Linventaire Des Manuscrits de La Bibliot
Linventaire Des Manuscrits de La Bibliot
Linventaire Des Manuscrits de La Bibliot
par
E. VOGUET
1
Cet article présente les résultats de la maîtrise d’histoire que j’ai eVectuée sous la
direction de F. Micheau, Université de Paris I, durant l’année 1998-1999.
2
Cette allocution a été publiée dans le numéro du mois d’avril 1897 de la revue al-
Muqta af.
3
Il envoya une lettre à M. Bayram Bey qui fut publiée dans le numéro suivant d’al-
Muqta af.
4
Cet inventaire recense 39405 feuillets coraniques, 3774 feuillets d’ouvrages de science,
ainsi que des feuillets dispersés, très abîmés regroupés en 263 chemises.
5
Selon M. al-Rammˆú, Directeur du Centre d’Etudes de la Civilisation et des Arts
Islamiques, « l’original de ce catalogue a été perdu mais une copie est conservée à la Bibliothèque
Nationale Égyptienne au Caire » (voir son article publié dans I. Óabbh, êiyˆna wa îifÅ al-
Ma¢ ˆt al-Islˆmiya, Actes du troisième congrès de la Fondation al-Furqˆn sur le patri-
moine islamique, Londres, 18-19 novembre 1995, p. 37).
6
Les archives de la Grande Mosquée dépendent de la société oYcielle de gérance
des fondations pieuses.
délégué aux waqf-s, la rédaction d’un ultime inventaire qui fut illustré par des pho-
tographies de Mu§tafa BÒÒa. Cette dernière liste est utilisée comme Catalogue
des Manuscrits de la Bibliothèque du Centre d’Etudes de la Civilisation et des Arts
Islamiques de Raqqada7.
C’est dans ce mouvement de redécouverte du fonds kairouannais qu’Ibrahim
Óabbú édita, en 1956, le texte d’un ancien inventaire daté de 693/1293-948. Ce
document, qui fait l’objet de la présente étude, est daté de la n du VIIe/XIIIe
siècle, mais répertorie un fonds beaucoup plus ancien, composé essentiellement de
manuscrits des IIIe/IXe-IVe/Xe siècles. Les informations d’un plus vieil inventaire
sont reprises littéralement dans cette nouvelle liste (comme cela est signalé à plusieurs
reprises au cours du document) puis complétées: tous les changements qui ont
depuis modi é le fonds sont mentionnés (dégradations, pertes, regroupements de
feuillets . . .). Malheureusement la date de rédaction de ce premier inventaire n’est
pas donnée9, et ce document n’a pas été conservé.
L’inventaire de 693/1293-94 est actuellement en dépôt au Centre d’Études de
la Civilisation et des Arts Islamiques de Raqqada dans le carton no 28910. Il a été
rédigé sur onze folios de parchemin (format 23,5X32,2) dont seulement neuf nous
sont parvenus. Ce document est très sobre, la reliure est simple, l’écriture
« maghrébine » à l’encre brune est lisible sans être particulièrement soignée. La
plupart des lettres sont munies de leurs points diacritiques; le texte, écrit au recto
et au verso de chaque feuillet, n’est pas vocalisé. Comme tout acte juridique il
débutait vraisemblablement (les deux premiers feuillets sont perdus) par une invo-
cation du type de celle que l’on trouve au début de l’inventaire de la bibliothèque
al-Aúmadiyya d’Alep:
Au nom de Dieu clément et miséricordieux -louange à Allah, Dieu du monde- bénédiction et
paix sur notre seigneur et sieur Muúammad, sur sa famille et sur tous ses compagnons. Voici
les noms des magniques et nobles ouvrages (. . .) dont l’énumération détaillée suit dans ce cahier 11.
La liste des ouvrages conservés dans la bibliothèque ne suit pas de véritable classe-
ment, même si elle commence par mentionner les copies complètes du Coran.
Chacun de ces manuscrits coraniques fait l’objet d’une notice très précise qui men-
tionne, de façon récurrente, le style calligraphique utilisé, la nature du support, la
7
Ce Centre possède aujourd’hui un chier informatisé de tous les manuscrits de
l’ancienne bibliothèque de la Grande Mosquée.
8
I. Óabbh, « Si[ill Qad“m li-Maktaba ]ˆmi’ al-Qayrawˆn », Ma<allat Ma’had al-
Ma¢ ˆt, 2, 1956, p. 339-372.
9
Cette première liste mentionne des legs d’Ab l-Qˆsim al-Suyr“, un célèbre faq“h
mort en 462/1067, elle est donc nécessairement postérieure à cette date. Elle mentionne
également un ouvrage d’al-La¢m“ (m. 498/1104), juriste kairouannais qui s’exila à Sfax
au moment de la destruction de Kairouan à la n du Ve/XIe siècle. Cette liste a donc
vraisemblablement été rédigée au début du VIe/XIIe.
10
J’ai pu consulter l’original de ce document; le Centre a, par ailleurs, accepté de
m’en fournir une photocopie, ce qui m’a permis de comparer le texte original et l’édi-
tion qu’en a faite I. Óabbh. Une traduction en français de cet inventaire se trouve en
annexe de mon mémoire.
11
Cité dans Y. Eche, Les bibliothèques arabes publiques et semi-publiques en Mésopotamie, en
Syrie et en Égypte au moyen-âge, Damas, Institut Français de Damas, 1967, p. 318-9.
534 notes et documents
Ces ouvrages ont presque tous été identi és et le tableau qui suit en est un réca-
pitulatif ordonné12. Les ouvrages ont été répartis en trois groupes : un premier
rassemble les Corans, les tafs“r-s (commentaires coraniques) et les recueils de úad“Æ-s
(Traditions du Prophète), un deuxième réunit les ouvrages de qh (droit), un dernier,
en n, regroupe les ouvrages d’u§l al-d“n (fondements de la religion).
12
Les résultats donnés dans ce tableau ont été établis à partir des données de l’in-
ventaire tel qu’il nous est parvenu; ces chiVres ne sont bien sûr qu’indicatifs puisque
deux feuillets du manuscrit sont perdus et qu’il y a quelques manques sur ceux qui sont
conservés.
536 notes et documents
13
Voir notamment les catalogues des expositions: De Carthage à Kairouan : 2000 ans
d’art et d’histoire en Tunisie, Catalogue de l’exposition du Musée du Petit Palais de la Ville
de Paris, (20 octobre 1982-27 février 1983); Splendeur et Majesté, Corans de la Bibliothèque
Nationale, IMA/BN, 1987; Itinéraire du Savoir en Tunisie : les temps forts de l’histoire tunisienne,
H. Annabi, M. Chapoutot-Remadi, S. Kamarti (éditeurs), ouvrage conçu et élaboré à
l’occasion d’une exposition de documents anciens “Itinéraire du Savoir en Tunisie” pro-
duite par la Saison Tunisienne en France à l’Institut de Monde Arabe (mars-juin 1995),
Paris, CNRS Editions et Alif-Les Editions de la Méditerranée, 1995; Trésors Fatimides du
Caire, exposition présentée à l’Institut du Monde Arabe, du 28 avril au 30 août 1998,
catalogue, direction scienti que M. Barrucand, Paris, Institut du Monde Arabe, 1998.
14
L’origine de ce manuscrit a fait l’objet de plusieurs hypothèses: on a d’abord
attribué ces pages à l’Iran du IIIe/IXe siècle, mais après réexamen paléographique et
historique on pense aujourd’hui que ce Coran a été réalisé en Afrique du Nord au
IVe/Xe siècle. Voir J. M. Bloom, « The Blue Koran: an early Fatimid ku c manuscript
from the Maghrib », Les Manuscrits du Moyen-Orient. Essais de codicologie et de paléographie,
Actes du Colloque d’Istambul (26-29 mai 1986), Paris, éd. de l’Institut Français d’Etudes
Anatoliennes et de la Bibliothèque Nationale, 1989, p. 95-99.
15
« Si[ill Qad“m . . . », op. cit., p. 345.
notes et documents 537
16
Sur la diVusion et l’importance de ce maÅhab en Ifr“qiya, voir notamment M. Talbi,
« Kairouan et le mˆlikisme espagnol », Etudes d’orientalisme dédiées à la mémoire de Lévi-
Provençal, Paris, Maisonneuve et Larose, tome I, 1962, p. 317-337.
17
F. Sezgin, Geschichte des arabischen Schriftums, Leiden, E. J. Brill, 1967, I, p. 460, n° 4.
18
J. Schacht, « On some manuscripts in the librairies of Kairouan and Tunis »,
Arabica, 14, 1967, p. 227-228, no 2.
19
Ibidem, p. 228, no 3.
20
Ibidem, p. 230, no 4.
21
F. Sezgin, I, p. 460, no 6.
22
Sur cet ouvrage voir M. Muranyi, Die Rechtsbücher des Qairawˆners Saúnn b. Sa’ “d :
Entstehungsgeschichte und Werküberlieferung, Stuttgart, Steiner et Beirut, Deutsche Morgenländische
Gesellschaft, 1999, 196 p.
538 notes et documents
23
F. Sezgin, I, p. 468 et C. Brockelmann, Geschichte der Arabischen Literatur, Leyde,
1943-1949, I, p. 149-150, S. I, p. 231.
24
Des exemplaires conservés à Raqqada sont mentionnés par C. Brockelmann, I,
p. 186 et S. I, p. 300, ainsi que par F. Sezgin, I, p. 472, no 2.
25
Voir J. Schacht, « On some manuscripts in the librairies of Kairouan and Tunis »,
p. 247.
26
C. Brockelmann, S. I, p. 302 et F. Sezgin, I, p. 481.
27
Selon H. R. Idris « les Ma’ˆlim citent parmi ses ouvrages {ceux d’al-Tnis“}: Kitˆb
al-Ta’ liqa ’ alˆ l-Mudawwana », dans « Une des phases de la lutte du Mˆlikisme contre le
Òi’isme sous les Zirides (XIe siècle). Al-Tnis“, juriste kairouannais et sa célèbre fatwa
sur les Òi’ites », Les Cahiers de Tunisie, 1956, p. 508-517, (p. 511).
28
F. Sezgin, I, p. 471.
29
C. Brockelmann, S. I, p. 298 et F. Sezgin, I, p. 463.
30
F. Sezgin, I, p. 300; voir également J. E. Brockopp, Early Mˆlik“ Law: Ibn ’Abd al-
îakam and his major compendium of jurisprudence, Leiden, Brill, 2000, 312 p.
31
J. Schacht, « On some manuscripts in the librairies of Kairouan and Tunis »,
p. 251-252 et F. Sezgin, I, p. 470.
32
C. Brockelmann, I, p. 188 et S. I, p. 302 et F. Sezgin, I, p. 470-471.
33
C’est par exemple le cas de la ’Utbiyya qu’Ibn Ab“ Zayd t copier en grand nom-
bre comme l’indique un des manuscrits de ce texte conservé à Raqqada.
34
Voir par exemple, A. M. Turki, « Le Muwa a" de Mˆlik, ouvrage de qh entre le
notes et documents 539
A côté des sommes du qh mˆlikite qui viennent d’être citées, un seul ouvrage
d’u§l al-qh (fondements du droit) est répertorié dans l’inventaire. Intitulé Luma’ f“
u§l al-qh, il s’agit probablement d’un traité du célèbre al-Óirˆz“ (m. 476/1083)35.
Le fait que l’inventaire ne mentionne qu’un ouvrage se rattachant à cette disci-
pline met clairement en évidence combien celle-ci était peu répandue en Ifr“qiya.
Tous les ouvrages identi és et présentés jusque-là sont des ouvrages théoriques
sur lesquels se fonde l’enseignement juridique ifr“qiyen. Mais l’inventaire mentionne
également deux célèbres textes concernant la pratique du droit36: les Waƈ"iq d’Ibn
M©“Æ le Tolédan (m. 459/1067)37, recueil d’actes notariaux qui concilient la loi
coranique et la pratique juridique d’Ifr“qiya, dont la présence dans le fond kairouan-
nais témoigne de l’in uence d’al-Andalus sur l’Ifr“qiya en matière de jurisprudence;
et les Farˆ"id de Óuqrˆn (m. 186/802), ouvrage qui concerne la science des droits
de succession38. Ces textes de la pratique se caractérisent, comme les écrits théoriques,
par la méthode des questions-réponses, habituelle en matière d’élaboration juridique.
On trouve d’ailleurs, également mentionné dans l’inventaire, un recueil de Anwa’
(demandes, sollicitations auprès d’un juriste), un compte rendu de ma[ˆlis (réunions
de faq“h-s) d’Ibn al-Fara[, des Amlˆ" (opinions, avis) d’Ab ’Imrˆn al-Fˆs“39.
Tous ces ouvrages de qh sont des textes mˆlikites. Pourtant, certains manuscrits
cités dans l’inventaire rendent compte d’autres courants juridico-religieux qui exis-
taient à Kairouan. La cohabitation et la confrontation entre écoles a, en eVet,
donné lieu à un certain nombre de controverses dont quelques ouvrages cités dans
l’inventaire témoignent: les Masˆ"il al-Ýilˆf attribuées à Ibn al-Warrˆq al-Marwaz“
(m. 329/941)40 auraient été rédigées pour défendre l’école mˆlikite; les A[wiba d’Ibn
al-îaddˆd (m. 299/911) seraient les réponses de celui-ci aux question soulevées
lors des rudes controverses Ò“’ites avec ’Ab“d Allah al-Mahd“. En n, l’inventaire
mentionne un certain nombre de samˆ’ de juristes mˆlikites célèbres tels Ibn al-
Qˆsim (191/806) ou AÒhab (m. 204/820). Ces samˆ’, qui se présentent sous forme
de cahiers (daftar), ne semblent pas être ici de simples certi cats d’audition, mais
s’apparentent à des listes d’autorités de savants, regroupant les i[ˆza-s que ces
juristes ont obtenus41.
On pourrait, compte tenu du fait que le fonds répertorié est celui d’une insti-
tution religieuse, s’attendre à trouver des ouvrages de théologie. Mais seuls quelques
rares manuscrits concernent les u§l al-d“n, les sources et fondements de la religion :
le Mu©n“ f“ u§l al-d“n du qˆ¶“ al-Hamdˆn“ (m. 415/1024), un extrait d’un ouvrage
de propagande des principes mu’tazilites42 qu’il est plutôt étonnant de trouver men-
tionné dans l’inventaire ; l’IrÒˆd d’Ab l-Ma’ˆl“ également connu sous le nom d’al-
]uwayn“ (m. 478/1085) qui est un résumé de son Óˆmil, ouvrage qui développe
la doctrine aÒ’arite43 ; le Sadˆd f“ u§l al-d“n, ouvrage qui n’a pas été identi é, mais
dont le titre permet qu’il soit classé ici.
Le fonds répertorié n’a donc rien de très original, il est en parfaite concordance
avec le rôle que la Grande Mosquée de Kairouan a joué : diVuser le rite mˆlikite
de manière à l’ancrer profondément dans les mentalités et assurer le quasi-mono-
pole de l’enseignement juridique au détriment des études théologiques. En revanche,
tout un pan de l’activité intellectuelle kairouannaise n’apparaît pas à travers l’étude
de cette liste. Il n’y a absolument aucune mention de textes concernant les sciences
annexes comme la grammaire, la linguistique, la lexicologie ou l’histoire (s“ra notam-
ment) alors même que des exemplaires de ce genre d’ouvrages ont été retrouvés
parmi les manuscrits de la bibliothèque de la mosquée. Il n’y a aucun ouvrage de
mathématiques ou de médecine, cette dernière matière ayant pourtant connu à
Kairouan une période d’intense développement, mais ayant béné cié d’autres lieux
de diVusion.
Si cet inventaire, par les renseignements qu’il fournit sur les ouvrages étudiés à
Kairouan, permet de souligner l’importance du mˆlikisme dans la région, il met
également en lumière les modes de constitution de ce fonds. En eVet, en rappor-
tant fréquemment le nom des légataires des ouvrages répertoriés, il atteste que la
bibliothèque a été presque exclusivement constituée par des waqf-s. Ces waqf-s sont
40
F. Sezgin, I, p. 476.
41
Sur ce genre de document, voir A. Vajda, « La liste d’autorités de Man§r Ibn
Sal“m Wa[“h al-D“n al-Hamdˆn“ », extrait du Journal Asiatique (année 1965), Paris,
Imprimerie Nationale, Société Asiatique et Librairie Orientaliste Paul Geuthner, 1965.
42
« Si[ill Qad“m . . . », op. cit., p. 363, n. 3.
43
C. Brockelmann, I, p. 486 et S. I, p. 672. Un manuscrit de cet ouvrage a fait
l’objet d’un article de J. D. Luciani, « Un manuscrit arabe de la Bibliothèque Nationale
d’Alger (l’Irchad) », Revue Africaine, 70, 1929, p. 58-67, où l’auteur mentionne de nom-
breuses autres copies du texte.
notes et documents 541
le fait d’individus privés et ne concernent, chaque fois, qu’un seul ouvrage. Ainsi
si l’on retrouve plusieurs fois le nom d’un même légataire, c’est qu’il a établi
plusieurs waqf-s et non qu’il aurait légué un ensemble d’ouvrages. Il n’est en eVet
mentionné nulle part qu’il y ait eu un waqf primitif important qui aurait composé
la base du fonds. La bibliothèque ne prévoyant pas d’achat de livres, c’est donc
principalement par ces donations individuelles qu’elle s’est constituée.
On distingue deux groupes de donateurs : les fuqahˆ" spécialisés dans l’étude et
la pratique du droit, et les dirigeants politiques ainsi que leur entourage. Les pre-
miers ont légué essentiellement des ouvrages de qh mˆlikite, les seconds, de lux-
ueuses copies du Coran: on peut citer, à titre d’exemple, le « Coran de la nour-
rice », copié et enluminé par ’Al“ Ibn Aúmad al-Warrˆq en 410/1020 pour la
nourrice de l’émir ziride Bˆdis; ou le Coran légué par l’émir lui-même en 441/104944.
Une annotation de Bˆdis gure sur ce dernier manuscrit et témoigne de la volonté
de celui-ci d’obtenir la bienveillance et l’appui des ulémas kairouannais45. La dona-
tion est faite au pro t de la Grande Mosquée, et de manière plus large, à l’ensem-
ble de la société kairouannaise : les waqf-s d’objets mobiliers -comme les livres-
doivent, selon le rite mˆlikite, être d’utilité publique, directement pro tables à la
communauté.
44
Ces deux manuscrits, conservés respectivement sous les cotes 7-35 et 30-58, sont
exposés au Musée de Raqqada.
45
M. Muranyi, « Notas sobre la transmission escrita de la Mudawwana en Ifr“qiya
segun algunos manuscritos recientemente descubierto », al-Qantara: Revista de Estudios
Arabes, 10, 1989, p. 215-231 (p. 224-225).
46
Sur lequel voir Dabbˆ© et Ibn Nˆ[“, op. cit. (tome IV), Tunis/Le Caire, I, 1968,
II, 1972, III et IV, 1978: tome II, p. 235-238 et tome III, p. 99-100.
47
S. D. Goitein, « La Tunisie du XIe siècle à la lumière des documents de la Geniza
du Caire », Etudes d’Orientalisme dédiées à la mémoire de Lévi-Provençal, Paris, Maisonneuve
et Larose, tome II, p. 559-579, aYrme en eVet ( p. 560) que dans de nombreux cas le
nom d’al-Fˆs“ ne désignait pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, une famille
originaire de Fès, mais bien une vieille famille de Kairouan.
542 notes et documents
48
F. Dagorn, « Quelques ré exions sur les inscriptions arabes des nécropoles kairouan-
naises », Revue de l’Occident Musulman Méditerrannéen, 13-16, 1973, p. 239-258, signale
(p. 243) l’existence de sept épitaphes kairouannaises portant ce nom. Ces inscriptions
de stèles funéraires ont été répertoriées et publiées par B. Roy et P. Poinssot, Inscriptions
arabes de Kairouan, Paris, Librairie C. Klincksieck, 1950-1983, 3 tomes; voir par exem-
ple les numéros 132, 496, 517, 555, 568 et 572.
49
R. Brunschvig, La Berbérie Orientale sous les Hafsides des origines à la n du XV e siècle,
Paris, Librairie d’Amérique et d’Orient Adrien Maisonneuve, 1947, tome I, p. 89.
50
Combe, Sauvaget, Wiet, Répertoire Chronologique d’Epigraphie Arabe, Institut Français
d’Archéologie Orientale, Le Caire, tome XIII, p. 118-119, no 4969.
51
Al-’Abdar“, Riúla, éd. Al-Duktr ’Al“ Ibrˆh“m Karw“ et al-Duktr RuÒˆkir al-
Faúúˆm, Damas, Dˆr Sa’d al-D“n li l-ÿibˆ’a wa al-NaÒr wa l-Tawz“’, 1999, p. 59.
notes et documents 543
Son récit prouve que certaines personnes connaissaient très bien ce fonds livresque,
avaient conscience de sa richesse et n’hésitaient pas à le montrer au voyageur à
la recherche de la science. Cela est peut-être un re et du regain de la vieille école
de Mˆlik durant la seconde moitié du VIIe/XIIIe siècle52.
L’étude réalisée par S. Ghrab sur les manuels utilisés au VIIIe/XIV e siècle pour
la formation d’Ibn ’Arafa53 est, de ce point de vue, également très éclairante. Les
ouvrages de base des études juridico-religieuses restent, pour nombre d’entre eux,
ceux cités dans l’inventaire de 693/1293-94. On retrouve les deux recueils de úad“Æ-s
de Bu¢ar“ et Muslim, le Muwa a" de Mˆlik, la Mudawwana de Saúnn, le TahÅ“b
deBarˆd’“, l’IrÒˆd d’al-Ma’ˆl“, etc. Les ouvrages mentionnés dans le ’Unwˆn al-Dirˆya,
recueil de biographies d’Ab l-’Abbˆs al-ýubr“n“ (m. 704/1304) consacré aux
savants de Bougie au VIIe/XIIIe siècle, viennent con rmer cette constance54.
La vieille école kairouannaise est donc encore largement in uente en matière
d’interprétation juridique et elle continue d’être une référence pour nombre de
savants mˆlikites qui restent fermement attachés à l’orthodoxie. Cependant il est
important de souligner que, si Kairouan garde une certaine renommée dans le
domaine du qh, ce n’est que grâce à son conservatisme intransigeant. En ce qui
concerne le savoir, il est évident que la ville n’est plus le grand centre religieux et
culturel qu’elle fut. Les voyageurs qui, partant à la recherche de la science, ont la
volonté de s’arrêter dans les grands centres culturels a n d’y obtenir le maximum
d’i[ˆza-s, ne s’attardent plus à Kairouan, auparavant passage obligé sur le chemin
de la Riúla55.
52
Sur ce regain du mˆlikisme, voir R. Brunschvig, op. cit., p. 288 et suivantes.
53
S. Ghrab, Ibn ’Arafa et le Mˆlikisme en Ifr“qiya au VIII e/XIV e siècle, Thèse présentée
pour l’obtention du Doctorat d’Etat, Université de Tunis I, Publications de la Faculté
des Lettres de la Manouba, 1996, p. 254 et suivantes.
54
Ab l-’Abbˆs al-ýubr“n“, ’Unwˆn al-Dirˆya f“ man ’urifa min al-’ulamˆ" f“ l-mˆ"iati al-
sˆbi’a b“jˆya, éd. Professeur Rˆbiú Bnˆr, al-Óiraka al-Wa aniya li l-NaÒr wa l-Tawz“’,
Alger, 1981.
55
Al-’Abdar“ (Riúla, p. 159) n’y séjourne que peu de temps et décrit surtout les autres
activités de la ville, Ibn Ba a (Voyageurs arabes, Paris, Bibliothèque de la Pléiade,
Gallimard, 1995, p. 380) comme al-T“[ˆn“ (M. A. Rousseau, « Voyage du Scheikh et-
Tidjani dans la régence de Tunis pendant les années 706-707 et 708 de l’Hégire (1306-
1309) », Journal Asiatique, août-septembre 1852) ne font même pas le détour par Kairouan.
56
Un inventaire de la même époque est mentionné par Y. Eche, op. cit., p. 314)
pour la bibliothèque al-Aúmadiyya d’Alep, mais notre document, qui est une mise à
jour d’une liste plus ancienne, témoigne de l’existence de ce genre d’acte juridique bien
avant le XIIIe siècle.
544 notes et documents
57
Voir par exemple les textes mentionnés par S. Ghrab dans sa thèse, op. cit., t. I,
p. 58 et suivantes.
58
J. Berque, « En lisant les Nawˆzil Mazouna », Studia Islamica, 32 (1970), p. 35.