Barrage (Nord-Cameroun) : Lagdo

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Le barrage de Lagdo

(Nord-Cameroun)
Impact sur les plaines d'inondation
de la Bénoué

Benjamin Ngounou Ngatcha


Géographe
Roger Njitchoua
Géographe
Emmanuel Naah
Hydrologue

D'après Dejoux (1988), les barrages et les systèmes d'irrigation


qui leur sont associés vont permettre un développement agricole
dans les régions très défavorisées, et il sera possible de créer la vie
où il n'y avait que désert ou bien de fabriquer l'électricité
essentielle à l'économie. Toutefois, le bilan n'est pas que positif, et
beaucoup de plans d'eau artificiels s'accompagnent d'un impact
très critique. Le barrage de Lagdo a été construit entre août 1977 et
juillet 1982 sur le cours de la Bénoué. La retenue à l'amont de ce
barrage a un potentiel de 7,7 milliards de m3. La surface noyée à la
cote 216 (niveau normal de la retenue) est de 697 km2. En aval du
barrage de Lagdo s'étendent de vastes plaines alluviales inondables
favorables à la culture pluviale, la culture de décrue, la culture de
submersion. Les travaux de Naah (1981), Tchoué (1983) et Olivry
(1986) sur les ressources en eau du Cameroun ont prêté peu
d'attention aux plaines inondables. De plus, depuis plus d'une
décennie, le réseau d'observation hydrométrique qui comptait huit
stations est actuellement abandonné, ce qui se traduit par la
précarité des données hydrologiques actualisées. Pourtant, la
gestion intégrée durable des plaines inondables nécessite que les
données environnementales de base- notamment hydrologiques -
456 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

de chaque plaine soient connues (Oberlin et ai, 1993 ; Kassah,


1994 ; Charmard et ai, 1997 ; Gepis, 2000) afin de sauvegarder
des profits que les usagers de ces zones en retirent, de garantir la
durabilité des systèmes d'exploitation respectueux de
l'environnement et de maintenir la biodiversité (Poncet et Orange,
2000 ; Sally, 2000).
La présente étude met en évidence les multi-usages du barrage de
Lagdo et des aménagements des plaines d'inondation associées,
ainsi que les problèmes liés à la mise en service du barrage.
L'objectif est de déterminer les actions à entreprendre pour
garantir la rentabilité et la durabilité de l'exploitation des
ressources naturelles des plaines d'inondation de la Bénoué.

I Principales caractéristiques
de la zone d'étude
Caractéristiques hydroclimatiques
du bassin de la Bénoué
Les connaissances hydroclimatiques du bassin de la Bénoué
(fig. 1) sont dues aux travaux de Naah (1981), Tchoué (1983) et
Olivry (1986). Le bassin de la Bénoué est soumis à un climat
tropical à deux saisons : une saison sèche (novembre à avril) et une
saison humide (mai à octobre). Ce climat détermine deux saisons
de production agricole : de juillet à septembre en culture pluviale,
d'octobre à mars en culture irriguée. Le régime hydrologique de
type tropical pur est caractérisé par une période de hautes-eaux
(juillet à octobre avec le maximum en août / septembre) et une
période de basses-eaux (janvier à mai avec étiage au mois d'avril).
La pluviosité augmente progressivement sur l'ensemble du bassin
à partir du mois de mai en raison de l'avancée du front intertropical
vers le nord. La pluviométrie moyenne annuelle varie de 600 à
1 400 mm selon les années et les secteurs tandis que la température

moyenne annuelle varie entre 22 et 28 °C.


A la frontière du Nigeria, le réseau hydrographique du bassin de la
Bénoué est constitué essentiellement des réseaux de trois bassins
secondaires de tailles pratiquement équivalentes : le bassin de la
B. N. NGATCHAef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) '457

haute Bénoué, le bassin du mayo Kébi et le bassin du Faro (qui


n'est évoqué ici que pour mémoire car il n'a aucune influence sur
notre zone d'étude). Chacun de ces bassins présente des
particularités de régime. La Bénoué prend sa source à 1 300 m
d'altitude sur le plateau de l'Adamaoua ; elle constitue le principal
tributaire du fleuve Niger et le collecteur majeur du Niger inférieur
sur le plan des apports. Jadis, le régime hydrologique de la Bénoué
à Riao caractérisait le régime de la Bénoué en amont de la
confluence avec le mayo Kébi. Le tableau 1 présente les débits
moyens mensuels et annuels de la Bénoué et du mayo Kébi,
comparables sur 25 ans avant la construction du barrage aux
stations de référence de Riao, Cossi et Garoua. Les débits moyens
les plus forts sont observés en septembre tandis qu'avril est le mois
de plus basses-eaux. On retrouvait à Garoua les principales phases
de crues de Riao, auxquelles les crues du mayo Kébi venaient se
superposer. A Riao, le maximum de crue survenait en septembre ;
en 1966, il a atteint 3 428 m3 s"1. A Garoua, le débit maximum de
crue observé fut de 6 130 m3 s"1 le 26 août 1948, le débit journalier
correspondant à cette crue étaient de 5 970 m3 s"1 (Olivry, 1986).

I Tableau 1
Débits moyens (en m"'_3_-1\
s"') de la Bénoué et du mayo Kébi
aux stations de références (Tchoué, 1983 ; Olivry, 1986).

Mois Bénoué à Riao Mayo Kébi â Cossi Bénoué à Garoua


(1930-1980) (1954-980) (1930-1980)
Avril 1,5 1,5 2,8
Mai 5,5 6,4 13
Juin 34 48,5 91
Juillet 230 143 319
Août 837 307 1055
Septembre 1268 353 1670
Octobre 506 155 730
Novembre 82 77 154
Décembre 24 44 55
Janvier 8 19,5 24,5
Février 2 7 12
Mars 2,5 2,5 5

Débit annuel 250 97 350


458' Gestion intégrée des zones inondables tropicales

Légende
éÎBy
Camftouap-WvY
Limite du bassin
Garoua
. Limite des frontières
Zone d'étud Station hydrométrique
/ \ de référence
250 Km

<' Ngaoundéré J Cours d'eau


/ "v"

y Tibati \
i »
Barrage de Lagdo

\Jg»l« Yaoundé

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Yagouas.
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Kelo

TCHAD

100 Km »

I Figure 1

Localisation de la zone d'étude et bassin versant de la Bénoué.


B. N. Ngatcha ef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) T 459

Caractéristiques des plaines d'inondation


de la Bénoué
Dans la plaine d'inondation de la Bénoué, Welcomme (1979 in
Drijver et Marchand, 1985) distingue trois plaines alluviales : la
plaine alluviale du delta côtier caractérisée par la remontée d'eau
saumâtre jusqu'à 200 km en amont ; la plaine alluviale frangeante
qui représente la zone inondable de chaque côté du fleuve ; le delta
central dans lequel le bras principal du fleuve se résout en
ramifications drainant une immense plaine alluviale avant de
regagner le lit principal en-deçà de la zone deltaïque.
Selon Ouadba (2000), il existe aussi de larges zones de
comblements, correspondant à d'anciens lacs, au relief
extrêmement plat mais en pente très faible, qui reçoivent les
débordements de certains fleuves (cas de la plaine du Logone,
extrême Nord Cameroun). La figure 2 montre l'importance des
zones d'inondation tant sur la Bénoué que sur le mayo Kébi. Les
zones d'inondation du bassin de la Bénoué rentrent dans la
catégorie des plaines frangeantes. La superficie totale de ces
plaines est estimée à 1 000 km2 et le potentiel à aménager est de
820 km2, soit 82 000 ha.
La Bénoué est un cours d'eau au lit essentiellement sableux qui
connaît des variations lors des passages des crues importantes.
D'après Olivry (1986), la Bénoué coule dans une large vallée avec
ses plaines de déversement dépassant parfois cinq et même dix
kilomètres de largeur, ses méandres morts ou ses mares restent en
eau toute l'année. Le paysage général est caractérisé par une plaine
interrompue par des petites collines (de 100 à 200 m d'altitude),
parcourue par un réseau de cours d'eau à caractère saisonnier (les
mayos) et dominé par la Bénoué et son affluent le mayo Kébi
(Minplat, 1993). A Lagdo, deux inselbergs de granité dominent la
plaine, celui de Douka et celui de Lagdo.
A l'aval de Lagdo, les zones de débordement peuvent aboutir à de
vastes plans d'eau, tel le Vimede Douloumi qui couvre en rive
droite plus de 1 000 ha au droit d'Adoumari. Après son confluent
avec le mayo Kébi, la vallée est bien marquée, séparée des zones
inondables par les bourrelets de berge sur lesquels se développe
une végétation arborée. La végétation dominante est une savane
arbustive laissant la place dans les zones dégradées à une steppe
peuplée d'épineux.
460 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

Légende

Station hydrométrique de référence


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IFigure 2
Localisation de la retenue de Lagdo et des zones inondables.

Avec une pluviométrie annuelle de 1 000 à 1 200 mm, la capacité


de charge de la savane est élevée et assure du fourrage au bétail
pendant une assez longue période de l'année. Les berges du fleuve
Bénoué représentent les principales surfaces de compensation pour
la perte des ressources fourragères de la région. Ainsi ces plaines
jouent un rôle indispensable à la survie de l'élevage nomade et
semi-nomade dans la région en fournissant des pâturages au cours
de la saison sèche.
B. N. Ngatcha ef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) T 461

Rôles du barrage de Lagdo


Production d'électricité
et amélioration de la navigabilité
Le barrage de Lagdo a pour vocation principale la production
d'énergie électrique. Pour un fonctionnement interannuel moyen
de 4 470 heures, la productivité annuelle moyenne est de
291 G wh an". Ce potentiel hydroélectrique est suffisant pour
desservir l'ensemble du Nord-Cameroun et exporter probablement
une quantité d'électricité vers les pays voisins. Grâce aux lâchers
d'eau du barrage qui sont étalées sur toute l'année pour permettre
la génération continue d'électricité (en supprimant néanmoins les
crues), la Bénoué, qui était caractérisée par des déficits saisonniers
(elle tarissait souvent complètement en avril ou en mai), ne sera
plus à sec, sauf en cas de sécheresse exceptionnelle ou persistante
(cas de la sécheresse de 1997). La disponibilité en eau est
maintenant garantie pendant toute l'année. ,

Depuis 1950, le problème de l'amélioration de la navigabilité de la


Bénoué s'est posé. D'après Olivry (1986), les études avaient
montré que la navigation entre le confluent du Faro et Garoua était
possible pour un tirant d'eau de 1,35 m (débit de 400 m3 s"1) tandis
que plus en aval la navigation n'était possible au seuil d'Ouro-Boki
(Nigeria) que pour un débit de 1 000 m3 s"1. La régularisation par le
barrage de Lagdo devrait permettre de garantir la navigation
pendant 140 jours.

Développement de l'agriculture
La politique agricole s'est orientée vers la culture irriguée afin de
diversifier la production agricole en introduisant le riz et la canne à
sucre. Pour alimenter en eau les irrigations, deux prises d'eau ont
été prévues de part et d'autre de la Bénoué. Le potentiel total de
ces deux prises permet la mise en valeur de 13 000 ha irrigués. Le
canal principal de la rive droite a une capacité de 14 m3 s*'tandis
que celui de la rive gauche est de 9 m3 s"1. La modernisation de
l'agriculture a permis de diffuser des techniques agricoles
améliorées et d'obtenir des bons rendements. Par exemple, les
462 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

rendements moyens du paddy dans les parcelles aménagées sont


pratiquement les mêmes en saison des pluies qu'en saison sèche
(3,5 t ha"1). Par ailleurs, grâce à la submersion contrôlée, l'eau est
disponible toute l'année, on peut donc pratiquer deux cultures par
an sur une même parcelle. Ainsi, la sécurité alimentaire peut être
étalée sur une plus longue période. Enfin, les cultures maraîchères
(tomates, laitues, carottes, légumes locaux, melons, courgettes...)
ont également pris une extension très importante. Elles ont été
stimulées par la forte demande des grandes villes (Garoua, Maroua
et Ngaoundéré). La culture de mouskouari a été redynamisée avec
l'afflux de migrants. Sa production représente 30 % de la
production des céréales.

Développement de la pêche
Le développement de la pêche dans la retenue de Lagdo
correspond à un processus spontané dès la mise en eau du barrage.
En quelques années, la ressource halieutique abondante et la crise
écologique (sécheresse) dont souffrent d'autres bassins, ont attiré
sur les rives de la retenue une population importante de pêcheurs
de différentes ethnies, provoquant ainsi un flux migratoire en
provenance de l'extrême Nord du Cameroun, du Nigeria, du Tchad
et, à un degré moindre, du Mali. Cette situation favorable a poussé
de nombreux autochtones à se consacrer toujours davantage à la
pêche, en l'intégrant aux activités agricoles et/ou d'élevage
traditionnelles (Minplat, 1993). Le nombre de pêcheurs est passé
de moins de 400 en 1983 à 2 350 en février 1992. Parmi ces
pêcheurs, 65 % environ pratiquent l'agriculture. A Lagdo, 63 %
des captures sont représentées par la famille de Cichlidae, dont
90 % de Sarotherodon galilaeus. La productivité dans la retenue
de Lagdo est passée de 157 kg ha"1 an"1 en 1985 pour une surface
totale de 50 000 ha et une densité de 2,4 pêcheurs par km2 à
205 kg ha"1 an"1 en 1990 pour une surface totale de 60 000 ha et
une densité de 6,4 pêcheurs par km2.

Evolution des surfaces cultivées


et actions secondaires
Pendant la période de 1980 à 1991, la population est passée de
53 800 habitants à 205 602 habitants, soit une augmentation de
B. N. NGATCHAef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) '463

151 802 habitants. Parallèlement, la superficie cultivée est passée


de 15 338 ha en 1980 à 65 752 en 1991 (tableau 2). L'ouverture de
terres agricoles a suivi la courbe d'évolution de l'augmentation de
la population due aussi bien à l'arrivée et à l'installation des
migrants qu'à la croissance naturelle de la population. La
croissance démographique a entraîné la mise en culture
permanente de certaines parcelles autrefois cultivées pour
l' autoconsommation en jachères longues. Tout ceci a eu pour
conséquence l'élargissement du marché de l'emploi.
L'aménagement de la vallée de la Bénoué a également créé toutes
sortes d'activités secondaires, comme les constructions de la route
Garoua-Lagdo, du pont sur le mayo Kébi, des écoles, des
infrastructures sanitaires, des usines... Grâce aux infrastructures
économiques et sociales réalisées, les habitants ont atteint un
niveau de vie souvent de loin supérieur à celui connu dans leur
zone d'origine.

I Tableau 2
Evolution des superficies globales cultivées (en hectares)
et de la population (d'après Minplat, 1993).

Cultures (ha) 1980/81 1983/84 1987/88 1990/91

Sorgho 7 742 14 284 18 821 15 502


Mouskouari 2 011 5130 5 490 10 097
Arachide 1925 5 241 8 294 8182
Maïs 830 1230 7 656 15 331
Coton 2 830 11251 18 502 16 640

Superficie totale cultivée (ha) 15 338 37136 58 763 65 752


Populations (hab.) 53 800 116 175 161 605 205 602

1 Impact du barrage de Lagdo


sur les ressources naturelles
Incidences sur les écoulements
La création du barrage de Lagdo s'est traduite par la
transformation du fleuve Bénoué en amont de Lagdo en une
464 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

retenue artificielle. En aval du barrage, le régime de la Bénoué a


été radicalement modifié, ce qui se traduit par :
- la suppression des crues ;
- la diminution de l'étendue des zones inondables : la surface
inondable est passée de 1 000 km2 à environ 670 km2, ce qui
représente une perte de l'ordre de 33 %, soit 33 000 ha de terres de
cultures perdues ;
-l'assèchement de nombreuses cuvettes naturelles submersibles
favorables à la culture traditionnelle de mouskouari ;
- la baisse du plan d'eau qui laisse à découvert de grandes surfaces
vaseuses ;
- la diminution du transport solide dans les eaux.

Incidences sur la culture du mouskouari


Dès la mise en eau de la retenue de Lagdo en 1982, la suppression
des crues qui rendaient possible, à la décrue, la culture de
mouskouari (sorghos repiqués sur les vertisols), base de
l'alimentation traditionnelle locale, a suscité la plainte des paysans.
Afin de permettre à la population de la région de cultiver le
mouskouari comme elle pouvait le faire traditionnellement avant la
construction du barrage de Lagdo, le gouvernement camerounais a
financé la construction à Garoua, Pitoa, Guebake et Langui Bé,
d'une série de digues ayant pour but de reconstituer
artificiellement les inondations de la Bénoué. Ces digues qui ont
été dimensionnées de manière à pouvoir contenir et évacuer des
crues correspondant à une pluie cinquantenaire permettent de
retenir les eaux des bassins versant latéraux (et non les eaux de la
Bénoué) et de sauvegarder près de 5 240 ha de vastes dépressions
représentant les meilleures terres à mouskouari. Malgré
l'importance de ces digues, leurs constructions ont également
entraîné la perte de quelques terres de cultures.

Incidences sur la forêt, le pâturage et les sols


Dans le bassin de la Bénoué, la forêt fournit du bois d'2uvre pour
les constructions et du bois de chauffe pour les ménages. Les
besoins en bois de chauffe encouragent les populations démunies
de ressources à couper le bois pour le commercialiser. La
dégradation du milieu naturel est donc accentuée par la
B. N. Ngatcha ef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) T 465

déforestation presque intégrale de la région et l'augmentation du


braconnage. D'après Scholte (2000), le braconnage réduit la taille
des cheptels, l'anthropisation de leurs parcours de migration
traditionnels désoriente les animaux et occasionne une divagation
peu compatible avec les activités agricoles. Par ailleurs, l'élevage
transhumant et l'influence des feux de brousse tardifs contribuent à
dénuder le sol. L'épuisement des sols est en outre favorisé par les
méthodes culturales pratiquées consistant à déboiser le terroir, le
cultiver jusqu'à épuisement et recommencer le processus sur une
terre vierge. La terre abandonnée reste dénudée et soumise à
l'érosion (Minplat, 1993).
L'augmentation de la population et des zones cultivées s'est
traduite par une diminution des surfaces de pâturage (14 000 ha),
une dégradation poussée des terres à vocations agricoles dans le
périmètre immédiat de la ville de Garoua, l'accroissement sensible
de tension entre agriculteurs et éleveurs... En effet, il y a
actuellement plus de 200 000 têtes de bétail sur une surface
pastorale estimée à 924 000 ha, ce qui donne une charge de 4,6 ha
par tête au lieu des 7 ha communément admis comme norme sur ce
genre de terrain (Minplat, 1993).
En aval de Garoua, la Bénoué a un lit relativement étroit et
profond. Elle trace des méandres réguliers qui provoquent une
érosion latérale intense des berges argilo-sableuses. Les alluvions
apportées autrefois lors des crues, élément clef de la conservation
des sols exploités intensivement et continuellement ont quasiment
disparu depuis la construction du barrage. De plus, la réduction de
la teneur en boue du fleuve modifie l'équilibre alluvionnaire des
plaines inondables et se traduit finalement par une diminution de la
fertilité des sols.

Effets des fortes crues et des sécheresses


Le bassin de la Bénoué est marqué par une alternance de périodes
humides et de périodes sèches. La période de cette alternance est
peu variable : de l'ordre de 10 ans en moyenne.
En 1988, on a assisté pour la première fois au remplissage de la
retenue jusqu'à la cote 216 m. La crue maximale enregistrée à
Garoua était de 1 946 m s" . Le barrage par ses lâchers
intempestifs associés aux crues des bassins intermédiaires et le
mayo Kébi ont constitué une grave menace pour les infrastructures
466 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

mises en aval. D'après Consultants Associés (1997), trois


catégories de dégâts dont le coût de réparation s'est élevé à
200 millions de F CFA, ont été observées : brèches sur les digues
(départ complet d'un tronçon de digue), griffes d'érosion
régressive du parement aval dues à la dissipation d'énergie du
ressaut, destruction de la protection en enrochement.
A l'opposé, en 1997, la pluviométrie a été très faible dans
l'ensemble du bassin (moins de 1 000 mm). Le niveau de la
retenue a tellement baissé que la distribution d'électricité a été
réduite. Accessoirement à cette réduction, de vastes étendues de
terres fertiles sont demeurées hors de l'eau pendant plusieurs mois.
Seules les parties les plus basses de la vallée ont été inondées. Le
calendrier agricole et les transhumances ont été affectés. La
sécheresse a donc réduit la productivité fourragère et les activités
pastorales. De nombreux pasteurs ont nomadisé sur de longues
distances pour nourrir leur bétail. Ceci a entraîné le surpâturage de
certaines zones et la surcharge générale en ruminants. Les
systèmes de cultures de décrue ont été déstabilisés. Certaines
cultures se sont soldées par des échecs. Les captures de poisson ont
été maigres et les revenus tirés de la pêche ont diminué. Il y a eu
une augmentation du taux de mortalité animale.

Effets secondaires
Incidences sanitaires
La création d'une grande étendue d'eau stagnante a favorisé la
reproduction de moustiques et d'autres vecteurs de maladies
(onchocercose, amibiase, paludisme, ...). Le paludisme reste
endémique et présente le plus grand taux de morbidité, surtout
chez les enfants de 0 à 5 ans. La bilharziose à Schistosoma
haematobium se manifeste le long des cours d'eau et des marres.
Les enfants qui jouent dans les eaux contaminées sont
généralement les plus exposés. L'onchocercose est maintenant
fréquente dans les eaux situées en amont de la retenue.
La forte densité de la population à Djipordé, le seul point habité en
bordure de la retenue de Lagdo où les activités artisanales et
commerciales (poissons) sont très développées, pose le problème
des conditions hygiéniques et sanitaires. A Djipordé, le manque
d'eau potable et l'inexistence de latrines, de canaux de drainage
des eaux, de systèmes de ramassage des ordures, ainsi que de tout
B. N. Ngatcha ef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) T 467

autre service nécessaire à la cohabitation de milliers de personnes


(de 8 000 à 10 000 habitants) en un espace si restreint, provoque
régulièrement de graves problèmes sanitaires (épidémies de
choléra, ...). En effet, au bord du barrage, la même eau est utilisée
sans distinction d'aucune sorte, pour tous les types d'activités ou
de nécessités humaines. Par ailleurs, les nombreuses habitations,
construites en paille et en boue séchée, entassées les unes sur les
autres sont en permanence exposées aux risques d'incendies. Le
non respect du calendrier agricole par les paysans et le non suivi
des normes d'irrigation entraînent des effets négatifs sur les
infrastructures existantes et sur la qualité des eaux. En effet,
l'utilisation de l'engrais minéral pour la culture du riz, du coton et
du maïs constitue une menace considérable sur la qualité de l'eau
et par conséquent sur la santé humaine. Enfin, les populations
migrantes sont surtout attachées aux petits ruminants qui sont
malheureusement soumis à des épidémies dévastatrices. Les
glossines devraient constituer à brève échéance une contrainte
grave de l'élevage dans la zone.

Effets résultant de la conception des ouvrages


Les parcs de Bénoué et de Bouba-Ndjida représentent pour la
région un facteur essentiel de la conservation de la flore, de la
faune et des processus écologiques originels ainsi que du
développement du tourisme. En amont de la retenue de Lagdo, les
aménagements entravent la migration de la faune sauvage qui avait
coutume de longer les rives boisées du fleuve situées entre le parc
de Bénoué et le parc de Bouba-Ndjida. La construction du barrage
entrave également la migration saisonnière des poissons vers les
plaines inondables. La construction des digues en aval du barrage a
détruit certaines frayères indispensables à la survie des poissons
qui peuplent les plaines alluviales de la Bénoué.

I Stratégies de développement
des plaines inondables

La diversité des fonctions du barrage de Lagdo exige l'adoption


d'actions diverses pour une gestion coordonnée des ressources
468 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

naturelles. Comment faire pour promouvoir l'agriculture, l'élevage


et la pêche, améliorer la navigation, éviter les conflits d'usage,
établir un équilibre naturel entre le barrage et son environnement
sans toutefois pénaliser la distribution d'énergie électrique ?
Pendant la construction du barrage, le gouvernement camerounais
a créé à Garoua la « Mission d'étude et d'aménagement de la
vallée supérieure de la Bénoué » (MEAVSB). Cette mission avait
en charge la formation des paysans dans les techniques agricoles,
la préparation des terres, l'octroi des crédits d'intrants (semence,
engrais, pesticides), la maintenance des ouvrages... Les moyens
institutionnels et organisationnels mis en place par l'Etat
camerounais à travers la MEAVSB montre bien que les pouvoirs
publics sont favorables à la gestion intégrée des ressources
naturelles dans le bassin de la Bénoué. Malheureusement la crise
économique persistante oblige l'Etat à se désengager de ces
fonctions. Ainsi le succès de la gestion intégrée des ressources
naturelles dans les zones inondables de la Bénoué est un défi à
relever plutôt qu'une recette à appliquer. Le défi consiste à tenir
compte de plusieurs contraintes : sociales, culturelles, techniques,
économiques, naturelles ...

Contraintes socioculturelles
Selon Vincke (2000), la gestion foncière est l'expression formelle
de l'organisation et de la gestion de l'espace et des activités
humaines. Les contraintes sociales dépendent des attributions des
parcelles et de la gestion de ces attributions par les chefs
coutumiers. Dans le nord Cameroun en général, et le bassin de la
Bénoué en particulier, l'une des plus grave contrainte à la gestion
des ressources naturelles est liée à l'absence de régime foncier qui
garantit l'accès et l'utilisation des terres. En effet, l'absence de
statut de propriété - voire même de statut d'usufruit codifié et
institutionnalisé - n'encourage par les migrants à s'investir dans
les terrains mis à leur disposition. On constate plutôt une tendance
très générale au débordement des pratiques ancestrales.
Malheureusement, le système foncier traditionnel est remis en
cause par les populations de plus en plus nombreuses, qui ont
besoin d'obtenir des superficies de plus en plus considérables pour
leur survie. Par ailleurs, la grande diversité de langues et de
cultures ethniques (plus de 50 ethnies) rassemblées autour de la
retenue de Lagdo représente un obstacle au développement.
B. N. Ngatcha ef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) 469

Pour résoudre les nombreux conflits fonciers, l'Etat devrait donc


penser à une législation, base d'une gestion rationnelle de l'espace
rurale et du règlement des tensions entre agriculteurs et éleveurs.
L'exemple de la localité de Naari, où la commission de gestion des
ressources naturelles constituée essentiellement de Mbororos a
procédé au bornage des pistes à bétail et, qui a permis de délimiter
des zones à vocation agricole et à vocation pastorale, est à suivre.

Conversion à l'agriculture irriguée


La pratique de l'irrigation nécessite la mécanisation de nombreuses
opérations culturales (labour, hersage, enfouissement de l'engrais
et de résidus organiques). Le coût élevé de l'irrigation commande
le développement de l'agriculture irriguée à petite échelle plus
facile à gérer et à contrôler. En effet, les populations pauvres des
milieux ruraux accueillent rarement avec enthousiasme le transfert
de technologie. L'expérience des petits périmètres irrigués dans le
bassin du fleuve Sénégal (Seck, 1986) a montré la capacité
d'adaptation des populations et la nécessité d'intégrer la dimension
humaine et sociale comme composante à part entière du
développement hydroagricole du bassin. Il est évident qu'avec la
croissance démographique rapide, l'évolution vers une agriculture
plus intensive et irriguée semble inévitable. Pour y faire face, il
faudrait insérer l'irrigation dans l'activité des paysans. Par ailleurs,
l'encadrement des paysans demeure nécessaire pour améliorer
leurs connaissances sur les techniques de certaines cultures comme
le riz. Cet encadrement peut se faire à travers des séminaires et des
stages dans les régions productrices de riz et par la mise en place
d'une structure légère composée d'animateurs qu'on pourrait
même choisir parmi les paysans les plus doués.
Il y a peu d'espoir de parvenir à une gestion durable des ressources
naturelles dans la vallée de la Bénoué tant que l'attribution des
parcelles n'est pas transparente et le paysannat structuré, formé et
organisé dans la perspective de l'associer à la gestion du périmètre
ou de lui permettre de proposer un plan de mise en uvre. En effet,
on ne pourra convaincre les populations de respecter les richesses
des plaines inondables que si l'on sait leur proposer des modes
d'exploitation de ces zones, qui répondent à leurs besoins
(Acreman et Pirot, 2000) ; car ceux-ci connaissent le milieu et les
revenus qu'ils peuvent en tirer. Ils savent ce qu'il faut faire pour
conserver ces avantages.
470 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

Conservation des forêts, maintien de l'activité


halieutique et intensification de l'élevage
Le rythme de consommation en bois dépasse en général le rythme
de régénération de la matière ligneuse. On constate que" la
sensibilisation et l'éducation des populations ainsi que la
distribution des plantules forestières (opération « Sahel vert ») ont
été sans succès. Les mesures visant à freiner et à compenser
partiellement la dégradation des forêts doivent accorder la priorité
à des programmes concertés qui portent aussi bien sur le
reboisement, l'exploitation forestière rationalisée et les économies
d'énergie que sur l'utilisation de nouvelles sources énergétiques
(gaz et pétrole). A cette fin, la promotion par l'Etat des plants
fruitiers (manguiers, goyaviers...) a suscité plus d'espoir. Mais
cette action peut-elle réussir le rééquilibrage effectif entre le taux
annuel des abattages et le taux de croissance de la forêt ?
A Lagdo, la forte croissance de la population de pêcheurs risque de
se traduire à terme par une surexploitation de la ressource
halieutique. En effet, les différentes capacités de captures
observées d'un groupe à l'autre dépendent essentiellement de la
possibilité d'investissement en moyens et équipements, de la
tradition et habilité de chaque ethnie, ainsi que de l'exercice des
activités à plein temps ou seulement à temps partiel. En attendant
une réglementation en matière de pêche à Lagdo, la limitation de la
taille minimale autorisée des poissons péchés doit être en avant
garde des actions de maintien de l'activité halieutique.
Enfin, l'intensification de l'élevage nécessite d'après Minplat
(1993) la mise en place d'un service vétérinaire, en même temps
que le développement d'actions en faveur de l'élevage des petits
ruminants et des volailles qui représentent une part non négligeable
de l'apport en protéines animales de la population de la région. Par
ailleurs, la sensibilisation des éleveurs à la gestion et à
l'exploitation optimale des potentialités des troupeaux en
améliorant leur composition par classe d'âges et de sexes, et la
poursuite des essais de cultures associées (légumineuses
fourragères / cultures vivrières ; jachères améliorées ; production
dans les petites dépressions inondées en permanence de bourgou à
Echinochloa pyramidalis avec éventuellement introduction d'E.
stagnina qui a une valeur alimentaire supérieure), comme
complément fourrager pour la saison sèche constituent aussi une
voie vers le développement de l'élevage.
B. N. Ngatcha ef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) T 471

Contraintes de gestion des lâchers du barrage


Après la modification de l'écoulement liée à la construction du
barrage, le régime hydrologique de la Bénoué à Garoua (en aval de
la confluence avec le mayo Kébi) est désormais influencé par les
apports de quatre composantes : le débit des lâchers ; le débit
turbiné (il existe quatre turbines dont le débit unitaire est de
109 m3 s"1), le débit du mayo Kébi et le débit des bassins versants
latéraux. Les digues pour mouskouari exigent des débits de la
Bénoué à Garoua inférieurs à 1 000 m s"1. Or l'évacuateur
principal des crues du barrage a une capacité de 3 000 m s"1,
correspondant approximativement au débit de crue de la Bénoué.
Alors comment gérer les lâchers de manière à limiter les
dommages en aval du barrage ?
Le modèle de gestion chinois qui propose le remplissage préalable
du barrage et la vidange brutale en cas de forte crue (2 600 m s"1
pour une crue décennale) n'est pas acceptable en raison des
exigences des digues pour mouskouari. Le modèle de propagation
des crues de la Bénoué proposé par Sogréah (in Consultants
Associés, 1997) en vue d'assurer la protection des infrastructures
mises en aval, indique que pour un débit lâché de 2 000 m3 s"1 par
le barrage au moment où le mayo Kébi a une crue de 100 m3 s"1, la
cote du plan d'eau à Garoua est de 1 80 m, la digue de Garoua étant
arasée à la cote 179, elle sera submergée sur une hauteur de 1 m ;
de plus, si pendant ce temps le mayo Kébi entrait aussi en crue, la
submersion serait encore plus prononcée. La Société nationale
d'électricité (Sonel) n'est pas favorable à ce modèle qui ne
maximise pas le remplissage du barrage en période de sécheresse.
Le modèle Lagdynl (développé par la Sonel) est proche du modèle
chinois ; il se base sur une probabilité maximale de remplissage du
barrage en prévision d'une période de sécheresse. Il implique des
lâchers importants en cas de fortes crues au moment où le barrage
est déjà plein. Ce modèle dont l'objectif principal est la production
continue d'énergie électrique, donne pleine satisfaction à la Sonel
qui tient à disposer d'un volume d'eau permettant d'éviter le
recours à la coûteuse production d'énergie thermique.
Pour résoudre les problèmes de lâchers de Lagdo, une intervention
de l'Etat doit donc être menée pour accorder les contraintes de
gestion du barrage par la Sonel. De plus, pour éviter que les fortes
crues du mayo Kébi ne coïncident avec les lâchers du barrage, le
gestionnaire du barrage doit avoir une information sur les crues de
472 T Gestion intégrée des zones inondables tropicales

ce cours d'eau. Par ailleurs, aucun modèle n'ayant à ce jour donné


pleine satisfaction, surtout en ce qui concerne la protection des
aménagements en aval du barrage, la nécessité de la reprise du
programme de recherche hydrologique abandonné depuis plus
d'une décennie dans le bassin de la Bénoué s'impose d'elle-même.
Car seule la bonne gestion de l'eau permet de recréer des
conditions proches des conditions naturelles de fonctionnement de
l'écosystème (Vincke, 2000).

I Conclusion et perspectives
Ce travail montre que lorsque les projets d'aménagement
hydraulique, qui constituent des potentialités réelles de
développement, ne sont pas assortis d'un ensemble de mesures
visant à la protection des ressources naturelles, de nombreux
problèmes écologiques peuvent apparaître. Ces problèmes se
situent au niveau de la mauvaise gestion des eaux, de la
surexploitation des forêts, des pâturages et des ressources
piscicoles et de la disparition des biotopes naturels. Dans les
plaines d'inondation de la Bénoué, le bétail, les cultures, la faune
sauvage, la flore, les sols ont été directement touchés par la
diminution de l'ampleur et de la durée des inondations. La
construction du barrage de Lagdo a provoqué un mouvement de
population important vers les zones inondables pour s'établir de
façon permanente. Ce grand mouvement de population augmente
les risques de contamination et de dégradation du milieu. Les
périodes sèches mettent l'élevage, la pêche et la distribution
d'énergie en situation précaire. Les lâchers de la retenue
lorsqu'elles ne prennent pas en compte les crues du mayo Kébi,
demeurent une grave menace pour la stabilité des infrastructures en
aval du barrage. La valeur économique de la culture de mouskouari
a favorisé la construction des digues submersibles et la sauvegarde
de 5 240 ha de terres en rive droite de la Bénoué entre Langui-Bé
et Garoua. L'utilisation des déchets provenant de l'agriculture
irriguée permet d'atténuer la perte des ressources en pâturage des
plaines inondables.
Une bonne gestion des plaines inondables de la Bénoué commande
que d'autres actions soient entreprises. Il s'agit notamment :
B. N. Ngatcha ef al. - Le barrage de Lagdo (Nord-Cameroun) r473

d'harmoniser l'exploitation du barrage avec la situation créée par


une conversion modérée à l'agriculture moderne - car les systèmes
de production traditionnels ont tendance à disparaître devant
l'introduction de nouvelles technologies (cultures irriguées) -, de
prendre des mesures pour contrecarrer les effets néfastes de
l'expansion considérable des habitats favorables aux insectes et à
la faune aquatique nuisibles, de délimiter les terres pouvant être
cultivées et les terres convenant aux pâturages, et de définir les
interventions pour une meilleure utilisation des terres du lit majeur
et des terrasses de la Bénoué et du mayo Kébi, de réhabiliter le
réseau hydrométrique et enfin de mettre en place un programme de
collecte des données hydrologiques nécessaires à l'élaboration
d'un modèle de gestion du barrage de Lagdo qui soit acceptable
par les usagers du barrage et les aménagements. Promouvoir la
collaboration interinstitutionnelle et créer un comité de
concertation sont aussi des facteurs conditionnant le bon processus
de développement intégré du barrage de Lagdo.

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