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RETOUR SUR L’EXPERIENCE DE L’ADMINISTRATION NUMERIQUE AU MAROC :

CAS DES DOUANES ET IMPOTS INDIRECTS ET DE PORTNET

Anas ABOUTAOUFIK Ghizlane SALAM


Doctorant en science économique Professeure d’économie
Université Ibnou Tofail de Kenita Université Hassan II de Casablanca
Laboratoire des Sciences de gestion des organisations Laboratoire de l’Intelligence Stratégique

Introduction
Le monde où nous vivons est en perpétuel changement, et l’un des moteurs fondamentaux de
ce changement est l’information. Aujourd’hui, les TIC nous offrent plusieurs opportunités et
alternatives qui façonnent notre manière de voir et de faire les choses. Ces technologies sont
constituées par l’ensemble de toutes les techniques et dispositifs mis en place pour collecter,
transmettre, échanger, stocker et traiter des informations. Elles permettent un traitement plus
rapide dans des intervalles de temps très brefs, de sillonner le temps et l’espace en
transmettant des messages de manière quasi instantanée entre des interlocuteurs (serveurs)
distants, et de mémoriser un cumul pratiquement illimité de données.
Au cœur de cette mutation, l’internet n’est pas le seul cheval de bataille, cette transformation
digitale repose sur des supports bien tangibles qu’intangibles. L’économie mondiale, qui a
subit également cette transformation digitale, se déroule à une vitesse vertigineuse. Nous
parlons aujourd’hui d’économie digitale, ou l’économie numérique, qui révolutionne
l’approche économique classique. Alors, qu’est-ce que l’économie digitale ? C’est l’activité
économique qui résulte de milliards de connexions quotidiennes en ligne, entre les personnes,
les entreprises, les appareils, les données et les processus. L’épine dorsale de l’économie
numérique est l’hyper connectivité qui signifie une interconnexion croissante des personnes,
des organisations et des machines qui résulte de l’Internet, de la technologie mobile et de
l’Internet des objets (IoT). Elle prend forme et sape les notions conventionnelles sur la façon
dont les organisations sont structurées : comment les organisations interagissent et comment
les agents économiques obtiennent des services, des informations et des biens ?1
Ce travail vise à dresser une analyse des principales réalisations marquées par l’économie
numérique au Maroc sur les cas de PortNet et BADR, tout en mettant en lumières les
principaux défis et enjeux dans les années à venir.

1
Deloitte Malta: What is digital economy? Unicorns, transformation and the internet of things :
https://www2.deloitte.com/mt/en/pages/technology/articles/mt-what-is-digital-economy.html#
Retour sur les principaux faits marquants de l’émergence de l’économie
numérique

Définition et naissance de l’économie numérique


L’économie numérique en plus d’être une nouvelle mutation, est un concept opérationnel
ayant été promu par des organismes internationaux, spécialement par les rapports de
l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE)2, les initiatives et
les rapports du World Economic Forum3, les initiatives du MIT, ainsi que le programme de
financement de la banque mondiale4. Le terme « économie digitale » fut soulevé en 1995 par
Don Tapscott qui avait avancé que l’économie numérique nous emmènera à l’épicentre d’une
nouvelle convergence de l’information, des télécommunications et du divertissement.
Dans la même perspective, l’OCDE révèle dans l’une de ses publications que : « L'économie
digitale a eu de profondes répercussions sur le paysage commercial mondial. Elle a donné lieu
à de nouvelles entreprises et industries mondiales, elle a transformé les modèles commerciaux
des industries traditionnelles et, en tant que facteur sous-jacent des chaînes de valeur
mondiales (CVM), elle a remodelé l’organisation de l’économie mondiale »5.
De ce fait, le terme « économie digitale » découle de la reconnaissance de l’importance des
technologies dans l’économie moderne qui nous mène dans une nouvelle ère : la quatrième
révolution industrielle ou l’industrie 4.0.Au cours des 15 dernières années, nous avons vu
l’énorme croissance des plateformes numériques et leur influence sur nos vies.
Maintenant, les consommateurs sont influencés par les choses qu’ils voient sur internet,
notamment par le biais des réseaux sociaux. Cette économie est donc un moyen d’exploiter
cette opportunité. Elle est intégré dans tous les aspects de la vie de l’utilisateur :
administrations, soins de santé, éducation, banque, divertissement, etc.
Près de la moitié de la population du globe est désormais connectée à l’internet, contre
seulement 4 % en 1995. En 2016, dans la zone OCDE, 83 % des personnes adultes avaient
accès à l’internet et 95 % des entreprises disposaient d’une connexion internet haut débit. En
juin 2017, on dénombrait dans la zone OCDE près de 102 abonnements haut débit mobile
pour 100 habitants, soit en moyenne plus d’un abonnement par personne. Dans les pays de
cette zone, la transformation numérique se caractérise aujourd’hui par une connectivité
pratiquement universelle, mais aussi par l’informatique ubiquitaire, et repose sur la production
et l’utilisation d’énormes quantités de données.6
L’E-gouvernement
La transformation digitale touche tous les acteurs macroéconomiques, dont les Etats, par le
biais de leurs administrations. Elle bouleverse ou apporte ainsi de la plus-value aux concepts
de l’état providence et de l’état gendarme avec l’émergence de nouveaux concepts tels que
l’administration électronique (désignée aussi par l’e-administration ou l’e-gouvernement).En
effet, conscientes de leur rôle dans le développement économique durable, les administrations
sont comptées parmi les principaux agents macroéconomiques sur lesquelles reposent une
grande part de responsabilité. La transformation numérique est aujourd’hui un vecteur de
croissance qui re-sculpte le rapport transactionnel entre les ménages, les entreprises, les
administrations, les institutions financières et le reste du monde.

2
Laying the Foundations for the Digital Transformation of the Public Sector in Morocco, Published on July 09, 2018
3
Shaping the Future of Digital Economy and Society initiative
4
Financial Inclusion and Digital Economy DPF
5
THE DIGITAL ECONOMY, MULTINATIONAL ENTERPRISES AND INTERNATIONAL INVESTMENT POLICY OCDE 2018
6
VERS LE NUMÉRIQUE DANS UN MONDE MULTILATÉRAL, Réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des Ministres, Paris, 30-31 mai 2018
L’expression « E-gouvernement » est apparue à la fin des années 1990, mais l’histoire des
organisations gouvernementales révélant l’usage de l’information remonte aux préludes de
l’histoire de l’informatique. Nous proposons trois exemples de définitions de la notion de l’E-
gouvernement:
«L’E-gouvernement se réfère à l’utilisation par les organismes gouvernementaux de
technologies de l’information qui ont la capacité de transformer les relations avec les
citoyens, les entreprises et les composants gouvernementaux. Ces technologies peuvent servir
une variété de fins différentes. D’abord, de meilleurs services gouvernementaux aux citoyens,
ensuite l’amélioration des interactions avec les entreprises, et l’accès à l’information, et aussi
une gestion gouvernementale plus efficace. Plusieurs avantages peuvent en résulter : moins de
corruption, une transparence croissance des revenus, des réductions de coûts... »7.
L’OCDE définit l’E-gouvernement comme suit : «L’utilisation des TIC, et en particulier de
l’Internet, comme outil pour parvenir à un meilleur gouvernement»8.
Les efforts de l’Union Européenne reposent sur la définition suivante: «L’E-gouvernement est
l’utilisation des TIC dans les administrations publiques, combinée au changement
organisationnel et aux nouvelles compétences, afin d’améliorer les services publics et les
processus démocratiques»9.
Le cas du Maroc :
Le Maroc a initié depuis 2009 le plan « Maroc Numeric2013 » qui représente pour l’économie
marocaine un vecteur de croissance économique et sociale. A son échéance, une reconduction
vers un nouveau programme s’imposait, en donnant lieu à « la stratégie Maroc digital
2020 ».Malgré la forte volonté affichée pour l’émergence d’une économie numérique, le 1er
programme n’a finalement pas aboutit aux objectifs visés. La défaillance se situait au niveau
de l'approche, étant donné que ce programme ne reflétait que la vitrine numérique de l'Etat
avec des indicateurs mitigés, et à travers une simple consolidation des services informatiques
existants, en émettant une "carte de vœux" des projets made in "Information Technologies".10
Afin de garantir la continuité de la volonté et des actions crées par la stratégie de 2013, et de
pallier ainsi que de propulser l’essor du secteur de l’économie digitale, la nouvelle stratégie de
2020 vise à :
 Accélérer la transformation numérique du Maroc ;
 Renforcer la place du Maroc comme hub numérique régional ;
 Relever les freins éco-systémiques, en s’attaquant en particulier à la problématique de
la gouvernance et des compétences numériques11 ;
Cette nouvelle stratégie repose sur trois initiatives :
o E.gov – Transformation numérique de l’administration ;
o Réduction de la fracture digitale au profit des citoyens ;
o Transformation intégrée des secteurs critiques de l’économie ; 12

7
OCDE, 2003, p. 23]
8
[OCDE, 2003, p. 23]
9
[UE, 2004].
10
-Youssef GuerraouiFilali : Compétitivité numérique: Comment le Maroc peut-il mettre en place un cluster innovant et performant?
06/03/2018 Huffpostmagreb
11
UNESCO : Stratégie Maroc Digital 2020 : https://en.unesco.org/creativity/periodic-reports/measures/strategie-maroc-digital-2020
12
Samia Chakri : Stratégie national pour le développement de l’économie numérique, broadband forum and 3rd SC meeting, 8 novembre
2016, INPT.
L’économie numérique marocaine : cas de PortNet et BADR
Parmi les solutions E-gov ayant un fort impact sur l’économie marocaine et les échanges
extérieurs, nous citons PORTNET et BADR.

Le système PORTNET
PORTNET : le Guichet Unique National des Procédures du Commerce Extérieur initié en
2008. Il est devenu progressivement un outil incontournable dans l'accélération et l'intégration
de la chaine du commerce extérieur du Maroc. C’est un modèle précurseur du partenariat
réussi public-privé au service de la compétitivité des opérateurs économiques au Maroc et à
l'international.13
Cet instrument informatique permet le traitement sous forme électronique des autorisations,
permis, certificats, documents douaniers ou autres délivrés par les organismes compétents de
l’État, pour la réalisation des opérations spécifiques d’importations et d’exportations. Le
développement informatique assuré, garantit la sécurité technologique et juridique des
différents documents au moment d’intégrer la signature numérique et le paiement électronique
en ligne.
Le nombre de pages consultés est passé de 3,16 millions de pages en janvier 2020 à 3,22
millions de pages pour la même période en 2021 soit une progression de 1,9% et de 3,12
millions de pages en février 2020 à 3,60 millions de pages en février 2021 soit une
progression de 15,38%.
Le taux d’évolution moyen pour la période de janvier, février de l’année 2020 comparée à la
même période de l’année 2021 est de 8,64%.

Source : Portail web de Portnet

13
https://portail.portnet.ma/fr/a-propos
Les utilisateurs du guichet unique se composent des agents maritimes, des banques, des
exportateurs et importateurs, des opérateurs de manutention, des organismes de contrôle,
transitaires, freight forwarders, exploitant MEAD…
Le tableau ci-dessous reprend l’évolution en hausse du nombre de client entre 2020 et 2021,
elle reflète la bonne politique de commercialisation et de communication utilisée par le portail
pour encourager les différents opérateurs de la logistique, du transport et du commerce
extérieur à adopter ces solutions dématérialisées.

Source : Portail web de Portnet

Le système BADR
Le système BADR, Base Automatisée des Douanes en Réseau, est le système de
dédouanement en ligne des marchandises au Maroc tant à l’importation qu’à l’exportation. Il
prend en charge la totalité des procédures douanières tout en intégrant des concepts nouveaux
tels l’anticipation et l’interactivité avec l’opérateur. Il constitue le pilier sur lequel s’appuie le
concept de dédouanement électronique.14
Autrement dit, c’est un système transactionnel destiné à tous les intervenants de la chaîne
logistique de dédouanement et concerne directement ou indirectement une palette d'acteurs du
commerce extérieur: les transitaires, les importateurs, les exportateurs, les transporteurs, les
agents maritimes, les transporteurs aériens, les exploitants MEAD, les dépoteurs, les
départements ministériels de l'Industrie, de l'Agriculture, de la Santé et du Transport, l'Office
des Changes, l'Agence Nationale des Ports, les banques, etc.
En effet, la dématérialisation des échanges rentre dans le cadre du plan stratégique 2017-2021
de l’administration des douanes et impôts indirects. Celle-ci est présentée comme un projet
stratégique répondant à l’un des objectifs majeurs qui est l’accélération du passage en douane.
Cette optique est venue s’ajouter à la batterie de mesures de simplification instaurées au
cours des dernières années et trace le terrain à la révolution que constituera la
dématérialisation totale des procédures de dédouanement initiée au début de l’année 2019.
Cette année restera à coup sûr l’année où la Douane marocaine a basculé vers le zéro papier :
la 1ère année de la dématérialisation. Ce changement radical a bouleversé la relation entre le
douanier et l’opérateur économique ou son représentant. Cette nouvelle procédure a déchargé
l’opérateur de déplacements aussi coûteux qu’inutiles, mais a également permis au douanier
de travailler dans un environnement empreint de plus de sérénité.

14
http://www.douane.gov.ma/badr/base_automatise.html
En effet, la dématérialisation s’est vue instaurée comme suit15 :

Abandon du dépôt physique pour tous les régimes douaniers :


La dématérialisation totale du circuit de dédouanement s’est traduite par la généralisation de
l’abandon du dépôt physique de la déclaration en détail et de ses documents annexes à
l’ensemble des régimes douaniers, après avoir couvert en 2018 les régimes de cessions. Une
mesure phare qui permettra d’améliorer les conditions de passage en douane, de contribuer à
la réduction des coûts et délais des opérations du commerce extérieur et de renforcer la
transparence dans le traitement des opérations douanières.

15
Rapport annuel de l’ADII PAGE 19
L’usage de support mobile :
L’ADII a déployé en janvier 2019 une version mobile de son système de dédouanement
BADR. Equipés de tablettes tactiles, les douaniers sur le terrain accèdent désormais, de
manière sécurisée, aux fonctionnalités de BADR même en dehors du bureau.
Ceci permet de traiter les déclarations (contrôle, liquidation, mainlevée …) en temps réel et
ainsi d’accélérer le passage en douane. Les principales fonctionnalités de cette facilité se
résument dans :
- Consultation de la déclaration
- Redressement de la déclaration
- Contrôle immédiat
- Traitement de la valeur
- Ecor à l’import (pesage, l’enlèvement des marchandises, le contre écor)
- Ecor à l’export (attribution du « Vu Embarquer »)
- Reconnaissance de visite
- Liquidation
- Délivrance de la mainlevée

Paiement par débit direct : un nouveau canal à la disposition de l’opérateur :


La Douane élargit sa palette de moyens de paiement électronique proposés aussi bien aux
opérateurs économiques qu’aux particuliers. Après le règlement par Echange de Données
Informatisé (EDI), par carte bancaire, via e-banking16, m-banking17, en agence bancaire, via
les Guichets Automatiques GAB ou auprès d’un point de service de proximité, un nouveau
canal de paiement électronique intitulé « Débit direct » a été instauré en 2019.
Mis en place dans le cadre d’une convention tripartite entre l’ADII, la Trésorerie Générale du
Royaume (TGR) et la société « Maroc Traitement des Transactions », ce nouveau mode
permet d’acquitter les créances douanières en débitant le montant total dû directement du
compte bancaire de l’opérateur, à tout moment, en temps réel et en toute sécurité.

Source : Rapport annuel ADII 2019

16
Banque électronique
17
Service bancaire mobile
Dématérialisation de la demande de certificats d’origine :
Le processus de dématérialisation des certificats d’origine couvrant les exportations des
produits d’origine marocaine, initié en 2018 suite à une expérience pilote réussie menée avec
les Douanes de la Fédération de Russie, a connu en 2019 une extension progressive à d’autres
pays liés par un accord préférentiel avec le Maroc. Le dépôt, par voie électronique, de la
demande de certificats d’origine (CO) a ainsi été acté dès la mi-avril 2019 pour les certificats
délivrés, dans le cadre du Système de Préférences Généralisées, des accords avec les pays
arabes et des accords conclus avec l’UE, l’AELE, la Turquie et les pays de l’accord d’Agadir.
La digitalisation de la demande des CO se veut une évolution visant à procurer à l’exportateur
un gain de temps, une minimisation des risques d’erreur ou de rejet et une réduction des
déplacements aux bureaux douaniers.

Source : rapport annuel ADII 2019

Dématérialisation de la déclaration d’admission temporaire des véhicules :


Soucieuse de réduire le délai de passage en douane des voyageurs, l’ADII a mis en place, à
compter du 1erjanvier 2019, une nouvelle procédure informatisée pour l’admission temporaire
(AT) des véhicules de tourisme immatriculés à l’étranger.
Les déclarations correspondantes (D16 bis et D16 ter) sur support papier ont été abandonnées
pour céder la place à une déclaration verbale du voyageur. Les éléments d’identification du
moyen de transport présentés à bord des bateaux ou à terre à l’arrivée au Maroc, sont
introduits dans le système BADR et pris en charge par un agent douanier. Ce dernier imprime
et délivre au voyageur une carte pour les besoins de circulation du véhicule sur le territoire
national et d’apurement à la sortie vers l’étranger.

Abandon du support papier pour les déclarations relatives au transport routier :


Après plus de deux ans de la mise en œuvre de la nouvelle procédure informatisée des
déclarations simplifiées d’admission et d’exportation temporaires des véhicules à usage
commercial (dites triptyques « D17 » et « D20 ») et de la possibilité offerte aux transporteurs
de continuer à emprunter le circuit « papier », il a été décidé d’abandonner celui-ci et de
rendre obligatoire le recours à la procédure informatisée à compter du 1eroctobre 2019.
Durant cette période transitoire, les transporteurs qui n’étaient pas encore préparés à la
nouvelle procédure ont continué à utiliser la procédure manuelle.
Etat des lieux de la dématérialisation des échanges dans le secteur de la
logistique et du transport au Maroc :
Dans une étude entamée en mars 2021 avec 116 entreprises qui opèrent dans le secteur du
transport et de la logistique au Maroc, nous avons essayé de décrypter le niveau d’adoption
desdites entreprises de la dématérialisation des procédures.
Nous avons choisis un questionnaire à choix multiple, basé sur l’échelle Likert développée
par Rensis Likert18 .
La réparation 116 entreprises étudiées par type est comme suit :
Transporteur : 38 réponses.
Transporteur et logisticien : 51 réponses.
Logisticien : 19 réponses.
Transitaire : 8 réponses.

18
Rensis Likert (1903-1981) est un psychologue américain connu pour son apport à la psychométrie et à la
mesure des attitudes.
L’usage des solutions digitales en interne et en externe :

Tout à fait
Tout à fait Sans En en
Propos d'accord D'accord avis désaccord désaccord
Dans mon
entreprise,
nous nous basons
sur l’usage de
solutions digitales
afin de produire, 52 47 9 6 2
gérer et de
diffuser des
données
en interne et en
externe.

Le premier propos partagé avec l’audience, nous a permis de situer le niveau d’usage des
outils digitaux dans la communication intra-entreprise et inter-entreprise.
L’objectif d’une logistique informatisée ou digitalisée est de fournir la bonne information,
dans le bon format, au bon endroit au bon moment pour les bonnes personnes dans une
approche axée sur la demande des clients19 .L’excellence de l’information logistique dans le

19 Lambert, D. M., and Stock, J. R. (1993). Strategic logistics management, 3 rd edition,


Irwin, Homewood.
scénario industriel agile d’aujourd’hui est devenue une préoccupation au niveau tactique et
stratégique. Un autre indicateur autre que ceux affichés dans le diagramme ci-dessous que
nous pouvons retenir lors de notre démarchage, est l’absence de désaccord partiel ou total
pour les types logisticiens et transitaires auditionnés, tandis que le type transporteurs
affichent un pourcentage de désaccord de 13,2% et un désaccord total de 5,3%, alors que le
type transporteurs et logisticiens n’affiche qu’un désaccord de 2 %.
Sensibilité des membres des équipes logistiques et de transports à la digitalisation :

Tout à fait
Tout à fait Sans En en
Propos d'accord D'accord avis désaccord désaccord
Dans mon
entreprise, les
membres de
l’équipe
32 42 23 16 3
logistique et
transport ont une
sensibilité forte
à la digitalisation.

Le second propos, vise à connaitre la force d’aptitude des entreprises à réagir aux excitations
dues à la digitalisation : changement des processus, utilisation de nouvelles ressources…
Dans l’audience étudiée, le type logisticiens est celui qui affiche le pourcentage le plus élevé
d’accord absolu soit 42,1%.
La neutralité a une part non estimable car elle atteint presque les 20% de l’ensemble de
l’audience tout type confondu, les taux varient de 26,3% chez les logisticiens, 25% chez les
transitaire, et 18,4% chez les transporteurs, alors que le taux de neutralité le moins élevé
s’affiche chez les transporteurs et logisticiens avec 17,6%.
Cependant, le taux légèrement élevé de neutralité et de désaccord nous ont poussé à réfléchir
si les membres des équipes logisticiens et transporteurs ont été bien formés et initiés à la
digitalisation, le propos ci-dessous essaiera de répondre à notre interrogation.
Proposition de formation aux logisticiens et aux transporteurs par leurs entreprises
pour la bonne conduite des projets de digitalisation :

Tout à fait
Tout à fait Sans En en
Propos d'accord D'accord avis désaccord désaccord
Mon entreprise
propose des
formations
aux membres de
l’équipe logistique
25 48 18 14 11
et transport
afin de mieux gérer
et conduire les
projets de
digitalisation.

Dans le 3ème propos, nous avons voulu voir si les membres des équipes logistiques et de
transport ont disposé de formations pour la gestion des projets digitaux proposées par leurs
entreprises or celles proposées par les autorités étatiques et les associations professionnelles.
Nomination d’un responsable ou d’un leader pour accompagner la digitalisation des
activités logistiques :
Tout à fait
Tout à fait Sans En en
Propos d'accord D'accord avis désaccord désaccord
Mon entreprise a
un leader pour
accompagner
24 50 21 13 8
la digitalisation
des activités
logistiques.

Le quatrième propos vise à élucider si les entreprises sondées ont nominé officiellement des
responsables de conduite de projet digitaux ou officieusement mis en avant des leaders pour
l’accompagnement de la digitalisation des activités logistique.
Au cours des dernières décennies, les spécialistes du leadership ont essayé de surveiller les
effets des processus de digitalisation.
Une partie du débat académique porté sur le rôle de la capacité des dirigeants d’intégrer la
transformation digitale dans leur entreprise et, en même temps, d’inspirer les employés à
adopter le changement, qui est souvent perçu comme une menace pour le statu quo actuel
(Gardner et al., 2010; Kirkland, 2014).
Pour clarifier ce débat, la construction du e-leader a été introduite pour décrire un nouveau
profil de dirigeants qui interagissent constamment avec la technologie (Avolio et al. 2000;
voir aussi Avolio et al. 2014 pour un examen). Par conséquent, le e-leadership est défini
comme un « processus d’influence sociale sous l’œuvre des nouvelles technologies
d’information pour produire un changement d’attitudes, de sentiments, de pensée, de
comportement et/ou de performance avec des individus, des groupes et/ou des organisations »
(Avolio et al., 2000, p. 617).
Le type transporteur et logisticien est celui qui affiche le taux en pourcentage d’accord total le
plus élevé, soit 29,4% suivi par les logisticiens qui eux sont totalement d’accord à 21%.
En ce qui concerne les pourcentages d’accord, ceux-ci sont respectivement d’ordre de 42,1%
pour les logisticiens, de 37,5% pour les transitaires, de 50% pour les transporteurs, et de
39,2% pour les transporteurs et logisticiens. La plus grande part d’accord est évaluée chez les
transporteurs.
Mise à disposition des ressources pour la conduite des programmes de
digitalisation :

Tout à fait Sans En Tout à fait en


Propos d'accord D'accord avis désaccord désaccord
Mon entreprise a
consacré des ressources
matérielles et
immatérielles
30 47 19 15 5
appropriées pour la
conduite
des programmes de
digitalisation.

Pour une entreprise, la dématérialisation recouvre de multiples réalités. Il peut s'agir


simplement de numériser les factures pour faciliter leur traitement ou d'envoyer à un
prestataire externe des fichiers numériques. La dématérialisation nécessite des dépenses en
capitale considérables pour l’acquisition des moyens matériels et logiciels,
l’accompagnement et la formations des équipes pour garantir l’aboutissement des projets.
Les transitaires recensés affichent le taux d’accord total le plus important qui est de 37,5% et
une absence de désaccord total, suivi des transporteurs et logisticiens qui affiche un taux
d’accord total de 31,4% et un désaccord total d’uniquement de 2%.
Ces chiffres sont l’illustration des programmes d’accélération de la dématérialisation des
échanges avec les douanes et les autorités portuaires et aéroportuaire au Maroc à travers le
guichet unique Portnet, mais aussi les standards imposés par la douane qui concerne
l’archivage, la communication des documents en ligne, ce qui nécessite une infrastructure
informatique apte à répondre à ces nouveaux processus de travail.

Conclusion
Pour aussi passionnante qu’elle puisse être, la dématérialisation des procédures ne constitue
cependant pas en soi un point d’arrivée ; bien au contraire, il s’agit pour l’administration non
seulement de s’adapter continûment à de nouvelles contraintes, mais également de saisir de
nouvelles opportunités au service de l’intérêt général. La dématérialisation des procédures est
devenue un mode d’action publique à part entière, dont l’un des objectifs vise à « simplifier
les usages et diminuer la charge administrative grâce au numérique »20.
A cet égard, il apparaît pertinent de s’interroger sur le fait de savoir si la révolution numérique
de façon générale et la dématérialisation des procédures en particulier rendent l’État plus
intelligent, notamment au service des citoyens et des investisseurs nationaux et
internationaux. La question peut sembler malicieuse, car, de prime abord, la dématérialisation
paraît offrir un horizon infini de possibilités d’améliorations de l’action publique. Toutefois,
parce qu’il s’agit de l’intérêt général, la nuance doit être de mise. En effet, le processus de
dématérialisation des procédures bénéficie largement aux citoyens et aux entreprises dès lors
qu’elle permet à l’administration d’optimiser ses procédures en interne et d’améliorer le
service rendu aux usagers.
Tout d’abord, le tout numérique ne garantit absolument pas que les procédures elles-mêmes
ne soient pas complexes, ce qui peut poser des difficultés aux citoyens dans leurs relations
parfois difficiles avec l’administration.
Le véritable paradigme a été décrit par sa majesté le roi Mohammed VI lors de son message
adressé aux participants au Forum national de la haute fonction publique, le 27 février 2018 :
«… En définitive, ce que Nous voulons, c’est hisser la productivité de l’Administration à des
niveaux supérieurs et l’infléchir pour qu’elle s’adapte aux changements intervenus à l’échelle
nationale, qu’elle assimile les dynamiques d’évolution à l’œuvre au niveau mondial, et qu’elle
contribue à relever les défis de développement auxquels est confronté notre pays.
C’est pour ces raisons que Nous avons constamment insisté sur la nécessité de réformer
l’Administration et de mettre à niveau les ressources humaines dont elle dispose. Pour notre
pays, le choix est stratégique dans la mesure où une telle orientation permettra indéniablement
d’asseoir les fondements du modèle de développement que Nous appelons de nos vœux.
Ainsi, l’Administration pourra élaborer et développer, dans des domaines variés, des
politiques publiques efficaces et efficientes…».

20
Ibidem, p. 6.
Bibliographie :

1- Deloitte Malta: What is digital economy? Unicorns, transformation and the internet of
things : https://www2.deloitte.com/mt/en/pages/technology/articles/mt-what-is-digital-
economy.html#

2- Financial Inclusion and Digital Economy DPF

3- OCDE : Digital Government Review of Morocco : Laying the Foundations for the
Digital Transformation of the Public Sector in Morocco, July 09, 2018

4- OCDE : The digital economy, multinational enterprises and international investment


policy in 2018

5- Qu’est-ce que Portnet : https://portail.portnet.ma/fr/a-propos

6- Qu’est ce que BADR : http://www.douane.gov.ma/badr/base_automatise.html

7- Rapport annuel de l’administration des douanes et des impôts indirects du Maroc de


l’année 2019.

8- Samia Chakri : Stratégie national pour le développement de l’économie numérique,


broadband forum and 3rd SC meeting, 8 novembre 2016, INPT.

9- Shaping the Future of Digital Economy and Society initiative

10- UNESCO : Stratégie Maroc Digital 2020 : https://en.unesco.org/creativity/periodic-


reports/measures/strategie-maroc-digital-2020

11- Vers le numérique dans un monde multilatéral, Réunion du Conseil de l’OCDE au


niveau des Ministres, Paris, 30-31 mai 2018

12- Youssef GuerraouiFilali : Compétitivité numérique: Comment le Maroc peut-il mettre


en place un cluster innovant et performant? 06/03/2018 Huffpostmagreb

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