Pr. Neggaoui Mounir DIP

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DIP COURS

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

• Droit international public, Abdelhak JANATI IDRISSI , 1er Edition 2015


• Virginie Saint-James, Introduction au droit international public ;

Introduction générale

Essence du droit international public.


Si chaque société nationale est érigée par son droit interne, la société ou la communauté
internationale est soumise au droit international qui s’altère à faire cohabiter et coopérer des
Etats indépendants et souverains ayant des disparités démographiques, géographiques,
économiques, militaires, des conceptions politiques, des intérêts économiques etc.

Concept essence du droit international public :

Comment peut-on définir le droit international public ? Quelles sont ses spécificités ?

I- Concept et définition du droit international public


1- Dénomination ou appellation du droit international public

L’expression « droit international » a été utilisée pour la première fois par le jurisconsulte
anglais Jérémy BENTHAM dans un ouvrage paru en 1870.

De nos jours, dans leur grande majorité, les spécialistes utilisent l’expression « Droit
International Public » car à leurs yeux les normes de cette branche du droit public régissent
particulièrement les rapports entre les Etats.

Mais, d’autres expressions sont utilisées ; c’est le cas dans le passé du « JUS GENTIUM » OU
droit des gens et à l’époque contemporaine de droit international sans le qualificatif de public
au motif que les Etats ont perdu le monopole des relations internationales devenues aussi
l’œuvre de sujets non Etatiques, organisations internationales gouvernementales, et non-
gouvernementales, sociétés transnationales, individus etc.

2- Définition du droit international public

Les définitions doctrinales du droit international sont aussi diverses que variées. Le droit
international est défini comme étant : « le droit qui régit les relations internationales dès lors
que celle-ci ne relève pas d’un droit national » « le droit applicable à la société internationale »
« l’ensemble des normes et des institutions destinées à régir la société internationale ».

Ainsi, le droit international public se distingue du droit international privé qui est une branche
du droit privé et qui réglemente les rapports entre personnes privées de nationalités
différentes (nationalités, conflits de lois et de juridictions)

II- Spécificités du droit international public

Le droit international présente des particularités qui ont conduit certains théoriciens à nier son
existence.

1- Négation du droit international

Certains philosophes (Emmanuel Kant, Thomas HOBBES etc.) juriste, théoricien des sciences
politiques, et spécialiste des relations internationales ont nié l’existence du droit international.

La thèse qui nie le droit international est influencée par la théorie du contrat social et qui
distingue l’ordre national et le désordre international. Sur le plan interne les individus ont
abandonné « l’état de nature », c’est-à-dire l’anarchie et le désordre et ont conclu un pacte ou
contrat social on vertu duquel l’Etat détient le monopole de la contrainte et veille au respect
des règles juridiques, en sanctionne les violations etc. En revanche, au niveau international, les
Etats n’ont pas conclu un pacte social est continuent à vivre dans le désordre en l’absence d’une
autorité supranationale chargée de sanctionner systématiquement les violations aux règles de
droit.

Non sanctionnées et dépourvues de valeur juridique contraignante, les « règles internationales


» sont des simples normes d’éthique, d’usage, de convenance, et de courtoisie etc.

2- Existence et spécificité du droit international


La doctrine des publicistes admet largement l’existence du droit international avec ses
caractéristiques spécifiques, et ses négateurs sont minoritaires.

La jurisprudence, tant internes qu’internationales, se réfère abondamment aux règles du droit


international.

Pour leur part, les Etats reconnaissent l’existence du droit international dans la mesure où ils
ont « une politique juridique extérieure » dont l’objectif consiste à puiser dans ce droit les règles
qui justifient leur comportement et légitiment leur conduite. En outre, les textes
constitutionnels se réfèrent fréquemment au droit international et admettent souvent sa
supériorité sur le droit interne.

Par ailleurs, contrairement à ce que prétendent ses négateurs, le droit international ne


méconnaît pas totalement les sanctions (système de sécurité collective de l’ONU, réparation
de préjudice en cas de responsabilité, sanctions contre les auteurs des violations graves au droit
humanitaire, nullité des traités etc.)

En conséquence, le droit international existe, mais il est « différent » du droit interne, car il est
destiné à régir une société internationale composée d’Etats indépendants et souverains qui
n’ont au-dessus d’eux aucune entité supranationale planétaire.

3- Fondements du caractère obligatoire du droit international

Ce point est profondément controversé en doctrine. Il oppose principalement les objectivistes


aux positivistes.

Pour les tenants de la conception objectiviste, la force obligatoire du droit international ne


réside pas dans la volonté concordante des Etats, mais dans un ordre objective antérieure et
indépendant de la volonté des Etats (droit naturel, exigence de solidarité etc.)1.

En revanche, pour les partisans de la théorie positiviste, le fondement et les sources du droit
se situent dans la volonté concordante des Etats qui s’expriment de façon expresse dans les

1
Selon Grotius, le droit international qui est lié au droit naturel n’est pas créé par les états, mais que c’est un
ensemble de règles objectives, inhérentes à la nature. Ainsi, les états ne font pas naître le droit international d’un
acte de volonté mais le découvre par un acte d’intelligence.
traités et de manière tacite dans les coutumes. Chacune des deux doctrines puise dans la
jurisprudence internationale des passages qui la consacrent ou la réconfortent.

C’est ainsi que la Cour Internationale de Lahey a déclaré que le « droit international régit les
rapports entre Etats indépendants. Les règles de droit liant les Etats procèdent… de la volonté
de ceux-ci, volonté manifestée dans les conventions ou dans les usages généralement acceptés
comme consacrant des principes de droit ». Cette même Cour a affirmé, en sens inverse, qu’une
« distinction essentielle doit être établie entre les obligations des Etats envers la communauté
internationale dans son ensemble et celles qui naissent vis-à-vis d’un autre Etat… par leur
nature même, les premières concernent tous les Etats… les obligations dont il s’agit sont des
obligations erga omnes2 »

III- Développement historique du droit international

La naissance du droit international est différemment datée par les spécialistes qui soulignent
unanimement le rôle précurseur de la doctrine et le développement rapide et tentaculaire à
l’époque contemporaine.

1- Essence pré-Etatique ou post-Etatiques du droit international

Pour certains, la jeunesse du droit international est antérieure à la naissance des Etats puisque
les civilisations anciennes ont connu la technique des traités. Le traité de la Perle, traité de paix
qu'a signé le pharaon égyptien Ramsès II avec le roi des Hittites en -1296

2
Erga omnes est une locution latine, généralement utilisée en droit et signifiant : « À l’égard de tous ». En droit
international, un droit erga omnes est un droit que toute nation peut revendiquer,
Aussi, des mécanismes de l’action diplomatique et consulaire, la pratique de l’arbitrage,
l’échange et le traitement des prisonniers de guerre etc.

En revanche, pour bon nombre de spécialistes l’avènement du droit international


historiquement à la constitution des Etats modernes après leur double victoire sur la papauté
(église) et plus précisément aux traités de Westphalie en 1648 et donc à l’émergence d’une
société internationale composée d’Etats souverains
2- Rôle prépondérant de la doctrine dans la jeunesse du droit international

La doctrine joue un rôle de premier plan durant la phase de gestation du droit international.
On parle à ce sujet des « pères fondateurs » du droit international (Francisco de Vitoria, Grotius
etc.)

Grotius reste incontestablement le plus célèbre et qui a jeté les bases du droit international,
fondé sur le droit naturel. Deux de ses livres ont eu un impact durable dans le domaine du droit
international : Le De Jure Belli ac Pacis (Le Droit de la guerre et de la paix) où il présentait sa
théorie de guerre juste et le Mare Liberum (De la liberté des mers) où il a formulé le nouveau
principe selon lequel la mer était un espace international que toutes les nations pouvaient
utiliser pour la navigation maritime.

3- Grandes tendances du droit international moderne

L’universalité, la codification, l’interdiction du recours à la force, la juridictionnalisation et


l’éclatement en plusieurs branches sont les tendances lourdes du droit international moderne.

Tout d’abord, le droit international s’universalise en ce sens qu’il reflète les préoccupations de
l’ensemble de la communauté internationale. Car, jusqu’au début du XXe siècle, le droit
international est demeuré un droit fondamentalement européen, d’inspiration occidentale et
judéo-chrétienne et au service d’une communauté internationale limitée au club fermé des
nations dites civilisées, c’est-à-dire européenne ou d’origine européen. La doctrine de l’époque
admettait largement la distinction entre pays civilisés, semi civilisés et non civilisés et limiter,
par conséquent, le champ d’application du droit international aux relations européennes.

Ensuite, depuis le milieu du XXe siècle un processus dynamique de codification et de


développement progressif du droit international coutumier s’est déclenché. Cet effort a
débouché sur plusieurs conventions multilatérales régissant des domaines importants :
Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (18 avril 1961), et consulaire (24 avril
1963), le droit des traités (23 mai 1969), la succession d’Etats en matière de traités (22 août
1978), de bien, d’archives et de dettes (8 avril 1983), convention de Montego bay sur le droit
de la mer (le 10 décembre 1982) etc.

En troisième lieu, alors que le droit international classique autorisait le recours à la force dans
les relations internationales, le droit international moderne prescrit le règlement pacifique des
différents et interdit le recours à la force ou à la menace de la force, sauf dérogation (droit de
légitime défense, système de sécurité collectif).

Quatrièmement, on note une juridictionnalisation accrue du droit international moderne,


concrétisé par la multiplication de cours et de tribunaux judiciaires internationaux (Cour
Internationale de Justice, Cours Pénale Internationale, Tribunal International du Droit de la Mer
tribunaux pénaux internationaux ad hoc3 pour l’ex Yougoslavie, Rwanda etc.) ou d’organes

3
Qui convient parfaitement à une situation, à un usage, à un moment précis.
quasi juridictionnels comme l’organe de règlement des différends de l’organisation mondiale
du commerce à cela s’ajoute la multiplication des centres d’arbitrage.

En cinquième lieu, les domaines partiellement ou nouvellement saisis par le droit international
se sont tellement diversifiés, développer étendu que certains chapitres du droit international
moderne ont tendance à devenir de véritables branches autonomes : par exemple droit
international économique, international de l’investissement , droit international humanitaire
droit international de l’environnement etc.

IV- Rapport entre droit international et le droit interne

Cette question oppose les monistes au dualistes. Mais de nos jours un fort courant doctrinal
admet la prééminence du droit international sur le droit interne.

1- Théorie moniste

Pour les tenants de la théorie moniste toutes les règles juridiques, qu’elles soient nationales ou
internationales, se fondent dans un ordre juridique unique et uniforme. Aussi, les monistes
récusent-t-ils toute réception des règles internationales dans l’ordre juridique national. Cela
signifie que la norme internationale qui lie l’Etat est automatiquement valable en droit interne
et n’a pas besoin d’être transposée dans ce droit interne par un acte spécial de transformation,
par exemple en édictant une loi.

2- Théorie dualiste

Exposées par des auteurs positivistes allemands et italiens, cette conception considère que le
droit international et le droit interne constituent deux ordres juridiques différents, distincts et,
chacun ayant ses sujets, ses sources et son objet ou champ d’application. Le droit interne régit
les rapports entre les individus et entre ceux-ci et leurs Etats. Tandis que le droit international
régit les relations entre les sujets des relations internationales.

En conséquence, la théorie dualiste évacue et élimine la probabilité de tout conflit entre les
règles internationales et les règles nationales puisque, pour être appliqué dans l’ordre interne,
puisque les règles internationales ont besoin préalablement d’une transposition ou d’une
réception, c’est-à-dire une procédure particulière d’incorporation. En l’absence d’une
disposition constitutionnelle qui déclare qu’un traité à force de loi, il faut qu’une obligation
internationale soit transformée par voie législative pour s’appliquer en droit interne. Le texte
du traité peut être incorporé directement en le reproduisant soit dans les dispositions de la loi,
soit en annexe. La transformation des règles coutumières réalisée généralement par l’adoption
d’une nouvelle loi ou la modification d’une loi existante.

La théorie dualiste a ses limites. En effet, elle ne peut expliquer pourquoi des traités sont
appliqués sur le plan interne par les juridictions étatiques sans réception.

3- Prééminence du droit international sur le droit interne

La prééminence du droit international est admise par un fort courant doctrinal, par des traités,
par nombre de constitutions modernes ainsi que par une jurisprudence abondante.

Au niveau de la doctrine, le professeur Michel Verally estime que la supériorité du droit


international « est inhérente à la définition même de ce droit et s’en déduit immédiatement… le
droit international est inconcevable autrement que supérieur aux Etats. Nier sa supériorité
revient à nier son existence ». Le professeur Dominique Carreau note que la supériorité du droit
international sur le droit interne est un principe intégralement reconnu au niveau international.

Concernant le droit conventionnel, la convention de Vienne sur le droit des traités de 1969
(article 27) dispose qu’une « partie ne peut invoquer les dispositions de son droit interne comme
justifiant la non-exécution d’un traité » et que les Etats partis ont l’obligation d’appliquer les
traités de bonne foi.

S’agissant du droit constitutionnel comparé, bon nombre de constitutions moderne pose


clairement et expressément le principe de la supériorité d’application du droit international ou
du moins des traités sur le droit interne en cas de contradiction.

Au Maroc par ce terme ambigu des constitutions antérieures avant celle de 2011, la supériorité
du droit international sur le droit interne déboulé de certaines lois ordinaires par exemple le
code de la nationalité. La constitution de 2011 à innover sur ce point son préambule et
certaines de ces dispositions permettent de conclure à une primauté « conditionnée » du droit
international sur le droit interne.

Deux remarques s’imposent au sujet des constitutions nationales qui admettent, en termes
variés, la prééminence du droit international :
D’abord, fréquemment la prééminence du droit international sur le droit interne affirmée par
les constitutions ne couvre pas le droit international dans sa globalité (droit conventionnel et
droit coutumier), et se limite aux traités conclus, rectifiées et publiées par l’Etat, avec ou sans
condition de réciprocité de la part des autres Etats. Ensuite, les dispositions constitutionnelles
établissant la prééminence du droit international n’indique pas généralement la place du traité
par rapport à la constitution elle-même. Selon beaucoup d’auteurs, les normes internationales
sont supérieures aux normes internes, qu’elles soient ordinaires ou constitutionnelles.

Par ailleurs, force est de constater que lorsque le juge ou l’arbitre international affirme la
supériorité du droit international sur le droit interne il ne va pas jusqu’à annuler la norme
interne contraire au droit international, mais il se contente de la déclarer « inopposable » au
niveau international.
Première partie : sujets et principes de base du droit international
public

Chapitre I : sujets de droit international

La qualité de sujet de droit signifie la latitude d’être titulaire droit et d’assumer des obligations
que ce droit.

Au niveau international, les Etats sont restés pendant longtemps les seuls sujets du système
international. Mais, de nos jours ils ont perdu ce monopole au profit d’autres acteurs.

Les sujets du droit international actuel sont de natures variées. Les Etats sont des sujets
souvent, originaux du droit international. Les organisations internationales sont des sujets
dérivés car ce sont les Etats qui les créent en vertu d’un traité. Les autres sujets sont qualifiés
de mineurs, secondaires, émergeant etc. par exemple des individus, sociétés transnationales,
organisations non-gouvernementales, etc. certains spécialistes préfèrent les qualifiés d’acteurs
de relations internationales

I- L’Etat

Longtemps « Droit des États “, le droit international s’ouvre difficilement à d’autres sujets.
L’État demeure donc le sujet principal du droit international puisqu’il est le seul à y avoir la
capacité et la personnalité juridique les plus développées. Entreprise en droit constitutionnel,
l’étude de l’État commence traditionnellement par l’énumération de ses éléments constitutifs
ou critères qui sont au nombre de trois : un territoire, une population et un gouvernement
politiquement organisé, maître de l’un et de l’autre. Ces trois éléments sont nécessaires, car
seule leur conjonction assure l’indépendance et donc la souveraineté. Ils font tous trois l’objet
de développements en droit international

1- Éléments constitutifs de l’État : territoire, population, pouvoir politique.


L’État est défini comme une population établie sur un territoire donné sous l’autorité d’un
pouvoir politique.

§ 1. La délimitation territoriale : Les frontières


À l’exception de la haute mer, il n’existe plus à l’heure actuelle de surface terrestre qui ne fasse
l’objet d’un rattachement à un État. Il arrive même encore fréquemment que des portions
territoriales soient réclamées par plusieurs États. Il n’y a pas d’État sans assise territoriale. La
volonté de L’État de s’assurer un territoire le plus important et le plus stable possible s’explique
si l’on garde à l’esprit que le territoire est l’assise spatiale des compétences de l’État, et qu’il
détermine pour une grande part, le lieu où s’exerce pleinement sa souveraineté. Cela explique
le comportement très revendicatif des États que G Scelle appelait « l’obsession territoriale » de
l’État, qui conduit les États à rechercher toujours davantage de territoire.

Le territoire est délimité par des frontières qui constituent « la ligne de rencontre des espaces
où s’exercent respectivement les pouvoirs et les droits souverains », les frontières sont
délimitées par des accords. La frontière maritime se situe dans le prolongement des frontières
terrestres.

En dehors d’une quarantaine d’États enclavés ne disposant pas d’une façade maritime, l’espace
maritime de l’État comporte :

• les eaux intérieures : elle constitue le lieu de rencontre entre la Terre et la mer sur
lesquels les États côtiers exercent une souveraineté entière.

• La mer territoriale : s’étale sur 12 milles marins à partir des eaux intérieures et sur
laquelle la souveraineté de l’État côtier concédé aux navires étrangers le droit de passage
inoffensif qui s’exerce de façon continue sans présentées des menaces pour l’État côtier.

• La zone contiguë est un espace maritime s’étendant, au-delà de la mer territoriale,


jusqu’à 24 milles nautiques (exactement 44 448 m.) des côtes depuis la ligne de base droite,
où l’État côtier a le pouvoir d’exercer des droits de douane et de police

• La zone économique exclusive : elle couvre 200 miles marins à partir de la côte et sur
laquelle la souveraineté de l’État côtier se limite aux ressources à l’exclusion de la liberté de
navigation. Au-delà c’est la haute mère qui fait partie du patrimoine commun de l’humanité est
liée accessible à tous les États.

Il existe aussi une frontière aérienne à l’aplomb de chaque frontière terrestre. Il n’y a guère que
vers l’atmosphère que le territoire ne soit pas borné.

Les conséquences : la protection juridique des frontières la frontière est un élément capital
pour l’État, car elle détermine l’assise des compétences étatiques. Ce rôle majeur explique la
protection qui entoure le tracé des frontières. La sécurité juridique déjà instable dans l’ordre
international nécessite une protection particulière de la frontière qui s’affirme dans le principe
d’intangibilité des frontières (principe interdisant de remettre en cause le titre juridique sur
lequel repose une frontière) qui interdit que l’on remette en cause un titre juridique établissant
une frontière. Ce principe est lié au principe dit de l’« Uti possidetis juri » qui impose que l’on
conserve les frontières existantes, même quand un État accède à l’indépendance après
décolonisation

Population :

Il ne peut y avoir d’États sans population qui peut, selon le cas, dépasser 1 milliard d’individus
ou seulement quelques milliers.

Au sein de la population de l’État, il importe de distinguer les ressortissants (les nationaux) de


l’État et les étrangers. Le critère de distinction et la nationalité. Selon la cour internationale de
justice, « la nationalité est un lien juridique ayant à sa base un fait social de rattachement, une
solidarité effective d’existence d’intérêts, de sentiments, joints à une réciprocité de droits et de
devoirs »

L’octroi et la déchéance de la nationalité relèvent exclusivement de l’État et de son droit


interne.

Pour l’octroi de la nationalité d’origine certains États privilégient le lien de sang ou en latin, jus
sanguinis, est la règle de droit attribuant aux enfants la nationalité de leurs parents, quel que
soit leur lieu de naissance. D’autres États privilégient le lien du sol (jus soli) c’est-à-dire le lieu
de naissance sur le territoire de l’État y compris ses aéronefs les navires et les ambassades à
l’étranger à l’étranger.
En gris sur cette carte : pays appliquant le droit du sang seulement ou n’ayant pas de loi de
nationalité connue. En bleu clair : pays qui appliquent un droit du sol sous certaines conditions
en plus du droit du sang. En bleu foncé : pays qui appliquent un droit du sol inconditionnel en
plus du droit du sang.

À côté de la nationalité d’origine, la nationalité acquise est obtenue par voie de mariage ou
naturalisation.

À côté de ceux qui ont plusieurs nationalités il y a ceux qui n’ont aucune : les apatrides. Le droit
international essaie de leur garantir un minimum de droit. Le droit protège aussi les réfugiés
qui n’ont pas perdu formellement leur nationalité, mais que leur état d’origine ne l’assure plus.

L’État accorde aussi sa nationalité aux navires qui battent son pavillon aux aéronefs et pour les
entreprises internationales, il peut accorder la nationalité sur la base ou selon le critère du siège
social.

La nationalisation des biens : Normalement, le pays dispose d’une compétence souveraine qui
lui donne le droit de privatiser et nationaliser comme il l’entend, au nom de la souveraineté
d’un pays sur ses ressources naturelles. La doctrine reconnaît à tout État le droit de nationaliser
les biens sur son sol, mais refuse de reconnaître que l’État puisse nationaliser en dehors de la
sphère de sa compétence territoriale. Ce droit de nationaliser s’accompagne d’un devoir de le
faire pour un motif d’utilité publique, de façon non discriminatoire et sous condition
d’indemnisation
Pouvoir politique : Le gouvernement et le principe de non-ingérence

La supériorité même de l’État sur les autres institutions réside dans sa souveraineté, dont
découle une puissance inégalée : la puissance souveraine. Cette souveraineté ne peut se
concevoir sans une indépendance de l’État, qui se manifeste dans ses choix de politique interne
et internationale. Ces choix doivent pouvoir être exprimés par un gouvernement indépendant

. L’existence d’un gouvernement : L’existence d’un gouvernement qui affirme sa maîtrise du


territoire et de la population est la troisième et dernière condition d’existence de l’État. Du
point de vue du droit, et particulièrement du comportement des autres États, la principale
difficulté réside dans la distinction entre existence reconnue de l’État et l’existence reconnue
d’un gouvernement. Ces deux questions liées à la nationalité semblent en effet fort proches,
pourtant elles ne se posent pas de manière identique endroit international.

A. Reconnaissance des États

La reconnaissance d’État se définit comme « l’acte par lequel un État admet qu’une entité tierce
déterminée réunit bien, à raison des éléments qui le composent, sinon des modalités de sa
formation, les conditions nécessaires à la possession de la personnalité juridique plénière dans
l’ordre international ». C’est donc l’acte par lequel État reconnaît qu’un autre État existe parce
qu’il réunit les trois critères : territoire, population et gouvernement ayant la maîtrise de l’un
et de l’autre. Le principe demeure selon lequel la nationalité fait partie des compétences
discrétionnaires de l’État, mais la mise en œuvre de la reconnaissance est de nos jours bien
aléatoire et obéie souvent à des motifs plus politiques que juridiques.

1. La compétence discrétionnaire : Contenu et valeur du principe

L’existence d’un État est un fait objectif, né de la réunion des trois critères constitutifs.
Pourtant, les autres États conservent un droit subjectif, discrétionnaire de reconnaître ou non
le nouvel État. En conséquence, il n’y a pas d’obligation à leur égard de nouer des relations
diplomatiques ou juridiques. Cette solution est classique. À l’inverse, ils reconnaissent parfois
prématurément des États dont les éléments constitutifs ne sont pas réunis (l’État palestinien
reconnu dans la Déclaration d’Alger du 15 novembre 1988). C’est pourquoi le caractère
discrétionnaire de la compétence étatique de reconnaissance est parfois contesté.
2. Les critères et modalités

Les formes de la reconnaissance sont très variées. La reconnaissance peut prendre la forme
d’un acte exprès officiel, qui peut être individuel ou collectif (grouper plusieurs États).
Constituent aussi une reconnaissance d’État des actes implicites : l’établissement de relations
diplomatiques et même de relations commerciales. Reconnaître un État c’est forcément
reconnaître aussi son gouvernement. Pourtant les deux types de reconnaissance sont
dissociables. Devant la difficulté en droit international d’obtenir de façon simple le statut d’État,
certains tentent de faire jouer ce rôle à l’admission au sein des organisations internationales.
Tel est le cas de la Palestine à laquelle un vote de l’Assemblée générale des Nations Unies a
conféré le statut d’Etat observateur.

B. Reconnaissance des gouvernements : Différence avec la reconnaissance d’États

On est ici dans une situation où l’État existait précédemment, mais où il a subi une révolution.
L’existence de l’État n’est pas en cause, c’est la possibilité des certaines personnes ou certains
groupes de s’exprimer en son nom sur la scène internationale qui est en question. Pour s’en
tenir au seul point de vue du droit, en vertu du principe de non-ingérence, les États tiers ne
redevraient pas intervenir dans le processus de choix des gouvernements interne. Mais la
réalité est plus compliquée, et varie souvent, il faut bien le reconnaître en fonction des intérêts
géopolitiques des États.

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