Cours Rheologie
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1. Terminologie
La rhéologie est la science des lois de comportement des matériaux, qui lient, à un instant donné,
les contraintes aux déformations. Le comportement rhéologique des roches s'étudie par le biais
d'essais mécaniques au laboratoire, essais qui se déroulent soit en compression simple ou en
cellule triaxiale. Lors de ces essais, des échantillons cylindriques ou cubiques sont soumis à un
état de contrainte connu tout en y faisant varier différents paramètres tels que la température, la
pression de confinement, la vitesse de déformation, la pression fluide et la chimie des fluides
environnants. Ces essais nous permettent de simuler en laboratoire la déformation fragile, qui
se traduira par le développement d'un plan de discontinuité dans l'échantillon, une fracture par
exemple, accompagné ou non de glissement sur le plan de discontinuité, ou la déformation
ductile, qui sera accommodée par la distorsion et/ou la dilatation du matériau sans rupture ni
perte de cohésion.
Dans tous les cas, la contrainte différentielle correspond à la contrainte axiale σ 1, moins la
pression de confinement, σ3 et on aura:
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Δσ = σ1 - σ3
3. Modèle rhéologique
Un modèle rhéologique est un modèle utilisé pour modéliser le comportement d’un matériau,
c’est-à-dire pour simuler sa réponse à une sollicitation mécanique. Concernant
la viscoélasticité linéaire, des modèles analogiques empiriques ont été proposés ; ils sont
composés d’une combinaison de connexions en série et/ou parallèle de ressorts (de coefficients
d’élasticité Ei) et d’amortisseurs (de coefficients de viscosité) élémentaires, représentant les
composantes élastique et visqueuse, respectivement. Il existe des modèles performants pour
décrire la viscoélasticité, approchant de façon satisfaisante les courbes de caractérisation
mécanique, mais de complexité mathématique élevée. Certaines lois de
comportement sont intégrées dans des logiciels de calcul par éléments finis traitant la
viscoélasticité.
Les fluides viscoélastiques peuvent aussi être représentés par des modèles
analogiques électriques.
σ E
σ ̴ Ɛ (déformation proportionnelle à la contrainte)
Figure 2. Diagramme contrainte – déformation pour une déformation élastique (loi de Hooke).
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Déformation observée
Dans le modèle de Hooke, la déformation est non-permanente (le corps reprend sa forme initiale
si on arrête la contrainte) et instantanée. Si on conduit des expériences sur des vrais matériaux,
on constate que la déformation non-permanente n’est, en réalité, pas instantanée, ni à s’établir,
ni à disparaitre. On parle de comportement anélastique, qui peut avoir son importance par
exemple en génie civil (tunnels, mines, …).
Un cas particulier de déformation plastique est celle où le seuil est nul : à la moindre contrainte,
le matériau flue et se déforme de façon permanente. On parle de comportement visqueux (figure
3). C’est le cas, par exemple, des liquides communs comme l’eau (si vous appuyez sur l’eau,
elle se déforme). Il est impossible d’accumuler une contrainte différentielle dans un corps
visqueux.
Par analogie on peut comprendre comment se comporte un matériau idéalement plastique (non
visqueux) : tant que la contrainte exercée ne dépasse pas un certain seuil, le matériau ne se
déforme pas ; au-delà de ce seuil, il ne peut pas accumuler de contrainte et flue latéralement,
comme le ferait un liquide.
On peut, par ailleurs, discuter des lois de fluage dans les deux cas. Comme on peut le
comprendre intuitivement, la vitesse de déformation dépend de la contrainte exercée (« plus on
appuie fort, plus le matériau part vite sur les côtés »). La loi générale de fluage est de la forme :
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- si au contraire le matériau finit par s'écouler, c'est un liquide.
Au contraire, les caractères élastique et visqueux (ou les comportements intermédiaires,
viscoélastiques) se manifestent à chaque échelle de temps (fréquence de sollicitation) :
- à une échelle de temps donnée, si la déformation du matériau suit la force ou les contraintes
appliquées, alors le matériau est élastique ;
- à la même échelle de temps, si c'est la dérivée de la déformation par rapport au temps (taux
de déformation) qui suit la force ou les contraintes, alors le matériau est visqueux.
Les caractères liquide et solide d'une part, visqueux et élastique d'autre part, sont décelables
pour de faibles contraintes appliquées. Si l'on applique une forte contrainte, un matériau qui
semblait solide peut se mettre à s'écouler. Il révèle alors un caractère plastique. La plasticité est
donc caractérisée par un seuil de contrainte (appelé seuil de plasticité) au-delà duquel le
matériau s'écoule.
L'usage veut que l'on parle de solide plastique lorsque le seuil de plasticité est plutôt élevé, et
de fluide à seuil lorsque le seuil de plasticité est plutôt bas. Il n'y a cependant pas de différence
fondamentale entre ces deux notions.
La viscosité est une constante qui dépend du matériau et est fonction de la température, de la
pression et de la vitesse de déformation.
Δσ= με
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8. Comportement rhéologique des roches
8.1. Diagramme contrainte vs déformation
Les données expérimentales sur la déformation des roches en cellules triaxiales sont portées sur des
graphiques de contrainte vs déformation (figure 5), l'axe vertical étant la contrainte différentielle (σ 1 -
σ3) et l'axe horizontal étant la déformation exprimée par la déformation linéaire de l'échantillon (ε, S ou
λ).
Les essais sur la déformation des roches ont permis d'observer que la plupart des roches se comportent
de façon élastique jusqu'à ce que leur limite d'élasticité (ou seuil de plasticité) soit atteinte. L'échantillon
subira alors soit (A) une rupture fragile accompagnée de perte de cohésion et d'une chute brusque de la
contrainte, (B) une déformation ductile irréversible suivie d'une fracturation sans perte de cohésion ou
(C) une déformation ductile irréversible (figure 4). Lorsque les roches sont déformées à température et
pression ambiantes, la rupture se produit sans déformation ductile appréciable. Par contre, lorsqu'on
augmente la température et/ou la pression, une part considérable de la déformation sera accommodée
par une déformation ductile (distorsion), i.e. le domaine plastique sur un graphique σ vs Eε. Le
comportement plastique peut être accompagné d'un durcissement ou d'un amollissement du matériau.
Figure 4. σ vs Eε. Comportement élastique suivi de rupture fragile (A), d'une déformation
ductile et rupture (B), et d'une déformation ductile accompagnée d'un amollissement (C).
Un comportement élastique se caractérisera par une droite sur un graphique σ vs ε (figure 5).
La pente de la droite correspond au module de Young, qui décrit une des propriétés physiques
de la roche, la rigidité. Cette droite nous indique que la déformation (ε) est directement
proportionnelle à la contrainte (σ) selon la relation suivante:
σ = Eε
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Il existe plusieurs paramètres qui servent à décrire le comportement rhéologique d'une roche
(figure 5):
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Figure 6. σ vs Eε. Courbe D: Amollissement, courbe E: Fluage plastique idéal, courbe F:
Durcissement.
Mentionnons aussi qu'une roche sera dite fragile lorsqu'elle subira au plus 5% de déformation
ductile avant la rupture, fragile-ductile lorsqu'elle subira entre 5 et 10% de déformation ductile
avant rupture, et ductile lorsqu'elle subira plus de 10% de déformation ductile avant rupture.
9. Lois de rupture
- Le critère de Coulomb prédit simplement que la rupture aura lieu sur un plan si la contrainte
cisaillante excède une valeur seuil donnée ; la rupture a lieu si ɽ ˃ C ;
Lors d’un essai en compression ou en traction, la rupture se manifeste par une chute de la
contrainte différentielle par :
Après plusieurs essais, il est possible de construire un graphique ɽ vs σn, qui correspond au
diagramme de Mohr des contraintes (figure 7).
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Figure 7. Enveloppe de Mohr-Coulomb
Pour un système de contraintes donné et pour un matériau donné, le critère de Coulomb permet
de prédire la contrainte minimale à laquelle aura lieu la rupture ainsi que l’orientation du plan
de fracture qui se développera. La relation définie par le critère de Coulomb est la suivante :
τ = C + (μ*) σn
C = la cohésion ;
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Figure 8. Détermination de paramètres
Si on revient sur les courbes contrainte – déformation, on peut décrire la déformation par une
succession de modes rhéologiques :
Dans tous les cas, on note qu’il existe une contrainte maximale que la roche peut supporter
(selon les cas, elle correspond à la rupture, ou au fluage) : on parle de résistance (strength) de
la roche.
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Nature de la roche
On comprend aisément que des roches différentes vont avoir des réponses rhéologiques
différentes, selon qu’elles sont plus ou moins « molles » : on parle de compétence. Une roche
est plus compétente si elle a un seuil plastique élevé, autrement dit, il est difficile de la déformer
de façon plastique, par extension, si elle se déforme de préférence de façon cassante.
Empiriquement, on peut proposer une échelle de compétence relative, de la plus faible à la la
plus forte :
- Sédiments : sel, argile, calcaire, grès impur, grès, dolomie ;
- Roches magmatiques / métamorphiques : schiste, marbre, quartzite, gneiss, granite,
basalte, gabbro.
Pression lithostatique
Température
Vitesse de déformation (figure. Effet de la vitesse de déformation)
Pression de fluides (dans les pores) : Figure. Effet de la pression de fluides
Fluides (dans les structures cristallines) : Fig. Effets des fluides dans le système
cristallin
Assemblages poly-minéraux
La déformation de roches poly-minrales est complexe, elle dépend à la fois du comportement
de chaque minéral et de leurs relations.
Si on simplifie la discussion précédente en se focalisant sur la température, la limite entre des
comportements ductiles et fragiles varie pour différents minéraux :
- sel : T ̴ 80-100°C
- Calcite : T ̴ 200-250°C
- Dolomie : T ̴ 250-300°C
- Mica : T ̴ 250°C
- Quartz : T ̴ 280-300°C
- Feldspath : T ̴ 450-500°C
- Olivine : T ̴ 700-1000°C
- Opx : T ̴ 700-800°C
- Cpx : T ̴ 700-750°C
- Amphiboles : T ̴ 650-750°C
En domaine cassant, la résistance du quartz est supérieure à celle du feldspath ; on a donc des
clastes de quartz dans une matrice de feldspaths déformés. Mais le quartz devient ductile à plus
basse température que le feldspath ; à partir de 300°C, on forme donc des gneiss oeillés avec
des feldspaths résistants entourés de rubans de quartz. Enfin, à plus haute température, la
différence de comportement entre les minéraux devient négligeable.
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12. Stratification rhéologique de la lithosphère
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