Esneux Au Fil de L'ourthe Version Numérique

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Georges Bleuhay

Le poète de Méry-sur-Ourthe

Au fil de l’Ourthe

POÈMES SUR MON TERROIR


Georges Bleuhay
Le poète de Méry-sur-Ourthe

Esneux
Au fil de l’Ourthe

POÈMES SUR MON TERROIR


À Laura Iker, Bourgmestre
À tous les amis et visiteurs d’Esneux
Puisse ce recueil leur rappeler
Qu’Esneux, Tilff et ses villages
Attendent impatiemment leur visite !

« Certaines personnes se croient d'autant mieux cultivées


qu'elles ont étouffé la voix du sang et l'instinct du terroir. Elles
prétendent se régler sur des lois qu'elles ont choisies
délibérément et qui, fussent-elles très logiques, risquent de
contrarier nos énergies profondes. Quant à nous, pour nous
sauver d'une stérile anarchie, nous voulons nous relier à notre
terre et à nos morts. »

Maurice Barrès, Amori et Dolori Sacrum, 1903. -

Du même auteur

Le cœur fou (Edilivre 2014)


Le cœur marigot (Edilivre 2015)
Le cœur à vau-l’eau (Edilivre 2015)
L’errance poétique (Edilivre 2016)
L’âme en révolte (Edilivre 2016)
Le miroir brisé (Edilivre 2016)
La fin du chemin (Edilivre 2017)
Le crépuscule du poète (Le livre en papier 2017)
L’âme en flamme (Le livre en papier 2017)
Le rêve en tête (Le livre en papier 2018)

1
L’Ourthe à Tilff

Dès le Clos Sainte Anne petite chapelle


Qui se blottit au bas d’un rocher sauvage
L’Ourthe se fait calme et encore plus belle
Dans sa traversée du petit village

La rue qui suit son cours est un ravissement


D’un côté son miroir teinté du léger vert
Des arbres du coteau dans son eau se mirant
À peine troublée par deux ou trois colverts

De jolies maisons bordent l’autre côté


Et des petits jardins offrent leurs quelques fleurs
Au passant stupéfait par la tranquillité
De ce lieu magique d’en vivre la douceur

Cette promenade mène à une place


Où le piéton heureux pourra se reposer
En se désaltérant à une terrasse
Au soleil regarder les enfants y jouer

Et c’est toujours pour moi le plus grand des plaisirs


Y promener mes pas loin de l’agitation
Régnant dans la cité avant d’y revenir
Avec ses embarras de la circulation

2
Les abeilles de Tilff

C’est un lieu splendide qui cache sa beauté


À l’ombre d’un château aujourd’hui restauré
L’on y trouve la paix dans ses dépendances
Et seuls les chants d’oiseaux rompent son silence

Là est son musée dédié à l’abeille


Et pour le visiteur c’est une merveille
Car l’apiculture est une tradition
Longtemps pratiquée dans sa belle région

C’est l’abeille noire qui y est à l’honneur


L’insecte familier qui butine les fleurs
Nous procurant les fruits et nous donnant son miel
C’est une richesse que nous offre le ciel

À quelques pas de là le rucher communal


S’abrite sous un toit un endroit idéal
Et il nous fait aimer l’insecte menacé
Si indispensable à notre humanité

De nombreux amateurs continuent à aimer


Même sans grand profit à avoir leurs ruchers
Hélas l’inquiétude qu’ils ont au fond du cœur
C’est leur disparition par des produits tueurs

La vie est si douce loin des grandes cités


Et nombreux les plaisirs de la ruralité
Et cette nature dans laquelle nous vivons
Ne devra pas changer du moins nous l’espérons

3
Le carnaval de Tilff

Voici le temps venu des rires et des chants


La foule de masques annonce le printemps
Car c’est le carnaval en joyeux défilé
Qui danse et agite les rues de la cité

Il enterre l’hiver et réveille la vigueur


D’un peuple assoupi par la morne froideur
D’une longue saison au ciel toujours trop gris
Il chasse les langueurs qui l’avaient envahi

Et les yeux des enfants brillent d’excitation


À voir tous ces groupes et leur exhibition
La joie est dans le cœur de petits et des grands
Qui fêtent follement les beaux jours revenants

Souvenir d’un passé fait de tradition


Les habitants de Tilff en garde l’émotion
Ils sont toujours présents qu’importe les soucis
Ils retrouvent tous les ans le bonheur d’être unis

4
La roche aux faucons

Je ne sais pourquoi ce matin


Ma muse m’a pris par la main
Pour me conduire sur ce rocher
Sorte de nid d’aigle haut perché

Un vent léger me caressait


Doucement le front d’un air frais
Et j’étais comme le rapace
S’emparant de son espace

Sous mes pieds je voyais le val


Le village de Tilff en aval
L’Ourthe où se mirait le ciel bleu
Véritable cadeau des dieux

Ma solitude me plaisait
Je quittais ce monde imparfait
Semblant si petit et lointain
Que j’aurais pu le prendre en main

Je me sentis ange déchu


Trouvant le paradis perdu
Mais cela ne pouvait durer
La joie n’est pas l’éternité

Fort tristement je m’en revins


Hélas redevenu humain
Vers cette maison nichée
Tout au fond de la vallée

5
Amostrenne

Les vieilles demeures rappellent le passé


D’un hameau paisible qui surplombe Esneux
Le passant y ressent le charme suranné
Des vieilles demeures sommeillant sous les cieux

L’arbre centenaire au milieu des maisons


Rappel des temps anciens il ne peut qu’inspirer
Le poète enchanté à l’âme en abandon
Qui se met à rêver devant tant de beauté

La chaleur du soleil fait somnoler un chat


Sur le pas de porte en pierre du pays
Il règne le silence même à l’heure du repas

Et celui qui y vit connaît-il son bonheur


De pouvoir habiter ce petit paradis
Et loin de la cité oublier ses rumeurs

6
Un nid d’artistes

Le visiteur charmé qui oriente ses pas


Dans ce charmant hameau aux maisons typiques
Ignore que ce lieu recèle un habitat
Où se sont abrités les arts poétiques

Camille Lemonnier et Auguste Donnay


Léon Souguenet et Maurice des Ombiaux
Aimaient s’y réunir parler de leurs essais
Et partager leur foi mise dans l’art nouveau

Autour de la maison au charme d’antan


Il existe toujours l’empreinte d’un terroir
Dont la fréquentation inspira leur talent
De peintre ou d’écrivain le cœur rempli d’espoir

Mais qui pouvait croire que dans ces venelles


Des artistes naissants viendraient s’y ressourcer
Avant de nous laisser des œuvres immortelles
Souvenirs émouvants venant droit du passé

Esneux a ses trésors le hameau d’Ham en est un


Il faut s’en rappeler les aimer tendrement
Ce sont les racines d’une histoire en commun
C’est tout notre passé qui rejoint le présent

7
L’antre du poète

Méry-sur-Ourthe est le nom


Du charmant petit village
La rivière lui a fait le don
De baigner ses rivages

À mi-hauteur dans le vallon


Dessous la pente boisée
Se trouve mon nid ma maison
D’où je domine la vallée

Lorsque je suis sur mon balcon


Je regarde souvent les oies
Se disputer quelques quignons
Qu’un passant leur jette parfois

Les eaux reflètent mille éclats


Des paillettes d’or du soleil
Et la senteur des seringats
Marque de l’été le réveil

L’on peut voir du belvédère


Le merveilleux panorama
Des courbes de la rivière
Qu’Auguste Donnay admira

Ce peintre de notre pays


Y déposait son chevalet
Il contemplait les yeux ravis
L’harmonie qui y régnait

8
En cet endroit je me sens bien
Il me remplit d’admiration
Et ma muse m’y prend la main
Pour éveiller l’inspiration

9
Brume sur l’Ourthe

Tout au long de l’Ourthe la brume légère


Qui flotte sur le val efface les contours
De la végétation dans le lever du jour
Qui plonge mon esprit dans un doux mystère

Un lointain souvenir venant de l’enfance


Réveille l’angoisse des vieilles légendes
Du pèlerin damné en douleur si grande
Qu’il venait s’y noyer dans sa folle errance

Mais un léger soleil vient gommer les ombres


Rend au val ses couleurs chassant la pénombre
Mon cœur ensommeillé oublie sa langueur

Il se met à voguer dans le fil de ses eaux


Le poète renaît avec un ciel si beau
Pouvoir vivre à Méry lui donne le bonheur

10
Mon pays ma patrie

Je suis un imbécile heureux


Comme l’a chanté Georges Brassens
Né quelque part en un lieu
Où se sont éveillés mes sens

Né par accident à Bruxelles


De Liège je me suis reconnu
Ma Principauté éternelle
Dans mon besoin de l’absolu

L’histoire dit qu’elle dura mille ans


Dans cet Occident fragmenté
Mais pour mon âme il est évident
Qu’elle a toujours sa liberté

Et j’y ai planté mes racines


Dans ses héros et leur histoire
Dans son industrie dans ses mines
Que l’on garde encore en mémoire

Oui je reste Principautaire


Fier de sa terre et ses cités
Jamais l’on ne me fera taire
Dans cet orgueil démesuré

L’homme est le fruit de son terroir


De la culture qui s’en dégage
De tout ce qu’il a pu y voir
De sa magie il est le mage

11
Oui, j’aime ses forêts et vallées
Ses rivières ses petits ruisseaux
Où dans mes plus jeunes années
Heureux je pataugeais dans l’eau

Bien que j’aie souvent voyagé


Et admiré d’autres contrées
Rien à mes yeux n’a supplanté
Ma vallée de l’Ourthe tant aimée

Je suis un imbécile heureux


Comme l’a chanté Georges Brassens
Mais nulle part je ne me sens mieux
Que dans ma terre d’adolescence

12
La plénitude

Chaleureux soleil de l’été


Au cours de cet après-midi
Tu m’inondes de ta clarté
Tout mon être s’en réjouit

Je me repose sur mon balcon


Et la nature qui l’étreint
Semble se mettre au diapason
Pour m’en faire un charmant écrin

Et de l’Ourthe à proximité
Le cri des oies se disputant
Seul trouble ma sérénité
Mais ce n’est pas vraiment gênant

Des surfinias le ton rose


Tranche sur le vert des buissons
Parfois un bourdon s’y pose
Éveillant mon inspiration

Mes yeux se portent sur les cieux


Dont le bleu azur m’inspire
Je sens la présence des dieux
Qui me proposent d’écrire

Écoute le trille des oiseaux


Pour qu’il t’inspire les rimes
Tes vers doivent être les plus beaux
Pour mériter notre estime

13
Et je me plonge avec délice
Dans les plus belles rêveries
Et mille feux d’artifice
Éclatent en mon âme ravie

En l’espace de quelques instants


Je découvre le Paradis
Avec les poètes d’antan
Qui m’accueillent comme un ami

Je trouve la fulgurance
De tous les plaisirs retrouvés
Dans une folle délivrance
Je les couche sur le papier

Et l’esprit enfin apaisé


Je me sens en plénitude
Je suis heureux mais isolé
Je suis bien dans ma solitude

14
Les oies de Méry

Suivant le fil de l’eau


Sur l’Ourthe si belle
Les oies sont un tableau
Comme une aquarelle

Quelques petits canards


Cancanent doucement
Et se tiennent à l’écart
Du troupeau prudemment

Et quand vient le passant


Avec du pain rassis
Tout en se dandinant
Elles s’avancent vers lui

Elles font des sifflements


Lancés avec vigueur
C’est l’avertissement
Qui devrait faire peur

Une d’elles en tapinois


Tend le bec vers la main
Criaille encore une fois
Hésite et prend le pain

Elle fuit aussitôt


Pour sauver son larcin
Les autres dans son dos
Pour voler son festin

15
Et leur charivari
Trouble la quiétude
Que je trouvais ici
Dans ma solitude

Mais quelle importance


L’endroit est si charmant
J’ai beaucoup de chance
D’y vivre maintenant

16
L’Ourthe à Esneux

En un coude majestueux,
Elle pénètre dans Esneux
Qu’elle traverse lentement
Son débit n’est jamais constant

Quand le temps lui est propice


Elle devient séductrice
Le ciel se mirant dans son eau
Offre le plus beau des tableaux

Mais son calme est apparence


Elle montre sa violence
Quand gronde au loin l’orage
Noyant tout sur son passage

Son flot s’amplifie et grossit


S’attaquant d’abord à Hony
Inondant caves et jardins
Effaçant parfois les chemins

L’été sous la sécheresse


Elle coule avec paresse
Laissant voir des rives arides
Et son lit est presque vide

Qu’importe pour ses habitants


Ils gardent son côté charmant
Au fond des yeux et de leur cœur
En oubliant quelques malheurs

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Et l’Ourthe puisque c’est son nom
Est pour eux le plus beau des dons
Longtemps la rivière a bercé
La progression de leur cité

18
Le peintre de Méry

Du sommet du Boubou souvent il contemplait


L’étroite vallée où l’Ourthe déroulait
Un large méandre d’eau reflétant le ciel
Où de nombreux canards se chauffent au soleil

La vue était superbe et l’artiste fut tenté


De saisir ses pinceaux pour peindre sa beauté
Et son inspiration nous laissa des tableaux
Magnifiant nos forêts et aussi nos hameaux

Si Auguste Donnay est parfois oublié


Dans toutes ses toiles son génie est resté
Un simple monument le rappelle au passant

Son âme erre encore en plein milieu des bois


Qu’il a tant adoré l’objet de ses émois
Et c’est en les peignant qu’il a vaincu le temps

19
Le « Vieux Thier »

Sur les bords de l’Ourthe le quai du village


Court au pied du rocher dominant les maisons
Et tout à son sommet face au paysage
Se trouve l’église y dressant son fronton

C’est par un escalier que l’on peut y monter


Cent cinquante-six marches que le passant gravit
Contemplant les logis qui bordent son côté
Pour accéder au Mont épuisé mais ravi

Cette voie paisible qui monte vers les cieux


Le rêveur y trouve l’ambiance du passé
Livrant à son esprit toute l’âme d’Esneux

Elle lui rappelle la vie difficile


Des cités d’autrefois et la modernité
Ne peut en effacer la trace subtile

20
Il pleut sur Esneux

J’ai le spleen quand il pleut


Sur la forêt d’Esneux
Les oiseaux se sont tus
Et le ciel s’est perdu
Me laissant démuni
Dans les nuages gris

J’espérais le soleil
Tous mes sens en éveil
Ressentir la chaleur
Me réchauffer le cœur
Marcher dans le matin
D’un bel été serein

Qu’elle est froide cette eau


Qui retombe à nouveau
Et la clarté s’enfuit
Me laissant dans l’ennui
Comme je me sens vieux
Quand il pleut sur Esneux

21
Esneux mon pays

Mon pays c'est Esneux


Où je me suis fixé
Où je me suis marié
Où j’ai vécu heureux

C’est aussi ces bois


Surmontant la maison
Où la biche aux abois
Fuit sous les frondaisons

Je suis dans le hameau


Que l’Ourthe de son eau
Au reflet de cristal
Caresse dans le val

J’ai les yeux éblouis


Par ce cours si joli
Longé par un chemin
Mon bonheur est divin

De mon balcon fleuri


Qui domine Mery
Je profite béat
De ce panorama

Ce pays est à moi


Il me remplit d’émoi
C’est mon identité
Je ne peux le quitter

22
Là je me suis fixé
Là je me suis marié
Mon pays c’est Esneux
Où je suis très heureux

23
La promenade Delsaux

Voici qu’un soleil généreux


Réchauffe délicatement
Le bois aux chemins caillouteux
Ce n’est pas encore le printemps

Les arbres nus semblent oublier


De l’hiver les nuits glaciales
Laissant les bourgeons éclater
Gorgés de sève vitale

Il me plaît à m’y promener


Quand du sol émerge la vie
Les premiers oiseaux vont saluer
L’éveil de cette féerie

Peu sont nombreux les promeneurs


Sur la promenade Delsaux
Ils ne savent pas le bonheur
De ressentir le renouveau

D’une symphonie de couleurs


Qui se prépare sous leurs yeux
Dans les arbres bientôt en fleurs
Du parc du Rondchêne à Esneux

Les espèces les plus rares


Y côtoient d’autres essences
Dans un mélange bizarre
À chacun sa préférence

24
Là ce sont des rhododendrons
Qui ouvrent leurs larges corolles
Offrant leur nectar au bourdon
Vrombissant dans un lourd envol

Ici c’est le rose églantier


À la si frêle élégance
Et aussi l’austère laurier
Dans sa drue magnificence

Tous ces souvenirs étonnants


Qui se mélangent dans mon esprit
Font que j’oublie le temps présent
Je suis heureux à l’infini

Mais une chose est certaine


Celui qui y dirige ses pas
Dans une rêverie soudaine
Au grand jamais ne l’oubliera

25
L’Ourthe à Esneux

En un coude majestueux,
Elle pénètre dans Esneux
Qu’elle traverse lentement
Son débit n’est jamais constant

Quand le temps lui est propice


Elle devient séductrice
Le ciel se mirant dans son eau
Offre le plus beau des tableaux

Mais son calme est apparence


Elle montre sa violence
Quand gronde au loin l’orage
Noyant tout sur son passage

Son flot s’amplifie et grossit


S’attaquant d’abord à Hony
Inondant caves et jardins
Effaçant parfois les chemins

L’été sous la sécheresse


Elle coule avec paresse
Laissant voir des rives arides
Et son lit est presque vide

26
Hony

Ce petit village aux maisons anciennes


A gardé le charme que l’on trouvait jadis
L’âme des habitants tellement citoyenne
A voulu préserver son centre si joli

La boulangerie en est le cœur vivant


En fin de semaine tout le monde s’y presse
Car l’on apprécie le talent d’artisan
De maître Labasse et sa gentillesse

Des rives de l’Ourthe dont j’aime la douceur


Quand son flot est sage et ne déborde pas
Lorsque vient l’orage et sa pluie en fureur

Quand le soleil revient tout s’éclaire à nouveau


Et chacun s’active pour remettre en état
Les rues et les jardins qui plairont aux badauds

27
Brialmont

Il fait beau temps sur Brialmont


En ce mois d’août qui débute
Vient enfin le temps des moissons
En or le blé se transmute

Je marche sous les ombrages


Des arbres bordant la drève
Admirant un paysage
Offrant des couleurs de rêve

Le roux flamboyant des chaumes


S’oppose au vert des collines
Délimitant ce royaume
Dans le champ qu’il redessine

Le ciel offre un bleu léger


Et un soleil étincelant
La vue ne peut qu’inspirer
Que de paisibles sentiments

Dans le lointain l’on aperçoit


Du père Levêque le labeur
Chargeant le foin sur le charroi
Juché au haut de son tracteur

Et je sens la plénitude
M’envahir le cœur et l’esprit
Apaisé par la quiétude
De ce travail en plein midi

28
Dieu que la nature est belle
Comme elle sait rendre le bonheur
Même au cœur le plus rebelle
Faire oublier souci et peur

À l’abbaye mène ce chemin


Qui est un lieu de prière
Il y a un peu de divin
Qui règne dans l’atmosphère

Et je comprends mieux nos anciens


Qui contemplaient ces horizons
Et adoraient en bons païens
Cérès Déesse des Moissons

29
Le château de Fy

Au hasard en suivant le fil de l’eau


Le promeneur découvre ébloui
Se découpant dans le ciel un château
Issu d’un désir fou et inouï

De la Franc-maçonnerie partisan
Sa demeure devait dominer l’église
Et le créateur prit le haut du versant
Sa modestie n’étant pas de mise

L’édifice qui se voulait le plus beau


Eut une histoire courte et tragique
En mil neuf cent cinq il fut érigé
Et subit des années dramatiques

Durant les deux guerres il fut occupé


Et l’on pensa voir sa disparition
Lorsque ses toits connurent l’incendie
La fin du siècle vit sa résurrection

J’ai souvent plaisir à le regarder


C’est une merveille pour contes de fées
Quelle joie de pouvoir le contempler
Sa somptueuse tour haut-dressée

Que serait la vallée sans sa beauté


Car de la ville il est le diamant
Bien qu’il soit dans un domaine privé
C’est un peu le trésor des habitants

30
Il neige sur Esneux

Il neige sur Esneux et le blanc envahit


Tout le paysage changé soudainement
Le village est figé sous un ciel bas et gris
Et les arbres pleurent sous le froid qui les prend

Quelques rares passants se hâtent pour rentrer


Trouver à la maison l’agréable chaleur
Que donne le bonheur d’un logis bien chauffé
La douce sensation d’oublier la froideur

Les enfants sont joyeux de ce tapis si doux


Que les cieux leur offrent pour un moment trop court
Où ils peuvent se rouler tels de jeunes chiens fous
Où le piquant du froid attaque leurs doigts gourds

Que j’aime mon hameau quand un peintre divin


Oublie ses couleurs pour la parer d’un blanc
Qui le fait ressembler à un joli fusain
Et qui me fait rêver comme quand j’étais enfant

31
Le crépuscule sur Esneux

Qu’Esneux peut être beau


Un soir calme d’été
Quand se couche sur l’eau
Un soleil apaisé

Et l’Ourthe s’assombrit
Reflétant doucement
Quelques derniers rubis
De l’astre flamboyant

Entre deux villages


Elle a creusé son lit
Frôlant au passage
Et Hony et Méry

Le promeneur se tait
Ravi par la vision
De quiétude et de paix
Loin de l’agitation

Hélas de la route
Toute proche va venir
Ce bruit qu’il redoute
Lui brisant son plaisir

C’est la malédiction
De ce trafic routier
Passant dans un vallon
Qu’on ne peut supprimer

32
Après l’orage

Mais qu’il est triste et noir


Ce ciel d’un jour d’été
Je sens qu’il va pleuvoir
L’orage va arriver

Les oiseaux se sont tus


Le feuillage est figé
L’air semble épais et dru
Pénible à respirer

Et l’orage espéré
Éclate brusquement
L’eau se met à tomber
Inondant routes et champs

Après le déluge
Le soleil apparaît
Quittant mon refuge
C’est la joie qui renaît

Je regarde les cieux


Leur azur éclatant
L’on est bien à Esneux
Lorsqu’il y fait beau temps

33
Automne sur la Chawresse

Voici venir le temps


Des feuilles mourantes
Dansant au rythme du vent
Une valse lente

Les frimas revenus


Les bois sont silencieux
Les oiseaux se sont tus
Partis vers d’autres lieux

Et les arbres éplorés


Semblent implorer le ciel
De leurs bras dépouillés
Par un sommeil mortel

Le bruit discret d’un ru


Rompt ce silence lourd
Son cristallin ténu
Signalant son parcours

Je sens déjà le froid


Qui annonce l’hiver
Venant en tapinois
Geler ce qui m’est cher

Voici venir le temps


Du regret de l’été
Du soleil triomphant
Qui m’a abandonné

34
Souvenance

Comme il est loin le temps béni


Et délicieux de ma jeunesse
Où le cœur empli d’allégresse
Je gambadais comme un cabri

Dans les bois et les prairies


D’Esneux où j’ai tellement couru
Libre et le corps à moitié nu
Ivre de sensation de vie

Courir au milieu des taillis


Respirer l’odeur du jasmin
Suivre de mystérieux chemins
Se sentir proche de l’infini

S’endormir au creux d’un vallon


Tout entouré de verdure
Se sentir part de la nature
À en oublier sa maison

S’éveiller au chant de l’oiseau


Penser l’instant éternel
Oubliant le monde cruel
De tous ces gens inamicaux

Mais aujourd’hui le corps lassé


Par ce qui fut un long voyage
Je vois encore les paysages
Mais ne puis plus en profiter

35
Adieu à mes tendres années
Dont il me reste le souvenir
Je sais tout humain doit partir
Et avec lui ses pensées

J’attends que l’oubli survienne


Dans une nuit si profonde
Où disparaîtra le monde
Cette existence qui fut mienne

36
Être Liégeois

Comment aurais-je pu savoir


Que j’aimerais cette cité
Et que mon âme allait choisir
Pourtant je n’y étais pas né

Liège la ville au cœur ardent


Où chaque rue est le berceau
Un vrai terroir pour tous ses gens
Qui en sont les vivants drapeaux

Car Liège est principautaire


Et digne héritier de Tchantchès
Son parler est populaire
Plein de bon sens et toujours vrai

Le Liégeois est une « tiesse di hoye »


Grande gueule au cœur bien tendre
Et si parfois il s’agenouille
Il ne faut pas s’y méprendre

Comme en témoigne son passé


Au prix de grandes souffrances
Il a gagné sa liberté
Se battant avec vaillance

Le nom de la principauté
Était un titre de gloire
Au cours des siècles écoulés
Qui s’inscrivait dans l’histoire

37
Ce ne sera pas aujourd’hui
Que l’on pourra le faire changer
Ce peuple orgueilleux dont je suis
Que j’aime et qui fait ma fierté

J’ai l’étendard de Saint-Lambert


Qui flotte au vent de mon esprit
Comme eux je porterais le fer
Pour combattre ses ennemis

Le pays de Liège c’est ma passion


C’est aussi une tendresse
Que je marque pour la région
Où j’ai passé ma jeunesse

38
Table des matières

L’Ourthe à Tilff .............................................................................................. 2


Les abeilles de Tilff ...................................................................................... 3
Le carnaval de Tilff ...................................................................................... 4
La roche aux faucons ................................................................................. 5
Amostrenne ................................................................................................... 6
L’antre du poète ........................................................................................... 8
Brume sur l’Ourthe .................................................................................... 10
Mon pays ma patrie ................................................................................... 11
La plénitude ................................................................................................. 13
Les oies de Méry ........................................................................................ 15
L’Ourthe à Esneux ..................................................................................... 17
Le peintre de Méry ..................................................................................... 19
Le « Vieux Thier »....................................................................................... 20
Il pleut sur Esneux ..................................................................................... 21
Esneux mon pays....................................................................................... 22
La promenade Delsaux ............................................................................. 24
L’Ourthe à Esneux ..................................................................................... 26
Hony............................................................................................................... 27
Brialmont ...................................................................................................... 28
Le château de Fy ........................................................................................ 30
Il neige sur Esneux .................................................................................... 31
Le crépuscule sur Esneux ....................................................................... 32

39
Après l’orage ............................................................................................... 33
Automne sur la Chawresse ..................................................................... 34
Souvenance ................................................................................................. 35
Être Liégeois ............................................................................................... 37

40
Après une carrière commerciale et sociale
bien remplie, René Georges Thirion a
pris une retraite définitive en 2013 et
c’est à ce moment qu’il se met à écrire
ses poèmes, sous le nom de plume de
Georges Bleuhay oubliant les quelque
trois cents articles marketing qu’il avait
publiés dans de nombreuses revues
économiques.

Liégeois amoureux fou de la France, il


réside dans le petit village de Méry
qui appartenait à l’ancien département de
l’Ourte sous Napoléon. Sa petite maison,
situé à flanc de colline, lui donne une vue
sur la rivière mais également sur un
sommet boisé lui rappelant sa jeunesse
heureuse dans les bois de Spa.

Il aime la vie, la nature cette commune qui regroupe non seulement deux
centres animés, mais aussi nombre de petits villages et hameaux à
la personnalité charmante nichés dans un écrin de nature.

Son écriture est simple mais ses mots sont précis. Chacun de ses poèmes
est un éclat, une étincelle jaillissant du feu du brasier de son âme.

Ses écrits sont la preuve, s’il en fallait une, que non loin de Liège, il
existe encore des coins de nature préservée malgré l’expansion constante
de nos cités.

Ce recueil uniquement édité sous format numérique reprend exclusivement


les poèmes qu’il a écrit sur Esneux, commune rurale qu’il porte dans son
cœur.

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