2023ucfa0016 Bontemps

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UNIVERSITÉ CLERMONT AUVERGNE

ÉCOLE DOCTORALE
SCIENCES POUR L’INGÉNIEUR DE CLERMONT-FERRAND

THÈSE
Présentée par

Arthur BONTEMPS
Pour obtenir le grade de

DOCTEUR D’UNIVERSITÉ
SPÉCIALITÉ : MÉCANIQUE

Titre de la thèse :

Comportement mécanique des éléments de


structure en bois de sapin pectiné soumis à un
environnement variable
Soutenue publiquement le 16 mai 2023 devant le jury :

Mme. S. Bardet, MCF HDR, LMGC Rapportrice


M. W. Seim, Pr., Université de Kassel Rapporteur
M. P. Biwolé, Pr., IP Président du jury
Mme. M. Chaplain, MCF, I2M Examinatrice
M. F. Dubois, Pr, GC2D Examinateur
M. J. Gril, DR., CNRS Co-Directeur de thèse
M. R. Moutou Pitti, MCF HDR, IP Co-Directeur de thèse
M. G. Godi, Ing., IP Invité
M. E. Fournely, MCF, IP Invité
2
Résumé

Le sapin pectiné (Abies alba) est une essence emblématique de la région Auvergne Rhône-
Alpes (AuRA) mais dont l’exploitation fait face à des problèmes de séchage. Une enquête de
terrain auprès de professionnels et d’experts de la filière bois de la région met en évidence
les excellentes performances du sapin en construction mais associe les difficultés de séchage
au phénomène des poches d’eau piégées dans le duramen. Ce mémoire de thèse présente
une étude du comportement mécanique long-terme des éléments de structures construites en
bois de sapin vert ou partiellement séché. La maîtrise de ce sujet peut appuyer des solutions
constructives s’affranchissant d’un séchage complet.
Ce travail de recherche porte essentiellement sur le développement et l’analyse d’une cam-
pagne expérimentale de poutres de sapin pectiné en dimensions d’emploi, à l’état vert ou
partiellement séché. Cette campagne consiste en des essais de flexion et de fluage sur des
poutres entaillées et des essais de diffusion sur petites éprouvettes. Le fluage et la méca-
nique de la rupture associés aux variations thermo-hydriques sont ainsi étudiés. Les essais
de fluage ont été réalisés en environnement extérieur semi-abrité et une méthode de suivi de
marqueur à été développée pour enrichir les mesures. La précision et les capacités qu’offrent
cette méthode sont détaillées. Les résultats des essais de flexion montrent l’incapacité des
propriétés mécaniques initiales à prévoir la résistance d’une poutre entaillée à l’échelle 1,
celle-ci étant conditionnée par la propagation de fissures qui dépend pour beaucoup de la
position des noeuds et de la pente de fil. Les résultats des essais de fluage mettent en évi-
dence l’augmentation de la flèche centrale pour des bois initialement vert, mais montrent
aussi l’importance de l’exposition au soleil ou de la propagation de fissures, de nouveau dé-
pendante de la position des noeuds. Un modèle analytique de calcul de longueur de fissures
basé sur des considérations géométriques est détaillé et validé sur les propagations de fissure
respectant les conditions qu’il impose. Contre-intuitivement, une observation des faciès de
rupture montre que les fissures sont toujours montantes quelle que soit la pente de fil. Enfin,
un modèle différences finies de calcul de diffusion est développé et appliqué sur des pesées
automatiques, permettant d’estimer les propriétés de diffusion du sapin pectiné du Massif
Central.
Mots clés : Sapin pectiné, fluage, diffusion, rupture, poutres entaillées.

1
Abstract

Silver fir (Abies alba) is an emblematic Auvergne Rhône-Alpes species but facing drying
issues. An investigation with professionnals and experts from the regional wood industry
relates the drying issues with wetwood traped in heartwood of silver fir logs. This thesis is
a study of long-term mechanical behaviour of timber element from green or partially dried
silver fir wood. Mastering this subject may support construction techniques that do not
require drying.
This research work is mainly based on the development and analysis of an experimental
campaign on silver fir structural-element scale beams, green or partially dried. This campaign
consists on bending tests and creep tests on notched beams, and diffusion tests. Creep and
fracture mechanics with the effect of thermo-hydric variations are studied. The creep tests are
realised under outdoor semi-sheltered conditions and a marker tracking technique had been
developed in order to improve the measurements. Precision and abilities of this technique are
described. Results on bending tests show that initial mechanical characteristics are unable
to predict the beams’ strength, the later is rather related to crack propagation that depends
on knots positions and grain angle. Results on creep tests show that central deflection is
on average higher for initially green beams, but also highlight the impact of sun exposure
and crack propagation, that still depends on knots position. An analytical model of crack
length calculation based on geometrical consideration is described and validated on crack
propagations that stay under the hypothesis of the model. Unexpectedly, fracture facies
show that crack propagation are always rising regardless of the grain angle. Finally, a finite
differences model of water diffusion is described and applied to automatic weighing of wood
samples, allowing to estimate diffusion properties of Massif Central silver fir wood.
Key words : Silver fir, creep, diffusion, rupture, notched beams.

2
Remerciements

Bien que mon nom soit associé à ce manuscrit, les travaux présentés ici sont les échos de
collaborations, d’entraide, de conseils et d’accompagnement. Je tiens ainsi à prononcer des
remerciements. J’y vois aussi l’occasion de tenter de mettre des mots sur des relations, longues
ou éphémères, qui ont été pour moi constructives et enrichissantes.
Je remercie la région Auvergne Rhône-Alpes et l’Université Clermont Auvergne, financeur
de la thèse par la bourse Contrat Plan État-Région et des dispositifs expérimentaux par le
Chèque Recherche-Innovation et le Pack Ambition Recherche, rien de ce travail n’aurait été
possible sans eux.
Je remercie sincèrement Joseph Gril, co-directeur de thèse, ton aide était devenue tellement
naturelle que je ne t’ai finalement que peu adressé ma gratitude. Je te remercie aussi pour
toutes les opportunités que tu m’a offertes : une participation à la journée Joconde, à l’école
thématique Pluribois d’Aspet ou encore à toutes les journées du GDR sciences du bois,
autant d’événements inoubliables. Je remercie Rostand Moutou-Pitti, co-directeur de thèse
également, tu m’as toujours rassuré par ton optimisme et encouragé à communiquer mon
travail.
Je remercie mes co-encadrants : Gaël Godi, pour tout ce que tu m’as appris et pour ton
implication dans mes campagnes expérimentales, tu m’as assurément évité bien des difficultés.
Eric Fournely, tu as été le vivier de nombreuses idées par ta grande culture, et ta bonne
humeur est particulièrement agréable. Je vous remercie aussi énormément pour toutes vos
relectures, réunions et conseils qui ont alimentés ce travail.
Je remercie Michèle Adamczyk, tu as relu et corrigé ce mémoire avec une efficacité excep-
tionnelle et as assurément amélioré la qualité de la rédaction. Je remercie également le reste
de la famille Adamczyk, pour votre bienveillance, votre soutien et votre aide à l’organisation
de mon pot de thèse !
Je remercie Benoît Blaysat, l’appareil photo que tu m’as prêté a été bien utile pour la cam-
pagne expérimentale. Je remercie aussi Raphaël Langlois, vous deux m’avez beaucoup aidé
à y voir plus clair sur les méthodes de mesure de champ et avez été de bons conseils lors de
nos diverses discussions.
Je remercie Anaïs Laffon, Nicolas Da Silva et Jean Pierre Mathé de FiBois AuRA, pour tout
le temps et l’intérêt que vous m’avez accordé au cours de ces quatre dernières années.

3
Je remercie tous les permanents·es du département Génie Civil de Polytech, Bastien, Omayma,
Mathilde, Aurélie, Sebastien, Evelyne, Pierre, Hamid, et plus récemment Chaaima et Natha-
naëlle. Je me suis senti accueilli et j’ai toujours eu de bonnes relations avec vous.
Je remercie également le personnel administratif et technique qui m’a permis de réaliser ce
travail dans de bonnes conditions matérielles, financières et humaines : Philippe Fargeix et
Eric Nivoix pour toutes vos idées et coups de mains pendant ma campagne expérimentale.
Olivier Touret, je n’ai jamais eu de soucis informatique et c’est bien grâce à toi. Françoise
Cialdella et Jacqueline Madebene, parce que sans vous l’administratif aurait été bien plus
compliqué.
Bien entendu, je n’oublierai pas la salle des doctorants·es B202. N’importe quel·le étudiant·e
ayant déjà travaillé dans cette pièce pourra dire à quel point l’ambiance y est conviviale,
cosmopolite et enrichissante. Je remercie donc tous mes collègues doctorants·es ou Postdoc,
certains·es devenus·es amis·es, pour qui j’ai ainsi une grande admiration et qui m’ont durable-
ment impressionnés et influencés : Rime, Caroline, Phan, Arnoul, Khaled, Hichem, Mohamed
Chetoui, Arnauld, ou encore Sugimoto, Mohamed Tahiri, Martian, Fengdong, Lorenzo, Bilal,
Jeanne, et bien d’autres encore. Le groupe soudé que nous avons formé ne s’étiolera pas.
Je remercie Florence Mathieu, Sarra Bouhlel, Théo Lefranc, Théo Sallat et Charles-Hubert
Granet, stagiaires avec qui j’ai travaillé et qui ont significativement contribué à l’avancement
de ce travail de thèse. De plus amples remerciements leurs sont adressés au début des parties
sur lesquelles ils et elles ont contribué.
Je remercie mes amis de toujours : Fleur et Sylvain, cette rencontre en classe préparatoire
est un bien heureux événement et notre relation est pour moi une expérience humaine excep-
tionnelle. Nicolas et Quentin, le lycée puis nos débuts à Reims, même si les occasions de se
voir ne sont pas fréquentes, je suis toujours enthousiaste et ravi de vous voir. Toute l’équipe
d’Ingénieur Sans Frontières Nord, les "Bilous" de Lille, Jean, Corentin, Hugo, Noah, Anissa,
Chloé, Antoine, Baptiste et tous·tes les autres. Je vous admire pour votre courage, votre
humanité et votre esprit critique. Vous m’avez profondément inspirés.
Je remercie ma famille : Maman, pour ton soutien inconditionnel et ton amour qui me
réchauffe et me réconforte. Papa, tu es musicien mais c’est aussi et surtout le goût pour la
physique et les sciences que tu m’as apporté, c’est finalement cette orientation de carrière
que je choisis. Camille, quel bonheur d’avoir une soeur comme toi, j’ai gagné en confiance
grâce à toi. Alan, équivalent à un frère, tant de bons moment avec toi. Bien sûr aussi Julie et
Samu, Sylvie et Chouf, Isabelle et Anthony, Chloé, Émilie, Critou, Sabine, Françoise, Alexia
et Mathieu, Mélanie et Anthony, Amélie, et tous·tes les autres.
Je remercie enfin Pénélope, tu m’as apporté tant de soutien, d’amour et de brillants conseils !
Je suis heureux que tu sois dans ma vie, je t’aime.

4
Table des matières

Page de garde 1

Résumé 1

Abstract 2

Remerciements 3

Nomenclature 12

Liste des figures 20

Liste des tableaux 22

Introduction générale 23

A État de l’art des données sur le sapin pectiné 27


1 Introduction à l’étude du matériau bois de sapin pectiné 29
1.1 Généralités sur le bois de résineux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.1.1 Anatomie et structure du bois des résineux . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.1.2 Propriétés usuelles du bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
1.2 De la filière bois d’Auvergne Rhône-Alpes à la recherche scientifique sur le
matériau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.2.1 Place du sapin pectiné dans la filière bois d’Auvergne Rhône-Alpes . 39
1.2.2 Travaux de recherche à Clermont Auvergne INP . . . . . . . . . . . . 42

5
2 Les usages et problématiques du sapin pectiné dans la filière bois d’Au-
vergne Rhône-Alpes 46
2.1 Enquête auprès de la filière bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.1.1 Matériel et méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.1.2 Résultats et discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.2 Étude bibliographique du phénomène des poches d’eau dans le duramen . . . 52
2.2.1 Définition et hypothèses sur leurs origines . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.2.2 Conséquences physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.2.3 Bilan sur le phénomène des poches d’eau dans le duramen . . . . . . 61

Conclusion de la partie A 62

B Matériel et mises au point 64


3 Caractérisation du matériel d’étude 66
3.1 Approvisionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.1.1 Informations sur le lot de poutres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.1.2 Observations des cernes, des fentes initiales et des poches d’eau . . . 67
3.2 Essais non destructifs et regroupement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.2.1 Essais vibratoires et mesures d’infradensité . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.2.2 Résultats et observations sur la caractérisation du lot de poutres . . . 72
3.2.3 Stratégie expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.3 Conclusion sur la caractérisation du matériel d’étude . . . . . . . . . . . . . 80

4 Outils expérimentaux 82
4.1 Les capteurs de déplacement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.1.1 Étalonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.1.2 Estimation de l’influence de la température sur les mesures de dépla-
cement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.2 Développement d’une méthode de suivi de marqueur . . . . . . . . . . . . . 85
4.2.1 Principe de fonctionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.2 Quantification des erreurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.3 Conclusion sur les performances des outils expérimentaux utilisés . . . . . . 97

Conclusion de la partie B 99

C Comportement du bois en flexion 100


5 La flexion 4-points 102
5.1 Étude analytique de la flexion 4-points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.1.1 Hypothèses de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.1.2 Contraintes, déformations et calcul de flèches . . . . . . . . . . . . . . 104

6
5.1.3 Comportement différé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
5.1.4 Dimensionnement selon l’Eurocode 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.2 Matériel et méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
5.2.1 Essais en déplacement imposé jusqu’à rupture . . . . . . . . . . . . . 112
5.2.2 Essais de fluage multi-paliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

6 Réponse mécanique 121


6.1 Comportement instantané . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
6.1.1 Comparaison avec les résultats des essais non destructifs . . . . . . . 121
6.1.2 Rôles des paramètres mécaniques dans la résistance instantanée . . . 127
6.2 Réponse différée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
6.2.1 Évolution de flèche relative et teneur en eau . . . . . . . . . . . . . . 130
6.2.2 Calcul de complaisance et trajectoires mécano-sorptives . . . . . . . . 133

7 Fissuration des poutres entaillées 139


7.1 Comportement théorique du bois à la rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
7.1.1 Mécanique de la rupture du bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
7.1.2 Calcul analytique de la longueur de fissure . . . . . . . . . . . . . . . 142
7.2 Résultats des mesures de fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
7.2.1 Ouverture de fissure en fonction de la flèche centrale . . . . . . . . . 144
7.2.2 Application du modèle analytique et estimation de la flèche engendrée
par la fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
7.3 Observations des faciès de rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

Conclusion de la partie C 157

D Diffusion de l’eau dans le bois 159


8 Détermination des coefficients de diffusion 161
8.1 Physique et modélisation de la diffusion unidimensionnelle . . . . . . . . . . 161
8.1.1 Principes physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
8.1.2 Approximation numérique de la solution . . . . . . . . . . . . . . . . 166
8.2 Descriptif des essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
8.3 Résultats et discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
8.3.1 Filtrage et validation de l’approximation par différences finies . . . . 172
8.3.2 Application des différences finies sur les pesées automatiques . . . . . 174

Conclusion de la partie D 180

7
Conclusion et perspectives 182

Bibliographie 199

Annexes 199
A Trame des entretiens 200

B Compte rendus des entretiens 204

C Album photos des cernes des poutres 241

D Principe de l’homographie 244

E Quantification de l’impact de la flexion déviée 247

F Trajectoires mécano-sorptives et évolution du fluage en double pente 249

G Script Python du Theta-schéma 255

8
Nomenclature

Abréviations
AMF Angle des micro-fibrilles
DF Différences finies
EMC "Equilibrium Moisture Content" : Teneur en eau d’équilibre
HF, LF, OF Hauteur, longueur et ouverture de fissure
HR Humidité relative
IQR Inter-Quartile
MAD "Median absolute deviation" : écart absolu médian
MOE "Modulus of elasticity" : module d’élasticité
MOR "Modulus of rupture" : module de rupture
PE, PNE Poutre entaillée, poutre non entaillée
PSF Point de saturation des fibres
Q1, Q3 1er et 3ème Quartile
RMS "Root Mean Square" : moyenne quadratique
Sij Numéro de poutre
TE Teneur en eau
Variables Grecques
αH Coefficient de retrait moyen en hauteur
αal Coefficient de dilatation thermique de l’aluminium
αgp , βgp Paramètre du modèle "gripped-box "
αL,R,T Coefficient de retrait longitudinal, radial et tangentiel
β0 , βf Facteur d’entaille, facteur de fissure
γyz Déformation de cisaillement

9
ϵx Déformation normale
θ Paramètre du θ-schéma différences finies
λrel,m , σcrit Coefficients de vérification du déversement
ρ Masse volumique
ρID Infradensité
σx Contrainte normale
σmax Contrainte à la rupture
τxy Contraintes de cisaillement
Φ Flux hydrique de l’équation de Newton
ϕad , ϕde Paramètre des isothermes enveloppe de Varnier (2019)
ξ Capacité hydrique
Ψi Potentiel hydrique du phénomène physique i
Variables Latines
A, b Matrice et vecteur du système de résolution différences finies de
l’équation de diffusion
A, f (β0 ) Paramètres de calcul de la complaisance
aad , ade Paramètres des isothermes enveloppe de Varnier (2019)
c1 , c2 , c3 , Ca , Cd Paramètres des isothermes partielles de Varnier (2019)
crit Critère d’homogénéité mécanique
D̄ Coefficient de diffusion moyenné avec les points adjacents
D0L,0R,0T Coefficients de diffusion longitudinal, radial et tangentiel à l’état
anhydre
DL,R,T Coefficients de diffusion moyen longitudinal, radial et tangentiel
dxij_fen, dyij_fen Respectivement distance en x et en y entre les marqueurs i et j
mesurée avec la mire fenêtre
dxij_fer, dyij_fer Respectivement distance en x et en y entre les marqueurs i et j
mesurée avec la mire fer à cheval
e, H, L, V Respectivement épaisseur, hauteur, longueur, et volume d’une
poutre
E(x, t) Taux d’avancement de la diffusion
E, E d Module élastique longitudinal statique, dynamique

10
ES , ESd Infra-module spécifique statique, dynamique
E0,05 , E0,mean Module élastique longitudinal au cinquième pourcentile et moyen
des classes de résistance
EL,R,T Module élastique longitudinal, radial et tangentiel
ET Écart-type
F Forces
F1 , F2 Paramètres du système différences finies de l’équation de diffu-
sion
fm,d , fm,k Résistance en flexion de calcul (d ) et caractéristique (k ) selon les
classes de résistance
fv,d , fv,k Résistance en cisaillement de calcul (d ) et caractéristique (k )
selon les classes de résistance
g Constante gravitationnelle
Gc Taux de restitution d’énergie critique
Ge , GS , Gvisco , Gw Taux de variation de Welas , WS , Wvisco , Wext
GdLT , Gd Module de cisaillement dynamique dans le plan LT
Gmean Module de cisaillement moyen des classes de résistance
Hg Matrice d’homographie
HF , LF , OF Hauteur, longueur et ouverture de fissure
Hent , Lent Hauteur et longueur d’entaille
i, a1 , a2 Paramètres d’entaille
Iz Moment quadratique d’une poutre autour de l’axe z
Jrel Complaisance relative
Kh , Kmod , Ksys Coefficients correcteur de la résistance en flexion
kL , kR , kT Paramètre d’évolution linéaire du coefficient de diffusion longi-
tudinal, radial et tangentiel
Kn , Kv Coefficients de rupture correctif de la résistance au cisaillement
Kcrit Coefficient de vérification du déversement
Kdef Coefficient correcteur de la flèche différée
kws Paramètre d’évolution linéaire du PSF ws
lap Distance entre un appui et le point de chargement le plus proche

11
lchargement Distance entre les points de chargement
m, manh Respectivement masse et masse anhydre d’une poutre
mincrement , minitiale Masse de d’incrément de charge, chargement initial
pente Moyenne pondérée des corrélations entre OF et RG
q Facteur correctif du chargement
R Constante des gaz parfaits
RG Retrait-gonflement en hauteur
SL , SR , ST Coefficient d’échange surfacique longitudinal, radial et tangen-
tiel
tan(δ) Frottement interne
T Température
Uc,d,g Flèche centrale, flèche droite et flèche gauche
Urel Flèche relative
w, wenv , ws Teneur en eau, EMC, PSF
Welas , WS , Wvisco , Wext Travail des efforts extérieurs, énergie élastique, de surface, vis-
queuse

12
Table des figures

1.1 Illustration de l’aubier, du duramen et de l’écorce sur une grume de pin syl-
vestre à aubier différencié. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1.2 Représentation issue de Trouy (2015) : (a) une trachéide en coupe radiale,
(b) une trachéide de coupe tangentielle, (c) une ponctuation ouverte, (d) une
ponctuation fermée avec le torus aspiré. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.3 Représentation du bois de résineux issue de Phan et al. (2022) : (a) à l’échelle
macroscopique, (b) et (c) à l’échelle cellulaire pour représenter les trachéides,
(d) à l’échelle microscopique pour représenter la paroi cellulaire. . . . . . . . 33
1.4 Photo de : (a) un sapin pectiné sur pied, (b) du bois de sapin scié non traité,
(c) du bois de sapin scié et traité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
1.5 Illustration d’un parenchyme longitudinal et d’une trabécule sur des coupes
anatomiques, et illustration de la forme d’une ponctuation de champ de croi-
sement de type taxodioïde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
1.6 Photo de : (a) un nœud adhérent, (b) un nœud non adhérent. . . . . . . . . 37
1.7 Répartition de : (a) formations boisées en France par type d’essence issues de
FCBA (2019) et (b) diamètre des sapins en AuRA issus de FiBois (2019a), où
D représente le diamètre de l’arbre à 1,3 m du sol. . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.8 Répartition régionale des classements de pièces de bois de sapin : (a) Massif
Central, (b) Vosges, (c) Ardèche et Drôme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
1.9 Dimensionnement des poutres entaillées pour assurer la rupture par fissuration
en flexion 4-points, par Adjovi Loko (2015). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1.10 Photos des essais de fluage de poutres entaillées en extérieur, issues de Pam-
bou Nziengui (2019). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

2.1 Exemple de (a) gros sapin pectiné sur pied à La Chapelle Agnon (Puy de
Dome) ©J.Facy, (b) chantier de construction utilisant la technique des fustes
©F.Mathieu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.2 Equarrissage à la hache : (a) ©F. Calame de Charpentiers Sans Frontières et
(b) J. Gril pendant l’école thématique Pluribois 2022. . . . . . . . . . . . . . 51

13
2.3 Illustration des techniques de charpente traditionnelle : (a) exploitation intelli-
gente de la courbure naturelle d’un arbre pour une structure ; (b) les différents
types de débit lors d’un sciage d’une grume, (c) la technique d’assemblage
tenon-mortaise ; (d) la technique d’assemblage à queue d’aronde où la pièce
femelle est en retrait tangentiel afin de piéger la pièce mâle qui est en retrait
radial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.4 Photos de poches d’eau : (a) chez le sapin pectiné, (b) chez le sapin du colorado
(Abies concolor ) et (c) chez le peuplier à feuilles étroites (Populus angustifolia). 53
2.5 Infiltration de l’eau par les branches mortes : (a) poche d’eau visible quelques
jours après abattage d’un sapin, (b) trois images représentant l’infiltration
d’eau par un nœud. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.6 Illustration d’un "bacterial wetwood", on remarque un suintement (anneau
noirci au niveau de la plaie) et une décoloration de l’écorce . . . . . . . . . . 55
2.7 SW : aubier, DZ : bois intermédiaire, WLW : poche d’eau en cours de forma-
tion, WHW : poche d’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.8 Comparaison des temps de séchage entre aubier, duramen et poche d’eau chez
le sapin baumier (Abies balsamea) (Jeremic et al., 2011) . . . . . . . . . . . . 59
2.9 Coloration d’une poche d’eau chez un hêtre (Fagus sylvatica) (Goncz et al.,
2018) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

3.1 Dimensions des poutres demandées. Toutes les valeurs numériques sont en
millimètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.2 Les types de débit du lot de poutre : (a) débit sur dosse (S19), (b) débit sur
faux quartier (S29), (c) débit à coeur (S10). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.3 Les types de fentes observés : (a) fente radiale partant du coeur (S20), (b)
fente radiale traversante (S19), (c) fente radiale non traversante (S07), (d)
agglomérat de petites fentes radiales et fente tangentielle (roulure) (S16). . . 68
3.4 Les poches d’eau observées sur le lot de poutre : (a) S03, (b) S04, (c) S18. . 69
3.5 Angle de fil constaté sur la poutre S21 : (a) extrémité gauche, (b) extrémité
droite en miroir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.6 Illustration d’un essai avec la méthode BING : (a) installation de la poutre
S16 sur les chambres à air de vélo, (b) microphone et picoscope utilisés, (c)
signal vibratoire obtenu lors d’une vibration en flexion. . . . . . . . . . . . . 71
3.7 Illustration de la méthode de poussée d’Archimède pour mesurer un volume. 72
3.8 Répartition des poutres du lot selon les classes de résistance à partir des me-
sures de E d . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.9 Résultats des mesures des propriétés mécaniques du lot de poutres par la mé-
thode BING : (a) E d mesuré en flexion en fonction de E d mesuré en compres-
sion, (b) E d en fonction de Gd , corrélation forcée à 0, (c) E d /Gd en fonction de
ESd et (d) E d en fonction de ρID . Sur chaque graphique sont indiqués l’équation
et soit le coefficient de détermination R2 soit la moyenne quadratique RMS de
l’erreur entre la régression linéaire appliquée et les résultats obtenus. . . . . . 74

14
3.10 Résultats des mesures de teneur en eau le jour de la réception : (a) TE en
fonction de la densité ρ, (b) TE en fonction de l’infradensité ρ. . . . . . . . . 75
3.11 Entailles réalisées sur les poutres : (a) dimensions des entailles, (b) photos
d’une poutre entaillée (PE), (c) découpe à la scie circulaire. Toutes les valeurs
numériques sont en millimètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.12 Répartition des six triplets choisis sur le graphique ESd en fonction de ρID . . 78
3.13 Répartition des poutres choisies pour les essais de flexion en déplacement im-
posé sur le graphique ESd en fonction de ρID . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.14 Conditions de stockage du lot : (a) abri sous bâche, (b) colmatage des extré-
mités, (c) emballage d’une poutre sous cellophane. . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.15 Bassin d’immersion des poutres pour réhumidification. . . . . . . . . . . . . 81

4.1 Étalonnage des capteurs LDT à l’aide d’un bras articulé et de cales étalons :
(a) dispositif d’étalonnage, (b) zoom sur le capteur et les cales. . . . . . . . . 83
4.2 Étalonnage de trois capteurs LDT à 20° : (a) détermination des facteurs cor-
rectifs, (b) dérive de sensibilité initiale et corrigée. . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.3 Mesure de déplacement par le LVDT n°50-09 en fonction de la température :
(a) fixée à une course de 22 mm, (b) fixée à une course de 38,5 mm et (c) fixée
à une course de 45,5 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.4 Coefficient de corrélation entre la mesure de déplacement et la température
pour le milieu et la fin de course des trois capteurs. . . . . . . . . . . . . . . 85
4.5 Schématisation d’un marqueur ArUco. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.6 Dimensions des mires utilisées : (a) mire fer à cheval, (b) mire fenêtre. Toutes
les valeurs numériques sont en millimètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.7 Mesures de la largeur de la mire fenêtre à différentes températures. dx1617 et
dx1819 correspondent respectivement à la distance horizontale entre les deux
marqueurs du haut et celle entre les deux marqueurs du bas. . . . . . . . . . 89
4.8 Photo d’une feuille de papier contenant des marqueurs ArUco prise avec l’appa-
reil photo Canon. Les marqueurs 1 et 2 sont espacés de 40 mm et les marqueurs
3 et 4 de 175 mm. Les marqueurs 10, 11, 12, 13 forment un carré de 74 × 74
mm et les marqueurs 14, 15, 16, 17 un rectangle de 210 × 180 mm. . . . . . . 90
4.9 Illustration des mesures de distances relatives dx et dy sur une poutre entaillée
(PE). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.10 Mesure d’ouverture de fissure (OF) sur l’essai de flexion : (a) photo prise avec
le téléphone Asus, (b) photo prise avec l’appareil photo Canon, (c) résultats de
l’ouverture de fissure (OF) du côté gauche de la poutre en fonction de la flèche
centrale imposée. Chaque point représente la mesure sur une photo. Niveau de
gris : diffgris = 171, mingris = 37, maxgris = 248. . . . . . . . . . . . . . . . 92

15
4.11 Impact de la distance entre l’appareil et les marqueurs : (a) erreur : différence
entre distance réelle et distance mesurée, erreur relative : erreur divisée par
la distance vraie, écart-type des distances mesurées sur dix photos pour la
distance en y, (b) erreur et écart-type pour la distance en x. dy12 et dy34
sont les distances en y entre les marqueurs 1-2 (40 mm) et 3-4 (175 mm),
respectivement ; dx12 et dx34 sont les distances en x entre les marqueurs 1-2
(0 mm) et 3-4 (0 mm), respectivement. Mires utilisées pour l’homographie :
fer, mire fer à cheval ; fen, mire fenêtre. Niveau de gris : diffgris = 156, mingris
= 29, maxgris = 201. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.12 Photos de mesure de l’impact de la distance entre l’appareil et les marqueurs,
distance de : (a) 60 cm, (b) 130 cm, (c) 200 cm. . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.13 Photos de mesures de l’impact d’un angle de vue sur une mesure de distance
relative : (a) appareil photo en face de la cible, (b) angle de 45°, (c) appareil
photo en face de la cible pivotée de 90°, (d) angle de 45°et cible pivotée de 90°. 94
4.14 Impact d’un angle horizontal : (a) erreur, erreur relative et écart-type sur la
mesure de distance relative en y, (b) erreur et écart-type sur la mesure de
distance relative en x. La légende est la même que pour la figure 4.11. Niveau
de gris : diffgris = 164, mingris = 35, maxgris = 216. . . . . . . . . . . . . . 95
4.15 Effet du tuilage du bois sur une mesure de retrait-gonflement d’une poutre : (a)
illustration du déplacement hors-plan, (b) application du théorème de Thalès. 97

5.1 Contrainte de traction perpendiculaire en fond d’entaille selon la théorie de


l’élasticité linéaire (courbe continue) et estimée expérimentalement (courbe en
pointillé), (SEDIBOIS, 2000). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.2 Diagramme des moments d’un essai de flexion 4-points : (a) représentation
d’une poutre isostatique chargée en flexion 4-points, (b) effort tranchant Vy le
long de la poutre, (c) moment fléchissant Mz le long de la poutre. . . . . . . 105
5.3 Représentation de l’état de contrainte normale et tangentielle le long d’une
poutre entaillée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.4 Illustration théorique de : (a) un essai de fluage, (b) un essai de fluage multi-
paliers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.5 Paramètres d’entaille pour le dimensionnement de l’Eurocode 5 . . . . . . . 110
5.6 Conditions des essais de flexion à rupture : (a) photo d’un essai, (b) posi-
tionnement des dispositifs de mesure. Toutes les valeurs numériques sont en
millimètres. Ug, Uc et Ud correspondent respectivement à la mesure de flèche
gauche, centrale et droite. OF g et OF d correspondent respectivement à la me-
sure d’ouverture de fissure gauche et droite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
5.7 Photo du dispositif de mesure automatique d’ouverture de fissure à l’aide d’un
capteur LDT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
5.8 Photos des essais de fluage : (a) trois poutres chargées sous l’abri, (b) appli-
cation du chargement par l’intermédiaire du bloc de béton. . . . . . . . . . . 115
5.9 Illustration de la configuration des deux bancs d’essai. Ces couleurs sont uti-
lisées pour illustrer les résultats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

16
5.10 Illustration du problème des poutres vrillées en chargement : (a) photo d’ins-
tallation d’une poutre vrillée sur le banc d’essais de fluage, (b) schéma de la
flexion déviée, flexion torsion. Le point G représente le centre de cisaillement
(ici équivalent au centre de gravité). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
5.11 Positionnement des dispositifs de mesure des essais de fluage. . . . . . . . . . 118
5.12 Photos de : (a) la station météorologique, (b) un capteur LVDT pour mesure
de la flèche centrale Uc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
5.13 Dispositifs de mesure de : (a) paramètres de fissuration et des variations de
hauteur par la méthode de suivi de marqueurs, (b) variations de module par
des masses de décharge-recharge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

6.1 Courbes de déplacement en fonction du temps : (a) pour la poutre S06 et (b)
pour la poutre S20 avec des arrêts pour prendre des photos et protéger les
capteurs LDT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
6.2 Résultats des essais de flexion en déplacement imposé : (a) courbes force-
déplacement, (b) courbes contrainte-déformation. . . . . . . . . . . . . . . . 122
6.3 Détermination de la flèche à dix minutes : (a) flèche centrale en fonction de
la durée au début de l’essai et illustration de ∆t et t0 , (b) flèche centrale en
fonction de log(t − t0 ) ; (c) régression polynomiale d’ordre 2 sur la zone d’intérêt.123
6.4 Module calculé à partir des réponses instantanées sur PE (E s ) en fonction du
module mesuré par les essais de flexion dynamique sur PNE (E d ). . . . . . . 124
6.5 Force maximale atteinte Fmax en fonction de (a) l’infradensité ρID , (b) la
teneur en eau TE mesurée au moment de l’essai. La couleur des points indique
également le groupe de TE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
6.6 Évolution de la flèche relative en fonction du temps : (a) vague 1, (b) vague
2, (c) vague 3. Si la flèche redescend à 0 la poutre a rompu, sinon c’est que la
poutre a été déchargée et l’essai arrêté (poutre 6 vague 1 et vague 2). . . . . 131
6.7 Évolution des TE estimées et de la TEE calculée par l’abaque de l’annexe
française de l’Eurocode 5 en fonction du temps : (a) vague 1, (b) vague 2, (c)
vague 3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
6.8 Evolution des complaisances relatives en fonction du log(t) : (a) vague 1, (b)
vague 2 et (c) vague 3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
6.9 Évolution du fluage relatif en double pente en fonction du logarithme de la
durée : (a) S25 vague 2 changement de pente à log(t) = 2, 65, (b) S03 vague 1
changement de pente à log(t) = 1, 45. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
6.10 Trajectoire mécano-sorptive de : (a) S05 vague 2, (b) S24 vague 3. Les incré-
ments de charge sont indiqués en rouge, certaines désorptions (-) en vert, les
adsorptions (+) en orange et adsorptions au dessus du seuil précédent (++)
en noir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
6.11 Complaisance relative maximale atteinte en fonction de la TE initiale des
poutres. Points encadrés en rouge : poutre exposée au rayonnement solaire. . 137

7.1 Représentation des trois modes de rupture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139


7.2 Six plans principaux de propagation de fissure dans le bois (Phan, 2016). . . 140

17
7.3 Représentation du comportement d’un matériau quasi-fragile et équivalence
avec un matériau fragile. G : taux de restitution d’énergie (indice c pour cri-
tique) ; LF longueur de fissure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
7.4 Schéma d’une propagation de fissure idéale dans une poutre entaillée en flexion
4-points. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
7.5 Schéma explicatif d’une augmentation d’OF lorsque la poutre se courbe, même
sans propagation de fissure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
7.6 Ouverture de fissure moyenne (OF) en fonction de la flèche centrale Uc sur
les essais en déplacement imposé : (a) intégralité des mesures et observation
des augmentations brusques de longueur de fissure (LF ), (b) focalisation sur
les mesures de 0 à 1 mm de OF et observation des évolutions linéaires ou
exponentielles, illustrant le développement de la zone d’élaboration (FPZ). . 145
7.7 Évolution des ouvertures de fissure OF en fonction de la flèche centrale Uc :
(a) vague 1, (b) vague 2, (c) vague 3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
7.8 Corrélation entre l’ouverture de fissure OF dans les zones non fissurées et le
retrait-gonflement RG, tous deux rapportés à leur valeur initiale. . . . . . . 147
7.9 Comparaison des résultats expérimentaux avec la solution de l’équation (7.7) :
(a) photo de la poutre S05 (vague 2) face 1 à droite, (b) photo de la poutre
S29 (vague 3) face 1 à gauche, (c) résultats sur S05 et (d) sur S29. . . . . . . 148
7.10 Évolutions des flèches de fissure Uf issure en fonction de la durée des essais : (a)
S03 vague 1 et (b) S05 vague 2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
7.11 Observation macroscopique des faciès de rupture : (a) fissure descendante et
amorçe sous l’entaille pour la poutre S06 (vague 2), (b) fissure en V pour la
poutre S11 (essai en déplacement imposé), (c) zoom de la fissure de S06 pour
une observation du profil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
7.12 Observation macroscopique des faciès de rupture : (a) fissure montant sur S14
(vague 1), (b) fissure déviée par un noeud sur S05 (vague 2), (c) fissure oblique
sur S12 (vague 1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
7.13 Fusion de deux fissures entourée en rouge sur la poutre S09. . . . . . . . . . 153
7.14 Fréquence d’observation des pentes de fissures. . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
7.15 Schéma d’une fissure montante en suivant le chevauchement des trachéides
dans les résineux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

8.1 Coefficient de diffusion transverse DT et longitudinal DL en fonction de la


teneur en eau M̄ , issue de Siau (1984) page 164. . . . . . . . . . . . . . . . . 162
8.2 Corrélations expérimentales d’Asseko (2022) et de Siau (1984) entre les coef-
ficients de diffusion du sapin pectiné la teneur en eau : (a) pour la diffusion
transverse, (b) pour la diffusion longitudinale à partir de 10% de teneur en
eau. Les corrélations sont polynomiales d’ordre 2. . . . . . . . . . . . . . . . 163
8.3 Hystérésis de sorption avec les paramètres de Merakeb et al. (2009). . . . . . 165
8.4 Illustration d’une modélisation de diffusion unidimensionnelle. . . . . . . . . 167
8.5 Photos des balances et des éprouvettes de diffusion : (a) diffusion 1D tangen-
tielle, (b) diffusion 2D transverse avec colmatage thermique. . . . . . . . . . 171

18
8.6 Photos des cernes des éprouvettes utilisées pour les essais de diffusion : (a)
éprouvette issue de la poutre S21, (b) éprouvette issue de la poutre S03. . . . 171
8.7 Pesées automatiques de la balance wms-ke-2 : (a) valeurs brutes, (b) correction
des valeurs globalement aberrantes, (c) correction des valeurs localement et
globalement aberrantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
8.8 Comparaison entre la solution analytique de Crank (1975) et l’approximation
DF pour θ = 1/2 : (a) évolution de TE moyenne, (b) tracé du profil hydrique
après quarante jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
8.9 Comparaison entre les résultats expérimentaux et ceux issus de l’approxima-
tion DF, à partir de la teneur en eau (TE) en fonction de la durée des essais :
(a) pour l’éprouvette en diffusion purement radiale, (b) pour l’éprouvette en
diffusion purement tangentielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
8.10 Comparaison entre les résultats expérimentaux et ceux issus de l’approxima-
tion DF de diffusion longitudinale, à partir de la teneur en eau (TE) en fonc-
tion de la durée des essais : (a) pour la balance wms-ke-5, (b) pour la balance
wms-ke-8, (c) pour la balance wms-ke-9. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

C.1 Cernes des poutres : (a) S02 ; (b) S03 ; (c) S04 ; (d) S05 ; (e) S06 ; (f) S07 ; (g)
S09 ; (h) S11. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
C.2 Cernes des poutres : (a) S12 ; (b) S13 ; (c) S14 ; (d) S16 ; (e) S17 ; (f) S18 ; (g)
S19 ; (h) S20. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
C.3 Cernes des poutres : (a) S21 ; (b) S22 ; (c) S23 ; (d) S24 ; (e) S25 ; (f) S26 ; (g)
S27 ; (h) S28. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
C.4 Cernes de la poutre S29. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
C.5 Photos des poches identifiées sur le lot de poutres : (a) poutre S03 ; (b) poutres
S18 (haut) et S04 (bas). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243

D.1 Image de gauche : prise de photo d’un mur avec un angle de vue ; image de
droite : transformation de la photo comme si l’appareil photo était en face du
mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244

E.1 Schéma d’un chargement en flexion déviée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247

F.1 Trajectoire mécanosorptive de la vague 1, complaisance en fonction de la teneur


en eau : (a) S03 ; (b) S14 ; (c) S12 ; (d) S21. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
F.2 Trajectoire mécanosorptive de la vague 2, complaisance en fonction de la teneur
en eau : (a) S05 ; (b) S06 ; (c) S28 ; (d) S25 ; (e) S26. . . . . . . . . . . . . . . 250
F.3 Trajectoire mécanosorptive de la vague 3, complaisance en fonction de la teneur
en eau : (a) S29 ; (b) S24 ; (c) S18 ; (d) S22 ; (e) S23. . . . . . . . . . . . . . . 251
F.4 Évolution en double pente de la complaisance relative en fonction de log(t) :
(a) S03 ; (b) S14 ; (c) S12 ; (d) S21. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
F.5 Évolution en double pente de la complaisance relative en fonction de log(t) :
(a) S05 ; (b) S06 ; (c) S28 ; (d) S25 ; (e) S26. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253

19
F.6 Évolution en double pente de la complaisance relative en fonction de log(t) :(a)
S29 ; (b) S24 ; (c) S18 ; (d) S22 ; (e) S23. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254

20
Liste des tableaux

1.1 Synthèse des caractéristiques principales du bois. . . . . . . . . . . . . . . . 38


1.2 Comparaison des propriétés mécaniques moyennes entre le sapin et l’épicéa
selon l’étude de FiBois BFC sur le Jura et du FCBA sur le massif des Vosges 41
1.3 Propriétés mesurées sur le sapin pectiné à 12% de TE. . . . . . . . . . . . . 44

2.1 Liste des acteurs rencontrés pour l’enquête de terrain. . . . . . . . . . . . . . 47

3.1 Résultats des dimensions des poutres le jour de la réception. Les incertitudes
ont été déterminées à partir de l’appareil de mesure utilisé. . . . . . . . . . . 67
3.2 Résultats des essais non destructifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.3 Résultats des teneurs en eau du lot de poutres. . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.4 Récapitulatif du plan expérimental. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

4.1 Résultats pour vingt photos prises avec deux appareils photo : celui du Fair-
phone 3 et le Canon. Niveau de gris : diffgris = 155, mingris = 18, maxgris =
190. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

5.1 Récapitulatif des conditions des essais de fluage. . . . . . . . . . . . . . . . . 119

6.1 Résultats des modules élastiques issus des réponses instantanées, des modules
élastiques à l’état vert corrigés par l’équation (6.1) et écart relatif avec les
mesures des essais dynamiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
6.2 Résultats des rapports (E/G)s issus de l’équation (5.8) et comparaison avec
les mesures des essais dynamiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
6.3 Résultats des forces et contraintes maximales atteintes . . . . . . . . . . . . 127
6.4 Résultats finaux des essais de fluage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

8.1 Récapitulatif des conditions des essais de diffusion. La colonne "Capacité" fait
référence à la capacité de la balance utilisée et la colonne "Dimensions" aux
dimensions de la direction de diffusion considérée. . . . . . . . . . . . . . . . 172
8.2 Résultats de l’optimisation des paramètres de diffusion pour les essais 1D
des échantillons issus de la poutre S21. R : diffusion radiale ; T : diffusion
tangentielle ; L : diffusion longitudinale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

21
8.3 Résultats de l’optimisation des paramètres de diffusion pour les essais 1D des
échantillons issus de la poutre S05, balance WMS-KE-8. L : diffusion longitu-
dinale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
8.4 Résultats de l’optimisation des paramètres de diffusion pour les essais 1D des
échantillons issus de la poutre S03, balance WMS-KE-9. L : diffusion longitu-
dinale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

22
Introduction générale

L’étude et l’application du matériau bois se justifient en général par ses avantages environne-
mentaux et sa capacité à décarboner de nombreux produits. C’est évidemment un excellent
argument, dans la mesure où les moyens de production actuels des sociétés occidentales ne
sont pas tenables et que le bois est renouvelable, qu’il stocke du carbone et implique une
gestion forestière durable. Toutefois, c’est un autre plaidoyer qui est choisi ici.
L’omniprésence du bois dans le monde matériel et imaginaire de l’être humain en fait un
acteur principal de l’histoire, ce qui est en soit une justification des études pour une meilleure
compréhension de son développement et de son comportement.
"L’arbre est, pour les Hommes, le compagnon de toujours. Son bois a engendré au fil des
siècles des centaines de métiers, d’innombrables savoir-faire" lit-on dans Maisons paysannes
de France (2014). La construction bois est une application majeure et ancestrale, bien que
les sociétés occidentales préfèrent le béton, la brique et la pierre. L’histoire des trois petits
cochons est assez révélatrice à ce sujet : les cochons ayant construit leur maison en bois ou
en paille sont dévorés par le loup qui épargne celui ayant construit sa maison en briques.
Il serait bien long d’énumérer la liste exhaustive des usages du bois, mais donner quelques
exemples semble pertinent pour la démonstration.

• La construction et l’ameublement : les techniques de construction bois sont parmi


les plus anciennes et se développent encore maintenant. En 2009, le Stadthaus, un
immeuble en bois de 30 mètres de haut est construit à Londres. Pour 2041, la société
Japonaise Sumimoto Forestry projette de construire un immeuble en bois de 350 mètres
de haut ! Le bois est donc utilisé en structure constructive, mais il peut aussi l’être en
isolant sous forme de laine de bois. Bien sûr, les meubles sont aussi abondamment
fabriqués en bois : tables, chaises, escaliers. ;
• L’énergie : le bois est utilisé pour faire du feu depuis au moins 400 000 ans. Aujourd’hui
encore, c’est plus de 10% des français qui se chauffent au bois : cheminée, poêle à
granulés, poêle à bois, etc. Le bois peut aussi être utilisé pour produire de l’électricité
et du gaz combustible, comme c’était le cas pendant la Seconde Guerre mondiale ;
• L’aviation : les premiers avions étaient en bois, fournissant légèreté et résistance en
plus d’être un matériau abondant au début du XXe siècle. Sa sensibilité aux variations
hygrothermiques l’a peu à peu fait disparaître de cette industrie, au profit des métaux
et matériaux composites ;

23
• Emballage et conditionnement : le carton ou les cagettes sont abondamment utilisés
pour le transport des marchandises. On peut également noter le vieillissement des
spiritueux dans les barriques de chêne, apportant des tanins aux alcools et fournissant
ce goût tant recherché ;
• Le sport et les textiles : les premiers skis, de même que les premières perches, étaient
en bois. Il est toujours utilisé pour les barres parallèles et asymétriques de gymnastique
en raison de sa souplesse qui permet aux athlètes de voltiger. Aujourd’hui, le marché
des fibres de cellulose se développe et propose des vêtements produits à partir de bois ;
• Les cosmétiques et le médical : les extractibles du bois sont source de molécules aux
avantages thérapeutiques ou cosmétiques. Ainsi, l’huile de bois de rose (Aniba Duckei )
est utilisée en parfumerie. L’entreprise Chanel a d’ailleurs été dénoncée en 1995 par
l’association Robin des Bois pour avoir utilisé de l’huile de bois de rose dans son "Chanel
n°5", essence alors en voie d’extinction ;
• L’écriture et la musique : la culture et la connaissance reposent en partie sur le bois.
Le papier des livres est issu du bois, de même que les guitares, violons et clarinettes.

Son usage est par ailleurs indissociable d’une gestion forestière durable. À cette liste pourrait
ainsi s’ajouter celle des usages des forêts : randonnées, protection contre l’érosion en montagne
ou filtrage de l’eau de pluie. Le bois est ainsi un acteur majeur du monde matériel des sociétés
humaines.
Mais l’arbre est aussi le vivier de nombreuses émotions et est au cœur du monde imaginaire
des sociétés humaines, "Aristote écrit que, jadis, à Athènes, quiconque déracinait ou abattait
un olivier sacré était puni de mort pour cause de sacrilège" lit-on dans Corbin (2013) 1 .
Cette sacralité se retrouve dans l’arbre de la connaissance du bien et du mal du livre de
la Genèse, celui-là même qui offre son "fruit défendu". Également, l’arbre-monde Yggdrasil
de la mythologie scandinave forme le support même de l’univers et relie les neuf royaumes.
L’arbre est associé à de nombreux autres symboles, tels que celui du temps, de l’éternité
ou plus récemment celui de "poumon de la planète". Cette métaphore anthropomorphique
est évidemment trompeuse et réductrice, puisque les forêts ont précisément le rôle inverse
de celui des poumons humains : elles absorbent du CO2 et rejettent du O2 . Cependant, les
forêts ont effectivement un rôle capital dans l’oxygénation de l’atmosphère, la régulation
du dioxyde de carbone et l’hébergement de la biodiversité. Les arbres eux-mêmes sont en
revanche impuissants contre le méthane et le protoxyde d’azote, deux autres gaz à effets de
serre importants dans le changement climatique.
Le sujet de cette thèse porte donc sur l’étude du bois, en se focalisant sur ses proprié-
tés physico-mécaniques pour des usages en construction. La bourse doctorale provient d’un
Contrat Plan État-Région (CPER) d’Auvergne Rhône-Alpes, finançant des projets de re-
cherche dans "l’Écoconception de matériaux durables pour l’amélioration des performances
des structures". Le sujet s’est alors orienté vers des problématiques de la filière bois régionale,
1. Alain Corbin, La douceur de l’ombre, Flammarion, 2020

24
en l’occurrence vers les usages potentiels du sapin pectiné (Abies alba) à l’état vert ou res-
suyé, car c’est une essence actuellement difficile à sécher. C’est un sujet qui se veut impliqué
dans les projets de réflexion de la filière, avec une enquête de terrain en début de thèse et une
mission doctorale innovation en deuxième année. Le doctorat s’est fait dans un département
de recherche de mécanique et génie civil, intégrant une approche mécanique des matériaux.
Ces aspects se retrouvent dans le titre du sujet : "Comportement mécanique des éléments de
structure en bois de sapin pectiné en environnement variable". Les termes de mécanique et
éléments de structure renvoient à la mécanique des matériaux du génie civil : comportement
élastique, fluage, mécanique de la rupture et environnement variable au côté encore humide
du bois étudié ainsi qu’à l’environnement extérieur auquel il est soumis pour certains usages
structuraux : diffusion de l’eau dans le bois, effet mécano-sorptif.
Sur ce sujet, les verrous scientifiques sont nombreux : (i) les propriétés viscoélastiques du
bois vert sont encore peu étudiées dans la littérature, puisque la majorité des ouvrages est
construite en bois sec étant donné que c’est majoritairement du bois sec qui est utilisé depuis
le développement massif de la recherche scientifique (Perré et Aguiar, 1999; Dlouhá et al.,
2009; Pot et al., 2013) ; (ii) l’effet mécano-sorptif que présente le bois lorsqu’il est soumis à un
chargement et des variations thermo-hydriques simultanément n’est pas encore bien compris
et modélisé (Gril, 2015; S. Stevanic et Salmén, 2020) ; (iii) la mécanique de la rupture du bois
est loin d’être complètement décrite, notamment du fait de l’orthotropie et des hétérogénéités
qui la complexifient (Morel et al., 2005; Riahi et al., 2016) ; (iv) les méthodes de mesure pour
des essais en environnement extérieur sur des éléments de structure en bois sont encore peu
développées (Germanese et al., 2018; Pambou Nziengui, 2019; Varnier, 2019) puisque une
grande partie des essais se font sur du bois sans défaut et en environnement contrôlé.
En cela, ce travail de recherche porte à la fois un intérêt pour les problématiques de la filière
bois régionale et des intérêts scientifiques pour apporter des développements sur les sujets
évoqués ci-dessus.
La première partie approfondit le contexte et la problématique. Elle se découpe en deux
chapitres : (i) le premier portant sur la description des caractéristiques principales du bois et
de la place du sapin pectiné dans l’économie de la filière régionale ; (ii) le second portant sur
les problématiques rencontrées par cette filière à travers une enquête de terrain et une étude
bibliographique. Cette partie associe étude bibliographique, littérature grise et interview de
professionnels pour décrire les motivations et le fil rouge de l’ensemble du travail réalisé.
La seconde partie présente le matériel d’étude et les dispositifs de mesure utilisés. Elle est
importante dans la mesure où ce travail de recherche est essentiellement expérimental. Elle
est également composée de deux chapitres : (i) le premier décrit le matériel végétal étudié,
à savoir un lot de trente poutres entaillées de sapin pectiné en dimensions d’emploi ; (ii) le
second décrit les outils utilisés pour la campagne expérimentale. Notamment, une partie des
recherches a été consacrée au développement d’une nouvelle méthode de mesure par suivi de
marqueur.
La troisième partie présente le cœur de la campagne expérimentale. Elle est constituée de
trois chapitres : (i) le premier décrit le formalisme physico-mécanique dans lequel les analyses

25
ont été réalisées, puis décrit les essais principaux de la campagne, à savoir des essais de
flexion impliquant fluage et fissuration ; (ii) le deuxième chapitre analyse les résultats obtenus
en développant particulièrement les mesures hygro-viscoélastiques ; (iii) le troisième analyse
également les résultats mais en se concentrant cette fois-ci sur la mécanique de la rupture
des poutres entaillées. Cette partie inclut localement des micro-études bibliographiques sur
les deux thèmes principaux, le comportement différé et la mécanique de la rupture du bois.
La quatrième et dernière partie présente un travail préliminaire sur l’étude de la diffusion
de l’eau dans le bois de sapin pectiné. Elle ne se compose que d’un chapitre qui développe une
étude bibliographique focalisée sur la physique de la diffusion, puis les essais réalisés et enfin
les analyses effectuées pour en extraire des propriétés de diffusion. Il prolonge de nombreuses
autres études sur le sujet mais utilise des formulations d’hystérésis partielles de sorption
récentes et approxime l’état hydrique par une approche différences finies sous Python.

26
Première partie

État de l’art des données sur le sapin


pectiné

27
L’objet de ce chapitre est de décrire le matériau étudié et le contexte socio-économique
de ce travail de recherche. L’enjeu de cette étude est de se familiariser avec le bois et de
comprendre les enjeux de ce travail. En effet, de nombreuses recherches ont déjà été menées
sur ces thématiques et comprendre leur contexte permet de mieux cerner le rôle de chacune.
Le premier chapitre présente tout d’abord le matériau bois, de ses principales propriétés
physico-mécaniques à la place du sapin pectiné dans la filière bois et la recherche scientifique
à Clermont Auvergne INP. Ce chapitre constitue ainsi une synthèse bibliographique sur
le matériau bois et sur des éléments de littérature grise obtenus par FiBois AuRA et ses
partenaires, concernant le sapin pectiné dans la filière régionale.
La première section du deuxième chapitre présente l’enquête qui a été réalisée auprès des
experts et professionnels de la filière bois. Ce travail a été mené tout au long des trois
premières années de thèse et est aussi le fruit du travail de Florence Mathieu, qui a conduit
une partie de l’enquête pendant son stage de master. La deuxième section concerne un état
de l’art sur le phénomène des poches d’eau dans le duramen. Il correspond donc à une
synthèse bibliographique ainsi qu’à une série d’échanges avec Ludovic Martin du PIAF 2 qui
a grandement travaillé sur cette thématique.

2. Laboratoire de Physique et Physiologie Intégrative de l’Arbre en environnement Fluctuant.

28
Chapitre 1

Introduction à l’étude du matériau bois


de sapin pectiné

1.1 Généralités sur le bois de résineux


1.1.1 Anatomie et structure du bois des résineux
Le bois est le constituant principal des plantes ligneuses, c’est-à-dire des arbres et arbustes.
Le xylème secondaire, ou bois, n’est pas le seul constituant d’un d’arbre, qui contient par
exemple aussi le rhytidome, le périderme et le phloème secondaire, mais les décrire n’est pas
intéressant pour ce travail. Le bois assure un triple rôle dans l’arbre : la conduction de la
sève brute, le soutien mécanique de sa structure et le stockage d’eau et de nutriment. Un des
principes de l’ingénierie biomécanique est "c’est la fonction qui fait la propriété". Dans le cas
des arbres, la composition et la structure du bois découlent de ces trois rôles. Trouy (2015);
Lenne (2021) sont des excellents ouvrages pour une introduction complète au matériau, dont
de nombreuses informations présentées ici en sont issues. Dans ce mémoire l’attention est
portée sur le bois des résineux, c’est-à-dire des conifères, dont fait partie le sapin pectiné.
Le bois est constitué de fibres poreuses installées dans une matrice de lignine et d’hémicellu-
loses qui les maintient ensemble. Cette structure fait du bois un matériau composite naturel.
Les fibres sont orientées dans l’axe de l’arbre pour lui assurer une bonne résistance méca-
nique face au vent (sollicitation en flexion) et à la gravité (sollicitation en compression ou en
flexion). Le bois assure en cela une fonction de squelette pour supporter le poids propre de
l’arbre et une fonction musculaire pour contrôler sa posture (phototropisme, gravitropisme
...). Par ailleurs, le bois doit être capable de transporter la sève brute depuis les racines jus-
qu’à la cîme, qui atteint dans les cas les plus extrêmes 100 mètres de haut. La sève brute est
essentiellement de l’eau et des sels minéraux, elle est pompée par les racines depuis le sol.
Il est extraordinairement difficile de monter l’eau à 100 mètres de haut et l’arbre y parvient
par un mécanisme d’évapo-transpiration au niveau des feuilles, qui provoque des dépressions
importantes dans les colonnes d’eau. Les fibres doivent ainsi résister à l’implosion, qui peut

29
être encore plus forte en cas de sécheresse.
Le bois produit couche par couche par le cambium est directement issu de la photosynthèse.
La photosynthèse est une transformation qui, à partir de dioxyde de carbone provenant de
l’air et d’eau issue du sol, produit des sucres et du dioxygène. Une énergie lumineuse, c’est-à-
dire des photons, est nécessaire pour activer la transformation. Il est intéressant de remarquer
que la majorité de l’eau pompée par les racines sert à s’évaporer au niveau des feuilles pour
créer la différence de pression qui permet de monter l’eau. Par conséquent, le bois est une
matière essentiellement produite à partir du dioxyde de carbone.
Le bois prend d’abord le rôle de l’aubier, qui comporte des cellules vivantes et permet de
conduire la sève brute, puis celui de duramen, qui ne comporte plus que des cellules mortes
et n’assure plus qu’un rôle de soutien mécanique, figure 1.1. Cette différenciation de l’aubier
au duramen se fait au cours de la croissance radiale de l’arbre. En effet, au fur et à mesure
les dernières cellules vivantes meurent et vont potentiellement produire, à partir de leurs
réserves d’amidon, des substances pouvant modifier les propriétés du bois. Ces substances sont
appelées extractibles et se retrouvent donc majoritairement dans le duramen. Elles peuvent
par exemple colorer le bois, augmenter la durabilité naturelle ou conférer des propriétés
acoustiques singulières. Quand le duramen est coloré, on parle de bois à aubier différencié.
Dans les régions tempérées, l’activité photosynthétique des arbres alterne entre une forte
activité au printemps, faible en été puis les arbres entrent en dormance au cours de l’automne,
stoppant complètement leur croissance en hiver. En effet, l’été la disponibilité en eau est
plus faible et les nouvelles cellules des colonnes d’eau sont petites et leurs parois épaisses
permet de résister davantage à l’implosion. Ainsi le bois produit au printemps est plus clair
que celui produit en été, ce qui donne lieu aux cernes de croissance. Le bois produit au
printemps est nommé bois initial et celui en été le bois final. Pour la plupart des bois de
résineux, la largeur du bois final reste constante quelle que soit la vitesse de croissance. Une
croissance rapide résulte donc en une plus grande proportion de bois initial devant celle du
bois final. Autrement dit, le bois d’un résineux sera plus dense si sa croissance est lente,
toutes choses égales par ailleurs. Dans l’arbre sur pied, l’aubier résiste mieux que le duramen
aux agressions biologiques car il contient encore des cellules vivantes pouvant répondre à
une attaque biologique. Cependant, dans le bois issu d’un arbre abattu, l’aubier a perdu sa
capacité de résistance et contient encore des réserves d’amidon pouvant attirer des organismes
xylophages. Il est dans ce cas moins durable que le duramen, et ce d’autant plus si le duramen
contient des extractibles comme le tanin qui l’en protège.

30
Figure 1.1 – Illustration de l’aubier, du duramen et de l’écorce sur une grume de pin sylvestre à
aubier différencié.

Le bois des résineux est plus simple dans sa composition et son organisation que le bois des
feuillus. Chez les résineux ce bois est constitué à 90% de trachéides longitudinales, puis à
10% de rayons ligneux, canaux résinifères ou autres particularités anatomiques. Les rayons
ligneux permettent le transport horizontal des fluides (eau, sucres ...) et sont constitués de
parenchymes radiaux ou trachéides radiales. Les parenchymes sont les cellules vivantes de
l’aubier, qui permettent aussi de stocker des éléments nutritifs tels que les sucres issus de
la photosynthèse. Il peut aussi exister des parenchymes longitudinaux. Les canaux résini-
fères sécrètent et transportent des exsudats végétaux utilisés notamment pour cicatriser des
blessures. Les trachéides longitudinales sont les cellules élémentaires des colonnes d’eau, qui
réalisent les deux fonctions principales du bois : conduction de la sève et soutien mécanique.
Elles sont hexagonales dans le bois initial, rectangulaires dans le bois final et mesurent en
moyenne 3 mm de long pour une largeur de 10 à 30 µm. Le passage de l’eau d’une tra-
chéide à l’autre se fait par l’intermédiaire des ponctuations dites aréolées. Ces ponctuations
sont ouvertes et permettent le passage de l’eau dans l’aubier, mais elles sont fermées dans
le duramen. Un torus permet de passer d’un état à l’autre, figure 1.2. Il existe également
des ponctuations pour communiquer entre les rayons ligneux et les trachéides longitudinales.
Elles sont appelées ponctuations de champ de croisement.

31
Figure 1.2 – Représentation issue de Trouy (2015) : (a) une trachéide en coupe radiale, (b) une
trachéide de coupe tangentielle, (c) une ponctuation ouverte, (d) une ponctuation fermée avec le
torus aspiré.

Le bois est constitué de trois polymères principaux, dont la proportion chez les résineux est
en moyenne : 50% de cellulose, 25% d’hémicellulose et 25% de lignine. La cellulose est un
polymère généralement à 50% cristallin alors que les deux autres sont amorphes. À l’échelle
microscopique, la cellulose est sous forme de microfibrilles formant l’armature des trachéides,
la lignine joue le rôle de ciment agglomérant les microfibrilles de cellulose et les hémicelluloses
font l’interface entre la cellulose et la lignine. Une trachéide en elle-même est composée d’un
lumen, d’une paroi cellulaire et d’une lamelle mitoyenne. Le lumen correspond à la cavité
dans laquelle l’eau est transportée et la lamelle mitoyenne à l’interface entre deux trachéides.
La paroi cellulaire est constituée d’une paroi primaire et d’une paroi secondaire, elle-même
découpée en trois couches : S1, S2 et S3. La couche S2 est la plus épaisse et celle qui a le
plus d’impact sur les propriétés mécaniques. Dans cette couche, les microfibrilles de cellulose
sont légèrement inclinées par rapport à un plan vertical, c’est ce qu’on appelle l’angle des
microfibrilles (AMF). Étant donné que ces microfibrilles de la couche S2 confèrent l’essentiel
de la rigidité axiale du bois, l’AMF est de toute importance. En figure 1.3 sont représentées
les compositions et la structure du bois à plusieurs échelles, illustrant les éléments discutés
précédemment. Sur cette figure sont d’ailleurs indiquées les trois directions qu’impliquent
cette structure : la direction longitudinale dans l’axe des trachéides (L), radiale à travers les
différentes couches de bois initial et bois final (R), tangentielle en suivant la courbure d’un
cerne (T). Ainsi, on peut définir le plan transverse (directions RT), le plan longitudinal-radial
(directions LR) et le plan longitudinal-tangentiel (directions LT).

32
Figure 1.3 – Représentation du bois de résineux issue de Phan et al. (2022) : (a) à l’échelle macro-
scopique, (b) et (c) à l’échelle cellulaire pour représenter les trachéides, (d) à l’échelle microscopique
pour représenter la paroi cellulaire.

Cette introduction permet désormais de présenter le sapin pectiné, figure 1.4(a). Abies alba
est un gymnosperme de la classe des conifères, la famille des Pinacées et la sous-famille des
Abiétinoïdes. Ses noms vernaculaires dépendent des régions et peuvent être sapin pectiné,
sapin blanc, sapin des Vosges, des Pyrénées, sapin de pays, et même vargne. Il sera appelé
sapin pectiné dans ce mémoire. Son nom anglais est Silver fir, à ne pas confondre avec le White
fir qui correspond à Abies concolor. Cette essence est endémique des régions montagneuses
de l’Europe occidentale, centrale et méridionale. Le sapin pectiné est sciaphile, c’est-à-dire
tolérant à l’ombre. Il ne contient pas de résine, bien qu’il fasse partie des "résineux". Son bois
ne renferme pas de canaux résinifères et c’est d’ailleurs la différence principale avec l’épicéa
(Picea abies). C’est un bois à aubier non différencié, le duramen ne contient pas d’extractible
augmentant sa durabilité mais les torus y sont aspirés. En conséquence, le sapin ne peut
pas être purgé de l’aubier par les scieries, c’est une essence peu durable naturellement. Son
bois est clair et il est donc souvent traité en surface ce qui lui donne une apparence jaunâtre
lorsqu’il est vendu dans le commerce, figure 1.4(b)(c). Il présente des ponctuations de type
abiétinéen, c’est-à-dire qu’elles sont rondes et opposées, d’où son attribution à la sous-famille
des Abiétinoïdes. Il montre des ponctuations de champ de croisement de type taxodioïdes,
figure 1.5, et comporte des parenchymes longitudinaux marginaux. Enfin, le sapin possède
quelques bizarreries anatomiques comme les trabécules, qui sont des formations tubulaires
reliant deux parois tangentielles opposées d’une trachéide, figure 1.5.

33
Figure 1.4 – Photo de : (a) un sapin pectiné sur pied, (b) du bois de sapin scié non traité, (c)
du bois de sapin scié et traité.

Figure 1.5 – Illustration d’un parenchyme longitudinal et d’une trabécule sur des coupes anato-
miques, et illustration de la forme d’une ponctuation de champ de croisement de type taxodioïde.

34
1.1.2 Propriétés usuelles du bois
Les propriétés du bois sont complexes et dépendent de nombreux facteurs. Seule quelques
unes seront présentées dans cette sous-section, qui sont particulièrement importantes quand
il s’agit de bois d’œuvre et découlent directement de la structure et de l’anatomie du bois.
Elles sont vraies pour toutes les essences, résineuses comme feuillues. Ainsi, l’hygroscopie,
l’anisotropie, l’hétérogénéité, le vieillissement physique et la sensibilité à la température sont
présentés.

• Hygroscopie

L’hygroscopie est la capacité à adsorber ou désorber des molécules d’eau depuis l’air. Cet
effet provoque des variations dimensionnelles ainsi que des variations de propriétés physiques.
Il est sensiblement similaire à l’humidification d’une éponge : quand elle est sèche, elle est
rigide et petite et lorsqu’on l’humidifie, elle gonfle et s’assouplit. Cette capacité vient de
l’hydrophilie des hémicelluloses, de la lignine et d’une partie de la cellulose qui permet de
créer des liaisons hydrogènes avec la vapeur d’eau dans l’air. Les molécules d’eau se placent
dans la paroi cellulaire, et notamment dans la couche S2 en "écartant" les microfibrilles de
cellulose. Il en résulte une diminution du module élastique et une augmentation des dimen-
sions du bois notamment dans le plan transverse. L’AMF joue un rôle important dans ce
retrait-gonflement : plus il est élevé et plus le retrait transverse diminue au profit du retrait
longitudinal et inversement. Une grande partie des variations dimensionnelles se joue dans
l’orientation des microfibrilles lors de leur écartement. En règle générale, l’AMF est faible
bien que non nul, impliquant des retraits-gonflements importants dans la direction radiale
et tangentielle, et faibles dans la direction longitudinale. La capacité du bois à adsorber des
molécules d’eau a une limite : le point de saturation des fibres (PSF). Une fois que toutes
les liaisons chimiques possibles entre l’eau et le bois sont créées, le bois a atteint le PSF.
Toutefois, l’eau peut encore entrer, mais uniquement en s’infiltrant dans les pores (lumens,
parenchymes ...), sans liaisons chimiques et donc sans impacts sur les propriétés mécaniques
et les dimensions. De nouveau, la capacité du bois à contenir de l’eau dans ses porosités
est limitée par le volume de ces pores. Il existe donc deux types d’eau dans le bois : l’eau
liée qui forme des liaisons hydrogènes avec le bois et impacte ses dimensions et ses propriétés
physiques, puis l’eau libre qui s’infiltre dans les porosités, à l’état liquide ou vapeur. Il y a éga-
lement l’eau de constitution qui pourrait être évoquée, mais elle représente simplement l’eau
qu’a utilisé l’arbre pour produire le bois par la photosynthèse. La quantité d’eau présente
dans le bois se nommera ici la teneur en eau (TE), elle se calcule par :
m(t) − manh
w(t) = (1.1)
manh
où w(t) représente la TE ; m(t) est la masse du bois à un instant t et manh est la masse du
bois anhydre. La TE est donc exprimée en pourcentage de la masse sèche du bois. Le PSF
est généralement autour de 30%, et la TE maximale possible dépend de la densité du bois et
varie de 60 à 450% (Kollmann et Côté, 1968). Lorsque la TE est inférieure au PSF, c’est le
domaine hygroscopique, puisque c’est essentiellement de l’eau liée qui est échangée avec l’air.

35
• Anisotropie

Comme représenté en figure 1.3(a), le bois présente trois directions principales : longitudinale,
radiale et tangentielle. Le bois est alors un matériau anisotrope, en cela que ses propriétés
physico-mécaniques dépendent de la direction considérée. Hétérogénéités mises à part, la
structure du bois présente deux plans de symétrie matérielle orthogonaux, produisant une
orthotropie des propriétés. De nombreuses propriétés sont affectées par cette orthotropie, on
se cantonnera ici aux modules élastiques axiaux et à la diffusion de l’eau dans le bois.
La rigidité du bois est la plus grande dans la direction longitudinale, parallèle aux fibres. C’est
assez cohérent puisque c’est justement la direction dans laquelle l’arbre est sollicité au cours
de son existence. Ensuite, la direction radiale est plus rigide que la direction tangentielle,
parce qu’il peut y avoir des rayons ligneux renforçant cette direction et que les cellules sont
plus alignées que dans la direction tangentielle, figure 1.3(c). D’un point de vue mécanique,
il y a donc :
EL ≫ ER > ET (1.2)
où EL , ER et ET représentent respectivement le module élastique longitudinal, radial et
tangentiel. En réalité, l’évolution du module élastique des résineux en fonction d’un angle θ
dans le plan RT n’est pas linéaire et passe par un minimum à 45°. La "pire" direction n’est
donc pas tangentielle, mais à 45°entre radiale et tangentielle, notamment parce que le module
de cisaillement GRT est très faible chez les résineux (Guitard, 1987).
Les propriétés hygroscopiques sont également affectées. D’abord, le retrait longitudinal du
bois est très faible car l’AMF est généralement faible. Ensuite, les retraits-gonflements tan-
gentiels sont plus importants que ceux en direction radiale. Cette différence peut être attri-
buée à deux facteurs (Siau, 1984) : (i) les rayons ligneux limitent la mobilité radiale et (ii)
la direction radiale est une succession en série de bois initial et bois final dans lesquels les
retraits-gonflements s’ajoutent, alors que la direction tangentielle est guidée par le bois qui se
rétracte ou se gonfle davantage. Or, la densité augmente le coefficient de retrait-gonflement
(Mazet et Nepveu, 1991), les retraits-gonflements tangentiels sont donc dictés par ceux du
bois final de plus grande densité. Finalement :
αT > αR ≫ αL (1.3)
où αT , αR et αL sont respectivement les coefficients de retrait tangentiel, radial et longitudi-
nal. Un coefficient de retrait-gonflement, en %/%, représente la variation dimensionnelle (en
%) que provoque 1% de variation de teneur en eau. La vitesse de diffusion est aussi affectée.
La direction longitudinale est celle qui diffuse le plus rapidement l’eau, ce qui est cohérent
puisque c’est la direction des lumens transportant la sèvre brute pendant la vie de l’arbre.
Ensuite, la direction tangentielle diffuse plus rapidement que la direction radiale. En effet,
l’eau traverse plus aisément des pores que de la matière, donc plus le bois est dense et plus la
diffusion est lente. Or, de même que précédemment, la diffusion radiale traverse une série de
bois initial puis bois final alors que la diffusion tangentielle est guidée par celle de plus faible
densité, c’est-à-dire le bois initial. Bien sur, les rayons ligneux peuvent accélérer la diffusion
radiale, mais en général on a :

36
DL ≫ DT > DR (1.4)
où DL , DT et DR représentent respectivement le coefficient de diffusion longitudinal, tangen-
tiel et radial. Un coefficient de diffusion, en m2 .s−1 , représente la facilité qu’a le phénomène
à se diffuser dans le milieu. Dans le cas de la diffusion de l’eau, il est donc élevé pour les
matériaux poreux que l’eau imprègne rapidement et faible pour les matériaux denses.
La direction longitudinale se démarque toujours fortement de la direction radiale et tangen-
tielle. Dans le cas où la direction longitudinale est prédominante, comme c’est le cas d’une
poutre débitée dans le sens de la grume, les directions transverses peuvent parfois être confon-
dues et le bois est assimilé à un matériau isotrope transverse. Cela revient à ne considérer
plus que deux directions de variation des propriétés : longitudinale et transverse.

• Hétérogénéité

Dans les régions tempérées, la nature même de sa croissance rend le bois hétérogène : al-
ternance de bois initial et bois final. Selon l’ensoleillement, la compétition pour l’accès à la
lumière ou encore la pluviométrie, un arbre verra sa vitesse croissance varier au cours de son
existence. En conséquence, les largeurs de cernes ainsi que la proportion de bois initial devant
celle du bois final, n’est pas constante. Ainsi, le sapin étant sciaphile, il peut rester des années
à l’ombre d’un chêne, avec une croissance lente, puis après l’abattage du chêne être exposé
au soleil et accélérer sa croissance. De même, l’anatomie du bois est truffée d’hétérogénéités :
les rayons ligneux ou les trabécules. Cependant, les hétérogénéités les plus visibles pour le
bois d’œuvre sont les nœuds. Ceux-ci sont issus des branches de l’arbre. Il existe des nœuds
adhérents, issus d’une branche encore en activité et des nœuds non adhérents, issus d’une
branche tombée depuis longtemps par un élagage naturel (chute d’une branche) ou humain
(coupe d’une branche), figure 1.6. Les nœuds provoquent des déviations de fil et sont globa-
lement considérés comme étant des zones de fragilité. Par exemple, si une pièce de bois est
chargée en traction dans le sens des fibres, un nœud sera équivalent à une zone chargée dans
le plan transverse, nettement moins rigide et résistante que la direction longitudinale. Mais
comme il sera discuté dans la suite de ce mémoire, le rôle des nœuds dans la résistance d’une
pièce de bois dépend beaucoup de leur position et du type de chargement appliqué.

Figure 1.6 – Photo de : (a) un nœud adhérent, (b) un nœud non adhérent.

37
• Vieillissement et sensibilité à la température

Le bois est un matériau vieillissant, c’est-à-dire que ses propriétés physiques évoluent avec
le temps. Le bois a ainsi tendance à se rigidifier avec le temps, même dans une ambiance
parfaitement stable. Ce vieillissement est dû à sa composition faite en partie de polymères
amorphes (hémicellulose et lignine) qui ne sont pas en équilibre thermodynamique à tempé-
rature ambiante (Struik, 1977).
Par ailleurs, ces polymères présentent une température de transition vitreuse, au delà de la-
quelle leurs propriétés mécaniques périclitent. Comme tout matériau, le bois s’assouplit avec
une augmentation de température, mais, de plus, à certains seuils, les propriétés chutent dras-
tiquement. Heureusement pour le génie civil, ces températures de transition sont supérieures
aux températures de service auxquelles est soumis un bâtiment (Back et al., 1982).

Tableau 1.1 – Synthèse des caractéristiques principales du bois.

Propriété Signification Explication physique


Hygroscopie Capacité à adsorber- Les polymères constitutifs du bois sont
désorber l’eau, provo- en partie hydrophiles.
quant des variations
dimensionnelles et
physiques.
Anisotropie Variation des proprié- Les trachéides du bois sont orientées
tés selon les directions longitudinalement et sont mieux ali-
d’observation. Direc- gnées dans la direction radiale que
tion remarquable : tangentielle. Certains éléments anato-
longitudinale, tangen- miques radiaux, tels que les rayons li-
tielle et radiale. gneux, distinguent aussi la direction ra-
diale de tangentielle.
Hétérogénéité Variation des proprié- La vitesse de croissance de l’arbre n’est
tés au sein du maté- pas constante en région tempérée, ce
riau, y compris pour qui crée naturellement une alternance
une même direction. de bois initial et bois final. Les noeuds
et autres spécificités anatomiques sont
également des hétérogénéités.
Vieillissement Les propriétés du Les polymères constitutifs du bois sont
bois évoluent dans le en partie amorphes, qui ne sont pas en
temps. équilibre thermodynamique à tempéra-
ture ambiante.

38
1.2 De la filière bois d’Auvergne Rhône-Alpes à la re-
cherche scientifique sur le matériau
1.2.1 Place du sapin pectiné dans la filière bois d’Auvergne Rhône-
Alpes
En 2020, la France était le troisième pays le plus boisé d’Europe en volume de bois sur
pied, après l’Allemagne et la Suède. En métropole, 75% des forêts sont privées (12 millions
d’hectares) et 25% sont publiques (3,9 millions d’hectares) (FCBA, 2020). Ces forêts sont
à 72% à dominance feuillue et 28% à dominance résineuse. Les sapins et épicéas sont les
résineux les plus importants et représentent 8% des forêts françaises. Les principaux massifs
de résineux sont en Auvergne Rhône-Alpes (AuRA), dans les Vosges, en Provence-Alpes-
Côte d’Azur (PACA) et dans les Landes, figure 1.7(a). Le sapin pectiné est particulièrement
présent en AuRA, puisqu’il constitue 17% de sa forêt, qui est par ailleurs la première région
française en volume de bois sur pied. Le Massif Central est ainsi une grande réserve de
sapin pectiné, où son bois est au cœur de l’économie de la filière. Les débouchés principaux
sont le coffrage, la charpente traditionnelle et l’emballage. Toutefois, il est de moins en moins
demandé au profit de l’épicéa et du douglas (Pseudotsuga menziesii) et une grande partie des
forêts du Massif Central est privée. Les sapins sont donc devenus vieillissants, impliquant une
grande partie de "gros bois", figure 1.7(b). Ces gros bois sont parfois vus comme une épine
dans le pied, puisqu’ils ne sont plus exploitables par des scieries industrielles, mais peuvent
aussi être vus comme une inestimable richesse écologique. En effet, les vieux et gros arbres
abritent plus de dendromicrohabitats, constituant des indicateurs fiables de biodiversité, et
contribuent davantage au stockage du carbone (Larrieu et Gonin, 2008).

Figure 1.7 – Répartition de : (a) formations boisées en France par type d’essence issues de FCBA
(2019) et (b) diamètre des sapins en AuRA issus de FiBois (2019a), où D représente le diamètre de
l’arbre à 1,3 m du sol.

Depuis les années 1980, de plus en plus de signalements de dépérissement du sapin pectiné
sont recensés (Cailleret, 2011). La principale raison serait leur sensibilité à la sécheresse,

39
qui mène à des embolies (Mantova et al., 2022) et des attaques plus grave de scolyte. Le
changement climatique intensifie et augmente la fréquence des sécheresses, ce qui va sans
doute conduire à des pertes colossales de sapin d’ici 2050 ou 2100. Une étude de FiBois
Bourgogne Franche Comté (BFC) indique que l’épicéa est encore plus touché que le sapin
par ces sécheresses (FiBois, 2019b).
Malgré tout, le bois de sapin est généralement apprécié par les charpentiers de la région
AuRA. Bulteau et al. (2022) ont d’ailleurs mené une étude de cas sur l’usage historique
du sapin pectiné dans le patrimoine bâti du Livradois-Forez. Ils ont prélevé des carottes
sur différents bâtis de cette région et la forte présence de sapin atteste de son importance
historique. À son avantage, il aurait une meilleure résistance mécanique que l’épicéa, et c’est
un bois clair et facile à usiner donc apprécié en architecture (FiBois, 2019a). L’absence de
résine le rend aussi avantageux pour la menuiserie.
Par l’intermédiaire des rencontres avec FiBois AuRA, des données sur les propriétés du sapin
pectiné issues de rapports industriels ont pu être obtenues. Ces rapports d’étude sont multi-
acteurs et font partie de la littérature grise du sujet :
• Rapport final de la "Qualification de la production de sciages résineux du massif vosgien
destinés au marché de la construction et possibilités de valorisation notamment pour
les qualités inférieures", rédigé en 2011 par l’institut technologique FCBA ;
• rapport final des "Essais de classement mécanique d’essences locales Ardèche-Drôme",
rédigé en 2006 par FIBRA ;
• la "Certification technologique des sciages alsaciens", rédigé en 2007 par FiBois Alsace ;
• rapport final "Caractérisation mécanique du vieux sapin du massif central", rédigé en
2009 par CERIBOIS ;
• la présentation de "Étude de caractérisation du sapin du Jura", issue de FiBois BFC
en 2019.
Ces études concernent particulièrement le classement mécanique des bois de structure. Le
marquage CE (Conformité Européenne) est obligatoire en France pour une pièce de bois des-
tinée à un usage en structure. Ce marquage sert entre autres à attribuer une classe mécanique
à la pièce de bois, qui définit la résistance et la rigidité par une approche statistique selon
les normes NF EN 14081 parties A, B et C (AFNOR, 2018, 2022a,b). Elle peut être classée
visuellement par la norme NF B52-001-1 (AFNOR, 2018) ou par machine. Pour les résineux,
les classes les plus importantes sont C18, C24 et C30. Le nombre indique la résistance en
flexion assurée dans au moins 95% des cas (une poutre C18 possède 95% de chance de résister
à une contrainte de 18 MPa). Un bois C18 peut être utilisé en charpente traditionnelle, un
C24 en charpente industrielle et un C30 en charpente haute performance ou pour du lamellé
collé. Toutes les études évoquées ci-dessus montrent que le classement visuel est moins fiable
et beaucoup plus pénalisant que le classement par machine.
En figure 1.8 sont représentées les répartitions des classements par machine de trois de ces
études pour le sapin pectiné. Chaque graphique devrait idéalement représenter le classement
moyen des poutres de sapin pectiné d’une région. Il est intéressant de constater que les

40
résultats sur le sapin des Vosges ont été obtenus à partir de questionnaires envoyés à des
scieries, tandis que les résultats pour le sapin du Massif Central ont été obtenus à partir d’une
étude indépendante réalisée en aveugle. La méthode par questionnaire implique probablement
un biais qui explique l’exceptionnelle qualité du sapin des Vosges.

Figure 1.8 – Répartition régionale des classements de pièces de bois de sapin : (a) Massif Central,
(b) Vosges, (c) Ardèche et Drôme.

En comparaison avec l’épicéa, le sapin semble légèrement meilleur, en cela qu’il a un MOR
(Modulus of rupture), c’est-à-dire la résistance en flexion à 12% de TE et une densité plus
grande, tableau 1.2. Le MOE (Modulus of elasticity), c’est-à-dire la rigidité longitudinale à
12% de TE, est également indiquée dans le tableau mais n’est pas discriminante. L’étude de
FiBois BFC a également montré que le bois de sapin qui pousse en altitude est de meilleure
qualité mécanique.

Tableau 1.2 – Comparaison des propriétés mécaniques moyennes entre le sapin et l’épicéa selon
l’étude de FiBois BFC sur le Jura et du FCBA sur le massif des Vosges

Massif du Jura Massif des Vosges


Épicéa Sapin Épicéa Sapin
MOR [MPa] 40,1 41,6 41,6 44,8
MOE [GPa] 10,6 10,4 11,6 12,5
ρ [kg.m−3 ] 417 423 437 467

Enfin, le bois de sapin pectiné serait fissile (CIRAD, 2012), et "un bon bois de fente" (Compa-
gnons du Devoir, 1977). Alors que les mécaniciens utilisent les termes de ténacité ou fragilité
pour quantifier les propriétés de rupture d’un matériau, les professionnels du bois utilisent
plutôt la fissilité ou la résistance au fendage. La ténacité représentent la capacité d’un maté-
riau à résister à la propagation de fissure, et la fragilité représente son incapacité à se déformer
en dehors du domaine élastique. La fissilité représente la propriété d’un bois à se diviser en
couches, en feuillets, et la résistance au fendage correspond au degré de fissilité. Selon Tribou-
lot (2003), les parenchymes radiaux, canaux résinifères, trachéides radiales créent un maillage

41
(figure 1.3, 1.5) qui rend le bois moins fissile. La longueur des trachéides longitudinales aug-
mente également la fissilité. Or le sapin possède des trachéides longitudinales longues, n’a
pas de canaux résinifères et peu de parenchymes longitudinaux, pouvant expliquer en partie
sa grande fissilité.
Cette place qu’occupe le sapin pectiné dans la filière bois de la région a poussé des instituts
de recherche, notamment clermontois, à mener des investigations sur les propriétés et les
innovations possibles avec cette essence.

1.2.2 Travaux de recherche à Clermont Auvergne INP


Le projet ANR CLIMBOIS (impact des variations CLImatiques et Mécaniques sur la dura-
bilité des constructions BOIS) géré par Rostand Moutou Pitti et l’arrivée de Joseph Gril ont
porté une grande part des travaux de recherche récents sur le bois de sapin pectiné à Clermont
Auvergne INP, par le biais du laboratoire Institut Pascal. Le projet ANR avait pour objectifs
d’étudier les couplages entre fluage et fissuration associés à des variations hygro-thermiques,
et de monter en compétences sur des méthodes de mesures non destructives (Corrélation
d’Image Numérique, émissions acoustiques ...). Le sapin pectiné s’est retrouvé en partie sujet
de ces études parce qu’il est abondant dans la région AuRA, mais aucun contact avec la
filière n’était encore initié. Ce projet étant également en partenariat avec le centre national
de la recherche scientifique et technologique du Gabon, les bois tropicaux y sont impliqués.
Des stages, des thèses et du matériel expérimental ont ainsi pu être financés.
En premier lieu, le stage de master de Adjovi Loko (2015) a consisté en des essais de fissuration
sur du douglas et du sapin, ainsi qu’en un dimensionnement de poutres entaillées prévues afin
de réaliser des essais de fluage couplés à la fissuration. Les résultats de fissuration ont montré
que la TE augmente la ténacité et que le sapin est moins tenace que le douglas. L’étude du
dimensionnement s’est basée sur un modèle éléments finis Cast3M de poutre entaillée pour
prévoir la longueur et hauteur d’entaille nécessaire pour assurer une rupture par fissuration
plutôt que par flexion dans la zone centrale. La poutre devait également avoir une section
suffisamment grande pour assurer un effet tampon lors des variations de TE et respecter les
contraintes du banc d’essais. Après validation expérimentale du dimensionnement, l’étude
des poutres entaillées était commencée, figure 1.9.
La thèse de Pambou Nziengui (2019) a pour objet l’étude du fluage de ces poutres entaillées en
environnement extérieur, figure 1.10. Le banc d’essais de cette étude a été financé par le Pack
Ambition Recherche de CAP 20-25 et a été un défi expérimental permettant d’identifier les
difficultés de mesure dans de telles conditions. Le MOE de ces poutres de sapin était entre 11,3
et 15,2 GPa, meilleur que la moyenne des bois de sapin du Massif Central (figure 1.8(a)). Les
essais ont montré une augmentation des propagations de fissure lors des journées chaudes et
sèches, et un modèle analytique de calcul de flèche centrale prenant en compte le cisaillement
a été développé.
Les thèses d’Asseko (2022) et celle-ci font suite à ce travail de recherche du couplage entre
fluage et fissuration en environnement sévère, le travail de Pambou Nziengui (2019) est donc

42
Figure 1.9 – Dimensionnement des poutres entaillées pour assurer la rupture par fissuration en
flexion 4-points, par Adjovi Loko (2015).

Figure 1.10 – Photos des essais de fluage de poutres entaillées en extérieur, issues de Pam-
bou Nziengui (2019).

43
abondamment évoqué dans ce mémoire. Le stage de Phan (2019) a également porté sur
l’étude des poutres entaillées mais sous une approche purement numérique. Il a développé
un modèle éléments finis Cast3M afin de simuler les paramètres mécaniques et les comparer
aux résultats de fluage de la thèse d’Asseko (2022) en ambiance contrôlée. Le modèle a aussi
servi à calculer le taux de restitution d’énergie critique pour des bois de feuillus.
Le travail d’Asseko (2022) a également consisté en des essais de diffusion qui ont fourni des
paramètres de sorption du sapin du Massif Central. Enfin, le stage de Mambili (2017) a
montré que le sapin est plus tenace que le peuplier par des essais de fissuration.
En tableau 1.3 sont recensées quelques propriétés du sapin pectiné issues de travaux de
recherche.
Tableau 1.3 – Propriétés mesurées sur le sapin pectiné à 12% de TE.

Sapin pectiné
Masse volumique ρ [kg.m ] (CIRAD, 2012)
−3
490
Module élastique longitudinal EL [GPa] (CIRAD, 2012) 14,3
Module élastique radial ER [GPa] (Guitard, 1987) 1
Module élastique tangentiel ET [GPa] (Guitard, 1987) 0,636
Point de saturation des fibres [%] (CIRAD, 2012) 29
Coefficient de retrait-gonflement radial αR [%/%] (Nguyen, 2016) 0,19
Coefficient de retrait-gonflement tangentiel αT [%/%] (Nguyen, 2016) 0,37
Coefficient de retrait-gonflement longitudinal αL [%/%] (Nguyen, 2016) 0,008
Coefficient de diffusion radial DR [m2 .s−1 ] (Nguyen, 2016) 3, 28.10−11
Coefficient de diffusion tangentiel DT [m2 .s−1 ] (Nguyen, 2016) 1, 64.10−11
Coefficient de diffusion longitudinal DL [m2 .s−1 ] (Nguyen, 2016) 3, 39.10−9

44
Conclusion sur le contexte de ce travail de recherche
La première section de ce chapitre introduit brièvement l’anatomie et les caractéristiques du
bois. Elle montre que le bois est hygroscopique, anisotrope, hétérogène et vieillissant et que
ces propriétés s’expliquent par les fonctions qu’il occupe dans l’arbre. La deuxième section
fait un état des lieux de la place du sapin pectiné dans la filière bois et des recherches menées
à Clermont Auvergne INP. Le sapin est particulièrement présent dans les forêts du Massif
Central et ses propriétés en font un bon bois de structure, bien qu’il soit de moins en moins
demandé au profit de l’épicéa et du douglas. Les travaux de recherche sur le bois à Clermont
Auvergne INP ont porté en partie sur le sapin pectiné, développant des études sur des poutres
entaillées subissant du fluage et de la fissuration.
Dans le but de s’approcher des problématiques de la filière bois d’AuRA, une enquête de
terrain auprès des professionnels a été menée au cours de cette thèse et fera l’objet du
prochain chapitre. Il s’agit notamment de se demander pourquoi le sapin pectiné est de
moins en moins demandé ? Est-il une essence d’avenir ?

45
Chapitre 2

Les usages et problématiques du sapin


pectiné dans la filière bois d’Auvergne
Rhône-Alpes

2.1 Enquête auprès de la filière bois


2.1.1 Matériel et méthodes
Afin de s’assurer de répondre à des problématiques rencontrées lors de l’usage du sapin pectiné
en Auvergne Rhône-Alpes (AuRA), une enquête de terrain est menée. Elle commence par
une rencontre avec l’association d’interprofessions FiBois AuRA, puis se poursuit par une
série d’entretiens avec différents acteurs de la filière bois de la région. La première rencontre
avec FiBois met en exergue que le sapin pectiné est une essence importante en AuRA mais
qu’elle fait face à deux problèmes principaux : un massif vieillissant impliquant une grande
proportion de gros bois (figure 2.1(b)) et un problème de séchage dû à la présence de poches
d’eau dans le duramen. Il est alors décidé de se concentrer sur la problématique du séchage
du sapin : quelles sont les causes de ces poches d’eau et comment s’adapter à un bois difficile
à sécher ?
Les acteurs sont choisis pour leur connaissance de ce sujet ou pour leur travail du sapin
pectiné. Les scieries et charpentiers sont les principaux concernés, et un bureau d’étude et des
membres du Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques (LRMH) sont également
questionnés. L’enquête est réalisée en deux temps, des premières rencontres de février à avril
2020 par moi-même ; puis d’avril à juin 2022 par Florence Mathieu, stagiaire à Clermont
Auvergne INP pendant cette période.
La liste des acteurs rencontrés est présentée en tableau 2.1.

46
Tableau 2.1 – Liste des acteurs rencontrés pour l’enquête de terrain.

Organisme Personne ren- Type Localisation Date Intérêt


contrée
FiBois AuRA A. Laffon, Association Clermont- 09/01/20 Fédérateur de la fi-
N. Da d’interprofes- Ferrand (AuRA) lière bois d’AuRA
Silva, J.P. sions
Mathé, F.
Castaings
Sylva Conseil J.L. Vigier Bureau Clermont- 18/02/20 Bureau d’étude en
d’étude Ferrand (AuRA) construction bois
LRMH C. Lavier Archéo- Champs-sur- 23/03/20 Étude des monu-
dendromètre marne (IDF) ments historiques
LRMH E. Maurin Ingénieur Champs-sur- 25/03/20 Étude des monu-
bois marne (IDF) ments historiques
Scierie du Fo- E. Scierie Vollore Mon- 21/02/20 Sciage de sapin
rez Planche- tagne (AuRA) d’AuRA
Foulhoux
Scierie Cho- J.F. Cho- Scierie Marhles 27/03/20 Sciage de sapin
rain rain (AuRA) pectiné d’AuRA
Scierie Borie D. Marian Scierie Salzuit (AuRA) 09/05/22 Sciage de sapin
pectiné d’AuRA
Entre toits et M. Garros Charpentier Toulouse (Occi- 09/04/20 Charpente tradi-
bois tanie) tionnelle
/ M. Ma- Charpentier Verjux (BFC) 04/04/22 Charpente tradi-
nesse tionnelle
/ M. Séra- Charpentier Beaufort (Quey- 05/04/22 Costes équarries
phin ras)
Bolver T.Verdier, Charpentier Jax (AuRA) 21/04/22 Charpente tradi-
L.Bollengier tionnelle
/ P. Zahnd Charpentier Pontarlier 27/04/22 Charpente tradi-
(BFC) tionnelle
Tout en Ron- J.C.Chatelus Charpentier St Jean Soley- 20/05/22 Fustes façonnées
dins mieux (AuRA)

47
Les trois scieries rencontrées sont en AuRA et travaillent le sapin, elles sont directement
concernées par les problèmes de séchage. La scierie du Forez se situe dans le nord du Massif
Central et la scierie Borie au sud. Les six charpentiers ne sont pas tous en AuRA mais
illustrent la diversité des usages contemporains du bois vert ou partiellement séché et les
pratiques mises en oeuvre pour gérer les instabilités dimensionnelles et mécaniques du bois. Ils
pourraient pour la plupart être qualifiés de "charpentier-forestier", compte tenu de leur intime
connaissance de l’arbre et car tous sélectionnent leurs arbres en forêt. Un fustier est inclus,
soit un professionnel qui utilise la technique des fustes consistant à empiler tête-bêche des
grumes, figure 2.1(a). Enfin, C. Lavier et E. Maurin du LRMH ont une grande connaissance
des techniques de construction anciennes utilisant du bois vert. Les thématiques abordées
dépendent de l’acteur questionné et sont multiples : de l’avis du charpentier sur le sapin
pectiné aux causes de la disparition progressive de la construction en bois vert. En annexe A
se trouvent les trames utilisées pour les entretiens. À cela s’ajoutent des informations glanées
au fur et à mesure des rencontres, comme celle de Joseph Brihiez et Pascal Warrengo de
l’association Charpentiers Sans Frontières.

Figure 2.1 – Exemple de (a) gros sapin pectiné sur pied à La Chapelle Agnon (Puy de Dome)
©J.Facy, (b) chantier de construction utilisant la technique des fustes ©F.Mathieu.

2.1.2 Résultats et discussion


La liste des comptes-rendus des entretiens est en annexe B.
La scierie du Forez, la scierie Chorain et la scierie Borie s’approvisionnent en bois locaux dans
un rayon de 50 km. À l’exception de la scierie Chorain, elles ne scient pas les gros bois, c’est-
à-dire ceux au-delà de 47 cm de diamètre. En effet, ces gros bois nécessitent des bûcherons
manuels, sont lourds à transporter et ne peuvent pas être sciés par les canters industriels.
Par ailleurs, la scierie Chorain, scierie du Forez et Sylva Conseil rapportent que les gros bois
sont fréquemment pourris à cœur. Les trois scieries ont connaissance du problème des poches
d’eau et seule la scierie Chorain sèche le sapin en séchoir, seulement si la météo ou l’urgence
l’impose. Les scieries Borie et du Forez appliquent tout au plus un séchage à l’air libre,
appelé ressuyage. En général, il est commun d’associer l’épicéa et le sapin, mais les poches

48
d’eau rendent ces deux essences incompatibles dans un même cycle de séchage (FCBA, 2019).
Or, sécher séparément le sapin nécessiterait un cycle indépendant en séchoir et serait trop
onéreux. Par ailleurs les trois scieries et le bureau d’étude Sylva Conseil rapportent que le
sapin supporte mal le séchage en séchoir, en cela qu’il se fend et présente un profil hydrique
très hétérogène. La scierie Chorain compte ainsi s’équiper d’un séchoir grande capacité à basse
température qui pourrait permettre de laisser le sapin sécher plus longtemps (OLERGIE et
FiBois, 2019). La scierie Borie rapporte que ce type de séchage, initialement adapté au "bois
dur" comme le chêne, est idéale pour le sapin. La vente de sapin à l’état vert ou partiellement
séché est donc pour le moment monnaie courante, l’excluant d’office de tout débouché utilisant
des techniques de collage (lamellé-collé, contreplaqué, BRM). Les débouchés principaux pour
un bois de sapin vert ou partiellement séché sont la charpente traditionnelle, le coffrage et
dans une moindre mesure l’emballage (FiBois, 2019a). Ainsi pour la scierie Borie, 60% de
ses débouchés sont la charpente traditionnelle et 40% le coffrage et l’emballage. Or, les trois
scieries rapportent que le marché des bois secs prend de plus en plus d’ampleur, notamment
par le développement des techniques constructives de bois collés et par la rigueur imposée
par les normes de construction. Enfin, les trois scieries ont de bons retours de la part des
charpentiers quant à l’usage du sapin, étant considéré comme ayant une meilleure résistance
mécanique que l’épicéa.
Tous les charpentiers interrogés travaillent effectivement le sapin à l’état vert, en charpente
traditionnelle ou fustes. Néanmoins, aucun d’entre eux n’a connaissance d’une problématique
de poches d’eau, en tout cas pas selon cette dénomination. Ils constatent parfois des zones
colorées et humides au toucher, mais n’en tiennent pas rigueur. Pour eux, la construction
en bois vert n’est pas une contrainte, bien au contraire, elle fait partie intégrante de leur
métier. En effet, l’ensemble des charpentiers enquêtés ont un lien étroit avec la scierie qui
les approvisionnent, en allant parfois eux-mêmes sélectionner les arbres qui seront abattus et
le charpentier de Tout en Rondins va jusqu’à exiger que la construction d’un bâtiment soit
réalisée à partir d’arbres issus d’un même peuplement. Pour les charpentiers, la qualité d’une
construction dépend de toute la chaîne opératoire : la sylviculture, l’abattage, l’écorçage,
l’équarrissage ou le sciage et enfin la charpente. Sans une maîtrise de chacun de ces maillons,
la qualité d’un ouvrage est compromise. Il est important de préciser ici que par "qualité" il
n’est pas fait uniquement référence à l’efficacité d’une structure à remplir sa fonction, mais
aussi à l’histoire et l’unicité qu’elle porte en elle. Il ressort de ces entretiens le rôle de chacun
des maillons :
1. Il est préférable de choisir des arbres rectilignes et peu branchus pour éviter la présence
de nœuds et les pentes de fil. Un sapin ayant poussé en altitude a par ailleurs une
croissance plus lente lui conférant des cernes serrés, gage d’une grande densité et donc
d’une meilleure résistance mécanique ;
2. l’abattage doit ensuite se faire en période hors-sève, en hiver, et même à la "bonne"
lune. Cette période d’abattage permet de réduire la teneur en eau et la teneur en sucre
du bois, permettant de réduire sa période de séchage et d’augmenter sa durabilité.
L’arbre ne doit également subir aucun choc lors de sa chute, au risque que les propriétés
mécaniques périclitent ;

49
3. l’écorçage précoce est préférable, si possible en forêt, pour éviter les attaques d’insectes.
Il permet également d’éviter d’abîmer les lames des outils, que ce soit au sciage ou à
l’équarrissage ;
4. le sciage ou l’équarrissage doit suivre le fil du bois autant que faire se peut. E. Maurin
et la scierie Chorain rapportent que le débit sur quartier (figure 2.3(b)) permet d’éviter
les déformations du séchage comme le tuilage ou le vrillage. Ce type de débit provoque
toutefois d’importantes pertes de matière. L’équarrissage à la hache (figure 2.2(a))
permet d’obtenir systématiquement un débit sur quartier qui suit le fil du bois, il est
utilisé par Charpentiers Sans Frontières et P. Zahnd. Autrement, les pièces sont choisies
en fonction de leur usage : un débit sur dosse aura le coeur orienté vers le soleil (Entre
toits et bois), la contre-flèche d’une poutre sera utilisée intelligemment (figure 2.3(a)),
etc. ;
5. les charpentiers laissent ensuite le bois en ressuyage pendant quelques mois, à l’excep-
tion du fustier qui l’utilise directement à l’état vert. Chaque pièce de bois est utilisée
intelligemment selon les principes de la charpente traditionnelle. Notamment, les cernes
du bois permettent d’anticiper les retraits (figure 2.3(b)) et les techniques d’assemblage
par contact bois-bois sont privilégiées. En effet, une pièce de bois séchant dans la direc-
tion tangentielle viendrait serrer une pièce séchant dans la direction radiale, en raison
de la supériorité du coefficient de retrait-gonflement tangentiel (figure 2.3(d)). Par
exemple, les tenons-mortaises (figure 2.3(c)) consistent à piéger une pièce mâle dans
une pièce femelle. Ainsi, ces techniques d’assemblage ne s’accommodent pas seulement
d’un bois à l’état vert, elle le recherche. Toutefois, elles demandent davantage de com-
pétences et de temps pour la construction d’un bâtiment, notamment parce qu’il faut
anticiper les retraits et garantir que ceux-ci assureront la stabilité de l’ouvrage. La tech-
nique des costes utilisée par M. Seraphin consiste en l’empilage tête-bêche des grumes
tout juste équarries. Cette méthode et celle des fustes sont aussi des bons exemples de
techniques constructives s’accommodant des retraits du bois : la structure perd 15 cm
de hauteur par étage.

50
Figure 2.2 – Equarrissage à la hache : (a) ©F. Calame de Charpentiers Sans Frontières et (b)
J. Gril pendant l’école thématique Pluribois 2022.

Figure 2.3 – Illustration des techniques de charpente traditionnelle : (a) exploitation intelligente
de la courbure naturelle d’un arbre pour une structure ; (b) les différents types de débit lors d’un
sciage d’une grume, (c) la technique d’assemblage tenon-mortaise ; (d) la technique d’assemblage à
queue d’aronde où la pièce femelle est en retrait tangentiel afin de piéger la pièce mâle qui est en
retrait radial.

51
En suivant ces recommandations, qui sont fortement inspirées des techniques constructives
traditionnelles, une construction en bois vert n’est pas un problème et fait même partie
du processus. Selon E. Maurin et C. Lavier, l’intégralité des monuments historiques a été
construit en bois vert à partir de ces mêmes principes, en attestent les analyses dendrochro-
nologiques et les recherches historiques sur le sujet. Cette observation est en soi une preuve
de la faisabilité d’une construction en bois vert et les techniques constructives présentées
par les charpentiers enquêtés en expliquent les fondamentaux. Enfin, de l’avis de tous les
charpentiers et C. Lavier, la durabilité d’un ouvrage n’est pas remise en cause lors d’un as-
semblage en bois vert, tant que la structure est ventilée. L’aubier est la partie à risque, étant
donné qu’il contient potentiellement encore des sucres, mais c’est aussi le cas du bois sec et
cet aspect se gère par la date d’abattage et le sciage.
Finalement, ces techniques ne promeuvent pas la productivité et la répétabilité. Elles exigent
plutôt un couplage entre tous les maillons de la chaîne opératoire et une réflexion appropriée
sur l’usage de chaque pièce de bois. Brihiez (2021) voit même le bois vert comme un "matériau
temporel ", en cela qu’il "est constitué par son écoulement dans le temps, il apparaît en séchant
et selon la manière dont il sèche". C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que l’usage
du bois vert s’éteint au profit du bois sec. Dans l’ère technologique actuelle, un modèle
de construction productif, qui permet de construire des immeubles en lamellé-collé et qui
minimise les pertes matières, s’est sans surprise imposé.
En conclusion, cette enquête a mis en exergue que des problèmes de séchage du sapin sont
rencontrés par les scieries du Massif Central qui se contraignent donc à le vendre à l’état vert.
Ce bois vert part majoritairement en charpente traditionnelle, qui est un principe constructif
tout à fait adéquat au bois vert mais qui est un marché en perte de vitesse. Le cœur du
problème de séchage vient du phénomène de poches d’eau, dont la section suivante en fera
l’état de l’art. Les normes et modèles de construction actuels privilégient le bois sec, mais il est
envisageable d’imaginer de nouveaux débouchés s’accommodant de bois vert en s’inspirant des
techniques traditionnelles telles des structures ventilées type bâtiment agricole ou ombrières.
Cette enquête a donc permis de préciser la problématique autour de deux questions : comment
évolue le comportement en fluage du sapin à l’état vert lorsqu’il est utilisé en structure
ventilée ? Également, comment évolue le couplage fluage et fissuration couramment rencontré
en structure ?

2.2 Étude bibliographique du phénomène des poches d’eau


dans le duramen
2.2.1 Définition et hypothèses sur leurs origines
Dans la littérature anglo-saxonne, de nombreux termes utilisés peuvent correspondre au nom
de poches d’eau : "red heart", "false heartwood ", "wetwood ", "wet pocket", "water pocket" et
"wet spots". C’est aux Etats-Unis que la littérature est la plus riche sur ce sujet et la pluralité
des termes suppose qu’il y a des cas particuliers non distingués en français. Le nom le plus

52
général est "wetwood ". Ce terme a différentes acceptation, il a été défini par Ward et Pong
(1980) comme un type de duramen dans l’arbre sur pied qui est rempli d’eau, par Coutts
et Rishbeth (1977) comme une zone centrale de bois mort et imbibée d’eau, par Worrall et
Jr (1982) comme un bois mort imbibée d’eau dans l’arbre sur pied ou encore par Nakada
(2006) comme le phénomène d’accumulation d’eau dans le duramen. Le point commun de
ces définitions est qu’un duramen imbibé d’eau dans l’arbre sur pied. Des poches d’eau sont
illustrées en figure 2.4.

Figure 2.4 – Photos de poches d’eau : (a) chez le sapin pectiné, (b) chez le sapin du colorado
(Abies concolor ) et (c) chez le peuplier à feuilles étroites (Populus angustifolia).

Dans ce mémoire le terme poches d’eau se réfère au terme général "wetwood ".
Les essences présentant le plus fréquemment des poches d’eau sont :
• chez les résineux : principalement le genre Abies (Abies alba, Abies grandis, Abies bal-
samea, Abies concolor ) (Worrall et Parmeter, 1982; Coutts et Rishbeth, 1977; Worrall
et Jr, 1982; Jeremic et al., 2011; Ohsaki et al., 2007; Alkan et al., 2007) et le genre
Tsuga (Ward et Pong, 1980) ;
• chez les feuillus : le genre Populus (certains peupliers et le tremble) (Baettig et al.,
2017), le genre Ulmus (les ormes) (Murdoch et al., 1987) et au moins le hêtre (Fagus
Sylvatica) (Goncz et al., 2018).
Cette liste n’est pas exhaustive. Un tableau recensant les occurrences des poches d’eau sur
des essences nord américaines été établi par Ward et Pong (1980).
Ce sont principalement des bois à aubier non différencié qui sont sujets à la présence de
poches d’eau, à l’exception du genre Ulmus (Trouy, 2015).
Dans la mesure où les poches d’eau sont une accumulation d’eau dans une zone du duramen,
discuter de leur origine revient à expliquer comment l’eau est arrivée dans le duramen et
comment elle y reste. Dans la littérature, les mécanismes identifiés comme potentiellement
responsables de l’apparition des poches d’eau sont :
• une infiltration provenant d’une source extérieure, au travers de blessures ou de branches
mortes ;
• une activité bactérienne élevée, capable de produire de l’eau liquide ;

53
• une arrivée d’eau par les racines, qui passe de l’aubier au duramen par une différence
de potentiel hydrique.
Il est important de préciser que le processus de formation des poches d’eau ne fait pas encore
consensus dans la communauté scientifique. Aucune de ces propositions n’a été définitivement
démontrée ou exclue, et chacune est présentée ci-dessous.

Infiltration d’eau extérieure


Le projet Sap-In du PIAF (Physique et Physiologie Intégrative de l’Arbre en environnement
Fluctuant) à Clermont-Ferrand consiste en l’étude de la formation des poches d’eau du sapin
pectiné d’Auvergne (Abies alba). Les premiers résultats publiés semblent indiquer que l’eau
pénètre l’arbre au niveau des branches mortes et atteint les trachéides embolisées du duramen
(Martin et al., 2021). La figure 2.5 illustre le passage de l’eau par une branche morte.

Figure 2.5 – Infiltration de l’eau par les branches mortes : (a) poche d’eau visible quelques jours
après abattage d’un sapin, (b) trois images représentant l’infiltration d’eau par un nœud.

Une analyse anatomique des poches d’eau indique que les torus sont aspirés comme dans le
reste du duramen. Cette aspiration provoque une diminution de la perméabilité, l’eau est
alors piégée.
Les poches d’eau identifiées dans le projet Sap-In se situent dans la prolongation de nœuds
associés à des branches mortes. L’eau pourrait aussi s’infiltrer après une blessure ou un
élagage. D’autres auteurs ont également évoqué cette hypothèse (Ward et Pong, 1980).
Un contre argument a été proposé par l’étude expérimentale conduite par Coutts et Rish-
beth (1977). Ces derniers ont perforé des sapins de Vancouver (Abies grandis) et colmaté
hydriquement le trou par l’extérieur. Cinq mois plus tard, une poche d’eau s’était formée au
niveau du trou bien qu’une infiltration soit impossible, suggérant qu’il est possible qu’une
poche d’eau se forme autrement.

Production bactérienne
Une activité bactérienne élevée est systématiquement identifiée dans les poches d’eau. Les
bactéries fréquemment associées aux poches d’eau dans la littérature sont les genres Ewinia

54
et Clostridium. Ces dernières peuvent être soit initialement présentes et produire de l’eau ou
être favorisées par une arrivée d’eau, soit coloniser le duramen après que l’eau se soit infiltrée.
Les bactéries sont identifiées par :
• la présence d’acide propionique et d’acide acétique,
• un processus de fermentation apportant une odeur de fermentation,
• un pH différent du reste du bois de l’arbre (généralement plus acide chez les résineux
et plus basique chez les feuillus) (Ward et Pong, 1980).
Il semblerait que l’activité bactérienne soit plutôt une conséquence qu’une cause des poches
d’eau (Coutts et Rishbeth, 1977; Worrall et Parmeter, 1982). Il peut arriver que l’activité
bactérienne soit si importante que la fermentation fasse monter la pression dans la poche
d’eau jusqu’à expulser le liquide par les fragilités de l’écorce (blessures, entailles) (Douglas
Hamilton, 1980). Lorsque cette situation survient, elle est dangereuse pour l’arbre et peut
entraîner sa mort en détruisant les tissus vivants lorsque la pression est trop élevée. Cette
pathologie est appelée en anglais "bacterial wetwood " ou "slime flux ", elle concerne des
feuillus tels que les ormes ou les peupliers, figure 2.6.
De nouveau, un contre argument a été proposé par Coutts et Rishbeth (1977) dans leur
étude expérimentale. Ils ont perforé des arbres d’Abies grandis, injecté du chlorure de mercure
HgCL2 puis colmaté hydriquement le trou. Cinq mois plus tard une poche d’eau s’était formée
au niveau du trou, le chlorure de mercure empêchant tout développement bactériologique,
suggérant qu’il est possible qu’elle se forme encore autrement.

Figure 2.6 – Illustration d’un "bacterial wetwood", on remarque un suintement (anneau noirci
au niveau de la plaie) et une décoloration de l’écorce

55
Transfert d’eau depuis l’aubier
Entre le duramen et l’aubier existe un "bois de transition" (ou "bois intermédiaire"), sous
forme d’une fine bande sèche (IAWA, 1964). Cette zone est le lieu de formation du duramen.
Pendant cette étape, les parenchymes meurent en provoquant des thylles chez les feuillus,
une aspiration des torus chez les résineux et parfois en libérant des extractibles.
Un transfert d’eau de l’aubier vers le duramen implique donc que l’eau traverse le bois
intermédiaire. Cette zone est illustrée en figure 2.7, issue de Coutts et Rishbeth (1977). Sur
cette figure la poche est allongée sur plus de 5 mètres dans le duramen.

Figure 2.7 – SW : aubier, DZ : bois intermédiaire, WLW : poche d’eau en cours de formation,
WHW : poche d’eau.

Physiquement, l’eau se déplace dans le cas où elle est soumise à une différence de potentiel
hydrique ∆Ψ [MPa], allant du plus élevé vers le plus bas. Pour de l’eau contenue dans des
plantes, le potentiel hydrique se définit par :

Ψ = Ψ o + Ψg + Ψm + Ψp (2.1)

où Ψo représente le potentiel osmotique, traduisant la présence de substances dissoutes, est


toujours négatif ; Ψg représente le potentiel gravitationnel, plus l’eau est en hauteur et plus il
est élevé ; Ψm représente le potentiel matriciel, regroupant les forces de capillarité, de tension
ou de cohésion ; Ψp représente le potentiel hydrostatique.
Soit ∆ΨH−S la différence de potentiel entre l’aubier et le duramen, ΨHW le potentiel hydrique
du duramen (HW pour HeartWood) et ΨSW le potentiel hydrique de l’aubier (SW pour
SapWood).
Si l’eau traverse l’aubier, le bois de transition et le duramen radialement, alors :

∆ΨH−S < 0 (2.2)

56
Quelques remarques :
• dans le cas où le transfert d’eau est uniquement radial, la différence de potentiel de
pesanteur est nulle.
• la teneur en eau du bois dans l’arbre vivant est toujours au dessus du PSF, la différence
entre l’aubier et le duramen est que l’aubier contient de l’eau libre. Selon Zelinka et al.
(2016), le PSF peut se définir comme la teneur en eau où le potentiel chimique de
l’eau liée est égal à celui de l’eau libre. Le potentiel chimique dépend des pressions
de capillarité et celles-ci varient principalement sous le PSF (au dessus, la largeur des
colonnes d’eau est constante puisqu’il n’y a pas de retrait-gonflement). A pression de
capillarité quasi équivalente, la différence de potentiel matriciel entre l’aubier et le
duramen sera faible.
• lorsque deux compartiments (ici l’aubier et le duramen), séparés par une membrane
semi-perméable (bois intermédiaire), remplis d’eau et contenant un soluté (dans le cas
du bois des ions métalliques par exemple), alors un transfert d’eau se fait entre le com-
partiment ayant la faible concentration de ce soluté vers celui ayant la plus grande
concentration. C’est le phénomène d’osmose qu’on caractérise par un potentiel osmo-
tique. Le potentiel osmotique variera en fonction de la concentration d’ions métalliques
parfois présents dans le bois. Ainsi, les ions potassium et calcium sont souvent identifiés
dans les poches d’eau.
• le potentiel hydrostatique désigne une pression qu’exerce l’eau sur la surface d’un corps
immergé. Dans les plantes, c’est la pression qu’exerce l’eau sur les parois des colonnes
d’eau. Le potentiel hydrostatique variera en permanence dans l’arbre en fonction de
l’évapotranspiration.
Finalement :
∆ΨH−W = Ψp,HW − Ψp,SW + Ψo,HW − Ψo,SW
Pour réaliser un transfert d’eau de l’aubier vers le duramen, il faut donc que ∆ΨH−W < 0,
ce qui signifierait que le potentiel hydrique de l’aubier soit supérieur à celui du duramen. En
l’occurence, Ψp varie quotidiennement du fait de l’évapotranspiration (négatif puis positif)
alors que le potentiel osmotique peut rester négatif plusieurs mois et ne s’équilibre qu’une
fois que le transfert d’eau a été réalisé. Ainsi, l’osmose est la plus sujette à former des poches
d’eau.
Une étude réalisée par Nakada et al. (2019) sur le cryptomeria du Japon (Cryptomeria japo-
nica) et le mélèze du Japon (Larix kaempferi) montre que ce mécanisme peut être suffisant
pour expliquer l’apparition de poches d’eau. Le cryptomeria est une essence sujette aux
poches d’eau alors que le mélèze l’est beaucoup moins. Leur étude à permis de montrer que :
• la différence de potentiel hydrique permet un transfert d’eau de l’aubier vers le duramen
chez certaines essences, lorsque la différence est suffisamment négative,
• la différence de potentiel hydrique varie au cours des saisons. Chez le cryptomeria, elle
est négative toute l’année alors que chez le mélèze elle est négative en été mais positive
en hiver (pendant la formation du duramen). Ainsi, chez le mélèze la formation du
duramen ne permet pas la formation de poches d’eau,

57
• pour que le transfert d’eau soit possible, il faut que l’eau soit en état vapeur, puisque
le bois de transition est quasi imperméable à l’eau liquide mais perméable à l’air.
Il est alors supposé que la formation du duramen de certaines essences développent des
ions calcium et potassium dans l’aubier, permettant à la vapeur d’eau d’être transférée au
duramen par osmose, le bois intermédiaire jouant le rôle de membrane semi-perméable.
L’étude de Worrall et Jr (1982) suggère que plus il y a de parenchymes qui meurent plus il y
a de chance d’avoir des poches d’eau. Là encore, ils soutiennent que la mort des parenchymes
va accumuler des solutés dissous et que le mécanisme d’osmose est important, corroborant la
conclusion de l’étude de Nakada et al. (2019).
Enfin, l’étude expérimentale de Coutts et Rishbeth (1977) précédemment évoquée a montré
que les poches d’eau peuvent se former sans activité bactérienne et sans infiltration extérieure
chez Abies grandis. Cela suppose que l’eau est d’origine interne, issue de l’aubier. Par ailleurs,
les poches d’eau ne se forment que dans l’arbre sur pied et jamais dans des grumes. L’hy-
pothèse proposée par Coutts et Rishbeth (1977) est que la formation des poches d’eau est
intrinsèquement liée à l’activité de l’arbre, compatible avec une formation par un mécanisme
d’osmose supportée par Nakada et al. (2019).

2.2.2 Conséquences physiques


Les poches d’eau ont des conséquences physiques à la fois dans l’arbre sur pied et lors des
usages du bois, chacune décrite ci-dessous.

Conséquences dans l’arbre sur pied


À priori, les poches d’eau ne sont pas préjudiciables à la croissance des arbres dans la mesure
où elles ne dérivent pas en une activité bactérienne trop importante (Ward et Pong, 1980).
Mieux encore, l’environnement que crée les bactéries anaérobies protège le bois des attaques
de champignons. C’est notamment la présence d’acide propionique et la très faible concen-
tration de dioxygène dans la poche d’eau qui empêche tout développement de champignons
(Worrall, 1983).
Par contre, un inconvénient évident déjà évoqué précédemment est que l’activité bactérienne
des poches d’eau peut provoquer une pathologie appelée "bacterial wetwood ". Ce phénomène
peut être à l’origine de la mort prématurée de l’arbre. Un autre inconvénient est que l’activité
bactérienne produit des pectinases 1 qui dégradent la lamelle mitoyenne du bois (Ward et
Pong, 1980). En effet, le composé prédominant de la lamelle mitoyenne est la pectine. Cette
dégradation fragilise et diminue la ténacité du bois, ce qui augmente la probabilité de subir
des roulures, fentes ou gélivures dans l’arbre sur pied. Celles-ci peuvent alors survenir lors
des contraintes de croissance (bois de réaction), des vents violents. Les fentes et roulures
correspondent respectivement à une fissure radiale et une fissure en arc de cercle suivant un
cerne. Dans une grume, les fentes radiales surviennent lors d’un déphasage de séchage entre le
1. Enzyme capable de décomposer la pectine

58
cœur et la périphérie : le cœur sera encore humide quand la périphérie séchera, l’empêchant
de se rétracter et impliquant des contraintes internes pouvant provoquer des fissures. Dans
l’arbre sur pied, les contraintes de croissance peuvent en elles-même provoquer des fentes
radiales et des roulures. Les gélivures surviennent lors d’une brutale chute de température,
qui solidifiera l’eau dans le bois et donc "écartera" les fibrilles de cellulose.

Conséquences pour les usages du bois


Évidemment, les poches d’eau vont être un problème important lors du séchage. Tout d’abord,
elles présentent une TE élevée : de 92% à 269% chez le genre Abies et de 88% à 152% chez
Populus (Jeremic et al., 2011).
Ensuite, la perméabilité du bois contenant les poches d’eau est faible car anatomiquement
similaire au duramen. Il en résulte une durée de séchage augmentée comme illustré en figure
2.8 issue de Jeremic et al. (2011). Dans cette étude, l’aubier et le duramen atteignent une
TE d’environ 25% au bout de 30 heures alors qu’il faut 50 heures pour la poche d’eau.
L’augmentation de la durée de séchage est de 60%.

Figure 2.8 – Comparaison des temps de séchage entre aubier, duramen et poche d’eau chez le
sapin baumier (Abies balsamea) (Jeremic et al., 2011)

59
Par ailleurs, la fragilisation de la lamelle mitoyenne par les pectinases va rendre le bois de
poche d’eau plus sensible au risque de "collapse", c’est-à-dire d’effondrement d’une colonne
d’eau lors d’une cavitation ou de fentes radiales. L’effondrement signifie la destruction d’une
colonne d’eau due à une grande dépression provoquée par un gradient de TE élevé. Ces pro-
blématiques peuvent néanmoins être atténuées avec de bonnes méthodes de séchage (séchage
à l’air libre ou séchage lent). De même, le problème du séchage va négativement affecter les
colles pour lamellé-collé, contreplaqué ou contrecollé en diminuant leur efficacité. Enfin, les
acides présents dans les poches d’eau vont s’évaporer lors du séchage et peuvent être corrosifs
pour les étuves, diminuant leur durée de vie (Ward et Pong, 1980).
Quand l’on compare les propriétés mécaniques du bois de poches d’eau au bois issu du
duramen, celles-ci doivent toujours être normalisées à TE et densité équivalente. Ainsi, le
bois de poche d’eau à TE de 200% est nécessairement moins rigide que le duramen à TE de
20%, non pas à cause de particularités anatomiques mais simplement parce que la TE est
plus élevée. Le raisonnement est le même avec la densité. À TE et densité équivalente, ce
sont les propriétés intrinsèques du matériau qui sont évaluées.
De fait, les différences mécaniques entre bois de poches d’eau et bois du duramen ne font pas
consensus, bien qu’il y ait une tendance à affirmer que le bois des poches d’eau soit moins
rigide (Ward et Pong, 1980). La rigidité longitudinale est peu affectée par la dégradation de
la lamelle mitoyenne, puisqu’elle dépend principalement des microfibrilles de la couche S2 de
la paroi cellulaire. En revanche, la rigidité transverse devrait être affectée, au même titre que
la ténacité, bien que peu d’étude le confirme.
L’étude de Ohsaki et al. (2007) sur les propriétés vibratoires du sapin de Sakhaline (Abies
sachalinensis) a pu mettre en évidence que, chez cette essence, le coefficient d’amortissement
et la fréquence de résonance du bois de poche d’eau étaient comparables à celui de bois du
duramen.
Il est fréquent d’observer une coloration brune, rougeatre ou sombre au niveau des poches
d’eau. Lors de l’abattage de l’arbre, les poches d’eau passent d’un environnement anaérobie à
un environnement aérobie et une oxydation se produit. L’oxydation colore alors la zone de la
poche d’eau. Ce phénomène est illustré chez le hêtre en figure 2.9 issue de Goncz et al. (2018).
C’est parfois ce qu’on appelle faux-duramen ou cœur rouge de hêtre. Cette coloration pose
des problèmes esthétiques lors de la vente du bois et peut entraîner des impacts économiques.

60
Figure 2.9 – Coloration d’une poche d’eau chez un hêtre (Fagus sylvatica) (Goncz et al., 2018)

2.2.3 Bilan sur le phénomène des poches d’eau dans le duramen


Le vocabulaire francophone pour décrire le phénomène des poches d’eau est moins riche que
le vocabulaire anglo-saxon. C’est probablement parce que la littérature scientifique est plus
abondante aux Etats-Unis, Canada et Japon qu’en France. De ce fait, le terme de poche d’eau
contient une diversité de phénomènes tels que les "bacterial wetwood " précédemment présen-
tés, les duramens imbibés par infiltration d’eau extérieure ou encore les duramens imbibés
d’eau simplement lors de leur formation. Davantage d’études permettraient de mieux distin-
guer ces phénomènes. D’une manière générale, les caractéristiques qui peuvent se manifester
dans ce qu’on nomme poches d’eau sont :
• une zone dans ou chevauchant le duramen et le bois de transition et ayant une TE plus
élevée que le reste du duramen et parfois plus élevée que celle de l’aubier,
• une zone de coloration plus sombre, voir rougeâtre,
• une odeur fétide, de fermentation,
• une colonisation par des bactéries anaérobies.
Les conséquences observées dépendent évidemment du type de poche d’eau concerné. Les
poches d’eau peuvent dans de rares cas devenir pathologiques et tuer l’arbre, mais dans la
majorité des cas elles sont neutres voire avantageuses pour l’arbre sur pied en le protégeant
contre le développement de champignons. Il est intéressant de noter par ailleurs que les
essences les plus sujettes aux poches d’eau sont des essences à aubier non différencié. Il n’est
pas exclu que la poche d’eau soit une stratégie de durabilité alternative aux extractibles.
Lors de l’enquête réalisée auprès de la profession bois du Massif Central, il est fréquemment
revenu le problème des pourrissements à cœur des vieux sapins. Pourrait-on ainsi faire un
lien entre le pourrissement à cœur et l’absence des poches d’eau dans ces sapins ?
Les principales contraintes concernent la profession bois et plus particulièrement le séchage
des poches d’eau. L’impact sur les propriétés mécaniques est faible mais le séchage en étuve
est lourdement affecté. Dans ce cadre là, les recherches vers des solutions techniques en
construction bois vert sont pertinentes.

61
Conclusion de la partie A et transition
vers une campagne expérimentale de
poutres de sapin en dimensions d’emploi

Cette partie a d’abord introduit le matériau bois, de l’anatomie des résineux à quelques unes
de ses propriétés physiques. Le bois est notamment hygroscopique, anisotrope, hétérogène et
vieillissant, propriétés qui s’expliquent par les fonctions qu’il occupe dans l’arbre.
Ensuite, la place du sapin pectiné dans la filière bois est décrite. Il est entre autres très
présent dans les forêts du Massif Central, où ses propriétés sont appréciées pour des usages
en structure. Cette présence se caractérise par une grande importance pour l’économie de la
filière bois régionale et par une place de premier choix dans les sujets de recherche à Clermont
Auvergne INP.
Une enquête auprès de la profession a été réalisée dans le but d’adapter la problématique du
sujet de thèse aux difficultés rencontrées par la profession. Cette enquête, présentée dans le
chapitre 2 de cette partie, met en évidence des difficultés de séchage du sapin pectiné en raison
d’une grande proportion des grumes contenant des poches d’eau. Elle met aussi en évidence
le clivage entre les industriels souhaitant toujours plus de contrôle sur l’approvisionnement
en bois et une partie des artisans qui promeut l’approche traditionnelle pour répondre aux
problématiques de séchage.
Enfin, le chapitre 2 se termine par un état de l’art sur ces mêmes poches d’eau. Il montre
qu’elles ne concernent pas que le sapin pectiné et que leur formation implique des phénomènes
complexes. Elles ont en outre un impact nuancé et débattu dans la communauté scientifique :
protectrices contre les attaques de ravageurs dans l’arbre sur pied, elles sont aussi source de
dégradation du bois et d’augmentation du temps de séchage.
La partie A s’est donc consacrée à établir le contexte et la problématique du travail de
recherche. Les parties B, C et D concernent le travail scientifique réalisé sur la mécanique et
la physique du matériau étudié.
Des solutions de construction en bois vert répondent à la problématique de séchage posée
pendant cette première partie. Nos ancêtres utilisaient déjà des techniques de construction
bois vert, ce qui de fait atteste de sa faisabilité. Toutefois, le monde d’aujourd’hui exige des

62
études pour certifier la viabilité et la fiabilité des techniques utilisées. Ce travail s’inscrit dans
cette démarche et vise à décrire une campagne expérimentale sur du bois de sapin pectiné
partiellement séché. Cette campagne consiste en des essais de fluage sur des poutres en
dimensions d’emploi, qui sont représentatifs de la réalité d’une structure et donc intéressants
pour la filière. Dans l’idée de s’approcher de solutions constructives en structure ventilée,
les essais sont réalisés en environnement extérieur semi-abrité. Enfin, la mécanique de la
rupture joue un rôle déterminant sur la durée de vie des structures et les poutres étudiées
sont entaillées dans le but d’exacerber et mesurer la propagation des fissures.
Cette thèse s’inscrit aussi dans la continuité des projets de recherche sur le bois portés par
Clermont Auvergne INP. Les techniques de mesure de l’institut y sont développées et choisir
une approche expérimentale est adéquate. Toutes ces raisons décrivent l’état d’esprit dans
lequel a été réalisé ce travail et justifient au moins en partie l’approche qui a été choisie.
Ainsi, la partie B présente le matériel végétal étudié et les outils expérimentaux utilisés
pendant la campagne d’essai. Elle fait office d’un matériel et méthodes général du travail de
thèse, bien que les essais en eux-mêmes soient décrits dans les parties C et D.

63
Deuxième partie

Matériel et mises au point

64
L’objet de cette partie est de présenter le matériel d’étude et les méthodes appliquées dans
les parties C et D concernant les essais expérimentaux. L’enjeu de cette présentation est d’en
évaluer la fiabilité et de mieux apprécier les résultats qui ont été obtenus. En effet, le matériau
bois est particulièrement complexe et décrire finement les conditions initiales des essais est
essentiel. Ce travail a été réalisé grâce à l’aide de Théo Lefranc pour les essais BING, stagiaire
à Polytech Clermont ; Tancrède Alméras pour le groupement de triplet mécanique, chargé de
recherche au CNRS ; et Florence Mathieu pour la calibration des capteurs de déplacement,
stagiaire à Polytech Clermont.

65
Chapitre 3

Caractérisation du matériel d’étude

3.1 Approvisionnement
3.1.1 Informations sur le lot de poutres
Le matériel d’étude est constitué d’un lot de trente poutres fournies par la scierie du Forez le
huit avril 2021. Elles sont issues de sapins locaux et classées C18 par la scierie du Forez. Elles
ont subi un traitement de surface au Wolsit EC 100 P2 (BASF Wolman GmbH, 2019) leur
donnant un aspect jaunâtre et garantissant la protection contre les termites et autres insectes
xylophages pendant au moins dix ans. Étant donné la nature surfacique du traitement, il est
supposé que les propriétés mécaniques ne sont pas affectées. Par ailleurs, le traitement ne
prétend pas imperméabiliser le bois et il est également supposé qu’il n’affecte pas les transferts
hydriques en périphérie.
Le lot commandé a été reçu dans un état proche de l’état vert : l’écorçage des grumes s’est
fait une semaine avant la livraison des poutres et celles-ci ne sont pas passées en étuve. Elles
sont en dimensions dites d’emploi : 4000 × 175 × 63 mm3 , figure 3.1.

Figure 3.1 – Dimensions des poutres demandées. Toutes les valeurs numériques sont en milli-
mètres.

Le tableau 3.1 présente les résultats des mesures des dimensions le jour de la réception du lot
de poutres. L, H et e représentent respectivement la longueur, la hauteur et l’épaisseur ; m
représente la masse et ρ la densité. Les incertitudes dépendent du matériel de mesure utilisé,

66
et pour la densité elle est calculée par l’équation (3.1) :
 
δm δL δe δH
δρ = + + + ×ρ (3.1)
m L e H

où δρ, δL, δe et δH sont les incertitudes respectives de ρ, L, e et H.

Tableau 3.1 – Résultats des dimensions des poutres le jour de la réception. Les incertitudes ont
été déterminées à partir de l’appareil de mesure utilisé.

m [kg] ± 0,01 L [mm] ± 0,5 H [mm] ± 0,25 e [mm] ± 0,01 ρ [/] ± 0,001
Minimum 22,4 4003 171,77 59,91 0,512
Maximum 33,4 4030 176,5 65,91 0,749
Moyenne 26,36 4004,9 174,44 62,59 0,603
Écart-type 3,14 4,79 1,2 1,27 0,07

La densité observée est supérieure à celle attendue pour un résineux standard de classe C18 :
380 kg.m−3 (AFNOR, 2016), suggérant que le bois des poutres est humide et n’a effectivement
pas été séché. Les poutres ont ensuite été numérotées Si, S pour sapin et i variant de 01 à
30.

3.1.2 Observations des cernes, des fentes initiales et des poches


d’eau
Le jour de la livraison du matériel d’étude, les six faces de chaque poutre ont été prises en
photo. Cela permet de réaliser un état des lieux de la poutre à l’instant de réception et de
faire des observations sur le type de débit, les fentes initiales, l’angle de fil, les poches d’eau
ou autres défauts remarquables.
D’une façon générale, trois types de débits sont observés : les débits sur dosse sont majoritaires
(21/30) figure 3.2(a), puis des débits à coeur (6/30) figure 3.2(c) et enfin des débits sur faux
quartier (3/30) figure 3.2(b).
De même, une grande majorité des poutres présente des fentes aux extrémités, figure 3.3. Une
partie de cette majorité est notamment due à la libération des contraintes de croissance lors
de l’abattage de l’arbre (Alméras et al., 2008) figure 3.3(a) et celles aux extrémités peuvent
aussi être dues à des fentes de retrait figure 3.3(b),(c),(d). Ce phénomène est bien connu
des charpentiers et regroupe les gerces et les gélivures. Une roulure est également observée
figure 3.3(d). Ces fentes sont normales et pas encore préjudiciables aux propriétés mécaniques,
mais elles sont fréquemment le siège de l’initiation de fissures.
Des suspicions de poches d’eau sont aussi observées sur le lot de poutre, figure 3.4. En réalité
seules celles ayant provoqué une décoloration visible sont constatées mais il est possible que
de nombreuses autres poches d’eau soient présentes, notamment au niveau des noeuds ou
dans le coeur d’une poutre.

67
Figure 3.2 – Les types de débit du lot de poutre : (a) débit sur dosse (S19), (b) débit sur faux
quartier (S29), (c) débit à coeur (S10).

Figure 3.3 – Les types de fentes observés : (a) fente radiale partant du coeur (S20), (b) fente
radiale traversante (S19), (c) fente radiale non traversante (S07), (d) agglomérat de petites fentes
radiales et fente tangentielle (roulure) (S16).

68
Figure 3.4 – Les poches d’eau observées sur le lot de poutre : (a) S03, (b) S04, (c) S18.

Enfin, l’angle de fil de certaines poutres est observé en comparant les cernes de chacune des
extrémités, figure 3.5. L’album photo de l’intégralité des cernes des poutres est en annexe C.

Figure 3.5 – Angle de fil constaté sur la poutre S21 : (a) extrémité gauche, (b) extrémité droite
en miroir.

69
3.2 Essais non destructifs et regroupement
3.2.1 Essais vibratoires et mesures d’infradensité
Le lot est caractérisé mécaniquement par la méthode BING©. Cette méthode non destructive
consiste à estimer le module élastique axial dynamique ELd , le module de cisaillement dyna-
mique GdLT et le frottement interne axial tan(δ) d’une poutre en la faisant vibrer par un coup
sur une de ses extrémités (Brancheriau, 2007). Le module de cisaillement dépendra de l’orien-
tation des cernes de croissance et pour un débit sur dosse, c’est le plan longitudinal-tangentiel
qui est concerné, d’où GdLT . Étant donné que dans toute la suite de ce mémoire le module
élastique fait référence au module axial et le module de cisaillement à celui longitudinal-
tangentiel, EL et GLT seront notés E et G, respectivement.
Brancheriau (2002) a montré que cette méthode peut s’utiliser dans le cas où l’objet étudié
respecte les hypothèses de la théorie des poutres en résistance des matériaux. Dans le cas du
lot de poutres, l’hypothèse d’homogénéité est la plus compromise compte tenu des noeuds et
autres défauts présents dans les poutres. Les conditions d’élancement longitudinal L/H ≥ 20
et transversal e/H ≤ 2 sont bien vérifiées.
Chaque poutre est installée sur deux chambres à air de vélo au quart et au trois quarts de
la longueur puis est frappée avec un maillet. Les chambres à air de vélo faisant office d’ap-
pui libre. L’acquisition du signal est réalisée par un microphone et un oscilloscope portable
conformément au protocole de Brancheriau (2020). Les modules de toutes les poutres sont
évalués avec une excitation en compression dynamique et une autre en flexion dynamique. Les
mesures en flexion dynamiques apportent davantage d’informations que celles en compres-
sion dynamique, notamment en se basant sur les hypothèses de Timoshenko. Les mesures en
compression dynamique viennent donc simplement valider la fiabilité des mesures en flexion
dynamique. La méthode BING est illustrée en figure 3.6.
En flexion dynamique, au minimum deux pics doivent être clairement identifiables sur le
signal vibratoire pour déterminer le module élastique avec les hypothèses de Timoshenko.
Comme le montre la figure 3.6, c’est largement le cas pour les poutres de ce lot. C’est donc
toujours le module dynamique tenant compte des effets de cisaillement qui est présenté dans
ce mémoire.
L’infradensité ρID de toutes les poutres a ensuite été mesurée. Pour cela, un échantillon de
3 cm de longueur est prélevé sur l’extrémité de chacune des poutres. L’infradensité représente
la quantité de xylème dans un volume de bois saturé, elle se définit donc comme la masse
anhydre sur le volume saturé en eau, équation (3.2) :

manh
ρID = (3.2)
Vs
Le volume saturé est mesuré par la méthode de poussée d’Archimède après saturation du
bois. La masse anhydre est mesurée par une pesée après séchage en étuve à 103 °C pendant
17 heures 30, la masse ne diminuant plus après cette durée.

70
Figure 3.6 – Illustration d’un essai avec la méthode BING : (a) installation de la poutre S16
sur les chambres à air de vélo, (b) microphone et picoscope utilisés, (c) signal vibratoire obtenu lors
d’une vibration en flexion.

En figure 3.7 est illustré le principe de la méthode de poussée d’Archimède : l’échantillon


de bois est totalement immergé dans un bassin installé sur une balance. Le bois ne doit pas
couler pour qu’une légère force soit nécessaire à son immersion, sans toucher le fond. La
masse lue sur la balance est alors le poids d’eau déplacé. À partir de la masse volumique de
l’eau, il est possible de calculer le volume d’eau déplacée et donc le volume de l’échantillon
de bois.
L’infradensité mesurée sur les échantillons de 3 cm est considérée comme représentative de
celle du reste de la poutre, parce que c’est une propriété physique intensive, c’est à dire qui ne
dépend pas de la taille de l’objet. Cette hypothèse est d’autant plus plausible dans le cas d’une
poutre orientée dans le sens longitudinal : les gradients de propriétés du bois sont moins forts
dans le sens des fibres que dans les autres directions. Cependant, trois échantillons permettant
de mesurer l’infradensité avaient des petits noeuds : S03, S10, et S28. Il faut donc savoir
raison garder lors de conclusions issues de résultats concernant ces trois poutres, puisque les
noeuds peuvent perturber la mesure d’infradensité.

71
Figure 3.7 – Illustration de la méthode de poussée d’Archimède pour mesurer un volume.

3.2.2 Résultats et observations sur la caractérisation du lot de poutres


Les distributions, minima, maxima, moyennes et écarts-types des paramètres principaux me-
surés en flexion dynamique sont présentés dans le tableau 3.2. Les résultats des distributions
sont obtenus par un test de Shapiro-Wilk, en prenant la valeur-p maximale entre une dis-
tribution normale et log-normale à condition que cette valeur dépasse 0,05. ESd correspond à
l’infra-module spécifique, défini par :

Ed
ESd = (3.3)
ρID

ESd est un indicateur de la qualité du bois : s’il est rigide et léger (peu dense), alors ESd
sera élevé et inversement. L’unité choisie pour ce paramètre est le Mm2 .s−2 parce qu’il est
équivalent au carré de la vitesse d’un son qui se propagerait dans le matériau. L’infra-module
spécifique peut donc être obtenu sans mesure de module élastique. Uniquement à partir des
mesures de module élastique dynamique, un nouveau classement mécanique peut être proposé
pour ce lot de poutre, figure 3.8. À noter que ce classement devrait normalement prendre en
compte la résistance des poutres et pas seulement leur rigidité. A priori, les résultats sont
légèrement supérieurs à un lot moyen de sapin du Massif Central.
Il est important de rappeler que ces propriétés ont été mesurées le jour de réception des
poutres, donc sur un lot en bois vert ou partiellement sec et avec des mesures dynamiques.
Selon Brancheriau et Baillères (2002), E d est en moyenne 4% plus grand que le module élas-
tique longitudinal mesuré en statique E. Les valeurs moyennes et écarts-types sont conformes
à ce qui se trouve dans la littérature pour du sapin pectiné à l’état vert : E = 11, 8 GPa
(CIRAD, 2012) avec un écart type de 3 GPa, ρID = 375 kg.m− 3 (Billard et al., 2019). Le
module élastique d’un résineux standard C18 selon les normes de résistance de l’Eurocode 5,
à 12% de TE, vaut E = 9 GPa. Malgré la différence entre mesure dynamique et statique,
le lot est au moins plus rigide que ce que suggère le classement proposé par la scierie du
Forez. Par ailleurs, les distributions et les coefficients de variation observés sont conformes à
ce que propose le Joint Committee on Structural Safety (2006). De même, le coefficient de

72
Figure 3.8 – Répartition des poutres du lot selon les classes de résistance à partir des mesures
de E d .

corrélation entre E d et ρID vaut 0,66 contre 0,6 proposé par le Joint Committee on Structural
Safety (2006).

Tableau 3.2 – Résultats des essais non destructifs.

E d [GPa] Gd [GPa] E d /Gd [/] ρID [kg.m−3 ] ESd [Mm2 .s−2 ]


Distribution Log-normal Normal Log-normal Normal Log-normal
Minimum 7,54 0,451 13,63 333 21,49
Maximum 16,34 0,672 30,55 430 40,84
Moyenne 11,01 0,553 20,1 379 28,9
Écart-type 2,3 0,055 4,9 27,4 4,7
Coefficient de variation 0,02 0,1 0,24 0,07 0,16

En figure 3.9 sont représentées des corrélations entre les différents paramètres mesurés, afin
de s’assurer de la cohérence des mesures. Tout en étant bien corrélés, les résultats en flexion
dynamique sont légèrement inférieurs à ceux en compression dynamique, corroborant les
observations de Brancheriau (2002), figure 3.9(a). Entre E d et Gd , la corrélation est très
mauvaise, figure 3.9(b). Cette corrélation est forcée à 0 et c’est donc la moyenne quadratique
"RMS" des erreurs entre la régression linéaire et les résultats obtenus qui est calculée. Ce
résultat montre que le rapport d’anisotropie E d /Gd n’est pas constant, suggérant que malgré
l’apparente majorité du débit sur dosse, l’orientation des cernes et donc les propriétés méca-
niques transverses sont bien différentes d’une poutre à l’autre. Il faut néanmoins préciser que
l’incertitude de mesure du Gd est plus élevée que celle du E d . Le rapport d’anisotropie est
quant à lui assez bien corrélé à ESd , figure 3.9(c). Cette corrélation exponentielle corrobore
d’ailleurs celle faite par Thibaut et Gril (2021). Enfin, la corrélation entre E d et ρID est
visible bien que mauvaise, figure 3.9(d). Sur du bois parfait, la rigidité est proportionnelle
à l’infradensité et la droite de corrélation devrait passer par 0. Ici les noeuds, poches d’eau,
pentes de fil ont pu avoir un rôle déterminant sur la rigidité mesurée par la méthode BING.
De même, ces défauts ont pu venir exacerber les erreurs de mesures de l’infradensité et du

73
module élastique.

Figure 3.9 – Résultats des mesures des propriétés mécaniques du lot de poutres par la méthode
BING : (a) E d mesuré en flexion en fonction de E d mesuré en compression, (b) E d en fonction
de Gd , corrélation forcée à 0, (c) E d /Gd en fonction de ESd et (d) E d en fonction de ρID . Sur
chaque graphique sont indiqués l’équation et soit le coefficient de détermination R2 soit la moyenne
quadratique RMS de l’erreur entre la régression linéaire appliquée et les résultats obtenus.

Les mesures de ρID ont ensuite été utilisées pour estimer la masse anhydre de chacune des
poutres et donc leur TE moyenne. En effet, en supposant le bois à l’état vert le jour de la
réception du lot, leur volume correspondait au volume saturé. Ainsi, la masse anhydre peut
simplement être calculée à partir de l’équation (3.2) : manh = ρID × Vs . À partir de la masse
anhydre, la TE est calculée par l’équation 1.1.
Le tableau 3.3 présente les résultats des estimations de TE du lot de poutres. De nouveau,
une grande variabilité est constatée avec des poutres déjà sous le PSF en moyenne (S13) et
des poutres gorgées d’eau à plus de 100% de TE (S07, S09).
La figure 3.10 présente de nouveau des corrélations pour vérifier la cohérence des estimations
de TE. La TE est bien corrélée à la densité (figure 3.10(a)), suggérant que c’est bien la
quantité d’eau contenue dans le bois et non la quantité de xylème qui augmente la densité. À

74
TE équivalente, les poutres auraient des densités relativement proches. D’ailleurs, l’équation
de la droite de corrélation renvoie une densité anhydre d’environ 0,4, ce qui est cohérent. La
figure 3.10(b) présente une corrélation visible, bien que peu excellente, entre la TE et ρID .
Par définition, l’infradensité ρID est indépendante de la teneur en eau TE. Elle représente la
quantité de xylème dans un volume de bois saturé en eau. Il est alors compréhensible que plus
cette quantité est élevée (ρID élevée), moins il y a de place pour l’eau (TE faible). L’inversion
proportionnelle observée est donc également cohérente.

Tableau 3.3 – Résultats des teneurs en eau du lot de poutres.

TE [%]
Distribution Log-normal
Minimum 25,1
Maximum 117,5
Moyenne 60,3
Écart-type 23,9

Figure 3.10 – Résultats des mesures de teneur en eau le jour de la réception : (a) TE en fonction
de la densité ρ, (b) TE en fonction de l’infradensité ρ.

75
3.2.3 Stratégie expérimentale
Comme mentionné en fin de partie A, le travail expérimental a pour but de tester la perfor-
mance mécanique de poutres de sapin pectiné à l’état vert ou partiellement séché et soumises
à un environnement extérieur. Des essais de fluage en flexion et de flexion à rupture ont
notamment été réalisés, qui seront détaillés en partie C.
De la même manière que dans les travaux de Pambou Nziengui (2019), les poutres sont
entaillées pour ces essais. Les termes de PE (poutre entaillée) et PNE (poutre non entaillée)
sont alors utilisés dans la suite de ce mémoire. Les entailles permettent d’exacerber et localiser
les phénomènes de fissuration par la concentration de contrainte en une zone. Ces mécanismes
de fissure primordiaux quand il s’agit d’une structure, sont étudiés dans ce travail et mis en
corrélation avec le comportement thermo-hygro-viscoélastique.
Les entailles sont réalisées à mi-hauteur et sur 43 cm de long, figure 3.11(a),(b). Elles sont
faites à la scie circulaire puis terminées à la scie à main figure 3.11(c). C’est le même dimen-
sionnement que Adjovi Loko (2015) multiplié par un coefficient d’échelle, comme étudié en
partie A. Cette géométrie garantit la rupture par fissuration au niveau de l’entaille plutôt
que la rupture par flexion, ce qui facilite le suivi de propagation de fissure. Par ailleurs, les
noeuds sont préférentiellement placés sur la partie supérieure de la poutre, c’est à dire celle
qui n’est pas entaillée. En effet, la flexion est toujours appliquée sur la partie supérieure (non
entaillée) et il est préférable d’avoir les noeuds dans la zone comprimée (partie supérieure)
plutôt que dans la zone tendue (partie inférieure). Pareillement aux propriétés transverses
du bois, les noeuds sont plus résistants à la compression qu’à la traction (AFNOR, 2016).
Enfin, dans le but de conserver un profil hydrique assez homogène dans les poutres, celles-ci
sont entaillées juste avant d’être testées.

Figure 3.11 – Entailles réalisées sur les poutres : (a) dimensions des entailles, (b) photos d’une
poutre entaillée (PE), (c) découpe à la scie circulaire. Toutes les valeurs numériques sont en milli-
mètres.

Au regard de l’hétérogénéité constatée du lot de poutre, tant d’un point de vue mécanique que
de TE du bois, une stratégie de regroupement a été mise en place. En effet, il est préférable de
comparer des essais de fluage lorsqu’un seul ou très peu de paramètres varient. Les résultats
des essais non destructifs permettent alors de former des groupes d’homogénéité mécanique.
L’homogénéité mécanique est définie par des ESd et ρID similaires dans un groupe. Dans le

76
cadre de ce travail expérimental et compte tenu du matériel disponible, six groupes de trois
poutres (appelés triplets) ont été formés et chargés en fluage. En effet, les bancs d’essais sont
les mêmes que ceux de Pambou Nziengui (2019) : deux bancs disposant de trois places chacun.
C’est donc au maximum six poutres qui sont chargées simultanément. Avec six triplets, un
total de 18 poutres a donc été chargé en fluage, réparti en trois vagues. Chaque vague dure
environ six mois, la première a été chargée au printemps-été 2021, la deuxième en hiver
2021-2022 et la dernière au printemps-été 2022. Enfin, dans le but d’observer le rôle de la
TE initiale dans les essais de fluage, les triplets sont constitués de deux poutres vertes ou
partiellement sèches et une poutre sèche servant d’élément de comparaison.
Pour former les triplets, le critère de l’équation (3.4) est minimisé.
v   2 
u d
6 ρID 2 ES
ETtripi ETtripi

1 u1
X u
crit = t  ρID + Ed
 (3.4)
6 i=1 2 ETlot ET Slot

Où ETtrip
ρID
i
est l’écart-type des infradensités d’un triplet donné ; ETlot
ρID
est l’écart-type des
Ed
infradensités du lot ; ETtrip
S
i
est l’écart-type des infra-modules spécifiques d’un triplet donné
Ed
et ETlotS est l’écart-type des infra-modules spécifiques du lot. ETtrip ρID
i
ρID
/ETlot représente la
disparité des infradensités dans le triplet par rapport à la disparité dans le lot ; de la même
ESd Ed
façon que ETtrip i
/ETlotS pour les modules spécifiques. La moyenne quadratique de ces deux
rapports de disparités forme alors une évaluation de l’homogénéité mécanique d’un triplet.
Le critère minimisé correspond à la moyenne arithmétique de cette évaluation sur les six
triplets choisis. Un poids équivalent a été appliqué à l’indradensité et au module spécifique.
À ce critère s’ajoutent trois contraintes : (i) les essais étant destructifs, une poutre ne peut
appartenir qu’à un seul triplet ; (ii) les débits à coeur sont proscrits, parce que leur propaga-
tion de fissure risque d’être drastiquement différente de celle ayant un débit sur dosse et (iii)
au moins une poutre doit être relativement sèche. Si plusieurs étaient sèches elles pouvaient
être réhumidifiées. Les pentes de fil et les noeuds n’ont pas été pris en compte dans le critère.
En figure 3.12 sont indiqués les résultats du groupement. Les triplets 1 et 2 sont chargés
pendant la première vague, les triplets 3 et 4 pendant la deuxième vague et les triplets 5 et 6
pendant la troisième vague. En pointillés sont représentées des courbes d’isomodule, c’est-à-
dire les couples (ρID , ESd ) qui renvoient à une valeur précise de E d . La rigidité longitudinale
de chaque poutre peut donc être lue sur la figure 3.12. Enfin, les croix noires représentent les
12 poutres non groupées qui ne seront pas chargées en fluage.
Une erreur ayant été commise lors du premier regroupement, le triplet 2 ne présente pas
une bonne homogénéité mécanique. Pour les autres triplets, c’est la meilleure minimisation
respectant les contraintes définies plus haut.

77
Figure 3.12 – Répartition des six triplets choisis sur le graphique ESd en fonction de ρID .

Parmi les poutres restantes, neuf d’entre elles ont été entaillées puis testées en flexion en
déplacement imposé jusqu’à rupture. Le but de ces essais est de déterminer les contraintes
maximales dans la zone centrale lors de la rupture des PE. Cette contrainte est notée σmax .
Les propagations de fissures ont aussi pu être observées. Ces essais sont détaillés en partie C
chapitre 6. Afin d’établir une corrélation entre les propriétés mécaniques du lot et les forces
maximales à la rupture, les poutres choisies doivent balayer toute la plage du graphique ESd
en fonction de ρID , figure 3.13. Par ailleurs, une partie est testée à l’état vert, une autre
partiellement sèche et enfin une autre sèche. De nouveau, l’objectif est d’observer le rôle de
la TE dans les résultats de ces essais. Il peut être noté que deux poutres sont passées à la fois
en fluage et en flexion en déplacement imposé (S21 fluage vague 1, S06 fluage vague 2). Ces
dernières n’avaient pas rompu après les six mois de fluage. En tableau 3.4 est récapitulée la
répartition des poutres dans les différents essais. La TE indiquée dans ce tableau correspond
à celle mesurée juste avant l’essai indiqué dans la colonne "Type de test".
En attendant d’être testées, les poutres ont été stockées en environnement extérieur sous
une bâche et légèrement espacées les unes des autres, figure 3.14(a). La TE étant difficile
à contrôler, elles ont également toutes été colmatées sur leurs extrémités, figure 3.14(b). Le
colmatage consiste en une feuille d’aluminium collée avec un mastic silicone. Cette opération
assure un blocage des transferts hydriques (Varnier, 2019). La diffusion n’est donc que trans-
verse et homogène le long de la poutre (hétérogénéité du bois mise à part). Enfin, pour les
poutres des vagues 2 et 3 qui devaient rester à l’état vert ou partiellement séché, elles ont
été emballées dans du cellophane afin de ralentir leur séchage, figure 3.14(c), et réhumidifiées
dans un bassin si nécessaire, figure 3.15.

78
Tableau 3.4 – Récapitulatif du plan expérimental.

Type de test Poutre ESd [GPa] ρID [/] TE [%]


S03 28,7 0,37 21,6
Première Triplet 1 S04 30,5 0,4 27,1
vague : S07 28,8 0,34 49,5
Printemps- S14 32,6 0,4 31,8
été 2021 Triplet 2 S12 39,1 0,38 34,1
S21 34,4 0,39 26,4
S05 28,5 0,33 19,5
Deuxième Triplet 3 S06 30,5 0,35 31,8
vague : S09 27,6 0,35 26,8
Fluage en extérieur
Automne- S28 27,3 0,42 20
hiver Triplet 4 S25 31,1 0,4 14,4
2021-2022 S26 24,6 0,39 28
S29 24,2 0,36 60,3
Troisième Triplet 5 S24 22,1 0,34 23,5
vague : S18 21,5 0,35 61
Printemps- S19 32,8 0,39 47,1
été 2022 Triplet 6 S22 31 0,4 32
S23 32,5 0,39 16,6
S02 26,4 0,39 36,3
S11 21,9 0,37 54,6
S16 40,8 0,4 46,2
Flexion à l’intérieur S27 23,1 0,35 56,6
en déplacement S17 33,7 0,4 25
imposé S06 30,5 0,35 20,7
S21 34,4 0,39 15,9
S13 28,1 0,42 16,6
S20 29,4 0,41 19

79
Figure 3.13 – Répartition des poutres choisies pour les essais de flexion en déplacement imposé
sur le graphique ESd en fonction de ρID .

Il est important de préciser qu’un bois réhumidifié n’est pas un bois vert. Bien que nécessaire
pour s’approcher d’un comportement à l’état vert, cette opération apporte des biais dans
l’analyse des résultats. D’abord, la teneur en eau d’équilibre au premier séchage est toujours
supérieure à celle obtenue pour un séchage après réhumidification (Kollmann et Côté, 1968).
Ensuite, E d et le frottement interne tan(δ) seront respectivement plus grand et plus petit
pour du bois vert que pour du bois réhumidifié (Kojiro et al., 2008).

3.3 Conclusion sur la caractérisation du matériel d’étude


Le matériel végétal consiste en un lot de 30 poutres de sapin pectiné local, reçues à l’état
vert. Une première observation macroscopique montre que les hétérogénéités principales du lot
sont : (i) des débits sur dosse, à coeur et sur faux quartier ; (ii) des fentes aux extrémités et (iii)
quelques poches d’eau. Le lot a ensuite fait l’objet d’une caractérisation mécanique dans le but
d’établir une stratégie expérimentale répondant aux objectifs fixés dans ce travail : analyser
les performances mécaniques de poutres en sapin pectiné à l’état vert ou partiellement séché.
D’abord, les résultats sont cohérents avec ce qui peut être attendu d’un lot de poutre de
sapin à l’état vert, mais il est classé C18 alors qu’il pourrait être C24. Ensuite, l’infra-module
spécifique ESd et l’infradensité ρID ont été utilisés pour regrouper les poutres par triplet.
Chaque triplet présente une homogénéité mécanique, c’est à dire des ESd et ρID similaires.
Chaque triplet a été chargé en fluage et cette homogénéité au sein des groupes permet de
comparer les résultats entre eux.
Les détails des essais de flexion en déplacement imposé jusqu’à rupture et de fluage en flexion
sont analysés dans les chapitre 6 et 7 de la partie C. Il sera alors fait référence aux paramètres
mécaniques présentés dans ce chapitre.

80
Figure 3.14 – Conditions de stockage du lot : (a) abri sous bâche, (b) colmatage des extrémités,
(c) emballage d’une poutre sous cellophane.

Figure 3.15 – Bassin d’immersion des poutres pour réhumidification.

81
Chapitre 4

Outils expérimentaux

Ce chapitre présente les principaux outils expérimentaux utilisés. Dans un premier temps,
la fiabilité des capteurs de déplacement et dans un second temps la méthode de suivi de
marqueur développée pour les essais de fluage.

4.1 Les capteurs de déplacement


4.1.1 Étalonnage
Pour les essais de flexion deux types de capteurs de déplacement ont été utilisés, des cap-
teurs utilisant une technologie de pont de jauge (marque AEP, référence LDT), des capteurs
inductifs LVDT de marque HBM. Les capteurs LDT sont principalement utilisés pour les
essais de flexion à rupture en intérieur et les LVDT pour les essais de fluage en extérieur.
Avant d’être utilisés, ils ont tous été étalonnés par la procédure suivante :
• mesure de déplacement d’une série d’étalons intercalés entre le palpeur et sa référence :
2, 6, 10, 20, 30 et 40 mm (figure 4.1(b)),
• tracé de la droite d’étalonnage : déplacements mesurés en fonction des déplacements
imposés par les cales étalon (figure 4.2(a)),
• identification de la pente de la droite obtenue,
• application du facteur correctif (1/pente) aux futures mesures
• nouvelle série de mesure pour vérification.
Ces cinq étapes permettent d’estimer la dérive systématique qui correspond à l’ordonnée à
l’origine de la droite d’étalonnage et la dérive de sensibilité correspondant à la différence
entre la pente de la droite d’étalonnage et la pente théorique y = x. Après application du
facteur correctif, la dérive de sensibilité a toujours été inférieure à 0,01 mm (figure 4.2(b)) et
la dérive systématique d’au plus 0,06 mm.

82
Figure 4.1 – Étalonnage des capteurs LDT à l’aide d’un bras articulé et de cales étalons : (a)
dispositif d’étalonnage, (b) zoom sur le capteur et les cales.

Figure 4.2 – Étalonnage de trois capteurs LDT à 20° : (a) détermination des facteurs correctifs,
(b) dérive de sensibilité initiale et corrigée.

83
Par ailleurs, étant donné que les mesures sont toujours faites par rapport à un état de référence
(le 0), la dérive systématique se simplifie. Une dérive de sensibilité de l’ordre de 0,01 mm est
négligeable devant les déplacements observés pendant les essais : de 20 à 60 mm de flèche ou
de 0,2 à 1 mm de d’ouverture de fissure.

4.1.2 Estimation de l’influence de la température sur les mesures


de déplacement
Les essais de fluage étant en environnement extérieur, les capteurs de déplacement ont été
soumis à des variations permanentes de température et d’humidité relative. Les fiches tech-
niques des LDT et LVDT assurent qu’ils fonctionnement de -10 à 70 °C et -20 à 60 °C,
respectivement. Ainsi, sauf en cas d’hiver particulièrement froid, les capteurs utilisés sont
adaptés à l’environnement extérieur des campagnes d’essais. Ce genre de capteurs peut tou-
tefois dériver avec les variations de température. Deux capteurs LDT (étendue de mesure de
25 et 50 mm) et un capteur LVDT (étendue de mesure de 50 mm) ont par conséquent fait
l’objet d’une étude de l’impact de la température sur la précision de mesure. Pour cela, ils
ont été placés à l’extérieur au début du mois d’avril et ont été mécaniquement bridés pendant
trois jours en début de course, trois jours en milieu de course puis trois jours en fin de course.
Les résultats du capteur LVDT n°50-09 sont présentés en figure 4.3. Les conditions météoro-
logiques et donc les plages de températures ne sont pas les mêmes pour le début, milieu et
fin de course. Il est constaté sur chacun des capteurs qu’en début de course il n’y a pas de
corrélation entre température et mesure de déplacement, figure 4.3(a) pour le LVDT n°50-09.
Cette observation n’est pas encore expliquée mais l’amplitude de variation de mesure est
plus faible que celle du milieu et de la fin de course. Il est alors supposé que la dérive en
température des mesures de déplacement en début de course est négligeable devant celle en
milieu et fin de course.

Figure 4.3 – Mesure de déplacement par le LVDT n°50-09 en fonction de la température : (a)
fixée à une course de 22 mm, (b) fixée à une course de 38,5 mm et (c) fixée à une course de 45,5 mm.

En figure 4.4 sont représentées les corrélations pour le milieu et la fin de course des trois
capteurs. Il est constaté que ce coefficient est plus élevé pour la fin de course que pour le
milieu de course, mais dans tous les cas il reste en dessous de 0,004 mm/°C. Pour une variation

84
quotidienne de température de 10°C, c’est donc une variation de flèche de moins de 0,04 mm,
ce qui est négligeable devant les flèches observées au cours des essais. Pour les ouvertures de
fissure, elles sont soudaines et n’impliquent pas de variation de température.

Figure 4.4 – Coefficient de corrélation entre la mesure de déplacement et la température pour le


milieu et la fin de course des trois capteurs.

Cette étude permet donc de valider la fiabilité des capteurs de déplacement utilisés pendant
la campagne expérimentale.

4.2 Développement d’une méthode de suivi de marqueur


Dans le but d’améliorer les conditions expérimentales des essais de fluage de Pambou Nziengui
(2019), une méthode de suivi de marqueurs polyvalente et avec un budget par point de mesure
raisonnable a été développée.
En mécanique expérimentale, les mesures par méthodes optiques sont particulièrement per-
formantes. Les plus connues sont : suivi de marqueurs, corrélation d’image numérique (CIN),
méthode de grille, photoélasticimétrie, interférométrie (Brémand et al., 2011). De même, à
l’Institut Pascal de nombreux travaux portent sur une nouvelle méthode de mesure de champ
appelée LSA (pour Localized Spectrum Analysis) (Grédiac et al., 2019). Ces méthodes four-
nissent des hauts niveaux de précision et sont parmi les seules capables de réaliser des mesures
de champ (Bornert et al., 2009). Cette précision est atteinte dans la majorité des cas car elles
sont appliquées dans des conditions expérimentales contrôlées : température et luminosité
de la pièce, position de la caméra, ... Néanmoins, pour le suivi de structures ou d’essais en
conditions extérieures, l’environnement est variable et ces méthodes sont impraticables.
Par ailleurs, la communauté scientifique de reconnaissance d’image développe des algorithmes
de plus en plus efficients pour estimer la position d’une caméra (Muñoz-Salinas et al., 2017).
Ainsi, dans la navigation robot, il est important de pouvoir localiser la caméra à partir de
sa prise de vue pour que le robot puisse se situer dans son environnement, d’autant qu’en
réalité augmentée il est important de savoir où est l’observateur pour efficacement virtualiser
l’environnement. Récemment, des efforts ont été réalisés pour introduire ces développements

85
dans l’ingénierie mécanique. Germanese et al. (2018) ont ainsi utilisé la caméra d’un drone
et des marqueurs ArUco pour suivre les propagations de fissures d’un bâtiment historique.
Également, Valença et al. (2013) ont utilisé une méthode de traitement d’image pour le suivi
automatique de fissures sur des éprouvettes de béton à partir de marqueurs circulaires et de
calcul d’homographie.
La méthode de suivi de marqueurs développée pour les essais de fluage s’inscrit dans cette
même dynamique : utiliser les développements de la reconnaissance d’image pour alléger les
contraintes sur les méthodes de mesure optique.

4.2.1 Principe de fonctionnement


Le principe de fonctionnement de la méthode repose sur les marqueurs ArUco de la librairie
OpenCV ainsi que sur le processus d’homographie réalisé par des mires. Ces éléments sont
présentés ci-dessous.

Les marqueurs ArUco et la librairie OpenCV


Les marqueurs utilisés dans cette méthode sont des marqueurs ArUco. Ils sont habituellement
utilisés pour estimer la position d’une caméra mais servent ici à mesurer des déplacements
relatifs. Le principe est de coller au moins deux marqueurs sur un objet, de prendre des
photos de cet objet contenant les marqueurs puis de mesurer la distance entre les deux sur
chaque photo. Ainsi, s’ils sont collés sur les extrémités d’une poutre en bois soumise à un
chargement hydrique, leur position va évoluer avec les variations dimensionnelles du bois.
La distance entre les deux mesure alors le retrait-gonflement. Les avantages des marqueurs
ArUco sont leur fiabilité et leur identification rapide sur une photo (Garrido-Jurado et al.,
2014). Ils sont constitués d’une bordure noire sur fond blanc contenant une matrice de carrés
noirs et blancs, figure 4.5. Le motif dessiné sur le marqueur lui confère un numéro unique.
Pendant ce travail de recherche, ils sont imprimés sur du papier blanc standard d’une impri-
mante laser Sharp MX-3051, de dimensions 18 × 18 mm et protégés par une plastification
mate afin d’éviter les reflets lumineux et la dégradation due à l’humidité. Il a été vérifié que
la plastification n’affecte pas la détection des marqueurs.

Figure 4.5 – Schématisation d’un marqueur ArUco.

86
Les marqueurs ArUco sont intégrés dans la bibliothèque OpenCV. C’est une bibliothèque
open source d’algorithmes de reconnaissance d’images écrits en Python ou C++. Le module
ArUco contient des fonctions de création et détection des marqueurs dans une image, de
calibration de caméra et appareil photo et de calcul d’homographie. Plus d’informations sont
disponibles sur le site d’OpenCV 1 . Dans le cadre de cette étude, les configurations suivantes
sont utilisées :
• Python 3.8.5 ;
• environnement de développement Spyder 5.2.2 ;
• le module OpenCV 4.5.2.52.
Les marqueurs ArUco sont identifiés sur une photo avec une méthode de seuillage expliquée
par Garrido-Jurado et al. (2014) puis la position des coins est affinée par un algorithme
de recherche qui permet d’atteindre une précision inférieure au pixel. Cette procédure est
décrite par Forstner et Gulch (1987). Le centre des marqueurs est ensuite calculé à partir de
la détection des quatre coins, améliorant encore la précision de la localisation.

Homographie et mires
Lorsque les marqueurs sont identifiés et localisés sur une photo, leurs positions sont données
dans le repère de la photo, en pixels (px). Pour obtenir une mesure de distance relative, il
faut transformer ces coordonnées en positions dans le repère de l’espace réel, en millimètres
par exemple. Cette opération est réalisée par un calcul d’homographie. Cela consiste à pro-
jeter le plan de l’image dans le plan de la métrique souhaitée. Cette projection se fait par
l’intermédiaire d’une matrice de passage de la base photo (en px) à la base réelle (en mm),
ici appelée :  
h11 h12 h13
Hg = h21 h22 h23  (4.1)
h31 h32 h33
Cette matrice est déterminée sur chaque photo à l’aide d’une mire, c’est à dire un objet de
référence placé dans une photo. Cette mire se compose de quatre marqueurs collés sur une
pièce d’aluminium et dont la distance réelle entre chacun est connue. À partir de la mire, la
matrice Hg peut être calculée, projetant ensuite la position de chaque marqueur de la photo
dans la métrique de la mire. Plus de renseignements sont fournies en annexe D. Deux mires
ont été créées : une mire fer à cheval et une mire fenêtre, figure 4.6.
Par ailleurs, l’homographie corrige intrinsèquement l’angle de vue de la photo. Pour respec-
ter les hypothèses de changement de repère de l’homographie, il est impératif que tous les
marqueurs soient dans le même plan.

1. https ://docs.opencv.org/4.x/index.html

87
Figure 4.6 – Dimensions des mires utilisées : (a) mire fer à cheval, (b) mire fenêtre. Toutes les
valeurs numériques sont en millimètres.

Lors des essais de fluage, ces mires en aluminium sont soumises à des variations de tem-
pérature dues aux conditions extérieures. Les mires ont été soumises à un choc thermique
∆T = 70 K dans une chambre climatique tandis que leurs dimensions ont été mesurées avec
une mire de contrôle. Les résultats, figure 4.7, suggèrent clairement un coefficient de dilata-
tion de αal = 22.10−6 K−1 . Ce résultat est proche du coefficient théorique (23.10−6 K−1 pour
l’aluminium), confirmant que la technique de mesure fonctionne et qu’il n’y a pas de glisse-
ment au niveau du plan de colle entre les marqueurs et le support. Pour un choc thermique
de ∆T = 60 K (le maximum attendu en un an) et une longueur de L0 = 210 mm de la mire
fenêtre, cela implique une dilatation de :

∆L = αal L0 ∆T = 0, 29 mm (4.2)

et pour la mire fer à cheval, à partir de la même équation (4.2) : ∆L = 0, 102 mm. Cette
dilatation thermique est donc non négligeable et son effet a été corrigé pour les essais de
fluage.
Ces deux mires sont adaptées à différentes plages de mesures. Les petites distances ont été
mesurées avec la mire fer à cheval et les grandes distances avec la mire fenêtre. En effet, il
est constaté que plus la distance relative mesurée est proche des dimensions de la mire, plus
la précision est élevée.
Pour être exploitable, chaque photo contient systématiquement une mire. Le marqueur haut
droit est considéré comme l’origine du repère. Chaque photo a donc son propre repère local
par rapport au positionnement de la mire.

88
Figure 4.7 – Mesures de la largeur de la mire fenêtre à différentes températures. dx1617 et dx1819
correspondent respectivement à la distance horizontale entre les deux marqueurs du haut et celle
entre les deux marqueurs du bas.

4.2.2 Quantification des erreurs


L’appareil photo principalement utilisé dans cette étude est un Canon EOS 1D X Mark
II : 5472 × 3648 px, appelé Canon dans la suite de ce mémoire. C’est un appareil photo
professionnel de type reflex numérique équipé d’un capteur CMOS. Il traite efficacement les
distorsions, la diffraction et autres aberrations chromatiques. Les paramètres de l’appareil
photo utilisés tout le long de l’étude sont :
• objectif avec une distance focale fixe de 50 mm,
• ISO variant de 1000 à 4000 ;
• ouverture de F6.3,
• autofocus activé,
• vitesse d’obturation dépendante de la luminosité ambiante.
En théorie, les distorsions de l’appareil photo doivent être corrigées à partir de la calibration
de l’appareil. Cependant, une calibration d’appareil photo n’est valable que pour un ISO et
un focus donné. Dans le cas d’une application avec différentes positions de l’appareil photo
et différentes luminosités ambiantes, il aurait fallu calibrer l’appareil photo à chaque prise.
La méthode se voulant flexible et simple, une telle procédure n’était pas envisageable. Dans
la mesure où un objectif de focale fixe 50 mm ne présente que de légères distorsions sur
les bords des photos, les distorsions générales de l’appareil photo ne sont pas corrigées. En
conséquence, les distorsions de l’appareil photo ne sont pas corrigées.
Dans chaque cas, le niveau de gris entre les marqueurs et leur fond blanc est estimé. L’idée
est de vérifier que le gradient de niveau de gris est le maximum sans saturer, c’est à dire que
le niveau de gris est le plus grand possible mais compris entre 0 (noir) et 255 (blanc). Afin
de fournir cette information dans les analyses, tous les résultats concernant la méthode de
suivi de marqueurs comprendront :

89
• diffgris : le gradient de niveau de gris moyen entre le noir des marqueurs et leur fond
blanc,
• mingris : le niveau de gris minimal atteint, qui doit être supérieur à 0,
• maxgris : le niveau de gris maximal atteint, qui doit être inférieur à 255.
La qualité de l’appareil photo, la distance entre celui-ci et les marqueurs, l’angle de vue ou
encore un déplacement hors plan ont des impacts sur la précision de mesure. Ainsi, ces quatre
éléments sont présentés ci-dessous.

Impact de la qualité de l’appareil photo


Des mesures de distances relatives entre marqueurs ont tout d’abord été réalisées avec dif-
férents appareils photo. Le but est d’estimer la précision obtenue avec une bon appareil tel
que le Canon et de la comparer avec celle obtenue à l’aide d’un appareil photo de téléphone
portable classique.
Vingt photos d’une feuille de papier contenant des marqueurs ont alors été prises avec le
Canon et avec un téléphone portable Fairphone 3 (12 MPx), figure 4.8. La distance réelle
entre chaque marqueur est connue. L’homographie est réalisée par les marqueurs 10, 11, 12,
13 qui sont équivalent à la mire fer à cheval et les marqueurs 14, 15, 16, 17 à la mire fenêtre
(figure 4.6). Les autres marqueurs sont des sujets de mesure. La distance entre les marqueurs
1 et 2 (40 mm) ainsi que celle entre les marqueurs 3 et 4 (175 mm) est calculée en utilisant
chacune des mires. Pour chaque appareil les photos sont prises à la même distance de la
feuille de papier : 120 cm. Aucun trépied n’a été utilisé.

Figure 4.8 – Photo d’une feuille de papier contenant des marqueurs ArUco prise avec l’appareil
photo Canon. Les marqueurs 1 et 2 sont espacés de 40 mm et les marqueurs 3 et 4 de 175 mm.
Les marqueurs 10, 11, 12, 13 forment un carré de 74 × 74 mm et les marqueurs 14, 15, 16, 17 un
rectangle de 210 × 180 mm.

Des photos ont ensuite été prises en situation d’essai mécanique avec la mesure des ouvertures
de fissures (OF ) dans un essai de flexion en déplacement imposé jusqu’à rupture de PE. Pour

90
cela, des marqueurs sont placés de part et d’autre de l’entaille où la fissure doit se propager.
Deux appareils photo étaient de nouveau utilisés : un téléphone portable Asus X00TD Zenfone
Max (12 MPx) et le Canon, figure 4.10(a),(b). L’homographie est réalisée par la mire fer à
cheval. La distance dx entre les marqueurs correspond à la fissure mode II et la distance dy
la fissure mode I, figure 4.9.

Figure 4.9 – Illustration des mesures de distances relatives dx et dy sur une poutre entaillée
(PE).

La courbure de la poutre impliquée par la flexion n’impacte pas les mesures puisque le repère
local de la mire suit cette rotation. L’épaisseur de la mire étant 3 mm, les marqueurs sont
également collés sur un support imprimé en plastique PLA de 3 mm.
L’essai a été réalisé conformément à la norme NF EN 408+A1 (AFNOR, 2012) et contrôlé
en déplacement. Chaque fois que le déplacement imposé est incrémenté de 2 mm, ou chaque
fois qu’une propagation de fissure est observée, une série de cinq à dix photos par appareil
est prise sur chaque côté de la poutre.
Les résultats sur la feuille de papier sont présentés dans le tableau 4.1 et ceux sur l’essai
mécanique dans la figure 4.10(c). Comme cela était anticipé, le Canon mesure plus préci-
sément des distances entre marqueurs que l’appareil photo des téléphones portables utilisés
dans cette étude. L’écart-type sur vingt photos de la feuille de papier est environ dix fois plus
faible et la mesure plus proche de la distance vraie, ce qui s’observe par la quasi-superposition
des croix rouges sur le graphique.

91
Tableau 4.1 – Résultats pour vingt photos prises avec deux appareils photo : celui du Fairphone
3 et le Canon. Niveau de gris : diffgris = 155, mingris = 18, maxgris = 190.

Marqueurs 1-2 Marqueurs 3-4


distance moyenne [mm] 39,984 175,019
Appareil photo téléphone Fairphone 3
écart-type [mm] 0,026 0,033
distance moyenne [mm] 40,002 175,034
Appareil photo Canon
écart-type [mm] 0,002 0,003

Figure 4.10 – Mesure d’ouverture de fissure (OF) sur l’essai de flexion : (a) photo prise avec le
téléphone Asus, (b) photo prise avec l’appareil photo Canon, (c) résultats de l’ouverture de fissure
(OF) du côté gauche de la poutre en fonction de la flèche centrale imposée. Chaque point représente
la mesure sur une photo. Niveau de gris : diffgris = 171, mingris = 37, maxgris = 248.

Impact de la distance entre l’appareil photo et les marqueurs


La configuration des bancs d’essais de fluage imposant de prendre des photos à différentes
distances entre l’appareil et les marqueurs, l’impact de ce paramètre sur la précision d’une
mesure de distance relative a été estimé sur le Canon. La distance appareil-marqueurs affecte
à la fois la taille des marqueurs en pixels et leur position dans la photo. Plus l’appareil est
éloigné, plus les marqueurs sont petits et centrés. La même feuille de papier (figure 4.8) est
prise en photo avec des distances appareil-marqueur allant de 40 à 200 cm par pas de 10 cm,
sans angle de vue, figure 4.12. Cinq photos sont prises à chaque pas de distance.
La figure 4.11 montre l’évolution de l’erreur, de l’erreur relative et de l’écart-type avec la
distance appareil-marqueur. L’erreur correspond à la différence entre valeur réelle et valeur
mesurée, où la valeur réelle est la distance réalisée par l’imprimante et la valeur mesurée est
la distance calculée après homographie. L’erreur relative correspond à l’erreur divisée par la
valeur réelle, c’est à dire 40 mm pour dy12 et 175 mm pour dy34. L’écart-type correspond à
celui de la valeur mesurée sur cinq photos à chaque pas de distance.

92
Figure 4.11 – Impact de la distance entre l’appareil et les marqueurs : (a) erreur : différence
entre distance réelle et distance mesurée, erreur relative : erreur divisée par la distance vraie, écart-
type des distances mesurées sur dix photos pour la distance en y, (b) erreur et écart-type pour la
distance en x. dy12 et dy34 sont les distances en y entre les marqueurs 1-2 (40 mm) et 3-4 (175 mm),
respectivement ; dx12 et dx34 sont les distances en x entre les marqueurs 1-2 (0 mm) et 3-4 (0 mm),
respectivement. Mires utilisées pour l’homographie : fer, mire fer à cheval ; fen, mire fenêtre. Niveau
de gris : diffgris = 156, mingris = 29, maxgris = 201.

Figure 4.12 – Photos de mesure de l’impact de la distance entre l’appareil et les marqueurs,
distance de : (a) 60 cm, (b) 130 cm, (c) 200 cm.

93
Il est alors constaté que :
• la distance n’a pas d’impact observable sur l’erreur et très peu sur l’erreur relative,
• l’écart-type augmente avec la distance. Cela peut être expliqué par la réduction de la
taille des marqueurs. Pour une distance de 60 cm, les marqueurs font environ 250 ×
166 px alors que pour la distance de 200 cm ils font environ 85 × 53 px, réduisant ainsi
la précision de détection.
L’erreur relative provoquée par la distance appareil-marqueurs est au plus de 0,1%.
Comparativement, Brémand et al. (2011) ont montré que l’erreur de localisation d’un mar-
queur augmentait si leur taille diminuait. Abawi et al. (2004) ont également trouvé que la
distance caméra-marqueur augmentait l’écart-type et l’erreur sur l’estimation de positionne-
ment de la caméra.

Impact de l’angle de vue


La configuration des bancs d’essais de fluage imposant également de prendre des photos avec
un angle de vue non nul, l’impact de ce paramètre a été estimé. Pour simuler différents angles
de vue, la feuille de papier est pivotée de 0 à 45° par pas de 5°(figure 4.13). Un angle horizontal
ou vertical signifie respectivement un angle entre le plan contenant la feuille de papier et un
plan horizontal ou vertical. Dix photos sont prises à chaque pas angulaire, l’appareil est à
90 cm des marqueurs et installée sur un trépied.

Figure 4.13 – Photos de mesures de l’impact d’un angle de vue sur une mesure de distance
relative : (a) appareil photo en face de la cible, (b) angle de 45°, (c) appareil photo en face de la
cible pivotée de 90°, (d) angle de 45°et cible pivotée de 90°.

La figure 4.14 montre l’évolution de l’erreur, erreur relative et écart-type en fonction de l’angle
horizontal. Ces paramètres ont été définis dans la partie précédente. L’erreur relative sur dx

94
ne peut pas être calculée car la valeur réelle est égale à 0 et qu’elle est au dénominateur. Des
résultats similaires ont été obtenus pour un angle vertical et ce n’est donc que l’impact de
l’angle horizontal qui est affiché. L’erreur impliquée par une distance de 90 cm est soustraite
des résultats présentés.

Figure 4.14 – Impact d’un angle horizontal : (a) erreur, erreur relative et écart-type sur la mesure
de distance relative en y, (b) erreur et écart-type sur la mesure de distance relative en x. La légende
est la même que pour la figure 4.11. Niveau de gris : diffgris = 164, mingris = 35, maxgris = 216.

Il est constaté que l’angle de vue n’a pas d’impact sur la dispersion des mesures de dix pho-
tos. Cependant, l’erreur augmente spécialement dans la direction considérée : l’erreur en dy
augmente avec l’angle horizontal et l’erreur en dx avec l’angle vertical. C’est particulière-
ment vrai pour les grandes distances (dy34). Une croissance positive de l’erreur signifie que
la distance mesurée diminue, comme si elle était réduite avec une augmentation de l’angle de
vue. La profondeur de champ peut être la responsable, étant donné que certains marqueurs
sont moins nets que les autres, mais dans ce cas l’écart-type doit aussi augmenter. L’hypo-
thèse actuelle est que le calcul d’homographie est imparfait en raison du faible nombre de
marqueurs utilisés pour calculer la matrice.
Les résultats montrent que l’erreur relative peut atteindre 0,3% dans des conditions défavo-
rables, c’est à dire une grande distance mesurée avec une petite mire (dy34_fer). Excepté
pour dy12_fer, dy34_fen et dy12_fen, l’erreur relative reste sous 0,2% et même sous 0,08%
tant que l’angle de vue est inférieur à 25°.
Comparativement, Malbezin et al. (2002) ont observé une augmentation de l’erreur sur l’es-

95
timation de la position de la caméra dans une photo lorsque l’angle de vue augmente dans
la direction considérée. Cependant, Abawi et al. (2004) ont observé que l’angle de vue dimi-
nuait l’erreur de localisation d’un marqueur, notamment entre 30 et 40°, contrairement aux
observations faites dans ce travail.

Impact du déplacement hors-plan


Le bois étant un matériau hygroscopique, il peut vriller lors de son séchage. Parmi les dif-
férents vrillages possibles, le tuilage est la configuration qui amène le plus de déplacement
hors-plan. Un problème hors-plan survient quand les marqueurs de la mire et ceux de l’objet
mesuré ne sont plus coplanaires, ceux de la mire étant toujours coplainaires puisqu’ils sont
collés sur une pièce d’aluminium rigide. L’homographie réalisée transforme les coordonnées
images en coordonnées physiques, mais une erreur apparaît si les marqueurs ne sont pas dans
le même plan. Le tuilage survient sur un débit sur dosse, lorsque le bois tire à coeur, c’est-à-
dire que la poutre forme un arc de cercle dont le coeur est au sommet. Toutefois, l’opérateur
peut également provoquer une erreur de positionnement de la mire provoquant du hors-plan.
Les effets du tuilage sur un déplacement hors-plan sont présentés en figure 4.15. L’erreur
ainsi provoquée peut être estimée géométriquement.
Soit d le déplacement hors-plan, D1 et D2 la distance entre l’appareil photo et deux marqueurs
collés à une pièce de bois tuilée, Hp1 la distance entre ces deux marqueurs projetée sur la mire
et Hp2 la distance réelle entre ces deux marqueurs. Selon le théorème de Thalès (figure 4.15b) :

D1 D1 + d
= (4.3)
Hp1 Hp2

où Hp1 = H ; Hp2 = H + Er, D1 = D2 = D et Er est l’erreur de localisation due au


déplacement hors-plan. Pour une erreur relative, l’erreur est divisée par la valeur vraie H. Il
vient :
Er d
= (4.4)
H D
Ce résultat est valable pour n’importe quel angle de vue.
Le déplacement hors plan dû au vrillage du bois est un processus long dépendant de la vitesse
de séchage. Si la mire est toujours placée de la même façon, alors ce déplacement implique une
erreur systématique. Cette dernière s’élimine lors de l’observation de variations journalières
ou hebdomadaires, mais garde son importance sur des variations à long terme. Toutefois, des
variations à long terme sont bien souvent prédominantes devant une telle erreur. Ainsi, pour
un séchage partant d’un état de bois vert, le retrait peut atteindre 10 voire 20%, écrasant
les effets de cette erreur. Cependant, l’erreur hors-plan peut aussi provenir d’un mauvais
placement de la mire, c’est dans ce cas une erreur aléatoire. Au cours des essais de fluage,
cette erreur de placement atteint au maximum d = ±1 mm, impliquant une erreur de 0,2%
pour D = 1000 mm.

96
Figure 4.15 – Effet du tuilage du bois sur une mesure de retrait-gonflement d’une poutre : (a)
illustration du déplacement hors-plan, (b) application du théorème de Thalès.

4.3 Conclusion sur les performances des outils expéri-


mentaux utilisés
Deux types de capteurs de déplacement linéaire ont été utilisés, les capteurs LDT et LVDT.
L’étalonnage et l’estimation de l’influence de la température assurent la fiabilité de leur
mesure même pour les essais à l’extérieur. En effet, devant les flèches et ouverture de fissure
observées, une précision de l’ordre de 0,01 mm est suffisante.
Pour la méthode de suivi de marqueurs, les résultats montrent que choisir un appareil photo
reflex plutôt que celui d’un téléphone portable standard diminue la dispersion d’une série de
mesure. Lorsque des distances de 175 mm doivent être mesurées, pour connaître par exemple
les retraits-gonflements des poutres chargées en fluage, les résultats suggèrent d’utiliser la mire
fenêtre. L’angle de vue ayant plus d’impact sur la précision que la distance entre l’appareil
et les marqueurs, il doit être le plus faible possible. Lors des essais de fluage, les distances
dy12_fer, dy12_fen et dy34_fen sont mesurées. Les conditions d’essai imposent une distance
appareil marqueurs d’environ 90 cm et un angle de vue variant de 0 à 25°, menant à une
erreur relative normalement inférieure à 0,08%. À cela s’ajoute l’erreur hors-plan aléatoire,
estimée au maximum à 0,2%. Cela correspond à une erreur de 0,112 mm pour des distances
initiales de 40 mm et 0,49 mm pour des distances de 175 mm. Considérant un coefficient
de retrait-gonflement du bois entre 0,2 et 0,3%/% (Guitard, 1987), une variation de 1% de
TE est donc difficilement observable sur les poutres chargées en fluage mais des variations
long terme le seront assurément. Une propagation de fissure sur PE implique également une
augmentation de distance minimale entre marqueur de 0,3 mm, ce qui correspond à 0,75%
d’une distance initiale de 40 mm. Les propagations de fissure doivent donc aussi être observées
sur les mesures par suivi de marqueurs. Néanmoins, d’autres sources d’erreurs ne sont pas
prises en compte telles les variations de luminosité ou les paramètres de l’appareil photo.
La technique de suivi de marqueurs a été développée parce qu’elle est flexible, polyvalente et

97
à coût raisonnable par point de mesure tout en maintenant un niveau de précision cohérent
avec les mesures déployées pour les essais. En effet, l’homographie et les mires permettent de
prendre des photos avec un angle de vue et avec un appareil photo qui se déplace. Ces carac-
téristiques sont particulièrement utiles dans les essais de fluage. Par ailleurs, cette méthode
permet de mesurer une grande gamme de distance sans efforts additionnels. Les marqueurs
peuvent ainsi être espacés de 20 mm tout comme 500 mm. La seule limite est la nécessité
pour la photo de contenir tous les marqueurs. C’est un avantage non négligeable par rapport
aux capteurs LVDT qui demandent, de préférence, de connaître la gamme de mesure dési-
rée avant de les acheter. Le coût financier de l’application de cette méthode est également
attractif. L’équipement le plus onéreux est l’appareil photo. Il est recommandé d’utiliser un
appareil d’excellente qualité, du point de vue résolution et distorsions optiques. Une fois l’ac-
quisition de l’appareil photo, le nombre de mesure peut augmenter sans coût supplémentaire.
Ensuite, les marqueurs doivent seulement être imprimés sur du papier standard et proté-
gés, par une plastification mate par exemple. Enfin, les principes expliqués dans cette partie
sont librement accessibles grâce à la communauté d’OpenCV. Les algorithmes et principes
mathématiques sont disponibles en libre accès sur leur plateforme.

98
Conclusion de la partie B

Cette partie a d’abord présenté le matériel végétal étudié. Celui-ci consiste en un lot de 30
poutres en dimensions d’emploi, c’est-à-dire de dimensions 4000 × 175 × 63 mm3 . Des essais
BING et des mesures d’infradensité ont permis de caractériser mécaniquement le lot et de
former des groupes d’homogénéité mécanique. Ces groupes sont ainsi utilisés dans la partie
C dédiée aux essais de flexion.
Le deuxième chapitre de cette partie présente les outils expérimentaux utilisés pendant la
campagne d’essai de flexion de la partie C. Notamment, l’étalonnage des capteurs de dépla-
cement et la méthode de suivi de marqueurs spécialement développée pour ces essais. C’est
une méthode flexible et polyvalente qui a fait l’objet d’un article de recherche dans la revue
Experimental Techniques. L’impact d’un angle de vue, de la distance entre l’appareil photo
et les marqueurs ainsi que d’un déplacement hors-plan y sont développés et quantifiés.
La partie C fera l’objet de la description et de l’analyse des essais de flexion déjà mentionnés
dans cette partie.

99
Troisième partie

Comportement du bois en flexion

100
L’objet de cette partie est de présenter les conditions et les résultats des essais de flexion
4-points réalisés sur les poutres entaillées de sapin pectiné. Cette partie se décline en trois
chapitres : le chapitre 5 est une description du comportement théorique d’une poutre en
flexion 4-points et les conditions des essais réalisés ; le chapitre 6 est une présentation des
résultats des réponses mécaniques ; le chapitre 7 est une présentation de la fissuration des
poutres entaillées. L’enjeu de cette partie est d’apporter une description et une analyse ap-
profondies des essais réalisés. Le problème qui se pose avec ce type d’essais est que le bois
a l’opportunité d’exprimer sa complexité. Les études expérimentales sur le comportement
différé de poutres en dimensions d’emploi et en environnement extérieur sont complexes à
analyser. Par la nature même d’un environnement extérieur variable, ces essais ne sont pas
reproductibles. Il est en effet impossible d’avoir un environnement exactement équivalent à
celui qu’ont subi les poutres chargées. Ils n’en demeurent pas moins des expériences scien-
tifiques, tout comme l’observation d’un phénomène astronomique exceptionnel en est une.
Il est en effet impossible de reproduire ces essais exactement dans les mêmes conditions.
Toutefois, ils sont semblables à ce que subissent certains éléments de structure en bois et les
décrire finement permet de confronter de futurs modèles numériques simulant le comporte-
ment différé du bois. Ils sont également l’opportunité d’observer l’évolution mécanique du
bois partiellement séché lors d’un usage en structure.
Ce travail a été réalisé grâce à la contribution de : Sarra Bouhlel, pour l’aide à la réalisation
et l’analyse des essais de flexion à rupture, stagiaire à Polytech Clermont ; Florence Mathieu,
pour son aide lors de la mise en place des essais de flexion à rupture et de fluage, stagiaire à
Clermont Auvergne INP ; Théo Sallat et Charles-Hubert Granet pour l’entaillage des poutres,
stagiaires à Clermont Auvergne INP ; Julien Salazard, menuisier à l’Université Clermont
Auvergne pour l’entaillage des poutres.

101
Chapitre 5

La flexion 4-points

5.1 Étude analytique de la flexion 4-points


5.1.1 Hypothèses de travail
L’analyse mécanique des essais de flexion requiert de poser les hypothèses de théorie des
poutres, d’homogénéité, d’élasticité, de petites perturbations, du principe de Saint-Venant et
de Navier-Bernoulli. Cette base permettra d’utiliser les outils mathématiques de la résistance
des matériaux (RDM). Ces hypothèses sont admises pour le reste de cette partie mais les
poutres montrent une particularité qu’il faut d’abord présenter, celle de l’état de contrainte
dans l’entaille.

• Singularité de contrainte dans l’entaille

Une poutre entaillée présente une singularité de contrainte en fond d’entaille, c’est-à-dire
que l’état de contrainte est indéfini. En effet, les changements brutaux de géométrie créent
des concentrations de contraintes en ce lieu, par exemple dans le cas d’une entaille. Toutes
les composantes du tenseur de contrainte sont affectées, dont les contraintes de traction
perpendiculaire à la fibre moyenne qui provoquent des propagations de fissures (Toussaint
et al., 2016), figure 5.1. La résistance des matériaux, par hypothèse de base, considère que la
contrainte de traction perpendiculaire est négligeable.

• Théorie des poutres

Les objets étudiés sont des poutres, c’est-à-dire qu’ils ont une longueur grande devant les
deux autres dimensions, comparables entre elles. Le volume de la poutre est engendré par le
déplacement d’une section droite le long de la fibre moyenne. La section droite de la poutre
peut varier progressivement suivant l’axe longitudinal mais pas brutalement comme dans le
cas d’une entaille. Les poutres entaillées ne valident donc pas cette hypothèse au droit de
l’entaille, mais partout ailleurs.

102
Figure 5.1 – Contrainte de traction perpendiculaire en fond d’entaille selon la théorie de l’élasticité
linéaire (courbe continue) et estimée expérimentalement (courbe en pointillé), (SEDIBOIS, 2000).

Les poutres entaillées de sapin pectiné de cette étude valident cette hypothèse mais présentent
une discontinuité de la fibre moyenne au niveau de l’entaille, figure 5.3.

• Matériau

Le matériau constitutif de la poutre est supposé homogène, orthotrope et viscoélastique li-


néaire. Dans la mesure où le bois est intrinsèquement hétérogène (anatomie, noeuds, ...),
l’hypothèse d’homogénéité est fausse, mais nécessaire pour mettre en équation le problème
mécanique. Les hétérogénéités sont donc négligées dans le calcul des contraintes, des défor-
mations ou encore du module élastique.
L’orthotropie du bois n’est pas directement prise en compte car la direction axiale prédo-
mine en théorie des poutres. Le rapport (E/G) élevé dans le cas du bois traduit indirecte-
ment l’orthotropie, puisque le coefficient de Poisson, définit pour un matériau isotrope par
ν = E/(2G) − 1, renvoie alors des valeurs impossibles. Concernant la viscoélasticité linéaire,
l’expérience montre que celle-ci représente généralement bien le comportement différé du bois.

• Petites perturbations

Les déplacements sont petits devant la longueur de la poutre et les déformations sont faibles
(≤ 1%). Cette hypothèse permet de confondre la configuration à tout instant avec la configu-
ration initiale et de linéariser le tenseur des déformations tel que dans un cas 1D : ϵx = ∆L/L0 .
Dans le génie civil, les états limites sont assurés par des exigences d’état de contrainte, calculés
sous les hypothèses de la RdM et de faibles flèches. Les petits déplacements sont dans ce cas
une hypothèse acceptable. De même, le bois a un comportement plutôt fragile. Il se déforme
peu avant la rupture et l’hypothèse des petites déformations est acceptable.

• Principe de Saint-Venant

L’état de contrainte en un point d’une section suffisamment éloignée d’efforts ponctuels ne


dépend que du torseur des forces appliquées sur la partie isolée du solide étudié.

103
Cette hypothèse est valable pour les calculs de module élastique global ou de contrainte nor-
male dans des zones éloignées des entailles. Au niveau des entailles, les contraintes transverses
ne sont plus définies par les hypothèses de la RdM.

• Navier-Bernoulli et Timoshenko

L’hypothèse de Navier-Bernoulli consiste à supposer que les sections droites avant déforma-
tion restent planes et normales à la fibre moyenne au cours de la déformation. Cette hypothèse
néglige donc les effets du cisaillement qui sont généralement faibles en théorie des poutres.
L’hypothèse de Timoshenko consiste à supposer que la section plane reste plane après dé-
formation, mais pas nécessairement perpendiculaire à l’axe neutre. Ce cas de figure prend
en compte les effets d’un cisaillement sur la déformée de la poutre. Pour une PE, l’effort
tranchant, donc les contraintes de cisaillement, sont élevées au niveau de l’entaille.

5.1.2 Contraintes, déformations et calcul de flèches


La flexion 4-points est un essai sur une poutre posée sur un appui simple (rouleau), un
appui double (articulation) et chargée en deux points. La figure 5.2 montre le diagramme
des moments de l’essai. Un tel diagramme, aussi appelé diagramme V-M, représente le tracé
de l’effort tranchant et du moment fléchissant le long de la poutre. Entre les points de
chargement, l’effort normal et l’effort tranchant sont nuls et le moment fléchissant est constant
et maximal. Il n’y a donc pas de contrainte de cisaillement et la courbure est constante. Cette
zone est qualifiée de flexion pure ou flexion circulaire.
Par définition, les champs de contrainte et de (petite) déformation dans un solide quelconque
s’écrivent en un point M :
   
σxx σxy σxz ϵxx ϵxy ϵxz
σM = σxy σyy σyz  ; ϵM = ϵxy ϵyy ϵyz  (5.1)
σxz σyz σzz ϵxz ϵyz ϵzz

Sous les hypothèses définies ci-dessus, notamment la théorie des poutres, toutes les com-
posantes du tenseur de contraintes sont négligées sauf σxx , σxy et σxz . Les concentrations
de contrainte au niveau de l’entaille impose également de prendre en compte σyy . De même,
seules les composantes ϵxx , ϵxy sont étudiées et dans le cas d’une entaille également ϵyy . Ainsi,
les notations choisies sont :
   
σx τxy τxz ϵx γxy /2 γxz /2
σM = τxy σy 0  ; ϵM = γxy /2 ϵy γyz /2 (5.2)
τxz 0 0 γxz /2 γyz /2 ϵz

où γxy = 2ϵxy , γxz = 2ϵxz et γyz = 2ϵyz représentent les angles de distorsion et τxy et τxz les
contraintes de cisaillement.

104
Figure 5.2 – Diagramme des moments d’un essai de flexion 4-points : (a) représentation d’une
poutre isostatique chargée en flexion 4-points, (b) effort tranchant Vy le long de la poutre, (c) moment
fléchissant Mz le long de la poutre.

105
Pour une poutre à section rectangulaire, travaillant dans le repère principal d’inertie ((⃗x, ⃗y )
en figure 5.2(a)), la contrainte normale s’écrit :
Mz (x)
σx = y (5.3)
Iz
où x représente la position le long de la poutre, de 0 à L ; y la position dans la hauteur, de
−H/2 à H/2 ; z l’axe autour duquel la flexion s’opère ; Iz = eH 3 /12 le moment quadratique
dans la zone centrale ; Mz (x) = F L/6 le moment fléchissant dans la zone centrale ; et la force
F correspond à la force totale appliquée. Au sein d’une section droite, la contrainte normale
est donc constante dans l’épaisseur et linéaire dans la hauteur, figure 5.3.

Figure 5.3 – Représentation de l’état de contrainte normale et tangentielle le long d’une poutre
entaillée

Dans une zone à courbure constante (zone centrale), le calcul de la déformation maximale,
c’est-à-dire à H/2 ou −H/2, peut se faire selon l’approximation proposée par Pambou Nzien-
gui (2019) :
4∆Ur H
ϵx ≈ 2 (5.4)
lchargement
où ∆Ur = Uc − (Ug + Ud )/2 et Uc , Ug et Ud représentent respectivement la flèche à L/2, L/3
et 2L/3. ∆Ur est représentatif de l’effet de la courbure dans la zone centrale et lchargement
est la distance entre Ug et Ud , dans ce cas égale à la distance entre les points de chargement
(figure 5.6). C’est une approximation géométrique qui considère le matériau homogène et
néglige les effets locaux autour des points de chargement (écrasement, compression transverse
...).
Pour les entailles de poutres mi-hauteur, le diagramme des moments est le même que celui
de la figure 5.2 avec un moment quadratique Iz divisé par huit dans la zone entaillée.
Entre un appui et un point de chargement, la poutre est en flexion simple, c’est à dire
soumise à un effort tranchant constant et un moment fléchissant linéaire. En l’absence d’effort
tranchant dans l’épaisseur, τxz est nulle. Pour une section rectangulaire, la contrainte de
cisaillement τxy est parabolique dans la hauteur et maximale sur l’axe neutre, figure 5.3. Elle
vaut en ce lieu :
3Vy
τxy = − (5.5)
2eH
si la hauteur vaut H (zone non entaillée) et où Vy est l’effort tranchant.

106
Cette contrainte de cisaillement doit être vérifiée attentivement pour le bois dont le module
de cisaillement G est généralement faible (Guitard, 1987). Dans le cas d’une PE, la contrainte
de cisaillement est maximale dans le fond d’entaille et elle est en partie responsable d’une
apparition de fissure, notamment dans le mode 2. Dans l’Eurocode 5 le critère ultime en
cisaillement intègre d’ailleurs un facteur correctif Kv fortement pénalisant (AFNOR, 2004).
Le calcul analytique de la flèche se fait par l’équation :
d2 U
EIz = Mz (x) (5.6)
dx2
où U (x) représente la flèche le long de la poutre et E le module élastique axial.
Avec le modèle de Navier-Bernoulli, pour une poutre non entaillée en flexion 4-points la flèche
centrale vaut alors :
23∆F L3
∆Uc = (5.7)
1296EIz
Une formule analytique pour une PE à mi-hauteur avec le modèle de Timoshenko a été
développée par Pambou Nziengui (2019) :
 "  2   #
23 lap L2

189 3 108 H E 1 + (3/2)β0
∆Uc = 1+ β × 1+ × ∆F (5.8)
36 EeH 3 23 0 115 L G 1 + (189/23)β03

où lap est la distance entre un appui et le point de chargement suivant (ici L/3, figure 5.2),
∆Uc est la variation de flèche centrale impliquée par l’incrément d’effort ∆F , et β0 est le
facteur d’entaille :
2Lent
β0 = (5.9)
L
avec Lent la longueur d’entaille (figure 5.3).
Ces développements ne prennent néanmoins pas en compte l’impact du temps sur la flèche
ou la déformation.

5.1.3 Comportement différé


Généralement, les éléments de structure sont soumis à un chargement variable au cours du
temps. Dans le génie civil, le coefficient Kmod permet de considérer l’affaiblissement de la
structure au cours du temps et corrige la résistance lors d’une vérification à l’état limite
ultime. De même, le coefficient Kdef permet de prendre en compte l’effet du temps sur les
déformations en augmentant la flèche finale lors d’une vérification d’état limite de service.
Cet effet du temps se manifeste différemment selon les matériaux en fonction de leur viscosité.
Le bois est un matériau légèrement visqueux, à l’instar du miel qui résiste à son écoulement
et met du temps à couler, le bois résiste à la contrainte et met du temps à se déformer.
Cette propriété lui vient de sa nature polymérique du bois : la cellulose non cristalline,
les hémicelluloses et la lignine sont des polymères dissipatifs dont le réseau moléculaire se
réarrange lorsqu’une contrainte est appliquée suffisamment longtemps. Ce réarrangement
diminue la rigidité du matériau et se manifeste par une augmentation de la flèche dans

107
le cas de la flexion. Cette dualité entre comportement élastique instantané (réversible) et
comportement différé visqueux représente la viscoélasticité. Lorsque la contrainte appliquée
est constante, on parle de fluage, figure 5.4(a). La viscoélasticité linéaire obéit au principe
de superposition de Boltzmann : la réponse à une combinaison de sollicitations est la somme
des réponses de chaque sollicitation. Ce principe permet de considérer un essai de flexion à
contrainte variable comme un fluage multi-paliers, figure 5.4(b). Par exemple, dans un essai
de fluage à N paliers de chargement donnés, la réponse de la déformation s’écrit :
N
X
ϵ(t) = J(t − ti ).∆σ(ti ) (5.10)
i=0

où J(t) représente la complaisance, qui est l’inverse du module élastique. Cette fonction est
généralement exprimée par des modèles rhéologiques. Le comportement du bois est bien dé-
crit par ce type d’approche (Holzer et al., 1989; Bardet, 2001). Ceci étant, Mukudai (1983) a
montré que la linéarité de la réponse différée n’est valable que si le chargement est inférieur à
30% de la charge de rupture. Par ailleurs, le fluage du bois est sensible aux variations d’humi-
dité et de température. De même que E, la viscosité du bois est diminuée avec l’augmentation
de la température et de la teneur en eau (TE). Le fluage dans un environnement humide ou
chaud est donc accéléré (Hunt, 1999; Perré et Aguiar, 1999). De même, le fluage d’un bois
initialement "vert" est plus rapide que celui d’un bois sec (Nakano, 1999; Montero, 2010).
Toutefois, la viscosité du bois est aussi et surtout sensible aux variations de TE. Le couplage
entre chargement mécanique et variations de TE est connu sous le terme d’effet mécano-
sorptif. Cet effet est complexe et étudié par de nombreux auteurs dans la littérature (Hunt,
1984; Mukudai et Yata, 1986; Gril, 1988; Pittet, 1996; S. Stevanic et Salmén, 2020). Il se
manifeste par exemple par une augmentation drastique du fluage lors de variations de TE. Il
survient également lors d’un simple séchage, provoquant des gradients de TE impliquant des
contraintes internes en même temps qu’une variation de TE (Grossman, 1976). Par ailleurs,
Hearmon et Paton (1964) ont montré que l’influence du taux de chargement sur la réponse
mécano-sorptive présente une limite de linéarité : à partir d’un certain seuil de contrainte
l’effet est beaucoup plus important et ce de façon non-linéaire. Hunt (1999) a soumis plusieurs
arguments suggérant qu’en réalité l’effet mécano-sorptif n’est qu’une accélération du fluage,
qui surviendrait plus lentement sans variation de TE. C’est cependant un avis débattu dans
la communauté scientifique (Montero, 2010). L’effet mécano-sorptif est observé sur d’autres
matériaux cellulosiques comme le papier (Back et Salmen, 1983), ainsi que le béton (Bazant
et Chern, 1985). En réalité, il semble se manifester dès lors que le matériau est hygroscopique.

108
Figure 5.4 – Illustration théorique de : (a) un essai de fluage, (b) un essai de fluage multi-paliers.

Le fluage du bois est pris en compte par l’Eurocode 5 au moyen du paramètre Kdef , estimateur
du fluage relatif. Si l’élément de structure est en classe de service 1, 2 ou 3 alors Kdef vaut
0,6 ; 0,8 ou 2, respectivement ; si le bois est massif et initialement à l’état vert, alors Kdef
est augmenté de 1. Les normes de construction pénalisent donc bien un bois qui présenterait
des conditions de fluage accéléré. Cependant par volonté de simplification, l’Eurocode 5 ne
propose pas de formule pour calculer l’évolution de la flèche centrale au cours d’un fluage,
mais seulement une flèche finale ultime. C’est une approche cohérente dans le cas où le fluage
du bois tend vers un état limite. Or, ce point ne fait pas consensus et dépend de multiples
autres paramètres tels que l’environnement, le niveau de charge ou les conditions initiales
(Hunt, 1999; Montero, 2010). Rien ne garantit donc que le fluage tend bien vers un état
limite.
La complaisance étant l’inverse du module élastique, elle peut être déduite pour une PE de
l’équation (5.8) :
1 Uc (t)
J(t, β0 ) = = (5.11)
E A.F (t).f (β0 )
où A = (23lap L2 )/(36eH 3 ), F (t) est l’évolution du chargement au cours du temps et f (β0 )
est la fonction prenant en compte le cisaillement et l’entaille :
  "  2   #
189 3 108 H E 1 + (3/2)β0
f (β0 ) = 1 + β × 1+ (5.12)
23 0 115 L G 1 + (189/23)β03

L’ensemble de ces outils de calculs mécaniques, basés sur les hypothèses de la RDM compre-
nant homogénéité et linéarité, sont utilisés dans la suite du mémoire.

5.1.4 Dimensionnement selon l’Eurocode 5


Cette section développe le dimensionnement qu’exige l’Eurocode 5 pour des poutres de rési-
neux classées C18, utilisées pour une structure extérieure semi-pérenne type bâtiment agricole
et construite en bois vert. L’état limite de service et l’état limite ultime sont détaillés. La

109
poutre est considérée comme subissant une charge permanente en flexion 4-points. Aucune
charge variable n’est prise en compte, la situation est donc purement fictive mais correspond
aux essais de fluage sur les poutres du lot de sapin pectiné. La question est de savoir quelle
charge avant rupture supporte théoriquement ces poutres. Chaque paramètre et équation de
cette section est issue d’au moins une de ces sources : SEDIBOIS (2000); AFNOR (2004);
Benoit et al. (2007).

• État limite ultime

La situation est la suivante :


• poutre de classe C18 : module axial moyen E0,mean = 9 GPa, module axial au 5ème
percentile E0,05 = 6 GPa, module de cisaillement moyen Gmean = 0, 56 GPa, résistance
en flexion fm,k = 18 MPa, résistance en cisaillement fv,k = 2 MPa ;
• dimensions : longueur L = 3600 mm, épaisseur e = 63 mm, hauteur H = 175 mm,
moment quadratique : Iz = eH 3 /12 = 2, 8.10−5 m4 ;
• classe de service 3 (bois régulièrement soumis à des conditions amenant à une TE
supérieure à 20%) : CS3 ;
• pour CS3 avec chargement moyen terme (une semaine à six mois) : Kmod = 0, 65 ;
• le coefficient partiel d’une poutre en bois massif : γM = 1, 3 ;
• le coefficient d’instabilité géométrique provenant du déversement :

0, 78E0,05 e2
σcrit = = 32, 86 MPa
H × (0, 8L + 2H)
r
fm,k
λrel,m = = 0, 74; λrel,m < 0, 75
σcrit
Donc pas de déversement, Kcrit = 1 ;
• coefficient d’effet système : Ksys = 1 ;
• bois massif, Kn = 5 ;
• paramètres d’entaille : i = 1/ tan(π/2) = 0 ; a1 = Hent /H = 1/2 avec Hent la hauteur
d’entaille ; a2 = Lent /H = 1, 3 (figure 5.5).

Figure 5.5 – Paramètres d’entaille pour le dimensionnement de l’Eurocode 5

L’état limite ultime (ELU) est vérifié si les contraintes appliquées sont inférieures à la résis-
tance de la poutre. Une vérification sur la contrainte normale et une autre sur la contrainte

110
de cisaillement sont réalisées.
La résistance en flexion corrigée vaut :
Kmod
fm,d = fm,k . Ksys .Kh .Kcrit = 9 MPa (5.13)
γM
À partir de l’équation (5.3), dans la zone centrale σx = (F L)/(eH)2 . Le critère sur la
contrainte normale donne alors :
fm,d eH 2
σx ≤ fm,d ⇒ F ≤ (5.14)
L
Soit F ≤ 4, 8 kN.
La résistance de cisaillement corrigée vaut :
fv,k .Kmod
fv,d = = 1 MPa (5.15)
γM
et la contrainte de cisaillement τxy peut être calculée par l’équation (5.5), de 0 à L/3 :
τxy = (3F )/(4eHef ) où Hef est la hauteur réelle exposée au cisaillement, soit Hef = Hent
pour une PE. L’Eurocode 5 prend également en compte la mécanique de la rupture par
l’application d’un coefficient de réduction Kv . Ce coefficient est issu des travaux de Gustafsson
(1998) qui utilise la mécanique linéaire élastique de la rupture :
 1,5

Kn .(1 + 1,1i
√ )
Kv = min 1; √ p H
q   = 0, 2 (5.16)
2 1 2
H a1 − a1 + 0, 8a2 a1 − a1

Le critère sur la contrainte de cisaillement donne alors :


4eHent Kv fv,d
τxy ≤ fv,d .Kv ⇒ F ≤ (5.17)
3
Soit F ≤ 1,5 kN.

• État limite de service

Pour un bois vert ou peu séché, en bois massif et soumis à une classe de service 3 : Kdef =
Kdef + 1 = 2 + 1 = 3. Pour des "bâtiments agricoles et similaires", l’état limite de service se
vérifie si la flèche centrale dite "instantanée" est inférieure à L/200 et la finale à L/100.
Les conditions sont donc les suivantes :
L L
∆Uc,instantanee ≤ ; ∆Uc,f inale ≤ (5.18)
200 100
où la flèche centrale finale pour un bois en fluage est calculée par :
Uc,f inale = Uc,instantanee (1 + Kdef ) (5.19)
Le chargement appliqué peut être extrait de l’équation (5.8), et le résultat pour la flèche
instantanée est : F ≤ 5, 2 kN et pour la flèche finale : F ≤ 3, 5 kN. Dans les conditions
définies ci-dessus, le critère de service est donc validé tant que la masse est inférieure à
350 kg.

111
• Conclusion sur le dimensionnement selon l’Eurocode 5

C’est finalement la résistance au cisaillement qui est critique, imposant une masse d’au maxi-
mum 150 kg. L’Eurocode 5 prévoit donc une rupture au niveau des entailles plutôt que dans
la zone centrale. Il est intéressant de noter qu’ici ce n’est pas le bois vert ou le fluage mais
bien l’entaille qui pénalise fortement la poutre.

5.2 Matériel et méthodes


5.2.1 Essais en déplacement imposé jusqu’à rupture
Il s’agit d’abord de présenter les objectifs et les conditions des essais puis les dispositifs de
mesure.

Objectifs et conditions des essais


L’objectif des essais de flexion en déplacement imposé jusqu’à rupture est de mesurer la
contrainte à rupture σmax de quelques poutres du lot, afin de vérifier que cette contrainte dé-
pend des propriétés mécaniques évoquées en partie B, notamment E d et ρID . Le déplacement
est piloté manuellement mais maintient un chargement monotone. En établissant une corré-
lation entre propriétés mécaniques et σmax , une prévision de σmax pour les poutres restantes
est alors possible et un taux de charge peut être calculé pour les essais de fluage. En même
temps, ces essais ont permis de faire une première observation des propagations de fissure
partant des entailles : les poutres cassent-elles bien par fissuration ? La propagation est-elle
brutale ou saccadée ?
Le choix des neuf poutres testées en flexion en déplacement imposé ainsi que leurs propriétés
sont rapportées en tableau 3.4. Les essais se déroulent sur un banc expérimental en intérieur
(figure 5.6(a)) et sont conformes à la norme NF EN 408+A1 (AFNOR, 2012) (figure 5.6(b)) :
• la poutre est suffisamment élancée : L ≈ 21H,
• la distance entre les points de chargement est : L/3,
• des plaques sont interposées entre la poutre, les têtes de chargement et les appuis et
sont de longueur inférieure à la moitié de la hauteur de la poutre.
Le chargement est appliqué à l’aide d’une presse hydraulique pilotée manuellement. Des
capteurs mesurent en continu l’effort appliqué et la flèche centrale. Un chargement en dépla-
cement permet de gérer une propagation de fissure par étape plutôt que brutale.

Dispositifs de mesure
En figure 5.6(b) sont indiqués les positionnements des capteurs de déplacement linéaire LDT.
Ils ont permis de mesurer la flèche gauche, centrale et droite ainsi que les ouvertures de fissure
gauche et droite. Pour qu’un capteur LDT mesure l’ouverture de fissure (OF, défini par la
variable OF ), il est accroché à l’entaille au moyen d’une pièce de PLA imprimée en 3D. Le

112
palpeur est en contact avec une pièce d’aluminium collée sur la face d’appui de la poutre,
figure 5.7. Ce système assure une mesure en continu de OF, avec une fréquence choisie à
10 Hz.

Figure 5.6 – Conditions des essais de flexion à rupture : (a) photo d’un essai, (b) positionnement
des dispositifs de mesure. Toutes les valeurs numériques sont en millimètres. Ug, Uc et Ud corres-
pondent respectivement à la mesure de flèche gauche, centrale et droite. OF g et OF d correspondent
respectivement à la mesure d’ouverture de fissure gauche et droite.

113
Les capteurs LDT ont une étendue de mesure de 50 mm pour Uc, 25 mm pour Ug et Ud
et 10 mm pour OF g et OF d . La référence de ces capteurs est une réglette en aluminium non
liée au bâti. En effet, lors du chargement le bâti va légèrement se déformer par principe
d’action-réaction. Si la référence est indépendante du bâti, alors elle n’est pas affectée par le
chargement.

Figure 5.7 – Photo du dispositif de mesure automatique d’ouverture de fissure à l’aide d’un
capteur LDT.

5.2.2 Essais de fluage multi-paliers


Il s’agit d’abord de présenter les objectifs et les conditions des essais puis les dispositifs de
mesure.

Objectifs et conditions des essais


Comme présenté dans la section stratégie expérimentale en partie B, le but de ces essais est
d’étudier le couplage entre fluage et fissuration sur des PE chargées à l’état vert ou partiel-
lement sec dans un environnement extérieur semi-abrité. Semi-abrité signifie que les poutres
sont abritées de la pluie mais seulement partiellement du rayonnement solaire. La protection
contre la pluie permet d’éviter qu’elle ne provoque des erreurs de mesure et des transferts
d’eau liquide dans le bois, ce qui avait été observé lors de travaux des Pambou Nziengui
(2019). En fonction de la période de l’année, les rayons du soleil frappent certaines poutres
une partie de la journée. L’abri est néanmoins construit en tôles bac acier blanches fixées sur
des plaques d’OSB, ce qui assure que le toit en lui-même rayonne peu (figure 5.8(a)).

114
Figure 5.8 – Photos des essais de fluage : (a) trois poutres chargées sous l’abri, (b) application
du chargement par l’intermédiaire du bloc de béton.

Le placement des points d’appuis et points de chargement est le même que pour les essais
en déplacements imposés, figure 5.6(b). Le chargement est appliqué par l’intermédiaire d’un
bloc de béton carroté et peint pour éviter les transferts hydriques, figure 5.8(b). La masse des
blocs de béton et de l’équipement nécessaire pour appliquer le chargement (cadre en acier,
tiges filetées, plaques interposées entre la poutre et les points de chargement) fait entre 342
et 388 kg. C’est environ le double du chargement maximal dimensionné selon l’Eurocode 5,
où la ruine est prévue par fissuration au niveau des entailles. Les poutres sont donc chargées
à 200% de leur résistance normative, mais ce taux de chargement est à distinguer de la limite
de linéarité du comportement différé, identifiée à 30% de la charge à rupture du bois. En effet,
cette limite considère la rupture par flexion dans la zone centrale et pas celle par fissuration
au niveau des entailles. Il est donc cohérent de largement dépasser la résistance des poutres
entaillées pour pouvoir observer des propagations de fissure et la ruine des poutres dans les
temps impartis.
Par ailleurs, la durée d’un essai de ce type est incertaine (Pambou Nziengui, 2019), il a donc
été décidé de réaliser un fluage "multi-paliers" : la masse est incrémentée de 14 à 32 kg
par mois, puis chaque jour au bout de cinq mois pour terminer la vague. Un chargement de
ce type permet de contrôler la durée de l’essai, qui dans ce cas ne peut dépasser six mois.
Compte tenu de la configuration du banc d’essai, les poutres centrales ne pouvaient pas être
surchargées tant que les deux autres n’avaient pas cassées, figure 5.9.
Enfin, il est arrivé que des poutres soient légèrement vrillées lors du chargement, figure 5.10.
Cette situation provoque de la flexion déviée et potentiellement de la torsion mais elles ont été
chargées telles quelles. Lors du chargement d’une poutre vrillée, le moment de flexion sort des
plans principaux d’inertie et se projette en un moment Mz et un moment My (conformément

115
à la figure 5.2). En conséquence, la flèche totale se projette en une flèche verticale et une
flèche horizontale. La flèche verticale mesurée est plus grande que celle d’une poutre qui
n’est pas vrillée, puisque le moment quadratique effectif est diminué, biaisant légèrement
l’analyse. Ainsi pour un angle de 10°, c’est jusque 20% d’augmentation de flèche centrale (voir
annexe E) ! De même, si la poutre est vrillée la résultante du chargement n’est plus appliquée
au centre de cisaillement et crée un moment Mx , c’est-à-dire une torsion. En figure 5.10(b)
la situation est schématisée : la force F n’est pas dans le repère principal d’inertie (z, y) et se
situe à une distance notée d du centre de cisaillement, créant une torsion. Il est par ailleurs
sans doute arrivé que des poutres sèchent en chargement et subissent une torsion au cours
de l’essai.

Dispositifs de mesure
Les capteurs LVDT ont été utilisés pour les mesures de déplacements lors des essais de
fluage, à l’exception de la poutre S18 équipée de capteurs LDT. Seulement dix capteurs LVDT
étaient disponibles, donc sur deux poutres Ug , Uc et Ud ont été mesurées et sur quatre poutres
seulement Uc . Les placements des capteurs sont représentés en figure 5.11. La référence de
ces capteurs est une poutre IPE posée sur le bâti, observable en figure 5.8(a). Les impacts
des dilatations thermiques du bâti sur les mesures de flèches sont négligées. De même, des
plaques d’aluminium sont collées au bois de sorte que le palpeur de chaque capteur ne soit
pas en contact direct avec le bois, figure 5.12(b).
Une station météorologique est placée à proximité des bancs d’essai et mesure l’humidité
relative de l’air, la température de l’air et le rayonnement solaire (figure 5.12(a) et indiquée
en 5.9). Des thermomètres sont également installés en haut et en bas des zones centrales de
chaque poutre, figure 5.11 et 5.12(b).
La méthode de suivi de marqueur développée en partie B est utilisée pour mesurer les ou-
vertures, longueurs et hauteurs de fissures OF , LF et HF , respectivement ; et les retraits de
hauteur RG. Les paramètres de fissures sont mesurés aux quatre coins d’entaille : deux côtés
et deux faces ; les retraits sont mesurés en six points : la zone "gauche", centrale et "droite"
de chaque face. Les mesures de retrait-gonflement utilisent la "mire fenêtre" (figure 5.13(b))
et les mesures des paramètres de fissuration la "mire fer à cheval". De même, une "fente
amovible" en acier est utilisée pour placer un marqueur magnétique sur la pointe de fissure,
figure 5.13(a). La distance horizontale et verticale entre ce marqueur et le coin de l’entaille
donne LF et HF , respectivement. Le coin de l’entaille est repéré par les deux marqueurs
utilisés pour mesurer OF .

116
Figure 5.9 – Illustration de la configuration des deux bancs d’essai. Ces couleurs sont utilisées
pour illustrer les résultats.

Figure 5.10 – Illustration du problème des poutres vrillées en chargement : (a) photo d’installation
d’une poutre vrillée sur le banc d’essais de fluage, (b) schéma de la flexion déviée, flexion torsion.
Le point G représente le centre de cisaillement (ici équivalent au centre de gravité).

117
Figure 5.11 – Positionnement des dispositifs de mesure des essais de fluage.

Figure 5.12 – Photos de : (a) la station météorologique, (b) un capteur LVDT pour mesure de
la flèche centrale Uc .

118
Figure 5.13 – Dispositifs de mesure de : (a) paramètres de fissuration et des variations de hauteur
par la méthode de suivi de marqueurs, (b) variations de module par des masses de décharge-recharge.

Tableau 5.1 – Récapitulatif des conditions des essais de fluage.

N° de poutre Étendue de mesure Masse initiale [kg]


S03 Ug , Uc , Ud : 50 mm 347
Triplet 1 S04 Uc : 50 mm 347
Première vague :
S07 Uc : 50 mm 347
Printemps-été
S14 Ug , Ud : 10 mm ; Uc : 50 mm 347
2021
Triplet 2 S12 Uc : 50 mm 346
S21 Uc : 50 mm 349
S05 Ug , Ud : 10 mm ; Uc : 50 mm 346
Deuxième Triplet 3 S06 Uc : 50 mm 346
vague : S09 Uc : 50 mm 347
Automne-hiver S28 Ug , Uc , Ud : 50 mm 376
2021-2022 Triplet 4 S25 Uc : 50 mm 388
S26 Uc : 50 mm 349
S29 Uc : 50 mm 342
Troisième Triplet 5 S24 Uc : 50 mm 342
vague : S18 Ug , Ud : 25 mm ; Uc : 50 mm 343
Printemps-été S19 Ug , Ud : 10 mm ; Uc : 50 mm 371
2022 Triplet 6 S22 Uc : 50 mm 373
S23 Uc : 50 mm 370

119
Conclusion sur la flexion 4-points et les conditions des es-
sais réalisés
Ce chapitre a d’abord posé le cadre théorique dans lequel s’inscrit cette campagne expéri-
mentale. Les hypothèses et les équations utilisées pour l’analyse des essais ont été présentés,
notamment les équations (5.3), (5.4), (5.5), (5.8) et (5.11) qui décrivent les états de contrainte
et déformation de l’objet, et qui lie la flèche centrale au module élastique d’une poutre en-
taillée. Le comportement différé du bois en environnement variable implique un effet de
couplage complexe appelé effet mécano-sorptif dont les grandes lignes théoriques ont égale-
ment été présentées. Le dimensionnement selon l’Eurocode 5 des poutres entaillées de cette
étude a été montré et indique qu’un chargement au delà de 150 kg ne respecterait pas les
normes pour une utilisation en structure type bâtiment agricole. Enfin, les conditions des es-
sais principaux de cette campagne ont été détaillés : essais de flexion en déplacement imposé
et essais de fluage en extérieur abrité. Des capteurs de déplacement permettant de mesurer
des flèches, la méthode de suivi de marqueurs mesurant les paramètres de fissures et les
retraits-gonflements, la station météorologique ainsi que des thermomètres qui mesurent les
température et humidité relative de l’environnement autour du banc d’essai ont été décrits.
La fiabilité et la précision de ces outils de mesure ont été détaillés en partie B.
Le prochain chapitre présente les résultats mécaniques des essais, mettant de côté la rupture
qui sera analysée dans le chapitre 7.

120
Chapitre 6

Réponse mécanique

6.1 Comportement instantané


6.1.1 Comparaison avec les résultats des essais non destructifs
Les essais en déplacement imposé n’ont jamais duré plus de cinq minutes sauf pour les poutres
S06, S13 et S20 (tableau 6.3). Pour ces poutres, le chargement a du être interrompu afin de
protéger les capteurs LDT ou de prendre des photos au cours de l’essai. Pendant ce temps le
déplacement était imposé à une valeur fixe et la poutre se relaxait, figure 6.1(b). En figure 6.2
sont présentées les courbes force-déplacement et contrainte-déformation de l’ensemble des
poutres chargées en déplacement imposé, à y = H/2 dans la zone centrale. Le calcul de σx
est réalisé par l’équation (5.3) et celui de ϵx par l’équation (5.4).

Figure 6.1 – Courbes de déplacement en fonction du temps : (a) pour la poutre S06 et (b) pour
la poutre S20 avec des arrêts pour prendre des photos et protéger les capteurs LDT.

121
Figure 6.2 – Résultats des essais de flexion en déplacement imposé : (a) courbes force-
déplacement, (b) courbes contrainte-déformation.

Les parties finales des courbes contrainte-déformation sont tronquées pour n’avoir que la
partie linéaire. La pente de cette zone linéaire, avant la première propagation de fissure,
donne le module élastique local dans la zone centrale d’une poutre E. Puis, à partir de
la formule développée par Pambou Nziengui (2019) (équation (5.8)), le rapport (E/G) est
calculé.
Les flèches centrales "instantanées" des poutres chargées en fluage sont calculées de la façon
suivante :
1. détermination de la durée d’application du chargement ∆t ainsi que la demi-durée notée
t0 = ∆t/2, figure 6.3(a),
2. tracé de la flèche centrale Uc en fonction de log(t − t0 ), figure 6.3(b) 1 ,
3. sélection d’une zone de 10×∆t à 10×∆t+1 heure. Cette zone est linéaire ou parabolique,
4. application d’une régression linéaire ou polynomiale d’ordre 2 dans cette zone, l’équa-
tion de la droite permet de calculer la flèche à l’instant désiré, figure 6.3(c).
Par cette procédure, la flèche centrale à dix minutes est calculée et considérée comme étant
la flèche instantanée, Uc10min . En considérant que (E/G) = (E/G)d , cette valeur de flèche
permet de calculer E via l’équation (5.8).
Les résultats présentés dans les tableaux 6.1 et 6.2 permettent de comparer les essais dyna-
miques avec les résultats des réponses instantanées. À partir de ces résultats sont tracés E en
fonction de E d pour les essais de fluage et pour les essais en déplacement imposé, figure 6.4.
Les régressions sont forcées à 0 et donc le coefficient de détermination R2 n’est pas calculé.
À la place, la moyenne quadratique de l’erreur entre la régression et les valeurs obtenues est
présentée, elle est appelée RMS (pour Root Mean Square).
1. Par abus de langage, il est indiqué sur le graphique la seconde comme unité du logarithme, c’est en
réalité le temps qui est en seconde. Par exemple lorsqu’il est noté log(t − t0 ) = 2, 45 s c’est en réalité
(t − t0 ) = 102,45 s

122
Figure 6.3 – Détermination de la flèche à dix minutes : (a) flèche centrale en fonction de la durée
au début de l’essai et illustration de ∆t et t0 , (b) flèche centrale en fonction de log(t − t0 ) ; (c)
régression polynomiale d’ordre 2 sur la zone d’intérêt.

123
Sachant que E d a été mesuré sur les poutres à l’état vert, E "vert" est calculé pour les
rendre comparables. Pour cela E est diminué de 0,15 GPa/% (Guitard, 1987) entre TE lors
du chargement et l’état vert supposé à 30% :

∆E1% = 0, 015.E12% (6.1)

où E12% est supposé égal à 10 GPa par volonté de simplification. Par ailleurs, l’écart relatif
entre E d et E est calculé par :

Ed − E
Ecart relatif = × 100 (6.2)
Ed
L’écart relatif entre (E/G)d et (E/G) est calculé de façon analogue. La courbe contrainte-
déformation des essais de fluage ne pouvant être tracée, (E/G) n’est calculé que pour les
essais de flexion en déplacement imposé.

Figure 6.4 – Module calculé à partir des réponses instantanées sur PE (E s ) en fonction du module
mesuré par les essais de flexion dynamique sur PNE (E d ).

124
Tableau 6.1 – Résultats des modules élastiques issus des réponses instantanées, des modules
élastiques à l’état vert corrigés par l’équation (6.1) et écart relatif avec les mesures des essais dyna-
miques.

Type de test Poutre TE [%] E d [GPa] E [GPa] E "vert" [GPa] Écart relatif [%]
S27 56,6 7,97 9,8 9,8 -23
S11 54,6 8,08 8,1 8,1 -0,2
S16 46,2 16,34 13,96 13,96 14,6
Essais en S02 36,3 10,35 10,89 10,89 -5,2
déplacement S17 25 13,47 13,05 12,3 8,7
imposé S06 20,7 10,62 10,71 9,32 12,3
S20 19 12,06 12,1 10,45 13,3
S13 16,6 11,77 13,1 11,09 5,8
S21 15,9 13,41 15,46 13,34 0,5
S03 21,6 10,57 7,34 6,62 30,6
S04 27,1 12,25 / / /
S07 49,5 9,83 / / /
S14 31,8 13,1 10,9 10,9 16,8
S12 34,1 14,93 12,62 12,62 15,5
S21 36,4 13,41 12,04 12,04 10,3
S05 19,5 9,5 7,96 6,39 32,8
S06 31,8 10,62 9,28 9,28 12,6
Essais de S09 26,5 9,59 7,48 6,96 27,4
fluage S28 20 11,42 9,81 8,31 27,3
S25 14,4 12,4 12,29 9,95 19,8
S26 28 9,6 8,35 8,05 16,1
S29 60,3 8,62 8,08 8,08 6,22
S24 23,5 7,6 9,68 8,71 -14,5
S18 61 7,54 6,02 6,02 20,1
S19 47,1 12,65 8,6 8,6 32,1
S22 31,9 12,66 12,97 12,97 -2,5
S23 16,6 12,86 10,66 8,65 32,7

125
Tableau 6.2 – Résultats des rapports (E/G)s issus de l’équation (5.8) et comparaison avec les
mesures des essais dynamiques.

n° poutre (E/G)d [/] (E/G) [/] Ecart relatif [%]


S27 17,66 10,06 43
S11 14,16 40,74 -188
S16 30,55 29,96 2
S02 18,04 37,52 -108
S17 26,89 20,11 25
S06 19,81 -38,69 295
S20 21,07 69,52 -230
S13 19,39 98,36 -407
S21 26,39 303,86 -1050

Les écarts relatifs entre E d et E varient de -23 à 32,8%. Ils semblent plus élevés pour les
réponses des essais de fluage. Le premier élément qui peut expliquer ces variations est que
les poutres étaient non entaillées pour la mesure de E d et entaillées pour la mesure de E.
Le module élastique est une propriété physique intensive, mais celui qui est mesuré avec le
BING est un module global avec effet du cisaillement, moyenné sur toute la poutre. Changer
la géométrie peut affecter sa valeur moyenne pour un matériau hétérogène. Par ailleurs E est
une mesure locale du module dans la zone centrale, également différente de E d global pour
un matériau hétérogène. Pambou Nziengui et al. (2019) ont effectué des essais de flexion 4-
points sur PNE puis sur PE et ont observé un module sur PNE systématiquement supérieur
de 19% au module sur PE. Ici, la régression proposée pour les réponses instantanées des
essais de fluage donne également un module élastique sur PNE supérieur de 19% à celui sur
PE (figure 6.4). Ensuite, il y a une différence intrinsèque entre le module dynamique et le
module statique. Chiffrer cette différence est délicat, mais Brancheriau (2013) constate que
E d a tendance à être 4% supérieur à E. Enfin, les poutres ayant atteint les plus grands écarts
relatifs sont celles qui ont été réhumidifiées (S27 et S16), or un bois réhumidifié n’est pas un
bois vert. Les E d ont bien été obtenus sur du bois vert mais les E ont été obtenus sur des
bois réhumidifiés ou corrigés par l’équation (6.1). Les poutres qui ont été réhumidifiées ne
sont en réalité pas revenues à leur état initial. Ainsi, si des fentes sont apparues au premier
séchage elles ne se sont pas recollées lors de la réhumidification.
Les écarts relatifs entre (E/G)d et (E/G) sont nettement plus élevés : de -1050 à 295%. Ce
sont les valeurs calculées à partir des essais statiques qui sont aberrantes, par exemple avec
une valeur négative pour S06. Le rapport (E/G) est sensé se situer entre 7 et 30 (Thibaut et
Gril, 2021), et c’est rarement le cas pour les (E/G) déterminés ici. Le calcul de ce paramètre
à partir de l’équation (5.8) est sensible et une petite erreur de mesure ou de lecture de E
modifie drastiquement le résultat. Par la suite, ce ne sont donc que les valeurs de (E/G)d qui
sont interprétées.

126
6.1.2 Rôles des paramètres mécaniques dans la résistance instanta-
née
Sur la figure 6.2(a), un comportement fragile ou quasi-fragile est observé sur l’ensemble des
poutres. C’est conforme a ce qui est attendu pour du bois (Phan, 2016). Le tableau 6.3 pré-
sente les résultats de forces et contraintes maximales atteintes pour les essais en déplacement
imposés, en même temps que ρID et ESd utilisés comme paramètres d’homogénéité mécanique
en partie B. Certaines poutres atteignent une résistance supérieure à 11 kN (S11, S06) et
une autre seulement 3,6 kN (S16). Pour un même lot de poutres, c’est une différence consi-
dérable. En figure 6.5(a) est représentée la force Fmax atteinte en fonction de l’infradensité
ρID . Il peut être observé qu’une grande infradensité n’est pas associée à une forte force Fmax .
C’est même une tendance inverse qui est observée, contradictoirement à ce qui était prévu. En
effet, on aurait pu penser que l’infradensité augmente la résistance d’une poutre en augmen-
tant l’énergie nécessaire à la propagation de fissure. Si le bois est plus dense, plus d’énergie
élastique est nécessaire pour séparer la matière. Ces résultats suggèrent que la mécanique de
la rupture ne dépend pas que des propriétés mécaniques, d’autres éléments sont à prendre en
compte, tel que la structure anatomique. D’ailleurs, Pambou Nziengui et al. (2019) avaient
également observé qu’il n’y avait pas de corrélation entre la résistance et les caractéristiques
mécaniques initiales. Dans le matériau bois, une grande infradensité implique généralement
une grande rigidité (Trouy et Triboulot, 2019) et donc implicitement un fil droit et peu de
noeuds. Ces deux caractéristiques sont appréciées par les charpentiers mais dans le cas d’une
poutre entaillée, ceci peut être une porte ouverte à la propagation des fissures. Les noeuds ou
déviation de fil sont des éléments pouvant freiner la propagation d’une fissure en l’obligeant
à dévier de sa trajectoire. Par ce raisonnement, une poutre pleine de noeuds pourrait s’avérer
peu rigide mais particulièrement résistante lors d’un chargement impliquant des propagations
de fissures.
Tableau 6.3 – Résultats des forces et contraintes maximales atteintes

n° poutre TE [%] ρID [/] ESd [GPa] Fmax [kN] σmax [MPa] Durée [s]
S27 56,6 0,35 23,06 7,857 14,84 97
S11 54,6 0,37 21,87 11,06 20,87 266
S16 46,2 0,4 40,84 3,616 6,84 124
S02 36,3 0,39 26,39 7,998 15,25 120
S17 25 0,4 33,68 5,459 10,42 90
S06 20,7 0,35 30,51 11,06 23,52 705
S20 19 0,41 29,36 5,76 10,93 1997
S13 16,6 0,42 28,13 5,6 11,3 1718
S21 15,9 0,39 34,38 8,192 16,35 87

La TE ne semble pas jouer un rôle sur Fmax , figure 6.5(b). Ce résultat est moins surprenant
étant donné la nature des essais car la rupture est atteinte en moins de trente minutes. Très
peu de transferts hydriques est impliqué et la TE n’a qu’un rôle sur les dimensions et la
rigidité initiale de l’essai.

127
Figure 6.5 – Force maximale atteinte Fmax en fonction de (a) l’infradensité ρID , (b) la teneur en
eau TE mesurée au moment de l’essai. La couleur des points indique également le groupe de TE.

Il semble alors qu’un taux de charge pour les essais de fluage doit prendre en compte les
caractéristiques anatomiques avant même de considérer les propriétés mécaniques. Et en-
core, ce taux de charge ne sera valable que pour le chargement initial, mais dès lors que le
temps intervient dans l’essai, le séchage et donc la TE initiale auront également un rôle sur
l’évolution du taux de charge.
Lors du chargement des essais de fluage, deux poutres de la vague 1, S04 et S07, ont cassé
instantanément. Pour ces deux poutres, le chargement appliqué était de 3,41 kN et elles
ont rompu avant d’atteindre le chargement complet, donc Fmax ≤ 3, 4 kN. S04 était rigide
(E d = 12, 3 GPa) et dense (ρID = 0, 4) et S07 moyennement rigide (E d = 9, 8 GPa) et peu
dense (ρID = 0, 34). Ce résultat supporte l’idée que Fmax , pour une poutre en dimensions
d’emploi, ne dépend pas que des propriétés mécaniques supposées.

6.2 Réponse différée


En fluage multi-paliers, le temps intervient dans le critère de ruine. La flèche centrale maxi-
male atteinte, représentative du chargement appliqué et du temps écoulé, est ainsi plus inté-
ressante pour analyser la résistance d’une poutre. En effet, comme le montre le tableau 6.4, la
force maximale atteinte est 6,99 kN (S24), inférieure au 11 kN des essais en déplacement im-
posé. C’est bien la composante différée du fluage qui s’ajoute à la flèche instantanée, résultant
en une force maximale atteinte inférieure.

128
Tableau 6.4 – Résultats finaux des essais de fluage.

N° de poutre Durée de chargement Force maximale at-


[jours] teinte [kN]
S03 141 4,41
Triplet 1 S04 0 < 3,44
Première vague :
S07 0 < 3,44
Printemps-été
S14 148 5,06
2021
Triplet 2 S12 158 5,23
S21 175 6,11
S05 150 5,5
Deuxième Triplet 3 S06 150 5,51
vague : S09 4 3,44
Automne-hiver S28 134 4,87
2021-2022 Triplet 4 S25 150 4,54
S26 176 3,74
S29 73 3,66
Troisième Triplet 5 S24 197 6,99
vague : S18 10 3,35
Printemps-été S19 0,13 3,64
2022 Triplet 6 S22 191 6,32
S23 21 3,63

129
6.2.1 Évolution de flèche relative et teneur en eau
Étant donné que les poutres sont entaillées, les retraits en hauteur affectent directement la
mesure de flèche. Les mesures sont donc corrigées par :

Uc,corrigee (t) = Uc,mesuree (t) − 0, 5 × RG(t) (6.3)

où Uc,mesuree est la mesure de flèche centrale, RG est la mesure de variation de hauteur


par la méthode de suivi de marqueurs (négative en cas de retrait et positive en cas de
gonflement), interpolée linéairement entre chaque mesure périodique sur marqueurs. Ensuite,
la flèche instantanée Uc10min n’est provoquée que par le chargement initial appliqué, c’est-à-
dire la masse du bloc béton avant le premier incrément de charge, alors que la flèche différée
est également provoquée par le poids propre de la poutre et les incréments de charge, un
paramètre q est alors défini tel que :
minitiale
q(t) = (6.4)
minitiale + mincrement (t) + mpoutre

où minitiale fait référence aux masses initiales du tableau 5.1. Les variations de masse de la
poutre lors du séchage sont négligées devant les incréments de charge. Une flèche relative
peut finalement être définie par :

Uc,corrigee (t) − Uc10min


Uc,rel (t) = q(t) (6.5)
Uc10min

La flèche relative est indépendante du module élastique E puisque celui-ci s’élimine dans le
rapport de flèche différée sur flèche instantanée, et indépendante des incréments de charge
qui sont compensés par le facteur q. En réalité, avec l’approche de l’Eurocode 5 qui considère
Uc,corrigee = Uc10min (1 + Kdef ), la flèche relative est équivalente au Kdef . Les évolutions des
Uc,rel sont représentées en figure 6.6.
La couleur choisie pour chacune des courbes dépend de l’emplacement de la poutre dans le
banc de fluage, figure 5.9. Les poutres S04 et S07 ont cassé instantanément (vague 1) et la
poutre S19 au bout de deux heures (vague 3), elles ne sont donc pas sur la figure 6.6(a),(c).
Par ailleurs, la poutre S09 (vague 2) a cassé au bout de quatre jours. Elle est donc presque
invisible en figure 6.6(b). À l’inverse, les poutres S21 (vague 1) et S26 (vague 2) n’ont pas
cassé au bout de six mois et ont été déchargées pour passer à la vague suivante.
Il peut être constaté qu’à 60 jours après chargement, les vagues 1 et 3 présentent déjà des
poutres ayant une flèche relative supérieure à 1,6 et 2,2 respectivement, alors que pour la
vague 2 elles sont toutes inférieures à 1. Les vagues 1 et 3 étant des vagues estivales le fluage
a certainement été accéléré. Il peut également être observé que pour ces vagues estivales
les positionnements des poutres 1, 3 et 4 sont ceux qui provoquent le plus de fluage. En
l’occurrence ces trois positionnements sont ceux les plus exposées au rayonnement solaire, ce
qui implique des chocs thermo-hydriques encore plus importants.

130
Figure 6.6 – Évolution de la flèche relative en fonction du temps : (a) vague 1, (b) vague 2, (c)
vague 3. Si la flèche redescend à 0 la poutre a rompu, sinon c’est que la poutre a été déchargée et
l’essai arrêté (poutre 6 vague 1 et vague 2).

131
Au bout de six mois, Uc,rel n’a jamais atteint 3 comme le suggère l’Eurocode 5 pour le
Kdef en classe de service 3 avec un bois initialement vert. C’est évidement un facteur de
surdimensionnement. En comparaison, les travaux de Pambou Nziengui (2019) sur les poutres
de sapin pectiné chargées en fluage en extérieur montrent une flèche relative qui ne dépasse
jamais 2 au bout de deux ans. En figure 6.6 les poutres S14 (vague 1) et S06 (vague 2)
ont déjà atteint 1,7 en moins de six mois et la poutre S29 (vague 3) a dépassé 2 au bout
de 34 jours. Au moins deux différences peuvent expliquer cet écart : (i) la réponse mécano-
sorptive au chargement est non linéaire au dessus de 20% de la charge à rupture (Hearmon
et Paton, 1964), or le poids appliqué sur les essais présentés ici est incrémental et dépasse
celui qu’appliquait Pambou Nziengui (2019) ; (ii) les poutres de Pambou Nziengui (2019) ont
été chargées sèches alors que S14, S06 ou S29 l’ont été au dessus du PSF. La TE initiale
peut avoir augmenté le fluage. De même, les essais de fluage en classe de service 2 (bâtiment
abrité) de Varnier (2019) sur du douglas et des feuillus chargés à environ 300 kg n’ont jamais
montré de flèche relative supérieure à 1 pendant un an. En comparaison avec les résultats de
cette étude en classe de service 3, la flèche relative est parfois deux fois plus grande.

Figure 6.7 – Évolution des TE estimées et de la TEE calculée par l’abaque de l’annexe française
de l’Eurocode 5 en fonction du temps : (a) vague 1, (b) vague 2, (c) vague 3.

En figure 6.7 sont représentées les évolutions de TE estimées au cours des essais de fluage,
pour les trois vagues.
La TE n’était pas mesurée mais elle a pu être estimée à partir des mesures de RG. Nguyen
(2016) a rapporté des propriétés du sapin pectiné issues de la littérature, notamment les
coefficients de retrait tangentiel et radial : αt = 0, 37 et αr = 0, 19 respectivement. En

132
considérant que pour un débit sur dosse le retrait en hauteur moyen est (2/3) tangentiel et
(1/3) radial, sur faux quartier (1/2) tangentiel et (1/2) radial et à coeur (1/3) tangentiel et
(2/3) radial, les coefficients de retrait en hauteur peuvent être estimés à :
• débit sur dosse : αH = 0, 325 ;
• débit sur faux quartier : αH = 0,28 ;
• débit à coeur : αH = 0, 235.
La TE peut alors être calculée par :

RG(t)
w(t) = winitiale + (6.6)
Hinitiale αH
où w représente la teneur en eau TE.
La teneur en eau d’équilibre imposée par l’environnement est également représentée en fi-
gure 6.7 sous le terme "TEE EC5". Cette TEE (pour Teneur en Eau d’Équilibre) est calculée
par l’abaque de l’annexe française de l’Eurocode 5 (AFNOR, 2004), prenant comme para-
mètre d’entrée la température et l’humidité relative mesurées par la station météo.
Il peut être constaté que certaines poutres ne semblent pas atteindre un équilibre hygrosco-
pique conforme à ce qu’impose l’environnement au bout de 160 jours : S14 et S12 (vague 1) ;
S05, S06 et S26 (vague 2) ; S24 (vague 3). Le plus probable est que la masse anhydre et donc
la TE estimée soit fausse. En effet, l’allure des courbes est cohérente mais semble décalée
sur l’axe des ordonnées, comme si la TE initiale était fausse. La masse anhydre est estimée
à partir de l’infradensité et du volume vert lors de la réception du lot de poutres. Or une
poutre apparemment au dessus du PSF peut en réalité être sèche en périphérie et humide au
centre, surtout s’il y a présence de poches d’eau. Dans ce cas, le volume n’est pas celui d’une
poutre totalement saturée et la valeur du volume du bois vert est fausse.

6.2.2 Calcul de complaisance et trajectoires mécano-sorptives


L’équation (5.11) permet de calculer la complaisance J à chaque instant des essais de fluage
à partir de Uc,corrigee . Cette équation prend également en compte l’entaille par la fonction
f (β0 ) et les contraintes de cisaillement. En supposant qu’une propagation de fissure n’est
autre qu’une prolongation de l’entaille, c’est à dire que la fissure reste rectiligne et à mi-
hauteur, le facteur d’entaille β0 devient un facteur de fissure β tel que :

2(Lent + LF )
β(LF ) = (6.7)
L
La fonction f (β) peut alors être calculée à chaque instant, étant dépendante de la longueur de
fissure LF . L’évolution de LF est supposée être par palier, donc aucune interpolation linéaire
entre les points de mesure n’est effectuée. La valeur de LF est considérée comme étant égale
à la valeur précédente tant qu’aucune propagation n’est visible. Pour ces essais de fluage,
c’est la longueur de fissure moyenne des quatre lieux où elle est mesurée (deux côtés et deux

133
faces) qui est calculée. Cette opération permet de calculer une complaisance relative qui, en
théorie, élimine l’effet de la fissuration :
J(LF , t) − Jinstantanee
Jrel (LF , t) = (6.8)
Jinstantanee
où J(LF , t) est calculée par l’équation (5.11) et Jinstantanee est la complaisance issue de la
flèche centrale instantanée Uc10min . Le facteur q utilisé pour le calcul de la flèche relative n’est
plus nécessaire puisque la complaisance est indépendante du chargement appliqué.
Les évolutions des complaisances relatives sont représentées en figure 6.8 pour les trois vagues
d’essais de fluage. Ces évolutions sont représentées en fonction du logarithme (base 10) de la
durée en heures. Le fluage étant un phénomène de migration progressive d’un état vers un
autre, il est adapté de représenter cette évolution en fonction du logarithme du temps.

Figure 6.8 – Evolution des complaisances relatives en fonction du log(t) : (a) vague 1, (b) vague
2 et (c) vague 3.

Certains incréments de charge sont observés sur la figure 6.8 par des micro-chutes de la
complaisance relative. En effet, lors d’un incrément de charge, la composante différée s’écrase
un peu plus devant la composante instantanée.
En dehors de ces anomalies, les complaisances relatives présentent toute une évolution en
double pente, figure 6.9. Ce passage d’une pente à l’autre ne se fait pas toujours à la même
durée : par exemple à log(t) = 2, 65 (soit dix-huit jours) pour S25 mais à log(t) = 1, 45 (soit
trente heures) pour S03. Dans tous les cas, ce passage se fait avant l’ajout d’un incrément

134
de charge, qui n’en est donc pas la cause. En l’occurrence, ce sont les poutres exposées au
soleil pendant une vague estivale qui semblent passer à la seconde pente plus rapidement.
Cette formulation en double pente a déjà été décrite par Van der Put (1989), qui la définit
comme étant une évolution naturelle du comportement différé d’un polymère thermoplas-
tique. Hunt (2004) a identifié le passage d’une pente à l’autre aux alentours de vingt-quatre
heures pour un fluage en environnement constant. C’est moins que ce qui est identifié ici
malgré l’environnement variable.

Figure 6.9 – Évolution du fluage relatif en double pente en fonction du logarithme de la durée :
(a) S25 vague 2 changement de pente à log(t) = 2, 65, (b) S03 vague 1 changement de pente à
log(t) = 1, 45.

À partir de la TE calculée par l’équation (6.6), il est possible de tracer la complaisance


en fonction de la TE. Cette représentation correspond à une trajectoire mécano-sorptive
(Hunt, 1984), figure 6.10. Les poutres S05 et S24 représentées sur ce graphique subissent
respectivement une faible réhumidification et un faible séchage. Sur les poutres ayant perdues
jusqu’à 15% de TE les différentes phases de séchage ou d’humification sont invisibles sur les
trajectoires. Il est intéressant de constater que les mêmes phases listées par Hunt (1984) sont
identifiables sur ces trajectoires : des désorptions (-), des adsorptions (+) et des adsorptions
au delà du seuil précédent (++). Les phases (++) ont effectivement des pentes supérieures à
celles des phases (+). Comme mentionné précédemment, les incréments de charges diminuent
subitement la complaisance et expliquent les sauts entourés en rouge. La poutre S05 en
figure 6.10(a) semble même atteindre un "seuil" mécano-sorptif indiquant un pseudo-fluage
de pente négative, conforme à ce qu’observait Hunt (1986). Les trajectoires mécano-sorptives
et les évolutions de fluage en double pente pour toutes les poutres chargées sont en annexe F.

135
Figure 6.10 – Trajectoire mécano-sorptive de : (a) S05 vague 2, (b) S24 vague 3. Les incréments
de charge sont indiqués en rouge, certaines désorptions (-) en vert, les adsorptions (+) en orange et
adsorptions au dessus du seuil précédent (++) en noir.

Enfin, la figure 6.11 présente les complaisances relatives maximales atteintes en fonction de
la TE initiale des essais. La complaisance relative maximale atteinte semble proportionnelle
à la TE initiale bien qu’avec une mauvaise corrélation. Les poutres exposées au soleil sont
encadrées en rouge. Parmi celles ayant atteint les complaisances relatives les plus élevées, la
majorité étaient exposées au soleil et chargées pendant l’été. Ces observations justifient le
choix de prendre un paramètre Kdef plus élevé pour une classe de service 3, mais viennent
nuancer l’importance de la TE initiale des poutres. En effet, en supposant que les TE initiales
au dessus de 30% n’ont pas plus d’effet que celle égale à 30%, c’est à dire en plaçant tous
les points au maximum à 30% sur l’axe des abscisses, la corrélation se détériore davantage.
En effet, l’effet mécano-sorptif se manifeste principalement dans le domaine hygroscopique
puisque des variations dimensionnelles sont nécessaires à son activation. À l’inverse les poutres
exposées au soleil ont significativement plus de complaisance relative, figure 6.8 et 6.11.

136
Figure 6.11 – Complaisance relative maximale atteinte en fonction de la TE initiale des poutres.
Points encadrés en rouge : poutre exposée au rayonnement solaire.

Conclusions sur les réponses mécaniques des essais


Les modules élastiques E ont pu être calculés à partir des résultats instantanés des essais. La
différence avec les modules dynamiques mesurés par la méthode BING E d est conséquente
mais explicable, principalement par le fait que les poutres sont entaillées pour les essais
statiques. En revanche, les différences entre les rapports (E/G) mesurés en dynamique et
en statique sont considérables, le calcul de ce rapport étant trop sensible aux variations de
mesure.
Les résultats de résistance à la rupture ont présenté une grande hétérogénéité : de 3,6 à 11 kN.
En l’occurrence la force maximale atteinte semble linéairement décroissante avec l’infradensité
et indépendante de la TE de l’essai. La décroissance avec l’infradensité est surprenante mais
peut s’expliquer par le fait que le bois est trop homogène et permet à la fissure de se propager
aisément. Cette hypothèse va être vérifiée dans le chapitre suivant.
Les résultats des essais de fluage ont d’abord été illustrés avec l’évolution de la flèche relative,
qui est équivalente au Kdef . Cette flèche relative n’atteint jamais le Kdef = 3 proposé par
l’Eurocode 5 dans cette situation, suggérant que les normes de calcul imposent un surdimen-
sionnement excessif pour les bois de haute teneur en eau.
L’évolution de la TE des poutres au cours des essais a pu être estimée grâce aux mesures
de RG, en faisant des hypothèses sur le calcul du coefficient de retrait. Les valeurs ne sont
donc qu’indicatives. Globalement, les TE estimées illustrent le séchage des poutres mais
montrent que certaines valeurs de TE initiale sont fausses. Cela est probablement dû au fait
que certaines poutres n’étaient pas à l’état vert à la réception, faussant la mesure du volume

137
vert.
Les complaisances relatives ont été calculées en s’affranchissant des propagations de fissure.
Elles sont plus faibles sur la vague hivernale (vague 2) que sur les deux autres. Dans tous les
cas, leur évolution suit une double évolution linéaire, dans laquelle le changement de pente est
atteint entre trente heures et dix jours. Le rayonnement solaire semble accélérer et intensifier
ce changement de pente.
Grâce aux estimations de TE, des trajectoires mécano-sorptives ont pu être tracées. Elles
sont cohérentes par rapport à ce qui est observé dans la littérature et représentent bien un
effet mécano-sorptif.
Enfin, les résultats suggèrent une tendance à l’augmentation du fluage pour un bois initiale-
ment vert. La comparaison avec les essais de Pambou Nziengui (2019) et les complaisances
relatives maximales atteintes en fonction de la TE confirment que le bois vert a tendance à
fluer plus rapidement que le bois sec, mais c’est à mettre en regard avec d’autres facteurs
comme l’exposition au soleil et les potentielles erreurs sur l’estimation de la TE initiale.
Le prochain chapitre présente le comportement à la rupture des poutres entaillées.

138
Chapitre 7

Fissuration des poutres entaillées

7.1 Comportement théorique du bois à la rupture


7.1.1 Mécanique de la rupture du bois
Une fissure peut se propager selon trois modes distincts appelés modes de rupture, figure 7.1.
Le mode I est le mode d’ouverture tandis que les deux autres sont des modes de cisaillement.
La plupart du temps, une fissure est en réalité une mixité de ces modes, au moins de deux
d’entre eux. De plus, le bois est un matériau orthotrope et six plans de propagation se
dessinent, figure 7.2.

Figure 7.1 – Représentation des trois modes de rupture.

Les trois modes de rupture peuvent se manifester dans ces six plans. Le cas d’une PE en
débit sur dosse soumise à de la flexion correspond à une fissure en mode mixte I et II dans
le plan TL (tangentiel-longitudinal). En effet, les travaux de Sorin et al. (2016); Sorin (2018)
montrent que les PE en flexion sont soumises à du mode mixte, le mode II étant provoqué
par l’effort tranchant.

139
Figure 7.2 – Six plans principaux de propagation de fissure dans le bois (Phan, 2016).

Par ailleurs, la fissure se propage différemment selon que le matériau est fragile ou ductile.
Un matériau fragile fissure brutalement, le faciès de rupture est net, le verre étant l’exemple
typique. Un matériau ductile va plastifier et de grandes déformations s’opèrent avant la
rupture, c’est par exemple le cas de l’acier. Cette propriété est fortement dépendante de
la température : on parle de température de transition fragile-ductile quand un matériau
cristallin passe de fragile à ductile au delà d’une certaine température.
Dans tous les cas, une propagation de fissure en un lieu donné est précédée du développement
d’une zone d’élaboration, appelée Fracture Process Zone (FPZ). La FPZ est une zone d’en-
dommagement irréversible du matériau. Sa taille est négligeable pour des matériaux fragiles,
mais très grande pour des matériaux ductiles. C’est en réalité cette zone de plastification qui
définit si un matériau est ductile ou fragile. Le bois est considéré comme étant un matériau
quasi-fragile (Morel et al., 2005), c’est-à-dire que la taille de sa FPZ est non négligeable mais
qu’il est globalement fragile. En effet, les résultats présentés dans la figure 6.2 suggèrent un
comportement fragile, mais la littérature montre qu’il existe bien une zone d’élaboration en
pointe de fissure (Phan, 2016; Sorin, 2018).
Un problème de mécanique de la rupture fragile se résout par les outils de la Mécanique
Linéaire Élastique de la Rupture (MLER). Pour un matériau quasi-fragile, c’est la MLER
équivalente (MLEReq) qui est utilisée. La MLEReq utilise les mêmes outils que la MLER
mais considère que la FPZ est équivalente à une propagation de fissure, figure 7.3. En effet de
même qu’une propagation de fissure, le développement d’une FPZ augmente la complaisance
d’un échantillon par l’endommagement et a un effet mécanique équivalent.

140
Figure 7.3 – Représentation du comportement d’un matériau quasi-fragile et équivalence avec un
matériau fragile. G : taux de restitution d’énergie (indice c pour critique) ; LF longueur de fissure.

Un problème de MLER se résout soit par une approche globale, en établissant le bilan éner-
gétique d’une propagation de fissure (Griffith et Taylor, 1921), soit par une approche locale
en analysant l’état mécanique aux alentours de la fissure. C’est l’approche globale qui est
privilégiée dans ce travail. Cette approche a largement fait ses preuves sur les matériaux
fragiles.
Le bilan énergétique d’une PE chargée en fluage qui subit une propagation de fissure de
longueur ∆LF s’écrit :

∆Wext = ∆Welas + ∆WS + ∆Wvisco + ∆Ec (7.1)

où Wext est le travail des efforts extérieurs, Welas est l’énergie élastique emmagasinée, WS
est l’énergie dépensée pour agrandir la surface lors de la propagation de fissure, Wvisco est
l’énergie dissipée par les propriétés visqueuses du bois, Ec est l’énergie cinétique de la pointe
de fissure, et où ∆ indique la variation de ces grandeurs durant la propagation ∆LF . Ils
peuvent être écrits en taux de variation d’énergie : Gw = ∂Wext /∂LF , Ge = ∂Welas /∂LF ,
GS = ∂WS /∂LF , Gvisco = ∂Wvisco /∂LF . Ce qui donne l’équation :

∆Ec
Gw − Ge = Gvisco + GS + (7.2)
∆LF
Le terme de gauche peut être interprété comme l’énergie qui alimente la propagation de
fissure, alors que le terme de droite est l’énergie nécessaire à cette propagation (GS représente
l’énergie nécessaire à la création de deux surfaces et Gvisco l’énergie dissipée). Soit Gv =
Gw − Ge et GC = Gvisco + GS . La fissure se propage alors si Gv ≥ GC , où GC est le taux de

141
restitution d’énergie critique :
 Gv < GC fissure fixe

Gv = GC propagation de la fissure (7.3)


Gv > GC propagation de la fissure et le surplus d’énergie est ∆Ec /∆LF

GC est donc la propriété physique qui caractérise une rupture fragile. Il s’apparente à la
ténacité, bien que cette propriété soit plutôt adaptée à l’approche locale et aux facteurs
d’intensité des contraintes. Dans le cas d’un matériau quasi-fragile, le critère de rupture est
donné par une courbe de résistance qui est fonction de la longueur de fissure équivalente,
appelé courbe-R, figure 7.3. La partie croissante de la courbe représente le développement de
la FPZ et une fois le GC atteint, la fissure se propage. Les courbes-R sont donc utiles pour le
dimensionnement d’éléments de structure d’un matériau quasi-fragile et pour déterminer la
taille de la FPZ. Cette approche suppose qu’une propagation de fissure n’est qu’une balance
énergétique qui cherche à maximiser ses gains. À l’instar de l’électricité qui cherche le plus
court chemin, une fissure cherche le chemin le moins cher énergétiquement. La plupart du
temps, une fissure cherchera donc à se propager dans le sens du fil, en séparant les fibres au
niveau de la lamelle moyenne et dans une zone de faible densité. Si un noeud se trouve sur sa
trajectoire, elle le contournera plutôt que passer au travers ce qui nécessiterait plus d’énergie.
C’est toujours une compétition énergétique qui a lieu entre les différents chemins possibles.
un chemin qui traverse un noeud perdra la compétition face à un chemin contournant le
noeud, même si ce dernier est plus long.
Il est important de préciser que le dimensionnement proposé par l’Eurocode 5 par le Kv et
présenté dans le chapitre précédent suppose que le bois soit un matériau fragile et soumis
à du mode I pur. Cette hypothèse est donc doublement discutable : une FPZ se développe
dans le bois qui est donc quasi-fragile et une PE est en réalité soumise à du mode mixte.
Enfin, les propriétés de rupture du bois sont dépendantes de nombreux paramètres : la densité
du bois, la TE, la température, les défauts, la vitesse de déformation ou encore le vieillissement
(Phan, 2016). Les noeuds peuvent, par exemple, augmenter ou diminuer la résistance à la
fissuration du bois selon leur nombre et leur position (Conrad et al., 2003). Également,
une forte TE a tendance à augmenter la taille de la FPZ et rendre le matériau d’autant
plus ductile, en plus de diminuer le GC . De plus, le fluage du bois vert atteint des niveaux de
déformation plus élevés que pour du bois sec, donc l’énergie élastique accumulée est également
plus élevée et la rupture plus rapide (Phan, 2016). Le GC dépend aussi de la vitesse de
déformation, il est plus élevé si la déformation est plus rapide. Par conséquent, le taux de
restitution d’énergie critique en fluage est plus faible que pour les essais en déplacement
imposé. Ces remarques, non exhaustives, sont utiles pour comprendre les résultats obtenus
et montrent la complexité de la mécanique de la rupture dans le cas d’une PE en bois vert,
en conditions d’emploi et soumise à de la flexion 4-points en extérieur abrité.

7.1.2 Calcul analytique de la longueur de fissure


La propagation d’une fissure peut être visualisée géométriquement dans le cadre de la RDM.
Pour cela, il est supposé que la fissure est rectiligne à mi-hauteur en plus des hypothèses

142
montrées en début de cette partie. Cela implique qu’il n’ y ait pas de noeud dans sa trajectoire.
La figure 7.4 schématise la propagation d’une telle fissure dans une poutre entaillée en flexion
4-points. Le repère utilisé a comme origine la pointe de fissure et suit la rotation de la poutre.

Figure 7.4 – Schéma d’une propagation de fissure idéale dans une poutre entaillée en flexion
4-points.

Le moment fléchissant dans la zone de l’entaille vaut :


F
Mz (x) = (LF + Lent − x) (7.4)
2
Soit I2 = Iz = (eH 3 )/12. D’après l’équation (5.6), il vient :

dU 4F x F x2 2F
= (LF + Lent ) − ; U (x) = ([LF + Lent ]x2 − x3 /3) (7.5)
dx EI2 4 E.I2
La mesure d’ouverture vaut dans ce cas :
 
2F LF + d
U (LF + d) = OF = 2
(LF + d) LF + Lent − (7.6)
E.I2 3

Ceci peut se mettre sous la forme :

a1 L3F + a2 L2F + a3 LF + a4 = 0 (7.7)

où a1 = (2/3) ; a2 = Lent + d ; a3 = 2Lent d et a4 = d2 Lent − d3 /3 − (OF EI2 )/(2F ).


Cette équation peut être écrite sous la forme d’une fonction :

f (LF ) = a1 L3F + a2 L2F + a3 LF + a4 (7.8)

Cette fonction n’est valable que pour LF ∈ ]0, L/3]. Rechercher les racines de cette fonction
revient à rechercher la longueur de fissure qu’impose une certaine ouverture de fissure à une
certaine force, selon des considérations purement géométriques et basées sur les hypothèses
de la RDM.

143
Les racines de la fonction (7.8) peuvent être trouvées par la méthode de Newton-Raphson
puisqu’elle est dérivable et sa dérivée ne s’annule pas (monotonie de la fonction). Une solution
exacte pourrait être trouvée mais la réalité s’éloigne parfois des hypothèses de ce modèle. Par
exemple, si la fissure n’est pas rectiligne la solution analytique peut-être aberrante et une
méthode numérique d’approximation de la solution est moins risquée. Cette fonction peut
alors être appliquée aux essais de flexion dans lesquelles la force et l’ouverture de fissure sont
connues.

7.2 Résultats des mesures de fissuration


7.2.1 Ouverture de fissure en fonction de la flèche centrale
La figure 7.6(a) présente les résultats de OF moyenne en fonction de la flèche centrale Uc pour
les essais en déplacement imposé. Sur ces essais, l’OF est mesurée automatiquement par des
capteurs LDT. Il peut d’abord être observé que sur chaque poutre, sauf S27, des sauts sont
observables malgré une fréquence de mesure à 10 Hz. Cette observation illustre le caractère
incrémental d’une propagation de fissure : les fissures se propagent bien de façon brusque.
Toutefois, l’OF croît aussi linéairement avec Uc , notamment au début de l’essai, figure 7.6(b).
Une croissance aussi linéaire est simplement due à l’évolution de la courbure, mais pas à une
réelle ouverture de fissure. En effet, le capteur LDT est associé au repère de l’entaille alors
que le point de mesure est décalé d’une distance d de l’entaille (figure 7.4). Ainsi, le capteur
mesure bien une variation linéaire de longueur lorsque la poutre se courbe, même si la fissure
ne s’est pas propagée, figure 7.5.

Figure 7.5 – Schéma explicatif d’une augmentation d’OF lorsque la poutre se courbe, même sans
propagation de fissure.

Cependant, les poutres S11, S16 et S17 présentent une évolution linéaire puis exponentielle des
valeurs de OF en fonction de Uc , toujours sans saut de mesure (figure 7.6). Cette observation
peut être une réelle augmentation de OF sans propagation apparente de LF , c’est ce que
Pambou Nziengui (2019) appelle "l’augmentation de OF jusqu’à une valeur seuil". C’est
potentiellement le développement de la FPZ qui caractérise la quasi-fragilité du bois. La
FPZ endommagerait localement le bois, ce qui augmente la mesure de OF jusqu’à ce que la
FPZ atteigne sa taille critique permettant à la fissure de se propager.

144
Par ailleurs, les capteurs LDT utilisés pour ces mesures n’avaient qu’une étendue de 10 mm
et n’ont donc pas permis de mesurer des OF au delà de cette distance.

Figure 7.6 – Ouverture de fissure moyenne (OF) en fonction de la flèche centrale Uc sur les essais
en déplacement imposé : (a) intégralité des mesures et observation des augmentations brusques de
longueur de fissure (LF ), (b) focalisation sur les mesures de 0 à 1 mm de OF et observation des
évolutions linéaires ou exponentielles, illustrant le développement de la zone d’élaboration (FPZ).

La figure 7.7 présente l’évolution des OF moyennes des essais de fluage pour les vagues
1, 2 et 3. OF est mesuré avec la méthode de suivi de marqueurs et n’évolue pas avec la
courbure. En effet, c’est bien une distance relative entre deux marqueurs qui est mesurée,
donc directement OF . Les mesures sont néanmoins beaucoup moins fréquentes qu’avec les
capteurs LDT, apportant moins de finesse dans les résultats. Les mesures des vagues 2 et
3 sont corrigées des retraits-gonflements RG. Pour cela, les côtés des poutres apparemment
non fissurées sont utilisés pour établir une corrélation entre les mesures de OF et de RG. En
l’absence de propagation de fissure, la mesure de OF est équivalente à une mesure de RG au
niveau de l’entaille, en mettant de côté les effets de seuil expliqués ci-dessus. La figure 7.8
présente la corrélation pour un des côtés de la poutre S22 vague 3. Les retraits-gonflements
étant proportionnels à la longueur initiale, les mesures sont exprimées en pourcentage de
cette valeur initiale afin de les rendre comparables. D’une façon générale, les pentes des
droites de corrélation oscillent entre 0,7 et 1,3. Les corrélations sont parfois mauvaises (R2 <
0, 5), probablement dues à la progression d’une zone d’élaboration qui augmente OF non
linéairement avec RG, dans ce cas elles ne sont pas considérées. La moyenne des pentes
pondérée au R2 vaut 0,97 pour la vague 2 et 1,01 pour la vague 3. Les résultats pour la vague
1 sont trop bruités et donc aucune correction n’est appliquée. Il est rassurant d’observer que la
moyenne de cette pente est proche de 1, bien que les mesures de OF puissent être davantage
affectées que les mesures de RG par la diffusion longitudinale au niveau de l’entaille. Les
mesures de OF sont finalement corrigées par :
RG
OF,corrige = OF,mesure − pente × OF,ini × (7.9)
RGini

145
où pente représente la moyenne pondérée des pentes de corrélation entre RG et OF (si
R2 > 0, 5) sur les poutres non fissurées ; OF,ini et RGini représentent les distances initiales
entre les marqueurs utilisés pour ces mesures respectives.
On constate que les valeurs maximales avant la rupture totale n’atteignent pas les OF me-
surées pendants les essais en déplacement imposé, sauf S29 qui est montée à OF = 7, 1 mm.
Même en s’affranchissant de l’augmentation de OF à cause de la courbure pour les essais en
déplacement imposé, les sauts de OF sont plus importants que pour les essais de fluage. En
déplacement imposé, la force est libre est de diminuer, donc la propagation de fissure est plus
stable qu’en fluage où la force est maintenue. En conséquence, les propagations de fissures en
fluage sont davantage brutales impliquant la ruine d’une poutre pour une plus faible longueur
de fissure, donc une plus faible ouverture de fissure.

Figure 7.7 – Évolution des ouvertures de fissure OF en fonction de la flèche centrale Uc : (a)
vague 1, (b) vague 2, (c) vague 3.

146
Figure 7.8 – Corrélation entre l’ouverture de fissure OF dans les zones non fissurées et le retrait-
gonflement RG, tous deux rapportés à leur valeur initiale.

7.2.2 Application du modèle analytique et estimation de la flèche


engendrée par la fissuration
Une comparaison entre des mesures expérimentales de LF et la solution de l’équation (7.7)
est montrée en figure 7.9. Dans le cas des essais de fluage, c’est l’inverse de la complaisance
calculée à chaque instant par l’équation (5.11) qui est utilisé à la place du module élastique
E. Les incréments de charge et les retraits de hauteur sont donc également pris en compte.
Des poutres ayant des fissures rectilignes à mi-hauteur et avec le plus d’état de propagation
observé ont été choisies pour la comparaison. L’équation (7.7) suppose que la longueur de
fissure ne fait qu’augmenter avec l’ouverture de fissure. En effet, de même que les évolutions
linéaires observées en figure 7.6(b), le terme a4 de l’équation (7.7) contient OF /F , ce qui est
équivalent à la pente de ces évolutions linéaires. Mais en réalité, des évolutions exponentielles
ont également été observées en figure 7.6(b), suggérant que OF peut augmenter sans que LF
augmente. Cette équation ne prend pas en compte cet effet d’endommagement mais l’OF
utilisée comme paramètre d’entrée le subit bel et bien. En un sens l’équation (7.7) calcule
ce qui pourrait être assimilé à la longueur de fissure équivalente évoquée en mécanique de
la rupture quasi-fragile. Les résultats expérimentaux concernent des observations à l’oeil
d’une pointe de fissure. Il est donc cohérent d’avoir un écart par morceaux entre la solution
analytique et l’expérimental. Compte tenu de cette remarque, la comparaison en figure 7.9(c)
est intéressante. La comparaison en figure 7.9(d) est moins satisfaisante mais la tendance y est
la même, une propagation logarithmique de la longueur de fissure en fonction de l’ouverture.

147
Figure 7.9 – Comparaison des résultats expérimentaux avec la solution de l’équation (7.7) : (a)
photo de la poutre S05 (vague 2) face 1 à droite, (b) photo de la poutre S29 (vague 3) face 1 à
gauche, (c) résultats sur S05 et (d) sur S29.

148
Enfin, il est possible de soustraire à la flèche totale celle qui est calculée par la complaisance
issue de l’équation (5.11), comme si la poutre était intacte. Cette flèche fictive se calcule donc
ainsi :
Uf ictive = J(β).A.F (t).f (β0 ) (7.10)
Le terme J(β) prend en compte les propagations de fissure et A.F (t).f (β0 ) va éliminer tout
ce qui ne vient pas d’une fissure. Ainsi, une "flèche de fissure", c’est-à-dire la flèche centrale
uniquement provoquée par une propagation de fissure, peut être calculée par :

Uf issure = Uc,corrigee − Uf ictive (7.11)

L’évolution de Uf issure est présentée en figure 7.10 pour les poutres S03 (vague 1) et S05
(vague 2). L’évolution de S03 en figure 7.10(a) est représentative de ce qu’a subi la majorité
des poutres, une flèche de fissure inférieure à 1 mm tout au long des essais. Néanmoins les
poutres ayant le plus flué et fissuré, comme S05 ou S29, présentent des flèches de fissure qui
montent jusque 4 mm, figure 7.10(b). Ces flèches de fissure sont directement issues de la perte
de module élastique lors d’une propagation. Pour le bois, des augmentations de flèche centrale
de 1 et 4 mm sont équivalentes à une diminution d’environ respectivement 1 et 3,3 GPa de
module élastique. Bien entendu, cette variation dépend aussi des dimensions et de la valeur
initiale du module élastique, ces valeurs ne sont alors qu’indicatives.

Figure 7.10 – Évolutions des flèches de fissure Uf issure en fonction de la durée des essais : (a)
S03 vague 1 et (b) S05 vague 2.

149
7.3 Observations des faciès de rupture
Dans le but de vérifier que la décroissance linéaire entre Fmax et ρID est expliquée par les
défauts macroscopiques, des inspections à posteriori des poutres cassées ont été réalisées. Les
noeuds, fentes initiales, état de surface et pentes de fil sont observés.
Il est intéressant de constater que les poutres ayant atteint les forces Fmax les plus élevées ont
soit un noeud placé au niveau des entailles, soit un profil de fissure oblique, figure 7.11(a),(b)
et 7.12(c). C’est par exemple le cas de la poutre S11, dont Fmax = 11 kN, figure 7.11(b). Des
fentes de libération de contraintes de croissance ont probablement été le siège de l’initiation
de fissure et ont poussé à propager une fissure en V. Une fissure en V demande de séparer
une plus grande surface. Elle est donc plus énergivore. C’est également le cas de S06, chargée
en fluage vague 2 pendant 150 jours et avec une charge à rupture appliquée de 5,5 kN,
figue 7.11(a),(c). Dans ce cas la fissure a commencé à se propager d’un côté mais avec une
trajectoire descendante. Puis, lorsque la contrainte est devenue suffisamment importante,
elle a brusquement rompu du côté contenant un noeud précisément dans le coin de l’entaille.
L’amorçe de fissure s’est alors faite sous le noeud et la trajectoire était montante. Il est
d’ailleurs intéressant de constater le profil en dent de scie de la fissure initiée sous l’entaille.
On peut y voir des alternances de propagation dans le bois initial (moins dense) puis dès
qu’un rayon ligneux est atteint, la fissure passe par ce rayon jusqu’à une nouvelle zone de bois
initial. Ce type de trajectoire correspond aux observations de Bigorgne (2011) sur les fissures
transverses. Enfin, c’est aussi le cas de la poutre S05, qui a été chargée en fluage vague 2
pendant 150 jours et jusque 5,5 kN, figure 7.12(b). Elle a également commencé à fissurer du
côté exempt de noeud mais avec une trajectoire descendante, jusqu’à ce que, brusquement
une fissure se propage de l’autre côté sans signe avant coureur et malgré qu’un noeud soit
présent, mais cette fois avec une trajectoire montante.

150
Figure 7.11 – Observation macroscopique des faciès de rupture : (a) fissure descendante et amorçe
sous l’entaille pour la poutre S06 (vague 2), (b) fissure en V pour la poutre S11 (essai en déplacement
imposé), (c) zoom de la fissure de S06 pour une observation du profil.

151
Figure 7.12 – Observation macroscopique des faciès de rupture : (a) fissure montant sur S14
(vague 1), (b) fissure déviée par un noeud sur S05 (vague 2), (c) fissure oblique sur S12 (vague 1).

152
À l’inverse, les poutres les moins résistantes ne présentent généralement pas de noeud dans
la trajectoire de la fissure. C’est par exemple le cas de S16, dont E d = 16 GPa mais qui a
cassé à seulement Fmax = 3, 6 kN. C’est une poutre sans noeud et avec un fil droit mais qui
finalement s’avère médiocre en résistance à la fissuration. C’est aussi le cas de S04 et S07, qui
ont cassé avant l’application totale du chargement de la vague 1 mais dont E d = 12, 3 GPa
et E d = 9, 8 GPa, respectivement. Elles ne présentent pas de noeud dans la trajectoire de la
fissure.
Évidemment, les observations macroscopiques n’expliquent pas à elles seules les résultats de
force Fmax obtenus. Par exemple, la poutre S14 a été chargée pendant 148 jours en fluage
vague 1 et a atteint une charge de 5 kN alors qu’elle est exempte de noeud, figure 7.12(a). De
même, la poutre S18 n’a tenu que dix jours en fluage pour une charge de 3,3 kN, alors que la
fissure a débuté sous l’entaille et que quelques noeuds étaient présents sur la trajectoire. Ces
deux contre exemples viennent nuancer toutes conclusions hâtives, mais la tendance est que
les noeuds sur la trajectoire de fissure renforcent la poutre, de même que les profils obliques.
Enfin, quelques observations méritent d’être faites :
• dans le cas où deux fissures préexistent, il peut être plus facile de fusionner ces deux
fissures par une propagation totalement transverse, donc en coupant les trachéides,
plutôt que continuer à propager longitudinalement. C’est le cas des poutres S09 et S27,
dont deux fissures horizontales sont reliées par une fissure verticale, figure 7.13 ;

Figure 7.13 – Fusion de deux fissures entourée en rouge sur la poutre S09.

• il est fréquent que les fissures soient asymétriques entre les deux faces (toutes sauf S14
et S18). Cela peut être dû à des hétérogénéités ou des fentes de séchage ayant guidé la
fissure d’un côté. D’un point de vue macroscopique, toute hypothèse consistant à faire
de la fissuration 2D plutôt que 3D est donc discutable ;
• la fissure partira plus probablement de l’amorçe au coin de l’entaille si elle est orientée
radialement, c’est-à-dire si c’est un débit sur dosse parfait ;
• les fissures entraînant la ruine d’une poutre sont systématiquement montantes. Elles
partent généralement de l’entaille et atteignent un point entre l’appui et le centre de
la poutre, indépendamment des nœuds ou des pentes de fil. Une pente de fissure est

153
illustrée en figure 7.12(a). En figure 7.14 sont représentées les fréquences observées de
chaque pente de fissure. Elles varient de 3 à 10%, soit une ascension allant jusque
10 cm/m ! Une pente de fil ne peut expliquer à elle seule une telle pente. La configura-
tion d’une fissure montante est en effet celle qui maximise le travail de forces extérieures
car c’est celle qui maximise la flèche centrale. Toutefois, la ténacité du bois est la plus
faible dans le sens du fil, donc pour une fissure suivant la ligne moyenne. Une fis-
sure montante résulterait donc de la compétition entre la maximisation du travail des
forces extérieures et la minimisation de la ténacité du bois. Du reste, une fissure peut
être montante sans couper le fil du bois, c’est-à-dire en conservant la ténacité la plus
faible. Le chevauchement entre les trachéides n’est pas précisément connu pour le sapin
pectiné, mais une fissure peut escalader petit à petit les trachéides au niveau des ponc-
tuations (Trouy et Triboulot, 2019), figure 7.15. L’ordre de grandeur des dimensions
d’une trachéide est : Ltrach = 3 mm et Dtrach = 30 µm. Soit θ l’angle de montée de
fissure, très petit car Ltrach ≫ Dtrach , il vient, pour des trachéides qui se chevauchent
en quinconce θ = (Dtrach /(Ltrach /2)) = 2 %. La fissure pourrait monter de 20 mm/m
sans coût énergétique supplémentaire. Ces éléments réunis peuvent expliquer une pro-
pagation de fissure montante, pouvant même monter jusqu’à 10% si une pente de fil
est également présente.

Figure 7.14 – Fréquence d’observation des pentes de fissures.

Figure 7.15 – Schéma d’une fissure montante en suivant le chevauchement des trachéides dans
les résineux.

154
L’hypothèse d’absence de canaux résinifères et de résine favorisant la fissilité du sapin pectiné
est à approfondir. Il n’en reste pas moins que les différentes observations attestent de la
diversité des paramètres influençant la propagation de la fissuration pour cette essence. Selon
le débit et l’orientation initiale de la fissure par rapport aux cernes, elle pourra se propager
plus ou moins facilement.

155
Conclusion sur la rupture des poutres entaillées
Ce chapitre a brièvement défini les principes théoriques de la mécanique de la rupture du
bois. Le bois est un matériau dit quasi-fragile dont les propagations de fissure peuvent être
étudiées par des méthodes énergétiques. Dans ce cadre, la propriété physique principale qui
définit la rupture est le taux de restitution d’énergie critique GC . Il dépend de nombreux
paramètres tels que la TE, la température ou encore la vitesse de déformation. Les outils de
la RDM ont par ailleurs permis d’établir une relation mathématique entre l’ouverture et la
longueur de fissure.
Les résultats des mesures d’ouverture de fissure dans les essais en déplacement imposé per-
mettent d’observer le développement de la zone d’élaboration. Les résultats sur les essais de
fluage sont corrigés des retraits-gonflements du bois qui impactent la mesure d’ouverture. Les
ouvertures de fissure corrigées n’atteignent toutefois pas les mêmes ordres de grandeur que
celles dans les essais en déplacement imposé. Enfin, la relation analytique entre ouverture
et longueur de fissure n’est satisfaisante que pour une fissure parfaitement rectiligne à mi
hauteur, ce qui est rarement le cas. Et encore, elle calcule plutôt une longueur de fissure
équivalente, différente de la mesure à l’oeil nu.
Enfin, les observations macroscopiques des faciès de rupture suggèrent que les noeuds sont
des renforts à la résistance à la propagation de fissure dans la majorité des cas observés. Ils
expliquent ainsi pourquoi des poutres de bonne qualité, qui sont bien souvent exemptes de
noeud, peuvent s’avérer médiocres en résistance à la rupture. Le profil de rupture semble
également important, si des fentes initiales préexistent, elles peuvent guider la fissure et, soit
fragiliser la poutre, soit la renforcer. Enfin, les directions des propagations sont systémati-
quement montantes, ce qui peut s’expliquer par l’intérêt énergétique d’une diminution de Iz ,
sans coût énergétique supplémentaire en cas de pente de fil ou du fait de l’enchevêtrement
des trachéides.

156
Conclusion de la partie C

Cette partie pose d’abord le cadre théorique dans lequel s’insère la suite des analyses mé-
caniques. Les outils mathématiques de la flexion 4-points y sont développés, ainsi que le
matériel et les méthodes des essais réalisés. Les deux chapitres suivants présentent l’analyse
des résultats.
D’abord, un chapitre sur la réponse mécanique, c’est-à-dire les résultats des mesures de
flèche et de retrait-gonflement. On y constate notamment que les paramètres d’homogénéité
mécanique définis dans la partie B ne sont pas prédictifs de la résistance maximale d’une
poutre. Contre-intuitivement, les poutres les plus rigides et denses s’avèrent être les moins
résistantes. Les réponses différées des essais de fluage confirment la tendance attendue à
l’augmentation de la flèche différée pour un bois initialement vert. Cela est cependant à
relativiser par rapport à d’autres paramètres, tels que l’exposition au soleil, la nodosité ou la
température ambiante.
Ensuite, vient un chapitre sur la mécanique de la rupture des poutres entaillées. Il aborde
les concepts théoriques nécessaires à l’étude, puis développe les résultats de fissuration ob-
servés pendant les essais. Un modèle analytique tente de relier la longueur et l’ouverture de
fissure par des considérations géométriques et les résultats sont comparables pour des propa-
gations de fissure rectilignes horizontales. On y constate aussi que les ouvertures de fissure
atteintes sont plus élevées pour les essais en déplacement imposé. Les propagations de fissures
sont quasi-systématiquement montantes et déviées par les noeuds. Cette dernière observa-
tion explique potentiellement la grande résistance des poutres peu rigides : elles présentent
de nombreux noeuds.
Aucune mesure de teneur en eau n’a été réalisée pendant les essais de fluage, parce qu’il
est particulièrement délicat de peser une poutre sans en perturber son chargement. Des
humidimètres auraient pu permettre de mesurer la teneur en eau en cours d’essai, mais la
précision des dispositifs actuels est insatisfaisante. Dans cette étude, ce sont les retraits-
gonflements RG qui ont été utilisés pour tenter de prévoir la teneur en eau TE. Mais ces
mesures ne sont pas automatiques et reposent sur la connaissance préalable des coefficients
de retrait. Une solution est d’utiliser un modèle de diffusion, qui prévoit la teneur en eau
du bois à partir de son environnement et de ses conditions initiales. De tels modèles font
l’objet de nombreuses études et leur efficacité est avérée. La prochaine partie exposera ainsi
une étude préliminaire sur le développement d’un calcul de diffusion par approximation aux

157
différences finies. La construction d’une prévision efficiente de TE est à la fois scientifiquement
intéressante et utile pour mieux appréhender des problématiques de séchage.

158
Quatrième partie

Diffusion de l’eau dans le bois

159
L’objet de cette partie est de présenter le travail expérimental et numérique réalisé pour
déterminer les propriétés de diffusion du sapin pectiné. Cette partie concerne un travail
préliminaire pour lequel l’enjeu est d’en capitaliser les premiers résultats pour à terme prévoir
l’évolution hygroscopique du sapin pectiné à partir de son environnement. En effet, dans le
cas d’une construction en bois vert, avoir une estimation des temps de séchage et des retraits
associés est utile pour assurer une maîtrise des propriétés de l’ouvrage. De même, dans le
cas d’une étude sur le fluage du bois où les mesures de TE par pesée sont impossibles et
les humidimètres classiques imprécis, il est particulièrement utile d’avoir un moyen d’estimer
cette TE. Ce travail a été rendu possible par la contribution déterminante de Gaël Godi qui
a développé le système de pesées automatiques et les premières ébauches d’approximation
par différences finies.

160
Chapitre 8

Détermination des coefficients de


diffusion

8.1 Physique et modélisation de la diffusion unidimen-


sionnelle
8.1.1 Principes physiques
Les principes physiques ici étudiés sont la diffusion et la teneur en eau d’équilibre.

La diffusion
Lorsque l’eau et le bois interagissent, un transport de molécules d’eau s’opère. C’est la diffu-
sion. Qu’elle soit d’énergie (transfert de chaleur) ou de matière, la diffusion peut être mise en
équation par une équation de diffusion. Dans le cas d’une diffusion de matière, comme c’est
le cas pour la teneur en eau (TE), c’est la deuxième loi de Fick, équivalente à l’équation de
la chaleur, qui est utilisée :
∂w
= div(D.grad(w)) (8.1)
∂t
où D est le tenseur des coefficients de diffusion ; div et grad sont respectivement les opérateurs
divergence et gradient et t représente le temps.
Comme mentionné en partie A, l’eau peut être à l’état d’eau liée (domaine hygroscopique)
ou d’eau libre (au dessus du PSF). Ces deux types d’eau interagissent simultanément lorsque
l’eau se diffuse dans le bois. En dessous du PSF, lorsque l’eau est transportée, elle traverse une
association en parallèle de paroi cellulaire (eau liée) et de lumens (eau libre). On peut ainsi
distinguer le mécanisme de diffusion dans la paroi cellulaire par un coefficient de diffusion
DB (B pour "Bound") et celui à l’état vapeur dans les lumens par un coefficient DF (F
pour "Free"). Il est alors possible de définir un coefficient de diffusion global D qui prend en
compte l’ensemble de ces deux mécanismes de diffusion. C’est ce coefficient D qui est utilisé

161
dans l’équation de diffusion (8.1). Dans un cas unidimensionnel, l’équation se met sous la
forme :  
∂w ∂ ∂w
= Dx (8.2)
∂t ∂x ∂x
où Dx est le coefficient de diffusion dans la direction considérée. Dans la suite de cette section,
les développements concernent la diffusion unidimensionnelle.
Dans le cas de la diffusion de l’eau dans le bois, Dx ne peut pas sortir de l’opérateur divergence
car il dépend de TE. Dans les directions transverses du bois, la relation entre Dx et TE
est soit considérée comme linéairement croissante (Alkadri, 2020), soit exponentiellement
croissante (Siau, 1984). Celle dans la direction longitudinale est exponentiellement croissante
puis décroissante, figure 8.1.

Figure 8.1 – Coefficient de diffusion transverse DT et longitudinal DL en fonction de la teneur


en eau M̄ , issue de Siau (1984) page 164.

Les résultats d’Asseko (2022) sur les estimations des coefficients de diffusion du sapin pectiné
montrent une dépendance polynomiale d’ordre 2 avec la teneur en eau, figure 8.2. Cette
dépendance semble fiable pour les directions transverses et longitudinale (R2 > 0, 97).

162
Figure 8.2 – Corrélations expérimentales d’Asseko (2022) et de Siau (1984) entre les coefficients
de diffusion du sapin pectiné la teneur en eau : (a) pour la diffusion transverse, (b) pour la diffusion
longitudinale à partir de 10% de teneur en eau. Les corrélations sont polynomiales d’ordre 2.

Dans un premier temps, une corrélation linéaire est supposée entre les coefficients de diffusion
et la teneur en eau, exprimée de la manière suivante :
DR = kDR .w + DR0 ; DT = kDT .w + DT 0 ; DL = kDL .w + DL0 (8.3)
où DR0 , DT 0 , DL0 sont les coefficients à l’état anhydre et kDR , kDT , kDL sont les pentes de pro-
portionnalité entre TE et D. kDL est théoriquement négatif pour tenir compte de l’évolution
linéairement décroissante entre D et w.
Les coefficients de diffusion sont aussi dépendants de la température selon une loi d’Arrhenius
(Siau, 1984). La relation peut donc s’écrire, dans n’importe quelle direction :
D = C.e−Eb /RT (8.4)
où C est une constante, Eb représente l’énergie d’activation, R la constante des gaz parfaits
et T la température. L’énergie d’activation est également dépendante de TE. Cette évolution
exponentielle est observable dans la figure 8.1, puisque les différents niveaux de température
semblent suivre une évolution exponentielle.
L’équation (8.2) montre le transport de l’eau dans le bois, mais les échanges à l’interface
entre l’air environnant et le bois sont décrits par un phénomène de convection hydrique. Ce
transport convectif peut être mis en équation par la loi de Newton :
⃗ = Sx (wsurf − weq ).⃗n
Φ (8.5)
où Φ⃗ représente le flux hydrique entrant ; Sx le coefficient d’échange surfacique ; wsurf la teneur
en eau en surface du bois ; weq la teneur en eau imposée par HR et T de l’environnement
et ⃗n le vecteur unitaire normal à la surface d’échange. Le flux hydrique Φ ⃗ peut être exprimé
par la première loi de Fick, analogue à la loi de Fourier en thermodynamique :
⃗ = −Dx ∂w .⃗n
Φ (8.6)
∂x
163
Le coefficient d’échange surfacique Sx dépend de nombreux paramètres dont la teneur en eau,
la température, l’état de surface et la vitesse de l’air. En transfert thermique, sa valeur est
approximée à l’aide des nombres adimensionnels tels que le nombre de Nusselt, de Reynolds
et de Prandtl. C’est un coefficient qui est particulièrement difficile à déterminer et il est
considéré constant dans cette étude.

La teneur en eau d’équilibre


wenv représente une teneur en eau d’équilibre (TEE) imposée par l’environnement. En effet,
au bout d’un temps infini dans un environnement stable, le bois atteint un équilibre hygro-
scopique, c’est-à-dire une teneur en eau stable et égale en tout point. Cette TEE ne dépend
donc plus du temps, mais seulement de la température T et de l’humidité relative HR auquel
le bois a été soumis pendant un temps infini. On peut ainsi indiquer qu’un environnement
(HR, T ) impose une TEE qui serait atteinte au bout d’un temps infini, et cette TEE est une
condition aux limites du problème. L’abaque de l’Eurocode 5 qui prévoit la teneur en eau du
bois en fonction de son environnement est une TEE atteinte dans un environnement donné
(AFNOR, 2004). Elle est cependant très simplificatrice : (i) la même relation est utilisée pour
toutes les essences, résineuses comme feuillues, alors que la TEE est légèrement variable d’une
essence à l’autre ; (ii) elle ne prend pas en compte l’hystérésis de sorption. En effet, à tem-
pérature ambiante, la TEE atteinte est toujours inférieure en adsorption qu’en désorption,
formant alors une hystérésis, figure 8.3. La TEE dépend ainsi de l’état hydrique précédent
du bois. Les valeurs et l’aire de la boucle d’hystérésis dépendent de la température, à tel
point qu’à partir de 75°C l’hystérésis n’existe plus (Salmén et Larsson, 2018). Une hystérésis
est donc valable pour une température, c’est pourquoi on appelle ces courbes isothermes de
sorption. Toutefois, un bois dont TE se situerait sur la courbe d’adsorption et soumis à du
séchage ne va pas directement "sauter" sur la courbe de désorption. Il va progressivement
migrer vers la courbe de désorption. Par "progressivement" il n’est pas fait référence à une
durée puisque le temps n’intervient pas dans la TEE, mais plutôt à une courbe partielle qui
tend vers la courbe de désorption. Ces courbes sont appelées isothermes partielles, figure 8.3.
Enfin, si TE atteint par exemple la courbe d’adsorption, elle y reste tant qu’elle n’est pas
soumise à de la désorption, et réciproquement. Donc, dans tous les cas, TE reste entre les
courbes enveloppes d’adsorption et de désorption.

164
Figure 8.3 – Hystérésis de sorption avec les paramètres de Merakeb et al. (2009).

Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer cette hystérésis :


• l’augmentation de la température de transition vitreuse lors de la désorption durcirait
le bois et bloquerait des molécules d’eau qui aurait dû partir (Salmén et Larsson, 2018) ;
• l’adsorption créerait des nouvelles liaisons chimiques dans le bois lors du gonflement,
réduisant ainsi le nombre de sites de sorption disponibles. À l’inverse, la désorption
augmenterait le nombre de sites de sorption permettant à plus de molécules d’eau
d’entrer (Olek et Bonarski, 2012) ;
• il existerait une différence d’énergie nécessaire entre adsorber et désorber une molécule
d’eau, l’énergie nécessaire pour adsorber étant plus grande que celle pour désorber la
teneur en eau serait plus faible en adsorption (Rawat et Khali, 1996) ;
• l’augmentation du volume des macromolécules de bois lors de l’adsorption freine le
mouvement des molécules d’eau (Merakeb, 2006).
L’expression mathématique de l’hystérésis enveloppe de sorption a par exemple été proposée
par Merakeb (2006) :  
weq
ln = ϕ.ln(HR).ea.HR (8.7)
ws
où ws la teneur en eau de saturation, c’est-à-dire le PSF, par ailleurs dépendante de la
température et de l’essence ; ϕ et a sont des paramètres empiriques dépendant du type de
sorption et de l’essence.
Pour exprimer mathématiquement les isothermes partielles, Varnier (2019), se basant sur les
travaux de Pedersen (1990); Merakeb (2006); Kulasinski (2015) a défini la capacité hydrique :
ξ = (1 − γ)c1 .Pd .Cd + γ c1 .Pa .Ca (8.8)
où ξ est la capacité hydrique ; γ est la position relative entre les deux isothermes : γ =
(weq,de − weq,t−1 )/(weq,de − weq,ad ), avec weq,t−1 la teneur en eau d’équilibre précédente ; Pd

165
et Pa sont les pentes des isothermes enveloppes à (HR, T ) donné (calculées par dérivée de
l’équation (8.7)), respectivement en désorption et en adsorption ; Ca , Cd , c1 , c2 , c3 sont des
paramètres phénoménologiques tels que :

1 si adsorption c3 si adsorption
 
Ca = Cd = (8.9)
c2 si désorption 1 si désorption

La TEE des isothermes partielles est ensuite calculée par :

weq,t = ξ.∆HR + weq,t−1 (8.10)

où ∆HR est la différence entre l’humidité relative actuelle à laquelle est soumis le bois et
la précédente l’ayant amené à weq,t−1 . Toutefois, cette approche souffre d’une dérive de la
solution lors de petits cycles d’adsorption-désorption en raison de la différence entre ξad et
ξde .
Rémond et al. (2018) ont proposé une formulation des hystérésis partielles utilisant le concept
de "gripped-box ", qui semble régler le problème.

8.1.2 Approximation numérique de la solution


L’équation (8.2) est une équation aux dérivées partielles comportant une infinité de solutions
analytiques. Sous certaines conditions aux limites et conditions initiales, les solutions réelles
de ce type d’équation peuvent être obtenues par approximation. La méthode d’approximation
choisie dans ce travail est la méthode des différences finies. Elle a l’avantage d’être simple à
mettre en œuvre et adaptée à la résolution d’équation de diffusion. Cette méthode est basée
sur la formule de Taylor qui approxime la valeur d’une fonction par un polynôme dont les
coefficients dépendent des dérivées de cette fonction.
Soit x0 ∈ ℜ et f une fonction définie au voisinage de x0 , si f est n fois dérivable en x0 alors :

∂f (x1 − x0 ) ∂ 2 f (x1 − x0 )2 ∂ n f (x1 − x0 )n


f (x1 ) = f (x0 ) + + 2 + ... + n + o((x1 − x0 )n ) (8.11)
∂x 1! ∂x 2! ∂x n!
où o((x1 − x0 )n ) représente le reste de la somme et elle est considérée négligeable.
La formule de Taylor est abondamment utilisée en physique et en mathématique, notamment
pour les développements limités ou les différences finies (DF). Généralement, les termes do-
minants de cette somme sont les premiers termes, et l’équation (8.11) permet ainsi d’estimer
la dérivée de f :
∂f f (x1 ) − f (x0 )
= + o((x1 − x0 )2 ) (8.12)
∂x x1 − x0
C’est avec ce type d’approximation des dérivées que l’on peut résoudre l’EDP (8.2). Pour
cela, il est nécessaire de discrétiser les composantes temporelles et spatiales.
Soit un morceau de bois de 60 mm maillé régulièrement en I = 60 points, dont TE est
mesurée toutes les cinq minutes, illustrée en figure 8.4.

166
Figure 8.4 – Illustration d’une modélisation de diffusion unidimensionnelle.

On note alors i l’indice spatial et n l’exposant temporel, de sorte que fin soit la valeur de
la fonction f au point i et au temps n. Pour un maillage régulier on a quelque soit i :
xi − xi−1 = ∆x = 1 mm, et quelque soit n : tn − tn−1 = ∆t = 5 min.
À partir de la formule de Taylor (8.12) :
 n n
fin − fin−1 ∂ 2f n n
− 2fin + fi−1

∂f fi+1
= ; = (8.13)
∂t i ∆t ∂x2 ∆x2
Afin de sortir Dxi
n
de la dérivée spatiale dans l’équation (8.2), on peut définir un D̄xi
n
comme
la moyenne arithmétique de Dxi entre les points i − 1 et i + 1. Soit :
n−1

Dn−1 + 2Dxi
n−1 n−1
+ Dxi−1
D¯xi
n
= xi+1 (8.14)
4
L’équation (8.2) peut alors être approximée par :
win − win−1 n
wi+1 − 2win + wi−1
n
¯n
= Dxi (8.15)
∆t ∆x2
Ce type de formulation est appelé schéma implicite car la résolution d’une telle équation sera
matricielle. La dérivée seconde spatiale aurait très bien pu être estimée à l’instant n−1 plutôt
que n. Dans ce cas, le schéma aurait été explicite et la résolution aurait été incrémentale. Il
est aussi possible de définir un θ-schéma, qui permet de choisir le type de schéma en fixant
une valeur de θ :
win − win−1 D̄n
= xi2 θ(wi+1
n
− 2win + wi−1
n n−1
− 2win−1 + wi−1
n−1
(8.16)

) + (1 − θ)(wi+1 )
∆t ∆x
où si θ = 0 le schéma est explicite ; si θ = 1 le schéma est implicite et si θ = 1/2 le schéma
est en quelque sorte semi-implicite (schéma de Crank-Nicolson).
Le choix d’un schéma plutôt qu’un autre n’est pas trivial, mais on peut lister quelques
caractéristiques de chacun :
• le schéma explicite est conditionnellement stable : ∆t ≤ ∆x2 /(2D̄xi n
). Il est donc adapté
à des faibles ∆t, associés à des variations brutales de TE. Il est aussi particulièrement
simple à implémenter ;

167
• le schéma implicite est inconditionnellement stable. Ainsi, n’importe quel ∆t renvoie à
une solution stable, permettant d’observer des variations lentes de TE sans imposer un
très petit pas de temps. Son implémentation est toutefois plus complexe et la résolution
plus longue puisqu’elle nécessite l’inversion d’une matrice ;
• le schéma de Crank-Nicolson est inconditionnellement stable mais la solution oscille
si ∆t/∆x2 ≥ 1/2. Toutefois, il a l’avantage d’être convergent d’ordre 2 alors que les
deux précédents sont convergents d’ordre 1. Concrètement, cela signifie que la solution
converge plus rapidement avec un schéma de Crank-Nicolson.
Pour résoudre l’équation (8.16) dans le cas de l’exemple du morceau de bois de 60 mm
présenté ci-dessus, il faut connaître les conditions aux limites et l’état initial en tout point
w0 . Les conditions aux limites sont définies par les équations (8.5) et (8.6), qu’on peut écrire
à partir du schéma de la figure 8.4 :
⃗ n + (1 − θ)Φ
θΦ ⃗ n−1 = Sx (wn − wn )⃗n
0 env (8.17)

En i = 0 (côté gauche de la figure 8.4), ⃗n = −⃗x :

w0n (1 + θD̄x0
n n
F2 ) − θD̄x0 F2 w1n = wenv
n n
− (1 − θ)D̄x0 F2 w0n−1 + (1 − θ)D̄x0
n
F2 w1n−1 (8.18)

Et en i = I (côté droit), ⃗n = ⃗x :

wIn (1 + θD̄xI
n n
F2 ) − θD̄xI n
F2 wI−1 n
= wenv n
− (1 − θ)D̄xI F2 wIn−1 + (1 − θ)D̄xI
n n−1
F2 wI−1 (8.19)

où F2 = 1/(Sx ∆x).
En mettant tous les termes de l’équation (8.16) à l’instant n à gauche de l’égalité et tous
ceux à l’instant n − 1 à droite, puis en utilisant les équations (8.18) et (8.19) pour les termes
limites, le système matriciel suivant peut s’écrire :

A.wn = b (8.20)

où :
n n
 
1 + θD̄x0 F2 −θD̄x0 F2 0 ...
n
 −F1 D̄x1 n n
θ 1 + 2F1 D̄x1 θ −F1 D̄x1 θ 0 ... 
n n n
 

 0 −F1 D̄x2 θ 1 + 2F1 D̄x2 θ −F1 D̄x2 θ 0 ... 

 .. 

 . 

 
 
A=



 .. 

 . 

 
 
 
 
n n n
 −F1 D̄xI−1 θ 1 + 2F1 D̄xI−1 θ −F1 D̄xI−1 θ
0 −θD̄xI F2 1 + θD̄xI F2
(8.21)
où F1 = ∆t/∆x2

168
n n
F2 (w1n−1 − w0n−1 )
 
wenv + (1 − θ)D̄x0
w1n−1 + F1 (1 − θ)(w2n−1 − 2w1n−1 + w0n−1 )
 
 
 
 . 
(8.22)
 
b=
 . 


 . 

 
 n−1 n−1 n−1 n−1

wI−1 + F1 (1 − θ)(wI − 2wI−1 + wI−2 )
n−1
n
weq,env n
+ (1 − θ)D̄xI F2 (wI−1 − wIn−1 )
n
(wn )T = w0 w1 w2 (8.23)

... wI−1 wI
À chaque instant n, le vecteur b est connu puisqu’il dépend uniquement de l’état à l’instant
n − 1 et de ce qu’impose l’environnement weq,env
n
; le système se résout donc en inversant la
matrice A. Un script Python permettant une telle opération est en annexe G.
Dans le cadre de ce travail, l’objectif était d’estimer les coefficients de diffusion du sapin
pectiné. Pour cela des mesures expérimentales de TE ont été réalisées et les valeurs des
coefficients de diffusion du système (8.20) sont optimisées pour que la résolution soit le plus
proche possible des résultats expérimentaux.

8.2 Descriptif des essais


Dans le but d’estimer les paramètres de diffusion du sapin pectiné d’AuRA, des essais de
pesées automatiques en environnement extérieur abrité ont été réalisés. À partir de la masse
anhydre, les pesées permettent de mesurer la teneur en eau.
Le dispositif de mesure est basé sur un plateau piloté par un servomoteur qui monte et descend
sur une balance toutes les cinq minutes. Le plateau et l’objet qu’il porte ne sont pesés que
lorsque le plateau descend. Une structure lattice imprimée en 3D utilise un système de poulie
pour effectuer ces montées et descentes à partir de la rotation du servomoteur. Juste avant
de descendre le plateau, la balance est tarée. L’avantage de ce procédé est d’éviter la dérive
de la tare, par exemple si l’échantillon était simplement laissé sur la balance pendant l’essai.
La dérive de la tare est d’autant plus importante si la température varie, comme c’est le
cas en environnement extérieur. À proximité de chacune des balances est placé un thermo-
hygromètre, mesurant température et humidité relative de l’air. Ces opérations sont réalisées
automatiquement, chaque cinq minutes, à l’aide d’une carte d’acquisition qui procède de la
façon suivante :
• tare de la balance ;
• rotation du servomoteur qui entraîne la descente du plateau ;
• enregistrement de la moyenne des pesées sur trente secondes ;
• enregistrement de la moyenne des température et humidité relative sur trente secondes ;
• envoie des résultats de mesure sur un serveur ;

169
• rotation inverse du servomoteur qui entraîne la remontée du plateau.
Les balances sont calibrées à l’achat et il a été vérifié que les mesures sont stables avec
une masse étalon pesée par le dispositif pendant une semaine. À titre d’illustration, les
vérifications ont validé une précision de mesure inférieure à 70 mg malgré des variations de
température de 15°C, soit 5 mg.°C−1 . Sans système de tare automatisée, la précision estimée
était de 100 mg.°C−1 , soit diminuée d’un facteur 20. Une photo du dispositif est en figure 8.5.
Huit éprouvettes de bois de sapin pectiné soumises à un environnement extérieur ont été
pesées à l’aide de ce dispositif, aucune ne présentant de poche d’eau. Les balances étaient
placées à l’ombre. Sept des éprouvettes proviennent des chutes lors des entailles des poutres
S03, S05 et S21, et une provient de la zone centrale de la poutre S13. Six éprouvettes ont
commencé à être pesées le 26 mai 2021 et deux autres le 12 octobre 2021. Toutes les pesées
ont été stoppées le 5 avril 2022, soit entre six et onze mois de mesures. Avec une mesure
chaque cinq minutes, ces durées permettent d’avoir suffisamment de données pour estimer
des paramètres de diffusion (Varnier, 2019).
La diffusion d’eau dans les éprouvettes a été forcée à un régime 1D ou 2D. Pour cela, une ou
deux directions de diffusion sont colmatées par un mastic silicone et une feuille d’aluminium.
Ce colmatage assure que tout transfert hydrique est impossible mais permet un transfert
thermique. Pour avoir effectivement une diffusion 1D ou 2D, il faudrait en réalité appliquer un
colmatage hydrique et thermique, car le transfert thermique dans une direction peut accélérer
ou ralentir la diffusion d’une autre direction (thermophorèse). Le but étant initialement
d’estimer un coefficient de diffusion commun pour les directions radiale et tangentielle, trois
éprouvettes subissent de la diffusion 2D radiale-tangentielle et trois éprouvettes de la diffusion
1D longitudinale. Cependant une éprouvette en diffusion 1D radiale et une en diffusion 1D
tangentielle sont aussi pesées afin d’observer les différences entre les directions transverses.
Pour s’assurer que la diffusion est favorisée suivant les directions tangentielle ou radiale,
une éprouvette en débit sur quartier est choisie, figure 8.6(a). Les éprouvettes en diffusion
longitudinale sont en débit sur faux-quartier, figure 8.6(b). Enfin, sur une des éprouvettes en
diffusion 2D radiale-tangentielle, un colmatage thermique en plus du colmatage hydrique a
été ajouté, figure 8.5(b). Le colmatage thermique est réalisé par du polystyrène extrudé collé
par du mastic silicone à la couche d’aluminium. Il a été vérifié que la masse du polystyrène
extrudé ne varie pas lors d’un changement de température et d’humidité relative. Comme
observé en figure 8.6, des fentes radiales issues du séchage ou de la libération des contraintes de
croissance sont présentes sur les éprouvettes. Ces fentes sont des hétérogénéités non prises en
compte dans l’approximation DF et peuvent perturber l’estimation du coefficient de diffusion.
Les masses initiales des éprouvettes ont été choisies pour que la pesée soit proche de la pleine
échelle de mesure, parce que s’approcher de la pleine échelle augmente la précision relative.
Six des balances ont une capacité de 650 g et deux de 360 g. En ajoutant la masse des
plateaux de pesées (environ 80 g) et du colmatage (environ 10 g pour le colmatage hydrique
et 50 g pour le colmatage thermique), et, en laissant au moins 100 g de marge pour ne pas
saturer la pesée, les masses des éprouvettes sont fixées à environ 400 g pour les balances
d’une capacité de 650 g et 175 g pour les balances d’une capacité de 360 g. Étant issues des

170
restes d’entailles (sauf l’éprouvette issue de S13), les dimensions transverses sont imposées et
seule la dimension de la direction longitudinale est choisie pour atteindre la masse désirée.

Figure 8.5 – Photos des balances et des éprouvettes de diffusion : (a) diffusion 1D tangentielle,
(b) diffusion 2D transverse avec colmatage thermique.

Figure 8.6 – Photos des cernes des éprouvettes utilisées pour les essais de diffusion : (a) éprouvette
issue de la poutre S21, (b) éprouvette issue de la poutre S03.

171
Tableau 8.1 – Récapitulatif des conditions des essais de diffusion. La colonne "Capacité" fait
référence à la capacité de la balance utilisée et la colonne "Dimensions" aux dimensions de la direction
de diffusion considérée.

Origine Date Direction Capacité [g] Masse initiale [g] Dimensions [mm] Balance
S13 26/05/2021 RT 650 431 162 × 55 WMS-KE-2
S03 26/05/2021 RT 650 416 60 × 79 WMS-KE-6
S05 12/10/2021 RT 650 448 78 × 62 WMS-KE-7
S21 26/05/2021 L 360 203 75 WMS-KE-5
S03 26/05/2021 L 650 453 174 WMS-KE-9
S05 18/10/2021 L 360 168 81 WMS-KE-8
S21 26/05/2021 R 650 458 63 WMS-KE-3
S21 26/05/2021 T 650 418 78 WMS-KE-4

8.3 Résultats et discussion


8.3.1 Filtrage et validation de l’approximation par différences finies
Les résultats des mesures de pesées automatiques sont bruitées, figure 8.7(a). Ces erreurs de
mesures proviennent de divers facteurs : (i) bruit provoqué par l’environnement extérieur en
général (par exemple le vent qui perturbe la pesée ou les poussières qui se déposent sur le
plateau de pesée) ; (ii) le système de poulie permettant de monter et descendre le plateau
utilise un fil qui peut rompre après un certain nombre de cycles relâchant une partie de
l’échantillon sur la balance.
Les erreurs de mesure dues au système de poulie impliquent des valeurs globalement aber-
rantes, alors que le bruit de l’environnement extérieur implique des valeurs localement aber-
rantes, c’est-à-dire des valeurs qui sont aberrantes en comparaison avec leurs proches voisins
mais globalement qui ne le sont pas.
Pour corriger les mesures, un double filtre a été appliqué. Il consiste en un premier filtrage
des valeurs globalement aberrantes à partir des écarts interquartiles (IQR) et un deuxième
filtrage dit de Hampel pour les valeurs localement aberrantes. La procédure est la suivante :
• calcul du premier (Q1) et troisième (Q3) quartile de l’ensemble des pesées ;
• calcul de l’interquartile (IQR = Q3 − Q1), puis des bornes des valeurs non aberrantes :
borne inférieure : Q1−1, 5×IQR ; borne supérieure : Q3+1, 5×IQR. Toute valeur hors
de ces bornes est considérée comme globalement aberrante, donc éliminée. Illustration
en figure 8.7(a)(b) ;
• application du filtre de Hampel du module sktime de Python. Le filtre de Hampel
utilise une fenêtre de taille déterminée (ici cent mesures) pour balayer l’ensemble des
données. Sur une fenêtre, il calcule l’écart médian absolu (M AD) qu’il multiplie par
une constante (ici 1,4826 pour une distribution gaussienne) et considère qu’une valeur
est aberrante si elle sort de l’intervalle : médiane ±3 × (1, 4826 × M AD). Illustration
en figure 8.7(c).

172
Néanmoins certaines valeurs aberrantes subsistent. Un filtre plus avancé type filtre de Kalman
pourrait être utilisé.

Figure 8.7 – Pesées automatiques de la balance wms-ke-2 : (a) valeurs brutes, (b) correction des
valeurs globalement aberrantes, (c) correction des valeurs localement et globalement aberrantes.

Avant d’appliquer l’approximation par différences finies (système (8.20)) sur les résultats
expérimentaux, celle-ci à été comparée à une solution analytique. C’est la solution de Crank
(1975), valable pour un morceau de bois ayant une TE initiale homogène et soumis à un
chargement thermo-hydrique constant purement 1D :

4 X (−1)n
 
(2n + 1)πx
exp −D(2n + 1) π t/(4l ) cos
2 2 2
(8.24)

E(x, t) = 1 −
π n=0 2n + 1 2l

où l’on définit E(x, t) le taux d’avancement de la diffusion, puis la teneur en eau en un point
x et à un instant t vaut :

w(x, t) = wini + E(x, t) × (wf − wini ) (8.25)

173
où wini est la teneur en eau initiale ; wf est la teneur en eau finale issue du chargement
thermo-hydrique, qui peut-être calculée par des modèles simples tels que celui de Simpson
(1973) ou par des modèles tenant en compte l’hystérésis de sorption. L’équation (8.24) ne
prend pas en compte d’échange convectif à l’interface entre l’air et le bois, tout se passe
comme si la périphérie du bois était immédiatement à l’équilibre.
Le cas test pour comparer la solution analytique et la solution approximée par DF est un
passage de wini = 0, 075 à wf = 0, 0985 d’un échantillon de 20 mm. Le coefficient d’échange
surfacique de l’approximation DF Sx est fixé à 1 × 1010 pour que le bois soit immédiatement
à l’équilibre en surface, comme le suppose la solution analytique. Enfin, le coefficient de
diffusion Dx est le même pour les deux résolutions, issu des travaux d’Asseko (2022) sur le
sapin pectiné : Dx = 4, 63 × 10−11 m2 .s−1 .
Les résultats de la solution approximée par DF sont comparés à la solution analytique en
figure 8.8, assurant la fiabilité de l’approximation DF. Une différence est observable en fi-
gure 8.8(b), mais compte tenu de l’échelle de l’axe des ordonnées celle-ci reste très faible.

Figure 8.8 – Comparaison entre la solution analytique de Crank (1975) et l’approximation DF


pour θ = 1/2 : (a) évolution de TE moyenne, (b) tracé du profil hydrique après quarante jours

8.3.2 Application des différences finies sur les pesées automatiques


La teneur en eau d’équilibre qu’impose l’environnement weq est calculée à partir des iso-
thermes enveloppes définies en équation (8.7) et du modèle gripped-box de Rémond et al.
(2018) pour les isothermes partielles. Les paramètres ainsi fixés aux valeurs par défaut de
Varnier (2019); Rémond et al. (2018) pour l’épicéa sont :
• paramètres de l’hystérésis enveloppe, définis dans l’équation (8.7) : ϕad = 0, 8 ; ϕde =
0, 75 ; aad = 1, 435 ; ade = 0, 988 ;
• paramètres de l’hystérésis partielle issus de Rémond et al. (2018) : αgp = 0.133 ; βgp =
0.466

174
Entre l’épicéa et le sapin pectiné, ces paramètres varient peu et peuvent être utilisés en
première approximation. Le paramètre de réglage le plus significatif est la teneur en eau de
saturation (le PSF) ws . Elle doit être la même, quelque soit la direction de diffusion et évoluer
de façon affine avec la température Merakeb et al. (2009), soit :

ws (T ) = ws0 − kws .T (8.26)

Avec les six paramètres des coefficients de diffusion D0R , D0T , D0L et kDR , kDT , kDL respec-
tivement pour les directions radiales, tangentielles et longitudinales (équation (8.3)) et les
deux coefficients d’échange surfacique SRT , SL (les coefficients d’échange radial et tangentiel
sont considérés comme égaux), il y a finalement dix paramètres de réglage dans le système
d’équation de diffusion résolue par DF. Les pas temporel et spatial ∆t et ∆x sont fixés à une
valeur garantissant la convergence de la solution : ∆t = 1200 s et ∆x = 1 mm. Le paramètre
θ est toujours fixé à 1/2, appliquant un schéma de Crank-Nicolson. Les trois essais R, T
et L des balances WMS-KE-3, KE-4 et KE-5 sont réalisés sur des éprouvettes issues de la
poutre S21 et sont donc optimisés simultanément, avec les mêmes ws et kws . Les essais de
diffusion L de WMS-KE-8 et WMS-KE-9 sont issus des poutres S05 et S03, respectivement,
les paramètres sont alors optimisés séparément. Afin d’estimer l’efficacité de l’approximation
DF pour un jeu de paramètres, la racine de l’erreur quadratique moyenne (RM S pour Root
Mean Square) entre la solution et l’expérimental est calculée :
v
u
u1 X N
2
RM S = t i
wexp − wDF i
(8.27)
N i=1

où N est le nombre de points de mesure, wexp


i
est la ième mesure de teneur en eau, wDF
i
est la
ième approximation DF. Une procédure d’optimisation des dix paramètres de diffusion pour
minimiser la RM S est alors mise en place :
1. les dix paramètres sont estimés un par un à la main jusqu’à avoir une idée des bornes
de leur valeur optimale ;
2. un algorithme d’optimisation non-linéaire dit de Nelder-Mead est appliqué. Il consiste
en la minimisation de RM S en réglant les dix paramètres précédemment définis par
une procédure similaire à celle du simplexe. Cet algorithme est directement implémenté
dans la fonction "minimize" du module scipy de Python. À noter qu’il recherche un
minimum local, et n’est donc efficace que si les bornes des valeurs optimales ont été
préalablement déterminées.
Les résultats de ces optimisations sont en tableau 8.2, 8.4, 8.3, et les évolutions de TE sont
illustrées en figures 8.9 et 8.10.

175
Tableau 8.2 – Résultats de l’optimisation des paramètres de diffusion pour les essais 1D des
échantillons issus de la poutre S21. R : diffusion radiale ; T : diffusion tangentielle ; L : diffusion
longitudinale.

∆t [s] ∆x [mm] θ [/] ws0 [/] kws [°C−1 ] ρID [kg.m− 3]


1200 1 1/2 0,2685 3, 39 × 10−4 390
Direction de diffusion D0 [m .s ]
2 −1
kD [m .s ]
2 −1
Sx [m.s ] RM S
−1
(×10−2 ) [/]
R 9, 64 × 10−11 7, 61 × 10−12
6 × 10−8 0,32
T 9, 5 × 10−11 1, 51 × 10−11 6 × 10−8 0,24
L 3, 93 × 10−10 −1, 42 × 10 −10
8, 97 × 10−6 0,94

Tableau 8.3 – Résultats de l’optimisation des paramètres de diffusion pour les essais 1D des
échantillons issus de la poutre S05, balance WMS-KE-8. L : diffusion longitudinale.

∆t [s] ∆x [mm] θ [/] ws0 [/] kws [°C−1 ] ρID [kg.m− 3]


1200 1 1/2 0,3032 2, 74 × 10−9 333
Direction de diffusion D0 [m .s ]
2 −1
kD [m .s ]
2 −1
Sx [m.s ] RM S (×10−2 ) [/]
−1

L 3, 38 × 10−10 −7, 89 × 10−12 1, 49 × 10−5 0,460

Tableau 8.4 – Résultats de l’optimisation des paramètres de diffusion pour les essais 1D des
échantillons issus de la poutre S03, balance WMS-KE-9. L : diffusion longitudinale.

∆t [s] ∆x [mm] θ [/] ws0 [/] kws [°C−1 ] ρID [kg.m− 3]


1200 1 1/2 0,2902 4, 2 × 10−4 368
Direction de diffusion D0 [m .s ]
2 −1
kD [m .s ]
2 −1
Sx [m.s ] RM S (×10−2 ) [/]
−1

L 5, 37 × 10−10
−3, 39 × 10−11
3, 20 × 10−6 0,214

176
Figure 8.9 – Comparaison entre les résultats expérimentaux et ceux issus de l’approximation
DF, à partir de la teneur en eau (TE) en fonction de la durée des essais : (a) pour l’éprouvette en
diffusion purement radiale, (b) pour l’éprouvette en diffusion purement tangentielle.

Figure 8.10 – Comparaison entre les résultats expérimentaux et ceux issus de l’approximation
DF de diffusion longitudinale, à partir de la teneur en eau (TE) en fonction de la durée des essais :
(a) pour la balance wms-ke-5, (b) pour la balance wms-ke-8, (c) pour la balance wms-ke-9.

177
Le coefficient de diffusion tangentiel serait plus sensible à la température que celui dans la
direction radiale (kDT deux fois plus grand que kDR ), mais DR0 et DT 0 seraient semblables,
de l’ordre de 9, 5 × 10−11 . En théorie, DT 0 est environ deux fois supérieur à DR0 , mais
les valeurs expérimentales de la littérature montrent plutôt une quasi égalité entre DT 0 et
DR0 , Agoua et al. (2001) pour des essences tempérées et Alkadri (2020) pour des essences
tropicales. Nguyen (2016) a obtenu un D0RT de 2, 2 × 10−11 et Asseko (2022) 7 × 10−11
pour le sapin pectiné. À noter que les cernes de l’éprouvette figure 8.6(a) n’offrent pas une
diffusion purement tangentielle ou radiale. Le coefficient de diffusion longitudinale est estimé
à 3, 6×10−10 pour S21 et S05, et 5, 37×10−10 pour S03, soit trois à cinq fois plus grand que le
coefficient transverse. Ces résultats se situent entre Nguyen (2016) qui a obtenu D0L = 3, 39×
10−9 et Asseko (2022) 4×10−11 pour le sapin pectiné. Siau (1984) évoque un rapport théorique
de 10 entre diffusion longitudinale et transverse mais là encore, les résultats expérimentaux
de la littérature ne sont pas unanimes (Agoua et al., 2001; Alkadri, 2020).
Le coefficient d’échange surfacique estimé est environ cent fois plus grand pour les faces de
diffusion longitudinale SL = 8, 97 × 10−6 que transverse SRT = 6, 00 × 10−8 pour S21. Asseko
(2022) a expérimentalement identifié cette même hiérarchie bien qu’avec un rapport plus
faible : SL = 8, 45 × 10−7 et SRT = 6, 86 × 10−8 . Enfin, en ramenant la teneur en eau de
saturation à 20° C à partir des résultats de ws0 et kws obtenus, les valeurs atteintes sont :
26,3% pour S21, 30,32% pour S05 et 29% pour S03. En comparaison, la valeur de référence
de CIRAD (2012) à 20° C est 29%, plus en adéquation avec les résultats de S05 et S03.
RM S est inférieure à 0, 01, signifiant qu’en moyenne, l’approximation DF s’écarte de moins de
1% de la valeur expérimentale de TE. C’est une bien meilleure précision que des humidimètres
classiques, tout en permettant d’avoir le profil hydrique (TE en chaque point) et de faire des
prévisions. Ce travail présente des sources d’erreurs numériques et expérimentales, voici une
liste de celles qui ont été identifiées :
• Sources d’erreurs expérimentales
Comme montré précédemment, les mesures des pesées en extérieur sont bruitées par le vent
et les variations thermo-hydriques. Elles sont en partie corrigées par le filtre de Hampel mais
il subsiste nécessairement du bruit.
De même, les échantillons ne sont pas parfaitement homogènes comme le suppose l’approxi-
mation DF : ils présentent des fentes (figure 8.6), des hétérogénéités anatomiques voire même
des petits noeuds. Au cours de la diffusion transverse les cernes ne sont d’ailleurs pas parfai-
tement tangentiel ou radial, biaisant les résultats obtenus sur R et T.
Enfin, le colmatage est seulement hydrique, impliquant un transfert thermique même dans les
directions supposées colmatées. Par thermophorèse, la diffusion est ainsi accélérée ou ralentie
dans la direction considérée par rapport à l’approximation DF.
Pour réduire ces sources d’erreurs, le bruit pourrait être atténué par un filtre plus avancé que
celui de Hampel, type filtre de Kalman. Les éprouvettes transverses pourraient être préparées
pour être purement en diffusion tangentielle ou purement en diffusion radiale, quitte à les

178
usiner. Un colmatage thermique pourrait être ajouté en plus du colmatage hydrique, comme
cela a été expérimenté sur l’éprouvette figure 8.5(b).
• Sources d’erreurs de l’approximation
L’approximation DF décrite ici ne prend pas en compte les variations de coefficient de diffu-
sion avec la température ainsi que les variations des coefficients d’échange SRT et SL . Elle ne
prend pas en compte la diffusion thermique, même dans la direction de diffusion considérée.
Enfin, les paramètres du modèle utilisé pour déterminer les hystérésis de sorption ne sont pas
spécifiquement adaptés au sapin pectiné d’Auvergne (paramètres ϕ, a, αgp , βgp ).
Pour réduire ces sources d’erreurs, le coefficient de diffusion pourrait varier avec la tem-
pérature selon l’équation (8.4), augmentant ainsi le nombre de paramètres de réglage. Les
coefficients d’échange SRT et SL pourraient être estimés en utilisant les nombres adimension-
nels de la mécanique des fluides qui prendraient en compte la température et la vitesse du
vent. L’état de surface paraît cependant plus délicat à prendre en compte. L’équation de la
chaleur pourrait être résolue avant l’équation de Fick afin d’actualiser les paramètres maté-
riaux important dans la diffusion hydrique. Enfin, des essais préalables en enceinte climatique
permettraient de déterminer les paramètres de sorption du sapin pectiné d’Auvergne.

179
Conclusion et perspectives sur l’étude de
la diffusion du sapin pectiné

La diffusion de l’eau dans le bois se formalise par l’équation proposée par Fick (8.1). Le
coefficient de diffusion Dx de cette équation n’est pas constant, il est notamment sensible
aux variations de température et de teneur en eau. L’échange de molécules d’eau entre l’air et
le bois se formalise par la loi de Newton (8.5), définissant le coefficient d’échange surfacique
Sx . Le problème est donc posé en deux équations : une définissant les échanges à l’interface
entre l’air et le bois (conditions aux limites) et l’autre en définissant la diffusion de l’eau au
sein du bois. Dans un cas unidimensionnel, la solution peut aisément être approximée par
la méthode des différences finies. Un θ-schéma est utilisé, formalisant le système d’équation
(8.20). Ce schéma est inconditionnellement stable et convergent d’ordre 2. Il est résolu par un
script Python en annexe G. La solution approximée a été testée sur une solution de référence
analytique, attestant de sa fiabilité pour un cas simple.
La résolution numérique du problème a ensuite été comparée à des résultats expérimentaux.
Ces résultats proviennent de pesées automatiques d’éprouvettes de sapin pectiné par un sys-
tème de balance en environnement extérieur. Sur cinq des huit essais réalisés, la diffusion
était 1D grâce à un colmatage dans les autres directions. Ces mesures sont bruitées et un
filtrage des valeurs aberrantes a été appliqué. Les paramètres d’hystérésis de sorption sont
fixés (ϕ, a, αgp , βgp ), laissant dix paramètres de réglage pour approximer la solution sur les
cinq essais considérés : ws0 , kws , D0R , D0T , D0L , kDR , kDT , kDL , SRT , SL . Ces paramètres sont
optimisés par un algorithme de Nelder-Mead afin de minimiser RM S entre la solution ap-
proximée et l’expérimental. Finalement, une RM S moyenne systématiquement inférieure à
0,01 est obtenue, ce qui est nettement plus précis qu’un dispositif de mesure expérimentale
de TE. L’ordre de grandeur des paramètres physiques optimisés est physiquement cohérent
et proche des résultats issus de la littérature.
Par bien des égards ces résultats pourraient être améliorés : filtrer les mesures plus efficace-
ment, assurer une diffusion purement tangentielle ou radiale, ajouter un colmatage thermique,
prendre en compte les variations du coefficient de diffusion avec la température, prendre en
compte des variations des coefficients d’échange SRT et SL , résoudre l’équation de la chaleur
avant l’équation de diffusion ou encore déterminer les paramètres d’hystérésis de sorption du
sapin par des essais préalables en enceinte climatique.

180
L’approximation DF devrait être passée en 2D, afin de l’appliquer aux trois essais RT déjà
réalisés ou même sur les poutres en dimensions d’emploi chargées en fluage. L’application des
différences finies à un problème 2D est déjà bien connue dans la littérature et ne représente
pas un challenge en soi, elle augmenterait par contre le temps de calcul. Rigoureusement,
en diffusion 2D il faudrait déterminer la part de diffusion tangentielle et la part de diffusion
radiale dans la section à partir de la lecture des cernes, ce qui nécessite un découplage complet
du processus.

181
Conclusion et perspectives

Rappel de la problématique
Ce travail porte sur la recherche expérimentale des propriétés mécaniques du bois. La pro-
blématique scientifique découle du travail de Pambou Nziengui (2019) : étudier les couplages
entre fluage, fissuration et diffusion par une approche phénoménologique sur des essais à
l’échelle 1. Par ailleurs, le financement régional et les projets de Clermont Auvergne INP
l’insèrent dans un contexte de volonté de la filière de valoriser le sapin pectiné (Abies alba)
d’Auvergne Rhône-Alpes, essence par ailleurs abondante dans la région mais faisant face à
des problématiques de séchage.
Ce contexte a ainsi poussé à la réalisation d’une enquête de terrain auprès de professionnels
et d’experts de la filière bois : scieurs, charpentiers, chercheurs et ingénieurs. Les problèmes
de séchage ont alors été associés au phénomène de poches d’eau fréquemment présentes
dans les grumes de sapin. Les solutions proposées par les artisans interrogés se basent sur
des techniques de construction traditionnelles qui utilisaient déjà du bois vert. Une étude
bibliographique sur les mécanismes de formation des poches d’eau et leurs impacts sur les
propriétés du bois a également été menée. Aujourd’hui, pour que les solutions industrielles
utilisent du bois vert ou s’inspirent des techniques traditionnelles, un travail scientifique est
nécessaire pour mieux appréhender, comprendre et quantifier le comportement mécanique
de telles structures. S’ajoute alors à ce travail une problématique filière qui s’inscrit dans
cette démarche : étudier le comportement physico-mécanique du sapin pectiné à l’état vert
ou partiellement séché pour des applications constructives.

Approche expérimentale du travail


Le matériel de cette étude expérimentale est un lot de 30 poutres issues de sapins pectinés
locaux, reçues à l’état vert et en dimensions d’emploi (4000×175×63 mm3 ). Ce lot, fournit et
classé C18 par la scierie du Forez, a été caractérisé par des essais non destructifs, des essais
BING© pour la rigidité axiale et des mesures d’infradensité. Ces mesures ont permis de
calculer un module spécifique et d’estimer la masse anhydre des poutres, permettant ensuite
de calculer leur teneur en eau à chaque pesée. Ces données ont servi à former des "groupes
d’homogénéité mécanique" utilisés pendant l’analyse des essais réalisés ultérieurement soit
des essais de flexion 4-points en déplacement imposé et en fluage.

182
Les poutres ont été entaillées pour les essais de flexion afin d’exacerber une propagation de
fissure. Une partie de ces poutres a été chargée à l’état vert, une autre partiellement séchée
et une autre à l’état sec. La flèche centrale et l’ouverture de fissure étaient mesurées. Les
essais en déplacement imposé ont été réalisés en intérieur, tandis que les essais de fluage
l’ont été en environnement extérieur semi-abrité, c’est-à-dire abrité de la pluie mais pas du
rayonnement solaire. Des mesures complémentaires de longueur de fissure, retrait-gonflement
et température-humidité relative de l’air ont été réalisées pour les essais de fluage.
Les conditions de mesure en environnement extérieur étant difficiles, une méthode de suivi
de marqueur polyvalente a été développée. Elle consiste à suivre des marqueurs de référence,
uniques et facilement identifiables, collés sur la poutre et pour lesquels une homographie
permet de corriger les erreurs dues au déplacement de l’appareil photo au cours de l’essai.
Enfin, la diffusion de l’eau dans le bois a été étudiée par des pesées automatiques successives
sur des échantillons de sapin soumis à un environnement extérieur. Une approximation de la
solution mathématique de l’équation de diffusion a été réalisée par la méthode des différences
finies, afin de déduire des propriétés de diffusion à partir de ces essais.

Principaux résultats obtenus


La méthode de suivi de marqueur atteint une erreur relative au maximum de 0, 28% malgré
des conditions de mesure défavorables, tels les déplacements d’appareil photo et un léger
déplacement hors-plan. Cette précision suffit pour observer des retraits-gonflements long-
termes, des ouvertures et des longueurs de fissure. La polyvalence, l’adaptabilité et le coût
attractif de cette méthode sont particulièrement prometteurs.
La réponse dite "instantanée" des essais de fluage a été analysée selon une procédure permet-
tant de calculer la flèche centrale à 10 minutes après chargement. Ces résultats ont permis
d’établir une corrélation entre le module d’élasticité axiale dynamique E d d’une poutre non
entaillée et celui statique d’une poutre entaillée E, corroborant les observations de Pam-
bou Nziengui (2019). Les résultats montrent d’ailleurs que E, la densité ρ ou encore la teneur
en eau d’une poutre ne sont pas des paramètres prédictifs de la résistance d’une poutre. Cette
dernière semble plutôt associée à la présence des nœuds et des pentes de fil.
La réponse différée des essais de fluage a été analysée par l’intermédiaire de la flèche relative,
en quelque sorte représentative du Kdef de l’Eurocode 5 et de la complaisance relative. L’évo-
lution de cette complaisance relative en fonction du logarithme de la durée était représentée
par une succession de deux régressions linéaires de pentes différentes, comme si un seuil de
transition existait entre un fluage lent puis un fluage plus rapide. Ceci corrobore les obser-
vations de Hunt (1999). Par ailleurs, les valeurs maximales atteintes de cette complaisance
relative étaient plus élevées pour les poutres exposées au soleil ou chargées à l’état vert. Ce
résultat suggère que si le bois vert flue davantage que le bois sec, cela est à mettre en re-
gard d’autres paramètres tels que l’exposition au soleil, la position des noeuds ou encore les
propriétés mécaniques initiales.
La mécanique de la rupture des poutres entaillées a également été analysée au cours des es-

183
sais de flexion. Les évolutions d’ouvertures de fissure ont permis d’identifier le développement
d’une zone d’élaboration, conforme à la mécanique de la rupture quasi-fragile (Sorin, 2018).
Par ailleurs, un modèle de RDM permettant de calculer la longueur de fissure en fonction
de l’ouverture de fissure par des considérations géométriques a été développé et comparé
aux mesures expérimentales. Seules quelques poutres développaient une fissure conforme aux
hypothèses du modèle, qui dans ce cas montrait des résultats en adéquation avec l’expérimen-
tal. Des poutres apparemment peu rigides et peu denses se sont avérées très résistantes, et
la présence de noeuds sur la trajectoire de fissure est supposée en être la cause. Finalement,
les propagations de fissures ont toujours été montantes, ce qui suggère qu’une fissure ne se
propage pas uniquement dans le sens du fil.
Après optimisation des propriétés de diffusion du sapin dans l’approximation DF, celle-ci
s’éloignait d’un RM S inférieur à 1% des résultats expérimentaux. Les propriétés ainsi obte-
nues sont du même ordre de grandeur que celles de la littérature. En comparaison avec des
dispositifs expérimentaux de mesure de teneur en eau, c’est une excellente précision sachant
que le modèle DF permet également d’avoir le profil hydrique et de faire des prévisions.
Finalement, ce travail fournit un jeu de données expérimentales utiles pour de futurs mo-
délisateurs, une première version d’un modèle de diffusion et a contribué au développement
des méthodes expérimentales. Concernant la problématique filière, les résultats confirment
que le Kdef de l’Eurocode 5 qui prend en compte la teneur en eau, de même que le Kmod
qui prend en compte la classe de service, doivent être adaptés si le bois est vert et soumis à
un environnement extérieur. Toutefois, les résultats montrent également que la grande dispa-
rité des propriétés d’un même bois de résineux, due aux conditions de croissance de l’arbre
ou à sa nodosité, est également importante. Ces éléments ne sont pris en compte que dans
le classement visuel des poutres, qui attribue une résistance de flexion selon de nombreux
paramètres dont la taille et le nombre de noeuds. La prise en compte des noeuds dans la
résistance d’une poutre a déjà été étudiée numériquement, notamment en considérant les
variations d’angle de fil locales qu’ils provoquent (VIGUIER et al., 2017; Lukacevic et al.,
2019). Toutefois, ils sont généralement considérés comme des faiblesses. Le rôle des noeuds
dans l’augmentation de la résistance des poutres entaillées, selon leur position, ouvre ainsi
des nouvelles perspectives de recherche.
Des réponses définitives aux problématiques que la filière rencontre concernant l’usage du
sapin pectiné en construction ne sont pas atteignables en une campagne expérimentale sur
30 poutres de sapin pectiné. Toutefois, il peut être souligné que ce lot s’est montré mécani-
quement meilleur que la moyenne et que l’état vert n’était pas le seul facteur impactant la
résistance d’une poutre. Bien qu’ayant une influence, la teneur en eau se couple avec d’autres
facteurs tels que l’exposition au soleil, les hétérogénéités du bois ou encore le type de méthode
constructive. En conséquence, l’épicéa ne devrait pas être préféré au sapin pectiné unique-
ment parce qu’il est plus simple à sécher, d’autant plus qu’il est davantage touché par les
sécheresses que le sapin.

184
Limitations
Des limitations sont apparues en bilan de cette étude à la fois dans les entretiens auprès des
professionnels, dans les outils expérimentaux utilisés et dans les hypothèses de travail. Ainsi,
au cours de l’enquête de terrain, aucun charpentier industriel n’a été interrogé. L’avis de ces
professionnels sur les solutions concernant les problématiques de séchage ou sur l’efficacité
des constructions bois vert n’a pas été enquêté. De même, l’institut technologique FCBA
mène de grandes études sur les propriétés du bois mais n’a pas été interrogé.
De nombreux éléments impactent probablement la précision de la méthode de suivi de mar-
queurs utilisée en environnement extérieur, mais le choix a été de se concentrer sur l’impact
d’un angle de vue, de la distance entre l’appareil photo et les marqueurs et celui d’un léger
déplacement hors plan. Enfin, l’impact des variations de luminosité ou des paramètres de
l’appareil photo doivent avoir un impact moindre mais toutefois non nul.
Dans ce travail, il a été supposé que les poutres chargées au delà de 30% de teneur en eau
étaient chargées à l’état vert. Or, du fait du premier séchage, toutes les poutres ayant été
réhumidifiées ne représentent pas correctement un bois vert.
Les décharges-recharges réalisées au cours des essais de fluage ayant pour but de mesurer un
module élastique à différents instants n’ont pas donné des résultats significatifs. En effet, les
poids de 30 kg sont insuffisants et des décharges-recharges complètes auraient probablement
été meilleures.
Les essais en environnement extérieur sont également sources de nombreuses erreurs de me-
sure, en particulier avec le bois. Les déformations de séchage ont été supposées n’être que du
retrait en hauteur, mais des vrillages, tuilages et retraits en épaisseur sont évidemment ap-
parus. En conséquence, les mesures de flèche centrale ou les calculs de complaisance relative
ont pu être affectées sans qu’aucune correction ne soit apportée. Les prendre en compte ne
changerait pas les évolutions globales observées, mais viendrait fiabiliser les valeurs numé-
riques.
Les capteurs de déplacement LVDT ont du être placés sous les poutres chargées en fluage.
Il est arrivé que lors de la rupture, des capteurs soient cassés. Idéalement, les capteurs de
déplacement devraient être placés au-dessus des poutres.
Enfin, certaines hypothèses utilisées se sont avérées fausses, toutes les poutres n’étaient pas
à l’état vert lors de la réception et les fissures ne sont jamais rectiligne horizontale, biaisant
le calcul de la complaisance relative et le modèle analytique couplant longueur et ouverture
de fissure.

Perspectives
Les résultats de ce travail et les limitations observées ouvrent de nombreuses perspectives
dont les plus utiles et réalistes sont listées ci-dessous :
• Sur les méthodes de mesures

185
Les mesures automatiques sont nettement plus simples à analyser et plus utiles que des
mesures manuelles. Automatiser la méthode de suivi de marqueur serait donc idéal, mais
complexe à mettre en œuvre. À l’inverse, installer un système de mesure d’ouverture de
fissure par des capteurs LVDT comme pratiqué sur les essais en déplacement imposé est
simple à mettre en œuvre à condition d’avoir suffisamment de capteurs. Si de nouvelles
poutres entaillées sont chargées en fluage en extérieur, il serait préférable d’installer des
capteurs de déplacement pour la mesure automatique d’ouverture de fissure.
• Sur les essais de flexion
Afin de comprendre et quantifier les propriétés mécaniques du bois à l’état vert, il serait
préférable de mener une campagne expérimentale à grande échelle impliquant diverses scieries
locales. Le bois devrait être fourni à l’état vert au fur et à mesure de la campagne, de façon
à éviter toute étape de réhumidification. Par ailleurs, des informations sur les conditions de
croissance et d’abattage des arbres seraient grandement utile pour l’analyse des essais.
L’analyse de l’évolution du fluage en double pente gagnerait à être approfondie. Par exemple,
en réalisant une analyse statistique sur les valeurs de ces pentes et sur le point de transition
afin d’établir des facteurs prédictifs de la vitesse de fluage à un instant donné.
L’analyse des trajectoires mécanosorptives gagnerait également à être développée. Il s’agirait
d’estimer la valeur de la pente de la complaisance relative en fonction de la teneur en eau,
lorsque cette dernière oscille autour d’une valeur stable. Cette grandeur serait caractéristique
d’un pseudo-fluage et pourrait être comparée à des résultats de la littérature.
• Sur la mécanique de la rupture
Le modèle RDM de calcul de longueur de fissure en fonction de l’ouverture pourrait prendre
en compte les mesures de hauteur de fissure afin de calculer précisément la variation de
moment quadratique lorsque la fissure évolue. En effet une propagation rectiligne horizontale
est en réalité un cas marginal de propagation de fissure dans cette configuration d’essai. Ainsi,
le modèle pourrait être appliqué à l’ensemble des poutres chargées.
D’une façon plus générale, les observations macroscopiques des faciès de rupture, identifiant
les fissures montantes et les nœuds comme renforts à la propagation sont des sujets intéres-
sants sur lesquels de nouvelles investigations pourraient être menées. Notamment, un modèle
éléments finis de poutres entaillées chargées en flexion 4-points et contenant des nœuds sur
la trajectoire de fissure donnerait des informations hautement utiles.
• Sur la diffusion
Des essais en enceinte climatique permettraient de tracer les isothermes de sorption du sa-
pin pectiné du Massif Central et donc d’estimer plus précisément les paramètres du modèle
"gripped-box " : αGP , βGP . Ensuite, le code de diffusion serait généralisé à des cas bidimension-
nels et pourrait alors être appliqué aux poutres chargées en fluage extérieur. Les valeurs de
teneur en eau seraient ainsi nettement plus précises, de même que la pente du pseudo-fluage
évoqué précédemment.
Une lecture minutieuse des cernes de croissance des poutres, montrés en annexe C donnerait
les parts de diffusion tangentielle et radiale observées dans les mesures de retrait. À partir de

186
cela, les coefficients de retrait respectifs pourraient être estimés et associés aux coefficients
de diffusion calculés à partir de l’approximation différences finies.
Enfin, l’utilisation du bois vert ou partiellement séché en structure, introduit dans ce travail
par la problématique filière, ne se développera correctement qu’à la condition que les normes
de construction telle que l’Eurocode 5 soient plus robustes dans leur prise en compte des
caractéristiques d’une poutre. L’amélioration d’une norme passe par un agrégat de résultats
scientifiques consensuels, nécessitant des études à grande échelle. Sur le bois, ce type de projet
est généralement multi-acteurs et inclut FCBA et FiBois. Les essais de fluage à l’échelle 1
sont toutefois longs et complexes à mettre en place, et ce travail apporte un exemple de
configuration d’essai et des premiers résultats concernant le sapin pectiné du Massif Central.

187
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199
Annexe A

Trame des entretiens

200
Annexe 11 : Questionnaire « Charpentier » - Bois d’œuvre, bois
massif

1. Histoire de la/des personne(s) ? En quoi consistent vos activités professionnelles et


où les exercez-vous ?
a. Parcours professionnel, formation…
b. Statut « entreprise, asso… », équipe ?
c. Qui sont vos clients, dans quel cadre intervenez-vous (si association par
exemple) ?
i. Locaux ou non
ii. Réguliers ou non (recherche de nouveaux clients) ? Si recherche de
nouveaux clients : comment s’y prendre ?
2. Pour quel(s) usage(s), quelles réalisations : bâtis de quelle nature ? neufs,
rénovations, agrandissements ?
3. Quelle(s) essence(s) de bois privilégiez-vous et pourquoi ?
i. Cas du Sapin pectiné
ii. Comparaison Sapin pectiné avec les autres essences travaillées
a. Provenance ? Local ?
b. Quelles pratiques pour votre scieur / scierie et pour vous ? Construisez-vous
en bois vert ou partiellement séché ?
i. Bois vert (définition « vert ») ? Mix bois vert bois sec ? Quand,
comment, pourquoi ?
ii. Débit ?
iii. Comment gérez-vous le débit des avivés pour éviter des
« anomalies » (tuilage…) ?
iv. Dimensionnement ? (retraits…)
v. Rencontrez-vous des problèmes de pentes de fil lors des
assemblages ? Si oui comment les identifiez et les traitez-vous ?
vi. Assemblage ?
vii. Traitement ?
c. Atouts, avantage de ces pratiques : pour vous, pour vos clients ?
d. Limites, complémentarité avec d’autres pratiques et/ou d’autres produits
(lamellé-collé, etc) ?

4. Explications sur des points plus techniques (en lien plus particulièrement avec le
sapin ou résineux plus largement si pas/peu de sapin pectiné)
a. Aubier non visible (non différencié), durabilité
b. Bois « branchus » => nœuds ? Nœuds morts, nœuds vivants ?
c. Séchage préalable du bois ? (lié au temps entre abattage et usage ? Stocké
comment ? sous quelle forme ? Quelle teneur en eau ?) cas du sapin pectiné :
poches d’eau ?
d. Imprégnation (traitement…) ?
201
e. Critères de qualité ? Aspect, nœuds, pente de fil – fil droit ? stabilité,
anticipation des retraits et déformations, débit et orientation des pièces de
bois, période abattage, conditions de conservation du bois, absence d’attaque
d’agents biologiques (avant/après coupe), xylophages, chancre, gui…)

5. Quelles sont vos interactions avec les autres scieurs ou autres acteurs de la filière ?
6. Difficultés spécifiques à votre métier et à l’usage de bois « vert » ?
a. Ses responsabilités ? garantie décennale, cas de durabilité si bois non traité
(attaque aubier par xylophages…)
b. Normes, réglementations (Eurocode 5 => « surdimensionnement »)
c. Angle économique (prix>>charpente traditionnelle, marché, clients,
concurrence…)
d. Conditions climatiques
e. Manque de personnel ou de formation du personnel, autres corps de
métiers ?
f. Manque de bois de « qualité » ?
g. Qualité, disponibilité outils et de leur entretien

202
Annexe 12 : Questionnaire « Scierie »
1. Histoire de la/des personne(s) qui nous reçoit/reçoivent, lien avec la scierie ?
a. Parcours professionnel

2. Histoire de la scierie ?
a. Familiale ou rachat ?
b. Le nombre d’employés ?
c. La capacité de production ?
d. Quels types de produits ?
e. Qui sont ses clients ?
i. Locaux ou non
ii. Réguliers ou non (recherche de nouveaux clients) ?
▪ Si recherche de nouveaux clients : comment s’y prendre ?
f. Provenance de ses bois dont en particulier le sapin pectiné ?
g. Principales essences de bois travaillées ?
i. Cas du Sapin pectiné : comment est-il géré dans la scierie ? Bois livré
sec ou partiellement séché ? (les différentes opérations, dont le
séchage : ressuyage ? artificiel ?)
ii. Comparaison Sapin pectiné avec les autres essences travaillées (plus
lourd…)
iii. Cas particulier du sapin : poches d’eau ?
h. Qui fait l’abattage ? Importance de la période d’abattage (hors sève, lune…) ?

3. Investissements financiers pour le matériel ?


a. Marge de prix (vente/achat) ?

4. Explications sur des points plus techniques (en lien plus particulièrement avec le
sapin)
a. Passage de grumes de fort diamètre (gros bois)
b. Aubier non visible
c. Bois « branchus », nœuds nombreux
d. Séchage du bois
e. Imprégnation (traitement…) ?
f. Collage (lamellé collé…)
g. Critères de qualité

5. Difficultés spécifiques à votre métier ?


a. Angle économique
b. Conditions climatiques
c. Manque de personnel ou de formation du personnel
d. Manque de bois
e. Concurrence
f. Valorisation des déchets ou non203?
Annexe B

Compte rendus des entretiens

204
09/01/2020 Réunion IP - FiBois

Réunion de discussion
Orientation de la thèse d’Arthur Bontemps

Date : 09/01/2020, 16h00 – 17h30 Lieu : FiBois Clermont-Ferrand (Maison de la


Durée : 1h30 forêt et du bois d’Auvergne, Lempdes)
Salle chêne
Présents :
• Rostand Moutou Pitti (Polytech)
• Joseph Gril (Polytech/Inra)
• Eric Fournely (Polytech)
• Arthur Bontemps (Polytech)
• Nicolas Da Silva (FiBois)
• Jean-Pierre Mathé (FiBois)

Ordre du jour :
• Présentation de la diapositive concernant les réflexions côté Polytech
• Discussion sur le projet de thèse de Arthur Bontemps

Eléments de discussion :
Le but de la réunion était de discuter de l’orientation de la thèse d’Arthur Bontemps parmi :

Première orientation : Caractérisation du comportement mécanique de bois de petit diamètre mis en


œuvre à l’état vert, rond ou partiellement équarris, par exemple en vue d’applications constructives de
bâtiments agricoles.

Seconde orientation : Caractérisation du comportement mécanique des gros bois pas ou peu séchés,
par exemple en vue d’applications de construction en charpentes traditionnelles.

Les deux orientations concernent prioritairement le sapin pectiné, essence fortement présente dans
la région Auvergne Rhône Alpes.

A première vue, Nicolas et Jean-Pierre seraient plus intéressés par la seconde orientation. Celle-ci
paraît mieux répondre à la réalité actuelle des besoins de la profession que la première. Ce choix reste
néanmoins à confirmer auprès des professionnels.

Ecueils de la seconde orientation :

Les gros arbres présentent plus fréquemment des pentes de fil au sein du tronc, venant nuire aux
performances mécaniques. En général, ces difficultés sont laissées à la responsabilité des charpentiers
qui doivent s’assurer que la structure entière serait fiable malgré la présence de pentes de fil sur
certaines poutres. Par exemple, un assemblage intelligent permettrait de « compenser » les problèmes
mécaniques que provoqueraient normalement les bois avec des pentes de fil. Dans ce cas, il faut
s’assurer que les charpentiers aient des méthodes de détection et quantification des pentes de fil
adaptées.

Comment gérer ces défauts ?

Ces pentes de fils peuvent être traitées de différentes manières :


205
09/01/2020 Réunion IP - FiBois

• Effectuer un tri de sélection des arbres, filtrant ceux présentant des pentes de fil
importantes. Il est dans ce cas nécessaire d’avoir des méthodes de détection et de
quantification des pentes de fil ;

• Atténuer l’impact des pentes de fil sur les propriétés mécaniques avec des techniques de
transformation : le déroulage (qui étale le défaut sur toute la surface), le lamibois (LVL) ou les
prédalles mixte bois-béton en sont des exemples concrets.

A noter que l’utilisation de bois rond (cas de la première orientation), peut dans certains cas lisser les
défauts de fil car chaque fibre reste continue.

A propos des poches d’eau :

Les poches d’eau, très présentes dans les sapins pectinés, n’affectent pas les propriétés mécaniques si
les poutres sont séchées naturellement. Cependant, au cours du séchage elles peuvent déclencher des
fissures qui peuvent être dues à la manifestation de contraintes de croissance, aux effets du temps et
du retrait ou dessiccation. Ces fissures sont préjudiciables en structure.

Dans le cas d’un séchage artificiel, les poches d’eau dans les grumes seraient onéreuses à sécher.

Conclusions :
Il a été décidé, conformément au plan de thèse initial, de faire une enquête auprès des professionnels
pour trancher définitivement sur l’orientation privilégiée de la thèse. Bien qu’en première
approximation la seconde semble être favorisée, la première est probablement plus facilement
réalisable et présente des intérêts scientifiques, il est nécessaire d’évaluer le besoin en construction
bois rond à l’état vert dans la région.

Pour l’heure, la construction de bâtiment agricole en bois est beaucoup demandée (bien que l’acier
soit majoritaire sur ce marché), elle représente environ 25% des constructions bois de la région. Les
entreprises proposant des services de construction agricoles sont spécialisées sur ce type de
construction. Par ailleurs, de nombreux paysans possèdent leur propre ressource forestière qu’ils
pourraient utiliser comme bois de construction agricoles.

L’enquête :
L’enquête se fera sur 4 types d’entreprises :

- Les scieries, pour les deux orientations ;


- La charpenterie, pour l’orientation 2 ;
- La charpenterie de bâtiments agricoles, pour l’orientation 1 ;
- Des bureaux d’étude, pour les deux orientations.

L’idéal serait de rencontrer 3-4 entreprises sur chacun de ces types, comprenant des petites
entreprises et des moyennes/grosses, donnant un total de 10-15 industriels à rencontrer et
questionner.

Les rencontres seraient facilitées par FiBois et s’appuieraient sur un questionnaire préalablement
définit.

206
09/01/2020 Réunion IP - FiBois

TO DO
Quoi Quand Qui
Etablir le questionnaire 31/01/2020 Arthur et relecture par al.
Etablir la liste des contacts 31/01/2020 FiBois
Rencontrer et questionner les Du 01/02/2020 au 27/03/2020 Arthur et ceux qui peuvent
acteurs
Analyse des résultats de Fin mars Tous
l’enquête et trancher sur
l’orientation précise de la thèse

207
09/01/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

Rencontre Sylva Conseil

Date : 18/02/2020, 8h30 – 11h Lieu : Sylva Conseil Clermont-Ferrand


Durée : 2h30
Présents :
• Arthur Bontemps
• Joseph Gril
• Eric Fournely
• Jean-Louis Vigier

1. Quelle est votre place parmi les acteurs de la construction bois ? Quelles sont vos
interactions avec eux ?
Sylva Conseil intervient à deux niveaux : En amont lors de concours de projet et en aval lorsqu’ils sont
directement contactés par des entreprises de construction.

Dans le cas de concours, ils sont en équipe avec un cabinet d’architecte et sont en concurrence avec
d’autres binômes (bureau d’étude-cabinet d’architecte) pour répondre à un projet.

Ils sont donc en contact avec des constructeurs bois et des cabinets d’architectes.

2. Quels sont les types de construction que vous traitez (lamellé-collé, LVL, charpentes,
…) ?
Sylva Conseil traite tout type de construction.

3. Dans vos projets, quelles essences sont majoritairement utilisées ?


Les résineux sont majoritairement utilisés, l’épicéa en tête. Les constructions en sapin sont rares.

4. Quel est votre avis sur la construction bois vert ? Ses applications les plus
intéressantes et ses limites ?
Selon Jean-Louis Vigier, la construction bois vert pose peu de problèmes mécanique tant qu’elle est
anticipée. En solivage, elle est problématique car déforme le plancher qui doit normalement rester
plat.

En revanche, la construction bois vert pose des problèmes de durabilité : le sapin pectiné vert est
sensible aux attaques d’insectes.

Le sapin sèche bien à l’air libre mais pas très bien si on le force en étuve (y compris les poches d’eau
du duramen). Cet argument va en faveur de la construction bois vert qui sèche en structure.

208
09/01/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

5. Quel est votre avis sur la construction en éléments de structures bois rond ? Ses
applications les plus intéressantes et ses limites ?

6. D’après vous, comment pouvons-nous valoriser dans des éléments de structures les
bois issus de grumes de gros diamètre ?

Le mythe des pentes de fil dans les grumes de gros diamètre est infondé. De manière générale, le sapin
pectiné présente moins de pente de fil que le douglas ou l’épicéa.

En revanche, les gros bois ont tendance à dépérir à cœur plus tôt que les petits, entraînant un
pourrissement accéléré et une ruine des propriétés mécaniques. Par conséquent, les grumes de gros
diamètres doivent être triées selon la qualité du bois de cœur.

Remarques :

Le sapin pectiné est un bois qui a peu de précontraintes et donc peu de recouvrance. Il sera moins
sujet à des fentes à cœur une fois abattu.

La bonne période d’abattage des sapins est en hiver, sinon les arbres sont gorgés de sève et donc
beaucoup plus humide. A noter que poussé face nord et à conditions de croissance égales, le sapin est
plus résistant que l’épicéa et le douglas.

Joseph propose la réalisation d’un toit de démonstration au parking de Polytech : L’idée serait de faire
une construction alternée : sapin vert, sapin légèrement séché, sapin anhydre ; afin de démontrer que
le bois vert fonctionne aussi bien que le bois sec. Attention, pour ce projet il faut faire une demande
de subventions auprès du Massif Centrale, le deadline étant en avril 2020 !

En ce moment, Sylva conseil travaille sur un projet de construction en sapin à Dunières. Pour avoir des
informations sur ce chantier, contacter le maire de la ville : M.Vala.

Les scieries Moulins et Philipon travaillent le sapin pectiné.

Il est important de souligner que le sapin pectiné est apprécié par ses utilisateurs (charpentiers,
bureaux d’études …). Ces derniers sont demandeurs de sapin, les freins résident essentiellement dans
le séchage pour atteindre le taux d’humidité demandé et le massif vieillissant.

Conclusion :

Ma thèse étant orientée sur l’utilisation du sapin pectiné, un des objectifs peut être de casser les
clichés à son encontre. Le sapin a mauvaise réputation (grosses grumes, peu durable, faibles
performances mécaniques …), l’idée serait de décortiquer ces arguments, puis les infirmer ou les
affirmer.

209
21/02/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

Rencontre scierie du Forez

Date : 21/02/2020, 14h-16h Lieu : Scierie du Forez à Vollore montagne


Durée : 2h
Présents :
• Arthur Bontemps
• Joseph Gril
• Fréderic Castaings
• Estelle Planche Foulhoux

1. De quels départements ou de quels massifs proviennent vos bois ? Quelles sont les
essences privilégiées ?
Toutes les grumes proviennent de Loire ou du puy de dôme, dans un rayon de 60 km avec la scierie du
Forez. La scierie traite environ :

- 55% de douglas
- 30% d’épicéa
- 15% de sapin

2. Quelles sont vos interactions avec les charpentiers ou autres acteurs de la filière ?
Ils reçoivent des grumes qu’ils découpent/équarrissent, puis sèchent et revendent à des charpentiers.

3. Lorsque vous séchez des pièces de bois issues de gros troncs, arrivez-vous
systématiquement au taux d’humidité souhaité ? Autrement comment procédez-vous ?
Le séchage ne pose pas de problème pour la plupart des essences. Les gros bois concernent
principalement le sapin pectiné, qui présente un massif vieillissant.

Le cas du sapin pectiné est particulier, celui-ci n’est plus séché dans les séchoirs traditionnels de la
scierie du Forez car trop onéreux à sécher. En général, il est revendu humide à des charpentiers qui
procèdent à son ressuyage pendant 6 mois à 1 an.

4. Si vous séchez du sapin pectiné, rencontrez-vous des problèmes de séchage ? Est-il


possible de pallier ces problèmes ?
Oui, comme évoqué à la réponse précédente. Tout d’abord, le sapin est naturellement plus humide
que l’épicéa ou le douglas (juste après abattage, son taux d’humidité est élevé). On constate une masse
volumique d’environ 850-900 kg/m3 après abattage, soit 2 fois plus élevée que la masse volumique
anhydre.

Deuxièmement, les sapins présentent fréquemment des poches d’eau dans le duramen, parfois
impossible à sécher. Selon le FCBA, ces poches d’eau se situeraient prioritairement au pied de bille
mais la scierie du Forez constate que les poches d’eau se situent tout le long des grumes. Les
210
21/02/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

recherches menées par l’INRA semblent également indiquer que les poches d’eau sont présentes sur
tout la longueur des grumes.

Enfin, le sapin sèche mal lorsqu’on le force en séchoir, il sèche bien mieux naturellement.

5. Transformez-vous des grumes de gros diamètre ? Rencontrez-vous des problèmes ?


Le problème principal des grumes de gros diamètre est qu’elles présentent un pourrissement à cœur.
En effet, les propriétaires forestiers ont laissé trop longtemps les sapins sur pied et ceux-ci sont
devenus particulièrement gros (massif vieillissant), accompagnés d’un pourrissement à cœur. A priori,
il est impossible en observant un arbre sur pied s’il va être pourri à cœur.

6. Lors de la transformation (de grosses grumes particulièrement), rencontrez-vous des


difficultés liées à des pentes de fil dans le bois ?
Pas plus que chez les autres essences.

7. Seriez-vous intéressé par la vente de pièce de charpente en bois vert (sapin blanc par
exemple) ? Si non, quel serait le taux d’humidité maximal toléré ?
Bien sûr, mais la réglementation l’en empêche. Le marché demande de plus en plus de bois sec, malgré
le fait que les charpentiers apprécient le sapin pour ses qualités mécaniques, ils ne peuvent l’utiliser
car le taux d’humidité imposé par l’Eurocode 5 est trop onéreux à atteindre chez le sapin.

8. Seriez-vous intéressé par un développement de l’utilisation de gros bois ?

Bien sûr, mais il faut dans ce cas éviter les bois pourris et procéder à un séchage suffisant …

Remarques :

Un autre problème auquel est confronté le sapin est les gélivures. Les gélivures sont des fentes radiales
dues au gel de la sève dans le bois. Si une vague de froid brutale survient, l’arbre n’est pas prêt et est
gorgé d’eau, celle-ci prend plus de volume et crée parfois des fentes radiales.

Il est important de noté que le sapin a de bons retours de la part des charpentiers (efficace en
structure), ses principaux problèmes sont le pourrissement à cœur et le séchage. Ce fait corrobore ce
qu’expliquait Sylva Conseil.

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23/03/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

Discussion avec Catherine Lavier

Date : 23/03/2020, 10h00 – 11h00 Lieu : Téléphone


Durée : 1h
Présents :
• Arthur Bontemps
• Catherine Lavier

Présentation de Catherine Lavier :

Catherine Lavier est archéodendromètre et enseignante chercheuse. Elle recherche l’origine des bois
de structures ou d’objets (œuvres d’art, instruments de musique).

Quels types de structures avez-vous étudiée ?

J’étudie des bâtiments publiques et privés. Par exemple, des églises, offices du tourisme, chalets,
maisons …

Quelles essences sont majoritairement utilisées ?

L’essence dépend de la région. Dans les montagnes françaises, les résineux sont principalement
utilisés : sapin, épicéa et mélèze. Dans d’autres régions, on trouve du chêne et du hêtre. Le sapin se
trouve par exemple dans le massif central.

Est-il possible de connaître l’humidité initiale du bois d’une structure ?

La teneur en eau du bois à proprement parlé, non. Cependant, on peut connaître la date d’abattage
de l’arbre par dendrochronologie d’un prélèvement (en déterminant l’essence également) puis avec
les archives ou en étudiant les fentes des éléments de structures, il est possible de savoir la date de
mise en œuvre. Ainsi, on sait si le bois était sec ou vert lorsqu’il a été posé. A noter qu’à partir de
l’échantillon l’arbre peut être reconstitué par ordinateur.

Dans ce cas, comment étaient les structures anciennes, bois vert ou sec ?

L’écrasante majorité des constructions anciennes étaient assemblées en bois vert. La coutume en
Europe (époque romaine et moyen âge par exemple) était d’abattre les arbres en hiver (minimisation
de la quantité de sève présente), de ressuyer (de laisser sécher quelques mois en extérieur) puis de
construire. Le taux d’humidité initiale du bois était donc bien au-dessus du PSF.

Rencontraient-ils alors des problèmes avec ces structures construites bois vert ?

Très peu ! Les attaques de xylophages sont minimes si la structure est suffisamment ventilée, les fentes
ne sont pas dangereuses si le bois est correctement débité et si le séchage est lent, le retrait-
gonflement du bois peut être anticipé et ajoute de la souplesse à l’assemblage. Au contraire, les
structures tenaient des siècles.

Auriez-vous des exemples de bâtiment construit bois vert visitables ?

Je n’en ai pas de précise en tête. Les bâtiments historiques « nobles » sont souvent en chêne (église,
…), les chalets de montagnes sont souvent en résineux (ils tiennent des siècles), les étayages de mines
étaient en sapin, les ponts sur pilotis étaient en bois vert (enfoncé dans l’eau !).

Pourquoi sèche-t-on alors aujourd’hui ? 212


23/03/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

Pour des raisons économiques. Dans l’objectif de minimiser le plus possible les pertes matière et pour
aller plus vite, on sèche le bois. Le laisser vert impose de plus grosses pertes matière (à approfondir).
Cela dit, certains artisans travaillent encore le bois vert (charpentes traditionnelles).

Le bois vert a-t-il un avantage sur le bois sec ?

Le bois sec est beaucoup plus difficile à travailler, au moindre coup il fissure. L’humidité permet
d’adapter le bois, de le déformer.

Remarques :

Lors du séchage, le débitage est très important. En effet, les retraits tangentiel, radial et longitudinal
sont différents et on peut avoir des fissures plus ou moins grosses selon la position du repère.

La structure encore sur pied la plus vieille que Catherine connaît a 1 millénaire (notre dame et d’autres
construction romaines).

Quelques contacts :

Emmanuel Maurin, ingénieur bois, ministère de la culture.


Fréderic Guibal, dendrochronologue et climatologue.
Charpentier sans frontières.
Compagnon du devoir.
Charpentier restaurateur
l’Etude Charpente et Structure Bois à Chalonnes.

213
25/03/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

Discussion avec Emmanuel Maurin

Date : 25/03/2020, 14h00 – 14h30 Lieu : Téléphone


Durée : 30 minutes
Présents :
• Arthur Bontemps
• Emmanuel Maurin

Présentation de Emmanuel Maurin :

Emmanuel Maurin est ingénieur bois, il travaille au laboratoire de recherche pour les monuments
historiques. Son métier consiste à aider les maitrises d’ouvrage sur le choix des solutions techniques
de restauration de monuments historiques. Très souvent, les solutions sont des reconstitutions à
l’identique (donc bois vert). Il est à la base chimiste du bois, mais maintenant généraliste du matériau
bois.

Son travail consiste également en l’appui aux architectes de la connaissance du matériau bois, et en
l’identification d’essence à l’échelle microscopique.

Les structures que vous étudiez sont toujours en bois vert ?

Si c’est une reconstruction complète, oui. Si c’est une restauration partielle, le risque est d’assembler
un élément de structure en bois vert avec des éléments qui sont maintenant secs (ils étaient verts
initialement mais ont séché sur place). Dans ce cas cette différence doit soit être prise en compte soit
l’élément de structure reconstitué est séché.

Les bâtiments historiques sont-ils soumis aux normes de l’Eurocode 5 également ?

Si c’est une reconstruction à l’identique, non. En effet, justifier que la structure a tenu des siècles suffit
pour la reconstruire à l’identique. Par contre, si celle-ci est changée (dans son usage ou dans la solution
constructive), alors il faut justifier que ce changement ne sera pas dangereux. Les justifications passent
souvent par un calcul sur les bases de l’Eurocode 5, mais il peut arriver que l’E5 surdimensionne
tellement une structure qu’il ne soit plus possible du tout de reconstituer …

Avez-vous travaillé sur des restaurations de bois de résineux ?

Peu, c’est souvent du chêne ou du peuplier. Peut-être le château de Lunéville, près de Nancy, à vérifier.
S’il a été reconstruit en résineux il est probable qu’une partie soit en sapin.

Si le bois vert est efficace en structure, pourquoi sèche-t-on désormais ?

Dans un premier temps, il faut savoir qu’avant nous construisions bois vert parce que le bois sec est
beaucoup plus dur et difficile à usiner et travailler que le bois vert. A l’arrivée des machines d’usinage
et de l’automatisation, il a alors été possible de travailler le bois sec.

On sèche pour plusieurs raisons :

• D’abord, pour minimiser les pertes matières. Lorsqu’on construit bois vert, il faut débiter sur
quartier, c’est-à-dire que les poutres débitées doivent être issues du cœur de la grume (proche
de l’axe longitudinal). Ce faisant, les poutres vont peu se déformer. Si une poutre est issue
d’une dosse, lors du retrait elle aura tendance à « tirer à cœur » par exemple. Débiter sur
quartier signifie une poutre par arbre … Donc
214 il y a de fortes pertes matières par rapport à un
25/03/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

arbre où l’on débite plusieurs poutres qu’on a ensuite séchées. On peut quand même obtenir
plusieurs poutres par arbre en débit sur quartier si l’on découpe la grume en tronçons.
• Deuxièmement, et toujours dans la même idée, construire en bois vert nécessite plus de
formation pour les charpentiers. Pour des poutres non débitées sur quartier, les charpentiers
compétents savent comment vont se déformer les poutres en observant leur position par
rapport à l’axe de la grume et peuvent ainsi construire en prenant en compte les effets de
tuilages et de tirées à cœur. Mais cette approche nécessite de former correctement les
charpentiers, ce qui coûte aux entreprises.
• Ensuite, le développement des technologies de bois lamellé-collé, BMR, LVL … Utilisant des
colles nécessite un état sec du bois. L’humidité du bois nuit à la qualité du collage.
• Enfin, c’est culturel. Des entreprises ont pris la décision de sécher à une époque, et ont adapté
leur technologie à cela et l’ont transmis à leur descendant. Les descendants ont considéré que
la construction bois vert n’était pas viable et ont continué sur la lancée. La technologie peut
alors progresser sans que l’on remette en question cette vision de la construction bois sec,
même si peut-être que la construction bois vert est économiquement plus intéressante
désormais.

Aujourd’hui, 2 mondes s’affrontent : les archéodendrochronologues qui démontrent que la


construction bois vert est faisable, les industriels du génie civil qui veulent un modèle optimisé.

Quels sont les erreurs à ne pas commettre si on construit en bois vert ?

Le débit est essentiel, il faut débiter sur quartier pour faciliter la démarche (mais c’est quand même
possible avec débit classique, supposant que les charpentiers sont compétents, voir ci-dessus).

Choisir une essence durable selon la classe de service.

Le bois vert ne risque-t-il pas d’être attaqué pas des xylophages ?

Non, en tout cas pas le chêne. Les résineux comme le sapin il faut être plus prudent.

Remarques :

En moyenne, un monument historique brûle tous les 10 ans.

Quelques contacts :

François Calame de charpentiers sans frontières.


Mathieu Garros, de « entre toits et bois », charpentier de construction bois vert.

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27/03/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

Rencontre scierie Chorain

Date : 27/03/2020, 11h – 11h45 Lieu : Skype


Durée : 45 min
Présents :
• Arthur Bontemps
• Jean-François Chorain

1. De quels départements ou de quels massifs proviennent vos bois ? Quelles sont les
essences privilégiées ?
Tout l’approvisionnement de la scierie Chorain provient d’un rayon de moins de 25km. L’essence
principale est le sapin, puis quelques grumes de douglas, épicéa et pin. Ils ne travaillent que des
résineux.

2. Quelles sont vos interactions avec les charpentiers ou autres acteurs de la filière ?
Le secteur d’activité principal est la vente de sapin à des charpentiers traditionnels et à des négociants
en matériaux de construction. Une partie du sapin est aussi vendu en lamelle à des colleurs pour de la
construction de bois lamellé collé. L’épicéa est à destination du coffrage, le pin de planche pour
terrasses. Les clients sont en partie localisés dans la région, mais d’autres sont dans le sud de la France.

3. Quelles transformations opérez-vous (séchage, équarrissage, collage, …) ?


Dans l’ordre :

1. Réception des grumes ;


2. écorçage des grumes. Garder l’écorce pendant le transport permet de maintenir humide le
bois, le rendant plus simple à scier ;
3. sciage des grumes. Elles doivent être écorcées avant d’être sciées pour rendre la surface
« propre ». Si des cailloux ou de la terre sont sur les surface du tronc elles risquent d’abimer
les lames ;
4. séchage naturel ou sous traitement du séchage en séchoir. Ce choix dépend de la météo et du
temps à disposition. S’ils peuvent éviter le séchoir ils évitent (beaucoup plus cher), mais s’il y
a des contraintes de temps ou selon la saison il peut être nécessaire de passer par là.

La sylviculture, le transport des arbres sur pied, le collage, le séchage en séchoir ou tout autres
transformations sont donc sous traitées.

La scierie Chorain s’apprête à installer un séchoir basse température de grande capacité. Celui-ci est
plus adapté au séchage du sapin car il est lent et permet d’y sécher de grosses grumes.

4. Prenez-vous en compte le débit de la poutre avant de la sécher ?


Le débit n’est pas pris en compte pour le séchage. Bien que le débit sur quartier soit idéal pour
minimiser les effets « tuilages » ou autres déformations indésirables, celui-ci n’est pas adapté à la
technologie de sciage présente. Le débit sur quartier est très compliqué et implique de grosses pertes
matières.

216
27/03/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

5. Lorsque vous séchez des pièces de bois issues de gros troncs, arrivez-vous
systématiquement au taux d’humidité souhaité ? Autrement comment procédez-vous ?
Oui, il faut attendre plus ou moins longtemps. Le taux d’humidité exigé par les charpentiers est 18% à
20%, celui exigé par les colleurs (pour du lamellé collé par exemple) est de 12%. Si les charpentiers
achètent le bois vert, alors ils sèchent chez eux mais cette étape est systématique.

6. Quels sont vos retours d’expérience de séchage du sapin pectiné ?

Le sapin est plus difficile à sécher que les autres résineux. Non seulement le séchage est plus long mais
en plus il n’est pas uniforme. Il est fréquent qu’après une période de ressuyage, les deux extrémités
d’une poutre ne soient pas au même taux d’humidité. La faute revient au phénomène des poches
d’eau, fortement présentes dans les sapins. Il arrive que lors du séchage naturel à la scierie il y ait des
fentes, mais ce phénomène apparaît majoritairement dans les séchoirs artificiels.

Un séchage naturel doit être ventilé et ne pas être en plein soleil, autrement le gradient de
température entre le cœur et la périphérie est trop grand et des fentes peuvent apparaître.

7. Concernant le vieillissement du massif de la région, cela vous pose-t-il des problèmes ?


La scierie Chorain scie des gros sapins (contrairement aux grosses scieries), elle est donc preneuse des
gros bois. Cependant, ceux qui sont trop vieux présentent fréquemment des pourritures et des fentes
à cœur, impliquant de grande pertes matière. Malgré le fait que les grumes soient belles en extérieur,
elles peuvent être pourries à cœur. Ces arbres sont en retard d’exploitation. C’est un problème de
sylviculture.

8. Lors de la transformation (de grosses grumes particulièrement), rencontrez-vous des


difficultés liées à des pentes de fil dans le bois ?
Pas spécialement, peut-être en bille de pied.

Remarques :
Le sapin est supérieur mécaniquement que l’épicéa et le douglas, c’est une excellente essence pour la
construction. Lorsqu’il est traité, il n’implique pas de problème de durabilité en charpente.

Pour qu’un séchoir soit efficace, il faut qu’il soit plein. L’idée est ne pas laisser trop « d’air » ou de
« trou » pour que tout sèche correctement.

Si vous décidez de construire en bois vert, un des risques est de ne pas laisser ventiler le bois en posant
une isolation immédiatement. Si le bois n’est pas ventilé, il ne sera pas durable et pourrira rapidement.
Lors d’une construction bois vert il est important d’attendre avant de poser l’isolation.

217
09/04/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

Discussion Mathieu Garros

Date : 09/04/2020, 9h00 – 9h30 Lieu : Téléphone


Durée : 30 minutes
Présents :
• Arthur Bontemps
• Mathieu Garros

1. En quoi constitue exactement vos activités professionnelles et où les exercez-vous ?


Je suis charpentier chez « Entre toits et bois ». Nous réalisons des charpentes traditionnelles, des
solivages, des ossatures bois. Nos charpentes traditionnelles sont principalement en bois massif, mais
on peut également y ajouter du contre-collé. Nos clients sont essentiellement des particuliers. Nous
exerçons à Toulouse.

2. Quelle essence de bois privilégiez-vous ? Quelle en est la raison ?


Nous utilisons beaucoup du douglas (en charpente traditionnelle par exemple), mais aussi du « sapin
de pays ». L’entreprise a une vocation écologique, et l’idée est de prendre le plus possible des bois
locaux.

3. Quelles sont vos interactions avec les scieurs ou autres acteurs de la filière ?
Nous nous fournissons principalement chez un scieur, M.Daussion. Celui-ci ne sèche pas mais peut le
sous-traiter, et il peut appliquer un traitement au bois.

4. Construisez-vous en bois vert ou partiellement séché ?


Une bonne partie de nos charpentes traditionnelles sont construites en bois vert ou en mixte bois vert-
bois sec. Egalement, nous réalisons des solivages en bois vert. Quand on parle de bois vert, il est
généralement entre 20 et 30% d’humidité, jamais au-delà. En effet le délai entre l’abattage et la pose
est suffisant pour abaisser sa teneur en eau à ces niveaux-là.

5. Rencontrez-vous des difficultés ?


C’est une question d’habitude. Lorsqu’on construit en bois vert, il faut plus regarder et observer les
pièces de bois. Celles-ci doivent être correctement orientées. Par exemple, on a coutume de mettre le
« cœur au soleil », c’est-à-dire le cœur vers l’extérieur de la structure, afin d’éviter les problèmes liés
au tuilage.

Dimensionnement : Par ailleurs, nous dimensionnons grâce aux normes de l’Eurocode5, donc nous
pénalisons nos bois humides. Le dimensionnement se fait par un logiciel.

Assemblage : Nous faisons attention à ne pas rencontrer de problèmes de « jeu » lors de l’assemblage.

Durabilité : Si la charpente est apparente et lorsqu’on utilise du douglas, nous n’avons pas besoin de
le traiter puisque la charpente peut être diagnostiquée visuellement en permanence. En revanche si
celle-ci n’est pas apparente, alors le bois doit être traité par le scieur.

218
09/04/2020 Orientation de la thèse de Arthur Bontemps

6. Comment gérez-vous le débit des avivés, pour éviter le tuilage ou autres anomalies ?
Nous n’avons pas d’exigences officielles envers notre scieur concernant le débit des avivés, mais celui-
ci sait selon notre demande s’il doit plutôt limiter la quantité d’aubier, plutôt débiter sur quartier, …

7. Rencontrez-vous des problèmes de pentes de fil lors des assemblages ? Si oui comment
les identifiez et les traitez-vous ?
Pas particulièrement, et encore moins avec le sapin de pays, son fil est plutôt droit.

Remarques :
Le secteur de la charpente traditionnelle fait face à une lourde concurrence en Occitanie. Une
charpente traditionnelle revient en moyenne 2 fois plus chère qu’une charpente industrielle et c’est
pourquoi nous n’en faisons pas énormément. Nos clients qui font le choix d’une charpente
traditionnelle le font pour des raisons esthétiques et environnementales.

A vérifier que le « sapin de pays » correspond bien au sapin pectiné.

Contacts suggérés :
Les compagnons.

219
Etude expérimentale des propriétés mécaniques de poutres de Sapin pectiné à
différentes teneurs en eau (état de bois vert et partiellement séché).
Charpentier : Mourad MANESSE
Entretien téléphonique avec Florence Mathieu / stage M1 Sciences du Bois
le 4 avril 2022

Mourad est autodidacte ; après des études scientifiques et techniques, il souhaitait avoir une activité plus
créative - source de motivation, et a fait un CAP charpentier en tant que candidat libre.
Il exerce depuis plus de 15 ans, à son compte et au gré des sollicitations grâce au « bouche à oreille ».
Il est contraint de travailler seul du fait de la difficulté à mobiliser d’autres personnes alors même qu’il
pourrait en avoir besoin sur certains chantiers.

Basé en Soane et Loire (Verjux, 71590), Mourad intervient dans toute la France.

Il a eu quelques expériences par le passé auprès de collectivités, et d’associations en tant que bénévole : il a
par exemple participé à un chantier participatif avec « Charpentiers sans frontières » dont les réalisations
permettent de faire découvrir et donner envie au grand public.

Depuis plusieurs années, ses clients sont presque exclusivement des particuliers.
Bien qu’ayant à son actif bon nombre de restaurations, Mourad fait beaucoup de constructions neuves et
extensions, qui lui laissent le plus grand degré de liberté pour sa créativité, en partant du dessin et qui
donnent une grande cohérence au projet. Il souligne cependant que même une rénovation constitue un défi
créatif et artisanal (la phase de démolition reste cependant source de pénibilité).
Mourad travaille peu avec des architectes.
Il ne note pas d’évolution ou de tendance spécifique, et met en avant l’intérêt de ses clients pour des projets
particuliers : recherche d’authenticité, d’une réalisation qui « a du cachet », à laquelle un soin particulier a
été apporté. De fait ce n’est pas pour « tout le monde » ni pour toutes les bourses.

Mourad travaille toutes les essences de bois et affectionne particulièrement le châtaignier, « assez idéal »
pour les charpentes de taille modeste et ne nécessitant pas du bois long (car plus il est gros plus il risque de
ne pas être droit).
En Bresse bourguignonne on retrouve de nombreux exemples datant des 18° et 19°s de charpentes en chêne
de petites dimensions, avec des pièces tordues.

Mourad associe volontiers le bois de feuillus avec du bois de résineux.


Les résineux sont plus fragiles sur le plan mécanique en flexion que le chêne par exemple, mais comme en
charpente la triangulation permet de convertir les efforts en traction et compression, les pièces sont
surdimensionnées au regard des contraintes mécaniques qui vont s’exercer.
Les résineux sont privilégiés pour les usages où de grandes longueurs sont nécessaire : façonnage de pannes,
sablières, solives.
Le sapin et l’épicéa sont alors adaptés grâce à leur morphologie bien droite, et ils sont assez légers ce qui est
également un avantage.
Même s’il y a peu de différences entre ces deux essences, Mourad préfère l’épicéa au sapin pectiné car il
« se tient mieux », a un fil plus joli ; de belles billes qui donnent un beau bois de brins (pas de section
refendue) pour la charpente.
Les billes de bois vert sont travaillées à la hache : équarrissage et corroyage. Cette opération est plus facile
avec les résineux. 220
1
Les fibres de l’arbre sont conservées dans leur intégralité ; une poutre est une section d’arbre avec le cœur
au centre. L’aubier - non différencié pour l’épicéa et le sapin pectiné donc non visible - est quoi qu’il en soit
minoritaire en volume sur la pièce finale.

La durabilité (en présence d’aubier) ? On trouve des charpentes de plus d’un siècle en sapin en bon état de
conservation et même s’il y a une altération dans le temps, celle-ci n’est pas problématique. Il peut y avoir
des traces (trous de vrillettes pas exemple) mais il est très rare de voir des insectes vivants, et Mourad n’a
jamais pas constaté de pièces cassées.
Les éléments peuvent avoir été fortement endommagés par une attaque fongique s’il y a eu un contact avec
de d’eau (fuite…) et présence d’humidité excessive, mais c’est là une autre cause, bien spécifique.
Dans le cadre de son métier, Mourad a découpé beaucoup de pièces anciennes et n’a été témoin qu’une
seule fois d’une attaque de capricornes (dans le sud) ; il conclue qu’une infestation dure 2-3 ans puis s’arrête
(suite au séchage ?). Il en résulte une partie du bois plus ou moins spongieuse limitée à la périphérie de la
pièce, et le cœur est toujours en bon état.
Il n’est donc pas nécessaire de traiter le bois de charpente, quelle que soit l’essence.

L’usage de bois vert se retrouve en charpente traditionnelle depuis des siècles, en attestent les études de
dendrochronologie qui permettent de faire des datations y compris de l’année d’abattage de l’arbre (si le
dernier cerne est visible) : la date de construction suit généralement l’année d’abattage.

Dès lors que le linéaire est suffisamment aéré - ce qui est le cas pour une charpente traditionnelle même à
usage d’habitation, le bois va sécher sans retrait en longueur. Certains assemblages doivent faire l’objet
d’une attention particulière [du fait des retraits radial et tangentiel], qu’ils soient d’équerre ou en coupes
biaises : ces retraits sont anticipés et au final on aura une « mauvaise adaptation » toute relative qui ne
remet pas en cause la qualité mécanique de l’assemblage.

Le séchage dans le temps d’une charpente ne pose pas de problème particulier ; la durée dépend des
conditions bien évidemment, mais on peut à titre indicatif donner une durée de 5 ans pour une belle section
de 25cm de diagonale (examen sur des chutes de charpentes, bois sec à cœur).

Pour certaines réalisations, pour des raisons esthétiques notamment, les retraits doivent être minimisés et
pour cela le bois est ressuyé (séchage naturel notamment à la belle saison) : le ressuyage est effectué sur le
bois d’œuvre lorsque celui-ci a été préparé (après l’équarrissage et corroyage).
La durée du ressuyage est de 2-3 ans pour le chêne et le châtaignier, alors qu’il est très rapide pour les
résineux (dure quelques mois).
On pourrait dire que l’eau interstitielle s’évacue lors du ressuyage.

La présence de poches d’eau ? Mourad a parfois remarqué pour le sapin pectiné de grosses différences
d’aspect et de densité dans de grandes parties du bois de cœur (forte humidité – la forte teneur en eau
pouvant expliquer la densité plus élevés, odeur caractéristique…) qui s’apparenteraient à des « poches
d’eau » même si ce terme n’est pas utilisé. Ce comportement n’affecte de toute façon pas la qualité du bois.

Mourad respecte l’idée qu’il faut abattre l’arbre en hiver uniquement, et ceci est particulièrement vrai pour
les résineux qui ont une activité qui reste plus forte même en hiver, selon la visualisation du bois initial [bois
de printemps] et du bois final [bois d’été] sur chaque cerne.
Un arbre abattu en été sera encore gorgé d’eau ; il en suivra de forts retraits et c’est pour Mourad un point
de vigilance important.
Ce type de bois serait réservé pour du bois de second œuvre (lambris, voliges) qui sèche plus vite compte
tenu de ses dimensions réduites.

Bois vert et bois sec peuvent ainsi être utilisés simultanément.


221
2
Il est possible de chevronner avec du bois vert ; avec du lambris, le séchage du bois provoque l’ouverture des
joins ; Mourad a trouvé des astuces et cela donne une finition rustique. Donc cela dépend de la réalisation et
de l’effet recherché : pour des réalisations plus fines, comme le solivage d’une mezzanine raffinée, cette
approche ne sera pas retenue.

Qu’en est-il des avivés, des bois refendus et des risques de déformations liées au séchage ?
Dans tous les cas le bois n’a pas été coupé ni scié la veille ! Il y a toujours un petit temps de stockage qui
permet d’observer les déformations qui apparaissent au séchage, avant l’utilisation. Là s’effectue un tri « en
aval », de même que le scieur doit avoir trié en amont, avant le sciage, pour éliminer les fils tors, le bois trop
noueux ou trop tordu…
L’observation du fil revêt un caractère prédictif. Selon l’usage - comme pour un voligeage par exemple - il est
possible de clouer la pièce pour la contraindre en force ; si Mourad suspecte un chevron en regardant le fil, il
procède à un « contrôle destructif » pragmatique, en appuyant dessus pour vérifier qu’il ne cassera pas…

Concernant la présence de nœuds : ceux-ci sont tolérés pour les poteaux (bois de brin) qui travaillent en
compression. « Les nœuds n’arrêtent pas les fibres ».
En revanche, pour une panne refendue qui serait noueuse, il convient d’être très vigilant car un nœud mal
situé risque de provoquer une casse. Si le nœud est adhérent, bien au cœur et non coupé, il est placé vers le
dessus, la face à l’effort.
Un bon bois pour l’emploi en charpente traditionnelle c’est un « bois de fil » (fil parallèle à la face) et sans
nœuds !

NB : Mourad n’a pas connaissance de bois affecté par le gui.

L’approvisionnement du bois ? C’est la plus grande difficulté mise en avant par Mourad concernant la
conduite de son activité, et il n’a malheureusement pas pu cultiver d’habitudes de travail ni de
collaborations à ce sujet.
Les scieries par définition fournissent du bois scié alors qu’il doit s’approvisionner en grumes, et à l’interface
les grumiers rechignent à transporter des volumes « faibles » (1 camion lui étant suffisant), cette profession
cherchant manifestement le gain rapide dans le domaine « industriel » plutôt qu’à établir une relation de
travail durable avec un artisan.
C’est un aveu d’impuissance… et en découle un « rêve », celui d’avoir ses propres ressources forestières !

Dans la mesure du possible, et c’est ainsi le cas pour la moitié d’entre eux, Mourad fait venir du bois local
pour ses chantiers conséquents – avec une provenance d’au maximum quelques centaines de km.

L’évolution de la normalisation et de la réglementions ?


Concernant la normalisation portant sur l’usage du bois de construction et séchage / teneur en eau (bois sec
à 12%), Mourad ne voit pas de relation avec le travail artisanal et la mise en œuvre du tenon-mortaise sur
bois vert ou partiellement sec.
L’usage du bois vert et ressuyé est pratiqué de tout temps par les charpentiers, et la démonstration de son
intérêt n’est plus à démontrer - notamment en charpente traditionnelle.
La garantie décennale s’applique sur ses chantiers.
Sur le plan de la propriété intellectuelle, certains pourraient être tentés de privatiser des recettes
traditionnelles, ce qui peut représenter un danger (cas du purin d’orties en exemple).

Possibilité de venue sur un chantier : dans la région de Belfort pour les prochains mois.
Prochaine étape (Florence) : envoyer le CR à Mourad et voir l’organisation pour aller sur le chantier

A préciser : le douglas et le mélèze ne seraient pas utilisés de la même façon que le sapin et l’épicéa (?)
222
3
Etude expérimentale des propriétés mécaniques de poutres de Sapin pectiné à
différentes teneurs en eau (état de bois vert et partiellement séché).
Charpentier : Marc SERAPHIN
Entretien téléphonique avec Florence Mathieu / stage M1 Sciences du Bois
le 5 avril 2022

Marc est charpentier, et garde-forestier de formation.


Habitant dans le Beaufortain, il exerce en Savoie et travaille essentiellement avec l’épicéa, essence locale.

Dans cette région, le sapin pectiné - aussi appelé « vargne » (nom vernaculaire) - n’est pas ou que peu utilisé,
bien qu’on le retrouve en partie basse du couvert forestier du secteur : ceci est lié à son odeur (de avis d’un
vieux scieur qui a fait part de son expérience à Marc) et à sa moindre qualité en lien notamment avec sa
sensibilité au gui et à la dorge.

Actuellement Marc intervient sur un chantier de restauration d’un bâti traditionnel brûlé dans le Beaufortain
selon la technique ancestrale d’empilage de bois horizontaux, pour laquelle l’épicéa a toujours été utilisé.

Sont assemblés par superpositions des costes équarries à partir de billes rectilignes ou peu tordues, de
l’ordre de 25 cm de diamètre au pied, pouvant aller jusqu’à 14m de longueur et de conicité constante. Pour
cette technique, la présence de nœuds n’est pas problématique.
L’équarrissage est effectué de façon à obtenir 4 faces planes sans aller jusqu’à l’arête (conservation de
l’arrondi du tronc aux angles), le cœur au centre.
L’empilage est effectué en mettant les costes tête-bêche, aussi bien pour les murs et le bois est travaillé frais
(vert) ou semi-frais.
Les retraits dus au séchage sont pris en compte et une majoration en résulte à la construction.
Dans ces conditions, plusieurs méthodes sont possibles pour la mise en œuvre des menuiseries et des
ouvertures ; Marc effectue l’ajustement des montants verticaux au fur et à mesure du séchage, et la pose
des huisseries peut être pratiquée en applique. Certains prévoient des jeux de compression.
L’isolation répond à une exigence de confort pour une rénovation ou construction neuve (ajout de laine
entre les costes par exemple, et isolation par l’intérieur incluant un pare-pluie et pare-vapeur). Le pare-pluie
est installé lorsque le bois est sec (12% de teneur en eau).

Dans le cas de la construction, avec un cycle climatique comme en 2021, il faut compter un an à partir de
l’abattage pour arriver à 12% en séchage naturel.

S’agissant d’économie et pratique rurale, « tout » le bois était conservé et parfois réutilisé, et des bâtis de
plusieurs centaines d’années construits en épicéa dans le beaufortains attestent de la bonne durée de vie de
ce type de construction, sur plusieurs générations.
Des traces de vrillettes peuvent parfois être visibles dans l’aubier, en démontant de l’ancien, et même très
ancien (Marc évoque un bâti de 1752) mais pas toujours et ce sans que l’on sache pourquoi.

Le bois utilisé sur les façades est éloigné du sol (base maçonnée) et protégé grand débord de toit : « une
bâtisse doit avoir de bonnes bottes et un bon chapeau ».
A noter que l’aubier de l’épicéa est durable s’il est à l’abri des intempéries et dans une zone bien aérée ; le
bois se dégrade lorsqu’il ne peut pas sécher correctement et reste à l’état mi-sec, donc l’hygrométrie est un
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1
paramètre essentiel. Lorsque le bois reste à l’état mi-sec (teneur en eau >20%), l’un des risques majeurs est
le mérule.

Un autre emploi traditionnel de l’épicéa dans cette région : les tavaillons.


C’est un exemple qui montre d’ailleurs en quoi la durabilité est liée aux conditions d’usage et à
l’environnement, qui réduisent les attaques d’origine biologique dégradant le bois : cette « protection » du
bois est ainsi favorisée soit à l’état suffisamment sec comme vu précédemment, soit à l’état complètement
saturé en eau, soit grâce au gel.
Les tavaillons sont des tuiles fendues faites traditionnellement en épicéa ; dorénavant les tavaillons sont
souvent en red cedar et faute d’en trouver encore en épicéa, Marc travaille également avec du mélèze qui
est très durable.
A Gruyère en Suisse on continue d’en fabriquer en épicéa, avec du bois d’une qualité exceptionnelle : les
planchettes sont fendues au droit fil et sont suffisamment fines pour sécher rapidement, ce qui contribue à
leur durée de vie : sur un toit elles sont remplacées tous les 60 ans, et tous les 100 ans en façade.

Marc met enfin en avant l’importance de la sylviculture pour la qualité mécanique et la durabilité : il cherche
avant tout des bois à accroissements serrés.

Les plus grandes difficultés dont Marc fait part sont de trouver des projets intéressants et de la main
d’œuvre qualifiée.
En revanche l’approvisionnement en épicéa ne lui pose pas de problème. L’épicéa est très présent
localement, le bois qu’il utilise provient pour moitié de la forêt publique et pour moitié de parcelles privées.
Cela se passe d’autant mieux que Marc va identifier les arbres sur pied et peut les couper, et il intervient
ainsi sur toute la chaîne.
Dans cette région les bucherons doivent intervenir sur un relief très escarpé, rendant le travail d’autant plus
difficile. Cependant le métier de bucheron est peu rémunérateur - donc cette complémentarité dans ses
activités aide Marc à trouver un équilibre.

Concernant l’évolution de la réglementation et l’application des DTU, Marc constate que c’est un frein pour
tous ceux qui veulent promouvoir et utiliser des techniques traditionnelles compte tenu de l’impact au
niveau des garanties et des assurances.

Être charpentier traditionnel aujourd’hui, c’est croire en ses projets et avoir du tempérament ; c’est
s’appuyer sur toutes ses connaissances et son savoir-faire, qui lui apportent aussi l’assurance de la longévité
du projet réalisé.

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2
Etude expérimentale des propriétés mécaniques de poutres de Sapin pectiné à
différentes teneurs en eau (état de bois vert et partiellement séché).
Charpentiers : Thomas VERDIER et Lucas BOLLENGIER
Entreprise : BOLVER à JAX (43) SARL, activités de sciage, charpente et couverture
Entretien à JAX avec Florence Mathieu / stage M1 Sciences du Bois
le 21 avril 2022

Thomas a fait un BTS en gestion forestière et travaillé auprès d’un charpentier.


Autodidacte en sciage (il a pris conseil auprès de nombreux scieurs au moment de se lancer dans cette
activité) et souhaitant travailler à son compte, il a obtenu une licence pro en gestion et commercialisation
des produits de la filière forestière.
Il exerce en tant que charpentier depuis 12 ans et a lancé la société il y a 7 ans, avec 3 activités
complémentaires : sciage (usage propre et petites commandes), charpente et couverture.
Également bucheron à ses heures, il connaît ainsi toutes les étapes : du choix de l’arbre sur pied à la
couverture du toit en passant par l’abattage, le sciage, le ressuyage et la construction de la charpente.

Lucas a un BTS en gestion et protection de la nature. Il a également travaillé plusieurs années chez un
charpentier. Il apportait régulièrement de l’aide à Thomas, et ils ont décidé de s’associer.

Thomas et Lucas travaillent avec des bois locaux, essentiellement des résineux.
Lorsqu’ils effectuent le sciage, l’objectif est de valoriser le plus possible tout le bois à partir de la grume
écorcée : aubier et duramen sont utilisés et le bois ne subit aucun traitement.
Il est utilisé à l’état vert ou partiellement séché (après ressuyage).

Le modèle est un circuit court, on pourrait même dire « on ne peut plus court » !
Thomas et Lucas s’approvisionnent notamment auprès de la coopérative forestière GPF (20 km de Jax).
Lorsqu’ils réalisent eux-mêmes le sciage (en période « creuse » et à hauteur de 40m3/an approximativement
donc de façon limitée), ils font faire l’écorçage à la scierie BORIE, située à 10km de Jax. Il y a encore peu de
temps ils écorçaient eux-mêmes manuellement les grumes mais ce travail est très éprouvant (notamment
pour le dos) et leur demandait beaucoup de temps - entre 20mn et 2h par arbre, selon la taille de la grume.

L’écorçage permet d’éviter d’abîmer les lames et outils (car présence de cailloux dans l’écorce du fait de
l’abattage et stockage, transport) mais a également un rôle important pour la durabilité du bois : c’est donc
une opération importante, sur laquelle nous reviendrons plus longuement par la suite.

Thomas et Lucas font uniquement des chantiers auprès de particuliers, localement, grâce au « bouche à
oreille ». Pour l’activité charpente, il s’agit de charpente traditionnelle à 95%, presque exclusivement en
rénovation.

Ils travaillent le douglas essentiellement « parce que c’est ce qu’on nous demande » ; c’est de surcroit un
beau bois (sa couleur, son aspect), bien disponible localement.
Ils aiment également travailler le sapin pectiné, qui est la principale ressource forestière de la région (plus de
90% du couvert forestier) : cette essence a de grandes qualités mais également certains inconvénients sur
lesquels nous allons revenir.
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1
A noter que le prix du douglas a fortement augmenté (+1/3 en 4 ans), contrairement au sapin dont le prix a
plutôt baissé sur cette période.
Il leur arrive d’associer le bois massif à une pièce en lamellé-collé, là encore « parce qu’on nous le
demande ou parce qu’on a pas le choix en termes de portée», répondant alors à un besoin particulier mais
cela reste exceptionnel.

Tout d’abord qu’est-ce qu’un « joli » bois à usage de charpente ?


- rectiligne et droit : régulier et avec une conicité peu prononcée
- peu de nœuds (ils sont acceptables selon leur taille et localisation)
- à accroissement lent, un arbre « haut » et aux cernes serrés : c’est en lien avec la vitesse de
croissance (dans ce cas celle-ci est lente en diamètre). Davantage de branches, et plus grosses, sont
situées en hauteur.

Un arbre qui a poussé trop vite en diamètre ne présente pas de bonnes propriétés mécaniques (nous
observons en exemple un morceau de doublas qui a des cernes de près de 1cm de large (bien qu’ayant de
moins bonnes propriétés mécaniques, cela reste utilisable pour du douglas).
Cette observation vaut pour toutes les essences de résineux, elle est en lien notamment avec la sylviculture
et la gestion forestière.

Des cas « extraordinaires » sont à l’inverse mentionnés par les anciens et ces bois étaient recherchés
(observation en forêt) : par exemple la présence d’un chancre à plus de 10m de hauteur permet d’avoir un
bois de qualité exceptionnelle (bille située en dessous), les veines étant très serrées.
Même observation pour un résineux présentant une fourche (due à la casse de la cime lors de sa croissance).
Ce bois est « réservé » pour des pièces « maîtresses » de charpente présentant une grande résistance
mécanique.
Ces cas mériteraient de s’y intéresser (anatomie, propriétés, raisons de ce comportement…).

Le sapin est très facile à scier, aussi bien vert que sec - en comparaison avec le douglas - et c’est là l’une de
ses grandes qualités, en plus de ses propriétés mécaniques. Le douglas est très compliqué à scier car la lame
suit le fil du bois et ne va pas droit…
Cependant un sapin sec sur pied (dépérissant ou mort) est de mauvaise qualité.
Un sapin « trop » vieux (plus de 80cm de diamètre) sera difficile à scier : la présence d’un fil torturé/tortueux
dévie la lame de la scie, et il de surcroît il subira de grosses déformations lors du séchage.
Un diamètre de 70cm maximum est souhaité pour leur machine.

Le sapin « vert » peut dégager une mauvaise odeur au sciage, qui disparaîtra au séchage : nous évoquons les
« poches d’eau » car cette odeur pourrait être liée à la présence de bactéries qui peuvent s’y développer.
Thomas et Lucas remarquent qu’en effet des zones de bois très humide et plus foncé sont parfois présentes
sur les coupes (présence de poches d’eau ?) ; en tous cas elles ne leur posent pas de problème et d’ailleurs
ils n’utilisent pas ce terme.
Or ces poches d’eau - dont la présence peut être fréquente selon des études scientifiques dédiées - sont
pointées du doigt par les scieries car elles rendent long et difficile le séchage (bois sec, teneur en eau de
12%). De ce point de vue la mise en œuvre de sapin pectiné sous forme de bois vert ou partiellement séché
offre un avantage indéniable, en comparaison avec du bois sec.

Cette teneur en eau élevée du sapin fraîchement abattu explique à l’inverse pourquoi les grumiers préfèrent
transporter de l’épicéa et surtout le douglas, beaucoup moins lourds !
Inconvénient à ce stade (Note : même si après séchage c’est le sapin qui a la densité plus faible densité et
donnera des pièces de charpente sont plus légères).
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2
Bien sûr la période d’abattage (en hiver uniquement) est très importante : l’arbre doit être « hors sève ».
Le savoir traditionnel met en avant l’importance de couper à la lune montante ou descendante (selon qu’il
s’agit d’un résineux ou feuillu), à la « lune fine pour les épines »… L’approfondissement de ces aspects sera
possible auprès d’anciens scieurs des environs.
Ceci influence la teneur en eau, donc le séchage et la durabilité du bois.
Ainsi, après une coupe en août ou septembre, le bois risque de subir un bleuissement et d’être attaqué par
les insectes (ici les capricornes sont mentionnés) : à quoi cela est-il dû ? à davantage de sucres seraient
présents dans le bois (provenant de la sève élaborée) ? Phénomène qu’il serait utile d’approfondir et étudier.

Un voisin bucheron à ses heures, écorce et ressuye en forêt ses grumes de sapins après abattage ; il leur
fournit du bois de très bonne qualité, résultant de ce savoir-faire.
Le principe est de surélever les grumes et de les laisser sécher une année. Le bois est facile à scier.
Donc à noter ici l’intérêt d’écorcer avant ressuyage : cette pratique permet également d’augmenter la
durabilité.
L’écorçage se fait à la main, en avril/mai : ceci évite que les insectes piquent le bois et donc que celui-ci ne se
colore « de toutes les couleurs », ce qui le déprécie.
Un autre avantage de l’écorçage est d’éviter d’abîmer les lames des outils (provoquant des marques,
nécessité de réaffutage voire remplacement) et aussi d’avoir des trainées et traces sur le bois au moment du
sciage, dues au frottement d’écorce...

Thomas et Lucas pratiquent également le ressuyage après sciage : c’est très long ! Pour des pannes par
exemple, il faut compter 6 à 7 mois et le séchage n’est pas encore à cœur… (arbre abattu l’hiver, scié en
janvier/février).
Et 5 ans pour un séchage naturel à cœur de poutres de section 20x20cm, à titre indicatif.
Attention : au séchage de voliges en sapin, même correctement ventilées, il y a un risque est d’avoir un
bleuissement (bleuissement qui peut apparaître même sur du douglas, et même sur son duramen ! sa classe
de durabilité a d’ailleurs été revue à la baisse : classe 3 => 2 il y a 3 ans).

Faire de la charpente à partir de bois vert ou partiellement séché (ressuyé) est tout-à-fait adapté.

Thomas et Lucas disposent d’une scie à lame ruban mono-coupe (MARQCOL, 1950) et maîtrisent le sciage,
pour débiter les différents éléments de structure (arbalétriers, solives, pannes, chevrons, liteaux, voliges…).
Le débit est effectué de façon à faire le moins de chutes possible.
Par exemple : 2 pannes et 5 planches pour une grume de diamètre de 30-35cm.
Quelques précisions :
- le bois situé en pointe est de moins bonne qualité et contrairement à ce que pratiquaient les anciens
(tous les conseils ne se sont pas valables), Thomas et Lucas n’y font pas de chevrons car il y a
beaucoup de nœuds. Utilisation : voliges et bûches
- les billons de pied (près de la souche) ne sont pas beaux : aussi ils sont coupés plus petits et utilisés
pour faire des planches, poinçons, petites pannes et contre-pied
- l’aubier est conservé, même pour le douglas : voliges.
Attention aux grands diamètres, car les avivés avec aubier vont davantage se déformer au séchage
(attention aussi à l’usage, selon les essences il ne faut pas utiliser de bois avec aubier pour de la
menuiserie ni du bois de cœur)
- si une fente importante est présente sur la grume, et due au séchage, la coupe se fera
préférentiellement selon cette direction.
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Lors du sciage du bois, des grumes visuellement correctes peuvent être très problématiques : en cas de coup
de vent (bois tempête) ou si l’arbre a été endommagé lors de sa chute, ayant par exemple percuté un tronc :
fils sectionnés, flambement, fissures liées à l’abattage, fil tors et fendu… rendent ce bois inutilisable.
Question : un test type « BING » permettrait-il de diagnostiquer et d’anticiper ce type de problème sur la
grume ?

Concernant le dimensionnement des éléments, « on met les mêmes sections qu’il y a 200ans » (par exemple
une panne est en 10x20 - ou 12x22 si plus longue).
Ainsi la résistance est assurée, même si par la suite une partie était exposée à des insectes xylophages.
Dans le cadre réglementaire actuel, les DTU sont source d’incohérences ou contradictions : cas par exemple
de la surélévation de 2cm du toit (en lien avec le risque d’incendie) et en même temps l’étanchéité de la
maison pour son isolation thermique.
Ils ont pu trouver un assureur pour leur activité, sachant qu’ils ont la responsabilité de la qualité de la
charpente qu’ils réalisent.

Dans le cadre de leurs activités professionnelles, Thomas et Lucas n’ont pas de relations particulières avec
les acteurs institutionnels de la filière (Fibois…).

La difficulté dans le métier, ce sont les conditions météorologiques : s’il pleut - ou si risque de pluie - on ne
peut pas découvrir une toiture car cette opération doit être effectuée de façon ininterrompue.
En hiver, si le bois est gelé il faut éviter de le scier : il est même insciable s’il est gelé à l’extérieur et pas à
cœur.
Ils ne rencontrent en revanche aucune difficulté pour le transport des grumes, car des grumiers passant
régulièrement dans la localité (2 par jour).

Au fil des années, des investissements ont pu être réalisés (dalle de la scierie, camion).
Leur souhait ? Que les marchés restent « raisonnables » car actuellement les prix des tuiles et de l’OSB
s’envolent… n’oublions pas que Thomas et Lucas sont également couvreurs.

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Etude expérimentale des propriétés mécaniques de poutres de Sapin pectiné à
différentes teneurs en eau (état de bois vert et partiellement séché).
Charpentier : Paul ZAHND
Entretien téléphonique avec Florence Mathieu / stage M1 Sciences du Bois
le 27 avril 2022

A 20 ans, Paul travaillait avec le charpentier de son village qui lui a payé son apprentissage chez les
Compagnons, et il acquiert de façon poussée la technique ancienne des charpentes traditionnelles.
Il se met à son compte et créé son entreprise, dans le Doubs-Jura.
Celle-ci bénéficie au fil des année de plus en plus de visibilité et de beaucoup de crédit ; elle se développe et
Paul a aujourd’hui un associé et deux salariés.
Sa nouvelle société, coopérative « l’Atelier de la grande Oye », a vocation à être une école de charpente :
depuis cette année, elle propose une formation d’une semaine pour transmettre le savoir-faire de la
fabrication de charpentes à l'ancienne en bois équarri local.

Après de nombreuses rénovations au début de son activité, Paul travaille maintenant exclusivement sur de
la construction de maisons neuves, avec des bois locaux : ossature bois et paille, charpente traditionnelle.
L’assurance décennale n’intégrant plus la charpente en bois vert au niveau des DTU, seuls des chantiers
auprès de particuliers sont réalisés.
Ses clients recherchent avant tout une belle charpente, ceci même si elle ne peut être couverte par une
garantie. Paul précise de façon imagée que « la maison n’est pas un consommable comme l’est une voiture »
et malheureusement il faut actuellement « prendre le risque de ne pas être dans les clous ».

Sur ses chantiers, Paul travaille pour moitié des feuillus (chêne) et l’autre moitié des résineux : indifférem-
ment du sapin pectiné et de l’épicéa (mélangés lors de l’approvisionnement, même s’il peut les reconnaître).
Le sapin présente l’inconvénient, par rapport à l’épicéa, d’être plus lourd à l’état de bois vert.
Côté vieillissement mécanique, Paul ne voit pas de différence pour un usage en charpente. Il ne fait pas état
de présence de « poches d’eau » pour le sapin.

Les arbres sont choisis en forêts, et la date d’abattage est très importante.
Les grumes sont équarries à la hache et les éléments de charpente sont assemblés avec des chevilles en bois
(aucun connecteur métallique) ; l’un des principaux assemblages est le tenon-mortaise (note :
l’approfondissement de ces techniques nécessiterait un entretien dédié). Les bois sont non traités.

La grande durée de vie des charpentes construites en bois vert n’est plus à démontrer : il a en tête une vieille
charpente avec un mélange épicéa et de sapin, équarries sur laquelle les flaches sont présentes avec donc
avec présence d’aubier ; cette charpente était encore en bon état après 300 ans…

Lorsqu’on aborde la question de la durabilité de ces deux essences – sapin pectiné et épicéa - à aubier
indifférencié (donc aubier et duramen sont utilisés), Paul insiste sur l’importante de la période d’abattage de
l’arbre, selon la saison et le calendrier lunaire : attention ce dernier a un cycle qui change tous les ans !

L’arbre doit être hors sève au moment de l’abattage, durant cette phase il n’a plus aucune activité : dans
cette localité c’est entre le 15 novembre et le 15 décembre (avant, en octobre les températures sont
fréquemment trop élevées, et en janvier l’hiver peut être « doux »).

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1
Donc la période d’abattage est très courte et les conditions peuvent être difficiles, souvent avec de la neige,
requièrent un véritable savoir-faire ; et si l’on prend en compte le cycle lunaire, cela restreint encore la
fenêtre d’intervention.
Paul n’a pas de fait de tests poussés pour comprendre l’incidence de la lune, parce c’est compliqué de voir
des différences sur de petits volumes, à l’échelle à laquelle il travaille.
L’avantage est de ressuyer beaucoup plus vite : en combien de temps ? (alors que si l’arbre est coupé alors
qu’il est plein de sève, le ressuyage durera deux ans).

Paul travaille avec un bucheron qu’il connaît bien et comme expliqué précédemment, il impose la période
d’abattage : il n’achète que du bois pour lequel ces conditions d’abattage ont pu être sont respectées.

Les bois sont de plus d’excellente qualité dans cette région d’altitude (entre 800 et 1100m) qui a de très
beaux arbres : c’est une « région de bois » ! Veines sont serrées, peu de nœuds.
Parfois il y a bien un arbre qui « tourne un peu plus », un bois un peu trop fendu…
La technique intègre tout cela et Paul n’a jamais eu de problèmes mécaniques à déplorer.

Les grumes sont équarries à la hache : les diamètres utilisés sont de 30cm en moyenne (allant de 17-20cm à
45).
La scierie locale fournit également des produits exceptionnels : « c’est un excellent scieur » précise Paul.
Il fait ainsi appel à quelques partenaires locaux avec lesquels il travaille en confiance.

Des conditions climatiques parfois difficile ? Paul n’en souffre pas particulièrement.

Les difficultés rencontrées sont d’ordre relationnel, lorsqu’il s’agit de concilier toutes les contraintes et
exigences – parfois avec des changements de dernière minutes – des clients, des architectes, tout en
prenant en compte les normes et nouvelles règles thermiques RE2020… En plus de la capacité d’écoute
apportée, cela demande énormément de temps et d’énergie, de concessions, pour un résultat parfois
contreproductif.

Construire une maison neuve selon les techniques anciennes demande du temps : 6 mois de travail (pour 4
personnes), soit 2 maisons par an.
On comprend bien la disproportion en comparaison avec des entreprises montant des maisons de façon
quasi-industrielle : le ratio de prix et le marché sont les mêmes… ici avec 3 maisons livrées par jour !

Aussi, lorsqu’on demande à Paul ses souhaits pour l’avenir, il aimerait que soient accordés aux pratiques
qu’il valorise plus de sens et de reconnaissance, comme une « entreprise du patrimoine vivant en plus
poussé » : avec des critères qualité et la mise en œuvre de savoir-faire établis.
Pour faciliter, favoriser ces techniques anciennes et ainsi assurer leur préservation, cette démarche pourrait
aussi conduire à l’allègement de contraintes d’ordre réglementaire et des avantages le plan fiscal et
économique.
Dans d’autres pays d’Europe ce savoir-faire est déjà reconnu.
Au Japon cette reconnaissance est extrêmement poussée, la préservation du patrimoine et perpétuation du
savoir-faire ancestral est essentielle : le travail est exécuté entièrement à la main, sans électricité, et objet
d’un recommencement sans fin des ouvrages réalisés (l’affutage des outils constituant d’ailleurs aussi un des
savoir-faire ainsi préservés).

Grâce à son expertise de la construction en bois vert et fabrication de charpentes à l'ancienne en bois
équarri, Paul et son entreprise ont pu se positionner pour participer au prestigieux et exceptionnel chantier
de reconstruction de Notre Dame ; il attend la réponse aux appels d’offres.

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ANNEXE

Coopérative La Grande Oye (Doubs-Jura) : Société coopérative et


participative à responsabilité limitée.

Formation d’une semaine « Constructions durables : initiation à la


fabrication de charpentes à l'ancienne en bois équarri local :
sélectionner un arbre et travail à la hache-doloire »
https://formations.coop/shop/constructions-durables-charpente-
ancienne-70#attr=

Source : http://www.charpentealancienne.com/charpente.html

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Propriétés et usages du sapin pectiné (Abies alba) mis en œuvre à l’état vert ou
partiellement séché pour des applications en structure

Questionnaire « scierie »

Scierie BORIE : David MARIAN


Entretien avec Florence Mathieu / stage M1 Sciences du Bois
le 9 mai 2022

Après une expérience de 20 ans en milieu industriel dans différents secteurs (mécaniques, microélectronique, matières
plastiques), David MARIAN – ingénieur de formation - souhaitait prendre la tête d’une entreprise de type industriel lui
permettant de travailler un matériau durable et selon un modèle « vraiment vertueux ».
Il a racheté en 2015 une scierie créée en 1946, à la tête de laquelle deux générations de la famille BORIE se sont
succédées.

La scierie BORIE est située dans le Massif Central en région Auvergne Rhône Alpes, à Salzuit, Le Marcet (43230).
Ce village se trouve en limite occidentale du PNR Livradois Forez, entre les massifs du Haut Livradois à l’Est et les
contreforts de Margeride à l’Ouest.
Elle s’est développée et compte aujourd’hui 19 salariés, pour un CA annuel de 3M€.

Une scierie, explique David, c’est l’acteur qui introduit le matériau bois en amont de la filière : « le bois, il est comme il
est », l’approvisionnement est local dans un rayon d’une trentaine de Km à la ronde, auprès de propriétaires forestiers
privés essentiellement et de quelques coopératives.
Sa transformation en scierie lui confère de la valeur ajoutée et apporte du choix à la filière en aval.

La scierie BORIE travaille uniquement des résineux.


Questionné sur les pratiques en sylviculture et l’influence sur la qualité du bois, David indique que les parcelles de la
région sont généralement soumises à des éclaircies régulières et les bois présentent peu de nœuds, même pour le
sapin : pour un arbre de 25 à 30m de long, il y a naturellement peu de branches au niveau de la bille de pied et de la
surbille.
Si la récolte a lieu suffisamment tôt, les nœuds présents seront d’autant plus petits (arbres plus jeunes).
A sa connaissance l’élagage est peu voire pas du tout mis en œuvre par les propriétaires forestiers.

Concernant l’abattage, David confirme que la période à laquelle celui-ci est effectué est très importante : il faut éviter
de le faire après la montée de sève, pour réduire le risque d’échauffure et assurer une bonne conservation du bois
jusqu’au sciage.
Après sciage, le bois est traité en surface à moins qu’il ne soit amené à être raboté (cas du parquet).

20000m3 de bois rond sont transformés à la scierie chaque année, soit 12000m3 de sciage. L’objectif est d’aller vers la
valorisation la plus poussée possible de ces bois.

La scierie est certifiée PEFC® à hauteur de 30% des ventes, cela suffit actuellement (un client demande ce label).
« La concurrence c’est l’international », donc une certification pertinente doit mettre en avant une reconnaissance de
type « Made in France » ; les labels de bois régionaux, comme BTMC® – Bois du Territoire du Massif Central – ou Sapin
du Jura®, mettent en avant une « concurrence » au niveau national qui n’aurait pas lieu d’être, selon David.
De plus, la certification a un coût, elle doit à ce titre pouvoir être justifiée.

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1
Les essences se répartissent comme suit :
- 50% de sapin pectiné et épicéa commun, mélangés à l’achat. Le sapin est majoritaire et pourrait représenter
80 à 90% de ce volume, car il est une ressource très abondante localement.
Il n’y a de traçabilité sapin/épicéa que pour des commandes spécifiques imposant telle ou telle essence, ou
pour les besoins en bois sec dont le sapin est exclu sauf cas particulier (les raisons en seront détaillées plus
loin).
- 50% de douglas,
- à la marge : pin, mélèze et épicéa de Sitka.

Les volumes traités sont majoritairement en 25-30cm de diamètre (diamètre de l’arbre à 1,30m de hauteur), pour les
applications suivantes :
- 60% dans le bâtiment et la construction,
- 40% en emballage et en coffrage (50/50), le coffrage revenant d’ailleurs à la construction.

Pour le bois d’œuvre, on a tendance à penser que « plus l’arbre est gros mieux c’est » : c’était vrai il y a 50-60 ans.
Dorénavant on n’utilise plus de pièces très grosses en charpente car l’évolution est d’aller vers du lamellé-collé pour ces
usages, ce qui limite l’intérêt de travailler avec de très gros arbres.

Les plus gros diamètres encore travaillés en charpente sont :


- de 50-60cm de diamètre pour les gros sapins,
- jusqu’à 62,5cm (très gros sapins),
- le diamètre maxi est de 90cm (très très gros sapins) : cette limite n’est pas uniquement due aux propriétés
mécaniques (arbre) et de l’outil industriel, elle tient aussi compte :
o de la manutention parce qu’il faut garder en tête qu’il s’agit de sapin vert d’une densité pouvant être
supérieure à 1000Kg/m3 [à l’état sec on sera de l’ordre de 500Kg/m3, donc deux fois plus léger],
o du plan de débit des avivés. Plus la bille est grosse (50cm et plus) et plus le nombre de reprises est
important, ce qui impacte le coût des opérations de sciage.

Un arbre de plus de 60cm de diamètre, aujourd’hui plus personne ne va le chercher en forêt…


Donc l’intérêt d’utiliser du très (très) gros sapin réside surtout dans le « nettoyage » de la forêt :
scier et valoriser ces arbres permet de créer un débouché car la vraie problématique régionale, c’est l’espace occupé
par les sapins non récoltés et qui devraient l’avoir été, tout en considérant que le prix au m3 sera supérieur compte
tenu des surcoûts, de l’abattage au sciage en passant par le transport (grumier).
Il faudrait ainsi « passer » ces volumes et leur trouver de meilleures voies de valorisation que le coffrage : ce serait plus
facile si le sapin pouvait être séché industriellement, à un prix compétitif, le collage et le rabotage permettant
d’accéder à d’autres applications.

La scierie a un séchoir sous vide, mais qui n’est pas utilisé pour le sapin car le procédé n’est pas adapté (nous verrons
un peu plus loin pour quelle raison).
Ce séchoir est mis en œuvre sur de grosses sections d’épicéa ou de douglas lorsque le délai de livraison est court car
quelques jours de séchage suffisent. Les conditions de séchage sont équivalentes pour ces deux essences ; le process
est standardisé et il y a peu de déformations dues aux retraits.
Le bois sec ne représente qu’une toute petite partie des ventes car le cœur du métier de sciage est actuellement la
mise à disposition de pièces en bois vert.

Jusqu’à présent, le sciage français s’est focalisé sur le bois vert pour lequel il a toujours trouvé des débouchés : on a
ainsi de l’ordre de 70% des ventes en bois vert ou partiellement séché alors qu’on devrait plutôt être de l’ordre de 80-
90% si l’on considérait l’évolution des besoins du marché, car de plus en plus d’applications nécessiteraient d’utiliser du
bois sec. Pour le dire autrement, le marché se contente de bois vert et partiellement séché, mais cela risque de ne plus
durer longtemps !
D’une part, un bois sec est plus facile à mettre en œuvre pour les charpentiers.
D’autre part, pour une maison ossature bois et à basse consommation, le niveau de qualité des pièces utilisées et
assemblées doit être très bon : il faut éviter autant que faire se peut que le bois « travaille », les déformations,
l’apparition de fentes – ce qui ne peut être favorisé que si le bois est correctement séché avant la mise en œuvre en
construction.
C’est également nécessaire pour toutes les techniques faisant appel au collage (aboutage, lamellé-collé, etc).

Or la présence de poches d’eau dans le sapin est une problématique majeure pour son séchage, du fait de
l’hétérogénéité et de la forte teneur en eau du bois.
233
2
Le sapin se sèche bien comme un bois dur, le chêne par exemple : à très basse température (40°C) et beaucoup de
temps. On perd alors l’avantage compétitif du sapin versus l’épicéa en termes de prix.

Actuellement la scierie sèche le sapin en séchage naturel (cela ne représente que de très faibles volumes).
Ce séchage dure en moyenne 5 à 6 mois après le sciage :
- pour des pièces de charpente, rabotées après séchage, celui-ci peut même durer encore plus longtemps (il
s’agit de pièces exceptionnelles),
- pour le lambris et le parquet, également rabotés, le séchage est plus rapide car les sections sont plus petites.

Considérant la disponibilité en sapin - très importante sur le territoire - et son prix attractif en comparaison avec les
autres résineux (en particulier l’épicéa qui devient d’ailleurs de plus en plus rare), l’un des objectifs de David pour
l’avenir est de sécher de plus en plus de sapin et donc trouver un procédé industriel efficace et accessible.

Ce d’autant plus que le sapin présente encore d’autres avantages : bien que faisant partie de la famille des résineux, il
n’y a pas de résine (elle est uniquement dans l’écorce), ce qui réduit considérablement l’encrassement des outils. De
plus sa densité plus importante à l’état vert que celle de l’épicéa lui évite peut-être de souffrir de la critique parfois
manifestée à l’encontre de ce dernier : être « léger » cela paraît suspect pour certains…

David suit depuis plus de 3 années les actions engagées par Fibois AuRA sur le sujet, visant d’une part à comprendre
l’origine des poches d’eau (l’eau s’infiltre depuis les branches cassées et les nœuds non adhérents), d’autre part à
trouver une solution de séchage artificiel du sapin.
Sécher par micro-ondes, ou par radiofréquences ? Oui ce serait une option intéressante sur le plan technique selon
David, qui a expérimenté à une petite échelle ; mais après consultation d’un fabricant de matériel industriel de séchage
par hautes fréquences, le développement n’a pu être mené car en plus d'un investissement conséquent, la
consommation énergétique donc le coût à l'usage auraient été très élevés du fait de la taille du four (liée à la taille des
pièces).

Autre projet innovant pour ouvrir de nouveaux débouchés aux sapins de gros diamètres - et ici la forte teneur en eau
devient même un avantage puisqu’il n’y aurait pas besoin d‘un étuvage préalable : c’est le déroulage !
Là encore la faisabilité technique est au rendez-vous - des essais de déroulage puis collage sous presse ont été réalisés
pour prototyper du LVL - mais il n’y a aucun dérouleur sur le territoire.
Plus d’1M°€ seraient nécessaire pour le déroulage, 70M°€ pour l’unité complète ; les acteurs locaux intéressés par le
projet sont forcés de l’abandonner car ils ne peuvent s’engager sur de tels investissements.
Pour autant, rien ne garantit qu’un « gros » industriel ne viendra pas à l’avenir s’installer sur le territoire pour profiter
de l’opportunité, car la forêt attise les convoitises…

En conclusion, pour David, les principaux enjeux sont en lien avec les achats donc l’amont de l’activité :
- la qualité du bois en forêt,
- la disponibilité des bûcherons - professionnels des forêts pour la font vivre,
- les prix.

Dans le contexte actuel chaque échantillon de bois compte.


David souhaite qu’en aval les professionnels connaissent mieux le sapin pectiné, les techniques de mise en œuvre et
qu’une vision positive de cette essence se développe.
Ce serait tout l’intérêt d’une argumentation bien construite et largement communiquée, montrant que le sapin « fait
bien le travail » !

Le séchage reste comme on l’a vu une étape critique.


La recherche et l’industrialisation doivent se poursuivre pour trouver un procédé adapté et soutenable
économiquement.
Il serait utile de s’appuyer également sur les retours d’expérience dans ce domaine (Autriche par exemple).

234
3
Propriétés et usages du sapin pectiné (Abies alba) mis en œuvre à l’état vert ou
partiellement séché pour des applications en structure

Fustier : Jean-Charles CHATELUS


Entretien avec Florence Mathieu / stage M1 Sciences du Bois
le 20 mai 2022

Jean-Charles CHATELUS est fustier à Saint-Jean-Soleymieux (42560), village situé sur le versant oriental des Monts du
Forez, à proximité de Montbrison.
Le grand terrain de 3500m² - qui aurait avantageusement pu être de 5000m² comme le souligne Jean-Charles, lui
permet de travailler sur le chantier avec son équipe « par tous les temps ». C’est son lieu de vie, toute une philosophie.
Extrait de son site Internet (Cf Annexe) : « La fuste n'est pas un métier, ni même une activité, c'est un art. Un art de vivre,
un art de créer. À l'heure du plastique, du béton et de l'acier, le travail du bois devient un bol d'air pur. Une rareté
exquise. »

Jean-Charles est juriste en droit environnemental.


Après une première expérience pour la construction de sa propre maison, il a travaillé avec un fustier en Allemagne et a
décidé d’en faire son métier : « on part de l’arbre brut et on arrive à une maison en rondins » dit-il avec enthousiasme.
Il faut anticiper, faire des calculs car les bois s’entrecroisent, se superposent…
C’est aussi toute une manière de vivre, de s’entraider pour construire, de le faire entre amis.
« Ce qui me plaît, c’est que c’est un métier qui ne peut être fait par une machine, qui ne pourra jamais être
automatisé ».
Après 2 à 3 ans d’apprentissage, il vole de ses propres ailes et revient s’installer en France et dans sa région d’origine ;
son entreprise s’appelle, cela va de soi, « Tout en rondins » créée il y a 5 ans [activité APE Travaux de charpente].

Il lui aura fallu tout d’abord une bonne année pour créer « avec convivialité » sa filière locale (propriétaires forestier,
grumiers, etc).
Les 3 autres personnes qui travaillent avec lui sont des locaux, ce qui a bien « aidé » à cette mise en route.

« La maison en fuste existe depuis que la hache existe »…


Le principe de la maison en fuste de bois est l’empilage de rondins en bois vert ou partiellement séchés (ressuyé),
appelés fustes : les fustes sont montées tête-bêche pour constituer les murs et les cloisons.
Ce sont des grumes tronçonnées à la longueur voulue, écorcées ; une gorge est « creusée » sur la face inférieure de
façon à s’encastrer sur la fuste qui se trouve juste en-dessous (qui elle conserve sa surface arrondie d’origine), et elle
est également travaillée sur chacune de ses extrémités pour permettre l’encastrement aux angles.

La première image qui nous vient en tête est celle des maisons canadiennes en bois….
Or Jean-Charles rappelle qu’historiquement les maisons en fustes existaient en France, dans le Queyras : c’étaient les
maisons des forestiers. Ce sont les colons français partis au Canada, qui ont emmené avec eux ce savoir-faire (voir
annexe).

Thierry HOUDART a recréé la filière de fustier en France dans les années 1980. Installé à la Pessière (Franche Comté),
cet ingénieur forestier est auteur de plusieurs ouvrages de référence [dont « L’art de la fuste »] et sa technique est
reconnue comme étant la plus performante dans le monde entier. S’y référer pour des informations à caractère
technique, en complément du présent entretien.

Aujourd’hui 15 fustiers exercent sur le territoire.


235
1
Le terrain comportant une aire de stockage des grumes, elle-même séparée en deux : avant et après écorçage.
La zone de travail : découpe et construction/assemblage, la grue en position centrale (deux chantiers peuvent être
conduits simultanément, comme ici).
Certaines pièces sont découpées également une fois mises en place sur le bâti, celles par exemple nécessitant des
assemblages pour la charpente.
Le pré-montage est maintenu par des sangles, puis démontage, transport et remontage sur le lieu de la construction où
la préparation de la dalle et la mise à niveau sont des étapes cruciales.

Les 3 outils principaux pour le fustier : le compas, la grue et la tronçonneuse.


Contrairement aux apparences, manier la tronçonneuse n’est pas difficile physiquement car le poids repose
essentiellement sur la jambe et il s’agit de la guider, très précisément. Selon les coupes, différents guides et chaînes
sont utilisés.
NB : tronçonneuse « normale » : Steel MS261 pour 90% des modalités, même pour les grosses coupes.

Chaque maison est unique.


Une maison de 100m² demandera près de 80m3 de bois, 6-8 mois de travail (à 4 personnes) puis 10 à 15j.
La maison peut comporter un deuxième étage. Une maison peut ainsi atteindre 300m², demandant alors 1,5 an de
construction.

Les fustiers utilisent différentes essences d’arbres selon la région (utilisation d’arbres issus de peuplements locaux).
Jean-Charles travaille exclusivement une essence de résineux : le douglas, à cœur rouge.
Les cœurs blancs (sapin, épicéa) sont selon lui trop sensibles aux nuisibles : à la Pessière, explique-t-il, les cabanes pour
chasseurs faites en bois à cœur blanc se tiennent moins bien dans le temps, et nécessitent plus de traitements.
La raison de ce choix est donc une meilleure durabilité du douglas.
Jean-Charles a par le passé travaillé une fois avec du sapin pectiné, pour un collègue qui construisait sa maison en sapin.

Approvisionnement :
groupement de propriétaires forestiers vers Noiretable : SYLV’ACCTES ? Groupement des sylviculteurs du Haut Forez ?
des hauts vents ? Ou autre ? En attente info Jean-Charles
Le but est d’avoir une filière éthique, avec de petites éclaircies, bucheron avec tronçonneuse (les abatteuses abiment
trop).
L’approvisionnement n’est pas facile car il faut négocier auprès des exploitants afin que les besoins précis soient
respectés. Les contrats sont passés 6 à 8 mois à l’avance.
C’est uniquement du bois local, du douglas : les prix augmentent car il est de moins en moins disponible…

Les arbres sont sélectionnés sur pied, en forêt. Selon quels Critères ?
Pour les ¾ des arbres choisis : pas torse, bonne rectitude (sauf si courbe pour un usage différent, ou débité
différemment pour isoler la partie courbe), diamètre à 1m30 sans l’épaisseur d’écorce.
Si l’aspect n’est pas correct, il sera utilisé en charpente, partie non visible.
Le ¼ restant est volontairement « bizarre » pour des traverses, poteaux… tout le charme, le cachet et l’originalité de ce
type de construction.

Très important : pour une même maison, tous les arbres choisis sont issus du même peuplement ; ils ont grandi à la
même altitude et sont coupés au même moment. C’est l’une des clés car cela permet d’avoir un comportement
homogène sur toute la maison lors du séchage qui se poursuit une fois la maison montée. Il y a une interaction en eux
et le climat.
236
2
C’est la raison pour laquelle des arbres à croissance plus rapide (moins denses donc plus isolants) ne sont pas utilisés
pour les murs.

La période d’abattage est également très importante : hors sève « comme les anciens » entre mi-novembre et mi-
mars, et à la bonne lune (lune décroissante/descendante pour les résineux (appelée également vieille lune c’est-à-
Une grume peut faire jusqu’à 900 Kg !

Les grumes sont choisies selon leur usage (selon leur diamètre, si elles tournent.), le départ « vers la racine » est
conservé (joli).
Les pièces de bois (forme, taille…) sont liées à la partie de structure : formes régulières pour les murs.
Les tailles pourraient varier (diamètres) sur le principe mais pour des raisons techniques et d’esthétique les grumes
utilisées ont des diamètres du même ordre.
Avant de 25-30cm, dorénavant - du fait de la RT2012 (la construction en fuste est alors 100% conforme) - de 35cm
minimum de diamètre.

La base du tronc est conservée, permettant d’avoir le « relief » spécifique à chaque arbre dans cette partie, visible à
l’extérieur (aux angles). Les fustes sont mises tête-bêche compte tenu de leur conicité, si bien qu’aux angles et jonction
s’alternent les bases et les sommets des fustes (en décalé, les bases étant trop « larges » pour que toutes les extrémités
dépassent au même niveau).

Dans les pièces, les poteaux sont généralement des


pièces « uniques » du point de vue de leur forme,
renforçant le caractère exceptionnel au niveau
architectural. De même qu’une pièce ayant de belles
irrégularités en surface peut être mise en valeur sur
une poutre dans une partie apparente.
Il est également possible d’utiliser des brins écorcés
pour des pièces particulières.

Elles sont ensuite écorcées avec un jet


d’eau (nettoyeur haute pression) : l’objectif est de conserver le cambium intact car il protège le bois (par expérience il
sait que si le cambium est altéré ou supprimé, le bois sera plus faible et risque davantage d’être attaqué par les
insectes). L’écorçage à la fraise et à la raboteuse ne le permet pas.

Cela fait comme une peau et lorsque le bois sèche en surface après l’écorçage par jet d’eau, de petites fissures
apparaissent le long du rondin :

Photo : https://www.federation-artisans-fustiers.fr/index.php/metier-fustier

Il arrive que des arbres apparemment sains présente des défauts à ce stade (photo de droite), soient endommagés une
fois écorcés => réservés pour des pièces non visibles.
Sur le moment cela consomme de l’eau mais est réalisé sur une période de temps restreinte (15 jours dans l’année) et
système de récupération et réserve d’eau est à l’étude.

Pour être en conformité avec la RT2012 et appliquer la garantie décennale, un traitement insecticide et fongicide
préventif est appliqué par badigeonnage ou aspersion en surface sur toute la grume (obbiatex*) en insistant dans les
fentes et les parties usinées.

237
3
Les fentes qui se prolongent jusqu’aux parties « creusées » pour assurer la jonction aux coins, et situées en face
extérieure, font également l’objet d’un soin particulier pour ce traitement et leur usinage (trait de scie effectué pour
que l’eau s’écoule et s’évacue avant) : éviter les défauts de conception qui génèrent l’accumulation et stagnation d’eau
et donc la dégradation du bois.
NB : ce traitement a lieu ou pas selon la volonté du client.
Il existe un traitement naturel à base de propolis, mais beaucoup trop onéreux = prix de la maison ! [axe de
recherche…]

*Doc fabricant Obbiatex : mélange en phase solvant, à usage professionnel et grand public, pour le traitement des bois feuillus et
résineux en classes d’emploi 1, 2 et 3.1 risques réduits. Efficace contre les champignons basidiomycètes de pourriture cubique et
fibreuse et contre les insectes à larves xylophages (hors termites). Protège les bois en service contre les champignons de
bleuissement.
Utilisation en classe 3.1 contre les champignons de bleuissement : doivent être revêtus d’une finition de protection adaptée, dans les
3 mois suivant le traitement.

Un saturateur incolore protège du grisaillement (le cambium ne noircit pas) et après quelque temps la couleur est plus
ou moins foncée « miel de forêt ». En revanche il faut éviter l’exposition directe au soleil grâce à un grand rebord de
toit.

C’est la stagnation d’humidité et les infiltrations d’eau qui posent problème et doivent à tout prix être évitées.
Dans la région, en cas de pluie sur la façade (contrairement au Jura elle n’arrive pas à l’horizontal), ou d’humidité à
l’intérieur dans une pièce d’eau comme la salle de bain, le bois va ensuite sécher.
Entrée, rebords de fenêtres : tout est légèrement en pente de sorte que l’eau n’y stagne pas.

Pour le sol, soit la maison est posée sur une dalle (75% des cas) : pour éviter les remontées par capillarité, une peinture
goudronnante est appliquée et la dalle est « remontée » jusqu’à 1/3 de la hauteur du 1er rondin.
La maison peut également être montée sur pilotis, auquel cas il est fait appel à une entreprise spécialisée pour la
stabilisation. Nécessite un solivage - cette solution est pus chère.

Après écorçage, certains fustiers pratiquent un ressuyage de 2 ans :


les billes sont parfois entreposées durant cette période : elles ne doivent alors pas être exposées aux éléments, ne sont
pas placées à même le sol, sont rangées sur rondins. Il n’y a pas de variation de volume pendant un an environ (encore
au-dessus du PSF) puis au fur et à mesure de la 2ème année il y a un retrait de 3 à 4% (rétractation due à la perte
d’humidité).

Jean-Charles lui utilise les billes écorcées au fur et à mesure : le bois est semi-vert lorsqu’il est mis en œuvre sur la
maison, et va donc descendre beaucoup plus du fait du retrait au séchage. Mais en réalité le travail reste le même, car
même dans le cas précédent, après réessayage de 2 ans, la rétractation se poursuite sur la maison, ce qui impose
également de prévoir les jeux pour les menuiseries.

Le rondin à préparer est monté sur la structure et marqué après avoir été posé sur des cales à la hauteur définie.

Le marquage du contour de la gorge correspond au relief de la fuste se trouvant au-dessous : le tracé s’effectue à l’aide
avec le compas à double niveau (le compas américain ou russe est très pratique).

238
4
Le rondin marqué est ensuite descendu, positionné face à travailler sur le dessus : la gorge, dont les pourtours ont été
tracés, est délimitée très précisément avec la tronçonneuse puis taillée : l’évidement central est effectué en adaptant
sur la tronçonneuse un outil permettant de creuser : un rabot fraise. La profondeur de la gorge : de 2,3 à 2,5 cm.

Fraise adaptée
pour tronçonneuse

Aux extrémités du rondin ou en position plus centrale, d’autres types de découpe : dessus et dessous pour assurer les
croisements aux angles, ou encastrements en charpente.

La largeur moyenne de cet encastrement est de 10 à 15 cm, la largeur minimale de 5cm pour une longueur maximale
de 15cm (l’écartement d’une main).
Pour être conforme à la RT2012, un joint fustier (polymère synthétique) est ajouté à l’interface pour assurer
l’étanchéité et l’isolation (avant c’était de la mousse ou de laine qui pouvaient être utilisés pour le calfeutrage), avant la
pose de la fuste supérieure.

Photo : https://www.federation-artisans-fustiers.fr/index.php/metier-fustier

La charpente est réalisée également avec des fustes, et Jean-Charles assure également la réalisation des toits
végétalisés (sinon la couverture est réalisée par un couvreur, les propriétaires de la maison assurant la maîtrise œuvre
et donc la coordination avec les différents corps de métiers de gros œuvre et aménagement intérieur).

La RE2020 est également largement appliquée (va dans le bon sens à 95% et non le métier n’a pas disparu, a « résisté »
a résisté aux évolutions de réglementation) mais aucune étude performance thermique n’existe dans la profession =>
intérêt pour étude thermiques :
- réglementation madriers
- 2 à 3 fois plus isolant que construction bois
- les 5% restant… accentuer l’isolation. Pourquoi, quel intérêt ? Et obligerait à doubler les murs ou avoir des
fustes de 60cm de diamètre…

239
5
Donc l’idéal serait de réussir à faire passer la Pessière avec un thermicien et renforcer au maximum l’isolation (sol,
toiture, menuiserie) : site de référence pour obtenir une « accréditation ».
Mais il est très difficile de faire faire de telles études thermiques… Une solution à court terme : pas de déclaration de fin
de travaux et vente au moins après 10 ans.

Et puis cela risque d’être contre-productif car la maison devient « étanche » (cas de la VMC avec le risque de
prolifération bactérienne) : le « plus » au niveau thermique apportant une baisse de consommation énergétique fait
perdre l’intérêt de la fuste pour la qualité de l’air : grâce à sa diffusivité, le bois restitue un air sain.
or malheureusement ce critère, fondamental pour le bien-être et la santé, n’est pas pris en compte et aucune étude
n’est à sa connaissance disponible.

.Pour les menuiseries (portes, fenêtre) : découpe de l’ouverture à mi-bois en laissant un jeu calculé selon la somme des
retraits qu’auront tous les rondins soit 12 à 15cm de retrait en haut d’un mur (6% de retrait en hauteur).
En hiver la maison va avoir un séchage du au chauffage :
il ne faut surtout pas jointer à l’extérieur (photo) car les retrait ne sont pas les mêmes qu’à l’intérieur. A terme après le
séchage complet (le séchage extérieur intervenant plus lentement), l’extérieur sera jointé comme l’intérieur.

Attention à l’obtention du permis de construire !!! Au PLU local avec clause qui interdit le « style canadien », ou avec un
style traditionnel (le parpaing en fait partie) ou qui exclut ce qui ne s’intègre pas assez au paysage… Ceci se comprend
bien sûr dans un lotissement, mais en pleine campagne…
Et banques peuvent aussi être frileuses.
Aussi ses clients sont dans une démarche engagée, ce sont des personnes passionnées, têtues et pro-actives ! Il faut de
la motivation pour aboutir et 6 à 8 mois pour échanger (ce n’est pas une maison clé en main).
Sur 100 prises de contact, 4 à 5 aboutiront.

Jean-Charles a participé avec succès au concours « Initiatives remarques » (mais ce n’est pas ce qu’il recherche, précise-
t-il aussitôt).

Ses souhaits ?
Que l’Administration joue davantage le jeu, le législatif aussi en ne mettant pas de bâtons dans les roues.
La conséquence des difficultés actuelle, c’est d’être dans une niche et cela lui plaît : reste confidentiel, cela n’est pas
donné à tout le monde.
2 à 3 maisons par an (x4 personnes), éthique car 3 camions / ans de bois, petites éclaircies en forêt….
NB : et ce n’est guère plus cher qu’une maison en parpaing (+5%)

En complément : annexes

Site Internet Jean-Charles : https://www.toutenrondins.com/


Fédération des artisans fustiers (Cf mail perso 08/05) : https://www.federation-artisans-fustiers.fr/index.php/metier-
fustier

« Les canadiens les appellent les « maisons de rondin », les premières y ont été construites par les colons dans le
territoire de la Nouvelle-France à partir du 16eme siècle. »
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/maisons-de-rondins
Cette technique rappelle celle des costes.

²
240
6
Annexe C

Album photos des cernes des poutres

Figure C.1 – Cernes des poutres : (a) S02 ; (b) S03 ; (c) S04 ; (d) S05 ; (e) S06 ; (f) S07 ; (g) S09 ;
(h) S11.

241
Figure C.2 – Cernes des poutres : (a) S12 ; (b) S13 ; (c) S14 ; (d) S16 ; (e) S17 ; (f) S18 ; (g) S19 ;
(h) S20.

Figure C.3 – Cernes des poutres : (a) S21 ; (b) S22 ; (c) S23 ; (d) S24 ; (e) S25 ; (f) S26 ; (g) S27 ;
(h) S28.

242
Figure C.4 – Cernes de la poutre S29.

Figure C.5 – Photos des poches identifiées sur le lot de poutres : (a) poutre S03 ; (b) poutres
S18 (haut) et S04 (bas).

243
Annexe D

Principe de l’homographie

L’homographie consiste en la projection des coordonnées d’un repère 2D (un plan) dans un
nouveau, comme illustré en figure D.1 issu de Hartley et Zisserman (2004). Dans la figure de
gauche la photo est prise avec un angle de vue et dans celle de droite elle est projetée sur un
plan parallèle au mur.

Figure D.1 – Image de gauche : prise de photo d’un mur avec un angle de vue ; image de droite :
transformation de la photo comme si l’appareil photo était en face du mur.

La fonction detectMarkers d’OpenCV utilisée dans ce travail renvoie la position des mar-
queurs dans le repère image (en pixel), le but est donc de passer des coordonnées images aux
coordonnées physique (en millimètres). Pour cette transformation, un calcul d’homographie
est réalisé.
X = ωHg.x
Où :
• X = (X, Y, Z) sont les coordonnées physiques, en mm ;
• x = (x, y, 1) sont les coordonnées homogènes 2D de l’image. Lorsqu’on passe des coor-
données Euclidiennes aux coordonnées homogènes, une nouvelle dimension est ajoutée.
Cette distance est fixée à 1 et assure la cohérence mathématique.

244
• Hg est la matrice d’homographie 3 × 3 :
 
h11 h12 h13
Hg = h21 h22 h23  (D.1)
h31 h32 h33

• ω est un facteur d’échelle. En coordonnées homogène, (x, y, 1) et (ωx, ωy, ω) repré-


sentent le même point pour ω un scalaire non nul. Il peut être fixé à ω = h133 et injecté
dans Hg. Dans ce cas on peut noter :

hij
h˜ij = , (i, j) = ((1, 2, 3), (1, 2, 3))
h33
La transformation nécessaire pour obtenir des coordonnées homogènes dans le repère physique
est :    
X/Z x̂
X
X̂ = Y /Z = ŷ  =
   (D.2)
Z
1 1
Ce qui donne :
˜
X̂.Z = Hg.x
Pour un point donné les équations sont donc :

 x̂.Z = h˜11 x + h˜12 y + h˜13


ŷ.Z = h˜21 x + h˜22 y + h˜23


Z = h˜31 x + h˜32 y + 1

Ainsi :
x̂.(h˜31 x + h˜32 y + 1) = h˜11 x + h˜12 y + h˜13


ŷ.(h˜31 x + h˜32 y + 1) = h˜21 x + h˜22 y + h˜23


En transformant Hg en vecteur, l’équation devient :
   
x y 1 0 0 0 −xx̂ −yx̂ −1 ˜ ˜ ˜ ˜ ˜ ˜ ˜ ˜ T 0
.(h11 , h12 , h13 , h21 , h22 , h23 , h31 , h32 , 1) =
0 0 0 x y 1 −xŷ −ŷy −1 0
(D.3)
Soit finalement :
A.Hg˜ =0

Résoudre ce problème, évitant la solution évidente Hg


˜ = 0, est le calcul d’homographie. C’est
un problème de minimisation étant donné que la solution ne tombe jamais précisément à 0
pour des images obtenues expérimentalement. Un point sur une photo dont les coordonnées
physiques sont connues donne deux équations, et la matrice d’homographie présente huit
inconnues. En conséquence, au moins quatre points aux coordonnées physiques connues sont
nécessaires pour calculer la matrice d’homographie intégralement. Ces quatre points peuvent

245
être les quatre coins d’un marqueur, ou comme c’est le cas pour les mires de cette étude les
centres de quatre marqueurs différents.
Il y a au moins deux raisons pour utiliser les quatre centres de quatre marqueurs plutôt que
les quatre coins d’un marqueur :
• les centres sont localisés plus précisément que les coins ;
• la projection des pixels dans le plan physique est globalement meilleure si les quatre
points couvrent une grande partie de l’image plutôt que quatre points très rapprochés
comme c’est le cas avec quatre coins d’un seul marqueur.
Évidemment, trois points colinéaires donnent des informations redondantes, donc maximum
deux marqueurs utilisés pour le calcul d’homographie peuvent être alignés. Si plus de quatre
points dont les positions physiques sont connues, la minimisation du calcul d’homographie
sera meilleure.
L’homographie utilisée pour obtenir les coordonnées physiques dans une image donnée est la
même pour tous les marqueurs. Ainsi, ils sont tous projetés sur le même plan. Par conséquent,
l’homographie doit être calculée une fois sur chaque photo et corrige ainsi un potentiel angle
de vue.

246
Annexe E

Quantification de l’impact de la flexion


déviée

Soit un chargement d’une poutre dont la section est orientée d’un angle α, figure E.1. Dans
cette situation, la flexion est déviée est implique une flèche horizontale en plus de la flèche
verticale. Soit (z1 , y1 ) le repère associé à la section, (z2 , y2 ) le repère associé au chargement
et à la mesure de flèche.

Figure E.1 – Schéma d’un chargement en flexion déviée.

Partant de la formule de la flèche centrale définie en partie C, on peut définir les flèches dans

247
le repère (z1 , y1 ) :

23F L3 23F L3
∆y1 = − cos(α) ; ∆z1 = sin(α) (E.1)
1296EIz 1296EIy

où F représente le chargement, L la longueur de la poutre ; E le module élastique axial, Iy1


et Iz1 respectivement le moment quadratique de de la section droite autour de l’axe y1 et
autour de l’axe z1 : Iy1 = He3 /12 et Iz1 = eH 3 /12. Par l’équation (E.1), on a bien si α = 0 :

23F L3
∆y1 = − ; ∆z1 = 0 (E.2)
1296EIz
Ensuite, il vient la relation entre les deux repères :

∆z2 = ∆z1 cos(α) + ∆y1 sin(α)
(E.3)
∆y2 = ∆z1 sin(α) − ∆y1 cos(α)

En combinant les équations (E.3) et (E.1), il vient :

23F L3
    
1 1 1 1
∆y2 = + − − cos(2α) (E.4)
1296E Iz Iy Iy Iz

De même, si α = 0 on retrouve l’équation (E.2).


L’impact relatif d’une flexion déviée peut ainsi s’exprimer, pour un angle α = 10°, H =
175 mm et e = 63 mm :
∆y2 (α) − ∆y2 (0) H2
= 0, 03 2 − 0, 03 = 20% (E.5)
∆y2 (0) e

Une flèche centrale d’une section inclinée de 10°est donc environ 20% plus élevée que cette
même flèche pour une section non inclinée, indépendamment de toutes propriétés mécaniques.
L’angle réel de la section droite n’a pas été mesuré, mais à l’oeil peut être majoré à 10°.
Par ailleurs, les mesures de flèche sont réalisées avec des capteurs LVDT munis de palpeurs.
Le palpeur est fixe dans un repère lié au bâti. La flèche horizontale entraîne un décalage du
point mesuré, pouvant également impacter la mesure de flèche verticale.

248
Annexe F

Trajectoires mécano-sorptives et
évolution du fluage en double pente

Figure F.1 – Trajectoire mécanosorptive de la vague 1, complaisance en fonction de la teneur en


eau : (a) S03 ; (b) S14 ; (c) S12 ; (d) S21.

249
Figure F.2 – Trajectoire mécanosorptive de la vague 2, complaisance en fonction de la teneur en
eau : (a) S05 ; (b) S06 ; (c) S28 ; (d) S25 ; (e) S26.

250
Figure F.3 – Trajectoire mécanosorptive de la vague 3, complaisance en fonction de la teneur en
eau : (a) S29 ; (b) S24 ; (c) S18 ; (d) S22 ; (e) S23.

251
Figure F.4 – Évolution en double pente de la complaisance relative en fonction de log(t) : (a)
S03 ; (b) S14 ; (c) S12 ; (d) S21.

252
Figure F.5 – Évolution en double pente de la complaisance relative en fonction de log(t) : (a)
S05 ; (b) S06 ; (c) S28 ; (d) S25 ; (e) S26.

253
Figure F.6 – Évolution en double pente de la complaisance relative en fonction de log(t) :(a)
S29 ; (b) S24 ; (c) S18 ; (d) S22 ; (e) S23.

254
Annexe G

Script Python du Theta-schéma

1 import numpy as np
2 from scipy . interpolate import interp1d
3 from scipy . optimize import brentq
4 import scipy . sparse
5 import openpyxl
6
7
8 def Theta_scheme ( Conf ) :
9 """
10 Theta method allows to choose the type of FD scheme :
11 theta = 0 : Forward Euler explicit , order of convergence 1
12 theta = 1 : Backward Euler implicit , order of convergence 1
13 theta = 1/2 : Crank - Nicholson ( half - implicit ) , order of
convergence 2
14 Parameters
15 - - - - -- - - - -
16 Conf : Dictionnary containing list of time , temperatures , relative
humidities ,
17 number of element , thickness of each element , initial conditions ,
diffusion coefficient parameters
18 D0 and kD , convective coefficient S , time step , modele choosed for the
boundary conditions
19 ( i . e . Gripped - box , EC5 or Varnier ) , ws and kws .
20
21 Returns
22 -------
23 Res : Dictionnary containing input parameters Conf , interpolated time
list of the simulation ,
24 simulated moisture content at each point and each time step , simulated
mean moisture content
25 at each time step .
26 """
27 temps = Conf [ ’ temps ’]
28 S = Conf [ ’S ’]
29 D0 = Conf [ ’ D0 ’]

255
30 kD = Conf [ ’ kD ’]
31 NbElem = Conf [ ’ NbElem ’]
32 Ep = Conf [ ’ Ep ’]
33 MC_ini = Conf [ ’ MC_ini ’]
34 stepT = Conf [ ’ stepT ’]
35 HR = Conf [ ’ HR ’]
36 Temperature = Conf [ ’ Temperature ’]
37 theta = Conf [ ’ Theta ’]
38 Modele = Conf [ ’ Modele ’]
39 Dwmax = D0 + kD * MC_ini [0]
40 kMCs = Conf [ ’ kMCs ’]
41 MCs0 = Conf [ ’ MCs0 ’]
42 psi = Conf [ ’ psi_ini ’]
43
44 """ Min and max of diffusion coefficient """
45 print ( ’ Dwmin = ’ , D0 , ’\ n ’ , ’ Dwmax = ’ , Dwmax )
46 if theta == 0:
47 print ( ’ Explicit Euler scheme ’)
48 stepTstab = (0.5* Ep **2) / Dwmax
49 print ( ’ Minimum time step = ’ , stepTstab , ’\ n ’ , ’ Time step = ’ ,
stepT )
50 elif theta == 0.5:
51 print ( ’ Crank - Nicolson scheme ’)
52 stepTstab = (0.5* Ep **2) / Dwmax
53 print ( ’ Minimum time step for non - oscillation = ’ , stepTstab , ’\ n ’ ,
’ Time step = ’ , stepT )
54 else :
55 print ( ’ Implicit Euler scheme , unconditionnally stable ’)
56 """ Simulation time vector computation """
57 temps_simu = np . arange (0 , max ( temps ) , stepT )
58 if max ( temps ) not in temps_simu :
59 temps_simu = np . append ( temps_simu , max ( temps ) )
60 Nt = len ( temps_simu )
61 """ Boundary conditions interpolation on simulation time """
62 f_interpT = interp1d ( temps , Temperature )
63 Temperature_simu = f_interpT ( temps_simu )
64 f_interpHR = interp1d ( temps , HR )
65 HR_simu = f_interpHR ( temps_simu )
66 """ Set initial condition """
67 MC_simu = [[0 for i in range ( NbElem +1) ] for t in range ( Nt ) ]
68 MC_simu = np . array ( MC_simu )
69 MC_simu = MC_simu . astype ( ’ float64 ’)
70 MC_simu [0 , :] = MC_ini
71 """ Initiation of sparse matrix and right - hand side """
72 F1 = stepT / Ep **2
73 F2 = 1/( S * Ep )
74 main = np . zeros ( NbElem +1)
75 lower = np . zeros ( NbElem )
76 upper = np . zeros ( NbElem )
77 b = np . zeros ( len ( MC_simu [0]) )
78 b = b . astype ( ’ float64 ’)
79 EMCi = MC_ini [0]

256
80 for n in range (1 , Nt ) :
81 hri , Ti , hrii , Tii = HR_simu [n -1] , Temperature_simu [n -1] , HR_simu [
n ] , Temperature_simu [ n ]
82 MCs = MC_sat ( kMCs , MCs0 , Tii )
83 Dw , Dwb = c oe f_d if fu sio n_ li n ( D0 , kD , MC_simu [n -1])
84 """ EMCii refers to what impose the environnement at time n , and
EMCi
85 to the previous EMC value ( time n -1) """
86 if Modele == ’ Eurocode 5 ’:
87 EMCii = EMC_EC5 ( hrii , Tii )
88 elif Modele == ’ Simpson ’:
89 EMCii = EMC_Simpson ( hrii , Tii )
90 elif Modele == ’ Varnier ’:
91 EMCii = I s o t _ p a r t i e l l e _ V a r n i e r ( hri , hrii , EMCi , Ti , Tii , MCs )
92 EMCi = EMCii
93 elif Modele == ’ Gripped_box ’:
94 alpha = Conf [ ’ alpha ’]
95 beta = Conf [ ’ beta ’]
96 EMCii , psi = EMC_gripped_box ( hri , hrii , EMCi , psi , alpha , beta
, MCs )
97 EMCi = EMCii
98 """ Computation of A matrix """
99 main [1: -1] = 1 + 2* F1 * theta * Dwb [1: -1]
100 lower [: -1] = - F1 * theta * Dwb [1: -1]
101 upper [1:] = - F1 * theta * Dwb [2:]
102 """ Insert boundary conditions """
103 main [0] = 1 + F2 * theta * Dwb [0]
104 main [ -1] = 1 + F2 * theta * Dwb [ -1]
105 upper [0] = - F2 * theta * Dwb [0]
106 lower [ -1] = - F2 * theta * Dwb [ -1]
107 A = scipy . sparse . diags ( diagonals =[ main , lower , upper ] , offsets =[0 ,
-1 , 1] , shape =( NbElem +1 , NbElem +1) , format = ’ csr ’)
108 """ Computation of right - hand side b """
109 b [0] = EMCii + (1 - theta ) * Dwb [0]* F2 *( MC_simu [n -1 , 1] - MC_simu [n -1 ,
0])
110 b [ -1] = EMCii + (1 - theta ) * Dwb [ -1]* F2 *( MC_simu [n -1 , -2] - MC_simu [n
-1 , -1])
111 b [1: -1] = MC_simu [n -1 , 1: -1] + ( F1 * Dwb [1: -1]*(1 - theta ) ) * \
112 ( MC_simu [n -1 , 2:] - 2* MC_simu [n -1 , 1: -1] + \
113 MC_simu [n -1 , 0: -2])
114 """ Resolution of A * MC_simu = b """
115 MC_simu [n , :] = scipy . sparse . linalg . spsolve (A , b )
116 MC_moy_simu = np . array ([ np . mean ( MC_simu [i , :]) for i in range ( len (
MC_simu ) ) ])
117 Res = { ’ Conf ’ : Conf , ’ temps_simu ’ : temps_simu , \
118 ’ MC_simu ’ : MC_simu , ’ MC_moy_simu ’ : MC_moy_simu }
119 return Res
120
121

122 def c oe f_dif fu si on_ li n ( D0 , k , MC ) :


123 """
124 Compute diffusion coefficient as a function of moisture content

257
125 Linear law with MC of slope kD
126 Output is a matrix of diffusion coefficient in the mesh and average
127 diffusion coefficient matrix that is out of divergence operator
128 """
129 Dw = k * MC + D0
130 Dwb = np . zeros ( len ( MC ) )
131 Dwb [1: -1] = ( Dw [2:] + 2* Dw [1: -1] + Dw [0: -2]) /4
132 Dwb [0] = ( Dw [0]*2 + Dw [1] + Dw [2]) /4
133 Dwb [ -1] = ( Dw [ -1]*2 + Dw [ -2] + Dw [ -3]) /4
134 return Dw , Dwb
135
136 def MC_sat ( kMCs , MCs0 , T ) :
137 """
138 Saturation MC ( i . e . PSF ) , linear law with temperature of slope kMCs
139 Return a scalar
140 """
141 MCs = MCs0 - kMCs * T
142 return MCs
143

144 def RMS ( y_num , y_exp ) :


145 """
146 RMS computation
147 y_num , y_exp : vector of approximated solution , experimental
148 y_num and y_exp must be the same length and their elements coincide
149 """
150 RMS = np . sqrt ( sum ( np . square ( y_exp - y_num ) ) / len ( y_exp ) )
151 return RMS
152
153 def EMC_EC5 ( HR , T ) :
154 """
155 EMC formulation from Eurocode 5
156 """
157 HR = HR * 100
158 CoefA = 5.03*10** -13* HR **5 - 1.13*10** -10* HR **4 + 9.24*10** -9* HR **3 -
\
159 2.65*10** -7* HR **2 - 5.38*10** -6* HR
160 CoefB = -3.54*10** -11* HR **5 + 5.82*10** -9* HR **4 - 4.44*10** -7* HR **3 +
\
161 2.21*10** -5* HR **2 - 8.8*10** -4* HR
162 CoefC = 2.14*10** -8* HR **5 - 4.22*10** -6* HR **4 + 3.18*10** -4* HR **3 - \
163 1.13*10** -2* HR **2 + 3.62*10** -1* HR
164 EMC = CoefA * T **2 + CoefB * T + CoefC
165 return EMC /100
166
167 def EMC_Simpson ( HR , T ) :
168 """
169 EMC formulation from Simpson
170 """
171 omega = 349 + 1.29* T + 0.0135* T **2
172 K = 0.805 + 0.000736* T - 0.00000273* T **2
173 K1 = 6.27 - 0.00938* T - 0.000303* T **2
174 K2 = 1.91 + 0.0407* T - 0.000293* T **2

258
175 EMC = (1800/ omega ) *(( K * HR /(1 - K * HR ) ) + \
176 (( K1 * K * HR +2* K1 * K2 * K **2* HR **2) /(1+ K1 * K * HR + K1 * K2 * K **2* HR **2) ) )
177 return EMC /100
178
179 def Param_isot () :
180 """
181 Enveloppe isotherms parameters from Varnier , for basic softwood
182 """
183 phi_ad , a_ad = 0.82 , 1.435
184 phi_de , a_de = 0.761 , 0.988
185 C1 , C2 , C3 = 1.5 , 0.06 , 0.4
186 param_isot = [ phi_ad , a_ad , phi_de , a_de , C1 , C2 , C3 ]
187 return param_isot
188
189
190 phi_ad , a_ad = Param_isot () [0:2]
191 phi_de , a_de = Param_isot () [2:4]
192 C1 , C2 , C3 = Param_isot () [4:]
193

194
195 def Isot_enveloppe ( MCs , phi , HR , a ) :
196 """ Merakeb formulation for enveloppe isotherm """
197 return MCs * np . exp ( phi * np . log ( HR ) * np . exp ( a * HR ) )
198
199 def Is o t_e n ve l op p e _m e an ( MCs , phi_ad , a_ad , phi_de , a_de , HR ) :
200 """ Mean enveloppe isotherm """
201 adsorption = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HR , a_ad )
202 desorption = Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HR , a_de )
203 return ( adsorption + desorption ) /2
204
205 def dIsot_enveloppe ( MC_iso , phi , HR , a ) :
206 """ Slope of enveloppe isotherm """
207 return MC_iso * phi * np . exp ( a * HR ) * ((1 / HR ) + a * np . log ( HR ) )
208
209 def I s o t _p a r t i e l l e _ V a r n i e r ( HRini , HRf , MCi , Tini , Tf , MCs ) :
210 """ Compute partial isotherms with Varnier formulation """
211 EMC_isoad = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HRf , a_ad )
212 EMC_isode = Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HRf , a_de )
213 if MCi > EMC_isode :
214 MCi = EMC_isode
215 elif MCi < EMC_isoad :
216 MCi = EMC_isoad
217 gamma = ( EMC_isode - MCi ) / ( EMC_isode - EMC_isoad )
218 if gamma < 0:
219 gamma = 0
220 p_a = dIsot_enveloppe ( EMC_isoad , phi_ad , HRf , a_ad )
221 p_d = dIsot_enveloppe ( EMC_isode , phi_de , HRf , a_de )
222 emc_ec5 = EMC_EC5 ( HRf , Tf )
223 """ Adsorption or desorption ? """
224 if emc_ec5 - MCi < 0:
225 C_d = 1
226 C_a = C2

259
227 else :
228 C_d = C3
229 C_a = 1
230 coefP = C_d * (1 - gamma ) ** C1 * p_d + C_a * gamma ** C1 * p_a
231 EMCii = coefP * ( HRf - HRini ) + MCi
232 """ If MC is out of isotherm enveloppe , then it ’s reaffected to
enveloppe value """
233 if EMCii < EMC_isoad :
234 EMCii = EMC_isoad
235 elif EMCii > EMC_isode :
236 EMCii = EMC_isode
237 return EMCii
238

239 def EMC_gripped_box ( HRi , HRii , EMCi , psi , alpha , beta , MCs ) :
240 """
241 Parameters
242 ----------
243 HRi , HRii , EMCi , psi , alpha , beta , MCs :
244 starting equilibrium ( HRi , EMCi ) going to new equilibrium ( HRii , EMCii
)
245 psi is the gripped - box parameter
246 alpha and beta the partial isotherms parameters
247 MCs saturation moisture content ( i . e . PSF )
248
249 Returns
250 -------
251 EMCii , psi_new : new EMC reached , new gripped - box parameter
252 """
253 dHR = HRii - HRi
254 """ P_psi is the point ( HR0 , EMCmean ) """
255 HR0 = psi
256 EMC0_isoad = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HR0 , a_ad )
257 EMC0_isode = Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HR0 , a_de )
258 EMC0mean = ( EMC0_isoad + EMC0_isode ) / 2
259 """ Find intersection between straight line of slope alpha and passing
through P_psi
260 and adsorption / desorption curves . To achieve that , find the roots of
the function
261 subtracting these two """
262 intercep_isoad = lambda HR : alpha * HR + ( EMC0mean - alpha * HR0 ) - \
263 MCs * np . exp ( phi_ad * np . log ( HR ) * np . exp ( a_ad * HR ) )
264 intercep_isode = lambda HR : alpha * HR + ( EMC0mean - alpha * HR0 ) - \
265 MCs * np . exp ( phi_de * np . log ( HR ) * np . exp ( a_de * HR ) )
266 """ brentq is an algorithm finding the roots of a bracketed function ,
here HR belongs [1 e -5 , 1] """
267 HR1 = brentq ( intercep_isode , 1e -5 , 1)
268 HR2 = brentq ( intercep_isoad , 1e -5 , 1)
269 EMC1 = Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HR1 , a_de )
270 EMC2 = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HR2 , a_ad )
271 EMChight = Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HRi , a_de )
272 EMClow = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HRi , a_ad )
273 if HRii < HR1 :

260
274 """ HRii is out of the gripped - box , then compute a new psi """
275 EMCii = Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HRii , a_de )
276 intercep_new = lambda HR : alpha * HR + ( EMCii - alpha * HRii ) - \
277 ( MCs * np . exp ( phi_ad * np . log ( HR ) * np . exp ( a_ad * HR ) ) +\
278 MCs * np . exp ( phi_de * np . log ( HR ) * np . exp ( a_de * HR ) ) ) /2
279 psi_new = brentq ( intercep_new , 1e -5 , 1)
280 elif HRii < HR2 :
281 if dHR < 0:
282 dEMC = (( EMCi - EMC1 ) /( HRi - HR1 ) ) * dHR *(1 - beta *(( EMChight - EMCi )
/( EMChight - EMClow ) ) )
283 EMCii = EMCi + dEMC
284 elif dHR >= 0 and EMCi != Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HRi , a_ad ) :
285 dEMC = (( EMCi - EMC2 ) /( HRi - HR2 ) ) * dHR *(1 - beta *(( EMCi - EMClow ) /(
EMChight - EMClow ) ) )
286 EMCii = EMCi + dEMC
287 else :
288 EMCii = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HRii , a_ad )
289 psi_new = psi
290 if EMCii < Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HRii , a_ad ) :
291 EMCii = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HRii , a_ad )
292 elif EMCii > Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HRii , a_de ) :
293 EMCii = Isot_enveloppe ( MCs , phi_de , HRii , a_de )
294 else :
295 """ HRii is out of the gripped - box , then compute a new psi """
296 EMCii = Isot_enveloppe ( MCs , phi_ad , HRii , a_ad )
297 intercep_new = lambda HR : alpha * HR + ( EMCii - alpha * HRii ) - \
298 ( MCs * np . exp ( phi_ad * np . log ( HR ) * np . exp ( a_ad * HR ) ) +\
299 MCs * np . exp ( phi_de * np . log ( HR ) * np . exp ( a_de * HR ) ) ) /2
300 psi_new = brentq ( intercep_new , 1e -5 , 1)
301 return EMCii , psi_new

261

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