Guidelines Postcovid Pourmedecinstraitants
Guidelines Postcovid Pourmedecinstraitants
Guidelines Postcovid Pourmedecinstraitants
Prise en charge des patients souffrant de séquelles à long terme d’une infection au SARS-
CoV-2
Page 1/34
TABLE DES MATIÈRES
Prise en charge......................................................................................................................................................... 19
Troubles dysautonomiques ..................................................................................................................................... 20
Anamnese et diagnostic ....................................................................................................................................... 20
Prise en charge......................................................................................................................................................... 20
Troubles psychiatriques ........................................................................................................................................... 21
Anamnese et diagnostic ....................................................................................................................................... 21
Prise en charge......................................................................................................................................................... 21
Dermatologie ................................................................................................................................................................. 24
Qualite de vie ..................................................................................................................................................................... 26
Ressources .......................................................................................................................................................................... 26
Contributions ..................................................................................................................................................................... 27
References ........................................................................................................................................................................... 28
Annexes ................................................................................................................................................................................ 30
Test de marche de 6 minutes (Protocole HUG) .............................................................................................331
Journal D’energie (exemple) ................................................................................................................................... 34
Page 2/34
Les points a retenir
Les sequelles a long terme du COVID-19 peuvent etre multiples, concomitantes et persister sur
plusieurs mois, impactant de ce fait l’etat de sante et la qualite de vie quotidienne, professionnelle,
familiale et sociale de la personne.
Point 1. La fatigue post-COVID peut etre multifactorielle et une prise en charge multidisciplinaire
est importante en excluant d’autres causes de fatigue. Un suivi regulier avec un journal d’energie,
une substitution en cas de carences, et une reprise progressive des activites sont recommandes
tout en respectant la reserve d’energie quotidienne qui peut fluctuer.
Point 2. Les plaintes neurologiques sont souvent des cephalees (7% a 7 mois)* et des plaintes
cognitives (4% a 7 mois). Une prise en charge avec une ecoute active et une exclusion des red-
flags est importante. Une evaluation de traitement de crise ou traitement de fond pour les
cephalees est necessaire, ainsi qu’une evaluation des plaintes neurologiques sur le quotidien et
notamment le travail, a completer par un bilan neuropsychologique selon l’avis neurologique.
Point 4. La perte de gout (5% a 7 mois)* et de l’odorat (10% a 7 mois)*, symptomes limitants la
qualite de vie, sont a evaluer et traiter par entrainement olfactif.
Point 5. La dyspnee est un symptome post-COVID qui peut durer plusieurs mois (prevalence 8% a
7 mois)* avec une saturation en oxygene, des tests et imageries dans la norme. Une recherche de
syndrome d’hyperventilation en l’absence d’autres pathologies est recommandee avec un
traitement par physiotherapie respiratoire le cas echeant.
Point 6. Les douleurs thoraciques sont un des symptomes post-COVID (prevalence 2% a 7 mois).
L’anamnese, notamment la duree des symptomes, les symptomes associes et les facteurs de risque
ainsi que l’examen clinique permettent de guider la demarche diagnostique. Un ECG doit etre
effectue. Le traitement depend de la cause sous-jacente.
Point 8. Les troubles psychiatriques post-COVID doivent indiquer la mise en place d’une evaluation
et d’une prise en charge psychiatrique et psychotherapeutique adaptee a la situation.
*Résultats tirés d’une étude en cours au Service de Médecine de Premier Recours- HUG
Page 3/34
Contexte
INTRODUCTION
Ce document presente des recommandations locales de la prise en charge des sequelles a long
terme du SARS-CoV-2 en s’appuyant sur des donnees recoltees dans la cadre d’une cohorte
genevoise de patients1, de l’experience et de la pratique de la consultation multidisciplinaire Long
COVID des Hopitaux Universitaires de Geneve. Finalement, ce document reprend egalement des
elements disponibles dans d’autres recommandations internationales. Le lecteur interesse
pourra consulter ces recommandations internationales via les liens suivants :
Nalbandian, A., Sehgal, K., Gupta, A. et al. Post-acute COVID-19 syndrome. Nat Med (2021).
https://doi.org/10.1038/s41591-021-01283-z
Haute Autorite de Sante Symptomes prolonges suite a une Covid-19 de l’adulte - Diagnostic et
prise en charge. Reponses rapides dans le cadre de la COVID-19 - [Acces en ligne]
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3237041/fr/symptomes-prolonges-suite-a-une-covid-19-de-
l-adulte-diagnostic-et-prise-en-charge
World Health Organization Expanding our understanding of post COVID-19 condition: report of a
WHO webinar - 9 February 2021. [Internet]
https://www.who.int/publications/i/item/9789240025035
World Health Organization Global COVID-19 Clinical Platform Case Report Form (CRF) for Post
COVID condition (Post COVID-19 CRF) [Acces en ligne]
https://www.who.int/publications/i/item/global-covid-19-clinical-platform-case-report-form-
(crf)-for-post-covid-conditions-(post-covid-19-crf-)
Lerner A, et al. Toward understanding COVID-19 recovery: National Institutes of Health workshop
on postacute COVID-19. Ann Intern Med, 2021 March 30.
Mikkelsen M, Abramoff B COVID-19: Evaluation and management of adults following acute viral
illness – UpToDate [Acces en ligne] https://www.uptodate.com/contents/covid-19-evaluation-
and-management-of-adults-following-acute-viral-illness?csi=297ae7e5-9597-4a79-8d23-
883a175485d4&source=contentShare
Page 4/34
DÉFINITION
A l’heure actuelle, une proportion non negligeable de patients atteints du COVID-19 gardent des
sequelles sur plusieurs semaines1 voir plusieurs mois de la maladie2. Ces patients peuvent avoir
une fatigue persistante, des troubles neurologiques, une dyspnee, des troubles cardiaques ou des
troubles psychiatriques entre autres symptomes. Les symptomes varient dans leur presentation
et intensite, et peuvent aussi fluctuer dans le temps. L’ensemble des symptomes persistants du
COVID-19 sont nommes sous l’appellation de condition post COVID-193, le PASC4 (Sequelles post-
aigues du SARS-CoV-2) ou de Long COVID5. Des hypotheses de pathophysiologie sont encore a
l’etude avec potentiellement des explications par une reaction immunitaire deregulee. Afin de
prendre en charge au mieux les patients ainsi que leurs differents symptomes, nous proposons un
guide de diagnostic et de prise en charge par symptome.
Page 5/34
Diagnostic
Il est indispensable de s’assurer, preuves a l’appui, du diagnostic initial soit par une RT-PCR de la
phase aigue ou un test antigenique positif, soit en confirmant l’infection par une serologie
specifique permettant de detecter des IgG anti-S ou anti-N. Cette serologie doit etre faite au moins
14 jours apres la phase aigue pour etre sensible ; dans une population generale non
immunosupprimee, il est rare de ne pas avoir une trace serologique apres la phase aigue.
Chez l’immense majorite des patients, les RT-PCR sont negatives dans un espace d’environ 15 jours
a trois semaines mais une persistance d’ARN detectable dans les secretions nasopharyngees est
decrite chez une minorite de patients. Par ailleurs, le portage peut durer pendant des semaines
voire des mois, il s’agit d’ARN sans capacite, en general, a cultiver du virus. Ceci dit, ceci peut
suggerer qu’il peut persister une possible replication a bas bruit, mais aucune transmission
secondaire n’a ete mise en evidence dans de tres larges cohortes, lorsque des traces d’ARN sont
retrouvees plusieurs semaines voire mois apres l’infection initiale. Ce phenomene est plus
frequent chez les personnes agees. Les patients severement immunosuprimes peuvent, eux, avoir
une excretion virale prolongee de virus infectieux : les charges virales sont plus elevees, les valeurs
CT (cycle threshold, estimation de la charge virale) sont plus basses.
En regle generale, il est rare de perdre les anti-IgG apres 12 mois et a un niveau qui ne serait plus
detectable. Ceci cependant est possible chez une minorite des patients qui ont eu une infection
paucisymptomatique ou asymptomatique avec une reaction immunitaire faible ; il ne faut pas
confondre la perte d’anticorps neutralisant avec la perte d’une signature serologique qui sont deux
choses differentes. La perte d’anticorps neutralisants circulants est plus frequente, pouvant
suggerer une perte de protection.
Il existe de multiples tests serologiques qui visent soit la proteine S soit la proteine N en general.
Les tests visant la proteine S seront reactifs apres une vaccination, les tests visant la proteine N le
seront uniquement apres une infection. En general, il existe des tests serologiques visant la
proteine S qui sont quantitatifs et sont a privilegier. Beaucoup de tests visant la proteine N ne sont
que semi-quantitatifs. Il est donc pertinent de detecter systematiquement le taux d’anticorps, par
exemple sur la plateforme du laboratoire de virologie aux HUG qui permet de quantifier les anti-S
ou toute autre plateforme similaire. Ce serait la seule façon a terme de comparer les taux en
fonction du temps post-infection et eventuellement des symptomes et syndromes.
En cas de reaction serologique negative, en particulier si les tests ont ete faits dans un laboratoire
externe sans informations detaillees, les tests sont a repeter pour s’assurer :
- Que le test a ete effectivement negatif pour exclure tout probleme technique ou autre
- Qu’au moins deux cibles aient ete visees (par exemple S et N) et/ou que 2 plateformes
serologiques differentes aient ete utilisees. De rares patients presentant une reaction
serologique negative sur une plateforme et positive sur une autre ne peuvent etre exclus, en
particulier si les taux d’anticorps sont bas.
Page 6/34
Une RT-PCR serait a repeter systematiquement chez tous les patients ayant eu une infection
prealable prouvee et des symptomes persistants compatibles avec des sequelles post-Covid. Outre
le prelevement nasopharynge, une RT-PCR dans le plasma, l’urine et les selles peuvent etre
effectues. Meme si ces tests sont a meme d’etre negatifs dans l’immense majorite, seule une
approche systematique permettra d’exclure des sanctuaires replicatifs qui sont une des
hypotheses pour induire une reponse immunitaire qui pourrait causer des symptomes. En cas de
tests RT-PCR positifs, le laboratoire pourra decider si une culture sera entreprise. Pour d’autres
virus ARN, nous ne parlons pas ici des virus de type « retrovirus », ni de virus connus pour faire
des infections chroniques (par exemple l’hepatite C), il a ete decrit la persistance de sanctuaire
dans certains sites (par exemple le fond de l’œil avec des uveites recidivantes ou le sperme qui
peut etre un site ou le virus se reactive, p. ex Ebola). Selon les symptomes, il sera donc judicieux
de proposer une RT-PCR de cas en cas selon le site ou les biopsies eventuellement effectuees.
Concernant les tests cellulaires, ceux-ci permettent de detecter une reponse a de multiples
peptides du virus. Ces tests, le plus souvent bases sur des methodes de type Elispot, permettent
de detecter une reponse cellulaire de type T mais les points suivants sont a noter :
- Ces tests peuvent etre positifs chez les patients non exposes au SARS-CoV-2 en raison
probablement de reactions non specifiques ou de reactions croisees avec d’autres coronavirus.
- Ces tests ont donc probablement une specificite limitee et ne sont pas standardises, leurs
performances sont dependantes des laboratoires de recherche qui les effectuent.
- Ces tests peuvent rester positifs chez des patients qui ont perdu les anticorps neutralisants,
voire meme qui ont une diminution de leurs anticorps circulants. Cette dissociation entre les
anticorps neutralisants et la persistance d’une reponse cellulaire est une bonne nouvelle et
une des raisons pour lesquelles certains vaccins sont et seront encore probablement efficaces
contre de nouveaux variants.
Le probleme principal donc reside dans le manque de standardisation de ces tests, la specificite
imparfaite, les difficultes de les interpreter et l’absence de laboratoires certifies qui puissent les
effectuer de routine. A terme, nous envisageons obtenir des tests commerciaux similaires au
Quantiferon. Il serait envisageable de mettre des cellules de cote qui pourraient permettre dans
un second temps d’effectuer des tests specifiques une fois qu’ils seront centralises et plus
facilement accessibles, en particulier aux HUG ou ils sont effectues pour l’instant dans des projets
de recherche par le Docteur Christiane Eberhardt. La collection de ces cellules est cependant
laborieuse et impose de surmonter des obstacles organisationnels consequents.
Finalement, nous proposons d’effectuer une bio-banque systematique dont les details devraient
etre discutes et la collection au minimum d’un plasma et d’un serum nous semble une chose
importante a effectuer.
Il est egalement important de noter que certaines autres pathologies infectieuses pourraient etre
associees a des symptomes similaires et que, au cas par cas il faudra donc determiner si
l’adjonction d’un depistage systematique d’autres pathologies virales ou bacteriennes devra avoir
lieu.
Page 7/34
Afin de mieux definir et classifier les symptomes persistants suite a une infection au SARS-CoV-2,
les criteres diagnostiques ci-dessous sont proposes. A ce jour, n’existe pas encore une definition
claire de symptomes persistants post-COVID, nous notons de meme qu’au vu du nombre
important d’infections au SARS-CoV-2, certaines personnes pourraient developper d’autres
pathologies de façon coïncidente, et dans les cas peu clairs de symptomes lies au SARS-CoV-2 ou
non, un colloque multidisciplinaire de specialistes peut aider au positionnement et la
classification.
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES
Les symptômes persistants post-COVID répondent aux 3 critères diagnostiques ci-
dessous :
III. Improbable : Symptômes évoquant une phase aiguë d’infection virale respiratoire
suivis par des symptômes persistants, avec un test RT-PCR, antigénique ou
sérologique négatif sans cas contact confirmé ou suspecté dans les deux (2)
semaines avant le début des symptômes
Page 8/34
Presentation
Les symptomes les plus frequents sont :
- Fatigue
- Perte de gout ou de l’odorat
- Cephalees
- Plainte cognitive
- Troubles du sommeil
- Dyspnee
- Toux
- Palpitations
- Douleur thoracique de type oppressive
- Myalgies, arthralgies
- Troubles dysautonomiques
- Troubles psychiatriques
A six semaines de la maladie1, les prevalences des differents symptomes trouvees sont : fatigue
(14%), la perte de gout ou de l’odorat (12%), la dyspnee (9%), la toux (6%) ainsi que les maux de
tete (3%)1. A noter, que les symptomes peuvent fluctuer avec le temps et a 7 mois de la maladie,
les prevalences des differents symptomes sont : fatigue (13%), perte de gout ou de l’odorat (10%),
dyspnee (7%), maux de tete (6%), myalgies (4%), arthralgies (2.3%). Les patients presentent une
panoplie de symptomes neurologiques y compris la difficulte a se concentrer ou sensation de
brouillard (4%), la perte de memoire (3.6%), l’insomnie (3.6%), neuropathies (1.5%). Les troubles
psychiatriques seraient presents chez plus de 18 % dans les 14 a 90 jours suivant une infection au
SARS-CoV-27, et dans 5% des cas il s’agirait d’un premier diagnostic psychiatrique. Moins
frequents a 7 mois mais toujours presents sont les palpitations (2%) ainsi qu’une sensation
d’oppression ou douleur thoracique (1.9%). D’autres symptomes sont aussi evoques tels les
symptomes digestifs, les eruptions cutanees etc.
Page 9/34
*Resultats tires de l’etude menee par COVICARE team- Service de medecine de premier recours-HUG1
Page 10/34
*Resultats tires de l’etude menee par COVICARE team- Service de medecine de premier recours- HUG1
Page 11/34
Anamnese generale
Une evaluation d’une personne gardant des sequelles a long terme du SARS-CoV-2 doit prendre en
compte les phases aigues et post-aigues de la maladie ainsi que differentes raisons expliquant les
symptomes et leur impact. Le lecteur peut s’appuyer sur un chablon general ci-dessous :
Page 12/34
Evaluation par symptome :
FATIGUE
Anamnèse et diagnostic
La fatigue est le symptome auto-reporte le plus frequemment par les patients souffrant de Long
COVID. La fatigue est decrite comme une asthenie importante, une sensation de corps « vide »
d’energie, un manque d’initiative et un epuisement suite au moindre effort. Les patients decrivent
souvent une fatigue au reveil et un besoin de dormir durant la journee, meme en l’absence
d’insomnie. La fatigue peut fluctuer durant la journee, avec comme facteurs declenchants l’effort
physique, mais aussi chez certains patients des facteurs hormonaux, l’insomnie, le stress,
l’angoisse etc. La fatigue, si elle s’inscrit dans une depression caracterisee, diminue au contraire
avec l’activite.
Afin d’evaluer la fatigue et son impact, nous proposons les echelles suivantes :
Echelle de performance ECOG8 Echelle simple d’une question, validee dans les
domaines oncologiques en premier lieu mais qui
peut donner une idee globale sur la limitation des
activites de la vie quotidienne ainsi que sur la
severite de la fatigue.
Echelle de fatigue Chalder9 Echelle de 11 questions, validee dans les
maladies telles le syndrome chronique de la
fatigue/encephalomyelite myalgique (ME/CFS),
qui permet de determiner la severite de la fatigue
ainsi que de suivre son evolution
EMIF-SEP 10 Echelle de 40 questions, validee dans les
maladies comme la sclerose en plaques, qui
determine l’impact de la fatigue en prenant en
compte differents aspects psychosociaux,
somatiques, en lien avec le travail, la vie sociale
etc.
Une evaluation du sommeil est primordiale dans l’evaluation de la fatigue (cf. insomnie).
Une revue des symptomes associes doit inclure les symptomes cardiaques (douleurs thoraciques,
palpitations, dysautonomie, malaises post-effort), respiratoires (dyspnee a l’effort),
psychiatriques (depression, angoisse, irritabilite), neurologiques (troubles cognitifs, cephalees,
insomnie), ainsi que l’evaluation de la douleur.
Le bilan biologique pour la fatigue inclut une formule sanguine, dosage de la ferritine, vitamine
B12, acide folique et vitamine D, creatinine, glycemie, sodium, potassium, calcium, magnesium,
phosphate, TSH, vitesse de sedimentation, CRP, bilan hepatique. D’autres tests tel un sediment
urinaire, creatine kinase, ECG, HbA1c et autres tests peuvent s’ajouter selon l’anamnese clinique
et symptomes associes.
Page 13/34
hemochromatose), maladies cardiorespiratoires (sarcoïdose, insuffisance cardiaque, syndrome
coronarien aigu), troubles du sommeil, syndrome d’apnee du sommeil, troubles endocriniens,
troubles rhumatologiques, cancers, nephropathies, troubles metaboliques et la prise de
medicaments.
Prise en charge
Il n’existe pas de medicaments pour traiter la fatigue post-COVID en l’absence de carences
vitaminiques ou d’autres causes identifiees. L’objectif de la prise en charge devrait etre une
attenuation de l’impact des symptomes ainsi qu’une reprise progressive de differentes activites.
Un suivi regulier est recommande pour les personnes souffrant de fatigue post-COVID ainsi qu’un
journal d’energie pour suivre l’evolution des symptomes (cf. annexe) en respectant les 4 P :
Planifier, Prendre son temps, Prioriser, Positionner11. Un amenagement du quotidien est
recommande en privilegiant les activites de la vie quotidienne et respectant l’enveloppe d’energie
quotidienne. La physiotherapie avec des exercices reguliers mais progressifs est aussi
recommandee ainsi qu’une psychotherapie et soutien psychologique adressant les causes sous-
jacentes de la fatigue et la gestion de l’impact de la fatigue sur le quotidien.
Chez les patients professionnellement actifs, la reprise, progressive si besoin, de leur activite
permet une adaptation ainsi qu’une gestion de l’impact des symptomes. Chez les patients
presentant une fatigabilite importante, il pourra etre propose de fractionner le travail et
augmenter egalement progressivement l’activite.
Une prise en charge multidisciplinaire est preconisee dans ces cas. Un traitement d’ergotherapie
peut etre extremement utile pour l’adaptation et la gestion du quotidien et de l’impact sur le travail
etc. Il reste important de travailler tres progressivement sur l’endurance en consolidant d’abord
chaque etape avant d’augmenter le temps de concentration necessaire pour les activites (sociales,
professionnelles et autres).
Une approche mind-body est benefique dans le traitement de la fatigue avec des techniques de
relaxation et meditation pouvant etre efficaces. Le Tai-Chi peut aussi apprendre aux personnes la
notion de pouvoir controler leurs symptomes dans certains cas.
CEPHALEES
Anamnèse et diagnostic
Les cephalees en lien avec le Long COVID sont le plus souvent des cephalees de tension ou des
migraines meconnues. Or il est important d’avoir une anamnese, examen clinique et bilan
complets afin d’exclure d’autres causes primaires ou secondaires de cephalees. Une evaluation des
troubles du sommeil ainsi qu’un bilan ophtalmologique sont necessaires dans l’evaluation des
cephalees. Une imagerie est necessaire en cas de suspicion de cephalees secondaires ou sur
indication d’un specialiste (neurologue).
Prise en charge
En l’absence de red-flag, un traitement symptomatique « de crise » peut etre propose en premiere
intention (anti-inflammatoires, dafalgan), cependant, en cas de cephalee invalidante, non soulagee
Page 14/34
par les antalgiques standard, un traitement de fond, adapte en fonction du type de cephalees,
devra etre instaure. Un avis neurologique peut etre sollicite dans ce cas, ainsi qu’un journal de
cephalees pour suivre l’evolution, les facteurs declencheurs etc.
L’acupuncture (au moins 6 seances) peut etre proposee en cas de cephalees de tension, ainsi que
le biofeedback, l’appareil Cefaly (indique pour les migraines en premier lieu mais peut etre utilise
dans d’autres types de cephalees). Des complements alimentaires sont a l’etude dans le traitement
ou la prevention des cephalees y compris la Petasite, la Riboflavine et le Magnesium.
PLAINTE COGNITIVE
Anamnèse et diagnostic
Les patients atteints de Long COVID reportent souvent des troubles de la concentration et des
troubles attentionnels. Les symptomes les plus frequemment rapportes sont des oublis mineurs,
et une importante fatigabilite avec des difficultes pour maintenir une attention prolongee et/ou
soutenue. Ces symptomes sont handicapants et impactent fortement les patients, notamment
chez les patients actifs professionnellement. En cas d’arret de travail prolonge, la realisation d’un
bilan neuropsychologique est proposee afin de mieux caracteriser les difficultes, qui vont
generalement affecter preferentiellement l’attention et les fonctions executives.
Afin d’evaluer les troubles cognitifs, nous proposons les echelles suivantes:
Une revue des symptomes associes doit permettre la recherche d’autres troubles neurologiques,
la fatigue, ainsi que des troubles psychiatriques qui sont aussi d’importants pourvoyeurs de
troubles cognitifs (trouble anxieux, depression, trouble de stress post-traumatique etc.)
A l’heure actuelle, il n’existe aucune preuve scientifique appuyant le besoin d’un bilan biologique
sauf si l’anamnese est compatible avec d’autres causes de troubles cognitifs. Un bilan de base peut
etre fait pour exclure une carence en vitamine B12 ou folate, ainsi qu’une dysthyroïdie (formule
sanguine, vitamine B12, folate, TSH).
Prise en charge
Le medecin et les soignants doivent realiser une ecoute active et garder une attitude empathique.
En l’absence d’anomalie a l’examen neurologique et aux echelles de depistages (MMSE / MoCA).
La reassurance est de mise : ces symptomes, bien que incompletement compris, ne sont pas en
lien avec une maladie neurologique (par exemple : maladie neuro-degenerative). L’evolution est
progressivement et spontanement favorable.
Page 15/34
Il est cependant important de prendre en charge les symptomes associes pouvant aggraver ou
entretenir la symptomatologie tels que les insomnies, la douleur ou un syndrome anxio-depressif.
Chez les patients professionnellement actifs, la reprise, progressive si besoin, de leur activite
intellectuelle permet un reentrainement cognitif. Chez les patients presentant une fatigabilite
importante, il pourra etre propose de fractionner le travail et augmenter egalement
progressivement l’activite.
Une prise en charge multidisciplinaire avec un soutien psychologique est preconisee dans ces cas.
Un traitement d’ergotherapie peut etre extremement utile pour l’adaptation et la gestion du
quotidien et de l’impact sur le travail etc. Il reste important de travailler tres progressivement sur
l’endurance en consolidant d’abord chaque etape avant d’augmenter le temps de concentration
necessaire pour les activites (sociales, professionnelles et autres).
En cas de score pathologique sur MMS (<27/30), MOCA (<26/30), ou d’arret de travail prolonge
(> 3 mois), une evaluation en neurologie avec un bilan neuropsychologique complet sont
preconises.
TROUBLES DU SOMMEIL
Anamnèse et diagnostic
Les troubles du sommeil sont des symptomes frequemment reportes par les patients post-COVID
et peuvent fluctuer sur plusieurs mois. Ils peuvent consister en une insomnie d’endormissement,
en des reveils nocturnes, avec une difficulte a se rendormir ou au contraire en une hypersomnie.
Le sommeil peut aussi etre perturbe par des cauchemars ou des reves bizarres.
Prise en charge
La prise en charge de l’insomnie repose d’abord sur une revue des mesures d’hygiene du sommeil :
1) Eviter les excitants comme les de boissons cafeinees (the, cafe, soda) dans les 4-6 heures
precedant le sommeil, eviter de fumer, l’alcool au repas du soir ; 2)Eviter les temperatures
extremes dans la chambre a coucher. ; 3)Pratiquer une activite physique reguliere et lutter contre
la clinophilie en preconisant de ne s’allonger dans son lit que pour dormir ou pour les rapports
sexuels ; 4). Privilegier un diner leger ; 5)Favoriser les activites relaxantes au moins 1 heure avant
le coucher ; 6) Eviter les ecrans avant de se coucher et couper les notifications de son telephone la
nuit ; 7) Garder la chambre a coucher comme espace pour le sommeil (pas de travail dans la
chambre a coucher, pas de television etc.), garder la chambre a coucher calme et obscure.
En cas de traitement necessaire pour l’insomnie, en plus des mesures d’hygiene du sommeil, nous
preconisons un traitement medicamenteux symptomatique par valeriane, atarax. Des somniferes
peuvent aussi etre utilises et une prise en charge de l’insomnie independamment du COVID-19
doit etre suivie. En presence d’un trouble psychiatrique avere, selon les memes recommandations
Page 16/34
que hors post-COVID, une approche psychotherapeutique de reference pour le trouble (p.ex.
EMDR si trouble de stress post-traumatique ; activation comportementale si episode depressif
caracterise), eventuellement en combinaison avec un traitement pharmacologique de fond (p.ex.
antidepresseur si trouble de stress post-traumatique ou si episode depressif) est indiquee .
Prise en charge
L’entrainement olfactif est le traitement preconise pour la perte de gout et de l’odorat avec une
reeducation du cerveau a reconnaitre les odeurs. Cet entrainement peut etre fait avec des produits
de maison ou des huiles essentielles a sentir 4-6 odeurs, deux fois par jour sur une duree de 15
secondes (odeurs p. ex. : clou de girofle, citronnelle, rose, eucalyptus, cafe, menthe poivree). En cas
de persistance de symptomes au-dela de 6-8 semaines, un avis specialise en ORL est preconise. En
cas d’absence de symptomatologie le necessitant, les sprays vasoconstricteurs ou les sprays
steroidiens locaux ne sont pas indiques.
Page 17/34
DYSPNEE
Anamnèse et diagnostic
La dyspnee est frequente chez les patients souffrant de Long COVID, limite les personnes dans
leurs activites de la vie quotidiennes et diminue leurs performances et capacites physiques.
Le bilan de la dyspnee post-COVID doit commencer par un test de marche (test de 6 minutes ; Cf.
Annexes) et doit exclure des causes comme une anemie (formule sanguine, dosage de la ferritine),
une insuffisance cardiaque (examen clinique +/- dosage des peptides natriuretiques (BNP ou NT-
proBNP) +/- echocardiographie selon la symptomatologie), ainsi qu’une maladie vasculaire
pulmonaire. Une imagerie par scanner thoracique avec acquisition en double energie (DECT)
permettra cette recherche en plus des pathologies parenchymateuses sequellaires dues au SARS-
CoV-2.
La dyspnee d’effort post-COVID peut etre aussi due a une sorte de mal-adaptation a l’effort ou
deconditionnement, surtout chez les jeunes patients et peut s’accompagner d’une
tachycardisation inappropriee (cf. section sur la dysautonomie). Un test d’effort pneumologique
(cardiopulmonary exercise test, CPET) peut etre utile non seulement a but diagnostic et pour
l’eventuelle reproduction des symptomes, mais aussi a but pronostic (capacite fonctionnelle) et
pour evaluer l’adaptation hemodynamique a l’effort.
Prise en charge
Un traitement par spray inhalateur ou corticotherapie est uniquement indique en cas de
pathologie respiratoire documentee. La physiotherapie respiratoire avec readaptation progressive
ainsi que des exercices de respiration diaphragmatique/coherence cardiaque sont utiles dans le
traitement de la dyspnee post-COVID. Un traitement pour la reeducation dans le cas de syndrome
d’hyperventilation est aussi preconise, ainsi qu’un traitement de logopedie ou de physiotherapie
respiratoire dans les cas de toux persistante ou de quintes incontrolables.
Page 18/34
DOULEUR THORACIQUE
Les douleurs thoraciques notamment de type oppressives sont frequemment rapportees par les
patients post-COVID. Il est important d’ecarter d’abord toutes causes cardio-pulmonaires
urgentes comme un syndrome coronarien aigu, une embolie pulmonaire, une pericardite ou une
myocardite. L’anamnese, notamment la duree des symptomes, les symptomes associes et les
facteurs de risque ainsi que l’examen clinique permettent de guider la demarche diagnostique. Des
douleurs reproductibles a la palpation sont le plus souvent liees a une inflammation chondro-
costale ou des contractures des muscles inspiratoires. Une contracture du muscle
diaphragmatique peut aussi causer des douleurs lors de respiration abdominale forcee en position
couchee. Des causes pulmonaires (syndrome d’hyperventilation, epanchement pleural) peuvent
aussi etre a l’origine des douleurs thoraciques, ainsi que des causes digestives (gastrite, troubles
fonctionnels intestinaux).
Un ECG doit etre effectue en cas de douleur thoracique car il permet en plus de la clinique de mieux
preciser le diagnostic de pericardite et de myocardite. La pericardite est caracterisee par des
douleurs retrosternales calmees par la position assise penchee en avant, un frottement
pericardique a l’auscultation et a l’ECG des sous-decalages du segment PR et/ou des sus-decalages
diffus et concaves vers le haut du segment ST et/ou des anomalies de l’onde T). La myocardite se
presente le plus souvent par des douleurs retrosternales prolongees, independantes de l’effort
avec a l’ECG des troubles de la repolarisation, des extrasystoles ventriculaires ou parfois l’absence
de toute anomalie. La pericardite et myocardite sont des complications qui restent rares dans le
COVID-19. En cas de suspicion de pericardite ou myocardite, les marqueurs inflammatoires (CRP,
formule sanguine) et les troponines sont des examens indiques, ainsi qu’une echocardiographie
et un avis cardiologique rapide.
Prise en charge
Le traitement depend de la cause sous-jacente et consiste en l’administration d’anti-
inflammatoires non steroïdiens pour les douleurs parietales, ainsi que de therapies manuelles et
physiotherapie respiratoire dans le cas de contractures des muscles inspiratoires ou du muscle
diaphragmatique. Les douleurs d’origine pulmonaires sont traitees selon la cause (epanchement
etc.), tout comme les douleurs d’origine digestive (IPP, regime alimentaire).
Page 19/34
TROUBLES DYSAUTONOMIQUES
Anamnèse et diagnostic
Plusieurs patients evoquent des symptomes de type sensations de vertiges, orthostatisme,
malaises post-effort, palpitations (surtout post-effort), symptomes digestifs (nausees, diarrhees,
douleurs abdominales), fuites urinaires, troubles visuels, etc. Ces symptomes peuvent etre en lien
avec des troubles dysautonomiques. Une anamnese ecartant d’autres causes comme des maladies
neurodegeneratives (p.ex. Parkinson), ou des causes neuropathiques (diabete, alcoolisme
chronique, Guillain-Barre, paraneoplasie), ou certains traitements (anticalciques, alpha-
bloquants, etc.)
Une recherche d’orthostatisme au cabinet est preconisee (test de Schellong sur 10 minutes
debout, avec prise de pression arterielle et frequence cardiaque chaque minute), manœuvre de
Valsalva, absence ou diminution de l’arythmie respiratoire.
Un bilan biologique comprenant formule sanguine, electrolytes, uree, creatinine et glycemie ainsi
qu’un ECG sont indiques. En cas d’examen clinique et bilan de base dans la norme, et si la suspicion
de dysautonomie reste importante, d’autres tests comme le Tilt test p.ex peuvent etre completes
en cardiologie ou en neurophysiologie. En cas de symptomes uniquement a l’effort, un test d’effort
peut etre utile. Un Holter, dans certains cas, peut egalement renseigner sur la perte du rythme
nycthemerale ou de tachycardisation diurne inappropriee parfois rencontres dans les
dysautonomies et correler des episodes de palpitations a une eventuelle arythmie.
Les symptomes et signes qui doivent absolument conduire a une evaluation cardiologique (« red-
flags ») sont la syncope ou pre-syncope, ou en cas d’ECG pathologique (p.ex. trouble de conduction
atrio-ventriculaire). Dans les cas de syncope ou pre-syncope, une echocardiographie complete
souvent le bilan cardiologique standard. Si un orthostatisme est retenu comme diagnostique, il
s’agira alors de la caracteriser et de la classer soit en une hypotension orthostatique, soit une
syncope vasovagale, soit en un syndrome de tachycardie orthostatique posturale (POTS : postural
orthostatic tachycardia syndrome).
Prise en charge
Les troubles dysautonomiques sont difficiles a traiter et peuvent grandement impacter la qualite
de vie des patients. Il faut d’abord adopter des mesures non-medicamenteuses pour la prevention
et le reentrainement progressif a l’effort en plus d’un suivi regulier. Les mesures pour prevenir ou
traiter la dysautonomie sont les contractions isometriques des membres inferieurs sur 2 minutes
avant de se lever de la position couchee, eviter de se lever rapidement, dormir en position semi-
assise, porter des bas de contention, avoir un apport en sel de 6-10g/jour, rester bien hydrate (2-
3 L par jour), boire de l’eau avant les repas, fractionner les repas (petits repas reguliers), s’allonger
apres un repas copieux.
Des traitements medicamenteux de deuxieme ligne existent en plus des therapies non-
medicamenteuses. Ces traitements sont introduits uniquement dans les cas documentes de
dysautonomie et en coordination avec les cardiologues. Les traitements varient selon la
symptomatologie (betabloquants pour tachycardie; fludrocortisone pour orthostatisme ;
acarbose ou octreotide pour hypotension post-prandiale etc.). En cas de troubles
dysautonomiques qui persistent au-dela de 6 mois, un avis cardiologique est recommande.
Page 20/34
TROUBLES PSYCHIATRIQUES
Les troubles psychiatriques possibles a distance de l’infection aigue COVID-19 sont
Anamnèse et diagnostic
Il convient de rechercher les antecedents psychiatriques personnels et familiaux, des antecedents
de tentatives de suicide, des conduites addictives, de demander au patient s’il est deja suivi par un
psychiatre ou un psychologue, si un traitement psychotrope est deja en cours et depuis combien
de temps. Il convient ensuite d’explorer le vecu subjectif du COVID-19 et de rechercher un eventuel
vecu traumatique. Dans la mesure du possible, le medecin de premier recours doit tenter d’etablir
un status psychiatrique en recherchant de maniere systematique des symptomes de la lignee
depressive, ou maniaque, des symptomes de TSPT, des symptomes psychotiques (idees delirantes,
hallucinations), des troubles du sommeil et de l’appetit. Il est important de preciser le mode
d’installation, le contexte, et la duree des symptomes, le niveau de conscience (ex. : conscience
partielle, anosognosie) et le retentissement fonctionnel des troubles (Ex : incapacite a assurer les
activites de la vie quotidienne, incapacite de travail mais capacite a assurer les autres activites). Il
convient de rechercher des signes de gravite susceptibles de motiver une consultation
psychiatrique en urgence : idees suicidaires avec planification de passage a l’acte, troubles du
comportement avec mise en danger de soi et/ou d’autrui. Un depistage systematique des
symptomes d’anxiete et de depression mais aussi de symptomes de TSPT sont indiques pour les
patients souffrant de long COVID.
Prise en charge
L’exploration des manifestations psychiatriques doit toujours s’inscrire dans une approche
integrative du patient compte tenu de la relation dynamique et bidirectionnelle qui existe entre
les symptomes psychiatriques et somatiques. Une attention particuliere doit etre portee aux
symptomes somatoformes (dyspnee rebelle au traitement, douleur thoracique,…) qui sont
souvent associes aux symptomes psychiques dans le cadre du long COVID. Une exploration des
antecedents psychiatriques, de l’entourage et de la qualite du soutien perçue ainsi que de l’impact
sur la vie sociale, professionnelle et familiale doit etre effectuee.
Page 21/34
Une fois le diagnostic pose, et son annonce faite au patient, la psychoeducation doit etre incluse
dans la prise en charge. La presence des idees suicidaires, qui sont toujours a rechercher
activement, car elles peuvent compliquer la symptomatologie anxieuse, depressive comme le
TSPT, constituent des signes de gravite, et doit donner lieu a l’evaluation du risque de passage a
l’acte suicidaire au moyen du RUD (Risque Urgence Dangerosite).
Tout au long du suivi, il est important de mesurer l’evolution des symptomes pour lesquels un
traitement a ete mis en place par des echelles psychometriques adaptees au trouble psychiatrique.
Un suivi specialise par un psychiatre ou un psychologue est indique dans les situations de troubles
psychiatriques severes et/ou en l’absence d’amelioration malgre des mesures therapeutiques bien
conduites.
Un suivi de psychiatrie de liaison aux HUG dans le cadre de la consultation Long COVID est
particulierement indique pour les formes de troubles psychiatriques atypiques et les troubles a
symptomatologie somatique compte tenu de la possibilite d’un travail multidisciplinaire que
permet le role de psychiatre de liaison.
Troubles de l’adaptation
Le traitement antidépresseur étant inefficace dans le traitement de l’adaptation, il ne convient pas
de l’introduire. Un traitement médicamenteux symptomatique peut être indiqué pour l’anxiété et
les troubles du sommeil sur une période limitée dans le temps avec une réévaluation régulière de
l’indication et de l’efficacité. La psychothérapie visant à la remobilisation des ressources du
patient, à la recherche de stratégies d’adaptation est en revanche efficace21
En cas de suspicion ou la confirmation d’un diagnostic de TSPT, il convient d’etre tres attentif en
plus de valider les emotions et le vecu du patient, de securiser la relation therapeutique en
Page 22/34
donnant des informations claires, et en les faisant reformuler. Un traitement specifique du TSPT
doit etre entrepris par des specialistes de sante mentale formes a la psychotraumatologie. Il
repose, dans la mesure du possible, toujours en premiere intention sur des approches
psychotherapeutiques centrees sur le trauma (therapie d’exposition, EMDR*). L’introduction d’un
traitement pharmacologique symptomatique (p.ex. atarax cp 25 mg) et d’un traitement de fond
antidepresseur (p.ex. escitalopram) en veillant a respecter les eventuelles contre-indications
medicamenteuses est indiquee en cas de symptomatologie severe.
*La liste des therapeutes formes a l’EMDR est disponible sur le site EMDR Schweiz https://emdr-
ch.org/fr/therapeutes/
La prise en charge doit concilier une approche corporelle a une approche psychologique. De la
reeducation par des physiotherapeutes adaptee aux symptomes est a indiquer.
Page 23/34
DERMATOLOGIE
Les troubles cutanes « longs » sont tres peu connus. Nous avons souhaite les inclure dans
l’ensemble des complications post-COVID en toute logique pour les patients. Pendant l’infection
aigue entre 1.8 et 20% des personnes ont des signes cutanes, et avec des presentations tres
variees. Nous nous concentrons ici uniquement sur les rares anomalies cutanees se prolongeant
pendant plusieurs semaines ou mois apres une infection prouvee ou suspectee:
- Des sequelles de necroses distales des doigts et des orteils vues chez des patients ayant eu
un COVID severe et ayant presente des purpuras des extremites, associes a des
phenomenes thrombotiques. Les soins cutanes font partie de la rehabilitation en general.
- Les manifestations a type de « COVID toes » qui se prolongent en post-COVID chez des
patients ayant eu un COVID tres modere, voire pas d’infection symptomatique, et dont
l’hypothese est plutot liee a une reaction immune envers le virus SARS-CoV-2.
Anamnese et diagnostic
Les orteils rouges : soit à type d’engelure indolentes soit à type d’érythème diffus des orteils avec
douleurs. Un délai médian d’apparition des lésions de 10 jours après la maladie déclarée est décrit.
Ces lésions semblent atteindre principalement les jeunes adultes voire enfants avec une moyenne
d’âge de 14 ans, et aussi plus souvent des femmes. Parfois le COVID-19 ne s’est pas manifesté du
tout par ses symptômes classiques pulmonaires, ORL, et les engelures apparaissent spontanément
mais toujours dans des zones endémiques. Dans la plupart des cas, la phase aigüe du COVID était
bénigne.
Dans les quelques formes qui se prolongent, les troubles des extrémités peuvent apparaitre 2
semaines après le début de l’infection, et parfois même s’aggraver avec le temps, rendant
l’inquiétude des patients très forte quant à la guérison. De rares patients consultent après 10 à 12
mois d’évolution de ces lésions cutanées. Le status clinique montre dans la forme engelure, des
petites plaques érythémateuses bien limitées occupant les dernières phalanges des orteils, il faut
bien vérifier s’il existe une ulcération ou croûte associée (nécrose). Les talons sont souvent
atteints avec parfois une hypersesthésie à la marche.
Les diagnostics différentiels à évoquer sont le lupus engelure, gelures et engelure idiopathique.
Un bilan biologique éliminant une auto-immunité en particuliers un lupus est conseillé, ainsi que
une histologie cutanée.
Prise en charge
Ce type d’atteinte cutanée est peu prévisible, et une prévention n’est pas possible à l’heure
actuelle. La chronicité des symptômes est aussi difficile à prévoir. Il faut éviter les situations de
froid qui risquent de rajouter de vraies engelures et de détériorer la microcirculation et la
sécheresse de l’épiderme, mais aussi les températures trop chaudes (sauna par exemple). Le tabac
et les médicaments vasoconstricteurs sont logiquement à éviter, sans aucune donnée à ce sujet à
l’heure actuelle, ni dans la littérature ni dans notre expérience.
Des crèmes hydratantes pour préserver une bonne trophicité sont conseillées. Les
dermocorticoides sont essayées mais avec moins de bénéfice dans les formes érythromélylgiques
que sur les plaques plus limitées.
Page 24/34
En cas de douleur, un traitement symptomatique avec une une consultation spécialisée en
dermatologie doit être proposée.
Page 25/34
Qualite de vie
Les symptomes post-COVID ont un impact important sur la qualite de vie (sociale, personnelle,
professionnelle). Plusieurs patients n’arrivent pas a reprendre une activite normale ou leur travail
a cause de leurs symptomes, dont la duree reste indeterminee. Ce point d’evaluation est tres
important dans toute consultation avec un patient souffrant des sequelles a long terme du COVID-
19. Une ecoute active avec des questions sur l’impact social, professionnel et personnel peuvent
servir de porte d’entree. Nous proposons aussi l’utilisation de l’echelle SF-1222 pour mieux
caracteriser l’impact des symptomes sur la qualite de vie. En cas d’impact, un suivi regulier avec
une prise en charge multidisciplinaire est preconise : medecin traitant, soutien psychologique,
physiotherapie, ergotherapie etc.
Ressources
Consultation et prise en charge globale [email protected]
Long COVID- SMPR
Page 26/34
Contributions
Par ordre alphabetique :
Sous la supervision de :
Coordination
Dr. Mayssam Nehme
Pr. Idris Guessous
Page 27/34
References
1. Nehme M, Braillard O, Alcoba G, Aebischer Perone S, Courvoisier D, Chappuis F, Guessous I.
COVID-19 Symptoms: Longitudinal Evolution and Persistence in Outpatient Settings. Ann
Intern Med. 2020 Dec 8:M20-5926. doi: 10.7326/M20-5926. Epub ahead of print. PMID:
33284676; PMCID: PMC7741180.
2. Logue JK, Franko NM, McCulloch DJ, McDonald D, Magedson A, Wolf CR, Chu HY. Sequelae in
Adults at 6 Months After COVID-19 Infection. JAMA Netw Open. 2021 Feb 1;4(2):e210830.
doi: 10.1001/jamanetworkopen.2021.0830. PMID: 33606031.
3. World Health Organization Update 3 in relation to the COVID-19. [Internet]. [cited 2021 Feb
11];Available from: https://cdn.who.int/media/docs/default-
source/classification/icd/covid-19/update-3-in-relation-to-the-covid-
19_en.pdf?sfvrsn=2ac67589_3
5. Mahase E. Covid-19: What do we know about “long covid”? BMJ. 2020 Jul 14;370:m2815.
doi: 10.1136/bmj.m2815. PMID: 32665317.
7. Taquet M, Luciano S, Geddes JR, Harrison PJ. Bidirectional associations between COVID-19
and psychiatric disorder: retrospective cohort studies of 62 354 COVID-19 cases in the USA.
Lancet Psychiatry. 2021 Feb;8(2):130-140. doi: 10.1016/S2215-0366(20)30462-4. Epub
2020 Nov 9. Erratum in: Lancet Psychiatry. 2021 Jan;8(1):e1. PMID: 33181098; PMCID:
PMC7820108.
10. Freal JE, Kraft GH, Coryell JK. Symptomatic fatigue in multiple sclerosis. Arch Phys Med
Rehabil. 1984 Mar;65(3):135-8. PMID: 6703889.
11. ACERS PostCOVID-19 Patient Information Pack. NHS Homerton University Hospital.
12. Tombaugh TN, McIntyre NJ. The mini-mental state examination: a comprehensive review. J
Am Geriatr Soc. 1992 Sep;40(9):922-35. doi: 10.1111/j.1532-5415.1992.tb01992.x. PMID:
1512391.
13. Shulman KI. Clock-drawing: is it the ideal cognitive screening test? Int J Geriatr Psychiatry.
2000 Jun;15(6):548-61. doi: 10.1002/1099-1166(200006)15:6<548::aid-gps242>3.0.co;2-
u. PMID: 10861923.
Page 28/34
14. Nasreddine ZS, Phillips NA, Bedirian V, Charbonneau S, Whitehead V, Collin I, Cummings JL,
Chertkow H. The Montreal Cognitive Assessment, MoCA: a brief screening tool for mild
cognitive impairment. J Am Geriatr Soc. 2005 Apr;53(4):695-9. doi: 10.1111/j.1532-
5415.2005.53221.x. Erratum in: J Am Geriatr Soc. 2019 Sep;67(9):1991. PMID: 15817019.
15. Bastien CH, Vallieres A, Morin CM. Validation of the Insomnia Severity Index as an outcome
measure for insomnia research. Sleep Med. 2001 Jul;2(4):297-307. doi: 10.1016/s1389-
9457(00)00065-4. PMID: 11438246.
16. Da M, Ck W. Evaluation of clinical methods for rating dyspnea [Internet]. Chest. 1988 [cited
2020 Jul 26];Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3342669/
17. van Dixhoorn J, Duivenvoorden HJ. Efficacy of Nijmegen Questionnaire in recognition of the
hyperventilation syndrome. J Psychosom Res. 1985;29(2):199-206. doi: 10.1016/0022-
3999(85)90042-x. PMID: 4009520.
18. Jones PW, Quirk FH, Baveystock CM, Littlejohns P. A self-complete measure of health status
for chronic airflow limitation. The St. George’s Respiratory Questionnaire. Am Rev Respir
Dis. 1992 Jun;145(6):1321-7. doi: 10.1164/ajrccm/145.6.1321. PMID: 1595997.
19. Zigmond AS, Snaith RP. The hospital anxiety and depression scale. Acta Psychiatr Scand.
1983 Jun;67(6):361-70. doi: 10.1111/j.1600-0447.1983.tb09716.x. PMID: 6880820.
20. Blevins CA, Weathers FW, Davis MT, Witte TK, Domino JL. The Posttraumatic Stress
Disorder Checklist for DSM-5 (PCL-5): Development and Initial Psychometric Evaluation. J
Trauma Stress. 2015 Dec;28(6):489-98. doi: 10.1002/jts.22059. Epub 2015 Nov 25. PMID:
26606250.
21. Appart, Lange, Sivert, Bihain, Tordeurs. Le trouble de l’adaptation et le DSM-5: une revue de
la litterature, Encephale, 2017. 43(1):41-46.
22. Jenkinson C, Layte R. Development and testing of the UK SF-12 (short form health survey). J
Health Serv Res Policy. 1997 Jan;2(1):14-8. doi: 10.1177/135581969700200105. PMID:
10180648.
Page 29/34
Annexes
Page 30/34
TEST DE MARCHE DE 6 MINUTES – PROTOCOLE HUG
1. Domaine
Therapie respiratoire
2. Définition
Le test de marche de 6 minutes (TM6) est un test de terrain, valide et couramment utilise pour
evaluer la capacite fonctionnelle a un niveau sous-maximal, et les effets du reentraïnement a
l’effort des patients cardiaques et pulmonaires.
3. Indications
- Evaluation initiale du retentissement d'une pathologie respiratoire sur la tolerance a l'effort
- Evaluation de l’impact d'un programme de reentraïnement a l'effort
- Evaluation de l’impact d'un traitement medicamenteux
- Identification et quantification d'une desaturation a l'effort
- Prescription d'une oxygenotherapie de deambulation
- Evaluation de l’impact d'une oxygenotherapie de deambulation.
4. Précautions, contre-indications
- Infarctus du myocarde datant de moins d’un mois
- Angor instable
- Hypertension arterielle systemique non controlee
- Maladie valvulaire aortique severe symptomatique
- Thrombophlebite evolutive et/ou embolie pulmonaire recente
- Pericardite aigue
- Asthme instable
- Insuffisance respiratoire chronique decompensee
- Instabilite hemodynamique.
5. Déroulement du traitement
a) Le patient doit etre habille confortablement et etre bien repose
b) Les parametres de depart – tension arterielle (TA), niveau de dyspnee (Voir "Echelle de
Borg modifiee" en annexe), saturation (SpO2) et pulsations (FC) – sont a prendre apres
que le patient soit reste assis pendant au moins 10 minutes devant la ligne de depart.
Page 31/34
Vous parcourrez le couloir aller et retour en tournant autour des cônes. Vous devez contourner
les cônes et continuer sans hésiter. Maintenant, je vais vous montrer. Voilà comment je fais
demi-tour sans hésiter.
Pendant le test, vous ne pouvez pas parler, car cela influence vos performances.
Je vous indiquerai le temps restant toutes les minutes.
Je vous demanderai de vous arrêter après 6 minutes.
Êtes-vous prêt ? Je vais compter les demi-tours que vous faites.
Rappelez-vous que vous devez marcher aussi loin que possible pendant 6 minutes, mais
sans courir.
Allez-y maintenant ou dès que vous êtes prêt."
d) Durant l’epreuve, les reperes temporels suivants sont donnes au patient de maniere
standardisee:
– "C’est très bien, continuez ainsi" a 30 secondes
– "C’est très bien, plus que 5 minutes, continuez ainsi" a la premiere minute.
– "C’est très bien, continuez ainsi" a 1 minute 30 secondes
– "C’est très bien, plus que 4 minutes, continuez ainsi" à la deuxième minute.
– "C’est très bien, continuez ainsi" à 2 minutes 30 secondes
– "C’est très bien, plus que 3 minutes, continuez ainsi" a la troisieme minute.
– "C’est très bien, continuez ainsi" a 3 minutes 30 secondes
– "C’est très bien, plus que 2 minutes, continuez ainsi" a la quatrieme minute.
– "C’est très bien, continuez ainsi" a 4 minutes 30 secondes
– "C’est très bien, plus que 1 minutes, continuez ainsi" à la cinquième minute.
– "C’est très bien, continuez ainsi" a 5 minutes 30 secondes
– "Je vais bientôt vous dire de vous arrêter" a 5 minutes 45 secondes – "Et maintenant,
arrêtez-vous" a 6 minutes
g) Le patient se repose, alors, assis jusqu'a ce que sa FC et sa SpO2 aient rejoint leur valeur
mesuree au depart. Le praticien note, alors, le temps necessaire pour que ces valeurs
reviennent a leur niveau de depart.
Remarques:
- Pour une bonne reproductibilite du test, il est important d'utiliser toujours le meme
parcours pour le meme sujet.
- Encouragements: le test se pratiquera SANS ENCOURAGEMENT.
- Oxymetre de pouls: s'assurer du bon fonctionnement de l'oxymetre de pouls.
6. Risques
7. Situations spéciales
Page 32/34
Si la SpO2 descend sous 90% lors de l’epreuve, il est necessaire de recommencer le test sous
oxygene, sauf avis medical autorisant la realisation ou la poursuite du test sans apport
d’oxygene.
Validation
Numéro: 3-04
Page 33/34
JOURNAL D’ÉNERGIE (EXEMPLE)
Page 34/34