Puberté Précoce
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Puberté précoce
Sous la direction de
Claire Bouvattier
Catherine Pienkowski
Springer
Claire Bouvattier Catherine Pienkowski
Hôpital Bicêtre CHU de Toulouse
Service d’endocrinologie Hôpital des enfants
pédiatrique 330, avenue de Grande-Bretagne
78, rue du Général-Leclerc 31059 Toulouse Cedex
94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex
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littérature existante.
Avant-propos ......................................................................... 1
C. Bouvattier, C. Pienkowski
C. Bouvattier, C. Pienkowski
L’amélioration des conditions de vie au cours des siècles montre que le fac-
teur limitant de l’accroissement progressif de la taille de l’Homme est l’avance
séculaire de l’âge de la puberté.
La puberté est un phénomène adaptatif de maturation très sensible à de
nombreux signaux.
Les chapitres traités dans ce livre abordent les données historiques et épidé-
miologiques concernant l’évolution pubertaire des filles et des garçons. L’état
des connaissances et les progrès dans divers domaines comme l’influence de
l’environnement, le mécanisme génétique sont largement développés.
Une mise au point de certaines situations pédiatriques particulières mais
néanmoins fréquentes comme l’adoption, les enfants nés de petites taille, les
enfants irradiés sera d’un intérêt particulier pour le praticien.
Le fil conducteur entre les différents chapitres permet de donner au lec-
teur autant d’outils utiles à sa pratique quotidienne. Une meilleure connais-
sance des mécanismes physiopathologiques permettra d’ajuster finement le
diagnostic, la thérapeutique et la prise en charge sur le long terme.
Points essentiels
s Avance séculaire du démarrage de la puberté.
s Âge de ménarche stable depuis les dernières décennies.
s Influence de l’IMC sur la chronologie pubertaire.
s Facteurs de variations : niveau socio-économique, facteurs génétiques, état
nutritionnel, exposition aux dysrupteurs endocriniens.
Avance séculaire1
cent dernières années. Ainsi, des données historiques en Europe et aux États-
1 Unis ont montré que l’âge de la ménarche était passé d’environ 17 ans au
milieu du xixe siècle à 13 ans au milieu du xxe siècle [1, 2]. Ces modifications
sont probablement liées à l’amélioration des conditions socio-économiques,
du statut nutritionnel et de l’hygiène [3]. Depuis les années 1960, l’âge de la
ménarche reste globalement stable, ainsi une avance de seulement 2,5 mois a
été observée sur les 25 dernières années aux États-Unis [4].
Études américaines
Au cours des années 1990, plusieurs études américaines indépendantes, uti-
lisant des méthodologies différentes, ont rapporté une avance du début de
l’âge de la puberté notamment chez les jeunes filles.
La première étude transversale, réalisée entre 1992 et 1993, reposait sur les
données collectées par un réseau de pédiatres non hospitaliers (Pediatric
Research in Office Settings Network) [8] chez 17 077 jeunes filles (dont 90,4 %
jeunes filles blanches et 9,6 % jeunes filles d’origine afro-américaine).
Dans cette étude, l’âge moyen de début de la puberté (stade de Tanner S2)
était de 10,0 ± 1,8 ans chez les jeunes filles blanches et de 8,9 ± 1,9 ans chez
les jeunes filles d’origine afro-américaine, soit 1 à 2 ans plus tôt que l’âge
habituellement rapporté. De plus, 5 % des jeunes filles blanches et 15,4 % des
jeunes filles d’origine afro-américaine avaient débuté leur puberté à l’âge de
8 ans, correspondant à la définition habituelle de la puberté précoce. Malgré
cette avance du démarrage pubertaire, l’âge de la ménarche restait inchangé
(12,9 ± 1,2 ans et 12,2 ± 1,2 ans respectivement chez les jeunes filles blanches
et d’origine afro-américaine), suggérant une augmentation de la durée de la
puberté.
Les limites de cette étude étaient liées au recrutement d’enfants dans diffé-
rentes régions, l’examen par des investigateurs différents, et l’évaluation du
stade pubertaire par l’inspection.
Une deuxième étude réalisée entre 2005 et 2010, s’appuyant sur le même
réseau de pédiatres non hospitaliers, s’est intéressée à l’âge de début de la
puberté chez 4 131 garçons [9].
Dans cette étude, l’âge moyen de début de puberté (stade de Tanner G2) était
de 10,1 ± 2,2 ans (95 % CI : 10-10,3) chez les garçons blancs, de 10,0 ± 1,8 ans
(95 % CI : 9,8-10,3) chez les garçons d’origine hispanique, et de 9,1 ± 2,1 ans
(95 % CI : 8,9-9,4) chez les garçons d’origine afro-américaine, soit 1 an et demi
à 2 ans plus tôt que l’âge habituellement rapporté. Lorsqu’une augmentation
du volume testiculaire au-delà de 3 mL était considérée pour définir le
début pubertaire, l’âge moyen de début de puberté était de 11,5 ± 1-2,0 ans
(95 % CI : 11,3-11,6) chez les garçons blancs, 11,3 ± 1,8 ans (95 % CI : 11,1-
11,5) chez les garçons d’origine hispanique, et 11,7 ± 1,8 ans (95 % CI : 11,5-
12) chez les garçons d’origine afro-américaine.
Ces données ont été complétées par une étude transversale s’intéressant à
la santé et la nutrition dans un échantillon représentatif de la population
entre 1988 et 1994 (Third National Health and Nutrition Examination Survey,
NHANES III) [10, 11].
Dans cette étude incluant 1 623 jeunes filles âgées de 8 à 16 ans (dont 28,7 %
jeunes filles blanches, 36,3 % d’origine hispanique et 35 % d’origine afro-
américaine), l’âge moyen de début de la puberté (stage de Taner 2) était de
6 Puberté précoce
10,4 ans (95 % CI : 10-10,5) chez les jeunes filles blanches, 9,7 ans (95 % CI :
1 9,4-9,9) pour les jeunes filles d’origine hispanique, et 9,5 ans (95 % CI : 9,3-
9,8) pour les jeunes filles d’origine afro-américaine, confirmant une avance
de 6 mois à un an et demi de l’âge de début de la puberté. L’âge de début de
la ménarche était aux environs de 12 ans dans les trois groupes (12,7, 12,2 et
12,1 ans chez les jeunes filles blanches, d’origine hispanique et d’origine afro-
américaine, respectivement).
Cette étude a également permis d’étudier les facteurs intervenant dans le
démarrage plus précoce de la puberté, notamment les facteurs ethniques (les
jeunes filles d’origine afro-américaine démarrant leur puberté significative-
ment plus tôt que les jeunes filles blanches ou d’origine hispanique), et la
corpulence (un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé étant associé à
des ménarches plus précoces). Les facteurs socio-économiques (taille de la
famille, zone d’habitation urbaine ou rurale, revenus) ne modifiaient pas les
différences observées.
Une étude américaine multicentrique prospective plus récente, réalisée chez
1 239 filles, semble suggérer que l’âge de début de la puberté continue à évo-
luer [12]. Ainsi, dans cette cohorte, un démarrage de la puberté avant l’âge de
8 ans était observé chez 18,3 %, 30,9 %, et 42,9 % des jeunes filles blanches,
d’origine hispanique, et d’origine afro-américaine respectivement.
Études européennes
des seins n’était pas associé à des taux plus élevés des gonadotrophines, sug-
gérant l’absence d’activation précoce de l’axe gonadotrope. En revanche,
une diminution faible mais significative des taux d’œstradiol était observée
parmi les jeunes filles âgées de 8 à 10 ans de la cohorte de 2006, suggérant
une action œstrogénique indépendante des gonadotrophines au niveau des
seins.
Chez les garçons, l’âge de début de la puberté (défini par un volume testicu-
laire > 3 mL) apparaissait significativement plus tôt chez la cohorte de 2006
(âge moyen : 11,6 ans ; 95 % CI : 11,5-11,8) comparée à celle de 1991 (âge
moyen : 11,9 ans ; 95 % CI : 11,8-12,1). Des taux plus élevés de LH étaient
observés dans la cohorte de 2006. Cependant, les différences d’âge de démar-
rage pubertaire et de taux de LH n’étaient plus significatives après ajuste-
ment pour l’IMC, suggérant un rôle important de la masse corporelle sur le
démarrage pubertaire chez le garçon.
Les mêmes tendances ont été observées dans d’autres pays européens au cours
de la même période.
Ainsi, dans une étude longitudinale réalisée en Grande-Bretagne (Avon
Longitudinal Study of Parents and Children), l’âge moyen du démarrage
pubertaire chez la fille était de 10,1 ans (95 % CI : 10,1-10,2), et l’âge moyen
de la ménarche de 12,9 ans (95 % CI : 12,9-13,0) [15]. À l’âge de 8 ans, le
démarrage pubertaire était observé chez 12 % des filles. Les facteurs prédic-
tifs de l’âge de la ménarche étaient des facteurs maternels (âge précoce de la
ménarche maternelle, IMC plus élevée chez la mère) et un indice de masse
corporelle plus élevé chez l’enfant à l’âge de 8 ans.
Calendrier pubertaire1
Fig. 1 – Avance séculaire de l’âge des 1res règles (d’après Sorensen 2012).
l’apparition des premiers signes pubertaires soit entre 12,5 et 13 ans, cepen-
dant cet âge peut varier. Les premiers cycles sont souvent irréguliers et anovu-
latoires, ils deviennent généralement ovulatoires la 2e année de la ménarche.
Les résultats français de l’enquête internationale HBSC réalisée en 2006 par
auto-questionnaires estiment l’âge de la ménarche en France à 12,8 ans en
moyenne avec un écart type relativement faible (1,2 an). Les premiers cycles
sont souvent irréguliers et anovulatoires [17]. Ils deviennent ovulatoires la
2e année de règles généralement [18]. Dans l’étude hollandaise (POMC),
2 400 adolescentes ont répondu à un questionnaire concernant leurs cycles.
Les cycles sont irréguliers dans 25 % des cas la 1re année, 12 % la 2e année et
6 % la 4e année [19]. Celles qui restent oligoménorrhéiques au-delà de 3 ans
sont plus à risque d’hyperandrogénie [20].
Chez le garçon, le début de la puberté correspond au développement des tes-
ticules qui se produit en moyenne vers l’âge de 13 ans. La pilosité pubienne
apparaît quelques mois après, associée au développement de la verge et du
scrotum. Puis la pilosité axillaire se développe en moyenne un an après la
pilosité pubienne.
filles dans l’âge de survenue des règles [22]. Cependant, l’avance rapide de
1 l’âge de début de la puberté sur les dernières décennies suggère plutôt des
facteurs environnementaux.
L’augmentation de l’obésité dans les pays industrialisés a été évoquée pour
expliquer ces modifications. En effet, une adiposité plus importante est asso-
ciée à une avance de maturation pubertaire chez la jeune fille [23]. Chez le
garçon, cette association reste controversée [24, 25].
Les modifications des habitudes diététiques pendant l’enfance (consommation
de soja) ainsi que l’exposition à des composés chimiques susceptibles de modi-
fier le système hormonal (perturbateur endocrinien, bisphénol par exemple)
pourraient également influencer le développement pubertaire [26, 27].
Conclusion
La puberté est une période charnière qui va s’accompagner de change-
ments somatiques et psychologiques. De nombreux facteurs vont influencer
son évolution. Une bonne connaissance de son déroulement normal est indis-
pensable pour en identifier les troubles.
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Précocités pubertaires
et polluants endocriniens environnementaux 2
F. Paris, L. Gaspari, C. Sultan
Points essentiels
s Avance de l’âge d’entrée en puberté.
s Augmentation d’incidence des précocités pubertaires.
s Rôle des PEE dans l’avance de l’âge d’entrée en puberté et dans l’augmentation
d’incidence des précocités pubertaires.
Introduction
Œstrogènes naturels
Les œstrogènes comme les autres hormones stéroïdes sont dérivés du méta-
bolisme du cholestérol. Ils sont composés de quatre cycles carbonés, les cycles
A, B, C comportant 6 atomes de carbones et le cycle D 5. Les œstrogènes
naturels regroupant l’œstradiol, l’œstrone et l’œstriol peuvent être considérés
comme des perturbateurs endocriniens car ils sont retrouvés dans l’environ-
nement et peuvent affecter les fonctions endocriniennes de l’organisme [25].
Œstrogènes synthétiques
Ils sont essentiellement représentés par les hormones de synthèse conte-
nues dans les contraceptifs oraux ou la pilule du lendemain (éthynilœstra-
diol EE2), les traitements substitutifs de la ménopause étant quant à eux
constitués d’œstrogènes naturels. Les antiœstrogènes comme le tamoxifène
utilisés dans le traitement de certains adénocarcinomes mammaires pos-
sèdent aussi une activité agoniste partielle. Enfin, parmi ces œstrogènes de
synthèse, il ne faut pas oublier le diéthylstilbestrol (DES), utilisé pendant une
trentaine d’années dans le traitement des menaces d’accouchements préma-
turés et dont l’utilisation a été suspendue après les travaux de Herbst en 1970
qui faisaient état d’un taux élevé d’adénocarcinome du vagin chez les filles de
mères ayant été traitées par DES durant leur grossesse [28].
Xéno-œstrogènes
Ils regroupent des substances appartenant aux pesticides et d’autres qui
sont issues de l’industrie (fig. 2). Les pesticides sont essentiellement repré-
sentés par les dérivés organochlorés comme le dichlodiphényltrichloroé-
thane (DDT), son métabolite le dichlorodiphényldichloroéthylène (DDE),
le méthoxychlore, le lindane, la vinclozoline ou l’endosulfan. Les pesticides
organochlorés se dégradent très lentement et peuvent de ce fait persister dans
l’environnement, air, eau, sol, sédiments durant de nombreuses années [29].
Ainsi, des traces de DDT et surtout de DDE peuvent persister dans le milieu
extérieur jusqu’à une dizaine d’années et dans l’organisme plus de 20 ans
après l’arrêt de son utilisation. Le DDT, puissant PEE, a été interdit aux États-
Unis et dans de nombreux pays européens depuis 1970, mais est encore uti-
lisé dans certains autres pays en voie de développement [1]. Le MXC possède
comme la plupart des PEE des activités œstrogéniques et anti-androgéniques,
18 Puberté précoce
Études animales sur le rôle des PEE dans les précocités pubertaires
2
Le système de reproduction des rongeurs femelles (rats et souris) partage un
certain nombre de caractéristiques avec l’homme. Aussi, ces animaux ont été
largement utilisés en laboratoire de façon à mieux appréhender expérimenta-
lement les mécanismes du déclenchement et du déroulement pubertaire chez
l’homme. La puberté de la souris femelle est marquée par l’ouverture vaginale
qui est le premier signe d’entrée en puberté témoignant d’une élévation du
taux d’œstrogènes. Elle est suivie de la première ovulation à laquelle fera suite
l’apparition de cycles réguliers. Les événements correspondants chez l’homme
sont respectivement le développement mammaire et la ménarche (premières
règles) (fig. 3).
L’ouverture vaginale apparaît ainsi chez le rongeur femelle à 35 jours de vie,
la durée moyenne entre l’ouverture vaginale et le premier œstrus étant de
4 jours environ. C’est donc en suivant ces deux paramètres qu’il est possible
d’évaluer le retentissement de l’exposition à certains PEE sur le déclenche-
ment pubertaire.
La plupart des travaux rapportent une avance de l’ouverture vaginale chez des
rongeurs exposés en période postnatale à de l’îstradiol (E2), de l’éthynylœs-
tradiol (EE2) ou divers PEE [33]. L’EE2 est actuellement le composé œstro-
génique le plus fréquemment utilisé dans les pilules contraceptives chez la
femme. Cet œstrogène de synthèse est éliminé dans les urines, pouvant ainsi
contaminer les eaux usées. Différentes équipes ont bien démontré, chez des
rongeurs exposés en période postnatale à divers PEE, une avance de l’âge de
l’ouverture vaginale associée à une augmentation du volume utérin témoi-
gnant donc d’une avance de l’âge d’entrée en puberté. Ces effets sont aussi
bien retrouvés pour les phytoœstrogènes comme la génistéine ou le cou-
mestrol, que pour les pesticides organochlorés, le bisphénol A ou encore les
phtalates.
Parmi les pesticides organochlorés, sont retrouvés le DDT et le méthoxychlor
(MXC). Laws et al. rapportent que des souris exposées au MXC en période
pos natale présentent un âge plus précoce d’OV ainsi qu’une augmentation
du volume utérin [34]. Les mêmes effets sont retrouvés chez des rongeurs
exposés au bisphénol A (BPA), PEE appartenant à la famille des alkylphénols,
en particulier retrouvé dans nombre d’emballages alimentaires et dont l’uti-
lisation vient d’être interdite dans les biberons en France et au Canada [34].
Enfin, les phtalates peuvent eux aussi perturber le développement pubertaire
des animaux de laboratoire. L’ensemble de ces études animales conforte donc
l’hypothèse selon laquelle les PEE seraient impliqués dans l’avance de l’âge
d’entrée en puberté comme dans l’augmentation d’incidence des précocités
pubertaires de la fillette. De plus, ces études permettent de mieux appréhender
le mécanisme d’action des PEE sur le déclenchement pubertaire, bien que de
nombreuses inconnues demeurent encore. Il semble que la majorité des PEE
puissent avoir une action périphérique et centrale. L’avance de l’âge de l’ouver-
ture vaginale comme l’augmentation du volume utérin suggèrent une action
œstrogénique directe des PEE sur l’épithélium vaginal et l’utérus. Néanmoins,
l’exposition postnatale au coumestrol, au MXC, ou au bisphénol A engendre,
parallèlement à une avance de l’OV, une avance de la première ovulation et/ou
une irrégularité menstruelle persistante suggérant fortement une capacité de
modulation au niveau hypothalamo-hypophysaire [33, 34]. Ces effets modu-
lateurs centraux semblent pouvoir être, soit inhibiteurs, soit stimulants [4].
Des travaux réalisés par l’équipe du professeur Bourguignon en 2004 mon-
traient que l’exposition d’explants hypothalamiques ou de souris prépubères
à de l’E2 diminuait l’intervalle des pulses de GnRH ayant ainsi un effet de sti-
mulation de l’entrée en puberté. Cette même équipe retrouve un effet stimu-
lant de l’o.p’-DDT sur la synthèse de GnRH chez des souris prépubères [33].
Le système kiss/kiss-peptine, qui joue un rôle majeur dans le déclenchement
pubertaire, semble pouvoir être modulé par certains PEE. En effet, des travaux
plus récents montrent qu’une exposition néonatale à des composés œstro-
géniques tels que l’œstradiol ou la génistéine, engendre une diminution de
22 Puberté précoce
Études sur le rôle des PEE dans les précocités pubertaires de la fille
Revue de la littérature
Certaines équipes ont tenté d’évaluer l’association entre l’existence d’une
PP et l’exposition à certain type de PEE.
Du fait d’une épidémie de prématures thélarches à Puerto Rico durant les
années 1980, Colon a recherché la présence de certains pesticides et phtalates
dans le sérum d’une quarantaine de petites filles présentant un développe-
ment mammaire isolé prématuré [14]. Cette équipe put ainsi mettre en évi-
dence une concentration sérique de phtalates plus élevée chez les fillettes avec
prémature thélarche comparées aux contrôles [14].
Par ailleurs, plusieurs études se sont intéressées au lien potentiel entre PP et
DDT du fait de l’utilisation massive de ce pesticide jusque dans les années
1960-1970, et de ses capacités de rémanence tant dans le milieu extérieur que
dans le tissu adipeux. Dans une étude rétrospective, Vasiliu évaluait l’expo-
sition in utero au DDT/DDE estimée à partir de mesures successives dans
le sang maternel de jeunes femmes du Mishigan [37]. Il observa la présence
d’une ménarche plus précoce chez les jeunes filles les plus exposées au DDT/
DDE pendant la grossesse [37]. Un second travail rétrospectif rapportait, au
sein d’une cohorte de femmes en Chine, un antécédent de ménarche plus pré-
coce chez celles ayant les taux de DDE sériques les plus élevés [38]. Une étude
réalisée en Belgique s’est intéressée à l’évaluation du taux sérique de DDE chez
des petites filles présentant une puberté précoce, les unes étant natives de Bel-
gique, les autres ayant immigré de pays étrangers, pour certaines dans le cadre
d’une adoption [9]. Les auteurs observent une augmentation significative des
taux de DDE sériques chez les petites filles présentant une PP originaires d’un
pays étranger, comparées aux petites filles natives de Belgique. Sur la base des
données animales et humaines, les PEE pourraient avoir une action périphé-
rique, via leur activité œstrogénique, sur les tissus œstrogénodépendants que
sont la glande mammaire et l’utérus. D’autre part, ils pourraient aussi avoir
une action centrale au travers d’un effet de maturation des neurones à GnRH
comme cela est décrit dans les cas de PPC secondaires à des PPP. L’effet de dif-
férents PEE sur le système Kisspeptine est venu récemment conforter l’hypo-
thèse de leur action centrale [39]. Au demeurant, le fait que les petites filles
ne développent leur PP qu’une fois en Belgique et non dans leur pays d’ori-
gine [9] pourrait plaider en faveur d’un effet freinateur de certains PPE sur
les neurones à GnRH. Cette action inhibitrice hypothalamo-hypophysaire est
un effet central des œstrogènes bien démontré en période prébubertaire [40].
L’immigration vers un pays plus développé dans lequel le DDT n’est plus
Précocités pubertaires et polluants endocriniens environnementaux 23
Expérience personnelle
Nous nous sommes attachés, depuis une quinzaine d’années, à développer
des méthodes de dépistage de la contamination par des PEE. Comme nous
l’avons déjà souligné, la grande majorité de ces substances possède une carac-
téristique commune, leur activité œstrogénique. C’est ainsi que nous avons
développé une méthode d’évaluation de l’activité œstrogénique globale du
sérum humain [43], l’élévation de l’activité œstrogénique sérique globale
témoignant de la contamination par des PEE.
Nous avons ainsi pu démontrer le rôle d’une contamination par les PEE chez
une petite fille de 4 mois ayant consulté en endocrinologie pédiatrique dans le
cadre d’une puberté précoce, la découverte d’un taux très élevé de lindane et
de DDT chez l’enfant, la maman, et dans des échantillons de terre prélevés sur
leur lieu d’habitation est venue confirmer nos résultats [44]. De plus, notre
récent travail portant sur un groupe de fillettes présentant une prémature
thélarche suggère que cette dernière peut être rapportée, dans certains cas, à
une exposition prénatale ou postnatale aux PEE, au travers de l’identification
d’une activité ultrasensible des œstrogènes anormalement élevée (fig. 4) [45].
30
Activité Estrogénique (pg/ml)
25
20
15
10
0
FPT et FPT sans Témoins
contamination contamination n=18
potentielle par potentielle par
les PEE les PEE
n=9 n=6
Fig. 4 – Activité œstrogénique (pg/mL) chez 15 fillettes présentant une prémature thé-
larche (FPT) : 9 sont connues pour avoir potentiellement été exposées aux PEE en
période ante/postnatale, 6 n’ont pas d’exposition particulière connue, 18 sont des
témoins appariés pour l’âge (d’après [45]).
24 Puberté précoce
Conclusion
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Précocités pubertaires et polluants endocriniens environnementaux 27
Points essentiels
s La puberté est due à une réactivation de l’axe gonadotrope dont le principal témoin
est l’augmentation de la sécrétion de la GnRH hypothalamique avant l’apparition
des caractères sexuels secondaires.
s L’augmentation de la GnRH résulte d’un processus neurodéveloppemental complexe
d’un réseau neurones/glie appelé le réseau GnRH.
s Plusieurs neuropeptides dont les kisspeptines en association avec des
neurotransmetteurs participent à la réactivation du réseau GnRH.
s Des données récentes ont montré l’importance des régulations épigénétiques.
s L’âge de l’initiation de la puberté est un marqueur sensible de l’évolution, ce qui
explique le rôle important des facteurs de l’environnement.
Introduction
molécules comme les protéines de la famille des EGF, les fibroblast growth
3 factors (FGF) et l’IGF1 (insulin like growth factor 1) participent également à la
maturation de l’axe gonadotrope. Enfin, un autre mécanisme de communica-
tion neurones/glie implique des réarrangements plastiques des cellules gliales
adhérentes aux neurones GnRH qui dépendent notamment du NO.
Cette organisation du réseau GnRH dans l’hypothalamus permet une régu-
lation très fine dans le temps mais également en amplitude de la sécrétion de
la GnRH. En effet, en plus des appositions avec les neurones kisspeptines, les
extrêmités axonales des neurones GnRH sont étroitement associées aux pro-
cessus gliaux de cellules épendymogliales appelées tanycytes [11]. Ces tany-
cytes régulent l’accès des terminaisons des neurones GnRH à l’endothélium
de l’espace péricapillaire dans la zone externe de l’éminence médiane. Il existe
une plasticité de ces tanycytes. En effet, lorsque les récepteurs erB sont activés,
les tanycytes subissent une phase de rétraction de leurs pieds entre les termi-
naisons de neurones GnRH et les cellules endothéliales. Ce mécanisme est
notamment important pour l’induction du pic ovulatoire de LH [12].
Enfance Puberté
s Facteurs de l’ environnement
s Balance énergé!que
s Epigéné!que
s Stéroïdes sexuels
s MicroRNA.
s Les catécholamines
s La norépinephrine
s Lep!ne s La dopamine
s Mélatonine
s La sérotonine
s NPY s La galanine
s GABA s Glutamate
K
p Kp
Fig. 1 – La puberté : une période de transition entre un état inhibé de l’axe gonado-
trope et un état activé qui dépend directement des kisspeptines (Kp). L’axe gonado-
trope est inhibé durant l’enfance par l’action du GABA et autres inhibiteurs (bleu).
Sous l’effet de mécanismes cellulaires complexes (rouge) entraînant l’augmentation
de neurotransmetteurs ou autres neuropeptides voire hormones périphériques (vert),
la synthèse des kisspeptines augmente fortement, ce qui permet l’augmentation de la
sécrétion de la GnRH.
34 Puberté précoce
ce qui confirme que l’action de la leptine sur les neurones kisspeptines est
indirecte [19].
Les garçons et les filles commencent leur puberté à des âges différents.
Les variations dans l’âge du déclenchement pubertaire et dans la durée de
la puberté dépendent de l’héritabilité mais aussi des espèces étudiées et de
facteurs internes et externes [20]. Les stéroïdes sexuels participent au déter-
minisme de ce timing. Leur action sur l’axe gonadotrope est déterminante dès
la période anténatale et perdure jusqu’à la puberté. En effet, un traitement
par testostérone d’une rate à la naissance « masculinise » l’organisation du
cerveau et il n’y aura plus de pic préovulatoire de GnRH/LH. Au niveau de
l’hypothalamus, la répartition des neurones kisspeptines diffère en fonction
du sexe. Chez la souris, le nombre de neurones kisspeptines est beaucoup
plus important dans le noyau antéro-ventro-périventriculaire de la femelle
par rapport aux mâles alors que dans le noyau arqué, il n’y a pas de différence
notable [21]. Le niveau de la testostérone en période néonatale pourrait être
un facteur déterminant cette distribution. Des régulations indépendantes des
hormones sexuelles sont également possibles.
Les stéroïdes sexuels ont un rôle essentiel dans l’organisation du système kiss-
peptine. L’action des stéroïdes sur le système kisspeptine passe via le récep-
teur ER alpha qui est exprimé dans les neurones kisspeptines. Cette régulation
œstrogéno-dépendante des neurones kisspeptines est différente dans l’hypo-
thalamus antérieur par rapport à l’hypothalamus médiobasal ; en effet, les
stéroïdes sexuels inhibent l’expression de Kiss1/kisspeptine dans le noyau
arqué et participent donc au rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de gona-
dotrophines. Au contraire, les œstrogènes activent l’expression de Kiss1 dans
le noyau AVPV/RP3V chez la souris, ce qui permet le rétrocontrôle positif de
l’œstradiol sur l’axe gonadotrope. Les stéroïdes sexuels régulent également la
synthèse de la neurokinine B selon un schéma en cours de détermination.
Le rétrocontrôle positif des stéroïdes sexuels sur l’expression des kisspeptines
dans l’hypothalamus antérieur participe au processus pubertaire chez la sou-
ris. En effet, un élégant travail, réalisé par le groupe d’Alan Herbison, montre
que cette régulation positive par les œstrogènes ou les androgènes permet
une augmentation progressive de l’expression de Kiss1 dans l’hypothalamus
antérieur au cours de la puberté. Si ce feedback positif est réduit, la puberté
est retardée ou incomplète [22].
36 Puberté précoce
Conclusion
Le déclenchement pubertaire est un mécanisme complexe qui débute par
la réactivation centrale de l’axe gonadotrope. Cet axe subit une maturation
38 Puberté précoce
progressive qui débute dès la vie fœtale grâce à des déterminants génétiques
3 mais aussi une régulation épigénétique. Cette maturation va permettre la
mise en place d’un réseau hypothalamique complexe de neurones et de cel-
lules gliales dont le marqueur principal est l’augmentation de l’activité des
kisspeptines et par conséquent l’augmentation de la sécrétion de la GnRH.
Les stéroïdes sexuels participent à l’activation des neurones kisspeptines par
un rétrocontrôle positif. Plusieurs mécanismes épigénétiques sont maintenant
décrits, comprenant notamment des protéines ayant la capacité de se fixer sur
les ARN ou des variations du niveau de méthylation des promoteurs de fac-
teurs de transcription qui inhibent la transcription du gène Kiss1.
Ces dernières années ont permis des avancées importantes dans la compré-
hension de l’initiation de la puberté. Il apparaît maintenant possible de
caractériser ce processus neurodéveloppemental pour mieux comprendre les
maladies de l’initiation de la puberté mais également la commande centrale
de la reproduction.
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4. Puberté précoce des enfants dans des situations particulières
Points essentiels
s Touche un quart des petites filles adoptées entre 4 et 6 ans.
s Nécessité d’un suivi scrupuleux de la croissance et de l’âge osseux, dans l’année qui
suit l’adoption.
s Une erreur d’âge doit aussi être évoquée en cas de survenue précoce de signes
pubertaires.
s Le niveau de vie et la malnutrition semblent être les principaux facteurs de risque.
La puberté précoce des petites filles adoptées, si elle reste parfois encore
méconnue des médecins, commence à être bien identifiée par les familles
adoptives, bien informées par des associations de parents. Pourtant, elle reste
encore très discutée quant à sa réalité et ses étiologies.
Malgré de nombreuses descriptions [1-9] soulignant sa fréquence, mettant
en évidence son évolution particulièrement rapide et attirant donc l’atten-
tion sur ses conséquences, cette pathologie a pu être minimisée, voire niée
[10, 11]. Les arguments, alors évoqués, ne voyaient dans ces pubertés qu’une
erreur d’état-civil, ou une différence ethnique de l’âge de la puberté. Ce lais-
ser-faire aura les mêmes conséquences que pour toute puberté précoce igno-
rée : mettre en danger la taille finale en laissant évoluer trop rapidement la
maturation osseuse.
Pourtant, dès 1991, une étude suédoise a démontré, sur une cohorte de
107 petites filles indiennes adoptées en Suède, que celles-ci débutaient leur
puberté significativement plus tôt que les Suédoises de la même classe d’âge,
mais aussi que les enfants restés en Inde [4]. En Belgique, dans une popula-
tion de 32 pubertés précoces centrales diagnostiquées en trois ans, il s’agissait,
pour un quart d’entre elles, d’enfants adoptées outremer [1]. Une différence
significative des âges du début de la puberté et des premières règles est aussi
retrouvée dans une étude de suivi danoise [12].
Une autre étude récente [13], réalisée dans le cadre de la Consultation
d’adoption outre-mer du CHU de Dijon, a pu avancer une prévalence de
26 % de pubertés pathologiques, nécessitant un traitement, chez les petites
filles adoptées à l’étranger, et arrivées en France après l’âge de 4 ans. Cette
étude a l’avantage d’avoir un caractère prospectif, dans un cadre qui assure
La puberté précoce des enfants adoptés et ses diagnostics différentiels 43
Un des grands dangers, dans le suivi des enfants adoptés, est de trop vouloir
généraliser. L’adoption inquiète, l’adoption interroge, mais plus encore elle
fascine et d’aucuns souhaiteraient que la pathologie qu’ils ont vue chez un
enfant adopté se retrouve dans l’ensemble de cette population. Cela se voit
dans le champ psychologique, où les troubles de l’attachement, le malaise dû
à la quête des origines, même s’ils sont bien réels, sont trop souvent exagérés.
Cela devient aussi le cas pour la puberté précoce. Si son oubli, ou son déni,
peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la taille des enfants, il ne
s’agit pas du seul cas d’explosion de la croissance chez les enfants adoptés, et il
faut éviter les diagnostics par excès. Si la fréquence des pubertés pathologiques
nécessitant un traitement a été estimée à 26 % [13] pour les sujets à risque,
c’est-à-dire les petites filles adoptées entre les âges de 4 et 8 ans, cette catégorie
d’âge et de sexe, ne représente qu’environ 5 % du total des enfants adoptés. Il
y a donc d’autres diagnostics à envisager quand la croissance s’emballe.
giques, sans avoir des conséquences sur la taille finale, débuteront tout de
même trop tôt, et pourront générer des troubles psychologiques. L’étiologie est
probablement ethnique. Dans la plupart des pays du tiers-monde, les petites
filles ont tendance à débuter leur puberté plus tardivement qu’en Europe, du
fait de phénomènes de dénutrition endémique. Mais il a été démontré (parti-
culièrement en Inde) qu’avec une alimentation suffisante, la puberté survenait
alors plus tôt que chez les petites Européennes [4]. L’hypothèse est celle d’une
adaptation séculaire à ce retard pubertaire dû à la dénutrition. Pour toutes les
petites filles, la puberté débute à un poids starter ; si ce poids est globalement
le même, à l’intérieur d’une ethnie donnée, il sera plus faible en Inde qu’en
Europe, afin que, malgré la dénutrition, la puberté ne tarde pas trop. Mais si
une petite fille, originaire d’Inde, d’Afrique ou d’une autre région moins favo-
risée, est adoptée et qu’elle bénéficie d’une alimentation adéquate, ce poids
starter sera atteint plus tôt et une puberté normale débutera plus précocement.
S’il n’y a, dans ce cas, pas de conséquences sur la taille finale, mais juste dans
le déroulé de la puberté, un traitement peut toutefois être proposé, plus à visée
psychologique. En effet, il n’est pas toujours facile, alors qu’on est déjà diffé-
rente de ses petits camarades par son histoire, par ses différences ethniques, de
l’être à nouveau par l’apparition trop rapide de caractères sexuels secondaires.
Nanisme psychosocial
Quoique bien connue des pédiatres, cette pathologie n’est cependant pas tou-
jours facile à objectiver. Dans la correction de cette maladie, l’accélération de la
croissance sera majeure, plus rapide que devant un rattrapage nutritionnel, et
une puberté pathologique peut être suspectée. Après leur adoption, les enfants
sont en phase de guérison pour cette maladie. Il est alors difficile de l’objectiver,
si ce n’est parfois en constatant un taux élevé d’hormone de croissance. Le dia-
gnostic est souvent fait secondairement, quand, après quelques mois, l’enfant,
ayant appris le français, décrit les sévices subis avant son adoption.
Erreur d’âge
D’aucuns ont systématiquement relié un début pubertaire trop précoce,
chez des enfants adoptés, à une erreur d’âge, parfois qualifiée de tricherie [10,
11]. Il est effectivement normal qu’une enfant adoptée à un âge officiel de
6 ans, mais qui aurait réellement 9 ans, débute, dans l’année qui suit son
adoption, une puberté. Sans l’exagérer, ce diagnostic doit rester présent dans
les pensées de ceux qui suivent des enfants adoptés. De telles erreurs existent,
qu’elles soient volontaires (dans le but de rendre l’enfant plus facilement
adoptable en le « rajeunissant ») ou non (dans des pays où l’état-civil est
46 Puberté précoce
Références
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4. Puberté précoce des enfants dans des situations particulières
Puberté et retard
de croissance intra-utérin (RCIU) 4.2
M. Cartigny-Maciejewski
Points essentiels
s Il est bien établi que la malnutrition fœtale à des périodes critiques de la grossesse a
des répercussions sur le développement futur.
s Une prise de poids rapide pendant l’enfance est associée à une maturation pubertaire
plus précoce, et ce, d’autant plus qu’il existe un RCIU.
s Les patients RCIU qui ont eu un gain pondéral rapide et une pubarche prématurée
sont plus à risque de développer une insulinorésistance et les complications qui y
sont associées. Ils doivent être particulièrement surveillés.
s L’adrénarche, la pubarche et la puberté des enfants nés RCIU sont normales pour
la grande majorité d’entre eux. L’âge moyen du démarrage pubertaire est parfois
avancé et, en cas de petite taille, la puberté avancée peut impacter la taille finale. Le
pic de croissance pubertaire est parfois réduit et le tempo pubertaire accéléré. La
taille finale est souvent inférieure à la taille cible.
s Quelques études ont montré une altération des fonctions gonadiques avec un risque
à l’âge adulte d’hypofertilité.
Introduction
Puberté et adrénarche
Fonction ovarienne
Fonction testiculaire
Là encore, les données de la littérature sont restreintes. Dans une étude ita-
lienne comparant en période postpubertaire des garçons RCIU et des garçons
eutrophes, Cicognani a montré dans le groupe RCIU une baisse significative
de la testostérone plasmatique (diminution moyenne de 21 %) et une aug-
mentation du taux de LH indiquant une atteinte de la fonction leidigienne.
Il a retrouvé également une diminution significative du volume testiculaire
(diminution moyenne de 28 %) évoquant une atteinte sertolienne. Dans cette
étude, 54 % des patients RCIU ont un volume testiculaire < –2DS c’est-à-dire
inférieur à 16 mL. Leurs taux d’inhibine B sont abaissés également de façon
significative, corrélés au volume testiculaire et témoignant d’une atteinte de la
spermatogenèse [26].
Conclusion
Les RCIU avec faible poids de naissance et gain pondéral postnatal rapide sont
plus à risque d’adiposité centrale, d’insulinorésistance et de modification du
timing et du tempo pubertaires. Ils devront donc être plus particulièrement
surveillés.
Il existe une possible association entre adrénarche prématurée, hyperandro-
génie ovarienne, hyperinsulinisme, SOMPK et petit poids de naissance.
Les fonctions reproductrices pourraient être altérées.
Références
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4. Puberté précoce des enfants dans des situations particulières
Particularités de la puberté
des enfants irradiés 4.3
C. Thomas-Teinturier, I. Oliver-Petit
Points essentiels
s La puberté est plus souvent avancée que précoce et rapidement évolutive.
s Chez la fille, le risque est majoré après radiothérapie cérébrale d’autant qu’elle
survient avant 5 ans.
s Chez le garçon, l’insuffisance sertolienne post-chimiothérapie masque le début de
puberté avec un volume testiculaire qui n’augmente pas.
s L’évaluation du pronostic de taille par les méthodes classiques est mis en défaut.
s La taille finale est réduite du fait de l’association fréquente à un GHD et/ou à une
irradiation spinale : dépistage précoce et traitement doivent être discutés.
Introduction
Les progrès thérapeutiques faits en oncologie pédiatrique ont permis d’aug-
menter significativement la survie à long terme des enfants et de reconnaître
les complications des traitements de nombreuses années après la guérison.
Aujourd’hui, environ 75 à 80 % des enfants traités pour un cancer survivront
plus de cinq ans. On estime qu’environ 1/1 000 jeunes adultes âgés de 20 à
30 ans a survécu à un cancer de l’enfance et doit faire face aux complications
induites par les traitements. Le déclenchement de la puberté est un phénomène
complexe dépendant de l’axe hypothalamo-hypophysaire, et une atteinte de
cet axe, en particulier après une irradiation incluant la région hypothalamo-
hypophysaire, peut altérer le timing et/ou le tempo de la puberté.
Dans ce chapitre, nous ne traiterons pas des pubertés précoces révélatrices d’une
tumeur qui sont détaillées dans le chapitre des étiologies des pubertés précoces,
mais uniquement des avances pubertaires observées après radiothérapie cérébrale.
Chez les survivants d’un cancer dans l’enfance, la survenue d’une puberté
précoce centrale est associée à l’irradiation de la région hypothalamo-hypo-
physaire. Une augmentation de l’incidence de puberté précoce secondaire à
l’irradiation cérébrale est rapportée depuis longtemps chez les survivants de
leucémie aiguë lymphoblastique qui avaient reçu une irradiation cérébrale à
des doses de 18 à 24 Gy pour la prophylaxie des rechutes neuroméningées
[1-3]. Bien que ce type d’irradiation prophylactique ait été remplacé depuis
une vingtaine d’années chez l’enfant par le Méthotrexate® à haute dose et
la chimiothérapie intrathécale, environ 10 à 15 % des enfants traités pour
une leucémie ou un lymphome malin non hodgkinien reçoivent encore une
irradiation cérébrale entre 12 et 20 Gy. Depuis la première publication d’une
association entre ces faibles doses d’irradiation cérébrale et l’augmentation
de l’incidence de puberté précoce et/ou prématurée en 1987, plusieurs autres
études ont confirmé une avance d’environ un an en moyenne de l’apparition
des premiers signes pubertaires et montré une nette prédominance chez les
filles [1, 2]. Le jeune âge au moment de l’irradiation, le sexe féminin et le
surpoids semblent les principaux facteurs de risque chez ces survivants d’hé-
mopathies. En revanche, le début de la puberté ne semblait pas plus précoce
chez les garçons après ces doses d’irradiation.
Des études similaires chez les survivants de tumeur cérébrale ayant reçu des
doses d’irradiation plus élevées ont confirmé l’avance de l’âge de la puberté
qui n’est pas restreinte aux filles [4, 5]. Parmi 47 survivants d’une tumeur
cérébrale non localisée dans la région hypothalamo-hypophysaire, ayant reçu
une irradiation à des doses allant de 30 à 47 Gy, les garçons comme les filles
ont tendance à démarrer leur puberté plus tôt, 9,9 " 0,98 ans chez les filles et
10,9 " 0,7 ans chez les garçons [6]. De plus, il existe une corrélation linéaire
positive entre l’âge au moment de l’irradiation et l’âge de début de la puberté,
c’est-à-dire plus l’enfant est jeune au moment de l’irradiation, plus le début
de la puberté survient tôt [4]. Cette avance de l’âge de la puberté chez les
garçons après irradiation pour une tumeur cérébrale a été confirmée par
les dosages hormonaux dans un groupe de 13 garçons, objectivant un âge
médian de début de puberté de 10,5 ans alors qu’il est de 12,4 ans dans la
population de référence [7].
L’autre point essentiel est la possibilité d’une modification du tempo de la
puberté avec une puberté rapidement évolutive. Ceci a été mis en évidence par
certaines études avec des premières règles qui surviennent moins de 18 mois
après le début du développement des seins ou un passage rapide au stade Tan-
ner 4 pour les garçons [2, 8] mais non retrouvé par toutes les équipes [6, 9].
Dans un groupe de 10 filles ayant reçu une irradiation cérébrale à la dose de
Particularités de la puberté des enfants irradiés 57
18 Gy, alors que la poussée mammaire est survenue au même âge que chez les
contrôles (âge moyen : 10 ans 3 mois " 6 mois dans les deux groupes), l’inter-
valle moyen entre le début de la poussée mammaire et les premières règles
était nettement raccourci, 13 mois en moyenne avec des extrêmes allant de 4
à 21 mois. L’âge moyen aux premières règles était de 11 ans 3 mois " 10 mois
chez les patientes ayant reçu une irradiation cérébrale versus 12 ans 1 mois
" 14 mois chez les contrôles [8].
Il ressort donc de la littérature que l’irradiation de la région hypothalamo-
hypophysaire à des doses modérées est associée à une augmentation du risque
d’avance de l’âge de la puberté et de puberté rapidement évolutive, alors que
des doses élevées supérieures à 50 Gy sont associées à une augmentation
du risque d’insuffisance gonadotrope. Mais qu’en est-il de l’incidence des
pubertés réellement précoces ?
Données épidémiologiques
Odds Ratio 95 % CI
Dose d’irradiation reçue par la région hypothalamo-hypophysaire (Gray)
1-< 20 4,25* 1,88-12,28
20-< 30 3,55* 1,42-9,7
30-< 50 4,01* 1,3-13,27
> 50 5,68* 1,57-22,1
Pas de radiothérapie cérébrale (référence) 1,00 –
Âge au diagnostic (ans)
0-4 4,06* 2,09-8,58
5-9 (référence) 1,00 –
Type de tumeur
Leucémies 0,34 0,11-1,11
Tumeurs cérébrales (référence) 1,00 –
* Valeur statistiquement significative (p < 0,05).
Physiopathologie
Pourquoi l’hypothalamus des filles serait-il plus sensible aux effets délétères des
radiations ? Étant donné que la puberté précoce centrale idiopathique est plus
fréquente chez les filles que chez les garçons, il a été postulé que le contrôle céré-
bral du timing de la puberté chez la fille serait plus sensible que chez le garçon et
pourrait être atteint plus facilement. Néanmoins son mécanisme physiologique
reste inconnu. Il est aussi possible que le début pubertaire n’ait pas été diagnos-
tiqué chez les garçons survivants d’un cancer pédiatrique en raison du faible
volume testiculaire secondaire à l’insuffisance sertolienne post-chimiothérapie.
Particularités cliniques
Diagnostic positif
Prise en charge
(chapite 7). Son intérêt sur l’amélioration du pronostic de taille est d’autant
plus recherché que celui-ci est déjà péjoratif chez les enfants irradiés du fait
du GHD fréquemment associé, du défaut de croissance rachidienne et de la
rapidité évolutive de cette puberté. L’amélioration de la taille finale de ces
patients avec le traitement par analogue de la GnRH a été démontrée dès
2002 [22] ; les résultats sont d’autant meilleurs en termes de réduction de
perte de taille que le traitement est associé à la prise en charge précoce et
concomitante du GHD [23, 24]. Les enfants, en l’absence d’irradiation spinale
associée, atteignent ainsi des tailles finales proches de leur taille cible avec un
gain estimé moyen de 18 cm par rapport aux non traités. Ce gain est beau-
coup plus faible dans le groupe des enfants ayant reçu une irradiation spinale,
seulement 3,2 cm en moyenne. Dans ces séries portant sur de petits effectifs,
les critères de début de traitement par analogue de la GnRH étaient toujours
une puberté centrale confirmée par un test au LHRH, à un âge moyen de
8 ans 2 mois ± 1,95. En retardant la soudure des cartilages de croissance, avec
des traitements prolongés (durée moyenne de 4,4 ans), il améliore la réponse
au traitement par GH [24]. Chez les enfants ayant reçu une radiothérapie
spinale complémentaire, la précocité du traitement et le sexe féminin appa-
raissent comme des déterminants positifs sur l’amélioration de la taille finale
[20] mais le traitement par hormone de croissance semble aggraver la dispro-
portion squelettique finale [24].
Lors d’une avance pubertaire chez un enfant irradié, il est important de
prendre en compte tous les critères pour décider éventuellement d’un traite-
ment par analogue de la GnRH : l’âge civil, la taille au diagnostic, un déficit
hypophysaire associé, l’avance de maturation osseuse, le caractère rapidement
évolutif de la puberté, la notion de radiothérapie spinale mais aussi bien sûr
le retentissement psychoaffectif de la maladie initiale, des signes pubertaires
avancés, du retard statural ainsi que d’un éventuel déficit cognitif séquellaire.
Les critères d’âge habituellement retenus pour l’indication du traitement par
analogues de la GnRH doivent être élargis chez les enfants irradiés.
La durée du traitement sera adaptée à chaque situation et tiendra compte de
ces mêmes éléments et de leur évolution sous traitement.
À l’arrêt du traitement, il faut garder en mémoire pour les enfants ayant
subi une radiothérapie avec une dose supérieure à 30 Gy le risque d’insuf-
fisance gonadotrope secondaire. Il convient donc de suivre l’évolution des
signes pubertaires. Certains auteurs ont proposé pour les garçons ayant un
très mauvais pronostic statural, d’associer alors l’hormone de croissance et les
inhibiteurs de l’aromatase [25]. Si théoriquement cette association peut sem-
bler intéressante, il n’y a pas à l’heure actuelle de résultats d’études cliniques
dans cette indication, ni de recommandation consensuelle [26].
Au diagnostic et tout au long du traitement par analogue de la GnRH, le GHD
ainsi qu’un éventuel déficit thyréotrope associés doivent être dépistés et traités.
62 Puberté précoce
À titre préventif, tous les enfants ayant reçu une irradiation cérébrale doivent
4.3 faire l’objet d’une surveillance clinique systématique et régulière pour dépis-
ter une avance pubertaire ; celle-ci doit être couplée à un dosage des gona-
dotrophines et des stéroïdes sexuels et un monitorage de la maturation
osseuse [15].
Conclusion
L’irradiation avance l’âge de la puberté mais la puberté précoce vraie est rare,
moins de 15 % des cas. Son dépistage peut être difficile chez les garçons en
raison de la faible augmentation du volume testiculaire liée à la toxicité de
la chimiothérapie. Cette avance pubertaire, même si il ne s’agit pas d’une
réelle précocité pubertaire, met en jeu le pronostic statural en raison de son
association à un déficit en hormone de croissance, à un défaut de croissance
vertébrale secondaire à l’irradiation spinale et de son caractère rapidement
évolutif. Son traitement par analogues de la GnRH doit être discuté au cas
par cas.
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Diagnostic clinique et biologie
des pubertés précoces centrales 5
J. Léger, J.-C. Carel
Points essentiels
s La puberté précoce centrale est liée à la réactivation prématurée de l’axe gonadotrope.
Puberté précoce = développement des seins avant 8 ans ou augmentation du volume
des testicules avant 9,5 ans. Croissance presque toujours accélérée et âge osseux
avancé dans les pubertés précoces évolutives. Échographie pelvienne (fille) et mesure
des gonadotrophines de base et sous stimulation sont les examens clés du diagnostic.
Impact psychologique à évaluer.
s La réponse des gonadotrophines au GnRH est de type prépubertaire dans les formes
lentement progressives de pubertés précoces dont l’évolution clinique est variable,
soit vers la régression totale des signes pubertaires pour les plus jeunes, soit vers une
évolution lentement progressive de la puberté.
s Chez la fille, le plus souvent forme non évolutive de puberté ; risque de lésion
hypothalamique particulièrement faible quand la puberté commence entre 6 et
8 ans. Chez le garçon, puberté précoce le plus souvent d’origine centrale et fort
risque de lésion hypothalamique (# 40 %).
s Ne pas méconnaître les variantes de la normale que sont la prémature thélarche ou
pubarche ainsi que les pubertés précoces périphériques en relation avec syndrome de
Mac Cune Albright, hyperplasie congénitale des surrénales, testotoxicose et tumeurs
gonadiques : prise en charge radicalement différente.
J. Léger (!), J.-C. Carel – Université Paris 7-Diderot. Service d’endocrinologie pédiatrique,
Centre de référence Maladies endocriniennes de la croissance, Inserm UMR 676, Hôpital
Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris – [email protected]
Sous la direction de C. Bouvattier et C. Pienkowski, Puberté précoce.
ISBN : 978-2-8178-0520-7, © Springer-Verlag Paris 2014
66 Puberté précoce
Diagnostic clinique
Évaluation clinique
Elle doit permettre d’orienter le diagnostic et d’envisager la discussion
thérapeutique.
Diagnostic clinique et biologie des pubertés précoces centrales 67
Interrogatoire
Il permet de préciser l’âge de début et la vitesse de progression des signes
pubertaires, les antécédents de l’enfant, sans oublier la notion d’une adoption
éventuelle, l’étude des paramètres néonataux (âge gestationnel, mensurations
à la naissance), le niveau et la vitesse de croissance de la taille et de l’indice de
masse corporelle), la taille et l’âge pubertaire des parents et collatéraux ainsi
que l’histoire familiale de puberté précoce ou avancée.
Il permet de rechercher une céphalée, des troubles visuels ou des signes neu-
rologiques (crises gélastiques), une asthénie, une polyuro-polydipsie, ainsi
que l’existence d’une pathologie chronique connue ou des antécédents de
radiothérapie cérébrale.
Examen clinique
Il permet de vérifier la taille (courbe de croissance), le poids (évaluation
d’une obésité ou au contraire d’une maigreur), d’évaluer le stade pubertaire
avec aussi chez la fille l’aspect d’œstrogénisation de la vulve, de rechercher
des taches cutanées en faveur d’une neurofibromatose (ou en faveur d’un
syndrome de Mac Cune Albright), des signes neurologiques (macrocéphalie,
nystagmus, amputation du champ visuel, déficit neurodéveloppemental) et
d’apprécier l’état neuropsychologique de l’enfant qui reste la préoccupation
majeure des familles qui consultent pour puberté précoce.
Au terme de cette évaluation
Au terme de cette évaluation, l’orientation vers une surveillance simple ou
vers des explorations complémentaires pourra être décidée. Les critères actuel-
lement utilisés pour orienter les explorations sont présentés dans le tableau I.
Filles Garçons
Poussée mammaire vue strictement Augmentation du volume testiculaire avant l’âge de
avant 8 ans 9,5 ans
Pilosité pubienne avant 8 ans Pilosité pubienne avant l’âge de 9,5 ans
Poussée mammaire vue entre 8 et 9 ans ; Développement pubertaire vu autour de 10 ans ;
explorer dans certains cas seulement : explorer dans certains cas seulement :
s début pubertaire avant 8 ans (interrogatoire) s début pubertaire avant 9 ans et demi (interrogatoire)
s vitesse de croissance > 6 cm/an, pronostic s vitesse de croissance > 6 cm/an, pronostic
de taille inférieur à la taille cible familiale de taille inférieur à la taille cible familiale
s évolutivité clinique importante (passage s évolutivité clinique importante (passage
d’un stade à un autre en moins de 6 mois) d’un stade à un autre en moins de 6 mois)
s arguments cliniques pour une pathologie s arguments cliniques pour une pathologie
neurogène neurogène
s arguments cliniques pour une puberté s arguments cliniques pour une puberté précoce
précoce périphérique périphérique
Règles avant 10 ans
68 Puberté précoce
Dans les situations limites, il est important de noter que, si une surveillance
5 simple est décidée, la réévaluation attentive de l’évolution trois à six mois plus
tard reste nécessaire pour permettre d’apprécier la vitesse d’évolution de la
puberté et de la croissance.
Examens complémentaires
Ils comportent les dosages biologiques, l’évaluation de l’âge osseux (avance
de maturation osseuse d’importance variable), et les autres examens d’image-
rie que sont l’échographie pelvienne chez la fille et la neuro-imagerie.
Diagnostic biologique
Échographie pelvienne
L’échographie pelvienne par voie abdominale permet de mesurer, avec des
critères de taille et de morphologie, le degré d’imprégnation œstrogénique
des organes génitaux internes. Une longueur utérine supérieure à 35 mm est
le premier signe d’œstrogénisation. La morphologie est également importante
puisque d’une forme prépubère « en goutte », l’utérus devient tubulé puis
« en poire » avec un renflement du fond utérin. La mesure du volume uté-
rin peut permettre d’améliorer la fiabilité de l’examen (prépubère % 2 mL).
Secondairement apparaît la ligne de vacuité utérine, témoin de l’épaississe-
ment de l’endomètre. La taille des ovaires et le nombre de follicules ne sont
pas un critère de développement pubertaire [12, 18, 20].
Neuro-imagerie
La neuro-imagerie est indispensable dans l’exploration étiologique des
pubertés précoces centrales confirmée par la biologie. L’imagerie par réso-
nance magnétique (IRM) est l’examen de choix dans l’étude de l’encéphale
et de la région hypothalamo-hypophysaire, même si son indication a pu être
discutée dans les pubertés précoces isolées de la petite fille de plus de 6 ans
qui représentent la majorité des cas [21, 22].
des cas puisque la puberté évolue lentement avec des premières règles qui
5 surviennent en moyenne 5,5 ans après le début des signes cliniques puber-
taires et une taille finale normale en relation avec la taille cible parentale.
Néanmoins, dans certains cas (1/3 des sujets), une détérioration du pronostic
statural final peut apparaître au cours de l’évolution parallèlement avec l’ap-
parition de signes biologiques francs d’œstrogénisation. Par conséquent, la
surveillance clinique des enfants pour lesquels l’abstention thérapeutique est
justifiée lors de l’évaluation initiale doit être systématique au moins jusqu’à
l’âge de 9 ans pour dépister les filles qui pourraient nécessiter secondairement
un traitement freinateur de la puberté précoce.
Les pubertés précoces périphériques sont totalement indépendantes de l’axe
hypothalamo-hypophysaire et donc de la sécrétion des gonadotrophines et que
la production de stéroïdes en excès provienne des gonades ou des surrénales.
Cependant, elles peuvent aussi favoriser l’activation de la maturation puber-
taire de l’axe gonadotrope et conduire à une puberté précoce centrale [4].
5 Aspects psychosociaux
Conclusion
Références
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Diagnostic clinique et biologie des pubertés précoces centrales 73
Points essentiels
s L’activation prématurée de la production pulsatile de GnRH hypothalamique peut
résulter de lésions hypothalamiques (puberté précoce centrale organique d’origine
tumorale ou d’autre origine), mais le plus souvent elle est d’origine inconnue
(puberté précoce centrale idiopathique).
s Dans les séries rapportées de puberté précoce chez la fille, la prévalence de lésions
organiques a été comprise entre 8 et 33 %, et diminue à près de 2 % lorsque la
puberté précoce débute après l’âge de 6 ans.
s Les hamartomes hypothalamiques représentent 30-50 % des causes organiques de
puberté précoce, et les gliomes des voies optiques 20-40 % (associés à une NF1 dans
2/3 des cas).
s Il est recommandé d’effectuer systématiquement une IRM crânienne devant toute
puberté précoce centrale, et devant les pubertés avancées s’il existe des signes
associés, car plusieurs séries ont rapporté des causes organiques, tumorales, même
dans les limites normales de la puberté.
R. Coutant (!) – Endocrinologie pédiatrique, CHU Angers, 40, rue Larrey, 49100 Angers –
[email protected]
Sous la direction de C. Bouvattier et C. Pienkowski, Puberté précoce.
ISBN : 978-2-8178-0520-7, © Springer-Verlag Paris 2014
76 Puberté précoce
Causes génétiques
Anomalie monogénique IRM normale
de la voie de la
kisspeptine (mutation de
la kisspeptine ou de son
récepteur)
Mutation de MKRN3
Sd de Williams
Disomie uniparentale
maternelle du Chr 14
Risque de puberté précoce IRM normale
Adoption internationale
« idiopathique » 10 à 20 fois plus fort
Idiopathiques IRM normale
6 Démarche étiologique :
faut-il faire une IRM crânienne à toutes les pubertés précoces ?
Causes
Kystes arachnoïdiens
Ils représentent 5 à 10 % des pubertés précoces organiques [12, 13], peuvent
être associés à une obésité, des déficits hypophysaires, et souvent des signes
neurologiques (céphalées, HTIC).
Tumeurs germinales
Elles sont rarement une cause de puberté précoce centrale organique [12,
13, 18], plus souvent de puberté précoce périphérique chez le garçon. Le
80 Puberté précoce
signe endocrinien le plus fréquent est le diabète insipide central. Leur locali-
6 sation peut être pinéale, source de difficulté diagnostique avec le kyste pinéal,
retrouvé chez près de 10 % de la population normale [19].
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82 Puberté précoce
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with central precocious puberty. New Engl J Med 358: 709-15
Prise en charge thérapeutique :
traitement par les analogues de la GnRH 7
C. Bouvattier
Points essentiels
s Le traitement de la puberté précoce centrale fait appel aux analogues de la GnRH.
s La prise en charge thérapeutique d’une puberté précoce centrale se discute sur des
critères cliniques d’évolutivité et des critères biologiques (LH).
s L’indication thérapeutique est assujettie au risque de petite taille adulte, de règles
précoces et à des critères de tolérance psychologiques mal évalués.
C. Bouvattier (!) – Hôpital Bicêtre. Service d’endocrinologie pédiatrique, 78, rue du Général-
Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex – [email protected]
Sous la direction de C. Bouvattier et C. Pienkowski, Puberté précoce.
ISBN : 978-2-8178-0520-7, © Springer-Verlag Paris 2014
84 Puberté précoce
Les règles précoces sont associées dans des études en population générale
à des comportements délictueux (toxicomanie, délinquance), des rapports
sexuels plus précoces à l’adolescence et un risque de grossesse précoce plus
élevé [37, 38]. Ces différences semblent s’atténuer à l’âge adulte [39].
Ce risque présumé est très mal évalué, que ce soit isolément, comme
motif de prise en charge thérapeutique, ou associé au risque de petite taille.
Une étude suédoise rapporte dans les pubertés précoces des comporte-
ments antisociaux plus fréquents à l’adolescence et de moins bons résultats
scolaires [39].
Prise en charge thérapeutique : traitement par les analogues de la GnRH 87
L’enfant sera vu en consultation tous les 3-6 mois. Sous traitement, la pro-
gression des seins ou du volume testiculaire stoppe. La pilosité pubienne, d’ori-
gine surrénalienne, n’est pas à surveiller. La vitesse de croissance se ralentit.
88 Puberté précoce
Des métrorragies peuvent survenir après la première injection. Elles sont liées
7 à l’effet initialement stimulant du traitement. La prescription d’acétate de
cyprotérone quelques semaines, pour son effet antigonadotrope, au début du
traitement, n’a pas démontré son efficacité sur le risque de métrorragie [49].
Leur récidive signe l’inefficacité du traitement ou une erreur diagnostique.
Les mesures de LH, œstradiol ou testostérone sous traitement, mettent en
évidence des valeurs prépubères pour l’essai utilisé [14]. L’hypo-œstrogénie
induite par le traitement entraîne parfois un tel ralentissement de la vitesse de
croissance que la poursuite du traitement doit être reconsidérée.
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Devenir à moyen terme
et à long terme des pubertés précoces centrales 8
C. Chao, S. Christin-Maitre
Points essentiels
s Le traitement par analogue de la GnRH est efficace sur la taille finale surtout lorsque
le traitement est initié avant l’âge de 6 ans.
s En moyenne, l’IMC des filles ayant eu une PPC et un traitement par agonistes de
la GnRH est plus élevé que celui de la population générale. Cependant, il existe
une grande variabilité des données.
s Un traitement à long terme par analogue de la GnRH ne semble pas altérer
la maturation osseuse finale post pubertaire.
s Un traitement à long terme par analogue de la GnRH ne semble pas altérer la fertilité
des femmes ou des hommes traités pendant l’enfance.
s Il existe très peu de données sur les évaluations psychologiques au long cours chez
les patients traités dans l’enfance par agonistes de la GnRH pour PPC.
Tableau I – Études incluant des filles atteintes de PPC traitées par analogues
8 de la GnRH
traité versus 154,4 cm dans le groupe non traité (p < 0,01). Par ailleurs, le gain
statural chez les filles traitées était de + 2,2 cm par rapport à la taille cible
(159,8 cm versus 157,6 cm p < 0,01) et + 5 cm par rapport à la taille prédite.
Dans les différentes études, l’amélioration du pronostic statural est d’autant
plus élevée que le traitement est instauré précocement, notamment avant l’âge
de 6 ans [4-7]. Si le traitement est initié trop tardivement, le gain statural est
dérisoire. En effet, l’étude plus récente de Magiakou et al., comparant 33 filles
âgées en moyenne de 7,92 ans avec PPC, traitées par analogues de la GnRH,
versus 14 filles non traitées ayant un âge moyen de 7,95 ans, montre qu’il n’y
pas d’amélioration de la taille finale lorsque le traitement est initié aux alen-
tours de l’âge de 8 ans (158,5 cm versus 161,5 cm, p = 0,27) [8].
Le traitement par analogue de la GnRH semble donc préserver le potentiel
génétique de la taille, surtout lorsque le traitement est initié avant l’âge de
6 ans. Plusieurs équipes ont cherché des facteurs prédictifs pouvant influencer
la taille adulte chez les filles traitées par analogue de la GnRH. Les facteurs de
bon pronostic sont la petite taille en début de traitement, la taille prédite en
début et en fin de traitement. L’âge chronologique en début de traitement est
corrélé négativement avec la taille finale. Aucune corrélation n’est retrouvée
avec la durée du traitement. Pour le facteur « âge de début de la puberté »,
le cut off, avant l’âge de 6 ans serait important [4]. Il n’existe pas à ce jour de
critère établi pour décider de l’arrêt du traitement. Aucun n’est validé, ni l’âge
osseux, ni l’âge chronologique, ni le ralentissement de la vitesse de croissance.
La prise en charge est individuelle et tient compte de la taille souhaitée, de
l’adhérence au traitement, de la qualité de vie.
Chez le garçon, peu d’études ont évalué l’efficacité et les conséquences du
traitement par analogues de la GnRH sur la taille. Bien que les résultats soient
variables, la taille adulte obtenue sous traitement chez les garçons est amélio-
rée, dans toutes les études, par rapport à la taille des garçons non traités [9].
En Europe, les huit garçons rapportés par Carel et al., dont six avec PPC idio-
pathiques traités, ont obtenu une taille adulte supérieure de 1 cm à la taille
cible mais inférieure à 1,4 cm par rapport à la taille prédite [1]. Au Japon,
Tanaka et al. ont décrit 13 garçons traités par analogues de la GnRH pendant
une durée moyenne de 4,1 ans [10] ; ils ont atteint une taille adulte moyenne
inférieure à 4,4 cm par rapport à la taille cible (taille adulte 163,2 cm versus
taille cible 167,6 cm) avec un gain de taille par rapport à la taille prédite
faible. Dans d’autres études, le gain de taille par rapport à la taille prédite
peut s’élever jusqu’à 10 cm. Aux États-Unis, Klein et al. ont rapporté une
série de 18 garçons avec PPC, d’étiologie organique chez 15 garçons, traités
par analogues de GnRH [11] ; la taille adulte est plus basse que la taille cible
mais significativement plus élevée que la taille prédite de 15 cm. Une étude
multicentrique européenne, chez 26 garçons avec PPC, traités par analogue de
GnRH, a montré l’obtention d’une taille adulte significativement proche de la
taille cible. Comme chez la fille, il apparaît que le gain sur la taille adulte est
96 Puberté précoce
plus important lorsque le traitement est initié avant l’âge de 6 ans (174,1 cm
8 versus 171,8 cm, p < 0,01). Dans cette étude, la taille adulte n’est pas signi-
ficativement différente dans les deux groupes et tous les garçons atteignent
leur taille cible. Cette étude montre que, bien que la taille adulte soit supé-
rieure lorsque le traitement est entrepris à un âge jeune, des garçons plus âgés
peuvent aussi avoir des bénéfices du traitement. Par ailleurs, les garçons ayant
une PPC idiopathique atteignent une taille adulte proche voire égale à la taille
cible tandis que les garçons ayant une PPC d’origine organique atteignent
une taille adulte nettement inférieure à la taille cible (175,7 ± 6,5 cm versus
169,6 ± 5,1 cm, p < 0,01) [9].
Les relatives différences parmi les études peuvent être dues aux petits effectifs
de patients dans chaque étude, à l’hétérogénéité sur le plan des caractéris-
tiques auxologiques en début de traitement, à l’âge de début de traitement, à
l’étiologie de la puberté précoce centrale, aux différentes molécules et doses
utilisées, et d’autre part à la difficulté d’évaluer « un gain de taille » basé
selon les études sur la taille prédite selon la méthode Bayley Pinneau qui
surestimerait la taille finale vraie, sur la taille cible ou l’âge osseux.
Jusqu’à la puberté, il existe peu de différence entre les garçons et les filles
en ce qui concerne la composition corporelle : la masse maigre est équiva-
lente à la masse grasse. La composition corporelle se modifie nettement à la
puberté de façon physiologique en raison de l’imprégnation hormonale. Les
œstrogènes sont responsables de l’augmentation de la masse grasse. À l’âge
adulte, la masse grasse est deux fois plus importante chez la femme que chez
l’homme.
98 Puberté précoce
Retentissement osseux
Troubles neurologiques
L’hamartome hypothalamique est connu pour être associé à des crises d’épi-
lepsie gélastiques. L’étude de Feuillan et al. [12] suggère que la préexistence
de troubles neurologiques, plus que le traitement par analogue de la GnRH
jouerait un rôle majeur dans la survenue de crises d’épilepsie. Des études plus
approfondies sont nécessaires pour déterminer l’influence des analogues de la
GnRH sur les crises d’épilepsie.
Retentissement psychosociaux
Il est à noter que peu d’études ont évalué les conséquences psychologiques
chez les adolescents ou les adultes d’un antécédent de puberté précoce alors
qu’il s’agit du motif de traitement le plus souvent invoqué par la famille pour
recourir au traitement. Les pubertés précoces vraies peuvent s’associer à des
problèmes scolaires, une agressivité, une augmentation des pulsions sexuelles,
102 Puberté précoce
Conclusion
Références
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Annexe
Stade 1
Stade 2
Stade 3
Augmentation de la saillie
Poils plus denses,
du sein et de l’aréole,
épais et bouclés
pigmentation de l’aréole
Stade 4
Stade 5
Stade 1
Pas de pilosité
Stade 2
Quelques poils droits
à la racine du pénis
Stade 3
Poils plus denses,
épais et bouclés
Stade 4
Stade 5
Extension à la ligne ombilico-pubienne
et à la racine des cuisses
VT > 20 ml
10-31-1470 / Certifié PEFC / Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. / pefc-france.org