Brevet Blanc Franais
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SERIE COLLEGE
EPREUVE : FRANÇAIS DUREE : 1h15
Première partie : questions + réécriture
Texte à conserver pendant toute la durée de l’épreuve (première et deuxième parties).
L’usage du dictionnaire est autorisé pour la deuxième partie seulement.
TEXTE
1 Je suis le point de mire de ce cercle et, comme chaque fois qu’on me regarde avec insistance,
j’éprouve un sentiment de gêne.
Je ne sais si on se rend compte combien c’est une chose affreuse que d’être laid. De la minute
où je me lève et me rase devant ma glace à la minute où je me couche et me lave les dents, je n’oublie
5 pas une seconde que tout le bas de mon visage, à partir du nez, me donne une ressemblance fâcheuse
avec un singe. Si je l’oubliais, d’ailleurs, les regards de mes contemporains se chargeraient à chaque
instant de me le rappeler. Oh, ce n’est même pas la peine qu’ils ouvrent la bouche ! Où que je sois,
dès que j’entre dans une pièce, il suffit que les gens tournent les yeux vers moi : j’entends aussitôt ce
qu’ils pensent.
10 Je voudrais arracher mon physique comme une vieille peau et le rejeter loin de moi. Il me
donne un sentiment intolérable d’injustice. Tout ce que je suis, tout ce que je fais, tout ce que j’ai
accompli- dans le domaine du sport, de la réussite sociale et de l’étude des langues -, rien de tout cela
ne compte. Un seul coup d’œil à ma bouche et à mon menton, et je suis dévalorisé. Peu importe aux
gens qui me regardent si le caractère bestial de ma physionomie est démenti, en fait, par l’humanité
15 qu’on peut lire dans mes yeux. Ils ne s’attachent qu’à la difformité du bas de mon visage et portent sur
moi une condamnation sans appel.
J’entends leur pensée, je l’ai dit. Dès que je parais, je les entends s’exclamer en eux-mêmes :
« Mais c’est un orang-outan ! » Et je me sens devenir aussitôt un objet de dérision.
L’ironie c’est qu’étant si laid, je sois en même temps si sensible à la beauté humaine. Une jolie
20 fille, un enfant gracieux me ravissent. Mais, de peur de les effrayer, je n’ose approcher les enfants. Et
très peu souvent les femmes. Je note pourtant que les animaux, dont je raffole, n’ont aucunement peur
de moi et qu’ils s’apprivoisent très vite. De mon côté, je me sens à l’aise avec eux. Je ne lis rien
d’humiliant dans leur yeux. Uniquement de l’affection – demandée, reçue, rendue. Ah, quel beau
monde ce serait, et combien je m’y sentirais heureux, si les hommes pouvaient avoir le regard des
25 chevaux !
Je fais sur moi-même un violent effort, je relève les paupières, je regarde à mon tour mes
regardeurs. Aussitôt, avec cette hypocrisie des gens que vous surprenez à vous fixer, ils détournent les
yeux et prennent un air indifférent- et d'autant plus vite que ma hure leur fait peur. Ce n'est pas que
mes yeux soient féroces, bien au contraire. C'est le contexte qui les contamine et leur donne un air
30 menaçant.
Robert MERLE
Madrapour
Seuil 1976
1) Relevez quatre termes employés pour désigner les autres dans le texte et précisez la nature grammaticale
de chacun. (2 points)
2) Quel néologisme (= mot de création récente) désigne les personnes qui le fixent ? Comment ce mot est-il
formé ? (1 point)
3) Que signifie le verbe « entendre » (ligne 9) ? (0,5 point)
4) a) Les autres parlent-ils vraiment dans l'expression : « Mais c'est un orang-outan ! » (ligne 20)? Justifiez
votre réponse. (0,5 point)
5) Quel est le temps dominant de ce texte ? Justifiez son emploi. (1 point)
1) Qu'apprécie le narrateur chez les animaux, qu'il ne retrouve pas chez les êtres humains ? (0,5 point)
2) Quel sentiment traduit le point d'exclamation à la fin de l'avant-dernier paragraphe ? (0,5 point)
3) Qu'est-ce que le narrateur aimerait que l'on prenne en compte pour l'apprécier à sa juste valeur? Citez la
phrase du 3ème paragraphe qui le montre. (1 point)
4) Que reproche-t-il aux gens qui le regardent, dans le dernier paragraphe? (0,5 pt)
5) Son sentiment d'être exclu vous paraît-il totalement justifié? Développez votre réponse. (1,5 point)
Réécriture (3 points)
Transposez le début du dernier paragraphe : de « Je fais sur moi-même un violent effort... » à « ma hure
leur fait peur » à l’imparfait. (Ne modifiez pas le verbe « surprenez »)
EPREUVE COMMUNE DE BREVET SESSION 2010 sujet
BLANC
SERIE COLLEGE
EPREUVE : FRANÇAIS-DICTEE DUREE: 15minutes
Déroulement
Dictée (7 points)
Un jour Cosette se regarda par hasard dans son miroir et se dit: Tiens ! Il lui
semblait presque qu'elle était jolie. Ceci la jeta dans un trouble singulier. Jusqu'à
ce moment, elle n'avait point songé à sa figure. Elle se voyait dans son miroir,
mais elle ne s'y regardait pas. Et puis, on lui avait souvent dit qu'elle était laide,
Jean Valjean seul disait doucement:" Mais non !" Quoi qu'il en fût, Cosette s'était
toujours crue laide et avait grandi dans cette idée avec la résignation facile de
l'enfance.
Victor Hugo
Les Misérables.
EPREUVE COMMUNE DE BREVET BLANC SESSION 2010 sujet
SERIE COLLEGE
EPREUVE : FRANÇAIS-REDACTION DUREE : 1h30
Deuxième partie
Sujet :
Il vous est sans doute arrivé de rejeter quelqu'un à cause de son
apparence, puis de changer d'avis en faisant plus ample connaissance.
Décrivez d'abord cette personne telle que vous la perceviez au
départ, puis, dans une deuxième partie, exposez les raisons qui ont
modifié votre première appréciation.
III.1) l'absence de jugement, l'affection. (0,5 point). On accepte une des deux réponses
2) accepter : l'aspiration, le souhait, le désir, le regret, l'amertume. (0,5 point)
3) ce qu'il a accompli socialement, intellectuellement, humainement (0,5) / « Tout ce que je
suis...compte » (0,5)
4) leur hypocrisie, leur feinte indifférence (0,5 point)
5) Réponse personnelle (1,5)
Dictée (7 points) : 1 point pour erreur grammaticale ; 0,5 point pour erreur lexicale et 1
point pour 4 fautes d’accents
Réécriture (3 points)
6 transformations à 0,5 point = 3 points : faisais, relevais, regardais, détournaient, prenaient,
faisait