L'art de Péter
L'art de Péter
L'art de Péter
R T
DE 1
ESSAI
THÉORI-PHYSIQUE
ET MÉTHODIQUE,
A l'usage des Personnes cOliflipées, des
Personnages graves & austeres des
Dames mélancoliques, & de tous, ceux
qui font esclaves dupréjugé
REINE DES
iit
Suivi derhifloire de PsT-E N-L-A
AMAZONES,
la.
Tort vu
de
ENWESTPHALlÉy
•p';f-
Ghe? FILOP,ENT-Q, rue Pet-en-Gueule,
auSoufflet.'-À-V'
M.DCC. LXXVI.
A
LEURS EXCELLENCES
i MESSEIGNEURS
CARNAVAL
ET
CAREME-PRENANT.
Messeigneurs,
YQ$ fixentZtEWÇE f
plus capable d?ensentirleprix que
f
JE devroisfaireici
,
Sr Célébrer votre origine
votre élogt
qui va
Jeperdre dans les fièc/es dont on ne
Je fluvient-plus; je parcourrois
Aïeux ;
enjuitel'HiJloire de vos illustres
je passeroisenjin à vos
MESSBZCNEURS;
*
DE VOSEXCELLENCES;
Le très-humbletrès-
obéissant Serviteur,
CAPUT APRINUM CELERRIMUM.
* AU LECTEUR.
vous ne
vous le faites
A
Iz*efl honteux
deveï le faire (*
(*) Si
VIS
,
Leéleur, que
depuis' le 'temps que vous pétez
fachteïpas
, ).
encore comment
& comment vous
,
,
;
si bien détaillé dans la premiere dissèrtation des
Mémoires de l'Académie Troyenne enfin, si l'on
bauche de Carnaval ,
peutconifdérer cette Brochure comme une dé-
elle pourra trouver grâce
On s'imagine communément que
les pets rie différent que du petit au
fiere.
grand, & qu'aufond, ils font tous
de lamême eJpèce : erreurerreur grof-
groj^
,
Cette mature que je vous offre
aujourd'hui analysée avec toute
rexactitude pojJihle, avoit été ex-
,
trêmementnégligéejusqu'àpréfet;
non pas qu'on la jugeât indigne
d'être maniée, mais parce qu'on
ne Veftimoit pas susceptibled'une
certaineméthode & de nouvelles
découvertes.On se
trompoiu
Péter efl un art, & par consé-
quent> une chose utile à la vie s
comme, diflntLucien, Hermogene >
Quintilien, &c. Il efl en effet plus
cffentiel qu'on ne pense ordinaire-
vie. , pourroir
Un PET à temps lâché,
la
sauver
préhendé admonesté
,
,
ainsi foit que MARC-
TULLE-CICERON ait repris, re-
blâmé &
vitupéré Panastius (offic. z.), de
CHAPITRE PREMIER.
Définition du Pet en général.
L E pet que les Grecs nomment
7ro^j les Latins,Crépitus ventris;
l'ancien Saxon, Purten ou Furten;
,
le haut Allemand Fartzen 8c
l'Anglois,Fart est, un composé
devents qui sortent tantôtavec
bruit, & tantôtsourdement&sans
en faire.
Il y a néanmoins des Auteurs
afîez bornés &même assez témé-
JWespour foutçnir avec abfutfUtç
arrogance & opiniâtreté, malgré
Calepin & tous les autres Diction-
naires faits ou à faire, que le mot
pet, proprement pris, c'est-à-dire,
dans son sens naturel, ne doit
s'entendre que de celui qu'on lâche
avec bruit; & ils se fondent surce
vers d'Horace qui ne suffit point
pour donner l'idée complette du
pet. -
Nam difplofa sonat quantum rifica
pepedi. SAT. 8.
J'ai pété avec autant de tintamar-
,
re qu'en pourroit faire une vessie
biensoufflée.
Mais qui ne fènt pas qu'Horace
,
,
le
dans ce vers, a pris motpedere,
péter
& qu'étoit-il besoin,
dans un sens générique
pour faire
entendre que le mot pederesigni-
?
en for ? St.-Evremond ,
,fie un sonclair, qu'il se restreignît
à expliquer l'espèce dupetqui éclate
tant
agréablePhilosophe, avoit un idée
cet
àxxpkt bien différente de cellequ'en
-
a le
prise vulgaire
soupir; &, il
: félon
disoit
lui, c'étoit
jour à
un un
sa maîtresse devant laquelle il avoit
fait un pet :
Mon cœur, outré de déplaisirs,
Etoit si gros de Tes soupirs
Voyant votre humeur si farouche,
Que l'un deux se voyant réduit
A n'oser sortir par la bouche,
Sortit par un autre conduit.
médiocre. I
CHAPITRE II.
Desdifférences du Pet, notamment
du Pet & du Rot, & démonstra-
tion totale de la définition du
PET.
N o u s avons dit plus haut que
le pet fort par l'anus. C'est en quoi
il differe du rot9 ou rapport Espa-
gnoL Celui-ci, quoique formé de
la même matiere, mais dans l'esto-
mac, s'échappepar en-haut, à cause
du voisinage de l'issue, ou de la
dureté & réplétion du ventre, ou
de quelques autres obstacles qui ne
lui permettent pas de prendre les
voies inférieures. Selon nos forma-
lités, le rotva de pair avec lepet,
:
quoique, félon quelques-uns, il foit
plus odieux que le pet même mais
n'a-t-on point vu, à la Cour de
Louis-le-Grand, un Ambassadeur,
au milieu de la splendeur & de la
magnificence qu'étaloit à ses yeux
étonnés cet auguste Monarque
lâcher un rot des plus mâles &: ,
assurer que, dans son Pays, le rot
fairoit partie de la noble gravité
,
qui y régnoit
conclure
?
plus
On ne doit donc
défavorablement
pas
contre l'un que contre l'autre; &
que le vent forte par en-haut ou
par en-bas, il y a parité, & il ne
doit rester aucun Scrupule là-dessus.
En effet, nous lisons dans FURE-
TIERE, Tome Z desonDiction-
naireUniversel,
Comté de
y
quedans îe
Suffolck,un vassàl de-
voit faire devant le Roi, tous les
>
jours de Noël un faut, un rôt,
& un pet.
Maisil
dans la
ne fàut pas mettre le rot
-
:
,&
du pet, qui, tantôt efl la fanté- du
corps désirée par la nature
tantôt une délégation ou un plaisir
procuré par l'art mais nous re-
mettons à en traiter avec les effets.
Voyez le Chapitre qui en parle.
Cependant*nous observons que
nous n'admettons point, & que
nous désavouons toute fin contraire
au bon goût & à la fanté, de pa-
reils abus ne pouvant trouver place
poliment& honnêtement au nom-
bre des fins raifbnnables &délec-
tantes.
CHAPITRE III.
Division du Pet.
A PRÈs avoir expliqué la nature
& la causedupet, il nous reste à
procéder à sa. justedivision, & à
examiner ses espèces différentes
,
pour les définir ensuite relative-
ment à leurs affections.
Prohléme.
meleux ,
est liquide, à la pinte; s'il est gru-
au boisseau &c. mais si
vous le trouvez trop petit pour
faire l'expérience, faites comme
les Gentilshommes Verriers; souf-
,
flez au moule tant qu'il vous plaira,
je veux dire jusqu'à ce qu'il ait
acquis un volume raisonnable.
Mais parlons sérieusement.
Les Grimauds de Grammaire
;
divisentles lettres en voyelles & en
consonnes ces Messieurs effleurent
ordinairement la matiere : mais
nous quifaisons profession de la
faire sentir & goûter telle qu'el le
, -
eft»
caux, Muets
proprementdits.
,
est, nous divisonsles pets en lo-
& en ou VejJèa
Du PLEN/-VOCAL OU
GRANDP-E t. ,',:
LegrandPet-pétard,oupleni-
"*
lon ,
murs, ou pour ouvrirun batail-
ou pour saluer
quiarrive dans une ville
un Seigneur
ëcc.
I
,\
V 0 B J E C T TO N.
,
Des Adversaires du Pet.
Ce n'eflpointpar leftn que le
pet flous choque > disent-ils : s'il
u'avoitquedes MP-ROM TÙ1 P
;
harmonieux, loin denous offinfir
il sauroit nous plaire mais il est
i
toujourssuivi d'une odeurdisgra-
cieuse qui
:
compose son ejJênce, &
plutôt entendre qu , il
qui afflige notre odorat voilà en
quoi il efl coupable. Il nesyejl pas
fait -rfe
q u 1 disperse
lasérénitédenosvifâges quelque-
foismême affii traître pour nous
:
des cotpufcules infectsqui troublent
làisséprévoir
quer à la
, il
porter des coupsqu'ilne nous a pas
sourdine
vientnous atta-
; aJ!ê{ souvent
précédé d'un bruitsourd, isse fait
i suivre deplushonteuxsatellites, &
f
ne laisse jamais aucun douteJùrsa
tnauvaifecompagnie.
,; -
RÉPONSE.
C'ell bien mal connoitre lepet f
que de le croire si criminel &
coupa ble dç tant de grossiéretés,
Le,vravct ou le pet clair, n'a
pointd'odeur, ou du moins si peu
qu'ellen'a pas assez de forçe pour
traverserl'espacequi se trouve entre
son embouchure & le nezdes as-
sistants. Le mot Latin Crepitus ,
qui exprime lepet, ne sîgnifie qu'un
bruit sans odeur; mais on le con.-
fondordinairement aveç deux au-
tres ventosités mal-faifantes, donc
l'une attristel'odprat, & se nomme
c'- *
des deux monstres dont on vient
dé donner une notiongénérale.
,
corps , ;
Tout air qui s'entonne dans le
& qui après
comprimé, s'en échappe,
y avoir
se
été
nom-
me ventosité & par-là lepet clair;
la vesse & le pet de maçon, con-*
:
viennent entr'euxcommedans leur
genre mais le plus ou le
,
môinsde
sejour qu'ils font dans lé corps le
plus ou le moins d'âisance qu'ils
,
trouvent à s'échapper, constituent
leur différence & les rendent to-
talement dissemblables. Le - pet
clair, après s'être entonné dans lé
corps; parcourt sans obstacles les
différentes parties internes qui fé
trouvent sur son passage, & fort
avec plusou moins de fracas. Le
pet épais ou de maçon, après avoir
tenté plusieurs fois de s'échapper,
trouvant toujours les mêmes obs-
tacles, rebrousse chemin, parcourt
souvent le même espace, s'échauffe,
& se charge de différentes parties de
matiere grasse qu'ildétacheeû
chemin : ainsi affaissé par Son propre
poids, il vient se réfugier dans 14
basse région; & se trouvant enve-
loppé d'une matiere trop Jluide;,
qui n'attendoit elle-même que le
;
moindre mouvement pour faire
irruption
,
il décampe enfin sans
beaucoup de bruit & entraîne
avec lui tout le butin dont il s'est
chargé. La i>effe, également gênée
-a butiné en chemin ,
quiert point de nouveaux biens;
'fflais chargée feulement de ce qu'elle
; elle déloge
sans aucun bruit & fait part, en
fortgant, de ce qu'elle ade plus
disgracieux pour l'odorat.
Mais après avoir répondu aux
obje&ions des adversaires dupet,
reprenons notre division. ::,.:,' ,,:
Vr , ces pets ressemblent aux
éandns-, &c. ou aux tonnerres eA-i
-
,
un grand coup, seul & momen-
tané. Priape les compare comme
nous l'avons déja vue à des outrés
crevées* <
1
*
Difplo/a fl/tzat quantumvejica*
:
plusieurs grands coups, & éclat
par éclat semblables à des vents
aux autres ,
continuels qui se succèdent les uns
à peu près comme
quinze ou vingt coups de fusil tirés
de fuite, & comme circulairement.
On les nomme Diphtongues, ôc
l'on soutient qu'une personne d'une
forteconflitution en pourroit foire
:
une vingtaine tout d'une tire. -,"
CHAPITRE IV.
,
Raî/onPhysique ,
fins ou
Diphtongue.
tirée, du bon
-
Analyfl du PET
-,
LE
pet est diphtongue lorsque
l'orifice est bien large,que la ma-
gales ,
tiere est copieuse, lesparties iné-
mêlées à la fois d'humeurs
chaudes & tenues, froides & épais-
;
ses ou lorsque la matière ayant un
foyer varié, elle est obligée de re- .-
ter de l'orgasme
t
forte que la nature,ne puisse point
l'obliger de s'écarter & lui susci-
(de l'irritation).
4°. Qu'il se referme un peu, &
se r'ouvre ensuite, toujours al-
ternativement ; & combat aioli
avec la nature qui tend toujours à
expulser la matiere & a la dissoudre;
I 5°. Enfin, qu'il retienne, si le
cas l'exige, le reste des vents pour
les rendre dans un temps plus com-
mode. On peut appliquer ici l'épi-
gramme deMartial, liv. tz, oît
il dit & peditdeciesque viciefque, &c.
-
,
Mais nous en parlerons ailleurs.
C'est, sans doute de ces pets
diphtongues dont Horace fait l'hit
à
toire l'occasionde Priape. Il ra~
conte qu'un jour ce Dieu incivil
en lâcha un terrible, qui effarou-
cha une troupe de sorcieres occÙ.
pées à des enchantements dans son -
-
Malheurs & accidents causésparles
Pets diphtongues. Hijloired'un
Pet quifit enfuir le Diable, &
.le rendit bien sot.Maisons déli-
vrées des Diables par la ml-
diation des Petsdiphtongues,
Raisons & axiomes,
Si le pet diphtongue estpluster-
rible que le tonnerre & s'il etl
constant que la foudre quile fuit
,
a écraséunç infinité deperfonnes,
a rendu sourds les uns, Ôc hébété
les autres, il eff: donc hors de
doute qu'un pet diphtongue, s'il ne
,
foudroyé pas est capable non-
,
seulement de causer tous lés ac-
cidents du tonnerre maisencore
detuersur le champ les gens spir
blés, d'un génie pusillanime &
,
:,
,
d'œil les fibres les plus délicates
du cerveau donner ensuite jun
mouvement de rotation rapide à la
tête, lafaire tourner surles épaules
comme une girouette, brifer à la
fcptiemevertèbrel'étuide la moelle
allongée, & par cette destruction
.donner lamort.
,
,'.
Toutes ces causes fontproduites
par l'usage des raves,. des aulx
des pois, des feves, des navets, &
,
engénéral par tous les autres ali*
ments venteux dont on connoît les
vertusmaléficientes & quifor-
mentle ,
fort clair,successif & court
par intervalles que l'on entend lors
de l'éruption du pet. Hélas ! corn*
bien de poulets tués dans les œufs
vpmbiendefçetusavortés où £sots£
,
-
fésdans lefein
une
la
par même
diable
force
grande
de
de
l'explosion
aux
I
leursmeres
,
làuva. de la griffe. On rapporte que
dans ce moment critique il lui
échappa un pet diphtongue, dont le
tapageressembloit à celui d'une
décharge de mousqueterie. Alors
:
saisissant avec présence d'esprit cette
occasion, il dit au diable Je veux
que tu m'enfiles tous ces pets, & je
Juis à toi. Le diable essayal'enfile-
,
ment; mais quoiqu'il présentât d'un
côté le troude l'aiguille & qu'il
tirât de l'autre à belles dents, il ne
put jamais en venir à bout. D'ail-
leurs, épouvanté par l'horrible tin-
de
tamarre ce pet, que les échos
d'alentouravoient rédupliqué; &
confus, forcené même, de se voir
il
pris pour dupe, s'enfuit en lâ-
chantune vesse infernale qui in-
"feaa tous les environs, & délivra
de la forte ce malheureux du dan-
ger éminent qu'il avoit couru.
; Il n'estpas moins confiant par
- tout
,
les villages, les hameaux ;
tout l'univers, dans tous les Royau-
mes les Républiques, les villes,
dans
toutes les familles & les châteaux
decampagne où ily a des bonnes,
des vieilles & des bergers , dans
les Livres & les histoires anciennes,
qu'il s'est trouvé une infinité de
maisons délivrées des diables par
le secours des pets, sans doute des
petsdiphtongues. En effet, c'eflr le
;
plus grand spécifique que nous con-
,
noiflionspour bannir le diable &
l'Art de péter que nous présentons'
aujourd'hui en nous faisant des -
amis, nous attirera certainement la
bénédiction des peuples qui en fbnc
; ;;
tourmentés. Noussommes persua-
dés qu'ilfaut tromperVart par
l'art, la fourbeparlafourbe qu'un
clou pouffe Vautre qu'une grande
,
lumiereen effaceunepetite &que
les sons les odeurs, &c. en absor-
bentd'autres moinsfortes;partant,
J'Ange des ténèbres fera offusqué
par le -flambeau que nous mettons
,
..dans la main desmalheureux qu'il
séduira
aura
& quiconque le tiendra
à
plus rien craindre,
Le petit
;
: pet diphtongue est un
tonnerre depoche, quel'on trouve
font ;
aubesoin là vertu & sa salubrité
avives & rétroactives il est
<4'ua prix infini, & a été reconnu
pour tel dans l'antiquité la plus
;
reculéedelà
qu'ungros
le proverbe Romain
y
pet vaut un talent.
-
Ordinairement le pet
gue n'a pas de mauvaise odeur à ,
diphton-
:moins, qu'il ne foit engendré de
quelque putréfaction dans les in-
teftins,-ou qu'il n'ait séjourné &
couvé trop long-temps dedans ou
dessous un être mort qui commen-
çoit à se pourrir, ou à moins que
4es aliments que l'on a pris n'ayent
^té corrompus eux-mêmes. Pour
enfairele difeernement, j'enap-
,
pelle à l'odorat le plusfin ; le mien
n'y réuffiroir pas & le Lecteur
de l'embouchure ,
est celui qui fort avec moins de
fracas que ,1egrand foie à eaufe
,
ou de PifTue
trop étroite du canal par où il
s'exprime, (comme font ceux des
;
Demoifelîes ) foit à causede
la petite quantité de vents qui se
;
trouvent renfermés dans les intes- ,
tins.
Ce petse divise en clair, moyen
& aspiré. ,-
Du Petclair.
Ce pet est un semi-vocal, ou
petit pet, composé d'une matiere
très-sèche & très-déliée., qui se
portant avec douceur le long du
,
canal de sortie, qui est fort étroit
souffleroit à peine une paille.
Demoiselle;
On Tappelle vulgairement pet de
il n'allarme point
les nez sensuels &n'est point
,
- indécent
comme la vesse & Jepet
de maçon.
Du pet afplrê.
,
Lepetaspiré est un petit pet
semi-vocal, composë d'une matiere
l'idée & le goût ,
humide & obscure. Pour en donner
je ne (aurois
mieux le comparer qu'à un pet
d'oie; & peu importe que le cali-
bre qui le produit, foit large ou
il
étroit; en si chétif, qu'on fent
bien qu'il n'est qu'un avorton.
le
C'est petordinaire des Bou-
langeres.
t
1 f DuPet moyen.
Ce dernierrient en quelque forte
un juste milieu entre le pet clair &
lepet asPiré; parce que la matiere
homogène dont il est composé,
étant de qualité & de quantité
gérée ,
médiocre, & se trouvant bien di-
elle fort d'elle-mêmesans
,
(
,
le moindre effort par l'orifice qui,
pour lors n'est ni trop ferré ni
trop ouvert. C'est le pet de ceux
qui s'ennuyent de leur pucelage,
& des femmes de Bourgmestres.
;
genres de pets comme dans tous
les autres (avoir la matiere du vent
la nature du canal, & la force du
Sujet.
1°. Plus la matiere du ventest
sèche, plus le son du petest clair;
plus elle est humide, plus if.ell'
obscur ; plus elle éA: égale& do
même nature,plus il eH. simple;
'<& plus elleest hétérogène,plus
inultifonore.,
le pet est
': 2°.Par rapport à la nature du
canal, plus il fera étroit, plus le
son fera aigu;plus il fera large,
plus le son aura de gravité. La
preuve résulte de la délicatessè ou
la
de grosseurdes intestins, dont
l'inanition ou la plénitude fait beau-
coup au son : car on fait que ce qui
est vuide, est plussonore que ce
quiest plein.
Enfinlatroisieme cause de la dif-
sérence du son , consiste dans la
vigueur & dans les forces du sujet ;
.Car plus lanature pouffe fortement
&vigoureusement, plus le bruit
xlu pet est grande & plus ce der- H
nier est étoffé.. I
:,' Il est donc clair que e efl
-
de là E
différence des causes que naît celleB
dessons.On le prouve facilement
parl'exemple desflûtes, des trom- I
pettes 6c des flageolets. Un flûte à
parois épaisses & larges, donne un
son obscur ; une flûte mince ôc
: on
f
.A..,
CHAPITRE
CHAPITR 1
EVII.
Queflionmuflcalc. Duo singulier.
Belle inventionpour faire enten-
dre un concert àun sourd.
UN savant Allemand proposé
1
a
;
ici une question fort difficile à ré-
lavoir s'il. peut y avoir de
;
foudre
lamusique dans les pets?
il y a dela musique
Distinguo
dans les pets diphtongues, concedo
dans les autres pets, nego,
;
Lamusique qui résulte des pcts
diphtongues, n'estpas de celle qui
s'exprime par lavoix, ou par l'ini-
pulsion de quelque chose desonôre
comme"d'un-violon, d'une guit-
,
tarre, d'un clavecin, &c. Elle ne
dépendque duméchanisme du
sphincter de l'anus, qui se resser-
rant ou s'élargissantplus ou moins,
forme des fohs tantôt graves &- ,
,
seuls capables' defaire de la mufw
relativement à leur nature ,
que
;
comme on peut le voir, Chapitre3,
de ladivisïondupet donc il peut
la
y avoirde musique dans les pets.
L'exemple suivantéclaircira ençore
mieux la question.
,
Deux petits garçons, mes com-
pagnons d'école avoientchacun
un talent dont ils
:s'amusoient
vent & moi aussi l'un rottoit tant
qu'il voilloitsurdifférentstons,&
fou-
à'
?
tenir des fons aigus adressez-vous
à uncorps rempli de fumées fubti-
les & à un anus étroir. Voulez-vous
des fons deux fois plusgraves
- ?
faites jouer un ventre plein de fu-"
mées épaiffcs, & un cqnal large.
;
Le sac à vents fees ne rendra que
à
des fons clairs le sac vents hu-
mides n'en produira que d'obscurs.
En un mot, le bas-ventre eH: une
orgue polyphtongue qui rend plu-
,
d'unmagasin ,
sieurs fons ; d'où l'on peut sans
se gêner beaucoup, tirer, comme
au moins douze
tropes ou modesdefons, dont on
choisira feulement ceux qui font
consàcrés aux agrénlents, tels que
Je Lyxoleidien, l'Hypolyxoleidien
Je Dorique, &l'Hypodorique :
car
,
en Jes employant cous indistincte-
menc, &en anMant les fimà-vo-*
caux; on diminueroit les fons au
pointqu'on ne les entendroit pas
bien on feroit, à
runulbn, plu-
;
ou
,
fleurs fons aigus ou graves qui ren-
-',
droient lg'touss'ue inspide ~d~
, J
fagréable; ce- qu'on ne toléreroit,
tout au plus que dans un charivari
ou un grand-chœur. Un axiome de
philosophie mettra en garde contre
cet inconvénient; ce qui est trop
sensible détruit le sentiment : àfin-
,
sibili in supremo gradudestruitur
sensibile. On ne fera donc rien que
;
de modéré
plaire
& l'on fera sur de
autrement on épouvante-
roit, en imitant les fons, bruyants
des catarages de SchafFoufe , des
montagnes d'Espagne, des sauts de
Niagara ou de Montmorency dans
le Canada, qui rendent les hommes
sourds & font avorter les femelles
avant qu'elles soientgrossès.
Cependant le son ne doit pas
être si foible qu'il fatiguel'Au-
-
,
diteur en lui faisant faire detrop
grands efforts, & l'obligeant d'ap-
porter trop d'attention pour l'en-
a
tendre.En tout il y unmilieu à
garder.
EJlmodus in rébus^Junt certidcniquefines,
-
Quos ultrà citràque nequitconsistere reclum.
En gardant soigneusement ce
,
conseil d'Horace, on fera toujours
bien & l'on fera applaudi. ,-
Mais avant que de finir ce Cha-
pitre, je ne saurois me dispenser
en bon citoyen, qui cherche à dé-
dommager,autant
,
qu'ilest en lui,
des torts de la nature ceux de ses
-amis envers lesquels elle a usé de
rigueur; je nesaurois,dis-je,
me dispenser de communiquer un
moyen par lequel on pourra faire
eparticiper un sourd à cette musique.
Qu'il prenne une pipe à fumer,
qu'il en applique la tête à l'anus
d'un concertant, qu'il tienne l'ex-
trémité du tuyau entre les dents;
par le bénéfice de contingence, il
saisira tousles intervalles des fons
dans toute leur étendue ce leur
douceur. Nous en avons plusieurs
exemples dans Cardan & Baptijle.
Porta de Naples. Et si quelque
autre personne qu'un sourd,de
quelque qualité- & condition qu'il
foit, veut avoir ce plaisir & parti-
ciper au goût, il pourra comme le
sourd, tirer fortement son' vent ;
alors il recevra toutes les sensations-
& toute la volupté qu'il pourroit
prétendre. -.
SECONDEPARTIE.
-CHAPITRE PREMIER.
;
dit
Des Pets
Pets muets
muets , malproprement
ma lproprement
dit ffes. Diagnojlic & Pro-
:
gnôfëç. --,:", -
CE a d'articuler
SS NS
-
,
,,'
& fàifons-
nous comprendre maintenant sans
parler.
Les pets muets, vulgairement
appellésvesses, n'ont point de son ,
& se forment d'une petite quantité
de vents très-humides.
On les appelle en Latin Vissa,
-
du verbe visit-c en Allemand
Feisten; & en Anglois, Fitch ou
Vetch.
1"
Les vesses font ou sèchesou foi-
reuses.Lessèches 'sortent sans bruit,
& n'entraînent point avec elles de
matiere épaissè.,
Les foireuses,au contraire, font
composées d'un vent taciturne &
pbfcur. Ellesemportent toujours
avec elles un peu de matiere liqui-
;
de les vesses ont la vélocité d'une
flèche ou de la foudre, & font
:
insupportables à la société, par l'o-
deur fétide qu'elles rendent si Pon
regarde dans sa chemise, on verra
y
le corps du délit qu'elles impri-
ment ordinairement. C'est une
règle établie par Jean DifPautere,
qu'une liquide jointe à unmuette
;
dans la même fylIabe, Eût brève
la voyelle douteuse ce qui signifie
que l'effet de lavesse foircufe cft.
,
très-prompt. Cum muta liquidant
jungensinsyllabâeâdem ancipitem
pones vocalem quce brevis esto. J'ai
lu quelque part, quun diable du
pays Latin voulant un jour lâcher
un pet, ne fit qu'unevessefoireuse ,
dont il embérna ses culottes &
que maudissantla trahison
;
de son
derricre, il s'écria avec colere &
indignation : Nusquam tuta fides ;
!
il n'y a doncplus de bonne foi
dans le monde Ceux-là fontdonc
très-bien, qui, craignant ces fortes
de vesses, ont foin de-mettre bas
:
leurs culottes, & de lever leur
,
chcmife avant de les lâcher je les
appelle gens fages prudents oc
prévoyants.
Diagnostic & Prognojiic*
Comme les vesses foireuses for-
tent sans bruit, c'est un figne qu'il
n'y a pas beaucoup de vents. L'ex-
crément liquide qu'elles entraînent,
donné lieu de croire qu'il n'y a rien
à appréhender pour la fanté, &
qu'elles font salutaires. D'ailleurs,
elles indiquent la maturité de la
matiere, &qu'il esttemps de sou-
lager ses reins & son ventre, sui-
vantcetaxiome:
Muturum stercus eji importabile pondus.
C'est un lourd fardeau que l'en-
vie démesurée d'aller à la felle,
;
envie qu'il faut satisfaire au plus
vîte sans quoi on feroit la besogne
de ce diable du pays Latin. Voycî
plus haut. ,', ,
1,
-
,
,CHAPITRE
tJes Pets &Vzjfcs affectés
,
navets
ouinvolontaires,
invololZtaires.
ON donne aux
,-'
uns &
aux
des choux
autres
unemême causeefficiente, relati-
vcment à la matiere des vents qui
,,
font engendrés par l'usage des
oignons, des,aulx des raves, des
des pois, des feves, des lentilles,
,
des haricqts &c. Ils font affectés
Se
ils le rappor-
tent tous aux espèces précédentes.
Le ptt affecté ne se passe guere
parmi les honnêtes gens, si ce n'cft
parmi ceux qui logent ensem ble
& qui couchent dans le même lit.
quelques-uns ,foit
Alors on peut affecter d'en lâcher
pour se
rire, foit pour se faire pièce, &
les pouffer même si dodus & si
faire
,
des ragoûts
&
-
ne les prenne pour des coups de
coulevrines. J'ai connu une Dame
qui fp couvrant l'anus avec sache-
mise, s'apprpchoit d'une chandelle
récemment éteinte, & pétant &
veffant lentement & par gradation,
la rallumoitavec la. derniere adres-
;
se mais une autrç qui la voulut
imiter ne réussit point, & réduisit
la mèche en une poudre ardente
qui se dissipa bientôt dans l'air, &
se brûla le derrierre, tant il çft
à
vraiqu'iln*estpaspermis toutle
monde, d'aller à Corinthe. Mais un
amufcment plus joli, c'est de rece-
voir une vejjc dans sa main, ce.
l'approcher du nez de celui ou de
celle avec qui l'on est couché, &.-
de les faire juger du goût ou de
l'cfpcce. J'en connois qui n'aime.
roient pas trop ce jeu-là.
Le pet involontaire se fait sans
,
la participation de celui quilui
donne l'être & arrive ordinaire-
ment lorsqu'on est couché sur le.
?
dp^ pu qu'on fç baissè, pu lorsque
Ton fait de grands éclats de rire,
1
ou enfin quand on éprouve de la
crainte. Cette forte de pet est or-
dinairement excusable.
-
1
C H
APlT RE III.
[Des effets des Pets & des Vecs.
- -
reux lorsqu'on
;
téoressinistres,& qui descendent
dans les parties inférieures heu-
n'en est quitte que
pour la toux, les catharres, &c,
comme les Médecins le disent &
le démontrent sans cesse. Mais
félon moi, le plus grand mal est
,
d'être incapable de toute applica-
tion & d'être rebuté par l'étude &
le travail. Appliquons-nous donc,
cher Lecteur, à nous débarrasser
aussi-tôt de toute envie depéter,
dé tous vents tranchants, du moin-
dre mal-aise, enfin, causé par les
vents; & aurisque de faire tapage,
-
tôt que de nous incommoder & ,
chefs concitoyens rendons - les
promptement , & lâchons-les plu-
de nous exposer a devenir hypo-
condriaques,
çondriaques, mélancoliques, fréné-
tiques & maniaques.
,
tamment, s'assèmblent,consultent,
recherchent la causedu mal, citent
force Auteurs s'informent enfin
de la conduite & du régime quela
:
Dame a tenu la malades'examine,
& se rappelle qu'imprudemment
elle a retenuun gros pet qui lui
,
demandoit son congé.
Une autre sujette aux vents*
retientdouze gros pets captifs qui
successivement essayent de se faire
,
jour : elle se met à la torture pén-1
dant une longue séance elle se
:
présenteensuite à une table bien
servie, croyant y faire figure qu'ar-
:
rive-t-il ? Elle dévore des yeux des
mets dont elle ne peut tâter tout
est plein, son estomac rempli de
vents nepeut plus recevoir de nour-
riture.
Un Petit-Maître, un Abbé poli,
un grave Magistrat, tous trois éga-
lement contrefàits dans leurs diffé-
rentes façons,font de leurs corps
y
une caverne d'Eole; ils intro-
dussent les vents, l'unpar ses éclats,
l'autre dans sesdoétes entretiens, &
le dernier dans ses longues haran-
gues. Bientôt ils Tentent l'éffort
d'une violente tempête intestine :
ils se roidissent contre sa fureur
d'eux lâche le moindre
;
pas un ne
pet. De retour chez eux, une vio-
lente colique, que toute la Pharma-
cie peut à peine appaiser, les abat
aucune nourriture ;
Sans goût, sansappétit, il ne prend
il il
s'inquiète,
s'allarme :
la nuit vient, & nelui
apporte d'autre soulagement que la
foible espérance d'unsommeil in-
terrompu. A l'instantqu'il se met
baffe région : ;
au lit, une tempête s'élève dans la
les inteflins émus
semblent se plaindre &, après de
violentes secousses, un gros petse
fait jour, & Iaiffe notre malade
* tout confus de s'être inquiété pour
si peu de chosè.
Une femme esclave du préjugé,
n'avoit jamais connu les avantages
du pet. Depuis douze ans, viaïrne
malheureule desamaladie, & peut-
être encore plus de la médecine"
elle, avoit épuisé tous les remedes.
Eclairée enfin sur l'utilité des pets,
ellepéte librement, elle péte fou-
;:
vent plus de douleurs,. plus de ma-
se bien porter
santéparfaite.
j
ladie il n'etfplus question que de
elle. jouit d'une
Voilà les grands avantages que
-
:
le pot procure à chaque particu-
lier qui peutaprès cçla lui difpu-
ter son utilité, au moins particu-
liere ? Si la vejje trouble l'écono-
mie de la société par sa nature
;
mal-faifante, le pet est son antidote
il la détruit, & il est sur de l'em-
pêcher de paroître,dès qu'il a eu
lui-même assez de forcepour se
faire un passage: car il est évident,
& on ne peut en doutep, pour peu
qu'on examine lesnotions que nous
avons données dupet & de la vcjfe,
qu'on ne vesle que parce qu'onn'a
,
pas voulu péter; & par conséquent
que,
]a vesse
la n'aura
ve~e .I;1'aura '-lieu.'1.'
par-tout où setrouvera lepet,
point
point -
-
CHAPITRE IV.
Avantages des Petspour la So-
ciete.
-
XjNEmpereurCZ^UD
• - -,
E,
cet Empereur trois fois grand, qui
ne songeoit qu'à la fanté de les
-
,
h sa table pourvu qu'on le fît
clairement. C'étoit sans doute
par antiphrase qu'on lui avoit donné
,
le nom de Claude, du mot Latin
claudere fermer; car, par son édit,
il faisoit plutôt ouvrir les organes
du pet, qu'il ne les faisoit fermer.
Et ne feroit-il donc pas à propos
de faire revivre un pareil édit,
qui, félon Cujas,vfe trouvoit dans
l'ancien code, comme une infinité
d'autres qu'on en a retranchés ? -
;
par conséquent il n'estpoint dan-
gereux de le permettre d'ailleurs
nous avons des preuves qu'on péte
librement dans pl ufieurs endroits,
,
& dans quelques parties même du
monde poli & il est de la plus
grande cruauté de conserver là..,.
dessusle moindre scrupule.
Dans une certaine paroisse dis-
lieues (*) ,
tante de Caën de quatre à cinq
un particulier ,
droit féodal, a exigé long<emps,
par
,,,'&
de l'attention d'un Cësar J'an-
nonce des changemens de temps;
&,pour tout dire,l'objet du culte
-, abrégé 1
(*) Diction. de la Fable, par
Chomprc, au mot Crepitus ventris.
1 &
& de la vénération d'un grand peu-
ple?
Mais continuons de prouver par
d'autres exemples encore, que le
pet est avantageux à la société.
a
Ily des ennemis de la société,
dont le pet arrête les efforts.
Par exemple; dans un cercle
nom breux, un
le secret d'ennuyer :
petit-maître trouve
depuis une
heure il étale ses graces; il montre
ses dents, & dit force impertinen-
ces dont il assomme ses auditeurs.
Un pet échappé l'arrête tout court,
& vient fort à propos tirer tous les
esprits de captivité, en faisant divi-
iion au babil assassin de leurennemi
commun. Ce n'est pas tout, le pet
procure encorexdes biens réels. La
conversation est le lien le plus char-
y
mant de la société; lepet fournie
à merveille.
Une assemblée brillante, depuis
deux heures garde un silence plus
;
morns que celui qui regne à la
grande Chartreuse les uns fètai-
rance
,
fentpar cérémonie, les autres par
:
timidité d'autres enfin par igno-
Tonest prêt de le séparer
sans avoir prononcé un mot. Un
fait entendre au travers d'un
pet se
;
pannier furieux aussi-tôt un mur-
mure sourd prélude à une longue
dissertation, que la critique dirige
&
C'elt
que la plaisanterie assaissonne,
donc à ce pet que la société
:
»
ses approches;
ments & ses charmes le plus sé-
rieux personnage perd sa gravité à
il n'est point de
prud'hommie qui tienne contre lui;
le son harmonieux & imprévu qui
conflitue son essence ; dissipe la
léthargie des esprits. Pans une
troupe de Philosophes attentifs aux
pompeuses maximes qu'un d'en-
tr'eux débiteavec méthode, qu'un
petseglisse incognito, la morale
déroutée prendaussi-tôt la fuite ;
on rit, on Ce pâme, & la nature
se donne carriere d'autant plus
volontiers, qu'elle est plus souvent
gênée dans ces hommesextraor-
dinaires.
Qu'on ne dise point, par un
dernier trait d'injufiice, que les
ris qu'excite le pet, font plutôt des
signes de pitié & de mépris, que la
marque d'une véritable joie; le pet
contient en lui-même un agrément
essentiel, indépendant des lieux &
des circonstances.
Près d'un malade, une famille
en pleurs attend le fatal moment
fils,
un ;
qui doit lui enlever un chef,un
frere un pet, parti
f avec
fracas du lirdu moribond, ufpend
la douleur des assistants,faitnaître
une lueur d'espérance, & excite
au moins un sourire.
Si, près d'un moribond , ou
tout ne respire que la trifieffe, le
pet peut égayer les esprits & dilater
?
les cœurs, doutera-t-on du pouvoir
de ses charmes En effet, étant
tions, il varie ses agréments,
susceptible de différentes modifica-
par-là il doit plaire généralement.
&
Tantôt précipité dans sa sortie, im-
pétueux dans fun mouvement, il
imite le fracas du canon; & pour
lors, il plaît à l'homme de guerre :
tantôt retardé dans sa course,gêné
dans son passage par les deux hé-
mispheres qui Je compriment, il
imite les instruments de musique.
,
Bruyantquelquefois dans ses ac-
cords souvent flexible & moelleux
dans sa modulation, il doit plaire
aux ames sensibles, & presque à
tous les hommes, parce qu'il en est
peu qui n'aiment la musique. Le
pet étant agréable, son utilité, tant
particulièreque générale,étant bien
démontrée, sa prétendue indécence
combattue & détruite, qui ppurriJ,
,
lui refuser son suffrage ? Qui osera
déformais le taxer d'indécence
quand on le montre permis &
approuvé en certains endroits ,
les loix feules du préjugé
on fait voir qu'il ne
;
proscrit feulement en d'autres par
blesse
quand
ni la
polirelfe ni les bonnes mœurs
>
parce qu'il ne frappe Jes organes
que d'un son harmonieux, & qu'il
n'afflige jamais l'odorat par une
|
vapeur malfàisante ? Pourroit-on
même le regarder comme indiffé-
rent, puifqu'il est utile à chaque
particulier, en dissipant ses inquié-
tudes sur les maladies qu'il crai-
gnoit, & en luiapportant de grands
loulagements ? La société enfin fe-
roit-elleassez ingrate pour ne pas
s'avouer redevable envers lui, lore.
qu'il la débarrasse des importuns
qui l'accablent, & qu'il contribue
à ses plaisirs, en faisant naître par-
tout où il se trouve, les ris & les
?
jeux Ce qui est utile,agréable &
honnête, efl censé avoir une botite
& une valeur rieUes. Cic. L. r
desOffices.
-CHAPITRE V.
Moyens de dijjimuler un pet, en
faveur de ceux qui tiennent au
prejuge.
LEs anciens, loin de blâmer les
Péteurs, encourageoient au con-
traire leurs disciples à ne point se
gêner. Les Stoïciens dont la philo-
sophie étoit la plus épurée dans ces
temps-là, disoient que la devise des
hommes étoit, à la liberté; & les
plus excellents Philosophes Cice-
ron
,
lui-même,
suadés
,
qui en étoient per-
préféroient la doctrine
stoïque aux autres fettes qui trai-
toient de lafélicité de la vie hu-
maine.
;
Tous convainquirent leurs ad-
versaires & par desarguments
sans replique, ils les obligèrent de
recpnnoitre que parmi les précep-
tes salutaires de la vie, non-seule-
ment les pets, mais encore les rots,
devoient être libres. On peut voir
ces arguments dans la neuvieme
Epitre familiere de Ciceron à,Pœte
174, & l'on y verra entre une
infinité de bons conseils celui-ci
qu'ilfqutfaire &se conduire
:
en
tout Jelon que la nature l'exige.
D'après de si excellents préceptes,
il est donc inutile d'alléguer avec
emphase les loix de la pudeur & de
la civilité,qui emalgré les égards
qu'on dic qu'elles exigent, ne doi-
vent cependant pas l'emporter sur
la conservation de la fanté & celle
de la vie même.
Mais enfin, si quelqu'un est tel-
lement esclave de ce préjugé qu'il
n'en puisse point rompre la chaîne,
sans le dissuader de péter, lorsque
la nature l'exigera, nous allonslui
donner les moyens de dissimuler au
fnoins son pet.
Qu'il observe donc, à l'infrant
que le pet se manifestera, de l'ac-
compagner d'un vigoureux hem,
hem. Si Tes poumons ne font pas
assez forts, qu'il affecte un grand
éternument; alors il fera accueilli,
fêté même de toute la compagnie,
& on le comblera de bénédiétions.
S'il est assez mal adroit pour ne
pouvoir faire ni l'un ni 1autre, qu'il
;
crache bien fort; qu'il remue for-
tement sa chaise enfin, qu'il faÍfe
quelque bruit capable decouvrir
son
pet. Et s'il ne peutfaire tout
;
cela, qu'il ferre les fessesbienfort
il arrivera que, parlacompression
& le resserrement dugrand mus-
cle de l'anus, il convertira en fe-
melle ce qui devoit se manifester
en mâle : mais cette malheureuse
finesse fera payer bien cher à l'o-
dorat ce qu'elle épargnera à l'ouie; ,
on tombera dans le cas de l'énigme
fuivænre du Mercure galant de
Boursault.
Je fuis un invisible corps,
Qui de bas lieu tire mon être*
Et je n'ose faire connoître,
,
:
Ni qui je fuis, ni d'où je fors -
o N
des Pets, -1
,
aura mangé des pois & d'autres
légumes, des raisins des figues
nouvelles,quiaura bu du vin doux,
caressé sa femme ou sa maitresse,
peut s'attendre à un figne prochain
d'explosion.
Les nécessaires, font ceux où il
résulte un fecond effet du premier,
comme le tintamarre, la mauvaise
odeur,&c. ",
"-
dirai dope en deux mots & en leur
faveur,
I faveur, qu'il y a deux espèces de
remèdes pour provoquer les vents,
les internes & les externes.
Les remèdes internes, font l'anis,
le fénouil, les zédoaires, enfin tous
les carminatifs & les échauffants.
Les remèdes externes font les
clytferes & les suppositoires.
,
Qu'ils fàssent usage des uns &
des autres ils ferontcertainement
foulages.
Problème.
,
ces modes il s'en forme cinquante-
huit quiavecl'addition des quatre
premiers, donne dans la pronon-
ciation, soixante & deux fons, ou
espèces différentes de pets.
Les compte qui voudra.
QUE STIONCHVMIQUE•
Esprit de Pets, pour les taches de
touffeur&c.
On demande s'il est possible en
Chymie de distiller un pet, &
-
d'entirer la quintessence ?
On répond affirmativement.
Un Apothicaire vient de recon-
noître tout récemment, que le pet
étoit de la classe des esprits, è nur
,
y
recours à Ton alambic voici
comme il procéda.
,
mero fpirituum. Après avoir eu
pour
,
vents, il prit un de ces larges ré-
cipients tels qu'on les employe
faire l'huile ,
de vitriol &
l'appliqua exactement à son anus,
l'excitant encore à péter par des
;
carminatifs agréables, &luifaisant
boire de l'eau d'anis enfin de
toutes lesliqueurs de sa boutique
,
capables derépondre à son inten-
tion. L'opération se fit à souhait,
,
c'est - à - dire très - copieusement.
Alors notre Apothicaire prit une
certaine substancehuileuse ou bal-
samique dont j'ai oublié le-nom
qu'il jettadans le récipient, & fit
,
condenser le tout au soleil par cir-
culation; ce qui produisit une quint"
essence merveilleuse. Il s'imagina
que quelques gouttes de ce résultat
;
pourroient enlever les taches de
rousseur de la peau ilen essaya
le lendemain sur le visage de Ma-
,
dame son épouse, qui perdit sur le
champ toutes ces taches & vit
avec plaisir son teintblanchir à
vue d'œil. Onespere que les Danres
feront usage de ce spécique, &
qu'elles feront la fortune de l'A-
pothicaire à qui on ne reprochera
plus qu'il ne connoissoit que la
carte des Pays-Bas.
Concluflon.
-
Pour ne JaifTerrien à desirer
fui4 VArt de péter, nousnous flat-
tons qu'on trouvera ici avec plaisir,
lalifte de quelques petsqui n'ont
voirtout ,
point été inférés dans le cours de
cet Ouvrage. On ne sauroit pré-
principalement dans
cettematiere peu battue & traitée
pour la premiere fois. Ce n'a donc
été qu'après des mémoires qu'on
ment ,
vient de nous envoyer tout récem-
,
que nous avons écrit ce
qui fuit. Nous commencerons par
les pets provinciaux pour faire
honneur à la Province.
Les Pets de Province.
Gens expérimentés nous assurent
que ces pets ne font pas" si falsifiés
que ceux de Paris, où l'onraffine
;
sur tout. On ne les fert pas avec
tant d'étalage mais ils font natu-
rels & ont un petit goût falin,
semblable à celui des huîtres ver-
tes. Ils réveillent agréablement
l'appétit.
1
Pets de ménage.
Nous apprenons d'après les re-
marques d'une grande ménagere de
Pétersbourg, que ces fortes de
,
leur primeur ;
pets font d'un goût excellent dans
& que quand ils
font chauds, on les croque avec
plaisir; mais que dès qu'ils font ras-
sis, ils perdent leur faveur, & ref-
(emblentau pillules qu'on ne prend
que pour le besoin.
Pets de Pucelle.
-
:
ce Pays où l'on en trouve, mais
on n'en croit rien toutefois on
avoue qu'ils font extrêmement
rares. -
Pets de Mattres en fait d'armes.
Les lettres du camp près Cons-
tantinople, marquent que les pets
,
des Maîtres en fait d'armes font ter-
ribles & qu'il ne fait pas bon de
les sentir de trop près; car comme
ils font toujours plastronnés, op dit
qu'il ne faut les approcher que le
fleuret à la main.-
Pets de Demoiselle.
Ce font des.mêts exquis, Sur-
tout dans les grandes Villes,où
on les prend pour du croquet à la
fleur d'orange, f^oye^ pag. 45.
*
Pets de jeunes filles.
Quand ilsfont murs, ils ont un
petit goût de rêvas-y, qui flatte
les véritables connoisseurs.
Pets de Femmes mariées.'
On auroic bien un long mé-
moire à transcrire sur cespets
mais on se contentera de la con-
;
cîufion de l'Auteur, & l'on dira,
d'après lui, »qu'ils n'ont de goût
que pour les amants, &que les
"5maris n'en font pas d'ordinaire
55 grand cas. 55
Pets dè Bourgeoises. *
La bourgeoisiè de Rouen &
celle de Caën nous a envoyé une
longue adresse en forme de disser-
:
tation sur la nature des pets de
leurs femmes nous voudrions bien
satisfaire l'une & l'autre, en trans-
crivant cette dissertation tout de
son long; mais les bornes que nous
nous sommes prefcrires, nous le
défendent. Nous dirons en géné-
ral que le pet de bourgeoise est
d'un assez bon fumet, lorsqu'il cft
bien
bien dodu & proprement accom-
modé, & que, faute d'autres, on
peut très-biens'en contenter. ,
Pets de Payfaunes.
Pour répondre àcertains Mau-
vais plaisants qui ontperdu de ré-
putation les pets de paysannes, on
écrit des environs d'Orléans qu'ils
font très-beaux & très-bien faits:
quoiqu'accommodés à la villageoi-
:
se, qu'ils font encore de fort bon
goût & l'on assure lesvoyageurs
que
pour eux,
c'est un véritable morceau
& qu'ils pourront les
avaler en toute sûreté comme des
gobets à la courte-queue.
Pets de Bergeres,
Les Bergeres de la vallée de
,
Tempé en Thessalie nous don-
nent avis que leurs pets ontle vé-
ritable fumet du pet, c'est-à-dire,
qu'ils sentent le sauvageon, parce
qu'ils font produits dans unterrein
où il ne croît que des aromates,
comme le serpolèt, la marjolai-
ne, &c. & qu'elles entendent qu'on
distingue leurs pets de ceux des
autres bergeres qui prennent nais-
sance dans un terroir inculte. La
marque didtinctive qu'elles ensei-
gnent pour les reconnoître & n'y
être pas trompé, c'est de faire ce
que l'onfait aux lapins pour être
sûrs qu'ils font de garenne,flairer
au moule.
Pets de Vieilles.
1:'Le commerce de ces pets est si
désagréable, qu'on ne trouve point
de marchand pour les négocier.
On ne prétend pas pour cela em-
pêcher personne d'y mettre le nez;
le commerce est libre.
Pets de Boulangers.
Voici une petite note que nous
avons reçue à ce sujetd'un Maître
Boulanger du Havre.
»L'effort, dit-il, que l'ouvrier
33
&it en faisant sa pâte, le Ventre
»ferré contre le pétrin, rend lès
» pets diphtongues : ils ré tiennent
» quelquefoiscomme des hanne-
tons ,& on pourroit en
»une douzaine tout d'une tire «.
33
avaler
Cette remarque fortest des plus savan-
tes 1 Se de bonne digestion.
Vbyezpage46.
Pets de Potiers de Terres.
Quoiqu'ils soient faits au cour,
ils n'en font pas meilleurs; ils font
sales,puants, & tiennent aux doigts.
On ne peut les toucher,crainte de
s'emberner.
Pets de Tailleurs.
un : -',
Ilsfont de bonne taille & ont
goût de prunes mais les noyaux
-un
en font à craindre. 1
i"
Semblables
tournent à
On en trouve
crient toujours
-
tous
ils
fois cependant
du Nord, ce
f
-. Pets *de ","
Géographes.
d'affefcp
leurgoûtestallezappétifant
Allemande : mais prenez-y garde
il y a bien de l'alliage. Si vous ne
,,
trouvez pas mieux, prçnçz-les au
poinçondeParis.
font doux
Pets de
,
»
Cocusy
,",
s'arrêtent du cote
qui les rendpersides,
Pets de Laes.<
;ils
dfptes^
;
-J
•
raison &furieux
raifon& y ,
Ce font les pets des Cocus volon-
tairès : ilsne font pasmalfaisants.
Les autresfont brusques sans.
furieux il faut s'en
donner de garde. Ils ressemblent
au limaçon qui ne fort de sa co-
quille aue les cornes les premières.
Fanum habent in cornu.
LUDERENON LÆDERE.
-
H ISPTRIOICREE>i.
DU N
PET-EN-LAIR'
ETDE,LA REINE'y
DESAMAZONES,
Où l'on voit l'origine des Vuidan-
geurs.
Sujet de la Planche.
ÏLyavoit 3000
- s.
-
redemandoit. Les incursions qu'ils
fàisoient réciproquement sur leurs
terres, les chagrinoient beaucoup,
& ils en étoient fatigués. Enfin,
ils résolurent de vuider le différend
par les moyens que voici.
Il fut arrêté que la Reine en-
verroit une de ses sujettes, là plus
vaillante qu'elle cônnoîtroit, &que
Pet-en-l'Airchoifiroit de son coté
le champion le pluscourageux des
Troisïemement ,
montrer toujours le dos en tour-
nant autour d'elle^
il fit monter
sur le Fort contentieux, au bas
duquel devoit fèfaire le combat,
plusieursde Ces sujets, avec ordre
d'oter lescanons des crenaux, &
Reine, dès
de présenter à la Députée de la
paroîtroit, cha-
cun leur derrière,ce qui futexécu-
té de point en point.
Lors donc que l'Héroïne paruty
elle fut très-surprise de trouver les
portes fermées>& de ne voir pour
champions que deux hommes tels
queje ;
viens de ledire mais son
indignationaugmenta, Iorfqa'elîe ,
apperçut l'attitude & le jeu du
Maître en fait d'armés, & qu'elle
vit la nouvelle espèce de canons
qu'on lui présentoit, & qui tiroient
comme ils devoient, & tant qu'ils dents
pouvoient. Elle en grinça les
de rage & de désespoir. --
Mais comme là prudence des
,,.
55
Je vois
Pet-en-PAir,
,
bien mes
votre
amis,
maître,
que
veut
;
55
?5
plat de
tilTons-nous
j:
»carnaval pour me donner uji
son métier
aussi
mais
cessons
diver-
dès ce
"moment de nous regarder en
»ennemis, & perdons l'envie de
n'en
,
» nous battre puisqu'il paroîtqu'il
ell plus question. Voici un
»
»
:
autrecombat que je vous offre,
» ajouta-elle eferimons en pétant,
,,& que celui qui pétera le plus
n galamment & le plus joliment,
;
»foit reconnu le vainqueur de
»l'autre M. l'Expert jugera, &
file traité tiendra comme si en
»effet nous nous étions battus«.
- ; il
Le Maître en fait d'armes fit
d'abord. quelque difficulté, mais
comme l'Amazone étoitjolie, se
laissapersuader. On topa de part
& d'autre, & la
signée réciproquement.
convention fut
L'Expert se plaça entre les par-
ties. Chacun ayant pris son sérieux,
on fit silence. Alors le Maître en
faitd'armes mit bas poliment ses
!
culottes, & lâcha le premier pet.
peut-êtrepestiféré
pet le plus
!
mais quelpet ah, quel pet c'étoit
le effrayant&
Je plus qui
oncques eût ja-
mais été lâché &entendu. Son élève
; iSe ,
n'y put tenir comme ilduroit
,
encore, il fut obligé pour le
cesser
faire
d'appliquer son fleuret à
l'entrée du canal par où il conti-
nuoitde sortir.; & Monsieurl'Ex-
pert" pâlissant decolere, recula
dixpas, & alla se placer derriere
FAmazonejpour semettre à cou.
vert de l'infection. ,: ,:.',
,
L'Héroïne indignée ne ménagea
plus rien. Attends, dit-elle cada-
vre retiréde la fange du Cocyte,
jevaisl'apprendre. Elle ne put
achever; & prenant une flèche.
k
elle alloit la lancer sonadver-
saire, quand elle-même fitun pet
flûté, qui s'épancha gracieusement
sans odeur avec des fons d'une
mélodie enchanteresse.L'enthou-
*
siasme où entra alors l'Expert oc
le criaigu de joie qu'il poussa à la
naissance, de ce pet,tint le bras ,
écrisAe
Il
,
sepes estunpet de Pucelle Expert;
afin qu'on s'ensouvienne.
traca- dansl'instant sur la terre
:
le chiffre i & dit, avec un grand
hélàs ; Voilà donc le premier !
L'assemblée se sépara & l'A-
mazone reprit le chemin de son
Pays. '.,
Pet-en-l'Air ne tarda point à ,
être informé de cette merveifleufe
aventure. Ilse repentit deson im-
pertinence;jmais iln'étoit plus tems.
;
L'Hérome àvoit rendu compte à la
Reine de cette insulte & vingt
Rois sesvoisins, qui avojentété
préfçnts au récit qu'elle enavoit
fait, en furent siindignés, qu'ils
se joignirent dès le lendemain aux
Amazones, & chasserent Pet-en-
PAirdeses Etats. Ils en revêtirent
j
la Reine & après avoir fait rem-
plir de poix les calibres insolens
qui avoient paru sur les créneaux,
ils lescondamnèrent à vuider toutes
les fosses de commodités de cette
partie du monde qu'habitent les
Amazones, & c'est de leurs enfans
que nous avons des Vuidangeurs
en France,
1*
LA SOCIETE
D E
FRANCS-PETEURS
S
MONSIEUR r *
LE COMTE
1
D E
VENT SEC ET BRUYANT,
SEIGNEUR DE PET-EN-VILLE,
ET AUTRES LIEUX.
MONSIEUR,
•V
Si je connoissois un homme *
ne peuvent
;
Péteurs, leurs Statuts&Vorigine
de leur Société des hommes libres
choijîr pour Mécéne
qu'un partisan déclaré dela liberté ;
ceux qui agirent par des principes
incontcflablesnepeuventmettre leurs
œuvres que fous les auspices d'un
Sage.
-
Si les Francs Peteuxs avoient
cherché feulement un nom & de -
Préjugé l
n'aveç-vouspointremportés surle
y
Votre Curé d9un inci-
dent minutieuxcréa un procès en
bonne forme, parce quevousavie^
pété en sa préflnce, & qu'il crut
la gloire de son état intéressée
toute
;
dans une pareilleaventure ilplai-
da, ilperdit ilvint vousdeman-
,
der grâce vous pétates: avec une
vigueur si uneharmonie qui con-
le
fondirent de nouveau Suppliant y
& vous lui remites les dépens. Vous
aveî-plusipunefois arrété'le babil
ajfafjin de ces prétendus Lettrés qui
se disputoient à votre table avec
autant d'aigreur que d'indécence sur
des matieres qu'ilsregardoientcom-
me fort ,
essentielles &qu'ils-n'en—
tendoient point ; trois pets lâchés
au fort de la disputeJïupéfoient
-
les Scholiafies si déroutoient leurs
àrgumens.
- Vous aveç souvent,parl'effet
de Vharmoniepétifique, déridédes
: ,
Prudes, interdit des Coquettes,
mortifié des Précieuses apprivoisé
,
des Importans rappellé des En-
thoufiafles en tout genre à la Sphère
commune, fait rire des Myfan-
,
tropes, & pour tout dire égayé
desCagots,
Ces hauts
Cey h faits nous étant con-
o n-
-
.,
nus vousétieïadmiréparminous
pouvions-nous manquer de sollici-
ter votre fuffragt pour nos travaux
& pour nos louables entreprises :
je conçois que votre modeflie doit
souffrirde Pénumération deVhif-
toireque je viens de faire de vos
Juccès9mais elles font nécessaires
dans cette circonflance ; je vous en
eujje épargné le détailpar-toutait"
it
leurs, il saI/o jujlijier. à la face
de tout l' Univers le choix d'un
Patronque la Société des Francs-
Péteurs se donne aujourd'hui, il
falloit montrer que ,1 quoique vous
soyes grand, ce n'ejl point à ce
titre qu'elle vous offre ses voeux à
son entrée dans le monde- elle ne
veut pasqu'on la soupçonne d'a-
voirtombé dans un ridiculeficomr
mun à tant tfautres ; ce n'efl qu'au
MONSIEUR,
1
17
Il
Votre très-humble Serviteur P***
de la Société desPrancs-Péteurs.
l
PRÉFACE 1
-
PRÉ F A C'.E.
ILn'efl- presqueplus
;
1
du bon ton
de faire des Préfaces du moins
faut-il qu'elles foietit baroques &
singulieres. Autrefois on prévenoit
lePublic3 on follicitoit sa bien-
veillance, on lui exposoitlesrai-
sons & l'objetd'un travail dont on
le rendoit Varbitre:aujourd'hui on
leplaisante , parfoisnlémeon Vin*
jurie ;.on lui- ditqu'on ne Peftime
point,qu'on le redoutepeu-, &
qu'ilneméritepas qu'on let ména-
ge. Millefoliesplusingénieuses lest
unesque les autres forment le tissu
des jûvertijfemens ou 4vant-Pro-
pos: ces Discours préliminaires
ont-ils un rapport direct avec le
sujetprincipal; on s'en embarrasse
;
peu s'ilen tfl quejlion en passant,
., .&
riés JI ~t:,' en font
& déguisés ,1; l'
cela fujJir: deslieuxcommuns va-
tout lemé-
rite;& > proprement dit, c'tfl.un
y
dimtnuûfd'opusculeétranger pla-
à
cé la tête, d'unautre pçtilouvra-
ge,pourégayerJeLecteur.
Il efi vrai qu'on a réformé tces
immensesréflexions pédantefque-
ment arrangées à la
tête desLi-
vres dont les unes expliquaient
fas.titresfafiueuxdesouvrages,
leur méthode leurfckntifique Oh-
y
jet , &l'utilité que le Public devait
ncccjfaircmcnt en retirer.L'Auteur
imperceptiblement y rendoit compte
des dénominations glorieuses dont
on avoit allongéson nom propre;
détaïlloit fis recnerches, fis tra-
; de
rnour-propre. Voilà les vieuxabus
dont on s'est corrigé abus qui
avoient dégoûté le Public tout
ce qu'on appelle Préfacer $' qui
Ont plus d'unefoisdéshonoré les
meilleurs Livres ou ils s'étoient in-
troduits. Mais la nouvelle méthode
j
si lejîe si galante d'annoncer les
?
écrits9etf-ellebien dans la nature
La tranquillité d'un Auteurquipa-
roît devant fis Lecteurs avec Taf-
furance de les captiver à-peu-près
,
comme un Athlete intrépidese mon-
tre sur Varèneavec la confiance de
sortir vainqueur9 ejl-elle, bien dans
là raison ? Il faut que lePublic
y
foit content puisque nos agréables
Ecrivainslui plaifint tous ksjours,
prendre
,
foiten faifantfemblantdel'insul-
ter, foit enle complimentant, &
raisonnantavec luiJàns lui riénap-
; Jicommunémentils ne
,
réujfijfojfntpas ils prendroient un
milieu entre le prolixe détailde nos
Anciensfeientifiques &le laconif
y
me brillantéde nos modernes.
-
Les Francs Péteurs donnent, au
PublicPônginedeleur Sociétéyses
fiatuts yses usàges, & leurs opéra- tif
à
mi eux ni de fient garder ils ;
bres : ils n'ontpointât myjiercpar-
y
doivent éviter l'obscurité>£ Vob-
jet qu'ils si propeflttt étant attjfi
t
important, doit être manifejlésans
réfirvl & annoncésansinqu'té*
tude.
J7 n'y a point de charlatanerie
dans le titre qu'ils donnent à cet
Ouvrage. Ne point péter par rif-
peflpour le-préjugé, c'ifl êtreef-
elave ; péterlibrement & sans em-
:
barras, c'est avoir rompu l'escla-
vage ainji la
Société des Francs.
Féceurs pouroit prendre volontiers
pour devifl, l'Esclavage rompu.
Toute Société a eu une origine
plus ou moins. brillante >plus ou
moinsaccompagnée de prodiges
-
celledes- Francs Péteurs n'apour
;
elle que les liaisons raisonnables de
quelquesamis y qui savifoient de
âge : ,
penfer quoique encore dans' le bel
des lignes., des phénomènes
ne l'ont point annoncée ni accom..
pagnée; un beauJardin a été le
berceau de la Sociétt. On n'en dit
y
pas davantage mais encore faut-
y
il le dire. Il a quelques digref
fions qu'on trouvera peut-être trop
longues, si qui ontparu néçejfàir
;
res sur-tout danslepremier Li1!çels
Les Fondateursajjemblés à Vinf-
tantde la création de la Société^
avoienjt despropos à tenir& des
hijloires à compter:si ces récits ont
un rapportavec lefujet afle{ immé-
diatpourqu'on ne le perde point
devue, ces fortes de digreffioris
font-elles si condamnables ?
pecede chaque narration fimble
L'es-
coursj
ne doivent un Poéine,
souvent une
qu'aux épisodes multipliées
un Dis-
Tragédie,
&aux
digressîons ; ret usage leur réufft.
1
,,
ser icide l'intérêt ? cette der-
niereAssemblée qui termine M-
fin l'Ohvrage est toute employée
à célébrer les avantages & l'uti-
lité du peu Ne feroit - ce pas le
?
dénouement Les Francs Pé- -
teurs , dans les autres Livres,
jugé j
déclament beaucoup contre le pré-
pétent souvent, & si pro-
mettentde péter beaucoup & avec
y ils
assurance mais ne difintpoint
les raijfons qui les ont déterminés :
ils croyent enfin d'être obligés de
montrerlepet dans toute sa gloire
,sifln éclat, avec son utilité sifis
avantagtJ. Ils si fondentbeaucoup
sur l'indulgence du Publicqui pre-
i
nant le foindejuger leurs motifs,
trouveraen eux des dêfenseurs de
la liberté opprimée; dans leur con-
duite des modèles d'une indépen-
dance légitime & rayonnée; dans
leurs écrits des moyenspéremptoi-
res pourdétruire le préjugé, en
toute occajion le pet victorieux &
J
vengé -
des Francs Péteurs avides
de conquêtes & remplis du dejtr de
faire des heurçux.
On prévient ici deux réflexions
que le Publicferaindubitablement,
si onessaye d'y répondre•
LaSociété des Francs-Péceurs
n'efi*ellepoint une chimère ? N'ejl-
il point indécent d'offrir le pet & ,
une
,
Société
duPublic?
Quand
de
aux yeux
Le mérite de l'invention ne
née
ferait-il plus connu de nos jours
Nefauroit~onplusprendre l'essorA
& nenous reste-t-ïlplus que lefe-
,,-
:
idée du pet, biendifférente de celle
qu'en a pris le vulgaire il en ju-
geoit à-peu-près comme les Francs-
:
Péteurs félon lui, c'étoit un sou-
pir. Ildisoit un jour à sa Maîtresse ,
devant laquelle il avoit fait un pet,
Mon cœur,outré de déplaiiîrs,
ii gros de ses soupirs,
Eroit
:'
Voyant votre humeur si farouche,
-
A n'oser
Sortit par
*
LA SOCIÉTÉ
LA SOCIÉTÉ 1
1: DES
-FRANCSPÉTEURS. 1
LIVRE PREMIER.
Dans un
vastejardinde la ville
deC***, des jeunes gens assemblés
au nombre de douze, âgés d'en-
viron aoà 15,ans,, diflertoientfort
sur la puissance des préjugés, leur
;
tyrannie & sur la difficultéde les
vaincre ils établifïoient ceux qui
gênoientdavantage la liberté, &
dont il feroit plus à propos de se
départir. Dans le même instant un
de ces Dissertateurs donna congé
:
à un ventqui fit beaucoup de bruit,
& ajouta »Tout autre que moi
33 eût été interdit de cet impromptu,
33en eût rougi, & peut-être sefût-
»ilexcuséde la liberté qu'il pre-
»noit de se procurer un foulage-
» ment réel & honnête. Pour moi
53 je penseque l'on devroit péter
»aussitranquillement que l'on
» tousse,que l'on éternue; & que,
il pour peu que l'on mît d'art &de
"méthode à péter, non-seulement
33 il n'yaùroit point d'indécence ,
il mais qu'au contraire il y auroit
»beaucoup d'utilité. Rien de plus
>3 juste(reprit un fecond
Diffèrta-
33 teur), lahonte & leridicule at-
33 tachés à la (ortie brusque & ino-
33 pinéed'un vent, font les effets
3» d'un vrai préjugé;nousavons
» réfblu de les contredire
; :
& de les
» renverser, s'il est possible com-
» mençons parcelui-là il a des
, ;
"droits accrédités,-& cependant
,
»des moins légitimes uniflons-
,
freres ,
»nous, frappons frappons mes
renverfons l'idole con-
,
55
55
fondons ses sectateurs, formons
55 une
ligue établissons une société '-.
55
dont tout l'objet foit de rendre
»aux hommes la liberté dans l'u-
55 fage des pets «.
Ce bel enthousiasme fut suivi
d'acclamations; il eut son effet; le
zèle s'empara des cœurs, (Se au
mot de frere qui avoit été pronon-
cé dans le feu du débit, on ima-
,
gina de créer sur le champ un Or-
dre dont tous les sujets touçhés
d'un intérêt commun
droient de plus en plus amis, du
-
moins se perfuaderoientl'être, ce
devien-
,
quiferoit à peu-près égalpour
fond de la chose agiroient de
concert, se donneraient des loix,
le
établiroient des règles, des ftgçuts
& compoferoient
seroit enfin une socié-
té qui celledes Francs-Pé-*
fçurs. On si'euc point intention,
comme des Critiques l'ont préten-
du, de parodier les Francs-Ma-
çons, on les respectoit trop ; on
voulut tout simplement réunir des
hommes qui pétaffent librement,
Se les nommer Francs-Péteurs. Le
fut
premierPéteur
;aussi-tôt élu
Directeur de la Société celui qui
avoit saisi le projet avec plus de
troisieme,
zèle fut nommé Vice-gérent; un
voyant que tout se dis-
posoitfavorablement, demanda la
pdrmiffion de parler, & dit:?) mes
»Freres vous me mettez bien à
»
5)
l'aise,
plus
&
que
votre
toute
dessein
chose
me
au monde
» vous allez juger s'il doit m'inté-
;
flatte
de la
;;
»& j'eus beaucoup de peine à ob-
» tenir mon entrée j'essayai d'a-
bord consoler mais Yai-
»
» griffois l'humeur de plus en :
plus
)), il me vint dans l'idée d'applau-
rt dir à l'usage des pets, & de prou-
» ver combien il est ridicule deles
» proscrire : on m' écouta d'abord;
"Qn fit ensuite de cesmines qui
décèlent le rire au travers de la
; je
55
» morgue, & qui tiennent encore
» du sombre de la cosere m'ap-
»perçus que la bouderie étoitàses
35 ,
fins; en effet on éclata on se
j'é-
» tintles
; côtés,
» tois fou maisque si je
on me dit
» être bien aimable, il falloit trai-
que
vouîois
"ter sérieusement la matiere, &
"donner fous huit jours un Dit-
» cours sur
»avec plaisir,
le ;
pet
je
je
& Dans
reçus l'ordre
pris le parti
»d'être Auteur. le même
»accès on me donna du papier,
, :
55 on voulut du moins voir éclore
"le plan de l'Ouvrage je misJa
»main à l'œuvre & après une
heure de propos plus que de tra-
» vail, je vis avec surprise l'ef.
»quisse de l'éloge du pet. Quel-
» ques jours après je le présentai,
on le reçut avec une joie fingu-
»lierc, & on m'en fçut un gré
55
infini. Quel nouveau plaisir, mes
»Freres, pour cette femme char-
55 mante, de voir s'établir une So-
55 ciété uniquement occupée de la
vengeance du pet & des Péteurs,
»du foin d'étendre leurs droits
quelle farisfaaion elle
;de
55 pour
55 lire lesOuvrages que l'on fera
55
la
par fuitepour détruire le pré-
»jugé quis'oppose à lalibre sor-
!
"tie des pets Ah ! vous formez
99 une Compagnie dans laquelle
» tous les gens raisonnables pren-
» dront des intérêts bien réels.
Les Freres regardèrent comme
le plusfavora ble de tous les augu-
res le travail précoce de l'Apolo-
;
giste du pet on se promit un bon-
heur brillant & durable, &, par
sentiment de reconnoissance autant
que par juflice, on pria le frere
d'accepter la place de grand Ora-
teur de la Case des Francs-Péteursf
on ne voulut point se servir du mot
de Loge, & (il efl: bon de l'ob-
)
server ici, dans la crainte d'être
soupçonné d'imitation on voulut
,
éviter la confusîon jusques dans les
termes tant la prudence & la fa-
gesse présidoient à la naissance de
cette illustre Société. La joie s'ani-
moit entre les nouveaux Confrè-
res, lorsque l'un d'eux en suspen-
dit l'activité par desréflexions qu'il
ne put se dispenser de communi-
quer en ces mots; » J'ai tout f'at-
» tachementpour vous, mes Fre-
33 res,
.., dit - il, & le zèle le plus
-
»tardent pour l'établiffenient de
33 notre Société, mais je prévois
yy martyr ;
» que j'en deviendrai le premier
je fuis obligé de vivre
yy avec une ayeule & une mere qui
33 prendront au tragique la liberté
33 dre l'humanité;
33 de péter que nous voulons ren-
à elles feront
yy1er avec vous ,;
yy tous leurs efforts pour me brouil-
sans pouvoir y
»réussir à la vérité mais elles
»m'interdiront du moins leplai-
hr de vous voir, elles s'efforce-
;
33
»ront derépandre du noir sur
33 notre conduite ma grand'mere
»sur-tout rassemblera toutes ses
33 forcespour
33 sur nosprétentions ;
allarmer le beau texe
& pour que
33 vous ayez une
,;
idée de cette
yyme qu'il plaît auCiel de me
33 conferyer encore
33 qu'elleest née àV***
fem-
vous saurez
qu'elle y
33 a reçu sa premiere éducation vers
yyle milieudusiéclepaffé, qu'elle
-.
33 vint à Paris avecmamerealors
33
fort
", fort jeune, pour faire terminer
» un procès considérable, dans le
»tems que Moliere donnoit à la
v» Scène Francoise tout l'éclat dont
» elle brille aujourd'hui, & qu'il
33 jouissoit lui-même de sa réçuta-
»tion. Madame la Comtesse de
,» P ** * ( c'est le nom de mon
il ,
» ayeule ) parut enplaideusecomme,
» faut elle vit bonne compa-
» gnie, & alloit fréquemment au
» Spectacle où elle ne tarda pas à
» êtreremarquée par un maintien
33 nieres apprêtées
» cieuses
;
»singulierement grave, &desma-
on joualesPré-
ridicules, tout le monde
y
» courut,&Madame la Com-
w tesse deP*** se plaça aux pre-
33 mieres loges; dèsle fécond acte
» tous les yeux furent fixés sur ma
« respectableayeule, on applau-
»dit, ,on
;
claqua à plusieursre-
» prise, le mouvement fut toujours v
»dirigé vers le mêmecanton en
» applaudissant à la Piéçe, il fem-
» bloit qu'on en célebroit, le mo-
vdèlc, cetteaventure piqua au vif
yy Madame de P*** ellesortitfu-
,ce
yy riettfè du Spectacle, alla dé-
» charger sa bile chez une de ses
yyamies qui lui donnoit à fbuper
yyEh bien ! Madame, dit cette
:
»amie, que la haute dévotion &
»au ,
les nombreuses années retenoienc
l
..,
yy
M PRÉCIEUSES RIDICULES ??
logis que pensez vous des
yy unmauvais plaisant,
n dame de p*1t* & sonAuteur efi
on n'a ja-
yymais traité les femmes dans ce
yy goût la &sur-tout des femmes
yy de qualité : de quoi s'avise ce
,
yy Farceur de prendre sessujets dans
yy le beaumonde ? Ilne mettoit
» ordinairementsur la Scène que
yy des gens obscurs comme lui, on
yy
» aujourd-hui
;
le luipardonnoitmais il répand
unridiculeforcésur
yydesfemmes qu'à coupsûr il ne
&
yy connoît pOInt,
: qu'il
yy respecter celaest horrible cela;
devroit
yy criant. Ily a moins
est dans
n lice de po-
la Capitale que dans
3) les Provinces;
yy Mais vous
vousfâcheç tout
yy de bon, reprit notre dévote, je
Y., ne
Jais si vous aveç tant de
yyrai[ond'injurierVAuteur silà
M Pièce y comme vous vous Vima-
gineï d9abord, vous avancer. as-
si,légerement que les PRÉCIEU-
» SES RIDICULES font prises dans
yy laclasse des femmes de condition>
M on
m'a faitl'analyse de la Piècé
» & j'aientendu qu'il étoit feu—
yylement queflion de bourgeoises
yy renforcées,
, qui pour avoir des
yy manièresavoientacquis des mi-
yy nes & des grimaces, quipourpa-
yy roître savantes ne voyoient que
despédans, si. en avoientretenu
yy
yy lejargon&lepheebus ; si cela
yyefi, onn'a pas tant de tort eau-
yytoriferlacritique de ce ridicule
yy qui déplace les gens, & qui ga~
yy blic:
"gne de plus enplus dans le Pu-
si lesfemmes de qualitéen
,
»itotent atteintes, quelmal y
roit-il à lesjrapprocher duvrai,
au4
V
» &par une fineplaisanterie d'efi
vfayer de les remettre çlans le beau
V naturelquifiulpeut nousplaire?
p Toutle Corps de la NohldJe vous
p doit en vérité un remeveiment 9
pfis défauts vonp être misen fpec-
y
» tarie &livrés à tout le peuple le
??premierBateleuravec de la témé-r
p rité ou du talent,fera en droit de
p les mettre en action bien oumal,
vvous en a imposé ,
p£d'eji faire rire le Fuhlic. On
Madameysur
y? de bourgeoife§ ,
»l'espece des fimmes que Molière
pa si mqltraitéesy ce nefontpoint
simples on ne
ppeut les y rcconnoitre ydéfi le
ppàmieux ,
p ton des premieres femmes &des
élevées leur tçn efi outré,
lavérité mais le reçonnoît
y on
V
cependant, & je soutiens, aveç
»Vexpérience que j'aiacquise dans
Vle monde, que quand il auroit
V un peu
d'affectation dans le ton
p des femmes quitravaillentà$'çry
tiner l'ifprit, qui tJnt réellemlnt du
te figure, jefoutiens»
» goût av de
,
la
Vvous dis-je qu'il ejl. plus que
» dangereux de vouloir y mettre de
la y
réforme, qu'il ne peut avoir
»aucun avantage ; & des que si cette
,
» belle Comédie opere
r>mens ce feratantpis Oui tant
v>pis. On ne quitte un
changé-*
yextrême
que
»pour tomber dans un autre, &
"VOUS verreç ce qui résultera de
»cette entreprifl, de rapprocher les
"fèmines de votte beau naturel pré-
»tendu*«
» Ainsi
;
se termina cette conver-
« fation sérieuse vous jugez main-
»tenant si une femme qui, sans
,
» êtrepeut-être au fonds précieuse,
33 ni ridicule n'a pu même
» lérer qu'on frondât les manies
font
to-
.,
Direâeurrépondit
?
:
Après un moment de silence le
» Vous êtes
yy moins à plaindre, mon Frere
,
» quevous ne pen fez,& vous avez
"au contraire des avantages sur
yy sance
;
yy nous dont nous pourrions être
» jaloux vous pouvez, dès la nais-
de notre Compagnie, lui
yy faire plus de sacrifices qu'aucun
» consacrer ;
wx de nous, & à chaque instant vous
àsa gloire il n'estpoint
bération ,
«qu'il commande. « Tous les fre-
res applaudirent a cette fage déli-
& le frere accepta le grade
dpFoudroyant.
:
Unautre Associé tint
un langage
biendifférent ?3 Je ne pourrai,
yy mes Freres, vous offrir des triom-
33 phes, des viaoires remportées,
:
e>& m'en faire un mérite auprès
33 de vous je n'aurai point dansl'in-
;
»térieur de ma maison des préju-
33 gés à vaincre
le
mais je ferai fou-
»vent témoin dela joie que pro-
»curera le récit de vos progrès.
»Tout mon monde est Franc-Pé-
"leur d'avance, grâces a un cer-
33 tain Abbé, homme important par
le
33
sa
«rens
;
» revenu de ses, bénéfices & par
, ;
délicatesse mere, enfans, pa-
amis,domestiques, tout
«,
;
1.
:; ,
'))puissant,! Je n'y pouvois tenir;
33 j'eusse voulu être encore chez mes
»premiersMaîtres mon embar-
."ras dura long-tems enfin je pris
-i.) mon parti, foit contagion foit
:
p envie de plaire, je lâchai un jour
33 un gros pet; tout le monde ap-
plaudit je fis bonne contenance:,
33 cela me réussit au mieux, & de-
-"puis ce tems, mes Freres j'ai
»senti l'avantage de péter, ôc je
;
« n'en laiflçéchapperaucuneoc-
» casson «. Le Directeur & les Frè-
res convinrent après ce récit, qu'il
etoit à-propos que le vainqueur de
ses propres préjugés contre le pet,
ayant d'ailleurs l'honneur d'appar-
tenir à gens qui le favorifoient si
autentiquemènt, fût élevé all grade --
;
d'Introducteur&
rémonies
de Maître des Cé-
ce qui fut agréé & ap-
prouvé avec acclamation. Toute la
Société se réunit pour engager l'un
: à
des autres Frères accepter l'Office
de Trésorier le Directeur lui dit
qu'étant homme de ménage, il fe-
rait plus propre que tout autre à
administrer les fonds de l'Ordre
& à mettre del'œconomie si né-
,
ceffaire à tous les états dans les dé-:
;
penses de la Société. EHecMvemenc
le Frere étoit marié depuis peu il
accepta l'emploi, & tous les Offi-
ciers furent dès-lors établis dans
leurs fondions. Les autres Associés
virent sans furent
jalousie l'élévation de
ceux-ci; ils très-contens &
très-honorés d'être du nombre dei
Fondateurs d'une Société si utile
& si estimable. ,
,
tantôt en duo & tantôt en solo.
Enfin le Directeur arrêtacetteai-
mable confusion & d,t
»Freres,nous sommes assem-
:
ici
» Mes
» blés pour
;
donner des Règlement
»à notre Société aucun Corps po-
:
litique n'a pu se soutenir ni ne
» pourra exister sans Loix les con-
"ventions que nous allonsétablir '-
» ôc adopter doivent nous lier pour
»toujours; si nousles suivons exac-
» tement, après les avoir recueselles
» feront notre fûreté & notre bon.
»heur, Voici le Codicille qui les
:
»renferme;jevais disserteren con-
»séquence pardonnez moiau- -
»jourd'huile dçcoufii du djfcaurs
»les transitions menacées fontim-
;
»possibles dans cette circonstance,
,
,
»Lorsquenotre Sociétéfera con.
»nue& goûtée il n'y aura point
»de grande Ville qui ne desire pof
»séder& yoirs'établir une Café
»dans son fein. On pçÜt le prévoir
(ans témérité ; l'avantage qui en
Vrésulteraest trop çonsidérable
55
;
»autres répondantes a l'orient &à
»l'occident celle du centre fera
»toujourssupérieure à toutes lesau-
»très en généralcompolée
: chaque CaJè ne
»pourra être que de
"trente Sujets exclusivement.Les
-
1
»gnant de leur source ont dégé-
»néré.Trente hommes dans cha-
55 que
Cité suffisent
pour- ramener à
»la liberté des Concitoyens de
"bonne foi.
55
Si l'on en admet un grand
"nombre dans le lieu où la Société
55a pris naissance, c'est qu'il faut
»avoir du renforttoujours prêt"
Mce ildoit être au centre.
»La premiere Cafe fera gou-
»*vernée par le Directeur général,
»dont le grade fera à vie &per-
»pétuel dans sa personne, les Chefs
55
des autres Cafés feront amovibles
»par trois ans.
55
L'espece de Gouvernement
Monarchique convient mieuxque
55
:
toutautre à un Ordre qui a l'esprit
"de conquête un Chef que l'on
»remplace après quelques années
»apresque toujours le déplaifirde
»voir ses plans réformésou dé-
:
»truits chacunestjalouxd'ymet-
wtre du sien, & rarement est-on
»content - de ce que les autres ont
fait
ii auparavant.
Il
» ne convient pas que
;
les Chefs
»particul iers soientperpétuels leur
»autorité balancerait celle du Di-
33rêveur général.
l,
>1 Chaque cass fera composée
w d'un Direéteur, d'un Vice-gérent
M ou Directeur en fécond, d'un
", Orateur, d'un Foudroyant, d'un
»Introducteur & d'un Trésorier:
»tous les Officiers composeront
M le Conseil, & y appelleront les
» cinq derniers Officiers sortans de
»charge, avec les plus anciens des
F
55 reres ; desortè qu'ils se trouve-
»ront toujours douze assemblés.
»Lorsqu'il fera question de déli-
»bérer sans ce nombre, il fera dé-
95 fendu de faire la plus petite opé-
»ration, fous peine de toute nullité
,,& de sémonce publique.
95Les grandes Assemblées ter-
» minent difficilement les :
affaires
.,.dès qu'on a remis librement à
"un certain nombre les droits du
» Gouvernement, on doit s'yfou-
mettre.
;
-
"leur auteur.
33
-
Les Francs Péteurs auront
d'abord des correspondances dans
53toutes les Villes du Royaume, &
33par la fuite dans les Pays étran-
33gers; & le nombre en fera pro-
,
33portionné à la grandeur des Vil-
33les à la quantité des habitans, &
33à leur caraâere.
„L'objet de SociétédesFrancs-
le
»Péteursest de détruire préjugé
1.
„quis'oppose à la forcie libre dû
»pet.Partout oùilyaura des hom-
„ mes, le
faut donc que
il
:
préjugé aura des autels
les Francs-Pé-
33
„teurs travaillent à le détruire, non-
„seulement dans le lieu qui a vu
naître la Société, mais encore
; :
55 dans tous les Pays où ils pour-
»ront pénétrer le zèle n'a point
»de bornes il faut que les Francs-
"Péteurs se donnent des Associés
"qui deviendront leurs Freres par
„la fuite.
:
55ou moins besoin
,
"Les Villes, même les quartiers
"de certaines Villes auront plus
d'ouvriers, en
»raison égale de leur attachement
"au préjugé.
„ Les Fondateurs de la Société
„se disperseront en différentes Vil-
„les du Royaume pour en connoÎ-
„tre le génie, pour se lier d'ami-
»tié avecceux qu'ils trouveront
-
yy
général.
rtes les semaines à l'un des pre-
wmiers Officiers, ou au Dire&eur
Les grands Corps ne se foutien-
s.)
»nent que.par un coup-d'œiljuste
:
»de la part du Chef sur les Mem-
„bres si ce coup-d'œil n'étoitpoint
»interrompu, il ferait infaillible;
il
mais faut se contenter de l'ac-
„tuelle possibilité. et ;:
Ici le Vice-gèrent prit la liberté
d'interrompre le Directeur, & em-
porte par son zèle,,lui demanda
quels' feroient les Reglemens pour
l'établissementdesCases étrangères
?
lors de leur création »Ce feroic
peut-être ici le lieu, ( ajouta-t-il )
„
"de nous prescrire les Loix & de
^ffatuer sur les cérémonies que
„l'on employera en pareil cas je
,prévois que les Statuts généraux-
:
feront toujours les mêmes pour
„toutes les Cafes; mais du moins
„faudra-t-il employer des forma-
„lités singulieres, députer des hom-
„mes chargés d'ordres secrets &
„revêtus de pouvoirs; peut-être fe-
à
„roit-il propos de faire un arran-
„Les gement en conséquence.
Conduaeurs subalternes
font communément des hommes
,, à obfervarions, assez peu mé-
&
„thodiques dans la façon de les
j, énoncer; mais ils font nécessai-
h
„ ,
Le Directeur général répondit
Mon Frere dès que vous con-
-
:
,
venez
„„virontque les Statuts généraux fèr-
toutesles
à Cases, il est
„inutiledeprévoir des circonftan-
:
„ceséloignées & des besoins qui
"ne subsistent point encore d'ail-
fleurs vous savez que nos Statuts
„ deviendront publics, & qu'ils fe-
„ront fous les yeux de tout le
„monde. Est-il prudent d'annon-
cer
„"être déja
nous
) ?
( & ne le faifonsr- nous peut-
que trop le desir que
avons de nous étendre N'a-
„
„jugés
vons-nous pas déja assez de pré-
contre nous ? Lorsqueles
drons à
„„fectation;leurs
;,
"hommes voudront être libres ils
„nous appelleront nous nous
vœux mais
ren-
sans af-
nous les soumettrons>
mais sans empressement, & nous
,,
„n'aurons point contre nous le fafle
„odieux dela conquête. J'approuve
"cependant votre zèle, & je vous
"prie de me permettre de conti-
nuer Le Vice-gérent se tut, &
le Dircifteur continua ainsi:
„Les noms des Correspondans
„ feront écrits sur untableau magni-
fiquement décoré, & placé dans
P •
"la grande' Cafe ; on les lira àcha-
„ que Assemblée avec l'éloge en
„portées.
„
apostille que mériteront les Frères
„ étrangers
-
„
,,
pondance ,
de papier, scellé à sa façon, qu'il
remettra au Chef de la Corref-
pour l'envoyer
"une commune enveloppe au Di-
fous
iredeurgénéral.
„ Cet article paroîtminutieux
„ ;
"mais les plus petits ressorts entrent
-
tion œconomique
:
dans le jeu des plus grandes ma-
„chines d'ailleurs cette précau-
3,
,
servé également par celui qui le
suivra, fera chaque semaine un
extraitabrégé mais lumineux,
des actions de ses Confrercs, &
,, le
tout avec ordre & prudence.
„ ,Les Supérieurs
ne peuvent ju-
conduire,
:
ger & si on ne leur rap-
„proche qui se passe dans
pas ce
l'éloignement un peu de politi-
„
que
,
dans les Chefs est nécessaire,
„,,& les Membres quoiqu'avec ré-
pugnance, doivent se prêter pour
„„lebien
commun à ces fortes d'opé-
rations.
„ „Les fonds pécuniaires des cafis
"se formerontdes contributions
„annuelles de chaque Frere & ,
„s'augmenteront par la générofitéx
desLibraires qui imprimeront le
y,
recueil de leursdiscours & ouVra-
„ ges', dans le même format
„ que
celuide quelquesAcadémies de
„ Province, sur-tout des plus
ciennes.
99
>
„On n'affectera
an-
point de mystere
„ dans la Société des Francs - Pé-
„ teurs;on rendraPublicsses Sta-
tuts, Règiemens & Usages;On
"travaillera à mettre au grand jour
toures les productions
„ seuls ressortsdu
„les
des
gouvernement
;
Freres
fuite de
55
convaincre :
„parler, essayer de persuader, en-
il est
„Orateur;aussicelui qui doit ha-
55
de droit
„55ranguer
-
publiquement - dans la
Cajê est-il nommé grand Ora.
55 teur, parce qu'il est censé avoir
„des talens applaudis, & d'autant
„mieux connus de ses Freres,qu'ils
55
les possedenteux-mêmes quoi-
,
55
qu'en degré différent. Il faut dé,..
"tromper les hommes, sa ire valoir
» le pet, &
augmenter de jour en
»jour ses triomphes; il faut pour y
"féuffir de l'ardeur &des talens.
On
„ veut encore que tout Réci-
„piendaire ait un -état au moins
33 tune
33
le
,
„ honnête,de l'aisance dans sa for-
& une forte de crédit dans
Public.
Un
» ne
» feroitFranc-Péteur ;
de bas aloi
aucun fruitaujourd'hui
„s'il étoitindigent, on le traiteroit
„ d'escroc.
»L'ardeur de conquérir iroit de
"pair d'abord avec la fois des ri-
„ l'emporteroit
chesses, & ce fecond sentiment
bien-tôt.
-»
„ Un Sujetproposé ne fera point
„ admis qu'il n'ait pour lui au moins
»lesdeuxtiers des suffrages& des
-
voix.
„ On l'éprouvera pendant un an
„
„entier,& après l'année d'épreuve
on le recevra avec les formalités &
„ cérémonies dont
»
„
ni
- on conviendra.
„ Les Francs Péteurs n'auront
signes ni marques deleur Con-
„fraternité; en Cafe assemblée ôc
réguliere feulement, ils porte-
-
adoptés:
9^les différens Corps qui lesont
,, on a trop fouvcnt em-
ployé un tems précieux à justifier
"la bifarrerie desajustemens, lorf-
„qu'on auroit dû pen fer à être utile
"aux autres & à foi-même. Tous
ceux qui n'ont point donné dans
"ce travers ont bien mieux réussi ;
ornais dans l'intérieur des exer-
cices particuliers & propres àcha-
„
"que Société, un appareilfiguratif
frappe,intéresse, & très-souvent
M
,, fait naître la décence, comme na*
„curellement& sanseffort.
* Le Directeur ayantfini Texpofé
&l'analyse des Statuts, demanda
l'avis de tous les Freres : illeur fit
promettreune soumission sans ré*
serve à ces mêmes Stacijcs, qu'ils
agréèrent & acceptèrent sur - le-
champ. Ils firent un figne éclatant
d'acquiescement, suivi d'une pro-
rnefle qui avoit la force de ferment
entr'eux, & scellerent le tout d'une
déchargebrusque & bruyante de
pets des plus sonores. ,. v
Le Frere Orateur annonça qu'il
parlerait
bléede dans la prochaine Assem-
l'especedesépreuvesparoù
;
il croyoit que devoient passer les
CandidatsFrancs-Péteurs & qu'il
flexions ,
soumettroit ses projeté & sesré-
à la Société afinqu'elle
les admît ou Jçsréformât-
Le Vice-gérent & Trésorier fro-
poserent de faire un planfigure de
,
l'édifice où devoit être la Cafi prin-
;
cipale de ses dimensions,décora-
tions & ornemens deporter çe
plan chez un chacun desFreres;
d'agir promptement dèsqu'il feroiç
généralement approuvé, sansmè-?
;
me attendre une autre Assemblée ;
dè n'en faire aucune mention jus-
qu'à ce que tout fût exécuté, afin
de procurer aux Freres le plaisir
de la surprise &de la nouveauté.
Cette invention parut agréable ;
elle fut applaudie généralement, &
on nomma deux autresFreres pour
aider ôé feconder les deux Entre-
preneurs.
h
Le Directeur décida qu'il falloit
diSererrAfIëmbIéejufques fut trois
mois, afin que l'édifice au moins
ébauché. Ilfit approcher les six
;
Prôsélytesqui s'étoient toujours te-
nus à l'écart il les loua de leur
zèle, les encouragea à péter fou-
,
vent & librementdans leur do-
mestique, en public & sur-tout
devantles hommes les plusenti-
Francs Péteurs ;
chés du préjugé contraire aux
- il leur promit,
au nom de la Société, que s'ils pro-
duifoient des preuvesde leur zèle
& de leur fermeté,on les admet-
troit à la prochaine séance comme
fpeélateurs, & que leur totale ini-
tiation ne feroit ensuite différée que
jusqu'à un terme peu reèulé. Les
Candidats marquèrent leur joie &
,
leur reconnoissance àtoute la So-
ciété & cette feconde Assemblée
fut heureusement terminée.
LIVRE TROISIEME.
LA terre avoit déjà donne ses
fruits, lesArbres commençoient
à laisser échapper leurs premieres
feuilles le Dieu du jour n'étôit
,
plus si diligent à nouséclairer, &
s'emprëHbit bien plus vîte de rani-
mer une autrehémisphere, lorsque
se
lesFreres trouvèrent réunis dans
,
les bosquets,du jardin quiavoit vu
naître leur Société tous y appor-
terent du zèle, tous y montrèrent
opérations de la Compagnie ,
de la joie; les Prosélytes qui pour
la premiere fois participoient aux
: pouvoientêtretémoins de l'ordre
,
pour lui marquer leur inquiétude.
„Je
;, ment, )
fuis sensible à votre atten-
tion (leur répondit-il obligeant
;
verez.
„ vous pour ce moment ce
,,pas par défaut deconfiance, c'est
;,pàr des rairons que vous approu-
Pour dissiper un peu le Direc-
teur,les Freres Vice-gèrent,Tré-
sorier, & autres Entrepreneurs de
l'édifice de la Cafe, voulurenrren-
;
dre compte de leurs opérations à
la Société ils annoncèrent que l'ou-
vrage étoit si avancé, qu'il feroit
prêt & perfectionné avant le teins
Jc;
fixé pour la tenue de la grande Ca-
comme ilsapperçurent que
cette nouvelle sembloit égayer le
Directeur, ils furent tentés deré-
-
voquer la convention qu'ils avoient
faiteux mêmes, ils voulurent dé-
crire le locaï de la Cafe avec (es
agrémens, le Directeur les arrêta,
les remercia avec beaucoup d'affec-
tion & leur ordonna de ne point
,
parler de leurs ouvrages, & de ne
les point laisser viifter même par
;
les Freres jusqu'à ce qu'ilsfussent
çonduirs à leur perfection il pria
ensuite l'Orateur d'entretenir la So-
ciété sur l'espece , la forme & la
durée des épreuves par où paffe-
roient dans lafuite les Candidate
Francs- P éteurs.
Après un court préambule, I&
quelques propos o bligeans, le grand
Orateur péta à plusieurs reprises,
tement,
tous les Freres lui répondirentexac-
& il entra en matiere.
wLes épreuves des Récipiendai-
»resdoiventêtre proportionnées à
"la grandeur & à l'élévation de
,, l'objet que se proposent les So-
"ciétés dans lesquelles ils veulent
,, à
entrer, au caraétere & l'étatdes
hommes auxquels ils s'affocienr.
93
,,»mieres
même de l'héroïsme. Les
feront
pre<-
attaques ne pas sui-
,,
confiance ;
"vies de la victoire, il faut dela
,, ainsi tout Franc-Pér
teur Prosélyte doitêtre connu &
examiné pendant quelque-tems
"sur cette derniere disposition. Un
"esclave qui veut rompre ses chai-
,, nés qui a pété pl ufieurs fois en
»public sans rougir, fent déja qu'il
;
"appartient au Corps des Francs*
,, Péteurs il fera bien-tôt des ten,.
,,
»
„ tatives, &: il postulera.
L'esclave ( c'est ainsi qu'on doit
nommer tout ce qui n'est point
,,Franc - Péteur ) fera connois-
"sance avec le Frère lniroduaeur,
55 saisira le moment de le trouver,
Moc en entrant dans son apparte-
,, sespreuves : il
wpar trois autres s'il Je veut,on
,,s'endispensera parce qu'il a fait
converseraen-*
fuite, & il applaudira au zèle de
l'esclave ;il lui exposera les con-
,,
55
ditions requises & les formes des
,,
,,
épreuves, il ,
lui dira avec le plus
de gravité qu'il fera possible
,,
,,,, d'examen & d'expérience
;
,
qu'on exige de tout esclave qui
veut rompre ses fers un an révolu
,,
domestique;
55pet dans le particulier & dans le
,, la feconde, les opé-
rations publiques faites dans tous
les,lieux, ( toutefoisdécens ) sans
,,
55
Contrainte Se sans explication de
55fa conduite; le troisieme,dans
99 les maisons où la bonne com-
apagniç serassemble devantla-
» quelle onjustifiera avecvéhé-
,, ;mence la liberté que l'on aura
prise la quatrième enfin devant
,,
,,trois prudes, troisdévotesdepro-
,,,,session,
qualité,que l'oh essayerade
& trois bourgeoisesdé
» réduire au point de ne pouvoir
,,"Letracionsenfaveurdupet.
»plus obic-âercôntte les démonf-
Prosélyte se convaincra
,, dans, l'intérieurde son cabineft
»de l'utilité & des agrémens du
;
,, mois,
,,
pet pendant les trois premiers
il pétera librement St fou-
-
,, imitations
nier
de
siecle,
l'éloquence du der-
mais,on refusera qui-
«
«conque n'a lû que les Oraisons,
- « discours & brochures du siecle
3-1
présent,
& ;
on ne fera pas grace
,, un Duc Pair ce n'efl pas que
«de nos jours il n'ait paru des
à
,, ,
« plaire mais ils ont été faits sur
«les grands modeles qu'on cite
J.)mèll)es,
toujours avecvénération & ra-
« rement peuvent-ilsen servireux-
,.J« Le fécond quartier d'épreuve
«qui suppose un exercice public,
J, mettra en évidence, la fermeté
,,plutôt que l'éloquence de l'Aspi-
,, rant; il ne fera point question de
periuader,
-
39
montrer courageux ;
ii persuader, mais feulement de se
,, en mar-
»chant on fera des pets, on leur
»donnera liberté dans les places
,, publiques, dans les cassés où les
» beaux esprits assemblés jugent en
33 dernier ressort du mérite des hom-
mes & de la valeur de leurs ou-
vrages. Il ne faudra ici pour cau-
;
,,tion que la voix publique qui ne
» setapoint équivoque la Cafe fera
33 instruite des progrès du Sujet par-
-
33 venu àla
feconde épreuve. On ne
,,
,, pourra également lui en imposer
sur les succès de la troisieme,
33
,, ; ;
c'est-à-dire, dès qu'on opérera en
a bonne compagnie les Francs-
Péteurs la connoissent & la com-
posent ils doivent tous être ri-
33
ches ou aisés, ils feront tous en
,,,,état
33
de juger des travaux, ou
d'être informés des amis qui
par
33 leur en rendront un bon compte ;
,, cette troisieme épreuve devient
,,,de plus en plus délicate, il y a
33 des
plaisanteries à essuyer, des ris
,
nndeséclats à laisser idrÓÍtemcnc
33 passer,& une apologie à établir
il faut que cette
;
apologie vienne
33
,,
33
sans
;
affectation
,
mais qu'elle foit
amenée poliment & qu'elle foit
véhémente on ne veut point de
» ces petites phrases saillantes, point
vde ce style maniéré,parce que
« tout Franc- Péteur doit être Ora-
» tçtir , il ne féroie aucune impres-
,,sion sur des hommes habitués à
33 dire & à entendre de jolies choses
33
dont ils ne font eux-mcmes qu'un
» médiocre cas, qui ne se perfua-
Y)dent ni ne s'intéressent récipro-
33 quementpar la marche ordinaire
,,de leurs-moyens Se de leurs prcu-
,,,, :
,,ves feroient-ils touchés si l'on
n'employoit que leur méthode
l'orsqu'on essayé de détruire les
33 erreurs
qu'ils ont adoptées) le dé-
,, fenseur du pet feroit-il entendu ?
,, Lelaisseroit-on parler, si sur un
»ton de pointes,de jeux de mots,
&"de petites antithèses, il vouloit
9)
fx en prouver les avantages ? Mille
,,épigrammes partiroient à la fois,
p & à
mettroient chaque
v raisonneur en défaut.,
instant le
,
Franc-éteur ait pétélibrement
h fîxde plaisanteries,
fois qu'il ait cifuyé
33
qu'il
&
33 beaucoup
33 essaye (
tifier
comme
sa conduite
le
il )
doit de jufr
;on suppose qu'il
«s'exprime ainsi:Quoi,leplusle-
33 ,
»
yy
d'autre
"triguer sans
d'une
consequence
erreur
que
déplaire
qui hleffi
;celled-in-
revene£
la raison,
33
de mes Critiques vous £
fere bien-
;
yy tôt les Partflàns de mon fyflé-
3-1 me
yy pour vous ,
fpeclacleplaifant aujourd'hui
je deviendrai demain
yyjpeclateursatisfait de votre heu-
33
j,
33
reuse
,,
indépendance.
,,primer aussi-desbiendroits
? Lesincontesta-
grandes
,,vérités ont
,, bles sur les cœurs, mais elles ont
»un langage qui leur est propre,
33 ôc les moyens triomphans qui les
;
,, font valoir ne font pas si géné-
»ralement connus qu'on lescher-
"che & qu'on les employe,ces
,,,,l'Esprit-fort
moyens, l'homme du monde &
en, tout genre feront
»tirés de leur (phcce, forcés mal-
,,gré leur légéreté, insensiblement
yy
yy prévu ,
intéressés
&
perluadés
, bien-tôt
sans l'avoir
entraînés sans
,,qu'ils regrettent mêmel'opinion
,, chérie qu'on leur enleve.
»La quatrième épreuve fera sans
,,
*
doute la plus rigoureuse : le pré-
,, mier mois de ce dernier quartier
yy
se passera chez trois prudes diffé-
yy rentes ;
si le Prosélyte n'en con-
,,noit
fera
point particulierement, il
obligé de se ménagerdes
w
,, entrées & de faire des liaisons
yy dans ce genre, il pétera libre-
,, ment & de fang-froid, on mur-
,,
,, murera, on éclatera, & tout cela
estnécessaire, le Public feraim-
bu de complaintes répétées, & la
,,
yy
Case fera inflruite de ce qu'elle,
yya intérêt de savoir; même chose
se passèra vis-à-vis de trois pré-
,,tendues dévotes,
3)
femmes à gri-
faudra conveifer, rai-
-
wmaces, il
p sonner, après leur avoir donné de
-
,, ,
» l'humeur par une brusque
,,
dé-
charge de pets, on ne fera point
obligé de persuader ni de chan-
yy ger ces fortes d'efprirs, la con-
yy quête ne ferait point d'honneur
,,s'ils paroissoient rendus ce feroit
;
,,de mauvaisè foi. Enfin les bour-
wgeoifes de qualité dont le Réci-
'33 piendaire aura mortifié l'amour-
33 propre en pétant souvent & har-
33 diment devant elles, mettront le
33 dernier sceau à l'épreuve; & ren-
yy dront l'esclave aux yéux de la
33 mures,
;
33 Sociétédigne d'être délivré de
,, ses chaînes plus il y aura de mur-
plus les femmes impor-
tantesdesferont de démarchesau-
33 près Çommandans de Places
,, ,
yy& Châteaux, & ensuite chezles
Officiersde Police pour follici-
yy ter la vengeance d'un pareil at-
yy tentat commis en leur personne,
,,plus la conduite du nouveau
33 Franc- Pcteur paroîrrarégulière
,,& digne de la Société; c'est par
»le plus grand éclat que feront
33 lesfemmes dans leur courroux
»qu'elle jugera des talens du Su-
33 jet & qu'elle hâtera son initiation.
,, Onassemblera ensuite laCaje9
33 les Commissàires rapporteront
"tous les événemens de chaque
33 épreuve, on les vérifiera; & s'ils
«forment un tout, on ira au Scru-
33 tin ;érant complet, procédera
le nombre des voix néceffai-
«res on
33 peu de jours après à la Réception.
«Le dernier admis des Francs-
"Péteurs ira chez tous les Freres
« pour les engager à se trouver à
,, l'Assemblée indiquée à tel jour,
"afin de rendre libre tel ejelave
33 qu'on nommera. «
L'Orateur finissoit à peine que
avoir reçu l'ordre
par un long
:
deux des Prosélytes se leverent sans
l'un préluda
& ennuyeux compli-
s
yy de notre art
;
»fons-les dans l'exercice continuel
admirable
"dans les assemblées où chacun
pétons
»d'un air renfrogné semble re-
:
wprocher à la nature les rigueurs
»qu'elle nous fait éprouver pétons
33 en
public, pétons avec éclat juf-
»qu'à ce que nous puissions nous
"rassembler dans le lieu consacré
33 à nos illustresexercices «.
LIVRE QUATRIEME.
La faisonrigoureuse
avoitson
ment
idées
,,
cours, lesFreres se virent fréquem-
se communiquèrent leurs
travaillèrent toujours à la
gloire de la Société, ne laisserent
J
;
déchaîne Ses sujets pour allarmer
les humains le Zéphire ne jouissoit
point de ses droits, si ce n'est par-
mi. les membres de la Société, &
c'etoit précisément l'instant où les
Fteres comptoient augmenter sa
gloire. Borée ayant Ton aétion sur
toute la Nature, Zéphire étoitcap-
:
tif, il est le Protecteur des Francs-
Péteurs le faire agir dans l'instant
:
où il semble être oublié, c'éroit le
serVir utilement les Aquilons frap-
poient les édifices les plus élevés 6c
les plus solides,chassoient devant
euxdescolomnes de fable & de
poussiere, ébranloient les arbres
que le tems arespectés, & allar-
moient les habitans du monde ;
n'yavoit plus de délai ni d'éloigné-
il
à laporte
!
,
& leurs Coadjuteurs les attendoient
!
quelle surprise! quelle
joie quelle reconnoissance lors-
qu'ils voyent que l'intelligence des
Entrepreneurs a paffé leurs espé-
rances.
:
Dans un Edifice d'un extérieur
-
ordinaire on trouve tout ce qu'il y
a de plus commode & de plus agréa"
blé; une antichambre assezvaste,
élégamment meublée, se présente
au fonds d'un vestibule bien éclai-
; :,
rë une premiereSalle très-gran-
de, se trouve après sur la porte du
côte de l'antichambre il y a en
forme d'attique un tableau qui re-
présente un esclave d'Alger ramant
à toutes forces, & courbé fous les
coups de ses maîtres , avec cette
bronzées:
inscription au-déssous en lettres
La Salle des Eslcaves.
Sur la même porte en dedans est
un autre tableau dont la feule &
unique figure est le PréJugé, ca-
ractérisé fous laforme d'une vieille
coquette en lunettes, assise auprès
d'une Bibliothèque de livres bleus;
la Salle est toute boisée à petits pan-
,
neaux détachés, séparés par des ba-
guettesdorées les espaces font gar-
nis de tableaux.
Dans l'un on voit un Courtisan
,chargé d'épaisses chaînes d'or, dont
,
il oublie le poids lorsque deux
coureurs , six grands laquais & ses
Ongens le soutiennent.
appercoit plus lofn fous un
toît de chaume, un homme enve-
loppé de parchemins poudreux qui
à
ferme la porte de sa cabanne une
belle & jeune personne, parce que
le coffre fort qu'elle lui présente
le
fènt encore le goudron dont pere
fut IODer-rems parfumé.
La ngure dominante d'un autre
quarré est un homme vêtu d'une
longue robe noire à larges plis,
surmontée d'une tunique émaillée
de fer doré, qui le tient si ferré &
si guindé,qu'il paroît marcher tout
d'une piece. Chaque maille de la
tunique porte le nom de Loi,
,
est une piece rapportée ,
à*Articles 'de la Coutume, d'Or-
donnance & toute la bordure qui
est for-
tilhomme campagnard ,
mée de petits lacets brillans que
l'on nomme Privileges; un gen-
un riche
bourgeois décemment vêtus, font
un peu enfoncés dans le tableau,
dont le lointain donne la vue d'une
ville de province: le premier per-
sonnage étend les larges manches
de sa robe, & semble écarter de
dessus (a ligne les deux autres, sans
les regarder.
On voitau-dessous dans un ta-
bleau séparé un homme d'une som-
bre figure, vêtu simplement, por-
,
tant un grand chapeau, au milieu
d'une des places de Paris qui pré-
fente d'une main les plans du parc
de S. James & d'un potager ordi-
naire de Londres, & quilaisse
tomber de l'autre main les plans
deVersailles & des Thuileries; il
porte sur sa poitrine les (Euvres de
Shakespeare, & foule aux pieds les
Tragédies de Corneille & de Ra-
,
cine. Les chaînes dont cet homme
est couvert font de fer mais fine-
ment travaillées ; sur chaque an-
neauon lit, quoiqu'avec peifll, le
mot de Patrie; ces chaînes le cou-
vrent de la tête aux pieds.
Un autre panneau séparé de ce-
lui-ci par une très-legere baguette,
porte pour feule figure un agréa-
ble François tout occupé à traduire
avec enthousiasme les Ouvrages
Anglois, même jusqu'aux Papiers
publics.
On voit plusieurs autres hifloires
d'esclaves fous différentes robes &
en différens états, qui remplirent
des deux côtés toute l'étendue de
cette Salle; au fonds est une grande
porte, & de chaque côté deux ta-
bleaux très-correéts pour le dFf-
fin & le coloris, qui représentent
deux esclaves en regard, s'efforçanc
de brifer leurs chaînes & de péné-
!
trer dans l'appartement intérieur.
Quel transport quel enthousias-
me dans tous les Freres,lorsqu'ils
virent ouvrir cette fécondé Salle
Je,
qui précédé immédiatement la Ca-
font des
qui l'embellissent;
&qu'ils purent applaudir aux
orneenstableaux ce
sur les deux por-
tes qui se répondent également,
4un dessin, d'un goût, d'unecar-
nation & d'un coloris admirables;,
ç'est le tableau du Directeur peint
bordure, ,;
en pastel par un des premiers éle-
ves de la Tour, embelli d'une riche
placé sur une cheminée
ornée de glaces de dorures, de
festons & d'emblèmes c'est une
tapisserie caractéristique aussi solide
que brillante, dont toutes les par- -
ties se lient & font un tout admi-
rable. Dans l'un de ces tableaux
en grand, on voit la Liberté peinte
blanc,,
avec ses attributs , elle est vêtue de
sceptre
elle tient d'une main un
de l'autre le prisme de
Newton & le compas de Descartes
rompu ;
rassemblés, près d'elle est un joug
l'autre tableau placé vis-à-
vis sur la porte de la Cass, repré-
sente Zéphire couronné de fleurs ;
un grouppe d'hommes libres à côté
de lui figure la Société naissante
& rassemblée qui luiTend homma-
ge; tout l'hiflorique de la tapisserie
est une fuite de cette premiere idée:
là c'etf Zéphirequi caresse Flore;
icic'estl'influence de Zéphire sur
nos jardins, nos bois, nos plaines;
lail calme les ardeurs du soleil, ici
¡
duire promptement ;
se portoient si rapidement, ils en-
gagèrent le Directeur à les y intro-
le Chef s'y
prêta, se fit apporter la clef, &
accompagné des Officiers, sur-tout
deceux quiavoient si heureusement
executé le projet de la Société, il
tra lui-même ,
ouvrit la porte de la Case, fit pàf.
fer tous les Freres devant lui, en-
donna ordre aux
quatre Prosélytes de se tenir dans la
Salle des Ésclaves, &ferma la porte
bien exactement.
Il n'est plus question ici d'ameu-
blemens magnifiques, de peintu-
;
res, de décorations la belle sim-
plicité, les choses utiles aux exer-
cices de la Société,une configura-
tion & une distribution locale qui
;
conviennent, voila tout ce qu on
doitattendre c'est un Edifice ova-
le, vouré, afiez vaste pour contenir
soixante personnes placées sur deux
lignes dans les casextraordinaires,
au milieu desquels il reste un cfpace
âlïèz considérable pour éviter la
confusion, le parquet est d'un bois
dur, sec & bien joint, troisou-
vertures en entonnoir donnent du
jour hors le tems de rAnembiée,
s'il en est besoin,& seferment lors-
quelaCace est remplie. Douze gros-
les bougies, divisées dans tout l'e£
pace en parties égales, l'éclairent
suffisamment.
Il ya soixante fauteuils,tous uni-
formes, dont lefiege est travaillé à
jour, fous lequel est appliqué un
excellent timbre dans toute réten-
colimaçon.
due, qui se termine en vis ou en
Ceci est pour la reproduction du
son, pour ordonner& modifier les
ne peuvent
;
vibrations que les pets forment dans
leurs échappemens lestimbres qui
être tous uniformes,
font arrangés félon la dégradation
de tons musicaux, & ils font dis-
tribués conformément aux talens
-
de chaque Francs Péteurs Com-
,
me tous les hommes ne chantent
point du même ton, ils ne peuvent
;
aussi former un son uniforme en
pérant la Société des Francs- Pé-
leurs pourra parvenir un jour à
;
faire un concert, peut-être à join-
dre des paroles la musique Ita-
lienne aura chez eux à coup sûr la
préférence, par ses fons bruyans &
peu mariés enfenlble, elle con-
viendra mieux que toute autre :
d'ailleurs, la musique Italienne saisit
souvent dans la nature des objets
plusanalogues avec ceux des Francs-
Féteurs tels que le mouvement
,
;
d'une marmite pleine d'oignons &
de châtaignes il ne fera point ques-
tion de peindre les grandes passions,
que les
musique ,
ni les sentimens élevés, on imagine
and-François, en fait
feront au moins Corres-
pondans de l'Ordre des Francs-P é-
de
teurs.
Le siége du Directeur n'cil point
distingué des autres parle plus de
propreté ou d'élévation, parce que
le Chef n'cft que le premier entre
ses égaux.
Une grande table est placée de-
vant le Tréjorier, sur laquelle on
met les Regiltres, les Statuts, les
Livres de Correspondans & les
Cordons de l'Ordre, qu'un chacun
va prendre & recevoir, en entrant,
de la main du Directeur.
On donna quelques-instansaux
Freres afin d'examinerl'intérieur
le
de la Café; ensuite Directeur
prit sa place au fond de l'ovale, le
Vice-régent
Vice-gérent à sa droite l'Orateur
à
, ,
sagauche,leTrésorier11l'extré-
mitéde la ligne droite & les au-
tres Officiers de fuite après l' Ora-
teur ; tous les Freres se placèrent
indifféremment, Je Directeur don-
na l'exemple , péta
& tous les Freres limitèrent ;
brusquement,
011
n'imagine point l'effet que produi-
b
sent les timbres artistement pla-
cés : mais le fracas fut si considé-
rable que les Prosélytes quoique
éloignés, en furent saisis de frayeur,
d'autant mieux que l'opération fut
répétée jusqu'à trois fois. Le Direc-
teur dit ensuite : » Mes Freres
v nous sommesenfin parvenus au
»terme commun de nos desirs
» nous goûtons le bonheur d'être
,
» unis en Société, & nous jouis-
sons des effets des talens du
,
Entrepre-
» génie & du goût des
» neurs de ce charmant édifice :
w je ne vous engagerai point a la
confiance, & je n'essayerai point
» de ranimer votre zèle, je croi- :
»rois vous faire injure
» terois ici l'Orateur
; de
je follici-
nous com-
» muniquer le Discours qu'il nous
nécessairement
"dessine qui doit
,
» sérvir de préambule à nosexer-
» cices, sur-tout dans cette pre-
-
» mîere Séance, ; mais le tems nous
» presse,quatre Prosélytes qui nous
-
;
ferrant affectueusement à ce flonal
on ouvrit la Case sur le feuil de.
la porte on arrêta l'éfclavc , l'Ora-
teur lui parla en peu de mots avec
beaucoup de dignité, le Directeur
lui demanda enfuirc, à titre d'au-
torité, qu'il promet solemnellement
de remplir ses devoirs envers la So-
ciété, & lui ordonna de répéter mot
àmot la Formule suivante:
TENANT A GRAND HONNEUR
D'ENTRER DANS LA SOCIÉTÉ DES
FRANCS-PETEURS, JE PRO-
METS UNE CONSTANTE SOUMIS-
SION A SON DIRECTEUR
,
,
ET
UNE TENDRE AMITIÉ A TOUS LES
FRERES : ENNEMI DÉCLARÉ DU
,
PRÉJUGÉ JE LE COMBATTRAI EN
TOUS LIEUX) EN PETANT LIBRE-
MENT
QUEMENT.
SOUVENT ET MÉTHODI-
;
Cette Formule étant prononcée
à haute & intelligible voix
les Freres firent une brusque dé-
tous
,
chargequisurprit de nouveau
cipiendaire
le Ré-
& qui ne lui parut point
,
dans l'espece commune. On lui ôta
ses chaînes qu'on laissa a la porte
de la CAFE en dehors comme étant
les appanages du préjugé & la dé-
pouille d'un esclave.; le nouveau
;
Frerè se présenta au Directeur en
traversant toute la Case le Direc-
teur lui donna le Cordon de POr-
;
dre, reliant toujours assis & l'em-
,
il lui fit figne d'embrasser
brassa
également tous les Freres. Cette
cérémonie achevée l'Affranchifut
se placer à l'extrémité de la ligne
gauche, adopta un fauteuil, jétit
aussi tôt régalé d'une décharge
-
bruyante félon les dispositions pré-
fentes des Freres. On introduisit
également les autres Candidats dans
la même forme & le.même céré-
,
sible de prolonger la Séance ,
monial. Les heures s'étoient écou-
lées rapidement, il n'étoit pas pos-
res se mirent à
;
berté, le dîné (ervi avec autant de
propreté que de délicatesse les Fre-
table, & se placè-
le
rent après
, Directeur indictincte-
ment, le dernier admis étoit en face
du Directeur on tint table une
heure,&on décida,qu'onne pour-
;
roit jamais la tenir plus long-tems
bre, ;
on péta sans compte & sans nom-
& aucun ne sourit même à
ce tumulte tout ce qui est d'état
& de profession exige de la gravité.
Dés qu'on eut servi le fruit, quel-
ques Freres versificateurs eurent la
liberté de lire leurs Ouvrages, ceux
qu'on trouva bons furent applaudis
par des pets, sans y joindre aucune
:
de ces phrases miéleuses, si con-
nues dans certaines Sociétés lors-
qu'on ne fit point Chorus, lorsqu'il
n'échappaque des pets isolés ce
,
fut une allez mauvaise aventure
,
pour l'Auteur qui toutefois neput
:
s'en plaindre
puni
parce qu'il eût été
on décida que les discours
d'Eloquence ne feroient prononcés
que dans la Cass , que les bons
Poëmes oc Odes en l'honneur du
,
pet obtiendroient le même avan-
tage : mais que les petits Madrigaux
& Quatrains les Epîtres, les Stan- -
ces & Couplets n'auroicnt cours
-
qu'à table; 011 convint que les
Francs-Péteurs ne feroient des Vers
que dans l'intention de faire enfuite
de meilleure Prose : que si dans
le grand nombre il se trouvoit quel-
courageroit même , ,
qu'un de véritablement Poëte, on
l'applaudiroit, à la vérité on Fen-
mais que le
général ne se piqueroit point de
Poésie.
On s'amusa beaucoup, & cette
Séance fut terminée à la maniere
accoutumée c'est-à-dire en pétant
,
de toutesles façons, mais cepen-
dantavec beaucoup d'harmonie &
de^récîfion.Le dernier reçu des
Freres,Amateur distingué de Mu-
sique, même Compositeur, n'ayant
pu suivre les autres dans leurs acti-
ves opérations, avoit pu mieux ju-
ger que tout autre de l'analogiedes
fons, & sur-tout du calibre des tim-
bres. Il entrevit la poffibiIité de
marier les fons, & dans une pers-
pectiveéloignée il apperçut l'en-
semble d'une musique pétifique ;
:
il se flatta d'y travaillçr avec suc-
)
ces il demanda la permission ( qui
luifut aussi-tôt accordée de venir
seul dans la Cafe fàire des essais,
dont on ne manquera pointtpar la
fuite de rendre compte au Public
ainsi que des Ouvrages que pour-
,
:
ront composer les Membres de
cette agréable Société ce qui pour-
ra former un Recueil annuel des
plus intéressans, qui marchera bien
à la fuite des Recueils de tant d'Aca-
dinlies.
f
FIN.