Lecon 9 Decolonisation en Afrique Noire
Lecon 9 Decolonisation en Afrique Noire
Lecon 9 Decolonisation en Afrique Noire
Introduction
La décolonisation en Afrique noire a débuté en Gold Coast pour s’étendre aux autres
régions de l’Afrique occidentale. L’implantation d’une administration indirecte a
rendu précoce l’éveil du sentiment national contrairement au système administratif
direct de la France qui a cherché à étouffer les mouvements nationalistes.
L’entêtement du Portugal pousse les mouvements nationalistes à faire recours à
la voie des armes pour arracher leur indépendance.
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A la suite des émeutes, le gouverneur avait créé une Commission de réforme
constitutionnelle présidée par le juge Coussey. En 1950, une nouvelle Constitution
est promulguée. Elle remplace le Conseil législatif par une Assemblée nationale, le
Conseil exécutif par un cabinet ministériel de 11 membres dont 8 Africains. Frustré
par cette Constitution qui n’envisage pas un « self government », le CPP organise
des manifestations sanctionnées par l’arrestation de Kwame Nkrumah.
Les élections de février 1951 sont gagnées par le CPP (34 sièges sur 38).
Nkrumah, libéré, devient Premier Ministre. Ainsi, pour la première fois
dans l’histoire coloniale, un Noir est appelé à la direction de son pays.
Malgré les agissements de l’opposition conservatrice, (chefs traditionnels,
bourgeoisie) qui voulait la partition du pays en ravivant les rivalités ethniques et
religieuses, Nkrumah a pu manœuvrer avec habileté pour maintenir un Etat
unitaire. Les élections de 1956 donnent la majorité des sièges au CPP (72 sur 104).
Le 6 mars 1957, l’indépendance est proclamée et la Gold Coast prend le nom de
Ghana conformément à la vision panafricaniste de Kwame Nkrumah.
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Mamadou Dia rejoignent au Parlement le groupe des IOM (Indépendants
d’Outre Mer) qui défendent la thèse fédéraliste.
Le contexte international transforme la politique coloniale de la France : défaite
française de Dien Bien Phu en 1954, guerre d’Algérie déclenchée en 1954,
Conférence de Bandung de 1955, pression exercée par les superpuissances et
l’ONU en faveur de l’indépendance.
La France, le 23 juin 1956, revoit sa politique coloniale basée sur l’assimilation en
votant une loi cadre dite loi Gaston Deferre (du nom du Ministre français d’Outre
Mer). Cette loi, conçue avec l’aide de Houphouët-Boigny (1905-1993), introduit
le suffrage universel dans chaque territoire qui a son Assemblée et son exécutif
local ou Conseil de Gouvernement présidé par le Gouverneur. Le Gouverneur
général devient Haut Commissaire. La loi cadre a pour conséquence la suppression
des fédérations de l’AOF et de la l’AEF et la division de la classe politique africaine
entre fédéralistes (Senghor, Modibo Keïta) et territorialistes (Houphouët-
Boigny, Léon M’Ba).
L’émiettement politique qui en résulte a été considéré par Senghor comme une voie
à la « balkanisation » de l’Afrique occidentale.
Aux élections de 1956, le BDS triomphe. Mamadou Dia est nommé vice-
président du Conseil de Gouvernement. Il décide de transférer la capitale
de Saint-Louis à Dakar en 1957.
Le BDS, dans une dynamique d’élargir les bases du parti, procède à une série de
fusions : avec l’UDS de Thierno Bâ et Abdoulaye Guèye pour devenir BPS et
avec le PSAS de Lamine Guèye pour donner l’UPS.
Par ailleurs, le retour de De Gaulle (1890-1970) au pouvoir en juin 1958 pour
régler la question coloniale précipite l’évolution politique de l’Afrique noire française.
En effet, il élabore une nouvelle Constitution qui établit une Communauté entre
la France et ses colonies qui deviennent des républiques autonomes. Un referendum
sur ce projet est organisé le 28 septembre 1958. Le Sénégal vote massivement en
faveur du « oui » qui l’emporte à 97 %. Dès lors, la République du Sénégal est
proclamée le 25 novembre 1956 : c’est la période de l’autonomie interne.
Pour limiter la menace de la « balkanisation » qui pèse sur l’AOF, Senghor tente
de reconstituer une nouvelle fédération. Mais seul le Soudan français a répondu à
son appel en janvier 1959 donnant naissance à la Fédération du Mali qui reste
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dans la Communauté avec comme président Modibo Keïta, vice-président Mamadou
Dia, président de l’Assemblée fédérale Léopold Sédar Senghor.
La Fédération du Mali profite de la réunion du Conseil exécutif de la Communauté en
décembre 1959 pour exprimer sa volonté d’obtenir l’indépendance. La France cède à
cette demande et les accords sont signés le 4 avril 1960.
Les divergences politiques entre les leaders finissent par entraîner
l’implosion de la Fédération dans la nuit du 19 au 20 août 1960. Le
Sénégal proclame son indépendance le 20 août 1960 avec comme
Président de la République Senghor et comme Président du Conseil
Mamadou Dia.
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et les habitudes personnelles et sociales sans lesquelles il ne peut y avoir
application intégrale du droit public et privé des citoyens ».
Un Africain pouvait changer de statut et acquérir la citoyenneté portugaise s‘il
remplissait toutes les conditions suivantes : avoir 18 ans révolus et parler
correctement le portugais ; exercer une profession, un métier ou emploi
assurant à l’intéressé des revenus suffisants pour subvenir à ses besoins et à ceux des
membres de sa famille à sa charge, ou posséder des ressources suffisantes à cette fin ;
être de bonne vie et mœurs, ne pas avoir été inscrit comme réfractaire au
service militaire et ne pas avoir déserté.
Ainsi, l’Africain recevait le statut de citoyen en qualité d’ « assimilado », une fois
ces conditions remplies. Le statut particulier de l’indigénat impliquait qu’il n’était pas
« civilisé ». En fait, il y a une répartition de la population en deux grandes
catégories : les « civilizados » (« civilisés) et les « nao civilizados » (« non
civilisés »). La partie civilisée de la population regroupait toutes les personnes
d’origine européenne (portugais et étrangers) et les Africains reconnus comme
« civilisés ». Selon le recensement de 1950, moins de 1 % de la population africaine
d’Angola était officiellement classée dans la catégorie des « civilisés ».
Le statut de l’indigénat avait également des implications économiques et sociales.
L’indigène était soumis au travail forcé pour le compte de l’Etat ainsi qu’à la
culture obligatoire du coton. De même, il ne pouvait acquérir des titres de
propriété foncière.
Le Portugal refuse de prêter attention à l’évolution des événements en Afrique et reste
donc au dehors des mouvements anticoloniaux nés de la guerre. En novembre 1960,
une déclaration officielle précisait : « Nous ne sommes pas en Afrique comme
tant d’autres. Nous continuerons comme par le passé notre politique
d’assimilation. Pour cela, il nous faut être ce que nous avons toujours
été et nous ne changerons pas ». Devant cette volonté de ne rien changer et
comme aucune action légale n’était possible, la lutte armée va s’engager dans la
plupart des colonies notamment en Angola et en Guinée-Bissau.
2) La décolonisation de la Guinée-Bissau
a) La lutte pour l’indépendance
La Guinée-Bissau était la plus pauvre des colonies portugaises sur le
continent africain. Le régime du Dr Antonio De Oliveira Salazar (1889-
1970) considérait la Guinée-Bissau comme une colonie d’exploitation mercantile. La
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population bissau-guinéenne est peu dense. Elle compte plusieurs ethnies (Peuls,
Balantes, Mandjacks) qui pratiquent essentiellement l’agriculture. C’est pourquoi en
1954, Salazar fit une distinction entre la population non civilisée et les
« assimilados », sachant lire et écrire le portugais. Ces derniers représentaient
0,39 % de la population totale.
Le 19 mars 1956, le Partido Africano da Independancia da Guiné a Cabo
Verde (Parti Africain de l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert :
PAIGC) vit le jour sous forme d’un mouvement clandestin ayant son siège hors
de Guinée-Bissau. A partir de cette date, plusieurs grèves furent organisées par les
travailleurs revendiquant des augmentations de salaires.
Le PAIGC est fondé par Amilcar Cabral (1921-1973) qui fit des études
d’agronomie au Portugal et devint en 1952 fonctionnaire en Guinée. Jugé dangereux,
il est affecté en Angola. Lors d’un de ses retours à Bissau, il crée ce mouvement avec
cinq camarades dont son demi-frère Luiz de Almeida Cabral et Aristides
Preira.
Le PAIGC va s’orienter rapidement vers la lutte armée suite à deux événements
majeurs :
- en 1957, la Police intérieure de la Défense de l’Etat (PIDE) ou Police secrète
portugaise s’installe à Bissau. La répression allait s’accentuer en conséquence ;
- le 3 août 1959, les autorités ouvrirent le feu sur les dockers en grève de
Pidgiguiti. Cinquante (50) personnes furent tuées et un grand nombre de blessés,
tandis que d’autres étaient arrêtées.
Aidé par Sékou Touré, Amilcar Cabral fonde à Conakry en 1960 une école de
cadres et des bases d’entraînement. Trois ans après, le PAIGC emploie la tactique qui
consiste à créer des « zones libérées » à l’intérieur desquelles on installe un
embryon d’administration, des écoles, des hôpitaux… En 1970, les 5 000
combattants du mouvement ont libéré 2/3 de la Guinée-Bissau, le Portugal gardant
le contrôle des zones urbaines grâce à une armée forte de 40 000 soldats.
Du 2 au 8 avril 1972, une mission spéciale des Nations unies visite les « zones
libérées » de Bissau et apprécie les réalisations sociales, sanitaires et éducatives.
Ainsi, l’ONU considère le PAIGC comme « seul et authentique représentant
des populations du territoire » de Guinée et réaffirme le droit inaliénable de
celles-ci à l’indépendance.
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Le 20 janvier 1973, Amilcar Cabral est assassiné par un dissident du
PAIGC. Mais l’Assemblée nationale populaire proclame le 24 septembre
1973 l’indépendance de la Guinée-Bissau qui devient très vite membre de l’OUA le
20 novembre 1973. Devant cette situation de fait, le Portugal va négocier un
désengagement avec les leaders du PAIGC.
b) Le coup d’Etat au Portugal et ses conséquences
Le 25 avril 1974, le coup d’Etat du mouvement des forces armées (qui est le fait de
jeunes officiers) renverse le gouvernement de Marcelo Caetano (1906-1980)
(« révolution des Œillets ») et met fin au régime dictatorial du Portugal. Le mot
d’ordre est : « Démocratie chez nous, décolonisation en Afrique ».
Le PAIGC accepte d’aller négocier à Londres à partir du 25 mai 1974. Mais deux
problèmes subsistent :
- le mouvement veut l’indépendance immédiate alors que le Portugal veut procéder
par étapes ;
- les Portugais veulent dissocier la Guinée-Bissau du Cap-Vert alors que, pour le
PAIGC, la lutte du Cap-Vert est inséparable de celle de la Guinée.
Après l’échec de la rencontre de Londres, un nouveau gouvernement s’installe au
Portugal le 13 juillet 1974. Les négociations reprennent à Alger. Kurt Waldheim (
né en 1918, 4e SG des Nations unies de 1972 à 1981), secrétaire général de l’ONU,
effectue le déplacement au Portugal le 29 juillet. Finalement, le 10 septembre
1974, à Lisbonne, l’acte reconnaissant formellement l’indépendance de la
Guinée-Bissau a été signé.
NB : Le cas de l’archipel du Cap-Vert : Le Cap-Vert n’a pas connu de résistance
armée et était proche du Portugal à cause de sa population et de sa géographie. Les
mouvements étaient favorables à une indépendance séparée et à une coopération
avec le Portugal. Le 21 décembre 1974, suite à un accord entre le PAIGC et le
Portugal, l’indépendance est fixée au 5 juillet 1975.
3. La décolonisation de l’Angola
a) Une colonie d’exportation
Le Portugal est une métropole sous-développée qui a expérimenté un système
d’administration directe en mettant en place un appareil administratif dirigé par des
colons et des infrastructures pour exploiter les richesses minières (fer, diamant,
pétrole, etc.).
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Sur le plan juridique, l’Angola devient un département depuis la Constitution de
1933. Les nombreux avantages accordés aux colons (de bonnes terres) expliquent
leur afflux de plus en plus important (35 000 entre 1900 et 1950). Cette minorité
de colons portugais exploite la majorité des indigènes qui sont considérés comme des
sujets subissant le travail forcé. Cette population non assimilée s’opposait à une
minorité de métis considérés comme assimilés ou « assimilados » (30 000) parce
que sachant lire et écrire le portugais (citoyens portugais). Les non assimilés, qui
sont victimes de l’injustice et de l’arbitraire du système colonial, vont s’organiser dans
le cadre de mouvements nationalistes pour réclamer l’indépendance de leur pays.
b. Naissance et évolution des mouvements nationalistes
Les mouvements nationalistes, longtemps étouffés par les pesanteurs d’un système
colonial rigide, se réveillent à partir des années 1950. Parmi ceux-ci, on peut noter :
- le MPLA (Mouvement populaire de Libération de l’Angola), créé en 1956 par
Mario Do Andrade (1928-1990) et dirigé par Agostino Neto (1922-1979). Ce
mouvement d’orientation communiste réclame l’indépendance ;
- le FNLA, fondé en 1962, est dirigé par Roberto Holden. Ce mouvement,
d’orientation libérale, réclame l’indépendance ;
- l’UNITA, fondée en 1966: ce mouvement est né d’une scission du FNLA. Il est
dirigé par Jonas Savimbi.
c. La guerre d’indépendance
Devant l’entêtement du Portugal qui n’entrevoit aucune évolution politique de ses
colonies, les mouvements nationalistes engagent la lutte armée par des attaques de
planteurs portugais et des attentats urbains.
Le gouvernement portugais, dirigé par le dictateur Salazar refuse la voie
de la négociation et cherche à écraser la répression de la lutte armée qui
se poursuit jusqu’en 1974.
Le nouveau régime mis en place par le général Spinola (le 25 avril 1974, à la suite
du coup d’Etat (« révolution des Œillets ») marque un tournant dans la
décolonisation portugaise. Ce gouvernement, ayant pris conscience de l’irréversibilité
de la décolonisation, engage des négociations avec les mouvements qui débouchent
sur les accords d’Alvor le 15 janvier 1975 qui prévoient la mise en place d’un
gouvernement intérimaire devant conduire le pays à l’indépendance.
Mais en mars 1975, la décolonisation angolaise subit l’implication de la guerre
froide qui s’exprime par l’immixtion des forces étrangères : le MPLA soutenu par
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l’URSS et Cuba, le FNLA appuyé par le Zaïre, les USA et l’Angleterre, l’UNITA par
l’Afrique du Sud.
Le 11 novembre 1975, l’Angola proclame son indépendance qui sera vite
suivie par une guerre civile remportée par le MPLA grâce à l’aide
militaire soviétique et d’un contingent de 400 000 Cubains. Mais cette
victoire est vivement contestée par l’UNITA de Jonas Savimbi appuyé par
les Occidentaux. Sa mort en février 2002 a mis fin à la rébellion. Ainsi le
4 avril 2002, un accord de paix est signé prévoyant l’intégration des
armées rebelles inaugurant une nouvelle ère de paix pour un peuple
longtemps déchiré.
Conclusion
L’accession à l’indépendance de la Gold Coast en 1957 a été facilitée par
l’Angleterre qui a fait preuve d’une grande souplesse. Trois ans plus tard, le Sénégal
obtient son indépendance (1960). Ce retard résulte de l’attentisme d’une élite
modérée qui a tardé à la revendiquer. L’indépendance de la Guinée-Bissau (1974)
et celle de l’Angola (1975) ont été plus tardives. L’entêtement de la métropole
portugaise, par son immobilisme, a poussé les mouvements nationalistes à prendre
l’option de la lutte armée pour arracher leur indépendance de leur main.