Comment - Eviter - Le - Piege - de - La Dette - Apres - La - Pandemie
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Article
Première raison
Une telle situation de taux d'intérêt durablement inférieurs aux taux 4
de croissance engendre quasi inéluctablement des cycles financiers,
c'est-à-dire des bulles sur les actifs patrimoniaux (notamment actions
et immobilier, mais aussi or, art, etc.), avec une tendance au
surendettement et à des prises de risque trop fortes et sous-
rémunérées chez les investisseurs (ménages comme gestionnaires
d'actifs). En fin de compte, cela conduit à une vulnérabilité
Deuxième raison
Nonobstant les crises financières engendrées, les taux trop bas, trop 5
longtemps, pèsent eux-mêmes sur le trend de croissance. Ce n'est pas
toujours bien compris. D'après le modèle usuel, le taux d'intérêt
naturel, calculé à partir de déterminants qui sont des variables
réelles, est de plus en plus bas depuis quelques décennies. Il est même
très bas ces dernières années, voire même inférieur à zéro dans la
zone euro. Le taux naturel extrêmement bas, voire négatif, serait la
manifestation d'une épargne supérieure à l'investissement ex ante et
d'une inflation trop basse, inférieure à sa cible. Cela justifierait donc
d'amener les taux effectifs toujours plus bas pour pousser l'épargne à
la baisse et l'investissement à la hausse, et remonter parallèlement le
taux d'inflation. Cependant, peut-être existe-t-il une anomalie dans le
raisonnement. Cette idée, si elle est partiellement vraie, est aussi
Enfin, les taux d'intérêt trop bas, trop longtemps, créant des bulles, 8
engendrent des inégalités patrimoniales qui, outre les conséquences
sociales induites, peuvent pénaliser la consommation. Ce ne sont pas
les ménages dont la propension à consommer est la plus élevée qui
s'enrichissent le plus.
Cela signifie qu'amener sans cesse les taux plus bas pendant des 12
phases de croissance « normale », à la poursuite d'un taux d'intérêt
naturel lui-même en baisse, résulterait peut-être d'une interprétation
partiellement erronée. Une interprétation qui pourrait avoir des
conséquences négatives sur l'économie, eu égard aux effets décrits ci-
dessus. La question alors de la cible d'inflation pendant ce régime
d'inflation, à un niveau inférieur, mais proche, à 2 %, se poserait avec
acuité.
Troisième raison
L'idée selon laquelle les taux d'intérêt en dessous des taux de 14
croissance assurent durablement la solvabilité des États repose sur
une série d'hypothèses héroïques. Tout d'abord, l'hypothèse selon
laquelle l'inflation ne reviendra pas significativement avant
longtemps. L'inflation ne repartira en effet probablement pas dans
l'immédiat, mais, à quelques années de là, qui sait si la politique
américaine ne relancera pas l'inflation avec un déficit budgétaire très
élevé, l'augmentation des salaires, etc. ? Quelle sera l'influence sur les
prix d'une éventuelle reprise très forte après la Covid-19, faisant face
à des goulots d'étranglement ? Quel sera l'effet de la réorganisation de
certaines chaînes de production et des circuits
d'approvisionnement ? Quel sera l'effet enfin du coût de la nécessaire
transition énergétique sur le régime d'inflation ? Une certaine
inflation serait d'ailleurs légitime et utile, dès lors qu'elle ne se
transforme pas en régime inflationniste, c'est-à-dire en une
indexation généralisée. Mais, si l'inflation dépassait durablement sa
cible, soit les banques centrales réagiraient et, eu égard à la quantité
considérable de dettes, provoqueraient des insolvabilités privées et
Ajoutons enfin qu'il ne suffit pas que les taux d'intérêt remontent 16
pour que l'équation usuelle indique que les conditions de la solvabilité
des États ne sont pas réunies. En effet, même si les taux d'intérêt
restaient encore longtemps à leur niveau d'aujourd'hui, un choc assez
fort et durable pourrait faire baisser le taux de croissance lui-même et
mettre ainsi en doute la trajectoire de solvabilité anticipée. Ou même
un déficit public primaire durablement aggravé pourrait contrarier la
solvabilité, même facilitée parallèlement par un taux d'intérêt
inférieur au taux de croissance.
Quatrième raison
À terme, si la dette augmente sans cesse par l'effet de l'argent 18
magique, la contrainte monétaire, c'est-à-dire la contrainte de
paiement, sera de plus en plus inexistante. Or, comme le dit très
justement Michel Aglietta, la confiance dans la monnaie est l'alpha et
l'omega de la société. Le système monétaire est un système de
règlement des dettes. La confiance dans la monnaie repose donc sur
le fait que le système de règlement des dettes emporte la confiance en
étant efficace. Si les ménages peuvent dépenser durablement plus
qu'ils ne gagnent, si les entreprises peuvent financer leurs pertes sans
limites, si les États ne connaissent aucune contrainte quant au
développement de leur propre dette, c'est le système monétaire lui-
même qui ne sera plus efficace, ni crédible. C'est alors la valeur même
de la monnaie qui sera mise en doute et, tôt ou tard, on risquera une
fuite devant la monnaie, avec l'apparition de monnaies privées non
bancaires, de cryptomonnaies, etc. On peut aisément imaginer, c'est
d'ailleurs en cours, que des GAFA (Google, Amazon, Facebook ou
Apple), plus solvables que les États et qui gèrent des quantités
gigantesques d'échanges commerciaux et de règlements, puissent
émettre leur propre monnaie. Les ménages ne préféreront-ils pas à
Les dettes des entreprises tout d'abord. En France, on sait que la dette 23
sur PIB des entreprises a beaucoup augmenté cette dernière
décennie, plus vite que la moyenne des pays de la zone euro, et
maintenant l'a dépassée. Il faut donc augmenter le capital des
entreprises par rapport à la dette. Les prêts participatifs sont une voie
à poursuivre, mais ce n'est pas la seule possibilité pour ce faire, parce
qu'ils restent de la dette, même subordonnée, et qu'ils coûtent
relativement cher. Sans doute les obligations convertibles doivent-
elles également être considérées, par exemple. Quoi qu'il en soit, il
faut inciter les ménages à mobiliser une partie de leur épargne vers le
capital des entreprises en améliorant leur fiscalité en tel cas ou en
garantissant une partie du capital ainsi investi. Il ne faut pas non plus
omettre que les banques et les assurances ont vu fortement
augmenter, avec Bâle III et Solvency II, le capital réglementaire
requis sur leurs placements en capital dans les entreprises. Ne serait-
ce pas, au moins temporairement, utile à l'économie européenne et
même favorable, in fine, au risque des banques, d'alléger le coût en
capital réglementaire de tels placements ?
CONCLUSION
Notes
Résumé
Plan
Première fausse piste
Quatre raisons de mettre en doute ce modèle
Quelles voies sont alors possibles pour sortir par le haut du piège de
la dette ?
Augmenter la croissance potentielle
Conclusion
Bibliographie
Bibliographie
juillet, https://www.bis.org/publ/bppdf/bispap98.pdf.
Auteur
Olivier Klein
https://doi-org.ressources.univ-poitiers.fr/10.3917/ecofi.141.0281
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