Ja189 L Etat Social Actif
Ja189 L Etat Social Actif
Ja189 L Etat Social Actif
BELGIQUE - BELGIË
P.P. - P.B.
1099 BRU X
BC 1528
État social actif : trois mots qui changent la vie des organismes d’ISP . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Véronique KINET – Interfédération des EFT/OISP
En ligne (www.lire-et-ecrire.be/ja189) :
Webographie
À lire en ligne sur l’État social actif
Sylvie-Anne GOFFINET – Lire et Ecrire Communauté française
PROCHAIN NUMÉRO
30 ans d’alpha
Quelles évolutions ? Quels acquis ? Quels enjeux pour l’alphabétisation
en Fédération Wallonie-Bruxelles ?
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Édito
État social actif…
un cran plus loin…
Avec la dégressivité des allocations de chômage, la limitation
par Eric
dans le temps des allocations d’attente des jeunes et l’intensifi-
BUYSSENS
cation des contrôles ONEM, le pays s’engage un peu plus dans
la chasse aux chômeurs. Le secteur de l’alpha est au côté des travailleurs
sans emploi qui subissent les effets de l’État social actif… Nombreux
sont en effet ceux et celles qui ne veulent pas rester sans réagir… Le
Journal de l’alpha a bien choisi le moment pour faire le point sur cette
actualité sociale qui interpelle les acteurs de l’éducation populaire.
1. Suivi individuel des chômeurs de longue durée par l’ONEM en vue d’évaluer leurs
efforts de recherche d’emploi et de les sanctionner en cas d’efforts jugés insuffisants.
2. Subvention d’emplois de proximité pour un mécanisme de chèques.
3. Élaboration au sein des entreprises et des administrations de plans d’action
spécifiques, visant à lutter contre les discriminations à l’emploi (de genre,
d’origine, d’âge, de handicap, d’orientation sexuelle…).
4. Certification publique des compétences professionnelles acquises par un
travailleur en formation, au travail ou dans un contexte extrascolaire.
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des fins de carrière visée par le Pacte des générations. Toutes ces
mesures souscrivaient aux lignes directrices de l’État social actif
prônées par l’Europe et visant à augmenter la participation au marché
du travail de toutes les personnes en âge de travailler.
Dix ans plus tard, après le crash financier de 2008, la situation de l’em-
ploi a empiré, le chômage atteint des sommets alarmants et les caisses
de l’État sont désespérément vides. Il est toujours question de changer
de modèle social, mais cette fois, au travers d’une grande réforme de
l’État durement négociée. On ne voit pas encore vraiment comment
elle va se concrétiser et sa mise en œuvre est déjà reportée à 2015 !
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Les acteurs de terrain sont bien placés pour le savoir puisque, depuis
dix ans, ils sont confrontés à la montée en puissance de ces politiques
d’activation. Les associations d’alphabétisation et d’éducation popu-
laire peuvent toutes témoigner des ravages de ces politiques sur les
travailleurs sans emploi qui s’adressent à elles, sans trop bien com-
prendre les missives de l’appareil d’État, qui stressent à l’idée de ne
pas en faire assez et qui, au fond d’eux-mêmes, pensent qu’ils sont en
défaut et qu’ils ont à subir l’opprobre collective.
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Les voies de sortie sont bien là, à la portée des mouvements d’éduca-
tion populaire… dont fait partie Lire et Ecrire.
Eric BUYSSENS,
coprésident de Lire et Ecrire Communauté française
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Contexte sociopolitique
de l’État social actif (ESA)
Qu’est-ce que l’État social actif ? En quoi sa conception est-elle diffé-
rente de celle de l’État-providence, désormais qualifié d’État social
passif ? Quelle est le paradigme qui sous-tend les politiques d’activa-
tion ? Comment les institutions supranationales (OCDE, Union euro-
péenne) ont-elles impulsé ces politiques et quelle en a été la traduction
au niveau belge ? Et pour finir, quels en sont les enjeux sous-jacents ?
Mais, durant les années 70, une période de crise a entrainé l’installa-
tion d’un chômage structurel. L’État-providence a été tenu pour res-
ponsable de cette crise, ce qui a provoqué un retour au libéralisme
sous l’impulsion de Reagan aux USA et de Thatcher en Angleterre.
Sous les gouvernements Martens-Gol (1982-85 et 1985-87), la
Belgique a également connu un tournant libéral qui s’est traduit par
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… et en Belgique
La notion d’ESA apparait dans la déclaration gouvernementale de
la coalition ‘arc-en-ciel’ (soialistes, libéraux et écolos) de 1999 :
« Au 21e siècle, la réalité économique et sociale sera totalement diffé-
rente de ce que nous avons connu jusqu’à présent. (…) L’opposition
prétendument fondamentale entre un modèle qui stimulait surtout la
croissance et l’emploi et un modèle dont le point de départ était la pro-
tection sociale peut être dépassée. (…) C’est le défi majeur que devra
relever l’État social actif. Dans cet État, on luttera moins contre l’ex-
clusion et le chômage de manière passive et palliative, que de manière
active et préventive. Un État social actif ne se contente pas de distri-
buer des allocations, mais il investit surtout dans les êtres humains,
dans leur formation, leur travail. En effet, les personnes qui ont un
emploi ne bénéficient pas seulement d’un revenu, mais également
d’une place dans la société, de contacts sociaux, d’une satisfaction per-
sonnelle, de la perspective d’un avenir meilleur, de nouvelles
chances. » 6 Le concept d’État social actif, largement inspiré du blai-
risme, a été introduit en Belgique par Frank Vandenbroucke (SPA),
alors ministre des Affaires sociales de ce gouvernement ‘arc-en-ciel’.
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ESA : de la théorie
à l’expérience de vie
L’État social actif est un concept. Il repose sur un ensemble d’idées,
parfois d’opinions, qui, alimentées par des points de vue théoriques, ont
fini par bâtir une référence en matière de politique de l’emploi en Europe
et, depuis la fin des années 1990, en Belgique. Que recouvrent ces
opinions ? Ces idées rencontrent-elles la réalité ? S’avèrent-elles justes ?
Pour explorer le concept, il nous a paru intéressant de pointer, en regard
des opinions les plus fréquentes, quelques propos de personnes en proces-
sus d’alphabétisation, relatant des faits fondés sur l’expérience.
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« In the past : the promotion of social justice was sometimes confu-
sed with the imposition of equality of outcome. The result was a
neglect of the importance of rewarding effort and responsibility, and
the association of social democracy with conformity and mediocrity
rather than the celebration of creativity, diversity and excellence. »
(Tony BLAIR and Gerhard SCHRÖDER, Europe : The Third
Way / Die Neue Mitte, 1998, http://library. fes.de/pdf-files/
bueros/suedafrika/02828.pdf)
Traduction : Dans le passé, la promotion de la justice sociale était
parfois confondue avec l’imposition d’une égalité de revenu. Le
résultat fut qu’on a négligé l’importance de récompenser l’effort
et la responsabilité, et qu’on a associé la sociale démocratie avec
la conformité et la médiocrité plutôt que de célébrer la créativité,
la diversité et l’excellence.
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Cela dit, l’idée n’est pas neuve. Selon Mateo Alaluf, dès les années 30,
il existait des mesures ‘actives’ en matière d’emploi, ne différant des
pratiques actuelles que par le fait qu’elles n’étaient pas nommées
comme telles. Par exemple, les techniques de réquisition des chô-
meurs, les mesures de réadaptation professionnelle, ou encore les dis-
positifs contre ‘l’inaction’ des jeunes sans emploi comme les centres
de travail pour jeunes chômeurs. 2
2. GEUENS G., Vous avez dit « social » ?, in Toudi mensuel, n°63-64, mai-juin
2004, www.larevuetoudi.org/fr/story/l%E2%80%99%C3%A9tat-social-actif-
en-belgique
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Marilyn, formatrice
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soutenable peut diverger notablement de l’égalité, du fait qu’il doit tenir compte,
dans l’intérêt même des plus démunis, de l’effet positif que des inégalités peuvent
avoir sur l’incitation à travailler, à se former, à épargner, à investir et, par là,
sur la taille du gâteau. » (VAN PARIJS Ph., Philosophie de la fiscalité pour
une économie mondialisée, in Archives de philosophie du droit, n°46, 2002,
www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/etes/documents/_2002.Fiscalite_Archives_ph.dr.pdf).
7. MILQUET J., Note de politique générale de la vice-première ministre et
ministre de l’Emploi et de l’Égalité des chances, 15 avril 2008,
www.lachambre.be/FLWB/pdf/52/0995/52K0995017.pdf
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La question morale
Le travail : un devoir, un accès à la légitimité…
- « Il ne peut y avoir de redistribution équitable qui ne fasse place à
la responsabilité individuelle. » 10
- « Access to welfare benefits is one side of a contract between citizen
and community which has as its reverse side various responsibilities
that the individual citizen is obliged to meet ; as a condition of eligi-
bility for welfare benefits, the state may legitimately enforce these
responsibilities, which centrally include the responsibility to work. » 11
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12. GIDDENS A. (cité par MATAGNE G., De l’État social actif à la politique
belge de l’emploi, in Courrier hebdomadaire, CRISP, n°1737-1738, 2001).
13. GIDDENS A. (propos recueillis par DUVAL J.-F.), La troisième voie
réinvente la démocratie pour le 21e siècle, in Construire, juin 1999,
http://miroirs.ironie.org/socialisme/www.psinfo.net/entretiens/giddens/
construire.html
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… ou un droit ?
- « Il ne faut pas oublier qu’il n’y a plus de travail pour nous ! »
- « Il ne faut pas oublier qu’il y a de moins en moins
d’emplois. Au plus on a une longue période de chômage,
au plus le patron se demande pourquoi on n’a pas travaillé. »
- « Avec la crise économique, il y a encore moins de travail. »
- « On fait un repas de famille trois ou quatre fois par an. La
dernière fois, c’était plus ou moins à Noël et ici, pendant les
vacances de Pâques. La dernière fois, tout le monde travaillait
à temps plein. En trois mois, il n’y a plus qu’une seule femme
qui a un travail à temps plein. Tous les autres ont eu soit des
réductions de temps de travail, soit sont au chômage. »
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Les solutions
Encourager…
- « La participation active à la société est précisément une des chances
essentielles que chaque individu doit recevoir. Elle est une des
conditions du respect de soi-même, de la réalisation de soi et de
l’épanouissement personnel. La participation active constitue un
avantage pour chaque individu. Encourager la participation sociale,
également pour les ‘maillons faibles’ de la société, doit faire partie
intégrante et constituer l’objectif d’une politique sociale. » 14
… = surveiller
- « De plus, l‘État social actif a un effet proactif. Il n’attend pas qu’un
risque social se produise ; au contraire, il met l’accent sur la préven-
tion. Il peut le faire précisément parce qu’une série de nouveaux
risques sociaux sont bien plus prévisibles. Le filet de protection, les
soins restent indispensables, mais il faut une approche plus large. Il
ne faut pas seulement une ‘prévoyance’, il faut aussi une ‘sur-
veillance’, afin de supprimer dans les meilleurs délais la dépendan-
ce de soins. » 15
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Orienter…
- « L’État social actif ne dirige pas mais il délègue. Il ne doit pas être
une autorité purement donneuse d’ordres, mais une autorité qui
oriente les individus et les organismes en les encourageant à choisir
les voies voulues. »17
… = imposer
- « La politique lancée en 2004 vise à lutter contre le chômage et, en
particulier, le chômage de longue durée (…) Il s’agit, tout d’abord, de
mettre tout en œuvre pour offrir un accompagnement aux chômeurs.
(…) Il s’agit en outre de l’obligation pour les chômeurs de chercher
activement du travail et de collaborer à toutes les actions qui peuvent
renforcer ou améliorer leur position sur le marché du travail. » 18
16. Le JOBPass est une carte à puce électronique que le demandeur d’emploi
reçoit du FOREM. Cette carte reprend ses coordonnées et lui permet, via
internet, d’accéder à son dossier et d’enregistrer certaines données et démarches.
17. VANDENBROUCKE F. (cité par FRANSSEN A., op. cit.).
18. MILQUET J., op. cit.
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19. Le Contrat F70 bis est un contrat de formation accessible aux demandeurs
d’emploi, en priorité ceux ne détenant pas de diplôme supérieur au CESI
(certificat de l’enseignement secondaire inférieur) ou inscrits depuis au moins
deux ans comme demandeurs d’emploi. Il donne droit à une indemnité d’1€ brut
de l’heure, ainsi qu’au remboursement des frais de déplacement et de garderie.
20. SPP Intégration sociale, Mieux vivre ensemble : 10 ans du droit à
l’intégration sociale, 10 ans du SPP Intégration sociale, Programme de
l’évènement organisé le 13/12/2012, Groupe de travail ‘La participation des
clients’, www.mi-is.be/be-fr/formulaire/mieux-vivre-ensemble-10-ans-du-droit-
a-lintegration-sociale-10-ans-spp-is
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21. Conseil des ministres, Meilleur suivi des chômeurs, Communiqué de presse,
16 et 17 janvier 2004.
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Conclusions
Le concept de l’État social actif à l’origine des politiques d’accompa-
gnement et de suivi des chômeurs repose sur une thèse simple : la
protection sociale, compensation pour limiter la galère, a un effet per-
vers, celui de voir des citoyens actifs devenir des assistés sociaux,
démotivés, voire profiteurs.
Cette thèse est largement partagée. Pour Bart Cockx 22, « selon une
opinion largement admise, les régimes d’indemnisation concourent
eux-mêmes à créer un esprit de dépendance et à entrainer la persistan-
ce du chômage ».
22. COCKX B., Les politiques actives de l’emploi et le rôle des incitations,
in Revue internationale du Travail, vol. 139, n°4/2000.
23. Cité par FRANSSEN A., op. cit.
24. DIXON K., Un digne héritier. Blair et le thatchérisme, Liber, Raisons d’agir,
Paris, 2000.
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25. BOURDIEU P., Les structures sociales de l’économie, Seuil, Paris, 2000,
p. 23 (cité par GEUENS G., op. cit.).
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1. Cet article est le résumé d’une étude plus détaillée : Catherine BASTYNS,
Le passif de l’État actif, vu à travers la politique d’activation des chômeurs,
Lire et Ecrire Communauté française, 2013 (disponible en pdf à la page :
www.lire-et-ecrire.be/ja189). Cette étude comporte notamment des informations
plus approfondies sur les dispositions législatives, ainsi que sur les données chiffrées.
2. Sauf en cas de fraude évidemment, ou dans le cas du chômage de très longue
durée (voir : La suppression de l’article 80, pp. 55-59). Une autre exception a été
introduite récemment (1er janvier 2012), limitant à trois ans les allocations
d’insertion (obtenues sur base des études et non du travail).
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L’accompagnement
Ce sont les services régionaux qui ont en charge l’accompagnement
des chômeurs, et ceci depuis 1993, époque où apparaissaient les pre-
miers ‘plans d’accompagnement’. Au fil du temps, selon les Régions
et selon les objectifs spécifiques, ces plans ont varié quant à leurs
noms et leurs modalités : Contrat crédit insertion, Plan jeunes,
Contrat de projet professionnel, etc. Dans leurs diverses formes, ces
dispositifs régionaux concernent essentiellement la détermination
d’une orientation professionnelle, le soutien dans la recherche d’em-
ploi, l’orientation vers des formations, etc. Si la perspective de sanc-
tions n’est pas absente de ces plans, ils sont néanmoins plus axés sur
le soutien, l’incitation et la prévention que sur la contrainte. Les ser-
vices régionaux n’ont d’ailleurs pas eux-mêmes la possibilité d’infli-
ger des sanctions, qui sont de la compétence exclusive de l’ONEM,
mais ils peuvent (et même doivent) transmettre à ce dernier des infor-
mations sur le comportement des chômeurs qu’ils accompagnent, ce
qui entrainera des sanctions si ce comportement est estimé fautif.
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Les efforts que le chômeur fait pour chercher du travail sont évalués
lors d’entretiens individuels avec un agent de l’ONEM (le facilita-
teur), spécialement recruté et formé pour mener ces entretiens.
Le chômeur est invité à un premier entretien avec le facilitateur,
après 15 mois de chômage (pour les moins de 25 ans) ou après 21
mois (pour les 25 ans ou plus). Ce premier entretien a pour but
d’évaluer les efforts que le chômeur a faits pour chercher du tra-
vail pendant la période de 12 mois précédant l’entretien. L’évalua-
tion tient compte de sa situation personnelle et de la situation du
marché de l’emploi. Si ses efforts sont suffisants, un nouvel entre-
tien aura lieu 16 mois plus tard.
S’ils sont insuffisants ou inadaptés, un plan d’action est proposé au
chômeur pour les 4 mois qui suivent et il s’engage à mener les
actions qui sont attendues de lui. Un deuxième entretien a lieu 4
mois plus tard, pour évaluer si le chômeur a respecté son plan d’ac-
tion. Si c’est le cas, un nouvel entretien aura lieu 12 mois plus tard.
Si le chômeur n’a pas respecté son plan d’action, il encourt une
sanction limitée et temporaire (4 mois maximum) : soit une
réduction du montant de l’allocation de chômage, soit une sus-
pension de leur paiement. Et il doit à nouveau s’engager à mener
les actions prévues dans un nouveau plan d’action, plus intensif,
qui lui est proposé pour les 4 mois suivants. Le troisième entre-
tien a lieu 4 mois plus tard. Si le chômeur a respecté son deuxiè-
me plan d’action, il retrouve le bénéfice de ses allocations com-
plètes et un nouvel entretien aura lieu 12 mois plus tard. Dans le
cas contraire, il peut être exclu du bénéfice des allocations. Tou-
tefois, s’il s’agit d’un chômeur chef de ménage, ou isolé, ou coha-
bitant dans un ménage dont les revenus sont peu élevés, cette
exclusion est précédée d’une période de 6 mois pendant laquelle
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Ceci, qui est vrai pour tous, l’est particulièrement pour ceux qui, par
leur histoire de vie, leurs compétences, leur habitus, ne sont pas pré-
disposés à une gestion bureaucratique de fragments de leur existence.
Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de tenir un agenda (quelle part de
la population en a un spontanément ?), pour ceux qui, même doués
du sens de l’organisation, le réservent à la débrouille (il en faut, quand
on a peu de moyens) plutôt qu’à archiver des démarches trop souvent
vaines. Et tout particulièrement pour ceux qui ne savent pas, ou dif-
ficilement, prendre note de ce fatras administratif – c’est-à-dire le
public de l’alpha.
Comme déjà dit, les études ex post mettant en évidence les effets
délétères de l’activation sur les personnes les plus démunies ne man-
quent pas. Mais à vrai dire, il ne fallait pas réfléchir longtemps pour
savoir à l’avance qu’un tel programme avait moins de chances de
débusquer les ‘profiteurs’ aguerris que de mettre sur la touche bon
nombre de chômeurs dont le principal défaut est de ne pas avoir le
profil d’un bureaucrate officiant pour le service public.
Un groupe cible…
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Dans les deux cas, l’extension du public de l’ACR concerne des chô-
meurs qui ont des difficultés spécifiques à retrouver du travail ou à
trouver un emploi complémentaire. La probabilité qu’ils ne satisfas-
sent pas aux exigences du suivi de l’ONEM est moins fonction de
leur comportement de recherche d’emploi que de leurs chances,
objectivement limitées, d’en trouver un.
La suppression de l’article 80
L’accord de coopération de 2004 a supprimé la mesure d’exclusion
pour chômage de longue durée dite ‘article 80’ 13, qui constituait aupa-
ravant la seule entorse au principe d’un droit illimité aux allocations de
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Une des critiques fréquentes à l’égard de cette mesure était son caractère
discriminatoire : visant les chômeurs cohabitants, quasi les trois-quarts
des exclus étaient des femmes. De manière plus générale, l’importance
des exclusions ‘article 80’ signalait l’extrême passivité de l’État fédéral à
l’égard des chômeurs, avant qu’il ne bascule dans l’extrême contrôle, ce
qui n’est pas en soi beaucoup plus dynamique. Comme le note l’étude
du SPF Emploi déjà citée : « Cette mesure fédérale n’était pas articulée
avec les efforts d’accompagnement et de formation des Régions et des
Communautés. Après des années de chômage, le chômeur était soudaine-
ment convoqué pour venir se justifier et il devait alors prouver qu’il avait
recherché intensivement du travail pendant toute la période de chômage.
La mesure prenait pour ainsi dire les chômeurs par surprise. »
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19. Ricardo CHERENTI, Les sanctions ONEM : le cout pour les CPAS, Étude
2012 (chiffres 2011), Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW),
Fédération des CPAS, mars 2012, p. 6 (www.uvcw.be/no_index/cpas/insertion/
Exclusion-chomage-Etude-12.pdf).
20. Bancable (adj.) : se dit d’un effet de commerce réescomptable auprès d’une
banque centrale, ce qui a pour effet de réduire le risque ; se dit actuellement d’un
acteur qui rapporte au producteur.
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Le poids de la mesure
Pour situer les ordres de grandeur, rappelons qu’en 2011, on comp-
tait en Belgique 661.224 chômeurs indemnisés (CI), dont 69% étaient
inscrits comme demandeurs d’emploi (DE) et 31% bénéficiaient d’al-
locations tout en étant dispensés de l’inscription comme DE (pour
raison d’âge, de prépension, ou de difficultés sociales ou familiales),
et donc dispensés de l’obligation de disponibilité pour l’emploi. Le
taux de chômage était de 10,5% pour l’ensemble du pays, avec, selon
les Régions, des variations importantes : 20,5% en Région bruxelloi-
se, 16,1% en Wallonie et 6,3% en Flandre 24.
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26. Les durées de suspension et de réduction des allocations peuvent être atténuées
en raison de la situation du chômeur et des revenus du ménage (4 mois réduits à
2 et 6 mois à 4).
27. Suivant le même principe, l’exclusion peut être précédée d’une période de
6 mois d’allocations réduites.
28. Il s’agit de l’article 70 de l’AR du 25/11/1991 portant règlementation du
chômage. (NB : cet arrêté datant de plus de vingt ans est modifié au fur et à
mesure des nouvelles dispositions.)
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33. L’ONEM entend par ‘chômeur volontaire’ celui « qui est ou devient chômeur
par suite de circonstances dépendant de sa volonté » (cf. la définition donnée sur
son site : www.rva.be/d_help/definities/txtfr-30.htm).
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34. L’ONEM regroupe dans cette catégorie des sanctions qui ont effectivement
pour point commun leur durée indéterminée mais sont de nature très différentes :
il peut s’agir d’exclusions ‘pures et dures’, mais également (et majoritairement) de
sanctions provisoires ‘article 70’ (hors ACR).
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30.000
Suspension provisoire (art. 70)
25.000 Exclusion
Alloc. réduite 6 mois suivie d’exclusion
9.688
20.000 Alloc. réduite 4 mois 38%
Suspension 4 mois
15.000 5.450
21%
10.000
5.000
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Graphique réalisé sur base du Rapport annuel 2011 de l’ONEM, pp. 174-175
67
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Au total, une grosse part des sanctions (38% en 2011) sont infligées
sur base de l’article 70, c’est-à-dire des exclusions provisoires, main-
tenues tant que le chômeur ne se conforme pas à ce qui est attendu de
lui. Les exclusions complètes (précédées ou non d’une période mora-
toire de 6 mois d’allocations réduites) représentaient 21% des sanc-
tions, et cela de 2009 à 2011.
35. Cf. ONEM, Rapport annuel 2011 : « Cette diminution [de 25% des sanctions
administratives] est due au fait que l’ONEM effectue de plus en plus de contrôles
avant le paiement des allocations, ce qui permet d’éviter à la source les paiements
indus ainsi que les sanctions et récupérations. » (p. 161).
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35.000
30.000
25.000
20.000
15.000
S. ‘chômage volontaire’
10.000 S. administrative
S. ‘article 80’
5.000
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Graphique réalisé sur base des Annuaires statistiques 2004 à 2007 et des Rapports annuels 2008 à 2011 de l’ONEM
36. En 2010 et 2011, environ 60% des sanctions pour ‘chômage volontaire’ sont
infligées suite aux transmissions d’informations des Régions. Cf. ONEM,
Rapport annuel 2011. Conférence de presse du 22 mars 2012, op. cit., p. 53.
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37. Dont : Bart COCKX, Muriel DEJEMEPPE, Bruno VAN DER LINDEN,
Évaluation de l’activation du comportement de recherche d’emploi, Gent,
Academia Press, 2011 (en ligne : www.belspo.be/belspo/ta/publ/
academia-comportement%20recherche%20emploi_U1650_16x24.pdf).
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Profil
de tous Profil des chômeurs sanctionnés
les CCI dans le cadre du dispo
2007 de moins
Niveau d’études de 50 ans Bruxelles Wallonie Flandre Belgique
39. Source : ONEM, Rapport annuel 2007, p. 109, cité par Michaël LEBRUN
in Analyse des premiers contrats ONEM conclus dans le cadre de ‘l’activation
du comportement de recherche d’emploi’, Recherche du Collectif Solidarité
Contre l’Exclusion en collaboration avec le CEPAG, 2009, p. 13
(www.asbl-csce.be/documents/CSCE_ContratsONEm.pdf).
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- Plus le taux de chômage est élevé, plus les chômeurs sont activés.
Rappelons les chiffres globaux : sur les 661.224 chômeurs indemni-
sés (CI) que comptait le pays en 2011, 69% étaient inscrits comme
demandeurs d’emploi (DE) et 31% étaient dispensés de l’obligation
de disponibilité pour l’emploi (CI non DE). Le motif de dispense
était la prépension pour 56% d’entre eux, l’âge pour 40%, et pour
4% les difficultés sociales ou familiales. On pensera que de telles
caractéristiques se répartissent de manière assez similaire dans la
population du pays, quelle que soit la Région. Pourtant, ce n’est
pas le cas des dispenses accordées pour ces motifs : la proportion de
CI non DE varie du simple au triple selon les Régions. En Flandre,
ils représentent 43,5% des chômeurs indemnisés – près de la
moitié ! –, alors qu’en Wallonie ils sont moins du quart (24%) et à
Bruxelles une proportion moindre encore (14%). Comme l’impor-
tance du taux de chômage selon les Régions est en ordre exactement
inverse (6,3% en Flandre, 16,1% en Wallonie et 20,5% à Bruxelles),
la probabilité de faire partie du public cible de l’activation est d’au-
tant plus élevée que le taux de chômage est plus élevé.
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- Plus le taux de chômage est élevé, plus les activés sont sanctionnés.
Or non seulement les chômeurs ont d’autant plus de (mal)chance
d’être dans la mire de l’activation qu’ils résident dans une Région
offrant – à ce moment – moins d’opportunités d’emploi, mais
encore ils encourent plus de sanctions lourdes lorsqu’ils résident
dans une telle Région. Cette inéquité apparait de manière flagran-
te lorsqu’on compare les taux de sanctions dispo non révocables
par Régions : à Bruxelles, où le taux de chômage est le plus élevé,
ce taux est de 17% ; en Wallonie, de 16% ; et en Flandre, où le taux
de chômage est de loin le plus bas, il est de 14%.
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Catherine BASTYNS
Lire et Ecrire Communauté française
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Dispositif d’insertion
professionnelle et
menace de sanction
Une analyse psychosociale
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Sans entrer dans les détails des différents cas de figures, le principe
général de la politique d’activation repose sur les éléments suivants :
- Sur base d’un bilan de la situation professionnelle du chômeur, un plan
d’action est convenu (comprenant réponses à des offres d’emploi, can-
didatures spontanées, engagement dans des formations, stages,…).
- Ce plan débouche sur une convention signée par le chômeur, qui
s’engage à en respecter les termes.
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Dans cet article, deux études sont présentées. Toutes deux visent les
mêmes objectifs mais elles les mettent en œuvre au travers de deux
procédures de recherche différentes et complémentaires. La première
est une procédure fréquemment utilisée dans l’évaluation des poli-
tiques sociales. Elle met à jour l’existence de corrélations et analyse la
correspondance qui pourrait exister entre la participation à un dispo-
sitif, soit la procédure d’activation du comportement de recherche
d’emploi (ACR) de l’ONEM, et le niveau de santé mentale ou d’in-
sertion sociale. La seconde recherche ambitionne de mettre en évi-
dence une relation de cause à effet. En d’autres mots, elle tente de
vérifier si la participation à un dispositif a un effet significatif sur le
niveau de santé mentale ou d’insertion sociale observé. C’est dans
un laboratoire ‘virtuel’ qu’un tel objectif peut être mis en œuvre, le
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5. Pour une présentation plus complète, voir : BOURGUIGNON D., HERMAN G.,
LIÉNARD G., LEKOEUCHE A., Insertion professionnelle et santé mentale, in
La Revue Nouvelle, n°1, janvier 2009, pp. 50-64 (article en ligne :
www.researchgate.net/publication/234065023_Bourguignon.indd).
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facteur explicatif de ces résultats mais il n’en est rien dans la mesure
où cette durée est équivalente dans les groupes ACR et CCI, tandis
qu’elle est largement supérieure dans le groupe ‘neutre’.
Sanctions et bienêtre
D’une manière générale, être sans travail entraine une dégradation de
la santé mentale. 9 La recherche d’emploi est-elle dès lors un moyen
de la préserver ? Les résultats ne confirment pas cette hypothèse : les
chômeurs du groupe CCI ressentent plus de honte et de culpabilité et
montrent un niveau de bienêtre inférieur à celui des deux autres
groupes. En somme, ce sont les participants qui montrent le plus de
motivation à rechercher du travail (tout en développant une vision
fermée du monde professionnel) qui ont le niveau le plus faible de
bienêtre. Cette observation est confirmée par diverses études. 10
Contrairement à d’autres stratégies (comme déménager vers une zone
plus riche en emplois disponibles, suivre une formation professionnelle,
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11. Cette méthode, dans la mesure où elle garde constantes toutes les dimensions
de la situation, sauf celle qui est volontairement ‘manipulée’, fournit une
indication fiable quant aux effets réels de la dimension ‘manipulée’. Notons
toutefois que cette procédure pèche par son caractère artificiel lié à la mise en
place de la ‘manipulation’.
12. Voir : LEKOEUCHE A., Plan d’accompagnement des chômeurs : aide ou
sanctions, quelles conséquences pour le chômeur ? (travail de fin d’études),
FOPES, 2008.
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Vécu de l’ACR
• Contrôle et menace
• Honte et culpabilité
Condition ‘ACR’
Monde du travail
• Travail inaccessible
• Volonté de chercher
du travail
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Conclusions
Les deux recherches présentées dans cet article ont tenté de clarifier
les effets de dispositifs comportant des menaces de sanction. La pre-
mière, au travers d’une enquête réalisée auprès de chômeurs, a com-
paré la manière dont différents dispositifs d’insertion socioprofes-
sionnelle étaient associés à la volonté d’insertion sur le marché du
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Ces conclusions n’invalident pas pour autant les politiques basées sur
le soutien et l’incitation à la formation. Celles-ci, pour peu qu’elles
soient dissociées de la menace, sont utiles à un double titre. D’une
part, si la croissance durable revient, il est pertinent que les personnes
les moins diplômées soient mieux formées afin de pouvoir saisir les
opportunités d’emploi. D’autre part, l’augmentation des capacités
liées à la formation contribue à augmenter l’insertion dans diverses
dimensions de la vie sociale, éducative, familiale, et à renforcer l’exer-
cice de démarches citoyennes.
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Mais au-delà d’un accord de principe sur cet objectif général, plusieurs
dimensions sont dommageables aux organismes de formation 4 :
- Les partenariats sont difficiles à mettre en place.
- Les organismes de formation se retrouvent confrontés en raison de la
politique d’activation des chômeurs à un nombre croissant de
demandeurs d’emploi très précarisés pour lesquels l’entrée en forma-
tion n’apporte pas de réponse à leurs besoins premiers. Les centres
sont en outre acculés à constituer un rouage de la gestion sociale du
chômage, y compris dans son aspect de contrôle et de répression.
- Les opérateurs doivent assumer le risque de donner des illusions aux
stagiaires quant à leurs chances effectives d’insertion en formation plus
qualifiante ou en emploi dans le contexte socioéconomique actuel.
Une vision linéaire de la formation est par ailleurs contestable dans le
cadre de la formation d’adultes porteurs d’expériences multiples.
- Le décret sur l’accompagnement individualisé a pour objectif
unique l’insertion professionnelle à court ou moyen terme, ce qui
implique que le parcours soit le plus rapide possible. Les EFT/OISP
risquent d’être mis en concurrence en termes de résultats immédiats
d’insertion, ce qui peut les pousser à privilégier les publics les plus
insérables, au risque que ceux qui sont les plus éloignés de l’emploi
ne trouvent plus place dans ces organismes.
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des impacts importants sur le travail des EFT et des OISP. Il est donc
important de bien en comprendre toutes les facettes pour pouvoir
définir leur impact sur les travailleurs et la manière dont ils perçoi-
vent leur rôle et leur identité.
Depuis la fin des années 90, les missions du travail social sont ainsi
remises fondamentalement en question : il ne s’agit plus d’accompagner
ni de chercher l’épanouissement individuel et collectif en respectant
inconditionnellement les personnes et leurs désirs, mais bien d’activer les
personnes pour les inciter à se réinsérer dans un système social qui ne
peut se permettre de laisser la part belle aux aspirations des publics : para-
doxe de la société néolibérale ! 6 Le travailleur social en est donc réduit à
gérer le non-travail, au péril de son éthique professionnelle, à constater
son impuissance devant la marginalisation d’une frange grandissante de
la population, ces ‘exclus’, ces ‘désaffiliés’ dont parle Robert Castel 7.
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Les organisations et les travailleurs sont pris en otage entre ces nou-
velles obligations (certains n’identifiant pas les tensions et les subis-
sant, ce qui génère un malêtre) et la responsabilité qu’ils se donnent à
travers la finalité sociale qui est la leur, à savoir redonner confiance
aux stagiaires, casser le cercle vicieux de l’échec dans lequel ils se
trouvent, favoriser leur émancipation sociale au travers des pratiques
de formation.
Les EFT et les OISP ne peuvent accepter une logique qui individua-
lise les responsabilités. Faire porter par les stagiaires et les travailleurs
des responsabilités qui ne sont pas les leurs – manque d’emplois et
d’emplois convenables – c’est les culpabiliser.
10. Voir la recherche-action menée par l’Interfédé qui présente une autre façon de
concevoir la formation des travailleurs pour soutenir le professionnalisme du
secteur des EFT et des OISP : Y’a René qui vient, in Les Cahiers de l’Interfédé,
n°3, octobre 2011 (en ligne : www.interfede.be/images/stories/documents/
cahiers-IF-7octobreRene.pdf).
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Action… réaction
Le défi principal des OISP est de lutter contre les inégalités sociales
en se plaçant sur le terrain de la formation, c’est-à-dire donner à ceux
qui en sont victimes ce qu’ils étaient en droit de recevoir de l’école :
une formation générale, professionnelle et sociale. Il y a donc là un
projet essentiellement socioéducatif, s’inscrivant dans un projet poli-
tique plus vaste de lutte contre les inégalités. Force est de constater
que ce projet se retrouve fortement instrumentalisé par les politiques
d’insertion professionnelle, ce qui aujourd’hui, pour les publics peu
qualifiés, risque trop souvent de se traduire par des pratiques de ges-
tion du chômage, voire de ‘chasse aux chômeurs’.
Si les dispositifs légaux qui s’imposent aux EFT et aux OISP (via le
décret DIISP et le décret EFT/OISP) apparaissent comme des garants
de l’action formative, d’autres conceptions apparaissent, quant à elles,
comme des freins, voire des obstacles (je pense ici à la politique d’ac-
tivation des chômeurs mais aussi à l’imposition qui leur est faite d’at-
teindre un équilibre économique). Tant les politiques que les respon-
sables d’associations et leurs instances représentatives doivent
d’urgence prendre leur responsabilité respective et réfléchir leurs
stratégies afin de pouvoir apporter des réponses claires, cohérentes,
porteuses de sens, et donc mobilisatrices, aux travailleurs qui ont fait
le choix, à un moment de leur parcours de vie, de se battre pour une
société plus solidaire, égalitaire et démocratique.
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Véronique KINET
Interfédération des EFT/OISP
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- des listes Excel des CV envoyés, reprenant les coordonnées des des-
tinataires et la date d’envoi + les avis d’émission imprimés par le fax ;
- la copie ou les originaux des réponses reçues (courriers et mails) ;
- la copie des fiches de rendez-vous pour un entretien de sélection
chez un employeur, reprenant la date et l’heure du rendez-vous, le
nom de la personne de contact, les coordonnées de la société, un
résumé de l’itinéraire pour s’y rendre ;
- la copie des fiches d’inscription chez un employeur (dépôt de can-
didature), ces fiches se présentent sous une forme identique à celle
des fiches rendez-vous ;
- la copie de toutes les offres d’emploi auxquelles le participant a
répondu ;
- les listes d’employeurs à partir desquelles le chercheur d’emploi réa-
lise ses candidatures spontanées : ces listes reprennent les coordon-
nées des employeurs + des indications manuscrites résumant le
résultat de chaque appel (CV à envoyer, rendez-vous obtenu, rappel
nécessaire, refus de l’employeur) + les dates et la durée des appels.
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105
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Dans tous les cas, le message qui a été transmis par le facilitateur
s’est résumé à dire que les démarches effectuées chez nous n’allaient
pas dans le bon sens et qu’elles devaient être corrigées sous peine
d’évaluation ultérieure négative.
Suite à ces contrôles, les participants sont revenus vers nous paniqués
en exigeant que nous les aidions à fournir des preuves acceptables par
l’ONEM.
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107
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Conclusions
La plupart des personnes que nous rencontrons ne sont pas en position
de pouvoir répondre directement et rapidement aux exigences de leur
contrat ONEM. Dans le contexte économique actuel, il y a plusieurs
raisons à cela, la première étant la bien connue pénurie d’emplois, par-
ticulièrement pour les personnes peu scolarisées, à laquelle s’ajoutent :
- une faible connaissance du marché de l’emploi ;
- une faible connaissance des démarches à effectuer pour rechercher
et décrocher un emploi ;
- une faible autonomie par rapport à des démarches qui sont princi-
palement administratives ;
- la nécessité de s’inscrire sur une liste d’attente avant de pouvoir
bénéficier de notre aide, du fait d’une demande beaucoup trop
importante en regard de notre capacité d’accueil.
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À suivre…
Philippe HEINEN
Lire et Ecrire Bruxelles
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Peu après la première guerre mondiale (en 1925), les CAP (Commis-
sions d’assistance publique) furent créées avec pour mission « de sou-
lager et de prévenir la misère et d’organiser l’assistance médicale ». En
1976, une loi instaura le droit à l’aide sociale et remplaça les anciennes
CAP par les CPAS (Centres publics d’aide sociale), chargés d’octroyer
cette aide. L’article 1er de la loi de 1976 s’énonçait comme suit : « Toute
personne a droit à l’aide sociale. Celle-ci a pour but de permettre à cha-
cun de mener une vie conforme à la dignité humaine. » Ces notions de
‘droit à l’aide’ et de ‘vie digne’ marquaient une rupture nette avec les
notions antérieures ‘d’assistance’ et ‘d’indigence’, et ceci d’autant plus
que l’aide était souvent accordée sous la forme du ‘minimex’, soit une
allocation permettant de couvrir, de manière minimale certes mais
néanmoins globale, l’ensemble des besoins de la personne et de sa
famille. Ces dispositions prises dans les années 70, donc à la fin des
‘trente glorieuses’, reflétaient la conception du rôle de l’État encore à
l’œuvre à ce moment, qui correspondait au paradigme de l’État-provi-
dence. Mais quelque 25 ans plus tard, la donne change et la loi du
7 janvier 2002 modifie le nom des CPAS : les initiales restent, mais les
mots ‘centre public d’aide sociale’ sont remplacés par ‘centre public
d’action sociale’ 2. Et la même année, le droit à l’aide sociale devient un
droit à l’intégration sociale qui, dans son énonciation même, évoque
une participation plus active des bénéficiaires : « Toute personne a droit
à l’intégration sociale. Ce droit peut (…) prendre la forme d’un emploi
et/ou d’un revenu d’intégration, assortis ou non d’un projet individua-
lisé d’intégration sociale » (loi du 26 mai 2002).
2. Pour des raisons pratiques (changement de nom dans les documents officiels,
etc.), la loi du 07/01/2002 n’entrait en vigueur que 24 mois après sa publication,
soit le 01/02/2004.
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L’emploi peut être fourni sous la forme d’un emploi ‘article 60’, dans
lequel l’employeur est le CPAS lui-même – le travail s’effectuant au
sein du CPAS ou dans un organisme (commune, asbl, etc.) où la per-
sonne est détachée. Ou encore sous la forme d’un emploi ‘article 61’ 3,
dans lequel l’employeur est un organisme conventionné avec le
CPAS, ce dernier intervenant alors dans le salaire de la personne
engagée. Ces mesures de mise à l’emploi préexistaient depuis long-
temps à la loi de 2002, puisqu’elles doivent leur nom aux articles
60 §7 et 61 de la loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics d’ai-
de sociale. Toutefois, le recours à ces mises à l’emploi a connu un essor
considérable depuis la transformation des CPAS en Centres publics
d’action sociale. Ainsi, on comptait 1.687 personnes en article 60 dans
les CPAS wallons en 2000, 3.157 en 2002 (donc quasi le double), et
4.195 en 2010. 4
3. Les mises à l’emploi article 61 sont nettement moins fréquentes que les articles
60 (environ 10 fois moindres en Wallonie en 2010).
4. Ricardo CHERENTI, Radioscopie des politiques d’insertion socio-
professionnelle dans les CPAS wallons. Analyse 2010, Fédération des CPAS,
UVCW, septembre 2010, p. 24 (www.uvcw.be/no_index/cpas/insertion/
Radioscopie-Analyse-generale-2010.pdf).
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La disposition au travail devient une condition sine qua non pour l’at-
tribution du RIS, du moins lorsque les personnes sont jugées aptes à
travailler. L’octroi et le maintien du RIS peuvent être assortis d’un PIIS,
à l’initiative du CPAS ou à la demande de l’intéressé lui-même. Si le
CPAS estime qu’une personne ne peut réintégrer le marché de l’em-
ploi, il peut exiger la signature d’un PIIS menant à terme à cette réinté-
gration. Parmi les sanctions prises en 2009 dans les CPAS wallons,
celles qui concernent le non-respect d’un PIIS sont de loin les plus
importantes (43%) ; elles peuvent aller d’une suspension des alloca-
tions pendant un à trois mois maximum en cas de récidive. La deuxiè-
me cause de sanction est la non-disposition au travail (29% des cas).
On notera toutefois que le taux de sanction est peu élevé : 2,2% de l’en-
semble du public des CPAS wallons avaient subi une sanction en 2009.
5. Ibid., p. 13.
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l’en empêchent ; elle a fait valoir ses droits aux prestations dont elle
pourrait bénéficier par ailleurs,…). La subvention peut être refusée au
CPAS si le rapport établi à la suite de cette enquête ne montre pas que
les différentes conditions sont remplies.
Soulignons enfin que ‘l’activation’ réalisée par les CPAS laisse plus de
place à l’appréciation individualisée des cas que dans la procédure
d’activation réalisée par l’ONEM ; la marge de subjectivité y est en ce
sens plus importante. Subjectivité du travailleur social puisque c’est
lui qui prépare un dossier défendant ou non le droit de la personne au
RIS, montrant qu’elle ne dispose pas de ressources suffisantes, qu’el-
le est ou non apte à travailler, qu’elle fait preuve de disposition au tra-
vail et, le cas échéant, qu’elle respecte son contrat. Subjectivité du
conseil du CPAS également puisque c’est lui qui accorde ou non le
RIS (sur base du dossier défendu par l’assistant social). Dès lors, le
caractère plus ou moins dynamisant ou contraignant d’un CPAS
dépend largement des orientations de son conseil, mais aussi de l’as-
sistant social lui-même.
Catherine BASTYNS
Lire et Ecrire Communauté française
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Depuis quelques années, nous avons constaté une très nette augmen-
tation des demandes d’attestations d’inscription aux formations de la
part de l’ONEM et des CPAS, ainsi qu’une pression plus forte de cer-
tains services afin d’obtenir des renseignements sur la régularité des
personnes en formation (attestations de ‘fréquentation’).
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L’ampleur du phénomène
En 2008, nous avions mené une enquête auprès des six Locales de
Lire et Ecrire Bruxelles 3. Nous avons réitéré l’exercice fin 2012, ce
qui nous permet de tirer les constats suivants 4 :
- Le nombre important d’attestations délivrées : 713 en 2006-07 5 et
824 en 2011-12 6. On ne peut pas parler d’augmentation car on n’a
pas l’ensemble des chiffres pour l’année 2007.
- Une grande disparité entre les Locales : les Locales Sud et Centre
délivrent relativement peu d’attestations par rapport aux quatre
autres, ce qui peut en partie s’expliquer par le nombre moins élevé
d’apprenants inscrits dans ces deux Locales.
- Une forte augmentation entre 2006-07 et 2011-12 du nombre
d’attestations dans les Locales Nord-Ouest (+72%) et Sud-Est
(+58%). Ce ne sont pas les plus grosses Locales en termes de
nombre d’inscrits, mais elles reçoivent et réorientent un très grand
nombre de personnes (352 pour la Locale Sud-Est et 396 pour
la Locale Nord-Ouest), d’où un nombre important d’attestations
de présentation. Par contre, la Locale Centre est la seule Locale
où le nombre d’attestations délivrées est en baisse (-71%).
- La Locale Ouest semble la plus stable dans la délivrance des attes-
tations (augmentation de seulement 17%).
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7. Locale et période pour laquelle nous avons les données les plus précises.
8. Les CPAS de Bruxelles, de Saint-Gilles, d’Anderlecht, de Schaerbeek, de
Molenbeek et d’Ixelles. Par manque de temps, nous nous sommes limitée à des
conversations téléphoniques avec, selon le cas, un ou deux travailleurs, souvent
des assistants sociaux et/ou des directeurs-coordinateurs.
9. Avant cette disposition du 5 juin 2008, le minimum était fixé à 10 heures par
semaine.
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Si l’on ajoute à cela que quasi toutes les associations affichent com-
plet avant la fin de la période d’inscription, on comprend que la pres-
sion exercée par l’ONEM induit une sorte de course aux inscriptions.
Il semblerait que des personnes s’inscrivent dans plusieurs associa-
tions à la fois afin d’être certaines de trouver une place. Dès lors, il
arrive qu’à la rentrée, des groupes que l’on croyait complets ne le sont
pas parce qu’un certain nombre de personnes ont finalement trouvé
de la place ailleurs.
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pour des C94A ou des C98 attesterait, selon les accueillants, du fait
que certains apprenants cumulent des heures de formation dans
différents lieux pour atteindre les 20 heures exigées par l’ONEM.
Ceci dit, il arrive – mais c’est cependant peu fréquent – que les
accueillants communiquent des informations relatives à la fréquenta-
tion des cours en les notant à la main sur une attestation d’inscription
par exemple, ou en remettant une seconde attestation d’inscription.
Ils ne le font cependant que dans des cas bien précis, lorsque la per-
sonne risque de voir son dossier suspendu temporairement ou quand
le payement est effectivement suspendu : « Il y a 3-4 ans, un AS (assis-
tant social) voulait mettre dehors du CPAS un apprenant parce qu’il
pensait qu’il ne venait pas au cours. Il voulait l’exclure du RIS (reve-
nu d’intégration sociale) mais ils ne l’ont pas fait. À l’époque, on avait
envoyé une attestation d’inscription et une lettre au président du
CPAS par rapport à ce cas. » (une accueillante)
Nos personnes de contact dans les CPAS nous ont aussi fait part de
ce genre de situations :
- « Oui, il arrive que la personne soit suspendue du RIS temporaire-
ment si on voit qu’elle n’évolue pas, qu’elle n’a pas progressé ou
qu’on voit qu’elle n’est pas motivée ou qu’elle ne va pas au cours. »
(CPAS de Saint-Gilles)
- « Oui, ça arrive que la personne soit suspendue mais ce n’est pas de
manière systématique, c’est quand on a un doute sur son niveau de
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Il arrive aussi que les CPAS prennent contact avec l’association pour
avoir des informations sur la régularité d’un bénéficiaire au cours
d’alpha, mais il semble que ce soit plus souvent l’apprenant qui arri-
ve, paniqué, auprès des accueillants avec un courrier du CPAS.
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- Dans la même logique, les services d’ISP au sein des CPAS doivent
remettre des preuves objectives à Actiris pour obtenir le rembour-
sement des frais liés à la mise en œuvre du parcours d’insertion de
la personne. Cela permet de rembourser ses déplacements, de
payer les frais de crèche, etc. Mais pour la grande majorité des
assistants sociaux, les attestations d’inscription suffisent à prouver
la bonne volonté du bénéficiaire : « Tant que l’on a une preuve
écrite à mettre dans le dossier, c’est bon. »
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Conclusions
En ce qui concerne l’ONEM, nous avons vu que ce qui pose essen-
tiellement problème, c’est l’obligation faite aux chômeurs de suivre
20 heures de formation pour être dispensés de recherche active
d’emploi. L’offre reste en effet actuellement largement insuffisante,
et ce sans compter l’instauration future du parcours d’intégration, qui
verra arriver dans nos groupes un nombre certain de primoarrivants.
Quant aux CPAS, leur politique ‘formelle’ est d’obtenir des attesta-
tions de fréquentation. Mais les interlocuteurs des six CPAS consultés
acceptent la seule attestation d’inscription sauf dans les cas – rares ! –
que nous avons détaillés plus haut. Il semble donc que la communica-
tion faite aux CPAS par Lire et Ecrire quant à sa décision de ne pas
remettre d’attestations de fréquentation ait porté ses fruits.
Autre constat : les entretiens que nous avons réalisés montrent que,
malgré la décision de Lire et Ecrire Bruxelles de ne pas délivrer
d’attestations de fréquentation, il n’y aurait pas de changement de
politique des CPAS par rapport à l’orientation du public vers Lire
et Ecrire.
Il n’en reste cependant pas moins que Lire et Ecrire, ainsi que les
autres associations du réseau bruxellois, doivent faire face à une
forte augmentation des demandes d’attestations d’inscription et de
fréquentation, ce qui n’est pas sans conséquences sur notre secteur et
pose aussi quelques questions d’ordre éthique et politique.
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Magali JOSEPH
Lire et Ecrire Bruxelles
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Sélection bibliographique
Qu’entend-on par État social actif (ESA) ? En quoi celui-
par Eduardo
ci diffère-t-il de l’État social traditionnel (État-providen-
CARNEVALE
ce ou welfare state) ? Quels sont les effets sur le travail
social, sur les formations, sur les bénéficiaires, sur l’apprentissage ?
Quels sont les enjeux pour les acteurs sociaux ? Cette sélection indique
une série de documents qui peuvent contribuer à trouver des réponses
à ces questions.
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Article téléchargeable :
www.cdoc-alpha.be/Record.htm?idlist=1&record
= 19114050124919322329
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Eduardo CARNEVALE
Centre de documentation du Collectif Alpha
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Dernières parutions
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www.lire-et-ecrire.be
10,00 €