Gestion Budgétaire Tunisie
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Préface
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
4 – PRÉFACE
Cet examen a montré des résultats positifs importants et a identifié des domaines
d’action prioritaires pour renforcer la transparence et la performance de la gestion des
finances publiques. Plus important encore, l’examen insiste sur la nécessité que la
réforme de la GBO aille au-delà des finances publiques et devienne un levier de
modernisation de l’administration et de l’État tunisien. Ceci part d’un constat tiré de
l’expérience de plusieurs pays membres de l’OCDE qui confirme que la budgétisation par
la performance seule ne peut pas transformer un pays. C’est une réforme nécessaire, mais
elle est loin d’être suffisante. Les pays ayant réussi le pari de la budgétisation par la
performance ont mené conjointement des réformes institutionnelles et budgétaires.
L’OCDE est fière de continuer à soutenir l’action des autorités tunisiennes pour
relever ce défi et se tient à leurs côtés dans le processus de renaissance pour une Tunisie
nouvelle et prospère.
Angel Gurría
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PRÉFACE – 5
Préface
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
6 – PRÉFACE
Lamia Zribi
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AVANT-PROPOS – 7
Avant-propos
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8 – AVANT-PROPOS
Ce rapport fait partie d’une série de trois rapports réalisés par le secrétariat de
l’OCDE à la demande des autorités tunisiennes dans le cadre du projet « une gouvernance
efficace au service de la transition politique et de la prospérité économique en Tunisie »,
financé par le ministère fédéral allemand des affaires étrangères.
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REMERCIEMENTS – 9
Remerciements
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10 – REMERCIEMENTS
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
TABLE DES MATIÈRES – 11
Résumé ............................................................................................................................................ 17
Évaluation et recommandations.................................................................................................... 19
Introduction .................................................................................................................................... 27
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
12 – TABLE DES MATIÈRES
Tableaux
0.1. Tunisie : croissance réelle du PIB et solde des comptes courants ............................................. 30
0.2. Dette brute consolidée des administrations publiques............................................................... 32
0.3. Inflation selon l’indice des prix à la consommation .................................................................. 32
1.1. Présentation classique de la loi de finances (partie relative aux dépenses) ............................... 52
1.2. Exemple du projet en cours de discussion de présentation programmatique
du budget du MEHAT ...................................................................................................................... 52
1.3. Comparatif du contenu et des annexes du projet de loi de finances .......................................... 57
2.1. Crédits pour dépenses imprévues (titres 1 et 2 de la loi de finances) ........................................ 74
3.1. PAP 2014 du ministère de l’enseignement supérieur : répartition par programmes ................. 84
4.1. Les contrôles actuels de la dépense publique ............................................................................ 98
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TABLE DES MATIÈRES – 13
Graphiques
0.1. Évolution des dépenses en Tunisie (en pourcentage du PIB) .................................................... 31
0.2. Part de l'encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les
exportations ...................................................................................................................................... 31
0.3. Index de la budgétisation axée sur la performance dans les pays de l’OCDE .......................... 35
0.4. Chronogramme du projet de la GBO en Tunisie ....................................................................... 39
3.1. Exemple de mission : enseignement supérieur et recherche scientifique, présentation
des programmes et sous-programmes .............................................................................................. 84
3.2. Chaîne des résultats ................................................................................................................... 88
7.1. Le décret n 99-529 fixant la nomenclature des dépenses du budget de l’État......................... 140
8.1. Les différentes ressources d’organisation d’un système d’information .................................. 159
8.2. Cartographie du SI tunisien et flux associés............................................................................ 163
8.3. Le système d’information budgétaire et comptable français et la dématérialisation
des pièces de la dépense ................................................................................................................. 165
Encadrés
0.1. Indice de la performance budgétaire ......................................................................................... 34
1.1. La transformation de la présentation et de la structure du budget pour mieux faire
apparaître les performances .............................................................................................................. 51
1.2. Le principe de transparence dans loi organique de stabilisation budgétaire et financière
en Espagne........................................................................................................................................ 56
1.3. La transparence de l’information et le contrôle du Parlement français ..................................... 58
1.4. France : une documentation enrichie dans la loi organique relative aux lois de
finances (LOLF) ............................................................................................................................... 58
2.1. L’établissement du budget en Allemagne ................................................................................. 67
2.2. Les acteurs de la préparation du budget au Canada .................................................................. 68
2.3. Le rôle du parlement dans la gestion budgétaire axée sur la performance dans certains
pays de l’OCDE ............................................................................................................................... 69
2.4. Les principales dispositions financières contenues dans l’article 134 de la
constitution espagnole ...................................................................................................................... 78
3.1. Le Comité interministériel d'audit des programmes (CIAP) en France .................................... 90
4.1. Les procédures particulières de l’exécution du budget au Luxembourg ................................. 104
5.1. Le nouveau régime de responsabilité personnelle et pécuniaire du comptable
public en droit français ................................................................................................................... 116
6.1. La procédure de contrôle interne au Luxembourg .................................................................. 122
6.2. Les contrôleurs budgétaires et comptables ministériels en France.......................................... 123
6.3. L’exemple de l’organisation du service de contrôle budgétaire et comptable
ministériel du ministère de la justice français ................................................................................ 124
6.4. Référentiel intégré de contrôle interne du COSO, inspirant ceux des secteurs privés
et public .......................................................................................................................................... 127
6.5. Exemples de contrôles de gestion en France ........................................................................... 131
7.1. La Direction générale des finances publiques française.......................................................... 138
7.2. L’impact de la LOLF française sur la comptabilité de l’État .................................................. 142
7.3. Normes d’information financière et de certification – Canada : Que sont
les normes comptables ? ................................................................................................................. 152
7.4. Les autorités des normes comptables françaises ..................................................................... 153
8.1. La Commission de gouvernance des systèmes d’information et de communication
du Canton de Genève ..................................................................................................................... 169
8.2. CHORUS – Le système d’information budgétaire et comptable français............................... 170
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14 – TABLE DES MATIÈRES
Encadrés (suite)
9.1. La Cour des Comptes espagnole ............................................................................................. 186
9.2. Enquête par le Bureau Australien d’Audit National des membres du comité
parlementaire et des secrétaires du comité ..................................................................................... 186
10.1. La budgétisation par la performance, un instrument de modernisation de
la gestion publique ......................................................................................................................... 199
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ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS – 15
Acronymes et abréviations
AE Autorisations d’engagement
ANC Autorité des normes comptables
ARP Assemblée des représentants du peuple
BAAN Bureau australien d’audit national
BAD Banque africaine de développement
BCT Banque centrale de Tunisie
BOP Budgets opérationnels de programme
CBCM Contrôleur budgétaire et comptable ministériel
CCP Compte courant postal
CDMT Cadre des dépenses à moyen terme
CDP Contrôleur des dépenses publiques
CGABE Comité général de l’administration du budget de l’État
CGDEAF Contrôle général des domaines de l’État et des affaires foncières
CGF Contrôle général des finances
CGSP Contrôle général des services publics
CHD Contrôle hiérarchisé de la dépense
CIAP Comité interministériel d'audit des programmes
CIMF Centre informatique du ministère des Finances
CNC Conseil national de la comptabilité
CNI Centre national de l’informatique
CNOCP Conseil de normalisation des comptes publics
COSO Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway
Commission
CP Crédits de paiement
DAF Directeur administratif et financier
DCF Direction du contrôle financier
DGCPR Direction générale de la comptabilité publique et du recouvrement
DGFiP Direction générale des finances publiques
DGRE Direction générale des ressources et des équilibres
EPA Établissements publics administratifs
FMI Fonds monétaire international
FONDAFIP Association pour la fondation internationale de finances publiques
GAO Government Accountability Office
GBO Gestion Budgétaire par Objectifs
GPEEC Gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences
GRH Gestion des ressources humaines
HCCAF Haut comité de contrôle administratif et financier
IGAE Contrôleur général de l'administration d'État
IGF Inspection générale des finances française
INS l’Institut national de la statistique
INTOSAI Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle
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16 – ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
IP Indicateurs de performance
ISC Institution supérieure de contrôles
ISO Organisation internationale de normalisation
ITCEQ Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives
JPE Justification des crédits au premier euro
LF Loi de finances
LFR Lois de finances rectificatives
LOB Loi organique du budget
LOLF Loi organique relative aux lois de finances
LRB Loi de règlement du budget
MDICI Ministère du développement, de l’investissement et de la coopération
internationale
MEHAT Ministère de l’équipement, de l'habitat et de l'aménagement du
territoire
MENA Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord
NAO National Audit Office
NGP Nouvelle gestion publique
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
PAC Public Accounts Committee
PAP Projets annuels de performance
PCGR Principes comptables généralement reconnus
PGI Progiciel de gestion intégré
PGT Paierie générale de Tunis
PLF Projets de loi de finances
PLR Projet de loi de règlement
RAP Rapports annuels de performance
SI Système d’information
TGT Trésorerie générale de Tunisie
TIC Technologies de l'information et de la communication
TND Dinar tunisien
TOFE Tableau des opérations financières de l'État
UE Union européenne
USD Dollars américains
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RÉSUMÉ – 17
Résumé
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18 – RÉSUMÉ
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS – 19
Évaluation et recommandations
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20 – ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS
Des objectifs ambitieux et des succès indéniables dans tous les domaines…
Les objectifs assignés à l’expérience de la mise en œuvre de la GBO en Tunisie ont
été ambitieux, tant sur le plan institutionnel (ex. révision du cadre législatif et
réglementaire, instauration d’un système global d’information budgétaire et financière),
que sur le plan technique (ex. réforme de la nomenclature budgétaire et comptable,
révision du règlement général de la comptabilité publique). Ces objectifs forment des
défis considérables pour tous les pays, et en particulier, pour la Tunisie qui subit une
situation postrévolutionnaire dans un contexte régional dégradé. Malgré ces contraintes,
la Tunisie a atteint des résultats importants. Le premier succès a été l’élaboration d’un
projet de loi organique du budget qui a été établi et est aujourd’hui à l’examen au
parlement. De même, les expérimentations « départementales » (ministérielles) ont
autorisé une modernisation partielle de la présentation budgétaire, à législation constante.
Le projet de loi de finances a ainsi été présenté pour information du parlement, sous un
format programmatique (projets annuels de performance -PAP-), selon des modèles
homogènes pour l’ensemble des ministères et une méthode d’évaluation de la
performance et des indicateurs de performance ont aussi été établis.
Par ailleurs, dans les ministères dans lesquels la cartographie des programmes
ministériels paraît la plus en avance, la responsabilisation des responsables de
programmes a provoqué des réflexions fructueuses sur la structuration et l’organigramme
des ministères concernés.
Une plus grande souplesse d’exécution de la dépense publique a aussi été
expérimentée avec la réforme du système de contrôle des dépenses publiques, la
réduction progressive du contrôle a priori au profit d’un contrôle a posteriori, et la
création d’un contrôle hiérarchisé de la dépense publique.
Un travail remarquable a aussi été entrepris concernant le système de la comptabilité
publique. Celui-ci tend à doter la Tunisie d’une comptabilité publique en partie double et
retraçant la situation patrimoniale de la collectivité publique. Ainsi un début de nouvelle
nomenclature comptable a été expérimenté et une disposition de la loi des finances de
2014 a créé le comité des normes comptables, sans que cette instance ait pour l’instant
débuté son activité.
Une expérimentation de portée limitée du système d’information « modernisé » a,
enfin, été lancée dans la Paierie Générale de Tunisie et devrait être étendue à d’autres
postes comptables.
Il s’agit, en conséquence, de progrès considérables sur la voie de l’instauration
complète de la GBO. Ces progrès se heurtent, pourtant, à des nœuds gordiens de nature à
bloquer la poursuite de la réforme.
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ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS – 21
l’exécution des lois de finances. Le budget donc continue d’être approuvé et contrôlé
selon les mécanismes classiques.
L’homogénéité de la conception et de l’action de l’État souffre, de son côté, de la
dichotomie entre le ministère des Finances et le ministère du Développement, de
l’investissement et de la coopération internationale, qui affecte la capacité pour le comité
général de l’administration du budget de peser réellement sur les dépenses
d’investissement, d’autant plus que dans la situation postrévolutionnaire, ce comité a été
tenu à l’écart des choix fondamentaux en matière de recrutement d’agents publics et
d’évolution de la masse salariale.
Dans la réalité, les liaisons entre le tableau des opérations financières de l'État
(TOFE), le cadre des dépenses à moyen terme (CDMT), le plan de développement et la
loi des finances de l’année n’ont pas été établies. Si bien que pour l’instant, la préparation
des PAP et des RAP demeure assez largement un exercice académique, sans impact réel
sur les choix publics et la gestion ; les indicateurs de la performance nécessitent aussi de
faire l’objet d’une nouvelle évaluation.
Il est également apparu au cours de l’évaluation par les pairs que les ministères
demeurent à des stades très différents dans la détermination et, encore plus, la mise en
œuvre de leur « cadre de performance ». Cet écart forme indiscutablement une difficulté
et un effort reste à accomplir pour mettre à niveau l’ensemble des ministères.
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22 – ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS
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ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS – 23
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24 – ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS
• regrouper les contrôles généraux dans un seul corps, disposant des garanties
statutaires permettant à ses membres de remplir de la façon la plus autonome
possible leur mission, tout en restant subordonnés au gouvernement. Il serait aussi
opportun de fusionner certaines inspections ministérielles jusqu’à réduire leur
nombre à environ 10 ;
• examiner les différentes options de rattachement du nouveau contrôle général :
soit à la Présidence du gouvernement, ou au ministre des finances, soit sous leur
double tutelle. Dans tous les cas, garantir que tous les ministres aient la possibilité
de demander des travaux au nouveau contrôle général, selon un ordre arrêté par le
Chef du gouvernement.
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ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS – 25
• établir une collaboration forte entre l’ARP et la Cour des Comptes donnant sa
pleine portée à l’article 117 de la Constitution ; instaurer rapidement un protocole
de travail permettant à l’assemblée de recourir à la Cour des Comptes sans
l’empêcher pratiquement de conduire ses travaux selon ses propres priorités ;
prévoir que le rapport annuel de la Cour des Comptes est présenté et débattu en
séance plénière de l’ARP ;
• continuer à mettre à niveau l’ensemble de la fonction juridictionnelle et
financière, qu’elle porte sur les comptes des comptables ou les fautes de gestion
des ordonnateurs en y incluant les élus politiques et ministres ;
• confier à la Cour des Comptes le suivi de ses observations et recommandations ;
• procéder à la mise en état des comptes par l’administration, d’abord, en
améliorant le fonctionnement des postes comptables, ensuite, en lançant une
campagne d’apurement des comptes de sorte à résoudre les causes systémiques
des défaillances qui aboutissant finalement à la Cour des Comptes.
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26 – ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS
Références
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INTRODUCTION – 27
Introduction
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28 – INTRODUCTION
régionale. Elle énonce aussi de manière réitérée l’égalité entre les citoyens et les droits
des femmes, les droits et libertés individuelles, collectifs, économiques, sociaux, culturels
et environnementaux. Elle soutient, enfin, la protection des droits de l’enfant et des
personnes handicapées. Si elle prévoit la possibilité du référendum, la nouvelle
constitution a érigé un régime parlementaire, avec la volonté de partager les pouvoirs et
garantir la protection des libertés publiques et la bonne gestion publique. Comme il sera
démontré par la suite, ces principes se reflètent dans le nouveau droit budgétaire du pays.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
INTRODUCTION – 29
La situation macroéconomique
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
30 – INTRODUCTION
Tableau 0.1. Tunisie : croissance réelle du PIB et solde des comptes courants
Moyenne Projections
1997-
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
2006
Croissance réelle
4,9 6,3 4,5 3,1 2,6 -1,9 3,7 2,3 2,3 0,8 3,0
du PIB
Solde des comptes
-2,4 -3,8 -2,8 -4,8 -7,5 -8,2 -8,3 -8,8 -8,5 -7,0
courants
Source : Banque Mondiale (2015), Rapport de suivi économique de la région MENA, Washington D.C, www-wds.worldbank.org/external/
default/WDSContentServer/WDSP/IB/2015/10/20/090224b08315ad58/1_0/Rendered/PDF/In0galit0s00so00dans0le0monde0arabe.pdf.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
INTRODUCTION – 31
35.0
30.0
25.0
20.0
15.0
10.0
5.0
0.0
2007 2012 2013 2014 2015(e) 2016(p) 2017(p)
Figure 0.2. Part de l'encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les
exportations
70
60
50
40
30
20
10
0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
32 – INTRODUCTION
Date 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Taux/PIB 48,8 45,9 43,3 42,8 40,7 44,5 44,5 44,3 50,0 54,0
Variation -7,03 % -5,84 % -5,77 % -1,20 % -4,95 % -9,41 % -0,03 % -0,51 % 13,01 % 7,86 %
Source: IMF (2015), World Economic Outlook (WEO), Washington D.C, www.imf.org/external/pubs/ft/weo/
2015/02/pdf/text.pdf
Le projet de la loi des finances pour l'exercice 2016 contribue, avec les réformes
structurelles actuellement en cours de mise en œuvre en Tunisie, au rétablissement de la
croissance du PIB, à la lutte contre l'évasion fiscale, la contrebande et l'économie
parallèle. Les hypothèses ayant présidé à sa préparation semblent réalistes. Ainsi, le prix
du baril du pétrole a été prévu à USD 55 et le taux de change à 1,970 dinar tunisien
(TND) pour un USD6. Le taux de croissance fixé à 2,5 % paraît, toutefois, volontariste. Il
devrait favoriser la création de 50 000 emplois, tout en permettant l’augmentation
maîtrisée de 3,9 % des importations et de 3 % des exportations.
Le budget de l'État pour l'exercice 2016 s’élèvera à 29 250 millions de TND, en
augmentation de 7,1 % par rapport à 2015. 35 % de ses dépenses sont sociales (éducation,
formation professionnelle, affaires sociales, famille, santé, enfance, etc.) et 17 %
destinées à la défense et à la sécurité publique. Le déficit budgétaire apparaîtra en
réduction, passant de 4,4 % en 2015 à 3,9 % du PIB en 2016 (6 594 MTND). Il sera
financé par l’émission de 1 000 MTND de Sukuks 7, 2 000 MTND de bons de trésor et
3 594 MTND d’emprunts internationaux. L'endettement passera de 52,7 % à 53,4 % du
PIB entre 2015 et 2016 et les services de la dette de 4 700 MTND à 5 130 MTND entre
2015 et 2016.
Les investissements se situeront à 5 400 MTND, dont 47 % (2 480 MTND) se
trouvent réservés, jusqu'à la fin 2015, à l'achèvement des projets en cours et 53 % à des
nouveaux investissements. Les subventions baisseront de 3 232 MTND en 2015 à
2 612 MTND en 2016. Elles s’élèveront à 1 600 MTND pour les produits de base (contre
1 350 MTND en 2015), 580 MTND pour les carburants (contre 820 MTND en 2015) et
433 MTND pour le secteur du transport (contre 416 MTND en 2015). Le recrutement de
15 800 nouveaux fonctionnaires est prévu dans les secteurs prioritaires : 5 200 au
ministère de l’intérieur, 6 500 dans celui de la défense, 1 100 dans celui de la justice,
2 700 dans le secteur de la santé et 190 dans le domaine des affaires sociales. Des
augmentations salariales devraient intervenir au titre, d’abord, du nouveau programme
2015-2016 à compter du 1er janvier 2016, et, ensuite, du nouveau programme spécial à
partir du 1er juillet 2016. Dans l’immédiat, la réforme fiscale provoquerait une perte de
recettes publiques de 31 MTND 8.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
INTRODUCTION – 33
Naturellement, pour produire des effets à long terme, l’ensemble des mesures figurant
dans la loi de finances devraient être accompagnées de réformes structurelles comme
celles préconisées par l’OCDE dans ces travaux sur la Tunisie (OCDE, 2015b).
La GBO s’inspire d’un mouvement ayant depuis trois décennies atteint les pays
membres de l’OCDE sous des formes diverses.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
34 – INTRODUCTION
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
INTRODUCTION – 35
Figure 0.3. Indice de la budgétisation axée sur la performance dans les pays de l’OCDE1
1. Cet indice examine à quel degré chaque pays de l’OCDE a mis en place un système de budgétisation
axée sur la performance. Cependant, il ne mesure pas la réussite de ces systèmes dans la pratique. La
moyenne de l’OCDE est basée sur 31 pays membres. Le Chili, l’Islande et les États-Unis n’ont pas
répondu.
Source: OCDE (2014a), Budgeting practices and procedures in OECD countries, www.oecd-
ilibrary.org/governance/budgeting-practices-and-procedures-in-oecd-countries_9789264059696-en.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
36 – INTRODUCTION
a aussi, par la loi n° 68-8 du 8 mars 1968, prévu l’existence d’une Cour des Comptes,
chargée de contrôler les comptes publics.
La volonté de mettre en place une gestion par objectif s’est manifestée dans le décret
du 6 juillet 1996 10 qui, a autorisé les ministres à instituer des unités chargées de cette
fonction pour des projets déterminés. Ce décret a conduit à l’instauration de plusieurs
unités destinées à l’exécution de projets précis, tels que la construction d’un hôpital, d’un
établissement universitaire, d’un barrage ou encore d’une autoroute. Au total, 199 décrets
ont porté sur l’instauration ou la modification d’unités de gestion par objectifs dans le
pays.
Montrant une avancée dans la concrétisation de ce nouveau mode de gestion, le décret
du 24 novembre 2003 a établi, dans le ministère des Finances, une unité chargée de
préparer, en cinq ans, la gestion budgétaire par objectifs 11. De son côté, le législateur a
consacré, en 2004, dans la loi organique du budget (LOB) les fondements de la gestion
budgétaire par objectifs. L’article 11 de ce texte prévoit que la loi de finances peut
autoriser l’affection des crédits selon des programmes et des missions. Dans l’esprit du
législateur, les programmes comprennent les crédits affectés à une action ou un ensemble
d’actions homogènes mises à la charge de chaque chef d’administration, en vue
d’atteindre des objectifs déterminés et des résultats pouvant être évalués 12. Quant aux
missions, elles comprennent un ensemble de programmes concourant à concrétiser une
stratégie d’intérêt national 13. Cependant, face à son ampleur, la mise en œuvre effective
de la réforme a tardé. Si bien qu’un décret du 30 décembre 2008 a créé, une nouvelle fois,
une unité assumant le projet de réforme et de la gestion du budget de l’État qui, dans le
délai de cinq ans, devait accomplir cette tâche 14.
Il ressort donc que l’adoption d’une législation prévoyant la GBO n’a pas empêché la
mise en œuvre de cette dernière de manière très lente. En effet, l’application de la GBO
n’est pas obligatoire. L’article 11 de la LOB énonce seulement la possibilité d’affecter les
crédits en application du programme et des missions. Par ailleurs, la GBO n’apparaît pas
exclusive du mode de gestion classique. Les réformes des années 2009 à 2011 n’ont
qu’instauré la possibilité de combiner le mode de gestion classique, fondé sur une
nomenclature budgétaire organique (sections, chapitres, articles…) et une gestion
nouvelle établie sur une nomenclature fonctionnelle (missions et programmes). Si bien
que, juridiquement, le vote du budget par le parlement continue à intervenir
exclusivement selon la nomenclature organique, c’est-à-dire par section et chapitre pour
les dépenses de l’État, et par section, la partie et article pour les dépenses des collectivités
locales.
De manière générale, la mise en œuvre de la législation relative à la GBO a rencontré
des difficultés considérables. Le projet semblait de nature technocratique et avec un
intérêt pratique limité. En effet, les gouvernements prérévolutionnaires l’avaient surtout
repris en réponse aux demandes des bailleurs internationaux et pour afficher leurs
volontés modernisatrices. Le parlement, essentiellement une chambre d’enregistrement
du pouvoir exécutif, n’éprouvait pas le besoin de se doter de moyens lui permettant
d’adopter des choix éclairés de politique publique et de contrôle de l’action du
gouvernement et de l’administration. Cette dernière, enfin, était consciente des très
grands défis soulevés par le passage véritable à la GBO, des profondes évolutions qu’elle
requiert et des moyens considérables qu’elle impliquerait. D’un point de vue technique, la
détermination des objectifs, et la répartition de la capacité budgétaire auraient impliqué
des choix forts, que seul un pouvoir politique réellement désireux de s’engager dans la
GBO aurait assumé. Enfin, la GBO requiert de considérer des variations économiques
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INTRODUCTION – 37
conjoncturelles. Or, dès le milieu des années 2000, la situation économique tunisienne a
connu une dégradation importante et réduit la marge ou souplesse budgétaire utile pour
conduire le projet.
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38 – INTRODUCTION
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
INTRODUCTION – 39
Source : Ministère des Finances (2014) Le cadre législatif et réglementaire de la GBO (complété par l’OCDE).
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40 – INTRODUCTION
Notes
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INTRODUCTION – 41
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42 – INTRODUCTION
Références
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 43
Chapitre 1
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44 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 45
(article 91) et gère l’administration (article 92). Le gouvernement et son chef constituent
les autorités responsables de préparer et d’exécuter le budget de l’État sans, pour autant
empêcher, dès aujourd’hui, l’Assemblée des représentants du peuple d’assumer un rôle
fondamental en matière budgétaire. Naturellement, le plein avènement de la GBO a
vocation à accroître considérablement ce rôle.
Dans sa recherche d’efficacité et de respect de la volonté populaire, la Constitution de
2014 fixe précisément le cadre des règles des finances publiques et de bonne gouvernance
financière. Au moins quatre de ses articles déclinent les principes, le contenu des lois de
finances et la procédure budgétaire. Son article 10 prévoit que : « L’État veille à la bonne
gestion des deniers publics, prend les mesures nécessaires afin que leur dépense
s’effectue selon les priorités de l’économie nationale et œuvre à contrecarrer la corruption
et tout ce qui est de nature à porter atteinte à la souveraineté nationale. » L’article 63 fixe
le droit de proposition des lois et d’amendement des membres de l’Assemblée des
représentants du peuple. Il détermine que celles-ci ne sont pas recevables si elles portent
atteinte aux équilibres financiers arrêtés dans la loi de finances.
La Constitution comporte, également, une séparation entre, d’une part, le domaine de
la loi organique et celui de la loi ordinaire, et, d’autre part, les domaines législatif et
réglementaire. Au sujet des questions financières, son article 65 énonce que sont adoptés
sous forme de lois ordinaires, les textes relatifs à : « […] La délimitation de l’assiette de
l’impôt, de ses taux et de ses procédures de recouvrement, sauf délégation accordée au
Chef du gouvernement en vertu des lois de finances ou des lois à caractère fiscal : […]
Les crédits et les engagements financiers de l’État ; […] Les lois de finances, la clôture
du budget et la ratification des plans de développement […]. Les textes qui prennent la
forme de lois organiques sont ceux relatifs à : […] la loi organique de budget. »
En accord avec les principes du régime parlementaire, la Constitution arrête de
manière générale le contenu de la loi de finances. L’article 66 prévoit que la loi fixe les
recettes et dépenses de l’État. Il détermine aussi la procédure et le calendrier budgétaire
de préparation, examen et vote du budget par le parlement. Il convient d’ajouter à ces
dispositions celles de l’article 67 qui énoncent que « les traités relatifs […] aux
engagements financiers de l’État, […] ou aux dispositions à caractère législatif sont
soumis à l’approbation de l’Assemblée des représentants du peuple. »
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46 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
La législation tunisienne suit, enfin, les grands principes classiques des finances
publiques en la matière : l’annualité, l’unité, l’universalité, la spécialité et l’équilibre
budgétaire des comptes (Essousi, 2013).
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 47
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48 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 49
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50 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
droit des finances publiques de leur pays dans cette voie, en faisant évoluer la législation
classique actuelle. Pour ce faire, elles désirent inscrire la performance et la vision
programmatique dans le projet de la future LOB et les concrétiser dans la structuration
programmatique de la loi des finances, la spécialisation des crédits par programme et le
contenu du projet de loi de finances et des documents joints.
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 51
Quelques pays ont changé la composition du budget pour mettre l’accent sur les produits et/ou les résultats.
L’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni l’ont fait dans le cadre des mesures
d’introduction de la budgétisation basée sur les engagements. À partir de 2000, l’Australie a remanié son budget
pour se concentrer sur les résultats (Scheers, Sterck et Bouckaert, 2005). En 2001, les Pays-Bas ont modifié la
forme du budget pour l’ordonner en fonction des orientations de politique du gouvernement ou des résultats qu’il
recherche. Depuis les années 1980s, le budget de la Nouvelle-Zélande est structuré sur la base des produits. Au
milieu des années 1990s, on avait privilégié les réalisations, en adoptant les « domaines de résultats essentiels »
(KRA) et en définissant pour le moyen terme des « domaines de résultats stratégiques » (SRA), qui fixaient aux
ministères des objectifs détaillés. Malgré l’intérêt porté aux réalisations en Nouvelle-Zélande, les crédits
budgétaires restent alloués à des produits. Au Royaume-Uni, les crédits votés par le Parlement sont désormais
des demandes de ressources (RFR), qui correspondent aux réalisations que le gouvernement cherche à obtenir.
En revanche, des pays comme le Canada et les États-Unis n’ont pas touché à la structure du budget ; ils ont
plutôt tenté d’inclure les IP dans des documents supplémentaires, tels que les projets stratégiques et les plans de
performances, qui sont communiqués au législateur. Dans le cas du Canada, un ensemble de réalisations
stratégiques et d’activités des programmes, approuvé au niveau central, vient à l’appui de tous les documents
relatifs aux dotations. En outre, on met actuellement au point des cadres de mesure des performances dans le but
d’améliorer la qualité des informations sur les résultats communiquées au Parlement.
1. Les Pays-Bas ont ensuite renoncé à appliquer cette technique.
Source : OCDE (2008), La budgétisation axée sur la performance dans les pays de l’OCDE, www.oecd-
ilibrary.org/fr/governance/la-budgetisation-axee-sur-la-performance-dans-les-pays-de-l-ocde_9789264034075-fr.
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52 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
Tableau 1.1. Présentation classique de la loi de finances (partie relative aux dépenses)
Programmatique Activités
Chapitre Titre Section Région
Prog. S-prog Action Service Projet
16 Ministère de l’équipement
9 Pilotage et appui
2 Appui
Développement des méthodes
de gestion administrative et
01
financière et le bon
fonctionnement des services.
01 Rémunération Publiques
02 Fonctionnement des services
02 03 Interventions publiques
04 Gestion du parc auto
05 Equipement administratifs
Organisation des cycles et des
02 sessions de formation au profit
des agents
08 01 Formation
2 Administration déconcentré
.. ….
11 Tunis
16 9201 0204 2..11 Code programmatique
Source : Unité GBO du ministère de l’Équipement, de l’habitat et de l’aménagement du territoire (2014), Schéma adapté de la
documentation fournie par l’unité GBO centrale.
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 53
chaque année, l’ensemble des charges et des ressources de l’État dans le cadre des
objectifs des plans de développement et compte tenu de l’équilibre économique et
financier défini par le budget économique. » Ces buts et cette nature s’inscrivent donc
dans la vision classique des finances. Il convient, par ailleurs, de rappeler que pour
l’heure, seules les dispositions de la LOB de 1967 demeurent contraignantes, tant pour
l’Assemblée des représentants du peuple que pour le gouvernement et l’administration du
pays.
En rupture avec cette conception, le projet de LOB élaboré met la performance et la
vision programmatique au premier plan de la loi de finances. Son article 3 dispose de la
sorte que : « La loi de finances prévoit et autorise, pour chaque année, l’ensemble des
ressources et des charges de l’État ainsi que l’équilibre financier qui en résulte. Elle
détermine la nature et la répartition des ressources et des charges de l’État dans le cadre
des plans de développement et des prévisions budgétaires à moyen terme fixé par trois (3)
ans, et mises à jour annuellement compte tenu des objectifs et des résultats attendus des
programmes prévus par ladite loi ainsi que des équilibres généraux. »
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54 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
Dans la future LOB, l’atténuation de la règle de spécialité des crédits ira bien plus
loin. En effet, la destination des crédits (le programme selon la terminologie de la GBO)
ou de leur nature (parties dans le langage de la GBO) ne figurent qu’à titre indicatif dans
la programmation. Les crédits sont susceptibles de recevoir une nouvelle affectation, afin
d’améliorer leur utilisation et d’octroyer plus de liberté au gestionnaire.
En revanche, les crédits de personnel, d’investissement et d’opérations financières ne
bénéficieront que d’une fongibilité asymétrique. Les dépenses de personnels seront
susceptibles de contribuer à des dépenses d’autres natures, mais sans recevoir des crédits
de celles-ci. Si bien qu’ils resteront limitatifs. À l’inverse, les dépenses d’investissement
et d’opérations financières ne pourront pas être réduites.
Ces trois types de dépenses font, en effet, l’objet d’une attention particulière. Les
dépenses de personnel représentent une part importante du budget de l’État et de ses
engagements à long terme. Aussi le projet de LOB :
• intègre-t-il dans le plafond global des effectifs de l’État et des établissements
publics celui des ministères y compris celui des services centraux, régionaux et
des établissements publics ;
• prévoit-il que les dispositions du projet de la loi de finances sont relatives à la
fixation du plafond de l’effectif autorisé de l’État et des établissements publics ;
• dispose-t-il que le nombre global de l’effectif de l’État et des établissements
publics est autorisé par mission, et enfin, que ;
• le nombre global de l’effectif de l’État et des établissements publics autorisé fait-
il l’objet d’un vote global.
Dans la GBO tunisienne, la fongibilité asymétrique des crédits d’investissements et
d’opérations financières évitera, de son côté, que sous la pression des événements, les
dépenses courantes en viennent à s’imposer systématiquement. Sans cette limite, deux
écueils surgiraient : d’abord, la menace sur le développement futur du pays ; ensuite, la
perte de confiance des bailleurs internationaux ayant mis à la disposition de l’État
tunisien des crédits employés pour d’autres usages que ceux pour lesquels ils étaient
accordés et verraient ainsi croître le risque de défaut de remboursement des sommes
prêtées. De surcroît, les ponctions sur les recettes prévues, ajoutées aux retards usuels de
déboursement des crédits par les prêteurs, mettraient en danger la réalisation des
investissements entravant le développement du pays.
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 55
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56 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
Le chapitre 5 de loi organique 2/2012 du 27 avril 2012 énonce le principe de transparence budgétaire. Il
insiste sur la nécessité pour chaque administration publique d’établir la correspondance entre les données du
budget et de la comptabilité nationale, puisque l’Union européenne privilégie cette information dans le contrôle
du respect par les États de leurs engagements en matière de stabilité budgétaire. Cette loi de 2012 prévoit
également une procédure de présentation par les administrations de leurs orientations budgétaires préalablement
au dépôt du projet de la loi de finances de l’année de sorte à respecter la réglementation européenne,
spécialement les dispositions de la directive du Conseil 2011/85/UE du 8 novembre 2011 sur les exigences
applicables aux cadres budgétaires des États membres. La loi améliore, enfin, la coordination dans la gestion
économique et financière de toutes les administrations publiques.
Source : IGAE (2012) Ley orgánica 2/2012, de 27 de abril, de estabilidad presupuestaria y sostenibilidad financiera
www.igae.pap.minhap.gob.es/sitios/igae/es-ES/ClnNormativa/ClnLeyes/Documents/LEY%20ORGANICA%202-2012.pdf
(consulté le 20 avril 2016).
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1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 57
- Des ressources et des dépenses des établissements publics et des - des crédits d’engagement et de paiement par mission, dotations et
ressources et des dépenses des fonds spéciaux du trésor. programmes.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
58 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
L’article 50 de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) prévoit que le gouvernement présente
lors du dépôt de la loi de finances de l’année, un rapport sur les perspectives économiques, sociales et
financières. Ce document précise les hypothèses du gouvernement pour les quatre années suivantes. L’article 52
de la LOLF dispose que le gouvernement présente au Parlement un rapport sur le niveau des prélèvements
obligatoires pour les deux années suivantes. L’article 48 instaure légalement un débat d’orientation budgétaire
destiné à examiner les orientations du gouvernement avant la rédaction du projet de loi de finances.
L’article 40 de la LOLF autorise, par ailleurs, le Parlement à amender la répartition des crédits entre
programmes. De son côté, le pouvoir du gouvernement de procéder à des virements, reports et annulations de
crédits est limité à respectivement 2 %, 3 % et 1,5 % des crédits ouverts.
Source : Legifrance (2016) Loi organique n 2001-692 du 1 août 2001 relative aux lois de finances
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000394028 (consulté le 22 avril 2016).
Encadré 1.4. France : une documentation enrichie dans la loi organique relative aux lois de
finances (LOLF)
Lors du débat d’orientation budgétaire (juin de l’année n-1) : le rapport sur l’évolution de l’économie
nationale et sur les orientations des finances publiques expose la stratégie pluriannuelle des finances publiques et
la liste des missions, programmes, objectifs et indicateurs de performance envisagés pour le PLF de l’année
suivante.
Avec le projet de loi de finances (PLF) (octobre de l’année n-1) : le PLF prévoit pour chaque année civile
l’ensemble des ressources et des charges de l’État. Avec lui, le gouvernement informe les parlementaires sur les
mesures de maîtrise de la dépense qu’il a prévues, afin de respecter le plafond voté par le Parlement. Il énonce
aussi le pourcentage des crédits qui constitueront la réserve de précaution.
Les évaluations préalables (des articles du projet de loi) estiment les conséquences économiques, sociales,
budgétaires et environnementales des différents articles du PLF.
L’évaluation des voies et moyens figure dans 2 tomes : le premier détaille l’évolution des recettes et le
deuxième tome, les dépenses fiscales.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 59
Encadré 1.4. France : une documentation enrichie dans la loi organique relative aux lois de
finances (LOLF) (suite)
Le rapport sur les prélèvements obligatoires et leur évolution décrit l’ensemble des prélèvements obligatoires
et leur évolution. Il peut donner l’occasion d’un débat approfondi à l’ouverture de la session parlementaire, avant
l’examen du PLF et du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Le rapport économique social et financier fournit les perspectives d’évolution pour quatre ans des recettes,
des dépenses et du solde des administrations publiques en considérant les engagements européens.
Le rapport sur la dépense publique et son évolution présente toutes les composantes de la dépense publique,
en détaille les déterminants économiques et démographiques, et expose les leviers d’actions. Il contient en
annexe une « charte de budgétisation » qui énonce la méthode de raisonnement pour raisonner chaque année à
périmètre constant et expose de quelle manière comment le respect de la norme de dépense se trouve apprécié.
Les projets annuels de performances (PAP), rattachés à chaque programme, comportent, en plus de la
présentation des crédits par action, des volets relatifs à la performance, à l’analyse des coûts et aux opérateurs
dépendant du programme.
Les annexes informatives : les documents de politique transversale et les jaunes budgétaires figurent en
annexes informatives exposant une vision transversale des politiques publiques, susceptibles de concerner
plusieurs missions ou programmes ou mettre en lumière un aspect particulier des finances publiques.
Source : Ministère de l’économie et des finances (2012) Guide pratique de la LOLF, www.performance-
publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/files/documents/ressources_documentaires/publications/guide_prati
que_lolf/2012/guidelolf2012.pdf.
Recommandations
Il serait conseillé de :
1. Poursuivre la coopération internationale dans le domaine de la GBO, sous les formes appropriées, et en
garantissant la cohérence des interventions grâce à la centralisation de la coopération dans ce domaine
auprès du ministère des Finances.
2. Clarifier auprès de l’ARP les enjeux de la GBO et de la situation juridique actuelle, à travers des
échanges périodiques et suivis entre cette assemblée et le ministre des Finances, accompagné de ses
services, en particulier, l’unité centrale de la GBO et le CGABE. L’ARP pourrait aussi solliciter le
concours d’organisations internationales, afin de bénéficier de leur expérience dans le domaine et de
celle de leurs États membres ayant déjà entrepris de telles réformes.
3. Maintenir le soutien politique fort de la réforme. Il conviendrait partant que le gouvernement s’approprie
pleinement la GBO. Le projet de LOB étant transmis à l’ARP, il serait souhaitable que le gouvernement
s’assure de l’inscription de ce projet à l’ordre du jour de celle-ci de sorte à ce que son caractère
technique ne laisse pas oublier sa portée politique considérable.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
60 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
Recommandations (suite)
4. Étudier dans les meilleurs délais le projet de LOB. À ce titre, il serait souhaitable de : a) Faire que l’ARP
entreprenne dans les meilleurs délais l’étude du projet de la LOB et qu’elle s’adjoigne à plein temps des
experts nationaux, tout en bénéficiant du conseil occasionnel d’experts internationaux, en mesure
d’évaluer pleinement la portée des dispositions contenues dans le texte et de sauvegarder les droits du
parlement en la matière. b) Naturellement, la commission des finances de l’ARP devrait assumer un rôle
essentiel dans ce travail. Elle pourrait également se doter des moyens humains et matériels pour remplir
cette tâche, mettre en place des formations spécialisées pour ses membres sur ces questions et solliciter
le soutien de parlements étrangers. c) L’importance du sujet justifierait que son adoption par l’ARP soit
envisagée dans les délais les plus proches. Pour ce faire, il serait utile que le bureau de l’ARP, réunissant
les présidents des groupes parlementaires, examine aussi les grands principes de la LOB, afin que le
consensus politique le plus grand large possible se dessine et facilite l’adoption du projet de LOB.
5. Rendre la constitutionnalité de la future LOB irréprochable : a) Une fois le texte voté par l’ARP, il serait
bon de le soumettre de façon préventive au contrôle de constitutionnalité, prévu par l’article 66 de la
Constitution, et effectué actuellement par l’instance constitutionnelle provisoire, et ultérieurement par la
Cour constitutionnelle ; b) Afin que ce contrôle remplisse toute les conditions attendues, il serait
conseillé que la Cour constitutionnelle l’accomplisse et, par conséquence, que la loi organique la créant
soit pleinement appliquée et que ses membres aient été nommés.
6. Procéder à la modification de la législation subséquente de la GBO. Partant, il importe, d’abord, de
dresser la liste de la législation à faire évoluer pour appliquer pleinement la GBO, et, ensuite, d’établir
une organisation et un calendrier pour atteindre cet objectif.
7. Compléter la documentation budgétaire pour donner la meilleure information sur les comptes publics à
l’ARP et aux citoyens : a) Établir une annexe sur les comptes des collectivités locales, les entreprises
publiques et les opérateurs publics. b) Établir des annexes sur le niveau des prélèvements obligatoires,
les finances de la sécurité sociale, et les régimes privés de retraite. c) Comme le prévoit le système
comptable de l’Union européenne (SEC 2010), les budgets des sous-secteurs administratifs sont à
publier, accompagnés des montants de la dette brute et des garanties accordées.
Notes
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS – 61
Références
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
62 – 1. LE NOUVEAU CONTEXTE CONSTITUTIONNEL ET LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 63
Chapitre 2
La procédure budgétaire
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
64 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
Le calendrier
La date de présentation du projet de loi de finances à l’ARP détermine
majoritairement le calendrier de la préparation de ce texte. L’article 66 de la Constitution
dispose que le projet de loi de finances est soumis à l’Assemblée des représentants du
peuple au plus tard le 15 octobre 1, et adopté au plus tard le 10 décembre. Dans toutes les
hypothèses, la date limite de promulgation de la loi de finances reste le 31 décembre.
L’article 2 de la LOB, encore en vigueur, prévoit, quant à lui, que l’année budgétaire
commence le 1er janvier et s’achève le 31 décembre de chaque année. Il ressort donc de
l’ensemble de ces dispositions, la soumission du budget au principe de l’annualité qui
détermine, également, le calendrier de préparation de la loi de finances.
L’article 23 de la LOB de 1967 distingue deux étapes dans l’élaboration du budget :
• Au cours de la première étape : « Les chefs d’administration établissent les
prévisions annuelles de dépenses des services qui leur sont rattachés et les
adressent au ministère des Finances avant la fin du mois de mai de chaque
année. » ;
• Pendant la deuxième étape : « Le ministre des Finances examine ces propositions,
y ajoute les prévisions de recettes et élabore le projet de loi de finances, etc. ».
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 65
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
66 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 67
La préparation du budget fédéral commence dans les divisions budgétaires du ministère fédéral des Finances
et auprès des autorités fédérales suprêmes, celles-là et celles-ci ayant à réunir les propositions relatives à leur
budget, les évaluer, les tempérer, les compléter et les transmettre au ministère des Finances sous forme de
prévisions budgétaires. Parvenues au ministère des Finances, les prévisions budgétaires sont examinées et
regroupées. Les dépenses prévues sont alors rapportées aux recettes fiscales estimées par des experts.
Une fois que le ministre des Finances a collecté et regroupé tous les budgets particuliers, le gouvernement
fédéral adopte le projet de budget global. Ce document est publié dans ses grandes lignes au cours de l’été
précédant l’exercice budgétaire à planifier.
Le budget contient approximativement 2 500 pages. Il se décompose en un budget d’ensemble et en
plusieurs budgets particuliers. Les budgets particuliers présentent dans le détail le montant et la nature des
recettes et des dépenses prévues dans chaque ministère et de chaque autorité fédérale suprême.
Source : Bundestag (s.d.), www.bundestag.de/htdocs_f/bundestag/fonctions/budget/adoption/246000 (consulté le 2 avril
2016).
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68 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
• Le Cabinet du gouvernement, composé d’élus du parti au pouvoir, affecte les ressources aux priorités,
figurant dans le budget annuel et reflétées dans le cadre financier (la base des dépenses du
gouvernement). Le Cabinet est divisé en plusieurs comités, dont le comité sur les priorités et la
planification qui, se trouve présidé par le Premier Ministre, et occupe une place considérable dans
l’établissement du budget.
• Le ministère des Finances fixe les politiques fiscales et prépare le budget. Traditionnellement, le projet
de budget est adressé au parlement en février. Il comprend le plan financier (les recettes projetées et les
dépenses prévues) pour l’exercice financier commençant le 1er avril. Après les discussions du Comité
des priorités et de la planification de l’automne et de l’hiver (y compris des séances d’information sur
les examens stratégiques, coordonnées par le Conseil du Trésor), le ministre des Finances et le Premier
ministre arrêtent les décisions définitives sur le projet de budget annuel.
• Le conseil du Trésor, un comité du Cabinet, appuyé par un secrétariat et d’autres organismes, surveille
l’exécution de l’autorisation annuelle de dépense donnée par le Parlement et agit comme le « conseil de
gestion » du gouvernement. Le conseil du Trésor établit les normes des rapports de performance
ministériels, et produit les plans et les rapports de performance concernant l’ensemble du gouvernement.
Il évalue aussi la capacité de gestion des ministères et met en place les politiques administratives de
l’État fédéral. Enfin, le Secrétariat gère la procédure d’examen stratégique – un exercice annuel destiné à
déterminer les possibilités de réaffectation des ressources depuis les programmes à faible priorité
jusqu’aux programmes à priorité plus élevée. Chaque hiver, les résultats de ces examens sont exposés au
Comité du Cabinet sur les priorités et la planification, et ces mêmes résultats servent à la préparation du
budget de février.
• Le Bureau du conseil privé (BCP) gère le programme du Cabinet, communique les décisions de celui-ci,
et examine propositions ministérielles au Cabinet tendant à introduire des changements dans la structure
des programmes. Les ministères doivent situer leurs propositions dans le cadre d’un débat sur la
performance des programmes existants. Parce que le BCP agit comme « garde-barrière » envers les
nouvelles politiques ou les nouveaux programmes présentés au Cabinet, une relation étroite existe entre
le BCP, le Conseil du Trésor et les hauts fonctionnaires des Finances avant et après la tenue des réunions
du Cabinet.
• Les ministères élaborent les options de politiques et les propositions de programmes et gèrent leur
exécution. Ils rendent compte au Parlement au cours de la procédure budgétaire des dépenses et sont
responsables d’évaluer le rendement et l’efficacité des programmes.
Source : McCormack (2008) Les fondements institutionnels favorisant le budget éclairé par la performance, le cas du
gouvernement du Canada, CCAF-FCVI, www.ccaf-fcvi.com/attachments/258_PerformanceBudgeting-FR.pdf.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 69
Encadré 2.3. Le rôle du parlement dans la gestion budgétaire axée sur la performance dans
certains pays de l’OCDE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
70 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
Encadré 2.3. Le rôle du parlement dans la gestion budgétaire axée sur la performance dans
certains pays de l’OCDE (suite)
• Des indicateurs de performance sont élaborés pour évaluer l’efficacité (autrement dit l’effet des
ressources administrées et des extrants sur les résultats) et l’efficience (notamment au regard de
l’application des ressources administrées et du prix, de la qualité et du nombre d’extrants) et
perfectionner le système en vue de rehausser la performance et la responsabilisation à l’égard des
résultats. »
Pays-Bas : la reconfiguration du budget (réforme VBTB) avait pour but de présenter au Parlement une
documentation budgétaire axée davantage sur les politiques et plus transparente, c’est-à-dire des informations
explicites sur les résultats de l’action publique. Comme la nouvelle formule budgétaire permet au gouvernement
de se concentrer sur les objectifs (les résultats des programmes), plutôt que sur les instruments, la réforme joue
aussi en faveur de l’efficacité. Elle résulte d’une initiative prise par la chambre basse du Parlement néerlandais.
Le ministère des Finances a joué un rôle de coordination et de suivi. Après une phase de préparation intensive,
tous les ministères ont adopté la nouvelle structure budgétaire pendant la préparation de la loi de finances pour
2002 (le « big boom »).
Dans sa nouvelle forme, le budget ne se base pas sur des fonds à dépenser, mais sur des politiques et ce que
l’on attend d’elles en termes d’objectifs concrets. L’aspect décisif est de faire clairement apparaître les objectifs
politiques de l’accord de coalition dans les différents projets et dans les rapports (rétrospectifs). Et cela en posant
des questions clés comme : que voulons-nous faire ? Par quels moyens ? À quel coût ? La nouvelle formule
budgétaire s’est accompagnée d’un nouveau mode de compte rendu – le rapport annuel – qui est une réplique du
budget : avons-nous atteint nos objectifs ? L’avons-nous fait par les moyens envisagés ? Le coût a-t-il été
conforme à nos attentes ?
Source : OCDE (2008) La budgétisation axée sur la performance dans les pays de l’OCDE, www.oecd-
ilibrary.org/fr/governance/la-budgetisation-axee-sur-la-performance-dans-les-pays-de-l-ocde_9789264034075-fr.
L’examen du PLF
Examen et le vote par le parlement du projet de loi de finances constitue un gage
essentiel du fonctionnement démocratique de l’État et de bonne gouvernance financière.
Aussi le parlement doit-il bénéficier d’un temps suffisant pour étudier le budget, sans que
cet examen perdure de manière indéterminée et paralyse le fonctionnement de l’État.
Le dépôt et le vote
Sous l’empire de la Constitution du 1er juin 1959, le délai de dépôt du projet de loi de
finances (PLF) devant le Parlement figurait dans l’article 23 de la LOB. Il commençait le
25 octobre et s’achevait le 31 décembre. La Chambre des députés et celle des conseillers
disposaient donc de 67 jours pour examiner le texte. Dans la réalité, le PLF a souvent été
déposé en retard et son examen par le parlement s’avérait très sommaire, amoindrissant
de manière considérable la portée démocratique du vote des élus de la nation.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 71
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
72 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 73
nécessaires des objectifs et des indicateurs ». Ces mesures très raisonnables sont à
encourager.
Il semblerait, dès lors, envisageable de faire évoluer le projet de LOB en vue de
donner pleinement compétence aux membres de l’ARP pour proposer la création de
programmes.
Le contenu du vote
La réforme de 2004 de la LOB 6, afin de tenir compte de l’affectation des crédits selon
des programmes et des missions, avait fait disparaître la distinction entre, d’un côté, les
services votés 7, et, de l’autre côté, les mesures nouvelles (Chikhaoui, 2004) 8 qui,
formaient une part faible du budget de l’État. Cette distinction conduisait le parlement à
se prononcer, d’abord, et en une seule fois sur les premiers, puis, sur les secondes. En
conséquence, les articles 29 et 30 de la LOB en vigueur subdivisent le vote PLF en
plusieurs votes partiels. De la sorte, le parlement ne s’avère pas obligé d’accepter ou de
refuser en bloc tout le PLF par une seule décision, et vote par tranche, selon le degré de
spécialité déterminé par la LOB. Les prévisions de dépenses font l’objet d’un vote par
section et par chapitre pour le budget de l’État. Les prévisions de recettes font l’objet
d’un vote par titre pour le budget de l’État. Les fonds spéciaux du Trésor font chacun
l’objet d’un vote pour la totalité de leurs recettes. En ce qui concerne les établissements
publics, la totalité des recettes et la totalité des dépenses proposées font l’objet d’un vote
pour chaque chapitre, c’est-à-dire par référence au ministère de rattachement. À la fin de
la procédure, « l’ensemble des dispositions de la loi de finances fait l’objet d’un vote
global et final ».
L’article 65 de la Constitution de 2014 énonce également que le vote des lois de
finances, de clôture du budget et de ratification des plans de développement, intervient
dans les mêmes conditions que les lois ordinaires. Mais l’article 43 du projet de LOB
enrichit la portée du vote parlementaire. Il édicte, en effet, que : « La loi de finances est
votée dans les mêmes conditions que les lois ordinaires, sous réserve des dispositions
suivantes :
• Les prévisions des dépenses du budget de l’État font l’objet d’un vote par
mission. Le vote pour la mission des instances constitutionnelles indépendantes se
fait par programme spécifique.
• Les autorisations de recettes du budget de l’État font l’objet d’un vote par partie.
• La totalité des recettes des comptes spécieux de trésor fait l’objet d’un vote
global.
• Le nombre global d’effectif de l’État et des établissements publics autorisés fait
l’objet d’un vote global.
• L’ensemble des dispositions de la loi de finances fait l’objet d’un vote global et
final ».
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
74 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
Ces mesures améliorent donc les conditions d’exercice du droit de vote de l’ARP qui
sont un but de la GBO et participent pleinement à sa logique programmatique.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 75
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
76 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
auditionner toute personne jugée utile ; accéder à tout document d’ordre financier et
administratif ; demander à la Cour des Comptes des enquêtes dont les conclusions doivent
lui parvenir dans les huit mois. En Allemagne, l’entrée en vigueur de la loi de finances ne
met pas un terme à la mission du Bundestag. En effet, celui-ci, par le truchement de sa
commission du budget, contrôle en permanence l’utilisation des fonds publics. Il revient
surtout à la commission de vérification des comptes, une sous-commission de la
commission du budget, de surveiller le gouvernement « avec des yeux d’Argus » et de
travailler en étroite coopération avec la Cour fédérale des comptes.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 77
La transparence parlementaire
La clarté de la gestion financière s’applique au budget de l’ARP et au patrimoine et
aux intérêts de ses membres.
Le budget de l’ARP
Les parlements constituent les gardiens de l'intérêt public du point de vue budgétaire.
Leurs modalités de fonctionnement requièrent, partant, de se révéler exemplaires,
transparentes et responsables sur le bon usage des deniers publics. Le budget du
Parlement doit ainsi être soumis au contrôle externe et indépendant de l’instance
nationale d'audit. En Tunisie, il est prévu que le budget de l’ARP soit soumis à la Cour
des Comptes qui en contrôle la régularité.
Dans cet ordre d’idées, l’ARP pourrait adopter d’autres pratiques de transparence,
comme :
• la publication de son budget (ainsi que les résultats des audits pertinents de la
Cour des Comptes) sur son site internet ;
• l’introduction d'un registre public où ses membres déclarent leurs dons et
contributions reçus ;
• l’établissement d'un registre public des lobbyistes.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
78 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
Encadré 2.4. Les principales dispositions financières contenues dans l’article 134 de la
constitution espagnole
Recommandations
Il serait suggéré de :
1. Renforcer la coordination entre le ministère des Finances et celui du Développement, et de réduire
sensiblement les chevauchements dans les compétences nuisant à la clarté du partage des missions entre
ces deux ministères lors de la préparation du PLF.
2. Renforcer le CGABE, en vue de donner une plus grande cohérence aux finances publiques : a) en lui
donnant une plus grande latitude vis-à-vis des crédits de développement ; b) en évitant de procéder à des
augmentations des charges de personnel sans inclure dans cette décision l’analyse sur la situation
générale des finances publiques, dont le CGABE s’avère le gardien.
3. Associer l’ARP à la préparation de la loi des finances, et ce en : a) instaurant en mai ou juin un débat
d’orientation budgétaire, b) accompagnant ce débat d’un rapport du gouvernement sur l’évolution de
l’économie nationale, sur les orientations des finances publiques et présentant la liste des missions,
programmes et des indicateurs de performance associés à chacun de ces programmes, envisagés par la
loi de finances de l’année suivante.
4. Avancer le dépôt du PLF. En effet, le 15 octobre constitue la date limite de ce dépôt ; l’exécutif
conserve, dès lors, le loisir de soumettre plus tôt le PLF à l’ARP. Aussi, pourrait-il décider d’avancer la
date de dépôt, d’abord, au 1er octobre, et après quelques années d’essai, au 15 septembre.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE – 79
Recommandations (suite)
5. Réviser le projet de LOB en vue : a) d’accroître le droit d’amendement en matière budgétaire des
membres de l’ARP, et b) de leur donner pleinement compétence pour proposer la création de
programmes.
6. Réduire le montant des crédits inscrits en réserves globale et ministérielles grâce à une meilleure
prévision des dépenses de l’exercice suivant.
7. Accroître les moyens matériels et humains de l’ARP et de la commission des finances, en recrutant
suffisamment d’agents spécialistes des questions budgétaires en nombre suffisant, donc un nombre
important serait affecté à la commission des finances.
8. Améliorer la formation des élus et du personnel administratif de l’ARP sur les questions budgétaires.
9. Renforcer les attributions de la commission des finances : a) les présidents et les rapporteurs généraux et
spéciaux pourraient bénéficier de prérogatives et de droits étendus : auditionner toute personne jugée
utile ; accéder à tout document d’ordre financier et administratif ; demander à la Cour des Comptes des
enquêtes dont les conclusions devraient leur parvenir dans un délai imparti. b) la commission pourrait
coopérer directement avec la Cour des Comptes, en mettant en place des rencontres périodiques avec
elle sur des sujets déterminés.
10. Améliorer la transparence du parlement par : a) la publication de son budget (ainsi que les résultats des
audits pertinents de la Cour des Comptes) sur son site internet ; b) l’introduction d'un registre public où
ses membres déclarent leurs dons et contributions reçus ; c) l’établissement d'un registre public des
lobbyistes.
11. Instaurer la déclaration de patrimoine et d’intérêts détenus des membres de l’ARP, afin d’améliorer la
transparence de la gestion publique, et de renforcer l’engagement de la Tunisie dans le cadre du
Partenariat du Gouvernement Ouvert, en matière de transparence et d’intégrité.
Notes
1. La date du 15 octobre, prévue par la Constitution, prévaut donc sur celle du 25 octobre
contenue dans la LOB. Le projet de nouvelle LOB intègre la première date.
2. Il convient de noter que l’instauration d’un régime parlementaire en 2014 a eu pour
conséquence de rendre inopérantes les dispositions de l’article 23 de la LOB de 1967
établissant que le président de la République arrête sous sa forme définitive le projet de loi
de finances de l’année.
3. La DGRE a été créée par le décret n° 2005-492 du 1 mars 2005, modifiant et complétant
le décret n° 91-556 du 23 avril 1991, portant organisation du ministère des Finances, et
qui a été modifié et complété aussi par le décret n° 2011-2856 du 7 octobre 2011.
4. Décret n° 96-270 du 14 février 1996 fixant les attributions du ministère du
développement économique ; décret n° 96-271 du 14 février 1996 portant organisation du
ministère du développement économique ; décret n° 2011-457 du 30 avril 2011 portant
création et fixant les attributions du ministère du développement régional.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
80 – 2. LA PROCÉDURE BUDGÉTAIRE
Références
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE – 81
Chapitre 3
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
82 – 3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE – 83
résultats des missions attachées aux programmes qui composent le budget de l’État. Il
expose les différentes projections financières par programme. L’ensemble des PAP
figurent en annexe explicative au projet de loi de finances de l’année n + 1.
Les instructions du gouvernement tunisien prévoient que les PAP sont établis par les
ministres compétents et les responsables de programmes avec l’appui de l’unité GBO
ministérielle 1. Ils sont ensuite adressés au Comité général de l'administration du budget
de l'État (CGABE) qui les joint au projet de loi de finances de l’année.
Chaque PAP contient :
• les axes stratégiques de la mission ;
• la stratégie de chaque programme ;
• la présentation du programme, des sous-programmes et des activités ;
• les objectifs et des indicateurs de performances qui lui sont assignés ;
• la justification au premier dinar des crédits demandés à l’ARP ;
• les principaux opérateurs et leurs emplois.
Les PAP sont bâtis à partir de la structure du budget programmatique, issue des
politiques sectorielles mises en cohérence avec les grands axes de la politique nationale
qui, prend dans certains pays la forme d’une stratégie nationale de développement. La
contribution des programmes à l’accomplissement des objectifs prédéfinis, ou leur
déclinaison, sera mesurée grâce à des indicateurs de performance.
En application de ces principes ont été élaborés, suivant la même maquette, les PAP
ministériels, désormais disponibles sur le site internet de la GBO. Il convient d’observer
que comme les missions, les PAP et les RAP restent ministériels, alors que certaines
politiques publiques, telle celle de la -recherche scientifique, ou du développement
culturel-, mobilisent par nature des crédits et des services rattachés à différents
ministères. Sans avoir été en mesure d’examiner la totalité des PAP et des RAP, il a
cependant paru utile de présenter le PAP de la mission de l’éducation. En effet, celle-ci
concerne un des enjeux fondamentaux du pays et utilise des ressources humaines et
matérielles considérables.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
84 – 3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE
secteur, les orientations actuelles se résument comme suit : améliorer les acquis des
élèves ; optimiser l’emploi des technologies de l'information et de la communication dans
les programmes d'enseignement ; favoriser l’orientation des élèves au cycle technique et
vers les branches scientifiques et technologiques ; diversifier les activités sportives,
culturelles et de loisir pour l’élève ; réhabiliter les établissements scolaires ; développer
les approches de gestion et de bonne gouvernance ; développer les mécanismes de
communication et d'information ; renforcer le rôle de la région ; promouvoir les études et
développer une culture de planification stratégique et de prospection.
Le PAP contient aussi les principales valeurs chiffrées, en vue de comprendre la place
de la politique publique de l’éducation dans l’ensemble des politiques publiques
tunisiennes, les priorités établies et les évolutions sur une période de trois ans.
Tableau 3.1. PAP 2014 du ministère de l’enseignement supérieur : répartition par programmes
Figure 3.1. Exemple de mission : enseignement supérieur et recherche scientifique, présentation des
programmes et sous-programmes
Source : Unité GBO (2013) PAP du ministère du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ;
www.gbo.tn/index.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=89&Itemid=124&lang=fr.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE – 85
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
86 – 3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE
L’élaboration du PAP
Il résulte des entretiens avec les responsables locaux effectués lors de l’évaluation par
les pairs que l’élaboration d’un PAP en Tunisie passe par les sept étapes suivantes :
1. L’établissement d’une cartographie administrative de chaque programme s’avère
nécessaire, en vue de respecter le principe de spécialité budgétaire, et requiert de
préciser le nom et le grade du responsable de programme, les services et projets.
La cartographie administrative conduit à regrouper toutes les dépenses d’une
mission par programme, y compris les dépenses de personnel et de ventiler les
dépenses de projets d’investissement. Au cours de cette étape, il convient de
veiller à la cohérence entre les programmes, les structures administratives, les
différents intervenants et les projets dans un seul programme.
2. La présentation de la stratégie du programme met en valeur :
− La contribution de la stratégie du programme aux résultats de la stratégie
nationale ou sectorielle accompagnée d’objectifs destinés à améliorer la
qualité du service rendu et de l’efficience dans la gestion des ressources
publiques et de l’efficacité de l’action publique ;
− La définition d’objectifs globaux du programme en nombre limité et
représentatif du programme et de sa participation à la stratégie nationale ;
− La définition d’indicateurs de performance mesurables sur la période retenue
(minimum 3 ans), accompagnés de valeurs cibles annuelles, en restant attentif
à fixer une année de référence pour la mesure de la performance ;
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE – 87
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
88 – 3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE
Source : Ministère des finances (2009) Suivi de la Performance et Choix des Indicateurs
www.portail.finances.gov.tn/publications/indicateurs-de-performance.pdf.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE – 89
En même temps, la préparation des PAP et des RAP nécessite des engagements
politiques forts. Ainsi, la circulaire du Premier ministre n° 42 du 23 juin 2012, relative à
la préparation du cadre de performance des politiques publiques, spécialement conçue
pour les ministères expérimentateurs, a été adressée à l’ensemble des ministères. Elle était
destinée à la préparation du budget 2013 et à la présentation du système de la GBO. Elle a
défini les concepts de performance, PAP, et RAP et les fonctions et les attributions des
acteurs, tels les responsables de programme. Elle a, enfin, présenté le nouveau calendrier
de préparation et de discussion budgétaire de la performance.
Le comité interministériel de la GBO du 7 juin 2012 a adopté un protocole
d’expérimentation, comprenant la circulaire n° 42, qui ouvre la voie au premier essai de
la GBO par les ministères pilotes de la première vague, dès le 1er janvier 2013.
Ultérieurement, le comité interministériel de la GBO du 23 décembre 2014 a approuvé
l’actualisation de la circulaire sur la performance et du protocole d’expérimentation par
l’unité GBO. Ce comité a également accepté la préparation d’un projet de décret
organisant les responsabilités managériales des responsables des programmes. Ce texte
devrait être adopté prochainement.
Un guide pratique, à destination des gestionnaires, a aussi été élaboré. Ce document
vise à faciliter l’entrée dans l’expérimentation, tant dans une approche stratégique
qu’opérationnelle et déconcentrée. En vue d’instaurer un système d’information destiné
au suivi des indicateurs de performance, une analyse fonctionnelle a été entreprise et un
projet de logiciel éducatif de suivi des indicateurs de performance pour le ministère de
l’agriculture a été rédigé. Ce logiciel a été préparé de façon progressive et pragmatique, à
partir du cadre de performance du ministère qui détermine les objectifs et les indicateurs
et de la déclinaison opérationnelle de la GBO dans les services (dialogue de gestion et
cartographie opérationnelle). Une version préliminaire du logiciel, répondant aux
fonctionnalités demandées, se trouve actuellement testée. Le transfert des fichiers et
l’appropriation des programmes sources par les informaticiens du ministère de
l’agriculture ont débuté. La validation de la charte de gestion leur permettra, à la fin 2015,
d’intégrer des nouvelles fonctionnalités.
Enfin, l’administration tunisienne a eu l’occasion d’évaluer positivement aux mois de
septembre de 2013 et de 2014 la démarche d’élaboration des PAP. De même,
l’actualisation des dispositions concernant la performance dans de la GBO ont été
acceptées par le comité interministériel de la GBO du 23 décembre 2014.
Toutefois, il demeure généralement admis que tous les ministères ne dominent pas de
la même manière la procédure de la performance. Ainsi le ministère de l’agriculture, des
ressources hydrauliques et de la pêche, le ministère de l’enseignement supérieur et de la
recherche scientifique, comme le ministère de l'équipement, de l'habitat et de
l'aménagement du territoire, se révèlent les plus en avance dans l’établissement d’un
système de suivi de la performance.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
90 – 3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE
Il ressort des entretiens réalisés au cours de l’évaluation par les pairs et de l’étude des
PAP et des RAP que :
• Selon les ministères concernés, les PAP ont été annexés aux PLF des années 2012
à 2015 et les PAP 2014 ont été établis. Mais il ne semble pas que l’ARP ait fait
référence à ces documents au cours de ses travaux. De surcroît, la dernière loi de
règlement qu’elle a adopté porte sur l’année 2010 si bien qu’il apparaît
vraisemblable qu’elle n’ait pas examiné les RAP qui lui ont été adressés.
• Les PAP ont été bien structurés et la cartographie des programmes a rendu plus
compréhensible les politiques publiques conduites par les ministères, notamment
des 2 premières vagues d’expérimentation. Il n’en reste pas moins que la
coordination à l’intérieur des ministères avec l’ensemble des structures
ministérielles devrait être mieux assurée.
• Le nombre des objectifs (279 objectifs pour 73 programmes, 4 objectifs en
moyenne par programme) paraît raisonnable.
• Le nombre d’indicateurs le semble aussi : 681 indicateurs (en moyenne 2
indicateurs par objectif). Dans ce cadre, il faut saluer l’amélioration au cours de la
période de trois ans du nombre et de la qualité d’indicateurs de résultats.
Cependant, il convient de noter que, d’une part, la qualité des indicateurs des
ministères de la première vague est supérieure à celle des ministères des vagues
suivantes et, d’autre part, que le nombre d’indicateurs d’activité, de nature
quantitative, se référent par exemple à la consommation des ressources davantage
qu’aux résultats atteints, se révèle trop important. Aussi, conviendrait-il
d’accomplir un effort et d’en réduire le nombre au profit des indicateurs
qualitatifs et de résultat.
• Il ressort également de cette évaluation la nécessité de définir plus clairement les
responsabilités des acteurs de la GBO (responsables de programme ; directeurs
des affaires financières). Ce qui rappelle le besoin d’adopter rapidement le décret
fixant les attributions des responsables de programme qui a été préparé par
l’administration.
• Les systèmes d’information existant ont permis l’expérimentation de la
performance. Mais ils sont aussi montrés leurs limites. Il en résulte donc la
nécessite d’un système d’information en mesure de porter pleinement la gestion
de la performance.
• Un comité de suivi et d’évaluation de la performance n’est pas instauré. Des
cellules opérationnelles de suivi et d’évaluation ont été mises en place dans
certains ministères, mais des points focaux au niveau des structures
opérationnelles n’ont pas été identifiés.
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3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE – 91
Encadré 3.1. Le Comité interministériel d'audit des programmes (CIAP) en France (suite)
Le CIAP a organisé, dès 2003, des « cycles d’audits ». Ses six premiers cycles ont porté sur des audits de
l’ensemble de la mise en œuvre d’un programme : périmètre et structuration en actions, gouvernance et relations avec
les autres programmes de la mission ou du ministère ; dispositif de performance (objectifs et indicateurs) ; déclinaison
opérationnelle en budgets opérationnels de programme (BOP) et en unités opérationnelles (UO) ; justification des
crédits au premier euro (JPE), comptabilité d’analyse des coûts.
À la suite de la montée en puissance de la LOLF et pour approfondir ses travaux, le CIAP a décidé, à partir de son
7ème cycle (2009/2010), de passer des audits généralistes à des audits consacrés à une thématique particulière. Ces
audits concernaient le dispositif de performance, c'est-à-dire les objectifs et indicateurs de performance, figurant dans
les PAP et les RAP.
Les audits ont été ainsi organisés autour de questions correspondant aux trois dimensions de la qualité d’un
dispositif de performance. :
• le dispositif est-il pertinent ? La pertinence marque l’aptitude des objectifs et indicateurs choisis à traduire la
performance de manière significative et fidèle (les objectifs reflètent-ils bien la stratégie, les indicateurs
mesurent-il bien la performance ?) ;
• le dispositif est-il fiable dans les informations qu’il produit ? La fiabilité concerne, non la définition de
l’indicateur, mais la qualité des données de base et des traitements utilisés. Il s’agit de savoir si la chaîne de
production des indicateurs et les dispositifs de contrôle interne présentent une fiabilité suffisante. ;
• le dispositif est-il utilisé ? Il s'agit de "sortir des PAP et des RAP" pour voir si, au-delà de la confection des
documents budgétaires, le dispositif de performance est effectivement utilisé dans la gestion des services et
dans la conduite des politiques. Les dispositions de la LOLF sont en effet destinées à améliorer, non
seulement la qualité de l’information du Parlement, mais aussi le pilotage et la gestion des administrations.
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92 – 3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE
Recommandations
Il serait opportun de :
1. Améliorer la définition des objectifs et les valeurs cibles des indicateurs de mesure.
2. Rendre plus sûr le système de collecte des informations relatives à la performance.
3. Tirer davantage profit dans la gestion de la technique des crédits globalisés, par programme et grande
nature de dépenses.
4. Renforcer le lien entre le volet relatif à la performance et le volet budgétaire.
5. Adopter, dans les meilleurs délais, le décret organisant les responsabilités managériales des responsables
des programmes.
6. Examiner la création d’un comité interministériel d’audit des programmes.
7. S’assurer que le futur système d’information répondra aux besoins de suivi de la performance.
8. Veiller à ce que le cadre de la performance ne soit pas perturbé par les échéances électorales.
9. Créer des missions interministérielles, afin d’accroître la coopération entre les ministères.
10. Conclure des contrats de performance dans l’administration.
11. Tirer pleinement profit des PAP et des RAP dans toutes les étapes du travail budgétaire et législatif.
Pour cela, il appartiendrait à l’Assemblée des représentants du peuple de prendre les mesures
d’organisation interne requises.
Notes
1. Pour les premiers exercices, les PAP n’ont pas toujours été élaborés par les
responsables de programmes mais parfois par les unités GBO des ministères. En effet,
les responsables de programme récemment nommés n’avaient pas l’expérience
nécessaire concernant la démarche programmatique et se trouvaient absorbés par leurs
nouvelles fonctions.
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3. LES OUTILS DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE – 93
Références
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4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE – 95
Chapitre 4
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
96 – 4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE – 97
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
98 – 4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE
• le paiement constitue l’acte par lequel le comptable, après avoir procédé aux
vérifications prévues par la législation, provoque l’extinction de la dette au profit
de son bénéficiaire.
Concernant les recettes, la phase administrative précède, également, la phase
comptable :
• par l’émission d’un ordre de recettes (phase administrative), l’ordonnateur
constate l’existence d’une dette à l’égard d’une institution et en demande le
paiement ;
• le comptable public contrôle, d’une part, la régularité de l’opération, notamment,
l’existence de l’autorisation de percevoir la recette, et, procède, d’autre part, à son
encaissement (phase comptable).
Le contrôle a priori semble généralement efficace sur le plan du contrôle de la
régularité (conformité) de la dépense publique puisqu’il empêche son exécution jusqu’à
sa régularisation. Par ailleurs, dans leur majorité les agents occupant les fonctions
d’ordonnateur, de CDP et de comptable se montrent compétents et possédant une bonne
culture administrative. Ils apparaissent aussi ouverts au changement et désireux d’y
participer activement. Ils restent, naturellement, très soucieux de participer étroitement
aux choix présidant aux évolutions de leurs métiers et prérogatives.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE – 99
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
100 – 4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE – 101
rend difficile de les exécuter de façon uniforme 9. Mais en même temps, parmi ces
procédures dérogatoires, une meilleure différenciation devient nécessaire. Un tri
serait à accomplir entre celles constituant de simples variantes de la procédure
normale et celles dérogeant réellement aux principes de la procédure. En somme,
seules les dérogations véritables paraissent admissibles et pour autant qu’un
véritable intérêt public existe.
• Dans le système tunisien, l’engagement juridique précède l’engagement
budgétaire. Il en résulte que la réservation des crédits d’une dépense intervient
seulement après que celle-ci a été décidée, faisant survenir un risque
d’indisponibilité des fonds au moment du paiement. Pour ce motif, l’ordre des
opérations resterait à inverser : la réservation des crédits (engagement budgétaire)
interviendrait avant que la dépense s’avère irréversible (engagement juridique).
• Juridiquement, la liquidation et l’ordonnancement forment deux étapes
parfaitement distinctes, donnant lieu à deux opérations différentes : la
reconnaissance d’une dette, puis la décision de la payer. Cette distinction présente
deux inconvénients : d’une part, elle alourdit inutilement la procédure de la
dépense ; d’autre part, elle crée l’occasion, en cas de tension de trésorerie, de
différer l’ordonnancement d’une dépense liquidée. Cette distinction induit donc le
risque d’arriérés de paiement pendant de la phase administrative de la dépense.
Or, ces arriérés – parfois inévitables – restent à inscrire dans la phase comptable.
Dès lors, l’opportunité de fusionner en une seule opération la liquidation et
l’ordonnancement apparaît sérieusement.
• Le contrôle du service fait et la liquidation de la dépense n’interviennent pas
suffisamment en relation avec la tenue de la comptabilité des matières.
• Le contrôle hiérarchisé exclut les dépenses relatives aux marchés publics. Or, un
grand pourcentage des crédits de l’État, hors salaires, demeure engagé pour ceux-
ci. Bien sûr, les risques élevés de fraude et de corruption et de l’extrême
complexité de la règlementation dans la matière incitent au maintien de contrôles
puissants. Mais, la bonne exécution des marchés, tant au profit de la collectivité
publique que de l’adjudicataire du marché, tient aussi à la réalisation efficace des
procédures d’engagement des dépenses et justifierait de nouveaux efforts de
simplification de l’engagement de la dépense dans ce domaine.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
102 – 4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE – 103
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
104 – 4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE
Les procédures particulières prévues au Luxembourg par la loi modifiée du 8 juin 1999 sur le budget, la
comptabilité et la trésorerie de l’État sont susceptibles d’application dans certains cas particuliers :
• les ordonnances de paiement provisoires servent à regrouper des dépenses à faible montant ;
• un comptable extraordinaire peut être désigné pour certaines dépenses, par exemple, les frais
d’ambassades ;
• les fonds spéciaux avec report autorisé en fin d’année se trouvent utilisés en vue de gérer des
investissements importants ;
• les services de l’État à gestion séparée bénéficient de l’autorisation de reporter les sommes non
dépensées en fin d’année. Ils sont également autorisés à utiliser leur budget, y compris certaines recettes,
de façon flexible. Cette modalité (Flexibilisierungsklausel) a aussi été appliquée avec succès en Suisse et
en Autriche.
Source : Bausch, R., Inspecteur Général des Finances, Pair du Luxembourg ayant participé à l’évaluation par les pairs en
Tunisie en mai 2015.
Recommandations
Il paraîtrait souhaitable de :
1. Évaluer l’utilisation que les ordonnateurs font actuellement des nouvelles procédures allégeant le
contrôle des dépenses publiques. En effet, l’expérience révèle que ceux-ci se sont souvent montrés
réticents à employer les souplesses qui leur étaient accordées dans l’exécution des dépenses de sorte à
conserver le confort apporté par le visa préalable du CDP.
2. Examiner les formations à donner aux ordonnateurs et leurs agents qui semblent parfois perplexes face à
la complexité de la réglementation et mal armés pour employer ses souplesses.
3. Veiller à ce que le régime des dépenses publiques : a) évite la dissimulation des dettes de l’État et
garantisse leur paiement régulier ; b) limite le nombre de procédures financières dérogatoires ; c) prévoit
l’engagement financier de la dépense avant l’engagement juridique ; d) fusionne en une seule opération
la liquidation et l’ordonnancement de la dépense publique ; e) envisage d’appliquer le contrôle
hiérarchique de la dépense aux marchés publics.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE – 105
Notes
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106 – 4. L’EXÉCUTION COMPLEXE DE LA DÉPENSE PUBLIQUE
Références
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC – 107
Chapitre 5
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
108 – 5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC
Malgré l’importance des missions dévolues à l’ordonnateur, son statut et ses missions,
en particulier s’agissant de l’ordonnateur secondaire, restent vagues et ne lui donnent pas
les moyens de s’affirmer comme le véritable chef de la gestion publique. Cette pratique
s’écarte de la huitième Recommandation du Conseil de l’OCDE sur la gouvernance
insistant sur la nécessite, d’une part, de délimiter clairement les attributions et les
habilitations de chaque responsable intervenant dans la chaîne de la dépense publique, et,
d’autre part, de leur accorder des marges de manœuvres dans la réaffectation des crédits.
Sur ce point, en créant le statut de responsable de programme, la GBO se rapproche à bon
escient des recommandations de l’OCDE.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC – 109
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
110 – 5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC – 111
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
112 – 5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC
nécessiterait une cellule d’appui, assurant la gestion des ressources et instaurant des
instruments de contrôle de gestion.
Il convient, enfin, d’observer que l’article 49 du projet de LOB du 13 novembre 2015
donne une assise législative au gestionnaire public. Il dispose, en effet, que : « Les
catégories d’ordonnateurs, des comptables publics et des autres intervenants ainsi que
leurs rôles et responsabilités dans l’exécution du budget de l’État sont fixés dans la loi
relative à la comptabilité publique » ². Cette dernière loi, qui reste à préparer et adopter,
constituerait l’instrument de consolidation juridique de la fonction de gestionnaire public.
Le décret à venir sur le responsable de programme devrait naturellement se trouver en
cohérence avec cette future loi.
Le comptable public se dresse en tant que gardien scrupuleux des deniers publics et
acteur de premier ordre du dialogue de gestion. Eu égard à son importance, la GBO ne
manquera pas de produire des conséquences considérables sur sa place, son statut et son
régime de responsabilité.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC – 113
trésorerie vers celle de la constatation des droits, et mettra ainsi sous l’autorité
directe de l’ordonnateur, la valorisation et la saisie des données essentielles
(engagements, constatation des droits, charges et produits à rattacher, recensement
et valorisation des dépréciations et des risques, etc.), et, ensuite, elle fera de
l’ordonnateur le garant de la sincérité et de la fidélité de l’information financière
(FONDAFIP, 2010).
• Enfin, l’instauration de la comptabilité d’exercice pure, associée à la certification
des comptes publics, conduirait automatiquement à s’interroger sur la place
relative du comptable public et de l’ordonnateur. Il serait même envisageable de
se demander si cette évolution n’aboutirait pas à l’instauration d’un dispositif à
deux vitesses. En effet, les agents mettant en œuvre les crédits du programme,
durant et à la fin de son exécution, continueront à rendre compte au responsable
de programme de leurs gestions et de leurs contributions aux résultats du
programme. En lien avec la phase préparatoire des rapports annuels de
performances, cette étape du dialogue de gestion donnera l’occasion à chaque
agent mettant en œuvre les crédits du programme d'exposer ses plans d'action et
de faire valoir ses besoins au responsable de programme. Dans ce contexte, le
comptable public se trouvera poussé vers la périphérie du dialogue de gestion,
largement remplacé par le responsable de programme dans son rôle de contrôle.
Dans ces conditions, il serait imaginable, à une échéance de 10 ans, de réfléchir à la
suppression du statut particulier du comptable public, par exemple, en autorisant
largement le cumul des fonctions d’ordonnateur et de comptable. D’une manière radicale,
ce dernier pourrait se voir remplacé par des structures privées, de type bancaire, réalisant
les opérations de paiement et d’encaissement décidées par les ordonnateurs publics.
Suivre cette direction se révèlerait, en réalité, fort risqué, et sans doute néfaste. Mais
les interrogations qui font naître cette proposition ont le mérite de pousser à se pencher
sur la nouvelle place du comptable au sein de la GBO.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
114 – 5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC – 115
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
116 – 5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC – 117
Recommandations
Il pourrait être recommandé de :
1. Faire du responsable de programme le véritable chef de son programme. Dès lors, la réflexion sur les missions
du responsable de programme et sur les nouvelles relations qu'il entretient avec les autres acteurs de son
ministère de rattachement, notamment les directeurs généraux participant à son programme, resterait à
poursuivre.
2. Créer un « forum des responsables de programme » favoriserait un débat, tant ministériel qu’interministériel
sur le rôle, les missions et les relations des responsables de programme avec tous les participants de la chaîne
de la dépense publique.
3. Accorder à chaque responsable de programme les appuis nécessaires au plein exercice de sa mission. Aussi,
conviendrait-il de : a) faire évoluer le rôle et les moyens des directeurs administratifs et financiers ministériels
(DAF) pour le rapprocher de celui de leurs homologues des grandes entreprises ; b) créer des unités d’appui
auprès des responsables de programmes, dotées des moyens humains et matériels suffisants.
4. Informer clairement le responsable de programme de l’étendue de sa mission, ses objectifs et des critères de
sa responsabilité. Cette connaissance passerait par : a) l’instauration de manière systématique de lettres de
mission du ministre au responsable de programme précisant clairement ses missions, objectifs, moyens et
résultats attendus serait un moyen pour cela ; b) l’instauration d’un dialogue régulier et institutionnalisé entre
le responsable de mission et les responsables de programme en serait un autre.
5. Donner, dans les meilleurs délais, une base juridique indiscutable au responsable de programme par
l’adoption du décret portant sur leur statut.
6. Renforcer l’assise institutionnelle des responsables de programmes par : a) une lettre adressée par le ministre
technique désignant un responsable programme au ministre des finances et précisant la mission de ce
responsable et ses objectifs ; b) la mise en place d’une charte de gestion déterminant la distribution des
fonctions et les modalités du dialogue de gestion ; c) la présentation annuellement par le responsable
programme de sa stratégie lors des conférences budgétaires de préparation du LPF.
7. Clarifier du point de vue juridique le régime financier et de responsabilité des ordonnateurs. Cet objectif
passerait par : a) l’extension aux ordonnateurs principaux de leur responsabilité devant la Cour de discipline
financière ; b) l’évolution du schéma d’organisation des délégations de signature d’ordonnancement, en
distinguant la compétence d’engagement de celle de la réalisation matérielle de l’engagement, mais aussi
éventuellement entre la compétence d’ordonnateur principal dans la répartition des crédits et la compétence
d’ordonnateur secondaire dans l’exécution des dépenses.
8. Affirmer le rôle du comptable public en tant qu’acteur de premier plan de la chaîne de la dépense publique, en
le faisant devenir l’expert des comptes publics et le fournisseur de référence des informations financières, et
en lui reconnaissant une place essentielle dans la consolidation et la certification des comptes publics.
9. Faire évoluer le régime de responsabilité des comptables publics, en distinguant la faute ayant entraîné la
survenance d’un préjudice financier pour la collectivité publique et celle ne l’ayant pas causé. Dans le premier
cas, le comptable couvrirait la totalité du dommage subi par la collectivité ; dans le second, il serait sanctionné
par une amende dont les modalités et le montant restent à établir.
Notes
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
118 – 5. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME ET LE COMPTABLE PUBLIC
Références
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
6. LE RENOUVEAU DU CONTRÔLE DE LA PERFORMANCE – 119
Chapitre 6
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
120 – 6. LE RENOUVEAU DU CONTRÔLE DE LA PERFORMANCE
Les aménagements apportés par le CHD et la programmation des contrôles n’ont pas
modifié fondamentalement la nature et la portée des contrôles dans la chaîne de la
dépense publique, qui demeurent redondants à double titre. D’abord, chaque intervenant
surveille l’autre : l’ordonnateur contrôle le comptable ; le comptable contrôle
l’ordonnateur ; le contrôleur des dépenses publiques contrôle l’ordonnateur. Ensuite, les
actes jugés importants, qui restent nombreux, font l’objet d’un double contrôle : d’abord,
par le CDP, et ensuite, par le comptable. De surcroît, ce système ne s’avère pas toujours
efficace et n’a pas permis de lutter contre de nombreux abus constatés dans le passé
proche. Enfin, comme il a été exposé plus haut, le contrôle des actes financiers des
collectivités locales nécessite d’évoluer profondément de sorte à respecter la Constitution
de 2014. Il en résulte que la Tunisie se trouve appelée à bâtir un nouveau système de
contrôle de la performance.
Or, le renouveau du contrôle constitue un enjeu majeur dans l’instauration d’une
gestion par la performance. Un nombre important de pays de l’OCDE se sont engagés
dans cette voie avec des résultats positifs, susceptibles d’éclairer les changements en
Tunisie. Celle-ci pourrait également s’inspirer de huitième principe de la
Recommandation du Conseil de l’OCDE sur la gouvernance budgétaire invitant les pays
à « s’assurer que la performance, l’évaluation et l’optimisation des ressources font partie
intégrante du processus budgétaire. ». De manière générale, l’évolution tendrait à faire
passer le contrôle dans la chaîne de la dépense publique vers un véritable contrôle des
risques budgétaires et de la performance.
Une grande diversité existe parmi les pays membres de l’OCDE dans la manière
d’établir, mettre en place et faire fonctionner leurs systèmes de contrôle de la dépense et
de la performance de la dépense publique. Elle découle, en particulier, des différences
d’ordre constitutionnel (par exemple, la nature parlementaire ou présidentielle, le
caractère fédéral ou unitaire de l’État), ainsi que l’extrême diversité des influences
politiques, législatives et culturelles, d’une part, et des structures de gestion du service
public, d’autre part. Par ailleurs, de nombreux pays membres de l’OCDE mettent
désormais l’accent sur le contrôle a posteriori, prenant la forme de l’audit interne. En
effet, le contrôle ex post permet d’accélérer les engagements et les paiements, tout en
étant moins coûteux, et de se concentrer sur les opérations présentant un risque
relativement élevé. Les pays membres de l’OCDE ayant passé à l’audit interne ont,
toutefois, coutume de ne pas supprimer complètement le contrôle ex ante. Ainsi, le plus
souvent, les ordonnateurs nécessitent l’accord de la direction financière du ministère des
finances pour les engagements dépassant un certain montant, d’une certaine nature ou
effectues en vertu de décrets de délégation interne. De surcroît, ces actes règlementaires
peuvent viser des risques spécifiques et être modifiés en fonction des circonstances.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
6. LE RENOUVEAU DU CONTRÔLE DE LA PERFORMANCE – 121
ailleurs, les articles budgétaires seront plus importants et davantage axés sur des
programmes et les contraintes juridiques sur les dépenses seront allégées. Par
conséquence, les besoins en termes de contrôle de conformité diminueront. En revanche,
il y aura davantage de contrôle de la performance, ce qui nécessitera le recours à des
audits internes.
Actuellement, les contrôleurs financiers interviennent deux fois. D’abord, ils
autorisent les engagements 1 proposés dans un délai maximum de dix jours. Ensuite, ils
autorisent les ordres de paiement dans un délai de huit jours. À chaque stade, des retards
sont susceptibles de se produire, dus surtout à la nécessité d’obtenir un supplément
d’assurance de conformité. Les contrôles sont centrés sur le respect des règles financières
et comptables. Outre leur fonction principale, les contrôleurs financiers effectuent des
contrôles a posteriori dans les 42 services de l’État à gestion séparée.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
122 – 6. LE RENOUVEAU DU CONTRÔLE DE LA PERFORMANCE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
6. LE RENOUVEAU DU CONTRÔLE DE LA PERFORMANCE – 123
La LGB détermine les objectifs, le cadre, les principes et les formes d'exercice du
contrôle interne. Celui vérifie la gestion économique et financière de l'administration, tant
du point de vue de la conformité avec la législation applicable, que de l'efficacité et
l'efficience des actions et leur soumission aux principes de bonne gestion financière. Il
constitue une fonction spécifique, dont l'exercice se trouve confié à un service
administratif jouissant d’une large autonomie fonctionnelle (principe d'autonomie). Il
s’exerce par l’intermédiaire d’unités détachées auprès des services gestionnaires (principe
de l'exercice décentralisé) qui dépendent de l'IGAE (principe de la hiérarchie interne). Il
intervient, enfin, dans toutes les entités du secteur public, mais son intensité et les
modalités de son exercice s’avèrent modulées selon les différents types d'entités.
La loi prévoit trois modalités d’exercice du contrôle interne. D’abord, la fonction de
vérification intervient par la participation dans la gestion financière de la procédure
administrative. Cette démarche tend à vérifier la régularité de tout acte de gestion,
préalablement à son approbation. En cas d'irrégularités, l'approbation de l'acte est
suspendue jusqu'à ce que les défauts constatés soient amendés. Il s’agit donc d’un
contrôle de légalité a priori, effectuée sur chaque acte individuel de gestion financière.
Ensuite, le contrôle financier permanent est exercé de manière continue sur
l’administration, dont il examine la gestion économique et financière, documente les
insuffisances et propose des mesures d'amélioration. Il s’agit d’un contrôle concomitant,
effectué sur la gestion financière dans son ensemble. Enfin, l'audit des finances publiques
constitue une revue systématique de la gestion de l’entité au cours d’une période donnée,
afin d'évaluer sa pertinence au regard d'une bonne gestion. Il s’agit d’un contrôle a
posteriori, portant sur une période délimitée, sur tout ou une partie de la gestion
financière d'une entité (Fol, 2010).
Comme l’IGAE, les « contralorías generales » du Mexique 4 et du Chili 5 forment des
organes centralisés au niveau national ou des États fédérés. Les institutions latino-
américaines, sont toutefois, indépendantes, et opèrent des contrôles tantôt internes, tantôt
externes.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
124 – 6. LE RENOUVEAU DU CONTRÔLE DE LA PERFORMANCE
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contrôle de gestion, rendra compte des résultats de cette évaluation au Président des
États-Unis et au Congrès, et formulera des recommandations en vue de corriger les
carences. La loi sur les directeurs financiers (Chief Financial Officers Act), impose, quant
à elle, que les 24 principaux organismes publics soient soumis à un audit financier annuel,
le rapport d’audit devant comprendre une évaluation des contrôles de gestion.
Le contrôle interne
La notion de « contrôle interne » ne reçoit pas la même signification dans tous les
pays, ni dans tous les organismes. Il s’avère, cependant, communément admis que son
principe « est de s’assurer qu’une organisation exerce ses activités dans le cadre juridique
de sa compétence et qu’elle atteint les objectifs de sa mission. » (OCDE, 2005). Cette
énonciation n’a pas empêché le principe d’évoluer. Dans la gestion traditionnelle, la seule
fonction du contrôle interne restait de veiller à la régularité de la dépense. Allant plus
loin, la fonction du contrôle interne budgétaire moderne consiste à assurer, d’abord, la
conformité de la dépense publique à l’ensemble des règles, garantir, ensuite, sa
performance (efficience, efficacité et économie), et, veiller, enfin, à sa sécurité
(inspection et lutte contre la fraude). Comme il a été mentionné plus haut, le contrôle de
la performance mesure les résultats stratégiques du pilotage de l’entité publique.
« L'audit interne » diffère du « contrôle interne ». Le premier constitue l'évaluation
par un expert professionnel de l'efficacité du système de contrôle interne, aboutissant à
des recommandations. L'auditeur se différencie radicalement de l’inspecteur. Il s’avère un
conseiller à l'écoute des problèmes, afin de les résoudre, en commun avec le gestionnaire.
Tel que défini par le COSO, le contrôle interne comporte cinq composantes :
• l'environnement de contrôle, qui correspond, pour l'essentiel, aux valeurs
diffusées dans l’entité en question ;
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Encadré 6.4. Référentiel intégré de contrôle interne du COSO, inspirant ceux des
secteurs privés et public
Source : Ki-Zerbo, B. (2013) Plaidoyer pour des principes justes et pertinents : comment donner du sens aux systèmes de
contrôle interne ? Audit & Contrôle internes n° 215, http://fichiers.ifaci.com/tmp_fichiers/Dossier_COSO_Revue215.pdf.
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Recommandations
Il s’avèrerait souhaitable de :
1. Éviter le recours excessif à la technique du gel des crédits, et en tous les cas s’en tenir à la limite fixée
par le projet de LOB.
2. Soumettre le CHD et la programmation des contrôles à une évaluation approfondie par une instance
indépendante ou internationale, afin d’établir ses résultats et formuler des recommandations de réforme,
inspirées des exemples de systèmes des pays membres de l’OCDE. Cette évaluation pourrait débuter
par les blocages décris dans ce rapport.
3. Faire en sorte que le projet de réforme des systèmes de contrôle prenne davantage en charge la
soutenabilité de la dépense publique, et à ce titre, rattache le contrôle de la dépense publique au
ministère des Finances.
4. Obtenir que les autorités tunisiennes considèrent de manière séparée le contrôle du risque et le contrôle
de gestion, et qu’elles les développent tous les deux.
5. Renforcer le contrôle partenarial entre le CDP et le comptable, de sorte à réduire les doubles contrôles
inutiles, en considérant l’imputation à la ligne et la disponibilité des crédits.
6. Entreprendre une réflexion approfondie pour doter la Tunisie d’un véritable contrôle de la performance
qui pourrait recourir aux exemples des pays membres de l’OCDE en la matière.
Notes
1. LC article 54 : Pour des dépenses déterminées, le ministre ayant le budget dans ses
attributions peut fixer des seuils en dessous desquels l'engagement ne doit pas faire
l'objet d'une proposition d'engagement.
2. Décret du 27 janvier 2005.
3. Décret du 18 novembre 2005.
4. Site internet de la Contraloría General de la Ciudad de México,
www.contraloria.df.gob.mx/index.php/conocenos/127-conocenos/902-directorio
(consulté le 20 février 2016).
5. Site internet de la Contraloría General de la República de Chile
www.contraloria.cl/NewPortal2/portal2/appmanager/portalCGR/v3ESP?_nfpb=true&
_pageLabel=P18200239681286226265111 (consulté le 13 février 2016).
6. « L'action publique face à la mondialisation° », Actes du douzième colloque
international - Paris, jeudi 14 et vendredi 15 novembre 2002 - Tome 2, pp. 135-147,
http://dx.doi.org/10.3406/pomap.2003.2818.
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Références
Fol, M.M. (2010), Las tendencias actuales en los sistemas de control interno de las
organizaciones. Implicaciones para las Administraciones Públicas, DA. Revista
Documentación Administrativa, nº 286-287, pp. 207-238, ISSN: 0012-4494. Voir
aussi le site de l’IGAE : www.igae.pap.meh.es/sitios/igae/es-ES/Paginas/inicio.aspx.
Ki-Zerbo, B. (2013), Plaidoyer pour des principes justes et pertinents : comment donner
du sens aux systèmes de contrôle interne ? Audit & Contrôle internes n 215,
http://fichiers.ifaci.com/tmp_fichiers/Dossier_COSO_Revue215.pdf.
Naulleau, G. (2003), La mise en œuvre du contrôle de gestion dans les organisations
publiques : les facteurs de réussite. In : Politiques et management public, vol. 21 n° 3,
www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2003_num_21_
3_2818.
OCDE (2016), Le contrôle interne et la gestion des risques pour renforcer la
gouvernance en Tunisie, Editions OCDE, Paris (version préliminaire).
OCDE (2005), La modernisation du secteur public : moderniser la responsabilité et le
contrôle, Editions OCDE, Paris, p. 1, www.oecd-ilibrary.org/fr/governance/
moderniser-l-etat_9789264010529-fr.
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Chapitre 7
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La Direction générale des finances publiques française (DGFiP) pilote la fonction comptable
de l’État. Depuis l’application de la loi organique n° 2001-692 du 1 août 2001 relative aux lois
de finances (LOLF), son rôle d’opérateur comptable et financier de l’État a été modifié et
renforcé. En effet, elle apparaît comme un acteur essentiel de la mise en œuvre de la
comptabilité de l’État en mode LOLF et du processus de certification des comptes publics. Dans
cet esprit, elle a amélioré la qualité comptable et enrichi l’information produite, par exemple,
avec la valorisation dans le bilan de l’État de certains actifs incorporels (spectre hertzien, quotas
d’émission de gaz à effet de serre, etc.).
La DGFiP accompagne parallèlement la modernisation des circuits de dépenses de l’État,
dans un souci de meilleure efficacité et de réduction des délais de paiement, ainsi que la
modernisation financière des établissements publics nationaux.
En 2012, la DGFiP a obtenu la certification des comptes de l’État de l’année 2011 avec
7 réserves (contre 13 contre la première certification des comptes de l’État en 2007 sur les
comptes de l’exercice 2006). Elle a continué à enrichir le bilan de l’État et accru la fiabilité et la
valorisation de l’information comptable, notamment sur le patrimoine immobilier. Forte d’un
contrôle interne réorganisé et dotée de procédures et risques comptables toujours mieux
documentés, la DGFiP reste un appui majeur pour les opérateurs des politiques publiques et la
qualité de leurs comptes.
Source : site du ministère des Finances et des Comptes publics, www.economie.gouv.fr/les-
ministeres/directions-ministere-finances-comptes-publics (consulté le 15 mars 2016).
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Figure 7.1. Le décret n° 99-529 fixant la nomenclature des dépenses du budget de l’État
Chapitre Ministère
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7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE – 141
Des avantages…
En Tunisie, la comptabilité de caisse retrace l’exécution des titres, ordonnances et
mandats émis par l’ordonnateur. Les recettes figurent dans le budget de l’année au cours
de laquelle elles sont encaissées et les dépenses imputées sur les crédits de l’année sur
laquelle elles sont payées, sans considérer la date de la créance. Les recettes et les
dépenses sont, d’abord, inscrites sur les comptes d’imputation provisoire, puis,
enregistrées sur les comptes définitifs. Ce système assure l’enregistrement simultané,
budgétaire et comptable des dépenses et des recettes par l’encaissement et du visa. Il mêle
les domaines budgétaires et comptables.
A priori, la comptabilité de caisse apparaît adaptée pour une petite entité et non pour
un État. Mais en Tunisie, la centralisation du grand nombre d’opérations, effectuées par
un grand nombre d’ordonnateurs et de comptables, s’avère relativement efficace, d’autant
plus qu’elle s’appuie sur le système comptable très hiérarchisé. Ainsi, la centralisation de
la comptabilité de caisse garantit l’unité financière de l’État. Par ailleurs, durant la phase
d’exécution, la comptabilité de caisse favorise la compilation régulière des données de
manière périodique. Le ministre des finances et le Parlement disposent de la sorte de
données précises sur l’application du budget.
Désormais dépassés
Différents éléments contribuent à empêcher la comptabilité publique tunisienne de
répondre pleinement aux objectifs assignés à une comptabilité moderne. D’abord, la
complexité de sa nomenclature. Les 19 groupes de comptes ne bénéficient pas d’une
racine commune, contrairement aux pratiques internationales. De plus, la nomenclature
demeure largement incompréhensible pour les personnes qui ne sont pas des spécialistes
de la comptabilité tunisienne. Enfin, l’articulation de cette dernière avec la comptabilité
nationale n’est pas garantie.
L’existence parallèle d’une comptabilité budgétaire et d’une comptabilité des
engagements (qui se rapproche de la comptabilité en partie double) alourdit, ensuite,
considérablement le système. Dès lors qu’elles sont certaines dans leur principe et
déterminées dans leur montant, les recettes et dépenses font l’objet d’une
comptabilisation. Par ailleurs, les crédits destinés aux dépenses deviennent alors
indisponibles et se trouvent réservés à cet effet.
Le système comptable actuel rend aussi complexe la gestion de la trésorerie de l’État.
Pour établir à tout moment le montant de l’encaisse en numéraire, l’avoir en compte
courant postal (CCP) et le montant des encaisses par chèque, le comptable doit procéder à
l’arrêté des écritures des documents comptables et à la confrontation avec le solde
physique et les relevés du CCP. L’arrêté comptable quotidien se révèle aussi complexe.
Par exemple, les discordances entre le solde en écriture et l’encaisse physique obligent à
rapprocher les opérations des différents journaux comptables sans être en mesure de
procéder à des contrôles automatiques des opérations grâce à la balance générale des
comptes.
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142 – 7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE
L’article 27 de la LOLF dispose que « l’État tient une comptabilité des recettes et des dépenses budgétaires
et une comptabilité générale de l’ensemble de ses opérations. En outre il met en œuvre une comptabilité destinée
à analyser les coûts des différentes actions engagées dans le cadre des programmes. »
Antérieurement à la LOLF, le dispositif comptable reposait sur une comptabilité budgétaire, tenue en partie
simple, selon une logique de trésorerie, et une comptabilité générale en partie double qui, reprenait de façon
synthétique les mouvements de la comptabilité budgétaire en contrepartie des comptes de dettes et de créances et
des comptes financiers. La comptabilité budgétaire retraçait l’exécution des dépenses budgétaires, au moment du
visa du comptable, ce qui en général précédait de peu le moment où elles étaient payées (par exemple, lors de
l’émission d’un virement au profit d’un fournisseur). Les recettes étaient comptabilisées au moment où elles
étaient prises en charge (par constatation de la créance), les recettes au comptant étant enregistrées, quant à elles,
au moment de leur encaissement (par exemple, lorsque les chèques remis par les contribuables étaient traités). La
comptabilité générale permettait de suivre quotidiennement la situation de trésorerie de l’État. Un retraitement de
la comptabilité budgétaire (procédure dite « de réflexion »), à partir des éléments d’identification de la nature des
opérations budgétaires, permettait, en outre, en fin d’année de présenter des états financiers de type bilan et
compte de résultat. La LOLF maintient l’existence d’une comptabilité budgétaire fondée sur le principe de la
trésorerie, l’exécution budgétaire des dépenses ne se trouvant plus au stade du visa, mais à celui du paiement
effectif.
Depuis 2006, l’État tient une comptabilité générale profondément modifiée qui apparaît pleinement
qualifiable de comptabilité d’exercice et vise à respecter les principes de sincérité et d’image fidèle. Elle
enregistre les obligations et les droits de l’État dès leur apparition, indépendamment de la date effective de
paiement ou d’encaissement. La comptabilité générale lui permet ainsi d’appréhender plus complètement ce qu’il
possède (terrains, immeubles, créances, …) et ce qu’il doit (emprunts, dettes, …), en particulier à travers
l’établissement du bilan, mais aussi grâce aux informations présentées « hors bilan » dans l’Annexe.
Source : Cour des Comptes (2011), La mise en œuvre de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) : un bilan pour
de nouvelles perspectives, www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/114000651/index.shtml.
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7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE – 143
Comptabilité générale
AE CP
Comptabilité budgétaire
Source : La documentation française (2011) Glossaire de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) :
www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000111-lolf-une-nouvelle-constitution-financiere-pour-l-etat/glossaire .
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144 – 7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE
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146 – 7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE
exécution, dès janvier 2013 par les ministères pilotes, une nomenclature expérimentale a
été élaborée. Celle-ci inclue un axe par destination et prend en charge les notions de
programme et sous-programme au travers du concept de paragraphe.
Cette nomenclature a été ultérieurement reprise dans un décret portant modification
de la nomenclature, publié le 30 novembre 2012. Ce texte a permis la présentation, aux
fins d’information du Parlement, du projet de la loi des finances de 2013 sous cette
nomenclature pour les ministères pilotes de la première vague. Cette même nomenclature
a servi à la présentation, également pour information du Parlement, des projets de loi de
finances des années 2014 pour les 9 ministères, et 2015 pour les 13 ministères, qui
expérimentent la GBO. Mais la nomenclature du décret du 30 novembre 2012 se révèle
insuffisante pour décrire l’exécution du budget selon le nouveau cadre budgétaire. Pour
poursuivre pleinement la mise en place de la GBO, une autre nomenclature à atteindre a
donc été envisagée.
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La structuration en parties
Les 6 premières parties traduisent les grandes natures classiques de dépenses. Ces
parties définies dans une perspective budgétaire restent cohérentes avec les grandes
natures de charges et les éléments d’actif et de passif correspondant dans la comptabilité
générale. Le dispositif correspondant à la partie 7 « dépenses imprévues et non réparties »
semble clair et permet de bien différencier le sujet des crédits et celui de l’imputation des
dépenses selon leur nature.
Une clarification entre les dépenses budgétaires objet du projet de décret sur la
nomenclature des dépenses et les charges de trésorerie énumérées à l’article 16 du
projet de LOB s’avère nécessaire
Tout d’abord, concernant la partie 6 : « service de la dette » il convient de relever que
les charges de trésorerie au titre de la « gestion de la dette publique », citées à l’article 16,
correspondent aux opérations sur le principal de la dette et notamment le remboursement
du capital, dès lors, en vue d’éviter toute ambiguïté, la partie 6 pourrait être renommée de
façon plus précise « charges de la dette de l’État ».
Par ailleurs, il paraîtrait souhaitable que dans la partie 5 : « dépenses d’opérations
financières », catégorie 2, sous-catégories 1 : Prêts et 2 : « avances accordées », les
concepts sous-tendant ces prêts et avances accordés (de nature budgétaire) soient
clairement définis pour les distinguer de ceux figurant en charges de trésorerie (« crédits
et avances du Trésor » cités à l’article 16).
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152 – 7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE
En revanche, le système comptable des entreprises est préparé par le Conseil national
de la comptabilité (CNC). Cet organisme examine et donne son avis sur : les projets de
normes comptables et les modalités de leur application ; les projets des textes légaux et
réglementaires qui comportent des dispositions ayant trait à la comptabilité ; les sujets
relatifs à la comptabilité. Il examine enfin les questions relatives à la comptabilité et
propose les moyens de son amélioration 10.
En conséquence, dans un cas l’administration prépare les normes comptables qui lui
sont applicables, dans l’autre, un conseil autonome le fait, même si dans les deux
hypothèses le pouvoir d’édiction reste entre les mains du gouvernement. Cette situation
était commune dans les pays membres de l’OCDE également. Désormais, afin d’accroître
la confiance des citoyens et des opérateurs économiques, il a été décidé qu’un organisme
régulateur conseillerait les services de l’État dans l’adoption des normes comptables.
La Tunisie a choisi de suivre la même voie. Après un travail de comparaison
internationale, le parlement tunisien a, par la loi de finances de 2014, d’une part, modifié
l’article 68 du code de la comptabilité publique et introduit la notion de normes
comptables, et, d’autre part, ajouté l’article 68 bis dans le même code créant le Conseil
national des normes des comptes publics. Par la suite, le décret n° 222 du 21 mai 2015
fixant la composition et les modalités de gestion du Conseil national des normes des
comptes publics, a chargé ce conseil d'émettre des avis préalables sur les normes
comptables applicables à l’État, aux collectivités locales et aux établissements publics
soumis au code de la comptabilité publique. Il a aussi précisé que les normes des comptes
publics applicables auxdites entités s'inspirent des normes comptables internationales et
que les projets des normes sont élaborés et présentés par les ministères compétents, ou par
les organes du conseil des normes des comptes publics lui-même.
Le conseil émet, également, un avis sur les modifications ou l'interprétation des
normes des comptes publics, ainsi que sur les projets se rapportant aux textes législatifs et
réglementaires relatifs aux comptes publics et les études y afférentes. Pour parachever
l’architecture juridique, une référence aux normes comptables a été insérée dans les
articles 21 et 23 du projet de LOB.
Le CNC se révèle extrêmement important. En effet, le passage à la comptabilité
générale impliquera l’adoption d’un nombre considérable de textes. Le premier sera un
nouveau plan comptable, avec une nouvelle nomenclature. Mais d’autres textes
importants resteront à prendre comme ceux permettant l’établissement d’une
méthodologie pour la réalisation d’un inventaire du patrimoine de l’État et d’un bilan
d’ouverture. Dès lors, il importe que dans les meilleurs délais, le Conseil voit ses
membres nommés et son secrétariat constitué et qu’il bénéficie des moyens matériels et
humains nécessaires à sa mission.
Les normes comptables forment les normes faisant autorité en matière d'information financière. Elles
constituent la source première des principes comptables généralement reconnus (PCGR). Elles précisent de
quelle façon les opérations et autres événements doivent être constatés, mesurés, présentés et communiqués dans
les états financiers. Elles visent à fournir aux investisseurs, prêteurs, créanciers, donateurs et autres de
l’information financière utile pour prendre des décisions sur la fourniture de ressources à l’entité.
Source : Conseil des normes comptables du Canada, www.nifccanada.ca/conseil-des-normes-comptables/notre-role/le-cnc/item56000.aspx.
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7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE – 153
De manière générale, il appert que des efforts considérables ont été accomplis pour
doter l’État tunisien d’une nouvelle comptabilité répondant aux normes internationales et
aux besoins d’une gestion moderne et efficace. Il semblerait, cependant, qu’actuellement,
l’État tunisien ne soit pas prêt à mettre en œuvre dans des délais courts cette
transformation. Cette difficulté s’avère accrue, en particulier, par la nécessité de
développer le nouveau système d’information en parallèle de la nouvelle comptabilité.
L’importance de l’enjeu devrait, toutefois, le conduire à poursuivre avec fermeté dans
la voie du changement en y consacrant les moyens humains et matériels adéquats. Et cela
d’autant plus, que l’expérience des pays membres de l’OCDE montre que la mise en
œuvre complète d’une comptabilité générale patrimoniale s’étend sur une longue période.
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154 – 7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE
Recommandations
Il se révèlerait souhaitable de :
1. Établir, d’abord, un état précis des comptes d’attentes hors comptabilité et des restes à recouvrer, et de préparer,
ensuite, d’un programme pluriannuel d’apurement qui distinguerait clairement les années et les sommes. Ce
programme serait décliné annuellement dans les projets de loi de finances soumis à l’ARP.
2. Procéder, ensuite, à une évaluation de la situation des postes comptables. Elle serait suivie d’un programme de
soutien et d’affectation de moyens pour les postes comptables dans une situation difficile.
3. Étendre et achever l’expérimentation comptable, en :
a) achevant l’expérimentation de la nouvelle nomenclature budgétaire et comptable à la Paierie Générale de
Tunisie et faire le bilan de cette démarche ;
b) poursuivant l’expérimentation de la comptabilité à la TGT ;
c) étendant, d’abord, aux sept paieries ministérielles, et, ensuite, aux trésoreries régionales de l’expérimentation
d’une nouvelle comptabilité publique ;
d) procédant au bilan de l’expérimentation comptable et à la mise en place du nouveau système comptable de
l’État Tunisien dans l’ensemble des ministères.
4. Adopter des nouvelles normes comptables :
a) conformes aux standards internationaux ;
b) applicables à l’État (cadre conceptuel, hypothèses sous-jacentes aux normes comptables, principaux concepts,
portée et limites des informations financières) ;
c) selon le domaine en considérant :
i. le champ d’application ;
ii. les méthodes comptables et d’évaluation ;
iii. et l’information à fournir dans les annexes.
5. Prévoir un calendrier de mise en œuvre de la réforme comptable de l’État :
La mise en place d’un système comptable en partie double et en droits constatés constitue un défi considérable.
Aussi serait-il opportun de prévoir des étapes à son application totale. Dans une étape intermédiaire, la tenue d’une
comptabilité simple avec présentation en droits constatés pour les états financiers serait envisagée. Cette étape
pourrait durer plusieurs années, durant laquelle le passage à un système comptable en partie double et droits
constatés continuerait d’être préparé. Naturellement, ces dispositions devraient figurer dans la nouvelle LOB.
6. Mettre en état les comptes de l’État, en :
a) Préparant la méthodologie de la réalisation d’un inventaire et d’un bilan d’ouverture de l’État ;
b) Entreprenant l’inventaire et le bilan de l’État.
7. Adopter le nouveau plan comptable, en :
a) Achevant la rédaction de la nouvelle nomenclature et du nouveau plan comptable de l’État tunisien en tenant
compte des observations formulées ci-dessus et faisant valider ces textes par le Conseil des normes
comptables ;
b) Adoptant par décret la nouvelle nomenclature ;
c) Soumettant le nouveau plan comptable de l’État à l’ARP ;
d) Mettant en place le nouveau plan comptable de l’État tunisien.
8. Rendre opérationnel le conseil national des normes des comptes publics, en :
a) Instaurant un secrétariat permanent doté des moyens matériels et humains suffisants ;
b) Adoptant son règlement interne, sa méthode et son programme de travail.
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7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE – 155
Notes
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156 – 7. LE CHANGEMENT DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE
Références
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 157
Chapitre 8
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158 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
Dans l’ensemble de son activité, l’administration produit des données, les collecte, les
traite, les échange et les codifie pour obtenir de l’information. Puis, elle présente et
interprète cette information. Ainsi, l’établissement et le paiement d’une taxe fiscale
fondée sur la valeur locative d’un immeuble demande l’émission d’un barème
d’imposition, la collecte des données sur l’immeuble et ses habitants, le croisement des
données de différentes sources, par exemple, les déclarations des assujettis et les données
cadastrales, la codification dans les différentes catégories – immeuble d’habitation,
commercial – l’interprétation et la présentation d’un rôle, la production d’avis
d’imposition et éventuellement d’actes de poursuite.
De manière générale, l’activité de l’administration constitue un système, c’est-à-dire
un ensemble de procédés, de pratiques organisées, destinés à assurer une fonction définie.
L’activité budgétaire et comptable de l’administration repose ainsi sur un système
d’information en ce qu’elle procède à la collecte de données (pièces justificatives) et à
leur traitement et codification pour obtenir de l’information (inscription dans la
comptabilité), qui est ensuite présenté et interprétée (états financiers, comparaison,
constatation de déficits…) (Brault et Giguère, 1997).
De manière plus précise, un système d’information (SI) forme un : « Ensemble
organisé de ressources : matériel, logiciel, personnel, données, procédures… permettant
d’acquérir, de traiter, de stocker des informations (sous forme de données, textes, images,
sons, etc.) dans et entre des organisations » (Reix, et al. 2011). Il se divise en deux sous-
systèmes : l'un social, composé de la structure organisationnelle et des personnes liées au
SI, l'autre technique, réunissant des technologies (matériel, logiciels et équipements de
télécommunication) et des processus concernés par le SI. Ce dernier constitue le langage
d’une organisation. Il décrit ses « clients », ses « produits », son organisation et ses
procédures. Ce langage est employé et transporté par un automate programmable qui
collabore au travail conceptuel de l’utilisateur, en lui fournissant des moyens massifs de
classement, tri et traitement des données (Ferrier, 2009).
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 159
Système d’information
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160 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 161
entre le ministère des Finances et les ministères concernés ; enfin, l’édition du projet final
de budget pour transmission à l’Assemblée des représentants du peuple (octobre).
Les fonctionnalités d’AMED consistent, d’une part, dans l’établissement des
documents budgétaires à partir des historiques fournis par ADEB (années n-1, n-2…), et
des documents comptables de l’année courante, et, d’autre part, dans la mise en forme des
documents pour injection dans l’application ADEB. AMED compte 200 utilisateurs
(DAF) et naturellement les gestionnaires des applications correspondantes.
INSAF sert, d’abord, à l’administration des ressources humaines des agents de la
fonction publique sur la base d’un dossier unique et ensuite à la liquidation des salaires.
Elle supporte la gestion de 600 000 agents avec 130 statuts particuliers. Elle prend en
compte tout type d’événement, concernant les ressources humaines, susceptible d’affecter
l’agent à travers la saisie de formulaires. Elle gère chaque événement jusqu’à son
éventuel effet en termes de rémunération. INSAF est implanté dans toutes les régions de
Tunisie (structures régionales et ministères). Elle a pour utilisateurs 300 ordonnateurs
(dont 100 pour le domaine de la santé publique).
RAFIC est destinée à la rationalisation des actions comptables et fiscales. Elle gère le
contrôle fiscal et le recouvrement des créances relatives aux non-salariés. Elle assure la
tenue en temps réel de la comptabilité des recettes des Finances. Elle offre une vision
nationale et partagée des dossiers des professionnels et de leurs obligations fiscales.
RAFIC constitue un ensemble de sous-systèmes organisé de manière concentrique.
Elle intègre les opérations des structures de contrôle et de recette, automatise la
comptabilité de la recette, et l’aide à la vérification fiscale. Elle gère, enfin, le dossier du
contribuable (déclaration, liquidation, suivi fiscal…), et l’enregistrement d’actes, la
gestion des créances constatées, des restitutions de TVA, de la taxe de compensation sur
le transport, de la vignette, des prêts sur gages, des infractions routières. 6 000 personnes
utilisent RAFIC sur plus de 500 sites, dans le domaine fiscal (par exemple, les bureaux et
les centres de contrôle) et celui de la gestion publique (recettes des finances ; conseils de
régions et trésoriers régionaux).
SADEC désigne le système d’aide à la décision et à l’encadrement du contrôle fiscal.
II équipe l’administration fiscale d’outils et de moyens d’aide au contrôle fiscal des
contribuables et à la rationalisation des méthodes de travail de suivi des dossiers. Il offre
des informations utiles au rapprochement du revenu réel du contribuable (diverses
sources : ADEB, SINDA, caisse nationale de sécurité sociale). Il complète RAFIC, en
rapprochant les renseignements avec ceux déclarés spontanément par les contribuables et
a une fonction de détection de la fraude. Il facilite le contrôle interne du rendement des
unités de contrôle fiscal.
SADEC forme un système complet et reçoit les déclarations des employeurs sur les
rémunérations versées à leurs salariés. Il gère, ainsi, les recoupements (entre autres :
déclaration de douanes, factures, cotisations sociales de la CNSS, fichier national des
véhicules, déclarations d’impôts dans RAFIC, etc.), et rapproche les données déclarées et
celles collectées. Le contentieux fiscal est pris en charge par ce système. 167 bureaux de
contrôle, répartis sur tout le territoire tunisien et dirigés par une structure régionale,
utilisent SADEC.
SIADE gère la dette publique extérieure qu’elle soit garantie, rétrocédée ou privée.
Elle considère et organise les accords de prêts (appels de fonds et demandes de tirage).
Elle suit l’avancement des projets, l’édition de tableaux d’amortissement et de
l’échéancier des remboursements. SIADE travaille avec ADEB concernant la codification
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162 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
budgétaire produite par chaque demande de tirage. Ses utilisateurs sont les ministères
demandeurs (jusqu’à 3 postes connectés), les entreprises publiques, le ministère des
Finances (30 postes connectés).
SINDA forme le système d’information douanier automatisé. Il intègre la gestion et la
liquidation des transactions douanières. Depuis l’arrivée de la marchandise jusqu’à son
enlèvement, il couvre toutes les procédures douanières. Il est employé par les structures
de la douane et ses partenaires. Il traite une multitude d’aspects économiques ou
organisationnels, relatifs aux opérations en douane, jusqu’à l’organisation des entrepôts
industriels ou des contentieux douaniers. Aujourd’hui, plus de 2 000 personnes recourent
à SINDA, dont les déclarants douaniers et les bureaux des douanes.
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 163
Source : Quero, Boët, et Pillet (2013) Rapport de synthèse, Système d’information, appui à la gestion budgétaire par objectifs.
Bien que les fonctions que le SI devrait remplir pour appliquer la GBO aient été
répertoriées, il paraît difficile de se prononcer sur la capacité du SI actuel à le faire.
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164 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 165
actions et sous-action auxquelles elles contribuent, et, d’autre part, leur ventilation
entre les dépenses transversales. Ces opérations passent par l’affectation des
dépenses indivises des actions de support sur les actions de politique publique,
selon des règles et clés propres à chaque programme. Naturellement, l’ensemble
de ces procédures devient bien plus aisé grâce à un SI efficace.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
166 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
La nécessité d’opérer des choix stratégiques pour appliquer la LOB est globalement
admise par l’ensemble des acteurs prenant part au processus, mais l’impossibilité de les
opérer a conduit à des expérimentations et à l’établissement d’hypothèses de travail.
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 167
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168 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
Les évaluations sur l’ensemble des dépenses ont constaté que la PGT se trouve
aujourd’hui en mesure de fonctionner en partie double et de produire des restitutions aux
normes internationales (balance…). Le dispositif informatique mis en place à la PGT
présente également l’originalité, en l’absence de modification des textes, de continuer à
produire les restitutions antérieures en comptabilité en partie simple (cœur comptable
avec système d’échange) de la PGT, pour permettre une expérimentation conformément
au décret de modification de la nomenclature. Conçue au départ pour tester une réforme
limitée, l’expérimentation donne des résultats positifs, sans qu’il soit aujourd’hui possible
d’affirmer qu’elle constitue un véritable pallier de la réforme GBO. À ce titre, les
ministères dits de 2ème vague exploitent le SI expérimental depuis le 1er janvier 2014.
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 169
notamment sur les besoins exprimés par tous les groupes thématiques du jumelage. Des
échanges d’expérience, notamment avec l’administration française, ont été conduits
concernant la dématérialisation des procédures.
Des réflexions ont aussi été entreprises concernant la gouvernance du SI. Cette
dernière est formée des « moyens par lesquels les parties prenantes peuvent s’assurer de
la prise en compte de leurs intérêts dans le fonctionnement d’un système d’information et
de communication » 4. En effet, présentement elle ne semble pas donner satisfaction.
Selon certains interlocuteurs rencontrés au cours de l’évaluation par les pairs, ses
insuffisances ne seraient pas de nature à aider à l’amélioration du SI, et notamment à la
prise en charge par celui-ci de la GBO. Face à ces difficultés divers initiatives ont été
prises, telle une réunion des bénéficiaires du futur SI en configuration « maîtrise
d’ouvrage », tenue début janvier 2014 et destinée à amorcer la réflexion sur la mise en
place d’une gouvernance stratégique des systèmes d'information financiers. Cependant à
ce jour aucune décision dans ce sens n’a été prise.
L’ensemble d’initiatives montre une volonté d’avancer vers la GBO. Cependant, à
l’heure présente, il ne semble pas que les expériences et les réflexions conduites soient
susceptibles d’assurer rapidement la mise en place d’un SI capable de porter la GBO.
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170 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
Le système d’information Chorus constitue l’outil d’exécution des dépenses et des recettes non fiscales de
l’État, de tenue de la comptabilité, de consolidation et de production des comptes de l’État français. Il est utilisé
par l’ensemble des services centraux et déconcentrés de l’État de la chaîne budgétaire et comptable. Il forme
l’outil central de pilotage de la gestion publique. Fondé sur un progiciel de gestion intégré (PGI) qui s’appuie sur
des procédures standardisées définies à partir des bonnes pratiques des secteurs public et privé, Chorus couvre
les cinq grands domaines fonctionnels suivants :
• L’élaboration et la mise à disposition des ressources grâce à la programmation des prévisions annuelles
et infra-annuelles et la formalisation des prévisions d’emplois et de ressources en fonction des objectifs
assignés et des moyens alloués.
• L’exécution de la dépense suit tout le processus visant à constater par avance une dépense à travers
laquelle l’État s’engage donc juridiquement (établissement d’un engagement juridique ou « EJ »).
• La gestion des actifs : Chorus gère les stocks, les immobilisations et le référentiel patrimonial de l’État
• L’exécution des recettes non fiscales : Chorus permet l’enregistrement, la comptabilisation,
l’encaissement et le rapprochement automatique du compte client de trois grandes catégories de recettes
non fiscales : tiers externes à l’État (entreprises, individus etc.) ; tiers internes à l’État ; recettes
encaissées au comptant (sans émission de titres de perception).
• La tenue des trois comptabilités : Chorus traduit les événements de gestion en comptabilité générale,
comptabilité budgétaire et en comptabilité d’analyse des coûts, sans aucune ressaisie.
Chorus constitue un outil de pilotage. Il assure la mise en commun des données pour tous les acteurs de la
chaîne budgétaire et comptable grâce à deux types de restitutions complémentaires :
• Infocentre Chorus -Restitutions décisionnelles : les données sont consolidées ; seuls les axes d’analyse
identifiés sont restitués ; les vues sont transverses aux domaines ; les données sont disponibles après
chargement (à J+1).
• Cœur Chorus - Restitutions opérationnelles : les données portent sur le détail des pièces ; toutes les
informations saisies sont disponibles ; les vues portent sur un domaine à la fois ; les données sont
disponibles en temps réel.
Source : Ministère de l’économie et des finances (2016), Les services apportés par Chorus, www.economie.gouv.fr/aife/chorus.
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8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION – 171
Recommandations
En vue de mettre le SI en mesure de porter la GBO, il s’avérerait opportun que des choix rapides
soient effectués, tendant à :
1. Mettre en place une gouvernance appropriée. Celle-ci garantirait la cohérence fonctionnelle du SI cible
GBO, complémentaire des gouvernances existantes pour les sous-ensembles du SI ;
a) cette gouvernance nécessiterait la constitution d’un Comité directeur des systèmes d’information,
qui serait le maître d’ouvrage stratégique, responsable opérationnel du nouveau SI d’application de
la GBO. Dans ce Comité directeur, les utilisateurs seraient en mesure de faire clairement entendre
leurs besoins et de consentir aux choix technologiques arrêtés. Ce comité assurerait la validation de
l'opportunité et faisabilité des projets. Il arrêterait la programmation, le budget et les modes de
financement, la validation des phases d'études du projet, le cahier des charges, le lancement des
appels d’offres, passations des marchés, suivi des opérations techniques et des dépenses, réception
des ouvrages ;
b) ce Comité s’adjoindrait le concours d’un cabinet de conseil, extérieur à l’administration, afin de
l’aider à déterminer ses choix, et dont la mission serait à préciser ;
c) le Comité directeur des systèmes d’information désignerait également un maître d’ouvrage délégué,
remplissant une fonction d’expertise et qui l’assisterait dans la préparation des décisions relatives au
SI. Il aurait une mission de coordination entre des « maîtres d’ouvrage opérationnels » responsables
chacun d'un des domaines du métier, ou, de l'une des diverses « applications ». Ce maître d’ouvrage
délégué veillerait, d’une part, à la compatibilité des interfaces, à la simplicité et à la facilité
d'utilisation de systèmes d'information intégrant et, d’autre part, aux évolutions juridiques et
techniques engendrées par la réforme. Il exercerait le suivi régulier des indicateurs de performance
pour permettre, entre autres objectifs, l’élaboration des projets et rapports de performance ainsi que
des projets de budgets annuels et de lois de règlement.
2. Faire adopter par le Comité directeur des systèmes d’information les mesures nécessaires pour
l’établissement d’un schéma directeur informatique, dans les meilleurs délais.
3. Donner les moyens au Comité directeur des systèmes d’information d’obtenir la préparation d’un cahier
de charges fonctionnel qui contiendrait la description des macro-processus et procédures existants.
Celles-ci pourraient être les procédures d’établissement des comptes de l’État, si possible complété des
procédures de gestion des opérations de trésorerie et des opérations de règlement, la procédure de
gestion des dettes et créances d’un fournisseur privé de l’État, les procédures de contrôle des comptes
des receveurs, des payeurs et du trésorier général de Tunisie. Ces procédures sont à décrire dans des
documents standardisés, détaillant les documents et référentiels utilisés. Ce travail permettrait d’établir
les modifications souhaitées et procéder à des choix, tel que : i) limiter l’introduction de la comptabilité
en partie double uniquement à la TGT ou, ii) l’introduction de la partie double pour tous les comptables
publics. Littérairement, il serait nécessaire de lancer la conception et le développement du SI et
d’examiner les conditions de sa mise en œuvre. Naturellement, cette étape devrait s’accompagner d’un
effort important de formation des utilisateurs.
4. Poursuivre la dématérialisation des actes de procédure.
5. Instaurer un système de centralisation compatible en vue de gérer les états financiers.
6. Renforcer les procédures d’interfaçage entre les systèmes d’information (ADEB, RAFIC, SIADE,
SADEC, SINDA, INSAF etc.).
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172 – 8. L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME D’INFORMATION
Notes
Références
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212-12764-5.
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comptabilité nationale, Edificas, www.edificas.fr/content/download/514/3169/version/1/
file/Le%2Bdocument%2B%25C3%25A9lectronique%2Bet%2Bsa%2Bvaleur%2Bprobant
e%2B-%2BChorus%2B(Nicolas%2BBotton).pdf+&cd=1&hl=de&ct=clnk&gl=tn.
Brault, R. et Giguère, P. (1997), Comptabilité de gestion, Les presses de l’université de Laval,
Canada, ISBN 2-7637-7505-5.
Canton de Genève (2013), Règlement sur l'organisation et la gouvernance des systèmes
d'information et de communication, B 4 23.03, www.ge.ch/legislation/rsg/f/s/rsg_B4_23
P03.html.
Ferrier, C. (2009), LOLF et systèmes d’information : état des lieux in Xavier INGLEBERT,
Manager avec la LOLF, Groupe Revue Fiduciaire, 2ème édition.
Ministère de l’économie et des finances (2016), Les services apportés par Chorus
www.economie.gouv.fr/aife/chorus.
Quero, C., Boët, B., Pillet, D. (2013), Rapport de synthèse, Système d’information, appui à la
gestion budgétaire par objectifs.
Reix, R., Fallery, B., Kalika, M. et Rowe, F., (2011), Systèmes d'information et management
des organisations, Édition Vuibert, ISBN-10 : 2711743810.
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9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 173
Chapitre 9
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174 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
Ce chapitre traite des contrôles externes effectués par les contrôles administratifs et la
Cour des Comptes. Les premiers effectuent un contrôle administratif mais externe au
service ou à l’organisme contrôlé. La seconde met en œuvre un contrôle externe à
l’administration, au surplus de nature juridictionnelle. Dans le contexte de la GBO, ces
contrôles revêtent une très grande importance parce qu’ils d’évaluent la gestion publique
et la performance, soit durant l’exécution de l’action administrative, soit à son
achèvement. Ils ouvrent ainsi la porte à des retours d’expérience, des corrections et des
innovations de l’action publique.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 175
participer des inspections ministérielles. Leurs membres des contrôles bénéficient, par
ailleurs, de statuts très protecteurs, leur accordant la plus grande autonomie dans leurs
fonctions 4. Les fonctions et le statut des trois contrôles généraux s’avérèrent donc très
proches.
L’activité des contrôles généraux apparaît, enfin, importante et de qualité. Ils
contrôlent, en effet, chaque année plus de 1 500 administrations publiques (hormis les
ministères), 770 établissements publics non administratifs et 290 conseils municipaux et
municipalités.
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176 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
Les synergies
La proximité des missions, des pouvoirs et des méthodes des trois contrôles généraux,
ainsi que leurs faibles effectifs - 150 membres en tout - fonderaient leur réunion en un
seul corps. Cette fusion réduirait les déperditions d’efficacité et les interférences entre les
différentes instances. Elle limiterait la multiplicité des intervenants et accroîtrait la
coordination et la complémentarité et atténuerait les redondances et des coûts importants.
Elle développerait aussi les synergies et le partage d’expériences et de méthodes
d’investigation. Elle améliorerait la programmation pluriannuelle, tant sectorielles que
globale. Elle mettrait, enfin, un frein à la prépondérance du contrôle de régularité et de
conformité, due en partie à l’hétérogénéité du cadre juridique du contrôle de la
performance.
L’autonomie accrue
Comme dans certains pays membres de l’OCDE pour des institutions homologues, les
conditions d’exercice des contrôles généraux tunisiens ne sont pas entièrement en
conformité avec les normes professionnelles de l’audit interne, telles que définies par le
COSO. En effet, le rattachement du contrôle général à un ministre, dont relèvent les
services audités, rend ce ministre à la fois juge et partie, engendrant des risques de
conflits d’intérêts et des interrogations sur l’indépendance du contrôleur. Si bien qu’il
serait envisageable, afin de rapprocher des normes internationales de la profession
d’auditeur, de faire évoluer ce corps en lui donnant plus d’indépendance. L’instauration
d’un Comité d’audit, coordonnant et assurant le contrôle de la qualité de l’audit
constituerait un moyen d’amélioration de l’autonomie des contrôleurs.
L’autonomie passerait aussi par l’attribution aux contrôles généraux des moyens
matériels leur permettant l’accomplissement de leur mission dans des conditions
garantissant la confidentialité, gage de leur efficacité. Ainsi, ils devraient bénéficier des
moyens informatiques, avec les autorisations d’accès utiles, et d’un parc automobile
propre pour éviter la divulgation injustifiée de leurs déplacements.
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9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 177
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178 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 179
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180 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
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9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 181
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182 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
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9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 183
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184 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
importante vers une plus grande interaction de la Cour avec les acteurs sociaux.
Pendant les dernières années, la haute juridiction financière a aussi partagé ses
travaux avec les médias et la société dans son ensemble. Il lui reste à construire
sur ce socle pour atteindre les journalistes, les universitaires, les organisations non
gouvernementales et les citoyens susceptibles de l’aider à identifier ses sujets de
vérification ou de lui fournir des informations utiles. Il serait particulièrement
important pour cette instance financière de développer un programme de
sensibilisation sur les objectifs de performance de l’État dans le contexte de la
gestion budgétaire par objectifs. Cela lui permettrait de renforcer sa position et
son prestige comme allié du peuple et interlocuteur apprécié de leurs
représentants à l’ARP.
3. Tant au cours de la Révolution de 2011 que par la suite, de nombreux citoyens et
organisations de la société civile en Tunisie ont exprimé le désir d'une plus grande
ouverture et transparence de l’État, et davantage de participation des citoyens, y
compris dans le domaine de la gestion budgétaire. Il est crucial que ces espoirs
soient pris en compte par les autorités tunisiennes, et surtout par les institutions
chargées de contrôler l’action de l’administration et du gouvernement, comme le
Parlement et la Cour des Comptes.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 185
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186 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
Encadré 9.2. Enquête par le Bureau Australien d’Audit National des membres du comité
parlementaire et des secrétaires du comité
Le Bureau Australien d’Audit National (BAAN) commande des enquêtes périodiques afin de mesurer sa
performance quant à la satisfaction des besoins des parlementaires et afin d’identifier de possibles améliorations
de ses services au Parlement. Plus précisément, l’enquête a pour objectif de :
• Obtenir des commentaires constructifs sur la performance du BAAN quant à la satisfaction des besoins
et des exigences des parlementaires, du Comité mixte sur les comptes publics et l’audit ainsi que
d’autres comités parlementaires ;
• Identifier les mesures qui pourraient être mises en place afin d’encourager les liens entre le BAAN et le
Parlement et ;
• Accroître la sensibilisation au sein du Parlement sur la gamme de produits et services proposés par le
BAAN.
Une attention particulière est accordée au Comité mixte sur les comptes publics et l’audit, principal point de
contact entre le BAAN et le Parlement. La fonction principale de ce comité est de s’assurer de la responsabilité
des organismes gouvernementaux quant à la légalité, l’efficacité et l’efficience de l’utilisation des fonds publics.
Le Comité mixte examine tous les rapports du BAAN présentés pour débat au Parlement. Le BAAN a
commandé des enquêtes en 2000, 2002, 2008 et 2011. Les secrétaires des comités parlementaires furent inclus
dans l’enquête pour la première fois en 2008. Ces secrétaires sont des fonctionnaires publics qui travaillent
comme point de contact pour les affaires liées au comité.
Les 226 parlementaires (150 pour la Chambre des représentants et 76 pour le Sénat) sont invités à participer
à l’enquête. L’enquête peut être complétée à travers un entretien direct avec un conseiller principal en recherche
et un cadre supérieur du BAAN au cours d’une séance parlementaire, un entretien téléphonique avec un
conseiller principal en recherche, ou un questionnaire sur papier. Les 34 secrétaires de comité sont invités à
répondre à cette enquête à travers un entretien avec un conseiller principal en recherche.
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9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 187
Encadré 9.2. Enquête par le Bureau Australien d’Audit National des membres du comité
parlementaire et des secrétaires du comité (suite)
Plus largement, l’enquête de 2011 a révélé que les agents du BAAN étaient bien évalués par les secrétaires
de comités parlementaires en raison de leur accessibilité, réactivité et dans la mesure où les conseils et
informations qu’ils fournissent répondent à leurs besoins. Les répondants à l’enquête ont également souligné la
qualité du travail du BAAN, avec de nombreux commentaire quant au rôle décisif qu’a joué le BAAN en
s’assurant de la responsabilité des organismes gouvernementaux. De plus, les répondants ont mis l’accent sur le
fait que le BAAN proposait des produits de grande qualité, et qu’il était indépendant, non-partisan et intègre.
L’enquête de 2011 a identifié des domaines dans lesquels le BAAN pouvait apporter des améliorations. Le
BAAN a développé un certain nombre d’initiatives pour 2012-2013, incluant le développement d’un plan de
communication afin de guider ses engagements avec les parlementaires.
Source : OCDE (2013) Brazial’s supreme audit institutions p. 48, www.oecd.org/gov/ethics/Assessment%20and%20
Recommendations%20booklet_ENG.pdf.
Recommandations
Il serait opportun sur les contrôles administratifs externes de :
1. Renforcer les synergies :
i. Établir une coopération plus étroite entre les contrôles généraux, et,
ii. entre ceux-ci et les inspections départementales.
Cette synergie nécessiterait la construction d’une culture partagée, passant par des méthodes, des
habitudes de travail des programmes de contrôles établis en commun.
2. a) Regrouper les contrôles généraux dans un seul corps, disposant des garanties statutaires permettant à
ses membres de remplir de la façon la plus autonome possible leur mission, tout en restant subordonnés
au ministre ;
b) Fusionner certaines inspections ministérielles jusqu’à réduire leur nombre à dix environ.
3. Examiner les différentes options de rattachement du nouveau contrôle général : soit au Chef du
gouvernement, soit au ministre des Finances, soit sous leur double tutelle. Dans tous les cas, garantir que
tous les ministres aient la possibilité de demander des travaux au nouveau contrôle général, selon un
ordre arrêté par le Chef du gouvernement.
4. a) Établir un calendrier de réforme des corps de contrôle ;
b) Procéder aux discutions avec les partenaires sociaux et les instances représentatives de ces corps ;
c) Créer les conditions matérielles de la réforme en examinant les régimes statutaires et indemnitaires
des trois contrôles généraux.
5. a) Améliorer la maîtrise des outils de suivi et d’évaluation de la performance par les contrôles généraux
et les inspections ministérielles à travers l’évaluation des compétences des membres des corps et
l’instauration de formations consacrées à ces questions ;
b) Faire utiliser par les corps de contrôle pleinement les outils de suivi et d’évaluation de la performance
durant les missions d’enquête et contrôle ;
c) Modifier l’organisation des corps de contrôle externe, afin d’accompagner la mise en place de la
GBO.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
188 – 9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES
Recommandations (suite)
6. a) Supprimer le Haut comité de contrôle administratif et financier, dans l’hypothèse de la fusion des
corps de contrôle ;
b) Transformer le Haut comité de contrôle administratif et financier en comité d’audit en cas de maintien
des trois corps de contrôle, et lui donner les moyens matériels et humains de remplir véritablement sa
mission de coordination entre les organes supérieurs de contrôle et de contrôle de la qualité de l’audit,
pour améliorer l’autonomie des contrôles généraux, comme conseillé par le rapport de l’OCDE sur la
gestion des risques en Tunisie (OCDE, 2014).
7. Attribuer, dans toutes les hypothèses, le suivi de leurs observations et avis aux instances de contrôle à
ces mêmes instances, en dessaisissant de cette mission le Haut Comité de Contrôle Administratif et
Financier.
Il serait suggéré sur la Cour des Comptes de :
8. Confier le contrôle du financement des partis politiques et la réception et le dépôt des déclarations sur
l’honneur des biens de certains élus et fonctionnaires à d’autres entités que la Cours des comptes.
9. Établir une collaboration forte entre l’ARP et la Cour des Comptes donnant sa pleine portée à l’article
117 de la Constitution ; instaurer rapidement un protocole de travail permettant à l’assemblée
parlementaire de recourir à la Cour des Comptes sans l’empêcher pratiquement de conduire ses travaux
selon ses propres priorités ; prévoir que le rapport annuel de la Cour des Comptes est présenté et débattu
en séance plénière de l’ARP.
10. Faire entreprendre par l’administration dans les meilleurs délais la rédaction d’un projet de loi portant
sur la Cour des Comptes. Ce texte devrait s’avérer totalement en conformité avec le projet organique du
budget ; sa transmission à l’ARP permettrait à celle-ci de s’assurer que la Cour des Comptes remplira
pleinement les missions qu’elle attend d’elle ; dans ce but des études de droit comparé seraient à
privilégier. Une fois votées, les deux lois devront parfaitement compatibles.
11. Continuer à mettre à niveau l’ensemble de la fonction juridictionnelle financière, qu’elle porte sur les
comptes des comptables ou les fautes de gestion des ordonnateurs en y incluant les élus politiques et
ministres.
12. Demander, en tout état de cause, à l’administration de mettre en place des procédures de contrôle interne
fiables, et de soumette ses comptes à la Cour dans des délais raisonnables.
13. Poursuivre, dans la Cour des Comptes, le perfectionnement aux techniques d’audit de la performance.
14. Encourager la Cour à demeurer étroitement associée à la définition des procédures de dématérialisation
des pièces comptables et à collaborer étroitement avec le ministère des Finances dans ce but.
15. Confier à la Cour des Comptes elle-même le suivi de ses observations et recommandations. La loi sur la
Cour des Comptes pourrait également disposer la création d’un comité de suivi à l’intérieur de cette
institution. Par ailleurs, la LOB pourrait prévoir que la commission de finances de l’ARP se trouve
périodiquement informée par la Cour des Comptes de l’application par l’administration de ses
observations et recommandations.
16. Améliorer la clarté et la disponibilité de l’information émanant de la Cour des Comptes.
17. Procéder, de sorte à résoudre les causes systémiques des défaillances de la Cour, à la mise en état des
comptes en lançant une campagne d’apurement des comptes.
18. Solliciter à la Cour des Comptes de procéder à un audit approfondi de ses besoins matériels et humains,
en vue de mettre en œuvre la GBO. Elle établirait, ensuite, un programme de mise à niveau, tant en
effectifs qu’en moyens matériels ; elle prévoirait aussi un programme de formation de l’ensemble des
magistrats à la GBO ; il conviendrait, enfin, de modifier le projet de LOB de sorte à autoriser la Cour à
discuter directement son budget avec l’ARP.
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9. LES CONTRÔLES ADMINISTRATIFS EXTERNES ET LA COUR DES COMPTES – 189
Notes
Références
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10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 191
Chapitre 10
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
192 – 10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE
Au cours des trois dernières années, des progrès remarquables ont été accomplis dans
la conception et la mise en œuvre de la GBO. De surcroît, cette réforme particulièrement
ambitieuse, s’étend très au-delà des finances publiques. Comme il a été exposé dans ce
rapport, elle renforce la capacité de pilotage des services administratifs de l’État, et à
terme de ses opérateurs (établissements publics, collectivités publiques locales, …). Elle
fournit aussi de nouveaux outils de gestion parmi lesquels ceux de suivi et d’évaluation
de la performance, et renouvelle le dialogue de gestion. Elle constitue donc un moyen
éminent de modernisation de l’administration. Mais, les résultats de l’expérience de la
GBO restent encore d’une portée limitée. Et sa continuation appelle, d’abord, une
gouvernance forte, structurée et participative, ensuite, l’évolution des structures de
l’administration, et enfin, la mutation de la fonction publique.
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10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 193
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
194 – 10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE
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10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 195
insuffisante. Malgré la qualité de ses membres et les efforts considérables qu’ils ont
accompli, l’Unité GBO centrale ne dispose pas des moyens matériels, humains et
règlementaires lui permettant de guider la réforme et a fortiori de l’imposer, d’autant plus
qu’elle n’a bénéficié que d’un faible soutien politique.
Le consensus politique
La réforme nécessite un consensus politique fort. La portée de la GBO dépasse les
finances publiques, car elle contribue à définir une conception vaste et partagée de la
société présente et à venir. Cette réforme a vocation, d’abord, à affecter les décisions
publiques et leur évaluation, et, ensuite, à déplacer le centre de gravité du pouvoir vers le
parlement. Sous une apparence technique, elle constitue une réforme politique
considérable, et à ce titre, elle heurtera des intérêts et fera naître des inquiétudes. Pour
aboutir, elle requiert donc un engagement politique fort, du début jusqu'à la fin du
processus de réforme, en particulier, dans ce pays en phase postrévolutionnaire. Dès lors,
face aux risques d’arrêt de la réforme, il faut installer la modernisation des finances
publiques et le sujet de la GBO au centre du débat public, tant pour les mesures de court
terme que pour les actions à long terme. Dans la situation tunisienne, en particulier, la
mise en œuvre de la réforme nécessite une vision vaste et partagée de la société,
l’instauration d’un consensus parlementaire, l’engagement sans failles du gouvernement
et la véritable association de toutes les parties prenantes.
Il revient aux pouvoirs publics d’établir une vision vaste et partagée de la société. De
cette vision, ils déduiront les stratégies sectorielles, publiques, avant d’en tirer les plans et
les projets d'action. La stratégie forme un ensemble d'actions coordonnée et habiles et de
manœuvres destinées à atteindre un but précis. Elle est indispensable pour conduire à bien
une transformation ambitieuse des finances et du secteur publics en Tunisie.
Pour que la réforme dépasse le rythme électoral, il convient aussi de la développer et
la faire porter avec l'accord ou la participation de parlementaires de différentes tendances
politiques et de bâtir un consensus parlementaire. Dans les pays membres de l’OCDE,
l’adoption et le succès de la mise en œuvre de la budgétisation axée sur la performance
proviennent du consensus parlementaire auquel ont participé l’opposition et la majorité
gouvernementale.
Dans certains pays membres de l’OCDE, le parlement a été un acteur principal de la
réforme, parfois même à son origine. C’est le cas de la France où la réforme de la LOLF a
été le fruit de la coopération des deux chambres du Parlement et des élus des partis
politiques de droite et de gauche, de l’opposition et de la majorité, ce qui a rendu le
travail plus riche et efficace, tout en facilitant son application.
Naturellement, le premier ministre et le ministre des finances assument un rôle
prépondérant dans cette mobilisation, l’un fixant les orientations politiques, l’autre les
mettant en œuvre avec le concours de ses services, et en y associant toutes les parties
prenantes. Mais, cet enjeu nécessite la participation du gouvernement dans son ensemble,
chaque ministre veillant à ce que ses services s’engagent véritablement à chaque étape de
la conception et de l’introduction de la GBO.
Il s’avère aussi indispensable d’associer toutes les parties prenantes, tels les usagers -
personnes physiques ou morales 1 - dans les différentes étapes de la réforme, et
spécialement dans sa gouvernance. Parmi les parties prenantes, les fonctionnaires et
agents publics occupent une place essentielle. Souvent dans le domaine des finances
publiques, les stratégies de réforme échouent car les fonctionnaires et agents publics ne se
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
196 – 10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE
sentent pas associés. Par exemple, un certain nombre des difficultés de la mise en œuvre
de la LOLF en France tire son origine du peu d’intérêt que les fonctionnaires ont accordé
à cette réforme dont ils ne percevaient pas les enjeux et qu’ils pensaient menacer leurs
intérêts (Cour des Comptes, 2011).
En Tunisie, parmi les parties prenantes de la réforme, il convient d’inclure les
instances constitutionnelles indépendantes, telle l’Instance nationale de la bonne
gouvernance et de la lutte contre la corruption, prévue par l’article 130 de la Constitution
de 2014, dont certaines de ses attributions la conduiront à participer à la consolidation des
principes de transparence, d’intégrité et de responsabilité qui, trouvent leur place dans la
GBO.
Dans cet esprit, on évitera que le dialogue ne devienne purement formel, alors que les
orientations et les décisions véritables seraient préparées dans un cercle restreint et
exclusivement administratif. Afin que les décisions finales soient comprises et acceptées
par un nombre suffisant d’acteurs, une démarche coopérative, assortie de véritables
consultations, intervenant très en amont et allant en profondeur des questions se révèle
indispensable. On identifiera, d’abord, les acteurs dans un esprit inclusif, participatif et
réaliste, puis, on les associera de la façon la plus étendue et on organisera le dialogue,
l'échange d'expériences et de bonnes pratiques.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 197
Les réformes structurelles en matière de finances publiques s’étalent sur des périodes
longues et ont souvent des effets sur des durées indéterminées. Elles requièrent des
modifications dans la distribution des ressources et la réaffectation des dépenses
d'intervention, et elles passent aussi par le contrôle du déficit budgétaire. Parce qu’elles
touchent à un nombre considérable d’aspects de la vie des administrations, des citoyens et
des entreprises, elles mobilisent également des moyens humains, techniques et financiers
considérables.
La maîtrise du temps, matérialisée dans un calendrier réaliste, s’avère partant un
élément de première importance dans leur réussite. Leur programmation doit intervenir
assez en amont, le temps de leur mise en œuvre nécessite de sembler crédible, tout
comme le temps de leur évaluation.
Par ailleurs, le projet de la GBO requiert la coordination avec les autres réformes en
cours dans le pays, notamment celle de la décentralisation et la rénovation de la
programmation macroéconomique, la politique d’investissement et la formulation de la
politique budgétaire. Ce point soulève celui de la coordination entre ministères et
administrations territoriales pour atteindre les objectifs des missions et programmes
transversaux. Dans l’expérience tunisienne, cependant, faute d’un programme complet de
la GBO intégrant, en particulier, tous les aspects comptables et liés au système
d’information, il n’apparaît pas aujourd’hui possible d’établir un calendrier crédible
d’achèvement du projet, ou du moins de dresser un phasage suffisamment précis.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
198 – 10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 199
chaque politique publique et des caractéristiques des territoires ou celle sur l’utilité
d’entités manifestement en dessous du seuil critique en matière de personnel.
Cet aspect essentiel est traité plus en détail dans le rapport intitulé Un meilleur
contrôle pour une meilleure gouvernance locale en Tunisie : le contrôle des finances
publiques au niveau local (OCDE, à paraitre).
La modernisation de l’administration
Depuis une trentaine d’années, de nombreuses démarches de modernisation ont eu
lieu dans les administrations des pays membres de l’OCDE (OCDE, 2005). Celles-ci
portent sur un nombre très varié de domaines et prennent des formes parfois originales,
mais souvent en relation avec la budgétisation axée sur la performance. À côté de la
volonté d’améliorer les performances de l’administration et de chercher à économiser les
deniers publics, la modernisation de l’administration vise aussi à améliorer les relations
entre l’administration et les administrés ainsi que les services rendus aux citoyens. Cette
modernisation passe par le meilleur accueil des usagers, la simplification des formalités et
des procédures administratives, le développement de l’administration électronique, le
renforcement des droits des citoyens face à l’administration, en particulier en garantissant
le droit d’accès aux documents administratifs et la transparence du secteur public.
La stratégie tunisienne du développement administratif (2007-2011) tendait à créer
une nouvelle génération de réformes (2007-2016), fondé sur une administration
anticipative pour accélérer le développement du pays (Premier ministère, 2007). Comme
l’a aussi rappelé ce document, la Tunisie a connu plusieurs vagues de modernisation de
son administration depuis son indépendance. Elle a ainsi cherché à simplifier les
procédures et formalités administratives, améliorer la qualité des prestations
administratives et à rapprocher l’administration du public. En même temps, le pays a
impulsé des modernisations sectorielles comme celle de la stratégie de développement de
l'administration électronique "e-Stratégie", s’inscrivant dans la dynamique de l’économie
du savoir et l’introduction des technologies de l'information et de la communication (TIC)
dans la vie des tunisiens. Malgré ces acquis, des efforts importants de modernisation
restent à accomplir. Indubitablement, en renforçant la planification et la souplesse de
l’action publique et son évaluation, la GBO constitue un moyen à employer pour
poursuivre cette modernisation.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
200 – 10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE
Cette « révolution copernicienne » - la budgétisation par la performance n’étant plus vu comme suffisante
toute seule pour gérer les résultats, mais reste toutefois un des processus dans cet orbite - stimule à la fois les
enjeux et les difficultés de la mise en place d’une budgétisation basée sur la performance. D’un côté, son cadre
plus large donne à la budgétisation par la performance un rôle plus important dans la transformation de la gestion
publique ; de l’autre, cette transformation reste difficile à réussir. En effet c’est une chose de vouloir changer le
contenu et la structure des budgets, s’en est une toute autre que de vouloir métamorphoser une culture ancrée
dans l’organisation, le comportement de ses managers et fournisseurs de services.
Une chose est sûre : la budgétisation par la performance seule ne peut pas transformer les organisations, c’est
une réforme nécessaire, mais elle est loin d’être suffisante. Les pays ayant réussi le pari de la budgétisation par la
performance ont mené conjointement des réformes managériales et budgétaires. La Nouvelle-Zélande a d’abord
légiféré pour faire avancer des changements fondamentaux dans la gestion publique qu’elle a ensuite complétée
par des outils budgétaires Ce fut également le cas en Australie, aux Pays-Bas, en Suède, au Danemark et dans
d’autres pays ayant eu des réformes budgétaires réussies.
Source : OCDE (2014) The metamorphoses of performance budgeting, OECD Journal on Budgeting, www.oecd-
ilibrary.org/docserver/download/4213021ec002.pdf?expires=1467887899&id=id&accname=ocid84004878&checksum=3029
C26E395AA5C06097F244BB6F37D8.
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10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 201
de sécurité intérieure, statut général des agents des services douaniers, statut général des
agents des offices et de 35 entreprises publiques. Ces statuts généraux encadrent
114 statuts particuliers, dont 19 communs à toutes les administrations publiques.
La fonction publique tunisienne se caractérise par la permanence de l'emploi, la
séparation entre grade et emploi et l’avancement automatique d’échelon. Le concours
reste son mode principal d’accès. Chaque agent de la fonction publique se trouve classé,
selon son niveau d'instruction, dans l'une des catégories ou sous catégories suivantes : A1,
A2, A3, B, C et D. 58 % des agents relèvent de la catégorie A qui, englobe les
enseignants. La promotion dans le grade intervient à travers le concours interne, grâce à
la formation continue et au choix. Le système d’évaluation des agents se fonde sur la
notation professionnelle.
Certaines difficultés de celle-ci s’avèrent, toutefois, communément admises. Le mode
d’accès par concours se révèle lourd et la contractualisation non ciblée. La formation
demeure très centralisée et ne répond pas toujours à l’évolution des métiers. Les
méthodes d’évaluation des agents, fondées sur la notation, ne suffisent pas pour
distinguer les agents et entraînent le plafonnement des carrières. Les promotions
interviennent essentiellement à l’ancienneté et la rémunération au mérite reste très rare.
De manière générale, le système de rémunération se caractérise par sa complexité et son
égalitarisme. Les statuts généraux sont, enfin, devenus rigides, et le nombre de statuts
particuliers a été multiplié, empêchant ainsi la mobilité des agents.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
202 – 10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 203
Recommandations
La poursuite vers une pleine instauration de la GBO en Tunisie requiert de :
1. Construire une gouvernance forte, capable, en premier, de concevoir la réforme des finances publiques
et de l’État, et en second, de la prendre à bras-le-corps.
2. Développer une stratégie claire et fondée sur un calendrier réaliste, établie à travers un consensus
politique porteur de la réforme, à laquelle la large majorité de l’ARP participerait.
3. Associer, sous la direction du Chef du gouvernement, tout le gouvernement à l’exécution du projet de la
GBO.
4. Obtenir la participation de toutes les parties prenantes (société civile, syndicats, instances
constitutionnelles indépendantes) dans un dialogue sur la mise en place et les conséquences de la GBO.
Cet échange requiert de se dérouler de manière ouverte et transparente, selon un calendrier connu à
l’avance.
5. Créer un réseau des secrétaires généraux des ministères, en vue de porter la reforme, l’évaluer et
proposer en permanence les moyens de la faire évoluer.
6. Renforcer l’Unité centrale de la GBO, tant en effectif, qu’institutionnellement.
7. Instaurer un secrétariat général à la réforme de l'administration publique, placé auprès du Chef du
gouvernement ou du ministre des Finances. Celui-ci assurerait la réussite de la réforme en dictant son
ordre du jour et en proposant l’affectation des ressources nécessaires au changement.
UNE MEILLEURE PERFORMANCE POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE PUBLIQUE EN TUNISIE : LA GESTION BUDGÉTAIRE PAR OBJECTIFS © OCDE 2016
204 – 10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE
Recommandations (suite)
8. Mettre en place une politique de communication cohérente, ambitieuse et dotée des moyens adéquats en
vue de promouvoir la GBO.
9. Faire évoluer les structures administratives : examiner l’opportunité de réunir certains ministères et
directions d’administration centrale, ainsi que des services déconcentrés ou autonomes.
10. Engager une réflexion poussée sur la réforme de l’administration territoriale de l’État et des collectivités
locales.
11. Poursuivre la modernisation de l’administration publique, en particulier, en veillant à sa simplification, à
la cohérence de sa législation, à son ouverture et au développement de l’administration numérique.
12. Créer les conditions de l’évolution de la fonction publique : engager une réflexion sur la GRH, grâce à
certaines ressources comme la GPEEC, l’optimisation des effectifs et les compétences, la facilitation de
la mobilité entre les différentes fonctions. Cet effort pourrait être accompagné d’une évaluation par les
pairs de pays étrangers. Il conviendrait aussi d’accomplir un effort important de formation sur la gestion
des ressources humaines.
13. Établir un programme de formation qui réponde aux besoins de la GBO.
Notes
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10. LES CONDITIONS INSTITUTIONNELLES DE LA RÉUSSITE – 205
Références
Cour des comptes (2011), La mise en œuvre de la loi organique relative aux lois de
finances (LOLF) : un bilan pour de nouvelles perspectives, France,
www.ccomptes.fr/Publications/Publications/La-mise-en-oeuvre-de-la-loi-organique-
relative-aux-lois-de-finances-LOLF.
ENAP (1998), Fusion et abolition d'organismes gouvernementaux : expériences
canadiennes et américaines, Canada, Coup d'œil, volume 4, numéro 3,
www.observatoire.enap.ca/Observatoire/docs/Coup_oeil/1998-oct-vol4no3.pdf.
OCDE (2014), The metamorphoses of performance budgeting, OECD Journal on
Budgeting, Editions OCDE, Paris, www.oecd-ilibrary.org/docserver/download/
4213021ec002.pdf?expires=1467887899&id=id&accname=ocid84004878&checksum
=3029C26E395AA5C06097F244BB6F37D8.
OCDE (2005), Moderniser l’État, la route à suivre, Edition OCDE, Paris, www.oecd-
ilibrary.org/fr/governance/moderniser-l-etat_9789264010529-fr.
Premier ministère (2007), La stratégie du développement administratif (2007-2011),
www.pm.gov.tn/pm/upload/articles/pdf/strategie_fr.pdf.
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