aujourd'hui un art
perdu. Nous trouvons souvent sur les momies les plus
belles broderies et dentelles ornant leurs chemises plusieurs
d'entre elles peuvent être vues au musée de Bulak (au Caire),
et elles sont incomparables comme beauté les dessins en
sont exquis, et le travail fort beau. Les tapisseries si tra-
vaillées et si vantées des Gobelins ne sont qu'une produc-
tion grossière, comparées avec certaines broderies des an-
ciens Egyptiens. Nous n'avons qu'à nous reporter a I'E.roc~,
pour voir quelle était 1 habileté de main-d couvre des élè-
ves Israélites des Egyptiens dans l'exécution du taberna-
cle et de l'arche sainte. Les habits sacerdotaux, avec leurs
ornements de grenades et de clochettes d'or, et le ~AM/M-
/?!7ï ou pectoral en orfèvrerie du grand-prêtre sont dé-
crits par Josèphe comme étant d'une
incomparable beauté
et d'un travail merveilleux et cependant il n'est pas dou-
teux que les Juifs avaient emprunté aux Egyptiens les ri-
tes et les cérémonies, et même le costume spécial des Lé-
vites. Clément d'Alexandrie le reconnaît à contre-cœur, et
il en est de même d'Origène et des autres pères de l'Eglise,
dont quelques-uns, comme de juste, attribuent cette coïn-
cidence à une farce de Satan, en anticipation sur les événe-
3t6 ISIS DÉVOILÉE

ments. Proctor l'astronome, dit dans un de ses livres « La


célèbre plaque portée sur la poitrine par le grand-prêtre
Juif venait directement des Egyptiens. » Le mot /~Mm~/7t
lui-même est évidemment d'origine Egyptienne, emprunté
par Moïse comme le reste car, plus bas, sur la même page,
M. Proctor dit que « dans le tableau souvent reproduit du

Jugement, l'on voit le mort égyptien, conduit par le dieu


Horus, tandis qu'Anubis place sur un des plateaux de la
balance un vase que l'on suppose contenir ses bonnes ac-
tions, et que dans l'autre plateau est l'emblème de la vérité,
une représentation de Thmèi, la déesse de la
vérité, qui
figure aussi dans le pectoral judiciaire )>. Wilkinson dans
son livre .Van/!ey~ and C~o.s o f the ancienl ~?-
liens, montre que le ~M/7?~/M Hébreu est la forme plu-
rielle du mot Thmèi (I).
Les Egyptiens paraissent avoir connu tous les arts déco-
ratifs. Leur joaillerie et orfèvrerie d'or, d'argent et de pier-
res précieuses étaient admirablement façonnées il en était
de même de la taille, du polissage et de la monture exécu-
tés par leurs lapidaires dans le plus beau style. L'anneau
d'une momie Egyptienne, si nos souvenirs sont fidèles, a

été jugé la pièce de bijouterie la plus artistique de l'Expo-


sition de Londres ça 18~1. Leur imitation en verre des
pierres précieuses est bien au-dessus de tout ce qui se fait
aujourd'hui l'émeraude, surtout, était imitée a la per-
fection.
« On a découvert a Pompéi dit ~Vendell Phillips,« une
chambre couverte de verre; il y avait du verre taillé et
du verre de couleur de toutes sortes sur le parquet et aux
fenêtres. On montra aux prêtres catholiques qui passèrent
en Chine il y a iOO ans un verre transparent, et sans cou-

leur, rempli d'une liqueur faite par les Chinois etqui pa-
raissait incolore comme l'eau? Ce liquide était versé dans
le verre, et lorsqu'on regardait à travers, il semblait rem-

pli de poissons. Ils vidèrent le verre et en répétant l'expé-


rience il se remplit de nouveau de poissons. » On montre
à Rome un morceau de verre transparent, qu'on éclaire de

façon à faire voir qu'il ne contient rien de caché mais au

1. Proctor. Sa<nm and the Sabbath o/* the Jeu; p. 303.


ISIS DÉVOtLËE 347

centre du verre il y a une goutte de verre de


couleur, peut-
être de la grosseur d'un pois, tacheté comme un canard,
avec une telle perfection qu'on ne pourrait mieux le ren-
dre en miniature. Il est
que cette évident
goutte de verre

liquide a dû y être versée, car il n'y a aucune trace de


jointure. Elle doit avoir été produite par une chaleur plus
intense que celle employée dans la recuite, car ce procédé
montre toujours des solutions de continuité. Parlant de
leur art merveilleux d'imitation des pierres précieusesj'au-
teur mentionne le célèbre vase de la cathédrale de Gênes,
qui pendant de longs siècles fut considéré comme fait d'une
émeraude véritable. La légende catholique romaine pré-
tend qu'il faisait partie du trésor dont la reine de Saba fit
présent à Salomon, et que c'était dans cette coupe que le
Sauveur avait bu pendant la Snintc Cène. Plus tard, on
reconnut que ce n'était pas une émeraude mais bien une
imitation et lorsque Napoléon l'apporta a Paris, et la donna
a l'Institut, les savants furent obligés de reconnaître que
ce /e/<Tf~ pas pierre, mais ils ne purent dire ce que
c'était.
Parlant ensuite dn l'habileté des anciens a travailler les
métaux, le même auteur raconte que lorsque les Anglais
pillèrent le pahns d'été de l'Empereur de Chine, les artistes

Européens furent
surpris de voir les vases de métal de toute
sorte si curieusement travaillés et finis, qu'ils surpassaient
de beaucoup l'habileté tant vantée des ouvriers européens.
Des tribus de l'intérieur de
FAfriq~ ont offert aux voya-

geurs de meilleurs rasoirs que les leurs. « Gcorge Thompson


m'a dit, ajoute-t-il, qu'il avait vu a Calcutta un homme lan-
cer en l'air une poignée de soie floche, et un hindou la cou-

per en morceaux avec un sabre d'acier indigène. II ter-


mine par cette judicieuse remarque que l'acier est le plus
grand triomphe de la métallurgie, et que la métallurgie est
la gloire de la chimie. Il en a été ainsi des anciens Egyp-
tiens et des races sémitiques. Ils extrayaient l'or et le sépa-
raient de ses alliages avec une parfaite habileté. On trouvait
le cuivre, le plomb et le fer en abondance près de la Mer

Rouge.
Dans une conférence faite en 1873, sur les troglodytes du
Dev onshire, M. W. PengeIIy déclare, sur l'autorité de quel-
3i8 ISIS DÉVOILÉE

Egyptologues, que le premier fer employé en Egypte


ques
était du fer météorique, puisque la première mention de ce
métal se trouve dans un document Egyptien, dans lequel il
est dénommé « la pierre du ciel Cela impliquerait l'idée

que le seul fer en usage dans l'antiquité était météorique.


C'était probablement le cas au début de la période comprise
dans la sphère de nos explorations géologiques actuelles,
mais jusqu'à ce que nous puissions calculer approximative-
ment l'âge des reliques qu'on a mises à jour, qui dira que
nous ne nous trompons pas pe~t-être de quelques centaines
de milliers d'années ? L'erreur d'affirmer d'une manière po-
sitive ce que les anciens Chaldéens et Egyptiens ignoraient
au sujet des mines et de l'art métallurgique, est confirmée,
du moins en
partie, par les découvertes du colonel Howard

Wyse. En outre, beaucoup de ces pierres précieuses que


l'on ne trouve qu'a une grande profondeur dans les mines
sont mentionnées dans Homère et dans les Ecritures Hébraï-

ques. Les savants ont-ils vériné le moment précis où les


premiers puits de mine furent creusés par l'homme ? D'après
le D' A.-C. Hamiin, les arts de l'orfèvre et du lapidaire
dans l'Inde ont été pratiqués dès l'antiquité la plus reculée.
Que les Egyptiens aient connu dès les âges les plus lointains
le procédé de la trempe de l'acier, ou qu'ils aient possédé
quelque chose de mieux et de plus parfait que nos outils de
ciselure, est une alternative a laquelle les archéologues ne

peuvent se soustraire. Sans cela comment auraient-ils pu


produire des ciselures aussi
artistiques et travailler les sculp-
tures comme ils !e faisaient ? Que les critiques, choisissent
de deux choses l'une ou bien des outils d'acier d'une
trempe parfaite, ou alors un autre moyen de tailler la syé-
nite, le granit et le basalte dans ce dernier cas, ce procédé
serait à ajouter encore au long catalogue des arts perdus.
Le professeur Albrecht Mûller dit « Nous pouvons attri-
buer l'introduction de la fabrication du bronze en Europe
a une grande race, nommée Aryas ou Aryens, venue de
l'Asie, il y a quelque 6.000 ans. La civilisation de l'Orient
a précédé de bien des siècles celle de l'Occident. Nombreu-
ses sont les preuves que la culture de l'esprit avait atteint
dès le début un degré très avancé. Le bronze y était en-
core en usage, mais le fer l'élait aussi. L'art du potier
ISIS DÉVOILÉE 349

consistait déjà non seulement a donner la forme sur le tour,


mais encore à cuire les objets d'une belle teinte rouge. On

y rencontre pour la première fois des manufactures de verre,


d'or et d'argent. On rencontre encore dans des endroits iso-
lés des montagnes des scories et des vestiges de hauts
fourneaux. Certes ces scories ont été quelquefois attribuées
à l'action volcanique, mais on les rencontre aussi dans des
endroits où jamais il n'a dû exister de v olcans. »
Mais c'est dans le procédé de préparation des momies

que l'habileté de ce peuple étonnant se montre au plus


haut degré. Nul, excepté ceux qui en ont fait une étude

spéciale, ne peut apprécier la somme de connaissances,


d'adresse et de patience qu'exigeait l'exécution de ce tra-
vail indestructible qui durait plusieurs mois. La chimie et
la chirurgie toutes deux étaient mises a réquisition pour
cela. Si on les laisse dans le climat
l'Egypte, sec de les mo-
mies ne semblent pas s'altérer le moins du monde et même

lorsqu'on les change de place, après un repos de plusieurs


milliers d'années, elles ne présentent aucun signe de modi-
fication dans leur état. « Le corps, dit l'auteur anonyme,
était rempli de myrrhe, de casse et d'autres gommes, puis
ensuite saturé de natrum. On procédait ensuite au mer-
veilleux emmaillotement du corps embaumé, exécuté avec
tant d'art, que les bandagistes professionnels modernes res-
tent en admiration devant l'excellence de ce travail. Le
D~ Granville dit « II n'y a pas une seule forme de ban-

dage connue de la chirurgie moderne dont on ne trouve


des spécimens yy~eu.E e.rccu/e5 dans les bandelettes enve-

loppant les momies égyptiennes. Les bandes de toile n'ont

pas une seule couture, qu'elles bien


aient une longueur de
mille mètres. Rossellini, dans F~inc/e/ï~ j6~ de Kenrick,
atteste de même la merveilleuse variété et l'adresse avec

laquelle les bandelettes étaient


placées et entrelacées. Il n'y a

pas de fracture dans le corps humain qui n'aurait été réduite


avec succès par le prêtre-médecin de ces temps reculés.
Qui ne se souvient de la sensation produite il y a environ

vingt-cinq ans par la découverte de l'anesthésie ? Le gaz


acide nitreux, l'éther sulfurique ou chlorique, le chloroforme,
« le gaz hilarant sans compter diverses autres combinai-
sons de ces substances, furent accueillis comme autant de
350 ISIS DÉVOILÉE

bénédictions du
pour la partie
ciel souffrante de l'humanité.
H fut inventé en 1844 par le D' Horace Wells de Hartford,
mais les D~ Morton et Jackson en eurent l'honneur et le
profit en 184G, ainsi que cela a presque toujours lieu. Les
anesthésiques furent proclames « la plus grande découverte

qui ait jamais été faite Et bien que le fameux /co/ïde


Morton et Jackson (un compose d'éthcr sulfuriquc), le chlo-
roforme du D' James Z. Simpson et le gaz acide nitreux,
introduit par Colton en !84~ et par Dunham et Smith,
aient éprouvé des insuccès accompagnes de quelques cas de
mort, cela n'empêcha pas de considérer ces Messieurs comme
des bienfaiteurs de l'humanité. I)e~ malades, que l'on avait
réussi a endormir, ne se réveillaient parfois plus mais qu'im-

porte, si d'autres s'en trouvuient soulages ? Les médecins


nous af!:rment qu'aujourd'hui ces accidents ne sont que
rarement craindre. Peut-être cela tient-il a ce que les anes-

thésiques sont administres avec tant de parcimonie, que la


moitié du temps ils manquent leur effet, laissant le patient

paralysé dans ses mouvements pendant quelques secondes,


mais sentant la douleur aussi profondément qu'auparavant.
Comme, que ce soit, le chloroforme et le gax hilarant sont
néanmoins des découvertes bienfaisantes. Mais, a propre-
ment parler, ces anesthésiques sont-ils
premiers les
qu'on
ait découverts ? Dioscoride parle de la pierre de Memphis

(lapis J/c~c~s) et la décrit comme un petit caillou


rond, poli et très brillant. Lorsqu'on la réduisait en poudre
et qu'on l'appliquait comme un onguent sur la partie du
corps sur laquelle le chirurgien devait opérer, soit avec le
soit avec le feu. il préservait cette partie, ~<ïz'.< rien
scalpel
que c6~ ~Xï/c, de toute douleur résultant de l'opération.
Autrement, cette pierre était parfaitement inoffensive pour
la constitution du
malade, qui touteconservait
sa conscience

pendant toute la durée de l'opération elle n'était nullement


dangereuse dans ses effets, et agissant néanmoins aussi
restait appliquée sur la partie malade.
longtemps qu'elle
Prise dans de l'eau ou du vin, elle enlevait tout sentiment
de douleur (1). Pline en donne également une description
complète (2).
1. Dioscoride. Il~t Ya?:: !x-x~. !ib. V, ch. CLVHI.
2. Pluie. ~~<o;re rt.~nr~. hb. XXXVIII, ch. VII.
ISIS DËVOH.ËH 351

De temps immémorial les Brahmanes ont possédé des


secrets aussi précieux. La veuve qui se soumettait volontai-
rement au sacrifice de la crémation appelé .Sou~ ne craint

pas d'avoir a endurer la plus légère souffrance, car les flam-


mes la consumeront sans qu'elle ait le moins du monde a
en souffrir. Les plantes sacrées qui couronnent sa tête au
moment où on la conduit en cérémonie au bûcher funèbre,
la racine sainte, cueillie a minuit a l'endroit où le Gange et
le Zumna mêlent, leurs eaux et l'onction ducorps de la
victime volontaire avec un baume et des saintes huiles,
après y avoir trempé tous ses vêtements et ses parures, sont
autant d'anesthésiques /yM~7~.s supportés par ceux dont
elle va se séparer, elle fait trois fois le tour de son ardente
couche funèbre, et après leur avoir dit adieu, elle est jetée
sur le cadavre de son époux, quitte le monde et elle sans
un instant de souffrance. « Le semi-ftulde », dit un mission-
naire,
témoin oculaire de plusieurs de ces cérémonies, « le
baume est répandu sur le bûcher, il s'enflamme instanta-
nément, et la veuvL- narcotlsée meurt suffoquée, avant que
le feu ait atteint son corps »(!).
Ce n'est pas ainsi que les choses se passent si la cérémo-
nie sacrée est accomplie strictement suivant les rites pres-
crits. Les veuves ne sont jamais narcotisées dans le sens
généra! de ce mot. Seulement, des mesures de précaution
sont prises contre un martyre physique inutile, l'atroce ago-
nie de la mort par le feu. L'esprit de la victime est aussi
libre, aussi dégagé que jamais, et même davantage. Croyant
iermemcnt aux promesses d'une vie future, son âme est
tout entière absorbée dans la contemplation du bonheur
qui approche, de la béatitude, de la liberté qu'elle est près
d'atteindre. Elle meurt généralement le sourire de l'extase
céleste sur les lèvres, doitet si
en souffrir à
quelqu'un
1 heure de l'expiation, ce n'est pas la sincère victime de sa
foi, mais les astucieux brahmanes qui savent fort bien

qu un rite aussi barbare n'a jamais été prescrit (2). Quant a

1. Le P. Paulin de Saint-Barthélémy. Vo~e aux Indes Or<en~M,


vol. I, p. 358.
2. Max Mi'iHer, le professeur WHson et H.-J. Bu-hby. ainsi que plu-
sieurs autres savants versés dans l'étude du Sanscrit, prouvent que les
savants Orientaux, aus-i bien indigènes qu'Européens ont démontre que
352 ISIS DÉVOILÉE

la victime elle-même, une fois consumée, elle devient une


sali, pureté transcendante, et elle est canonisée après sa
mort.
L'Egypte fut le berceau et la patrie de la chimie. Kcn-
rick prouve que la racine du mot est cAc/ ou chem, qui
était le nom donné au pays (Psaumes CV. ~7). La chi-
mie des couleurs paraît avoir été parfaitement connue dans
cette contrée. Les faits parlent plus haut que tous les rai-
sonnements. Or, où chercherions-nous, parmi nos peintres,
l'artiste qui décorerait les murs de nos monuments de cou-
leurs impérissables ? Des siècles après que nos édifices de

pygmécs seront tombées en


poussière, et que les villes qui
les renferment seront devenues d'informes amas de briques
et de mortier aux noms inconnus, les salles de Karnak et
de Luxor (El Uxor) seront encore longtemps debout, et les

superbes peintures murales de celle-ci seront sans doute


aussi vives et aussi brillantes dans t.000 ans, quelles
l'étaient il y a 4.000 ans, et quelles le sont aujour-
d'hui. « La science de l'embaumement et la peinture a fres-

que, dit notre auteur, n'étaient, pas, chez les Egyptiens,


des découvertes du hasard, mais bi~n des notions acquises
et basées sur des dénnitions et des maximes comme le sont
les inductions de Faraday
Les Italiens modernes
s'enorgueillissent de leurs vases

Etrusques et de leurs tableaux les ornements des vases


Grecs excitaient l'admiration des amateurs de 1 antiquité, et
on les attribue aux artistes Grecs, tandis qu'en réalité < ce
ne sont que des copies de vases Egyptiens )). On les retrouve
sur les murs d'un tombeau du temps d Aménophis I"~ épo-
que a laquelle la Grèce n'existait pas encore.
Où, de nos jours, verrons-nous quelque chose de compa-

le rite de la crémation des veuves ''ta:t non sentcmentdt'-nnurvu d~ sanc-


tion. mat'! encore impérativement. interdit, par !s autorités )rs plus an-
ciennes et les plus puissantes d s Ecritures sacrées hindoues (Crcm~<<«tt
Je;< reut'M. p. 2t~. Voir Ma\ MuUer..V~Ao~o~e Cor!<<?. c Le pro-
fesseur \i!on, dit \ïa\ Mf'tHer. fu* 'e premier a signaler la fa!sificati"u
de texte, et le changement du terme t/r'rtt~ .e en celui cie 7/o/K'~t .t~f e
îles flancs de feu D'après les !tVtnnes du Riy \'cda ut. !e cctemotit.d
Védique contenu dans le Grihya SuLras. l'épouse accorripa~ne t~ corps
de l'époux au bûcher funérair*. mais !a. on lui récite ~n verset du Hi~
Veda, et on lui ordonne de quitter Sun mari et de retourner dats le monde
des vivants. :t ~</to~ye Com~ara~t~'e, p. 35 )
ISIS DÉVOILÉE 353

rable aux temples bâtis dans le roc d'Ipsamboul dans la


Basse Nubie ? On y peut voir des statues assises hautes de
soixante-dix pieds, sculptées en pleine roche. Le torse de
la statue de Rhamsés II a Thcbcs mesure soixante pieds aux

épaules. et les autres parties sont en proportion. A côté de


cette sculpture de Titans, !a nôtre paraît une sculpture de

Pygmécs. Le fer était connu des Egyptiens longtemps avant


la construction de la première pyramide qui, suivant Bun-
sen, date de plus de ~0 000 ans. La preuve en est demeu-
rée cachée pendant plusieurs milliers d'années dans la pyra-
mide de Cbeops, jusqu au jour où le colonel /< ~c
/</ fïJcouc/ s~s /'or/7ïc un /~or< de /c/' 6~o/!re
<s un </<< /?/s. il </t'<7// <~ <?/ /)/~c~
</ /oy/ Jf /</ r~/7.r~r/~o/7 <~< r~c /)/<<7c. Les E~yp-

tolo~ues apportent la preuve que les anciens, dans les


temps
nrehistoriques. ('~an-nt parfaitement au courant de la métal-
htr~ie. On trouve aujourd'hui encore, au Mont Sinaï. de

grands (dépôts de scories produits par la fonte (t). La métal-

!)tr~ie et la chimie, toiles <{u'('cs eLaient prati'{uees alors,


e{aient connues sou~ la dénomination et for-
d <f,

maient la !)asc de la ma~ic pr~tns)o:\qu~. De plus. ~loïsc


donne la prouve (!<' so') savoi:' dans la chimie alchimique
en pulvérisant le veau d'or et en en jetant la poudre dans
l'eau.
Si maintenant nousportons nos regards sur la naviga-
tion, nous serons a même de démontrer, sur de bonnes auto-
rités. que Xechao 11 arma uno flotte sur la Mer nou~c et
cnvova en exploration. La no! te resta absente plus de deux
ans, et au lieu de revenir par le détroit de Babcimandeb,
comme c'était lhabitudc, elle rentra par le détroit de Gi-
braltar. Hérodote n'était pas disposé a reconnaître aux

Egyptiens le mérite d'une entreprise aussi vaste que colle-


I; « Ils avaient semé le bruit, dit-il, qn en retournant dans
leur patrie, le soleil se levait a leur droite chose qui me
paraît incroyable. « Et pourtant, observe l'auteur de l'ar-
ticle ci-dessus mentionné, cette assertion incroyable est au-
jourd hui démontrée d'une incontestable exactitude, et tout

1. Voi~à d'u vi;nt le rccit. q'ic M 'fsc fabriqua le serpctit. ''):: Scraph
d'[rt que )c- rsraé~tes adorèrent jusqu'au rc-rne d'Et-cch:.)s.
VOL. H
354 I9JS DÉVOUJÉE

homme ayant doublé le cap de Bonne-Espérance le compren-


dra sans peine. Ainsi, il est prouvé que les plus anciens
de ces
peuples ont accompli une chose qui a été attribuée
au génie de Colomb, bien des siècles plus tard. Ils rappor-
tèrent qu'ils avaient jeté l'ancre deux fois dans le cours de
leur voyage qu'ils avaient semé du grain et qu'ils l'avaient
récolté après quoi, ayant de nouveau mis à la voile, ils
s'étaient dirigés en triomphe vers l'Est par les piliers d'Her-
cule et le long des côtes de la Méditerranée. < II est un

peuple, ajoute l'auteur en question, qui mérite bien plus


la qualification de veferes que les Romains et les Grecs.
Les Grecs, jeunes encore en fait de science, embouchèrent
la trompette pour proclamer leurs connaissances et convo-

quèrent tout le monde à admirer leur habileté. L'Egypte,


vieillie dans la sagesse, était si sûre de ses progrès et de
ses découvertes, qu'elle n'invita personne à l'admirer, et elle
se souciait aussi peu de l'opinion des Grecs bavards que
nous le faisons aujourd'hui de celle des habitants des îles

Fiji. »
« 0 Solon, Solon, disait le plus ancien des prêtres Egyp-
tiens a ce sage, vous autres Grecs vous êtes toujours comme
des enfants, sans
expérience et sans la discipline que crée
une longue carrière 1 » Et le grand Selon fut fort surpris en
vérité lorsque les prêtres d'Egypte lui apprirent que les in-
nombrables dieux et déesses du Panthéon Grec n'étaient
les dieux déguisés de l'Egypte. Zonaras disait avec rai-
que
son « Toutes ces choses sont venues de la Chaldée en

Egypte, et de la elles furent transmises aux Grecs.


Sir David Bre\vster fait une brillante description de plu-
sieurs automates et le xvin* siècle se vante de ce chef-
d'oeuvre de mécanique, « le Joueur de Hûte de Vaucanson.
Le peu de renseignements que les anciens auteurs nous don-
nent à ce sujet laissent croire que les savants mécaniciens
du temps d'Archimède, et quelques-uns même antérieurs an

grand Syracusain, n'étaient pas plus ignorants ou moins


doués de génie que nos inventeurs modernes. Archytas, na-
tif de Tarente en Italie, le maître de Platon, philosophe dis-

tingué par ses remarquables et merveilleuses découvertes


dans les mathématiques et la mécanique pratique, construi-
sit une colombe en bois. Ce devait être un mécanisme ex-
ISIS DÉVOïLÉE 355

traordinairement ingénieux, car elle volait, secouait et bat-


tait des ailes et se soutenait en l'air pendant un laps de

temps considérable. Cet homme habile, qui vivait 400 ans


avant Jésus-Christ, inventa en outre de sa colombe de bois,
l'hélice, la grue. et diverses machines hydrauliques (1).
L'Egypte avait ses pressoirs et faisait du vin. Rien d'ex-
traordinaire a cela assurément, mais elle brassait aussi sa
bière et en grande quantité nos Egyptologues l'affirment.
Le manuscrit d'Ebers démontre maintenant d'une façon qui
ne laisse pas l'ombre d'un doute, que les Egyptiens faisaient

usage de la bière ~.000 ans avant Jésus-Christ. Leur bière


doit avoir été forte et excellente, comme tout ce qu'ils
faisaient. Ils fabriquaient le verre sous toutes ses formes.
On voit sur beaucoup de sculptures Egyptiennes des scènes
de souula~e de verre et de bouteilles parfois dans les ru-
cherches archéologiques on trouve des verres et de la ver-
rerie qui semblent avoir été fort beaux. Sir Gardner Wilkin-
son dit
que les Egyptiens taillaient, moulaient et gravaient
le verre, et qu'ils possédaient l'art d'introduire de l'or en-
tre les deux surfaces de la substance. Ils imitaient avec le
verre les perles, les émeraudes et toutes les pierres précieu-
ses a la perfection.
De même les plus anciens Egyptiens cultivaient l'art mu-
sical, et comprenaient très bien les effets de 1 harmonie mu-
sicale et son influence l'esprit sur
humain. On trouve dans
les sculptures les plus anciennes, des scènes dans lesquelles
on voit des musiciens jouant de divers instruments. La mu-
était employée en médecine dans les temples pour la
sique
cure des affections nerveuses. On
remarque beaucoup dans
de monuments des hommes jouant en orchestre, le chef
la mesure en battant des mains. Nous devons
marquant
donc en conclure qu'ils connaissaient les lois de l'harmonie.
Ils avaient leur musique sacrée, domestique et militaire. La

lyre, la harpe, la flûte


employées étaient
dans les concerts

religieux les fêtes,


dans ils avaient la guitare, les doubles
et simples flûtes, et les castagnettes pour les troupes, et
durant le service militaire, ils faisaient usage de trompet-

pettes, de tambourins, de tambours et de cymbales. Ils avaient

t. Aulu GeHc..Voe~<c. lib. X,cap XHI.


350 ISIS DÉVOILÉE

inventé divers genres harpes, tels que la lyre,


de le sa/Tï~c
et l'a.r; quelques-unes avaient plus de vingt cordes. La

supériorité de la lyre Egyptienne sur la Grecque est un fait

acquis. La matière dont ces instruments étaient faits était


souvent un bois très coûteux et rare, et il était très bien

sculpte; ils l'importaient quelquefois de pays fort éloignés;


quelques-uns de ces bois étaient peints avec incrustations
de nacre et ornements de maroquin de couleur. Ils se ser-
vaient pour les cordes de leurs instruments de cordes a

boyaux comme nous. Pythagore apprit la musique en Egypte


et en fit une science régulière en Italie. Toutcfoi- dans la
Grèce antique les
Egyptiens étaient généralement considé-
rés comme les meilleurs maîtres de musique, .ils connais-
saient a fond le moyen (le ti:cr des sons harmoiUL-ux d'un
instrument en
y tendant des cordes, ainsi que !a multipli-
cation des notes, en raccourcissant les cordes sur le manche;
or ces connaissances dénotent de grands progrès dans l'art
musical. En parlant de harpes a propos d'un tombeau a
Thubes, Bruce observe < qu'elles renversent toutes les no-
tions qu'on avait jusqu'alors de l'état primitif de la musi-
que et des Instruments de musique en Orient; et qu'en dé-
imif.ive, au point de vue de la forme, des ornements et de la
portée, sont une preuve incontestable, plus forte que
mille citations Grecques, que lagéométrie, le dessin, la mé-

caniquc et la musique avaient atteint le plus haut degré de


perfection lorsque ces instruments furent construits; et que
la période a laquelle nous faisons remonter l'invention de
ces arts n'était que le commencement de l'ère de leur res-
/~M/'<2//C'/? ».
Sur les murs du
palais d'Amenophis II à Thèbes, le roi
est représenté jouant aux échecs avec la reine. Ce monar-
que régnait longtemps avant la guerre de Troie. Dans l'Inde,
c'est une chose bien connue, ce jeu était joué il y a 5.000 ans
au moins.
Quant à leurs connaissances en médecine, maintenant
qu'un des livres perdus d'Hermès a été retrouvé et traduit
par Ebers, Egyptiensles parlent pour eux-mêmes. Il résulte
des manipulations curatives des prêtres, qu'ils connaissaient
la circulation du sang, qu'ils savaient l'attirer aux extrémi-
tés ou l'empêcher momentanément de circuler. Une étude
ISIS DÉVOILÉE 357

approfondie de leurs bas-reliefs, représentant des seè-


plus
ncs dans la Salle médicinale des divers temples, en donne
facilement la preuve. Ils avaient leurs dentistes et leurs ocu-
listes, et il n'était permis a aucun docteur d'avoir plus d'une

spécialité c~!a justifie amplement la croyance qu'ils per-


daient a cette époque beaucoup moins de malades que nos
médecins au'ourd'hui. Quelques autorités affirment même

que les Egyptiens ont été le premier peuple du monde qui


ait institue le jugement par le jury, bien qu'il nous soit per-
mis d'en douter.
Mais tes Egyptiens n'étaient
de ces épo- pas la seul peuple
ques reculées dont
les entreprises les aient placés dans une

position au~si en vue, aux yeux de la postérité. A part d'au-


tres nations dont 1 histoire est a présent voilée par les bru-
mes de 1 antiquité, telles que les raoes préhistoriques des
deux Amériques, de la Crète, de la Troade, des Lacustres,
du continent submergé de la prétendue fabuleuse Atlantide
aujourd'hui classée parmi les mythes, les faits accomplis par
les Phéniciens leur impriment presque le sceau de demi-
dieux.
Le correspondant de la (~r/ /?~<?M.'précédemment
cité dit qu<; les Phéniciens ont été les plus anciens naviga-
teurs du
monde, qu'ils ont fondé la plupart des colonies de
la Méditerranée, et qu'ils ont voyagé a travers toutes les
autres régions habitées de leur temps. Ils ont visité les ré-

gions Arctiques d'où


rapportaient ils
la notion de jours éter-
nels sans nuit qu'Homère mentionne dans l'Odyssée. Des
Iles Britanniques, ils importèrent de l'étain en Afrique, et

l'Espagne tut le lieu favori pour l'établissement de leurs co-


lonies. La description de Charvbde répond si parfaitement
au Maelstrom, « qu'il est dimcile
d'imaginer, dit l'auteur
cité, qu'elle ait eu un autre prototypes. Leurs explorations
paraissent s'être étendues dans toutes les directions. leurs
voiles blanchissant les parages de 1 Océan Indien aussi bien

que la mer de Norvège. Différents auteurs reconnaissent


qu'ils ont créé des établissements dans les endroits les plus
reculés tandis que toute la côte méridionale de la Médi-
terranée était couverte de leurs villes. Une grande partie du
territoire Africain fut, assure-t-on, peuplé par des races
chassées par Josué et les enfants d'Israël. A l'époque où
358 ISIS DÉVOtLÉE

écrivait Procope, il y avait encore debout, dans la Mauri-


tanie Tiugitane. des colonies qui portaient en caractères Phé-
niciens l'inscription « Nous sommes ceux qui s'enfuirent
devant le brigand Josué, fils de Nun ou Navé.
Quelques écrivains supposent que ces hardis navigateurs
des Mers Arctiques et Antarctiques sont les ancêtres des
races qui bâtirent les temples de Palenque et Uxmal de

Copan et d'Arica (1). Brasseur de Bourbourg nous fournit

beaucoup de renseignements sur les mœurs et coutumes,


l'architecture et les arts, et particulièrement sur la magie
et les magiciens des anciens Mexicains. Il nous dit que Vo-
tan, leur fabuleux héros, et le plus grand de leurs magi-
ciens, revenant d'un
long voyage, visita le roi Salomon a

l'époque de la construction du temple. Ce Votan paraît être

identique avec le redouté Quetxo-Cohuatl. qui iigure dans


toutes les légendes mexicaines et chose assez curieuse,
ces légendes ocrent une ressemblance frappante, dans leurs
récits de voyages et d'exploits d'Hittim. avec ceux de
la Bible Hébraïque, au sujet des Ilivites, les descendants
de Seth, fils de Chanaan. La tradition nous apprend que
Votan « fournit à Salomon les détails les plus sur
précieux
les hommes, les animaux, et les plantes, l'or et les bois pré-
cieux de l'Occident », mais qu'il refusa tout net de lui don-
ner la moindre information sur la route qu'il avait suivie, ni
sur la manière de gagner le mystérieux continent. Salomon
lui-même nous fait un récit de cette entrevue, dans son
Histoire des Merveilles de l'Univers, le chef Votan y ngu-
rant sous l'allégorie du serpent navigateur. Stephens, comp-
tant d'avance sur la découverte d'une clé sûre
plus que la
pierre de Rosette, pour déchiUrer les hiéroglyphes améri-
cains (2), dit que les descendants
des Caciques et les Aztè-
ques ont survécu, et existent encore dans les solitudes iaac-
cessibles des Cordillères. déserts dans lesquels aucun homme
blanc n'a encore pénétré, et qu'ils y vivent comme vécu-
rent leurs pères, construisant les mêmes éditées, avec les
mêmes ornements de sculpture et de moulage de grandes

1~ Telle n'est pas notre opinion. Ils furent. probablement construits par
les AUantccns.
2. Incidents d'un voyage dans le Cen~re-.lmert~ne. Chiapas e~ dans le
Vacant, vol. 11, p. 457.
ISIS DÉVOILÉE 359

et vastes cours, des tours élevées avec de hautes. séries de

marches, et gravant encore sur des tables de pierre les mê-


mes hiéroglyphes Il ajoute
mystérieux. mes « Je tourne

regards vers cette vaste inconnue,


région que pas une route
ne traverse, et où l'imagination nous dépeint cette mysté-
rieuse cité, aperçue du sommet des Cordillères, peuplée.
d~aborigènes insoumis, et que nul n'a visités ni n'a vus. »
Outre que cette mystérieuse cité a été vue d'une grande
distance par de hardis voyageurs, son existence n'est pas
absolument improbable, car qui peut dire ce que devint le
peuple primitif fuyait
qui rapaces devant
brigands les
de
Cortes et de Pixarre
? Le D' Tschuddi, dans son ouvrage sur
le Pérou, nous parle d'une légende Indienne, qui rapporte
qu'un convoi de ~.000 //<ï/~a~, chargés d'or pour complé-
ter la rançon de l'infortuné Inca, fut arrêté dans les Andes
par la nouvelle de sa mort, et que l'énorme trésor fut si
eilicacement caché, que pas la moindre trace n'en a jamais
été trouvée. Ainsi que Prcscott et d'autres auteurs, il nous

apprend que les Indiens ont conservé jusqu a ce jour leurs


traditions et leur caste sacerdotale et qu'ils obéissent fidè-
lement aux ordres de chefs choisis
parmi eux, tout en pro-
fessant de nom la religion catholique, et obéissant en appa-
rence, aux autorités Péruviennes. Les cérémonies magiques
pratiquées par leurs ancêtres sont encore en honneur parmi
eux, et les phénomènes magiques se produisent encore. Ils

persévèrent à un tel point dans leur fidélité à


l'égard du

passé, qu'il paraît impossible qu'ils ne soient pas soutenus


par quelque autorité occulte qui encourage et fortifie leur
foi, et la maintient toujours vive. N'est-il pas possible
que cette source de foi immortelle réside dans cette ville

mystérieuse avec laquelle ils sont en communication secrète?


Ou bien devons-nous encore croire que tout ce que nous
venons de signaler ne sont que de < curieuses coïnciden-
ces ?
L'histoire de cette mystérieuse cité fut racontée à Ste-

phens par un Père espagnol en 1838-1839. Le prêtre lui


jura qu'il l'avait vue de ses y eux et il donna a Stephens les
détails suivants que le voyageur avait tout lieu de croire
exacts. « Le curé d'un petit village non loin des ruines de
Santa-Cruz del Quiché avait entendu parler de la ville in-
360 !St~ DÉVOJLEE

connue, au village de Chajul. Il était jeune alors, et il grimpa


avec beaucoup de peine jusqu'à la cime dénudée du plus
haut plateau de la sierra de la Cordillère. Lorsqu'il eut at-
teint le sommet à une hauteur de dix à douze mille pieds,
il vit une immense
plaine, s'étendant jusqu'au Yucatan et au
golfe du ~lexique, et il aperçut à une grande distance une
grande ville se développant sur un vaste emplacement. dont
les blanches tours brillaient aux rayons du soleil. La tradi-
tion rapporte qu'aucun blanc n'estjamais parvenu jusqu'à
cette ville que les habitants parlent la langue Maya, qu'ils
savent que des étrangers ont conquis tout leur territoire,
et qu'ils massacrent tout homme blanc qui essaye de péné-
trer sur leurs terres. Ils n'ont pas de monnaie pas de che-
vaux, de bœufs, de mules ou d'autres animaux domestiques,
sauf de la volaille, dont ils gardent les coqs dans des sou-
terrains, pour empêcher que l'on n'entende leurs cris. »
A peu près la mcme chose nous a été racontée a nous
personnellement, il y a une vingtaine d'années, nar un vieux
prêtre indigène, que nous rencontrumes au Pérou, et avec
lequel nous eûmes des relations d'atfaircs. Il avait passé sa
vie essayant vainement de cacher sa haine
pour les conqué-
rants, « les brigands », comme il les appelait et il nous
avoua qu'il restait en bons termes avec eux et avec la reli-
gion catholique dans l'intérêt de ses compatriotes, mais il
était de cocur un fidèle adorateur du soleil, et il n avait ja-
mais cessé de 1 être. Il avait vovagé en sa qualité de mis-
sionnaire indigène r~/?~(~ il avait été à Santa-Cruz, et il
nous assura solennellement qu'il avait été voir son peuple,
par « un passage souterrain qui conduisait a cette cité

mystérieuse. Nous ajoutons foi a son récit car un homme

qui est sur le point de mourir, passe rarement son temps


a inventer des histoires oiseuses et cette histoire nous la
trouvons continuée dans les t~o~/a~cs de Stephens. En
outre, nous connaissons deux autres villes entièrement igno-
rées des voyageurs Européens non pas que leurs habitants
aient le désir de se cacher, car au contraire, des hommes
des pays viennent parfois les visiter mais
Bouddhiques
leurs villes ne sont pas indiquées sur les cartes européen-
nes ou asiatiques et, soit par crainte des trop zélés et trop

entreprenants missionnaires catholiques, soit pour d'autres


ISIS DÉVOtLÉE 361

raisons plus mystérieuses qui leur sont propres, les rares

Indigènes des autres pays qui connaissent ces deux villes


n'en font jamais mention. La nature a ménagé d'étranges
retraites et des recoins mystérieux pour ses favoris et
malheureusement ce n'est que loin des contrées, soi-disant
civilisées, que l'homme est libre de rendre à la Divinité le
même culte ainsi que l'avaient fait ses ancêtres.
Il n'y a pas jusqu'au savant et sobre Max Mùller qui ne
soit, jusqu'à un certain point, incapable à se débarrasser
des co/ïc/c~r~s. Ces Mexicains, par exemple, dont l'ori-
gine obscure n'a, suivant toutes les lois des probabilités,
aucun rapport avec les Aryens de l'Inde, représentent
néanmoins, tout comme les Hindous, une éclipse de lune,
comme < la lune dévorée par un dragon » (1). Et quoique
le professeur Mùller admette que Humbolt soupçonnait
l'existence de relations historiques entre ces deux peuples,
et qu'il les considère comme lui-même
possibles, il ajoute
néanmoins que la concordance de ce fait n'est pas nécessai-
rement le résultat de relations historiques quelconques.
Ainsi que nous l'avons déclaré plus haut, l'origine des abo-

rigènes de l'Amérique est une question fort embarrassante


pour ceux qui ont intérêt à suivre les traces de l'affiliation et
des migrationsdes peuples.En dépitdes travaux de Brasseur
de Bourbourg et de son excellente traduction du célèbre Po-
JDU/ 1~/2, que l'on attribue à IxtHIxochitl. après en avoir bien
pesé le contenu, 1 antiquaire reste comme avant plongé dans
l'obscurité. Nous avons lu le Popul V//A dans sa traduction
originale, et l'analyse qu'en a faite Max Mùller, et nous
trouvons qu'elles jettent une si vive lumière, qu'il n'est
pas étonnant que les savants sceptiques en aient été aveu-
glés. Mais s'il faut juger un auteur par ses écrits, le pro-
fesseur Max Mùller n'est pas un incrédule déloyal et de
plus, peu de choses importantes lui échappent. Comment se
fait-il donc qu'un homme d'une érudition aussi vaste et
aussi rare, accoutumé comme il l'est à embrasser d'un coup
d'œil d'aigle les traditions, les coutumes religieuses et les

superstitions d'un peuple, en y découvrant la moindre simi-


litude, et en en saisissant les plus petits détails, n'ait point

1. Max MSlIer. Chips from a German ~Vor~0p, vol. II, p. 269.


362 ISIS DÉVOILÉE

compris l'importance, ni même soupçonné l'existence de ce

que l'humble auteur du


volume, qui n'a ni son édu-
présent
cation scientifique ni son érudition, a saisi à première vue?

Quelque fallacieuse et dénuée de garantie que puisse paraî-


tre à bien des gens cette remarque, il nous semble que la
science perd plus qu'elle ne
gagne à négliger la littérature

ésotérique ancienne et même dumoyen âge,ou plutôt ce

qu'il en reste. Pour quelqu'un qui se consacre à cette étude,


bien des coïncidences se transforment en résultats naturels
de causes antérieures aisées à démontrer. Nous pensons
pouvoir comprendre comment il se fait que le professeur
Mûller avoue « que souvent on s'imagine voir clair dans cer-
taines époques et à certains indices, tandis qu'à la page
suivante tout redevient obscur comme le chaos (1) ~.Nese
pourrait-il pas tout simplement que ce chaos fût rendu
aussi intense par le fait, que la plupart des savants, por-
tant toute leur attention sur l'histoire, passent par-dessus
tout ce qu'ils traitent de « vague, contradictoire, miraculeux,
absurde ». Malgré le sentiment qu'il y a une source de no-
bles conceptions qui a été dénaturée et marquée par une
avalanche de fantastiques non-sens, le professeur Mûller ne
peut s'empêcher de comparer ces non-sens aux contes des
.V/e et une .Y~~ arabes.
Loin de nous la ridicule prétention de critiquer un savant
aussi digne d'admiration pour son savoir que Max Mûller.
Mais nous ne pouvons nous empêcher de dire que, même
parmi les fantastiques non-sens des ~e <?f une A'u~.ouoi
que ce soit serait digne d'attention, s'il pouvait aider à en
faire ressortir quelque vérité historique. L'Odyssée d'Ho-
mère dépasse en non-sens fantastiques tous les contes des
Nuits Arabes, et malgré cela, il est démontré que nombre
de ses mythes sont autre chose que des créations de l'ima-
gination d'un poète caduc. Les Lestrygons qui dévorent les
compagnons d'Ulysse sont considérés comme la race an-
thropophage (2) qui dans les premiers temps habitait, dit-
on, les grottes souterraines de la Norvège. La Géologie, par
ses découvertes, confirme quelques-unes des assertions

1. Max MuUer. Popuf-Vu/t. p. 329.


2. Pourquoi pas tes sacrISces humains dans les anciens cultes
ISIS DÉVOILÉE 363

d'Homère, des siècles l'on a supposées n'être


que pendant
que des. hallucinations Le jour perpétuel dont
poétiques.
jouissait cette race de indique qu'ils habitaient
Lestrygons
le Cap Nord, où, durant tout Fêté, il y a un jour perpétuel.
Les particularités des sites de la Norvège sont parfaitement
décrites par Homère dans son Odyssée X, 110; et. la Sta-
ture gigantesque des Lestrygons est bien démontrée par les
ossements humains d'une dimension extraordinaire trouvés
dans les cavernes situées près de cette région, et que les
géologues supposent avoir appartenu à une race éteinte

longtemps avant l'immigration Aryenne. Charybde, ainsi

que nous l'avons vu. a été reconnue dans le Maëlstrom


et les Roches errantes(i) dans les énormes glaçons des mers

Arctiques. Il est étrange en vérité que les essais consécu-


tifs à la création de l'homme, décrits
Cosmogonie dans la
r/ Ou/c~e n'aient pas suggéré une comparaison avec un
livre Apocryphe quelconque, les livres sacrés des Juifs, et
les théories cabalistiques de la création. Même le Livre de
.Aï~ey condamné comme
grossière une
contrefaçon, comme
un faux du xn" siècle, est capable de fournir plus d'un in-
dice pour découvrir une corrélation entre la population de
Fur des Kardéens, où le Magisme florissait avant l'époque
d'Abraham, et celles de l'Amérique du Centre et du Nord.
Les êtres divins < rabaissés au niveau de la nature humaine »

n'accomplissaient pas des choses ou des tours plus invraisem-


blables que les actes miraculeux de Moïse et des magiciens
de Pharaon, tandis que beaucoup sont exactement les mê-
mes. Et lorsque, en ~lus de ce dernier fait, nous trouvons
une ressemblance aussi grande entre certains termes caba-
communs aux deux hémisphères, il doit y avoir
listiques
quelque chose de plus qu'un simple accident pour expliquer
cette circonstance. Beaucoup de ces faits ont évidemment
un rapport de parenté commune. L'histoire des deux frères
du Centre Amérique qui, partant en voyage pour Xibalba,
plantent chacun un bâton au centre de l'habitation de leur

grand'mère, pour qu'elle puisse savoir en le voyant fleurir


ou se flétrir s'ils sont vivants ou morts (2)~ trouve son ana-

t. Odyssée, XH, 71.


2. Chips from a German Workshop, p. 268.
36 i JStS DÉVOtLÉE

logie dans les croyances de bien d'autres contrées. Dans


les /?~c//$ el Tradilions populaires par Sacharoff (Rus-
sie), on retrouve une narration semblable, et il est facile de
suivre les traces de cette croyance dans diverses autres légen-
des. Et cependant ces contes de fées avaient cours en Russie
bien des siècles avant que l'Amérique ne fût découverte.
Nous ne sommes nullement surpris de reconnaître dans les
dieux de Stronehenge les
Delphes divinités
et de Baby- de
lone. Bel et le Dragon, Apollon et Python, Osiris et Typhon
sont tous un seul être sous des dénominations diuercntes.
et ils ont voyagé dans toutes les directions. Le Both-Al d'Ir-
lande indique clairement son origine, le Bathylor des Grecs
et le Beth-el de Chanaan. « L'histoire, » ditM.delaVillemar-
qué, qui~n'a pas pris de notes
époques lointaines, à ces « peut
plaider l'ignorance, mais la science des langues affirme. La
Philologie, avec une probabilité sans cesse croissante, renoue
la chaîne a peine rompue entre l'Orient et l'Occident (1). »
La découverte d'une ressemblance analogue entre les
mythes Orientaux et les contes et les anciennes traditions
de la Russie n'est pas pour nous surprendre, car il est tout
naturel de rencontrer une similitude entre les croyances des
familles sémitiques et aryennes. Mais lorsque nous décou-
vrons une identité parfaite entre le rôle de Zarevna
presque
Militrissa, avec un croissant sur le front, se trouvant cons-
tamment en danger d'être dévorée par Zmeij Gorenetch (le
serpent ou dragon), qui joue un rôle si proéminent dans
tous les contes populaires russes, et les caractères sembla-
bles dans les légendes mexicaines, et embrassant jusqu'aux
moindres détails, nous ferons bien de nous arrêter et de
nous demander s~il n'y a pas là quelque chose de plus
qu'une simple coïncidence.
Cette tradition du Dragon et du soleil, remplacé quel-
quefois par la lune, a réveillé les échos dans les parties les
plus reculées du monde.
On l'explique sans peine à l'aide
de la religion héliolàtre autrefois universelle. Il fut un temps
où l'Asie, l'Europe, l'Afrique et l'Amérique étaient couver-
tes de temples consacrés au soleil et au dragon. Les prê-

1. V~fc/n~r~ue ~e~rc de /'7~/t<u<, voL LX Co~ee~tort et A'oufe~c


Série, :p. 5*0, :~6~ Poésie de.! c~o~rM Celtiques..
ISIS DÉVO!LËE 365

t.res prenaient les noms de leurs divinités, et c'est ainsi que


la tradition de ces dernières formait un vaste filet
partout
autour du globe « Bel et le Dragon étant uniformément

accouplés, et le prêtre de la religion Ophite prenant aussi


uniformément le nom de son dieu (1). » Néanmoins, « si la
conception originelle est naturelle et intelligible. et si sa
manifestation n'est pas nécessairement le résultat d'un
échange quelconque de relations historiques », comme le
dit le professeur Mùller, les détails sont frappants dans leur
similitude, que nous ne pouvons nous contenter d'admettre

que le problème soit ainsi entièrement résolu. L'origine de


ce culte universel symbolique étant cachée dans la nuit des

temps, nous aurions beaucoup plus de chances d'arriver à


la vérité en remontant a la source de ces traditions. Or, où
est-elle cette source ? Kircher croit que l'origine du culte

Ophique et héliolatre,la forme des monuments coniques et


des obélisques, doit remontrer a l'Hermès Trismegiste
Egyptien ('2). Où donc devons-nous chercher ce renseigne-
ment si ce n'est dans les livres Hermétiques? Est-il vrai-
semblable que les auteurs modernes en sachent davantage
ou m~me autan!, au sujet des anciens mythes et des cul-
tes de l'antiquité, que ceux qui les enseignaient àleurscon-

temporains ? Evidemment, deux choses sont nécessaires


la première, c'est de retrouver les livres d'Hermès qui man-

fluent et la seconde d'avoir la clépour les comprendre,


car il ne suffitpas de les lire. A défaut, de cela. nos savants
en sont réduits a des spéculations stériles, de même que,
pour une raison analogue, les géographes perdent leur

temps en vaines recherches des sources du Nil. En vérité

l'Egypte est l'asile du mystère ?


Sans nous arrêter à discuter si Hermès fut le « Prince
de la magie postdiluvienne ainsi que le nomme Des Mous-
seaux, ou le prince de la magie antédiluvienne, ce qui pa-
raît plus probable, une chose nous paraît certaine. C'est
l'authenticité, l'exactitude et l'utilité des livres c~V/fr/Tïe~
ou plutôt de ce qui reste des trente-six livres attribués
au magicien Egyptien lesquelles sont, parfaitement re-

1. ~rc~tco!
Archéol., vo!. XXV, paz.
val. pa?- 220. L-indon.
2. Arc/tëo~ vol. XXV, p. 29~. Loi.don.
366 ISIS DÉVOILÉE

connues par Champollion jeune et confirmées par Cham-


pollion Figeac qui s'y réfère. Or, si nous examinons atten-
tivement les ouvrages cabalistiques, qui tous proviennent
de ce dépôt universel des connaissances ésotériques, nous
trouvons les reproductions de beaucoup de prétendus mi-
racles opérés par l'art
magique reproduits aussi par les

Quiches et si même dans les fragments qui nous ont été


transmis du Popul Vuh original, il y a des preuves suffisan-
tes que les coutumes religieuses des Mexicains, des Péru-
viens et autres races Américaines étaient à peu près iden-

tiques à celles des anciens Phéniciens, Babyloniens et


et si enfin nous trouvons que quantité de leurs
Egyptiens
expressions religieuses ontétymologiquement la même ori-
comment nous empêcher de supposer qu'ils sont les
gine
descendants de ceux, dont les aïeux « s'enfuirent devant le
Josué fils de Xun '? Nuùex de la Vega dit que
brigand
Xin ou Imos, des Tzeudales, était le Xinus des Babylo-
niens (i).
Il est possible que ce soit une simple coïncidence car
l'identification de l'un avec l'autre repose sur un assez pau-
vre argument. « Mais on sait ajoute de
Bourbourg,<que
ce prince et, selon d'autres, son père Bel ou Baal reçut.
comme le Nin des Tzeudales, les hommages de ses sujets
sous la forme d'un serpent ». Cette dernière assertion, ou-
tre est fantastique, ne se trouve nulle confirmée
quelle
part dans les traditions babyloniennes. Il est vrai (lue les
Phéniciens représentaient le soleil sous l'image d'un dra-

gon mais tous les autres peuples qui symbolisaient leurs


dieux solaires ont fait de même. D~uprès Castor et Eusèbe

qui le cite, Bélus, le premier roi de la dynastie Assyrienne,


fut déiHé, c'est-à-dire classé parmi les dieux, « mais seule-
ment après sa mort ». Ainsi, ni lui ni son frère Xinus ou
Xin ne pouvaient avoir reçu leurs sujets sous la forme
d'un serpent, quoi qu'aient fait les Tzeudales. Bel, d'après
les Chrétiens, c'est Baal et Baal, c'est le diable, depuis
que les prophètes de la Bible ont désigné de la sorte toutes
les divinités de leurs voisins c'est pourquoi Bélus, Xinus
et leXin Mexicain sont des serpents et des diables; et comme

1. Brasseur de Bourbourg. C~r~s, p. 52.


ISIS DÉVOILÉE 367

le diable ou Père du mal, est un, sous une foule de formes,


il s'ensuit que sous quelque nom que le serpent apparaisse,
c'est le Diable. Etrange logique Pourquoi ne pas dire que
Ninus l'Assyrien, représenté comme le mari et la victime
de l'ambitieuse Sémiramis, était le grand prêtre aussi bien
que le roi de son pays? Que c'est en cette qualité qu'il por-
tait sur sa tiare les emblèmes sacrés du dragon et du soleil ?
De plus, comme le prêtre prenait généralement le nom de
son dieu, Ninus est représenté recevant ses sujets, comme
représentant de ce serpent-dieu. L'idée est éminemment
Catholique Romaine, et elle a d'ailleurs une portée très peu
importante, comme toutes leurs inventions. Si Nunez de
la Vega était si désireux d'établir une filiation entre les
Mexicains et les adorateurs du soleil Biblique et du serpent,
pourquoi n'a-t-il pas montré une autre et meilleure ressem-
blance entre eux, sans aller chercher chez les Ninivites et
les Tzeudales les griffes et les cornes du diable chrétien ?
Et pour commencer, il aurait pu se rapporter aux Chro-

niques de Fuentes du
royaume et au J~a/!U~- de Guatemala,
crit de don Juan Torres, le petit-fils du dernier roi des Qui-
chés. Ce document, que l'on dit avoir été en la possession
du lieutenant général nommé par Pedro de Alvarado, éta-
blit que les Toltèqucs, eux-mêmes, descendaient de la mai-
son d'Israël, et qu'abandonnés par Moïse, après le passage
de la Mer Rouge, leurs ancêtres tombèrent dans l'idolâtrie.

Après leur séparation d'avec leurs compagnons, guidés par


un chef nommé Tanub, ils avaient erré d'un continent à
l'autre, et étaient arrivés a un endroit nommé les Sept Ca-
vernes le royaume
dans du Mexique, où ils fondèrent la cé-
lèbre ville de Tula, etc. (1).
Si cette déclaration n'a jamais obtenu plus de créance
qu'elle n'en a, c'est simplement dû au fait qu'elle passa par
les mains du Père François Vasquez, historien de l'ordre de
Saint-François, et que cette circonstance, pour employer
l'expression de Des Mousseaux à propos du pauvre défroqué
l'abbé Hue, < n'est pas de nature à raffermir notre con-
fiance Mais il est un autre point aussi important, sinon
davantage~ car il paraît avoir échappé à la falsification des

1. Voir Stephem. Travels :nCe~r~ .intcr/ca,e~c.


36S ISIS DÉVOtLÉt:

xélés pères catholiques, et repose principalement sur la tra-


dition Indienne. Un célèbre roi Toltèque, dont le nom est
mêlé aux légendes d'Utatlan, la capitale en ruines
étranges
du grand royaume Indien, portait le titre biblique de Ba-

lamAcan le premier de ces noms étant tout particulière-


ment Chaldéen, et rappelant immédiatement à 1 esprit celui

de Balaam, avec son âne à la voix humaine. Outre la décla-


ration de lord Kingsborough, qui a trouvé une si grande
ressemblance entre le langage des Aztèques (la langue mère)
et l'Hébreu, ungrand nombre de figures des bas-reliefs de
et d'idoles en terre cuite exhumées a Santa-Crux
Palenque,
Del Quiché, portent sur leur tête des bandelettes, avec une

protubérance carrée au milieu du front, analogues aux phy-


lactères portés par les Pharisiens Hébreux de l'antiquité, et
même par les dévots de nos jours, surtout parmi les Juifs
de Pologne et de Russie. comme, Mais après tout, cela n'est

probablement qu'une imagination de notre part, nous n'in-


sistons pas sur ces détails.
Suivant témoignage des anciens, coniïrmé par les décou-
vertes modernes, nous savons qu'il existe de nombreuses
catacombes en Egypte et en Chaldée, quelques-unes d'une
très grande étendue. Les plus célèbres sont les cryptes sou-
terraines de Thèbes et de Memphis. Les premières com-
mencent du c~'té occidental du XII, s'étendent vers le désert
de Lvbie, (.'tétaient connues sous le nom de catacombes ou

passages du .s'f/'pM/. C est la que s'accomplissaient les mys-


tères sacrés du A'~A'/o.? <?n<ï</A' l'inévitable cycle, plus
généralement connu sous la désignation de « cycle de néces-
sité » inexorable sentence imposée a chaque âme après la
mort et après avoir été jugée dans la région
corporelle,
Amcnthiennc.
Dans l'ouvrage de Bourbourg. Yotan, le demi-dieu Mexi-
cain, en racontant son expédition, décrit un passage sou-
terrain, s'étend sous terre et se termine a la racine du
qui
Ciel, en ajoutant que ce passage était un trou de serpent,
M/~ <cro de rM/c~ et qu'il y fut admis, parce qu'il était
lui-même un fils des serpents ou un serpent (t).
Cela est, en vérité, très suggestif; car sa description du

Car~a~, 53. '7-62.


ISIS DÉVOILÉE

/o~ de ~c/y?e/ est celle de l'ancienne crypte égyptienne


mentionnée plus haut. De plus, les hiérophantes égyptiens
Je même que ceux de Babylonc s'intitulaient
généralement
« n!s du Dieu-Serpent ou « fils du Dragon » non pas,
comme Des Mousseaux vou<!rait le faire croire a ses lec-
teurs, parce qu'ils étaient le fruit de l'incube Satan, l'ancien

serpent de l'Eden, mais parce que, dans les mystères, le


serpent était le symbole de !a Sagesse et de 1 immortatité.
« Le prêtre Assyrien porta; toujours le non) de son dieu
dit Movcrs (1). Les Druides des régions celto-britanniques
s'intitulaient également serpents. « Je suis un druide, je
suis un serpent s'écriaient-ils. Le karnak égyptien est
un frère jumeau
du d<' Bretagne,
Carnac ce dernier signi-
hant la montagne du serpent. Les Draconties couvraient,
jadis, la surface du globe, et ces temples étaient consacrés
au dragon, uniquement parce qu'il était l'emblème du soleil

qui, à son tour, était le symbole du dieu le plus élevé, le


Phénicien Elon ou Elion qu'Abraham reconnut pour El
Elion (~). Outre le surnom de serpents, on leur donnait
aussi celui de constructeurs ou architectes; car l'imposante
grandeur de leurs temples et de leurs monuments était telle

que, même aujourd'hui, leurs ruines poussiéreuses « effray ent


!es calculs mathématiques de nos ingénieurs modernes »,
dit Taliesin (~).
De Bourbourg insinue que les chefs du nom de Votan,
les Quet/;o-ConuatI, ou dieu serpent des Mexicains sont des
descendants de Cham cL de Chanaan. « Je suis Hivim
disent-ils. « Etant un Hivim, je suis de la grande race du
Dragon (scrpeu:). Je suis un serpent moi-même', car je suis
ua Mivim(4). Et Des ~lousseaux exulte parce qu'I! s'ima-
gine être sur la 'race du serpent ou plutôt du Diable, et il
s'empresse do s écr". r les plus « Selon savants commen-
atours de nos livres sacrés, les Chivim ou Hivim ou Hévites
étaient les descendants de Seth, fils de Chanaan, fils de
Cham. le /7!'Tf~ (5~.

Die P/)ôrn=ter, '0.


Vot~ S~nchoniat.on dans Eusèbe. Pr. Hv. 36. Genèse XI
3..IrcAeo~/tc.~ Society o/' the a~<ar(c.~ o/'Lo~~o~. vo!. XXV. p. 2~0
4. C~r~ax, 51.
&. 7/at~ PAc~OMe~e~ de .V.< 50.
v'ir.. tt i
370 ISIS DÉVOtLÉE

Toutefois, les recherches modernes ont. démontre, sur des


preuves irrécusables~ que toute la table généalogique du
dixième chapitre de la Genèse se rapporte a des héros imagi-
naires, et que les versets qui terminent le neuvième ne sont

pas autre chose qu'un fragment de l'allégorie Chaldéenne de


Sisuthrus et du déluge mythique, compilé et arrange pour
cadrer avec la légende de Noé. Mais supposons que les des-
cendants de ces Chananécns, les /n<?M<<?, eussent voulu se
venger de cet outrage immérite Il leur eût été aisé de ren-
verser les
tables, et de répondre a ces racontars basés sur une
fable, par un fait démontré par les archéologues et les sym-
bologistes; que Setli, le troisième fils d'Adam. et l'aïeul de
tout le peuple d Israël, l'ancêtre de Noé, et le père du « peuple
élu », n'était autre
qu'Hermès, le dieu de la Sagesse appelé
aussi Tota, Tat, ScLh, Set et Sat-an; qu'en ou~re. lorsqu'un
l'envisageait cet autre aspect, il était Typhon, le Satan
Egyptien, qui s'appelait aussi Set. Pour !e p. uple juif, dont
les hommes instruits, de même que Philon le juif et Josèphe
l'historien, ne considéraient les livres moraïques autrement

que comme une découverte


allégorie,
pareille une n'aurait
pas grande importance. Mais pour les chrétiens qui, comme
Des Mousseaux, acceptent très sottement au pied de la let-
tre les récits de la Bible comme de l'histoire, le cas est
bien ditl'érent.
En ce qui concerne la nliation. nous sommes d'accord
avec ce pieux écrivain; at nous sommes chaque jour de plus
en plus convairtcu~ que quelques-uns des peuples de l'Amé-
rique Centrale remontant aux Phéniciens et aux Israélites
du temps (le Mo: et que ces derniers étaient aussi bien
adonnés la mhn~ idolâtrie, si idolâtrie il y a, du culte du
soleil et du serpent, que les Mexicains. Il y a des preuves.
et des preuves Bibliques <;ue deux des fils de Jacob. Lévi et
Dan, de même que Juda. épousèrent d-s femmes Chana-
néennes, et quils adoptèrent le culte de leurs femmes.
Comme de juste, tout chrétien protestera contre cette asser-
tion, mais on peut en trouver la preuve dans la traduction
de la Bible elle-même toute revue et expurgée que nous
la voyons aujourd'hui. Jacob mourant dépeint ainsi ses
enfants Dan », dit-il « sera un serpent sur le chemin, et
une vipère sur le sentier, mordant les talons du cheval,
ISIS DÉVOILÉE 371 1

pour que le cavalier tombe a la renverse. J'espère en ton


secours, ô Eternel ». De Siméon et Lévi, le patriarche dit

qu'ils « sont frères, leurs glaives sont des instruments de


violence. Que mon âme n'entre point dans leur conciliabule,
(me mon esprit ne s'unisse point a leur assemblée (1) ». Or,
dans le texte original, les mots « leur conciliabule sont

rcmplacés par leur Sod (2). Et Sod était le nom pour les

grands Mystères de Baal, Adonis et Bacchus, qui, tous,


étaient des dieux solaires, et avaient des
serpents pour sym-
boles. Les caba!istes expliquent l'allégorie des serpents de
feu en disant que c'était le nom donné a la tribu de Lévi,
a tous les Lévites, en un mot, et que Moïse était le chef des
Sodales (~). Yoici le moment de prouver ce que nous
avançons.
Plusieurs historiens anciens donnent Mo'ise comme un

prêtre Egyptien..Manétho dit qu'il était un hiérophante


d'MiéropoHs, et un prêtre du dieu-solaire Osiris, et que son
nom était Oscarsiph. Les modernes qui acceptent comme un
fait acquis « qu'il était instruit dans toutes les branches de
la Sagesse » des Egyptiens doivent aussi admettre la véri-
table interprétation du mot Sagesse qui, dans le monde
entier, était connu comme synonyme d'initiation aux mys-
tères secrets des .<~y~. Est-ce que l'idée n'a jamais frappé
le lecteur de la Bible qu'un étranger de naissance, élevé
dans un pays étranger n'aurait pas pu être présenté ni
admis, nous ne disons pas a l'initiation le plus finale.
grand
de tous les mystères, mais même a partager les connais-
sances des prêtres inférieure qui faisaient partie des mys-
tères moins importants? Dans la Genèse, chapitre XL1II,

1. Genève Ch. XL'X.


2. Duntap. dans s'a introduction au Sol, les wj/frM d'.Uo~'s.
explique te mot. Sof) comme equivaient d'r<'nne mystère r~Ii~icux, et
ccla ur ['autorité du < Pente-~ott do Shindtcr (t~O~. f.c ~ccrcL du Pci-
~neur est pour c~u.
sneur ceux qui le cj'ai¡:acnt, dit. 1<J
Ci'ai~acnt. ùi~ le Psaume 2:), ~r;ce à une
Psaume 2.r;!ce une fausse
traduct.i~'a des chrc~enp. car fc texte porte < Sod Jh 'h (les mystères
d'Iohohi, sont po~n' ceux qui le craignent. (Dun)ap. ~res d~f/~ftts,
Xi.) « AI Ef~ est terrible dans le ~rand Sod des Kederfurn (tes prêtres,
les sacres, t~s Inities Psaume LXXXIX, v. 8.
3. « Les membres des collèges des prêtres étaient appelés Sodales »,dit
le Lexique Lattn da Ft'eund IV, 4:3). « Les Sodalités étaient constituées
dans tes Mystères Idecn? de la Puissante Mère dit Cicéron. 'De 5cftec-
<n<e, H'; Duntap..Vt/.s~cre~ d'.ido~<s.
J72 IStSP~VOHÉE

verset 3~, nous lisons qu'aucun Egyptien ne pouvait s'asseoir


a table pour manger le pain avec les frères de Joseph, car
c'était a leurs yeux une et que les Egyptiens
abomination,
avec lui (Joseph) furent servis a part. Cela
qui mangeaient
prouve deux choses i° Quelle que fut sa pensée intime,
Joseph avait, du moins en apparence, change de religion,

épouse la fille d'un prêtre de la nation idolâtre, et était


devenu lui-même un Egyptien autrement les Egyptiens
n'auraient jamais mangé avec lui.
Et 2 que plus tard Moïse,

quoique n'étant pas Egyptien de naissance, le devint par


son admission parmi les prêtres, et qu'il fut ainsi compris au
nombre des sODALEs. Par yoic d'induction, le récit du « ser-

pent d'airain » (le Caducée de Mercure ou Asclepios, le fils


du dieu-solaire Apollon-Python) devient logique et naturel.
Ne perdons pas de vue que la HIle de Pharaon qui sauva
Moïse et Fadopta est nommée Thermutis par Joseph: et
ce nom, d'après \Vilkinson. est celui de l'aspic consacré a
Isis 1), de plus, Moïse descendait de la tribu de Lévi. Xous

expliquerons d'une manière plus complète dans le qua-


trième volume les idées cabalistiques concernant les livres
de Moïse et le grand prophète lui-même.
Si Brasseur de Bourbourg et le Chevalier Des Mousseaux
avaient si fort a cœur de démontrer 1 identité des Mexicains
et des Chananéens, ils auraient pu trouver des preuves bien
meilleures et d'un plus grand poids qu'en prouvant que les
deux descendaient de Cham le maudit. Ils auraient pu indi-
quer, par exemple, le NargaI.Ie chef des Mages Chaldéens
et Assyriens (Rab-Mag), et le Xagal chef sorcier des Indiens
du Mexique. Tous deux tiraient leur nom de XergaI-Sare-
zer, le dieu Assyrien, et tous deux avaient la même faculté
ou pouvoir de posséder un démon assistant, avec lequel ils
s'identifiaient complètement. Le
Xargal Chaldéen et Assy-
rien gardait son démon sous la forme d'un animal considéré
comme sacré, dans l'intérieur du temple le Xagal Indien
le conserve partout où il peut, dans le lac ou la forêt voi-
sine ou dans sa maison, sous la forme d'un animal domesti-
que (3).

ï. Voir \ViIkinson..iRCtpn~ ~'yp~.e~.?, vol. V, p.6j.


Brasseur de Bourbourg..Ue-r~e. I.j, 5'4.
ISIS nÉvotmE 373

Dans un de ses récents numéros, nousvoyons le journal le


.Vo/ï< C'6r/0/ë se plaindre amèrement de ce que l'ancien
clément Païen des aborigènes de 1 Amérique ne soit pas com-

plètement disparu aux Etats-Unis. Même chez les tribus qui


pendant de longues années ont été placées sous la direction
de maîtres chrétiens, les rites infernaux sont pratiqués en
secret, et le crypto-paganismc ou .V~<M/7!~ neurit aujour-
d'hui comme au temps de Montexuma. Il dit « Le Xagua-
lisrne et le culte de Woudou ». ainsi qu'il nomme ces deux
étranges sectes, « sont ni plus ni moins le o~f du diable ».
Un rapport adressé aux Cortès en 1812 par don Pedro Bap-
tista Pino dit « Tous les pueblos ont leurs a/a~, c'est
ainsi que les natifs appellent des chambres souterraines
n'ayant qu'une seule porte, où ils se rassemblent pour cé-
lébrer leurs fêtes et tenir leurs réunions. Ce sont des tem-

ples impénétrables, et les portes en sont toujours fermées


aux Espagnols.
« Tous ces pueblos, malgré l'autorité que la religion exerce
sur eux, ne peuvent oublier une partie des croyances qui
leur ont été transmises, et qu'ils ont bien soin de transmet-
tre à leurs descendants. De la vient le culte qu ils rendent
au soleil et à la lune et aux autres corps célestes, et le res-

pect professent pour le feu, etc. »


qu'ils
Les chefs du pueblo paraissent en même temps en être
les prêtres; ils accomplissent simples, par les-
divers rites

quels on reconnaît la puissance du soleil et de Montezuma,


aussi bien que celle du Grand Serpent, auquel (suivant cer-
taines narrations), ils sont redevables de la vie par ordre
de Montezuma. Ils officient aussi dans certaines cérémonies
dans le but d'obtenir la pluie. Certaines peintures représen-
tant le grand serpent avec un homme contrefait aux che-
veux rouges, et qui est, dit-on, la représentation de Monte-
xuma. Il v avait aussi en 18~0. dans le puebio de Laguna.
une grossière effigie ou idole, de ce dernier destinée en ap-
à reproduire uniquement la tête de la divinité (1).
parence
La parfaite identité de rites, de cérémonies, de traditions
et même de noms des divinités, chez les Mexicains et les

1. Calholic WurM, Z janvier 1S77. Article c N-agualisme, \Vou-


di;uisme, etc.
374 ISIS DÉVOILÉE

anciens Babyloniens et Egyptiens, est une preuve suffisante

que l'Amérique du Sud a été peuplée par une colonie qui


trouva mystérieusement sa route à travers l'Atlantique.
Quand ? A quelle époque ? L'histoire garde le silence sur ce

point mais ceux qui croient que toute tradition consacrée

par les siècles est basée sur


parcelle une de vérité, ajoutent
foi à la légende de l'Atlantide. Il existe, disséminés de par
le monde, une poignée d'étudiants solitaires et contempla-
tifs qui passent leur vie dans l'obscurité, loin des bruits de
la foule, à étudier les grands problèmes des univers physi-
ques ~L spirituels. Ils ont leurs annales secrètes dans les-

quelles sont conservés les fruits des travaux scolastiques de


la longue série de reclus dont ils sont les successeurs. La
science de leurs premiers sages de l'Inde, de
ancêtres, les
Babylone, de Xinive
de l'impériale etThèbes les légendes
et les traditions commentées par les maîtres de Solon, de

Pythagore et de Platon, dans les salles de marbre d'Héliopo-


lis et de Saïs; traditions qui, de leur temps déjà, brillaient
faiblement en se dégageant des épaisses brumes du passé
tout cela, et bien d'autres choses encore sont. soigneusement
consignées sur ('es parchemins indestructibles, et transmises
avec un soin jaloux d'un adepte a un autre. Ces hommes
croient que l'histoire de l'Atlantide n'est pas une fable, et
ils soutiennent qu'à différentes époques du passé, là où au-

jourd'hui il n'y a que le désert de l'Océan, existaient des îles


immenses et même des continents. L'archéologue trouve-
rait s'il pouvait les explorer, dans ces temples et ces biblio-
thèques engloutis, des matériaux pour combler toutes les la-
cunes qui existent dans ce que nous nous imaginons être de
l'hisloire. Ils disent qu'à une époque éloignée, un voyageur
pouvait traverser ce qui est aujourd'hui l'Océan Atlantique,
dans presque toute son étendue par terre, n'ayant à fran-
chir en bateau que l'espace d'une île à une autre, séparées
entre elles par de petits détroits.
La parenté que nous supposons avoir existé entre les ra-
ces Cisatlantiques et Transatlantiques est confirmée par la
lecture de merveilles accomplies par Quctxo Cohuatl, le ma-

gicien Mexicain. On peut assimiler sa baguette à la verge


traditionnelle de Moïse, verge qui florissait dans le jardin
de Raguel-Jethro son beau-père, et sur laquelle était gravé
ISIS DÉVOILÉE 375

le nom ineffable. Les quatre hommes décrits comme les qua-


tre ancêtres réels de la race humaine, qui ne furent ni en-

gendrés par les dieux, ni nés d~une femme, mais dont la


création fut une merveille accomplie par le Créateur et qui
furent formés après trois tentatives infructueuses, présen-
tant également des points de ressemblance frappants avec
les explications ésotériques des Hermétiques (i) ils rappel-
lent incontestablement les quatre fils de dieu de la théogo-
nie égyptienne. De plus, ainsi que chacun peut s'en rendre

compte, la ressemblance de ce mythe avec la narration con-

signée dans la Genèse est manifeste pour un observateur


superficiel. Ces quatre ancêtres « raisonnaient et parlaient,
leur vue n'avait limites,
pas deet ils savaient toutes choses
d'emblée (~). » Lorsqu'ils rendirent grâces a leur Créateur
de leur avoir donné l'existence, les <eu.x /H/'e/~ effrayés,
et ils soufflèrent un nuage sur les yeux des hommes, afin

qu'ils ne
pussent voir au delà d'une certaine distance et

qu'ils ne soient pas semblables a~.7' ~/<?M.r <r-/7ïe/~e5. Cela


a un direct avec la phrase de la Genèse « Voici,
rapport
l'homme c.< f/cr~M comme /z ~e nous, connaissant le bien
et le mal. Empêchons-le maintenant d'avancer sa main, de

prendre de l'arbre de
vie, d'en manger et de vivre éternelle-
ment. » Et ailleurs « Et pendant qu'ils ~or/Hû~e~, Dieu
leur donna des femmes », etc.
Loin de nous l'intention de manquer de respect et de sug-

gérer des idées à ceux qui ont assez de savoir pour n'en
avoir pas besoin. Mais nous ne devons pas perdre de vue

que les traités authentiques sur l'ancienne magie des Chal-


déens et des Egyptiens ne sont pas répandus a foison dans
les bibliothèques publiques ni dans les ventes aux enchè-
res. Leur existence est néanmoins un fait pour beaucoup
de ceux qui étudient la philosophie occulte. X'est-il pas de
la plus grande importance pour un antiquaire de connaître
leur contenu, ne fût-ce que super6ciellement ? « Les qua-
tre ancêtres de la race », dit Max Mûller, « paraissent avoir

1. Dans l'Hésiode, Zeus crée sa troisième race d'hommes du fresne.


Dans le Popui Vuh on nous dit que la troisième race d'hommes fut créée
de l'arbre <=t<e et que les femmes sont tirées de la moelle d'un roseau que
l'on nomme sibac. Voilà encore une étrange coïncidence.
2. Poput Vuh revu par Max Multer.
376 ISIS DÉVOtLÉE

eu unelongue vie, et lorsque à la fin ils moururent, ils dis-

parurent d'une façon mystérieuse~ laissant à leur fils ce

qu'on appelle la m<ï/es<€ cachée, qui ne doit jamais être


ouverte par des mains humaines. Nous ignorons ce que
c'était
S'il n'existe aucune parenté entre cette majesté cachée et
la gloire cachée de la Cabale Chaldéenne, que l'on nous dit
avoir été laissée derrière lui par Enoch, lorsqu'il fut enlevé
d'une façon mystérieuse, il ne faut, en ce cas, accorder au-
cun crédit aux preuves plus probantes.les Mais n'est-il pas
simplement possible que ces « quatre ancêtres de la race
Quiché soient les types des quatre progéniteurs successifs
de l'humanité dont il est fait mention dans la Genèse, I, II.
et VI ? Dans la Bible nous trouvons quatre races distinctes
mentionnées. Dans le premier chapitre, le premier homme
est bi-sexuel « il les créa mâle et femelle » ce qui

correspond aux divinités


hermaphrodites des mythologies

subséquentes; le second, Adam, fait de « la poussière de la


terre et uni-sexuel, correspond, aux « enfants de Dieu )> du
chapitre \'I. Le troisième, les géants ou nephilins, dont il
n'est fait qu'une allusion dans la Bible, mais qui sont plei-
nement décrits ailleurs; le quatrième sont les ancêtres des
hommes dont <( les fils de Dieu virent que les filles étaient
belles (!) ».
Enprenant pour point de départ le fait acquis, que les
Mexicains eurent leurs magiciens depuis les temps les plus
reculés que la même remarque s'applique à toutes les an-
ciennes religions du monde qu'une grande ressemblance
se manifeste non seulement dans les formes des cérémonies
du culte, mais jusque dans les noms employés pour dési-
gner certains actes magiques et finalement, que tous les
autres indices, d'accord avec les déductions scientifiques,
ont fait défaut
(parce que beaucoup étaient égarés dans
l'abîme saos fond des coïncidences), pourquoi n'aurions-nous
pas recours aux grandes autorités sur la magie, et ne ver-
rions-nous pas si, sous cette végétation de fantastiques

1. Xotre doctrine Esotérique nous apprend que des 4 ra;es humaines


qui o"t. précéda la nôtre, la 5*, la 1" était bisexuelle la 2* uni-sexueitc
mais les enfauts naissaient sans péché la 3* celle des écarts la 4* celle
de l'Atlantide, etc. Voyez Esoleric Baddhism.
ISIS DÉVOILÉE 377

non-sens, H n'y aurait pas une profonde couche de vé-


rité ? Nous ne désirons pas donner lieu ici a un malentendu.
Nous ne prétendons pas renvoyer les savants à la Cabale et
aux livres Hermétiques, pour y étudier la magie, mais bien
aux autorités sur cette science afin d'v découvrir des ma-
tériaux pour l'histoire et la Science. Nous ne voulons, en
aucune façon, nous exposer aux dénonciations irritées des

Académiciens, par une indiscrétion comme celle de ce pau-


vre Des Mousseaux, lorsqu'il essaya de les forcer à lire ses
J/c/Tïo/re.s cfc/HO/po/o~~Mc~, et à entreprendre une étude sur
le Diable.
Z'/y/s/o/rc de Z?e/7<?/ D/ del Castillo, un des compa-
gnons de Certes, nous donne une idée de l'extraordinaire
raumement et de l'intelligence des peuples qu'ils conqué-
raient mais les
descriptions en sont trop longues pour être
insérées ici. Qu'il sufiise de dire que les Aztèques parais-
sent avoir ressemblé, sous plus d'un rapport, aux anciens

Egyptiens, en ce qui concerne la civilisation et l'élégance.


Chez les deux peuples, la magie et la philosophie naturelle
occulte étaient cultivées au plus haut degré. Ajoutez à cela

que la Grèce, « le dernier berceau des arts et des sciences


et l'Inde, berceau des religions, furent et sont encore adon-
nées à cette étude et a ses pratiques, et qui se hasardera à
nier sa dignité comme étude, et sa profondeur comme
science ?
Iln'y a jamais eu, et il ne peut y avoir plus d'une reli-
gion universelle car il ne peut y avoir qu'une vérité con-
cernant Dieu. Elle enlace notre globe dans tous les sens,
ainsi qu'une immense chaîne, dont l'extrémité supérieure,
l'alpha, demeurerait Invisible, émanant de la divinité, in
.a~ ~co~c~o avec chaque théologie primitive elle ne
laisse aucun recoin inexploré, avant que l'autre extrémité,
l'oméga, retourne rejoindre le point d'où elle émane. C'est
sur cette chaîne divine qu'est établie la symbologie exnfé-
rique de tous les peuples. La divinité des formes est impuis-
sante à en affecter la substance, et sous l'idéal des types~
divers de l'univers matériel, symbolisant ses principes vivi-
fiants, l'image immatérielle, incorruptible de l'esprit qui les
guide, reste toujours la même.
Aussi loin que l'intelligence humaine est capable d'aller
:;7S ISIS MVOtLÉE

dans l'interprétation idéale (!c l'univers spirituel, de ses lois


et de ses forces, le dernier mot a cet c~ard ;) été dit. il y a
des siècles et si les ~/<s de Platon peuvent c're simpli-
fiées alin de tes rendre, d'une comprehensi<tn p!u'- aisée,

l'esprit de !eur sul)stance ne peut être ni altère ni enlevé,


sans un sérieux dommage pour la vérité. Que les cerveaux
humains se mettent a la torture pendant de- sierfes venir;
la tl)eo]o~ie embroui!!e la !'oi, e! la simule. en !a sur-
que
s
c!)ar~"ant d'incompréhensibles (~n~ n~e!apt)vsi<jucs; qu)'
la science ren'nrce le seeptici~nie.e)) ;e)an< f~~rre ]es res-
tes chancelants de rin(uit.i"n spiritne!Ic d'' l'humanité par
la démonstration de sa iait'ibilitr, n)ai_rr< tout, la
propre
vérité ett'rnel! ne pourra jamais ('-h'c <trui(e. Nous trou-
vons sa d~mi. re expression pos~il)!e dans notre lan~a~c hu-
main. d.m~ le Lo~os l'o'se. /c /<v\ ou !e Vo-hc vivant
de Dieu /7~e.s- L'I~n" h-Ver: de Zeroa-tre est identi-

que ;)u ./<' .< judaïf~ue. et le x (~and I'~pt-;t <h: pauvre


et 'n'norant !:)d:e:i est e\de)n:ne:~t !j Urainna du ;n!os(~-
phe hindou. î';i de ces derniers. Tcharaka. un m'deein hin-
dou. <iue l'o') dit av' -.( eu ~.OUf) ;)ns ava:)t Jes't'–Christ.
dans snn tr:<it('' -~ur 1 ori'~in~ des c!). intitu! l'-a. s'e\-
nri:na admirablement e'' e's ter';)"- « \otre lei'i'e est,
comme tou~ ies corps lumineux o'.u nous ento.u-cnt. und"s
atomes de l'immense Tout. et. en le nomm.'nt !n'!ni »
nous n'en avons qu'une f;)!!)Ie co:.ception.
< 11 n'y a lumière et qu'une obscu-itt'' dit un
qu'une
proverbe Siam-'is. /<?' t'.s'/ /~<7~ /7. le d!I)!e est
l'ombre de Dieu. dit l'axi.'me universel. I,a lu-
cabali~ique
mière existerait-eU" sans les {.nebres primitives ? !~t. n'est-
ce p;(s des ehaines du chaos sombre et redouta!)]' que
l'univers bri'iant et cnsol-'ill~' s'est de~a~e des le principe ?
Si /</ /c~ r< v/ suiv;:nt les clire!iens.7!/3//s-
< /o/ est une révélation.. !~)us devons, e:) ce cas. admet-
tre s il y ;( un diable, il doit être compris dans cette
que
plénitude, et faire partie de celui remplit tout c"
qui «
*out». De temps immémorial on a essaye d' jushuerladivi
mte et de la séparer du mal existant et le but a été atteint

par l'ancienne de l'Orient, dans la fondation du


philosophie
/o~/Â'J mais ses idées métaphysiques sur /r// <?'/
n'ont jamais été dénaturées par la création de la personna-
!S!S DÉVOILÉE 379

litc anthropomorphe du Diable. comme col:) a été fait pos-


térieurement par les <hefs de la tl]eol<~ie chrétienne. Un
diable personnel fp)i se met en lutte ouverte avec !a divi-
nité. et entrave I'' propres dans sa voie vers la perfection,
ne <toit être cher( l)e que sur !a terre et au sens de huma-
nité mai~ n~n point d.ms ie ciel.
(/est
ainsi <pie tous )es monun)cn<s ~(di~ic~~x de )'anti-
<}uite, dan~ !)'itnp<u(e frue!)'' c"nt.ree et sous cii-
quelque
niat que ce s<')[ s«')t re\p) -s~.ondes n~emes pensées,do!~t

ta (!e se trouve dans !:( doctr)nee-~ott'-ri<jue.()n cttercherait


en vain, 'os <u(fi''t' cette de r-'ierc. a tes mvs!e-
pénétrer
) es ense\e!i-~ depuis des siècles dans ~es temples et les rui-
nes d !pte rt d'Assyrie, e~ dans cct!e del'Ameridue
(~entr.de. <!< );) (~oiondtie Jh'itanni'fue et de '\a~kon-at du
(~tndx'd~ Si chacun de ces m"nume:~ts a été construit
par une .i.'i:o:t dii~ rente, et aucunG nation n'a eu de rap-
:)v r :m)re-~ (!es -iec~esjt est certain aussi
ports pcndan!

t<~u~ <fe conçus d édifies les et sous


<;uc d'après pians,

su:e:H.)c. <!irccte des prêtres. I-~t !e c!er.~< de chaque


:tion. b~i que pratiquant des rites et des cérémonies qui
diirt''r;n":)t r\t.ie::re'nent. avait ev id<'mment été initie aux
mêmes mystères (radtti')nne!s qui étaient enseignes par
tout !e ~to!)C.
Afin d établir un~ comparaison p!us exacte entre les spé-
cimens de !'arc!titec!ure pre!)istorique qu'on retrouve aux

points 1 's pais ~tpos-Js du :ou.\ nous n'avons qu'a signaler


les ruines grandioses de l'HUora hindou, dans le Dekkan.
ceHes de Chiciien-Itxa da;~ L* Yucat.m mexicain, et les rui-
ne- encore plus vastes de (~opan dans te (.uatemala. Elles

prcsent.ent de tels traits de rcssembtance. qu'il semble im-

possible de se soustraire a la conviction qu elles furent bâties

par des peuples mus par les mêmes idées religieuses, et

ayunt atteint le m~ine niveau de civilisation dans les arts et


les sciences.
n v a probablement
Il pas sur toute la surface du sdobe
une masse de ruines plus importantes que celles de Xaykon-

\Vat, qui i'ont l'étonnement et le desespoir des archéolo-


gues Européens qui s'aventurent dans le royaume de Siam.
Et lorsque nous dirons ruines, c'est a peine si l'expression
est. correcte car nulle part on ne trouverait des construc-
:<"<u )!St'ÉVO:t.h:t::

tiens d'une antiquité aussi colossal, dans un medieur état


de conservation (}ue celles de \a~kon-\Va<. et du ~rand
t~mpted'An~kosthoni.
retire au loin, (tans la province dcSiamrap.dans te
Siam Orientai, au milieu d une végétation tropicale tuxu-
riante.ntourede forets presoue impénétrables de palmiers.
de cocotiers et d arbres de b'-te!, « aspect ~nera! de ce
mcrvei!!eux temple e-t ma~nift'juc et romantique autant

que grandiose '-t impressir)nn.)t dit ~L Vincent dans


son ouvrage (i). \ous qui avons !a honno fortune de vivre
au \t\ sircip. nous sommes a("c<'utumcs a nous vanter de
la perfection et d'' !a supcriorite <!e notre c'vi)is:)tion mo-
derne de la grandeur de nos découvertes dan-~ !es scien-
cesje~ art~. la !:tt.h'ature, dans n'importe quoi. en !es com-

parant avec c'es des aneien~: mais. ma~rc tout. nous


~omm'-s forces d'adtnettre
qu'ils
cnt~ de
beaucoup surpasse

no-~ récents travaux et nos efforts sur une fou!e de points.


et notamment dans !es beaux-arts. 1.) peinture. l'architecture
et !a sculpture. \"us menons d'' voir un des plus merveit-
le'ax de ces deux derniers car. en fait de
~cimens arts,

stv!e de' beauté d'archUecture. de solidité de construc-


t:«r). ma.~nl<!et'nc"ctde()nid~ scutpture.Ie ~rand \a-~kon-
~at n'a pas un e~a! au'our(}'fnn. ni certainement de rival.
I. premi'T coup d'<eit ~cte sur ces ruines est renversant.
L'opinion d'un nouveau vova~eur vient donc s'ajoutera
celle des nombreux voyageurs qui l'ont pr-cced. y compris
d<-s arch<o!o~ues et d'autres critiquas compétents. !cs({ue!s
"nt t-te d avi-~ que les ruines de la splendeur passée de
1 Egypte ne méritaient pas d'éloges plus chaleureux que
ceU.-s de \a?!~on-\Vat.
C«afor:nernent ai plan qu'' nous nous sommes trac' nous
laisserons des critiques plus impartiaux que nous d.cr:re
<'e monum-'nt. puisrfuc dans un ouvrage spécialement con-
sacre a ta rehabilitation anciens. le temoi~na~e des d'un
défenseur aussi enthousiaste que le présent auteur pourrait
tre révoque en doute. Nous avons pourtant visité Xa~kon-
Wat dans des circonstances exceptionnellement favorables.
et nous pouvons, par certifier l'exactitude et la
conséquent

I. F.ank Vincent.nn 'f~ L~~Jo/e ~p Aj~ p. 20~.


t~tSDt~Otf.ÉE :~) 1

correction de la description de M. Vincent. Il s'exprime en


ces termes:
« Xous entrâmes dans une immense chaussée, dont les

degrés étaient flanqués de six gigantesques griffons, tail-


:s chacun dans un seul btoc de pierre. La chaussée a
7~ pieds de lon~.et cite est pavée de dalles mesurant cha-
cune quatre pieds de longueur, sur deux de lar~e. De cha-

que coté se trouvent artificiels des lacs par des alimentes


sources, et couvrant chacun une superficie de cinq acres. Le
mur extérieur de Xa~kon-Wat (la cité des monastères), est
d un demi-mille carre, avec des portes, qui sont admirable-
ment sculptées de Heures de dieux et de dragons. Les fonda-
tions ont dix pieds de profondeur. L'édifice entier, y com-
pris le toit, est en pierre. /7!<< .s's <w< f/ /c.s /o//ï/s
< .~0/~ s-/ c.j'~c/C~ /S('/7~/CS, ~~<? ~ÏC/7!C <0~rr/'AM/
/7.~ .< /)< /<t' I.a forme de l'editicc est

"!)!on~ue. de 7' pied- d~ !on~,et ~SS de iar~e. I.a pagode


.entraic. la plus ))aute. s\-)evea ~o0 et quelques pieds au-
dessus du so!. et les ouatre autres, aux angles de la cour,
ont environ 1~0 pieds de haut. »
I.c texte en italiques ci-dessus est si~nitieatif pour les

vova~eurs <{ui ont remarque et admire te même mervedicux


sv-temc de travail d.' maçonnerie, dan- tes ruines de

!'F~\pte. Si ce ne sont pas !esm<mes ouvriers qui ont exe-


cut<' le travan dans tes deux pays. nous devons en conclure
ie St'cret de cet incomparable art d'élever les murs
;uc
.'tait
également connu des architecte- de tous les pa's.
Xous montons en passant sur une plate-forme, et nous
-trons dans tcmpL- lui-m~-me. sous un portique a co-

!onnade, dont la façade est ma~niHquement ornée de !)as-


reliefs représentant de-sujet s mythologiques anciens. Depuis
cette porte, court de chaque cote un corridor, avec une double

ran~'eedecoionnes taHIecs tout entières, base et chapiteau,


dans un seul de pierre,
bloc avec douhh' toit de forme ovale,
couvert de sculptures s'étendant sur le mur extérieur. Ce'te
galerie de sculptures qui forme l'extérieur du temple con-
siste e~ un demi-miMe de longueur de bas-reliefs sculptes
sans discontinuité, dans des dalles de ~res dur de six pieds
de lar~e, et représentant des scènes tirées de la mythologie
hindoue, du /Tf~. !e poème épique sanscrit de l'Inde
:2 2 îStS DÉVOH.~F

avec ses ~j.OOO vers décrivant les du Dieu Hama


exploit

et du HIs du roi d'Oudh. Les démîtes du roi de et


Ceyian

(i'IIanouman (t), te DIeu-sin~e, sont re-


y ~raphi(}uemcnt

Il n'v a de de de voûte dans !e cintre de ce


présentes. pas

corridor. Les murs sont couverts de de 00 000 n-


sculptures

Une scène du ~~0 pieds


~ures scparces. occupe

du mur. L'on a dans !e Xa~kon-Wat


compte jusqu'à

i.~)3~ colonne~ massives, et dans toutes tes ruines


d'An~kor,

le nombre de <).000. toutes taiUees ({ans un seul


presque
b!oc et artistemcnt fouillées.

« Mais a a-t-i! été cons-


(mi !)AtiXa~-kon-Vat?nt (mand
truit ? Les savants ont (.-ssavc de ~-e forme:' une
opinion par
l'étude de son mode de c'nstrueHon et de son
spécialement

d'ornementation, mais Us n'ont r'assi. Les his-


système pas
toriens mdi~encs du (~am)~odne. ajoute Vincent, comptent

~/t0<) ans l\'diiieation du demandai a l'un


(tepuis temple. Je
d'eux combien de avait été cons-
depuis temps \a~k"n-\Vat

truit. \ul ne (Hre ne le sais Il


peut I\poqu~e pas.
doita~oir du sot. ou avoir ~-tc b:')ti de>
sur~i p. ~antsou
m~'n)~ d fur<)t les
p'ut-t'-trt.' par an~cs. rcpo'ises <tue j'ob-
t.ins.

t. L'H;):t'')un::in L'-t h.fu!. ~c plu- t.i- ;<Is L't n.~r c ~mn:e du char-
~i. L'j /t';tf't~.qm 'n~ !)~(~j. ce -c s.)c:j. raconte
.)€ t')f))rnjn cta ;<nn:tiv"nt< u!t ch [.u'ant le me:)-
q~i.t..u:t
~)r ami 'i Htm~. n. i.t ;'< rctro'j-L-r s.i ;t:T,; S.(.))<. a\-<it. <tc em-
qui
m'n'c .t ';c\-t.t:i ;tr H.t-t:i.)..c t-.u .J.~ .-r:rt{.s (i~ nom-
;'t:n:[. Apres
!j:tsj~ .t\[.')r' Ht:t't.:in t't. f.nt. p!-i')m r j'u:' ce Jt"i<-)-. j)'j:~dant
q.t'd \it. v:!). Je- c:! car.tc~-e de l{tma P.'ur ce
l j-p:~n
crt:nc.f{'t:M ~t.J' .m du;'atv: ilt:u:n.t:t mtt !c
c~y
f' ~t. c-L c c )-c'i):: .) .m.~i-d. -).-)~ .t;tt. t.c:)]e:ft. non'
~tc
:t..J. :H -< Sj dj.<'i:'[-.tS't' .:c CC* ~OU-
;)Li:c:~J~t)US
Ijn: :t .i 'v.):;s on .'r' [js in:s. c.' 't.~m~ na:uma!t
!~c~-L-s
t' :c .1~ :j.cns ':t s~t-.c~-mj-:it. Ujr~t-
~th'i .t. ~~c
;i:i:i' ~t:u. :i'<L aucu:m~:]t. !t.t u-
s.c)'t{~ j)~u:-
:'t;~t' '{t'c~ rc~r i--
-v:cs rL-h; Rama, !('
)). ;n-~ -j. d-n'iaen 'n:e.)u~t.i;r-:e'djs'):t nrfncc
te' )it;e~ i. .jt:t!.s 1~- :J.Ia t les i!jks!)t-as c;i ea
ic~r~aran~ssant
.t-c~).)' i.~f:t'jLc- tC- <'jj:tjnt.a;cs.in A t).i"t.tr
;)ar~.c~ ~t-.
de c~LLc c;' [jj. Ij-. S.H.J- cL ic.i. !n:ncs .c.):cs vccm'ttL n.-uf-cu\, et
curent j~ ~t.ti~~u):-jd~ ~sjc.ida~t.- G s d'n'.j:-s-o:it !;s ~ur~pccns
.-t.u~.s U.i ~~fv~ de n D.ivii.cn-tcs
.j'j-~s i:tsjr~p's e:i E:ir'~<e
Ucctdcnt.ate, et. cUcs i.idiquj:it. q:)'n o\ist~ urh- de race et
orl~ u.n~ue
de tan~a~c c:iLr.' ces p~pui~i.~n-Ia n-: ét.r~ un indice
p~ir-ratt.-H pas
de la parc::tc des traditions d -s cites et de- lut.i-~ en -jt des
Luropc. i=in-
-'es leurs a.hc~ dan~ l'liLnd~ustan.
!StS ~KVOtf.ÉE 383

Lorsque Stephcns demandait aux Indiens Qui a construit


Copan ?. Quelle nation a trace les dessins hiéroglyphiques,
'-eulpté ces
élégantes usures et ciselures, ces traits emblé-

matiques ? La mottofone réponse qu'il reçut fut (~/C/ï


< Qui sait.? Tout est mystère; le sombre impénétrable
mystère, écrit Stcphens.« En Egypte, les squelettes colos-
saux des temples sont la dans toute la nu-
gigantesques
dité de la désolation. Ici, une immense foret les
masque
ruines, !cs cachant aux N
regards (!).

Mais il y a, qui sait, bien des circonstances, sans intérêt


pour les archéologues qui ne sont pas au courant des « vai-
ncs et fantastiques légendes de l'antiquité, et qui, par con-
séquent. ont été négligées autrement, cette découverte
aurait pu les mettre sur une autre voie. L'une d elles est la
présence invariable du sin~e dans les temples en ruines de
1 Egypte, du Mexique et de SIam. Le
cynocéphale Egyptien
prend ]es mêmes postures l'IIanouman hindou ou Sia-
que
mois. et parmi les fragments de sculptures de Copan, Ste-
phens a trouve des restes de singes gigantesques ressemblant
beaucoup, comme dessin et apparence, aux quatre animaux
monstrueux qui jadis étaient placés de front a la base de

FobéHsque de Louxor, actuellement a Paris (i).ct qui, sous


le nom de cynocéphales étaient honorés d'un culte a Thébes.
Dans presque tous les temples Bouddhiques, on conserve de
colossales idoles de singes, et il y a des gens qui gardent
dans leurs maisons des singes blancs, dans le but d'éloigner
les mauv :Is esprits.
« La civilisation, dans !e sens complexe que nous donnons
ce m~ éc"it Louis de Ca~'aé (:{), était-elle parmi les
ancien~ Cambodgiens la hauteur que paraissent indiquer
!es prodiges d architecture '? Le siècle de Phidias fut celui
de Sophocle, de Sucrate et de Platon Michel-Ange et Ra-

phaél succédèrent: au Dante. M v a des époques lumineuses,


durant lesquelles humain,
l'esprit se développant dans tous
les sens, triomphe partout, et crée des chefs-d œuvre qui
émanent tous de la même source d'inspiration. < ~agkon-

1. /ftc/?ft~ o/' Vrjt-c~ in Centra! .tmertca, voL I. p. )03.


iïs n' s Mit. ;~us, car !'obc!isquc scu! a été t.ranspu:J a Paris.
3. \i:' T'Ap Z..Ttf/ D/' the U7K<e ~ep~a/t<, p. 22!.
~{ !~IS DÉVOILÉE

~Vat », conclut Vincent, « doit cire attribue a d'autres qu'aux


anciens habitants du Cambodge. Mais a qui Il n'existe la-
dessus aucune tradition ~/</nc de /b/. 7"OM/ /ï'f.s7 </uc /a~/c
~f/ /<</<' ».
Cette dernière assertion est devenue depuis peu une

phrase a la mode dans la bouche des voyageurs et des ar-


chéologues. Lorsqu'ils ont trouvé qu'aucun indice n'est pos-
sible ailleurs que dans les légendes populaires. ils tournent le
dos découragés et rendent un verdict définitif. Vincent cite
en même temps un qui fait remarquer
auteur que cc~ ruines
sont aussi imposantes que celtes de Thébcs, ou de Mem-

phis, mais plus mystérieuses. Mouhot pense qu'elles ont été


bâties par quelque Michel-An~e de l'antiquité, et il ajoute

que Xa~kon-Wat est plus grandiose que tout ce que nous


ont laissé la Grèce et Rome. De plus, Mouhot attribue encore
cet édifice a une des tribus perdues d'Israël, et il est con-
firmé dans cette opinion par Miche, 1 Kvéquc Français du
Cambodge, qui confesse avoir été frappé du caractère Hé-

braïque des visages de beaucoup de sauvages Sticns. Henri


Mouhot croit
que. sans exagération, on peut accorder aux

parties les plus anciennes des ruines d'An~kor plus de deux


mille années d'existence. Cet a~e. comparé celui des Pyrami-
des. les rendrait presque modernes; mais la date est d'autant
plus incroyable, ffue les peintures des murailles appartien-
nent évidemment a ces siècles archaïques, où Poseidon et les
Kabinis étaient adorés sur tout le continent. Si Xa~kon-Wat
avait été construit, comme le prétend le D' Adolf Bastian(i).
pour la réception du savant patriarche Buddha~'osa qui ap-
porta de Ceyian les livres sacrés du 7~c'A'; ou, comme
1~ dit l'évoque PaIIa~oux, qui place la construction de cet
édifice pendant le ré~ne de Phra Pathum Sur~vin~ au mo-
ment où les livres sacrés du Bouddhisme furent apportés de

Ceyian, et où le Bouddhisme devint la religion des Cambod-

giens, comment expliquer ce qui suit ?


« Nous voyons sculptées dans le même temple des ima-
ges de Bouddha ayant quatre et trente-deux bras. des dieux
a deux et à seize têtes, le Vishnou hindou, des dieux avec
des ailes, des têtes Birmanes, des figures hindoues, et la

1. Le Président de la S')c~c!.e Royale de Cco~raptue de Berhn.


ISIS DÉVOïL~E 383

mythologie Cingalaise. On y voit des guerriers montés sur


des éléphants ou dans des
chariots, à pied des soldats
avec
des lances et des boucliers, des bateaux, des tigres, des
griffons, des serpents, des crocodiles, des bœufs. des sol-
dats d'un développement physique immense, portant des
casques, et des gens a grandes barbes, probablement des
Maures. Les Heures, ajoute M.Vincent, sontplacées à peu

près comme celles que l'on voit sur les grands monuments
de l'Egypte, le coté presque tourné de front, et j'ai remar-
qué en outre cinq cavaliers armés d'éperons et de sabres,
marchant en ligne, comme ceux que l'on voit sur les tablettes
assyriennes au British Muséum (t).
Pour notre part, nous pourrions ajouter qu'il y a sur les
murs plusieurs images de D~gon, l'homme-poisson des Ba-
byloniens, et des dieux Kabiriens de Samothrace. Cela peut
avoir échappé a l'attention des rares archéologues qui ont
examiné le monument; mais en l'inspectant de plus prés, on
les y trouvera, aussi bien que le fameux père des Kabiries,
Vulcain, avec ses foudres et ses outils, ayant auprès de lui
un roi le sceptre en main, contre-partie de celui de Chéronée,
eu sceptre d'Agamcmuon, qui lui avait été donné par le dieu
boiteux de Lcmnos. Dans un autre endroit, nous trouvons
Vulcain. reconnaissable à son marteau et à sestenailles,
mais sous la forme d'un singe, tel qu'il était habituellement
représenté par les EgyMens.
Or, si Xagkon Wat est essentiellement un temple Boud-
dhique, comment se fait-il qu'il ait sur ses murs des bas-
reliefs d'un caractère tout à fait Assyrien et des dieux Ka-
biriens qui, bien qu'adorés universellement comme les plus
anciens dieux mystérieux de l'Asie, avaient déjà été aban-
donnés ~UO avant Jésus-Christ, et les mystères de Samo-
thrace eux-mêmes complètement défigurés '? D'où vient la
tradition populaire parmi les Cambodgiens concernant le
Prince de Rcma, personnage mentionné par tous les histo-
riens indigènes, qui lui attribuent la fondation du temple ?
X'est-ce pas
possible que le /7!<y//<ï/ lui-même, le fameux
poème épique, ne soit que l'original de I'o~c d'Homère,
ainsi qu'on l'a suggéré il y a quelques années ? Le beau Pâris

1. Le Pays de ~'A~A. Blanc, p. 215.


VOL.II ~5
386 ISIS DÉVOILÉE

enlevant Hélène ressemble beaucoup à Ravana, roi des

géants, s'enfuyant avec Sita, la femme de Rama. La guerre


de Troie est la contre-partie de la guerre du /?a~0j'/a/ï0
~e plus Hérodote nous assure que les héros et les dieux
Trovens datent en Grèce seulement du temps de l'ac~e.
Dans ce cas, Hanouman lui-même, le dieu-singe, ne serait

que Vulcain déguisé d'autant plus que la tradition du

Cambodge fait venir de Roma le fondateur d'Angkor,


qu'ils placent a l'extrémité occidentale du monde, et que
le Roma hindou attribue également l'Occident aux descen-
dants d'Hanouman.
Toute hypothétique que soit cette suggestion, elle mérite
d'être prise en considération, ne fût-ce que pour pouvoir la
réfuter. L'abbé JaqucneL missionnaire catholique en Cochin-

chine, toujours prêt à relier la moindre lueur du flambeau

historique a la révélation chrétienne écrit « Soit que nous


examinions les relations commerciales des Juifs, lorsqu'ils
étaient a l'apogée de leur puissance, et que les flottes com-
binées d'Hiram et de Salomon allaient chercher les trésors
soit nous arrivions à la
d'Ophir, que, descendant plus bas,
dispersion des dix tribus, qui, au lieu de revenir de la cap-
tivité. partirent des rives de l'Euphrate et gagnèrent les
côtes de l'Océan, l'éclat de la lumière de la révélation dans
l'Extrême-Orient n'en est pas moins incontestable. »
Cela paraîtrait certainement incontestable, si nous ren-
versions la proposition, et si nous admettions
que toute la
lumière qui ait jamais brillé aux yeux des Israélites leur
venait de l'Extrême-Orient, en passant d'abord par la Chal-
dée et l'Egypte. Le premier point à établir consisterait a
trouver ce qu'étaient les Israélites eux-mêmes; et c'est la
la question capitale. Beaucoup d'historiens paraissent ad-
mettre, avec raison, que les Juifs étaient semblables ou
identiques aux anciens Phéniciens, mais les Phéniciens
étaient, incontestablement, de race Ethiopienne: de plus la
race actuelle du
Punjab est une race hybride d'Ethiopiens
Asiatiques. Hérodote suit la trace des Hébreux jusqu'au
Golfe Persique et au sud de ce point se trouvaient les
Himyarites (les Arabes); au delà, les premiers Chaldéens
et Susinlens, les grands constructeurs. Cela paraît établir
assez clairement leur parenté Ethiopienne. Megasthénes dit
ÏSÏS DÉVOILÉE 387

que les Juifs étaient une secte de l'Inde appelée Kalani, et


leur théologie ressemblait à celle des au- Hindous. D'autres
teurs aussi soupçonnaient les Juifs colons ou établis en Ju-
dée d'être des Yadous de l'Afghanistan, l'Inde ancienne (1).
Eusèbc nous apprend que les Ethiopiens 'vendent des rives
de l'Indus, et s'établirent près de l'Egypte. De plus amples
recherches pourraient démontrer que les hindous Tamil,
que les missionnaires accusent d'adorer le diable, Kutti
Sattan, honorent seulement, après tout, Seth ou Satan
qu'adoraient les Hittites de la Bible.
Mais si les Juifs étaient, à l'aurore de l'histoire, des Phé-
niciens, ces derniers peuvent être na- retracés jusqu'aux
tions qui faisaient usage de la langue sanscrite. Carthage
était une ville Phénicienne, et de la son nom car Tyr était
également Kartha. Dans la Bible les mots Kir, Kirjath se
retrouvent souvent. Leur dieu tutélaire était nommé Mel-
Kartha (Mol, Baal), ou le seigneur tutélaire de la ville. En
sanscrit, une cité ou commune était un Koula or cûla et son
seigneur était un //c/~ (~). Hercules est donc la traduction
de .Md-Karth et d'origine sanscrite. En outre, toutes les
races de Cyclopes étaient Phéniciennes. Dans l'Odyssée,
les Cyclopes sont des bergers de Libye et Hérodote les
décrit comme des mineurs et de grands constructeurs.
Ce sont les anciens Titans ou géants qui. dans l'Hésiode,
forgent des foudres pour Zeus (Jupiter). Ce sont les Zan-
zummim Bibliques de la terre des géants, les Ana'dm.
Or il est aisé de voir que les excavateurs d'EHora, les
constructeurs des anciennes
Pagodes, les architectes de Co-
pan et des ruines de l'Amérique Centrale, ceux de Nagkon-
Wat, et ceux des restes Egyptiens étaient, sinon de la
même race, du moins de la même religion, celle que l'on

1. La Didon phénicienne est le féminin du nom de David


Sous le nom d'Astart~, elle conduisit les colonies phéniciennes, et son
image était à !a proue de leurs navires. Mais David et Saf'd sont des noms
appartenant aussi d l'Afghanistan.
2. (Le professeur \Vitder Cet archéologue dit « Je considère les races
Ethiopiennes, Cu-hites et Chamitiqucs comme les races ar:i-t!qu set de
constructeurs qui adoraient Baal (Si va) ou Bel qui bat're~t des temples,
des grottes, des pyramides, et parlaient un langage d'un type particulier.
RawUnsoa fait dériver ce langage de celui des T'our.ï~uc~ dans l'Hin-
doustan.
3~S ÏS!S DÉVOILÉE

enseignait dnns les plus anciens mystères. De plus, les figu-


res sur les murailles d'Angkor sont purement archaïques,
et n'ont rien de commun avec les images et les idoles de
Bouddha, qui sont probablement d'une origine beaucoup
plus récente. « Ce qui donne un intérêt particulier a cette
section dit le docteur Bastian, « c'est le fait que l'artiste
a représenté les difTérentes nationalités dans tous leurs traits

caractéristiques distinctifs, depuis le sauvage au nez plat,


dans le vêtement orné de glands du Pnom et du Lao a che-
veux ras, jusqu'au Bajapoute au nez droit avec Fépée et
le bouclier, et le Maure barbu, formant un catalogue de
nationalités, comme une autre colonne de Trajan, avec la
conformation physique prédominante de chaque race. En
résumé, il y a une telle prépondérance du type Grec dans
les proiils et les traits, de même que dans Inélégante atti-
tude des cavaliers, qu~ l'on pourrait supposer que dans l'an-
tiquité Xénocrate, après avoir terminé ses travaux a Bom-
bay. avait fait une excursion dans l'est ».
C'est pourquoi si nous acceptons que les tribus d'Israël
aient mis la main à l'édiHcation de Xngkon-Wat, ce ne peut
être celles qui furent dénombrées et envoyées a la recher-
che de la terre de Chanaan, dans le désert de Paran, mais
bien leurs ancêtres primitifs, ce qui équivaut au rejet de
ces tribus, comme conséquence de la révélation mosaïque.
Mais où est la preuve /~5~o/~</HC que l'on ait entendu par-
ler de ces tribus, avant la compilation de l'Ancien Testa-
ment, par Esdras? Certains archéologues sont fermement
convaincus que les douze tribus ne sont qu'un mythe (J),
car il n'y a jamais eu de tribu de Siméon, et celle de Lévi
était une o<s/c. Le même problème reste encore a résoudre.
a savoir si les Juifs ont
été en Palestine
jamais avant Cvrus.
Depuis les iils de Jacob, qui avaient tous épousé des Cha-
nanéennes, excepté Joseph, dont la femme était la fille d'un
prêtre Egyptien du Soleil, jusqu'au légendaire Livre des
/~y~, on reconnaît que les unions furent ouvertement pra-
tiquées entre les dites tribus et les races idolâtres. « Et les
enfants d'Israël habitèrent au milieu des Cananéens; des
Héthiens, des Amoréens, des Phérézicns, des Héviens et

t. Le professeur A. Wilder entre autres.


ISIS DÉVOILÉE 389

des Jébusiens; ils prirent leurs filles pour femmes et ils don-
nèrent leurs fils leurs propres filles, et ils servirent leurs
dieux », dit le troisième chapitre des juges. « et les en-
fants d'Israël oublièrent l'Eternel et ils servirent Baal et
les idoles ». Ce Baal était Moloch, M'Ich Karta ou Hercule.
II était adoré partout où allaient les Phéniciens. Comment
les Israélites auraient-ils pu se maintenir en tribus puis-
que, sur l'autorité même de la Bible, nous voyons que des
populations entières étaient violemment enlevées par les
Assyriens et autres conquérants? « Et Israël a été emmené
captif loin de son pays en Assyrie, où il est resté jusque
ce jour. Le Roi d Assyrie fit venir des gens de Babylone,
de Cutha, d'A\a, de Hameth et de Sépharoaïm, et les éta-
blit dans les villes de Samarie à la place des enfants
d'Israël. » (2' Rois, XVII. 23, 24.)
Si le langage de la Palestine devint peu à peu sémitique,
c'est a la suite de l'influence des Assyriens car la Phéni-
cie en devint une dépendance l'époque d'Hiram, dès
les Phé-
niciens ayant évidemment
changé leur langue Chamitique
pour la Sémitique. L'Assyrie était « la terre de Nemrod »
(de .Y/~ï~ le moucheté), et Nemrod, c'était Bacchus avec sa
peau mouchetée de léopard. Cette peau de léopard est un
accessoire sacré des mystères; elle était employée à Eleu-
sis, de même que dans les mystères de l'Egypte on la
trouve sculptée dans les bas-reliefs des ruines de l'Améri-

que Centrale, couvrant les épaules des sacrificateurs. Il en


est fait mention dans les plus anciennes dissertations des
Brahmanes sur la signification de leurs prières des sacrifi-
ces, /4j'arey<2 ~ra/7!a/M/7ï (i). Elle est employée dans
/4~o/7ïa, les rites <c//o~ du mystère du Soma.

Lorsque le néophyte est « né de nouveau », il est recouvert


d'une peau de léopard, de laquelle il émerge comme du
sein de sa mère. Les Kabiries étaient aussi des dieux Assy-
riens. Ils avaient différents noms dans le langage commun
ils étaient connus sous les dénominations de Jupiter et de
Bacchus, et quelquefois d'Achiochersus, Aschieros, Achio-
chersa et Caducillus le peuple lui-même ne connaissait

t. Voir la traduction de t'At/~re~ Brahmanam, par Martin Hau~.


390 ISIS DÉVOILÉE

pas au juste le nombre de ces divinités. Dans le langage


sacré ils avaient d'autres noms qui n'étaient connus que
des hiérophantes et des
prêtres; et « il n'était pas permis
de les divulguer Comment se fait-il donc, que nous les
trouvions reproduits dans les < postures de Samothrace
et sur les murailles de Nagkon-Wat? Comment se fait-il
encore qu'on les prononce, quoique légèrement défigurés,
dans ce même langage sacré du Thibet, au Siam et dans
l'Inde?
Le nom de Kabéries serait peut-être un dérivé de
j46/r. grand "~r; ~&/r, astrologue, ou Chabir un associé
ils était honorés à Hebion, la cité
~l~a~es, les géants.
des
Le nom d'Abraham, d'après le D~ \Vilder, a une apparence
fortement Kabirienne. <x Le mot /7e~r ou Gheber est peut-
être la racine étymologique d'Hébreux, appliquée a Nemrod
et aux géants de la Bible, dans le sixième chapitre de la
Genèse, mais nous devons chercher son origine bien avant
l'époque de Moïse. Le nom de Phénicien apporte avec lui
sa propre preuve. Ils sont appelés <~u~x~ par Manetho,
ou /4/!aA' ce
prouve qui
que les Anakes,ou .4n<ïA'?
de Chanaan, par lesquels le peuple d'Israël, sinon de race
identique, à la suite de mariages avait fini par être absorbé,
étaient les Phéniciens ou les problématiques Hyk-sos,
comme le dit Manetho, etque Josèphe déclare avoir été
les ancêtres directs des Israélites. Ainsi donc. c'est dans ce
pêle-mêle d'opinions, d'autorités contradictoires, dans cette
olla podrida que nous devons chercher une solution du
mystère. Tant que l'origine des Hyk-sos n'est pas positive-
ment fixée, nous ne saurons rien de certain au sujet du
peuple Israélite qui, soit volontairement, soit autrement,
a enchevêtré sa chronologie et son origine dans unfouillis inex-
tricable. Mais si l'on démontre que les Hyk-sos étaient les
pasteurs Palis de l'Indus, qui se transportèrent
en partie
dans l'Est, et qui descendaient de tribus
de l'Inde, Aryennes
on se rendra, alors, plus facilement compte du mélange
existant entre les mythes Bibliques et les Mystères divins
des Aryens et des Asiatiques. Ainsi que le dit Dunlap
< Les Hébreux en sortant se mélangèrent aux Cha-
d'Egypte
nanéens point n'est besoin de chercher leur trace au delà
de l'Exode. C'e~ /d leur co/ne/ïce/ne/ï~ historique. Il était
ISIS DÉVOILÉE 391

très facile de marquer cet événement lointain par le récit


de traditions mythiques, et d'y assigner une origine dans

laquelle les dieux (patriarches) figuraient comme leurs an-


cêtres. Mais ce n'est pas leur commencement ~~or/~ue
qui est la question capitale pour les savants et les théolo-

giens ce qui importe, c'est leur début religieux. Et si


nous pouvons suivre la trace des Hyk-sos (des Phéniciens,
des constructeurs Ethiopiens et des Chaldéens) pour savoir
si c'est aux Hindous que ces derniers doivent leurs connais-
sances, ou bien si ce sont les Brahmanes qui doivent les
leurs aux Chaldéens, nous aurons le moyen de reconnaître
la source et l'origine de toutes les soi-disant révélations et
affirmations dogmatiques de la Bible, origine qu'il faut re-
chercher dans la pénombre de l'aurore de l'histoire et cela
avant la
séparation des familles Aryennes et Sémitiques.
Et comment le faire plus sûrement, sinon à l'aide des
moyens fournis par l'archéologie ? L'écriture peinte peut
être détruite, mais si elle survit, elle ne peut mentir et si
nous retrouvons les mêmes mythes, les mêmes idées, les
mêmes symboles secrets sur les monuments par tout le
globe et si, de plus, on peut prouver que ces monuments
sont antérieurs aux <x douze tribus élues », nous pourrons
alors démontrer, sans risque de nous tromper, qu'au lieu
d'être une révélation directe divine elle n'est qu'une rémi-
niscence, incomplète, une tradition se perpétuant dans une
tribu, qui s'est identifiée et mélangée, des siècles avant

l'apparition d'Abraham, avec les trois grandes familles mon-


diales les nations Aryenne, Sémitique, et Touranienne, si
c'est ainsi que nous devons les nommer.
Les Théraphim, père du
d'Abraham, Terah, le faiseur

d'images, étaient
les dieux Kabiriens, et nous voyons qu'ils
ont été adorés par Micah, par les Danites et autres (1). Les
Théraphim étaient identiques aux Séraphins, et ceux-ci
étaient des images de serpent, dont l'origine en sanscrit
est Sarpa (le serpent), un symbole consacré à toutes les
divinités, comme emblème de l'immortalité. A7yH/ ou le
dieu Kivan adoré par les Hébreux dans le désert est Siva,

1. Juges XVri.XVHI, etc.


392 !S!S DÉVOtLÉE

le dieu hindou que Saturne


(!), de même
(3). L'histoire
Grecque montre que Dardanus, rArcadien. les ayant reçus
en dot, les emporta en Samothrace, et de la a Troie et ils
furent adorés longtemps avant les jours de gloire de Tyr
et de Sidon,bien que celle-là ait été bâtie ~.7<K) ans avant
Jésus-Christ. D'eu Dardanus les avait. il tires?
Il est facile
tl'assi~ner un a~c aux ruines, sur la seule

preuve extérieure des probabilités mais il est plus difficile


de le prouver. Hn attendant. les travaux cyclopéensdc Ruad.
de Péryte, de Marathes ressemblent même extérieurement
a ceux de Petra.de Haalbcck et d'autres édifices I~tluopicns.
D'autre part les assertions de certains archéologues qui
ne rencontrent aucune ressemblance entre les temples de
l'Amérique Centrale et ceux de l'I~ypte et de Siam. lais-
sant parfaitement indiffèrent le symbclo~istc verse dans le
lan~a~c secret de l'écriture peinte. II voit les
points de rc-
père d'une seule et même doctrine sur tous ces monuments.
et il lit leur histoire et leur filiation dans des signes imper-
ceptibles pour le savant non initie. Il v a aussi les traditions
et une de celles-ci parle du dernier des rois inities (qui
n'étaient que rarement admis aux ordres les plus élevés des
confréries de l'Orient) qui régnait en 1()7(). Ce roi de
Siam était celui
que
l'ambassadeur de France, de la Loubère,
tournait en ridicule, en le traitant de fou parée que pen-
dant toute sa vie il avait cherché la pierre philosophale.
Un de ces mystérieux points de repère' se trouve dans
la structure particulière de certaines arches des temples.
L'auteur du /L~c U'A//<c/)/ï~ considère comme
très curieuse « l'absence de clé de voûte dans les arches de
l'édifice et les inscriptions indéchiffrables ». Stephens avait
remarqué, lui aussi, dans les ruines de Santa-Cr'.ix del Qui-
che. un corridor voûté sans c!é de voûte. Hn décrivant les
ruines désolées de Palcnque. et en faisant observer que les
arches des galeries étaient toutes construites sur ce modèle,

t. L'7/Zcndtque est!<dan-: !*Indc. Ain-.t Hapta se pronnce Sapta le


mot hindou est. ~mJA.u/j A \i)d~r' c L'~ s'adoucit prsdueHement. en
H à mesure qu'on pa<sc de la Grèce à Ca!cL'Ha.du Caucase à 1 Epvpte d'it
Dunlap. C'est pour cela que !c K. I'et I'S peuvent être pris l'un Four
l'autre.
2. Guignant. Op. cil, voL ï. p. !67.
ISIS DÉVOILÉE 393

et les de cette forme, il suppose que « les cons-


plafonds
tructeurs étaient évidemment ignorants des principes de
l'arche et qu'ils arrivaient a obtenir le support, en faisant
déborder ~radueUement les
pierres a chaque assise, comme
c'est le cas a Oeosin~o. et dans les ruines Cyclopécnnes de la
(trècc et de l'Italie (!). Dans d'autres constructions, bien
au même groupe, on constate la pré-
qu'elles appartiennent
sence de la clé de voûte, ce qui prouve suffisamment que
son omission ailleurs était /?/y!~r/Jf.
X'v aurait-il pas lieu de cherclier la solution du mystère
le .V~ ~<c. La clé de voûte a une st~mtica-
tion qui devrait être, si e!!e ne 1 est pas, bien
exotérique,
des flacons de Iiaut ~rade.I/édincesouterram le
appréciée
plus important mentionné a l'origine de la Franc-maçonne-
rie est celui construit par Hnoch. Le patriarche est conduit
voûtes dans une
sous les /y par la Divinité qu'il aperçoit
vision. Après cela, avec le concours de son tils Mathusalem.
il construit dans le pays de Chanaan, « dans les flancs de
la montagne ». neuf chambres sur les modèles qui lui ont
été montres dans la vision. Chacune d'elles est couverte
d'un en voûte et le centre de chacune d'elles /'or-
plafond
w~/ /<? < <7f r')~/t',avec des inscriptions en caractères ma-
De plus, chacune de ces dernh-res représentait un des
giques.
neuf noms traces en caractères emblématiques des attributs

par lesquels la divinité était, selon 1 ancienne Franc-maçonne-


rie. connue des frères antédiluviens. Knoch construisit alors
deux deltas d'or
pur. et, traçant sur chacun deux de mys-
térieux caractères, il en plaça un dans l'arche la plus pro-
fonde, et confia l'autre a Mathusalcm, en lui communiquant
en même temps d'autres importants secrets aujourd'hui
/)~/v/~s /~o/ la /r<x/!r-/7ï<c'cr/f.
Ainsi. parmi les mystérieux secrets, désormais perdus
pour leurs successeurs modernes, on trouve aussi le fait que
les clés de voûte n'étaient employées que dans les arches de
certaines parties des temples, consacrées a des usages spé-
ciaux. Une autre ressemblance que présentent les restes
architecturaux des monuments religieux de toutes les con-
trées se reconnaît dans l'identité de parties, de mesures et

t. 7~c/dp~ of 7'raref in Cen<r. .tmertca.


391i ISIS DÉVOILÉE

d'exposition. Tous ces édifices


appartiennent au siècle d'Her-
mès Trismégiste, et quelque modernes ou comparativement
anciens que les temples paraissent, leurs proportions ma-

thématiques correspondent avec celles des édifices religieux


de l'Egypte. H y a une dans
disposition
analogue les cours,
les réduits, les passages escaliers et les
par conséquent.
en dépit de quelque dissemblance dans le style d architec-
ture, on est en droit de conclure que des rites religieux
analogues étaient célébrés dans tous ces édIHccs. Le D' Stu-

kely dit au sujet (le


Stonehengc « Cette construction n'a

pas été érigée d après les mesures romaines, et cela est dé-
montré par le grand nombre de fractions que donne la me-
sure de chaque partie,
d'après l'échelle de mesures euro-

péennes. Au les iigures


contraire. sont justes, si on les
mesure suivant le système cubique ancien, qui était com-
mun aux enfants Hébreux de Sem, ainsi qu'aux Phéni-
ciens et aux Egyptiens fils de Cham ?) et imitateurs des
monuments de pierres brutes et servant a rendre des ora-
cles.
La présence de lacs artiticiels. et leur disposition parti-
culière dans les terrains consacrés est aussi un fait (I une
grande importance. Les lacs dans l'intérieur de l'enceinte
de Karnak, et ceux enfermés dans les terrains deXagkon
at et autour des
temples, dans les ruines mexicaines de

Copan et de Santa-Cruz del Quiché, présentent les mêmes

particularités. Outre qu'ils possèdent d'autre-, significations.


toute leur surface était disposée suivant les calculs cycli-
ques. Dans les constructions Druidiques, on retrouve les
mêmes nombres mystérieux et sacrés. Le cercle est
géné-
ralement formé soit de douze, de vingt et une ou de trente-
six pierres. Dan-~ ces cercles, la place du centre appartient
à Assar ou Azon. ou le dieu dans le cercle, quel que soit
d~aiUcurs le nom par lequel on le désigne. Les treize dieux-

serpents mexicains ont une parenté éloignée avec les treize

pierres des ruines


Druidiques. T (Tau) Le et la croix astro-

nomique de 1 Egvpte sont bien visibles dans plusieurs


ouvertures des ruines de Palenque. Dans un des bas-reliefs
du Palais de Palenque, sur le côté occidental, il y a un Tau

sculpté sur une inscription hiéroglyphique-, au-dessus d'un

personnage assis. Le personnage debout qui s'appuie sur le


ISIS DÉVOILÉE 395

premier est en train de se couvrir la tête de sa main gau-


che avec le voile de l'initiation; tandis qu'il étend sa main
droite, l'index et le médium levés vers le ciel. La posture
est précisément celle d'un évêquc chrétien donnant la bé-
nédiction, ou celle dans laquelle Jésus est souvent repré-
senté dans la Sainte Cène. On retrouve même le dieu hin-
dou a tête d'étcphant, le dieu de la Sagesse (ou de la
science manque), Cancsha, dans les figures en stuc des
ruines mexicaines.
Quelle explication les archéologues, les
philologues, en un
mot le clan choisi des Académiciens, peuvent-ils nous don-
ner a cet é~ard ? Aucune assurément. Tout au plus ont-ils
a mettre en avant
hypothèses, des
détruites par qui lui celles
succèdent, lesquelles sont, a leur tour. des pseudo-vérités
comme leurs devancières. Les clés des miracles bibliques de

l'antiquité et des phénomènes des temps modernes les pro-


blèmes de psvchoto~ie. (le physiolo~ie.ct les nombreux « chaî-
nons
manquants qui ont si fort embarrassé les savants de
notre époque, se trouvent tous dans les mains des confré-
ries secrètes. Ce mvstere Sfr</ révélé quelque jour. Mais

jusque-là. le sombre scepticisme continuera a interposer


ses menaces, son ombre néfaste entre les vérités divines et
la vision spiritueUe de l'humanité: et ils sont nombreux
ceux qui. infectés de la mortelle épidémie de notre
siècle,
le matérialisme, resteront dans le doute et la poignante in-

quiétude su" question de savoir si l'homme revit après


la mort, m.~ré que ce point ait par des géné-
été élucidé
rations (le s.t~'cs depuis longtemps disparus. Les réponses
sont la. On les trouve sur les parois de granit usées par le
temps dans les temples souterrains, sur les sphinx, les py-
loncs et les obélisques. Elles y sont depuis des siècles sans
nombre, et ni la rude action du temps ni celle plus rude
encore des mains chrétiennes n'ont réussi a en oblitérer les

témoignages. Couverts qu'ils sont de problèmes qui ont été


résolus, qui sait? par les ancêtres archaïques de ceux qui les
ont construits, peut-être la solution accompagne chaque
question et voila ce que les chrétiens n'ont pu s'appro-
prier, car, a part les initiés, pas un n'a jamais su déchif-
frer l'écriture mystique. La clé en était confiée a la garde
de ceux qui savent comment entrer en communion avec
396 )?t3 DÉVOILÉE

l'invisible présence, et qui ont appris les grandes vérités des


lèvres de la mère Nature elle-même. Et voila pourquoi ces
monuments demeurent comme des sentinelles muettes, ou-
bliées sur le seuil de ce monde /s/ dont les portes
ne s'ouvrent que pour quelques rares
élus.
Déliant la main du temps. les vaincs investigations de la
science profane, les insultes des religions révélées, ils ne
dévoileront leur énigme qu'aux mandataires de ceux aux-

quels ils ont confié les MYSTEHES. Les lèvres glacées de


Mcmnon, jadis si éloquentes, et celles des sphinx orgueil-
leux gardent jalousement leurs secrets. Qui saura les faire

parler? Lequel parmi nos py ornées matérialistes modernes.


et nos Sa'Jduceens incrédules, osera soulever le VoiLH r/Ists?
CHAPITRE XV

< St-c. Avons-nous des diables ici' Voulez-vous nous en


imposer avec les sauvages et les hommes de l'Inde? >,

7'/)c 7'em/)e~< Acte II. Se. 2.

« Nous av.~n-; maintenant, autant que cela est nccessaire


pour notre but., étudie la .Y.e et les fonctions de ~tmp
et nous avons nettement démontre qu'cHe est une subs-
tance distincte du corps. a

Dr !tenry More. Immorlalite de Lime, 1 j59.

Ln S.~v<)t t:ST t'~f: !') tSSA~< L'tG~On~CS EST U~E


t~'UL<:)L!.ITt'\

L'auteur
de l'tr~ .V.T//f/nc. Pays des Fantôme:

S'~nfAIIU;

L'KJcn de la H.btc et )'icn ree). Deux remarquables reliques Cin-:a-


i~ises.–La Genèse qu'une n'est
copie de la Cabale chatdecnnc.– Sens
cach~desmotssan-crits.–Lesseet.esdeSivaetdeVisttnuu.–Un
)ett''c Pennsylvanien. Quel est t'.<.rc du monde? Une mer Transhima-
Livenne jadis fort étendue.- Lavcritabte origine du nom Amérique.–
Ga'js.-s de la ruine de la race de I\\ttantide. Passages souterrains au
Pc:u. U:i secret rcvcte pour la première fois. La récompense
i'~stimabic de Hinucn-Tsan- Une
jolie Je~ende chinoise. Les
Lutins espiègles du désert. Le sable musical de Caiifornic. Les
charmeurs de requins à Ceylan. Une soirée magique a Paris. Kein-
carnatton de l'esprit de Beethoven.– Liquéfaction du
san~a captes et
ù Xaryercoi).– Thcoprr-a la terrible science. Le pape Sixte Y et les
talismans. Les connaissances et découvertes de i'Inde ancienne.
Le positivisme de Liltré vieux de 1.000 ans. Sh~epfer réaffirme le
système geocentnqu.Le divin Pimandrc.– Identité du Menés E;yp-
'i~n.

Pendant bien des sicdcs Ja doctrine secrète a etc, comme

le « homme des douleurs » du prophète Isaïc.


symbolique
« Qui donc a foi a nos a été la
ajouté paroles ? question
de ses martyrs, une génération après l'autre. La doctrine

s'est a la face de ses « comme un


développée persécuteurs,
frêle arbuste et comme une racine plantée dans un terrain

aride elle est informe, sans attraits elle est méprisée et


308 ISIS DÉVOILÉE

rejetéc des hommes et ils en détournent leur face. Ils ne l'ap-

précient pas
Point n'est nécessaire d'entamer une controverse pour
savoir si cette doctrine est ou non, d'accord avec les ten-
dances iconoclastes des sceptiques modernes. Elle est d'ac-
cord avec /<ï f~c, et cela suffit. Il serait oiseux d'espérer
que ses détracteurs et ses calomniateurs y ajoutent foi. Mais
la tenace vitalité qu'elle manifeste dans le monde entier,
partout où il y a un groupe d hommes pour la discuter, est
la meilleure preuve jetée
que par nos
la semence,
pères
« d'au delà du déluge était celle d un chêne robuste, et
non le germe d une théologie fongoïde aucun éclair lancé

par le ridicule ne tombe a terre, et jamais foudre forcée par


lesVulcains de la science n'a été assez puissante pour faire
éclater h' tronc, ou mono imprimer un stigmate sur les
brandies de l'arbre universel de /</ ~Y).Y.Y.1/.S.S.4.YC/
Nous n'avons qu'à ignorer la lettre (mi tue. et a saisir
l'esprit subtil de la sagesse' cachée. pour trouver dissimulées
dans les Z~rcs <f//c/yï('s(que ce soient l'original ou la co-
pie de tous les autres) les preuves d' te vérité et d'une phi-
losophie que nous avons l'intuiti"n d'être basées sur des lois
éternelles. Xoas comprenons instinctivement que, quelque
bornés que soient les pouvoirs de 1 homme, durant son in-
carnation, i!~ doivent être en relation étroite avec les attri-
buts d'une divinité infiaie et nous devenons capables de
mieux apprécier le sens cache du don oetr~vc par /o/7ï
a /4~7~.« Yoiei.je t'aidon~et~ut ce <pn s~ trouve sur
la surface de la terre.SoM/?ï~c et ex. /o/ï empire
sur TOUT. »
Si les anc'~ories contenues dans I~s premiers chapitres
de la Genèse avaient été mieux comprimes, même dans leur
sens géographique et Iiistoriqut'. (~ui n'impll<pu' r:en d'éso.
tcriquc, les droits de leurs véritables interprètes, tes caba-
listes. n'auraient pas été si longtemps méconnus. Tout étu-
diant de la Bible doit savoir que le premier et le second

chapitres de la Genèse ne peuvent pas être sortis de la même

plume. Ce sont évidemment des allégories et des paraboles (1),

1. \'o!r Ep.dpsatnt Paul auxGalat.es,I\2iCt !'Evan~Ile selon saint.Ma-


thieu.Xin, 10-15.
ISIS DÉVOILÉE 399

car les deux récits de la création et du peuplement de la


terre se contredisent diamétralement dans presque tous les
détails d'ordre, de temps, de place et des méthodes suivies
dans la prétendue création. En acceptant ces narrations au
pied de la lettre et dans leur ensemble, nous rabaissons la

dignité de la divinité inconnue. Nous la faisons descendre


au niveau de l'humanité, et nous la dotons de la personna-
lité particulière de l'homme, qui a besoin de la fraîcheur du
jour pour se délasser; qui se repose de ses fatigues; et qui
est susceptible <!e colère, de désir de vengeance et même de

prendre des précautions


contre l'homme, « de peur qu'il
n'avance sa main. et ne prenne aussi de l'arbre de vie
(Ce qui, soit dit en passant, indique de la part de Dieu la

pensée que l'homme/)o~'<~ /re, s'il n'en avait été em-


pêché par la force). Mais en reconnaissant la nuance allégo-
rique de la description de ce que l'on peut appeler des faits

historiques, nous nous trouvons aussitôt sur terre ferme.


Et dabord,en tant que localité, le jardin de l'Eden n'est

pas du tout un mythe il apparticnt a ces points de repère


de l'histoire, qui, de temps en temps, laissent voir a celui

qui étudie la Bible, que tout n'y est pas une simple allégo-
rie. « L'Eden ou le ~6f/<Yc~ hébreu, ce qui signi-
fie le parc ou le jardin dEden, est un nom archaïque de la
contrée arrosée par l'Euphratc et ses nombreux bras, de
l'Asie et l'Arménie a la mer Erythéenne(!). Dans le Livre
chaldéen <s .Vo~sa situation est indiquée en nombres,
et dans le manuscrit chiure dcsRosecroix, laissé par le comte
de Saint-Germain, il est complètement décrit. Dans les Ta-
~/<cs assyriennes il est dénommé ~/<ï-< Voyez
disent les A'7ï de la Genèse, « l'homme est devenu comme
l'un de nous L'Elohim peut être accepté dans un sens

pour dieux ou puissances, et dans un autre il peut être in-

terprété par .t/7! ou prêtres: les hiérophantes initiés dans


le bien et I' mal de ce monde car il y avait un collège de

prêtres appelés .t/c//?!. et le chef de leur caste ou le maître


des hiéronhantcs portait le titre de Yar~ .4/Tï. Au lieu de
devenir un néophyte, et d'obtenir graduellement ses con-
naissances ésotériques par une initiation régulière, un ~4do~

1. A. Wilder dit que « Gan-duniyas est un des noms de la Babylonie.


iOO ISIS DÉVOtLÉE

ou homme, fait usage de ses facultés d'intuition, et, poussé


la /<7!/7!<? et la matière, il coûte au fruit de
par le serpent,
l'arbre de la science,la doctrine ésotérique ou secrète,d'une
façon criminelle. Les prêtres d Hercule, ou Mel-Karth, le

seigneur de FEden, portaient tous des «tuniques de peau ».


Le texte dit: « Et .t'<2-l/7ï fit pour Adam et sa femme
~y r:2r~ « CniTOxn'n OCR ?. Le
premier mot Hébreu <7/-
/7! est le même que le grec ~~M~, c/2//o~. Il devint un mot
slave par adoption de la Bible et il veut dire une /Mc,
un vêtement.
Bien qu'elle renferme le même substratum de vérité éso-

térique que toutes les autres cosmogonies primitives, l'Ecri-


ture Hébraïque porte en elle les marques de sa double ori-

gine. Sa~/<t\sc est tout simplement une réminiscence de la

captivité de Habylone. Les noms lieux, des hommes


des et
même des objets se retrouvent dans le texte original des
Chaldéens et des Akkadiens leurs ancêtres et leurs maîtres.
On conteste énergiquement que les tribus Akkadiennes de
la Chaldée, de la Habylonie et de l'Assyrie aient eu le moin-
dre lien de parente avec les brahmanes de l'Hindoustan
mais il y a plus de preuves en faveur de cette opinion que
de l'autre. On aurait peut-être dû nommer les Semites ou

Assyriens, des Touranicns


a appelé et les Mongols on des

Scythes. Mais, si les Akkadiens ont jamais existe, ailleurs

que dans l'imagination de quelques philologues et cthnolo-

gistes, ils n'ont certainement jamais été une tribu Toura-


nienne, comme quelques Assyriologues ont cherché a nous
le faire croire. G étaient de simples émigrants allant de
l'Inde, le berceau de l'humanité, vers l'Asie Mineure, où
leurs adeptes sacerdotaux s'étaient arrêtés pour civiliser et
initier un peuple barbare. IIalevy a démontré l'erreur de
la manie Touraniennc, en ce (pu concerne le peuple Akka-
dien, dont le nom, lui-même, a déjà été changé plus d'une
douzaine de fois et d'autres savants ont prouvé que la civi-
lisation Babylonienne n était pas née dans cette contrée et
ne s'y était pas développée. Elle y fut importée de l'Inde, et
les importateurs furent des Hindous Brahmaniques.
L opinion du professeur A. Wilder est que, si les Assy-
riens avaient été dénommés des Touraniens et les Mongols
des Scythes, les guerres d'Iran et de Turan, de Zohok et
ISIS DEVOILEE 401

Jemshid ou YIma auraient alors certainement été prises


comme la lutte des anciens Perses contre les
entreprises
des Satrapes Assyriens pour conquérir leur pays, lutte qui
se termina par la chute de Ninive, où « l'araignée tissait
sa toile dans le palais d'Afrasiab (1).
<.<Le Touranien (lu professeur Mùller et de son école
ajoute notre correspondant, « était évidemment le Cauca-
sien nomade et sauvage, duquel sont issus les constructeurs
Chamitcs et
Ethiopiens puis les Sémites, peut-être une
race hybride des Chu mites et des Aryens et enfin les
Aryens, les Modes, les Persans et les Hindous et plus tard
encore les peuples Goths et Slaves d'Europe. II suppose
que les Celtes étaient des hybrides, analogues aux Assy-
riens, entre les envahisseurs Aryens de l'Europe et les po-
pulations Ibériques (probablement Ethiopiennes) d'Europe~.
Dans ce cas. H doit admettre que les Akkadiens étaient
une tribu des Hindous primitifs. Or,qu'ils fussent Brahma-
nes du planisphère Brahminique proprement dit (40' degrés
de latitude Xord) ou de l'Inde (Ilindoustan), ou, encore, de
l'Inde de l'Asie Centrale, c est ce que nous laisserons aux
philologues des siècles futurs le soin d'élucider.
Une opinion (pu, pour nous, est une certitude démon-
trée par la méthode d induction qui nous est propre, et que
nous craignons de voir médiocrement appréciée par les
méthodes orthodoxes de la science moderne, est fondée
sur ce qui semblera~ a cette dernière, une preuve purement
de circonstance. Pendant des années nous avons, a bien des

reprises, constaté que les mêmes vérités ésotériques étaient

exprimées par des symboles identiques et des allégories


analogues, dans des contrées entre lesquelles on n'a jamais
pu trouver la moindre trace de filiation. Nous avons trouvé
la Cabale Juive et la Bible reproduisant les mythes Baby-
loniens (~) et les allégories Orientales et Chaldéennes, tel-
les qu elles sont présentées en forme et en substance dans
les plus anciens manuscrits des Talapoins (Moines) Siamois,
et dans les plus antiques traditions populaires de Ceylan.

t. La dctmtt.ion c\ac!.e du nom de Tuur.micn comprend Lout.cfami)te


ct.hnt(;uc au
ethniflue sujet du
au sujet, laqucHc les
de laqucile eLhnuh'~tst.cs lie
les etlinol~)giste.~ ne sitvetit
savent, absolti.-lient
absolument, rien.
2. ~'oir Hc.'u~e et Sanchonidthùa C'ry..l~cte~ fr.~yne~~ Movers
et autres.
VOL. M 26
402 ISIS DEVOILEE

Dans cette dernière, nous avons un ancien et très digne


ami, que nous avons rencontré aussi dans d'autres parties
du globe, un érudit Pali et
Cingalais de naissance, qui a en
sa une curieuse feuille de palmier, à laquelle on
possession
a donné une dureté a l'épreuve du temps, par des procédés
et une énorme conque, ou plutôt une moitié de
chimiques,
car elle a été brisée en deux morceaux. Sur la
conque,
feuille nous avons vu la représentation d'un géant renommé
de Cingalaise, aveugle et démolissant avec ses
l'antiquité
bras, qui embrassent les quatre piliers du centre, une pa-

gode dont il fait retomber les débris sur une foule, armée
d'ennemis. Sa chevelure est longue et s'étend presque jus-
qu a terre. Le possessem de cette curieuse relique nous
le géant
aveugle était « Somona le petit )> ainsi
apprit que
nommé par opposition a Somona Kadom le Sauveur Sia-
mois. De plus, la légende Pâli, dans ses détails importants
correspond a celle du Samson biblique.
La coquille porte sur sa surface nacrée une gravure divi-
sée en deux compartiments, et le travail en est bien plus
artistique, comme conception et exécution, que celui des
crucitix et autres objets religieux exécutés avec la même
matière a Jaifa et a Jérusalem. Dans le premier panneau
est représenté Siva avec tous ses attributs hindous, sacri-
fiant son fils, unique ou non, c est ce que nous ne nous
sommes pas arrêtés a savoir. La victime est placée sur un
bûcher funéraire, et le père plane au-dessus d elle avec un

glaive dégainé, prêt a frapper mais la face du Dieu est


tournée vers une Jungle, où un rhinocéros a profondément
enfoncé sa corne dans le tronc d'un arbre gigantesque, et
ne peut plus la retirer. Le panneau ou compartiment sui-
vant représente le même rhinocéros sur le bûcher, l'arme

plongée dans le côté, et la victime visée, le fils de Siva.


libre et aidant le Dieu a allumer le feu sur le bûcher du
sacrifice.
Or, il nous suffit de rappeler que Siva et le Baal de la
Palestine ou Moloch, et Saturne sont identiques qu'Abra-
ham a été tenu, jusqu a nos jours, par les Arabes Mahomé-
tans, pour Saturne dans le Kaaba (1) qu'Abraham et Isr-

1. Movers, 86.
ISIS DÉVOILÉE i03

étaient des noms de Saturne (1) et que Sanchoniathon


nous dit que Saturne offrit son fils unique en sacrifice a
son père Uranus, et même qu'il se circoncit lui-même,
et força toute sa maison et ses alliés a en faire autant (2),
pour suivre infailliblement le mythe biblique, jusqu'à sa
source. Mais cette source n'est ni Phénicienne, ni Chal-
déenne elle est
purement hindoue, et on en trouve l'ori-
ginal dans le ~M-/?or/?/<Tf. Mais Brahmanique ou Boud-

dhique, il doit être certainement beaucoup plus ancien que


le Pantateuque Juif, compilé par Esdras après la captivité
de Babylone. et revu par les Rabbins de la Grande Syna-
gogue.
C'est pour cette raison que nous ne craignons pas de
maintenir notre assertion contre l'opinion de bien des gens
instruits, que, néanmoins nous considérons comme plus
savants que nous. L'induction scientifique est une chose.
et la ro~rc </c.< /s. quelque antiscientiilque qu'elle
puisse paraître au premier abord, en est une autre. Mais ht
science en a assex découvert pour nous apprendre que les
originaux sanscrits du Xcpaul ont été traduits par les
missionnaires Bouddhistes dans presque toutes les langues

Asiatiques. De même les manuscrits Palis furent traduits


en siamois, etapportés dans la Birmanie et a Siam il est
donc aisé de se rendre compte du fait que les mêmes légen-
des religieuses et les mêmes mvthes circulent dans tous
ces pays. Mais Manetho nous parle aussi de bergers Palis
qui émigrèrent a l'Occident et lorsque nous trouvons

quelques-unes des plus anciennes traditions de Ccylan dans


!a Cabale Chaldéenne et la Bible Juive, nous devons pen-
ser, ou que les Chaldécns ou Babyloniens ont été a Ccylan
ou dans l'Inde, ou bien que les anciens Palis avaient les
mêmes traditions que les Akkadiens dont l'origine est si
incertaine. supposantEn même que Rawlinson soit dans
le vrai, et que les Akkadiens soient venus d'Arménie,
il ne suit pas leurs traces au delà. Mais comme le champ
est maintenant ouvert à toute espèce d'hypothèses~ nous
proposons l'avis que cdte tribu pourrait tout aussi bien

1. Ibidem.
2. Sanchoniathon dans Fragments de Cory, p. U.
40i ISIS DÉVOILÉE

être venue en Arménie d'au delà de l'Indus, en suivant sa


route dans la direction de la Mer Caspienne, territoire qui
fit aussi partie de l'Inde d'autrefois, et de là au Pont Euxin.
Ou bien elle est venue originairement deCeyIan par la même
voie. Il a été de suivre, avec quelque degré de
impossible
certitude, les de ces tribus nomades Aryen-
pérégrinations
nes et nous en sommes réduits a juger, par induction, et

par la comparaison de leurs mythes ésotériques qu'Abraham


lui-même. ainsi tous les savants le savent, pourrait bien
que
être un de ces Palis qui émigrèrent vers l'Ouest.
bergers
On dit qu'il partit d'Ur en C.haldéc avec son père Tharé et
Sir Ra\vHnson a trouvé la ville Phénicienne de Martu ou
Marathos, mentionnée dans une inscription a et il fait
voir qu'elle veut dire l'OuEsr.
Si. dans un sens, leur langage semble s'opposer a leur
identité avec les Brahmanes de l'Hindoustan, il y a néan-
moins d'autres raisons qui militent en faveur de notre opi-
nion, q~c les allégories bibliques de la Genèse sont entière-
ment dues à ces tribus nomades. Leur nom Ak-ad est de
la mêm'~ classe qu'Ad-Am, Ha-va (!), ou Ed-En « peut-
être dit le D~ Wildcr, « signifie-t-il fils de .1~, comme
les fila de Ad dans l'ancienne Arable. En langue Assyrienne
.4~ c'est le créateur et Ad ad c'est AD, le père ». En Ara-
méen. Ad signifie aussi et Ad-ad ~z/?/~uc et dans la
C<~<?/f .4 <7? est le seul engendré, la première émanation
du Créateur Invisible..l~on c'était le « Seigneur » dieu de
Syrie, et l'époux d'Adar:gat ou Aster-'tia déesse Syrienne,
qui n'était autre que Venus Isis, Istar, ou Mylitta, etc.
et chacune d'elles était la mère de toul c~re f~an~, la A~a-
-V~/cr.
Ainsi, tandis que le premier, second et troisième chapi-
tres delà Genèse ne sont que des imitations dénaturées d'au-

1. Dans un ancien livre ~rahmamque inLUutc Prophélies par Ra-


mat-=.')ria". a!:ss: bien que dans !e Manuscrit du Sud dans ta Icg.jn-Ic de
Christna. ce dernier d~nnc presq'te m Il à mot les dem premiers chapi-
tres de la Genèse. H raconte tacrcat.ion de l'homme, qu'il appeile .idt~a~
en san~jti;. le pre~mer ttomfne .et. la première fcn.n~c est nommée //e!
cf qui c"'nj)]ete ta vie. D'après Louis JacoHiot. )~<t B<A~e darts r//tJe),
Christna
Ch ri~tna existait sa lég.;nde
exislait etet sa
C!~ri~tnacziataitetsalégwde légende futfut écrite
futécrite lLSde
écrite plus
plusdede 3.000
3.OOOansavant
3.000 ans
ans avant
aV'ant Jésus-Christ.
D'après les initiés hindous Krishna est un héros déiSé mais aussi un sym-
bole celui de l'Esprit divin.
ISIS DÉVOILÉE 405

très cosmogonies,le quatrième chapitre, à partir du seizième


verset, et le cinquième chapitre jusqu'à la fin, ne donnent
que des faits purement historiques les derniers
quoique
n'aient jamais été correctement interprétés. Ils sont pris,
mot pour mot, du Livre secret des .Yo/M&r~ de la Grande
Cabale Orientale. A partir de la naissance d'Enoch, le pre-
mier père reconnu de la Franc-maçonnerie moderne, com-
mence la généalogie des familles dites Touraniennes, Aryen-
nes et sémitiques. Si ces dénominations sont exactes, chaque
femme est la personniHcation d'un ou d'une cité cha-
pays
que homme ou patriarche représente une race, une branche
ou une subdivision dune race. Les femmes de Lamech don-
nent la clé de l'énigme, qu'un savant devinerait facilement,
même sans étudier les sciences ésotériques. « Et Ad-ah en-
fanta Jabal il fut le père de ceux qui vivent sous la tente,
et des pasteurs <y~/ o/~ f/c.s /M//)<'a~.r la race Aryenne
nomade. « Et son frère fut Jubal, qui fut père de tous ceux
~c/?/ la /)cc~ les o/c.Et Tsilla enfanta Tu-
baI-Cain, qui enseigna aux Ao/y!/7ïe5 à /b/e/' /'û/ra~ <~ le
fer, etc. Chaque mot a une signification; mais ce n'est

pas une /c/a//o/ C'est tout simplement une compilation


des faits les
plus historiques, malgré que l'histoire soit trop

perplexe sur ce point, pour savoir comment les revendiquer.


C'est du Pont Euxin a Cachemire et au delà qu'il faut cher-
cher le berceau du genre humain et des fils d~Ad-ah et
laisser le jardin particulier d'Ed-En sur l'Euphrate au col-

lège des mystérieux astrologues et mages, les Aleins (1).


Ne nous étonnons donc pas que le voyant du Nord, S\veden-

berg, engage les gens a chercher le monde perdu chez les

hiérophantes de la Tartarie, de la Chine et du Thibet car


c'est la, et la seulement qu'il se trouve aujourd'hui malgré
sur les monuments des an-
que nous le voyions inscrit plus
ciennes dynasties Egyptiennes.
La poésie des quatre ~"ee~as les /cs d'~er-
grandiose
le Z~e Chaldéen des .Vo~re~ /e Codex A'aja-
réen la Cabale du y<Ma~7ï; le 'Se/~r <z/YZ le Livre de

Adah en Hébreu c'est r' et Edeu Le premier c~L un nom de


femme, !e second une désignation de lieu. Us ont. une étroite relation en-
tre eux. Mais ils n'en ont pas du tout avec Adam et Akkad qui s'écrivent
avec l'aleph.
i0<' ISIS DÉVOILÉE

/a -S~f.c
de Sclilomali (Salomon) le traité secret sur Muhta
et Badha (!). attribue par les cabalistcs Bouddhiques a Ka-
pila, le fondateur du système sankhya les /ï~'7~c.< (~);
le .S/<3!n-o~r des Thibetains (~) tous ces livres ont la
même base. Variant quant aux allégories, ils enseignent la
même doctrine secrète qui, lorsqu elle sera une fois com-
plètement expurgée, se montrera sous son véritable jour,
comme l'7<~ 77~de la vraie philosophie, et. découvrira
ce qu'est le ~/o/ /~r</M.
N'attendons pas des savants qu'ils trouvent dans ces ou-
vrages quoi que ce soit d'intéressant en dehors de ce qui
a une relation directe avec la philologie ou la mythologie
comparée. Max Mûller lui-même, aussitôt qu'il parle de
mysticisme et de la philosophie métaphysique répandues dans
l'ancienne littérature sanscrite, n'v voit rien que des « ab-
surdités theologiques » et de < fantastiques non-sens
En parlant des /~v/A/7ï<s. tout pleins de /s/<cv/
et, par conséquent, comme de raison, d'absurdes significa-
tions, il nous dit: « La plus grande partie de ces traites est
remplie de radotages, et qui pis est de radotages theologi-
qu:s. Une personne n'étant pas d'avance au courant de la
place que tiennent les /</7!~<s- dans l'histoire de l'esprit
Hindou, n'en pourrait lire plus de dix pa~es, .s c/! ~c
~cf (~).
La critique amere de ce savant ne nous surprend en au-
cune ia<on. Sans un fil conducteur pour connaître la signifi-

1. Ces deux L'rtncs u fmcro-


!n<t.sc')rr\-s;w):t(!cuta:]\ .V.frr~ro.

cosm~. 1 ab'-olu et. ~an'. [mit~s. t t. !a .U/fr«~r~or,o.< <)!)a)e. !;i pe-


tite face on micr.)-osm:\ tit.i et. le conditionne.[~ n'a 'eLé t.r;:dtntc
et ne ie sera pt'h]cmt.t ;.js !n phj- Les moi:.e-. Th.t)e:a:ns disent.
ce -)[. ) -s v.'r.LuitIes « Sut.r':s i; 't:d'Ih:-t.-s cr~iettL
que ~nel()u''s que

le B'¡dJha !:l ~1:1. !l'le' <t:e: a:lt,i"lIr. K.:ril;¡ ll1i-mérrw, ~()\I.


il, V" 'n"l'a~l" .mm(':¡1 p~u';leur. ~ru.lit:.ar;riti~tc·: ;'U¡"<ll s'¡ma¡:incr
<te K: rt.ui[.u:t aUt.'e.i.quc t'utes les le~.Mde~ [).n:~ )c m<t.rent.
corn')-- !'a«'e' !c pins mvs'iq'tt-. f.<'dateur de !.( secte des Y.is. L'n n

homme ~-t-ti un at'.e sc':Iem -nt. parc'' qu'il ne cr~it. pas .1 un Dieu per-
sonne!. un 'r~ant.h"onom"rpaj crée par t'n"mme a s.ni ima~c
/.<' /ïr~t.i~ac!.e par tj D~ Ha'j~: vui. s'i <: Aitareya Brah-
manaT)
3 Le Stan-.rv.'urcst. rem~ !i de relies de magie.de l'étude des puissan-
ces occ:)H.es. de L-ur acquisition, des charmes, des incant.ati"ns. etc.et
il est peu compris de ses interprètes profanes, de même que la Bible
Jaive t'e<<t par notre clergé, ou la Cabale par les Rabbins d'Europe.
4. L/< Aitareya Brahmanam conférence par Max Muller-
!S!SDÉVO!LÉE 407

cation de ces radotages, portant sur des conceptions religieu-


ses, comment les savants peuvent-ils ju~er l'ésotérique par
FexotériquePNous trouvons la réponse dans une autre des
intéressantes conférences du savant Allemand « Aucun
.Juif, Romain ou Brahmane n'a jamais pensé a convertir les

gens a son propre culte national. Partout la religion était


considérée comme une
propriété privée Elle ou nationale.
devait être défendue contre les étrangers. Les noms les plus
sacrés des dieux les prières a l'aide desquelles on obte-
nait leur faveur étaient gardées secrètes. Et aucune religion
n'était plus exclusive que celle dt's Brahmanes !).
C'est pourquoi, lorsque nous trouvons des savants qui
s'imaginent, parce qu'Usent appris d'un sotriya,prêtre Brah-
mane initié aux mystères des sacrifices, la signification de

quelques rares rites exotériques qu'ils sont capables d'in-

terpréter tous les symboles, t't qu'ils ont appris adéchiifrer


les religions hindoues, nous ne pouvons nous empêcher d'ad-
mirer l'étendue de leurs illusions scientiHques. Nous nous
en étonnons d'autant plus, lorsque nous voyons Max Mûl-
1er lui-même affirmer
que, « puisqu'un Brahmane est né,

que dis-je r/CM.y /s né, et qu'on ne peut pas devenir un


Brahmane, il est clair que jamais les ran~s de la classe la

plus intime, celle des Sudras elle-même, ne s'ouvriront de-


vant un étranger Combien moins probable est-il encore
leurs
que l'on permett'' a un étranger de révéler au monde

mystères religieux les plus sacrés, dont le secret a été si ja-


lousement ~ardé de toute profanation pendant un nombre
de siècles incalculable.
Non, nos savants ne comprennent pas, et ne peuvent
comprendre correctement l'ancienne littérature hindoue, pas
plus qu'un athée ou un matérialiste n'est capable d'appré-
cier, a leur juste valeur, les sentiments d'un voyant ou d'un
dont toute la vie a été consacrée a la contempla-
mystique,
tion. Ils ont parfaitement le droit de
complaire dans
se la
douce admiration de leur ~énie. et dans la conscience de
leur savoir, mais non celui d'inculque r au monde leurs
grand
erreurs, en lui faisant croire qu'ils ont résolu le
propres
dernier problème de la pensée des anciens da ns la littérature,

i. MaxMuiter. Les Pèlerins Bouddhiste,


-i08 ISIS DÉVO!LËE

sanscrite ouet qu'il


autre,n'y a, derrière ces radotages ap-
parents, des bien vérités
supérieures a tout ce qu'a pu ré-
ver notre philosophie positiviste moderne ou que derrière
ou au-dessus du sens correct des mots sanscrits et des phra-
ses qu'ils formulent, il n'y a pas de pensées plus profondes,
intelligibles pour quelques-uns des descendants de ceux qui
les voilèrent au début de l'existence terrestre, si elles ne le
sont pas pour le lecteur profane.
~ous ne serions nullement surpris de ce qu'un matéria-
liste, voire même un chrétien orthodoxe, ne puisse lire sans
dégoût les
ouvrages Brahmaniques anciens, ou leurs déri-
vés, la ~<ï~< le Co~f.r de Bardcsanes, ou les /r//u/'f.s
juives, a cause de leur immodestie, et de leur défaut appa-
rent de'ce qu'un lecteur non initié se plaît a appeler « le
sens commun ». Mais si nous ne pouvons blâmer ce senti-
ment, surtout dans le cas des livres Hébreux, et même de
la littérature Grec(lue et Latine, et si nous sommes tout a
fait dispo-'és :'t admettre avec le professeur Fiske « que c'est
un signe de sagesse que de ne pas être satisfait de preuves
imparfaites », nous avons le droit. d'autre- part, de nous
attendre a ce qu Ils reconnaissent que ce n'est pas une
moindre preuve d'honnêteté, que de confesser sa propre
ignorance. <!ans les cas où il y a deux c<té~ de la question,
dans la solution de laquelle le savant peut se tromper aussi
bien que le premier ignorant venu. Lorsque nousvoyons
le professeur Draper, dans sa définition des périodes dans
The /c//t~/w/ /<o/)/n<?/ o/* Europe, établir la clas-
sification du temps comme suit De l'époque de Socrate.
le précurseur et le /7~/7rc de /o/ a Carneade, « l'âge
de la foi » et de Philon le juif il la destruction des Ecoles
Néo-Platoniciennes par Justinien, « 1 âge de la décrépi-
tude ». nous devons en conclure que le savant professeur
connaît aussi peu les tendances réelles de la philosophie
Grecque et des écoles
l'Attique dequ'il ne connaissait le
véritable caractère de Giordano Bruno. Aussi, lorsque nous
voyons un des meilleure sanscritistes déclarer, de sa propre
autorité, sans autre preuve a l'appui, que la plus « grande
partie des /?/v/<7/:<~ n'est qu'un tissu de divagations théo-

logiques nous regrettons profondément que le professeur


Max Mûller soit beaucoup plus au courant des verbes et
ISIS DÉVO!LÉE 409

des noms de l'ancien que de la pensée


Sanscrit, Sanscrite
elle-même et qu'un savant, aussi généralement disposé a
rendre justice aux religions et aux hommes de l'antiquité,
fasse si effectivement le jeu des Chrétiens.
théologiens
« Quelle est l'utilisé du Sanscrit '? » demande Jacquemont
qui, a lui seul, a commis plus d'erreurs dans ses affirma-
tions au sujet de l'Orient que tous les Orientalistes réunis.
A ce compte-la, il n'y en aurait aucune, en vérité. Si nous
devions échanger un cadavre contre un autre, autant vau-
drait disséquer !a lettre morte de la juive que celle
des <a.s. n'est pas vivifié
Quiconque par l'intuition, par
l'esprit religieux de l'antiquité, ne verra jamais au delà du
« radotage » exotérique.
Lorsque nous lisons d'abord que, <: dans la cavité du
crâne du Macrosopos, la longue Face gît cachée la
SAG~ssu aérienne, qui n'est nulle part ouverte et qu'elle
n'est ni
découverte, ni manifeste ou encore que « le
de 1 ancien des jours est la dedans toutes ses parties
nous somm 's portés à la considérer connue l'incohérente
divagation d'un fou. Et lorsqu'on outre,le (J~/t'.r .Y<</rec'~
nou. apprend qu'elle (l'Esprit; invite son nls Karabtanos,
« qui est fou et s~ns jugement » a un crime contre nature
avec sa propre mjre, nous sommes assez disposés a mettre
1~ livre dec'Mé avec dégout. Mais n'est-ce que cette bêtise
sans n.~m qai est. exprimée dans ce langage rude, voire
mé'ne obscène ? On ne peut pas plus le juger par les appa-
rences extérieures, que les symboles sexuels des religions
égyptienne et hindoue, o'~ la grossière franchise d'expres-
sion de la .S<<< Bible eUe-m'me. Pas plu-~ également,
que 1 allégorie d Eve et nu serpent tentateur d'Eden. L'es-

prit toujours mobile et insinuant, dans sa descente


Inquiet,
dans la matière, tente Eve ou IIava, représente la ma-
qui
tière chaotique, < folle et sans jugement ~.Car /<ï~
Karabtanos, est le iils de ~)/ le ~z/M-s
ou des Na-
zaréen-, la .S~A~lc/«/ et celle-ci est la fille de l'es-

prit intellectuel pur, le soui'iL' divin. Lorsque la science


aura effectivement démontré l'origine de la matière, et prouvé
l'erreur des occultistes et des anciens philosophes qui sou-
tiennent (comme le font aujourd'hui leurs descendants),
que la matière n'est qu'une des corrélations de l'esprit,
410 ISIS DÉVOILÉE

alors le monde des sceptiques aura le droit de rejeter l'an-

Sagesse ou de jeter l'accusation d'obscénité a la face


tique
des religions anciennes.
« De temps immémorial », dit Mrs Lydia Maria Child (t),
« un emblème a été honoré d'un culte dans l'ilindoustan,
comme le type de la création, ou la source de la vie. C'est
le symbole commun de Siva (Bala, ou Maha-Dcva). et il est
universellement lié a son culte. Siva n'était pas seulement
le reproducteur des formes humaines; il représentait le prin-

cipe fructificateur, le pouvoir générateur qui pénètre tout


l'univers. De petites images de cet emblème, sculptées en

ivoire, en or ou en cristal sont portées autour du cou comme


ornement. L'emblème maternel est
également un type reli-
gieux et les adorateurs de Vishnou le représentent sur
leur font, au moyen d'une marque horizontale. Faut-il
s'étonner qu'ils envisagent avec vénération le grand mys-
tère de la naissance de l'homme ? .So/ impurs parce
qu'ils l'envisagent ainsi? Ou cst-c~ nous qui sommes impurs
de ne pas le considérer de la sorte ? Xous avons voyagé au
loin, et les routes ont été souillées, depuis que !~s anciens
anaeho:ctcs ont pour la première fois parlé de Dieu et de
l'âme, dans les profondeurs solennelles de leurs sanctuaires

primitifs. Ne nous moquons pas de leur manière de recher-


cher la Cause infinie et incompréhensible, a travers tous
les mystères de la nature, de peur qu'en agissant ainsi nous
ne jetions l'ombre de nr~rc propre grossièreté sur leur sim-

plicité patriarchale ».
Nombreux sont les savants qui ont essayé de leur mieux
de rendre justice a l'Inde antique. Colebrooke, Sir William
Jones. Barthélémy Saint-Hilaire. Lassen, \Vcber, Strange,
Burnouf. Hardy, et finalement Jacolliot, ont tous apporté
leur témoignage en faveur de ses belles œuvres en matière
de législation, d'éthique, de philosophie et de religion. Au-
cun peuple n'est parvenu une aussi remarquable grandeur
de pensée, dans les conceptions idéales de la Divinité et de
son produit, l'homme, que les métaphysiciens et les théo-

logiens Sanscrits. « Mes reproches contre beaucoup de tra-


ducteurs et d Orientalistes », dit Jacolliot, « sont, tout en

1. Progress o/' Reh~to~ /Jea~ </<rcu~ SucccMtfe Ages, vol. I, p. 1'7.


ISIS DÉVOILÉE 411

admirant leur profond savoir, que /ï'o~a~/ pas vécu c~a~~


/ï~d, ils manquent d'exactitude dans l'expression et la

compréhension du sens symbolique des chants poétiques,


des prières, et des cérémonies, et tombent ainsi trop sou-
vent dans des erreurs matérielles, soit de traduction soit

d'appréciation (1) Plus loin, cet auteur qui, par suite


d'un long séjour dans l'Inde et d'une étude sérieuse de sa
littérature, est plus a même de l'apprécier et a mieux qua-
lité pour en témoigner que ceux qui n'y ont jamais été,
nous dit. que « l'existence de plusieurs générations sufn-
rait a peine pour lire les œuvres que l'Inde ancienne nous
<t laissées sur l'histoire, la morale, la poésie, la philosophie,
la religion, ditïércntes sciences et la médecine ». Et cepen-
dant Louis JacoIIiot n'apu en juger que par quelques frag-
ments, qu'il a pu examiner grâce a la complaisance et a
l'amitié de quelques Brahmanes avec lesquels il s'était lié.
Lui montreront-ils tous leurs trésors ? Lui ont-ils expli-
qué tout ce qu'il aurait désiré d'apprendre '? Nous en dou-
tons, car sans cela il n'aurait pas jugé leurs cérémonies

religieuses avec tant de précipitation ainsi qu'il l'a souvent


fait, simplement, sur des preuves accessoires.
Néanmoins, aucun voyageur n'a fait preuve d'autant de

loyauté et d'impartialité a l'égard de l'Inde, que Jacolliot.


S'il est sévcre pour sa dégradation actuelle, il est encore
plus sévère pour ceux qui en ont été la cause, la caste sa-
cerdotale des derniers siècles et ses reproches sont propor-
tionnés a 1 intensité de son appréciation de sa grandeur
passée. II fait connaître les sources d'où provenaient les ré-
vélations de toutes les
croyances, am-ienncs
y compris les
livres imposés de Moïse, et c'est l'Inde qu'il indique di-
rectement comme le L.'rc'e.'u de l'humanité, la mère des
autres nations, et le fovers de tous les arts et de toutes les
sciences perdus de l'antiquité, pour laquelle dé,a l'Inde

antique elle-même était perdue dans la nuit Cimmérienne


des âges archaïques. « Etudier l'Inde dit-il, « c'est re-
monter l'humanité jusqu'à sa source ».
< De même que notre société moderne se heurte a chaque
pas aux souvenirs de l'antiquité, de même que nos poètes

1. La Bible dans l'Inde.


412 ISIS DÉVOiLËE

ont copié Homère et Virgile, Sophocle et Euripide, Piaule


et Térence, que nos philosophes se sont inspirés de Socrate,
de Pythagore, d'Aristote et de Platon, que nos historiens
prennent Tite-Live, Salluste ou Tacite pour modèles, que
nos satiriques imitent Juvénal, nos orateurs Démosthènes
ou Cicéron que nos médecins étudient encore Hippocratc,
et que nos codes traduisent Justinien
« De même l'antiquité a eu, elle aussi, une antiquité
qu'elle a étudiée, imitée et copiée de plus simple et
quoi
de plus logique ? Est-ce que les peuples ne procèdent pas
tous les uns des autres est-ce que les connaissances péni-
blement conquises par une nation se circonscrivent sur son
territoire, et meurent avec la génération qui les a acquises ?
Est-ce être enfin insensé de
qu'il peut prétendre que l'Inde
II y a ~.000 ans,
brillante, civilisée, regorgeant de popu-
lation, a imprimé sur l'Egypte, la Perse, la Judée, la Grèce
et Rome, un cacliet aussi inctraçable, des traces aussi pro-
fondes, que celles que ces dernières ont laissées parmi
nous?
« Il est t~mps d'en finir avec ces préjugés qui nous repré-
sentent les anciens comme arrivés presque spontanément.
aux idées philosophiques, religieuses et morales les plus
élevées avec ces préjugés qui expliquent tout, dans leur
admiration naïve, a l'aide de l'institution de quelques grands
hommes, dans le domaine scientifique, artistique et litté-
raire et dans le domaine religieux a l'aide de la révé-
lation (:). »
Nous croyons que le jour n'estpas éloigné, où les adver-
saires de ce subtil et savant écrivain seront réduits au silence

par la force d'une irréfutable évidence. Et lorsque les /*a/~


auront une bonne fois confirmé ses théories et ses assertions,

que trouvera le monde ? Que c'est a l'Inde, la contrée la


moins explorée et la moins connue de toutes, que toutes
les autres nations sont redevables de leur langage, de leurs
arts, de leur littérature et de leur civilisation. Ses progrès,
arrêtés quelques siècles avant notre ère, car, ainsi que le
dit cet auteur, a l'époque du grand conquérant Macédonien,
« l'Inde avait déjà traversé la période de sa splendeur »,

1. La Dible Ja/Ls l'Inde.


ISIS DÉVOILÉE 413

furent étouffés dans les siècles suivants. Mais


complètement
les de ses gloires passées se trouvent dans sa litté-
preuves
rature. Quel est le peuple dans tout le globe qui puisse se
vanter d'une pareille littérature, laquelle serait bien plus
étudiée ne l'est aujourd'hui, si le sanscrit était moins
qu'elle
difficile ? Jusqu'à présent, le public en général a dû s'en

pour ~trc renseigne, a quelques rares savants


rapporter,
qui, malgré leur grande science et leur véracité, ne pouvaient
être a la hauteur de la tâche de traduire et de commenter
autre chose, que quelques livres sur l'innombrable quantité
qui, en dépit du vandalisme des missionnaires, sont encore
restés pour montrer le puissant développement de la litté-
rature sanscrite. Or. même pour accomplir cette œuvre
dans ces limites, il faudrait l'existence entière d'un Euro-
Il en résulte que le monde juge et apprécie a la
péen.
hâte, et qu'il commet souvent les plus ridicules méprises.
Tout récemment, un certain Révérend Dunlop Moore de
Xe\v Pa. voulant montrer à la fois son habileté et
Brighton
sa piété, attaqua la déclaration faite par un Théosophe, dans
un discours prononcé a la cérémonie de l'incinération du
baron de Palus, que le Code du Manou existait un millier
d'années avant Moïse. « Tous les Orientalistes de quelque
valeur )*, dit-il, « sont d'accord maintenant a recon-
naître que /<7~e.'< .U~/ïo/t ont été écrites a
différentes époques. ~r//e p/~ anrienne de celle
co//(~ date probablement < A' siècle o~n/ /'c/*e
c~r~cn~ (1). » Quoi que puissent penser les autres Orien-
talistes visés par ce lettré Pensylvanien, Sir William Jones
est d'un avis différent. « II est clair dit-il, « que les lois
du Manou, telles que nous les possédons, qui compren- et
nent <~80 slokas, ne peuvent pas être l'œuvre attribuée à
Soumati. laquelle est probablement celle désignée sous le
nom de ~r/<ï ~/o/M~a, ou .Inc/cy! Code du .Va~ou,qui
n'a pas encore été entièrement reconstruite, quoique beau-

coup de passages du livre aient été conservés par tradition,


et soient souvent cités par les commentateurs
« Xous lisons dans la préface d'un traité sur la légis-
lation par Xarada » dit Jacolliot, « préface écrite par un de

1. PrM&y~ey an Bander, 20 décembre 187o.


iH i !SÏS DEVOÏLÉE

« ses
adeptes, un des complaisants du pouvoir Brahma-
< nique Manou ayant écrit les lois de Brahma en cent
< mille slocas ou distiques, qui comprenaient vingt-quatre
« livres et mille chapitres, donna l'ouvrage a Xarada, le
« sage parmi les sages, qui l'abrégea pour l'usage du genre
« humain en douze mille vers, qu'il donna a un fils de
« Brighou nommé
Soumati, lequel, pour la plus grande
« facilité de la race humaine, les réduisit a quatre mille.
Nous avons ici l'opinion de Sir William Joncs qui, en
1794, affirmait fragments
que les en la possession des Euro-

péens ne pouvaient pas être /l/!r/c! Cof/o <~ .V<o~, et


celle de Louis Jacolliot qui, en !S()8, après avoir consulté
toutes les autorités, auxquelles il ajoutait le résultat de ses

propres, longues etpatientes recherches, écrivait ce qui


suit « Les lois hindoues furent codiiïét's par Manou. /)/
~c~/W~~s << /'<<' rA/<< copiées partoutc l'anti-

quité, et surtout par Rome. qui seule nou~ a !aissé des Io:s
écrites. le Code c~' .s/?/<?~ Ic'qnci a été adopté p.'r
toutes les législations modernes (!).
Dans un autre volume intitulé le ~A/ < le C/ï/s/.
en réfutant scientifiquement un adversaire pi'~ux, bien que
fort instruit, M. Textor de Ravisi. qui cherctte a démontrer

que l'orthographe du nom Christna n'est pas conforme


l'épellation sanscrite, et (lui a le dessous dans ce débat,
Jacolliot fait la remarque suivante « Nous savons que le

législateur Manou se perd dans la nuit de la période anté-


historique de l'Inde et que pas un Indianiste n a osé lui
contester le titre du plus ancien législateur du monde

(p. 350).
Mais Jacolliot n'a jamais entendu parler du Révérend

Dunlop Moore. C'est pour cela peut-être, que lui et plu-


sieurs autres hindiologues s'apprêtent a prouver que beau-
coup de textes Védiques, aussi bien que ceux du Manou.

envoyés en Europe par la Société Asiatique de Calcutta,


50~ ~Mo~e façon des ~.y/c.~ ~M/A<< mais qu'i!
sont dus, pour la plupart, aux efforts astucieux de certains
missionnaires Jésuites, pour égarer la science, au moyen
d'oeuvres apocryphes, conçues en vue de jeter sur l'histoi"

1. La Bible dans l'Inde.


ISIS DÉVOILÉE il 3

de l'antiquité hindoue un voile d'incertitude et d'obscurité,


et un soupçon d'interpolation systématique sur les Brah-
manes et savants modernes. « Ces faits », ajoute-t-il, « qui
sont si bien établis dans l'Inde qu'ils n'y sont même pas mis
en question, <~o/ren/ c~rc r<c. à /Mro/)e )> (Christna
le C/?r~, p. ~47).
De plus, le Code du 3/ïOM, connu des Orientalistes
Européens, comme celui qui a été commenté par Brighou,
ne forme même pas une partie de l'Ancien Manou nomme
le ~<?<y .V~n'T; Quoique
petits fragments de
seule-
ment en aient été découverts
par nos savants, il existe en
entier dans certains temples et Jacolliot démontre que les
textes envoyés en Europe sont en complet désaccord avec
ceux que l'on trouve dans les pagodes du Sud de l'Inde.
Nous pouvons aussi citer, pour atteindre notre but, Sir
William Jones qui, se plaignant de Callouca, remarque que
ce dernier paraît avoir considère dans ses commentaires que
les lois de Manou sont /'f.<~rc/ ~r/)rc/7!$ trois ~/c-
<c~ (Traduction de « Manou et Commentaires ~).
D'après ~es calculs, nous sommes aujourd'hui dans la
période ou âge de KaIi-Yug, /<jf </f/<7~r/7'~ïc en partant de
celle de Satya ou Kritayug, première époque a laquelle la
tradition hindoue reporte les lois de Manou. et dont Sir
William Joncs accepte implicitement l'authenticité. En
admettant tout ce que l'on pourrait dire de l'énorme exa-
gération cle la chronologie qui, malgré hindoue
tout, con-
corde beaucoup mieux avec les données de la géologie
moderne et de l'anthropologie, que les (;.000 années de la
caricaturale chronologie de l'f~ Juive, comme tou-
tefois 4..500 ans se sont passés depuis que le quatrième âge
du monde ou Kaliyug a commencé, nous avons ici une
preuve qu'un des plus grands Orientalistes qui ait jamais
vécu (et cela un Chrétien non pas un Théosophe), estimait
que Manou est de plusieurs milliers d'années antérieur a
Moïse. Evidemment de deux choses l'une Ou il faut refaire
l'histoire de l'Inde pour la /~c.~j'rM~ /~nn<?r, ou bien
alors les écrivains de cette feuille devront étudier la litté-
rature hindoue, avant que de critiquer, de nouveau les
Théosophes.
Mais en dehors des opinions particulières de ces révé-
416 ISIS DÉVOILÉE

rends gentlemen, dont les Idées nous touchent peu, nous


trouvons même dans la Ae~' .4yncr/c<zn C~/c/~ocpcfM une
tendance marquée à contester l'antiquité et l'importance de
la littérature hindoue. Les Lois du .anof/, dit un des ré-
dacteurs~ « ne remontent pas au delà du ni* siècle avant
Jésus-Christ Ces expressions sont fort élastiques. Si par
lois du Manou, l'auteur entend l'abrégé de ces lois, compi-
lées et arrangées par les derniers Brahmanes pour servir
d'autorité à leurs projets ambitieux, et avec l'idée de se
créer une règle de domination, dans ce cas, il peut avoir
raison, quoique nous soyons tout prêts a contester même
ce point-la. Dans tous les
cas, il est aussi peu convenable
de prendre cet abrégé pour les anciennes et légitimes lois
codifies par Manou, que d'affirmer que la Bible Hébraïque
n'est pas antérieure au x* siècle de notre ère. parce que nous
n'avons pas de manuscrit Hébreu plus ancien, ou bien que
les poèmcsde l' d'Homère n'étaient ni connus, ni écrits
avant q~ic l'on eût découvert leur premier manuscrit au-

thentique. Il n'existe pas de manuscrit sanscrit, en la pos-


session des savants Européens, qui remonte au delà de quatre
ou cinq siècles(t),ce qui ne les a pas empêchés d'assigner
aux Vedas une antiquité de quatre a cinq mille ans. Les
arguments les plus sérieux existent en faveur de la grande
ancienneté des Z~'re.~
.V~o~, duet, sans s'arrêter a citer
les opinions de divers érudits. dont pas deux ne concordent,
nous présenterons la nôtre, du moins en ce qui concerne
l'affirmation injustifiée de la C'c/o/?a?~/<2.
Si, comme le démontre Jacolliot, texte en main, le Code
de ./M5/ a été ccpié sur les Lois du .V<o/!0~,il faut avant
tout vérifier l'âge du premier; non pas en tant que code
parfait, mais au point de vue de son origine. Or a notre
avis, il est aisé de répondre à cette question.
D'après Varron, Rome fut bâtie en l'an ~96JTde la période
Julienne (7o4 av. J.-C.). La loi romaine telle qu'elle fut
compilée par ordre de Justinien. et connue sous le nom de
Corpus ./M/ C7~$, n'était pas un code, nous apprend-on,
mais bien un digeste des coutumes de la législation de plu-
sieurs siècles. Quoique actuellement l'on ne connaisse rien

Voir Max Muller. < Z.cc~ure on the Ved.T:. s


ISIS DÉVOILÉE 417

des autorités originelles, la principale source de laquelle fut


tiré le Jus scriplum ou droit écrite était le Jus non scrip-
/M~ ou la loi de coutume. Or c'est précisément sur cette
loi de coutume que nous voulons baser notre argumenta-
tion. La loi des douze tables d'ailleurs fut compilée environ
300 ans A. U. C., et même, en ce qui concerne la loi pri-
vée, elle avait été compilée de sources encore plus ancien-
nes. C'est pourquoi, si ces sources antérieures se trouvent
concorder aussi bien avec les Lois du ~/a/!ou, que les Brah-
manes affirment avoir été coditiées dans le Kritayug, épo-
que antérieure au KaH-Yug actuel, nous devons supposer
<}uc cette source des « Douze Tables en tant que lois de
coutume et de tradition, sont au moins de plusieurs centai-
nes d'années plus anciennes que leurs copistes. Cela seul
nous reporte a plus de 1.000 ans avant Jésus-Christ.
Le ~/an~f~ D/r/no Saslra, embrassant lesystème
d~ cosmogonie hindoue, comme est reconnu presque aussi
ancien que les fe<~<~ et même Colebrooke assigne comme
date a ces derniers 1~ xv* siècle avant Jésus-Christ. Or,
quelle est l'étymologie du nom J/a/~ua Z)~a/cf Saslra?
C'est un mot composé de .V<?/ïOM, Je d'~crr~o, institut et de
Saslra, commandement ou loi. Comment, alors les lois du
Manou ne dateraient-elles que du ni' siècle avant notre ère
chrétienne ?
Le Code hindou n'a jamais prétendu être une révélation
divine. La distinction faite par les Brahmanes eux-mêmes
entre les Vedas et tous les autres livres sacrés, quelle que soit
leur antiquité, en est une preuve. Tandis que toutes les sectes
tiennent les Vedas pour la parole directe de Dieu,
.S~M/z (révé-
lation), le Code de Manou est qualifié simplement par elles
de smriti, une collection de traditions orales. Encore ces tra-
ditions ou réminiscences figurent-elles parmi les plus ancien-
nes, aussi bien que les plus vénérées dans le pays. Mais,
peut-être le plus puissant argument en faveur de leur anti-

quité et de l'estime générale dans laquelle elles sont tenues,


réside dans le fait suivant. Les Brahmanes ont incontesta-
blement remanié ces traditions à une époque éloignée, et

rédigé un grand nombre de lois actuelles,


qu'elles telles
figu-
rent dans le Code du ~Tanou, pour favoriser leurs projets
ambitieux. Par conséquent, ils doivent l'avoir fait à un

VOL. ti I 27 î
418 ISIS DÉVOILÉE

moment OM la c/a~oyï des veuves (suttee) n'était ni pra-


tiquée ni envisagée, et elle l'a été pendant près de 2.500 ans.
Le Code du Manou pas plus que les Vedas ne font mention
d'une loi aussi barbare Qui ne sait, à moins d'être complè-
tement ignorant de l'histoire de l'Inde, que ce pays a été
sur le point de se lancer dans une révolte religieuse, occa-
sionnée par la prohibition des suttees par le Gouvernement
Anglais? Les Brahmanes invoquaient un verset du /~<
Vec~ qui les prescrivait. Mais il a été démontré récemment
que ce verset avait été falsifié (1). Si les Brahmanes avaient
été les seuls auteurs du Code <~z J~<7/ïOM, ou s'ils l'avaient
codifié entièrement à l'époque d'Alexandre au lieu d'y pra-
tiquer, simplement, des interpolations pour atteindre leur
but, comment se fait-il qu'ils auraient négligé le point le
plus important, et mis ainsi en danger leur autorité ? Ce
fait seul démontre que le Code doit être rangé parmi les
plus anciens de leurs livres.
C'est sur la force de cette évidence, celle de la raison et
de la logique, que nous affirmons que si l'Egypte a donné
sa civilisation à la Grèce, et si celle-ci, à son tour, a donné
la sienne à Rome, l'Egypte elle-même avait, dans les siècles
passés où régnait Menès (2), reçu ses lois, ses institutions
sociales, ses arts et ses sciences de l'Inde pré-védique (3),
et que, par conséquent, c'est chez cette ancienne initiatrice
des prêtres adeptes de toutes les autres nations, que nous
devons chercher la clé des grands mystères du genre humain.
Et lorsque nous disons indistinctement « l'Inde », nous ne
parlons pas de l'Inde des temps modernes, mais de celle de
la période archaïque. Dans les anciens temps certaines con-
trées qui nous sont connues aujourd'hui sous d'autres déno-
minations étaient toutes comprises sous celle de l'Inde. Il y
avait une Inde haute, une Inde inférieure, et une Inde occi-

dentale, qui est aujourd'hui la Perse-Iran. Les contrées nom


mées Thibet, Mongolie et Grande-Tartarie étaient aussi

1. Voir Rot'). The burial in /n~t<i Max Mûlter..V!/</to~o<~e comparée


~confc-encct; Farticte Wilson « The supposed vaidic authority for the
burnit)~. of Hindu Wid~ws
2. Bunsen indique comme première année de Menés 36i5 Manetho
38~2 avant Jésus-Christ. ~<p~'P~ace,voI.V, v. 34.
3. Louis Jacolliot dans La Bible dans l'Inde affirme la même chose.
ISIS DÉVOILÉE 419

considérées par les anciens auteurs comme faisant partie de


l'Inde. Nous allons maintenant transcrire une légende rela-
tive à ces comme
lieux, que la science reconnaît aujourd'hui
le berceau de l'humanité.
La tradition rapporte et les récits du Grand Livre expli-
quent que longtemps avant l'époque d'Ad-am et de la cu-
rieuse femme He-va (1) la où maintenant on ne trouve que
des lacs salés et des déserts nus, il y avait une vaste mer
intérieure qui s'étendait sur l'Asie centrale, au nord de la
Mère chaîne de l'Himalaya, et de son prolongement occiden-
tal. Une île, qui n'avait pas de rivale pour sa beauté sans

pareille dans le monde, était habitée parle dernier survivant


de la race qui a précédé la nôtre. Cette race vivait avec la
même facilité dans l'eau, l'air ou le feu, car elle avait un em-

pire sans limites sur tous les éléments. Il y avait « les fils
de Dieu », non pas ceux qui virent les filles des hommes, mais
les ~EVoA//7ï réels, quoique dans la Cabale Orientale on les

désigne sous un autre nom. Ce sont eux qui enseignaient


aux hommes les secrets les
plus merveilleux de la nature,
et qui leur révélaient l'ineffable mot, maintenant perdu. Ce
MOT, qui n'en est pas un, a parcouru le monde et résonne en-
core, comme un écho lointain, dans les cœurs de quelques
hommes privilégiés. Les hiérophantes de tous les collèges
sacerdotaux connaissaient l'existence de cette île, mais le mot
n'était connu que de ceux que les Cabalistes Juifs nomment
Java ~l/ez/7!, ou seigneur principal de chaque collège et,
n'était transmis à son successeur qu'au moment de la mort.
II y avait beaucoup de ces collèges et les anciens auteurs

classiques en parlent.
Nous avons déjà vu que suivant les traditions universel-
les, acceptées par tous les peuples de l'antiquité il y a eu

plusieurs races d'hommes antérieures à nos races actuelles.

1. Le Stra Purana est. un ouvrage récent, disons-le de suite. Presque


tous les Sanscritistes ont combattu l'assertion de M. -JacoMiot..A~At~t
n'est pas le < premier homme et n'a aucun sens en sanscrit..Adtmo
veut dire « le premier a ou le primitif, mais peut référer à une condition
ainsi qu'à un objet ou à un homme. Dans les langues sémitiques .Hera
désigne « un don mais aucun des Brahmanes initiés que nous avons con-
sultés n'admettait un mot pareil en sanscrit.C'est une erreur de M.JacoI-
!iot. Le Siva Pura~ d'ailleurs n'est pas un ouvrage d'autorité parmi les
hindous qui le dussent ordinairement avec les livres sur la magie noire.
i20 ISI5 DÉVOILÉE

Chacune de ces races était distincte de celle qui l'avait pré-


cédée et chacune disparaissait des que la suivante faisait
son apparition. Dans .VanoM se trouvent clairement men-
tionnées six de ces races comme devant se succéder l'une

après l'autre.
« De ce Manou Swayambhouva (le moindre, et corres-

pondant à Adam Kadmon:, issu de S\vayambhouva,ou l'Etre


existant lui-même,
par descendent six autres Manous (hom-
mes symbolisant les aïeux ou Pitris), et chacun d'eux donna
naissance a une race d'hommes. Ces Manous, tout puis-
sants, desquels S\vayambhouva est le premier, ont chacun,
dans son t~o~ë, (<ïM/<ïra), produit et dirigé ce monde
composes d'êtres mobiles et immobiles. » (Manou, liv. i.)
Dans le Siva /~M/'<?~ (I) l'auteur s'exprime ainsi, di~
M.Jacolhot.
< 0 Siva, toi. dieu du feu, puisses-tu détruire mes pè-
chés, comme la bruyère des Jungles est détruite par le feu.
C'est sous ton souftle puissant qu'Adhima (le premier
homme) et Ileva (le complément de la vie. en sanscrit), les
ancêtres de cette race d'hommes ont reçu la vie et jouvert
le monde de leurs descendants. »
Il n'existait aucune communication avec cette belle île
par mer. mais des passades souterrains, connus uniquement
des chefs, communi(luaient avec elle dans toutes les direc-
tions. La tradition parle de nombre des majestueuses rui-
nes de l'Inde, Ellora. Elephanta. et les cavernes d'Ajunta
(chaîne deChandor). qui appartenaient autrefois a ces col-

lèges, et avec lesquels ces voies souterraines étaient reliées (~).

1. Purana signitie histoire ou tradition ancienne et sacrée. Yoirc Loisc-


leur Des Lon~champs. Traduction de .Ma~ou eL aussi L. Jacolliot. La Ge-
nève J~n~ ~uy7:~y:z<e.
2. n v a des archéologues qui, comme M..tamcs Fer~uson, contestent
la grande antiquité votre même un seul monument, dans t'Indj. Dans son ou-
vrage Illustrations o/ the /ï~c~-Ca< 7'em/)~e.-f o/ftdi.i, l'auteur ne craint
pas d'exprimer !a très extraordinaire opinio-) que < l'Egypte avait cesse d'être
unenationavantquc)eplus ancien des temples souterrainsdel'Indc eût été
creusé ~u un mjt. il n'a-i~n~t pas l'exist.encc de cavernes avant le ré-
-rne d'Asoka. et parait disposé à prouver que la plus grande partie de ces
temples LaiUcs dans le roc furent exécutes à partir de l'époque de ce pieux
roi HoudJhiste jusqu'à la destruction de la dynastie Andhra de Maghada
au commencement du v* siècle. Nous croyons cette prétention parfaite-
!S!S DÉVOILÉE 4211

Qui pourra affirmer que l'Atlantide disparue, mentionnée


aussi dans le Z,rc .Serrer, mais encore sous un autre nom

prononcé dans le hm~agc sacré, n'existait pas encore cette

époque? Le ~rand continent disparu pourrait peut-être avoir


été situe au Sud de l'Asie s'étendant de l'Inde à la Tasma.
nie (1). Si l'hypothèse si contestée
aujourd'hui et même
niée par quelques émineuts auteurs qui la considèrent comme
une plaisanterie de Platon, se trouve jamais vérIHéc, peut-
être alors les savants croiront-ils que la description du con-
tinent habite par les dieux n'était pas tout a fait une fa-
ble (2). Et ils comprendront alors que les insinuations voilées
de Platon, et le fait d'en attribuer la relation a Solon et
aux prêtres Egyptiens, n'était qu'une façon prudente de

communiquer !e f:)it au monde en combinant adroitement la


vérité avec !a fiction il se libérait ainsi de la responsabi-
lité d'une histoire que les obligations imposées par son ini-
tiation lui interdis.tient de divulguer.
Et comment le nom d'Atlanta lui-même aurait-il été in-
venté par Platon ? Atlanta n'est /)<7.< un nom ~rec, et sa
construction n'a rien en elle-même d'hellénique. Brasseur de
Bourbour:~ a cssavé de le démontrer il v a des années, et
Baldwin, dans son livre :r~s/o/ .V<7//o/ïs ~4~/<?~/
~ly~cr/r~ cite cet auteur, qui déclare que les mots Atlas et

Atlantique n'ont pas d'étymolo~-ie satisfaisante dans un lan-


:?a~e européen quelconque. Ils ne sont pas Grecs, et ne peu-
vent être assimUés a aucune langue connue de l'ancien monde.
Mais dans le lan~a~e Xahualt(ou Toltec) nous trouvons im-
médiatement le radical <7. qui si~nine eau. guerre, et 1'*
sommet de la tête. De la dérivent une foule de mots, tels
que .-t//r/ ou le rivage de ou parmi l'eau d'où naturelle-
ment nous avons l'adjectif Atlantique. Nous trouvons aussi
~t//ac<7, combattre. Une cité nommée Atlan existait lors-

mcntarbtt.rDi~Hos 'iec~uvcrt.es p''stcricures doivent. sùre:nentea démon-


trfr l'erreur et peu de fondement..
1. C'cst une <'t.rangc coïncidence que, lorsqu'on la découvrit pour la
premicrc f~is. i Amérique portait parmi les aborigènes le nom d'Atlanta.
2-Quoique temps après la publication de cet ouvrage, t'hypothèse de
t87'7estprcsquc vérifiée.Le CA-ï~en~era trouve les traces d'un :j-rand con-
tinent su'~mcr~e Un nOL.v. ouvrage intitulé .l~aft<« prouvant l'existence
de ce continent vient de paraitre ecr:t par M. Donelly, uu membre de la
Société Géographique, ~otc de H. Il. B.).
~2 I~tS DÉVOJLÉE

le continent fut découvert par Colomb, a l'entrée du


que
~olfe d'Uraha.dans le Darien, avec une bonne rade. Elle est
maintenant réduite a un /)~c6/~ (village) peu important,
nommé Acio (1).
X'est-il pas
extraordinarie.pour ne pas dire plus, de trou-
ver en Amérique une ville, mentionnée sous un nom qui
contient un élément purement local, étranger d'ailleurs a
toute autre contrée, dans la soi-disant Hction d'un philoso-
phe qui vivait 400 ans avant Jésus.Christ ? On pourrait en
dire autant du nom d'Amérique, qu il serai!, plus juste de

rapporter au mont Meru, le mont sacré, au centre des sept


continents, d'après la tradition hindoue, qu ;< celui d'Ame-
ric Vespuce. dont le nom par parenthèse n a )amais été
Améric du tout, mais Albéric, dînerez e lé~crc qui jusqu;'
une époque toute récente ne valait pas la p~ine d'être si-

gnalée (~). Nous avons les raisons suivantes en faveur de


notre thèse
Amène. Amérrique ou Amérique est L- nom donné
dans le Xieara~'ua a une chaîne de mont.t~nrs ou hauts pla-
teaux. qui se trouvent entre Jui~alpa et Lib"rtud. d.tns la
province de Chontales~ et qui s'étendent d un c<té sur !e
territoire des Indiens C~rcas et de l'autre sur celui des In-
diens Ramas.
/<" ou /v//c comme terminaison a la s:~nH!cation de ~rand
comme ~f~<(3, etc.
Colomb. dans son
quatrième voyage mentionne le village
de Cariai, probablement. Caicai. Cette Ioea!i!.é était remphc
de sorciers ou hommes de médecine et c'était la région
de la chaîne Améric, haute de ~.0~0 pied~.
Toutefois il omet de mentionner le nom.
Le nom .l~~c~ /0t'r/~ parut pour la première fois
sur une carte publiée a Baie en !~)~ Jusqu'à cette date,
on avait cru que cette région faisait partie de l'Inde. Cette
année-la, le XIrcara~ua fut conquis par Gil Gonzalez de
Avila (3).

1. !~atd\\i:i. P/'p/tf~or<c .V.t/fORs. p. 1'


2. Ou d.~Lc furt. auj~urd'hm quccc soit.Atbcric Vespuce.Hisd'Anast.a-
siu Vcspu~c;. mu ~'cspuchy qui ait donné s~n nom au nouveau monde
on dit acL~e!)em nt que ce nom se rencontrait déjà dans un ouvrage ccrit.
plusieurs Stccl~s auparavant.
3. Voir Thomas Helt. T'/te-Ya~ura~'s~t/t .Yteara~cs, Londres, IS~3.
ISIS DÉVOILÉE 423

2" < Les normans qui visitèrent le continent au x* siè-


cle (i), trouvèrent une côte, plate et basse, couvertes
d'épaisses forets, qu'ils nommèrent .V~rA7~~ de jVar~ fo-
rêt. La lettre r devait être roulée comme dans y7ïorr/cA'.
On trouve un nom
analogue dans la région de l'Himalaya,
et le nom de Montagne du Monde, Mcru, est prononcé Me-
ruah dans certains dialectes avec la lettre h fortement aspi-
rée. L'idée qui se présente naturellement a l'esprit est de
rechercher comment deux peuples peuvent avoir accepté un
mot d'une consonnancc semblable, en l'employant chacun
dans leur propre sens, et en l'appliquant au même terri-
toire.
« II est tort. plausible dit le professeur Wildcr, « que
l'Etat de l'Amérique Centrale où nous trouvons le nom
~l/y~r. qui signifie (de même que le mot hindou Meru),
grande montagne, ait donné son nom a ce continent. Ves-
puce lui aurait donné son nom s'il avait eu l'intention de
donner un titre ;'< un continent. Si la théorie de l'abbé de
Bourbourg. donnant .1//<7/! comme la racine d'Atlas et

d'Atlantique, était reconnue exacte. les deux hypothèses


pourraient parfaitement s'accorder. Comme Platon n'a pas
été le seul écrivain qui ait parlé du monde au delà des co-
lonnes d'Hercule (~ comme l'Océan est encore peu profond
ut porte des plantes marines sur toute la partie tropicale de

l'Atlantique, il n'est nullement


étrange d'imaginer que ce
continent s'élevait là. ou qu'il y avait une Ile. grande comme
un monde, sur cette cute. Le Pacifique aussi otfre des indi-
ces qui font penser qu'il a été le populeux empire insulaire
des Malais ou des Javanais sinon un continent entre le
Nord et le Sud. que la Lemurie
\ous savons
dans l'Océan
Indien est un rêve des savants; et que le Sahara et le désert
qui coupe l'Asie au milieu furent probablement une fois le
siège d'un océan
Pour continuer la tradition, nous devons ajouter que la
classe des hiérophantes était divisée en deux catégories dis-
tinctes celle qui avait été instruite par « les Mis de Dieu »
de l'Ile et initiée dans la doctrine divine de la révélation
pure, et celle qui habitait l'Atlantide disparue, si tel doit

). Torfccus. ~t;;(orta t'a~d<<? aft<tçu~.


421 ISIS DÉVOILÉt:

être son nom celle-ci, étant d'une autre race, était née avec
une vue qui embrassait toutes les choses cachées, et était

indépendante des lois de la distance aussi bien que des


obstacles matériels. En un mot, ceux-ci a la
appartenaient
quatrième race d'hommes, mentionnée dans le 7~o/?M/ ~M/~
dont la vue était illimitée et qui savaient toutes choses en
même temps. C'était, peut-être, ce que nous appellerions
maintenant des médiums naturels de naissance, qui
n'avaient ni a lutter ni a souffrir pour obtenir leurs con-
naissances, qu'ils acquéraient sans aucun sacrifice peut-être
des méchants magiciens. C'est pourquoi, tandis que le<~
premiers marchaient sur les traces de leurs divins instruc-
teurs, et, acquérant par degrés leur science, ils apprenaient
en même à discerner le mal du bien, les adeptes de
temps
naissance de l'Atlantide suivaient aveuglément les insinua-
tions du grand et invisible « Dragon le roi 7~6f/ (le
serpent de la Genèse?) 7'/z~t'c/<ï/ n'avait ni appris ni acquis
ses connaissances, mais, pour emprunter une expression
du D' Wilder relativement au serpent tentateur, il était
« une sorte de Socrate qui .sot'<?// sans avoir été initié
Ainsi, sous les mauvaises inspirations de leur démon, Thf-
vetat, la race de l'Atlantide devint une nation de ~ï~r~ns
noirs. Par suite de cela, une
fut déclarée, dont l'his-
guerre
toire serait trop longue a raconter; la substance de ce récit
se trouve dans les allégories dénaturées de la race de Cain,
les géants, et de celle de Xoé, et de sa juste famille. Le
conflit se termina par la submersion de l'Atlantide celle-
ci a été représentée par le récit des déluges Babylonien
et Mosaïque. Les géants et les magiciens moururent « ainsi

que toute chair, et tout homme ». Tous, sauf Xisuthrus et


Noé, qui, en substance, étaient identiques au grand Père des
Thlinkitiens dans le Popul F~A, ou livre sacré des Guate-
maliens, qui raconte aussi
qu'il se sauva dans une grande

barque, comme le Xoé hindou, Vais\vasvata.


Si nous devons en croire la tradition, il faut ajouter foi
à l'histoire des alliances entre les
qui suit, d'après laquelle
descendants des hiérophantes de l'île et ceux du Noé Atlante
est issue une race mixte d'hommes justes et de méchants.
D'une part, le monde eut ses Enochs, ses Moïses, ses Gau-
tama-Boudhas, ses nombreux sauveurs, et ses grands hiéro-
ISIS DÉVOILÉE 425

d'autre il eut ses « nalurels »


phantes part, magiciens

n'étant retenus le des connaissances


qui, pas par pouvoir
et à cause de la faiblesse des au
spirituelles, organisations
de vue et intellectuel, incon-
point physique pervertirent
sciemment leurs dons, en les faisant servir à de
précieux
mauvais Moïse n'eut une de blâme
usages. pas parole pour
ces de l'art et autres facultés analo-
adeptes prophétique
avaient été instruits dans les de la
gues qui collèges sagesse

mentionnés dans la Bible Ses anathcmes


ésotériquc, (1).
étaient réservés ceux sciemment ou non, em-
pour qui,
le dont ils avaient hérité de leurs ancê-
ployaient pouvoir
tres Atlantes, en le mettant au service de mauvais
esprits,
nuire a l'humanité. Sa colère s'exhalait contre
pour l'esprit
de 06 et non contre celui de OD
pas (~).

Livre des Unis, X~ll, H. 2' juges, XXXI\ :2.


2. Au moment de mettre sous pres'-e. nous recevons de Paris, gr.ce a

l'obligeance de John L. O' Sullivan, les œuvres complètes de Louis .!a-


colliut en vingt et un volumes. HUes roulent principalement sur l'Inde
et ses antiques traditions, religion et p'.nlosophi'. Cet infatigable auteur
a recueilli un mon ic d* renseignements a différentes sources, la plupart
authentiques. Tout en
n'acceptant passes idées personnelles sur beaucoup
de points.. nous reconnaissons pleinement toutefois l'extrême valeur de
ses abondantes ira iu. tiens des tivr~s sacrés de l'Inde, d'autant, plus
qu'~Hcs cr<tinrm~nt tous points de vue nos propres affirmations. Entre
autres exemples se trouve la question de la submersion de contittents
dans !es temps préhistoriques.
Dans son //t.'r<<nrp f7<\< rt'cr</c.< < Les euptes et les continents dispa-
rus itdit « Lne des «tus anciennes iependes de i'tnde conservée dans
les lemples par la tradition orak et écritc, raconte qU'II; a pluslcurs
centaines 'te mille ans, il existait dans l'Océan Pacifique un immense
continer.r qui fut détruit par un soulèvement géologique et dont il faut
chercher les fragments à Madagascar. Ceyan. Sumatra, Java. Bornéo et
les iles principales de t.'
Polynésie.
< Suivant cette hypothèse les hauts n;at'aux Je !Iindoustan et de l'Asie
n'auraient, été représentes a ces époqucs éloignées que par de yrande<:
iles continues au continent central. D après les Urahmanes cette conlrée
avait atteint un haut degré de civilisation.. et la
péninsule de l'Hindous-

tan, agrandie par le déplacement des eaur, à l'époque du grand cataclysme


n'a fait que continuer la chainedes traditions primitives nées en cet en-
droit. Ces traditions donnent le nom de /!H<<M aux populations qui habi-
taient cet immense continent equinoxial, et c'est de leur langue qu'est
dcr<re le sanscrit. (Nous aurons quelque chose à dire au sujet de ce lan-

gage dans un autre volume.!


< La tradition Indo-Hellénique, conservée par la population la plus in-

telligente qui ait émigré des plaines de l'Inde, rapporte l'exis-


également
tence d'un continent et d'un peuple auxquels elle donne le nom d'Atlantis
et d'Atlantide, et qu'elle place dans l'Atlantique dans le ~ord des tropiques.
< Outre que le fait de la supposition d'un ancien continent dans ces
426 ISIS DÉVOILÉE

Les ruines couvrent les deux Amériques, et que l'on


qui
trouve dans beaucoup d'îles des Indes Occidentales sont

toutes attribuées aux Atlantéens submerges comme c'était

le cas chez les de l'ancien monde, au


hiérophantes lequel,
de l'Atlantide, était relié au nouveau une
temps par langue

latitudes, continent, dont les traces se retrouvent dans les îles volcani-
ques et tes surfaces montagneuses des Acérés, des Canaries et du Cap
Ycrt. n'est pas dépourvu de probabilité au oint de vue géographique,
les Grecs, qui d'ailleurs n'avaient jamais osé aller au delà des colonnes
d'Hercule, ù cause de leur frayeur du mystérieux Océan, sont apparus
trop tard dans l'antiquité, pour que les récits conservés rar Platon fus-
sent autre chose qu'un écho de la légende hindoue. Uc pins. lorsque
nous jetons un coup d'œit sur un planisphère, à l'aspect des iles et îlots
répandus de l'Archipel Malaisien à la Polynésie, et des détroits du Sund
.') l'ilc de P;qucs, il est impossible, dans l'hypothèse de continents ayant
précède celui que nous habitons, de ne pas placer là le plus important de
tous.
e Une croyance religieuse commune à Ma'acca et
a la Polynésie, c est-
à-dirc aux deux extrêmes opposés du m0!xte océanien, affirme que tou-
tes ces îles formaient autrefois deux :mmenscs par contrées, habitées
des hommes jaunes et noirs toujours en guerre; que ies dieux, fatigues
de leurs quereUcs. ayant chargé l'Océan de !<-s pacifier, ce dernier cn-
gtoutit tes deux continents, et que depuis il a été impossible de lui faire
rendre sa proie. Seuls les pics montagneux et les hauts plateaux ont

échappe à l'inondation par la puissance ms dieux, qui s'aperçurent trop


tard de l'errcur qu'ils avale' commise.
« Quoi qu'il en soit de t exactitude de c<'s traditions, et quel que soit
endroit où s'est développe une civilisation plus ancienne que cette de
Home, de la
Grèce, de l'Egypte et de l'Inde, il est certain que cette civi-
lisation a existe, et il est extrêmement important pour la science de dé-
couvrir ses traces, quelque faibles et fugitives qu'elles puissent être
(p. 13-15,. »
Cette dernière tradUion traduit.* des manuscrits par sanscrits
Louis
Jacoltiot confirme celle donnée d'après les Souvenirs de !a doctrine se-
crc<e. La gu 'rrc mentionnée entre les hommes jaunes et les noirs se
rapporte à la lutte entre « les fils de Dieu et « les fils des Géants ou
les habitants les et
magiciens de l'Atlantide.
La conclusion finale de M. Jacottiot qui a visité personnellement les
îles de la Potynesie et consacre deux années à l'étude de la religion, du

tangage et des traditions de presque tous les peuples est formulée dans
les termes suivants
« Quant au continent Polynésien qui disparut à l'époque des cataclys-
mes géologiques définitifs, son existence r. pose sur tant de preuves que,
logiquement nous ne pouvons plus en douter.
e Les trois sommets de ce continent, les îles Sandwich,!aXouvc!!e-Zé-
lande, nie Pâques de sont distants l'un de 1 autre de quinze à dix-huit
cents lieues, et les groupes d'îles intermédiaires, \'tti, Samoa, Tonga,
Fontouna. Ouvea, les Marquises, Tahiti, Poumouton, Gambiers sontelles-
mémes distantes de ces points extrêmes de sept à huit cents ou mille
lieues.
< Tous les navigateurs s'accordent à dire que les groupes extrémes et
ISIS DÉVOILÉE 427

Je terre, les magiciens de la contrée aujourd'hui engloutie,


avaient un réseau de passages souterrains courant dans tou-
tes les directions. Parlant de ces mystérieuses catacombes
nous donnons ci-après une curieuse histoire, qui nous a été
racontée par un Péruvien, mort depuis longtemps, au
cours d'un voyage fait ensemble à l'intérieur
pays. de son
Il doit y avoir du vrai dans ce récit, car il nous a été con-
iirmé plus tard par un Italien qui avait vu les lieux, et qui,
s'il n'en avait été empêché faute de moyens et de temps,
aurait vériiïé lui-même le fait, du moins en partie. Cet Ita-
lien tenait la chose d'un vieux prêtre, auquel le secret avait
été divulgué en confession par un Indien du Pérou. Nous

pourrions ajouter, que le prêtre fut forcé d'en faire la révé-


lation, parce se trouvait a ce moment complètement
qu'il
sous l'inftuencc du sommeil magnétique provoqué par le

voyageur.
Le récit a rapport au fameux trésor du dernier des Incas.
Le Péruvien affirmait que depuis le meurtre atroce et bien
connu de ce prince par Pizarro, le secret en était connu de
tous les
Indiens, excepté des Métis, dans lesquels on n'avait

pas confiance. Voici ce qu'il racontait L'Inca fut fait pri-


sonnier et sa femme oHrit pour sa mise en liberté une cham-
bre pleine d'or, « depuis le sol jusqu'au plafond, aussi haut

que le conquérant pouvait atteindre et cela avant le cou-


cher du soleil du troisième jour. Elle tint
parole, mais Pi-
zarro viola sa promesse, suivant la coutume des Espagnols.
Emerveillé a la vue de ces richesses, le conquérant déclara

qu'il ne délivrerait pas le prisonnier et qu'il le mettrait a

mort, à moins que la reine ne lui révélât l'endroit d'où ve-

du centre n'auraient, jamais puc'mmut.iquer. vu leur position géographi-


que achieHe, et t'insuflisance des moyens qu its possédaient. Il est physi-
quement impossible de franchir de pareilles distances en pirogue. sans
boussole, et de voyager pendant des m"t= sans provisions.
<( D'un autre c'')te, les ab~ri~ënes des nés S.tndwich. Vtti. N'o-avelle-Zé-
lande, et des groupes centraux d< Samo. Tahiti, etc., ne~'c/~te~ya~at~
connus et n'at'a/e~ ~ama« entendu parler ~e.< u~ des autres, avant l'ar-
rivée des Européens. Et /)our<an<. c/tacu~ de ces peuples soutenait que
son t~e <)f/ a tJ~tp époque, /at~ partie d t!~e immense étendue de terre
qui a!~ t'ers l'Ouest du côté d~ r.i~p. Et tou~ parlent la même langue,
ont les mêmes usages, les mêmes coutumes, les mêmes croyances rcH-
~icuses. Et tous. à cette question Où est le berceau de votre race ?
pour unique réponse tendaient la mzin t'er~ le couchant (Ibid., p. 308~.
428 ISIS DÉVOILÉE

naient ces trésors. Il avait entendu dire que les Incas avaient
une mine
inépuisable une voie souterraine ou tunnel, long
de plusieurs milles sous terre, où étaient conservées les ri-
chesses accumulées de la contrée. La malheureuse reine
demanda un délai et courut consulter les oracles. Le grand
prêtre lui montra, pendant le sacrifice dans le « miroir
noir » (1), le meurtre Inévitable de son
époux, soit qu'elle
livrât le secret des trésors de la couronne a Pizarro, soit

qu'elle le lui refusât. Alors la reine donna ordre de murer


l'entrée de la cachette qui était une porte taillée dans la
muraille rocheuse d'un précipice. D'âpres le conseil des prê-
tres et des magiciens, l'abîme lui-même fut comblé jusqu'aux
bords avec d'immenses quartiers de roc, et la surface recou-
verte de
façon à ne laisser aucune trace du travail. L'Inca
fut assassiné par les Espagnols, et l'infortunée reine se sui-
cida. La cupidité des Espagnols fut déçue par sa propre
exagération, et le secret des trésors enterrés resta ensevelis
a jamais dans les cœurs de quelques fidèles Péruviens.
Notre narrateur Péruvien ajouta que, par suite de certai-
nes indiscrétions a diverses époques, des gens avaient ét<
envoyés par ditrérents gouvernements, pour rechercher le
trésor, sous prétexte d'explorations scientifiques. Ils avaient
remué et fouillé le pays dans tous les sens, mais sans réus-
sir a atteindre leur but. Jusque-la, cette tradition est coniir-
mée par les récits du D~ Tschuddi et autres historiens du
Pérou. Mais il y a certains détails additionnels, que nous
ne croyons pas avoir été publiés jusqu'à ce jour.
Plusieurs années après avoir entendu raconter cette his-
toire, et sa confirmation par le voyageur italien, nous visi-
tâmes de nouveau le Pérou. Nous rendant par eau au sud
de Luna, nous atteignîmes, au coucher du soleil. un endroit
près d'Arica, et nous fûmes frappés de l'aspect d'un énorme
rocher presque perpendiculaire qui s'élevait dans une soli-

Ces miroirs magiques généralement noirs sont une nouvelle preuve


de l'uaivcrsit.é d'une croyance idj~tique. Dans l'tnde ces miroirs sont pré-
parés dans la province d'Agra et on les fabrique aussi au Thibet et en
Chine. Et nous les retrouvons dans l'ancienne Egypte, d où. suivant un
histor.en indigène cité par Brasseur de Bourbourg, les ancêtres des Qui-
ches tus apportèrent à Mexico. Les adorateurs Péruviens du Soleil en
ISIS DÉVOILÉE 429

tude désolée sur le rivage et bien détaché de la chaîne des


Andes. C'était le tombeau des Incas. Comme les derniers

rayons du soleil couchant éclairaient le rocher, on pouvait


y distinguer avec une
jumelle de curieuses inscriptions hié-
roglyphiques taillées dans le roc volcanique.
Lorsque Cuzco était la capitale du Pérou, elle renfermait
un temple du soleil renommé pour sa magnificence. II était
recouvert d'épaisses plaques d'or, et les murs étaient aussi
revêtus du même précieux métal les grilles des cryptes
étaient également en or massif. Dans la muraille du côté
de l'Occident, les architectes avaient aménagé une ouver-
ture, <!c façon n ce que lorsque les rayons du soleil venaient

frapper dessus, ils étaient concentrés à l'intérieur de l'édi-


fice. S étendant comme une chaîne d'or d'un point brillant
a un autre, ils étaient répétés sur les parois, illuminant les
monstrueuses idoles et laissant voir certains signes mysti-
ques, invisibles a d'autres moments. Ce n'est qu'en déchif-
frant ces hiéroglyphes identiques à ceux que l'on voit en-
core sur la tombe des Incas aujourd'hui, que l'on peut
apprendre le secret du tunnel et de ses approches. Une de
celles-ci était, dans le voisinage de Cuzco, masquée aujour-
d'hui et devant toute tentative pour la découvrir. Elle con-
duit directement un
tunnel, allant
immense de Cuzco à
Lima et qui tournant ensuite vers le Sud, s'étend jusqu'à
la Bolivie. A un certain endroit, ce tunnel est intercepté
par un tombeau roya!. A 1 intérieur de cette chambre sépul-
chrale sont habilement disposées deux portes, ou plutôt
deux énormes dalles qui tournent sur des pivots et qui joi-
gnent si parfaitement qu'on ne peut les distinguer des au-
tres portions de la muraille chargée de sculptures, qu'a des

signes secrets dont la clé est dans la possession de gardiens


fidèles. Une de ces dalles tournantes couvre l'entrée méri-
dionale du tunnel de Lima, et l'autre l'entrée septentrionale
du couloir Bolivien. Ce dernier, courant vers le Sud, passe
par Trapaca et Cobijo, car Arica n'est pas loin de la petite

faisaient c-ra~ment usa~e. Lorsque tes Kspa~nol-; débarquèrent, dit l'his-


torien, le r )i des Q nshes ordonna a s~s prctres de consulter le miroir
aim d'jpp.'ea~re t~ djstin r~sjrvc à s ~i royaume. Le démon, ajoute de
Bourbourg. y faisait rcueter le présent et Ij futur comme dans une gtace.
(.Veitqrue, p. 184.)
430 ISIS DÉVOILÉE

rivière nommée Pay'quina (1), qui est la limite entre le Pé-


rou et la Bolivie.
Non loin de cet endroit, se trouvent trois sommets sépa-
rés, qui forment un
singulier triangle; ils sont compris dans
la chaîne des Andes. Suivant la tradition, la seule entrée
praticable du tunnel qui conduit au nord, se trouve dans
l'une de ces cimes mais sans connaître le secret de ses

points de repère, un régiment de Titans chercherait vaine-


ment à remuer les rochers pour la découvrir. Mais, même
dans le cas où quelqu'un parviendrait à découvrir l'entrée
et à trouver le chemin
jusqu'à la dalle tournante du mur du

sépulchre, afin de la faire sauter, les rochers qui surplombent


sont disposés de façon à ensevelir le tombeau, ses trésors,
et, suivant l'expression du mystérieux Péruvien, < toute une
armée de guerriers dans une ruine commune. Il n'existe

pas d'autre accès a la chambre d'Arica que par la porte


dans la montagne près de Pay'quina. Tout le long du sou-
terrain, depuis la Bolivie jusqu'à Cuzco et à Lima, se trou-
vent d'autres cachettes, plus petites, remplies d'or et de

pierres précieuses d'une valeur incalculable accumulées Ift

par de nombreuses générations d lncas.


Nous possédons un plan très exact du tunnel, du sépul-
chre et des entrées, qui nous fut donné dans le temps par
le vieux Péruvien. Si jamais nous avions eu la pensée de
profiter de ce secret, nous aurions eu besoin du concours
des gouvernements Péruvien et Bolivien. Sans parler des
obstacles physiques a surmonter, aucun individu ni une

compagnie mal outillée ne pourrait entreprendre une pareille


exploration, sans avoir à lutter contre les bandes de mal-
faiteurs et de brigands qui infestent la côte, et qui, de fait,

comprend presque toute la population. Le seul fait de puri-


fier l'air méphitique du tunnel où l'on n'a pas pénétré de-

puis des siècles, offrirait déj à de sérieuses difficultés. C'est t


là pourtant que gît le trésor, et la tradition dit qu'il y res-
tera jusqu'à ce que le dernier vestige de la domination espa-
gnole ait disparu de tout le nord et du sud de l'Amérique.
Les trésors exhumés par le D~ Schliemann a Mycene ont

1. Pay'quina ou Payaquioa, ainsi nommcparceque scscauxcharrientdcs


parcelles d'or depuis le Brcsii.~ous avons trouvé quelques pépites du pré-
cieux métal dansunepoigTiéc de sable que nous avonsrapportée en Europe.
ISIS DÉVOILÉE 431

réveillé la cupidité populaire, et les regards des aventureux

spéculateurs se sont tournés vers les localités où l'on sup-

pose que la richesse des peuples de l'antiquité est enfouie


dans des cryptes ou des souterrains, ou sous le sable ou les

dépôts d'alluvion. Or, il n'est pas de


localité, voire même
au Pérou, où les traditions soient si nombreuses qu'autour
du désert de Gobi. Dans la Tartarie indépendante, ce désert
immense de sable mouvant était autrefois, si la tradition dit
vrai, le siège d'un des plus riches empires que le monde ait
jamais vus. On prétend que sous sa surface se trouvent des
richesses inouïes, or, bijoux, statues, armes et ustensiles,
et tout ce qui dénote la civilisation, le luxe et les arts, au

point que nulle capitale de la chrétienté, aujourd'hui, ne


pourrait rivaliser avec elles. Les sables de Gobi se meuvent

généralement de l'est à l'ouest sous l'action des furieuses


sautes de vent qui y régnent continuellement. De temps en

temps quelques-uns de ces trésors


sont cachés mis à décou-
vert mais aucun naturel doserait y toucher, car le district
tout entier est sous le coup d'un charme puissant. La mort

frapperait inévitablement celui qui essayerait de s'en empa-


rer. Les
bahtis, gnomes hideux, mais ~dèles, gardent les
trésors cachés de ce peuple préhistorique, en attendant l'épo-
que où la révolution des périodes cycliques fera connaître
leur histoire pour l'instruction de l'humanité.
D'après la tradition locale, la tombe de Ghengiz Khan
existe encore près du lac Tabasun-Nor. Dans l'intérieur
repose F Alexandre Mongol comme s'il était endormi. Dans
trois siècles il se réveillera, et conduira son peuple à de nou-
velles victoires, et n une nouvelle moisson de gloire. Bien
que cette tradition prophétique doive être naturellement
accueillie avec toutes sortes de réserves, nous affirmons,
comme une chose certaine, que le tombeau en lui-même n'est
pas une fiction, et que son étonnante richesse n'est nulle-
ment exagérée.
Le district du désert de Gobi et, de fait, toute l'étendue
de la Tartarie indépendante et du Thibet sont jalousement
gardés contre l'intrusion étrangère. Ceux qui sont autori-
sés a les traverser sont placés sous la garde spéciale et sous
la conduite de certains agents de l'autorité supérieure, et
sont tenus à ne fournir au monde extérieur aucun rensei-
432 ISIS DÉVOILÉE

sur les lieux ou sur les


personnes. N'était cette
gnement
restriction, nous pourrions nous-mêmes contribuer ici des
récits d'explorations, d'aventures et de découvertes qui in-
téresseraient le lecteur. Tôt ou tard, le moment viendra où
le sable du désert révélera ses secrets si longtemps enseve-
lis à ce moment notre vanité moderne souffrira plus d'une
mortification inattendue.
« Le peuple de Pashai », dit Marco Polo (1), le hardi
du xin" siècle « est grand adepte de sorcellerie et
voyageur
d'arts ». Et son
ajoute savant
« Ce éditeur
diaboliques
Pashai ou Udyana était le pays natal de Padma Sambhava,
un des principaux apôtres du lamaïsme, c'est-à-dire du
Bouddhisme Thibétain et un grand maître en fait d'incan-
tations. Les doctrines de Sakya, telles qu'elles prévalaient
autrefois dans l'Udâyna étaient probablement fortement
teintées de magie Sivaïtique, et les Thibétains considèrent
encore cette contrée comme la terre classique de la sorcel-
lerie.
Les « temps anciens » sont exactement comme les < temps
modernes » rien n'est changé en ce qui concerne les pra-
tiques magiques, excepté qu'elles sont devenues plus éso-

tériques et mystérieuses, et que les précautions des adeptes


ont grandi en proportion de la curiosité des travailleurs.
Hiouen-Thsang dit des habitants Les hommes. aiment
l'étude, mais ils BR s'y livrent pas avec ardeur. La science
des /or/7ïu/e$ magiques e~f devenue pour eux ~nepro fes-
sion régulière dont ils vivent (~). Nous ne contredirons
pas sur ce point le vénérable pèlerin chinois, et nous som-
mes tout disposés à admettre qu'au viT siècle quelques in-
dividus faisaient magie de laprofession une
aujourd'hui
encore quelques personnes font de même mais ce ne sont
certainement pas les vrais adeptes. Ce n'est pas Hiouen-
Thsang, l'homme pieux et courageux, qui risqua sa vie cent
fois pour avoir le bonheur de voir l'ombre du Bouddha dans
le souterrain du Peshavur, qui accuserait les saints lamas
et les moines thaumaturges de « faire métier de montrer

1. Les régions Sttuées du côté d'Udyana ou du Cachemire, suivant l'opi-


nion du colonel Yules. traducteur et éditeur de Marco Po!o. vol-1, p. !75.
2. Vot/aje des Pèlerins ouddhistes, vol. 1 Histoire de la rie f/e 7/<oue~-
T'/tMiy, etc., traduit du chinois par Stanislas Julien.
ÏSJS DÉVOILÉE 433

cette ombic aux


voyageurs. L'injonction de Gautama, con-
tenue dans sa réponse au roi Prasenagit son protecteur, qui
rengageait à faire des miracles, doit avoir toujours été pré-
sente à l'esprit de Hiouen-Thsang. < Grand roi, lui dit Gau-
tama, je n'enseigne pas la loi à mes disciples en leur disant
Allez, ô saints, et accomplissez au moyen de vos pouvoirs
surnaturels, devant les yeux des Brahmanes et des nota-
bles, des miracles plus grands qu'aucun homme n'en peut
faire. En leur enseignant la loi, je leur dis « Allez,
saints, cachant vos bonnes œ~ure~ el laissant voir vos fai-
blesses. »
Frappé des récits des représentations magiques dont
avaient été spectateurs, et que relataient les voyageurs de
tous les temps, qui ont visité la Tartarie et le Thibet,le colo-
nel Yule en conclut que les naturels doivent avoir à leur

disposition toute l'encyclopédie des spirites modernes. Du-


halde mentionne au nombre de leurs sortilèges, l'art de pro-
duire, par leurs invocations, l'image de Laotsen (I) et de
leurs divinités dans l'air, et de faire écrire/?G/~ un crayon
sans co/ï/ar~ des réponses a des questions (2).
Lespremières invocations appartiennent mystères aux

religieux de leurs sanctuaires: exécutées autrement, ou en


vue d'un ~Q~ elles sont considérées comme des pratiques
de sorcellerie, de nécromancie, et rigoureusement interdi-
tes. L'art mentionné ci-dessus de faire écrire un crayon sans
aucun contact, était connu et pratiqué en Chine et dans
d'autres contrées, des siècles avant l'ère chrétienne. C'est
l'A. B. C. de la magie dans ces pays-là.
Lorsque Hiouen-Thsang désira adorer l'ombre du Boud-
dha, il ne s'adressa pas aux magiciens de profession, mais
à la puissance d'invocation de sa propre âme au pouvoir
de la
prière, de la foi et de la contemplation. Tout était
sombre et redoutable près de la caverne où l'on prétend
que le miracle s'opère de temps à autre. Hiouen-Thsang y
pénétra et y fit ses dévotions. II fit cent révérences, mais il
ne vit et n'entendit rien. Alors, se jugeant trop pécheur, il

pleura amèrement et commença à désespérer. Mais au mo-

i. Laot-si, le philosophe chinois.


2. Le Livre de .Ser Marco Polo. vol. I. p. 318. Voir aussi à ce sujet les
expériences de M. Crookcs decriLcs au chap. VI de son livre.
VOL.I!
28
434 ISIS DÉVOILÉE

ment où il allait renoncer a tout espoir, il aperçut sur la


muraille du côte de l'Orient une faible lueur qui disparut.
II renouvela ses prières, plein d'espoir cette fois, et il revit
de nouveau la lumière qui brilla comme un éclair et dispa-
rut encore. cela, il i!t un vœu solennel
Après de ne pas quitter
la caverne avant
d'avoir eu la joie de voir au moins l'ombre
du « Vénérable des temps ». II dut attendre encore long-
temps après son vceu.carce ne fut qu'âpres deux cents priè-
res, que le sombre souterrain se trouva subitement « inondé
de lumière, et que l'ombre du Bouddha d'un blanc éclatant
se dressa majestueusement sur le mur, comme lorsque les

nuages s'entr'ouvrent soudain et découvrent tout a coup la


merveilleuse ima~e de « la Montagne de Lumière < Une
radieuse splendeur illuminait les traits de la divine physio-
nomie. Hioucn-Thsang était perdu dans la contemplation et
l'émerveillement, et ne voulut point détacher ses yeux de
ce sublime et incomparable spectacle.~ Hioucn-Thsang ajoute
dans son propre journal..Sec Ac'f, que ce n'est que lors-
que l'homme prie avec une foi sincère, et qu'il a reçu d'en
haut une impression secrète, qu'il voit clairement l'ombre,
mais il ne peut jouir long-temps de sa vue (i).
Ceux qui sont si portés à accuser les Chinois d'Irréligion
feraient bien de lire les 7~<x/ o/! /r/<7ï ~A//?</
~/)/3<T .4~ de Schott (~).
« Au cours des années Y~a~-y~, des Sung' (av. J.-C.
!08G–K;M) vivait une pieuse matrone avec ses deux ser-
vantes, fortement attirée le Pays vers
de la Connaissance.
Une des servantes dit un jour a sa compagne « Cette

nuit je passerai dans le Royaume d'Amita (Bouddha).» La


même nuit, une odeur délicieuse remplit la maison, et la

jeune servante mourut, sans que sa mort eût été précédée


d'aucune maladie. Le lendemain la survivante des domesti-

ques dit a sa maîtresse « Hier ma défunte compagne m'est


apparue en son~c, et m'a dit Grâce aux persévérantes
supplications de notre chère maîtresse, je suis devenue
une habitante du Paradis, et ma béatitude dépasse toute

expression. » La matrone répondit « Si elle m'apparaît

t. Max MnIIcr. ~MdJ/< Pz~rtm~.


2 Hcrim Academy of Science?, année !84o.
ISIS DÉVOILÉE 435

a moi aussi, je croirai tout ce que vous me dites. » La nuit


suivante la défunte lui apparut réellement. La dame lui
demanda: «Pourrai-je une fois Pays de la Con-
visiter le
naissance ? « Oui, répondit l'âme bienheureuse, tu n'as

qu'a suivre ta servante. » La dame la suivit (en songe), et


bientôt elle aperçut un lac d'une étendue incommensurable,
tout parsemé d'innombrables fleurs de lotus routes et
blanches, de diiférentes grandeurs, les unes épanouies et
les autres se flétrissant. Elle demanda ce que pouvaient si-
gnifier ces Heurs? La jeune fille répondit Ce sont les
êtres humains vivant sur la terre dont les pensées sont
tournées vers le Pays Je la Connaissance. Le premier ar-
dent désir d'entrer :tu Paradis d'Amita donne naissance a
une fleur dans le céleste lac, et cette fleur devient chaque
jour plus grande et plus glorieuse, a mesure que grandit
le progrés de la personne qu'elle représente dans le cas
contraire, elle perd sont éclat, et se fane ~t). La matrone
voulut connaître le nom d'un bienheureux qui reposait sur
une des Heurs, couvert d'un vêtement nottant d'un mer-
veilleux éclat. Sa complaisante tille répondit. :« C'est Yang-
Kie Elle demanda ensuite le nom d'un autre, et il lui
fut répondu C est Mahou. La dame dit alors « En quel
lieu serai-je après mon entrée dans 1 nouvelle existence?~
L'âme bienheureuse la conduisit alors un peu plus loin, et
lui montra une colline qui resplendissait d'azur et dor.
« Voici, lui dit-elle, votre futur séjour. Vous appartiendrez
au premier ordre des bienheureux. » Lorsque la matrone
se réveilla, elle envoya demander des nouvelles de Yang-
Kie et de Mahou. Le premier était déjà décédé l'autre
était encore vivant et en bonne santé. C'est ainsi que la

L'~ c'nct Ynlc fait an -uj.t.dn :rt\ci-.me Chtn..i- un- remarque


q)te' u"sci~ns volontiers pour sa !bl~ franchise <t l'Jn !S'7!.rfit-i!c
vis dans HondSf.r~ct une exposttnn de dessins ic soi-(ii<a:tt.f<)'r[ts.c'cst.-
¡j.di: d.: Je~sin" l'x("c.:ul~s par ua ml:Jium ~~us uac i[dltll~:lc.:e dra¡¡¡;t:rc
et i[!si';tc. Un -rrand nombre d~ c'~s j''rodncti"ns cxtr.x'r'dinat-cs.car
cUe'- ctnifnt incnn'~st.abtt'ment. c~trar-rdimir~c). ~v.ii~nt la pret.entton
de represeater
repr.:sealel' le., était
tes t1CUI'S spu'tt':e!5
SpiI'il::c.'Ilt-s d<'
d,' tcttc';
tclics ''u
tiu en~s en substance et
1)ers,~iines
l'cxpttcat.ion qui en que celle dans le cat.a!o;.rue cLait. en substance
cxac'cmc'it- Or, mémo que ceUe qui était, indiquée dans te texte du livre
de Schott. Or.i! est extrêmement peu probahte que l'artiste ait eu con-
naissance des ~M!/s de Schott. et par conséquent !a coïncidence était
certainement frappante. ..Le f.f'['re de .Marro rofo, vul. I. p. 444.)
i36 ISIS DÉVOILÉE

dame apprit que l'âme de celui qui progresse en sainteté et


ne retourne jamais en arrière, peut déjà habiter le Pays
de la Connaissance, même lorsque le corps séjourne encore
dans ce monde transitoire.
Le même Essai donne la traduction d'une autre histoire
chinoise tendant aux mêmes fins. « J'ai connu un homme
dit l'auteur, « qui durant sa vie avait tué beaucoup d êtres
vivants, et qui fut enfin attaque frappéd'apoplexie. d'une
Les peines qui étaient a son âme réservées
chargée de pé-
chés me navraient le cœur; je lui rendis visite, et l'exhor-
tai a invoquer Amita mais il refusa obstinément. Son
mal avait obscurci son intelligence et par suite de ses mé-
faits son cœur s'était endurci. Qu'y avait-il devant cet
homme, une fois qu'il eut fermé les yeux? Dans cette vie,
la nuit succède au jour, et l'hiver a l'été cela, tout le
monde le sait. Mais que cette vie soit suivie de la mort,
voila a quoi personne ne songe Oh étrange aveuglement,
et obstination (P. 93.)
Ces deux spécimens de la littérature chu .oise sont peu de
nature a confirmer l'accusation habituelle d'irréligion et
de matérialisme absolu, portée contre cette nation. La pre-
mière historiette mystique est pleine de charme spirituel.
et ferait honneur a n'importe quel livre religieux Chrétien.
La seconde est aussi digne d'éloges, et nous n'aurions qu'a
remplacer Amita par Jésus, pour avoir un récit parfaite-
ment orthodoxe, au point de vue des sentiments reli-

gieux et du code de moralité philosophique. L'exemple


suivant est encore plus frappant, et nous le citons a l'in-
tention des chrétiens qui croient a la résurrection
< Hoang-ta-tie, de T anchcn, qui vivait sous les Sung.
exerçait la profession de forgeron. Il invoquait sans cesse
pendant son travail le nom d'Amita Bouddha. Un jour il
remit à un voisin les vers suivants de sa composition, pour
être publiés

Ding, don~ Les coups de marteau tombent drus et serrés


Jusqu'à ce que le fer se soit transformé enfin en acier.
Le lon~, lon~ jour du repos va poindre.
Et la Terre de ~'A~crn~ Bonheur m'appelle.
ISIS DHVOtLÉE 437

Puis il mourut. Mais ses vers circulèrent partout dans


Honan, et bien des gens apprirent à invoquer le Boud-
dha (1).
Contester aux Chinois ou a tout autre peuple de l'Asie,
Centrale, Haute ou Basse, la possession de connaissances
ou même de perceptions des choses spirituelles, est chose
parfaitement ridicule. D'un bout à l'autre, cette contrée
est remplie de dephilosophes religieux, de
mystiques,
saints Bouddhistes et de magiciens. La croyance en un
monde spirituel, rempli d'êtres invisibles, qui, dans certai-
nes circonstances, apparaissent objectivement aux mortels,
y est universelle. < Conformément a la croyance des nations
de l'Asie Centrale », fait observer I. J.Schmidt,« la terre
et son intérieur, aussi bien l'atmosphère qui l'envi-
que
ronne, sont remplis d'êtres spirituels, qui exercent une in-
fluence, en partie bienfaisante et en partie mauvaise, sur
tout l'ensemble de la nature organique et inorganique. Les
déserts et autres étendues de terrains sauvages et inhabi-
tés ou les réglons dans lesquelles la nature déploie ses
influences sur une échelle gigantesque et sont terrifiante
spécialement considérés comme les principaux lieux de sé-
jour et de rendez-vous des mauvais esprits. C'est pour cela
que les steppes de Turan. et, tout particulièrement, le
grand Désert de Sable de Gobi ont toujours passé pour le
séjour d'êtres malfaisants, depuis les temps de l'antiquité
la plus reculée ».
Marco Polo, comme de raison, fait plus d'une fois men-
tion dans son curieux livre de Voyages, esprits es- de ces

piègles de la nature dans les déserts. Pendant des siècles,


et surtout au siècle dernier on n'a ajouté aucune foi à ses
histoires étranges. Personne ne voulait le croire, lorsqu'il
affirmait avoir vu de ses propres yeux, et à plusieurs re-
prises, les faits les plus étonnants accomplis par des su-
jets de Kublaï-Khan et des adeptes des autres pays. A son
lit de mort, Marco fut vivement pressé de rétracter ses
prétendus mpnsonges, mais il jura solennellement que ce
qu'il avait dit était la vérité, en ajoutant qu'il n'avait même
pas raconté la moitié des choses qu'il avait vues. Nul au-

1. Schott. Essay on Buddhism.


i38 ISIS DÉVOÏLÉE

jourd'hui ne doute qu'il n'ait dit la vérité, depuis qu'on L


paru l'édition de Marsden et celle du colonel Yule. Le pu-
blic est spécialement redevable à ce dernier d'avoir mis en
lumière les autorités qui confirment le témoignage de Marco,
et d'avoir expliqué quelques-uns des phénomènes de la
façon habituelle, car il montre, de manière a rendre la
chose incontestable, que le grand voyageur était non seu-
lement un écrivain véridique, mais encore un éminent ob-
servateur. Prenant chaudement la défense de son auteur,
le consciencieux éditeur, après avoir énuméré plus d'un

point jusqu'à présent discuté et même rejeté dans les

Voyages du Vénitien, conclut en disant « Bien plus en-


core, les deux dcrnières années
apporté une ont promesse
de lumière même sur ce qui paraissait la plus étrange des
histoires de ~larco Polo, et le squelette d'un véritable
ROUC de la Nouvelle-Zélande sont exposés sur la table
du laboratoire du professeur Owen (1).
L oiseau monstrueux des A/C c/ ne .V~ ou de la

J/y~Ao/c .4 r< ainsi que Webster appelle le TPo~r ou


ROC, a été reconnu et identifié il reste maintenant, dans
l'ordre des faits, a ~ro~r/r et a reconnaître que la lampe
magique d'Aladin a aussi certains titres a la réalité.
Dans la description de son passage a travers le grand
désert de Lop, Marco Polo parle d'une chose merveilleuse,
« qui est que lorsque les voyageurs sont en marche pen-
dant la nuit, ils entendent parler des esprits. Quelquefois
les esprits les appellent par leurs noms, et même dans le

jour on les entend, parfois, parler. On entend quelquefois le


son d une variété d'instruments de musique, et plus sou-
vent encore le bruit des tambours » (2).
Dans ses notes, le traducteur cite l'historien chinois
Mat\vanIIn qui confirme ces faits. « Durant la traversée de
cette solitude, dit Mat~vanlin, on entend des bruits, quel-
quefois de chants, quelquefois de gémissements et il est
souvent arrivé a des voyageurs, s'écartant pour voir ce que
ces bruits pouvaient être, de s'égarer de leur route et de
se perdre complètement car c'étaient les voix des esprits

1. Le ~yre de Ser -~farco Polo, vol I, préface de la deuxième édition,


P. VIII.
2. Ibid., vol. p. 203.
ISIS DÉVOILÉE i39

et des lutins (1). « Ces lutins ne sont pas spéciaux au dé-


sert de Gobi ajoute l'éditeur, <( bien qu'ils paraissent le
hanter de préférence.~ /crrcur <yM'/n.9/)/re H/ï ~c désert
solitaire /c.s /'<7 .<?M/r ~/n.'< /OM~ les /ora/J.s sembla-
&/6S.
Le colonel Yulc aurait dû examiner la possibilité de sé-
rieuses conséquences qui pourraient suite de survenir par
1 acceptation de sa théorie. Si nous admettons que les gémis-
sements fantastiques du Gobi sont dus a la ~rre~r inspi-
rée par un vaste et solitaire désert, pourquoi les démons des
Gad~'rénicns (St Luc, VIII, 29) seraient-ils l'objet d'une
plus grande considération ? Et pourquoi refuserait-on d'ad-
mettre que Jésus aurait été trompé par son tentateur pen-
dant les quarante jours d'épreuves dans le désert ? Nous
sommes tout disposés a admettre ou a repousser la théorie
émise par le colonel Yule, mais nous insisterons pour qu'on
l'applique impartialement a tous les cas. Pline parle de
fantômes qui
apparaissent et disparaissent dans les déserts
de l'Afrique (~), ~Ethicus, le cosmographe chrétien des pre-
miers siccles, fait mention, tout en se montrant incrédule
a leur égard, d'histoires dans lesquelles il était dit que l'on
entendait des voix de chanteurs et de gais convives dans
le désert et Mas'udi parle de ~/OM~ qui, dans les déserts,
apparaissent aux voyageurs la nuit aux heures solitaires, et
aussi d'Apollonius de Tyane et de ses
compagnons qui,
dans un désert près de l'Indus, au clair de lune, virent
une c/7ï/)~ ou ~o.c, revêtant diverses formes. Ils l'inju-
rièrent, et elle s'enfuit enpoussant des cris aigus (3;. Ibn
Batuta rapporte une légende semblable du Sahara Occiden-
tal « Si le messager est seul, les démons courent avec lui
et le fascinent, de telle sorte s'égare qu'ilet périt (4). Or,
si toutes ces choses sont susceptibles d'une explication rai-
sonnable, et nous n'en doutons pas pour ce qui est du plus
grand nombre des cas, les diables de la Bible dans les so-
litudes, ne méritent pas plus de considération et doivent
être soumis aux mêmes règles. Ils sont, eux aussi, des

1. Vt.xde~o~. p. i30.
2. Pline, VU, 2.
3. P/a~r~e, livre II, chap. IV.
4. Ibid., livre IV, p. 382. Livre de Ser .Marco Polo, vol. I, p. 206.
i40 ISIS DÉVOILÉE

créatures de la terreur, de l'imagination et de la supersli-


lion par conséquent les récits de la Bible doivent être
faux et si un seul verset est faux, un doute est jeté sur les

prétentions de tout le reste tenu à être


pour une révélation
divine. Une fois cela admis, cette collection de documents

canoniques est au moins aussi accessible à la critique que


tout autre livre d'histoire (t).
Il y a beaucoup d'endroits dans le monde, où les phéno-
mènes les plus étranges ont été le résultat de ce qu'on a
reconnu, plus tard, avoir été des causes physiques natu-
relles. Il y a certains endroits, sur le bord de la mer dans
le Sud de la Californie où le sable, lorsqu'on le remue, pro-
duit un puissant son musical. Il est désigné sous le nom de
sable musical, et l'on suppose que le phénomène est de
nature électrique. « Le son des instruments de musique, et

particulièrement celui des tambours est un phénomène d'un


autre ordre, et il est réellement produit dans certains cas
dans les dunes, lorsqu'on remue le sable », dit l'éditeur de
Marco Polo. < Un récit saisissant d un phénomène de ce

genre, considéré comme surnaturel, est donné par le frère


Odoric, dont j'ai vérifié l'expérience dans le Reg Ruwan, ou
sable mouvant au Nord de Caboul. Outre cet exemple cé-
lèbre, j ai également remarqué celui bien connu de .&a/
.Y~A'/rs ou colline de la Cloche, dans le désert du SInaï et
celui de Gibal-ul-Thabul ou colline des Tambours. Un récit
chinois du x* siècle mentionne ce phénomène comme ayant
élé observé près de K\vachau, sur la lisière orientale du
désert de Lop, sous le nom de Sables chantants (2).

1. H y a de pi~ux critiques qui contestent au monde le même droit de


j::yer la Bible d'n~rès les d'-ducH 'ns de la tonique que tout autre livre.
La science exacte eHc-meme doit s'incHner devant cet arrêt Dans le pa-
ragraphe final d un article consacré à démolir entièrement la chronologie
du baron Bunsen qui ne concorde pas tout à fait avec ceHc de la Bible,
un écrivain s'écrie < Le but que nous nous sommes propose est com-
ptètcment atteint. Nous avons taché de repousser les accusations du
chevalier Hunsen contre l'inspiration de la Bible, en nous plaçant sur
son propre terrain. Un Hvrc inspiré ne peut jamais dans l'expression de
ses propres enseignements, ou par renonciation de ses récits, attester
un fait faux ou Fin'erprt-ter par ignorance soit en matière d histoire ou
de doctrine. S'il était capable d'a~es/er un seul fait erroné qui ajouterait
roi a l'évidence des autres. Journal of Sacred .L~era~ure, oct. 1859,
p. 70.~
Remusat. TTt~otre cfu ~o~aft,p. *i..Varco Polo, vol. I, p. 206.
ISIS DÉVO!LÉE 441

Que tous ces phénomènes soient parfaitement naturels,


c'est ce dont ne doute. Mais
personne que faut-il penser des
questions et des réponses clairement et distinctement fai-
tes et reçues ? Que penser des conversations soutenues
entre certains voyageurs et les esprits invisibles ou êtres
inconnus, qui parfois apparaissent sous des formes tangibles
a des caravanes entières ? Si des millions d'hommes croient
possible que des esprits se matérialisent, derrière le rideau
d'un médium, et apparaissent au cours de la séance, pour-
quoi rejetteraient-ils la même possibilité chez les esprits
élémentaux des déserts? C'est le ~o 6c or no/ /o bc de Ham-
let. Si les « esprits )> sont capables de faire tout ce que les
spirites leur attribuent, pourquoi ne pourraient-ils pas ap-
paraître également au voyageur dans les déserts et les so-
litudes ? Un récent article scientifique dans un journal russe
attribuer /ï écho ces sortes de voix d'esprits dans le grand
désert de Gobi. Une explication très raisonnable en vérité

que celle-là, si l'on pouvait seulement démontrer que ces


voix ne font simplement que répéter ce qui a déjà été dit
par une personne vivante Mais lorsque le voyageur supers-
titieux obtient des réponses intelligentes aux questions
qu'il pose, ce soi-disant écho de Gobi fait tout de suite
preuve d'une très proche parenté avec l'écho du théâtre de
la Porte Saint-Martin a Paris. « Comment vous portez-vous,
monsieur ? » s'écrie un acteur dans une pièce « Pas trop
bien, mon fils, merci, je vieillis beaucoup, beaucoup », ré-
pond poliment l'écho
Quelle gaieté incrédule doit avoir provoqué pendant des
siècles les récits de Marco Polo, touchant les dons surnatu-
rels de certains charmeurs requinsde et de bêtes féroces
de l'Inde, qu'il appelle .-l&ra/a/Tïon 1 En faisant la descrip-
tion de la pêche des perles à Ceyian, telle qu'on la prati-

quait en ce temps-là, il dit que les marchands étaient obli-

gés de donner aussi aux hommes qui cAar/7!e/ les grands


poissons, la vingtième partie de tout ce qu'ils prenaient afin
de les empêcher de faire du mal aux plongeurs, pendant
qu'ils sont sous l'eau à chercher les perles. Ces charmeurs
de poissons sont nommés Abraiaman (Brahman ?), et leur
charme n'avait d'effet que pendant un seul jour, car à la
nuit ils défaisaient leur charme, de sorte que les poissons
442 ISIS DÉVOILÉE

pouvaient faire du mal à leur gré. Ces Abraiaman connais-


sent aussi le moyen de charmer les bêtes et les oiseaux, et
tout être vivant.
Et voici ce que nous trouvons dans les notes explicatives
du colonel Yule, relativement a cette dégradante <( supers-
tion » Asiatique « La relation de la pcchc des perles, faite

par Marco, est encore exacte en substance. Aux mines de


diamant des Circars du Nord, les Brahmanes sont employés
d'une manière analogue, pour se rendre propices les génies
tutélaires. Les charmeurs de requins sontappelés en Tamil,
A~o<Acf//z. lieurs de mer, et en hindoustani /6a/7f/~
ou lieurs de requins. » A Aripo, ils
appartiennent a une
fa-nillc qui possède, croit-on, le monopole du charme (1).
Le principal opérateur est ou était il y n'a pas longtemps)
payé par le
~/o~'e/e/7!C/ et lui aussi recevait journelle-
ment dix
huîtres par chaque bateau, pendant la durée de
la pêche. Tennent, dans sa visite, trouva que celui qui rem-
plissait cette fonction était un C~'J~M C~o/e Po-
main (?) mais que cela ne paraissait en aucune façon por-
ter atteinte à la validité de son emploi. 11 est curieux

qu'on n'ait constaté officiellement qu'un seul accident occa-


sionné par
requins, les pendant toute la durée de l'occupa-
tion anglaise (~).
Il y a deux choses a relever dans les
indiqués au
faits
paragraphe précédent, savoir 1" Le gouvernement Britan-

nique paye un salaire a des charmeurs de requins de pro-


fession, pour l'exercice de leur art et 2° Une seule existence
a été perdue depuis la signature du contrat. (Il reste à sa-
voir si cet accident n'est t pas survenu pendant le temps
d'exercice du sorcier catholique.) Prétendra-t-on que le sa-
laire est payé comme concession
dégradante supersti- à la
tion des indigènes ? Soit mais que dira-t-on a propos des
requins ? Reçoivent-ils eux aussi, un salaire des autorités
anglaises prélevé sur les fonds secrets ? Tous ceux qui ont
visité Ceyian savent que les eaux des côtes des pêcheries
de perles abondent en requins de l'espèce la plus vorace, et

t. Comme les Psylli uu charmeurs de serpents de Libye, dont la fa-


culté est héréditaire.
2. Ser .Marco Polo. vol. II, p. 32t.
ISIS DÉVOILÉE 443

qu'il est même dangereux de s'y baigner, et à plus forte


raison d'y plonger pour chercher des huîtres. Nous pour-
rions aller plus loin encore, et donner les noms des fonc-
tionnaires Anglais du plus haut rang, au service des Indes,
qui, après avoir eu recours aux magiciens et aux sorciers

indigènes pour retrouver des objets perdus, ou pour démê-


ler des mystères vexatoires de différente nature; leurs efforts
ayant été couronnes de succès, ils en ont exprimé secrète-
ment leur gratitude, mais une fois partis, il ont fait preuve
d'une insigne lâcheté en niant publiquement devant l'Aréo-
page du monde la vérité de l'art magique, et en tournant
en ridicule la superstition hindoue.
II y a quelques années, une des pires superstitions parmi
les savants, était la croyance que le portrait du meurtrier
restait imprimé dans l'œil de la victime, et qu'il était aisé
de reconnaître ainsi l'assassin par l'examen la rétine. de
La « superstition » affirmait que la ressemblance était ren-
due encore plus frappante en soumettant la personne assas-
sinée a certaines fumigations de bonne femme, et autres
niaiseries. Or. voila qu'aujourd'hui un journal américain,
dans son numéro du t6 mars 1877, dit « II y a quelques
années, l'attention fut attirée par une théorie qui soute-
nait que le dernier effort de la vision se matérialisait et
restait imprimé sur la rétine de l'œil après la mort. Cela a
été démontré comme un fait réel par une expérience faite,
en présence du D~ Gamgee de Birmingham (Angleterre) et
du professeur Bunsen, sur un lapin vivant. Le moyen
adopté pour prouver la vérité de la théorie fut fort simple
l'animal ayant été placé près d'une ouverture dans un volet
les yeux en conservèrent la forme après que l'animal eut
été tué.
Si, du pays de l'idolâtrie, de l'ignorance et de la
supers-
tition, ainsi que certains missionnaires désignent l'Inde,
nous nous tournons du côté du soi-disant centre de la civi-
lisation, Paris, nous trouvons les mêmes principes de ma-

gie mis en pratique sous le nom de spiritisme occulte.


L'honorable John L. 0' Sullivan, ex-ministre plénipoten-
tiaire des États-Unis au Portugal, nous fournit obligeam-
ment les détails étranges d'une séance semi-magique, à
laquelle il a assisté avec quelques personnes éminentes de
4i4 ISIS DÉVOILÉE

Paris. Nous publions intégralement sa lettre avec son auto-


risation.

New-York, 7 février 4877.

« J'accueille volontiers votre demande d'une relation


écrite de ce que je vous ai rapporté de vive voix, au sujet
de ce dont j'ai été témoin à Paris, l'été dernier, dans la
maison d'un très respectable docteur en médecine dont je
ne suis
pas autorisé à révéler le nom, mais que, suivant la
mode française en fait d'anonymie, j'appellerai le D~X.
« J'avais été présenté dans la maison par un Anglais de
mes amis, bien connu dans les cercles spirites de Londres,
M.Gledstanes. Environ huit ou dix autres visiteurs des deux
sexes étaient
présents. Nous étions assis dans des fauteuils

occupant la moitié d'un long salon, devant un vaste jardin.


Dans l'autre moitié de la pièce il y avait un grand piano,
un grand espace libre entre lui et nous, et deux fauteuils
dans cet espace, évidemment placés la pour être occupés
par d'autres
personnes. Une porte tout auprès s'ouvrait sur
les autres pièces de l'appartement.
« Le D' X. entra, et nous parla pendant environ vingt
minutes avec l'éloquence rapide et véhémente des Français,
que je n'entreprendrai point de reproduire. Il avait pendant
plus de vingt ans, nous dit-il, étudié les mystères occultes
dont il allait nous montrer quelques phénomènes. Son but
était d'attirer ses confrères du monde savant, mais peu ou
point d'entre eux n'étaient venus voir par eux-mêmes. Il
avait l'intention de publier sous peu un livre. Il amena en-
suite deux dames, la plus jeune des deux était sa femme et
l'autre (que j'appellerai \I"" Y.: un médium ou sujet, avec

laquelle il avait travaillé pendant toute la période de ses


études, et qui de concert avec lui s'était dévouée et avait
sacrifié sa vie entière à cette entreprise. Les deux dames
avaient les yeux fermés et paraissaient être dans le som-
meil magnétique.
« Il les plaça aux deux extrémités du grand piano a

queue qui était fermé et il leur recommanda d'y poser les


mains. Bientôt des sons commencèrent à se faire entendre,
les cordes résonnèrent et produisirent des marches, le bruit
ISIS DÉVOILÉE i45

du galop des chevaux, celui des tambours, des trompettes


du feu de la mousqueterie, du canon, des cris, des gémis-
sements en un mot une &a~a~ Cela dura, pourrai-je
dire, de cinq à dix minutes.
« J'aurais dû dire qu'avant l'introduction des deux mé-
diums, j'avais écrit au crayon sur un petit morceau de

papier, sur l'invitation de M. Gledstanes qui avait assisté


auparavant à d'autres séances, les noms de trois objets con-
nus de moi seul, savoir le nom d'un compositeur de mu-
sique décédé, celui d'une fleur, et celui d'un gâteau. J'avais
choisi 7?ee/~ou~ la /Har~ucr//e, et un genre de gâteau
Français appelé /o/~&/c/ j'avais fait de mon papier un
petit rouleau que je gardai dans ma main, sans en laisser
connaître le contenu à personne.

Lorsque la bataille fut finie, le docteur plaça M°* Y.


dans l'un des deux fauteuils, M"" X. restant assise à part
d'un autre côté du salon, et je fus invité à remettre mon
papier roulé à M"" Y. Elle le tint sans l'ouvrir, entre ses doigts,
sur ses genoux. Elle était vêtue de mérinos blanc, la robe
tombant droit de son cou et retenue a la taille par une cein-
ture, et elle était placée en pleine lumière des candélabres
allumés a droite et à gauche. Après un moment, elle laissa
glisser à terre le petit rouleau que je m'empressaide papier,
de ramasser. Le docteur la fit
alor:. I~ver, et lui ordonna
de faire révocation du mort. Il retira les deux fauteuils, et
lui mit dans la main une baguette d'acier longue d'environ
quatre et demi à cinq pieds, et terminée à l'une des extré-
mités par une petite croix, le Tau Egyptien. Avec cette
baguette elle traça autour d'elle un cercle d'environ six
pieds de diamètre. Elle ne tenait pas la croix comme une
poignée, mais au contraire, c'est par l'autre bout qu'elle
tenait la baguette. Elle la rendit alors au D~ X. Elle
resta debout quelque temps, les bras baissés et les mains
croisées devant elle, sans mouvement, le regard fixé un peu
en haut, sur une des encoignures du salon qui lui faisait
face. Ses lèvres commencèrent à remuer, avec des sons
inarticulés, qui après un moment devinrent distincts et ar-
ticulés, se traduisant en courtes sentences ou phrases
entrecoupées, ressemblant à la récitation d'une litanie. Cer-
tains mots, paraissant des noms, revenaient de temps en
446 ISIS DÉVOILÉE

temps. Ils me semblaient avoir des consonnances semblables


à celles des langages de l'Orient que j'avais entendus. Son
visage était très grave et avait une grande mobilité d'expres-
sion, et parfois un froncement de sourcils. Je pense que
cela dura quinze à vingt minutes, au milieu d'un silence
et d'une immobilité complète de la part de l'assistance, qui
contemplait cette scène magique. Sa récitation parut croître
en véhémence et en rapidité. Enfin elle étendit un bras dans
la direction de son regard, et avec un grand éclat de voix,

presque un cri perçant, elle s'écria BEETiiovE~ 1 et elle


tomba a la renverse sur le parquet.
Le docteur s'empressa auprès d''elle~ fit quelques éner-

giques passes magnétiques sur son visage et son cou, et lui

plaça la tête et les épaules sur des coussins. Elle resta


étendue comme une personne malade et soufrante, pous-
sant par moments des gémissements, se retournant in-

quiète, etc. Une demi-heure à peu près s'écoula durant

laquelle elle parut


passer par toutes les phases d'une lente

agonie (c'était, me dit-on, la reproduction de la mort de


Beethoven). Il serait trop long de décrire la scène dans tous
ses détails, alors même que je me les rappellerais tous.Nous

regardions comme si nous assistions a une agonie réelle. Je


me contenterai de dire que son pouls cessa de battre que
l'on ne percevait plus aucun mouvement du cœur que ses
mains d'abord et ses bras ensuite devinrent froids, et qu'on
ne sentait plus qu'a peine une légère chaleur sous les
aisselles, qui à la fin se refroidirent aussi complètement
les pieds et les jambes se refroidirent également et gon-
flèrent d'une façon étonnante. Le docteur nous engagea tous
a nous approcher, et à constater cesphénomènes. La respi-
ration devint de plus en plus haletante et rare, et s'atfaiblit

par degrés. Enfin elle cessa; la tête se pencha de côté les


mains, dont les doigts se crispaient sur sa robe, se déten-
dirent aussi. Le docteur nous dit « maintenant elle est
morte », et elle le paraissait en effet.Avec une grande rapidité,
il prit (je ne sais où, ne l'ayant pas vu) deux petits serpents
qu'il parut placer sur son cou et dans son sein, tout en lui fai-
sant de larges passes transversales sur la tête et sur le cou.

Après un
moment, elle parut revenir lentement a la vie, et
enfin le docteur et deux domestiques la prirent et l'empor-
ISIS DÉVOILÉE 447

tèrent dans la chambre voisine, d'où il ne tarda pas à revenir.


Il nous dit que tout cela était très risqué, mais sans aucun

danger, pourvu que l'on ne perdît point de temps, car, sans


cela, la mort qui était réelle, nous dit-il, deviendrait défi-
nitive.
« Je n'ai pas besoin de dire l'effet que produisit cette
scène sur tous les spectateurs, pas plus que d'ajouter qu'il
ne s'agissait pas d'un truc de prestidigitateur payé pour
étonner les spectateurs. La scène se passait dans l'élégant
salon d'un honorable médecin, chez lequel il est impossible
de s'introduire sans être présenté, tandis qu'en dehors des

phénomènes eux-mêmes, mille détails indescriptibles de

langage, d'expressions, de manières et d'action, offrent ces


minutieuses garanties de sincérité et de gravité qui appor-
tent la conviction dans l'esprit de ceux qui en sont témoins,
bien qu'il soit possible de les transmettre à ceux qui seu-
lement l'entendent raconter ou qui en lisent le récit.
« Après un moment, M~° Y. rentra et s'assit sur l'un des
deux fauteuils, dont j'ai parlé plus haut, et je fus invité à

prendre place dans l'autre, a côté d'elle. Je tenais encore


a 1:~ main le petit rouleau depapier toujours fermé, dans
lequel avaient été écrits secrètement par moi, les trois mots
dont le nom de BecLhovcn était le premier. Elle resta quel-
ques minutes les mains ouvertes posées sur ses
genoux. Au
bout de
ce temps elles commencèrent à se remuer avec des
mouvements fébriles. « Ah, cela brûle, cela brûle 1 dit-
elle, et ses traits se contractèrent avec une expression de
souffrance. Quelques instants après elle leva l'une de
ses mains, qui tenait une marguerite, la fleur
que j'avais
indiquée comme mon deuxième mot. Je la reçus d'elle, et
après qu'elle eût été bien examinée par tout le reste de
l'assistance, je la conservai. Le D~ X. nous dit qu'elle
était d'une espèce inconnue dans cette
opi- partie du pays,
nion certainement erronée, car quelques jours après je vis
la pareille au marché aux fleurs de la Madeleine. Que la
fleur ait été créée dans ses mains, ou qu'elle fût tout sim-

plement un apport, comme dans le phénomène avec lequel


nous sommes familiarisés dans les expériences de Spiri-
tisme, c'est ce que je ne saurai dire. C'était l'un ou l'autre,
en tous cas, car elle ne l'avait certainement pas, au moment
4i8 ISIS DÉVOILÉE

où elle était assise a côté de moi en pleine lumière, avant


de la fleur. Celle-ci était parfaite de fraîcheur,
l'apparition
dans toutes les parties de ses délicats pétales.
« Le troisième mot que j'avais écrit sur le morceau de
était le nom d'un gâteau, ~/o/7!&~r< Elle com-
papier
mença a faire les mouvements d'une personne qui mange,
n'y eût aucun gâteau visible, et elle me demanda
quoiqu'il
si je ne voudrais pas aller avec elle a Plombières, le nom
du Ceci pourrait être tout sim-
gâteau que j'avais inscrit.
un cas de lecture mentale.
plement
A ceci succéda une scène
laquelle dans
M"" X., la femme
du docteur, fut, me dit-on, et je crois que ce fut le cas,
par l'esprit de Beethoven. Le docteur, en lui par-
possédée
lant, lui disait: Monsieur Beethoven. Elle ne fit pas attention,
ce nom très fort a son oreille.
tant qu II n'eût pas prononcé
Alors~ elle répondit en faisant des salutations polies. (Vous
vous rappeler que Beethoven était extrêmement
pouvez
sourd.) Après une courte conversation, il lui demanda de
et elle s'assit au piano, et exécuta magnifiquement
jouer,
quelques morceaux connus de ce compositeur, et dus impro-
visations les assistants, en général, jugèrent dans le
que
style du
compositeur. J'ai appris plus tard, d'une dame
amie de M°" X., que, dans son état normal, elle est une

planiste amateur très ordinaire. Après une demi-heure de

musique et de dialogue, toujours dans le rôle de Beethoven,

auquel son visage, dans l'expression de physionomie, et sa


chevelure tombante la faisaient ressembler d'une façon
étrange, le docteur mit dans sa main du papier et un crayon,
et la pria d'esquisser le portrait de la personne qu'elle
voyait devant elle. Elle produisit très rapidement un cro-

quis de profil d'une tête et d'une figure ressemblant aux


bustes de Beethoven, bien que rajeuni et elle traça rapi-
dement au-dessous, en guise de signature, le nom de Bee-
thoven. J'ai conservé l'esquisse je ne puis dire toutefois
si l'écriture de cette signature correspond a celle du célèbre

compositeur.
« II se faisait tard, et la société se sépara je n'eus pas
le temps d'interroger le D' X. sur ce que nous venions
de voir. Mais je lui rendis visite avec M. Glcdstanes quel-
ques jours plus tard. J'appris la qu'il admet l'action des
ISIS DÉVOILÉE 449

esprits, qu'il est spirite, et aussi quelque chose de bien plus


que cela, ayant étudie longtemps et profondément les mys-
tères occultes de l'Orient. C'est compris ce que j'ai de ses
paroles, quoiqu'il préférât nous renvoyer à son livre, qu'il
publiera probablement avant la fin de l'année courante. Je
remarquai quantité de feuilles éparscs sur une table, toutes
chargées de caractères Orientaux qui me sont inconnus,
œuvre de M°" Y. endormie, me dit-il en réponse à ma
question à ce sujet. Il nous dit que dans la scène à laquelle
nous avions assisté, elle était devenue (c'est-à-dire, je pré-
sume, qu'elle était possédée par) une /)/'cVr6'.s~c des
~/ïc/<s /< /3/c/<~ et que l'origine de cette trans-
formation était la suivante un savant de ses amis avait

acquis en Egypte la momie d'une prêtresse, et lui avait


fait cadeau de quelques-unes des bandelettes qui enve-

loppaient le corps et c'est du contact de cette étoile,


vieille de ~.OOOa ans, de son existence
~.000 entière vouée a
cette relation occulte et de vingt années de retraite loin du
monde, que son médium, la sensible M°" Y. avait acquis
les facultés dont nous avions été témoins. Le langage que
je lui avais entendu employer était le langage sacré des
temples, dans lequel elle avait été instruite, non point tant

par inspiration que par les moyens que nous employons


actuellement pour l'étude des langues, les dictées. les exer-
cices écrits, etc. Elle
était même grondée et punie lors-

qu'elle se montrait paresseuse ou lente. Il nous dit que


Jacolliot l'avait entendue dans une séance semblable, et

qu'il avait reconnu des consonnances et des mots du langage


sacré le plus ancien, tel qu'il est conservé dans les temples
de l'Inde, antérieure, si j'ai bonne mémoire, à l'époque du
sanscrit.
« En ce qui concerne les serpents
qu'il avait employés
dans l'opération si hâtive du rappel a la vie, ouplutôt peut-
être celle d'empêcher la mort de faire son œuvre, il nous
dit qu'il y avait un mystère étrange dans la relation de ces
animaux avec les phénomènes de la vie et de la mort. Je

compris que leur emploi était indispensable. On avait aussi


insisté sur notre silence et inaction absolus pendant toute
la durée de la séance, et il repoussait d'un ton péremptoire
et irrité toute question qui lui était adressée à ce moment.

VOL. M 29
450 ISIS DÉVOILÉE

On pouvait le voir et lui parler après ou attendre la publi-


cation de son livre, mais seul, pendant les séances, il avait
le droit de parler, droit dont il usait avec une grande volu-
bilité, avec toute l'éloquence et la précision de diction d'un
Français chez lequel se trouvent combinées la culture des
sciences et une vive imagination.
« J'avais l'intention de revenir a une des soirées suivan-
tes, mais
j'appris de M. Gledstanos qu'il y avait renoncé
pour le moment, dégoûte de son insuccès a obtenir la pré-
sence de ses confrères et des hommes de science, pour assis-
ter a ce qu'il se proposait de leur faire voir.
« A part quelques détails sans intérêt, voila a peu près
tout ce que je puis me souvenir de cette étrange soirée ma-
gique. Je vous ai donne confidentiellement le nom et l'adresse
du D~ X. parce qu il paraît avoir avancé plus ou moins
dans la même voie que vous poursuivez dans les études de
votre Société Théosophique. A part cela je suis tenu de gar-
der ce nom secret, n étant pas autorisé par lui a m'en servir
d'une façon quelconque dans le but de le publier.
« Je suis très respectueusement votre ami et obéissant
serviteur

« J.-L. O'SULUVA~.

Dans ce cas hitércssant, le simple spiritisme s'est élevé


au-dessus de sa routine et a empiété sur les limites de la

magie. Les caractères de la médiumnit.é s'y retrouvent dans


la double existence menée par la sensitive M*°° Y., dans la-

quelle elle a une vie entièrement distincte de sa vie nor-


male et en raison de la subordination de son individualité
à une volonté étrangère, elle devient par permutation une
prêtresse d'Egypte il en est de même dans sa pcrs~nnii!-
cation de l'esprit de Beethoven, et dans l'état insconscient et
cataleptique dans lequel elle est plongée. D'autre part, !a

puissance de volonté déployée par le D~ X. sur son sujet,


le tracé du cercle mystique, les évocations, la matérialisa-
tion de la fleur demandée, la réclusion et Féducation de
M"" Y., l'emploi de la baguette et sa forme, la création et
l'emploi des serpents, l'empire évidemment exercé sur les
forces astrales, toutes ces choses, en un mot, appartiennent
a la magie. De pareilles expériences sont pleines d'intérêt
ISIS DÉVOILÉE i5!

et de valeur pour la science, mais elles se prêtent aux abus,


entre les mains de praticiens moins consciencieux que 1 émi-
nent gentleman, désigné sous le nom de D' X. Un vrai
cabalistc Oriental ne conseillerait pas de les renouveler.
Des sphères inconnues sous nos pieds, des sphères encore

plus inconnues et plus inexplorées encore au-dessus de nous,


entre les deux, une poignée de pigrnécs aveugles a la grande
lumière divine et sourdes aux murmures du monde invisi-
ble, mais se vannant de guider 1 humanité. Où? Au progrès
à ce qu c!!es prétendent, mais nous avons le droit d'en dou-
ter. Le plus grand de nos physiologistes, si on le place u.
coté d'un i'dr hindou, qui ne sait ni lire ni écrire, sera
forcé d'admettre qu'il est aussi ignorant qu'un écolicr qui a
négligé d'apprendre sa leron. Ce n'est pas en vivisectant des
animaux vivants, qu'un physiologiste s assurera de 1 exis-
tence de l'âme humaine et ce n'est pas a la pointe du scal-

pel qu'il la reLirera du corps humain. Comment l'homme


sain d esprit. demande M. Sergeant Cox, le président de la
Société Psychologique de Londres « ne connaissant rien du
magnétisme ou de la physiologie, n'ayant jamais assisté à
une expérience spinte ou étudié ses principes.. voudrait-il
passer pour un insensé, en niant les faits et en condamnant
la théorie? » La réponse sincère a cette question devrait
être « Les deux tiers de nos savants modernes sont dans
ce cas. L'impertinence, si la vérité est
jamais impertinente,
doit être laissée a la responsabilité d~ celui qui l'a énoncée,
un savant du petit nombre de ceux qui ont assez de cou-
rage et d'honnêteté dire de salutaires
pour véritésquelquc désa-
gréable qu'elles puissent, être. » Et il n'y a pas a se méprendre
sur la portée réeUe de 1 imputation, car immédiatement après
l'irrévérencieuse question, le savant conférencier souligne
la remarque suivante «~ Le chimiste prend à l'électricien
son électricit.é, le physiologiste se tour.i- du côté du géo-
logue pour ce qui a trait a la géologie, et chacun d'eux con-
sidérerait comme une impertinence de la part de l'autre, s'il
prononçait un jugement dans la branche de connaissances

qui lui est propre. Il est donc étrange, mais aussi vrai
qu'étrange, que l'on mette entièrement de coté cette règle
rai.ionnellc de conduite, lorsqu'il s'agit de la psychologie.
Les ~a/ /)/c/<?~ se c/'o/e~ compétents /?OM/' pro-
452 ISIS DÉVOILÉE

noncer uny~e/nen~ dogmatique sur la psychologie e/ tout


ce qui la concerne sans voir vu un seul de ses phénomènes,
et dans l'ignorance complète de ses principes et de sa jor~-

~MC (1).
Nous avons le sincère espoir que les deux éminents bio-

logistes, M. Mendeleyeif de Saint-Pétersbourg et M. Ray


Lankester de Londres, se
comporteront sous ce coup aussi
bravement que leurs victimes vivantes, lorsqu'elles palpi-
tent sous leurs scalpels de dissection.
Pour qu'une croyance soit devenue universelle, il faut

qu'elle ait été fondée sur une immense accumulation de


faits, tendant a la confirmer et à la fortifier, d'une généra-
tion a l'autre. En tête de ces sortes de croyances, figure la

magie, ou si on le préfère, la psychologie occulte. est Quel


celui parmi ceux qui reconnaissent son incroyable puissance
même si on ne juge pas ses effets faibles et a moitié paraly-
sés dans nos pays civilisés, qui refusera de croire aux as-
sertions de Porphyre et de Proclus, que même des objets
inanimés tels que des statues de dieux, peuvent être mis en
mouvement et manifester pendant quelques instants des
symptômes d'une vie factice ? Qui se fait fort de le démen-
tir' ? Sout-ce ceux qui journellement attestent parleur signa-
ture qu'ils ont vu des tables des et
sièges se mouvoir et
marcher, des crayons écrire, sans contact? Dio~ènc Laërce
nous parle d'un certain philosophe, Stilpo, qui fut exilé
d'Athènes par l'Aréopage, pour avoir osé nier publiquement

que la Minerve de Phidias était autre chose qu'un bloc de


marbre. Mais notre siècle
après avoir actuel, les an- mimé
ciens dans toutes choses et jusque dans leurs dénominations,
telles que Sénats, préfets et consuls, etc. après avoir admis

que Napoléon le Grand a conquis les trois quarts de l'Eu-


rope en appliquant les principes de l'art de la guerre ensei-
gnés par César et Alexandre, ce siècle, disons-nous, se
croit tellement supérieur a ses précepteurs pour ce qui a
trait a la psychologie, qu'il serait capable d envoyer a Cha-
renton tous ceux qui croient aux tables tournantes.
Quoi qu'il en soit, la religion des anciens esl la rc/o~
de l'avenir. Encore quelques siècles, et il n'y aura plus de

]. The S~t'r~ua~, London, nov. 10, 1876.


ISIS DÉVOILÉE 453

croyances sectaires dans aucune des


grandes religions de
l'humanité. Le Brahmanisme et le Bouddhisme, le Chris-
tianisme et le Mahométisme disparaîtront tous devant la

puissante poussée des fails. « Je répandrai mon esprit sur


toute chair écrit le prophète Joël. « En vérité je vous le
dis, vous accomplirez de plus grandes choses que celles-ci

promet Jésus. Mais cela ne pourra avoir lieu que lorsque le


monde reviendraa la grande religion du passé; la connais-
sance de ces majestueux systèmes qui ont précédé de beau-

coup le Brahmanisme, et même le monothéisme primitif


des anciens Chaldéens. En attendant rappelons-nous les
effets directs du mystère révélé. Les seuls moyens à l'aide

desquels les savants de l'antiquité parvenaient à


prêtres
inculquer dans l'esprit obtus des masses l'idée de Toute-

puissance de la ro/on/e créatrice ou CAUSE PREMIÈRE, étaient


l'animation divine de la matière inerte l'âme infusée en
elle par la puissante volonté de L'no~~E, l'image microsco-

pique du grand Architecte, et le transport d'objets lourds a


travers l'espace et les obstacles matériels.

Pourquoi par exemple le pieux catholique romain se dé-


tournerait-il avec répugnance des pratiques païennes des
Tamils hindous? I! y a des personnes qui ont contemplé
le miracle de saint Janvier dans la bonne ville de Naples,
et nous avons vu la même chose dans l'Inde. Où donc est la
différence '? On fait bouillir et fumer dans sa fiole de cristal
la sang coagulé du saint catholique pour la plus grande
satisfaction des lazzaroni et de sa châsse précieuse, l'image
du martyr prodigue ses gracieux sourires et ses bénédic-
tions sur la congrégation chrétienne. côté,D'unune autre
boule de terre remplie d'eau est pressée dans la poi-
glaise
secoue
trine ouverte du dieu Suran et tandis que le /M6~
sa fiole et produit son miracle du sang, le prêtre hindou
une flèche dans la poitrine du dieu et produit son
plonge
miracle; car le sang coule a flots et l'eau est changée en
Les chrétiens et les hindous s'extasient, l'un comme
sang.
l'autre, a la vue d'un miracle. Jusqu'ici nous ne voyons
pareil
différence entre les deux. Mais alors, est-ce le
pas grande
païen qui a appris le truc de saint Janvier?
< Sache ô Asclepius dit Hermès, « que comme le Très-
Haut est le père des dieux célestes, de même l'homme est
45 i ISIS DÉVOILEE

/'<ï/a/ï des dieux qui re~~c/ï~ dans les temples, et qui


se plaisent dans la société des mortels. Fidèle à son origine
et sa nature, l'humanité persévère dans cette imitation de
la puissance divine et si le Père Créateur a fait a son image
les dieux élernels, le genre humain, a son tour, façonne
ses dieux a sa propre « Et parles-tu des statues des
Image
dieux, ô « Véritablement, oui, Asclepius et
Trismegiste?
quelque grande que soit ta dénancc, ne t'aperçois-tu pas
que ces statues sont ~o~cc-s de raison, sont ani-
qu'elles
mées par une âme, et qu'elles peuvent opérer les plus

grands prodiges'? Comment pouvons-nous repousser l'évi-


dence, lorsque nous voyons ces dieux posséder le don de
prédire l'avenir, qu'il sont obligés de révéler, lorsqu'on
les y force par des charmes magiques, comme ils le font
par l'organe de leurs prêtres et par les visions? C'est la
mervelHe (les merveilles que l'homme puisse avoir inventé
et créé des dieux. Hn vérité, la foi de nos ancêtres s'est

trompée, et. dans leur orgueil, ils sont tombés dans l'er-
reur sur l'essence précise dans ces dieux. Mais ils ont néan-
moins découvert cet art par eux-mêmes. Impuissants a
créer l'âme et l'esprit, ils évoquent les âmes des anges et
des démons, pour les Introduire dans les statues consa-
crées et Ils !cs font présider de la sorte a leurs mystères
en communiquant a leurs idoles leur propre faculté de

~~rc ~(' de /7~/7!C ~C le /~<7/.


Ce n'est pas seulement l'antiquité qui est remplie de preu-
ves que les statues et les Idoles des dieux manifestaient de

l'Intelligence et le pouvoir de la locomotion. En plein


xix" siècle, nous voyons des journaux qui racontent les

escapades de la statue de ~otrc-Damc de Lourdes. Cette

gracieuse dame, la Xoh'c-D~mc Française, s'enfuit souvent


dans les bois qui entourent sa résidence
habituelle, l'église
paroissiale. Le sacristain a été obligé plus d'une fois de cou-
rir après la fugitive, et de la ramener a son domicile (1).
Après cela. commence une série de miracles, de guérisons,
de prophéties, de lettres tombées du ciel. que sais-je? Ces
miracles -~ont Impiic'tc'ment admis par des millions et des
millions de catholiques, et bon nombre de ceux-ci appar-

1. Lire à ce sujet n'importe quel journal del'étc et l'automne de ï8'76.


ISIS DÉVOILÉE 455

tiennent aux classes les plus intelligentes et les plus instrui-


tes. Pourquoi alors refuserions-nous d'ajouter foi aux témoi-

gnages de même nature, qui ont rapport à des phénomènes


contemporains de même genre racontés par les historiens
les plus accrédités et les plus estimés, par Tite-Live, par
exemple? « Junon, vous plairait-il d'abandonner les murs
de Vciés, et de changer ce séjour pour celui de Rome ? de-
manda a la déesse un soldat Romain, après la conquête de
cette ville. » Junon consent et secouant la tête en signe d'ac-

quiescement, sa statue répond < Oui, je le veux bien. » De

plus, lorsqu'on se met en devoir de transporter son image,


elle paraît instantanément Ofo/r perdu son ~rcme~joo/c~,
ajoute l'historien, et la statue semble plutôt suivre ses por-
teurs qu'être portée par eux (1).
Avec une naïveté et une foi qui touche au sublime, des
Mousseaux se lance a corps perdu dans de dangereux paral-
lèles et fournit une quantité d'exemples de /7~oc/~ de ce
genre, chrétiens aussi bien que païens. Il donne une liste
de ces statues ambulantes de saints ou de madones qui per-
dent leurs poids et qui se meuvent comme autant d'êtres
vivants, hommes ou femmes il offre des preuves irréfuta-
bles de ces faiLs. tirées des auteurs classiques qui ont dé-
crit leurs ~r<7< (2). Il n'a qu'une pensée, qu'un désir
violent qui domine c'est de prouver
tout, que a ses lecteurs
la magie existe. et que le christianisme en triomphe com-

plètement non pas que les miracles de ce dernier soient


plus nombreux ou plus extraordinaires. plus concluants que
ceux des païens nullement, car c'est un historien conscien-
cieux, quant aux faits et aux preuves. Mais ce sont ses

arguments et ses réflexions qui sont impayables ainsi, un

genre de miracles est produit par Dieu, et l'autre parle dia-


ble il rabaisse la divinité pour la placer face a face avec
Satan, et il met ainsi rennemi a même de battre le Créateur
avec avantage. Il n'a pas un mot de preuves solides et con-
cluantes, pour démontrer la différence substantielle entre les
deux genres de prodiges.
Si nous lui demandons la raison pour laquelle il recon-

1. Tive-Lire, V. dcc. 1. Va~cre-Va.Ct~e. t, cap. VU.


2. Voir Les /n~ P/te~o~n~M de .~jte. La .Ua~te au .V/.Y~ siècle
Dieu et les Dieux.
456 ISIS DÉVOILÉE

naît dans les uns la main de Dieu, et dans les autres les
cornes et la griffe du diable, écoutons sa
réponse « La
Sainte Eglise catholique apostolique et romaine déclare que
les miracles opérés par ses fidèles enfants le sont par la
volonté de Dieu et que tous les autres sont l'œuvre des

esprits infernaux. Très bien, mais sur quoi se base-t-on?


Oa nous exhibe alors une longue liste qui n'en finit pas,
d'auteurs sacréssaints, de
qui toute leur vie ont lutté
contre les démons et de pères dont la parole et l'autorité
sont acceptées comme la parole de Dieu, par cette même

Eglise. « Vos
idoles, vos statues consacrées sont l'asile des
c~/nMS s'écrie saint Cyprien. « Oui, ce sont ces esprits
vos et vos devins, animent les
qui inspirent prêtres qui
entrailles de vos victimes, qui règlent le vol de vos oiseaux,
et qui, mêlant sans cesse le mensonge avec la vérité, rendent
des oracles, et. opèrent des prodiges; leur but étant de
vous amener invinciblement a leur culte (1).
Le fanatisme le fanatisme scientifique ou tout
religieux,
autre fanatisme quel qu'il soit se transforme en folie, et ne

peut qu'aveugler nos sens. Il sera toujours inutile de dis-


cuter avec un fanatique. Et, à ce propos, nous ne pouvons
nous empêcher d'admirer encore une fois la profonde con-
naissance de la nature humaine, qui dicte a M.Sergeant Cox
les paroles suivantes dans sa conférence, dont nous avons

déjà parlé. « II n'y a pas d'erreur plus fatale que celle


qui
fait croire que la vérité prévaudra par sa propre force, et

qu'elle n'a qu'à se montrer pour être acceptée. En réalité


le désir de la vérité n'existe que chez très peu d'esprits, et

l'aptitude pour la discerner nombre chez un encore plus res-


treint. Lorsque les hommes disent qu'ils recherchent la vé-
rité, ils veulent dire qu'ils recherchent preuve à
quelque
l'appui d'un préjugé ou d'une opinion préconçue. Leurs
croyances se modèlent sur leurs désirs ils voient tout, et

plus que tout ce qui parle en faveur de ce qu'ils désirent


mais ils sont aveugles comme des chauves-souris, pour tout
ce qui leur est contraire. Les savants ne sont pas plus exempts
de ce travers que les autres. »
Nous savons que depuis les temps les plus reculés il a

De /cfo/orani raru~c, Lib. 1, p. 452.


ÏSÏ8 DÉVOILÉE 457

existé une et redoutable science connue sous la


mystérieuse
dénomination de ~Aco~cr. Cette science enseignait l'art de
doter d'intelligence et d'une existence temporaire les di-
vers symboles des dieux. Des statues et des blocs de matière
inerte s'animaient, sous la volonté toute puissante du hié-

rophante. Le feu dérobé par Prométhée dans la lutte était


tombé sur la terre il remplissait les régions inférieures du
ciel, et, fixé dans les vagues de l'éther universel, y joue le
rôle de l\4A-<Ma des rites hindous. Nous le respirons, et
notre système s'en Imprègne avec chaque bouf-
organique
fée d'air frais. Notre en est rempli depuis l'ins-
organisme
tant de notre naissance. Mais sa puissance ne s'exerce que
sous l'influence de la fo/on/J et de l'esprit.
Abandonné à lui-même, ce principe de
aveuglé- vie suit
ment les lois de la nature et suivant les circonstances, il

produit la santé et une exubérance de vie, ou il provoque


la mort et la dissolution. Mais, guidé par la volonté de

l'adepte, il devient obéissant et soumis ses courants réta-


blissent l'équilibre dans les corps organiques, remplissent
le vide, et
produisent les miracles physiques et psycholo-
giques bien connus des
magnétiseurs. Infusés dans la ma-
tière inorganique et inerte, ils créent l'apparence de la vie,
et le mouvement. Si à cette vie et a cette Intelligence in-
dividuelle il manque une personnalité, l'opérateur doit ou

envoyer son .~c/n-/ccco, son propre esprit astral, pour l'ani-


mer, ou bien faire usage de son pouvoir sur les esprits de
la nature, pour forcer l'un d'entre eux à infuser dans le
marbre, le bois ou le métal sa propre entité, ou enfin, se
servir du concours des esprits humains. Mais ces derniers,
si l'on en excepte ceux qui sont vicieux, catégorie attachée
à la terre (1), ne consentent pas aisément à infuser leur es-

1. Ceux-ci après leur mort corporelle, incapables de s'élever plus haut,


retenus dans les régions terrestres, se complaisent dans la société d'une
catégorie d'élcmentaux vers lesquels leur attachement au vice les attire
le plus. Ils s'identifient avec eux à tel point, que bientôt ils en viennent
à perdre de vue leur propre Hentité, et finissent par faire partie de ces
élémentaux, dont le concours leur est nécessaire pour communiquer avec
les mortels. Mais comme les esprits de la nature ne sont pas immortels,
de même les esprits humains élémentaires qui ont perdu leur guide divin,
l'esprit, peuvent n'avoir point d'autre durée que celle que comporte l'es-
sence des éléments qui composent leur corps astral.
45S ISIS DÉVOILÉE

sence à ces
objets inanimés. Ils laissent aux catégories infé-
rieures le soin de produire le semblant de la vie et du mou-
vement, et ils ne font sentir leur influence sur les sphères
intermédiaires, comme un rayon de la lumière divine, que
lorsque le soi-disant miracle est sollicité dans un bon but.
La condition essentielle pour cela, et c'est la loi de la nature

spirituelle, est la
pureté d'intention, pureté de l'atmosphère

magnétique ambiante, et pureté personnelle de l'opérateur.


C'est ainsi qu'un miracle païen peut être beaucoup plus
saint qu'un miracle chrétien.
Quel est celui qui, ayant été témoin des exercices des
fakirs dans l'Inde méridionale, pourrait douter de l'exis-
tence de la /o/)e6f dans l'antiquité? Un sceptique invétéré,
tout désireux qu'il soit d'attribuer tous les phénomènes à
la jonglerie, se voit contraint de
proclamer les
laits et ces
faits peuvent être vus journellement si on le veut. Je n'ose
décrire, dit-il
en parlan t de Chibh-Chonclor, un fak'rdeJaffna-

patnam, tous les exercices auxquels il s'est livré. Il est des


choses qu'on n'ose pas rapporter, mème lorsqu'on les a par-
faitement vues, de pcurqu'on ne vous accuse d'avoir été sous
l'influence d'une hallucination inexplicable Et pourtant~
dix fois, que dis-je, vingt fois, j'ai vu et revu le fakir ob-
tenir les mêmes résultats sur la matière inerte. C'était un jeu
d'enfant pour notre charmeur, que de faire pâlir et s'étein-
dre la uamme des bougies, placées, sur ses indications, dans
les coins les plus éloignés de la chambre de faire mouvoir
les meubles sans en excepter les sophas sur
lesquels nous
étions assis, de faire ouvrir les portes et se refermer a plu-
sieurs reprises, et tout cela, sans quitter la natte s:.ir laquelle
il était assis.
< Peut-être me dira-t-on que j'ai vu imparfaitement.
C'est possible mais je répondrai que des des centaines et
milliers de personnes ont vu et voient ce que j'ai vu, et
des choses encore plus merveilleuses il y en a-t-il une
seule qui ait découvert le secret, et qui ait été capable, de
son coté, de reproduire ces phénomènes ? Et je ne saurai
trop répéter que tout cela n'a pas lieu sur une scène pour-
vue de mécanismes et machinée pour de l'opérateur.
l'usage
Non; c'est un mendiant nu, accroupi par terre qui se joue
ainsi de votre intelligence, de vos sens, et de tout ce que
IStS DÉVOILÉE 459

nous sommes convenus d'appeler les lois immuables de la


nature, et qu'il semble modifier à son gré
« Change-t-il le cours naturel des choses ? Non mais il
les fait agir, en se servant de forces qui nous sont encore
inconnues, disent les croyants. Quoi qu il en soit, j'ai assisté
à de pareilles exhibitions, en compagnie des hommes les

plus distingues de l'Inde anglaise, professeurs, médecins et


officiers. Or, il n'en est pas un, parmi eux, qui n'ait ré-
sumé ses impressions en quittant le salon où elles avaient
eu lieu, en disant C'est véritablement assombrant pour
l'intelligence humaine Chaque fois que j'ai vu reproduire
par un fakir l'expérience de mettre les serpents en état de
catalepsie, situation dans laquelle ces animaux ont la rigi-
dité d'une branche d'arbre, mes pensées se reportaient vers
la fable biblique (?) qui attribue a Moïse et aux prêtres de
Pharaon un pouvoir analogue (1). »
Certes il doit être aus~i facile de douer la chair de l'homme,
de la bétc,et de l'oiseau du principe magnétique de vie, que
la table inerte du médium moderne. Ou bien ces deux pro-
diges sont
possibles et véritables, ou alors tous deux s'écrou-
lent avec les miracles du temps des Apôtres, et ceux des
temps plus modernes de l'Eglise papale. Quant aux preuves
vitales qu'on nous donne en faveur de ces possibilités, nous

pourrions citer plus de ces livres qu'il n'en faut pour remplir
toute une bibliot.hcquc.Si Sixte Y a donné les noms d'une for-
midable cohorte d'esprits attachés a divers talismans, sa me-
nace d'excommunication contre
qui pratiquaient cet
tous ceux
art n'a-<ellc pus été faite parce qu'il voulait que ce secret
restât confiné dans le sein de l'Eglise ? Que serait-il ad-
venu si ses miracles f/zf//?s avaient été étudiés et reproduits
avec succès, par tout individu doué de persévérance, d'un

pouvoir magnétique positif énergique, et d'une inébranla-


ble volonté ? Les récents événements de Lourdes (en sup-
posant, naturellement, qu'ils soient véritables), démontrent

que le secret n'en est pas tout a fait perdu et si quelque

puissant magnétiseur magicien ne pas, se cache sous le froc


et le surplis, la statue de XotrG-Dame est mue par les mê-
mes forces qui font mouvoir toute table magnétisée, dans

1. L. J~co!!iot. ~'oyjye au pays des Perles.


460 ISIS DÉVOILÉE

les séances de spiritisme, et la nature de ces intelligen-


ces, quelles appartiennent à la
catégorie des esprits hu-
mains, ou à celles des élémentaires ou desélémentaux,
dépend de conditions fort diverses. Pour connaît
quiconque
un peu de magnétisme, et en même temps charitable
l'esprit
de l'Eglise romaine, aisément
catholique comprendra que
les malédictions incessantes des prêtres et des moines les
anathèmes furibonds si
copieusement lancés IX, par Pie
puissant magnétiseur lui-même, et réputé Vc~a~o~e (mau-
vais œil), ont mis des légions d'élémentaires et d'élémen-
taux sous les ordres des désincarnés. Ce sont
Torquemadas
là les anges qui font des espiègleries avec la statue de la
Reine du Ciel. Tout individu qui admet le « miracle » et
pense autrement commet un blasphème.
Bien qu'on puisse croire que nous avons déjà suffisam-
ment démontré que la science moderne n'a que très peu ou
pas de raisons de se vanter d'originalité, nous en donnerons
encore quelques-unes avant de terminer ce volume, afin de
ne laisser aucun doute à cet égard. Nous n'avons pour cela
qu'à récapituler, aussi
rapidement que possible. les diverses
prétentions a de nouveaux systèmes de philosophie, et à des
découvertes dont l'annonce a fait ouvrir les veux au monde
pendant les deux derniers siècles. Nous avons signalé les
découvertes des anciens Egyptiens, Grecs, Chaldéens et
Assyriens dans les arts, les sciences et la philosophie nous
citerons maintenant un auteur qui a passé de longues
années dans l'Inde a étudier sa philosophie. Dans le célè-
bre et récent ouvrage Chrislna and /~e C~r~, nous trou-
vons la nomenclature suivante
«Philosophie Les anciens Hindous ont créé la
depuis
fondation, les deux systèmes du spiritualisme et du maté-
rialisme, de la philosophie métaphysique et de la philoso-
phie positive. La première était enseignée dans l'école Vé-
dique fondée par Vyasa la seconde était professée dans
l'école de Sankya, dont le fondateur fut Kapila.
« Science Ils établirent le calendrier,
~l.o~o/Tt/ej'
inventèrent le
Zodiaque, calculèrent la précession des équi-
noxes, découvrirent les lois générales des mouvements des
astres et observèrent et prédirent les éclipses.
« Afa/Ae/72<z//< Ils inventèrent le système décimal,
ISIS DÉVOILÉE 461

l'algèbre et les calculs différentiel, intégral et infinitésimal.


Ils découvrirent aussi la géométrie et la trigonométrie~
et, dans ces deux sciences, ils construisirent et démontrè-
rent des théorèmes qui n'ont été découverts en ~o/?e
qu'au ~Y~ et au A~/77* siècles. Ce furent les Brah-
manes qui, de fait, établirent les premiers la mesure de la
surface d'un triangle d'après le calcul de ses trois côtés,
et calculé la relation de la circonférence au diamètre.
De plus, nous devons leur restituer le carré de l'hypothé-
nuse et la table siimproprement dite de Pythagore, que
nous trouvons gravée dans la ~dpara/na de la plupart des

grandes pagodes.
« Physique Ils établirent le principe en vigueur encore

aujourd'hui, que l'univers est un tout harmonique, sujet à


des lois qui peuvent être déterminées par l'observation et

1 expérience. Ils découvrirent l'hydrostatique et la fameuse


proposition que tout corps plongé dans l'eauperd de son

poids une quantité égale au poids du volume d'eau qu'il


déplace, n'est qu'unemprunt fait aux Brahmanes par le
célèbre architecte grec Archimède. Les physiciens des pa-
godes avaient calculé la vitesse de la lumière, nxé d'une
façon définitive les lois de la réflexion, et enfin, il est hors
de doute, d'après les calculs de Surya-Sidhenta, qu'ils con-
naissaient et avaient mesuré la force de la vapeur.
< C/e Ils connaissaient
composition de l'eau,la et
ils avaient formulé, en ce qui concerne les gaz, la fameuse
loi que nous ne connaissons que d'hier, que le volume des

cra~ esl en raison inverse de la pression à laquelle ils sont


soumis. Ils connaissaient la manière de préparer les ?cides

sulfurique, azotique et muriatique les oxydes de cuivre,


de fer, de plomb, d'étain et de zinc les sulfures de fer, de
cuivre, de mercure, d'antimoine et d'arsenic les sulfates
de zinc et de fer les carbonates de fer, de plomb et de
soude le nitrate
d'argent et la poudre.
« A~e~e~ne Leurs connaissances de ce chef étaient véri-
tablement surprenantes. Dans Tchakara et Sousruta, les
deux princes de la médecine hindoue, se trouve posé le sys-
tème que plus tard s'est approprié Hippocrate. Sousruta

principalement énonce les principes de la médecine préven-


tive ou hygiène, qu'il place bien au-dessus de la médecine
462 ISIS DÉVOILÉE

curative, trop souvent empirique, suivant lui. Sommes-nous

aujourd'hui plus avances? Il n'est pas sans intérêt de faire

re-narquer que les médecins arabes, qui jouissaient au


moyen âge d'une célébrité méritée, et Averroes entre autres,
parlaient constamment des médecins hindous et les consi-
déraient comme les initiateurs des Grecs eux-mêmes.
« /~Aûr/7ï<?co/o~/<?.' Ils connaissaient toutes les simples,
leurs propriétés, leur emploi et sur ce point ils n'ont pas
encore cessé de donner des leçons a l'Europe. Tout récem-
ment nous avons reçu d'eux le mode de traitement de
l'asthme, par le datura.

< CV~r~/v~ Dans cette branche, ils n'étaient pas moins

remarquables. Ils faisaient l'opération de la pierre, réussis-


saient admirablement dans celle de 1~ cataracte, dans l'ex-
traction du fœtus, dont tous les cas exceptionnels et dan-
gereux sont décrits par Tchakara avec une extraordinaire
exactitude scientifique.
« Gr<ï/7ï/7!<xt/'c Ils ont créé la langue h\ p!us merveil-
leuse qu il y ait dans le monde le S.'nscrit qui a donné
naissance a la plus grande partie des idiomes de 1 Orient et
des contrées Indo-Européennes.
« /~uc. Ils ont traité '.ous les genres et se sont mon-
trés maîtres suprêmes dans tous, Sakuntala, Avrita, la Phè-
dre Indoue, Saranga et un millier d autres drames n'ont
été surpassés ni par Sophocle. Euripide, Corneille ou Sha-

kespeare. Leur poésie descriptive n'a jamais été égalée. Il


faut lire, d~ns -V~~a/a, la Plainte d'un Exilé qui implore
un nuage qui passe et le prie de porter ses souvenirs a sa
maison, a ses parents et a ses amis eu il ne reverra plus,
pour se faire une idée de la splendeur a laquelle ce style
atteint dans l'Inde. Leurs fables ont été copiées par tous
les peuples anciens et modernes, qui ne se sont pas même
donné la peine de donner des couleurs ditTérentes aux sujets
de ces petits drames.
« J/MS/~e Ils ont inventé la gamme avec ses diffé-
rences de tons et de demi-tons. longtemps avant Gui
d'Arezzo. Voie:~amme la hindoue
Sa-Ri-Ga-Ma-Pa-Da-Xi-Da.
« .-l/'c~~r/g.' Ils paraissent avoir épuisé tout ce que
le génie de l'homme est de concevoir. Des dômes
capable
ISIS DÉVOILÉE i63

d'une hardiesse inexprimable des coupoles élancées, des


minarets a dentelle de marbre, des tours gothiques, des

hémicycles grecs, style le


polychrôme, tous les genres et
toutes les époques s'y trouvent, indiquant clairement 1 ori-

gine et la date des ditférentes colonies qui, en émigrant,

apportaient avec elles les souvenirs de leur art indigène.


Tels furent les résultats de cette ancienne et imposante
civilisation des Uralimancs. Qu'avons-nous à offrir en com-

paraison ? A côte de ces majestueuses œuvres du passé, que


pouvons-nous mettre en parallèle qui puisse paraître assez

grandiose et sublime pour justifier nos prétentions de supé-


riorité sur
d'ignorants ancêtres? Auprès des inventeurs de
la géométrie c-t de l'algèbre, des constructeurs du langage
humain, des pcrcs de la philosophie, des premiers maîtres
de la religion, des adeptes de la science psychologique et

physique, combien petits paraissent même les plus grands


de nos biologistes et de nos théologiens Que l'on nous cite
une découverte moderne quelle qu'elle soit et nous nous fai-
sons forts <Ic dire qu'il n'est pas nécessaire de chercher

longtemps dans l'histoire de l'Inde pour en trouver le pro-

totype dans ses annales, ~ous en sommes a la transition


de la science a moitié achevée, et cherchant a faire concor-
der nos idées avec les théories de la corrélation des
forces.
de la sélection naturelle, de la polarité atomique et de l'évo-
lution. Et voici, pour railler nos conceptions, nos appré-
hensions et notre désillusion, que nous lisons ce que disait
le Manou, "10.000 ans peut-être avant la naissance du
Christ
« Le premier germe de vie fut développé par l'eau et la
chaleur. » CManou, livre 1'% Sloka, 8.)
« L'eau monte vers le ciel à l'état de vapeurs du soleil
elle retombe en pluie, de la pluie naissent les plantes, et
des plantes les animaux. » (Livre UI, Sloka, 76.)
« Chaque être acquiert les qualités de celui qui le précède
immédiatement, de telle manière que, plus un être s'éloigne
de l'atome primitif de sa série, plus il possède de qualités
et de perfections. » (Livre I", Sloka, 20.)
« L'homme traverse l'univers, en montant graduellement,
et passant par lesrochers, les plantes, les vermisseaux, les
insectes, les poissons, les serpents, les tortues, les animaux
461 ISIS DÉVOILÉE

féroces, le bétail et les animaux supérieurs. C'est le degré


inférieur. » (/&/o~.)
Telles sont les transformations déclarées de la plante su
Brahma, qui doivent s'opérer en ce monde. (Ibid.)
C'est ainsi que graduellement, mais sûrement, toute l'an-
tiquité sera réhabilitée. La vérité sera soigneusement dé-
barrassée des exagérations; bien des choses qu'on traite
aujourd'hui de fictions, seront démontrées être des faits, et on
reconnaîtra que des faits et lois de la science moderne appar-
tiennent aux limbes des mythes surannés. Lorsque, des siè-
cles avant notre ère, l'hindou Bramaheupto affirmait que la
sphère étoilée était immobile, et que le lever et le coucher

quotidien des astres confirme


le mouvement de la terre sur
son axe et lorsque Aristarque de Samos, né 2~7 ans avant
Jésus-Christ, et le philosophe Pythagoricien Xiceta de Syra-
cuse soutenaient la même chose, quel crédit a-t-on accordé
à leurs théories, jusqu'à l'époque de Copernic et de Galilée?
Et combien de temps le système de ces deux princes de la
Science, système qui a révolutionné le monde entier, res-
tera-t-il un tout complet et ininterrompu? X'avons-nous pas
a l'heure présente en Allemagne, un savant, un professeur

Shoëpfer, qui essaie de démontrer dans des conférences pu-


bliques à Berlin 1° que la terre est immobile; ~° que le
soleil n'est qu'un peu plus grand qu'il ne paraît et que
Tvcho-Brahe avait parfaitement raison, et Galilée tout a fait
tort'?(l). Or, quelle était la théorie de Tycho-Brahe? Que
la terre se tient immobile au centre de l'univers, et qu autour
d'elle, comme autour de son centre, toute la voûte céleste

gravite toutes les vingt quatre heures: et finalement, que


le soleil et la lune, outre ce mouvement, procèdent sur des

lignes courbes qui leur sont spéciales, Mercure, tandis que


avec le reste des planètes, décrit une épicycloïde.
Nous n'avons certainement pas l'intention de perdre notre

temps, ni la place, pour réfuter ou soutenir cette ~ourc//e


théorie, que nous soupçonnons fort de ressembler à celles

déjà ~nr/c~/ï~d'Aristote, et même du vénérable Bède.Xous


laisserons la savante armée des académiciens modernes laver

1. Dernières Déductions de /<! Science: la Terre immobile. Conférence


démontrant que notre globe ne tourne ni sur son axe ni autour du suleil;
délivrée à Berlin par le D~ Shoëpfer. Septième édition.
ISIS DÉVOILÉE 465

leur lin~e famille, sale


pour en
nous servir de l'expression
du ~rand Napoléon. Mais nous nous prévaudrons, néanmoins,
de l'excellente occasion que nous fournit cette défection,
pour demander une fois de plus a la Science son diplôme ou
son brevet d'infaillibilité. Hélas, sont-cc donc la les résul-
tats du propres tant vanté ?
Ce n'est que tout dernièrement, par les choses (lue nous
avons observées, confirmées par le témoignage d'une mul-
titude de témoins, que nous avons timidement risqué l'as-
sertion que les
médiums, tables
et des des fakirs hindous
étaient parfois so~/c~) en l'air. Kt lorsque nous ajoutions
que, si de pareils phénomènes ne se produisaient qu'une
fois seulement dans le courant, d un siècle, « sans cause

mécanique visible, ce soulèvement est, par conséquent, la


manifestation d'une loi naturelle, que nos savants ignorent
encore » on nous traita d'iconoclaste et on nous accusa, a
notre tour, dans les journaux.. d'ignorer les lois (le la gra-
vitation. Iconoclaste ou non. nous n avons
jamais pensé a
accuse:' la scn'nce d' nier la rotation de la terre sur son axe,
Jii sa révolution autour du soleil, nous espérions au moins
voir ces deux (lambeaux installés et entretenus jusqu'à la
tin des temps dans le phare académique. Mais, hélas, voici

qu'un professeur de Berlin arrive et détruit notre dernier

espoir de voir la
prouver science
son exactitude au moins
sur un point. Le cycle, certes, est parvenu a son point le plus
bas. et une nouvelle ère commence. La terre est immobile,
et Josué est ven~é!
Jadis, en I87U, le monde croyait a la force centrifuge, et
la théorie newtonnienne, qui expliquait l'aplatissement
des pôles par !c mouvement de rotation de la terre autour
de son axe, était orthodoxe. Suivant cette hypothèse, on

croyait que 1a plus grande partie de la masse du ~lobe gra-


vilait vers
l'équatcur et, tour, la force ;t son centrifuge,
agissant de toute sa puissance sur cette masse, la forçait à
se concentrer autour de l'équatcur. De cette manière les
savants crédules s'imaginaient qu~ la terre tournait autour
de son axe, car s'il en avait été autrement, il n'existerait

pas de force centrifug'e, et. sans cette force, il n'y aurait pas
de gravitation vers les latitudes équatoriales. C'était une
des preuves admises du mouvement de rotation de la terre,
YO[..H 30
466 ISIS DÉVOILÉE

et. c'est cette déduction, jointe a plusieurs autres, que le pro-


fesseur de Berlin déclare rejeter, de concert avec d'autres
savants.
<( X'est-il
pas ridicule, Messieurs, dit-il, que, nous fiant
a ce qui nous a été enseigne a l'école, nous ayons accepté
la rotation de la terre autour de son axe, comme un fait

pleinement démontra alors que rien ne le prouve, et que


cela ne peut pas être </J/ X est-il pas étonnant que
les savants du monde instruit, a commencer par Copernic
et Kepler, aient accepte des le principe un mouvement de
cette nature et en soient encore, trois siècles et demi plus
tard, a rechercher les preuves de ce fait? Mais hélas, il fal-
lait s'y attendre nous avons beau chercher, nous n'cn trou-
vous aucune. Tout, tout est en vain 1
Ainsi, d'un seulcoup, le monde perd son mouvement de
rotation, et l'univers est dépouille de ses gardiens et pro-
tecteurs, les forces centrifuge et centripète. Bien plus, l'éLher
lui-même, rejeté de l'espace, n'est qu'an mensonge, un my-
the né de la mauvaise nabitude d'employer des mots creux
et vides le soleil est. un imposteur, oui a des prétentions a
des dimensions auxquelles il n a pas droit les étoiles sont
des points étincelants, et « ont été ainsi expressément dis-

posées a des distances considérables les unes des autres par


le Créateur de l'univers, probablement avec l'intention de
leur faire éclairer simultanément les vastes espaces sur la
surface de notre :?lobc dit le !) Shoèpfcr.
En sommes-nous donc ce point «ue h'"is siècles et demi
n'aient pas sufii aux hommes de science puur édifier une
théorie qu'aucun professeur (i'univcrsi'é n'oserait
attaquer?
Si l'astronomie, l'unique
science fondée sur 1 inébranlable
base des mathématiques, la seule de toutes qui soit réputée
aussi infaillible et inattaquable que ia vérité elle-même, peut
être ainsi, avec irrévérence, accusée de tromperie, qu'avons-
nous donc ~a2;né a discréditer Platon au prout de Babinet?
Comment donc se risquera-t-on a railler le plus humble
observateur qui. honnête et Intelli~'ent a la fois. viendra
dire qu'il a vu un phénomène médiumnique ou magique '?
Et comment osera-t-on assigner
des « limites a l'examen

philosophique limites que l'on ne saurait dépasser sans


crime? Et ces faiseurs d'hypothèses en désaccord les uns avec
ISIS DËVOIDÉE 467

les autres se permettent encore d'accuser les géants intel-


lectuels du passé, qui maniaient les forces de la nature
comme des Titans constructeurs de mondes, et la
portaient
race mortelle a une telle hauteur, qu'elle s'y les
alliait avec
dieux I Etrange destinée d'un siècle se glorifie d'avoir
qui
élevé la science exacte au .f/ de /'c/?o/7?/7!Jc, et que
l'on invite maintenant a retourner en arrière et a recommen-
cer a apprendra son A. B. C.
Si nous récapitulons lespreuves contenues dans cet ou-
vrage, si nous commençons aux temps archaïques et incon-
nus de l'Hermétique Pimandrc. pour en arriver a l'année
1~7<),nous trouvons qu'une croyance universelle a la magie
a traversé tous ces siècles. Nous avons exposé les idées de
Trismégiste, dans son dialogue avec Aselepius et sans
faire mention des mille et une preuves de la
prédominance
de cette croyance dans les premiers temps du christianisme,
il sufiit. pour atteindre notre but, de citer un auteur ancien,
et un moderne. Le premier sera le grand philosophe Por-

phyre qui, plusieurs milliers dannées après Hermès, lit,au


sujet du scepticisme grandissant de son siècle, l'observation
suivante « Nous ne pas être surpris de voir les
masses vulgaires (: -) n'apercevoir dans les statues

que la pierre et le bois. U en est généralement ainsi chez


ceux ignorants dans les lettres, ne trouvent dans les
qui,
couverts d'inscriptions que la pierre, et dans les livres
.s~r
écrits, autre chosequ'un tissu de papyrus. » Et i.~00 ans

plus tard, nous vovuns M. Sergcant (Jux, rapporter un cas


de honteuse persécution d'un médium, par un matérialiste
tout aussi a\L'le. e\p:'i!ner les mêmes idées « Que le
médium soit coupable uu non. il est certain que son procès
a eu pour CtÏet fort inattendu d'attirer l'attention du public
tout entier sur le fait que 1 ou que les phénomènes
sont véritables, et qu'un grand nombre d'examinateurs

compétents afiirme qu'ils sont réels et que toute


personne
peut, si bon lui semble.. se convaincre par elle-même, de
leur exactitude au moyen d'un examen approprié démolis-
sant ainsi et pour toujours /cs /~r~<<:<'s < r/<7r/<ï/e.<
~or/z/!<s des /J/<?.s.
Cependant, d'accord avec Porphyre et d'autres théurgis-
tes, qui affirmaient les différentes natures des esprits qui
468 ISIS DÉVOILÉE

se manifestent, et l'esprit personnel ou volonté de l'homme,


M. Scrgeant Cox, sans s'avancer jusqu'à émettre une
ajoute
opinion personnelle « Véritablement, il y a des divergen-
ces d'opinion, et peut-être y en aura-t-il toujours, au sujet
des sources de la puissance qui se manifeste dans ces phé-
nomènes mais qu'ils soient le produit de la force psychi-
que du cercle. ou que ce soient les
esprits des morts qui
en deviennent lcs agents, comme certains le prétendent, ou
bien encore que ce soient, des esprits élémentaires, ainsi que
le soutient un troisième, ce fait au moins est bien établi, que
l'homme n'est
pas entièrement matériel, que le mécanisme
de l'homme est mù et dirigé par quelque chose d'immaté-
riel, c'est-à-dire de non moléculaire, qui non seulement pos-
sède l'intelligence, mais encore /~c~ <7~s.s:/ f.rc'(~r /b/'cc
lu /7!<é/ ce quelque chose enfin a qui, faute d'un
meilleur terme, nous avons donné le nom d'âme. Ces heu-
reuses notions ont été portées parce procès a la connaissance
de milliers et de myriades de personnes, dont les matéria-
listes avaient flétri le bonheur ici-bas et les espérances pour
la vie future, en prêchant avec tant de persistance que
1 âme n'était qu'une superstition, l'homme un automate,
l'esprit une
sécrétion, l'existence présente une chose pure-
ment animale, CL l'avenir le néant. »
« La vérité seule dit Pimandre, « est éternelle et im-
muable la vérité est le premier des bonheurs mais la vé-
rité n'existe pas et ne peut pas exister sur la terre il est

possible que Dieu favorise parfois un petit nombre d'hom-


mes, en leur accord:) ut la faculté de comprendre les choses
divines et d'entendre, comme il faut. la vérité mais rien
n'est vrai sur la terre. parce qu' tout y renferme de la ma-
tière, tout
y est revêtu d'une forme corporelle, sujette au
changement, a 1 altération, a la corruption et a de nouvel-
les combinaisons. L'homme n'est pas vérité, parce qu'il
n'y a de vrai que ce qui a tiré son essence de lui-même, qui
r~ste lui-même immuable. Comment ce qri change au point
Je nôtre plus rcconuaissabte, pourrait-il jamais être vrai?
Donc la vérité est seulement ce qui est immatériel et non
ce qui est enfermé dans une enveloppe corporelle, ce qui
est incolore et sans forme, exempt de changement et d'al-
tération ce qui est ÉTEMEL. Tout ce qui périt est men-
tStS HÉVOtLÉE ~69

songe la terre n'est que dissolution et génération chaque


génération procède de la dissolution les choses de la terre
ne sont que des <y/)/)~ï~~ et des imitations de vérité
elles sont ce que la peinture est a la réalité. Les choses
terrestres ne sont point la VERITE. La mort, pour cer-
taines personnes, est un
mal qui les frappe d'une terreur

profonde. C'est l'effet de l'ignorance. La mort est la des-


truction du corps 1 être qu'il renferme ne /y!CM/ /)~. Le

corps matériel perd sa forme, qui se désagrège au cours du

temps les sens qui l'animaient retournent a leur source, et

reprennent leurs fonctions mais ils perdent graduellement


leurs passions et leur désirs, eL /'c.)/ monte au ciel pour
devenir une IlAH~o~tE. Dans la première zone, il laisse der-
rière lui la faculté (le croître ou de décroître dans la se-
conde le pouvoir de faire le mal et les fraudes de l'oisi-
veté dans la troisième, les déceptions et la concupiscence
dans la quatrième, lambition insatiable; dans la cinquième,
l'arrogance, l'audace et la témérité dans la sixième, tout
désir pour les acquisitions malhonnêtes et dans la sep-
tième le /7?c~o/?(/t'. L'esprit ainsi purifié, par l'effet que pro-
duisent sur lui les harmonies célestes, retourne une fois de

plus a son état primitif~ fort d'un mérite et d'une puissance


qu'il s'est acquis par lui-même, et qui lui
appartiennent en

propre et c'est seulement alors qu'il commence a habiter


avec ceux qui chantent éternellement les louantes du PÈRE.
A ce point-la, il est placé parmi les puissances, et comme
tel, il arrive au suprême bienfait de la connaissance. Il est
devenu un DtEL' Non, les choses de la terre ne sont point
la vérité ».

Après avoir consacré leur existence a l'étude des souvc-


venirs de la Sagesse de l'Egypte ancienne, Champollion-
Figeac et ChampoHion jeune déclarèrent, publiquement~ no-
nobstant bien des jugements contraires formulés, quelque
peu au hasard, par des critiquas trop pressés et peu rensei-

gnés, que les Livres d'Hermès « contiennent certainement


une foule de traditions Egyptiennes, crue viennent confir-
mer tous les jours les documents les plus authentiques et
les monuments de l'Egypte de l'antiquité la plus reculée (t).

1. ChampoUion-Figcac. ~)/p~, p. t43.


470 ÏPÏ-! DÉVOILÉE

En terminant son volumineux sommaire des doctrines


des Egyptiens, des sublimes enseignements
psychologiques
des livres sacrés hermétiques, et des étonnantes notions
des prêtres inities, en fait de philosophie métaphysique et

pratique, ChampolIion-Fi~'eac recherche.. autant qu'il le peut,


en vue d'acquérir toutes les preuves alors possibles, «s'il y
a jamais eu dans le monde une autre association ou caste

d'hommes, qui ait pulcsé~'ah-ren crédit, en puissance, en


savoir, en capacités, et qui ait atteint un pareil de~'ré de
bien ou de mal ? Xon, /??<s' Ht cette caste n'a été par
la suite /??~/<7/~ et stigmatisée que par ceux qui. je ne sais
sous quelle sorte d'influences modernes, l'ont considérée
comme Fennemie des hommes et de la science (!).
A l'époque où ChampoUion écrivait ces réflexions, le
sanscrit était, si l'on peut dire, une langue presque totale-
ment inconnue de la science. Mais on n'aurait tiré que peu
de chose d'un parallèle établi entre les mérites respectifs
des Brahmanes et des philosophes K~'vptiens. Depuis lors,
cependant, on a découvert que les mêmes Idées, exprimées
pn'sque dans des termes identiqu's. se retrouvent dans la
littérature Houddhique et
Brahmanique. Cette philosophie
mène a la non réalité des choses mondaines, et l'illusion
des sens. dont les métaphysiciens allemands de notre épo-
que ont copié en
plagiaires toute la substance, forme la
base des philosophies de Kapila et de Vyasa. et on la re-
trouve dans renonciation des quatre vérités, dogmes car-
dinaux de la doctrine de Gautama Bouddha. L'expression
de Pimandre « il est devenu un dieu ». est concentrée la,
dans un seul mot /< que nos savants orientalistes
considèrent fort improprement comme synonyme d'?/
lation
Cette opinion de deux éminents K~'yptolo~-ucs est de la
plus haute importance pour nous, ne fut-ce que comme ré-
ponse a nos adversaires. Les Champollions ont été les pre-
miers en Europe, a prendre par la main l'étudiant archéo-
logue, le conduire dans les cryptes silencieuses du passé, et
a lui prouver que la civilisation n'a pas commencé nos
générations; car «quoique les origines de 1 ancienne Egypte

Champ~!nor-r't~<c: ~<~e. p. ne..


ISIS DÉVOILÉE 471

soient Inconnues, on trouve qu'elle a été. aux époques les


plus anciennes pourvue de ses lois merveilleuses, de ses cou-
tumes bien établies, de ses cités, de ses rois et de ses dieux »,
et au delà. bien au delà de ces époques, nous trouvons des
ruines appartenant a d'antres périodes de civilisation encore
plus éloignées et plus élevées. « A Thèbes. des parties d'édi-
nces ruinés nous permettent de reconnaître des vestiges de
constructions encore antérieures. dont les matériaux ont
servi a l'érection de ces mêmes monuments, qui comptent
maintenant une existence de trente-six siècles (1).~ «Tout
ce que nous disent Hérodote et les prêtres Egyptiens a été
reconnu exact, et conurmé par les savants modernes
ajoute Champollion (~).
D'où venait la civilisation des Egyptiens, c'est ce que
nous montrerons dans un prochain volume, et. à ce sujet,
nous ferons voir que nos déductions, bien que basées sur
les traditions de la Doctrine Secrète, marchent de pair avec
celles d'un certain nombre d'autorités les plus respectées. II
y a a ce sujet dans un ouvrage hindou bien connu, un pas-
sage qu~ peut être rappelé.
« Sous le rè~'ne de Vis~vamitra. premier roi de la dynastie
de Soma Van~'a. la suite d"une bataille qui avait duré cinq
jours. ~lanou-Vina. 1 héritier des anciens rois, ayant été
abandonné par les Brahmanes émi~ra avec tous ses compa-

gnons, passant a travers Arya et les contrées Barria, de

jusqu'à ce qu'il eût atteint les rives de Masra )> ~7.<;<o~'e


l'Inde. par CoMouca Batin). Incontestablement, ce Ma-
nouVina et alênes, le premier roi Ep-yptien, sont identiques.
Arya c'est Eran. la Perse Barria. c'est l'Arabie, et
Masra était le nom du Caire, qui encore aujourd'hui est ap-

pelé .1/~sr, ~lusr et Misro. L/his!,oire phénicienne désigne


Maser comme un des ancêtres d~Hcrmcs.
Et maintenant prenons con~é de la thaumatophobie et de
ses défenseurs, et envisageons la thaumatomanie sous ses

multiples aspects. Dans les troisième et


quatrième volu-
mes nous nous proposons de passer en revue les miracles du

Paganisme, et de peser les preuves en leur faveur dans la

C'.am; olHon'Fi~csc /)~, p.


?, Chttr~poUinn.F~cac ~.7! p
472 T~S DÉVOILÉE

même balance que la théologie chrétienne. Un conflit im-


minent sinon déjà commence, se déroule entre la science et
la théologie d'une part. l'esprit et sa science vénérable et
la magie de l'autre. Quelques-unes des possibilités de cette
dernière ont déjà été vues, mais il en reste encore davantage
a connaître. Le mondemesquin et insignifiant, dont les sa-
vants et les magistrats, les prêtres et les chrétiens, recher-
chent a l'envi l'approbation, a commencé sa croisade de la
dernière heure, en condamnant dans la même année deux
innocents, l'un en France et l'autre a Londres, au mépris
de toute loi et de toute justice. Comme 1 apôtre de la cir-
concision, ils sont toujours prêts a renier trois fois toute
relation impopulaire, par crainte (le 1 ostracisme de leurs

contemporains. Les Psychomau tiques et les Psychophobes


se livreront bientôt un rude combat. Chcx les premiers,
lardent désir de voir leurs
phénomènes étudiés et appuyés

parles savant~ et les autorités scientifiques, a fait place a


une indifférence glaciale. Hésultat naturel des préjugés et
de la délovauté qu'on a déployés envers eux, leur respect
pour les savants dispara!t, et les épithètcs réciproquement
échangées entre les deux partis, sont loin d'être flatteuses
de part et d'autre. Lequel a raison et lequel a tort, le temps
le dira bientôt et le fera comprendre aux générations fu-
tures. On peut du moins prédire avec assurance qu'il fau-
dra chercher l'Ultima Thule des mystères divins, et leur
clé ailleurs que dans le tourbillon des molécules d'Avogadro.
Les gens qui. soit par légèreté du jugement,soit parsuite
deleur impatience naturelle, voudraient fixerle soleil éblouis-
sant avant que leurs yeux soient capables de soutenir l'éclat
de la lumière d'une- lampe, sont fondés a se plaindre de
l'obscurité exaspérante langage de qui caractérise les ou-

vrages des anciens IIermétistes et de leurs successeurs. Ils


déclarent incompréhensibles leurs traités philosophiques
sur la magie. Nous refusons de perdre notre temps avec la
première catégorie; a la seconde, nous demanderons de
modérer leur impatience, en se souvenant de ces paroles
d'Espagnet « La vérité se cache dans l'obscurité », et « les
philosophes n'écrivent jamais d'une façon plus trompeuse
que lorsqu'ils le font clairement, ni plus sincèrement que
lorsqu'ils sont obscurs ». Il existe en outre une troisième
ISIS DÉVOILÉE 473

catégorie, à laquelle ce serait faire trop d'honneur de dire

qu'elle apprécie la
question. Elle préfère la dénoncer pu-
rement et simplement ~.r-c~~e~ra. Ceux-là traitent les
anciens de rêveurs insensés, et bien qu'ils ne soient que
des physiciens et des positivistes thaumatophobes, ils pré-
tendent détenir le monopole de la sagesse.
C'est Irénée Philalèthes qui répondra a cette dernière

catégorie. « Dans le monde, nos écrits seront comme un


outil bien tranchant; pour quelques-uns, il servira a sculpter
des pièces délicates, mais aux autres il ne servira qu'à
leur couper les doigts. Et pourtant, nous ne sommes pas
blâmables, car nous avons soin d'avertir sérieusement tous
ceux qui tentent cette oeuvre, qu'ils entreprennent l'ou-

vrage le plus élevé de la philosophie dans la nature et,


quoique nous écrivions en anglais, notre traité sera aussi
difficile a déchiffrer que du Grec, pour quelques-uns, qui
croiront néanmoins le bien comprendre, alors précisément
qu'ils en interprètent mal le sens et le pervertissent car
faut-il supposer, que les gens qui dans la nature, manquent de
sagesse, en possèdent dans l'étude des livres, qui eux
sont des témoignages dans la nature ? »
Aux rares
esprits élevés qui interrogent la nature, au lieu
de prescrire des lois pour la régler qui ne limitent pas
ses possibilités a l'imperfection de leurs propres forces et

qui ne refusent pas de croire, parce qu'ils ne savent pas,


nous rappellerons cet apophtegme de Narada, l'ancien phi-
losophe hindou
« Ne dis jamais « Je ne sais pas ceci, par conséquent
c'est faux. »
« II faut étudier pour savoir, savoir pour comprendre,
comprendre pour juger. »

Ft~ DU DEUXIÈME VOLUME


TABLE DES M A HERES

Cn APiTRH ~X. Les troglodytes des l~yxies. !~es fruits


de l'arbre-hom'~e. Mercule le Titan ndèle. Le
Puissant Sji~n m' de G! lire. Restes d'une race f!c

géants.– Rac''spré-:)d:<miques.–La Rosée du Ciel des


A!cliimistt.'s. Les philosophes du feu. Les Puis-
sances de l'air. Quelques-uns font de rhommc un
automate méc.iq:!e. La chute dans ):< génération.–
Lu mort. de l'âme suivant les ~wedcnbor~iens. Les
« frères de rcmbrc Que sent 1 s âmes souillées?–
L'ne lettre curieuse.– L'n an~e 'i:'dien.– Le corps as-
tral du si;e. L"éti''c')c .tr~entée du cerveau.
L'avenir de la Pr-ych ~métri~. Les mauvais esprits
seuls~'imont l'obscurité. L'aurore de nouveUesdécou-
vcrtes. 1
Cn\PtTHE X. Le père I''é!ix de Notr~-Darne. Un
ab!me dans un ~rain :!e sable. Un fragment d'Mer-
mias. Le livre de vi~. Apulée sur l'âme. Spé-
cuh'tion de Dupuis et de Vniney. Oar~es. !"h')mme-
p.~i-s n. L~) réi:~carnat!t''n est-elle possible? Quand
rannih;)(.ion est possible. Sorcières et ma~icier~s.
Le sommeil sacré. Los fantômes du professeur Pep-
per. Les sorcier s de Salem. Les mauvais es-

prits craignent le glaive. Histoire émo::vante de


Philoncca. L~s pouvoirs mé~iumniques dénnis.
Une expérience d'adresse magique. Le français parlé
par des enfants à la mameil-e. Les miracles de ~1. d&
Paris. Curieuses propriétés du mariage. Une ofïre
Hberalc. 62
CnAPiTuE XL Robert Houdin en Algérie. Domptagc
de serpents et de bêtes féroces. Les fakirs et les cro-
codiles.– Divers phénomè:~ 's te:~tolo-q:!es. L'ima-
~i!:ationde la mère: conditions pré-natales. Les mar-

ques de la mère.– Théone duprofcssenrArmor.– Une


T\nf.r: nn~ M\Tt)'nn~

c:<p!ir;)tion proposa. –Pi~cf'ns.~ :1 h'tc<!<'j'frr<T)uct.


–C~*<ci('n-.dctcrMt"t'i.r't'Lcstimitc-xtrcmcsd~

!a!i't')rc.–Opinion du n~C'r-)'-)jrt'in\.si~')<)~
–c
!n>C!0)c~Lcd<)<p<))(.'))(')''t.)\'('ritt''
t.'ttnt)Hcmcnt').)n~)'~t)'<<'nritc.–L('cr'n'ntsf'd;))i(')).–

~'otrc;)t)~<trcpt'<);)Ct\)('. –h'U~:t'')<th'nL'r.:('
Ch.m~c'')''nLd')')')')~ri~ ))'!

(~t\t'tTto: \n.–L:'h;['))v-i'p)'d')'v!<<{')
ch"~ue]cs'~tis('.)tt)n]!)n'))t;')'"r''sr't)'t)~f..ttrt-
tutc'htf~'t.–<~f'[))~<L't'[u'!i:n)~t.~(<[n't.
!.tr.)is":).–Lr'~i't'sr):)t-(-)j")!))!))"rt'<ri'-

t')tcsnr)~s.)n~s.):).t:[!t.f.t't)ij'r)rt'<
.<);)m.t'cct!.)!)ti).– t/)!it)t)h')-)'Lf;'f"icn
«
t)io)~f~rcittCtt'oaU':)')')!)~!));).–L"p~t'~
prr)ph<'t<'f)oS;)rr')n-. f)))!
--)~:tiHn'!n.<.h))i~'i!i
–nifn"tut]~ic ;')))!);))'i~t'i['i!r:'t.'f('~)~t~.
–L-<t)''rt't))C('rc!('c-'t))'~n~(*i~

m.T)\)'c-pr!(-L'mp'r.~n)~t'~)-)):tf.tit'Le
Yf)nr<).!).tkScr)'r;)t!)'i'i~tt.' 'i.v;)H)s.

–f~c.r"r:)'n;<tn:ire'!r'')'))* !~rt't.i~).:)t.

t.cursct.].:L'ur.<()')]~j't~J.i.s<U<fC-
Ctj!)/s;u];n~en. )7<' i

CH.\Ptr)tH\)H.–Ph'r.)i'C)) 'ji'.r~p.!r! '-ô))!c

p))iss.nico'ic))~h'')~).'t).):n')''r'i!t!jni:)!)()r.t-
~c.–rnc'-c~)'f!i.)~i~.ft; ~'n~.<)(')')(<')'
't~!pi)ii)nf'')0t~n~:r.rr.n':n')'i'i'')'r.r!.tv:
e'n"r.–).)c')~t!t')-)~'i.vi'')'')('(!)))('
nct.ivit~i[i~n'd':)-tn~rL–!)t'!).ni~i';tt't~rc-:ir-

rectirofic~f.t~ir-i;iJ)r'-)n')!s-t-!t-r(''c'i)c-
mcntmnrts?–).):).)t'tr'ferme ].):)'rtc'<]L'rr)rr(.t~n'

–avics))-?ct)(iu')'rc?n'i<'r.tninch'r!~s-t.)-

tucs.rc-'n-(')"c:!)~t'p.')-cn'st!ic(ic
Pr"c!tt?.–Lc'<m.cic:)S(tN!)!'h.)r.t.s~-

pnts.nmcnt.ie s.t:t~r.iicit'm'rtt.~t'r'-r.' Lrtp.'ctr.j


<-i:)tnoi" m.trche –<
<i;<n~I'LS~;jc' q'tt 'uDp.'rtc
I'<i(!ptc. et. ce ')ui i.' :nL;]i:).– '~)i:u')n (ht
~u~pirt.c
pr~res--cur\:ch~i.:s\)~nr.F~ci't:"ndnprL:-
dpice.–L~ph'o.-i'phic(iplL-i)\cv~Ltt.crr''
~vant Adam. t.'tr.i.jr.ttnm.; 'r~L~s~i.'m.mts

alcftimi())ics(!)t(~unt.(!c (~).~t.r~. –)/"rh~rtnc-

tique, reilc\i')n c 'nde'L'cd~ r.tv~n-. 'i.tires. 1~'im-

prnT)eriedans!est.tma-er:~sThii)e<-ai')c< '2i0
Ct!At'tTKR Xt~. Preuves d' i<) ~r.m'i~nrde an-
n'~vpte
cienne. des mon'Hthcs. La (.trècc doit
l'ranspjrt
TAHLE HES MATtÈttES ~77

t()ut.csrcscn!]));us~;)t)t's .tt'H-~vptc.–L~t ~[uricusc


Thèmes <'U.)[)«~s.ttt~<'K.'rt)t)\. Qocts turent icsarchi-

tccL~sdct'f~~yptc.))ctrc)t!c(pnp;'rcics coups

(!ct"ndrc.–(~'(pn'c'mt.i~))t.tnp)p\'rns()!~bcrs.–
Ar~s)'pL)c)tsdc)'~nerr'[<)t'))p.ux. Lcstrfus

(ic'~rcsdu propre.-(').tt)ii<p)~trcsicc!cc~L ic

.siccic <)))'.);)).M')'Y')))')j\\crrL'<)))!)~is.–Trempe

tinc)t\'rc:t'vct"j'j'c~<tn"[nh's..t!t.t))c~ic.– 1~
c)ufui'<t's <j)!tn'r)f'!)).'<<t'.thriL't.i'mduvct'r'

jHCt'rt'sj)!C)':)~j-'j''hii'~cth's.–i~prc))UC['sn.(\')~.)-
tc!)r-(i.t(t)~<i<c. –))t')!icni\~t.cri~().tn~h's<~))--
d)!)(.')'(. -<~))tc!)t'~t.rtt)'(~n!)'<~ti't.'t.))cnL
!cs.t))()t')~c))<js.i''rh'un~Lttttc.ic!)n-(i)CLJ.u\t-

cait).–<~t!t('<i!fs.'tp(jt)t..j't'<t'.<rj.–<~fi)t.eJ~u<io).t
et. \.)~H.)tistnc.–H't~n<tcs;tnct-~)-L'xic.un-

Tr<'is~[.)r)<'u-<sr')u's.P)).)p.c'pui'st;it.Quia
c":)sLru)L'<t\t?)~-[.c~itL'< furent, tes tribus

pcr'tuc'-ft').' -<Jt\-t.t')Ltcsjmts?–ci)r'~),ia

viHc(Jc-~ci:)t.Lcp.t\(ici'Hi~h.<t-i!t.<jc.–Les
cni-th.~d):S:'hi:)\ ;Hj
Cn\)'f)«) L'f'i(t)()L:f.)t!).)fcc(.i't'~ic!itL'ef.–

Dcu\rct)).tr(ju.t))L~r<ti'}m.s<t.;ai~cs.(<cnc-c
nc~ <.)itmcc't''i~i.)(~t').tt.j(.'h<)tJcc!)ne. SL'ns
c.'chc ~<rn<'t~t:o.t~Lc's~jct.L'~deStvactfij

\'t"hnou.–r;iicH.rct'c:t:t~Y)\nuc!).–Q~etcst.t'c
()uui":i(i~{tt<')uc)' fr<t:is))n)).N~\cn;t<jj.tdisfr)rtctcn-

duc.–L.)\rtta!c'H't~mc'itin"rn.rncrt(ptc.–Gan-
ses de i-t rui:).' <ic t.t :\t(.-c de t').t:)t..dc. l'j~-a~es s~n-

tcrr.tm-tut'c)'<'u.–L[ts'crct.rcvc[ep't]rL)pretnicrc
tui-i.;)!'cc~mpc:)'-L'n)c~ti:nabL'd'' Micueu-t's~m~.
–iC)~Ii-]c~en<i<j('h);io:e.–L).'s J.~tinsc~pic.~ies
dndc-cr! -))ctn!~ir'a)dcC.d)t'"rnic'Les

ct'r[ncur~(f'c~m!t~t(~c\!an.–(nc~-ntrccma~tfpic
ul'art~ctnc.'i:idi":idcicspri~dcHct.'t.)tOve;).–
Li(juef;'ct.t0!i du 'j ~pL's ct.a ~~r~crcoti. Thcu-

p~)-I;)tL'r:'it)iL'>Ci'nj<J~Jp.'pcSi\tc\'et.Icst.)It–
m.tns.–Les c't.'i-ic'<t.dc'c"n\'crt.esderf[ide an-

cienne.–I.cp~Mt!Vt-tnc<I~L!tL'L'vit'u.\()<?ÎI.O~<):)ns.

–Sh'cpt'L'rrc.d':irmeics\tc"nj.rcoL''rtt.rK}uj.– Le

di~nit~nt')drc.–IJc:'tit.cdn\Ie:i<L~ypt!e:t. 397
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE IX. - Les troglodytes des Eyzies. - Les fruits de l'arbre-homme. - Hercule le Titan fidèle. - Le Puissant Seigneur de Gloire. - Restes d'une race de géants. -
Races pré-adamiques. - La Rosée du Ciel des Alchimistes. - Les philosophes du feu. - Les Puissances de l'air. - Quelques-uns font de l'homme un automate mécanique. -
La chute dans la génération. - La mort de l'âme suivant les Swedenborgiens. - Les "frères de l'ombre". - Que sont les âmes souillées? - Une lettre curieuse. - Un ange
gardien. - Le corps astral du singe. - L'étincelle argentée du cerveau. - L'avenir de la Psychométrie. - Les mauvais esprits seuls aiment l'obscurité. - L'aurore de nouvelles
découvertes
CHAPITRE X. - Le père Félix de Notre-Dame. - Un abîme dans un grain de sable. - Un fragment d'Hermias. - Le livre de vie. - Apulée sur l'âme. - Spéculation de Dupuis et
de Volney. - Oannes, l'homme-poisson. - La réincarnation est-elle possible? Quand l'annihilation est possible. - Sorcières et magiciens. - Le sommeil sacré. - Les fantômes
du professeur Pepper. - Les sorcières de Salem. - Les mauvais esprits craignent le glaive. - Histoire émouvante de Philonoea. - Les pouvoirs médiumniques définis. - Une
expérience d'adresse magique. - Le français parlé par des enfants à la mamelle. - Les miracles de M. de Pâris. - Curieuses propriétés du mariage. - Une offre libérale
CHAPITRE XI. - Robert Houdin en Algérie. - Domptage de serpents et de bêtes féroces. - Les fakirs et les crocodiles. - Divers phénomènes tératologiques. - L'imagination
de la mère: conditions pré-natales. - Les marques de la mère. - Théorie du professeur Armor. - Une explication proposée. - Pigeons à tête de perroquet. - Cas anciens de
tératologie. - Les limites extrêmes de la nature. - Opinion du Dr Corson sur l'invasion de la science. - Le développement de la vérité. - Le tâtonnement dans l'obscurité. - Le
serment sodalien. - Notre ancêtre pédactyle. - L'Atlantide submergée. - Changement de l'eau en sang
CHAPITRE XII. - La base physique de la vie. - Ce qui choque le sens commun du professeur Huxley. - La trinité du feu. - Ce que c'est que l'instinct, et ce qu'est la raison. -
Les bêtes sont-elles immortelles? - Aristote sur les songes. - Inconséquence de Lemprière. - Adam, Eve et Lilith. - L'intuition soutient la foi en "Dieu". - La réincarnation du
Bouddha. - Le petit prophète de Sarrelouis. - La lune magique du Thibet. - Ammonius le philosophe disciple direct de "Dieu". - La suprême épreuve des moines. -
L'expulsion des mauvais esprits. - Le vampirisme est-il un fait? - Le Vourdalak Serbe. - Absorption de la force des vivants. - Le gouverneur vampire de Tch***. -
Prestidigitateurs et Jongleurs du Bengale. - Les incubes et les succubes au moyen âge
CHAPITRE XIII. - Photographie en couleurs par la seule puissance de la volonté. - L'homuncule et la mandragore. - Une séance de magie au Bengale. - Faits de magie
blanche et noire. - Transmutation d'un cadavre en or. - Le comble de l'illusion. - La vie douée d'une activité intense dans la mort. - Inhumation et résurrection des fakirs. -
Quand les morts sont-ils réellement morts? - La nature ferme la porte derrière nous. - La vie suspendue. - Faire parler et marcher les statues. - L'arc-en-ciel. - Le mot de
passe mystique de Proclus. - Les magiciens du roi Pharaon. - Quels esprits aiment le sang fraîchement versé? - Un prêtre siamois marche dans l'espace. - Ce qui supporte
l'adepte, et ce qui supporte le médium. - Opinion du professeur Nicholas Wagner. - La fascination du précipice. - La philosophie de l'élixir de vie. - La terre avant Adam. - Le
tétragramme sacré. - Les diamants alchimiques du Comte de Cagliostro. - L'or hermétique, réflexion condensée des rayons solaires. - L'imprimerie dans les lamaseries
Thibétaines
CHAPITRE XIV. - Preuves de la grandeur de l'Egypte ancienne. - Transport des monolithes. - La Grèce doit toutes ces connaissances à l'Egypte. - La glorieuse Thèbes et
la puissante Karnak. - Quels furent les architectes de l'Egypte? - Une treille qui pare les coups de foudre. - Ce que contient le papyrus d'Ebers. - Arts Egyptiens de la
guerre et de la paix. - Les trois degrés du progrès scientifique. - Notre siècle est le siècle d'airain. - Merveilleux verre chinois. - Trempe du cuivre: Enveloppe des momies;
anesthésie. - La chimie des couleurs automates. - Fabrication du verre, pierres précieuses artificielles. - Les premiers navigateurs du Globe. - Une ville mystérieuse dans
les Cordillères. - Quiché et autres Cosmogonies. - Qu'étaient les aborigènes Américains. - Votan le demi-dieu Mexicain. - Culte du serpent d'Israël. - Culte de Voudou et
Nagualisme. - Religion des anciens Mexicains. - Trois glorieuses reliques d'un passé puissant. - Qui a construit Nagkon Wat? Est-ce que ce furent les tribus perdues
d'Israël? - Qu'étaient les juifs? - Hébron, la ville des géants. - Le pays de l'Elephant-Blanc. - Les énigmes du Sphinx
CHAPITRE XV. - L'Eden de la Bible et l'Eden réel. - Deux remarquables reliques Cingalaises. - La Genèse n'est qu'une copie de la Cabale chaldéenne. - Sens caché des
mots sanscrits. - Les sectes de Siva et de Vishnou. - Un lettré Pennsylvanien. - Quel est l'âge du monde? Une mer Transhimalayenne jadis fort étendue. - La véritable
origine du nom Amérique. - Causes de la ruine de la race de l'Atlantide. - Passages souterrains au Pérou. - Un secret révélé pour la première fois. - La récompense
inestimable de Hiouen-Tsang. - Une jolie légende chinoise. - Les Lutins espiègles du désert. - Le sable musical de Californie. - Les charmeurs de requins à Ceylan. - Une
soirée magique à Paris. - Réincarnation de l'esprit de Beethoven. - Liquéfaction du sang à Naples et à Nargercoil. - Theopoea la terrible science. - Le pape Sixte V et les
talismans. - Les connaissances et découvertes de l'Inde ancienne. - Le positivisme de Littré vieux de 11.000 ans. - Shoepfer réaffirme le système géocentrique. - Le divin
Pimandre. - Identité du Menès Egyptien

Vous aimerez peut-être aussi