P. Borgeau La Mort Du Grand Pan
P. Borgeau La Mort Du Grand Pan
P. Borgeau La Mort Du Grand Pan
Résumé
La rumeur relative à la mort du grand Pan est examinée, successivement, sous deux angles : celui d'une histoire qui la situe
dans le contexte politico-religieux propre aux débuts de l'Empire ; et celui que propose une historiographie chrétienne prolongée
en tradition savante, qui la situe au cœur d'une problématique étrangère à ce contexte, celle du « paganisme ». Une radicale
solution de continuité apparaît ainsi entre l'usage ponctuel, à des fins politiques, d'un Pan que le polythéisme antique finit par
assimiler au Capricorne astrologique (signe d'Auguste et de l'Empire), et un usage devenu traditionnel, où le grand Pan se voit
tantôt identifié au Démon, tantôt représenté comme préfiguration du Sauveur. Les interprétations savantes modernes, ici
recensées, s'avèrent inconsciemment marquées par cet usage traditionnel.
Borgeaud Philippe. La mort du grand Pan. Problèmes d’interprétation. In: Revue de l'histoire des religions, tome 200, n°1,
1983. pp. 3-39;
doi : https://doi.org/10.3406/rhr.1983.4563
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1983_num_200_1_4563
* **
Quant à la mort des êtres de cette sorte, voici ce que j'ai entendu
dire à un homme qui n'était ni un sot ni un hâbleur. Le rhéteur
Emilien, dont certains d'entre vous ont suivi les leçons, avait
pour père Epitherses, mon compatriote et mon professeur de
lettres. Il me raconta qu'un jour, se rendant en Italie par mer, il
s'était embarqué sur un navire qui emmenait des marchandises et
de nombreux passagers. Le soir, comme on se trouvait déjà près
des îles Echinades, le vent soudain tomba et le navire fut porté
par les flots dans les parages de Paxos. La plupart des gens
à bord étaient éveillés et beaucoup continuaient à boire après le
repas. Soudain, une voix se fit entendre qui, de l'île de Paxos,
appelait en criant Thamous. On s'étonna. Ce Thamous était
un pilote égyptien et peu de passagers le connaissaient par son
nom. Il s'entendit nommer ainsi deux fois sans rien dire, puis,
la troisième fois, il répondit à celui qui l'appelait, et celui-ci,
alors, enflant la voix, lui dit : « Quand tu seras à la hauteur de
Palodes, annonce que le grand Pan est mort. »
« En entendant cela, continuait Epitherses, tous furent glacés
d'effroi. Comme ils se consultaient entre eux pour savoir s'il
valait mieux obéir à cet ordre ou ne pas en tenir compte et le
négliger, Thamous décida que, si le vent soufflait, il passerait le
long du rivage sans rien dire, mais que, s'il n'y avait pas de vent
et si le calme régnait à l'endroit indiqué, il répéterait ce qu'il
avait entendu. Or, lorsqu'on arriva à la hauteur de Palodes, il
n'y avait pas un souffle d'air, pas une vague. Alors Thamous,
placé à la poupe et tourné vers la terre, dit, suivant les paroles
entendues : « Le grand Pan est mort. » A peine avait-il fini
qu'un grand sanglot s'éleva, poussé non par une, mais par
beaucoup de personnes, et mêlé de cris de surprise. »
« Comme cette scène avait eu un grand nombre de témoins, le
bruit s'en répandit bientôt à Rome, et Thamous fut mandé par
Tibère César. Tibère ajouta foi à son récit, au point de
s'informer et de faire des recherches au sujet de ce Pan. Les
philologues de son entourage, qui étaient nombreux, portèrent leurs
conjectures sur le fils d'Hermès et de Pénélope. »
El Philippe vil son récit confirmé par plusieurs des assistants,
qui l'avaient entendu raconter à Emilien dans sa vieillesse.
6. Hdt., VI, 105 sqq. ; cf. Pli. Borgeaud, op. cit., n. 2, p. 195 sqq.
7. Sur les sources de Plutarque et la genèse de sa propre théorie, voir
G. Soury, La démonologie de Plutarque, Paris, 1942. Dans le dialogue Sur la
disparition des oracles, quelques pages avant l'épisode du grand Pan (De Def. Or.,
11 = Moralia, 415), Plutarque introduit l'exemple « hésiodique » de la
mortalité des Nymphes, qui vivent 10 vies de phénix, le phénix lui-même vivant
9 vies de corbeau, le corbeau 3 vies de cerf, le cerf 4 vies de corneille, et la
corneille 9 vies d'homme : Hés., Fr. 304 de l'édition Merkelbach-West où l'on
trouvera l'ensemble des témoignages. Ces vers obscurs font peut-être allusion à la
solidarité qui lie les Nymphes à un arbre. Ils constituent le seul exemple grec
(à part la légende de la mort du grand Pan) qui soit explicitement relatif à la
mortalité d'une catégorie d'êtres divins. Les tombes de Zeus (en Crète) et de
Dionysos (à Delphes) ne concernent qu'un épisode du mythe (histoire d'enfance,
à coloration initiatique) de ces dieux qui n'en demeurent pas moins immortels.
Nous ne souscrivons pas à la thèse de H. L. Levy, Homer's gods : a comment on
their immortality, Greek- Roman-and Byzantine Studies, 20 (1979), p. 215-218
qui postule, après Jane Harrisson, l'existence d'un panthéon préhomérique où
les dieux auraient été mortels.
8. Ov., Fast., III, 285 sqq. ; IV, 649 sqq. ; Plut., Numa, 15.
8 Philippe Borgeaud
9. Voir infra.
10. Is. et Os., 356 D. : il s'agit de l'épisode où Osiris, enfermé par Typhon
dans un coffre-sarcophage, est abandonné à la mer. Les premiers à apprendre
ce malheur et à en diffuser la nouvelle sont les Pans et les Satyres habitant la
région de Chemmis (Panopolis) ; c'est à la suite de cette aventure qu'on aurait
donné leur nom aux peurs dites paniques.
11. La petite île de Paxos, située au nord des Echinades, était
vraisemblablement désertique (« ohne bekannte ant. Siedlungsreste », selon E. Meyer,
Der Kleine Pauly, IV, Mûnchen, 1972, col. 576) ; tout comme l'énigmatique
La mort du grand Pan 9
Palodes (où il faut peut-être reconnaître l'actuel Livari Corydon ?). Il convient
de relever qu'Icarios père de Pénélope (elle-même mère de Pan) régnait autrefois
sur cette région inhospitalière (Strab., X, 2, 9). Sur les problèmes de navigation
dans cette zone cf. P. M. Martin, La tradition sur les passeurs de la côte acar-
nanienne, légende ou réalité ?, in Littérature gréco-romaine et géographie
historique, Mélanges offerts à Roger Dion, Paris, 1974, p. 45-53.
12. Epitherses le grammairien, originaire de Nicée, est un personnage connu
par ailleurs : Steph. Byz. s. v. Nikaia ; son fils, le rhéteur Emilien, aussi :
Sénèque, Controv., X, 5, 25 ; Anth. Pal., IX, 756. Cf. R-E, supp. III, col. 23.
13. Telle est l'opinion, entre autres, de Kathleen O'Brien Wicker, in Hans
Dieter Betz (éd.), Plutarch's Theological Writings and early Christian Literature,
Leiden, 1975, p. 158 : « Legends characteristically begin with the naming of the
witnesses, cf. Lk. I, 2. »
14. On remarquera ici l'astucieux renversement de ce que serait l'expérience
« normale » de l'écho : au lieu de partir de l'homme pour lui revenir, renvoyé (et
transformé) par la nature, le message de la mort de Pan part de la nature et y
retourne, renvoyé par l'homme. Ce renversement (dans la mesure où il conserve
à 1' « événement » une structure familière) crée un effet de vraisemblance.
Relevons que, pour les Anciens, l'écho est volontiers plaintif et qu'il est relié à
Pan par un ensemble de traits symboliques (cf. Ph. Borgeaud, op. cit., n. 2,
p. 144-146).
10 Philippe Borgeaud
ration dans l'espace des deux épisodes répond donc elle aussi
à un besoin logique : elle permet de scinder l'invisible en un
émetteur et un récepteur (pluriel), et de faire apparaître
l'homme Thamous comme le simple véhicule d'un message
qui ne le concerne pas. Le récit témoigne, par cette habile
mise en scène, de la vérité de son propre message. Nous sommes
conviés à l'écoute du surnaturel.
La nouvelle de la mort du grand Pan ne signifie rien
(d'abord) pour les hommes qui l'entendent proférer ; ils n'en
retiennent que la peur ressentie à l'audition soudaine d'une
« voix ». Mais elle semble signifier quelque chose pour l'univers
d'où elle émane, cet « invisible » peuplé d'êtres qui
reconnaissent de qui l'on parle, et qui réagissent. Etablie de manière
apodictique, mais demeurant encore entièrement inexplicable,
la vérité de la mort du grand Pan a le statut d'un « monstre »,
d'un prodige dont il n'est pas possible de mettre en doute la
réalité, mais dont il convient, en un second temps,
d'interpréter le sens. L'énigme, ainsi posée, devient un signe ora-
culaire, un signe au sujet duquel il faut s'interroger. Et c'est
précisément ce qui se passe à Rome, dans le dernier épisode
du récit, à la cour de Tibère.
S'il est un point que personne, semble-t-il, n'a essayé
sérieusement d'éclaircir, c'est bien l'intérêt que Tibère, nous
dit le narrateur, accorda à l'aventure de Thamous. Intérêt
assez grand pour qu'il mobilise une équipe de « philologues »
(terme qui désigne probablement, ici, des spécialistes du
mythe : des connaisseurs de lôgoi). Les commentateurs nous
renvoient à la curiosité de cet empereur pour tout ce qui
concerne le surnaturel, et au plaisir qu'il prenait à de
minutieuses recherches en mythologie. On sait que Tacite, qui
n'aime pas Tibère, met l'accent sur sa crédulité. Il convient
cependant de reconnaître que les traits qu'il condamne
relèvent d'un sentiment et d'un comportement religieux
généralement partagés à l'époque. Tibère n'est guère exceptionnel.
Et surtout, dans le cas étudié ici, il ne s'agit de rien moins
que de la mort d'un dieu. Cela méritait une enquête. Cette
La mort du grand Pan 11
elle est proche sans doute de cette voix terrible dont parle
Virgile, qui s'élève dans le silence des bois, à la mort de César :
vox quoque per lucos volgo exaudita silentis ingens21.
De quel dieu s'agit-il dans l'histoire rapportée par Plu-
tarque ? D'un Pan particulier, étrange, dont l'épithète megas
(« le grand ») semble à première vue désigner l'appartenance
asiatique, et suggère le caractère ésotérique22. L'expression
Pan ho megas , ainsi que le nom porté par le pilote du navire
(« Thamous » ne se rencontre, dans toute la littérature
d'expression grecque précédant Plutarque, que dans le Phèdre
de Platon où il désigne un roi égyptien imaginé par Socrate,
à qui le dieu Tot présente l'invention de l'écriture)23, évoquent
un Orient plus ou moins fantastique, que parent les séductions
d'une sagesse exotique. Cela paraît bien propre à exciter la
curiosité de Tibère. Pan, sous d'autres appellations, n'est
certes pas un inconnu pour l'empereur, dont nous avons dit
qu'il connaissait bien la mythologie et dont nous savons, par
exemple, qu'il fit construire pour ce dieu un sanctuaire
derrière le théâtre d'Antioche24. Rappelons aussi qu'une cité de
Palestine (Trachinitide), qui portait le nom de Pan (Paneas,
Panias ou Paneion : aujourd'hui Banyas en Syrie, sur le
versant nord-ouest du mont Hermon) fut rebaptisée Césarée
en l'honneur de Tibère, par Philippe le Tétrarque, fils d'Hérode
le Grand25. Dans cette Paneas destinée à devenir la Césarée
de Philippe, Hérode le Grand avait fait élever un sanctuaire
à la divinité d'Auguste, près d'un fameux sanctuaire de Pan
Steph.
26. Jos.,
Byz. s.Ant.
v. Pania
Iud., XV,
; Cedr.,
360-364
I, p.; 323,
cf. Bell.
13 ; Le
Iud.,
Bas-Waddington,
III, 514 ; Solin,
III,35,
1891-
1 ;
1894 ; à partir de Marc-Aurèle des monnaies représentent le témenos de Pan à
Césarée Paneas : Brit. Mus. Cat. Coins Galaîia, p. lxxx-lxxxii, pi. XXXVII,
7 et p. 299 ; voir aussi The Princeton Encyclopedia of Classical Sites (R. Still-
well éd.), Princeton, 1976, article « Paneas ». Une fête annuelle regroupait dans
ce sanctuaire de nombreux pèlerins venus pour assister à un rituel « miraculeux » :
le dieu faisait disparaître la victime sacrifiée sur la source {iêi toû dalmonos
dunàmei aphanès ginesthai paradoxes, Eus., HE, VII, 17). Eusèbe rapporte
comment le sénateur chrétien Astyrios, au me siècle, mit fin à ce rituel en
invoquant le Seigneur qui fit réapparaître la victime rejetée par les eaux. Sur cet
épisode voir Marta Sordi, II Cristianesimo e Borna (op. cit., n. 18), p. 290-291.
27. CI G 4538 (Kaibel 827 b).
28. O. Kern, article Diopan, B-E (1903), col. 1046.
29. F. H. Cramer, Astrology in Boman Law and Politics, Philadelphia, 1954,
p. 99-104.
30. Sur le Capricorne, voir H. G. Gundel, article Zodiakos, B-E (1972) ;
Id., Imagines zodiaci, in Hommages à M. J. Vermaseren, Leiden, 1978, p. 438-
454 ; cf. W. Hubner, Corpore semifero, ekphrasis Oder metamorphose des Stein-
bocks ? », Hermes, 108 (1980), p. 73-83. Bapport Pan- Capricorne : attesté dès
l'époque alexandrine ; les témoignages sont réunis par W. H. Roscher, Die
Elemente des astronomischen Mythus vom Aigokeros, Neue Jahrbùcher fur
Philologie und Paedagogik, 151 (1895) = Jahrbùcher fur classische Philologie,
41 (1895), p. 333-342 ; voir aussi le dossier cité infra, n. 35, autour de Ps.-Erat.,
Catast., I, 27. Bapport Capricorne-Auguste : Boll et Gundel, Sternbilder,
Sternglauben und Sternsymbolik bei Griechen und Rômern, in Lexikon der
griechischen und rômischen Mythologie (W. H. Roscher éd.), vol. VI, Nach-
La mort du grand Pan 15
trâge, 1937, col. 972 ; Cramer (op. cit., n. 29), p. 99. Les « lieux classiques » sont
Suétone, Auguste, 94, 11 et Manilius, II, 507-508. Cf. H. Mattingly and
E. A. Sydenham, The Roman Imperial Coinage, vol. I, p. 48, 61-64 ; pi. II, 29.
Sur la fameuse Gemma Augustea de Vienne, le signe du Capricorne et l'aigle de
Jupiter encadrent la figuration d'Auguste : cf. F. Eichler et E. Kris, Die
Kameen im Kunsthistorischen Museum, Vienne, 1927, p. 52 sq.
31. Sous Tibère, « The divine Augustus is commemorated on sestercii by
the interesting device of the capricorns, his natal sign, supporting a shield
encircled by an oak-wreath and by his statue on a processional car drawn by
four elephants » (H. Mattingly and E. A. Sydenham, op. cit., n. 30, p. 101 ;
cf. pi. vu, 112). Le Capricorne se retrouve sur une émission africaine frappée pour
Galba [op. cit., p. 180, 188) ; en 75 et en 79, sous Vespasien, le signe du
Capricorne tenant le globe, accompagné de la cornucopia, se voit au revers du portrait
de l'Empereur [op. cit., vol. II, 1926, p. 24 et 27) ; sous Titus [ibid., p. 324) ;
et sous Antonin Pieux (entre 140 et 144) : loc. cit., vol. III, p. 118 ; sous Pescen-
nius Niger, à Antioche, on frappe toujours monnaie à l'effigie du Capricorne
(entre 193 et 194) : < The capricorns holding shield, on which are seen stars
(« Iusti Aug. ») apparently represent the fortunate horoscope of the 'Just'
Emperor. As natal sign of Augustus the Capricorn had attained such fame that
it was probably willingly adopted as such by many of his successors » (H.
Mattingly and E. A. Sydenham, op. cit., IV, part I, 1936, p. 21 ; cf. pi. 2, 5).
32. F. H. Cramer (op. cit., n. 29) ; P. Boyancé, L'astrologie dans le monde
romain, Bulletin de V Académie royale de Belgique, 61 (1975), p. 266-285. Cf. aussi
les œuvres classiques de A. Bouché-Leclercq, Histoire de la divination dans
VAntiquiié, t. IV, Paris, 1882 et F. Cumont, Astrology and Religion among
Greeks and Romans, London-New York, 1912.
33. Cassius Dio, 55, 31 ; Cramer, loc. cit., p. 99; Boyancé, loc. cit., p. 277.
16 Philippe Borgeaud
vers les astres soulevé par Pan-Capricorne, crée sur terre une
sorte de peur panique, menaçant l'ordonnance et l'équilibre
de l'Empire.
C'est dans ce contexte d'idéologie impériale riche en
métaphores astrologiques et mythologiques qu'il convient, d'abord,
de situer l'intérêt accordé par Tibère au bruit qui se répand
dans Rome, venu des provinces orientales36, annonçant la
mort du grand Pan. Ce prodige, qui ne pouvait pas laisser
Tibère indifférent, signalait peut-être à ses yeux et à ceux de
ses contemporains la possibilité d'un danger menaçant le
pouvoir hérité d'Auguste, ou encore l'existence d'un doute
relatif à l'immortalité (astrale) de l'empereur. On comprend
dès lors la nature satisfaisante, et somme toute prudente, de
la réponse des philologues : si ce grand Pan n'est autre que
l'Arcadien vénéré à Athènes, fils d'Hermès et de Pénélope
(et non pas le Cretois, fils de la Chèvre, frère de lait et allié
de Zeus, métamorphosé en Capricorne céleste), il n'y a pas lieu
de trop s'inquiéter. Pour l'Empire, la menace est exorcisée,
le silence se fait sur une énigme rendue volontairement
indéchiffrable.
**
37. Pl., Crat., 408 c-d ; cf. h. Horn. Pan (XIX), 47 ; H. Orph., XI, 1 ; Cor-
nutus, 27.
La mort du grand Pan 19
42. Heinrich Heine, Ueber Ludwig Boerne, Buch II, 1840 (Ed. Hamburg 1862
Sâmtliche Werke, 12, p. 73).
La mort du grand Pan 21
43. D'après cet auteur, la légende de la mort de Pan « est devenue plus
populaire dans la littérature occidentale que beaucoup de légendes d'un sens
plus clair ou d'une moralité plus élevée ». Il ne se demande pas pourquoi.
22 Philippe Borgeaud
50. Non pas Thamous... Pàn ho mégas téthnêke, mais : Thamous panmégas
télhnike. Reinach fait bon marché du texte de Plutarque où l'appel adressé à
Thamous est séparé de l'annonce de la mort de Pan par la désignation des lieux
où cette annonce doit être répétée : hopôtan génëi katà td Palêdes, apàggeilon
hôti Pàn ho mégas téthnêke.
51 . Reinach se contente de relever avec désinvolture qu'on devait
certainement rencontrer des Syriens (ces marchands !) sur toutes les côtes.
52. Bibliogr. [10].
53. Bibliogr. [24].
54. Bibliogr. [30].
26 Philippe Borgeaud
64. Dans une lettre au prêtre Paulin (Epist., LVIII, 3) : Bethléem nunc
nosiram, el augustissimum orbis locum de quo psalmista canit : * Veritas de terra
orta est », lucus inumbrabat Thamuz, id est Adonidis, et in specu ubi quondam
Christus paruulus uagiit Veneris amasius plangebatur. Ce passage s'inscrit dans
un développement sur l'ambiguïté de la géographie sacrée (soit : les lieux saints
sont trop saints pour qu'un pécheur ose les visiter ; soit : ce sont des lieux sans
importance, puisque l'Esprit Saint habite en chacun, selon la parole de Paul) ;
il est précédé immédiatement d'une évocation de la profanation de Jérusalem
par Hadrien ; on a voulu en déduire que le culte d'Adonis, à Bethléem, fut aussi
introduit par Hadrien ; cela est très peu probable : on sait qu'Hadrien ne visait
pas les Chrétiens, mais bien les Juifs, quand il romanisait Jérusalem et ses cultes
(cf. M. Sordi, // Cri8tianesimo e Roma, p. 427) ; d'autre part, cet empereur
passionné par le panthéon grec ne s'intéressait que fort peu aux divinités locales des
provinces « barbares » (J. Beaujeu, La Religion romaine à Vapogèe de VEmpire,
I, La politique religieuse des Antonins, Paris, 1955, p. 258). On voit donc mal
pourquoi il aurait institué le culte d'Adonis-Thamous à Bethléem. Nous n'avons
aucun autre témoignage de ce culte en cet endroit (cf. A. M. Schneider, article
Bethléem, Reallexikon fur Antike und Christentum) ; mais Jérôme, qui y a
séjourné, demeure un bon témoin.
65. Charles Vellay, Le Culte et les fêtes d1 Adonis-Thammouz, Paris, 1901,
p. 179 sq. ; cf. M. Bruckner, Der sterbende und auferstehende Gottheiland,
Tubingen, 1908 ; W. Graf Baudissin, Adonis und Esmun, Leipzig, 1911, p. 522.
38 Philippe Borgeaud
BIBLIOGRAPHIE