Protection Contre Les Dangers Dus Aux Mouvements de Terrain
Protection Contre Les Dangers Dus Aux Mouvements de Terrain
Protection Contre Les Dangers Dus Aux Mouvements de Terrain
Suivi scientifique
Christophe Bonnard, PBBG SA, Lausanne (ancien collaborateur
scientifique de l’EPFL)
Hans Rudolf Keusen, GEOTEST
Arthur Sandri, division Prévention des dangers, OFEV
Contributions à la rédaction
Gian Reto Bezzola, division Prévention des dangers, OFEV
Thomas Egli, Egli Engineering AG
Werner Gerber, WSL
Mark Govoni, division Droit, OFEV
Christoph Haemmig, GEOTEST (ancien collaborateur de l’OFEG)
Annexe 73
A1 Bases légales 73
A2 Identification des types de mouvements de terrain 79
A3 Détermination de la probabilité d’occurrence des
processus d’écoulement 87
A4 Transposition des données de base sur les dangers
dans l’aménagement du territoire 90
A5 Exemple de matrice des objectifs de protection 92
Bibliographie 94
Répertoire 97
> Abstracts 5
> Abstracts
This guideline explains the management of landslides, hillslope debris flows and Keywords:
rockfall processes. These natural hazards are identified and evaluated using state-of- landslides,
the-art methods. The criteria of probability of occurrence and intensity are determined hillslope debris flows,
for the compilation of hazard maps. The evaluation of risks, definition of protection rockfall, hazard evaluation,
objectives and target measures and the determination of the action requirement is ne- hazard map,
cessary for planning. The process to be implemented for the optimisation of measures protective measures
incorporates the examination of all options for action. These include spatial planning,
biological, structural and organisational measures. The evaluation of measures takes
technical, economic, ecological and social criteria into account.
Die Vollzugshilfe erläutert den Umgang mit Rutschungen, Hangmuren und Sturzpro- Keywords:
zessen. Diese Naturgefahren werden mit modernen Methoden lokalisiert und beurteilt. Rutschungen,
Bei der Erstellung der Gefahrenkarte werden die Kriterien der Eintretenswahrschein- Hangmuren, Steinschlag,
lichkeit und der Intensität bestimmt. Die Beurteilung von Risiken, die Festlegung von Gefahrenbeurteilung,
Schutzzielen und von Massnahmenzielen sowie die Ermittlung des Handlungsbedarfs Gefahrenkarte,
sind bei der Planung notwendig. Das Vorgehen bei der Optimierung von Massnahmen Schutzmassnahmen
umfasst die Überprüfung aller Handlungsoptionen. Dazu gehören raumplanerische,
biologische, bauliche und organisatorische Massnahmen. Die Bewertung der Massnah-
men berücksichtigt technische, ökonomische, ökologische und soziale Kriterien.
Cette aide à l’exécution indique comment traiter les glissements de terrain, les coulées Mots-clés:
de boue et les processus de chute. Ces dangers naturels sont localisés et évalués en glissement de terrain,
appliquant des méthodes modernes. La carte des dangers est élaborée en tenant compte coulée de boue, chute de pierres,
de la probabilité d’occurrence et de l’intensité des processus dangereux. La planifica- évaluation des dangers,
tion des mesures à prendre demande d’évaluer les risques, de fixer des objectifs de pro- carte des dangers,
tection, d’assigner des objectifs aux mesures envisagées et de déterminer les travaux à mesure de protection
entreprendre. La méthode préconisée pour optimiser les mesures inclut un examen de
toutes les options concevables – mesures d’aménagement du territoire, biologiques,
constructives ou d’organisation. Les mesures considérées sont évaluées en tenant
compte de critères techniques, économiques, écologiques et sociaux.
L’aiuto all’esecuzione spiega come gestire i scivolamenti, le colate detritiche di versan- Parole chiave:
te e i processi di crollo. Questi pericoli naturali vengono localizzati e valutati applican- scivolamenti,
do metodi moderni. Nell’allestimento delle carte dei pericoli si determinano i parametri colate detritiche di versante,
«probabilità di accadimento» e «intensità». Per la pianificazione delle misure occorre caduta sassi,
valutare i rischi, definire sia gli obiettivi di protezione che gli obiettivi delle misure e valutazione dei pericoli,
stabilire la necessità d’intervento. L’ottimizzazione delle misure richiede una verifica carta dei pericoli,
di tutte le opzioni d’intervento: dai provvedimenti di pianificazione del territorio a misure di protezione
quelli edili, biologici e organizzativi. La valutazione delle misure considera criteri
tecnici, economici, ecologici e sociali.
> Avant-propos 7
> Avant-propos
La loi sur les forêts a notamment pour but de protéger les personnes et les biens d’une
valeur notable contre les avalanches, les glissements de terrain, l’érosion et les chutes
de pierres. La présente aide à l’exécution intitulée «Protection contre les dangers dus
aux mouvements de terrain» explique comment la mettre en œuvre d’une manière con-
forme au droit en vigueur. Cette nouvelle aide à l’exécution a été conçue à partir des
recommandations fédérales de 1997 intitulées «Prise en compte des dangers dus aux
mouvements de terrain dans le cadre des activités de l’aménagement du territoire»,
bien établies auprès des milieux spécialisés. Elle en a conservé les principes fondamen-
taux. L’évaluation des glissements de terrain exploite les résultats de recherches ré-
centes et applique des critères quantitatifs détaillés, comme la variation temporelle de
la vitesse de déplacement. Les réactivations et les accélérations occasionnent souvent
des dégâts, voire des destructions, c’est pourquoi le cadastre des événements naturels
revêt une grande importance. Certaines mesures de gestion des mouvements de terrain,
telles que surveillance ou exploitation de services d’alerte, sont aussi détaillées. Quant
à la probabilité d’occurrence des coulées de boue, elle est maintenant déterminée en
cinq étapes.
Josef Hess
Sous-directeur
Office fédéral de l’environnement (OFEV)
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 8
> Résumé
Cette aide à l’exécution intitulée «Protection contre les dangers dus aux mouvements
de terrain» explique comment traiter les glissements de terrain, les coulées de boue et
les processus de chute d’une manière conforme à la loi sur les forêts (LFo). Le chapitre
2 décrit la marche à suivre pour élaborer des documents de base sur les dangers. La
fiabilité et l’efficacité des mesures de protection existantes entrent également dans
l’évaluation des dangers. Les exigences auxquelles elle est astreinte, qui dépendent du
but poursuivi, sont désormais différenciées selon trois degrés. Les projets de construc-
tion, les expertises et les études de détail (échelle entre 1:1000 et 1:5000) sont soumis à
des impératifs très rigoureux. Les cartes des dangers doivent aussi répondre à des
conditions strictes, puisque la précision requise est de l’ordre du décamètre (échelle
entre 1:2000 et 1:10 000).
Le degré des dangers imputables aux mouvements de terrain est établi à l’aide d’un
diagramme intensité – probabilité d’occurrence, à partir d’une analyse des scénarios
susceptibles de se réaliser. Cette évaluation vise notamment à déterminer les proba-
bilités d’occurrence annuelles qui correspondent aux périodes de retour appliquées aux
crues et aux avalanches. Les classes d’intensité suivantes sont assignées aux processus
de chute: faible pour <30 kJ, moyenne pour 30–300 kJ, forte pour >300 kJ. L’évalua-
tion des glissements superficiels et des coulées de boue applique une méthode qui amé-
liore l’analyse de la prédisposition et la détermination de la probabilité d’occurrence.
Les glissements permanents sont décrits en trois classes d’intensité dépendant de leur
vitesse moyenne (0–2 cm/an, 2–10 cm/an et >10 cm/an). Les accélérations et les
déplacements différentiels éventuels sont pris en compte conformément aux enseigne-
ments tirés des analyses d’événements passés. L’intensité est ainsi établie en faisant ap-
pel à de nouveaux critères: a) accélérations des glissements en fonction de leur vitesse
maximale; b) mouvements différentiels; c) profondeur de la surface de glissement. Les
coulées de boue sont exprimées par leur épaisseur à la source et par la hauteur de leur
dépôt. Les processus d’effondrement et d’affaissement (p. ex. dans une doline) sont
évalués lorsque des indices visibles sur le terrain révèlent qu’ils ont une certaine exten-
sion.
Le chapitre 3 indique comment déterminer les risques et fixer des objectifs de protec-
tion. La Confédération vise à assurer, dans l’ensemble du territoire helvétique, un
niveau de sécurité comparable face à tous les dangers naturels qui soit écologiquement
acceptable, économiquement proportionné et socialement supportable. Les pouvoirs
publics se réfèrent aux objectifs de protection fixés préalablement pour identifier le
besoin d’agir. Lorsque la protection est lacunaire, ils étudient si des mesures appro-
priées sont à même d’atténuer les risques. Les instances responsables assignent des ob-
jectifs spécifiques aux mesures planifiées.
des dommages éventuels. Les cantons transposent les cartes des dangers dans toutes les
activités ayant une incidence sur l’organisation de leur territoire, notamment lorsqu’ils
établissent des plans directeurs et des plans d’affectation. L’aménagement du territoire
est privilégié pour diminuer les dommages potentiels. Les mesures actives ont une
incidence sur le déroulement des processus. Elles comprennent des mesures surfa-
ciques, telles que soins aux forêts protectrices ou boisements, et des ouvrages ponc-
tuels, tels que filets pare-pierres. Des ouvrages de protection peuvent être réalisés dans
les périmètres faisant déjà l’objet d’une utilisation méritant d’être protégée ou dont
l’affectation doit impérativement être modifiée après pesée des intérêts en jeu. Mais de
telles mesures ne sont pas toujours envisageables contre les mouvements de terrain
pour des raisons techniques ou économiques; c’est notamment le cas face aux grandes
masses et aux fortes énergies. Lorsqu’une zone menacée ne peut pas être totalement
protégée, des systèmes de surveillance, d’alarme et d’alerte sont néanmoins à même
d’assurer la sécurité des personnes de manière économique. La surveillance est subdi-
visée en quatre niveaux, faisant l’objet d’exigences différenciées. Les systèmes de pré-
alerte contrôlant l’évacuation de personnes et la fermeture de voies de communication
sont soumis à des contraintes rigoureuses.
1.1 Introduction
Les terrains affectés par des mouvements de terrain connus occupent 6 à 8 % du terri-
toire helvétique, en comptant les glissements actifs actuels et passés. Les Alpes, les
Préalpes et certaines parties du Jura figurent parmi les régions les plus touchées. L’im-
portance de ces processus a incité la Confédération à édicter, en 1997, des recomman-
dations intitulées «Prise en compte des dangers dus aux mouvements de terrain dans le
cadre des activités de l’aménagement du territoire» (OFAT et al. 1997). Les cantons
ont alors évalué les dangers imputables aux mouvements de terrain qui touchent leur
territoire. Forts de leurs expériences, ils ont ensuite adressé à la Confédération des
propositions visant à améliorer la méthode. En 2004, le groupe de travail «Danger
naturel et géologie» a rédigé un rapport suggérant des perfectionnements basés sur les
enseignements tirés de la pratique (AGN 2004). Les analyses des intempéries de 2005
et 2007 ont montré que les réactivations et les accélérations des glissements de terrain
ont parfois été sous-estimées par le passé. Les intempéries ont déstabilisé des pentes
qui n’avaient jamais été recensées ni évaluées comme potentiellement instables aupa-
ravant. Les événements de grande ampleur ont occasionné des dommages directs et ap-
porté des matériaux dans le lit de torrents qui ont ensuite été sujets à des laves torren-
tielles. L’analyse des glissements superficiels et des coulées de boue a aussi permis de
mieux évaluer la prédisposition à ces processus spontanés.
En ce qui concerne les documents de base sur les dangers, la présente aide à l’exécu-
tion se réfère à l’art. 15 de l’ordonnance du 30 novembre 1992 sur les forêts (OFo).
Cette disposition demande aux cantons d’établir la documentation nécessaire pour as-
surer la protection contre les catastrophes naturelles, notamment des cadastres des
ouvrages de protection, des cadastres des événements, des cartes des dangers et des
plans d'urgence (al. 1). Pour cela, ils tiennent compte des travaux exécutés par les
services spécialisés de la Confédération et de leurs directives techniques (al. 2). Le
1 > Bases légales et conception 11
présent document indique aux cantons comment élaborer les documents de base, en
particulier les cartes des dangers. Son but est aussi que les menaces générées par les
mouvements de terrain de nature géologique soient appréhendées selon des critères et
échelles homogènes dans toute la Suisse. Ces critères de portée générale sont trans-
posables aux dangers dus aux crues et aux avalanches. La gestion des dangers naturels
se fonde ainsi sur des principes identiques, ce qui assure une mise en œuvre uniforme
des lois sur les forêts et sur l’aménagement des cours d’eau lors de l’élaboration des
documents de base sur les dangers. Les cantons en tiennent compte dans toutes les acti-
vités ayant des effets sur l’organisation du territoire, en particulier dans l’établissement
des plans directeurs et des plans d’affectation (al. 3). Sur demande, ils mettent ces
documents de base à la disposition de l’Office fédéral de l’environnement et les ren-
dent accessibles au public sous une forme adaptée (al. 4).
Pour les domaines autres que les données de base sur les dangers (chap. 3 et 4), l’aide à
l’exécution se fonde sur les compétences générales de l’OFEV en matière de protection
contre les mouvements de terrain, qui l’habilitent à concrétiser des notions juridiques
indéterminées et à favoriser ainsi une application uniforme de la législation.
Cette aide à l’exécution reprend les principes de la gestion des dangers naturels et ex-
plique la marche à suivre pour établir les documents de base appropriés (fig. 1). Les
exigences à satisfaire et la méthode préconisée sont exposées au chapitre 2 intitulé
«Analyse de la situation» (fig. 1). Avant de planifier des mesures, il y a lieu de déter-
miner le besoin d’agir et de fixer les objectifs de protection (chap. 3 analyse des
risques, niveau de sécurité visé, objectifs de protection, objectifs des mesures). Le
mandat consistant à protéger les personnes et les biens d’une valeur notable est rempli
lorsque des mesures de protection ont été planifiées et réalisées conformément aux
indications du chapitre 4. Les chapitres 2 à 4, qui concrétisent des notions juridiques
inscrites dans des lois et ordonnances, constituent la partie principale de la présente
aide à l’exécution. Les annexes comprennent des explications et des informations tech-
niques complémentaires qui n’ont pas la valeur juridique d’une aide à l’exécution.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 12
Analyse de
la situation
Besoin
d’agir
Vérification
périodique
Planification,
optimisation et
évaluation des
mesures
Réalisation et
entretien des
mesures
La nouvelle aide à l’exécution reprend autant que possible les principes reconnus et
précise certaines exigences (procédure générale schématisée à la fig. 1). L’évaluation
des dangers, la planification des mesures et leur évaluation sont en principe compa-
rables à la pratique en matière de protection contre les crues – mis à part les caractéris-
tiques des processus considérés.
> Les processus considérés sont définis plus complètement à l’annexe A2. Comme la
Suisse subit fréquemment des chutes de pierres, des glissements de terrain et des
coulées de boue, les dangers qu’ils génèrent sont évalués en appliquant des défini-
tions et des critères précis. Les combinaisons et les transitions entre phénomènes,
courantes dans la nature, sont abordées en distinguant les processus initiaux et
secondaires («first move» et «second move»).
> Les contraintes auxquelles l’évaluation des dangers doit satisfaire dépendent de son
but et du statut juridique des résultats qu’elle fournit. C’est pourquoi les exigences
1 > Bases légales et conception 13
énoncées au chapitre 2 sont différenciées selon trois degrés. Les projets de construc-
tion, les expertises et les études de détail sont assujettis à des impératifs très rigou-
reux. Dans ce cas, l’incertitude doit être la plus faible possible et les éventuels
ouvrages à bâtir doivent être dimensionnés le plus exactement possible. À l’échelle
des cartes des dangers, pour pouvoir leur conférer un caractère contraignant, les
autorités doivent disposer de documents répondant également à des exigences
élevées, dont la précision est de l’ordre du décamètre.
> Les mouvements de terrain sont évalués en examinant les scénarios envisageables. Il
y a lieu de déterminer les probabilités d’occurrence annuelles (0,033; 0,01; 0,003;
<0,003), qui correspondent aux périodes de retour appliquées aux crues et aux
avalanches (30 ans, 100 ans, 300 ans, >300 ans).
> Le degré des dangers imputables aux mouvements de terrain est déterminé à l’aide
d’un diagramme intensité – probabilité d’occurrence. Les glissements permanents
sont décrits en trois classes d’intensité correspondant à leur vitesse moyenne. Les
accélérations et les mouvements différentiels éventuels sont davantage pris en
compte, conformément aux enseignements tirés d’analyses d’événements passés.
C’est pourquoi la détermination des intensités fait appel à des critères supplémen-
taires:
– accélérations et réactivations des glissements, exprimées par la vitesse maximale
lors d’une crise (v max );
– mouvements différentiels (md): les plus grands dommages surviennent générale-
ment dans les zones sujettes à des déplacements différentiels, car le terrain n’y
glisse pas vers l’aval à une vitesse uniforme;
– profondeur de la surface de glissement (p): il est possible de réduire l’intensité
d’un degré à partir d’une profondeur d’une trentaine de mètres lorsque toutes les
conditions suivantes sont remplies simultanément: grande masse en glissement
d’un seul tenant, secteurs sujets à des phénomènes identiques et dynamique du
mouvement attestée uniforme par des mesures géodésiques.
> Cette aide à l’exécution introduit une nouvelle méthode d’évaluation des glissements
superficiels et des coulées de boue. L’étude du contexte géologique et géomorpholo-
gique actuel couplée à l’analyse des événements antérieurs fournit des données sta-
tistiques qui aident à en déterminer la probabilité d’occurrence.
> Cette aide à l’exécution précise l’évaluation des dolines, mais n’impose la délimi-
tation d’une zone de danger «rouge» que lorsqu’il y a un danger avéré d’effondre-
ment.
> Les chutes de glace sont évaluées comme les chutes de pierres.
> Cette aide à l’exécution pose des principes généralement applicables pour tenir
compte des mesures de protection dans l’évaluation des dangers.
> Les objectifs de protection sont définis en fonction des risques. La sécurité visée doit
être élevée lorsque le risque est grand. Les risques faibles ne nécessitent en revanche
aucune protection, ou alors le coût des mesures sera modéré (chap. 3).
> Les mesures envisageables pour assurer la protection contre les dangers dus aux
mouvements de terrain sont exposées au chapitre 4 (mesures d’aménagement du ter-
ritoire, biologiques, constructives ou d’organisation). Cette aide à l’exécution accor-
de une plus large place aux mesures d’organisation, notamment parce que cette op-
tion doit souvent être privilégiée en cas de danger d’éboulement ou de glissement
profond.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 14
Les cantons établissent les documents de base nécessaires pour assurer la protection
contre les événements naturels (art. 15 OFo). Il faut en premier lieu identifier et évaluer
ceux qui sont susceptibles de se produire pour être à même d’éviter ou d’atténuer les
risques qu’ils constituent. L’analyse de la situation comprend, d’une part, une apprécia-
tion des dangers présents (§ 2.2 à 2.10) et, d’autre part, un recensement des affectations
du sol et des constructions existantes et planifiées (§ 2.1). La superposition des docu-
ments décrivant les dangers et les affectations du sol indique les périmètres dans les-
quels des personnes, des biens, des infrastructures et d’autres objets pourraient être
touchés par des phénomènes naturels.
Les affectations du sol et les catégories d’objets sont subdivisées plus ou moins
finement d’après le niveau de détail requis par la tâche à accomplir. Les vues d’en-
semble de vastes systèmes se satisfont de regroupements, par exemple selon les caté-
gories de biens à protéger suivantes:
> personnes
> bâtiments
> infrastructures usuelles (p. ex. voies ferrées ou routes) et vitales («lifelines»)
> biens culturels
> objets particuliers
Pour obtenir une vue d’ensemble des dommages potentiels, afin d’appréhender leur
évolution possible et celle des risques qui va de pair, il faut considérer, quel que soit le
degré de précision de l’étude, non seulement les affectations existantes, mais aussi les
développements prévus ou prévisibles. Les plans d’affectation – et les plans directeurs
communaux lorsqu’ils existent – fournissent des indications au sujet des développe-
ments à venir. On peut également consulter, entre autres, les plans sectoriels de la
Confédération, les plans directeurs des cantons et les concepts de développement can-
tonaux et régionaux.
2 > Analyse de la situation 15
La loi fédérale sur les forêts a notamment pour but de contribuer à protéger la popu-
lation et les biens d’une valeur notable contre les glissements de terrain, l’érosion et les
chutes de pierres (art. 1, al. 2, LFo). La présente aide à l’exécution concernant les dan-
gers dus aux mouvements de terrain traite:
> les processus de chute: chute de pierres, chute de blocs, éboulement, écroulement,
chute de glace et effondrement
> les processus de glissement: glissement de terrain et tassement
> les processus d’écoulement: coulée de boue
Les coulées de boue sont expliquées dans ce document. Les laves torrentielles sont
abordées dans celui qui traite des dangers liés aux crues (OFEE et al. 1997). On s’inté-
resse particulièrement aux successions et aux combinaisons de processus (p. ex. glisse-
ments de terrain, coulées de boue et laves torrentielles), car les mouvements de terrain
sont souvent très éloignés des objets susceptibles d’être endommagés.
Le traitement des dangers imputables aux mouvements de terrain requiert, dans une
première phase, une documentation neutre incluant tous les renseignements, observa-
tions et mesures disponibles qui signalent l’existence d’une menace. Au stade de
l’identification des dangers, les observations consignées doivent être aussi objectives,
aussi peu interprétées que possible. Il est impératif de préciser la qualité des informa-
tions, qu’elles résultent d’estimations, de calculs ou de mesures. L’identification des
dangers met en œuvre toute une panoplie de sources et de méthodes. Les événements
passés et les «témoins muets» fournissent des indications importantes, même si des
ouvrages de protection ont été réalisés dans l’intervalle.
Les documents de base et les méthodes servant à élaborer les cartes des dangers sont
brièvement décrits ici (voir les § 2.3.2–2.3.4 concernant le cadastre des événements
naturels, le cadastre des ouvrages de protection et la carte de phénomènes).
L’analyse topographique est l’un des volets d’une étude exhaustive, qui recourt aussi
aux orthophotos, aux modèles numériques de terrain, aux données fournies par la télé-
détection et aux cartes thématiques. Les modèles numériques de terrain permettent
notamment de générer des cartes de déclivité et des représentations du relief (avec
ombrage, «hillshade») utilisables pour élaborer des cartes géomorphologiques lorsque
leur résolution est élevée.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 16
La télédétection englobe toutes les méthodes mises en œuvre à distance depuis l’es-
pace, les airs ou le sol. Elle applique diverses méthodes physiques:
Ces images peuvent être prises depuis un satellite, depuis les airs (p. ex. à partir d’un
avion, d’un hélicoptère ou d’un drone) ou depuis le sol.
L’eau joue un rôle important dans les mouvements de terrain gravitaires. C’est pour-
quoi il faut connaître les conditions hydrogéologiques et hydrologiques régnant dans le
bassin versant.
Les forages peuvent être réalisés par carottage ou sous forme destructrice (à l’air ou à
l’eau). Le carottage est la seule méthode permettant de déterminer sûrement la nature
de la roche en profondeur et ses caractéristiques géotechniques. Les trous de forage
peuvent être équipés d’inclinomètres, extensomètres, piézomètres ou autres. Un incli-
nomètre est capable d’identifier avec certitude une surface de glissement active se
trouvant à grande profondeur et de mesurer le mouvement à son niveau.
Qui veut prévoir doit s’intéresser au passé. Les secteurs sujets à un processus et les
témoignages consignés dans un cadastre des événements naturels fournissent des indi-
cations précieuses lorsqu’il s’agit de délimiter les périmètres potentiellement menacés.
Ils aident à estimer les périodes de retour, à définir les scénarios et à étalonner les
simulations. Les événements documentés servent aussi à établir des vues d’ensemble
des dommages.
Les cadastres des événements naturels sont tenus et mis à jour régulièrement par les
services cantonaux spécialisés. La Confédération fournit des formulaires standard pour
relever les avalanches, les processus de chute, les glissements de terrain, les phéno-
mènes hydrauliques, les effondrements et les affaissements. Les informations saisies
sont gérées d’une manière centralisée dans la base de données StorMe, accessible sur
Internet. Les événements sont représentés spatialement. Sont en tout cas documentés
les processus déterminants, leur zone d’influence, la date de leur occurrence et l’amp-
leur approximative des dommages qu’ils ont causés. Le contexte météorologique est
mentionné facultativement. Les enregistrements peuvent avoir différents niveaux de
détail (voir également l’encadré sur la modélisation des données).
2 > Analyse de la situation 17
Laves torrentielles
Inondations/crues
Coulées de boue
Glissements de terrain
Chutes de blocs (blocs de 0,5 à 2 m)
Éboulements (grands blocs >2 m)
géoportail du canton de Berne, www.apps.be.ch/geo
OFEV
Processus de chute
Glissement de terrain, vitesse
>10 cm/an
Glissement de terrain, vitesse de
2 à 10 cm/an
Glissement de terrain, vitesse de
0 à 2 cm/an
Zone d’inondation par des processus
torrentiels
Dépôts de laves torrentielles
potentiels
Dépôts de laves torrentielles
Zone de transit
Modélisation des données et publication des documents de base sur les dangers
Les cantons rendent les documents de base accessibles au public sous une forme adaptée
afin que les intéressés directs et l’ensemble de la population soient informés aussi bien que
possible de la situation de danger (art. 15, al. 4, OFo).
Pour être à même de traiter et d’échanger les informations saisies le plus simplement pos-
sible, il faut décrire les géodonnées et les jeux de données d’une manière minutieuse et
compréhensible. Leur structure et leur contenu doivent satisfaire à certaines exigences
minimales. En outre, la loi fédérale sur la géoinformation (LGéo, RS 510.62) et l’ordon-
nance sur la géoinformation (OGéo, RS 510.620) qui en découle chargent les offices fédé-
raux compétents d’établir des modèles de données minimaux d’entente avec les cantons
(art. 66a OFo). L’annexe 1 de l’OGéo comprend un catalogue des géodonnées de base
relevant du droit fédéral. En vertu de cela, les jeux de géodonnées suivants, publiés à
l’adresse www.bafu.admin.ch/geodatenmodelle [FR], doivent être modélisés:
> «Cadastre des dangers», doté de l’identificateur 167.1 (correspond au cadastre des
événements naturels selon le § 2.3.2)
> «Cadastre des ouvrages de protection contre les crues», doté de l’identificateur 81.2
(correspond au cadastre des ouvrages de protection et inclut les données relevant du
cadastre qui concernent tous les processus dangereux selon le § 2.3.3)
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 20
Pour élaborer ces produits, les cantons doivent tenir compte des modèles de données défi-
nis par la Confédération. Ils comprennent deux parties: le «modèle de données minimal»
selon la législation sur la géoinformation, qui revêt un caractère obligatoire, et le «modèle
de données étendu», qui a valeur de recommandation.
> Légende modulable pour la cartographie des phénomènes (OFEE et OFEFP 1995)
> Modèles de géodonnées: www.bafu.admin.ch/geodatenmodelle [FR]
Les forêts protectrices, les ouvrages de protection et les mesures d’organisation comp-
tent parmi les mesures de protection existantes. L’incidence des forêts protectrices doit
être prise en compte dans l’évaluation des dangers et documentée dans le rapport tech-
nique (p. ex. en appliquant la méthode Protect-Bio).
Des ouvrages de protection sont érigés pour assurer la défense contre les processus
naturels en diminuant leur intensité ou leur probabilité d’occurrence. Mais les risques
encourus par les personnes et par les biens ne sont réduits durablement que si les
ouvrages et autres mesures de protection mis en œuvre ont l’effet escompté lors d’un
événement. Leur fonctionnement doit être assuré tout au long de leur durée de vie pré-
vue. L’évaluation de leurs effets tiendra compte de ce qui se passe en cas de surcharge.
Face à cette situation, leur entretien revêt un caractère prioritaire et requiert une orga-
nisation efficace à long terme.
Les ouvrages de protection sont sujets à une usure continue, si bien que leur état doit
être examiné régulièrement, en particulier à l’issue d’un événement. De nombreux
ouvrages construits au XIXe siècle et au début du XXe arrivent en fin de vie et doivent
être renouvelés. De plus, le dimensionnement de nombreux ouvrages existants a été
réalisé sur la base de connaissances et d’expériences datant d’une période plutôt
épargnée par les événements extraordinaires (entre 1927 et 1977).
2.4.1 Prise en compte des ouvrages de protection dans l’évaluation des dangers
Les ouvrages de protection ne peuvent être pris en compte dans l’évaluation des dan-
gers que si leur fiabilité est avérée, car cela peut influencer la transposition des dangers
dans l’aménagement du territoire et le dimensionnement des nouveaux ouvrages. Les
effets de ces mesures sont évalués en trois étapes:
> évaluation sommaire: elle comprend une estimation de l’importance des ouvrages de
protection (effet pertinent ou non) et permet de décider s’il y a lieu de procéder à
une évaluation détaillée;
2 > Analyse de la situation 21
Les ouvrages de protection doivent déployer en permanence (pendant 50 ans) des effets
quantifiables avec une marge de sécurité appropriée. La prise en compte des mesures
de protection présuppose que le système dans son ensemble et chaque ouvrage en par-
ticulier soient entretenus. Il y a lieu de réexaminer périodiquement l’état des ouvrages
et la situation de danger. Ils peuvent aussi faire l’objet d’une surveillance (voir § 4.10).
Un ouvrage qui présente des carences perd de son efficacité et peut même induire des
dangers supplémentaires. Un seul élément inapte au service peut déjà diminuer la pro-
tection offerte. La situation est critique lorsque la défaillance d’un seul élément com-
promet le fonctionnement de tout un système.
> Si les effets d’une mesure sur un processus donné sont moindres que les incertitudes
entourant l’évaluation de ce processus, la mesure considérée n’est pas prise en
compte.
> Quatre scénarios sont en principe examinés: trois correspondent à des événements
de probabilité d’occurrence élevée, moyenne et faible et un correspond à un événe-
ment extrême de probabilité d’occurrence très faible. Les enchaînements et les com-
binaisons de processus sont aussi étudiés.
> Toute mesure est examinée pour elle-même et en regard de l’ensemble du système
auquel elle appartient.
2.4.2 Prise en compte des mesures d’organisation dans l’évaluation des dangers
Sécurité structurale
La résistance d’un ouvrage aux actions résultant des scénarios considérés est vérifiée. Si sa
résistance est insuffisante, l’ouvrage est peu fiable.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 22
Aptitude au service
L’aptitude au service d’un ouvrage décrit sa faculté à fonctionner conformément aux exi-
gences d’utilisation auxquelles il doit satisfaire (p. ex. hauteur utile d’un filet) pendant la
durée de sa mise en œuvre.
Durabilité
La sécurité structurale et l’aptitude au service d’un ouvrage devraient satisfaire aux exi-
gences posées pendant une longue période, dans les limites des actions prévisibles.
Fiabilité
Pour être très fiable, un ouvrage doit remplir les exigences en matière de sécurité struc-
turale, d’aptitude au service et de durabilité (mesure pleinement efficace). Une fiabilité
limitée entraîne une efficacité réduite. Lorsqu’un ouvrage est peu fiable (effet nul, voire
négatif), il faut s’attendre à ce qu’il cède.
Évaluation de l’effet
L’effet d’un ouvrage est évalué en fonction de sa fiabilité; il quantifie son incidence sur le
déroulement d’un processus.
> Norme SIA 260 «Bases pour l’élaboration des projets de structures porteuses»
> Norme SIA 261 «Actions sur les structures porteuses»
> Norme SIA 269 «Bases pour la maintenance des structures porteuses»
> Norme SIA 269/1 «Maintenance des structures porteuses – Actions»
> Romang H. (éd.) 2008: Efficacité des mesures de protection. Stratégie «Dangers natu-
rels» Suisse. Projet A 3. Plate-forme nationale «Dangers naturels» PLANAT, Berne
Les exigences à satisfaire lors de l’évaluation des dangers croissent en fonction du ni-
veau de détail de l’étude. C’est pourquoi on distingue trois niveaux correspondant aux
échelles E1 à E3:
La carte indicative des dangers donne un aperçu de l’occurrence spatiale des processus E1 = échelle 1
dangereux et indique ainsi où quelque chose peut se produire. Elle est censée signaler
autant que possible tous les périmètres susceptibles d’être touchés par des mouvements
de terrain. La carte indicative ne différencie pas les degrés de danger – définis par une
intensité et une probabilité d’occurrence. Elle indique seulement s’il existe un danger
potentiel (classification de type «oui/non»).
La carte des dangers est utilisée aux échelons communal et cantonal pour transposer la E2 = échelle 2
situation de danger dans l’aménagement du territoire (plan d’affectation). Elle doit
donc subdiviser aussi précisément que possible le périmètre affecté en degrés de dan-
ger. Cette carte est généralement établie à l’échelle du 1:5000 ou du 1:10 000. Elle sera
éventuellement plus précise (p. ex. 1:2000) ponctuellement ou dans des cas particuliers.
La carte des dangers, qui distingue cinq degrés de danger, offre un contenu et une
résolution spatiale plus détaillés que la carte indicative des dangers.
La carte des dangers, la carte des intensités et le rapport technique qui les accom-
pagnent contiennent des indications exhaustives sur les causes, le déroulement, l’exten-
sion spatiale, l’intensité et la probabilité d’occurrence des mouvements de terrain sus-
ceptibles de survenir. L’évaluation des dangers qu’ils occasionnent commence par
l’établissement d’une documentation qui indique les dangers existants. Les événements
passés fournissent des informations sur les processus et leur extension spatiale, sous
forme d’observations, de photos ou de mesures. Les résultats obtenus sont consignés
dans un cadastre des événements naturels et représentés sur un fond cartographique.
Synthèse des documents nécessaires pour établir le dossier d’une carte des dangers:
Les projets de construction et les processus complexes requièrent un traitement appro- E3 = échelle 3
fondi, qui dépasse les travaux habituellement accomplis pour établir une carte des dan-
gers. Cette étude détaillée porte par exemple sur un projet d’ouvrage de protection, son
dimensionnement, un risque important ou une pente spécialement dangereuse. Les
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 24
évaluations complexes, éventuellement contestées, qui font l’objet d’une expertise re-
lèvent aussi du niveau E3. En règle générale, les cartes détaillées sont établies à
l’échelle 1:5000 ou plus fine. Les projets de construction, en particulier ceux qui
concernent des ouvrages de protection, sont usuellement représentés à l’échelle 1:2000
ou plus fine.
Pour être à même de gérer les risques, il faut d’abord décrire et évaluer les dangers. Les
principaux produits obtenus au terme de l’évaluation des dangers sont des cartes des
intensités et des cartes des dangers. Elles seront exploitées pour établir le besoin d’agir,
analyser les risques (chap. 3) et planifier des mesures de protection (chap. 4).
Les cartes des dangers sont des représentations spatiales des dangers dus aux mouve-
ments de terrain et des menaces qui en résultent pour les personnes, les biens, l’envi-
ronnement et d’autres valeurs. Elles sont nécessaires – conjointement avec les cartes
des intensités et d’autres documents – pour expliquer les dangers aux autorités et aux
intéressés. Ils en ont besoin pour déterminer le besoin d’agir et concevoir des mesures
appropriées (mesures de précaution, de maîtrise des événements extraordinaires, etc.).
L’analyse des dangers doit être confiée à des spécialistes chevronnés. Les services
cantonaux en charge des dangers naturels sont responsables de son contenu. Il faut col-
lecter et examiner de nombreux documents, qui portent non seulement sur les proces-
sus avérés dans un périmètre donné, mais aussi sur les processus présumés et imagi-
nables (voir § 2.10 «Définition des scénarios»):
Les principaux produits issus de l’évaluation des dangers sont décrits ci-après.
La carte indicative des dangers fournit une vue d’ensemble sommaire de la situation de
danger. Elle répertorie les endroits potentiellement menacés sur l’intégralité d’une
vaste surface, mais sans mentionner le degré de danger (fig. 5). Chaque type de proces-
sus fait l’objet d’une carte distincte. Basée sur des documents géoscientifiques ou sur
des modélisations, la carte indicative des dangers est validée par comparaison avec le
cadastre des événements. Elle peut contenir des inexactitudes de délimitation spatiale
et ne pas décrire précisément la menace dans chaque cas. Elle ne comprend que des
indications, non des faits vérifiés, au sujet des dangers. Elle n’est utilisée qu’en l’ab-
sence de carte des dangers contraignante (p. ex. hors des zones urbanisées) ou pour
donner une vue d’ensemble spécifique.
On peut en déduire, avec un minimum de moyens, les lieux de conflits possibles entre
le danger et l’affectation.
> Usage: document de base pour établir le plan directeur cantonal, identifier les sec-
teurs de conflits, examiner les demandes de permis de construire hors des périmètres
couverts par les cartes des dangers, fixer des priorités lors de l’élaboration des cartes
des dangers.
> Précision: faible, peut contenir des inexactitudes, non vérifiée sur place.
> Échelle: 1:10 000 à 1:50 000.
> Périmètre: généralement un canton (ou une région ou une commune).
> Mise à jour: périodique, dans le cadre du plan directeur.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 26
zones d’arrachement
potentielles
zones de transit et de dépôt
potentielles
canton de Vaud, projet CDN-VD, GEODE-DN
La carte des intensités indique, par classe de probabilité (élevée, moyenne, faible, très
faible), les intensités des processus dangereux auxquels il faut s’attendre (fig. 6). Des
valeurs limites sont assignées pour échelonner l’intensité de chaque processus. Elle est
estimée en appliquant des grandeurs adaptées au processus considéré (p. ex. l’énergie
dans le cas des processus de chute, voir § 2.9).
Ainsi utilisée pour établir la carte des dangers, la carte des intensités a de nombreux
autres usages. L’énergie et sa répartition spatiale servent par exemple à dimensionner
des ouvrages de protection (capacité d’absorption énergétique, emplacement approprié,
etc.).
> Usage: document de base pour élaborer les cartes des dangers et analyser les risques
(EconoMe); instrument pour planifier des mesures d’urgence, protéger des objets ou
concevoir des ouvrages de protection.
> Contenu: intensités différenciées en quatre classes (forte, moyenne, faible, nulle)
dans le cadre de chaque scénario.
> Précision: élevée (comme pour la carte des dangers).
> Échelle: 1:2000 à 1:10 000 (comme pour la carte des dangers).
> Périmètre: région, commune (partie du territoire; comme pour la carte des dangers).
> Mise à jour: comme pour la carte des dangers.
2 > Analyse de la situation 27
intensité forte
intensité moyenne
intensité faible
intensité nulle
canton de Vaud, projet CDN-VD, GEODE-DN
La carte des dangers et le rapport technique qui l’accompagne contiennent des indica-
tions détaillées sur les causes, le déroulement, l’extension spatiale, l’intensité et la pro-
babilité d’occurrence des dangers naturels (fig. 7). La carte des dangers revêt un carac-
tère obligatoire pour les autorités. Elle constitue la base technique de référence pour la
prise en compte des dangers naturels lors de l’élaboration des plans d’affectation
communaux (plans d’aménagement locaux). Elle peut aussi servir à planifier et ordon-
ner des mesures de protection d’objets et à établir des plans d’urgence. La carte des
dangers n’indique toutefois pas les risques liés aux processus qu’elle décrit.
> Usage: document de base pour utiliser le territoire d’une manière adaptée, délimiter
les zones de danger dans le plan d’affectation, formuler des exigences de construc-
tion, planifier des mesures.
> Contenu: indication précise des types de danger, extension des zones menacées
assorties du degré de danger respectif (cinq degrés, échelonnés en fonction de l’in-
tensité et de la probabilité d’occurrence), documentation détaillée.
> Précision: élevée, délimitation précise (précision parcellaire).
> Échelle: 1:2000 à 1:10 000.
> Périmètre: région, commune ou partie de territoire (territoire non couvert en entier,
le périmètre d’investigation étant fixé le plus largement possible, en prévision de
l’avenir, dans un but de prévention).
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 28
> Mise à jour: périodique, par exemple dans le cadre d’une révision du plan d’affecta-
tion; lorsque la situation de danger a changé notablement (p. ex. après la réalisation
de mesures de protection ou en cas de modification des conditions naturelles);
lorsque de nouvelles méthodes ou de nouveaux documents permettent d’améliorer
notablement l’évaluation des dangers; à l’issue d’événements (divergence avec les
scénarios ou les effets évalués).
danger élevé
danger moyen
danger faible
danger résiduel
aucun danger
Les cantons rendent les documents de base sur les dangers accessibles au public sous une
forme adaptée afin que les intéressés directs et la population soient informés le mieux pos-
sible des dangers existants (art. 15, al. 4, OFo).
Modèle de géodonnées:
> «Carte des dangers», dotée de l’identificateur 166.1 (correspond à la carte indicative
des dangers, à la carte des intensités et à la carte des dangers, selon les § 2.6.1 à 2.6.3).
Les processus spontanés sont des phénomènes qui surviennent brusquement, sans
mouvement précurseur ni signe annonciateur de vitesse élevée. Citons par exemple les
processus primaires (se produisant pour la première fois), les réactivations et les rup-
tures partielles, qui prennent naissance dans la zone d’arrachement ou dans la zone
frontale et qui présentent une activité élevée. Ils peuvent être assortis d’une probabilité
d’occurrence. Les processus permanents (continus) ne sont en revanche pas classifiés
en fonction des différentes probabilités d’occurrence – elle est toujours égale à 100 %.
Les glissements permanents peuvent aussi être sujets à des variations de vitesse (accé-
lérations, ralentissements), qui sont prises en compte dans l’évaluation des dangers par
le biais des critères définissant l’intensité (fig. 11).
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 30
Fig. 8 > Diagrammes intensité-probabilité appliqués aux mouvements de terrain permanents (à gauche) et spontanés (à droite)
Les chutes de glace sont évaluées à l’aide du diagramme de droite, comme les chutes de pierres. Les tassements sont traités à
l’aide du diagramme de gauche, comme les glissements permanents, conformément à la définition donnée à l’annexe A2. La
prédisposition à l’effondrement ou à l’affaissement (y compris la formation de dolines) est subdivisée en trois classes – faible,
moyenne ou forte; le degré de danger – jaune, bleu ou rouge – est déterminé à l’aide du diagramme de gauche, de la même
manière que les classes d’intensité appliquées aux glissements permanents. Explications complémentaires dans le texte et aux
chapitres suivants
forte - éboulement
- écroulement
forte
3 9 8 7
Intensité
Intensité
moyenne
moyenne
2 6 5 4 - chute de pierres
- chute de blocs
- glissement de terrain - chute de glace
faible
faible
Les degrés de danger indiquent le niveau de la menace qui pèse sur les personnes, les
animaux, les bâtiments, les infrastructures et les biens d’une valeur notable, en tenant
compte du fait que les personnes sont généralement plus en sécurité dans les bâtiments
qu’en plein air.
Rouge: Les personnes sont en danger aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments.
danger élevé Il faut s’attendre à la destruction rapide de bâtiments
ou
Les événements se manifestent avec une intensité plutôt faible, mais une probabilité
d’occurrence élevée. Dans ce cas, les personnes sont surtout menacées à l’extérieur
des bâtiments. Les bâtiments subissent d’importants dégâts ou ils deviennent
inhabitables.
Bleu: Les personnes sont en danger à l’extérieur des bâtiments, mais peu ou pas à l’intérieur.
danger moyen Il faut s’attendre à des dégâts aux bâtiments, mais pas à leur destruction rapide, pour
autant que leur mode de construction soit adapté aux conditions en présence.
Jaune: Le danger pour les personnes est faible ou inexistant.
danger faible Il faut s’attendre à de faibles dégâts aux bâtiments, dont l’utilisation peut être entravée.
Hachuré jaune/blanc: Les dangers de probabilité d’occurrence très faible peuvent être signalés par un hachuré
danger résiduel jaune-blanc. La zone hachurée en jaune-blanc est une zone de sensibilisation qui met
en évidence un danger ou un risque résiduel.
La délimitation des zones de sensibilisation doit être restrictive. Elle tiendra compte du
type de phénomène et du potentiel de dommages.
Blanc Aucun danger ou danger négligeable en l’état des connaissances actuelles.
2 > Analyse de la situation 31
Le degré de danger est défini séparément pour chaque source de danger et chaque
processus. Il est assorti d’un indice dans la carte des dangers. Les abréviations sui-
vantes s’appliquent aux mouvements de terrain:
Le type de mouvement des glissements de terrain peut être complété par un indice
supplémentaire: permanent (P) ou spontané (S).
Si un périmètre est menacé par plusieurs dangers, c’est celui dont le degré est le plus
élevé qui est déterminant pour établir la carte des dangers. Les degrés de danger ne
s’additionnent pas pour atteindre un degré supérieur. Exemple: un danger moyen (bleu)
dû à une coulée de boue et un autre danger moyen (bleu) dû à un glissement de terrain
donnent toujours un danger moyen (bleu) et non un danger élevé (rouge). Cela est dû
au fait que le danger imputable à un processus n’est généralement pas accru par la
superposition et qu’il est possible de prendre des mesures de protection contre chaque
processus. Par contre, la probabilité d’occurrence d’un dommage augmentera éventuel-
lement en cas de chevauchement, ce qui aura pour effet d’accroître le risque. Il faut en
outre examiner l’influence des interactions entre les processus sur l’intensité des
événements.
La méthode décrite dans la présente aide à l’exécution assigne une probabilité d’occur-
rence à chaque processus. La notion de période de retour est maintenant bien établie
dans le domaine de la protection contre les crues et les avalanches. Ici, une probabilité
d’occurrence annuelle est conférée aux mouvements de terrain. Les deux expressions
sont mathématiquement réciproques:
P y = 1/T
La probabilité d’occurrence annuelle est une valeur statistique qui décrit la survenance
d’un événement. Quand Py vaut 0,033, la probabilité que l’événement en question se
produise au cours d’une année est de 3,3 % ou cet événement se produit en moyenne
une fois tous les trente ans. Dans le cas des mouvements de terrain, une probabilité
d’occurrence annuelle (0,033; 0,01; 0,003; <0,003) est généralement appliquée par ana-
logie avec la période de retour des crues et des avalanches (30 ans, 100 ans, 300 ans,
>300 ans). Au vu des scénarios climatiques, il faut s’attendre à un changement de ré-
gime des précipitations (quantité et intensité) et à une augmentation de la température.
Ces modifications ainsi que la fonte de la glace dans les zones glaciaires et périgla-
ciaires (p. ex. pergélisol) seront prises en compte dans la mesure du possible.
P n = 1 – (1 – P y )n
Probabilité d’occurrence
Probabilité d’occurrence en 50 ans Probabilité d’occurrence descriptive
100 à 82 % élevée
82 à 40 % moyenne
40 à 15 % faible
<15 % très faible
Période de retour
Période de retour en années Période de retour descriptive
<30 fréquent
30 à 100 assez fréquent
100 à 300 rare
>300 très rare
2 > Analyse de la situation 33
Toutes les observations et informations acquises sont intégrées dans la définition des
scénarios.
La probabilité d’occurrence des glissements permanents est égale à 1 (ou 100 %), ce
qui signifie que l’événement s’est déjà produit et est en cours. C’est pourquoi il est
recommandé de commencer par déterminer la vitesse moyenne pluriannuelle (v) pour
évaluer le danger. Puis on considère la vitesse accrue (vmax). La vitesse varie en fonc-
tion de plusieurs facteurs, parmi lesquels les précipitations, le niveau d’eau à l’intérieur
du massif, le mécanisme de glissement, la profondeur et le volume de l’instabilité
jouent un rôle important. L’ampleur de l’analyse augmente et les possibilités d’appré-
hender l’ensemble de la situation diminuent lorsque le volume mobilisé, la profondeur
du glissement et les circulations d’eaux souterraines croissent.
La plupart des glissements actifs sont épisodiquement sujets à des vitesses accrues ou à
des accélérations (vmax) rares (Py = 0,01) à très rares (Py = 0,003). Il faut donc tenir
compte des développements et des scénarios défavorables, tels que rupture spontanée,
processus primaire («first move»), processus secondaire («second move»), crue con-
comitante au glissement, etc. L’accélération d’un glissement est susceptible d’accroître
son étendue et de mobiliser des compartiments substables ou inactifs jusqu’alors. Les
accélérations et les réactivations surviennent principalement lorsque la pression d’eau
dans les pores ou dans les discontinuités croît fortement. Une carte détaillée des phéno-
mènes permet de localiser ce danger dans un bon nombre de cas (Raetzo et Rickli
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 34
Les coulées de boue peuvent se produire sous la forme de processus initiaux («first
move») ou secondaires («second move»). C’est pourquoi la prédisposition de la zone
d’arrachement et la probabilité d’occurrence des coulées de boue présentent certaines
similitudes avec celles des glissements spontanés superficiels à semi-profonds (voir
§ 2.8.2). La masse mobilisable a généralement une épaisseur de 0,5 à 3 m et atteint plus
rarement la dizaine de mètres.
La prédisposition aux coulées de boue et les secteurs sujets à ce processus sont établis
en réalisant des investigations in situ et des modélisations. L’analyse porte sur un
périmètre géologiquement homogène, c’est-à-dire sur des terrains meubles géologique-
ment identiques ou similaires. Il faut surtout tenir compte de leurs propriétés géotech-
niques. La méthode décrite ci-après et illustrée à la fig. 9 est basée sur les travaux du
groupe de travail «Danger naturel et géologie» (AGN 2004, sur mandat de l’OFEG);
elle fournit des éléments pour évaluer la probabilité de rupture dans une zone d’arra-
chement potentielle. Dans le cadre de l’évaluation des dangers, le relevé des coulées de
boues qui se sont produites antérieurement dans le périmètre examiné revêt une impor-
tance primordiale. À défaut de données inscrites au cadastre des événements, on peut
appliquer par approximation des informations tirées de régions voisines ou d’autres
sources portant sur des unités géologiques comparables.
Le cadastre des événements naturels donne des renseignements au sujet des coulées de
boue et des glissements superficiels recensés. Les événements qui se sont produits
antérieurement dans le périmètre d’investigation sont levés et évalués («témoins
muets» visibles sur le terrain, indices d’instabilité, enquête auprès de la population
locale).
Les analyses des intempéries ont révélé que plus de 70 % des lieux affectés présen-
taient des traces d’événements passés. Des observations rigoureuses effectuées sur le
terrain sont ainsi indispensables lorsqu’on évalue le danger de coulée de boue.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 36
Fig. 9 > Étapes de la procédure suivie pour établir la probabilité d’occurrence des coulées de boue
Pour déterminer le degré de danger, il faut également évaluer leur intensité (voir § 2.9).
Evaluation de la probabilité Evaluation
d’occurrence de l’intensité (h, e)
Etape 1
Délimitation de zones géologiquement
uniformes (conditions géologiques homogènes)
Etape 2
Etablissement du cadastre des événements
et cartographie des phénomènes,
«témoins muets»
Etape 3 Etape 4
Détermination des pentes critiques: Détermination des facteurs
valeur moyenne αm et écart type σ aggravants (hydrogéologie,
géomorphologie, végétation, etc.)
Etape 5
Détermination de la probabilité d’occurrence d’un
glissement superficiel ou d’une coulée de boue
Diagramme intensité-probabilité
Degré de danger
Fig. 10 > Proportion de glissements superficiels par classe de pente dans la zone d’arrachement
Les données proviennent des régions d’Appenzell, du Napf, de Sachseln, de l’Entlebuch et du
Prättigau (Raetzo et Rickli 2007). Les pentes ont été relevées chaque fois après des intempéries.
La pente moyenne de tous les glissements est proche de 32°, alors que la distribution affiche des
valeurs de 16° à 57°. Il faut par exemple s’attendre à ce que les terrains molassiques présentent
un danger lorsque la déclivité critique est supérieure à 22° et que des facteurs aggravants ont
un effet déterminant. Dans certaines régions, quelques glissements se sont produits dans des
pentes inférieures à 20°.
50
Proportion [%]
40
30
20
10
0
Pente [°] <16 16–19 20–23 24–27 28–31 32–35 36–39 40–43 44–47 48–52 53–57 >57
Entlebuch 2005 Napf 2005 Prättigau 2005
Appenzell 2002 Napf 2002
Sachseln 1997
Des valeurs seuils permettant de définir les limites des classes d’intensité forte,
moyenne ou faible sont fixées en fonction des caractéristiques physiques propres aux
différents processus. Les critères quantitatifs appliqués à cet effet se réfèrent en général
à la zone où se développe le processus, c’est-à-dire à la zone menacée, là où un poten-
tiel de dommages est présent. Une paroi en béton fortement armé peut par exemple
absorber une énergie de 300 kJ. Mais de telles données quantitatives ne sont pas tou-
jours disponibles ou leur résolution spatiale et temporelle n’est pas adéquate. Dans ce
cas, il incombe aux autorités et aux spécialistes de formuler des hypothèses appropriées
et de procéder à des simplifications.
2 > Analyse de la situation 39
1. Processus de chute
- Chute de pierres/blocs E <30 kJ 30 kJ < E <300 kJ E >300 kJ
- Eboulement -- -- E >300 kJ
- Ecroulement -- -- E >300 kJ
2. Processus de
glissement
vmax vmax
md md
p p
grande vmax
grands md
> Une énergie de 30 kJ peut encore être absorbée par une traverse de chemin de fer en
chêne.
> Une énergie de 300 kJ peut encore être absorbée par une paroi en béton fortement
armé.
> Une énergie supérieure à 300 kJ ne peut pas être absorbée par un mur standard en
béton armé.
> Variation de la vitesse du glissement (v max ) induisant l’augmentation d’un degré d’inten-
sité (flèche courte): v max30 > env. 20 cm/an ou v max100 > env. 40 cm/an ou v max300 > env.
50 cm/an.
> Variation de la vitesse du glissement (v max ) induisant l’augmentation de deux degrés
d’intensité, à savoir de l’intensité faible à l’intensité forte (flèche longue, «grande
v max »): v max30 > env. 50 cm/an ou v max100 > env. 70 cm/an ou v max300 > env. 80 cm/an.
Lorsque l’accélération est mesurée par exemple au cours d’un trimestre, il faut calculer la
vitesse annuelle correspondante: le déplacement mesuré pendant ce trimestre multiplié par
quatre donne la vitesse annuelle équivalente. Cette méthode est appliquée par analogie
pour d’autres durées.
La cartographie des dangers effectuée de façon systématique (p. ex. E2) ne bénéficie sou-
vent pas de mesures exactes de v et v max . De plus, les mesures géodésiques et les infor-
mations qui en découlent ne sont pas forcément disponibles lorsqu’on procède à une étude
détaillée (niveau E3) ou qu’on examine un glissement connu. Les autorités cantonales et
fédérales ainsi que les géomètres peuvent éventuellement fournir des données géodésiques
et des vitesses de mouvement (p. ex. données INSAR de l’OFEV). Au vu des développements
possibles et de l’incidence du changement climatique, il est également envisageable de
déterminer les accélérations potentielles sous la forme de scénarios, sans recourir à des
valeurs mesurées. Les réactivations et les accélérations potentielles peuvent notamment
être influencées par des précipitations, par la fonte de la neige, par des venues d’eaux sou-
terraines et par des processus d’érosion (p. ex. érosion du pied d’un glissement par un
torrent). Ces scénarios seront expliqués et motivés le cas échéant.
2 > Analyse de la situation 41
md = Mouvements différentiels
Les mouvements différentiels sont décrits par le déplacement différentiel absolu exprimé en
centimètres, rapporté à une largeur unitaire de 10 mètres [cm/10 m]. Leur valeur se réfère
à la durée d’utilisation du bâtiment concerné et elle est liée à sa sécurité structurale et à
son aptitude au service (p. ex. pendant une cinquantaine d’années).
> Mouvement différentiel induisant l’augmentation d’un degré d’intensité (flèche courte):
md = 2 à 10 cm/10 m.
> Mouvement différentiel induisant l’augmentation de deux degrés d’intensité (flèche
longue, «grands md»): md > 10 cm/10 m.
> Lorsque des dolines sont réparties de manière diffuse, la formation sujette à la dissolu-
tion peut être reportée largement sur la carte des dangers. Danger potentiel de dolines
→ danger faible (jaune).
> Une classe d’intensité moyenne est conférée aux processus d’effondrement et d’affais-
sement (p. ex. dans des dolines) lorsque des indices d’extension spatiale sont clairement
visibles sur le terrain. Les phénomènes de dissolution dans le karst génèrent des affais-
sements qui peuvent être rapides à très lents. Dans ce cas, le périmètre est assigné à la
classe de danger moyen (bleu).
> Lorsqu’un danger avéré d’effondrement est démontré, l’intensité est forte et on peut dé-
limiter un périmètre de danger élevé (rouge). Les formations gypseuses sont par exemple
très sensibles au lessivage, c’est pourquoi elles peuvent être attribuées à la zone de
danger élevé si un danger d’effondrement est avéré.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 42
L’évaluation des dangers doit inclure le périmètre de dolines avéré et on peut y ajouter une
zone de danger supplémentaire pour se prémunir contre les instabilités secondaires en
marge de la zone de dolines. En général, les zones de dolines sont regroupées dans un péri-
mètre délimité assez largement.
2.9.1 Intensités et types de dommages pouvant être liés aux processus de chute
L’impact de pierres et de blocs occasionne de graves dommages. De grosses fissures Intensité forte
dans les éléments porteurs des bâtiments et des trous dans les parois en maçonnerie ou
dans la toiture peuvent causer leur effondrement partiel ou total. Les personnes et les
animaux sont fortement menacés, même à l’intérieur des bâtiments, et en danger de
mort en cas d’effondrement. Les réparations sont très coûteuses. Les dommages struc-
turels sont souvent si graves que l’évacuation et la démolition des bâtiments sont iné-
vitables. L’accumulation de matériaux éboulés est susceptible d’entraver l’écoulement
d’un cours d’eau. Les conditions de stabilité sont altérées si un lac se forme derrière
cette nouvelle digue. L’instabilité ou l’érosion d’une digue submergée peut être à l’ori-
gine d’une importante crue ou lave torrentielle en aval. Les infrastructures superfi-
cielles (p. ex routes ou lignes électriques) risquent d’être endommagées directement et
coupées par des processus de chute.
L’impact de pierres occasionne d’importants dommages aux parois, selon leurs carac- Intensité moyenne
téristiques, mais sans compromettre la stabilité des bâtiments (pour autant qu’ils aient
été conçus en conséquence). Les portes sont fortement endommagées ou détruites. Les
personnes et les animaux ne sont pas en grand danger à l’intérieur des bâtiments. Les
dommages affectent la qualité de l’habitat. Les réparations sont généralement réali-
sables à un coût raisonnable. L’accumulation de matériaux éboulés risque d’entraver
l’écoulement d’un petit ruisseau. Les routes et les conduites superficielles peuvent être
endommagées et coupées momentanément.
Les pierres et les blocs peuvent perforer des parois en maçonnerie. Les personnes et les Intensité faible
animaux ne sont généralement pas en danger à l’intérieur des bâtiments, mais ils le sont
à l’extérieur. Un impact à la tête peut être fatal.
2.9.2 Intensités et types de dommages pouvant être liés aux processus de glissement
D’importantes modifications du terrain génèrent des mouvements différentiels considé- Intensité forte
rables dans le sous-sol et compromettent sérieusement la stabilité des bâtiments. Les
fissures qui se forment dans les éléments porteurs statiques des bâtiments ainsi que les
phénomènes d’affaissement et de basculement qu’ils subissent peuvent causer leur
effondrement partiel ou total. Les portes et les fenêtres sont inutilisables. Les personnes
et les animaux sont en danger à l’intérieur des bâtiments et même en danger de mort en
cas d’effondrement. Les réparations sont très coûteuses. Les dommages structurels sont
souvent si graves que l’évacuation et la démolition des bâtiments sont inévitables. Les
2 > Analyse de la situation 43
infrastructures sont gravement touchées (p. ex. routes coupées). Des conduites sont
cassées. L’écoulement de cours d’eau peut être entravé.
Les mouvements de terrain génèrent des fissures dans les murs, mais pas dans les élé- Intensité moyenne
ments structurels qui garantissent la stabilité des bâtiments. L’étanchéité des joints et
les liaisons entre les différentes parties des bâtiments sont dégradées. Les portes et les
fenêtres coincent. Les bâtiments risquent de s’incliner sous l’effet des modifications du
terrain. Les personnes et les animaux ne sont pas directement en danger à l’intérieur
des bâtiments, mais les dommages dégradent la qualité de l’habitat. Les infrastructures
sont touchées (p. ex. routes et conduites superficielles ou souterraines déformées). Les
drainages peuvent se boucher ou se casser.
Les petits mouvements de terrain occasionnent des dommages légers. Ils ne compro- Intensité faible
mettent pas la stabilité des bâtiments. Les grands ouvrages rigides ne sont généralement
pas touchés. Les bâtiments risquent de s’incliner sous l’effet des modifications du terrain.
Les personnes et les animaux ne sont pas menacés.
2.9.3 Intensités et types de dommages pouvant être liés aux processus d’écoulement
L’intensité des processus d’écoulement est décrite par l’épaisseur de la masse mobili-
sable (e) et par la hauteur du dépôt (h), conformément à la pratique bien établie. Il est
envisageable que d’autres paramètres comme la pression dynamique puissent un jour
être utilisés comme critère d’intensité, par analogie avec les avalanches.
L’impact de grandes masses de pierres, boue et bois mêlés d’eau sur les éléments por- Intensité forte
teurs des bâtiments peut occasionner de graves dommages structurels ou une destruc-
tion soudaine. Les personnes et les animaux sont fortement menacés par les risques
d’effondrement et de submersion. Les coulées de boue peuvent pénétrer dans les bâti-
ments – par les portes, les fenêtres, les baies vitrées et les autres points faibles de la
structure – et mettre en danger les personnes qui s’y trouvent. Les réparations sont
souvent très coûteuses. D’importantes modifications du terrain couplées avec l’appa-
rition de grandes surfaces d’érosion, des dépôts de pierres et des inondations coupent,
endommagent ou détruisent des infrastructures (p. ex. routes et conduites).
Les coulées de boue sont dangereuses, malgré leur faible épaisseur, à cause des maté- Intensité moyenne
riaux grossiers qu’elles charrient. L’impact de pierres et de blocs et la pénétration
d’eau peuvent endommager l’enveloppe et l’intérieur des bâtiments, sans toutefois
compromettre leur stabilité. Les coulées de boue peuvent pénétrer dans les bâtiments –
par les portes, les fenêtres, les baies vitrées et les autres points faibles de la structure –
et mettre en danger les personnes qui s’y trouvent. Les personnes et les animaux sont
aussi en danger à l’extérieur des bâtiments. La qualité de l’habitat peut être sérieuse-
ment dégradée. Les réparations sont généralement réalisables à un coût raisonnable.
Les dépôts de pierres, de boue et de bois peuvent endommager et interrompre, en parti-
culier, des installations superficielles (p. ex. routes). Les tuyaux, les conduites et les
drainages risquent d’être bouchés.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 44
Elle ne s’applique pratiquement que dans la zone de dépôt des coulées de boue, à des Intensité faible
masses de matériaux peu épaisses dont le mouvement a été freiné ou en cas de péné-
tration d’eau. L’enveloppe et l’intérieur des bâtiments subissent des dommages de
faible ampleur. La stabilité des bâtiments n’est pas du tout compromise.
Il est important d’adopter une perspective large pour élaborer les scénarios. Même les
déroulements les moins probables ne doivent pas être exclus de l’étude sans motif.
Comme les crues liées aux intempéries d’août 2005 l’ont montré, les processus à effet
de seuil, les transitions de processus et les enchaînements de processus qui sortent de
l’expérience locale doivent aussi être pris en considération («penser à l’impensable»).
Les scénarios et les processus peu probables sont donc également examinés.
Les scénarios doivent être assez représentatifs pour traiter et montrer ouvertement
toutes les évolutions envisageables. Ils doivent tenir correctement compte des effets
possibles sur le potentiel de dommages. La chronologie des événements joue parfois un
rôle déterminant.
L’argumentation et les motifs de la sélection ou non d’un scénario doivent être énoncés
de façon transparente pour que les choix effectués puissent être reproduits ultérieure-
ment. C’est pourquoi la détermination de la probabilité d’occurrence et de l’intensité
des glissements de terrain, chutes ou coulées de boue doit reposer sur des bases solides
(voir les points précédents).
Les calculs inhérents aux divers scénarios sont entachés d’incertitudes, dont la gestion
est décrite au paragraphe suivant.
Il est impossible de décrire exhaustivement tous les déroulements envisageables des Diversité des événements
événements. L’incidence effective des processus dans un périmètre donné réserve tou-
jours des surprises, qui influencent autant l’évaluation des dangers et la planification
des mesures que l’établissement des plans d’urgence. Un événement peut comprendre
une grande diversité de phases qui s’amplifient brusquement, évoluent de manière
surprenante ou se déroulent autrement que prévu.
Il est recommandé d’estimer et d’exposer, autant que faire se peut, la variabilité pos-
sible des mouvements de terrain même si les données disponibles sont éparses. Les
grands volumes et les grandes vitesses font l’objet d’extrapolations lorsque le cadastre
ne comprend que des événements fréquents de faible intensité et que les levés de
terrain indiquent l’éventualité d’un événement de grande ampleur.
L’extrapolation en direction des événements très rares requiert une prudence parti-
culière, car ils impliquent des processus à effet de seuil, de même que des transitions et
enchaînements de processus qui ne sont pas appréhendés par les données disponibles
(fig. 13). L’incertitude inhérente à ces événements sera donc estimée. Les scénarios les
décrivant doivent être bien motivés et documentés.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 46
Fig. 12 > Répartition de l’intensité pour une probabilité d’occurrence Fig. 13 > Répartition de la probabilité d’occurrence pour une
donnée intensité donnée
forte
forte
Intensité
Intensité
faible
faible
élevée Probabilité d’occurrence faible élevée Probabilité d’occurrence faible
La loi fédérale sur les forêts a notamment pour but de contribuer à protéger la popula-
tion et les biens d’une valeur notable contre les glissements de terrain, l’érosion et les
chutes de pierres (art. 1, al. 2, LFo). Ce chapitre décrit la méthode préconisée pour
établir le besoin d’agir à ce sujet.
Lorsqu’un périmètre donné est exposé à un danger, les risques qui en découlent doivent
être évalués. Après avoir déterminé ces risques, le niveau de sécurité actuel est compa-
ré avec les objectifs de protection, ce qui permet d’établir un éventuel besoin d’agir et
de fixer des priorités. La démarche à suivre pour planifier ensuite des mesures est
exposée au quatrième chapitre.
La première étape comprend une analyse de l’exposition à tous les processus naturels
dangereux, sachant que les risques affectant un périmètre donné dépendent de l’en-
semble des effets possibles d’un ou plusieurs processus sur le potentiel de dommages.
La deuxième étape consiste à en analyser les conséquences pour les personnes et les
biens d’une valeur notable. Puis les risques sont déterminés dans un troisième temps.
Les risques peuvent être établis d’une manière plus ou moins détaillée:
En général, le risque pour les personnes est évalué en considérant le risque individuel
et le risque collectif. Le risque individuel décrit l’ampleur du risque de décès encouru
par une personne exposée à un danger. Le risque collectif peut être élevé même lorsque
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 48
le risque individuel affectant chaque personne est faible (p. ex. grand nombre de vic-
times).
Le besoin d’agir est examiné au terme de l’évaluation des risques: sont-ils supportables
pour la société ou doivent-ils être atténués? Une tâche essentielle consiste à fixer la
limite entre les risques acceptables et les risques inacceptables. Le niveau de sécurité
visé exprime l’état de sécurité souhaité. En posant des objectifs de protection, les pro-
tagonistes définissent le niveau de sécurité qu’ils souhaitent atteindre dans leur do-
maine de compétence et leur contribution en vue d’atteindre ce niveau de sécurité. Le
domaine de responsabilité des divers protagonistes diffère largement. La présente aide
à l’exécution porte sur la responsabilité institutionnelle (p. ex. pouvoirs publics, entités
chargées d’appliquer la loi sur les forêts). Elle ne touche donc pas au domaine de la
responsabilité individuelle, dans lequel il incombe aux intéressés d’assurer eux-mêmes
leur protection (p. ex. alpinistes sortant du cadre institutionnel).
Un concept de mesures est établi lorsqu’un besoin d’agir a été identifié. Il montre si les
risques peuvent être atténués à un coût raisonnable. Les protagonistes attribuent des
objectifs aux mesures envisagées dans cette phase. La prise en compte des cartes des
dangers dans l’aménagement du territoire est une tâche permanente dans les périmètres
menacés, quelles que soient par ailleurs les mesures constructives de protection envi-
sagées (besoin d’agir au sens large). Cela permet de maintenir un état de risque donné
et de prévenir l’augmentation des risques dans le meilleur des cas.
Le niveau de sécurité visé se réfère aux effets directs des dangers naturels sur les biens
à protéger suivants:
Les dangers naturels n’accroissent pas la mortalité moyenne des personnes. Le risque Personnes
annuel moyen de décès causé par des dangers naturels est largement inférieur à la pro-
babilité moyenne de décès inhérente à la classe d’âge qui a la mortalité la plus faible en
Suisse.
Biens culturels
Les biens culturels sont protégés contre les dangers naturels de manière à ce que leur
valeur culturelle soit préservée durablement.
Il existe d’autres valeurs auxquelles aucun niveau de sécurité visé n’est assigné, notam-
ment les animaux de rente. La législation suisse leur accorde une grande importance et
ne les considère pas seulement comme des biens matériels; leur protection incombe
toutefois à leur propriétaire.
Objectifs de protection
De nombreux cantons ont élaboré des matrices des objectifs de protection à cet effet.
L’annexe A5 en présente un exemple (ARE et al. 2005). Dans le cadre des projets
individuels selon le manuel RPT (OFEV 2011), l’Office fédéral de l’environnement
applique le critère du risque individuel de décès: un projet avec un risque dépassant
10–4 à 10–5 par an satisfait au critère d’examen. L’Office fédéral des routes a aussi fixé
des critères d’examen applicables aux routes nationales: risque individuel de décès
supérieur à 10–5 par an, risque par tronçon de 100 m supérieur à 10 000 francs par an,
risque par source de processus dangereux supérieur à 10 000 francs par an.
tion intégrée des mesures. Les autorités fixent dans cette phase les priorités relevant du
domaine institutionnel, en accordant la même importance à tous les volets du dévelop-
pement durable. Dans certains cantons, le critère appliqué sera par exemple la disponi-
bilité des routes cantonales et communales.
Il est permis d’atteindre un niveau de sécurité supérieur à celui qui était visé, pour
autant que cela soit justifié d’après les critères du développement durable. La Confé-
dération vérifie alors comme d’habitude si le montant des mesures prévues est justifié.
Le risque résiduel accepté est endossé par différents protagonistes.
Dans certains cas bien fondés, le niveau de sécurité atteint peut aussi être inférieur à
celui qui était visé. Il arrive en effet que le déficit de protection ne puisse pas être com-
blé moyennant une dépense raisonnable ou que les impératifs du développement du-
rable ne soient pas satisfaits. Par exemple, la protection de la nature et du paysage
prend parfois le pas sur la diminution des risques. Dans une telle situation, il est néces-
saire d’examiner différentes options pour trouver une solution optimale et durable. Les
objectifs assignés aux mesures prévues dans le cadre d’un projet peuvent alors s’écarter
des objectifs de protection. Ils sont déterminés dans le cadre de la planification des
mesures en soupesant soigneusement les intérêts en jeu. C’est ainsi que les objectifs
doivent également être différenciés et échelonnés à l’intérieur des projets. Outre l’utili-
sation du territoire, il faut aussi tenir compte du type de danger, par exemple de son
intensité, de sa fréquence saisonnière et du délai de préalerte correspondant.
Les risques ne peuvent jamais être éliminés totalement. Un certain risque, qualifié de
«résiduel», subsiste généralement. Il faut en faire part aux intéressés de manière trans-
parente pour éviter qu’ils se fassent une idée erronée du niveau de sécurité dont ils
bénéficient. On les incitera également à assumer une certaine responsabilité indivi-
duelle.
Fig. 14 > Niveau de sécurité visé, objectif de protection, objectif des mesures et risque avant et après la réalisation des mesures
Explications dans le texte.
4 > Mesures
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Il faut prendre des mesures afin de protéger les personnes et les biens d’une valeur no-
table lorsqu’un besoin d’agir a été identifié. Les mesures sont optimisées en fonction
de critères sociaux, économiques et écologiques (art. 1 et 19 LFo, art. 15 à 17 OFo). La
Confédération alloue aux cantons des indemnités pour les mesures de protection contre
les dangers naturels (art. 36 LFo).
La planification des mesures de protection se fonde sur les résultats de l’évaluation des
dangers et de l’appréciation des risques. Leur but peut être le maintien de l’état existant
en l’absence de déficit de protection ou son amélioration lorsqu’un déficit de protection
est constaté. Tous les types de mesures – passives, actives et organisationnelles –
doivent être pris en compte (fig. 15).
Lorsqu’on planifie des mesures de protection, il faut distinguer celles qui agissent sur
l’ampleur des dommages et celles qui agissent sur le processus lui-même. Les mesures
passives et actives sont décrites ci-après par ordre de priorité.
Les mesures passives atténuent l’ampleur des dommages éventuels sans influencer le
déroulement des événements (ARE et al. 2005). Les cantons tiennent compte des docu-
ments de base (cartes des dangers) dans toutes les activités touchant l’organisation du
territoire, en particulier dans l’établissement des plans directeurs et d’affectation (art.
15, al. 3, et art. 17, al. 1, OFo). L’ampleur des dommages potentiels doit être réduite en
premier lieu en prenant des mesures d’aménagement du territoire. Leur but est d’assu-
rer une prise en compte adéquate des dangers naturels dans l’utilisation du sol. Un
mode de construction adapté aux dangers en fait également partie. La protection des
objets peut être garantie en imposant des mesures appropriées dans la procédure d’oc-
troi de permis de construire (p. ex. Egli 2005). Les prescriptions à ce sujet sont fixées
dans le plan d’affectation.
Les mesures actives influencent le déroulement des processus. La sécurisation des péri-
mètres menacés comprend des mesures constructives, des travaux contre les glisse-
ments de terrain, des drainages et des mesures de protection contre les processus de
chute (art. 17, al. 1 à 2, OFo). Les mesures actives peuvent revêtir la forme d’ouvrages
ponctuels, tels que filets pare-pierres, ou de mesures surfaciques, telles que soins aux
forêts protectrices, boisements ou drainages. Des ouvrages de protection peuvent être
réalisés dans les périmètres qui font déjà l’objet d’une utilisation méritant d’être proté-
gée ou dont l’affectation doit impérativement être modifiée une fois pesés tous les inté-
rêts en jeu. Lorsque des digues ou des ouvrages de rétention de grande envergure sont
érigés pour lutter contre des dangers naturels gravitaires, il faut vérifier s’ils tombent
sous le coup de la loi fédérale sur les ouvrages d’accumulation (LOA) (annexe A1).
4 > Mesures 53
Cette loi s’applique aux ouvrages d’accumulation dont la hauteur de retenue au-dessus
du niveau du thalweg (ou du niveau d’étiage) est de 10 m au moins ou dont le volume
de retenue est supérieur à 50 000 m³ et la hauteur de retenue atteint 5 m au moins. L’au-
torité fédérale de surveillance peut également y assujettir des ouvrages d’accumulation
de dimensions plus modestes qui présentent un risque potentiel particulier (art. 2 et 22
LOA). Un tel risque existe lorsque des vies humaines sont menacées ou que d’impor-
tants dommages matériels sont à craindre en cas de rupture (art. 2 OSOA).
Déficit de protection
(besoin d'agir)
Insatisfaisante
Satisfaisante
Maintien de l’état existant
Entretien
Soins aux forêts protectrices
Réalisation des mesures
Aménagement du territoire
y c. organisation en cas d’urgence
Entretien des ouvrages de protection
Vérification périodique
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 54
Le coût des mesures de protection est mis en regard des dommages à craindre si elles
ne sont pas réalisées. La Confédération met à disposition le logiciel EconoMe à cet
effet. Tout projet individuel arrêté par la Confédération doit justifier sa rentabilité par
le biais d’EconoMe. Lorsqu’une mesure est jugée positivement, sa réalisation peut être
décidée. Les projets de protection peu rentables ou inadéquats ne donnent droit à
aucune indemnité ni aide financière de la part de la Confédération.
Les cantons veillent à planifier les mesures de protection de manière intégrée, en tenant
notamment compte des intérêts de la gestion forestière, de la protection de la nature et
du paysage, de la construction hydraulique et de l’agriculture (art. 17, al. 3, OFo). Les
mesures envisagées sont donc aussi évaluées sous l’angle écologique. Les paysages
protégés ou dignes de l’être ne peuvent pas être altérés par des aménagements ou,
alors, ces interventions auront un impact minime, conformément à la législation en
vigueur et aux objectifs spécifiquement assignés à la protection de la nature et du pay-
sage. Les inventaires et les prescriptions d’importance nationale, cantonale ou régio-
nale (p. ex. Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d’importance
nationale, IFP) seront aussi respectés. L’état des sites ne doit pas être dégradé, mais au
contraire amélioré durablement, dans toute la mesure du possible, lorsque l’occasion
s’en présente. Les objectifs de protection des personnes et des biens peuvent donc être
modifiés pour des raisons écologiques autant que financières ou techniques. L’éven-
tuelle pesée des intérêts observera le cadre légal en vigueur.
Les expériences réunies jusqu’ici ont indiqué que l’application des principes suivants
permet de planifier des projets dans les temps et de façon économiquement avanta-
geuse:
> Planifier et réaliser les projets dans une perspective exhaustive; cela s’applique aussi
à la pesée des intérêts liée aux conflits éventuels entre divers objectifs.
> Rechercher les solutions d’une manière transparente, en impliquant toutes les entités
concernées et intéressées; cela favorise l’acceptation des projets (processus partici-
patif).
> Assumer ses responsabilités vis-à-vis des territoires contigus (au-delà des limites
communales, cantonales ou nationales).
> Norme SIA 103 «Règlement concernant les prestations et honoraires des ingénieurs
civils»
> Norme de compréhension SIA 112 «Modèle ‘Étude et conduite de projet’»
> Manuel sur les conventions-programmes conclues dans le domaine de l’environnement
(OFEV 2011)
L’entretien des ouvrages de protection est aussi important que leur construction. Sans
entretien, les mesures perdent de leur efficacité et le danger peut réapparaître.
Lorsqu’un ouvrage de rétention cède, la menace peut même être plus grande qu’avant
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 56
sa construction. Un entretien régulier permet de déceler les points faibles et les défauts.
Il faut notamment déblayer ou rétablir les espaces de rétention à l’issue d’un événe-
ment. L’entretien est donc une tâche permanente. Il est réalisé, financé ou surveillé par
les cantons, les communes et les maîtres d’ouvrages, conformément à la législation en
vigueur.
Les projets d’ouvrages de protection doivent comprendre un plan d’entretien approprié, Stratégie d’entretien
car les contraintes qui lui sont liées sont susceptibles d’influencer le choix des mesures.
Le curage répété d’un dépotoir à alluvions ou d’un filet pare-pierres finit par coûter
cher si l’ouvrage est sollicité fréquemment. Le choix des mesures doit donc en tenir
compte sous l’angle économique comme technique.
Le contrôle de l’entretien dépend des caractéristiques de l’ouvrage concerné. Les tra- Entretien
vaux d’entretien réguliers peuvent être techniquement exigeants ou très onéreux selon
le type d’ouvrage.
Dans les secteurs en glissement, les drainages risquent d’être endommagés ou cisaillés
par des mouvements résiduels. Un contrôle régulier est nécessaire pour s’assurer qu’ils
fonctionnent correctement. On a constaté que l’efficacité de nombreux systèmes de
drainage diminue petit à petit, notamment lorsqu’ils équipent des lithologies à grain
fin. La formation de concrétions ou la pénétration de racines peuvent aussi poser des
problèmes.
L’entretien et le contrôle des filets pare-pierres sont des tâches permanentes. Lorsque
des ouvrages sont érigés contre les chutes de pierres et de blocs, il ne faut pas seule-
ment vérifier périodiquement les dispositifs eux-mêmes, mais aussi surveiller la situa-
tion de danger. Cette surveillance préventive permet de repérer l’aggravation éven-
tuelle d’un danger et de prendre à temps des mesures complémentaires. La vérification
des ouvrages de protection consiste également à consigner l’activité de chutes de
pierres. Certains éléments structurels subissent parfois des contraintes lorsqu’une
grande quantité de matériel s’accumule derrière l’écran. Les pierres retenues seront
évacuées régulièrement si elles diminuent progressivement la capacité de rétention
initiale de l’ouvrage. Quand les impacts sont violents, on passe graduellement à des
travaux de remise en état et il faut remplacer le cas échéant des piliers, des freins, des
haubans ou des plaques de base.
4 > Mesures 57
Lorsqu’un ouvrage de protection est installé sur un terrain privé, son fonctionnement
doit être expliqué au nouveau propriétaire en cas de mutation, ce qui requiert des
efforts et des exigences formelles supplémentaires. L’entretien de l’ouvrage doit aussi
être assuré ou toléré par le nouveau propriétaire; dans le cas contraire, cet ouvrage
pourrait être simplement supprimé, par exemple pour des raisons esthétiques ou par
ignorance. L’entretien est réglementé de manière contraignante en en faisant mention
dans le registre foncier.
L’aménagement du territoire est l’un des volets de la gestion intégrée des risques et il
contribue grandement à la prévention. D’après la loi sur l’aménagement des cours
d’eau, les mesures y relatives ont priorité sur les autres. Il garantit une affectation ap-
propriée des surfaces menacées et participe ainsi à la réduction des risques. Dans les
secteurs menacés, les mesures d’aménagement du territoire ont pour but d’atténuer les
risques existants (p. ex. en diminuant la vulnérabilité du bâti ou les dommages poten-
tiels) ou de prévenir l’apparition de nouveaux risques (p. ex. en renonçant à de nou-
velles affectations ou en prononçant des interdictions de construire).
Une mise en œuvre des documents de base sur les dangers orientée sur les risques tient
compte de la nature des menaces, des processus déterminants, des affectations du sol
existantes et prévues et des autres intérêts de la collectivité. Un aménagement du terri-
toire orienté sur les risques est une mesure de protection non seulement efficace à long
terme, mais également avantageuse du point de vue financier. L’aménagement du terri-
toire peut apporter une contribution supplémentaire en maintenant libres de construc-
tions les surfaces nécessaires pour réaliser des ouvrages de protection et des mesures
techniques, aménager des couloirs d’écoulement, retenir des processus dangereux et
réserver des zones tampons autour des périmètres menacés. Il est très efficace et ren-
table lorsqu’il exploite toutes les possibilités qui lui sont offertes pour limiter au maxi-
mum les dommages potentiels.
Des ouvrages de protection sont érigés pour assurer la défense contre les processus
naturels. Mais les risques encourus par les personnes et par les biens ne sont réduits
durablement que s’ils ont l’effet escompté lors d’un événement. Les ouvrages de pro-
tection devraient déployer en permanence (durant environ 50 ans) des effets quanti-
fiables avec une marge de sécurité appropriée. Ils sont construits d’abord pour augmen-
ter la sécurité et ensuite seulement pour abaisser le degré de danger figurant sur la
carte. Ils ne peuvent être pris en compte dans l’évaluation des dangers qu’une fois
réceptionnés et non pas lorsqu’ils sont en cours de planification. Leur intégration dans
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 58
L’expérience montre que des mesures simples et peu onéreuses permettent d’atténuer
d’importants risques matériels, même en zone de sensibilisation (périmètres jaunes et
en hachuré jaune-blanc). Dans ces zones et dans les autres, les risques encourus par les
personnes peuvent être réduits en appliquant des mesures d’organisation (voir § 3.3).
Elles ont une incidence considérable à un coût modéré.
Les instructions pratiques intitulées «Gestion durable des forêts de protection – Soins
sylvicoles et contrôle des résultats» («NaiS», abrégé du titre allemand, Frehner et al.
2005) indiquent, pour tous les processus naturels dangereux, les possibilités offertes
par ces forêts et les exigences qu’elles impliquent.
> NaiS / Frehner et. al. 2005: Gestion durable des forêts de protection (projet NaiS);
www.bafu.admin.ch/dangers-naturels > Informations pour spécialistes: eau, … > Ges-
tion des dangers naturels > Mesures > Forêts de protection
> SilvaProtect-CH: Forêt protectrice en Suisse; www.bafu.admin.ch/dangers-naturels >
Informations pour spécialistes: eau, … > Situation de danger et … > Données de base
sur les dangers > SilvaProtectCH
La conception des mesures de protection contre les processus de chute tient compte du
type de mouvement, de la masse, de la taille, de la hauteur de rebond, de la vitesse et
de l’énergie des composantes mobilisées. Elle nécessite aussi de connaître leurs trajec-
toires et leur répartition dans l’espace. Les cartes des dangers sont par contre insuffi-
santes pour dimensionner des ouvrages de protection, car elles indiquent en premier
lieu l’énergie des corps en mouvement et la surface enveloppe de leurs trajectoires pos-
sibles. L’énergie cinétique maximale ne permet pas à elle seule de fixer les mesures à
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 60
Fig. 16 > Énergie de translation liée aux processus de chute et domaines d’application de divers types
d’écrans
L’énergie cinétique des projectiles comprend une composante translationnelle et une compo-
sante rotationnelle, cette dernière étant souvent égale à environ 20 % de l’énergie de trans-
lation. La figure représente l’énergie de translation, calculée en fonction de la vitesse et de la
masse des pierres et des blocs. Le diagramme indique les énergies maximales que les divers
ouvrages de protection sont capables d’absorber.
100 000
Digues en terre 45 m/s
10 000 30 m/s
Energie de translation (kJ)
Barrières en bois
10 m/s
10
5 m/s
1
10 100 1 000 10 000 100 000 1 000 000
Masse des pierres et des blocs (kg)
Les ouvrages de protection sont dimensionnés selon les règles de l’art de la construc-
tion, consignées en particulier dans les normes SIA. Certains types nécessitent toujours
un calcul de la sécurité structurale et de l’aptitude au service pour tous les éléments
constitutifs, et d’autres non. Les galeries de protection sont par exemple dimensionnées
conformément à la directive de l’Office fédéral des routes (OFROU 2008). Celle-ci
prescrit de calculer, à partir de l’énergie cinétique du bloc déterminant, une force sta-
tique de remplacement qui sera utilisée pour dimensionner chaque partie constitutive
de la galerie. Les filets souples mis en œuvre doivent faire l’objet d’un certificat offi-
ciel, qui garantit leur qualité. Les acheteurs et les utilisateurs sont tenus, lorsqu’ils ad-
jugent un mandat, de fixer les exigences auxquelles les filets, leur montage, leurs
ancrages et leurs fondations devront répondre. Les forces subies par les câbles porteurs,
majorées de 30 %, sont généralement appliquées comme forces statiques de remplace-
ment pour dimensionner les fondations et les ancrages des filets pare-pierres. Il faut,
malgré cette majoration, toujours étudier les conséquences d’une surcharge, qui peut
4 > Mesures 61
être due à l’hétérogénéité de la roche, à une masse plus grande que prévu ou aux incer-
titudes affectant les calculs (voir § 2.11). Les recommandations concernant la cons-
truction sur le pergélisol (Bommer et al. 2010) s’appliquent aux ouvrages de protection
érigés à haute altitude.
Les mesures suivantes peuvent être appliquées dans la zone d’arrachement ou de pro-
duction des chutes de pierres et de blocs afin de diminuer les dangers:
Les mesures de protection d’objets sont généralement appliquées dans la structure des
bâtiments existants. Le renforcement des murs est une mesure courante, qui doit s’ac-
compagner de la suppression ou du renforcement des ouvertures ménagées pour les
fenêtres et les portes. Selon la définition retenue, certains filets, murs ou digues
proches d’une construction donnée sont parfois aussi comptés parmi les mesures de
protection d’objets.
La sécurisation des périmètres menacés comprend des travaux contre les glissements
de terrain et le ravinement, des drainages, des ouvrages de réception et des protections
contre l’érosion (art. 17, al. 1, let. d et e, OFo). Les glissements de terrain ont des pro-
fondeurs, largeurs, longueurs et déclivités très variables. Ils présentent aussi des condi-
tions géologiques, hydrogéologiques et topographiques hétérogènes. C’est pourquoi on
peut les assainir de diverses manières, à choisir en fonction de la situation locale. La
liste suivante (modifiée d’après Reuter et al. 1992) donne un aperçu des mesures envi-
sageables pour améliorer la stabilité et la compacité du terrain:
Les petites masses en glissement font souvent l’objet de mesures constructives. Les
méthodes appliquées, courantes dans le génie civil et la géotechnique, sont décrites
dans la littérature spécialisée. La conception de ces mesures exige de connaître les
dimensions de la masse instable, en particulier la profondeur de la surface de glisse-
ment, ainsi que les caractéristiques des matériaux et les conditions hydrogéologiques
locales. En général, ces indications ne figurent pas dans les cartes des dangers, si bien
qu’il faut les acquérir pour planifier des mesures de niveau E3. Les mouvements du sol
doivent aussi être différenciés précisément dans le temps et dans l’espace. Faute de
données correctes, les mesures mises en œuvre risquent d’être insuffisantes ou surdi-
mensionnées. Dans le premier cas, les dommages ultérieurs auront un coût et dans le
deuxième, le coût de la construction est déjà excessif.
Le drainage est une option fréquente dans les zones en glissement, quelle que soit leur Drainage
taille. Le drainage recouvre toutes les manières de collecter et d’évacuer les eaux. Les
méthodes et les techniques permettant d’agir sur les conditions hydrologiques et hydro-
géologiques des glissements de terrain pour améliorer leur stabilité sont nombreuses et
variées. Elles peuvent être regroupées en fonction de la tranche dans laquelle elles dé-
ploient leurs effets: en surface (p. ex. fossés de collecte des eaux superficielles), à
faible profondeur (p. ex. tranchées drainantes) ou en profondeur (p. ex. galerie avec
drains forés rayonnants ou puits filtrants) (fig. 17). La forêt, qui influence le cycle de
l’eau, peut également jouer un rôle important dans le cadre de l’assainissement.
techniques détaillées au sujet des possibilités offertes par le drainage et des exigences
auxquelles il doit satisfaire. Les principes des modes d’applications typiques sont
présentés ci-après.
> en diminuant les apports d’eau dans le sous-sol par la réduction des infiltrations à la
surface, sur les côtés ou sous la masse glissée;
> en abaissant par différentes techniques de drainage le niveau des eaux souterraines et
la pression interstitielle dans la masse instable et/ou dans son substratum.
D’une manière générale, tous les dispositifs de drainage agissent dans le sens d’une
stabilisation du mouvement de glissement. Mais le drainage peut aussi induire des ef-
fets secondaires indésirables tels que tassements, accroissement local des forces de per-
colation, tarissement de sources, disparition de zones humides qui peuvent être proté-
gées ou de certains ruisseaux. Le choix d’une technique de drainage appropriée est une
démarche complexe qui implique plusieurs facteurs, notamment:
La sécurisation des périmètres menacés comprend des travaux contre les glissements
de terrain et le ravinement, des drainages, des ouvrages de réception et des protections
contre l’érosion (art. 17, al. 1, let. d et e, OFo). On distingue les mesures appliquées
dans la zone d’arrachement, dans la zone de transit et de dépôt et pour protéger des
objets spécifiques, comme dans le cas des processus de chute (voir § 4.6). Les interven-
tions sont aussi différenciées selon leur mode d’action sur la masse en écoulement: les
ouvrages de déviation en infléchissent la direction et les ouvrages de freinage (ou de
blocage pour les petits volumes) en réduisent la vitesse (impact). Les paramètres sui-
vants, qui décrivent les coulées de boue, entrent dans le dimensionnement des ouvrages
de déviation et de freinage: vitesse, hauteur, volume et direction de l’écoulement,
caractéristiques des matériaux (densité, granulométrie, taille des blocs, etc.), présence
de bois ou de souches.
Ces mesures à effet stabilisateur sont comparables à celles qui s’opposent aux glisse-
ments superficiels.
On distingue les types de mesures suivants mis en œuvre dans la zone de transit et de dépôt:
> déviation des coulées de boue à l’aide d’étraves, de murs déflecteurs ou de digues
déflectrices.
Les mesures de protection d’objets englobent toutes les mesures de construction desti-
nées à protéger un bâtiment particulier. Cette catégorie comprend notamment les me-
sures mises en œuvre directement sur le bâtiment.
Le dimensionnement se fonde sur des valeurs tirées de la statistique des crues dans le
cas des dangers hydrologiques et de la statistique des hauteurs de neige dans le cas des
avalanches. Pour les mouvements de terrain, le choix du scénario déterminant, les
objectifs de protection retenus et l’ampleur de la diminution des risques obtenue sont
décisifs. La conception et le dimensionnement des ouvrages de protection doivent aussi
tenir compte des conséquences possibles d’un événement et des dommages qu’il est
susceptible d’occasionner (risques).
Si les objectifs de protection ne peuvent pas être atteints une fois les ouvrages de pro-
tection réalisés, la sécurité est accrue, conformément au principe de la gestion intégrée,
en prenant d’autres mesures relevant de la surveillance, de l’organisation et de l’amé-
nagement du territoire (voir chap. 3 et § 4.1, 4.4, 4.10 ss). La planification des mesures
consiste donc aussi à en rechercher la combinaison optimale. De plus, toutes les
mesures prévues devraient être adaptables à un contexte en mutation, tel qu’amplifi-
cation des événements due au changement climatique, moyennant un investissement
raisonnable.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 66
Fig. 18 > Dimensionnement d’une mesure de protection en tenant compte de la fourchette d’incertitude
La courbe de distribution et la bande colorée en arrière-plan indiquent la fourchette d’incer-
titude afférente à l’intensité déterminante pour le dimensionnement. À gauche: dimensionne-
ment correspondant au bord supérieur de la fourchette lorsque le surcoût de l’ouvrage est
modéré. À droite: dimensionnement correspondant au bord inférieur de la fourchette lorsque le
surcoût est notable.
Coûts
Coûts
But de
But de dimensionnement dimensionnement
Intensité Intensité
Il faut toujours présenter ce qui se passe en cas de surcharge d’un système de protec-
tion. Les ouvrages ne doivent pas céder brusquement sous l’effet d’un événement supé-
rieur aux valeurs retenues pour les dimensionner, car il en résulterait des processus in-
contrôlés et une brusque aggravation des dommages. Le fonctionnement des ouvrages
existants et planifiés ainsi que leur comportement lorsqu’ils sont soumis à une sur-
charge (cas de défaillance) doivent donc être vérifiés systématiquement (voir § 2.4).
Mais les mesures de protection contre les mouvements de terrain ne peuvent pas
toujours être résilientes. On applique alors un système redondant ou assez robuste pour
supporter des contraintes élevées sans céder et plus fiable en cas de forte charge (p. ex.
une digue au lieu d’un filet pare-pierres).
La robustesse peut être définie comme l’aptitude d’un ouvrage et de ses composantes à
limiter une dégradation ou une défaillance dans une mesure acceptable par rapport à la
cause ayant provoqué ces dernières (d’après SIA 260). Cela signifie que la défaillance
d’un élément de l’ouvrage ne doit pas entrainer la défaillance de son ensemble. Il faut
donc veiller, lors de la phase de planification, à ce que l’action des processus naturels
ne puisse pas entraîner un endommagement rapide ou généralisé de l’ouvrage, ou une
défaillance totale. Selon le contexte, notamment en raison de limitations techniques ou
financières, il peut être judicieux de prévoir des mesures complémentaires ou un sys-
tème redondant pour limiter au maximum l’ampleur des dommages.
Les mesures d’organisation sont destinées à limiter la gravité et la durée des situations
de crise. Elles comprennent notamment la surveillance, l’alerte, l’alarme, la mise en
œuvre des interventions planifiées, le sauvetage et la prise en charge des victimes. Des
dispositions d’urgence sont appliquées juste avant un événement et pendant qu’il se
produit. La préparation et la réalisation des mesures de maîtrise incombent en principe
aux spécialistes des dangers naturels, aux organes de conduite et aux unités d’interven-
tion. La protection de la population implique cinq organisations partenaires: la police,
les sapeurs-pompiers, la santé publique, les services techniques et la protection civile.
La maîtrise des événements requiert de leur part un engagement et une collaboration
sans faille.
Il n’est pas toujours possible, pour des raisons techniques et économiques, de lutter
avec des mesures constructives contre les mouvements de terrain, notamment contre
les processus impliquant de grandes masses rocheuses. Lorsqu’un périmètre menacé ne
peut pas être sécurisé complètement, la mise en œuvre de systèmes de surveillance,
d’alarme et d’alerte permet néanmoins de protéger les personnes à un coût modéré.
De bonnes données de base sur les dangers sont nécessaires pour concevoir un système
de surveillance. Si de tels documents font défaut, les processus, les dangers et les
risques doivent préalablement être analysés.
Une fois le niveau de surveillance défini, on établit une stratégie tenant compte des
possibilités de faire des mesures en surface et dans le sous-sol. Les quatre niveaux
peuvent être planifiés et réalisés l’un après l’autre. Les paramètres suivants sont sus-
ceptibles d’être intégrés dans une stratégie de surveillance:
> déplacements, déformations: les produits tels que vitesses, accélérations et mouve-
ments différentiels sont calculés à partir des déplacements mesurés;
> paramètres météorologiques (précipitations, température, etc.);
> paramètres hydrauliques (pression hydraulique, niveau d’eau, vitesse d’écoulement,
etc.);
> valeurs géophysiques (microsismiques, acoustiques, etc.);
> autres caractéristiques des matériaux ou des processus dangereux.
Le choix des méthodes et des techniques de mesure revêt une grande importance. Il
faut examiner si celles qu’on envisage se prêtent à la surveillance fiable, précise, con-
tinue, durable d’une surface ou d’une ligne. Leurs avantages et leurs inconvénients
doivent être évalués préalablement en fonction de leur pertinence et de leur durabilité.
Les méthodes appliquées pour surveiller les mouvements de terrain sont subdivisées en
trois types selon la configuration des mesures:
a) Mesures ponctuelles:
Exemples: extensomètre mesurant l’ouverture d’une fissure, GPS.
b) Mesures linéaires (le long d’une ligne ou d’un profil):
Les mesures linéaires peuvent être effectuées le long d’une ligne située en surface
ou le long d’un profil souterrain, tel que trou de forage. Les mesures dans un trou de
forage sont très importantes, car elles permettent de mesurer des modifications ou
4 > Mesures 69
des déformations du sous-sol avec une bonne fiabilité. Exemple: inclinomètre placé
dans un trou de forage.
c) Mesures couvrant l’ensemble d’un territoire:
L’avantage des mesures couvrant l’ensemble d’un territoire est leur résolution spa-
tiale (c’est-à-dire leur grande couverture). Cette caractéristique est très importante
dans les régions où l’extension et l’activité des instabilités est inconnue. Exemples:
LIDAR, INSAR, photos (les trois peuvent être appliqués à partir d’un satellite, d’un
aéronef ou du sol).
La précision exigée doit être fixée au préalable. Cela implique de connaître les spécificités
techniques des appareils de mesure et les caractéristiques du système de surveillance. La
précision des mesures de déplacement sera submillimétrique à décimétrique. En général, le
danger d’éboulement requiert une précision de l’ordre du millimètre. La précision des
appareils de mesure doit être vérifiée (étalonnage).
Un dispositif de surveillance venant d’être installé est d’abord observé afin d’appré- Analyse et interprétation
hender le fonctionnement du système, la variabilité des mesures, les fluctuations natu- des données
relles et leur influence (phase dite «d’étalonnage»). Ensuite seulement, on pourra en
tirer des interprétations touchant à la sécurité et fixer des seuils. Les questions sui-
vantes sont traitées lors de l’analyse et de l’interprétation des données:
> Quelle est l’évolution des déplacements? Quelle est leur dynamique? Quelle est la
nature des mouvements? Y a-t-il des accélérations et des tendances?
> Y a-t-il des influences externes importantes, telles que précipitations ou température?
> Y a-t-il des indices de mécanismes de rupture?
La stratégie de surveillance est réexaminée lorsque les risques changent ou que des Fiabilité des systèmes
incertitudes excessives subsistent. On vérifie alors la fiabilité des données acquises, des de préalerte
valeurs limites et du système lui-même. Cette opération comprend une étude statistique
des données assortie d’analyses d’erreur (écart type, etc.).
La fiabilité des personnes importe surtout lorsqu’un système d’alerte implique une
décision humaine d’intervenir. Elle concerne la qualité des interprétations et la compé-
tence des experts en cas d’événement. Leur propension à tolérer plus ou moins de
risques influence la sécurité. En cas d’événement, on compte aussi sur d’autres per-
sonnes appelées à prendre des décisions (responsables de la sécurité, organes de con-
duite communaux, etc.).
Lorsqu’on évalue un système de surveillance ou les données qu’il livre, on doit se de-
mander si le nombre de points de mesure et le nombre de paramètres considérés est ap-
proprié. Cet examen peut révéler qu’il manque des points essentiels alors que d’autres
peu significatifs sont relevés. On vérifiera aussi la fréquence des mesures.
Les systèmes de préalerte doivent être aptes au service et disponibles à tout moment.
On veillera à ce qu’ils aient une longévité suffisante. Leur fiabilité sera vérifiée régu-
lièrement durant la phase d’exploitation: fiabilité du système lui-même (fonctionne-
ment des appareils de mesure, transmission et sauvegarde des données, alimentation de
secours, etc.), effets des dangers naturels (impacts de pierres, de foudre, etc.), effets
d’une activité humaine ou animale (détérioration, etc.). Les systèmes de surveillance
dont on exige une grande fiabilité doivent être redondants.
L’alerte ou l’alarme est liée à un phénomène évolutif, ici à un processus dangereux. Alerte
Elle est notamment transmise en cas de danger de crue, d’avalanche ou d’éboulement.
Ces processus ont un aspect spatial et un aspect temporel. Ils sont associés à un péri-
mètre donné, par exemple d’échelle locale, régionale, nationale ou internationale. Ils
diffèrent aussi largement par leur évolution temporelle. Lorsqu’un éboulement est
imminent, le délai de réaction se compte en secondes ou en minutes. Il est de plusieurs
minutes quand une lave torrentielle se déclenche dans un terrain meuble périglaciaire
instable. En cas de crue menaçant une ville comme Berne, Bâle ou Budapest, il reste
davantage de temps pour transmettre l’alerte (quelques heures ou quelques jours).
Il incombe aux autorités locales de transmettre l’alarme à l’échelon local. Dans les ré-
gions notoirement menacées, l’alerte et l’alarme sont confiées à des équipes spéciale-
ment formées. Elles tirent leurs informations de leurs propres systèmes de surveillance
et d’institutions nationales. Les valeurs limites des mouvements de terrain sont fixées
de cas en cas. De l’ordre du millimètre ou du centimètre lors d’un éboulement immi-
nent, elles sont généralement plus élevées dans le cas de glissements en terrain meuble.
L’efficacité de ces mesures de protection dépend aussi des réactions des personnes me-
nacées. Elles doivent être en mesure de recevoir et de comprendre les alarmes, puis il
faut qu’elles se comportent de manière adéquate en cas de danger imminent. Exemples:
respecter les feux rouges, quitter le périmètre menacé lorsque la sirène retentit, gagner
un abri (voir aussi le paragraphe consacré à la planification des mesures d’urgence).
Les valeurs limites appliquées aux systèmes de préalerte auront été fixées préalable-
ment par des experts en fonction du site concerné. La procédure de levée des alarmes
doit aussi être spécifiée (valeur limite, contrôles, compétences, etc.). Le tableau suivant
expose à titre d’exemple trois valeurs limites ou seuils, de même que les compétences
qui leur sont associées:
Remarque: le nombre de valeurs limites fixées peut être supérieur ou inférieur à trois.
Informations complémentaires
Les plans de mesures d’urgence fixent les mesures qui devront être mises en œuvre par
les autorités compétentes et les unités d’intervention en cas d’événement (selon art. 15,
al. 1, let. c, OFo). Elles sont principalement destinées à sauver des personnes, et des
animaux de rente le cas échéant, à diminuer l’ampleur des dommages et à limiter les
dommages consécutifs causés par des substances dangereuses comme les produits chi-
miques.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 72
Il est essentiel que les autorités compétentes connaissent les dangers dus aux mouve-
ments de terrain et les niveaux d’alerte et d’alarme correspondants (voir points précé-
dents). Les conséquences des événements dangereux sont au moins atténuées grâce aux
plans d’évacuation et d’intervention et à leur préparation. En sus des préparatifs logis-
tiques, on prévoira des refuges sûrs pour abriter les personnes évacuées.
> Sättele M., Bründl M., 2015: Guide pratique pour l’utilisation de systèmes de préalerte
dans le domaine des dangers naturels gravitationnels
> Plate-forme GIN (site à accès limité): www.gin.admin.ch
> OWARNA: www.planat.ch/fr/behoerden/im-ereignisfall/owarna
> Alertes aux dangers naturels de la Confédération: www.dangers-naturels.ch
Le contrôle d’efficacité indique, d’une part, si des mesures données ont atteint leur ob-
jectif (ou non). Il incombe aux autorités de vérifier le concept de protection mis en
œuvre et les documents de base sur les dangers. Ce réexamen semble nécessaire en
particulier après des intempéries. Le contrôle d’efficacité fournit, d’autre part, des
indications sur les points pouvant être adaptés ou optimisés à l’avenir. Il ne constitue
donc pas un but en soi, mais il fait partie intégrante des projets. Il révèle également si
les montants engagés ont été utilisés à bon escient, conformément aux objectifs visés.
> Annexe
A1 Bases légales
La présente aide à l’exécution concernant la protection contre les dangers dus aux
mouvements de terrain se fonde sur diverses lois fédérales et leurs ordonnances. Les
principales prescriptions qui concernent les dangers naturels sont énumérées ci-après:
Art. 1: But
1 La
présente loi a pour but:
a) d’assurer la conservation des forêts dans leur étendue et leur répartition géogra-
phique;
b) de protéger les forêts en tant que milieu naturel;
c) de garantir que les forêts puissent remplir leurs fonctions, notamment leurs fonctions
protectrice, sociale et économique (fonctions de la forêt);
d) de maintenir et promouvoir l’économie forestière.
2 Elle a en outre pour but de contribuer à protéger la population et les biens d’une va-
leur notable contre les avalanches, les glissements de terrain, l’érosion et les chutes de
pierres (catastrophes naturelles).
Là où la protection de la population ou des biens d’une valeur notable l’exige, les can-
tons doivent assurer la sécurité des zones de rupture d’avalanches ainsi que des zones
de glissement de terrain, d’érosion et de chutes de pierres et veiller à l’endiguement
forestier des torrents. Des méthodes aussi respectueuses que possible de la nature
doivent être utilisées.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 74
2
Lors de l’établissement des documents de base, les cantons tiennent compte des tra-
vaux exécutés par les services spécialisés de la Confédération et de ses directives tech-
niques.
3
Ils tiennent compte des documents de base lors de toute activité ayant des effets sur
l’organisation du territoire, en particulier dans l’établissement des plans directeurs et
d’affectation.
4
Sur demande, ils mettent les documents de base à la disposition de l’OFEV et les
rendent accessibles au public sous une forme adaptée.
2 Lors de la mise sur pied et de l’exploitation des services d’alerte, les cantons tiennent
compte des travaux exécutés par les services spécialisés de la Confédération et de ses
directives techniques.
3 Ils
veillent à ce que les données des stations de mesure et des systèmes d’information
soient mises à la disposition de l’OFEV si celui-ci en fait la demande et soient rendues
accessibles au public sous une forme adaptée.
> Annexe 75
2
Les travaux doivent être combinés, dans la mesure du possible, avec des mesures
d’ingénierie biologiques et sylvicoles.
3
Les cantons veillent à une planification intégrale; celle-ci tiendra compte en parti-
culier des intérêts de la gestion forestière, de la protection de la nature et du paysage,
de la construction hydraulique, de l’agriculture et de l’aménagement du territoire.
2
Les indemnités peuvent être allouées au cas par cas lorsque les mesures:
a) présentent une dimension intercantonale;
b) touchent des zones protégées ou des objets inscrits dans des inventaires fédéraux;
c) requièrent dans une mesure particulière une évaluation complexe ou spécifique par
des experts en raison des variantes possibles ou pour d’autres motifs; ou
d) n’étaient pas prévisibles.
3
La contribution au financement des mesures visées à l’al. 2 est comprise entre 35 et
45 % des coûts et est fonction:
a) des dangers potentiels et des risques de dommages;
b) du degré de prise en compte effective des risques;
c) de l’ampleur et de la qualité des mesures ainsi que de leur planification.
4
Si un canton assume des charges considérables en raison de mesures de protection
extraordinaires, notamment à la suite de dommages dus à des intempéries, la contri-
bution visée à l’al. 3 pourra être exceptionnellement relevée à 65 % au plus du coût des
mesures.
5
Aucune indemnité n’est allouée pour:
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 76
a) des mesures visant à protéger des bâtiments et des installations qui ont été cons-
truits:
1. dans des zones alors déjà définies comme dangereuses ou réputées dangereuses, et
2. sans être alors liés impérativement à cet emplacement;
b) des mesures visant à protéger des bâtiments et des installations touristiques telles
que téléphériques, remontées mécaniques, pistes de ski ou sentiers pédestres qui se
trouvent en dehors des zones habitées.
Loi fédérale du 21 juin 1991 sur l’aménagement des cours d’eau (LACE, RS 721.100)
2
Si cela ne suffit pas, ils prennent les autres mesures qui s’imposent telles que correc-
tions, endiguements, réalisation de dépotoirs à alluvions et de bassins de rétention des
crues ainsi que toutes les autres mesures propres à empêcher les mouvements de
terrain.
3
Les mesures doivent être appréciées compte tenu de celles qui sont prises dans d’autres
domaines, globalement et dans leur interaction.
Ordonnance du 2 novembre 1994 sur l’aménagement des cours d’eau (OACE, RS 721.100.1)
3
Ils tiennent compte des zones dangereuses […] dans leurs plans directeurs et dans
leurs plans d’affectation ainsi que dans d’autres activités ayant des effets sur l’organi-
sation du territoire.
Les cantons analysent périodiquement les dangers découlant des eaux et l’efficacité des
mesures mises en œuvre pour se protéger des crues.
2
Ils tiennent compte des directives techniques et des travaux réalisés par la Confédé-
ration.
3
Sur demande, ils mettent les données recueillies à la disposition de l'OFEV et les
rendent accessibles au public sous une forme adaptée
Loi fédérale du 1er octobre 2010 sur les ouvrages d’accumulation (LOA, RS 721.101)
2 L’autorité
fédérale de surveillance (art. 22) a les compétences suivantes:
a) assujettir à la présente loi les ouvrages d’accumulation de dimensions plus modestes
présentant un risque potentiel particulier;
b) exclure du champ d’application de la présente loi les ouvrages d’accumulation pour
lesquels il est prouvé qu’ils ne présentent pas de risque potentiel particulier.
Art. 3: Définitions
1
Sont considérés comme des ouvrages d’accumulation les aménagements destinés à re-
lever un plan d’eau ou à accumuler de l’eau ou des boues. Sont également considérés
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 78
comme tels les ouvrages destinés à retenir des matériaux charriés, ainsi que de la glace
et de la neige, ou à retenir brièvement de l’eau (bassins de rétention).
2
En cas d’urgence, il est tenu de prendre toutes les mesures évitant de mettre en danger
les personnes, les biens et l’environnement.
Art. 1: Définitions
1
Un ouvrage d’accumulation se compose des éléments suivants:
a) l’ouvrage de retenue;
b) le bassin de retenue qui lui appartient;
c) les installations annexes.
2
Sont réputés ouvrages de retenue:
a) les murs en béton ou en pierre naturelle;
b) les barrages en remblai;
c) les barrages mobiles au fil de l’eau et leurs digues latérales.
Pour se protéger efficacement contre les mouvements de terrain, il est très important de
connaître les processus déterminants. Chaque phénomène a ses caractéristiques propres
– cause, mécanisme de rupture, vitesse, dynamique, volume et surface touchée. La
compréhension des processus et des mécanismes permet d’évaluer les dangers et de
planifier des mesures de protection en connaissance de cause. La carte des dangers, qui
fournit des informations sur le danger auquel un secteur est exposé, est nécessaire pour
prendre des décisions concernant les mesures à prendre. Les types fondamentaux de
mouvements de terrain sont expliqués succinctement dans les paragraphes suivants.
La loi sur les forêts porte sur les avalanches, les glissements de terrain, l’érosion et les
chutes de pierres (art. 1, al. 2, LFo). Les dangers d’avalanches ne sont pas abordés dans
la présente aide à l’exécution. Elle s’applique par analogie à tous les processus de
chute: chute de pierres, chute de blocs, chute de glace, éboulement, écroulement et
effondrement.
La notion de transition est aussi importante. La même masse est parfois sujette à plu-
sieurs processus consécutifs. Il arrive par exemple, au front raide d’un glissement lent
continu (événement primaire, «first move»), qu’un glissement spontané parte sur une
surface secondaire et occasionne une coulée de boue (événement secondaire, «second
move»). Tous les processus et leur évolution influencent l’évaluation des dangers et
doivent donc être pris en compte (Varnes 1978, Turner & Schuster 1996).
Le décrochement de roche ou de terrain meuble dans un terrain raide est nommé pro-
cessus de chute. La plupart du temps, le matériel tombe en chute libre ou rebondit au
sol (fig. 19). Les processus de chute sont des mouvements de terrain rapides qui se
subdivisent en quatre catégories d’après leur volume et la grandeur de leurs compo-
santes (tab. 5). La taille et la forme des blocs qui tombent sont essentiellement détermi-
nées par la structure de la roche en place (fissures, etc.). Lorsque les surfaces de
rupture sont très actives et touchent des compartiments proches de la surface, les chutes
de pierres et les éboulements peuvent être dus à un phénomène de fauchage.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 80
Fissures
Rocher
Eboulis
On entend par processus de glissement un mouvement vers l’aval, sur une surface dé-
finie, de roche ou de terrain meuble (et de sol). Dans certains cas particuliers, il peut y
avoir une série de surfaces de glissement à l’intérieur d’une zone de cisaillement large
de plusieurs mètres. Les instabilités naturelles de ce type sont extrêmement courantes
en Suisse et elles se manifestent sous toutes sortes de formes. Le dernier glissement de
terrain qui a occasionné des dégâts de grande ampleur s’est produit au Falli Hölli, dans
le canton de Fribourg, en 1994. Il a détruit 40 maisons et un hôtel en les entraînant dans
le Höllbach à une vitesse de six mètres par jour (Raetzo 1997). Les conditions hydro-
géologiques influencent l’activité de ce processus. C’est pourquoi on accorde une
grande attention au rôle joué par l’eau souterraine et superficielle dans le mécanisme et
l’activité des glissements de terrain. Les critères décrits aux paragraphes suivants sont
importants pour les comprendre.
> Annexe 81
A2-3.1 Mécanisme
Dans les glissements rotationnels, la masse en mouvement glisse vers l’aval, sous
l’effet de la gravité, le long d’une surface de rupture concave (fig. 20, à gauche). Ils
présentent souvent des cuvettes oblongues et des fissures de traction dans leur partie
supérieure. La masse mobilisée est comprimée à son front, où elle forme des bourrelets
caractéristiques. Ce type de glissement survient dans un terrain meuble homogène,
principalement argileux et limoneux.
Dans les glissements translationnels, des couches ou des séries de couches glissent le
long d’une zone de faiblesse préexistante sensiblement plane (fig. 20, à droite). Leur
superficie est très variable. Elle peut atteindre plusieurs kilomètres carrés, jusqu’à
45 km² pour un cas situé en Suisse. La masse mobilisée a souvent une épaisseur de
quelques dizaines de mètres. Les zones de flysch et de schistes marno-calcaires sont
particulièrement sujettes à ce genre de mouvement. Sur le terrain, on constate fré-
quemment des formes combinées de glissements rotationnels et translationnels.
Le fluage est un cas particulier de mouvement de terrain qui est assimilé aux processus Fluage
de glissement dans la présente aide à l’exécution dans un but de simplification. Les mé-
canismes à l’œuvre ne sont pas toujours identiques ou leur définition varie d’une région
à l’autre.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 82
Les mouvements de fluage ont la même vitesse en surface que les glissements de
terrain, mais ils sont principalement dus à des déformations par cisaillement à l’inté-
rieur de la masse mobilisée (ils sont donc dépourvus de surface de glissement au sens
strict). L’ampleur des déformations diminue avec la profondeur.
Les mouvements de fluage se produisent dans des formations meubles et des couches
de sol. Les déformations par cisaillement qu’ils impliquent sont dues à la perte de co-
hésion de matériaux meubles imputable à une sursaturation en eau ou en glace. Le
fluage superficiel peut aussi être causé par des cycles de gel-dégel. Dans les Alpes, des
surfaces de plusieurs kilomètres carrés sont sujettes au fluage.
La vitesse d’un glissement actif varie sur le long terme et fluctue constamment (fig. 21).
Il est pertinent de considérer la vitesse moyenne pluriannuelle (v) pour évaluer le danger
qu’il occasionne. Lorsque les mouvements sont réguliers, le terme «glissement perma-
nent» est recommandé, même si la vitesse varie légèrement en raison des oscillations
naturelles de la nappe phréatique, fissurale ou de versant. L’intensité du glissement croît
quand il est sujet à des accélérations, jusqu’à atteindre v max . Dans le cas extrême, une
forte accélération peut provoquer le passage à un processus spontané. C’est notamment
le cas lorsqu’une coulée de boue émane brusquement d’un glissement de terrain actif.
La variation de la vitesse est donc un critère important pour évaluer le danger potentiel
(voir le chap. 2 et les § 2.5 ss).
La variation de la vitesse (v max ) peut être assortie d’une probabilité. Celle-ci dépend de
plusieurs facteurs, à commencer par les précipitations, les caractéristiques mécaniques
de la roche, le niveau de la nappe, la pression interstitielle dans le sol ainsi que le
mécanisme, la profondeur et le volume du glissement. Il faut tenir compte de ces fac-
teurs, et d’autres encore, pour évaluer la vitesse v max . Dans le cas idéal, elle est déter-
minée à partir de variations mesurées.
Fluage
Glissement permanent s.s.
«Glissement permanent»
avec phases actives
Temps
modifié d’après Romang, éd. 2008
in
terra
ce du
surfa glissement
maison
(en coupe) ent
sem
e glis
ce d
surfa
zone stable
t0 .
0 cm - nulle
10 m
maison - lente
(en plan)
10 cm - rapide
tx
avec le temps, rotation et torsion
du bâtiment, avec dommages
progressifs (p.ex. formation de
fissures) jusqu’à destruction
complète
> les coulées de boue, mélanges de terre, de pierres et d’eau qui s’épandent en pleine
pente;
> les laves torrentielles, mélanges de terre, de pierres et d’eau qui s’écoulent dans un
chenal préexistant
Les laves torrentielles – et les méthodes appliquées pour évaluer le danger qu’elles
génèrent – ne sont pas examinées dans la présente aide à l’exécution, car ce processus
est déjà traité dans les recommandations relatives aux dangers dus aux crues (OFEE et
al. 1997 et OFEG 2001).
Levée
Zone de transit Terrain meuble
Zone de dépôt
Substrast rocheux
Plaine alluviale
schéma modifié d’après Amanti et al. 1992
Les coulées de boue sont caractérisées par l’écoulement d’une masse visqueuse formée
d’un mélange de terrain meuble et d’eau. Elles sont plus lentes sur leurs bords, ce qui
provoque parfois la formation de petites crêtes latérales dites «levées». Au pied de la
pente, les coulées de boue ralentissent et s’étalent en forme de langue avant de s’arrê-
ter. Ce sont essentiellement les fortes teneurs en eau qui engendrent des vitesses éle-
vées, souvent génératrices d’importants dommages. Les pentes raides dont la couver-
ture quaternaire (moraine argileuse ou limon de pente) est nettement moins perméable
que le soubassement sont particulièrement sujettes à ce genre d’instabilité. De tels con-
trastes de perméabilité entre les différentes couches favorisent l’établissement de pres-
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 86
Le pergélisol est un terrain gelé (T≤0 °C) toute l’année. Cela signifie que de la glace se
forme dans ses pores et dans ses fissures, si bien qu’il est sensiblement imperméable à
l’eau liquide. Dans les Alpes, on suppose qu’il occupe de vastes surfaces à une altitude
supérieure à 2500 à 3000 mètres selon l’exposition. La couche superficielle qui sur-
monte le pergélisol, nommée couche active, dégèle à la saison chaude en ayant souvent
une teneur élevée en eau.
Diverses formes de fluage peuvent se produire dans les zones de pergélisol (p. ex.
glaciers rocheux). Les mouvements de fluage subsuperficiels d’ampleur métrique (soli-
fluxion) sont également favorisés par la présence d’un niveau gelé en permanence, car
la couche active est souvent saturée en eau à cause de l’imperméabilité du pergélisol
sous-jacent.
Le fluage, comme d’autres mouvements de terrain qui surviennent à une altitude éle-
vée, est sensible aux variations de température: la viscosité et la résistance à la rupture
de la glace sont étroitement liées à sa température, alors que l’extension du pergélisol
répond avec un certain décalage à l’évolution des températures de surface. L’accélé-
ration des glaciers rocheux et des glissements de terrain, la recrudescence des laves tor-
rentielles et la déstabilisation de compartiments rocheux figurent parmi les consé-
quences possibles d’une hausse de la température.
Les régions karstiques comprennent souvent des dolines. Le lessivage d’une roche so-
luble (calcaire, dolomie, gypse ou encore cornieule), l’érosion et la présence de cavités
souterraines préexistantes sont susceptibles de générer un effondrement ou un affaisse-
ment. Les roches gypseuses sont relativement vite lessivées si de l’eau est disponible
en suffisance. Mais ces phénomènes karstiques sont aussi capables de former petit à
petit des cavités problématiques dans le calcaire et dans la dolomie. Leur rupture – dont
le moment est difficile à prévoir – peut provoquer un effondrement soudain («sudden
collapse»). Ces roches solubles sont courantes dans le Jura, dans les nappes calcaires
helvétiques et dans les Préalpes. Les failles et les plissements accroissent leur tendance
à l’instabilité.
> Annexe 87
Etape 1
Délimitation de zones géologiquement uniformes
(conditions géologiques homogènes)
Etape 2
Etablissement du cadastre des événements
et cartographie des phénomènes,
«témoins muets»
Etape 3 Etape 4
Détermination des pentes critiques: Détermination des facteurs aggravants
valeur moyenne αm et écart type σ (hydrogéologie, géomorphologie, végétation, etc.)
Etape 5
Détermination de la probabilité d’occurrence d’un
glissement superficiel ou d'une coulée de boue
αm - 3σ αm - 2σ αm - 1σ αm αm + 1σ
L’influence des FA
forte
AUGMENTE
TE lité
Influence des facteurs aggravants (FA)
EN bi
M a
G b
U ro
A ap
L
DIMINUE AUGMENTE
IN lité
L’influence des
FA DIMINUE
E
IM i
D bab
U
o
pr
La
nulle
αm - 3σ αm - 2σ αm - 1σ αm αm + 1σ
Pente (zone d’arrachement)
Diagramme intensité-probabilité
Degré de danger
> Annexe 89
1
Départ
2
oui Présence de témoins non
muets dans la région
3
Prédisposition
4
Influence des Influence des
facteurs aggravants facteurs aggravants
Probabilité
6
Fin
A4 Transposition des données de base sur les dangers dans l’aménagement du territoire
Tab. 6 > Conséquences des différents degrés de danger sur la détermination des zones et sur l’établissement des règlements des constructions
et des zones
Ces mesures doivent être appliquées non seulement par les aménagistes et les autorités cantonales et communales chargées
de l’examen des dossiers et de l’octroi des autorisations, mais aussi par les autres protagonistes comme les assurances, les
architectes, les ingénieurs, les unités d’intervention, etc., en particulier lorsque les mesures concernées ne relèvent pas de
l’aménagement du territoire.
Zone de danger Détermination des zones Règlement des constructions et des Autres mesures – ne relevant pas de
zones l’aménagement du territoire
Zone d’interdiction Ne définir aucune nouvelle zone Ne construire ou agrandir aucun Informer rapidement les propriétaires concer-
Danger élevé à bâtir. bâtiment ni installation. nés du danger existant et des mesures qui
(rouge) Déclasser ou modifier les zones Imposer les restrictions d’affectation doivent être prises.
à bâtir non construites. nécessaires aux bâtiments existants. Inscrire au besoin des restrictions d’affectation
Assortir les transformations et les dans le registre foncier.
changements d’affectation de con- Planifier et mettre en œuvre rapidement les
ditions visant à diminuer les risques. mesures de protection nécessaires sur les
Reconstruire les bâtiments détruits plans technique et de l’organisation.
seulement dans des cas exceptionnels
et en respectant certaines conditions.
Zone de réglementation Définir de nouvelles zones à bâtir Ne construire aucun objet sensible. Informer les propriétaires concernés du danger
Danger moyen en les assortissant toujours de Subordonner les autorisations de existant.
(bleu) conditions, après avoir examiné construire à certaines conditions.
s’il existe des solutions de re- Imposer les restrictions d’affectation
change et procédé à une pesée nécessaire aux bâtiments existants.
des intérêts. Fixer des exigences relatives à
l’agencement, à l’affectation, à
l’aménagement et éventuellement à
l’équipement des bâtiments et des
installations.
Édicter des prescriptions détaillées
concernant diverses mesures de
protection, selon le type de danger et
son intensité.
Dans certains cas fondés, interdire la
reconstruction à l’identique des
bâtiments détruits afin d’améliorer la
situation.
Zone de sensibilisation Eviter de définir des zones dans Formuler des recommandations Informer les propriétaires concernés du danger
Danger faible lesquelles des installations à fort relatives aux bâtiments existants. existant.
(jaune) potentiel de dommages peuvent Selon le risque, envisager des Conseiller des mesures applicables pour
être construites. exigences à l’endroit des utilisations prévenir les dommages, en collaboration avec
Indiquer la situation de danger. sensibles ou des grandes les assurances.
constructions. Imposer des mesures techniques et d’organisa-
tion spéciales aux objets sensibles, en les assor-
tissant de réserves imposées par l’assurance.
Danger résiduel Agrandir les zones à bâtir exis- Formuler des recommandations Informer les propriétaires concernés du danger
(hachuré jaune/blanc) tantes et en définir de nouvelles relatives aux bâtiments existants. existant.
d’une manière très restrictive. Selon le risque, envisager des exi- Conseiller des mesures applicables pour pré-
Éviter de définir des zones dans gences à l’endroit des utilisations venir les dommages, en collaboration avec les
lesquelles des installations à fort sensibles ou des grandes assurances.
potentiel de dommages peuvent constructions. Imposer des mesures techniques et d’organisa-
être construites. tion spéciales aux objets sensibles, en les assor-
Indiquer la situation de danger. tissant de réserves imposées par l’assurance.
Aucun danger Pour être en droit d’affirmer qu’un périmètre donné n’est exposé à aucun danger d’après les méthodes d’évaluation des dangers
(blanc) usuelles à ce moment, il faut avoir examiné tous les sous-processus issus de toutes les sources possibles.
complété à partir de ARE et al. 2005
> Annexe 91
Tab. 7 > Conditions et mesures possibles dans le cadre de la procédure d’octroi de permis de construire
> Bibliographie
de l’étude dans Loup et al. 2012: Impact pressures of hillslope debris
flows – back-calculation and simulation (RAMMS). Interpraevent
Grenoble, Conference Proceedings 1: 225–236.
Amanti M., Castaldo G., Marchionna G., Pecci M. 1992: Proposta di Frehner M., Wasser B., Schwitter R. 2005: Gestion durable des forêts
una nuova classificazione dei fenomeni franosi, ai fini del rilevamento de protection – Soins sylvicoles et contrôle des résultats: instructions
geologico-tecnico e della corretta prevenzione del dissesto del pratiques. Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage
territorio. Bollettino del Servizio Geologico d’Italia, vol. CXI: 3–20. (OFEFP), Berne: 30 p., avec annexes.
ARE, OFEG, OFEFP 2005: Recommandation – Aménagement du Gerber W. 2001 (avec complément 2006): Directive sur l’homologation
territoire et dangers naturels. Office fédéral du développement territo- des filets de protection contre les chutes de pierres. Office fédéral de
rial (ARE), Office fédéral des eaux et de la géologie (OFEG), Office l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), Institut fédéral de
fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Série recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). L’environnement
«Dangers naturels», Berne: 48 p. pratique, Berne: 39 + 6 p.
Bezzola G.R., Hegg C. (Ed.) 2008: Ereignisanalyse Hochwasser 2005. Groupe de travail «Dangers naturels» du canton de Berne 2013: Atten-
Teil 2 – Analyse von Prozessen, Massnahmen und Gefahrengrund- tion, dangers naturels! Responsabilité du canton et des communes en
lagen. Bundesamt für Umwelt (BAFU), Eidgenössische Forschungsan- matière de dangers naturels: 46 p.
stalt (WSL). Umwelt-Wissen Nr. 0825, Bern: 429 S.
Hübl J., Habersack H., Kienholz H., Agner P., Ganahl E., Moser M.,
BFF, EISLF 1984: Richtlinien zur Berücksichtigung der Lawinengefahr Scheidl C., Kerschbaumsteiner W., Schmid F. 2006: Disaster Infor-
bei raumwirksamen Tätigkeiten. Bundesamt für Forstwesen (BFF), mation Sytem of Alpine Regions (DIS-ALP): Methodik Teil 1, Appendix
Eidgenössiches Institut für Schnee- und Lawinenforschung (EISLF), 2: Definitions, IAN Report 101, Institut für Alpine Naturgefahren,
Bern: 35 S. Universität für Bodenkultur, Wien.
Bommer C., Phillips M., Keusen H.-R., Teysseire P. 2010: Construire Humair F., Pedrazzini A., Epard J.L., Froese C.R., Jaboyedoff M. 2013:
sur le pergélisol: Guide pratique. Birmensdorf, Institut fédéral de Structural characterization of Turtle Mountain anticline (Alberta,
recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL): 126 p. Canada) and impact on rock slope failure. Tectonophysics 605: 122–
148.
Bonzanigo L. 1999: Lo slittamento di Campo Vallemaggia. Thèse ETH
Zürich Nr. 13 387. Hutchinson J.N., Gostelow P.T. 1976: The development of an aban-
doned cliff in London Clay at Hadleigh, Essex, Phil. Tran. Roy. Soc.
Bonzanigo L., Eberhardt E., Loew S. 2007: Long-term investigation of A283: 557–604.
a deep-seated creeping landslide in crystalline rock – Part 1: Geolo-
gical and hydromechanical factors controlling the Campo Vallemaggia Ingensand H. 2006: Metrological aspects in terrestrial laser-scanning
landslide. Canadian Geotechnical Journal 44 (10): 1157–1180. technology. Proceedings of the 3rd IAG / 12th FIG Symposium, Baden,
Austria.
Bründl M. (éd.) 2009: Guide du concept de risque (version d’évalu-
ation). Stratégie «Dangers naturels Suisse». Projet A1.1. Plate-forme IUGS 1995: A suggested method for describing the rate of movement
nationale «Dangers naturels» PLANAT, Berne: 61 p. of a landslide. International Union of Geological Sciences IUGS. Wor-
king Group on Landslides, Bulletin of the International Association of
Cruden D.M., Varnes D.J. 1996: Landslide types and processes. Engineering Geology (IAEG) 52: 75–78.
In Turner A.K., Schuster R.L. (eds): Landslide investigation and
mitigation: 36–75. Transportation Research Board, special report 247. Loat R., Meier E. 2003: Dictionnaire de la protection contre les crues.
Washington: National Academy Press. Office fédéral des eaux et de la géologie (OFEG) (éd.), Berne: Haupt.
Eberhardt E., Bonzanigo L., Loew S. 2007: Long-term investigation of OFAT, OFEE, OFEFP 1997: Recommandations – Prise en compte des
a deep-seated creeping landslide in crystalline rock – Part 2: dangers dus aux mouvements de terrain dans le cadre des activités
Mitigation measures at Campo Vallemaggia and numerical modeling de l’aménagement du territoire. Office fédéral de l’aménagement du
of deep drainage. Canadian Geotechnical Journal 44(10): 1181–1199. territoire (OFAT), Office fédéral de l’économie des eaux (OFEE), Office
fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Série
Egli Eng. 2011: Die Einwirkung von Hangmuren auf Gebäude – «Dangers naturels», Berne: 42 p.
Analyse, Dokumentation und Interpretation von Schadenfällen. Auftrag
des Bundesamts für Umwelt (BAFU), Bern (unveröffentlicht). Résumé
> Bibliographie 95
OFEE, OFAT, OFEFP 1997: Recommandations – Prise en compte des de détection des éboulements majeurs potentiels. Rapport final PNR
dangers dus aux crues dans le cadre des activités de l’aménagement 31. vdf Hochschulverlag AG an der ETH Zürich: 239 p.
du territoire. Office fédéral de l’économie des eaux (OFEE), Office
fédéral de l’aménagement du territoire (OFAT), Office fédéral de Rovina H., Liniger M., Jordan P., Gruner U., Bollinger D. 2011:
l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Série «Dangers Empfehlungen für den Umgang mit Sturzmodellierungen. Swiss Bull.
naturels», Berne: 32 p. Angew. Geol. 16/1: 57–79.
OFEE, OFEFP 1995: Recommandations – Légende modulable pour la Sättele M., Bründl M. 2015: Guide pratique pour l’utilisation de sys-
cartographie des phénomènes. Office fédéral de l’économie des eaux tèmes de préalerte dans le domaine des dangers naturels gravita-
(OFEE), Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage tionnels. Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le pay-
(OFEFP). Série «Dangers naturels», Berne: 57 p. sage (WSL), Office fédéral de la protection de la population (OFPP),
Berne: 64 p.
OFEG 2001: Protection contre les crues des cours d’eau. Office
fédéral des eaux et de la géologie (OFEG). Directives de l’OFEG, Swisstopo 2003: AG25-Instructions rédactionnelles pour la minute:
Bienne: 73 p. Représentation des formes quaternaires. Office fédéral de topographie
swisstopo, Berne.
OFEV 2011: Manuel sur les conventions-programmes conclues dans le
domaine de l’environnement. Communication de l’OFEV en tant Turner A.K., Schuster R.L. (eds) 1996: Landslide investigation and
qu’autorité d’exécution. Office fédéral de l’environnement (OFEV). mitigation. Transportation Research Board, special report 247.
L’environnement pratique n° 1105, Berne: 222 p. Washington: National Academy Press.
OFEV 2015: Modèle de géodonnées pour la cartographie des dangers. U.S. Geological Survey 2004: Landslide types and processes. United
Office fédéral de l’environnement (OFEV). States Geological Survey, Fact sheet 2004–3072,
www.bafu.admin.ch/geodatenmodelle [FR, Dangers naturels]. http://pubs.usgs.gov/fs/2004/3072/pdf/fs2004–3072.pdf.
OFROU 2008: Directive – Actions de chutes de pierres sur les galeries Varnes D.J. 1978: Slope movement types and processes. In: Schuster
de protection. Office fédéral des routes (OFROU), Berne: 22 p. R.L., Krizek R.J. (eds): Landslides – Analysis and control. National
Research Council, Washington, D.C., Transportation Research Board,
Parriaux A., Bonnard C., Tacher L. 2010: Glissements de terrain: Special Report 176: 11–33.
hydrogéologie et techniques d’assainissement par drainage. Guide
pratique. Office fédéral de l’environnement (OFEV). Connaissance WP/WLI 1993: Multilingual Landslide Glossary. Bitech, Richmond,
de l’environnement n° 1023, Berne: 128 p. British Columbia.
Raetzo H., Rickli C. 2007: Rutschungen. In: Bezzola G.R., Hegg C. (Ed.)
2007: Ereignisanalyse Hochwasser 2005. Teil 1 – Prozesse, Schäden
und erste Einordnung. Bundesamt für Umwelt (BAFU), Eidgenössische
Forschungsanstalt (WSL). Umwelt-Wissen Nr. 0707, Bern: 215 S.
Raetzo H., Wegmüller U., Strozzi T., Marks F., Farina P. 2006: Moni-
toring of Lumnez landslide with ERS and ENVISAT SAR data, ESA
ENVISAT Symposium, Montreux 5 p.
Norme de compréhension SIA 112. Modèle «Étude et conduite de Cartes des dangers
projets». Société suisse des ingénieurs et des architectes, Zurich, www.bafu.admin.ch/dangers-naturels > Informations pour
2014. spécialistes: eau, glissements de terrain, processus de chute,
avalanches > Situation de danger et utilisation du territoire >
Norme SIA 260. Bases pour l’élaboration des projets de structures Données de base sur les dangers > Cartes des dangers, Cartes
porteuses. Société suisse des ingénieurs et des architectes, Zurich, d’intensité et cartes indicatives des dangers
2013.
EconoMe
Norme SIA 261. Actions sur les structures porteuses. Société suisse www.econome.admin.ch
des ingénieurs et des architectes, Zurich, 2003.
Géoportail du canton de Berne
Norme SIA 261/1. Actions sur les structures porteuses – www.apps.be.ch/geo
Spécifications complémentaires. Société suisse des ingénieurs et des
architectes, Zurich, 2003. Gestion durable des forêts de protection (NaiS)
www.bafu.admin.ch/dangers-naturels > Informations pour
Norme SIA 269. Bases pour la maintenance des structures porteuses. spécialistes: eau, glissements de terrain, processus de chute,
Société suisse des ingénieurs et des architectes, Zurich, 2011. avalanches > Gestion des dangers naturels > Mesures > Forêts de
protection
Norme SIA 269/1. Maintenance des structures porteuses – Actions.
Société suisse des ingénieurs et des architectes, Zurich, 2011. Modèles de géodonnées
www.bafu.admin.ch/geodatenmodelle > Dangers naturels
Norme SIA 269/2. Maintenance des structures porteuses – Structures
en béton. Société suisse des ingénieurs et des architectes, Zurich, Office fédéral de l’environnement (OFEV)
2011. www.environnement-suisse.ch
OWARNA
www.planat.ch/fr/behoerden/im-ereignisfall/owarna
PLANAT
www.planat.ch
SilvaProtect-CH
www.bafu.admin.ch/dangers-naturels > Informations pour
spécialistes: eau, glissements de terrain, processus de chute,
avalanches > Situation de danger et utilisation du territoire >
Données de base sur les dangers > SilvaProtect-CH
> Répertoire 97
> Répertoire
Fig. 15
Procédure à suivre pour planifier et réaliser des mesures 53
Fig. 16
Énergie de translation liée aux processus de chute et
domaines d’application de divers types d’écrans 60
Figures Fig. 17
Schéma comparatif des principales méthodes
d’assainissement hydrogéologiques 63
Fig. 1
Procédure de gestion des dangers naturels 12
Fig. 18
Dimensionnement d’une mesure de protection en tenant
Fig. 2
compte de la fourchette d’incertitude 66
Cadastre des événements naturels 17
Fig. 19
Fig. 3
Processus de chute 80
Filet pare-pierres 18
Fig. 20
Fig. 4
Glissement rotationnel et translationnel 81
Carte des phénomènes 19
Fig. 21
Fig. 5
Relations temps / déplacement pour différents types
Carte indicative des dangers de chute de pierres et de blocs 26
de glissement 83
Fig. 6
Fig. 22
Carte des intensités de chutes de pierres et de blocs 27
Effets des mouvements différentiels 84
Fig. 7
Fig. 23
Carte des dangers de chute de pierres et de blocs 28
Processus d’écoulement: coulée de boue 85
Fig. 8
Fig. 24
Diagrammes intensité-probabilité appliqués aux glissements
Détermination de la probabilité d’occurrence d’une coulée
permanents et aux mouvements de terrain spontanés 30
de boue 88
Fig. 9
Fig. 25
Étapes de la procédure suivie pour établir la probabilité
Organigramme de détermination de la probabilité d’occurrence 89
d’occurrence des coulées de boue 37
Fig. 26
Fig. 10
Exemple de matrice des objectifs de protection destinée à la
Proportion de glissements superficiels par classe de pente
prévention par la gestion du territoire, comparable à celles en
dans la zone d’arrachement 38
usage dans les cantons 92
Fig. 11
Critères de détermination de l’intensité 39
Fig. 12
Répartition de l’intensité pour une probabilité d’occurrence
donnée 46
Fig. 13
Répartition de la probabilité d’occurrence pour une intensité
donnée 46
Fig. 14
Niveau de sécurité visé, objectif de protection, objectif des
mesures et risque avant et après la réalisation des mesures 51
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 98
Tableaux
Tab. 1
Signification des degrés de danger 30
Tab. 2
Relation entre probabilité d’occurrence et période de retour 32
Tab. 3
Niveaux de surveillance 68
Tab. 4
Exemples des valeurs limites et seuils 71
Tab. 5
Classification des processus de chute en fonction du diamètre
et du volume 80
Tab. 6
Conséquences des différents degrés de danger sur la
détermination des zones et sur l’établissement des règlements
des constructions et des zones 90
Tab. 7
Conditions et mesures possibles dans le cadre de la procédure
d’octroi de permis de construire 91