Tableau EVA
Tableau EVA
Tableau EVA
1 Son rôle
« Évaluer » c’est étymologiquement « donner de la valeur ». Évaluer
n’est donc pas
« juger » mais donner du sens. Ce ne sont pas les élèves qui sont
évalués mais leur production, leur compétence à un moment donné
selon des critères précis appelés « critères de réussite ». Ceux-ci sont
doublés d’indicateurs précis qui réduisent la subjectivité de
l’évaluateur. Ex : « Je suis malade » est un critère pour ne pas aller
travailler mais à partir de quelle température est-on « malade » ?
Certaines personnes s’estiment malades à 37°8, d’autres pas avant 39°.
La température est donc un critère, l’indicateur sera le chiffre précis
de 38° pour se considérer malade.
Les critères de réussite contraignent à l’explicitation et à
l’anticipation AVEC les élèves. Il s’agit ensuite de mettre en relation
« référent » (critères/indicateurs) et « référé » (le travail produit).
L’évaluation permettra ensuite à l’enseignant de décider des besoins
des élèves et d’envisager une pédagogie différenciée voire
individualisée.
L’évaluation ne doit pas faire obstacle au désir ni au plaisir
d’apprendre. Évaluer est une démarche nécessaire, positive qui offre
l’opportunité de réponses aux besoins identifiés. Évaluer permet donc
de mesurer le degré d’acquisition pour chaque élève des différentes
compétences travaillées. L’enseignant peut ainsi adapter ses stratégies
d’enseignement. Chaque objectif d’apprentissage est évalué selon quatre
degrés d’acquisition (dépassé/atteint/partiellement atteint/non atteint).
2
Les types d’évaluation
Plusieurs types d’évaluations sont à distinguer, les principales sont :
– L’évaluation diagnostique : avant ou au début d’une séquence ou
d’une séance.
– L’évaluation formative/L’évaluation formatrice : au cours de
l’apprentissage.
– L’évaluation sommative : en fin d’apprentissage pour connaître
la « somme » des connaissances et compétences acquises.
– Une évaluation sommative plus approfondie est appelée
évaluation certificative. Elle ouvre sur une certification sous
forme d’un diplôme donnant à voir, socialement, le degré
d’expertise.
EXERCICES : Donnez-vous des repères en connaissances didactiques
1. Choisissez la bonne réponse
L’évaluation
permet :
– de juger d’un
travail.
– de juger un élève.
– de donner de la
« valeur » à un
travail.
1 Le sens de la lecture
Pour lire, il faut avoir un projet de lecteur, une intention et bien
souvent celui-ci influence la réussite du jeune lecteur. La primaire
accompagne l’élève dans la construction de son projet et dans le sens de
l’acte de lire. Il ne suffit pas de déchiffrer pour être lecteur. Des
connaissances sur la langue et le lexique sont indispensables. Avoir
recours aux inférences est essentiel. Le facteur émotion peut aussi jouer
un rôle dans cet apprentissage.
– Que lit-on ? Pour qui ? Quand lit-on ? Où lit-on ? Les
réponses à ces questions amènent l’élève à identifier les écrits
fonctionnels et à donner sens à l’acte de lire. L’envie de lire une
histoire seul à un petit frère ou une petite sœur est souvent
première chez le jeune apprenti. D’ailleurs, la place donnée à
la lecture à la maison est aussi fondatrice des pratiques futures.
Malgré tout ce qui peut être mis en œuvre pour gommer ces
différences et nourrir la culture de chacun, on constate à l’issue
du CP que des niveaux très hétérogènes entre élèves demeurent.
– Ce travail autour du sens de la lecture se prolonge à l’entrée au
CP et c’est une « mise en appétit » essentielle qui va induire
l’engagement dans l’apprentis- sage du « Pourquoi ? ». Un élève
qui n’a pas de réponse à la question « Pourquoi tu veux apprendre
à lire ? » aura plus de difficulté à devenir un lecteur autonome.
Dès la maternelle, l’enfant fait ses premières expériences de la
lecture et appréhende le fonctionnement de l’écrit pour disposer
d’un capital « mots ». Néanmoins, il faut reconnaître les inégalités
des élèves à l’entrée en CP.
2
Les stades d’apprentissage de la
lecture (Rappel)
Il faut distinguer 3 stades dans l’apprentissage de la lecture :
a. Le stade logographique : l’élève en maternelle reconnaît un
certain nombre de mots qu’il identifie rapidement et
globalement. Le mot est alors une image à laquelle il donne
sens en reconnaissant sa silhouette. Les prénoms de la classe,
les enseignes de magasin, les marques sont identifiées
spontanément. Ces mots s’ancrent dans le quotidien de l’enfant
qui les reconnaît comme une image et donne l’illusion de les
lire. En entrant en CP, l’élève peut être encore quelques
semaines un lecteur de mot-image.
b. Le stade alphabétique : l’élève assemble les phonèmes et les
graphèmes pour former des syllabes puis des mots. Plus il établit
des liens entre l’oral et l’écrit, plus il parvient à identifier des mots
de plus en plus complexes puis des phrases simples. Ce travail de
conscience phonologique est très important en CP.
c. Le stade orthographique : l’élève va progressivement ancrer
des mots dans sa mémoire. Il identifie efficacement des
syllabes, des mots outils et un certain nombre de mots repères
qu’il reconnaît rapidement. Ce stade est normalement atteint à
l’issue du cycle 2. L’élève ne passe plus par le décodage pour lire,
il passe de la lecture par voie indirecte (déchiffrage) à une
lecture par voie directe (lecture immédiate). C’est en gagnant en
rapidité de lecture que l’apprenti lecteur devient un lecteur
expert.
Je
retiens
Lire est un acte complexe, un apprentissage à long terme. Le jeune lecteur mesure progressivement ce qu’il
doit faire pour apprendre et ainsi entrer dans un apprentissage efficace. L’enseignant doit veiller à maintenir
le plaisir d’apprendre pendant tout le temps nécessaire pour devenir un lecteur autonome.
3 Les méthodes de lecture
Quelle méthode choisir ? Cette question préoccupe de nombreux
enseignants et a souvent pris la forme d’une querelle. Mais la
synthèse du rapport de recherche sous la direction de Roland Goigoux
apporte des informations précises facilitant le choix d’une méthode.
On peut considérer qu’il existe 3 grandes approches :
Je
retiens
Apprendre avec plaisir, c’est s’engager vers la réussite. L’enseignant orchestre une composition subtile,
rigoureuse et exigeante pour maintenir l’attention et l’implication de ses jeunes apprentis lecteurs.
La compréhension créative
Le niveau de compréhension permet au lecteur diverses significations qui
pourront rejoindre sa vie personnelle et sa formation culturelle. Il se « nourrit » alors
intellectuel- lement de ses lectures tout en respectant l’œuvre de l’auteur.
4 Construire une
programmation des
lectures en Cycle 3
Les enseignants doivent avoir à cœur de connaître personnellement
les œuvres du patrimoine, la littérature de jeunesse et de renforcer sans
cesse leur culture générale en restant ouverts aux nouveautés.
La programmation des lectures successives doit être une décision du
conseil de cycle pour avoir une progression logique et justifiée. Il est
nécessaire d’établir des résonances, de faire des liens avec les lectures
précédentes, les thèmes rencontrés mais aussi en faisant des liens avec
les autres œuvres d’art : peinture, musique, photos, architecture, arts du
spectacle, du cirque, etc.
Il s’agit de créer une certaine logique en balayant tous les genres
littéraires (et en s’appuyant sur les autres formes artistiques)
autour :
– d’un personnage à travers le temps. Ex : L’enfant malin,
l’enfant rebelle, l’enfant malheureux (La Petite Marchande
d’allumettes, Cosette dans Les Misérables, etc.)
– d’un bestiaire. Ex : le loup (Le Petit Chaperon rouge (conte),
Pierre et le Loup de Prokofiev (musique), La Bête du
Gévaudan (légende historique), Romulus et Remus nourris par la
louve dans l’histoire de Rome (légende), der Naturen bloemen de
Jacob van Maerlant (gravure manuscrite flamande du Moyen
Âge), les loups-garous, etc.)
– du merveilleux : Alice au pays des merveilles, Gulliver, les
Contes de fées.
– des pays.
– etc.
Les élèves seront alors d’autant plus sensibles aux rapprochements culturels
qu’ils en verront les multiples formes à travers les époques.
C. La littérature de
jeunesse
1
Quelle place pour la littérature de
jeunesse ?
Son rôle
La littérature de jeunesse est difficile à définir comme genre tant
son contenu est multiple. Un livre pop-up, un livre objet, un imagier,
un album sans texte, un flipbook, un documentaire, une bande
dessinée, un roman, une nouvelle, un conte, un recueil de fables, une
pièce de théâtre trouvent place dans l’univers jeunesse. Si on définit
cette littérature comme une littérature de jeunesse c’est qu’on
l’identifie en référence à son public. « La variété des lecteurs se réalise
dans la variété des livres proposés.1 » Néanmoins, c’est une véritable
littérature et elle est fondamentale à l’école. Il est important de
mettre en valeur cette littérature et d’en faire un outil privilégié pour
travailler de nombreuses compétences des programmes.
Le regard de l’enseignant
La mise en place de projets est simplifiée en prenant appui sur ces
repères. Néanmoins, l’enseignant se doit de porter un regard critique sur
les choix faits et d’en valider la pertinence auprès de ses élèves. Il s’agit
alors, pour le professeur des écoles, de proposer multiples lectures qui
permettront à chacun de comprendre, d’analyser et construire son propre
parcours. Le professeur va articuler les textes de façon à permettre à
chacun de trouver matière à se projeter, à interpréter, à donner un sens à
ce qui résiste dans le support proposé.
2 « Écouter lire »
Du cycle 1 au cycle 3, la culture du livre est présente et
l’enseignant lit des histoires. Le choix des ouvrages est réfléchi et il
construit des compétences de lecteurs chez les élèves. L’élève
s’engage dans l’écoute et accède à l’histoire en fonction de qui il est
et de ses connaissances. Il est donc important de choisir des histoires qui
vont résonner chez l’enfant. « Le livre ne peut prendre racine que sur
le terreau de la mémoire culturelle spécifique de chaque enfant1. »
En fonction de l’âge de l’enfant, l’enseignant va choisir des modalités
de présentation de l’histoire adaptée : lire sans support visuel à
présenter, lire en montrant des illustrations, raconter, mimer, mettre
en scène avec des marionnettes ou avec un théâtre d’ombres. Les
modalités choisies de présentation d’une œuvre doivent être explicites
pour l’élève qui va mesurer la différence entre « lire et raconter », «
lire et mettre en scène » ou « bien lire et résumer ». Quand
l’enseignant lit une histoire, il met donc tout en œuvre pour donner vie
aux personnages et rendre le texte expressif. Sa lecture est un facilitateur
de compréhension. Néanmoins, le texte peut résister à une
compréhension immédiate et l’élève est ainsi en devoir de surmonter
cette difficulté. Il est alors confronté à la même situation que dans une
résolution de problèmes, il faut trouver les éléments qui permettent de
dialoguer avec ce texte. Le maître n’est plus le garant de la validation
des réponses, il est l’animateur des échanges dans le groupe ; il
suscite les réactions pour que chaque élève participe à l’interprétation
du texte.
Il est aussi important de veiller à ne pas tomber dans une
instrumentalisation des textes. Il n’est pas nécessaire de valider la
compréhension de chaque histoire par chacun. Et si l’enseignant lisait
un texte pour simplement offrir une lecture à ses élèves qui se
saisiraient de la musique des mots, de l’univers suggéré pour rêver,
imaginer, ressentir quelques émotions et avoir tout simplement du
plaisir ?
Pour construire avec cohérence un parcours littéraire, l’enseignant
devra faire des choix et privilégier une approche en réseaux.
Je
retiens
L’univers d’un texte littéraire doit être accessible aux élèves. La programmation des différents textes
littéraires s’inscrit sur un cycle et non sur une année. La notion de parcours est à privilégier. Quel que soit le
cycle, la lecture à voix haute par l’enseignant est importante. La littérature de jeunesse mène à de
nombreuses activités langagières.
1. Lire la littérature à l’école. Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique de la GS au CM,
Catherine Tauveron, Hatier, 2002.
3
Les réseaux littéraires
L’enseignant choisit ses œuvres en fonction de leur univers et de
leur pouvoir de résistance à une compréhension immédiate. Il va veiller
à la variété des genres mais aussi prendre en compte les références
possibles à des personnages mythiques ou archétypaux. Il va construire
le parcours littéraire de ses élèves et faciliter la mise en relation des
différents ouvrages. On parle alors de mise en réseaux des œuvres. On
peut distinguer différents types de réseaux littéraires et cette lecture en
réseau va nourrir la construction d’une culture commune dans une
classe. On parle aussi parfois de « constellations » ; l’idée étant de
mettre les textes en relation afin qu’ils dialoguent entre eux et
suscitent chez l’élève des comparaisons.
La compréhension ou l’interprétation d’une œuvre va reposer sur
l’apport culturel de l’élève. Un élève de Cycle 2 qui découvre l’univers
de Geoffroy de Pennart accède à une compréhension des œuvres. Si ce
réseau autour de cet auteur est de nouveau proposé en fin de cycle 3 il
est fort probable que les élèves rient davantage car ils auront une culture
bien plus riche et les clins d’œil de l’auteur ne les laisseront pas
indifférents. La mise en réseau peut se gérer avant, pendant ou après
l’étude d’une œuvre choisie pour une exploitation plus approfondie.
La mise en réseau va permettre de développer un comportement de
lecteur qui cherche dans sa mémoire les éléments indispensables à une
interprétation ou une compréhension plus subtile de l’œuvre.
Mettre en réseau des textes c’est proposer aux élèves cet effet de
surprise quand ils perçoivent cette résonance qui s’opère. L’école
construit des références culturelles communes afin de développer le
plaisir de lire. L’enseignant veille à proposer un nourrissage littéraire
régulier, il choisit les œuvres pour leur singularité et pour l’effet qu’elles
vont produire sur son public élève. Il différencie les genres et les
approches et montre qu’il a autant de plaisir que ses élèves à se nourrir
des ouvrages de jeunesse et de mystères. La lecture est partage et il met
en place des situations de langage pour installer la culture commune de
la classe. Il existe différents types de réseaux :
Un réseau autour d’un auteur
S’engager dans l’univers d’un auteur permet à l’élève de
mesurer l’évolution de son travail, de ses idées en lien parfois avec sa
vie ou l’actualité. En s’imprégnant de l’univers de Rascal, l’élève peut
comprendre l’articulation de l’humour noir de l’auteur. L’univers décalé
de Claude Ponti prend sens au fil des lectures. Le jeune lecteur s’habitue
progressivement aux mots créés par l’auteur et cet univers très
imaginaire devient progressivement familier. Pour accéder au sens des
textes, il faudra se nourrir de contes, de mythes et ainsi enrichir son
parcours.
1. Boucle d’Or et les sept ours nains, Emile Bravo, Seuil jeunesse, 2004.
Un réseau autour de textes étant des
réécritures de textes sources.
Nombreux auteurs ont puisé dans les contes traditionnels matière à
la réécriture. L’hypertextualité consiste à récrire en adaptant, parodiant
ou transformant de manière à ce que le lecteur identifie l’œuvre
d’origine. Ces réseaux suscitent souvent le rire chez un lecteur averti.
Une Cendrillon du xxie siècle dans Cendrillon dépoussiérée de
Suzanne Rominger renvoie à une réflexion sur la condition de
certaines personnes ridiculisées et invite le jeune lecteur à mettre en
relation cette pièce de théâtre avec le conte de Charles Perrault. Le
Petit Chaperon Rouge a aussi suscité de nombreuses réécritures comme
celle de Rascal. Mais on peut également se laisser surprendre par la
version de la plasticienne Warja Lavater qui récrit le conte sous une
forme picturale et un support en accordéon de 4 mètres.
Le débat d’interprétation
L’œuvre est découverte, les idées de chacun s’entrechoquent dans la
classe. Les avis divergent et l’enseignant prend alors un statut
d’animateur. Il fait circuler la parole et reformule les idées pertinentes
qui vont faire avancer la réflexion dans le groupe. Les interactions entre
les élèves vont alors permettre la construction progressive du sens du
texte. Cette interprétation reposant sur la culture de chacun, il faudra
admettre que le texte peut avoir une répercussion différente en cycle 2 et
en cycle 3. Ce qui est essentiel dans cette démarche c’est que l’élève se
confronte à la pensée de l’autre et ainsi construise sa propre pensée. Ce
conflit d’interprétations va amener l’élève à questionner son savoir mais
aussi sa capacité à se nourrir des hypothèses des autres pour faire
avancer sa propre interprétation. Le choix du texte est crucial si l’on veut
qu’il soit un support privilégié d’échanges. L’enseignant se doit
néanmoins d’orienter les élèves en cas de contresens.
Le débat citoyen
Un album peut être un support pour l’animation d’un débat citoyen
sur certaines thématiques comme la différence, la tolérance ou bien le
handicap. Le livre est alors prétexte au débat et les attendus de la
séance ne sont plus littéraires.
Le débat philosophique
Ce type de débat peut aussi prendre appui sur une œuvre littéraire et
poser une réflexion sur « Qu’auriez-vous fait si vous aviez été le héros
de cette histoire ? » La démarche est de montrer qu’il n’y a pas qu’une
unique façon de penser. Une œuvre comme Le sens de la vie d’Oscar
Brénifier et Jacques Desprès1 est un support privilégié pour le débat
philosophique.
La discussion littéraire
À l’heure où les temps de « café lecture » se multiplient, il est
important de proposer aux enfants cet espace pour « parler livres ». «
Qu’est-ce qui fait que tu trouves ce livre intéressant ? » « Pourquoi
conseillerais-tu la lecture de cette histoire ? » « Qui peut être intéressé
par cette histoire dans la classe ? » Autant de questions qui vont nourrir
ces moments de partages et de plaisir autour du livre. Gardons le fil
conducteur du travail en littérature qui est le plaisir. Pourquoi ne pas
créer un « petit salon littéraire » dans la classe dans lequel on peut
déposer des livres « coups de cœur » et emprunter ceux des autres afin
de découvrir un peu de l’autre via ses lectures favorites. Lire, c’est donc
bousculer ses émotions et l’enseignant s’autorisera aussi à partager ce
plaisir de lire. De nombreux établissements mettent d’ailleurs en place le
« quart d’heure de lecture pour tous » afin d’engager dans cette
démarche de lecture plaisir. « Lire un album est bien plus qu’un simple
divertissement. C’est à chaque fois pour le lecteur une expérience
unique et nouvelle, une occasion de s’engager pleinement dans sa
propre pensée, son affectivité et sa sensibilité.2 »
5 Le carnet de lecteur
Nombreux sont les enseignants qui proposent à leurs élèves de garder
trace de leur parcours littéraire en complétant un carnet de lecteur (un
portfolio dit-on parfois). Sa forme peut être variée, il doit simplement
permette l’expression libre du lecteur. Ce carnet prend un caractère
esthétique, il doit donner envie à son créateur de le feuilleter pour en
apprécier son évolution et ses contenus. Il doit faire aimer la lecture.
Chacun y collectera des émotions, des impressions sur les textes,
recopiera un passage, décrira des personnages, reproduira des
illustrations ou exprimera son opinion sur l’œuvre. Les exploitations
sont multiples et doivent laisser place à toutes les idées créatrices des
élèves.
1. Le sens de la vie, Oscar Brénifier et Jacques Desprès, Nathan, 2009.
2. Ces livres qui font grandir les enfants, Joëlle Turin, Didier Jeunesse, 2012.
D. La didactique de
l’orthographe
1 L’étymologie et l’histoire
Étymologiquement, le terme vient de « ortho » et « graphein » qui
signifient « droit » et « écrire » en grec. L’orthographe veut donc dire «
l’art d’écrire droit ». « Droit » devient ici polysémique avec une idée de
ligne suivie tant graphiquement que syntaxiquement. Le dictionnaire
Bordas donne sa définition du mot : « l’art d’écrire les mots sans fautes,
c’est-à-dire de leur donner, d’une part, la forme graphique qui figure
dans les dictionnaires et, d’autre part, les marques des valeurs
grammaticales (genre, nombre, personne…) qu’ils doivent avoir dans
les phrases où ils sont employés. »
La myélinisation
La myéline est une substance graisseuse qui gaine les fibres
nerveuses dès la naissance et pendant toute la formation du système
nerveux central. Celui-ci régule les fonctions essentielles du corps :
motricité, équilibre, perception, intellect, émotion, etc. La myéline
favorise la propagation de l’influx nerveux, elle est conductrice des
informations. La myélinisation commence au stade prénatal et se
poursuit jusqu’à l’adolescence et même plus tard mais en ralentissant. Il
faut donc du temps pour que la conduction de toutes les informations
soit en place.
La latéralisation et la spatialisation
Pour bien maîtriser l’orthographe, il faut avoir bien intégré les
notions de latéralisation et de spatialisation : prendre sa place, se
déplacer avec fluidité, comprendre l’espace et l’environnement, avoir
une propre représentation corporelle, sont des points essentiels. Il
s’agit d’intégrer progressivement les limites, les directions, les «
avant/après » les « devant/derrière » les « sur/sous/à côté ». Ces notions
sont fondamentales pour « écrire droit ». Un mauvais rapport à l’espace
ne favorise pas l’apprentissage d’un code normé qui exige des accords
avec « avant, après », des mots placés « à côté », « dessus » mais «
écrits avant ». Autant de subtilités à comprendre en même temps que
des règles à apprendre.
3 Les sous-systèmes
Spectacle la convivialité sur l’orthographe
https://www.youtube.com/watch?v=5YO7Vg1ByA8
Contextualiser
Il convient, le plus souvent, de partir des erreurs des enfants pour
avancer et leur permettre de comprendre les mécanismes internes de
l’orthographe. C’est en faisant des manipulations qu’ils construisent
progressivement les processus. En partant d’un bref texte, il est possible
de comprendre les représentations mentales des élèves car leurs erreurs
sont des représentations mentales parfois très construites : ils ont
souvent de bonnes raisons pour faire les erreurs qu’ils font !
Dans un premier temps, il s’avère donc nécessaire de « constater »
les erreurs commises pour travailler efficacement sur celles-ci. Partir
d’un texte est ce que l’on appelle « contextualisation » ou mise en
situation. Bien sûr, les élèves ont déjà des connaissances acquises au
préalable et travaillées en classe. Elles sont alors mobilisées pour en voir
l’exacte acquisition.
Décontextualiser
Se contenter de « faire rectifier » une erreur en donnant la bonne
réponse attendue n’est pas un travail d’apprentissage. Après le
constat, commence la réflexion sur la langue, la « métacognition ».
Ce travail est essentiel car il ouvre sur la compréhension des erreurs
et leur rectification. Il demande un questionnement, des hypothèses,
des reformulations, une subvocalisation (répétition intégrée avec
expérimentation) puis une institutionnalisation pour que les élèves
modifient leurs représentations mentales, les fassent évoluer puis les
fixent sur le long terme.
Recontextualiser
Les représentations mentales ayant été efficacement et
durablement travaillées, il est temps de réemployer les apprentissages
dans un autre contexte (une nouvelle dictée qui reprendra les mots, les
règles, les conjugaisons, les accords vus) pour en vérifier la solidité, on
parle alors de « recontextualisation ». Mais pour échapper à la «
courbe de l’oubli » chère à Ebbinghaus1, l’enseignant s’évertuera à
reprendre le plus souvent possible les connaissances précédemment
acquises afin de les réactiver fréquemment. Grâce à ces trois phases de
« contextualisation » « décontextualisation » et « recontextualisation »,
l’élève devient un stratège, il a conscience de ses choix, il n’écrit plus en
improvisant !
Je
Il faut du temps pour apprendre l’orthographe car il s’agit de systèmes complexes. La maturité joue un rôle
retiens
dans cet apprentissage.
Il est nécessaire d’observer une certaine récurrence pour que l’enfant progressivement intègre à la fois le
sens et la graphie d’un mot, la logique d’une règle ou des automatismes.
Sématique – L’information est-elle pertinente – La cohérence sémantique – Le lexique est-il adéquat ? (Absence
et cohérente ? est-elle assurée ? (Absence de d’imprécisions ou de confusions portant
– Le choix du type de texte contradiction d’une phrase à sur les mots.)
est-il approprié ? (Narratif, l’autre, substituts nominaux – Les phrases sont-elles
explicatif, descriptif...) appro- priés, explicites...) sémantiquement acceptables ?
– Le vocabulaire dans son – L’articulation entre les (Absence de contradictions,
ensemble et le registre phrases ou les propositions est- d’incohérences...)
de langue sont-ils homo- gènes et elle marquée efficace- ment ?
adaptés à l’écrit produit ? (Choix des connecteurs : mais,
or, si, donc...)