2018 Albalat
2018 Albalat
2018 Albalat
1. Données administratives.......................................................................................................................................2
2. Données techniques.................................................................................................................................................4
3. Calendrier provisionnel des opérations..............................................................................................................6
4. Fiche synthétique et carte de localisation du site.............................................................................................7
Annexe :.......................................................................................................................................................
Autorisation de fouille 2018.........................................................................................................................................
En couverture : photo du four alimentaire découvert dans le sondage 4 en 2018 et inscription propitiatoire
« Baraka mîn Allâh » trouvée dans la maison C-6 en 2016.
SECTION ADMINISTRATIVE
1
1. Données administratives
3
2. Données techniques
épigraphie
– Cristina I. Mena Méndez (archéologue, Estré-
madure). Dessin et DAO mobilier céramique
- Nicolas Portet (LandArc): mobilier équestre
- Catherine Richarté (INRAP & doct. Ciham):
étude céramiques (pâtes)
- Jérôme Ros (doctor del Museum Nacional
de Historia Natural, París): carpologie.
Fig. 12. Après-midi consacré au nettoyage du
- Mónica Ruiz Alonso (IH, CSIC, Madrid): mobilier céramique.
5
3. Calendrier provisionnel des opérations
L’extension des sondages stratigraphiques • Année 2020 :
existants et l’ouverture de plusieurs autres - Poursuite de la fouille du secteur
est une priorité afin d’accroître le niveau sud, sud-est, accompagnée d’une éventuelle
de connaissance sur les caractéristiques extension à l’ouest de la rue principale. Il
constructives, fonctionnelles et s’agira de poursuivre la fouille du bâtiment
chronologiques des vestiges (fig. 14). C-10 encore très partiellement connu et
Cela devrait, entre autres, permettre qui s’annonce de très grandes dimensions,
de répondre à des questions concrètes posant la question de son identification.
(prolongation des quartiers dédiés à Ouverture d’un nouveau « sondage » au
l’artisanat et à la production, place du sud de la voirie de direction est-ouest qui
bétail au sein de l’habitat, présence d’une se développe dans le tiers septentrional de
garnison, etc.), méthodologiques (comparer l’aire fouillée. Cette nouvelle aire ouverte,
les résultats issus de la géophysique) ou aux dimensions ambitieuses (environ 150
encore d’aborder des problématiques plus m2) cherchera à détecter si le caractère
larges sur la trajectoire de l’établissement artisanal se maintient dans ce secteur.
et son processus de formation au travers des - Possibilité d’ouverture d’un nouveau
indices de réaménagements. sondage dans les aires nouvellement
prospectées par la géophysique en fonction
• Année 2019 : de l’intérêt potentiel des données collectées.
- Trois fronts d’agrandissements
sont envisagés dans les secteurs sud et • Année 2021.
nord de l’aire ouverte. Ils chercheront à cette dernière année du contrat quadriennal
répondre à des interrogations concernant la sera essentiellement consacrée à achever
matérialisation de différences urbanistiques la fouille des zones ouvertes et à l’étude
et sociales. Au sud, il s’agira de poursuivre du mobilier. On n’envisage pas d’ouvrir de
la fouille d’une zone visiblement dédiée à la nouveaux secteurs.
production et au commerce. Du côté nord-
est, il conviendra de compléter le plan de Il est toutefois évident que certains des
l’édifice C-12b où a été mis partiellement au objectifs proposés sont susceptibles d’être
jour une possible pièce de stockage et, plus réajustées à la lumière des résultats obtenus
amplement, de poursuivre l’intervention à l’issue de chaque campagne.
dans la frange nord qui sépare les bâtiments
de la muraille. Un agrandissement du front
nord-est devrait permettre de compléter le
plan de l’édifice C-9 (domestique ?) contigu
à l’une des forges et d’apporter des éléments
de réponse quant à leur hypothétique
connexion. Ces sondages permettront,
en outre, de confronter les données
géophysiques avec la réalité des vestiges.
6
4. Fiche synthétique du site
Situation
Code site YAC80612
Niveau de protection Bien de Interés Cultural (BIC),
catégorie Zona Arqueológica
Année de la protection 2014
Dénomination MTM 125000 Albalat
Municipe Romangordo
Contrée Campo Arañuelo
Province Cáceres
Coordonnées U.T.M. Datum ETRS89 UTM 30
X: 266841; 266800 Y: 4406240; 4406343
Altitude max. 251 m
Cartographie
Carte IGN 1/25000 652-I. Serrejón. ed. 2000
Photo aérienne Vol de 1945, 1956 (et 82, etc.)
Servidor IberPix [www.ign.es/iberpix/visoriberpix/visorign.html]
Environnement
Unité géomorpho Vallée fluviale de pénéplaine métamorphique
Localisation Terrasse fluviale, rive droite du Tage
Usage actuel Site archéologique
Caractéristiques générales
Superficie ~ 2 ha intramuros
Visibilité Limitée à la vallée
Type de site Ḥisn ; madîna
Toponyme(s) antérieur(s) Maẖāḍat al-Balāṭ (Xe-XIIe s.) ; al-Balāṭ (XIIe s.) ; Alvalat (XIIe s.) ; Villa-
viejas (XVIe s.)
Caractéristiques constructives
Conservation Partiellement conservé en élévation (muraille)
Habitat Enfoui, partiellement conservé en élévation
Mots-clés trame urbaine, muraille, gué, hammâm, cimetière, Almoravide, frontière
Caractérisation chronologique et culturelle
Caractérisation culturelle Médiéval. Al-Andalus
Période d’occupation X -XII s ; possible occupation chalcolithique restreinte (Cordero González)
e e
Interventions
Interventions précédentes Prospections années 1990 ( (Lillo, Serrano-Piedecasas 1998) ; Recon-
naissance superficielle, étude de l’enceinte et relevé topographique avec Cancelo Mielgo et al. (2001) ;
prospections 2008 (RFO Gilotte dir., 2009) ; campagnes de fouilles programmées (depuis 2009, RFO an-
nuels) ainsi que de restauration (depuis 2014).
7
LES FOUILLES
8 Fig. 13. Vue aérienne du site d’Albalat, en septembre 2018. Le barrage de Torrejón-Tajo (1966) a radicale-
ment modifié le paysage alentour..
1. Introduction
Le site d’Albalat est une agglomération premiers résultats sur les formes d’habitat
fortifiée d’époque musulmane, installée sur et le processus d’abandon du site, qui
une ancienne terrasse fluviale qui domine la changèrent radicalement la vision qui
rive gauche du Tage (fig. 13). Connue dès le était jusqu’alors véhiculée. La nature des
Xe siècle sous le nom de Maẖāḍat al-Balāṭ, structures (résidentielles mais également
ou « le gué de la voie », elle permettait de artisanales) et la qualité du mobilier
contrôler l’un des principaux passages du recueilli suggèrent que ce point de passage
cours moyen du Tage qui, une fois franchi, fonctionna également comme un véritable
ouvrait les portes de la pénéplaine de carrefour récepteur et distributeur de
Cáceres-Trujillo et, dès lors, aux plaines produits manufacturés.
fertiles du Guadiana. À la veille du XIIe
siècle, Albalat tomba sous les coups des Rappelons que l’approche extensive de
offensives menées dans la région par le l’aire intramuros qui prévaut depuis le
roi Alphonse VI de León et Castille. Même commencement du projet confirme, tout en
si les conditions et la date exactes de sa la détaillant, la nature belliqueuse et militaire
première prise par les troupes chrétiennes des évènements qui précédèrent l’abandon
sont méconnues, tout porte à croire que de cet établissement fortifié ; elle permet
celle-ci eut lieu avant l’intervention des aussi de nuancer l’impact négatif que put
Almoravides dans la péninsule en 1086. En avoir ce contexte de conflits confessionnels
effet, ce site se trouva pris en étau entre les et territoriaux liés à une situation frontalière
terres septentrionales contrôlées par les sur la vie quotidienne des habitants et sur
chrétiens dès 1079 et celles situées plus à la gestion des terroirs. Car il s’agit bien
l’est, conquises quelques années plus tard, d’aborder, par le prisme du registre matériel,
entre 1084 et 1085. Sa fonction de contrôle l’histoire de ce qui fut un pion modeste, mais
d’un des rares gués permettant de franchir bien réel, de l’échiquier militaire qui se mit
le cours du Tage entre Talavera de la Reina et en place dans la région à partir de la fin du
Alcántara, justifia les efforts déployés par les XIe siècle. La perspective qui a été adoptée
musulmans pour récupérer cette place forte suppose la participation de différents
au début du siècle suivant : elle réintégra le spécialistes (sollicités ponctuellement ou de
domaine d’al-Andalus vers les années 1109- manière continue selon la nature de leurs
1119, avant d’être détruite en 1142 par des sources) ainsi que l’utilisation de méthodes
milices chrétiennes en provenance d’Avila relevant de différentes disciplines, souvent
et de Salamanque. à la croisée entre sciences humaines
La reprise du dossier archéologique, en et environnementales. De nombreux
2009, faisait suite à une courte prospection questionnements dépassent toutefois
pédestre qui avait, entre autres résultats, le cadre de cette micro-histoire pour
permis de localiser un hammâm au pied rejoindre des problématiques plus vastes
de la muraille, dans la zone inondable du qui s’intéressent à la circulation des biens et
barrage de Torrejón. Bien que le projet au traitement des matières premières, par
pluridisciplinaire débutât de manière exemple.
très modeste, il apporta rapidement des Les 235 m2 qui ont pu être fouillés
9
Fig. 14. Aire ouverte avec indication du tracé des voiries (montage d’orthophotos campagne 2018).
intégralement cette année renforcent nos sur plusieurs fronts étaient motivés par des
connaissances sur sa dimension productive questionnements concrets, issus en grande
et commerciale. partie de la campagne antérieure (fig 14).
Les agrandissements menés simultanément
10
SONDAGE 3
Fig. 15. Jarre décorée de cordons digités ondulés, retrouvée écrasée sur le sol de B11 (ensemble C12bis).
Fig. 17. Amas de pierres concentré dans le sec- Fig. 21. Foyer excavé F 5685, à côté duquel se
teur sud-ouest du vestibule d’entrée. trouve une autre fosse-foyer en cours de fouille.
12
du plan de cet ensemble soulèvent la question
de sa fonction puisqu’aucun aménagement
particulier – autre qu’un foyer installé dans
le prolongement à ciel ouvert du vestibule
d’entrée – ne vient offrir de pistes. L’étude
de son mobilier céramique (qui inclut des
formes inédites sur le site) permettra peut-
être de formuler des hypothèses. Les bermes
témoins conservées devront être démontées Fig. 22. Vue zénithale du patio B4.2, au sol dallé
lors d’une campagne future. (SC 5616). Sa fermeture occidentale (à gauche)
est très arasée.
• Ensemble C-12bis
Le second bâtiment sur lequel se sont
focalisées les recherches possède un plan
plus complexe, dont on ne connaissait
jusqu’alors qu’une rampe d’accès et la cuisine
(B8 : cf. la section consacrée à son vaisselier).
La poursuite des fouilles a révélé les limites
occidentale et en partie méridionale de
son patio dallé (fig. 22), qui adopte une Fig. 23. Amas de pierres US 5633.
forme en « L ». Sa superficie totale n’est pas
connue (supérieure à 20 m2), car il s’étend
hors de l’emprise du sondage. Un puissant
apport de terre limoneuse (US 5628-5630)
s’étend sur toute sa surface, scellant des
éboulis de pierres (US 5830, 5633, 5657),
spécialement concentrés aux abords des
murs qui clôturent cet espace (fig. 23). La
strate suivante est composée de tuiles très
fragmentées, provenant également de la Fig. 24. Concentration de mobilier céramique
dans le patio B4.1 (US 5633).
destruction des toitures alentour (US 5636).
Elle repose sur une couche relativement riche
en restes céramiques - dont des jarres - qui
recouvre le sol ; une partie d’entre eux sont
concentrés dans son secteur nord (fig. 24),
à proximité d’une large ouverture. Cette
dernière donne accès à une pièce couverte
(B11, fig. 25), dans laquelle un petit sondage
a été pratiqué en fin de fouille afin d’obtenir
Fig. 25. Pièce B11 en cours de fouille (US 5651,
une vision rapide de sa stratigraphie et, le éboulis de pierres). Les jalons sont posés en
cas échéant, d’en déterminer sa fonction. avant de ses limites sud et ouest.
Plus longue qu’elle ne semblait l’être de
13
prime abord (son mur du fond n’a pas pu
être trouvé), elle se distingue tout d’abord
par le soin qui a été apporté à la construction
de son entrée. Relativement large comparée
aux accès intérieurs documentés dans les
autres édifices (1, 40 m), elle est flanquée de
piédroits massifs qui font saillie. Sa séquence
met en évidence un violent incendie, patent
non seulement au travers de l’effondrement Fig. 26. Exemple d’un conglomérat de céréales
de sa toiture (US 5654), mais surtout dans carbonisées, au contact de céramiques éven-
trées.
les niveaux rubéfiés et carbonisés (US 5666,
5691) qui reposent sur son sol dallé. Ces
couches incendiées renferment un mobilier
riche et varié, qui comprend une meule à
main fragmentée, quatre feuilles de plomb
à moitié enroulées (possibles talismans),
plusieurs jarres complètes associées à des
céréales et des glands carbonisés et, surtout,
un arsenal composé d’une quarantaine de
fers de trait, visiblement entreposé près de
la porte (fig. 15, 26-28). Ces éléments, bien Fig. 27. Jarre écrasée sur place, avec au fond et
autour, des glands carbonisés.
que préliminaires, suggèrent que cet espace
a pu servir d’entrepôt. Il sera prioritaire
d’en achever la fouille.
Fig. 28. Lot d’une 40e de fers de traits apparu dans l’angle oriental de l’entrée de la pièce B11.
14
SONDAGE 4
Fig. 29. Tronçon de rue fouillé (secteur F) sur lequel s’ouvre, du côté sud, un espace dédié au travail de
matières dures animales.
explorer.
S’il est évident que cette cour ouverte
appartient à un ensemble plus conséquent,
composé d’au moins une autre pièce, il
n’est pas possible, dans l’état actuel de la
recherche, d’avancer des hypothèses sur sa
fonction (habitat domestique ?).
A. Lafont-Chardin
Équipe : Anna Lafont, Benjamin Oury. le côté ouest l’ensemble C-2, qui correspond
à un grand édifice composé de 6 pièces
Objectifs (les secteurs B, B1, C, D, G, H) auquel il
Un sondage exploratoire a été réalisé au sein appartenait très probablement. Il s’agit
du secteur I du sondage 2 (fig. 53), en posant d’un espace découvert, de plan légèrement
deux problématiques distinctes. Il s’agissait trapézoïdal orienté nord-sud, d’environ 6 m
de comprendre le phasage de plusieurs sur 2,70 m (approximativement 17 m2). Il est
murs qui délimitent l’aire d’implantation du délimité par les murs M 3127, M 3166/3146,
sondage, espace déjà fouillé en 2012 jusqu’à M 3124/3186, M 3147, respectivement situés
la phase d’occupation la plus récente. Plus au nord, est, sud et ouest. Tous étaient très
largement, l’opération visait à documenter arasés lors de leur découverte en 2012, et
des phases antérieures d’occupation au ont fait l’objet de restauration au cours des
sein du site, en collectant des données campagnes de 2016 et 2017.
diachroniques sur l’organisation urbaine et Anciennement relié du côté sud au
le mobilier archéologique. secteur G par un seuil en partie comblé,
et vraisemblablement ouvert vers l’ouest
Contexte du sondage sur un espace encore non-identifié,
Lors la dernière phase d’occupation (avant possiblement une rue (secteur S2-J) : le mur
1142), le secteur I du sondage 2 jouxtait sur M 3147 s’interrompt sans qu’un véritable
21
seuil puisse être identifié. remblai de construction (US 3279) qui leur
Le secteur I est scindé en son centre par un sert de niveau de fondation sommaire. Le
mur arasé (M 3276), d’orientation est-ouest, niveau d’occupation US 3172 est installé sur
et dont la dernière assise est intégrée au ce remblai et contre la première, voire la
niveau de circulation, divise en deux ce grand deuxième assise des murs M 3166 et M 3147.
espace. Alors qu’au nord de M 3276 la surface Le mur M 3276 est, quant à lui, conservé
de circulation correspond simplement à de sur sept assises et 0,70 m de hauteur, et
la terre compactée, elle conserve au sud est associé à plusieurs phases d’occupation
les dalles d’un sol appartenant à une phase antérieures. Il passe sous le mur est M 3166
antérieure (US 3171=US 3451). En effet, les et est interrompu à l’ouest par un seuil ou
murs périmétraux M 3146, M 3147 et M 3124 un retour d’angle (fig. 54).
prennent directement appui sur ces dalles Au sein du sondage, on distingue d’abord
qui se retrouvent d’ailleurs dans la pièce une première strate commune à l’ensemble
adjacente H. Le sol en terre de la section de l’espace, interprétée comme un remblai
nord empêchait une telle observation pour
les murs M 3166 et M 3127. Cette surface
de terre compactée facilitait cependant
l’ouverture d’un sondage exploratoire
dans cette zone, pour comprendre les
relations structurelles des murs M 3166, M
3127 et M 3276. L’implantation du sondage
s’est faite sur 2,42 m de large entre le mur
septentrional M 3127 et le mur arasé M 3276,
et sur 2,40 m d’est en ouest, en laissant une
berme de 0,5 m devant le mur M 3166 dans
un premier temps. Elle a été ensuite doublée
d’une seconde berme de 0,65 m de large à
0,25 m de profondeur, après la découverte
d’un premier niveau d’occupation présumé
(US 3453). Le premier témoin a ensuite été
largement entamé (portant les dimensions
du sondage à 2,90 m x 2,42 m) afin de Fig. 54. M 3276 et le niveau de fondation US
3485
documenter plus amplement le niveau
d’occupation 3453, objectif qui n’a pu être
que partiellement atteint faute de temps. de construction hétérogène (US 3449) sur
laquelle a été installé le dernier niveau
Résultats de la fouille d’occupation (US 3172). Les zones nord-
La fouille a permis de constater que les est et est du sondage renferment une très
murs M 3166 et M 3147, comme les autres forte concentration de pierres aux modules
murs délimitant le secteur I, ont été décimétriques à pluri-décimétriques, dont
mis en place lors de la dernière phase certaines sont disposées horizontalement
d’occupation. Ils sont construits sur un et qui passent sous les deux murs M3166
22
et 3127. De nombreuses céramiques
(fragmentaires, mais présentant souvent au
moins des profils complets), de la faune et
des objets métalliques de qualité y ont été
retrouvés.
Les couches sous-jacentes ont été presque
entièrement détruites dans les deux-tiers
ouest du sondage par l’installation d’une
grande fosse F 3460, qui se prolonge vers
Fig. 55. Niveau supérieur de la fosse F 3460.
l’ouest, au-delà de la zone fouillée (fig. 55-
56). Cette fosse présente une ouverture de
1,50 m large, avec des parois partiellement
effondrées, et se rétrécit à environ 1,25
m dans sa partie inférieure. Longue d’au
moins 1,30 m, elle atteint une profondeur
de 1,05 m, sans que son fond ait été atteint.
On peut, d’ores et déjà, remarquer que son
creusement prend en compte les limites
imposées au sud par le mur arasé M 3276, Fig. 56. Vue en coupe de la fosse qui entaille des
et au nord par le mur M 3127 qui serait niveaux d’occupation antérieurs au milieu du XIIe
s.
pourtant postérieur à la fosse.
Le remblai de construction US 3449 vient ponctuellement, en grande partie grâce à
niveler le remplissage de la fosse US 3454, la présence de structures de combustion
laissant penser que les deux correspondent (plaques de chauffe) dont des lambeaux ont
à une même phase d’aménagement. Quatre été conservés par endroits.
remplissages successifs ont été identifiés (US Le premier niveau (US 3453) est matérialisé
3454, 3459, 3463=3483, 3484) dans la fosse, par une plaque de chauffe (US 3468), localisée
avec deux petites fosses circulaires ayant dans l’angle nord-est du sondage, et par
servi de foyers (US 3461, 35 cm de diamètre deux dalles de schiste à plat dans le coin sud-
et 5 de profondeur et US 3462, 30 cm de est, à 249,73 m. Ce niveau apparaît dédoublé
diamètre et 6 de profondeur) installés dans (US 3453A et US 3453B) en stratigraphie
l’un d’eux (US 3459). Toutes ces couches ont dans les coupes ouest et nord, sur quelques
livré un nombre important de tessons de centimètres d’épaisseur (sédiment blanc-
céramiques extrêmement fragmentaires, jaune d’environ 2 cm, sous une couche
et une très grande quantité de faune (os de orangée charbonneuse, vraisemblablement
grands mammifères, nombreux équidés). chauffée, de 4 cm) entre 249,74 et 249,68
On y retrouve aussi un peu de mobilier m dans le coin sud-ouest. Il s’agirait en
métallique. La fonction de cette fosse n’est fait deux phases successives extrêmement
pas claire (fosse de récupération, puis proches : dans la partie est du sondage, la
dépotoir ?). structure de combustion US 3468 appartient
De part et d’autre de cette fosse, différents à la plus ancienne (US 3453B), tandis que
niveaux d’occupation ont pu être identifiés des plaquettes de schiste et une importante
23
249,55 à 249,34 m). Le recoupement entraîné
par la fosse US 3460 gêne la compréhension
de cette phase.
Le niveau d’occupation US 3473 est installé
directement sur le niveau de fondation du
mur M 3276 (US 3485), constitué de petites
pierres et gros blocs, galets liés par une terre
argileuse. Ce niveau s’aplanit dans sa partie
supérieure, établie contre la face nord de M
Fig. 57. Détail du lambeau de plaque de chauffe
US 3472 3276, au niveau de sa première assise : des
plaquettes de schistes posées à l’horizontale
semblent servir à la fois de renforcement
de fondation et de niveau d’installation du
sol. Au même niveau, différentes couches
pierreuses et argileuses (US 3474, 3475, 3479
et 3480) ont été localisées dans le sondage
autour de la fosse 3460 qui pourraient
correspondre à une même phase de
d’installation, voire être équivalentes.
Fig. 58. Profil septentrional, délimité par le mur Sous ces niveaux pierreux, deux US
M 3127
particulières se distinguent : au nord-ouest,
une couche aux couleurs vives rouge et
concentration de matériel archéologique
jaune, très argileuse (US 3481, à 249,37 m) ; à
(petits objets, tessons de céramique) sont
l’est une couche d’incendie (US 3478, à 249,38
posés à plat sur la plus récente de la plus
m) sur une dizaine de centimètres de large
récente (US 3453A). Faute de temps, la
et légèrement plus basse, délimitée dans sa
couche US 3453B n’a pas pu être fouillée au
partie ouest par une possible structure liée
niveau du témoin oriental, et la couche US
au mortier (US 3486), et qui continue vers
3453A que partiellement.
l’est sous les témoins. Leurs fonctions tout
Ces deux strates scellent un double remblai
comme leurs relations restent à déterminer.
(US 3470, US 3464), au sein desquels se
trouvent deux lambeaux de plaques de
Un point sur le mobilier métallique
chauffe, l’un (US 3467) entre 3470 et 3464
L’importance du mobilier métallique
(à une altitude de 249,59 m), l’autre dans
découvert, en nombre comme en qualité,
la partie nord du sondage, au sein du
doit être soulignée. Sa concentration au sein
remblai 3464 (à environ 249,49 m). Sous ce
de ce sondage, dans des contextes variés, est
double remblai, juste à l’ouest de la plaque
en elle-même remarquable.
de chauffe 3467, une autre grande plaque
Le remblai de construction US 3449 a livré
(US 3472: fig. 57) matérialise ensuite un
une feuille de plomb, enroulée à l’origine
second niveau d’occupation (US 3473). Cette
et retrouvée partiellement ouverte,
structure de combustion conservée sur 50
interprétée comme une possible amulette
cm de large et 80 cm de long, est adossée
; deux pointes de flèches ; un fragment de
contre M 3276, avec un pendage est-ouest (de
24
lame de hache ; deux fragments de possibles
pitons, un poids et des clous.
Au sein de la fosse US 3460, ont été trouvés
dans la couche de remplissage US 3463 deux
poids de fer, et une lame de fer en demi-lune
(possible lame d’outil).
Le niveau d’occupation US 3453A étaient
associé à des artefacts de fonctions diverses
(fig. 59-63) : un couteau, conservant son Fig. 60. Feuille de plomb (M4064)
manche en os riveté et une lame coudée ;
une attache de chaudron en alliage cuivreux
qui renvoie à des parallèles bien connus en
contextes médiévaux, tel les exemplaires
de l’épave d’Agay (Richarté 2017: 487) ou
du Castelo Velho de Alcoutim (Catarino
1997/98: 1150 nº2) ainsi qu’une plaque
circulaire polylobée décorée d’une étoile
à 6 branches en son centre. La présence de
perforations sur son ourlet suggère qu’elle Fig. 61. Attache d’anse de chaudron, en alliage
pouvait être cloutée sur un support en bois. base cuivre (M4065)
Dans la couche de remblais US 3464, située
entre les deux niveaux d’occupation US
3453A/B et US 3473, ont été retrouvés,
toujours en fer : un cadenas, un poids, deux
objets encore indéterminés mais au volume
important (dont un possible élément
de décoration de bouclier). S’y trouvait
également une fusaïole en terre cuite. Fig. 62. M3924, poids-fort correspond à un 1/2
Enfin, une lame de couteau fortement ūqiyya (Tonegawa U.4)
qui ne comporte pas d’anses. Le pied est Fig.69. PC 202 (Dessin & DAO : C.I. Mena)
dessin & DAO: C.I.M.M
annulaire, légèrement incliné. La pièce est
fabriquée au tour. La cuisson est oxydante
et sa matrice ferrique, de couleur orangée,
renferme un dégraissant peu abondant
0 1 5 cm
comportant des points de chaux, comme
seul élément minéral observable à l’œil nu. Fig. 70. PC 205 (Dessin & DAO : C.I. Mena)
Le récipient est brûlé sur le bord et sur la
partie interne. Sa glaçure et son décor sont
identiques à ceux de la pièce précédente
(PC225). Elle est également couverte de
concrétions sur sa face externe ainsi que sur
une partie de son bord.
ø bord/ base : 14,1/ 8,5 cm. H. : 4,6 cm. Fig. 71. PC 236 (Dessin & DAO : C.I. Mena)
Plat creux (ataifor) à bord droit légèrement
éversé vers l’extérieur et panse arrondie
dépourvue d’anses. Sa base bien que plane,
est très légèrement convexe. Il a été cuit en
atmosphère oxydante et possède une pâte
ferrique de couleur orange. Le dégraissant
ne comporte que quelques rares mica, du
quartz et des particules noires. Il est brûlé
à l’intérieur et sur une partie du bord. Il 0 1 5 cm
ne possède pas de couverte glaçurée. Il est Fig. 72. PC 200 (Dessin & DAO : C.I. Mena)
partiellement recouvert de concrétions.
28
0 1 5 cm
Fig.77. Lame mince 1081 (grande jarre). Fig. 78. Lame mince 10382 (grande jarre),
Le volet d’analyses pétrographiques met prolongée comme l’indiquent un épiderme
en avant la composition des pâtes et les orangé et un cœur gris (post-cuisson
fractions de leurs inclusions minérales. Il oxydante). De nombreuses inclusions sont
s’appuie sur une approche macroscopique visibles à l’œil nu. L’analyse des lames
et microscopique qui apporte des éléments minces indiquent que la totalité de ces jarres
de réflexion particulièrement intéressants ont été réalisées avec des argiles d’origine
sur les modalités de production et diffusion alluviale riches en fer et en dégraissants
des céramiques ; les traceurs géologiques sableux grossiers, parfois ajoutés. La
permettant de caractériser différentes aires nature des inclusions, dérivées de roches
de production. granitiques (quartz, feldspath, subordonnés
Les prélèvements, effectués sur des lots de mica) et, plus rarement, métamorphiques
mobiliers de divers groupes techniques, ont acides (quartzschistes, quartz-micaschistes,
été préparés en lames minces par M. Sbrana phyllades), incite à y reconnaître une
et ont été soumis à l’analyse au microscope origine vraisemblablement régionale,
polarisant par C. Capelli. C. Richarté effectue voire locale car ces types de roches sont
la liaison entre pétrographie, morpho-types diffusées. Un lieu de production situé non
et groupes techniques des céramiques afin loin des rives du Tage n’est donc pas exclu et
de tenter de cerner des faciès et des aires de semble même logique pour ce type d’objets.
provenance potentielles. Toutefois, quelques différences secondaires
L’enquête s’est focalisée sur deux grands de texture (granulométrie, classement)
groupes : les grands récipients de stockage et de composition (inclusions) sont
et les vaisselles de table, tout en testant probablement à rattacher à plusieurs sites
ponctuellement d’autres ustensiles d’approvisionnement, avec des productions
communs et culinaires. peu standardisées. On note aussi quelques
1- Pâtes à matrice ferrique corrélations entre groupes de pâte et
• Conteneurs, jarres/tinajas typologiques.
Les récipients de stockages présentent des Groupe 1 : ex. 10381- jarre type 3 (fig. 77).
pâtes obtenues en cuisson oxydante, peu Matrice riche en fer, moins oxydée au
33
de rares (nodules) calcaires; silt (quartz,
mica) abondant. Une surface est lissée,
l’argile est fort orientée.
Méthodologie
Afin d’établir la composition chimique des
objets en verre, des prélèvements d’environ Fig. 86. Cruchon en verre coloré à l’oxyde de
3 mm d’épaisseur ont été réalisés dans les cuivre (V-17 provenant du puisard de C-1).
Fig. 88. Différences dans les proportions d’oxydes associés aux fondants végétaux dans
les verres d’Albalat.
40
ANALYSE DES ALLIAGES DE BASE CUIVRE
Carlo Bottaini
Fig. 89. Histogrammes des éléments majoritaires (Cu, Sn, Zn, Pb) des artefacts analysés.
Les artefacts à base de cuivre ne représentent allant jusqu'à environ 24% pour le premier
que 3% du vaste corpus métallique (3985 et environ 13% pour le second élément.
NMI inventoriés jusqu'à présent). Il s’agit, Ces données très préliminaires laissent
pour la plupart, d’objets de petite taille, qui entrevoir des compositions chimiques peu
vont d’éléments de harnachement et de normalisées et dépourvues de lien explicite
parure à des instruments liés à l’hygiène ou avec la typologie ou la fonction des artefacts.
encore aux luminaires (fig. 90). La tendance à des contenus bas et variables
Depuis cette année, une partie d’entre eux de Sn et Zn, ainsi que l'hétérogénéité des
a fait l’objet d’analyses par SEM-EDS et XRF alliages documentés suggèrent que le
afin de révéler les caractéristiques chimiques recyclage d’objets obsolètes devait être
de leurs alliages et microstructures. Les une pratique très courante parmi les
résultats mettent en évidence trois groupes métallurgistes locaux.
bien différenciés: des cuivres relativement
purs (Cu + 95%), des laitons (Cu + Zn) et des
bronzes (Cu + Zn). La présence d'impuretés,
principalement de Fe, As, Ag, Sb et Bi, est
récurrente. Parmi les éléments majoritaires
(fig. 89), la teneur en étain (Sn) est
généralement assez faible (inférieure à 6%).
Le zinc et le plomb apparaissent également
Fig. 90. Échantillon d’artefacts de base cuivre
avec des valeurs variables, avec des pics analysés.
41
ANALYSE BIOCHIMIQUE DU CONTENU D’UN MORTIER
(SECTEUR L4.2)
N. Garnier
Fig. 91. Vue de la cuve maçonnée et recouverte de mortier de chaux, avec sondage pratiqué dans son
fond pour documenter sa mise en place et prélever des échantillons.
Résultats
Le premier extrait lipidique montre la
présence :
- d’acides gras pairs linéaires (14:0 18:0),
associés au cholestérol (origine animale),
dominant sur le sitostérol (origine végétale)
dans un rapport chol / sito 1.78. Ils
proviennent principalement de corps gras
d’animal non ruminant ;
- des alcanes impairs (C23 – C33) et des
alcools pairs (20-ol – 32-ol) dominés par le
26-ol, caractéristiques des cires végétales ;
- le squalène est assez abondant. Son
interprétation est délicate et controversée.
Cependant, associé aux matières grasses
animales, il peut indique un sébum, donc des
graisses sous-cutanées avec peau.
La seconde extraction montre (fig. 3) :
- les acides gras pairs 16:0 – 18:0 des corps
gras animaux et végétaux, et à plus longue
chaîne (20:0 – 32:0) des cires végétales ;
- des 2-hydroxy acides à longue chaîne, Fig. 3. Chromatogramme du 2nd extrait organique
provenant de subérine ; obtenu par catalyse acide à partir des imprégna-
tions des parois internes du mortier US 5326,
- les acides tartrique et malique (raisin) triméthylsilylé (colonne ZB5-MSi, détecteur
DSQII mode EI 70 eV).
43
LES RESTES FAUNIQUES DU SECTEUR L4.2 : 1ère APPROCHE
J. A. Garrido García
Fig. 93. Exemples de restes équins issus de Fig. 94. Quelques restes de suidé (porc/sanglier)
l’échantillon analysé : a) Humérus (ALB44246) et : a) Fragment mandibulaire (ALB44254) ; b)
radius + ulna (ALB44247) de cheval ; b) Extrémité Extrémité proximale de scapula (gauche,
proximale de scapula de cheval (ALB44248) ; c ) ALB44257) et zone articulaire de pelvis (droite,
Mandibule presque complète d’âne (ALB44489) ALB44260) ; c) Fragment médian de scapula avec
des traces de dépeçage (ALB44436)
45
ÉTUDES CARPOLOGIQUES
J. Ros
Atelier Siscia 1,25/16 (RIC VIII, 19). • Fragment de dirham de Yaḥyà al-Qādir
Cette monnaie, attribuée à l’empereur (1075-1090). Alb16/S3-B6/ UE 5469
Constantin, a été trouvée posée sur la
banquette septentrionale de la cuisine
(secteur B8) de l’ensemble C-12bis. Elle
présente un état de conservation médiocre
en raison de son usure (indice d’une
longue circulation). Elle est un exemple
de l’utilisation des bronzes tardo-romains
à l’époque médiévale. La dernière lettre Fig. 99. A.- Fragment de dirham de la taifa de
Tolède
(Alfa) de la légende de frappe, située dans
l’exergue, spécifie qu’il s’agit de la 1ère -M3506
officine de l’atelier. Madīnat Tulaytulā [468H]
0,95/12x8 (Prieto y Vives tipo 343a)
• Fragment de dirham de ‘Abd al-‘Azīz Cette monnaie de billon (vellón), attribuée
(1021-1061). Alb17/S3-B8/UE 5578/ au dernier souverain de la dynastie des Banū
M3586 Ḏī-l-Nūn de Tolède, provient d’un espace
Sans lieu de frappe, ni date. interprété comme une étable. Son état de
fragmentaire n’a pas permis de réaliser
son catalogage précis, mais la distribution
du champ épigraphique, son aspect et la
mention d’al-Qādir sur le revers, autorisent
à la mettre en parallèle avec une monnaie
Fig. 98. A.- Fragment de dirham de la taifa de
Valence citée par A. Prieto y Vives tipo 343a et datée
de l’an 468 H/1075-1076 ap. J.-C.
0,35/9 (Prieto y Vives 148var).
Cette monnaie1 de la dynastie taifa ‘amiride
de Valence, provient du même contexte que
1
Une analyse métallographique est en cours. 51
LES MARQUES GLYPTOGRAPHIQUES:
Fig. 100. A.- Relevé des marques incisées sur une dalle du patio Q de la maison C-6.
Depuis 2009, diverses marques ont été puisqu’un grand nombre d’entre elles sont
observées sur les dalles utilisées pour paver peu marquées, voire effacées ou illisibles,
certains sols des espaces bâtis à Albalat. Ces et se confondent parfois à des intrusions
marques glyptographiques, définies à la fois postérieures (traits dus à la fouille) même si
par leur technique de réalisation (incision celles-ci sont relativement peu nombreuses.
ou percussion) et leur support (lithique, en En effet, Albalat est caractérisé par cet
schiste et micaschiste) parsèment les sols enchaînement stratigraphique de niveaux
dallés de la dernière phase d’occupation d’effondrement qui scellent les niveaux
du site. Dans le cadre de notre mémoire d’occupation et condamnent l’accès aux
réalisé depuis septembre 2017 à l’Université sols dallés. De fait, elles n’ont alors subi
Lumière Lyon 2 - Master Mondes médiévaux, aucune intrusion extérieure qui ne soit
nous nous sommes saisie de cette source postérieure au XIIe siècle de notre ère.
documentaire afin de proposer un protocole Ainsi, les 144 dalles qui ont déjà pu être
de relevés et d’études, encore peu développé inventoriées comptabilisent plus de 1000
et établi dans cette discipline. Il s’agit de marques différentes. Diverses thématiques
créer un inventaire et un catalogue complet graphiques y figurent (fig. 101-102) :
des marques d’Albalat. La réalisation plateaux de jeu (mérelle ou jeu du moulin,
de cette étude n’est pas sans difficulté morpion, damier, jeu du soldat), motifs
52
Plusieurs dalles inscrites avaient été
identifiées lors des premières années de
fouilles mais n’avaient été que partiellement
documentées faute de protocole ; il a donc
été nécessaire de reprendre l’ensemble.
Nous nous sommes intéressée aux espaces
accessibles déjà fouillés et à ceux en cours de
fouilles. Dans un premier temps, comment
documenter ces marques ? Si certaines
ont une profondeur et une largeur de plus
Fig. 101. Plateau de jeu de type mérelle de 9,
Dalle D31 du secteur B4, C-11 (Photo : L. B.) d’un millimètre, d’autres sont presque
illisibles. Nous souhaitons ainsi proposer
une méthode de relevé combinant plusieurs
techniques de photographie, dessin et
moulage des dalles. Une fois cette première
phase de documentation achevée, nous
nous intéressons à la facture de ces marques
et à leur chronologie relative. Quel type
d’incisions y-a-t-il ? Dans quel sens incise-t-
on un plateau de jeu ? Quels types de motifs
se superposent ? Ces notions de chronologie
relative ne seront développées que pour
Fig. 102. Détail de la dalle D58 : plateau de jeu
(mérelle de 9) et motifs géométriques (Photo : quelques exemplaires de dalles. Il s’agit aussi
L. B.) d’envisager la répartition spatiale de ces
quadrangulaires, idéogrammes (étoiles à dalles grâce à un S.I.G : dans quels espaces les
cinq ou six branches), inscriptions arabes, trace-t-on ? Y a-t-il des espaces privilégiés
motifs ramiformes (en « épi de blé »), traits ? Enfin, nous souhaitons, à terme, proposer
parallèles de type comptes économiques1. une étude thématique de chaque type de
Nous intégrons également dans notre étude marque, notamment en ce qui concerne les
les pièces d’échecs en os et les fiches de jeu plateaux de jeux, afin de les réinsérer dans
en pierre et en terre cuite puisqu’ils sont une réflexion plus large autour des jeux de
liés à la pratique des jeux. Il s’agit désormais société en al-Andalus.
de présenter les enjeux et questionnements
liés à ces marques, avant d’en aborder les Méthodes
premiers résultats. Les dalles, à l’inverse du mobilier
archéologique, sont uniquement accessibles
Questionnements lors des campagnes de fouilles, ce qui
contraint nettement leur documentation
1
Notons qu’il n’existe pas une typologie de réfé- tant en raison de cette limite temporelle
rence des marques glyptographiques. Nous nous que des conditions météorologiques. Or, ces
appuyons donc tout particulièrement sur les tra-
vaux du CIRG, mais aussi ceux de H.J.R. Murray objets mériteraient des analyses souvent
(1952), de C. Navarro Poveda (1993), de J. Passi-
ni et R. izquierdo benito (2012) et de J.A. Souto plus poussées, uniquement possibles en
(1989). 53
Fig. 103. Moulage de la dalle D60 (S1-Secteur
Q-Q2, C-6), application de couches de silicone (L.
Buttard)
Fig. 108. Vue partielle de la maison C-6, objet des interventions de consolidations de la campagne 2018.
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