Ermelindo Martins Mendes
Ermelindo Martins Mendes
Ermelindo Martins Mendes
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Uni-CV, ______/_______/20____.
DEDICACE
À mes frères pour leurs appuis au niveau financier et surtout pour leurs
encouragements qui ont contribué à mon succès.
Merci!!
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
REMERCIEMENTS
Au Souverain Seigneur Jéhovah, à qui je dois l’existence, qui nous a accordé les fruits
de son Saint-Esprit tels que: l’amour, la maîtrise de soi, la bonté, la persévérance, l’humilité,
etc, qualités que j’ai mises en pratique tout au long de ce travail.
Puis, je remercie avec gratitude tous ceux qui de façon directe et indirecte m’ont
apporté leurs aides pendant ce travail, en particulier João CRISTÓVÃO pour avoir mis à ma
disposition son ordinateur portable.
À mon professeur Monsieur Daniel EVORA, avec qui j’ai souvent eu l’opportunité de
pratiquer la langue française en classe ou en dehors de la classe.
À mon professeur Monsieur Paul MENDES pour l’intérêt qu’il m’a inculqué et qui
m’a poussé à continuer dans le parcours enseignement.
À tous les professeurs de cette formation, en particulier à ceux qui se sont occupés de
la langue française.
À tous mes collègues de formation, avec lesquels j’ai travaillé depuis la première
année (2006/2007) jusqu’à la dernière année (2009/2010).
1
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
Sommaire
INTRODUCTION………………………………..……………………………….4
1.2 Le spiritualisme….....................................................................................................7
1.2 Le matérialisme…………………………………………………………………...10
1.3La science…………………………………………………………………………12
2
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
4.2. Le temps…………………………………………………………………………37
CONCLUSION………………………………………………………………...…61
BIBLIOGRAPHIE...…………………………………………………………….63
3
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
INTRODUCTION
4
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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toutes les façons de lier le bois au bois » qu’ils ignoraient. Ainsi, après avoir terminé
les études coraniques, il a fréquenté l’école des Blancs.
C’est ainsi que dans la seconde partie, nous le voyons, après ses études
secondaires, poursuivre ses études supérieures en France. Il a été assimilé pendant ses
études et il est devenu un personnage complexe incapable de réconcilier sa culture et
celle acquise.
Le but de ce mémoire est essentiellement d’étudier quelques thèmes soulevés
par le roman.
Les thèmes que le roman de Cheikh Hamidou Kane soulève ne sont pas pour
autant dépassés. Ces ne sont pas des thèmes spécifiques à l’époque de sa publication.
Aujourd’hui encore, les problèmes culturels et religieux sont toujours débattus.
Nos objectifs généraux sont les suivants:
- montrer que dans la société des Diallobé, deux cultures s’affrontent : la culture
africaine et celle européenne;
- voir si les Diallobé ont gardé leur culture;
- essayer de savoir si les Diallobé ont préservé leurs religions, leurs croyances et leurs
traditions.
Nos objectifs spécifiques consistent à:
- montrer comment les Occidentaux, c’est-à-dire les Français ont imposé leur culture;
- montrer si le fait de préserver leur culture, leur religion, était pour les Diallobé
avantageux ou pas;
- décrire la vie quotidienne des Diallobé;
- parler du conflit spirituel du héros.
Par rapport aux hypothèses, la première est que l’arrivée des Français a été
bénéfique pour les Diallobé. La deuxième est qu’ils ont perdu leur culture, ils se sont
éloignés de leurs traditions. La troisième est de savoir si les Français ont tenu compte
ou non de la culture, de la religion des Diallobé. La dernière est que pour les Diallobé,
aller à l’école française c’est comme s’ils commettaient un péché.
Comme les informations ne sont pas très explicites, il nous a fallu beaucoup de
lecture afin de les extraire plus facilement. Ainsi, notre source ou documentation
scientifique se repose sur des ouvrages généraux, sur des ouvrages spécifiques et sur
des sites internet dans le but de bien mener à terme notre travail.
5
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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6
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1.1. Le spiritualisme
1
PAUL Robert, LE Nouveau Petit Robert de la langue française 2006, éditeur Sociétés Dictionnaires
Le Petit Robert, Marianne Durant, 2006.
2
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, Paris, Julliard, 1961, p. 136.
7
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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n’abandonne jamais l’homme qui s’éveille en cet enfant, que la plus petite mesure de
ton empire ne le quitte pas, la plus petite partie du temps… »3
Ensuite, le spiritualisme est aussi évoqué lors des rencontres entre le maître, le
chef des Diallobé et le directeur de l’école à propos de l’école étrangère. Après avoir
parlé des sujets les plus divers, ils sont tombés sur un thème qui les interpelle de façon
urgente : « Celui de la foi. »4
Il fallait qu’ils résolvent la question de la foi car c’était la spiritualité de leurs
enfants qui risquait d’être menacée par des enseignements proposés par l’école
nouvelle.
Tout au long de leur rencontre, le maître des Diallobé, en tant que responsable
moral et spirituel des jeunes croyants, a maintenu un point de vue religieux sur la
question d’envoyer les enfants à l’école. Il faut dire qu’au cours de leur rencontre, le
maître a joué le rôle de président dans la mesure où il donnait la parole aux
participants.
Si nous tenons compte de son intervention, nous noterons que la question de la
foi est une question qui lui tient à cœur. Il est contre l’école nouvelle. Il ne veut pas
que les enfants des Diallobé aillent à l’école étrangère. Il veut qu’ils continuent avec
l’école coranique.
S’adressant au directeur de l’école régionale, il lui a posé la question suivante :
« Quelle bonne nouvelle enseignez-vous donc aux fils des hommes pour qu’ils
désertent nos foyers-ardents au profit de vos écoles ? »5
En effet, le maître des Diallobé se méfiait des enseignements de l’école
étrangère qui constitueraient un grand danger pour la foi des jeunes Diallobé. Mais il a
admis que ceux-ci pouvaient garantir certains avantages à ses disciples vu qu’ils leur
permettraient d’améliorer la construction de leurs maisons. Voilà la réflexion du
maître : « Les hommes, certes, doivent apprendre à se construire des demeures qui
résistent au temps. »6
Lors de son intervention, le directeur de l’école, a été précis et direct dans sa
réponse car il a dit que « l’école apprend aux hommes seulement à lier le bois au
3
Op. cit., p. 16.
4
Ibid., p. 19.
5
Ibid., p. 19.
6
Ibid., p. 19.
8
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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bois… pour faire les édifices de bois. »7 Par ailleurs, la réponse donnée par le
directeur de l’école étrangère a permis au maître des Diallobé de voir quels pourraient
être les effets dangereux et fatals de cette école dans le futur au cas où leurs enfants la
fréquenteraient.
Contrairement au maître, le chef des Diallobé pense qu’il est difficile
d’échapper à la nouvelle école. Quant le maître s’est adressé à lui dans le but de savoir
ce qu’il en pense, il a fait semblant que c’est Dieu qui doit protéger leurs enfants.
Notons son commentaire : « A moins de contrainte, je persisterai dans ce refus,
maître, s’il plaît à Dieu. »8
Il est intéressant de voir que le directeur partageait les idées du chef une fois
qu’il en a profité pour mieux éclairer son point de vue sur la foi des Diallobé.
Considérons ses paroles : « Je suis bien de votre avis, chef - c’est le directeur de
l’école qui parlait -, je n’ai mis mon fils à l’école que parce que je ne pouvais faire
autrement. »9 Donc à travers les discours du directeur de l’école étrangère et du chef
de la province des Diallobé, nous pouvons remarquer clairement qu’il n’était pas du
tout facile de résister aux enseignements de l’école étrangère.
Pour le directeur de l’école, il ne fallait pas envoyer les enfants à l’école sinon
ils risqueraient de perdre leurs valeurs culturelles, leurs croyances, leur religion. C’est
ainsi qu’il a avoué : « Nous refusions l’école pour demeurer nous-mêmes et pour
conserver à Dieu sa place dans nos cœurs. »10
Mais comme l’école nouvelle offre beaucoup d’avantages aux enfants, le
directeur se demande si les Diallobé ont le droit d’empêcher les enfants d’y aller.
C’est la raison pour laquelle le directeur s’interroge : « Mais avons-nous encore
suffisamment de force pour résister à l’école et demeurer nous-mêmes ? »11
En somme, tous les trois participants à la rencontre étaient d’accord que l’école
étrangère pouvait facilement porter préjudice à leurs enfants.
Le deuxième chapitre de la première partie met aussi en relief la spiritualité
des Diallobé. En se saluant, les Diallobé n’oublient jamais de faire intervenir le nom
7
Ibid., p. 19.
8
Ibid., p. 19.
9
Ibid., p. 19.
10
Ibid., p. 20.
11
Ibid., p. 20.
9
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
de Dieu. La phrase suivante : «La paix de Dieu soit sur cette maison »12, illustre leur
façon de se saluer.
Grosso modo, les Diallobé sont des gens totalement soumis à un Dieu qu’ils
adorent : Allah.
1.2. Le matérialisme
12
Ibid., p. 20.
13
PAUL Robert, LE Nouveau Petit Robert de la langue française 2006, op. cit.,
14
KANNE Cheikh Hamidou, 1961, op. cit., p. 103.
15
Ibid., p. 104.
10
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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16
Ibid., p. 19.
17
Ibid., p. 20.
18
Ibid., p. 110.
11
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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pour produire du travail. » Cette innovation a permis ceci : « Il ne sera plus besoin
que de très peu de vie pour fournir un travail immense. » 19
En outre, leur premier objectif était de fabriquer de nouvelles technologies afin
de produire davantage et la science leur offrait les connaissances fiables dans ce sens.
À partir de la révolution industrielle, le monde a été gouverné par des gens qui
voulaient entreprendre un impérialisme dont l’objectif consistait à dominer les nations
plus pauvres et leur imposer leurs pouvoirs.
En résumé, dans L’Aventure ambiguë, Paul Lacroix et Lucienne sont les porte-
paroles du matérialisme occidental. Dans le dialogue avec le chevalier sur la science,
Paul Lacroix a dit que les connaissances acquises grâce à la science visent à fabriquer
des nouveaux outils de travail afin d’augmenter des biens. Lucienne, à son tour, pour
avoir inscrit au partie communiste, elle nous apparaît comme un partisante du
matérialisme marxiste.
1.3. La science
19
Ibid., p. 113.
20
Ibid., p. 87.
12
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21
Ibid., p. 88.
22
Ibid., p. 88
23
GRETREY Jean, Comprendre L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, (s. l. e) Éditions
Saint Paul, 1982, p. 84.
13
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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En analysant son discours, nous pouvons souligner qu’il croit que les vérités
découvertes ne vont pas de pair avec celles auxquelles il croyait. Voilà la raison pour
laquelle il se demande : « Mais la Vérité? Pour avoir ceci, faut-il renoncer à cela? ». 24
Selon Jean Getrey : « Le monde Diallobé accorde la priorité à la vérité
intérieure, fondée sur l’évidence de l’illumination mystique. »25
Au fond, le chevalier n’a jamais prétendu mettre les découvertes de la science
en cause car il a dit clairement qu’il « ne conteste pas la qualité de la vérité que révèle
la science. » Simplement, il voulait qu’ils sachent que la vérité est « partielle, et tant
qu’il y aura de l’avenir, toute vérité sera partielle. »26
En définitive, cette discussion s’articule autour de certains aspects que la
science a révélés. Les intervenants de la discussion ont défendu leurs idées sur
l’univers compte tenu de leurs pré-requis et de leurs sentiments face au monde qui les
entoure.
24
KANNE Cheikh Hamidou L’aventure ambiguë, 1961, op. cit., p. 89.
25
GRETREY Jean, Comprendre L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, 1982, op.cit., p.84.
26
KANNE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit., p. 89.
14
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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27
Op. cit., p. 83.
28
Ibid., p. 13.
15
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29
Ibid., p. 17.
30
Ibid., p. 13.
31
Ibid., p. 14.
32
Ibid., p. 15.
16
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33
Ibid., pp. 49-50.
34
Ibid., p. 33.
35
Ibid., p. 34.
17
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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36
Ibid., p. 22.
37
Ibid., p. 24.
38
Ibid., p. 56.
18
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
Enfin, une autre tradition importante pour cette société c’est qu’après avoir
achevé ses études coraniques, chaque enfant, lorsqu’il retourne chez lui, doit réciter le
Coran par cœur. Il le fait pour que ses parents sachent qu’il ne s’amusait pas à l’école
coranique, pour que ses parents soient fiers de lui. C’est ainsi que une note de bas de
page nous indique : « Il était d’usage que, revenu près de ses parents, l’enfant qui
avait achevé ses études coraniques récitât de mémoire le Livre Saint, toute une nuit
durant, en leur honneur. »39
Cette nuit pendant laquelle l’enfant récite le Coran en l’honneur de ses parents
est appelée chez les Diallobé la Nuit du Coran.
2.1.2. La religion
39
Ibid., p. 83.
40
POUPARD Paul, Les religions, Paris, Presses universitaire de Frances, 2ème édition, 1987, p. 113.
41
DESCHAMPS Hubert, Les religion de l’Afrique Noire, Presse universitaire de France, 5ème édition,
1954, p. 89.
19
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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42
KANE Cheikh Hamidou, L’aventure ambiguë, 1961, op.cit.p.17.
43
Op, cit., p. 123.
20
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français au pays des Diallobé qui s’appelle Paul Lacroix. En prenant la parole, Paul
Lacroix, lui a posé la question qui suit : « Vous ne croyiez pas à la fin du monde,
vous? », et la réponse du chevalier a été : « Au contraire, je l’espère même,
fermement. » Puis, Paul Lacroix en a profité pour révéler l’idée selon laquelle tous les
Diallobé croient à la fin du monde. Il l’exprime en ces termes : « C’est bien ce que je
pensais. Ici, tous croient à la fin du monde, du paysan le plus fruste aux hommes le
plus cultivés. »44
En définitive, la vie des Diallobé se base sur la crainte de Dieu et surtout sur la
soumission totale à Lui parce que leur religion les exhorte à se soumettre sans réserve
à Dieu.
44
Ibid., p. 87.
45
Ibid., p. 45.
21
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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Diallobé était l’organisateur, s’est mobilisée pour aller chez le maître des Diallobé à
cause du problème scolaire. Le narrateur nous informe :
« C’est la vieille au soir que la délégation était venue. Ardo Diallobé, le
premier fils du pays, la conduisait. On avait remarqué aussi Dialtabé, le
maître des pêcheurs, Farba, le maître des griots, le chef de la corporation des
forgerons, celui des cordonniers et biens d’autre encore. »46
Dans la revue Peuples Noirs Peuples Africains, Matiu NNORUKA nous
propose la structure sociale suivante chez les Diallobé : « La structure sociale est donc
échelonnée : en haut de l'échelle, les familles des dirigeants politiques et religieux, au
milieu, les hommes liges de l'aristocratie; viennent ensuite les artisans et en bas de
l'échelle, les esclaves, comme cet esclave de la maison, nommé Mbare. »47
En effet, il apparaît clair que cette société est hiérarchisée car il y a ceux qui
jouent des rôles honorables et ceux qui s’occupent des services souvent considérés
comme avilissants.
Paulme Denise, en abordant le déroulement du travail dans la société négro-
peule du Foûta-Tôro et du Foûta-Djalon, nous indique ceci : « Le travail artisanal:
cuir, poterie, tissage, teinture, travail du bois, jugé inferieur, est confié à des castes.
Le forgeron occupe une place sociale à part, tantôt méprisé, tantôt redouté, le plus
souvent à la fois méprisé et redouté; l’ancêtre forgeron est souvent le héros
civilisateur qui apporta aux hommes, avec la connaissance des métaux, la pratique
des différentes techniques. Tout au bas de l’échelle, les musiciens et griots, bouffons et
parasites du souverain dont ils chantent la louange. »48 La division du travail qui
implique une telle structure se fait sentir à l’intérieur même de la classe dirigeante, où
le temporel se sépare du religieux, le chef politique n’assumant pas une fonction
religieuse.
Par ailleurs, compte tenu de leur inclination spirituelle, nous pouvons affirmer
que les Diallobé vivaient tout en attendant le jour de leur mort. En fait, Samba Diallo,
46
Op. cit., p. 95.
47
NNORUKA Matiu, L’aventure ambiguë ou deux univers romanesque antagonistes, in Peuples
Noirs Peuples Africains n° 26, (1982) p.108, (version électronique) disponible sur:
https://www.unilorin.edu.ng/.../Peuples%20noirs%20peuples%20Africains%20No%2026.dc26,
accédé le 09/04/2010.
48
DENISE Paulme, Les civilisations africaines, Paris, Presses Universitaires de Frances, 7ème édition,
1953, p. 106.
22
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
pendant son séjour à l’école coranique, recommandait souvent aux Diallobé qu’il faut
penser à la mort. Il nous confirme qu’« on meurt lucidement, car la mort est violente
qui triomphe, négation qui s’impose. Que la mort dés à présent soit familière à vos
esprits. »49 Cela constitue une des raisons par lesquelles leur vie quotidienne est
remplie de deux occupations fondamentales : les travaux à la campagne dans le but de
trouver le minimum nécessaire pour survivre et auxquels ils accordent peu de temps et
la quête de Dieu à laquelle ils réservent plus de temps. En plus, si nous tenons compte
du maître Thierno, un personnage notable chez les Diallobé, nous remarquerons, selon
le narrateur que « deux occupations remplissaient sa vie: les travaux de l’esprit et les
travaux des champs. » En outre, le narrateur dit que le maître Thierno « consacrait
aux travaux des champs le strict minimum de son temps et ne demandait pas à la terre
plus qu’il ne faut pour sa nourriture, extrême frugale, et celle de sa famille, sans les
disciples. »50
Un autre passage qui démontre la fascination des Diallobé par la mort, c’est
quand Samba Diallo confie sa nostalgie à Marc. A la question de savoir comment se
présente sa nostalgie, Samba Diallo lui répond : « Il me semble qu’au pays des
Diallobé l’homme est plus proche de la mort. »51.
49
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit. p. 24.
50
Op, cit., p. 17.
51
Ibid., p. 162.
23
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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52
KRZYWICKI Janusz, Perception de l’école occidentale dans la littérature africaine, (version
électronique) disponible sur : http://www.inst.at/trans/15Nr/01_4/krzywicki15.htm, accédé le
27/05/2010.
24
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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utilisant des armes plus destructrices. Ils ont fait « tonner le canon. »53 Comme les
Diallobé, sur le plan militaire, étaient plus faibles, ils ont préféré la paix à la guerre.
Le narrateur affirme que « très sensément, ils choisirent l’amitié : ils n’avaient point
d’expérience. »54
Malgré les tensions que cette phase de face à face a provoquées, il y a eu une
deuxième phase marquée par la paix. C’est ce que le narrateur signale à travers la
phrase suivante : « Le matin de résurrection sera un matin de bénédiction par la vertu
apaisante de l’école. »55
Jacques Chevrier considère que cette phase « traduit une affluence
inconditionnelle aux valeurs du vainqueur, non pas en vue de s’assimiler mais dans
une perspective de revanche. »56 D’ailleurs, le roman dit que la Grande Royale a vu
l’école nouvelle aussitôt que la confrontation est terminée. Voilà ce que nous dit le
narrateur : « Ainsi derrière les canonnières, le clair regard de la Grande Royale des
Diallobé avait vu l’école nouvelle. »57
Avec la mise en place de l’école étrangère, il y a eu des résistances de la
plupart des Diallobé, puisque pour la fréquenter, il aurait fallu qu’ils quittent celle
qu’ils avaient depuis long temps : l’école coranique. En revanche, il y a eu des gens
qui ont réagi en faveur de l’école étrangère.
A la tête des dirigeants de cette école, il y a des missionnaires catholiques
puisqu’ils figurent, parmi les colons, les premiers qui sont arrivés. Parlant des
différents organismes qui étaient en place à l’époque coloniale, Jean Suret-Canale,
affirme : « La trinité qui préside dès l’origine à l’entreprise coloniale comprend
l’officier, l’administrateur, et, enfin le missionnaire. En marge de l’appareil officiel,
ce dernier a souvent précédé les deux autres. »58
Sur le plan culturel, il est à souligner que les Français n’ont pas tenu compte de
la culture des Diallobé. Ils voulaient acculturer complètement les indigènes. Ce
53
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit., p. 59.
54
Ibi., pp. 59, 60.
55
Ibid., p. 60.
56
CHEVRIER Jacques, La littérature nègre, Paris, Armand Colin, collection, 2ème édition, 1999, p.
114.
57
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1960, op.cit., p. 60.
58
CANALE SURET Jean, Afrique Noire Occidentale et Centrale, Paris, éditions sociales, 1977, p.
443.
25
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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59
Op. cit., p. 460.
60
KRZYWICKi Janusz, Perception de l’école occidentale dans la littérature africaine. (Version
électronique) op. cit.
61
CANALE SURET Jean, Afrique Noire Occidentale et Centrale, 1977, op. cit., p. 464.
26
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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62
KANE Mamadou, Saint-Louis ou les débuts de la littérature africaine au Sénégal 1850-1930, in
Notre Librairie n° 81, Littérature Sénégalaise, Paris, réédition, 1989, p. 73.
63
KANE Cheikh Hamidou, L’aventure ambiguë, 1961, op. cit. p. 172.
27
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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Les traditions des Français, telles qu’elles sont traitées dans le roman, diffèrent
de celles des Diallobé. Les différences entre elles sont que les Français sont habitués à
une façon différente de vivre.
Les Français mangent à table avec des cuillères, des couteaux, des fourchettes.
Un autre aspect lié à leur tradition est que de façon générale, les femmes
françaises prennent souvent la parole devant le public. Elles peuvent s’exprimer dans
tous les endroits où se passent des discussions autour des sujets auxquels elles veulent
participer.
Si la tradition des Français est contraire à celle des Diallobé, c’est parce que la
religion occidentale s’oppose à celle Des Diallobé.
L’Aventure ambiguë nous fait voir deux croyances chez les Occidentaux: d’une
part, nous avons l’athéisme, de l’autre, le christianisme.
Certains Occidentaux ne croient pas en Dieu. Pour eux, ce qu’ils ne voient pas
n’existe pas. C’est justement ce que nous notons dans un dialogue entre le chevalier et
l’administrateur français Paul Lacroix:
- J’ai mis mon fils à votre école et j’ai prié Dieu de nous sauver tous, vous et
nous.
- Il nous sauvera, s’Il existe.64
La simple réponse de l’administrateur montre qu’il ne croit pas en Dieu. Paul
Lacroix est un athée. Cette attitude résulte de leur mentalité dépourvue de tout ce qui
est spiritualité; ce qui veut dire qu’ils ont une vision physique des choses, les
64
Ibid., p. 91.
28
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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65
Ibid., p. 92
66
Ibid., p. 113.
67
NNORUKA Matiu, 1982, L’Aventure ambiguë ou deux univers romanesque antagoniste, (version
électronique) in Peuples Noires Peuples Africains, op. cit.
68
KANE Cheikh Hamidou, L’aventure ambiguë, 1961, op. cit. p. 127.
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L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
Et sa réponse a été : « - Non, évidemment. Le monde n’aura pas de fin. Du moins pas
la fin qu’on attend ici. Qu’une catastrophe détruise notre planète, je ne dis pas… »69.
En ce qui concerne la mort, dans la société occidentale, les morts ne sont pas
traités comme par exemple dans celle des Diallobé. Pendant que les Diallobé ont
l’habitude de penser constamment à la mort, les Occidentaux préfèrent non seulement
penser à la vie mais également si possible ils cherchent à la prolonger. Dans une
discussion entre Grande Royale et Thierno sur le monde occidental, elle disait que les
enfants Diallobé « auront affaire à un monde de vivants où les valeurs de mort seront
bafouées et faillies. »70
Bref, certains Occidentaux sont foncièrement athées alors que d’autres sont
profondément chrétiens.
Le roman montre plus le mode de vie des Diallobé que celui des Occidentaux.
Néanmoins, nous avons des informations sur leur mode de vie. Ainsi, nous avons
constaté que certains Occidentaux n’accordent pas l’importance à la vie après la mort.
Donc ils ne s’intéressent pas à la vie après la mort. Ce qui les amène à construire leur
bonheur ici-bas, et à mettre leurs espérances dans les biens matériels.
Faisant allusion aux Occidentaux, Matiu NNORUKA nous signale : « L’univers
est composé des hommes qui veulent ne plus rien avoir avec Dieu et qui, par
conséquent, cherchent à L’égaler aussi bien par leurs propos que par leurs actes. »71
Ils envoient leurs enfants à l’école afin d’y apprendre quelques métiers
indispensables à leurs avenirs. La famille de Pierre-Louis constitue un exemple. Leurs
enfants ont fait une formation pour devenir capitaine et ingénieur. Ainsi, quand Pierre-
Louis présente ses fils à Samba Diallo, il a précisé : « - Et voici mes deux fils:
capitaine Hubert Pierre-Louis, qui est le père d’Adèle, et Marc qui est ingénieur. »72
Ils s’attachent tellement au travail qu’il les éloigne de la vie religieuse.
Généralement, chez eux, certains sont accueillants. C’est qu’ils reçoivent et
traitent les gens avec politesse même s’ils sont d’origine différente.
69
Ibid., p. 87.
70
Ibid., p. 38.
71
NORUKA Matieu, 1982, L’aventure ambiguë ou deux univers romanesques antagonistes (version
électronique) op. cit.
72
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit., p. 160.
30
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
Samba Diallo a eu cette chance lors de son séjour à Paris. Il été bien reçu par la
famille Martial. Montrant un certain intérêt et préoccupation envers son invité, la mère
de Lucienne l’a rassuré en ces termes : « - J’espère, monsieur, que vous m’excuserez
de vous recevoir ainsi, en toute simplicité, dit Mme Martial. Lucienne et moi voulons
que vous vous sentiez tout à fait à l’aise ici, comme chez vous. ».73
73
Ibid., p. 121.
31
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
4.1. L’espace
Généralement, l’espace et le temps sont des éléments essentiels qui font partie
d’une œuvre romanesque. Ils sont inséparables l’un de l’autre. Selon Nicolas Gustave
Fischer, ils sont : « Un lieu, un repère (…) où peut se produire un événement et où
peut se dérouler une activité. »74
Ce chapitre sera consacré d’abord à l’étude de l’espace psychologique, c’est-à-
dire les lieux tels que les personnages les imaginent. Ensuite, nous parlerons des lieux
où se déroulent les actions, c’est-à-dire l’espace physique.
74
FISCHER Nicolas Gustave, (1981) La psychologie de l’espace, Paris, PUF, cité par Marcel Nouago
Njeukam in l'espace et le temps romanesques: deux paramètres poétiques de lisibilité de l'échec de la
quête de la modernité dans l'Aventure ambiguë de cheikh hamidou Kane, (version électronique)
disponible sur: http://www.harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=10125 accédé le 26/06/2010.
32
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
savoir et comprendre la colonisation chez les Africains, elle ajoute encore : « Elles
doivent être tellement plus vraies, vues de cette façon. »75
Au-delà d’espace psychologique trouvé dans un roman, apparaît toujours
intimement lié l’espace physique.
Dans le roman nous distinguons très nettement trois espaces bien distincts : le
village et la ville africaine et puis la ville européenne. Il faut remarquer que les actions
s’effectuent en fonction de l’évolution des études de Samba Diallo : il est d’abord
élève au Foyer-Ardent, c’est-à-dire à l’école coranique; puis élève à l’école étrangère.
Il a fait ses études primaires et secondaires dans une petite ville sénégalaise: la petite
ville de L. Et ses études supérieures, il les a faites à Paris.
Les chapitres I, II, III, IV et VIII se passent dans un village diallobé. Les lieux
que l’auteur présente dans ce village sont : l’école coranique, la case du maître, la
chambre du chef, le cimetière et la place du village.
À l’école coranique, l’auteur nous montre Samba Diallo en train d’étudier le
Coran sous la direction du maître Thierno.
C’est dans la case du maître que Thierno réfléchit sur la vieillesse physique,
qu’il reçoit une délégation, que le fou parle de sa découverte de l’Europe.
Par contre, c’est dans la chambre du chef qu’a eu lieu la discussion autour du
problème de l’école étrangère : ce que les enfants Diallobé y « apprendront vaut-il ce
qu’ils oublieront? ».
C’est au cimetière qu’on trouve Samba Diallo couché près du tombeau de son
amie, la vieille Rella. Les hommes qui sont venus pour enterrer un mort l’ont trouvé là
bas couché près de son tombeau. C’est qu’il est fasciné par le mystère de la mort.
Cette fascination provient de l’enseignement qu’il avait reçu du maître à l’école
coranique. Le maître conseillait à ses fidèles de penser à la mort.
Après qu’ils ont appelé le chef des Diallobé, celui-ci voulait emmener Samba
Diallo chez lui. Mais ce dernier a souhaité renter chez le maître, au Foyer-Ardent.
75
KANE Cheikh Hamidou, L’aventure ambiguë, 1961, op.cit., p.169.
33
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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76
Ibid., p. 62.
34
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
Dans cette maison, pendant que le père lisait le Coran Samba Diallo lisait les
Pensées de l’écrivain Français Pascal. Après la lecture, ils ont engagé une discussion
autour du travail et de la foi.
Bref, cette première partie de l’ouvrage se passe en Afrique et précisément en
pays diallobé.
De l’autre côté, la deuxième partie se déroule soit en France soit en Afrique.
Les lieux français où l’action se passe sont : Paris, dans le salon des Martial, au
boulevard Saint-Michel, à la terrasse d’un café, dans un café et dans l’appartement des
Pierre-Louis.
Les lieux africains mentionnés par l’auteur sont : le pays des Diallobé, le
village des Diallobé.
Dans le salon de la famille Martial, le narrateur nous rapporte la discussion
entre Samba Diallo et cette famille sur la philosophie occidentale. Samba Diallo
manifeste sa foi en refusant de prendre une boisson alcoolisée. M. Martial raconte à
Samba Diallo quelques épisodes de son évangélisation en Afrique.
C’est à Paris que Samba Diallo reçoit la lettre du chef des Diallobé. Parmi les
confidences que le chef lui fait dans cette lettre, il y a que Demba est devenu le
nouveau maître des Diallobé.
Après une courte lecture, Samba Diallo se demande pourquoi il a quitté le pays
des Diallobé. Nous remarquons son inquiétude pour ce que se passe au pays des
Diallobé. Après avoir fait une deuxième lecture, il ne s’inquiète plus des problèmes
des Diallobé. À la fin de la lecture, il manifeste son désespoir en affirmant que c’est
Dieu qui a aidé les Occidentaux dans leurs progrès matériels. Il nous le confirme de la
manière suivante :
« Et toi, tu bénis leur errement. Tu lui attaches le succès comme l’endroit à
l’envers. Sous le flot de leur mensonge qui s’étend, la richesse cristallise ses
gemmes. Ta vérité ne pèse plus très lourd, mon Dieu… »77
Sur le boulevard Saint-Michel, sous une chaleur accablante, Samba Diallo fait
une marche à pied. Au fur et à mesure qu’il marche, il réfléchit sur la spiritualité de
l’occident. Pendant qu’il se promène dans les rues, il constate qu’il y a « des objets de
chair ainsi que des objets de fer », qu’à part cela, la rue est vide. En fait, il veut
77
Op. cit., p. 139.
35
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
montrer que les Occidentaux, sur le plan matériel, sont riches alors que, sur le plan
spirituel, ils sont pauvres.
C’est là que Samba Diallo fait la connaissance de Pierre-Louis dont les
ancêtres sont d’origine africaine.
À la demande de Pierre-Louis, ils sont allés à la terrasse d’un café pour
prendre quelque chose.
Quant à Pierre-Louis, il a profité de l’occasion pour raconter à Samba Diallo
qu’il avait déjà travaillé en Afrique comme magistrat pendant vingt ans. Il a témoigné:
« J’ai été magistrat et j’ai servi un peu partout, chez vous pendant vingt ans. » Il
ajoute qu’il n’avait pas du tout été content du système colonial en place. Il nous
l’explique en ces termes : « Douze années durant, j’ai défendu mes compatriotes
gabonais, camerounais, contre l’État et les colons français. De la merde, ces
colons…»78
C’est dans un café que Samba Diallo et Lucienne font un long dialogue.
Lucienne avoue à Samba Diallo qu’elle est inscrite au parti communiste que Samba
Diallo n’apprécie pas.
Dans l’appartement des Pierre-Louis se passe une discussion autour de la
différence entre l’Afrique et l’Europe. Le fils de Pierre-Louis, Marc et sa petite-fille,
Adèle se sentent étrangers en Europe alors qu’ils ont grandi en France. En revanche,
l’autre fils de Pierre-Louis, Hubert est réaliste et se sent bien en Europe.
C’est aussi dans un café que Samba Diallo et Adèle parlent de leurs sentiments
par rapport aux Colons. Il lui avoue qu’il hait les Français malgré les avantages liés à
leurs écoles et se demande si elle aussi les haïssait. Elle lui avoue que oui. Mais
Samba Diallo pense qu’il ne fau pas les haïr.
C’est aussi dans le métro que Samba Diallo aura une vision hallucinante : il
croyait avoir vu son ancien maître de l’école coranique à qui il demande secours mais
sans succès.
C’est à Paris que Samba Diallo reçoit de la part de son père, le chevalier une
lettre dans laquelle il lui propose de retourner en Afrique même s’il n’a pas terminé
ses études universitaires. Simplement parce qu’il pense que son fils, même s’il est
78
Op. cit., p. 142.
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L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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musulman, il n’est plus pratiquant. C’est ainsi qu’à la fin de la lettre, il lui pose la
question suivante : « Sais-tu seulement le chemin de la mosquée? »
Du côté de l’Afrique, l’auteur fait référence au pays des Diallobé pour parler
du moment relatif à la succession de Thierno par Demba comme le maître des
Diallobé. Demba s’oppose au maître cessant et décide en faveur de l’école française.
À son avis, les enfants des Diallobé iront « chercher la Science, s’il le faut jusqu’en
Chine. »
Nous trouvons les lamentations tant du chef des Diallobé que de la Grande
Royale sur le fait de Samba Diallo ne soit pas présent pour porter le turban à la place
de Demba. Nous pouvons le confirmer par ce passage : « Je crois qu’il en eût été le
guide. Pourquoi a-t-il fallu que je le laisse partir, se demanda le chef des Diallobé. Il
a le même âge que ce jeune homme qu’on vient de faire maître des Diallobé. » 79
C’est dans le pays des Diallobé que l’auteur nous informe de la mort du maître
et de la mort de Samba Diallo Après le retour de Samba Diallo en Afrique, le fou le
prend pour le nouveau maître. Les deux partent vers le cimetière où le fou lui
demande avec insistance de prier pour le maître. Comme il n’a pas accepté de le faire,
le fou en a profité pour le tuer.
Enfin, hors de l’espace physique se passe la rencontre de Samba Diallo et Dieu
par-delà la mort.
Tout comme l’espace psychologique et physique, le temps est toujours présent
dans un roman.
4.2. Le temps
Pour cette étude relative au temps, nous n’allons pas traiter le temps de long en
large à cause du manque de documentation sur le temps. Alors, nous nous proposons
de parler du temps en tenant compte de la durée de certains événements, c’est-à-dire
quand ils commencent et quand ils finissent. Ainsi, nous allons voir tout d’abord, la
durée de la première partie du roman et puis, de la deuxième.
79
Op. cit., p. 133.
37
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
2010
Le temps dans la première partie du roman suit les études de Samba Diallo
aussi bien à l’école coranique qu’à l’école nouvelle.
Certains critiques pensent que L’Aventure ambigüe est une autobiographie
alors que d’autres pensent qu’il s’agit de l’histoire de tout en peuple.
Si nous tenons compte de la première hypothèse, nous pouvons dire que
Cheikh Hamidou Kane raconte sa propre histoire. Alors Samba Diallo c’est lui. Cela
veut dire que, Cheikh Hamidou Kane qui est né en1928, commence ses études
coraniques en 1935 à l’âge de 7 ans. Donc nous pouvons affirmer que les scènes
décrites dans L’Aventure ambiguë se déroulent de 1935 à 1954 : soit 19 ans.
Dans une interview dirigée par le professeur Barthélémy Kotchy, Cheikh
Hamidou Kane, en parlant de l’origine de son œuvre disait : « Je crois que c’est
depuis les années 50, lorsque je suis passé de l’enseignement secondaire du Lycée de
Dakar à l’enseignement supérieur à l’Institut des Hautes Études de Dakar puis à
l’Université de Paris à la Sorbonne que j’ai senti la nécessité de tenir un peu une
sorte de journal qui refléterait l’itinéraire spirituel qui était le mien. » Il est clair que
l’histoire racontée dans L’Aventure ambiguë a été celle de Cheikh Hamidou Kane.
En se référant à la durée de ses études universitaires, il a encore ajouté : « Je
l'ai donc écrit pendant les 4 ou 5 années qui ont duré mes études supérieures en
France… »80
Dans L’Aventure ambiguë, le temps, celui vécu par Samba Diallo, dure plus
d’une dizaine d’années : venue de Samba Diallo à l’école coranique, son départ pour
l’école primaire, puis pour l’école secondaire, ensuite pour Paris pour suivre les études
à l’université et enfin, son retour et sa mort en Afrique.
La narration n’obéit pas toujours à l’ordre chronologique des événements, ce
qui veut dire qu’il n’est pas linéaire. L’usage des analepses et des prolepses est
80
Lors d’une interview dirigée par le professeur Barthélémy Kotchy, dans le cadre des cours télévisés
organisés par L’Université Laval in Études Littéraires/décembre, 1974, (version électronique)
disponible sur: http://www.erudit.org/revue/etudlitt/1974/v7/n3/500348ar.pdf, accédé le 18/06/10.
38
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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fréquent. Les analepses sont des retours en arrière : elles racontent des actions
antérieures au moment de la narration alors que les prolepses sont des projections en
avant. Elles racontent par avance ce qui va arriver.
Dans le chapitre I, au Foyer-Ardent, Samba Diallo a huit ans. Ce qui nous a
amené à une telle conclusion c’est que « deux ans auparavant », moment où Samba
Diallo accompagné de son père débarque en pays Diallobé, Samba Diallo avait six
ans. En plus, lors de la rencontre entre les trois hommes au sujet de l’école étrangère,
et surtout à la fin de la rencontre, le maître, voulant savoir l’âge de Samba Diallo, a
demandé au père de celui-ci. Le chevalier lui a répondu, en disant que son fils a 6 ans.
Dans le chapitre II, l’action se passe dans la matinée et à la soirée. Dans la
matinée, les disciples du maître dont Samba Diallo est le porte-parole sont en train de
quémander leurs nourritures du matin. A la soirée, aux alentours de la case du maître,
celui-ci et la Grande Royale font un dialogue au sujet de Samba Diallo: il faut
apprendre aux enfants des Diallobé á vivre ou à mourir?
Le chapitre III, se déroule au moment du crépuscule. Il s’agit du débat entre le
maître, le chef et la Grande Royale sur l’école étrangère : ce que les enfants Diallobé
vont apprendre à l’école française est-il mieux que ce qu’ils avaient acquis à l’école
coranique?
En ce qui concerne le chapitre IV, nous avons deux marques temporelles: un
soir et un matin.
C’est un soir que Samba Diallo va au cimetière près du tombeau de la vieille
Rella.
En revanche, c’est un matin que la Grande Royale invite les villageoises et
villageois pour leur dire qu’elle préfère que les enfants Diallobé aillent à l’école
étrangère.
Quant au chapitre V, à travers une analepse, le narrateur fait allusion à la
colonisation française en Afrique de façon générale et en pays Diallobé de façon
particulière. Par la suite, il présente l’école étrangère de l’époque coloniale.
A l’école étrangère, un matin, M. N’Diaye interroge la classe. Sur cet aspect,
nous notons les questions de géographie posées par lui aux élèves : « Pau se trouve
dans un département dont il est le chef-lieu. Quel est ce département? Que vous
39
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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rappelle Pau? »81 Il faut dire qu’il s’agit des contenus correspondant à un niveau d’un
cours moyen de l’époque où souvent les programmes scolaires sont axés sur plusieurs
réalités liées à la métropole.
Un jeudi après-midi, Jean Lacroix s’est rendu à la Résidence du Cercle où se
trouve le bureau de son père.
Le même jour, au soir, Samba Diallo fait une prière qui fascine Jean Lacroix.
Le même jour, la nuit, Jean, seul dans sa chambre, pensant à la pierre faite par
Samba Diallo, se demande pouquoi ce dernier a pleuré. Il sent le peur, surtout quand
tout le monde est allé dormir.
Dans le chapitre VI, la scène évoquée fait suite à la promenade de Jean Lacroix
et de Samba Diallo. Le père de Samba Diallo a suggeré à ce dernier de rentrer.
Par le biais d’une analepse, l’auteur nous parle du moment où le chef des
Diallobé a trouvé Samba Diallo au cimetière et qu’il l’a ramené à L. chez ses parents.
C’est la nuit qu’a eu lieu la réflexion du chevalier sur le départ de Samba
Diallo à l’école européenne. C’est encore dans cette période, qu’a eu lieu la Nuit du
Coran qui célèbre la fin de l’école coranique.
Relativement au chapitre VII, c’est au crépuscule que se déroule une
discussion entre le chevalier et Paul Lacroix autour de leur conception du monde. Le
chevalier lui confie la cause qui l’a amené à mettre son fils à l’école française.
Le chapitre VIII, montre que c’est la veille au soir que le maître Thierno a reçu
une délégation. Le maître manifeste son indécision par rapport à l’école nouvelle.
Au chapitre IX, Samba Diallo et son père, le chevalier sont en train de faire
une discussion sur le travail et la foi. Puis, vient le crépuscule et ils font la prière du
soir.
Grosso modo, pour les quatre premiers chapitres, nous constatons qu’ils
retracent la vie du héros pendant son séjour au Foyer-Ardent, autrement dit à l’école
coranique. Pour le chapitre V et VI, Samba Diallo est en train de faire ses études
primaires. Dans le chapitre IX, le fait que Samba Diallo lise Les Pensés de Pascal
montre qu’il est en train de faire ses études secondaires car la philosophie est étudiée
au lycée. En outre, la référence aux Méditations métaphysiques de Descartes indique
81
KANNE, Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit, p. 63.
40
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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aussi qu’il est sur le point de terminer les études du lycée. D’ailleurs, son père
l’appelle « apprenti philosophe…jeune philosophe. » 82
82
Ibid., p. 111.
83
Ibid., p. 121.
84
Ibid., p. 140.
85
Ibid., pp. 143–144.
86
Ibid., p. 149.
41
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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87
Ibid., p. 171.
42
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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En général, dans un roman les personnages existent surtout par leurs fonctions,
leurs rôles. Dans L’Aventure ambiguë, Samba Diallo est le sujet central de l’intrigue;
le véritable moteur de l’action.
Les personnages de Kane sont souvent considérés comme des types
représentatifs plutôt que des individus. Nous pouvons les diviser en deux groupes:
ceux qui représentent la tradition, tels que: Thierno, le fou et ceux qui incarnent le
modernisme comme la Grande Royale.
Au total, le roman contient plus d’une dizaine de personnages. Cependant,
dans cette analyse, nous nous intéressons à ceux qui sont les principaux et qui ont un
rôle très important par rapport au destin du héros. Ce sont: le marabout, Thierno, le
chef, la Grande Royale et le Fou. D’abord, nous palerons du héros, puis des autres
personnages.
88
Ibid., p. 15.
89
Ibid., p. 28.
43
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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l’est pas seulement de sang! (…) il est aussi prince de l’esprit! »90 Demba, son
collègue d’école est resté étonné par son intelligence. C’est que Samba Diallo était le
meilleur disciple du maître. Selon le narrateur « depuis quarante ans qu’il s’était voué
à la tâche, combien méritoire d’ouvrir à Dieu l’intelligence des fils de l’homme, le
maître n’en avait rencontré qui, autant que ce garçon et par toutes ses dispositions,
attendît Dieu d’une telle âme. »91
Grosso modo, la mort du héros représente l’échec de la Grande Royale
d’apprendre le secret des Blancs.
Sur le plan physique, Thierno est décrit par le narrateur en ces termes :
« Vieux, maigre et émacié, tout desséché par ses macérations. »92 Il s’agit d’un
homme âgé, avec le corps dénutri et qui s’attache plus aux besoins spirituels qu’à
ceux physiques.
Cela montre les raisons pour lesquelles, il ne cessait d’enseigner à ses disciples
à s’intéresser d’avantage à la vie spirituelle. À son avis, dès que les Diallobé sont
spirituellement riches, peu importe la nourriture du corps.
Au fond, il veut combattre « le poids », autrement dit les attachements
matériels qui peuvent empêcher les disciples de continuer dans le chemin qui mène à
Dieu. Son inquiétude est expliquée par le narrateur comme suit : « Les Diallobé
voulaient plus de poids. »93
Sur le plan psychologique, il est un homme fasciné pour Dieu mais violent
envers ses disciples. Plus que l’homme de Dieu, il est le représentant de Dieu pour les
Diallobé. Cette abnégation et cette dévotion exclusive au service d’Allah fait partie de
l’obéissance à un verset du Coran qui, en parlant d’Allah déclare : « Je n’ai créé les
hommes (…) qu’afin qu’ils m’adorent (Sourate 51, verset 56). »94 La majorité de ses
activités se reposent sur la quête de Dieu. Ce qui fait de lui un homme saint qui vit de
90
Ibid., p. 28.
91
Ibid., p. 15.
92
Ibid., p. 17.
93
Ibid., p. 43.
94
Cité par GETREY Jean, in Comprendre L’Aventure ambiguë, 1982, op cit., p. 48.
44
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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Dieu et pour Dieu. Sa vie est une illustration exemplaire de la spiritualité de l’univers
Diallobé.
Lors d’une émission télévisée, Cheikh Hamidou Kane en répondant à une
question relative aux personnages de son œuvre affirmait que « le maître des Diallobé,
quant à lui, est un homme de Dieu. Sa caractéristique principale, c'est d'être un
mystique, tout entier pénétré de Dieu et du Dieu de l'Islam, du Dieu unique. »95
Par ailleurs, il est présenté sous le caractère d’un homme agressif, prompt à
punir sévèrement ses disciples. A ce sujet, le narrateur nous témoigne : « Les moments
étaient nombreux (…), où poussé dans une colère frénétique, par la paresse ou les
96
bévues d’un disciple, il se laissait aller à des violences d’une brutalité inouïe. »
Donc il apparaît clair que Thierno est coléreux, que les châtiments physiques font
partie de sa méthodologie d’enseignement et qu’il s’y attache souvent.
Comme le vieux maître coranique sait que sa mort s’approche, sa volonté est
de laisser aux Diallobé un homme qui va le remplacer dignement. Il pensait à Samba
Diallo.
Il est, avant tout, l’éducateur des jeunes enfants Diallobé, et par la suite le
guide spirituel du pays.
À cause son rôle et de son importance, sur le plan religieux dans le pays des
Diallobé et vu qu’une nouvelle école a été mise en place, les trois hommes
participants de la rencontre autour de l’école française pensent que c’est lui que doit
dire ce qu’ils devaient faire. Donc ils lui posent cette question : « Faut-il pousser nos
enfants dans leur école? »97
En outre, le plus intéressant est le respect particulier des Diallobé pour lui. La
Grande Royale, voulant mettre en exergue le rôle et influence du maître, nous
témoigne : « Nul n’a, sur ce pays, un empire qui égale le vôtre. »98
En tant que représentant de Dieu sur la terre des Diallobé, Thierno conserve la
tradition musulmane. En outre, il refuse d’abandonner les valeurs, les enseignements,
95
Lors d’une interview dirigée par le professeur Barthélémy Kotchy, dans le cadre des cours télévisés
organisés par L’Université Laval in Études Littéraires/décembre, 1974 (version électronique), déjà
cité.
96
KANE, Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op cit, p. 17.
97
Ibid., p. 21.
98
Ibid., P. 45.
45
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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les habitudes auxquels il tient depuis longtemps. Le fou lui dit clairement ceci : « Toi
seul retiens la métamorphose. »99
Il faut souligner que malgré sa position immuable, Thierno se comporte
comme un homme indécis lorsque le chevalier lui demande son point de vue sur
l’école étrangère. C’est ce que nous notons lorsqu’il rétorque au chevalier : « Ne me
demandez pas ce qu’il faut faire demain, car je ne le sais pas. »100
Parallèlement, Cheikh Hamidou Kane, qui a donné une interview lors des
cours télévisé organisés par L’Université Laval, nous confirmait à l’endroit du maître
qu’« on lui demande maintenant de sortir de son rôle de pédagogue chargé de former
les enfants pour dire si la société doit accepter de s'ouvrir ou pas. ».101
Au fur et à mesure que les Diallobé le cherchent, le maître décide de ne pas
compromettre face au problème scolaire. Sa réponse n’a été ni affirmative, ni
négative; ce qu’indique sa neutralité.
Il est notoire de voir qu’il centre son rôle uniquement sur l’éducation des
enfants. Pour lui, il suffit que les enfants Diallobé gardent et sauvent leurs croyances.
Peu importe qu’ils aillent à l’école française. Il nous confirme : « Il faut construire des
demeures solides pour les hommes et il faut sauver Dieu à l’intérieur de ces
demeures. »102
Son éducation est axée sur la religion et sur la morale. La citation suivante le
prouve : « Au foyer ce que nous apprenons aux enfants c’est Dieu… »103, déclare le
maître.
Quand la Grande Royale lui montre sa responsabilité envers le pays, le
narrateur nous informe que « le maître sentait le terreur le gagner doucement, à
mesure que cette femme parlait. »104
En somme, Thierno n’a pas dit aux Diallobé d’envoyer leurs enfants à l’école
nouvelle car si les enfants en arrivent à perdre leur culture ou leur religion, il ne veut
pas en être responsable. En refusant de se compromettre face au problème scolaire, il
99
Ibid., p. 100.
100
Ibid., p.p. 21-22.
101
Lors d’une interview dirigée par le professeur Barthélémy Kotchy, dans le cadre des cours
télévisés organisés par L’Université Laval in Études Littéraires/décembre, 1974 (version
électronique), op. cit.
102
KANE, Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op cit, p 21.
103
Ibid., p. 44.
104
Ibid., P. 45.
46
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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veut rester avec une bonne conscience pour défendre Dieu tout seul. Ainsi, il a laissé
aux Diallobé le choix de décider eux-mêmes, d’envoyer leurs enfants à l’école
européenne sans qu’il intervienne.
Pour terminer, c’est lui-même qui nous avoue la vraie cause de son refus :
« Dieu fut ma grande trouvaille. Je suggérais, par mon attitude que c’est lui que je
défendais.»105
105
Ibid., p. 137.
106
Ibid., pp. 30-31.
107
Ibid., p. 30.
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décisions. La citation suivante nous souligne que « plus que son frère, c’est elle que le
pays craignait. Si elle avait cessé ses infatigables randonnés à cheval, le souvenir de
sa grande silhouette n’en continuait pas moins de maintenir dans l’obéissance des
tribus du Nord, (…) tribus subjuguées par sa personnalité extraordinaire. »108
Son âge, le fait d’être l’ainée, lui accorde une certaine mesure d’autorité. Elle
peut utiliser le droit d’ainesse, et sa personnalité pour résoudre les problèmes même si
la solution proposée par elle n’est pas celle de la majorité.
Il s’agit d’une femme courageuse, déterminée à agir et qui est prompte à
imposer son pouvoir. Mettant en relief ce que Samba Diallo avait l’habitude de voir
lorsque sa cousine confrontait ses contemporains au pouvoir, le narrateur déclare :
« Samba Diallo avait souvent vu la Grande Royale se dresser, seule, contre
l’ensemble des hommes, (…) Elle était toujours victorieuse, parce que nul n’osait lui
tenir tête longuement. »109
En réalité, la Grande Royale, en prenant le pouvoir à travers un mini-coup
d’état pour dire aux pères Diallobé qu’il faut que leurs enfants aillent à l’école
nouvelle, indique qu’elle est pour le modernisme.
Selon Jacques Chevrier : « C’est toute la stratégie de la Grande Royale qui
traduit deux ordres de réalités. D’une part il s’est produit une évolution dans les
moyens de conquête mise en œuvre par l’Occident, puisqu’à la subjection par les
armes succède en effet une conquête infiniment plus subtile et plus pernicieuse, qui est
la conversion des esprits aux modes de penser et d’agir européens par l’école. »110 En
plus, c’est grâce à la nouvelle école que le modernisme va s’installer dans le pays des
Diallobé et par conséquent le progrès.
Néanmoins, la Grande royale a eu, elle aussi, très tôt, une claire vision du
danger que représentait l’école étrangère. Voici ce qu’elle avance : « L’école où je
pousse nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui nous aimons et conservons avec
soin, à juste titre. »111
Contrairement au maître qui enseignait à ses disciples à vivre en accord avec
les principes coraniques afin de se préparer pour la mort, elle est d’opinion que le
108
Ibid., pp. 31-32.
109
Ibid., p. 49.
110
CHEVRIER Jacques, La littérature nègre, 1999, op cit. , p.114.
111
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit., p. 57.
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moment de leur enseigner à vivre est arrivé. Après que le maître avait raconté la mort
exemplaire du père de la Grande Royale, elle lui a répliqué les termes suivants:
« Mais je crois que le temps est venu d’apprendre à nos enfants à vivre.»112
Contre toute expectative, elle va faire une sorte de pari et choisir de pousser la
jeunesse de son pays à l’école française.
À partir de maintenant, leurs enfants vont pouvoir accéder à l’école et
apprendre l’alphabet français car jusque là, ils ne savaient que l’alphabet arabe.
Pourtant, le problème qui se pose à la Grande Royale est le suivant : qui
d’abord envoyer? Elle est d’accord que l’effet sera grand si les enfants d’origine
princière, c’est-à-dire ceux de l’élite Diallobé donnent le coup d’envoi.
C’est ce que nous avons découvert lorsque la Grande Royale a confié à son
frère les motifs d’y envoyer les enfants, en assurant : « Notre détermination d’envoyer
la jeunesse noble du pays à l’école étrangère ne sera obéie que si nous commençons
par y envoyer nos propres enfants. »113 Dans ce cas, Samba Diallo qui appartient à
cette jeunesse n’échapperait pas à la nouvelle école. L’autre raison est que sa cousine
ajoute encore : « Je pense que vos enfants, mon frère, ainsi que notre cousin Samba
Diallo doivent ouvrir la marche. »114
Sous le thème d’apprendre « l’art de vaincre sans avoir raison »115, elle nous
signale qu’il faut que les enfants Diallobé aillent chez les Occidentaux acquérir leurs
techniques, leurs sciences, bref leurs connaissances. Donc grâce à leurs écoles, ils vont
pouvoir les acquérir. Malgré sa volonté claire et son esprit avide de savoir le secret des
Blancs, elle est humble devant Dieu
Comparant l’école française à une guerre, la Grande Royale témoigne :
« L’école étrangère est la forme nouvelle de faire la guère que nous font ceux qui sont
116
venus, et il faut y envoyer notre élite, en attendant d’y pousser tout le pays. »
Dans une conversation conduite par Maryse Condé au sujet de la Grande
Royale, Cheikh Hamidou Kane disait qu’« elle est un peu un précurseur de ce que
112
Ibid., p. 38.
113
Ibid., p. 48.
114
Ibid., p. 48.
115
Ibid., p. 47.
116
Ibid., p. 47.
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nous devrions faire, c’est-à-dire sauvegarder l’essentiel de nos valeurs sans nous
fermer à la nécessité de nous initier aux connaissances scientifiques et techniques.»117
En définitive, après avoir étudié ce personnage rare dans la société Diallobé,
nous avons compris qu’il est important de maintenir constamment certains équilibres
socio-culturels.
117
GETREY Jean, Comprendre L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, 1982, op cit, p. 56.
118
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, p. 31.
119
Ibid., p. 42
120
Ibid., p. 31.
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a confié, humblement, au maître ceci : « Les hommes de plus en plus viennent à moi »
puis, il profite pour lui poser cette question : « Que dois-je leur dire? »121
Il est clair qu’il n’est pas le seul décideur car il consulte le maître des Diallobé
et la Grande Royale et même les Diallobé avant toute prise de décision. A ce propos, il
disait : « Je suis la main qui fait. Le corps et la tête, c’est vous gens des Diallobé.
Dites et je ferai. »122
Cette manière de gouverner permet de voir une absence de dictature,
contrairement à ce que pensent les Occidentaux de l’organisation politique des
sociétés africaines.
De cette façon, lorsque l’école étrangère a été mise en place, et surtout quand
les gens le cherchaient, il réagit d’une façon qui montre que la décision doit être prise
ensemble et pas par lui seul. D’ailleurs, pour qu’il puisse mieux résoudre le problème
de l’école, il a souvent appelé le maître Thierno chez lui afin d’en parler.
Il faut remarquer qu’il est le chef, celui qui a le pouvoir exécutif. « Je suis
l’autorité »123 nous confirme-t-il. C’est à lui de prendre les mesures qu’il considère
meilleures et profitables pour le pays. « Si je leur dis d’aller à l’école nouvelle, ils
iront en masse »124, confie-t-il humblement au maître lors d’une rencontre dans sa
case.
Comme il n’a pas utilisé son pouvoir exécutif pour prendre des mesures
personnelles, le pays commence petit à petit à s’éloigner de lui. Ainsi, il manifeste sa
solitude en disant ceci : « Aujourd’hui, (…) je ne suis plus le repère, mais l’obstacle
que les hommes contournent pour ne pas l’abattre. »
Sa solitude et sa douleur ont été presque insupportables, de sorte qu’il a préféré
la mort au détriment de la vie pour disparaître de la vue des Diallobé. D’après lui :
125
« L’heure sonne où je choisirais de mourir, si j’eusse disposé de ce choix. »
En dernière analyse, différemment de sa sœur qui s’impose, le chef des
Diallobé est indécis mais reste démocrate.
121
Ibid., p. 42.
122
Ibid., p. 93.
123
Ibid., p. 42.
124
Ibid., p. 44.
125
Ibid., p. 136.
51
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5.5. Le Fou
126
Ibid., pp. 97-98.
127
Ibid., p. 102.
128
Ibid., p. 179.
129
Monsieur Cheikh Hamidou Kane est interviewé par le professeur Barthélémy Kotchy, (version
électronique), op.cit.
52
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130
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit., p 103.
131
Ibid., p. 103.
132
Lors d’une entretient sous la direction du professeur Barthélémy Kotchy (version électronique),
op.cit.
133
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit., p. 98.
134
Ibid., p. 100.
53
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135
Ibid., p. 181.
136
Ibid., p. 182.
137
Ibid., pp, 185-86.
54
L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une lecture capverdienne UNI-CV
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En effet, la mort de Samba Diallo est due au geste meurtrier du fou, indigné
parce que ce dernier refusait catégoriquement de prier. Samba Diallo ne voulait prier
sur aucune tombe, même pas sur celle du maître Thierno. C’est la raison pour laquelle
le fou l’a tué.
Le fou ne voulait pas que Samba Diallo reste seulement à se promener au
cimetière sans rien faire pour son maître. Et la prière est au moins ce qu’il pouvait
consacrer au maître. C’est bien cela que le fou a attendu qu’il fasse. Ainsi, à plusieurs
reprises, il insiste avec Samba Diallo pour le faire : « Promets-moi que tu prieras
demain » disait le fou pour la dernière fois. Mais comme Samba Diallo a répondu par
la négative : « Non… je n’accepterais pas…»138 à haute voix, le fou en entendant ces
paroles, les a considérées comme un refus. C’est alors qu’il a fait sortir son arme et a
tué Samba Diallo mettant fin à ce conflit aussi bien spirituel qu’intellectuel qu’il vivait
sur terre.
Pour certains, la mort du héros peut être vue comme s’agissant d’un suicide vu
que Samba Diallo a bien provoqué le fou. En plus, il se peut que cela fût la seule
solution à son drame. Cette interprétation peut être acceptable car il nous semble que
le thème du suicide est évoqué dans l’œuvre.
En dernière analyse, en étudiant ce personnage, nous avons retenu dans un
premier lieu, qu’il s’oppose totalement à la civilisation occidentale et dans un second
lieu, que son rôle est divisé entre la tradition africaine et le destin de Samba Diallo
centré sur sa mort. Donc si le maître est la tête de la tradition des Diallobé, le fou en
est la main.
138
Ibid., p. 187.
55
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139
Ibid., p. 104.
56
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140
Ibid., pp. 138-39.
141
Ibid., p. 55.
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Les pages 101 à 103 en sont des exemples concrets. L’intéressant c’est qu’un
paragraphe recouvre environ deux pages.
L’utilisation simultanée des courtes phrases avec les longues, notamment lors
des réflexions philosophiques de l’auteur est très importante car elle permet au lecteur
de ne pas s’ennuyer.
Par ailleurs, en ayant recours à l’alternance des scènes qui se passent en
Afrique et d’autres qui se passent en France, il met en évidence une technique qui
évite la monotonie.
Également, l’usage des phrases inachevées se manifestent surtout par le biais
des points de suspension (…). Notons deux exemples : « Je commettrai une grande
indignité, s’il plait à Dieu, pour leur montrer qui je suis. Oui… »142 disait Thierno
dans une réflexion sur l´école française. L’autre exemple est celui-ci : « - Il est très
grand ton père. Il est plus grand que le mien.
Oui, il est très grand… », confie Jean Lacroix à Samba Diallo lors de leur rencontre
au bureau de leurs pères.
La marque graphique, autrement dit les points de suspension indiquent que les
personnages voulaient dire encore plus de choses.
Par rapport aux formes stylistiques chez l’auteur nous avons les figures de
style suivantes: la métaphore, la comparaison, la répétition, le paradoxe et l’antithèse.
Les métaphores et les comparaisons sont employées dans presque toutes les pages.
Claude Peyroutet définit la métaphore comme « le remplacement d’un mot ou
d’une expression normalement attendus (A) par un autre mot ou une autre expression
(B), selon un rapport d’analogie entre A (le comparé) et B (le comparant). »143 Dans
une métaphore, la particule de la comparaison: comme, est toujours absente. Pour la
métaphore, voici un exemple : « Voici même que tu as tourné contre elle le glaive de
la pensée... moi, je n’ai pas encore tranché le cordon ombilical qui me fait un avec
elle. »144
A travers cette métaphore, Samba Diallo compare sa vie à celle de Lucienne où
il nous témoigne que pendant que Lucienne vient de changer la religion de leurs
142
Ibid., p. 46,
143
PEYROUTET Claude, Style et rhétorique, Paris, Éditions Nathan/VUEF, 2ème édition, 2002, p.66.
144
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op cit, pp. 152-53.
58
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145
Ibid., p. 31.
146
Ibid., pp. 26-27.
147
Ibid., p. 132.
148
Ibid., p. 96.
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vastes dont le sens est inverse ou le devient. »149 L’antithèse sert à mettre deux
éléments, pensée ou expressions opposées dans un discours afin de les contraster. Elle
peut mettre également les éléments en évidence. En voici un exemple : « Avec eux, il
pleura leur mort; mais aussi longuement, ils chantèrent sa naissance »150, dit le
narrateur au sujet de Samba Diallo à la fin de la Nuit du Coran.
En définitive, le style et le langage de Cheikh Hamidou Kane est notable au
sein de la littérature africaine. Le ton du récit est très sérieux et parfois grave. A
travers ces procédés et les aspects esthétiques, l’auteur arrive à fabriquer un roman
qui, à son tour tient le lecteur très attentif.
Bref, son style n’a rien à voir avec l’ambiguïté de l’aventure traversée par
héros.
149
PEYROUTET Claude, Style et rhétorique, 2002, op. cit., p. 100.
150
KANE Cheikh Hamidou, L’Aventure ambiguë, 1961, op. cit., p. 85.
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Conclusion
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aller à l’école française c’est comme s’ils commettaient un péché dans la mesure où
cette école risque de leur faire perdre leur culture et leur religion.
Concernant leurs traditions, nous avons vu que les Français mangent à table
avec des cuillères, des couteaux et des fourchettes.
Sur le plan de l’espace physique, nous avons constaté que le roman se passe
essentiellement dans un village et une ville sénégalais et à Paris, en France.
Sur le plan temporel, l’histoire du héros recouvre une période qui va de 7 ans
jusqu’à 25 ans. Cela indique qu’on a une durée de plus ou moins 18 ans.
Par rapport aux personnages, nous avons noté qu’à peine trois ont joué un rôle
fondamental dans le destin du héros. Sous cet angle, nous avons vu que Thierno a
maintenu inviolables les principes religieux. Par contre, Samba Diallo, bien qu’ayant
été un disciple de Thierno, il a négligé certains principes religieux.
La Grande Royale est un personnage qui manifestement voulait voir son pays évoluer
en adhérant à l’école française. Son intérêt d’envoyer les enfants à l’école française montre sa
curiosité et sa volonté de les voir apprendre les sciences de cette école. En plus, elle préfère
le changement même sachant que leurs enfants pourraient perdre leurs traditions.
Quant au chef des Diallobé, sa volonté était de ne pas priver le pays du progrès que
cette école pouvait apporter.
En définitive, le dernier chapitre qui s’est occupé du langage et du style de l’auteur,
nous a informés que Cheikh Hamidou Kane écrit très bien le français. Le souci d’employer
les temps verbaux tels que la grammaire le recommande, démontre qu’il maîtrise la langue
française.
Néanmoins cela n’empêche pas pour autant qu’il y ait des erreurs de grammaire. Sur
ce plan, nous avons constaté qu’il a employé un pronom complément d’objet indirect à la
place du complément direct.
En somme, ce travail a prouvé que l’homme est par nature un être social,
religieux, politique et libre. Il est tout à fait remarquable que par le style et par la
forme, L’Aventure Ambiguë symbolise l’effort de l’auteur de faire une synthèse
philosophique, religieuse, culturelle et voire littéraire de l’aventure spirituelle et
intellectuelle de Samba Diallo.
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BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages spécifiques:
POUPARD Paul, Les religions, Paris, Presses Universitaire de Frances, 2ème édition, 1987.
DESCHAMPS Hubert, Les religion de l’Afrique Noire, Presses Universitaires de France, 5ème
édition, 1954.
III. Revue
Notre Librairie n° 81, Littérature Sénégalaise, Paris, réédition, 1989.
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IV. Dictionnaire
PAUL Robert, LE Nouveau Petit Robert de la langue française 2006, éditeur Sociétés
Dictionnaires Le Petit Robert, Marianne Durant.
V. Sites internet:
KOTCHY Barthélémy, professeur (1974) Monsieur Cheikh Hamidou Kane est interviewé
par le professeur Barthélémy Kotchy, dans le cadre des cours télévisés organisés par
L’Université Laval in Études Littéraires/décembre 1974, disponible sur:
htt://www.erudit.org/revue/etudlitt/1974/v7/n3/500348ar.pdf, accédé le 18/06/2010.
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