Psychologie Sociale de L'image: Psych
Psychologie Sociale de L'image: Psych
Psychologie Sociale de L'image: Psych
Psych
Psychologie
sociale
de l’image
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C o ll e c ti o n
Pascal Moliner
est professeur de psychologie
sociale à l’université Paul Valéry
de Montpellier (UM3)
et membre du laboratoire
Epsylon (EA 4556).
Les ouvrages de la collection sont tous soumis au principe de l’évaluation par les pairs.
Un comité éditorial est régulièrement constitué pour chaque ouvrage. Il est composé
d’un à trois experts compétents dans le champ et du directeur de collection qui jugent
du sérieux et de la pertinence des productions soumises au regard de la ligne éditoriale.
Cette étape est incontournable et les propositions d’ouvrages doivent sans exception
satisfaire ce principe.
1. Le lecteur peu familier des concepts de la psychologie sociale pourra se reporter au
mini‑glossaire à la fin de cet ouvrage.
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psychologie sociale de l ’ image
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Introduction
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sur qui elle est. Il en ira tout autrement si elle vous explique tout aussi
longuement qu’elle préfère les « Français » aux « Arabes ». Toutefois, si
vous êtes menuisier, il se peut que votre conversation sur les chaises
et les tabourets vous apprenne quelque chose sur votre interlocuteur.
Dans cette perspective, même un roman ou une œuvre d’art peuvent
devenir des objets sociaux, pour peu que leur propos ou leur significa‑
tion entre en résonance avec les préoccupations d’un ou de plusieurs
groupes sociaux2.
Ce dernier exemple nous conduit à un des éléments essentiels de cet
ouvrage. Il suggère en effet que les interprétations que nous pouvons
faire de notre environnement sont dépendantes de nos interac‑
tions à autrui et des contextes dans lesquelles elles se déroulent. Ces
contextes se déclinent de différentes façons. Il peut s’agir d’un sujet
de conversation ou d’une activité professionnelle. Il peut s’agir aussi
de contraintes liées aux situations dans lesquelles nous nous trouvons
ou de la position sociale de nos interlocuteurs, etc. C’est au travers de
ces systèmes complexes d’interactions que nous intégrons ou construi‑
sons nos visions du monde, de nous‑même et des autres. La psycho‑
logie sociale est la science de ces interactions, de leurs conséquences
sur nos comportements et sur nos croyances. Mais jusqu’à présent,
cette science ne s’est jamais vraiment intéressée au rôle que jouent
ces croyances lorsque nous interprétons une image ou lorsque, par le
moyen du dessin ou de la photographie, nous produisons des images
du monde qui nous entoure. Cet ouvrage est probablement le premier
à aborder cette question. Il tente de dresser un état des lieux de ce
que nous savons à son propos et dans le même temps, il ambitionne
de jeter les bases d’un nouveau champ de recherche que l’on pourrait
appeler la psychologie sociale de l’image.
Il y a peu, je discutais avec une jeune diplômée de psychologie sociale.
Elle m’expliquait alors qu’en découvrant cette discipline, elle avait
eu l’impression qu’il s’agissait de « la science des vérités vraies ».
2. On peut par exemple penser au récent roman de Michel Houellebecq, Soumission (2015).
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Introduction
Elle voulait signifier par‑là que bien souvent, les résultats issus de
cette discipline ne venaient que confirmer le sens commun. C’était
évidemment peu flatteur, mais ce n’était pas complètement inexact.
Par bien des aspects, la psychologie sociale est effectivement la science
du sens commun. Elle nous explique comment se construisent nos
croyances sur le monde qui nous entoure, comment nous les utili‑
sons et comment elles orientent parfois nos conduites. Nous allons
maintenant essayer de comprendre comment elles orientent aussi la
production et l’interprétation des images de notre société.
Chapitre 1
Les images
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que les images graphiques et optiques sont des objets présents dans
l’environnement extérieur du sujet. Au contraire, les images percep‑
tuelles, mentales et verbales appartiennent à l’univers intérieur du
sujet. Évidemment, notre appréhension et notre compréhension des
images graphiques et optiques sont étroitement liées à nos activités
perceptives et cognitives. À l’inverse, les images présentes dans notre
univers cognitif ne sont pas directement reliées à la présence d’objets
graphiques ou optiques dans notre environnement. C’est notamment
le cas des images mentales et verbales qui nous permettent justement
d’évoquer des objets absents et non directement perceptibles. Et même
si les images perceptuelles correspondent à des objets présents autour
de nous, elles résultent d’un travail cognitif de sélection et de trai‑
tement des données sensorielles qui font d’elles autre chose que de
simples reflets de la réalité. Dès les années 1950, les théoriciens du
new look (Bruner, 1958), l’avaient compris et les illusions d’optique
en sont une démonstration saisissante.
Images
Enfin, on doit remarquer que dans cette typologie, les images percep‑
tuelles et mentales ne peuvent être formées que par le sujet lui‑même.
Au contraire, les images graphiques, optiques et verbales peuvent être
produites par d’autres personnes que celui qui les reçoit. Ce point
paraît particulièrement important car il permet de comprendre que
ces images peuvent se situer dans un rapport de communication.
En complément de la proposition de Mitchell, il semble que la typo‑
logie proposée par Darras (1998), apporte des précisions intéressantes.
Cet auteur suggère en effet de catégoriser les images (graphiques ou
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Les images
On doit ici rajouter que les objets représentés par le schéma, l’ico‑
notype ou le pictogramme n’appartiennent pas nécessairement au
monde physique visuellement perceptible. Il en va ainsi par exemple
de la représentation graphique d’un processus (i. e. les étapes de
la transformation d’un produit), d’un système de relations (i. e.
un organigramme) ou d’un phénomène (i. e. évolution d’une courbe
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La sémiotique est la science des signes. Elle s’intéresse aux liens unis‑
sant des formes à des significations ainsi qu’à l’utilisation de ces signes
dans la communication. La rhétorique est la science du discours. Elle
s’intéresse à ses contenus et à sa structure ainsi qu’à la manière dont ces
aspects contribuent à l’efficacité persuasive de l’argumentation. Bien
que la notion de « signe iconique » soit relativement ancienne (Peirce,
1931‑1935), c’est probablement Barthes (1964) qui sera le premier
à envisager l’image comme un discours composé de signes. Depuis
lors, de nombreux travaux ont été consacrés à cette problématique.
Parmi ceux‑ci on peut citer ceux d’Eco (1970) ou les productions du
« Groupe µ » (Groupe Mu, 1992). Mon intention n’est pas ici de faire
une présentation, même brève, des propositions de ces auteurs. Je ne
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Les images
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SAVOIRS
PRÉALABLES
Producteur-diffuseur Spectateur-récepteur
encodage – sélection décodage
IMAGE
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Les images
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Table des matières
Introduction................................................................................................ 5
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