Le Phenomene Kamwina Nsapu Et La Defiance Envers Letat Au Centre
Le Phenomene Kamwina Nsapu Et La Defiance Envers Letat Au Centre
Le Phenomene Kamwina Nsapu Et La Defiance Envers Letat Au Centre
Introduction
La région du Kasaï, jadis oasis de paix, a connu ces dernières années
une situation sécuritaire délétère à la suite d’un conflit très violent d’origine
coutumière dans le groupement « Bajila Kasanga », dans le territoire de
Dibaya, province du Kasaï-Central.
Ce conflit de lutte pour le pouvoir coutumier occasionna l’émergence des
milices « Kamwina Nsapu », qui semèrent la terreur sur toute l’étendue de la
province du Kasaï-Central d’abord, puis dans l’ensemble des cinq provinces
de l’espace kasaïen, couramment appelé « Grand Kasaï2 » (Kabata Kabamba
2018 ; Unicef-SOS Enfants 2018 ; GEC 2018 ; UNOCHA RDC 2017). Il
passe pour l’un des épisodes les plus dramatiques de l’histoire du Kasaï et
une première dans le mode opératoire et le déroulement des guerres des
dernières décennies en RDC.
Alors que tous les regards étaient tournés vers l’Est du pays où des
milices locales et communautaires maï-maï, nées dans la foulée ou en
marge des guerres et de l’instabilité sécuritaire dans cette région depuis
la fin des années 1990, s’affrontaient ou affrontaient l’État et les groupes
armés d’origine étrangère pour des motivations politiques, économiques,
sociales et identitaires, dont notamment des revendications d’autochtonie,
de nationalité douteuse, de droit à la terre, de contrôle des ressources
naturelles, d’exclusion (Stearns, Mercier & Donner 2018 ; de Villers 2016 ;
Stearns 2013 ; Stearns, Verweijen & Eriksson 2013), cette tension éclata
au centre du pays où vivaient paisiblement de pauvres populations depuis
des décennies, partageant largement une même origine et une identité
culturelle.
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Congrès des Alliés pour l’Action au Congo (CAAC).
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« Tenues traditionnelles et objets associés ». Certaines sources avancent que le conflit a été
déclenché par la révolte des ancêtres/esprits contre les militaires et l’État qui avaient brisé
le tabou (GEC 2018).
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Dans la coutume lulua, « Tshiota » est un feu ancestral tenu dans la cour spécifiquement
par un aîné d’un lignage, un chef de famille, de clan, de tribu. Symbole de l’unité, le chef
y réunit ses collaborateurs et sujets, généralement le soir, pour résoudre les problèmes de
la famille. C’est autour de ce feu traditionnel que toutes les cérémonies sont célébrées,
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Les membres du cercle rapproché de Jean-Prince Mpandi, initiés par lui-même.
ex-prisonniers, les bandits de grand chemin, les catcheurs (GEC 2018). Très
vite, les milices deviennent aussi armées, avec des armes parfois sophisti-
quées récupérées sur le champ de bataille. Les baptêmes s’intensifient et
les pratiques « coutumières » et les rituels « magiques » deviennent très
importants, avec le maniement des têtes et crânes humains retirés sur des
personnes décapitées et ramenés au Tshiota. La potion magique « Tshizaba »
commence à contenir des os humains moulus et les recrues sont invitées à
manger de la chair humaine et des insectes vivants (mankenene).
L’expansion de la milice va conduire rapidement à sa fragmentation. Les
règles disciplinaires de départ vont être abandonnées progressivement, voire
méconnues par les groupes hétérogènes et divers qui vont intégrer le mou-
vement. Ainsi, la violence et la barbarie envers les populations civiles vont
s’amplifier à travers les mutilations et décapitations, de même que les vols,
les extorsions ainsi que les violences sexuelles. Les Ya mamas autrefois pro-
tégées et utilisées pour leur force surnaturelle, en raison de leur virginité,
vont être vite transformées par certains groupes en partenaires sexuelles des
responsables et les viols vont être commis sur plusieurs femmes et filles.
Le mouvement Kamwina Nsapu se développe alors très vite, dépassant
les limites de la ville et atteignant désormais les territoires et les villages du
Kasaï-Central ; il s’oriente vers d’autres provinces du Grand Kasaï, deve-
nant de plus en plus fragmenté et autonome, faute de coordination et de
vision commune, mais surtout d’intégration des éléments indépendants en
quête de leadership et de positionnement politique et/ou économique (chefs
coutumiers en conflit, militaires démobilisés, bandits de grand chemin,
jeunes désœuvrés, anciens fonctionnaires). Cette situation va compliquer
davantage les initiatives de négociations avec les autorités publiques, les
milices n’ayant pas de répondant reconnu par tous et, donc, de centre de
décision opposable à tous.
Ce qui est intéressant à signaler dans ce développement est que la pro-
pagation du mouvement à travers l’Espace Grand Kasaï est le fait de deux
dynamiques complémentaires : une dynamique locale/endogène et une
dynamique extérieure.
La dynamique locale/endogène est le fait des chefs coutumiers et/ou
jeunes locaux qui vont eux-mêmes solliciter les éléments de Kamwina
Nsapu pour se faire baptiser et emmener le mouvement chez eux, dans
leur propre village, y installer un Tshiota, recruter et initier les autres avant
de commencer les actions. Mécontents de la situation socio-économique
précaire, notamment du chômage de masse et de la pauvreté généralisée,
et inspirés par des révoltes d’autres contrées dans le pays, ces dirigeants
locaux et les jeunes se mobilisent de leur propre initiative pour se lancer
dans la protestation contre le régime en place à leur manière. Les conflits
locaux, notamment coutumiers, vont également être à la base de la propaga-
tion du mouvement. Pour se faire respecter, les concurrents dans les villages
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Ces rapports citent notamment les députés nationaux Maker Muangu Famba, Hubert
Mbingho ou même l’ancien chef de secteur Lovua Loangatshimu et actuellement député
provincial, Kabuya Shamasanza Muyej.
proches des Kamwina Nsapu. Sous leur instigation, les communautés tsho-
kwe, pende et leurs alliées tetela se sont liguées pour former cette milice en
vue de résister aux miliciens Kamwina Nsapu ou de s’attaquer aux com-
munautés lubaphones, qu’elles ont accusées de véhiculer l’idéologie et
les violences Kamwina Nsapu dans leurs entités. L’identité ethnique est,
désormais, instrumentalisée à des fins politiques. Cela corrobore la thèse
des conflits locaux, mais ayant des ramifications, bénéficiant d’appuis et
de complicités dans des « réseaux d’élite » qui « au sein de l’armée et de
la scène politique » rivalisent pour le partage des pouvoirs (Stearns 2013).
Comment alors mettre fin à ce cycle infernal de criminalité ?
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S’agissant de Bakwa Kenge, le récent rapport d’août 2020 du GEC montre que cette cité
est au cœur de grands enjeux politico-économiques entre les deux provinces. Le village
natal d’Évariste Boshab, notable du Kasaï (Tete Kalamba) se trouve dans cette localité et
sa reconnaissance comme entité du Kasaï-Central aurait de graves implications sur la vie
politique de ce dernier.
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Au Kasaï-Occidental, Jean-Pierre Bemba a recueilli 67,2 % au second tour de la
présidentielle en 2006 et Étienne Tshisekedi 75,64 % en 2011 contre Joseph Kabila. En
2018, Félix Tshisekedi a obtenu plus de 90 %. Le pouvoir n’obtient des voix au Kasaï-
Central qu’auprès des communautés minoritaires non lubaphones.
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Ce terme fait référence aux déplacés internes qui reviennent chez eux après le conflit. Le
mot « rapatriés » renvoie quant à lui aux personnes qui étaient accueillies dans d’autres
pays et qui reviennent.
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La saison agricole A est la grande saison dont le semis commence mi-août et la récolte
entre décembre et février, alors que la petite saison B commence mi-janvier et février pour
le semis et de mai à juin pour la récolte. Ces périodes correspondent au pic de la crise
sécuritaire.
donc, son poids électoral grâce au nombre de sièges à pourvoir, n’ont pas
été lancées au Kasaï. Un débat s’est ouvert pour savoir s’il fallait aller aux
élections sans le Kasaï, ce qui n’a pas été envisageable. Le pouvoir, qui tenait
à gagner quelques mois de rallonge, a profité de cette brèche ouverte pour
repousser les échéances, avec raison cette fois. Tout le monde a pu accepter
de retarder les élections de manière à prendre en compte les populations du
Kasaï non intégrées dans le nouveau fichier électoral. Même les Kamwina
Nsapu n’y ont curieusement pas trouvé d’inconvénient.
Logiquement, le processus a été postposé et n’a pu démarrer qu’avec
le retour au calme. Concrètement, la crise Kamwina Nsapu a été en partie
responsable du report des élections au Congo.
Conclusion
Le regard sur la crise Kamwina Nsapu suggère de tirer quelques
enseignements permettant sa bonne gestion ainsi que la prévention d’autres
conflits de même nature au pays. Il s’avère donc utile de comprendre les
principales dynamiques politiques et sociales qui ont constitué les sources
vitales du déclenchement du conflit et de sa rapide propagation.
Notons d’emblée que le conflit Kamwina Nsapu a été essentiellement
et globalement l’œuvre des enfants de la province et du pays, qui se sont
soulevés contre l’État et ses institutions. Aucun contact ni implication
d’origine étrangère en termes d’appui technique ou logistique, en termes
de base arrière, d’intervention directe de troupes étrangères ou de soutien
quelconque n’ont été signalés. Dans ce sens, le mouvement Kamwina
Nsapu, dans son émergence et son mode opératoire, est à mettre au même
titre que les Bundu dia Kongo, essentiellement constitués des adeptes d’un
mouvement politico-religieux au Kongo-Central, ou les Raïa Mutomboki
(citoyens en colère) à leurs débuts au Sud-Kivu sous la forme d’une force
d’autodéfense spontanée contre les exactions perpétrées par les rebelles des
FDLR (Stearns et al. 2013).
Cette crise révèle par ailleurs la rapidité avec laquelle une lutte pour le
pouvoir coutumier bien localisée dans un village peut se propager dans un
contexte très instable, comme il en a été avec Kamwina Nsapu. Ce conflit a
été en fin de compte hors de contrôle et parfois sans lien réel avec Kamwina
Nsapu lui-même et ses préoccupations de départ. Ceci met en lumière les
tensions et dissensions profondes au sein des communautés, dépassant le cas
isolé d’un chef coutumier en quête de reconnaissance.
Ces éléments laissent supposer l’existence d’un terrain fertile dans
lequel la crise est née et s’est engouffrée. Ce terrain fertile réfère à
l’instrumentalisation du pouvoir coutumier à des fins politiques, aux rivalités
communautaires, claniques et tribales, ethniques et intercommunautaires, à
l’accès disputé au foncier et aux ressources naturelles ainsi qu’à la crise de
Il est dès lors utile de tirer les leçons de cette crise pour bâtir et renforcer
la capacité de résilience du Kasaï-Central post-conflit, à travers des actions
de stabilisation, de restauration de la paix, d’amélioration de la gouvernance
et de développement durable.
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