Protection Contre Les Dangers Dus Aux Mouvements de Terrain

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2016 > L’environnement pratique > Dangers naturels

> Protection contre les dangers


dus aux mouvements de terrain
Aide à l’exécution concernant la gestion des dangers dus aux
glissements de terrain, aux chutes de pierres et aux coulées de boue
> L’environnement pratique > Dangers naturels

> Protection contre les dangers


dus aux mouvements de terrain
Aide à l’exécution concernant la gestion des dangers dus aux
glissements de terrain, aux chutes de pierres et aux coulées de boue

Publié par l’Office fédéral de l’environnement OFEV


Berne, 2016
Valeur juridique de cette publication Traduction
La présente publication est une aide à l’exécution élaborée par l’OFEV Christian Marro, 1997 Haute-Nendaz
en sa qualité d’autorité de surveillance. Destinée en premier lieu aux
autorités d’exécution, elle concrétise des notions juridiques indéter- Référence bibliographique
minées provenant de lois et d’ordonnances, favorisant ainsi une OFEV 2016: Protection contre les dangers dus aux mouvements de
application uniforme de la législation. Si les autorités d’exécution en terrain. Aide à l’exécution concernant la gestion des dangers dus aux
tiennent compte, elles peuvent partir du principe que leurs décisions glissements de terrain, aux chutes de pierres et aux coulées de boue.
seront conformes au droit fédéral. D’autres solutions sont aussi licites Office fédéral de l’environnement, Berne. L’environnement pratique
dans la mesure où elles sont conformes au droit en vigueur. Les aides n° 1608: 98 p.
à l’exécution de l’OFEV (aussi appelées jusqu’à présent directives,
instructions, recommandations, manuels, aides pratiques) paraissent Graphisme, mise en page
dans la collection «L’environnement pratique». Stefanie Studer, 5444 Künten

La présente aide à l’exécution remplace les recommandations Photo de couverture


intitulées «Prise en compte des dangers dus aux mouvements de Maison détruite en 1994 par le glissement de terrain de Falli Hölli
terrain dans le cadre des activités de l’aménagement du territoire» (commune de Plasselb, canton de Fribourg; photo Hugo Raetzo)
(OFAT, OFEE, OFEFP 1997).
Commande de la version imprimée et téléchargement au format PDF
OFCL, Diffusion des publications fédérales, CH-3003 Berne
Tél. +41 58 465 50 50
Impressum [email protected]
Numéro de commande: 810.100.099f
Éditeur www.bafu.admin.ch/uv-1608-f
Office fédéral de l’environnement (OFEV)
L’OFEV est un office du Département fédéral de l’environnement, des Impression neutre en carbone et faible en COV sur papier recyclé.
transports, de l’énergie et de la communication (DETEC).
Cette publication est également disponible en allemand et en anglais.
Auteurs
Hugo Raetzo et Bernard Loup (division Prévention des dangers, OFEV) © OFEV 2016

Suivi scientifique
Christophe Bonnard, PBBG SA, Lausanne (ancien collaborateur
scientifique de l’EPFL)
Hans Rudolf Keusen, GEOTEST
Arthur Sandri, division Prévention des dangers, OFEV

Groupe de travail des cantons en 2015 (refonte du texte)


Daniel Bollinger, canton de Schwyz
Christophe Dénervaud, canton de Neuchâtel
Lukas Eggimann, canton d’Uri
Jörg Häberle, canton de Berne
Nils Hählen, canton de Berne
Andreas Huwiler, canton des Grisons
Raphaël Mayoraz, canton du Valais
Andrea Pedrazzini, canton du Jura

Contributions à la rédaction
Gian Reto Bezzola, division Prévention des dangers, OFEV
Thomas Egli, Egli Engineering AG
Werner Gerber, WSL
Mark Govoni, division Droit, OFEV
Christoph Haemmig, GEOTEST (ancien collaborateur de l’OFEG)

Relecture de la version allemande


Roland Wyss, Dr. Roland Wyss GmbH
> Tables des matières 3

> Tables des matières


Abstracts 5 2.9 Critères d’évaluation de l’intensité 38
Avant-propos 7 2.9.1 Intensités et types de dommages pouvant
Résumé 8 être liés aux processus de chute 42
2.9.2 Intensités et types de dommages pouvant
être liés aux processus de glissement 42
1 Bases légales et conception 10 2.9.3 Intensités et types de dommages pouvant
1.1 Introduction 10 être liés aux processus d’écoulement 43
1.2 Bases légales 10 2.10 Définition de scénarios 44
1.3 Conception de la nouvelle aide à l’exécution 11 2.10.1 Élaboration des scénarios 44
2.10.2 Choix des scénarios 44
2.11 Gestion des incertitudes 45
2 Analyse de la situation 14
2.1 Utilisation du territoire 14
2.2 Processus traités 15 3 Besoin d’agir 47
2.3 Bases et documentation 15 3.1 Détermination des risques 47
2.3.1 Documents de base et méthodes 15 3.2 Niveau de sécurité et objectifs de protection 48
2.3.2 Cadastre des événements naturels 16 3.3 Risque résiduel 50
2.3.3 Cadastre des ouvrages de protection 17
2.3.4 Carte des phénomènes 18
2.4 Effets des mesures de protection existantes 20 4 Mesures 52
2.4.1 Prise en compte des ouvrages de protection 4.1 Optimisation des mesures de protection 52
dans l’évaluation des dangers 20 4.2 Phases de planification 55
2.4.2 Prise en compte des mesures d’organisation 4.3 Entretien des ouvrages 55
dans l’évaluation des dangers 21 4.4 Mise en œuvre en matière d’aménagement du
2.5 Exigences à satisfaire lors de l’évaluation des territoire 57
dangers 22 4.5 Soins aux forêts de protection et mesures sylvicoles 59
2.6 Produits cartographiques liés aux dangers 24 4.6 Mesures constructives pour contrer les processus
2.6.1 Carte indicative des dangers 25 de chute 59
2.6.2 Carte des intensités 26 4.7 Mesures constructives pour contrer les processus
2.6.3 Carte des dangers 27 de glissement 61
2.7 Évaluation des dangers au moyen du diagramme 4.8 Mesures constructives pour contrer les processus
intensité-probabilité 29 d’écoulement 64
2.8 Critères d’évaluation de la probabilité 31 4.9 Cas de surcharge 65
2.8.1 La probabilité d’occurrence des processus de 4.10 Mesures d’organisation et plans d’urgence 67
chute 33 4.10.1 Systèmes de préalerte 67
2.8.2 La probabilité d’occurrence des processus de 4.10.2 Planification des mesures d’urgence 71
glissement 33 4.11 Vérification périodique et contrôle d’efficacité 72
2.8.3 La probabilité d’occurrence des processus
d’écoulement 35
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 4

Annexe 73
A1 Bases légales 73
A2 Identification des types de mouvements de terrain 79
A3 Détermination de la probabilité d’occurrence des
processus d’écoulement 87
A4 Transposition des données de base sur les dangers
dans l’aménagement du territoire 90
A5 Exemple de matrice des objectifs de protection 92

Bibliographie 94
Répertoire 97
> Abstracts 5

> Abstracts
This guideline explains the management of landslides, hillslope debris flows and Keywords:
rockfall processes. These natural hazards are identified and evaluated using state-of- landslides,
the-art methods. The criteria of probability of occurrence and intensity are determined hillslope debris flows,
for the compilation of hazard maps. The evaluation of risks, definition of protection rockfall, hazard evaluation,
objectives and target measures and the determination of the action requirement is ne- hazard map,
cessary for planning. The process to be implemented for the optimisation of measures protective measures
incorporates the examination of all options for action. These include spatial planning,
biological, structural and organisational measures. The evaluation of measures takes
technical, economic, ecological and social criteria into account.

Die Vollzugshilfe erläutert den Umgang mit Rutschungen, Hangmuren und Sturzpro- Keywords:
zessen. Diese Naturgefahren werden mit modernen Methoden lokalisiert und beurteilt. Rutschungen,
Bei der Erstellung der Gefahrenkarte werden die Kriterien der Eintretenswahrschein- Hangmuren, Steinschlag,
lichkeit und der Intensität bestimmt. Die Beurteilung von Risiken, die Festlegung von Gefahrenbeurteilung,
Schutzzielen und von Massnahmenzielen sowie die Ermittlung des Handlungsbedarfs Gefahrenkarte,
sind bei der Planung notwendig. Das Vorgehen bei der Optimierung von Massnahmen Schutzmassnahmen
umfasst die Überprüfung aller Handlungsoptionen. Dazu gehören raumplanerische,
biologische, bauliche und organisatorische Massnahmen. Die Bewertung der Massnah-
men berücksichtigt technische, ökonomische, ökologische und soziale Kriterien.

Cette aide à l’exécution indique comment traiter les glissements de terrain, les coulées Mots-clés:
de boue et les processus de chute. Ces dangers naturels sont localisés et évalués en glissement de terrain,
appliquant des méthodes modernes. La carte des dangers est élaborée en tenant compte coulée de boue, chute de pierres,
de la probabilité d’occurrence et de l’intensité des processus dangereux. La planifica- évaluation des dangers,
tion des mesures à prendre demande d’évaluer les risques, de fixer des objectifs de pro- carte des dangers,
tection, d’assigner des objectifs aux mesures envisagées et de déterminer les travaux à mesure de protection
entreprendre. La méthode préconisée pour optimiser les mesures inclut un examen de
toutes les options concevables – mesures d’aménagement du territoire, biologiques,
constructives ou d’organisation. Les mesures considérées sont évaluées en tenant
compte de critères techniques, économiques, écologiques et sociaux.

L’aiuto all’esecuzione spiega come gestire i scivolamenti, le colate detritiche di versan- Parole chiave:
te e i processi di crollo. Questi pericoli naturali vengono localizzati e valutati applican- scivolamenti,
do metodi moderni. Nell’allestimento delle carte dei pericoli si determinano i parametri colate detritiche di versante,
«probabilità di accadimento» e «intensità». Per la pianificazione delle misure occorre caduta sassi,
valutare i rischi, definire sia gli obiettivi di protezione che gli obiettivi delle misure e valutazione dei pericoli,
stabilire la necessità d’intervento. L’ottimizzazione delle misure richiede una verifica carta dei pericoli,
di tutte le opzioni d’intervento: dai provvedimenti di pianificazione del territorio a misure di protezione
quelli edili, biologici e organizzativi. La valutazione delle misure considera criteri
tecnici, economici, ecologici e sociali.
> Avant-propos 7

> Avant-propos
La loi sur les forêts a notamment pour but de protéger les personnes et les biens d’une
valeur notable contre les avalanches, les glissements de terrain, l’érosion et les chutes
de pierres. La présente aide à l’exécution intitulée «Protection contre les dangers dus
aux mouvements de terrain» explique comment la mettre en œuvre d’une manière con-
forme au droit en vigueur. Cette nouvelle aide à l’exécution a été conçue à partir des
recommandations fédérales de 1997 intitulées «Prise en compte des dangers dus aux
mouvements de terrain dans le cadre des activités de l’aménagement du territoire»,
bien établies auprès des milieux spécialisés. Elle en a conservé les principes fondamen-
taux. L’évaluation des glissements de terrain exploite les résultats de recherches ré-
centes et applique des critères quantitatifs détaillés, comme la variation temporelle de
la vitesse de déplacement. Les réactivations et les accélérations occasionnent souvent
des dégâts, voire des destructions, c’est pourquoi le cadastre des événements naturels
revêt une grande importance. Certaines mesures de gestion des mouvements de terrain,
telles que surveillance ou exploitation de services d’alerte, sont aussi détaillées. Quant
à la probabilité d’occurrence des coulées de boue, elle est maintenant déterminée en
cinq étapes.

L’OFEV a soumis à consultation un projet de la présente aide à l’exécution au cours de


l’automne 2009. Puis un groupe de travail composé de représentants de la Confédéra-
tion et des cantons a remanié ce document en 2015. Les nombreuses réactions qu’il a
suscitées ont été intégrées autant que possible dans la présente version finalisée. Cette
aide à l’exécution fait partie d’une série de publications de l’OFEV concernant notam-
ment la gestion intégrée des risques et la protection contre les crues. Elle se réfère aussi
au document de PLANAT intitulé «Niveau de sécurité face aux dangers naturels» et
aux objectifs de protection qu’elle recommande (PLANAT 2013).

Cette aide à l’exécution participe à la mise en œuvre d’une approche préventive et


appropriée des dangers dus aux mouvements de terrain. Elle souligne la nécessité de
disposer d’une documentation de base et d’appréciations des risques objectives et aisé-
ment compréhensibles. La gestion de ces dangers ne peut être exhaustive et durable –
au sens de la gestion intégrée des risques – que si toutes les mesures appliquées sont
combinées idéalement, en vertu de critères économiques, écologiques et sociaux. C’est
pourquoi la planification de la protection doit s’efforcer d’harmoniser au mieux des
mesures d’aménagement du territoire, biologiques, constructives et d’organisation.

Josef Hess
Sous-directeur
Office fédéral de l’environnement (OFEV)
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 8

> Résumé
Cette aide à l’exécution intitulée «Protection contre les dangers dus aux mouvements
de terrain» explique comment traiter les glissements de terrain, les coulées de boue et
les processus de chute d’une manière conforme à la loi sur les forêts (LFo). Le chapitre
2 décrit la marche à suivre pour élaborer des documents de base sur les dangers. La
fiabilité et l’efficacité des mesures de protection existantes entrent également dans
l’évaluation des dangers. Les exigences auxquelles elle est astreinte, qui dépendent du
but poursuivi, sont désormais différenciées selon trois degrés. Les projets de construc-
tion, les expertises et les études de détail (échelle entre 1:1000 et 1:5000) sont soumis à
des impératifs très rigoureux. Les cartes des dangers doivent aussi répondre à des
conditions strictes, puisque la précision requise est de l’ordre du décamètre (échelle
entre 1:2000 et 1:10 000).

Le degré des dangers imputables aux mouvements de terrain est établi à l’aide d’un
diagramme intensité – probabilité d’occurrence, à partir d’une analyse des scénarios
susceptibles de se réaliser. Cette évaluation vise notamment à déterminer les proba-
bilités d’occurrence annuelles qui correspondent aux périodes de retour appliquées aux
crues et aux avalanches. Les classes d’intensité suivantes sont assignées aux processus
de chute: faible pour <30 kJ, moyenne pour 30–300 kJ, forte pour >300 kJ. L’évalua-
tion des glissements superficiels et des coulées de boue applique une méthode qui amé-
liore l’analyse de la prédisposition et la détermination de la probabilité d’occurrence.
Les glissements permanents sont décrits en trois classes d’intensité dépendant de leur
vitesse moyenne (0–2 cm/an, 2–10 cm/an et >10 cm/an). Les accélérations et les
déplacements différentiels éventuels sont pris en compte conformément aux enseigne-
ments tirés des analyses d’événements passés. L’intensité est ainsi établie en faisant ap-
pel à de nouveaux critères: a) accélérations des glissements en fonction de leur vitesse
maximale; b) mouvements différentiels; c) profondeur de la surface de glissement. Les
coulées de boue sont exprimées par leur épaisseur à la source et par la hauteur de leur
dépôt. Les processus d’effondrement et d’affaissement (p. ex. dans une doline) sont
évalués lorsque des indices visibles sur le terrain révèlent qu’ils ont une certaine exten-
sion.

Le chapitre 3 indique comment déterminer les risques et fixer des objectifs de protec-
tion. La Confédération vise à assurer, dans l’ensemble du territoire helvétique, un
niveau de sécurité comparable face à tous les dangers naturels qui soit écologiquement
acceptable, économiquement proportionné et socialement supportable. Les pouvoirs
publics se réfèrent aux objectifs de protection fixés préalablement pour identifier le
besoin d’agir. Lorsque la protection est lacunaire, ils étudient si des mesures appro-
priées sont à même d’atténuer les risques. Les instances responsables assignent des ob-
jectifs spécifiques aux mesures planifiées.

Le chapitre 4 traite de la planification, de la conception et de la réalisation des mesures


de protection. Toutes les options envisageables sont examinées lors des phases de
planification et d’optimisation. Les mesures passives permettent de réduire l’ampleur
> Résumé 9

des dommages éventuels. Les cantons transposent les cartes des dangers dans toutes les
activités ayant une incidence sur l’organisation de leur territoire, notamment lorsqu’ils
établissent des plans directeurs et des plans d’affectation. L’aménagement du territoire
est privilégié pour diminuer les dommages potentiels. Les mesures actives ont une
incidence sur le déroulement des processus. Elles comprennent des mesures surfa-
ciques, telles que soins aux forêts protectrices ou boisements, et des ouvrages ponc-
tuels, tels que filets pare-pierres. Des ouvrages de protection peuvent être réalisés dans
les périmètres faisant déjà l’objet d’une utilisation méritant d’être protégée ou dont
l’affectation doit impérativement être modifiée après pesée des intérêts en jeu. Mais de
telles mesures ne sont pas toujours envisageables contre les mouvements de terrain
pour des raisons techniques ou économiques; c’est notamment le cas face aux grandes
masses et aux fortes énergies. Lorsqu’une zone menacée ne peut pas être totalement
protégée, des systèmes de surveillance, d’alarme et d’alerte sont néanmoins à même
d’assurer la sécurité des personnes de manière économique. La surveillance est subdi-
visée en quatre niveaux, faisant l’objet d’exigences différenciées. Les systèmes de pré-
alerte contrôlant l’évacuation de personnes et la fermeture de voies de communication
sont soumis à des contraintes rigoureuses.

Les annexes comprennent des explications et des informations techniques nécessaires


pour mettre en œuvre les chapitres précédents. L’exposé des bases légales est suivi de
définitions et de précisions concernant les mouvements de terrain. D’autres annexes
fournissent des renseignements concernant la transposition des données de base dans
l’aménagement du territoire et la fixation d’objectifs de protection tenant compte des
risques.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 10

1 > Bases légales et conception


---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

1.1 Introduction

Les terrains affectés par des mouvements de terrain connus occupent 6 à 8 % du terri-
toire helvétique, en comptant les glissements actifs actuels et passés. Les Alpes, les
Préalpes et certaines parties du Jura figurent parmi les régions les plus touchées. L’im-
portance de ces processus a incité la Confédération à édicter, en 1997, des recomman-
dations intitulées «Prise en compte des dangers dus aux mouvements de terrain dans le
cadre des activités de l’aménagement du territoire» (OFAT et al. 1997). Les cantons
ont alors évalué les dangers imputables aux mouvements de terrain qui touchent leur
territoire. Forts de leurs expériences, ils ont ensuite adressé à la Confédération des
propositions visant à améliorer la méthode. En 2004, le groupe de travail «Danger
naturel et géologie» a rédigé un rapport suggérant des perfectionnements basés sur les
enseignements tirés de la pratique (AGN 2004). Les analyses des intempéries de 2005
et 2007 ont montré que les réactivations et les accélérations des glissements de terrain
ont parfois été sous-estimées par le passé. Les intempéries ont déstabilisé des pentes
qui n’avaient jamais été recensées ni évaluées comme potentiellement instables aupa-
ravant. Les événements de grande ampleur ont occasionné des dommages directs et ap-
porté des matériaux dans le lit de torrents qui ont ensuite été sujets à des laves torren-
tielles. L’analyse des glissements superficiels et des coulées de boue a aussi permis de
mieux évaluer la prédisposition à ces processus spontanés.

La présente aide à l’exécution s’inscrit dans le prolongement des recommandations


«Prise en compte des dangers dus aux mouvements de terrain dans le cadre des activi-
tés de l’aménagement du territoire», publiées conjointement en 1997 par les trois an-
ciens offices fédéraux de l’aménagement du territoire (OFAT), de l’économie des eaux
(OFEE) et de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Elle en conserve les
principes fondamentaux, mais la démarche préconisée implique davantage de données
quantitatives. Cette aide à l’exécution vise à établir une unité de doctrine et une
évaluation uniforme des dangers dus aux chutes de pierres, aux glissements de terrain,
aux coulées de boue et à l’érosion. La Confédération y indique aussi les stratégies de
protection envisageables.

1.2 Bases légales

En ce qui concerne les documents de base sur les dangers, la présente aide à l’exécu-
tion se réfère à l’art. 15 de l’ordonnance du 30 novembre 1992 sur les forêts (OFo).
Cette disposition demande aux cantons d’établir la documentation nécessaire pour as-
surer la protection contre les catastrophes naturelles, notamment des cadastres des
ouvrages de protection, des cadastres des événements, des cartes des dangers et des
plans d'urgence (al. 1). Pour cela, ils tiennent compte des travaux exécutés par les
services spécialisés de la Confédération et de leurs directives techniques (al. 2). Le
1 > Bases légales et conception 11

présent document indique aux cantons comment élaborer les documents de base, en
particulier les cartes des dangers. Son but est aussi que les menaces générées par les
mouvements de terrain de nature géologique soient appréhendées selon des critères et
échelles homogènes dans toute la Suisse. Ces critères de portée générale sont trans-
posables aux dangers dus aux crues et aux avalanches. La gestion des dangers naturels
se fonde ainsi sur des principes identiques, ce qui assure une mise en œuvre uniforme
des lois sur les forêts et sur l’aménagement des cours d’eau lors de l’élaboration des
documents de base sur les dangers. Les cantons en tiennent compte dans toutes les acti-
vités ayant des effets sur l’organisation du territoire, en particulier dans l’établissement
des plans directeurs et des plans d’affectation (al. 3). Sur demande, ils mettent ces
documents de base à la disposition de l’Office fédéral de l’environnement et les ren-
dent accessibles au public sous une forme adaptée (al. 4).

Pour les domaines autres que les données de base sur les dangers (chap. 3 et 4), l’aide à
l’exécution se fonde sur les compétences générales de l’OFEV en matière de protection
contre les mouvements de terrain, qui l’habilitent à concrétiser des notions juridiques
indéterminées et à favoriser ainsi une application uniforme de la législation.

L’annexe A1 présente des extraits des articles de lois et ordonnances déterminants.

1.3 Conception de la nouvelle aide à l’exécution

Cette aide à l’exécution reprend les principes de la gestion des dangers naturels et ex-
plique la marche à suivre pour établir les documents de base appropriés (fig. 1). Les
exigences à satisfaire et la méthode préconisée sont exposées au chapitre 2 intitulé
«Analyse de la situation» (fig. 1). Avant de planifier des mesures, il y a lieu de déter-
miner le besoin d’agir et de fixer les objectifs de protection (chap. 3 analyse des
risques, niveau de sécurité visé, objectifs de protection, objectifs des mesures). Le
mandat consistant à protéger les personnes et les biens d’une valeur notable est rempli
lorsque des mesures de protection ont été planifiées et réalisées conformément aux
indications du chapitre 4. Les chapitres 2 à 4, qui concrétisent des notions juridiques
inscrites dans des lois et ordonnances, constituent la partie principale de la présente
aide à l’exécution. Les annexes comprennent des explications et des informations tech-
niques complémentaires qui n’ont pas la valeur juridique d’une aide à l’exécution.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 12

Fig. 1 > Procédure de gestion des dangers naturels

Analyse de
la situation

Besoin
d’agir

Vérification
périodique
Planification,
optimisation et
évaluation des
mesures

Réalisation et
entretien des
mesures

La nouvelle aide à l’exécution reprend autant que possible les principes reconnus et
précise certaines exigences (procédure générale schématisée à la fig. 1). L’évaluation
des dangers, la planification des mesures et leur évaluation sont en principe compa-
rables à la pratique en matière de protection contre les crues – mis à part les caractéris-
tiques des processus considérés.

Les principales nouveautés de l’aide à l’exécution sont les suivantes:

> Les processus considérés sont définis plus complètement à l’annexe A2. Comme la
Suisse subit fréquemment des chutes de pierres, des glissements de terrain et des
coulées de boue, les dangers qu’ils génèrent sont évalués en appliquant des défini-
tions et des critères précis. Les combinaisons et les transitions entre phénomènes,
courantes dans la nature, sont abordées en distinguant les processus initiaux et
secondaires («first move» et «second move»).
> Les contraintes auxquelles l’évaluation des dangers doit satisfaire dépendent de son
but et du statut juridique des résultats qu’elle fournit. C’est pourquoi les exigences
1 > Bases légales et conception 13

énoncées au chapitre 2 sont différenciées selon trois degrés. Les projets de construc-
tion, les expertises et les études de détail sont assujettis à des impératifs très rigou-
reux. Dans ce cas, l’incertitude doit être la plus faible possible et les éventuels
ouvrages à bâtir doivent être dimensionnés le plus exactement possible. À l’échelle
des cartes des dangers, pour pouvoir leur conférer un caractère contraignant, les
autorités doivent disposer de documents répondant également à des exigences
élevées, dont la précision est de l’ordre du décamètre.
> Les mouvements de terrain sont évalués en examinant les scénarios envisageables. Il
y a lieu de déterminer les probabilités d’occurrence annuelles (0,033; 0,01; 0,003;
<0,003), qui correspondent aux périodes de retour appliquées aux crues et aux
avalanches (30 ans, 100 ans, 300 ans, >300 ans).
> Le degré des dangers imputables aux mouvements de terrain est déterminé à l’aide
d’un diagramme intensité – probabilité d’occurrence. Les glissements permanents
sont décrits en trois classes d’intensité correspondant à leur vitesse moyenne. Les
accélérations et les mouvements différentiels éventuels sont davantage pris en
compte, conformément aux enseignements tirés d’analyses d’événements passés.
C’est pourquoi la détermination des intensités fait appel à des critères supplémen-
taires:
– accélérations et réactivations des glissements, exprimées par la vitesse maximale
lors d’une crise (v max );
– mouvements différentiels (md): les plus grands dommages surviennent générale-
ment dans les zones sujettes à des déplacements différentiels, car le terrain n’y
glisse pas vers l’aval à une vitesse uniforme;
– profondeur de la surface de glissement (p): il est possible de réduire l’intensité
d’un degré à partir d’une profondeur d’une trentaine de mètres lorsque toutes les
conditions suivantes sont remplies simultanément: grande masse en glissement
d’un seul tenant, secteurs sujets à des phénomènes identiques et dynamique du
mouvement attestée uniforme par des mesures géodésiques.
> Cette aide à l’exécution introduit une nouvelle méthode d’évaluation des glissements
superficiels et des coulées de boue. L’étude du contexte géologique et géomorpholo-
gique actuel couplée à l’analyse des événements antérieurs fournit des données sta-
tistiques qui aident à en déterminer la probabilité d’occurrence.
> Cette aide à l’exécution précise l’évaluation des dolines, mais n’impose la délimi-
tation d’une zone de danger «rouge» que lorsqu’il y a un danger avéré d’effondre-
ment.
> Les chutes de glace sont évaluées comme les chutes de pierres.
> Cette aide à l’exécution pose des principes généralement applicables pour tenir
compte des mesures de protection dans l’évaluation des dangers.
> Les objectifs de protection sont définis en fonction des risques. La sécurité visée doit
être élevée lorsque le risque est grand. Les risques faibles ne nécessitent en revanche
aucune protection, ou alors le coût des mesures sera modéré (chap. 3).
> Les mesures envisageables pour assurer la protection contre les dangers dus aux
mouvements de terrain sont exposées au chapitre 4 (mesures d’aménagement du ter-
ritoire, biologiques, constructives ou d’organisation). Cette aide à l’exécution accor-
de une plus large place aux mesures d’organisation, notamment parce que cette op-
tion doit souvent être privilégiée en cas de danger d’éboulement ou de glissement
profond.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 14

2 > Analyse de la situation


---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Les cantons établissent les documents de base nécessaires pour assurer la protection
contre les événements naturels (art. 15 OFo). Il faut en premier lieu identifier et évaluer
ceux qui sont susceptibles de se produire pour être à même d’éviter ou d’atténuer les
risques qu’ils constituent. L’analyse de la situation comprend, d’une part, une apprécia-
tion des dangers présents (§ 2.2 à 2.10) et, d’autre part, un recensement des affectations
du sol et des constructions existantes et planifiées (§ 2.1). La superposition des docu-
ments décrivant les dangers et les affectations du sol indique les périmètres dans les-
quels des personnes, des biens, des infrastructures et d’autres objets pourraient être
touchés par des phénomènes naturels.

Le niveau de détail de l’analyse peut varier largement, selon le problème et l’objectif


posés, en fonction du périmètre examiné (Suisse, canton, région, commune, projet) ou
de la documentation disponible (nature, échelle, contenu, etc.).

2.1 Utilisation du territoire

Les affectations du sol et les catégories d’objets sont subdivisées plus ou moins
finement d’après le niveau de détail requis par la tâche à accomplir. Les vues d’en-
semble de vastes systèmes se satisfont de regroupements, par exemple selon les caté-
gories de biens à protéger suivantes:

> personnes
> bâtiments
> infrastructures usuelles (p. ex. voies ferrées ou routes) et vitales («lifelines»)
> biens culturels
> objets particuliers

La planification de mesures de protection requiert généralement un inventaire précis de


la situation, recourant par exemple à EconoMe. Cet état des lieux est dressé en subdi-
visant plus finement les affectations du sol et les objets concernés, et en ajoutant
certaines précisions si nécessaire.

Pour obtenir une vue d’ensemble des dommages potentiels, afin d’appréhender leur
évolution possible et celle des risques qui va de pair, il faut considérer, quel que soit le
degré de précision de l’étude, non seulement les affectations existantes, mais aussi les
développements prévus ou prévisibles. Les plans d’affectation – et les plans directeurs
communaux lorsqu’ils existent – fournissent des indications au sujet des développe-
ments à venir. On peut également consulter, entre autres, les plans sectoriels de la
Confédération, les plans directeurs des cantons et les concepts de développement can-
tonaux et régionaux.
2 > Analyse de la situation 15

2.2 Processus traités

La loi fédérale sur les forêts a notamment pour but de contribuer à protéger la popu-
lation et les biens d’une valeur notable contre les glissements de terrain, l’érosion et les
chutes de pierres (art. 1, al. 2, LFo). La présente aide à l’exécution concernant les dan-
gers dus aux mouvements de terrain traite:

> les processus de chute: chute de pierres, chute de blocs, éboulement, écroulement,
chute de glace et effondrement
> les processus de glissement: glissement de terrain et tassement
> les processus d’écoulement: coulée de boue

Les coulées de boue sont expliquées dans ce document. Les laves torrentielles sont
abordées dans celui qui traite des dangers liés aux crues (OFEE et al. 1997). On s’inté-
resse particulièrement aux successions et aux combinaisons de processus (p. ex. glisse-
ments de terrain, coulées de boue et laves torrentielles), car les mouvements de terrain
sont souvent très éloignés des objets susceptibles d’être endommagés.

L’annexe A2 définit les mouvements de terrain considérés. Les avalanches sortent du


cadre de cette aide à l’exécution.

2.3 Bases et documentation

Le traitement des dangers imputables aux mouvements de terrain requiert, dans une
première phase, une documentation neutre incluant tous les renseignements, observa-
tions et mesures disponibles qui signalent l’existence d’une menace. Au stade de
l’identification des dangers, les observations consignées doivent être aussi objectives,
aussi peu interprétées que possible. Il est impératif de préciser la qualité des informa-
tions, qu’elles résultent d’estimations, de calculs ou de mesures. L’identification des
dangers met en œuvre toute une panoplie de sources et de méthodes. Les événements
passés et les «témoins muets» fournissent des indications importantes, même si des
ouvrages de protection ont été réalisés dans l’intervalle.

2.3.1 Documents de base et méthodes

Les documents de base et les méthodes servant à élaborer les cartes des dangers sont
brièvement décrits ici (voir les § 2.3.2–2.3.4 concernant le cadastre des événements
naturels, le cadastre des ouvrages de protection et la carte de phénomènes).

L’analyse topographique est l’un des volets d’une étude exhaustive, qui recourt aussi
aux orthophotos, aux modèles numériques de terrain, aux données fournies par la télé-
détection et aux cartes thématiques. Les modèles numériques de terrain permettent
notamment de générer des cartes de déclivité et des représentations du relief (avec
ombrage, «hillshade») utilisables pour élaborer des cartes géomorphologiques lorsque
leur résolution est élevée.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 16

La télédétection englobe toutes les méthodes mises en œuvre à distance depuis l’es-
pace, les airs ou le sol. Elle applique diverses méthodes physiques:

> images optiques


> images radar (micro-ondes)
> images laser (LIDAR)

Ces images peuvent être prises depuis un satellite, depuis les airs (p. ex. à partir d’un
avion, d’un hélicoptère ou d’un drone) ou depuis le sol.

La mensuration englobe diverses méthodes classiques et modernes utilisées pour exa-


miner les déplacements du sol (p. ex. GPS, tachymètre). Dans le domaine des instabi-
lités de terrain, elles sont toutes mises en œuvre afin de mesurer les déplacements et de
déterminer leur vitesse.

La carte géologique est un élément important de la cartographie des mouvements de


terrain. Elle en distingue différentes formes comme les glissements et les tassements.

L’eau joue un rôle important dans les mouvements de terrain gravitaires. C’est pour-
quoi il faut connaître les conditions hydrogéologiques et hydrologiques régnant dans le
bassin versant.

Les forages peuvent être réalisés par carottage ou sous forme destructrice (à l’air ou à
l’eau). Le carottage est la seule méthode permettant de déterminer sûrement la nature
de la roche en profondeur et ses caractéristiques géotechniques. Les trous de forage
peuvent être équipés d’inclinomètres, extensomètres, piézomètres ou autres. Un incli-
nomètre est capable d’identifier avec certitude une surface de glissement active se
trouvant à grande profondeur et de mesurer le mouvement à son niveau.

2.3.2 Cadastre des événements naturels

Qui veut prévoir doit s’intéresser au passé. Les secteurs sujets à un processus et les
témoignages consignés dans un cadastre des événements naturels fournissent des indi-
cations précieuses lorsqu’il s’agit de délimiter les périmètres potentiellement menacés.
Ils aident à estimer les périodes de retour, à définir les scénarios et à étalonner les
simulations. Les événements documentés servent aussi à établir des vues d’ensemble
des dommages.

Les cadastres des événements naturels sont tenus et mis à jour régulièrement par les
services cantonaux spécialisés. La Confédération fournit des formulaires standard pour
relever les avalanches, les processus de chute, les glissements de terrain, les phéno-
mènes hydrauliques, les effondrements et les affaissements. Les informations saisies
sont gérées d’une manière centralisée dans la base de données StorMe, accessible sur
Internet. Les événements sont représentés spatialement. Sont en tout cas documentés
les processus déterminants, leur zone d’influence, la date de leur occurrence et l’amp-
leur approximative des dommages qu’ils ont causés. Le contexte météorologique est
mentionné facultativement. Les enregistrements peuvent avoir différents niveaux de
détail (voir également l’encadré sur la modélisation des données).
2 > Analyse de la situation 17

Fig. 2 > Cadastre des événements naturels

Laves torrentielles
Inondations/crues
Coulées de boue
Glissements de terrain
Chutes de blocs (blocs de 0,5 à 2 m)
Éboulements (grands blocs >2 m)
géoportail du canton de Berne, www.apps.be.ch/geo

2.3.3 Cadastre des ouvrages de protection

Au cours des dernières décennies, de nombreuses localités et infrastructures de trans-


port ont été sécurisées en érigeant des ouvrages stabilisateurs dans la zone de rupture
ou des ouvrages protecteurs dans la zone de transit ou de dépôt. Pour garantir la péren-
nité de leur efficacité, il faut organiser des contrôles réguliers (de la sécurité structurale
et de l’aptitude au service) et des travaux d’entretien.

Le cadastre des ouvrages de protection facilite grandement leur gestion. Il contient


notamment des informations concernant le type, l’emplacement, l’état, l’âge et les di-
mensions des ouvrages répertoriés. Le système permet aussi d’enregistrer des données
relatives aux biens protégés ainsi que le nom du maître de l’ouvrage, le coût de sa
construction, le plan d’entretien, les compétences, etc. La Confédération a fixé des
principes et des exigences minimales portant sur le contenu, la structure et la tenue des
cadastres des ouvrages de protection. Les services cantonaux spécialisés collectent les
données nécessaires et tiennent leur cadastre constamment à jour (voir également
l’encadré sur la modélisation des données).
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 18

Fig. 3 > Filet pare-pierres

OFEV

2.3.4 Carte des phénomènes

La carte des phénomènes recense les caractéristiques et les indicateurs géologiques et


géomorphologiques observés sur place. L’analyse de terrain est un complément impor-
tant de la documentation des événements. Elle consiste essentiellement à cartographier
des faits, mais elle comprend aussi les interprétations objectives nécessaires. Elle sert à
identifier et à estimer les types de dangers possibles (prédisposition, mécanismes de
déclenchement, modes d’action). La carte des phénomènes est élaborée indépendam-
ment d’un quelconque degré de danger, qui sera déterminé ultérieurement.

L’analyse de terrain se fonde sur l’observation et l’interprétation des formes du terrain,


de la végétation, des conditions hydrauliques et des «témoins muets» de processus dan-
gereux antérieurs ou actuels (p. ex. blocs éboulés). Elle permet souvent d’établir la
cause, la probabilité d’occurrence et d’autres paramètres importants des événements
(p. ex. pour définir les scénarios).

Les processus dangereux et leurs manifestations sont relevés et représentés au moyen


d’une légende uniforme, développée spécialement à cet effet (Légende modulable pour
la cartographie des phénomènes, OFEE et OFEFP 1995).

> Échelle: 1:2000 à 1:25 000 selon l’usage prévu.


> Mise à jour ou vérification: lorsque la situation de danger a changé et que la carte
des dangers est révisée.
2 > Analyse de la situation 19

Fig. 4 > Carte des phénomènes


Exemple réalisé en appliquant la légende modulable. La légende de la figure ne reprend qu’une
partie des symboles utilisés, notamment ceux qui sont pertinents pour les glissements de terrain.

Processus de chute
Glissement de terrain, vitesse
>10 cm/an
Glissement de terrain, vitesse de
2 à 10 cm/an
Glissement de terrain, vitesse de
0 à 2 cm/an
Zone d’inondation par des processus
torrentiels
Dépôts de laves torrentielles
potentiels
Dépôts de laves torrentielles
Zone de transit

Zone de rupture principale Profond (>10 m)


Source Semi-profond (2–10 m)
Source captée

OFEE, OFEFP 1995

Modélisation des données et publication des documents de base sur les dangers

Les cantons rendent les documents de base accessibles au public sous une forme adaptée
afin que les intéressés directs et l’ensemble de la population soient informés aussi bien que
possible de la situation de danger (art. 15, al. 4, OFo).

Pour être à même de traiter et d’échanger les informations saisies le plus simplement pos-
sible, il faut décrire les géodonnées et les jeux de données d’une manière minutieuse et
compréhensible. Leur structure et leur contenu doivent satisfaire à certaines exigences
minimales. En outre, la loi fédérale sur la géoinformation (LGéo, RS 510.62) et l’ordon-
nance sur la géoinformation (OGéo, RS 510.620) qui en découle chargent les offices fédé-
raux compétents d’établir des modèles de données minimaux d’entente avec les cantons
(art. 66a OFo). L’annexe 1 de l’OGéo comprend un catalogue des géodonnées de base
relevant du droit fédéral. En vertu de cela, les jeux de géodonnées suivants, publiés à
l’adresse www.bafu.admin.ch/geodatenmodelle [FR], doivent être modélisés:

> «Cadastre des dangers», doté de l’identificateur 167.1 (correspond au cadastre des
événements naturels selon le § 2.3.2)
> «Cadastre des ouvrages de protection contre les crues», doté de l’identificateur 81.2
(correspond au cadastre des ouvrages de protection et inclut les données relevant du
cadastre qui concernent tous les processus dangereux selon le § 2.3.3)
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 20

Pour élaborer ces produits, les cantons doivent tenir compte des modèles de données défi-
nis par la Confédération. Ils comprennent deux parties: le «modèle de données minimal»
selon la législation sur la géoinformation, qui revêt un caractère obligatoire, et le «modèle
de données étendu», qui a valeur de recommandation.

Pour en savoir plus

> Légende modulable pour la cartographie des phénomènes (OFEE et OFEFP 1995)
> Modèles de géodonnées: www.bafu.admin.ch/geodatenmodelle [FR]

2.4 Effets des mesures de protection existantes

Les forêts protectrices, les ouvrages de protection et les mesures d’organisation comp-
tent parmi les mesures de protection existantes. L’incidence des forêts protectrices doit
être prise en compte dans l’évaluation des dangers et documentée dans le rapport tech-
nique (p. ex. en appliquant la méthode Protect-Bio).

Des ouvrages de protection sont érigés pour assurer la défense contre les processus
naturels en diminuant leur intensité ou leur probabilité d’occurrence. Mais les risques
encourus par les personnes et par les biens ne sont réduits durablement que si les
ouvrages et autres mesures de protection mis en œuvre ont l’effet escompté lors d’un
événement. Leur fonctionnement doit être assuré tout au long de leur durée de vie pré-
vue. L’évaluation de leurs effets tiendra compte de ce qui se passe en cas de surcharge.
Face à cette situation, leur entretien revêt un caractère prioritaire et requiert une orga-
nisation efficace à long terme.

Les ouvrages de protection sont sujets à une usure continue, si bien que leur état doit
être examiné régulièrement, en particulier à l’issue d’un événement. De nombreux
ouvrages construits au XIXe siècle et au début du XXe arrivent en fin de vie et doivent
être renouvelés. De plus, le dimensionnement de nombreux ouvrages existants a été
réalisé sur la base de connaissances et d’expériences datant d’une période plutôt
épargnée par les événements extraordinaires (entre 1927 et 1977).

2.4.1 Prise en compte des ouvrages de protection dans l’évaluation des dangers

Les ouvrages de protection ne peuvent être pris en compte dans l’évaluation des dan-
gers que si leur fiabilité est avérée, car cela peut influencer la transposition des dangers
dans l’aménagement du territoire et le dimensionnement des nouveaux ouvrages. Les
effets de ces mesures sont évalués en trois étapes:

> évaluation sommaire: elle comprend une estimation de l’importance des ouvrages de
protection (effet pertinent ou non) et permet de décider s’il y a lieu de procéder à
une évaluation détaillée;
2 > Analyse de la situation 21

> évaluation de la fiabilité: elle tient compte de la sécurité structurale, de l’aptitude au


service et de la durabilité des ouvrages (voir encadré au § 2.4.2);
> évaluation de l’effet: elle quantifie l’incidence des ouvrages sur le déroulement des
processus en examinant plusieurs scénarios qui impliquent diverses intensités et
probabilités d’occurrence.

Les ouvrages de protection doivent déployer en permanence (pendant 50 ans) des effets
quantifiables avec une marge de sécurité appropriée. La prise en compte des mesures
de protection présuppose que le système dans son ensemble et chaque ouvrage en par-
ticulier soient entretenus. Il y a lieu de réexaminer périodiquement l’état des ouvrages
et la situation de danger. Ils peuvent aussi faire l’objet d’une surveillance (voir § 4.10).
Un ouvrage qui présente des carences perd de son efficacité et peut même induire des
dangers supplémentaires. Un seul élément inapte au service peut déjà diminuer la pro-
tection offerte. La situation est critique lorsque la défaillance d’un seul élément com-
promet le fonctionnement de tout un système.

Les principes suivants s’appliquent par ailleurs:

> Si les effets d’une mesure sur un processus donné sont moindres que les incertitudes
entourant l’évaluation de ce processus, la mesure considérée n’est pas prise en
compte.
> Quatre scénarios sont en principe examinés: trois correspondent à des événements
de probabilité d’occurrence élevée, moyenne et faible et un correspond à un événe-
ment extrême de probabilité d’occurrence très faible. Les enchaînements et les com-
binaisons de processus sont aussi étudiés.
> Toute mesure est examinée pour elle-même et en regard de l’ensemble du système
auquel elle appartient.

2.4.2 Prise en compte des mesures d’organisation dans l’évaluation des dangers

Les mesures d’organisation, qui relèvent de la préparation, ne sont pas prises en


compte dans l’évaluation des dangers, contrairement aux ouvrages de protection per-
manents. Les systèmes de surveillance, d’alerte et d’alarme atténuent certes les risques
encourus par les personnes (p. ex. en leur interdisant l’accès à une zone menacée) et par
les biens. Mais ils n’ont généralement aucun effet sur les processus dangereux eux-
mêmes. Autrement dit, les mesures temporaires, dont la fiabilité et la disponibilité ne
sont pas assurées dans toutes les situations, n’ont aucune répercussion sur les cartes des
dangers.

Sécurité structurale

La résistance d’un ouvrage aux actions résultant des scénarios considérés est vérifiée. Si sa
résistance est insuffisante, l’ouvrage est peu fiable.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 22

Aptitude au service

L’aptitude au service d’un ouvrage décrit sa faculté à fonctionner conformément aux exi-
gences d’utilisation auxquelles il doit satisfaire (p. ex. hauteur utile d’un filet) pendant la
durée de sa mise en œuvre.

Durabilité

La sécurité structurale et l’aptitude au service d’un ouvrage devraient satisfaire aux exi-
gences posées pendant une longue période, dans les limites des actions prévisibles.

Fiabilité

Pour être très fiable, un ouvrage doit remplir les exigences en matière de sécurité struc-
turale, d’aptitude au service et de durabilité (mesure pleinement efficace). Une fiabilité
limitée entraîne une efficacité réduite. Lorsqu’un ouvrage est peu fiable (effet nul, voire
négatif), il faut s’attendre à ce qu’il cède.

Évaluation de l’effet

L’effet d’un ouvrage est évalué en fonction de sa fiabilité; il quantifie son incidence sur le
déroulement d’un processus.

Pour en savoir plus

> Norme SIA 260 «Bases pour l’élaboration des projets de structures porteuses»
> Norme SIA 261 «Actions sur les structures porteuses»
> Norme SIA 269 «Bases pour la maintenance des structures porteuses»
> Norme SIA 269/1 «Maintenance des structures porteuses – Actions»
> Romang H. (éd.) 2008: Efficacité des mesures de protection. Stratégie «Dangers natu-
rels» Suisse. Projet A 3. Plate-forme nationale «Dangers naturels» PLANAT, Berne

2.5 Exigences à satisfaire lors de l’évaluation des dangers

Les exigences à satisfaire lors de l’évaluation des dangers croissent en fonction du ni-
veau de détail de l’étude. C’est pourquoi on distingue trois niveaux correspondant aux
échelles E1 à E3:

Niveau 1: carte indicative des dangers (échelle sommaire, E1)


Niveau 2: carte des dangers (échelle moyenne, E2)
Niveau 3: étude relative à un projet de construction ou étude de détail (échelle fine, E3)
2 > Analyse de la situation 23

E1: Exigences concernant la carte indicative des dangers

La carte indicative des dangers donne un aperçu de l’occurrence spatiale des processus E1 = échelle 1
dangereux et indique ainsi où quelque chose peut se produire. Elle est censée signaler
autant que possible tous les périmètres susceptibles d’être touchés par des mouvements
de terrain. La carte indicative ne différencie pas les degrés de danger – définis par une
intensité et une probabilité d’occurrence. Elle indique seulement s’il existe un danger
potentiel (classification de type «oui/non»).

E2: Exigences concernant l’établissement de la carte des dangers

La carte des dangers est utilisée aux échelons communal et cantonal pour transposer la E2 = échelle 2
situation de danger dans l’aménagement du territoire (plan d’affectation). Elle doit
donc subdiviser aussi précisément que possible le périmètre affecté en degrés de dan-
ger. Cette carte est généralement établie à l’échelle du 1:5000 ou du 1:10 000. Elle sera
éventuellement plus précise (p. ex. 1:2000) ponctuellement ou dans des cas particuliers.
La carte des dangers, qui distingue cinq degrés de danger, offre un contenu et une
résolution spatiale plus détaillés que la carte indicative des dangers.

La carte des dangers, la carte des intensités et le rapport technique qui les accom-
pagnent contiennent des indications exhaustives sur les causes, le déroulement, l’exten-
sion spatiale, l’intensité et la probabilité d’occurrence des mouvements de terrain sus-
ceptibles de survenir. L’évaluation des dangers qu’ils occasionnent commence par
l’établissement d’une documentation qui indique les dangers existants. Les événements
passés fournissent des informations sur les processus et leur extension spatiale, sous
forme d’observations, de photos ou de mesures. Les résultats obtenus sont consignés
dans un cadastre des événements naturels et représentés sur un fond cartographique.

Synthèse des documents nécessaires pour établir le dossier d’une carte des dangers:

> Cadastre des événements naturels et documentation des événements (StorMe).


> Carte des phénomènes à l’échelle 1:10 000 ou plus fine.
> Cadastre des ouvrages de protection avec évaluation de leurs effets.
> Cartes des intensités afférentes aux scénarios décrivant les événements de période de
retour égale à 30 ans, 100 ans et 300 ans, ainsi que l’événement extrême si néces-
saire.
> Rapport technique contenant tous les calculs, modélisations et explications néces-
saires.
> Coupes transversales ou trajectoires annexées dans le cas des processus de chute et
des glissements de grande ampleur.
> Cartes des dangers à cinq degrés avec le périmètre des zones étudiées.

E3: Exigences concernant les projets de construction et les études détaillées

Les projets de construction et les processus complexes requièrent un traitement appro- E3 = échelle 3
fondi, qui dépasse les travaux habituellement accomplis pour établir une carte des dan-
gers. Cette étude détaillée porte par exemple sur un projet d’ouvrage de protection, son
dimensionnement, un risque important ou une pente spécialement dangereuse. Les
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 24

évaluations complexes, éventuellement contestées, qui font l’objet d’une expertise re-
lèvent aussi du niveau E3. En règle générale, les cartes détaillées sont établies à
l’échelle 1:5000 ou plus fine. Les projets de construction, en particulier ceux qui
concernent des ouvrages de protection, sont usuellement représentés à l’échelle 1:2000
ou plus fine.

Les projets de construction (niveau E3) subventionnés par la Confédération requièrent


tous les produits liés à la carte des dangers (niveau E2), ainsi que d’autres si le travail
nécessaire à leur établissement est proportionné en regard du risque, ce qui est apprécié
de cas en cas:

> Modèle géologique incluant les caractéristiques des matériaux.


> Modèle hydrogéologique lorsque l’eau joue un rôle déterminant.
> Données quantitatives sur les déplacements, les vitesses et les déformations par cisail-
lement.
> Forages dans le cas des glissements profonds générant un risque élevé.
> Résultats des modélisations des processus de chute, y compris les énergies et les
hauteurs de rebond à l’emplacement des ouvrages de protection (en vue de les di-
mensionner).
> Modélisation des processus de glissement et d’écoulement.
> Évaluation quantitative de l’effet des ouvrages de protection.
> Carte des intensités et des dangers avant et après la réalisation de mesures.

2.6 Produits cartographiques liés aux dangers

Pour être à même de gérer les risques, il faut d’abord décrire et évaluer les dangers. Les
principaux produits obtenus au terme de l’évaluation des dangers sont des cartes des
intensités et des cartes des dangers. Elles seront exploitées pour établir le besoin d’agir,
analyser les risques (chap. 3) et planifier des mesures de protection (chap. 4).

Les cartes des dangers sont des représentations spatiales des dangers dus aux mouve-
ments de terrain et des menaces qui en résultent pour les personnes, les biens, l’envi-
ronnement et d’autres valeurs. Elles sont nécessaires – conjointement avec les cartes
des intensités et d’autres documents – pour expliquer les dangers aux autorités et aux
intéressés. Ils en ont besoin pour déterminer le besoin d’agir et concevoir des mesures
appropriées (mesures de précaution, de maîtrise des événements extraordinaires, etc.).

L’analyse des dangers doit être confiée à des spécialistes chevronnés. Les services
cantonaux en charge des dangers naturels sont responsables de son contenu. Il faut col-
lecter et examiner de nombreux documents, qui portent non seulement sur les proces-
sus avérés dans un périmètre donné, mais aussi sur les processus présumés et imagi-
nables (voir § 2.10 «Définition des scénarios»):

> Événements documentés.


> Événements non détectés à l’endroit considéré, mais qui se sont produits dans des
régions ou des situations comparables.
2 > Analyse de la situation 25

> Événements susceptibles de se produire dans le secteur considéré compte tenu de


tous les critères examinés.

Les principaux produits issus de l’évaluation des dangers sont décrits ci-après.

2.6.1 Carte indicative des dangers

La carte indicative des dangers fournit une vue d’ensemble sommaire de la situation de
danger. Elle répertorie les endroits potentiellement menacés sur l’intégralité d’une
vaste surface, mais sans mentionner le degré de danger (fig. 5). Chaque type de proces-
sus fait l’objet d’une carte distincte. Basée sur des documents géoscientifiques ou sur
des modélisations, la carte indicative des dangers est validée par comparaison avec le
cadastre des événements. Elle peut contenir des inexactitudes de délimitation spatiale
et ne pas décrire précisément la menace dans chaque cas. Elle ne comprend que des
indications, non des faits vérifiés, au sujet des dangers. Elle n’est utilisée qu’en l’ab-
sence de carte des dangers contraignante (p. ex. hors des zones urbanisées) ou pour
donner une vue d’ensemble spécifique.

On peut en déduire, avec un minimum de moyens, les lieux de conflits possibles entre
le danger et l’affectation.

> Usage: document de base pour établir le plan directeur cantonal, identifier les sec-
teurs de conflits, examiner les demandes de permis de construire hors des périmètres
couverts par les cartes des dangers, fixer des priorités lors de l’élaboration des cartes
des dangers.
> Précision: faible, peut contenir des inexactitudes, non vérifiée sur place.
> Échelle: 1:10 000 à 1:50 000.
> Périmètre: généralement un canton (ou une région ou une commune).
> Mise à jour: périodique, dans le cadre du plan directeur.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 26

Fig. 5 > Carte indicative des dangers de chute de pierres et de blocs


Le mode de représentation d’une carte indicative des dangers peut varier, en distinguant par
exemple les événements documentés des événements supposés, ou encore en faisant figurer les
mouvements de terrains modélisés.

zones d’arrachement
potentielles
zones de transit et de dépôt
potentielles
canton de Vaud, projet CDN-VD, GEODE-DN

2.6.2 Carte des intensités

La carte des intensités indique, par classe de probabilité (élevée, moyenne, faible, très
faible), les intensités des processus dangereux auxquels il faut s’attendre (fig. 6). Des
valeurs limites sont assignées pour échelonner l’intensité de chaque processus. Elle est
estimée en appliquant des grandeurs adaptées au processus considéré (p. ex. l’énergie
dans le cas des processus de chute, voir § 2.9).

Ainsi utilisée pour établir la carte des dangers, la carte des intensités a de nombreux
autres usages. L’énergie et sa répartition spatiale servent par exemple à dimensionner
des ouvrages de protection (capacité d’absorption énergétique, emplacement approprié,
etc.).

> Usage: document de base pour élaborer les cartes des dangers et analyser les risques
(EconoMe); instrument pour planifier des mesures d’urgence, protéger des objets ou
concevoir des ouvrages de protection.
> Contenu: intensités différenciées en quatre classes (forte, moyenne, faible, nulle)
dans le cadre de chaque scénario.
> Précision: élevée (comme pour la carte des dangers).
> Échelle: 1:2000 à 1:10 000 (comme pour la carte des dangers).
> Périmètre: région, commune (partie du territoire; comme pour la carte des dangers).
> Mise à jour: comme pour la carte des dangers.
2 > Analyse de la situation 27

Fig. 6 > Carte des intensités de chutes de pierres et de blocs


Période de retour 100 ans.

intensité forte
intensité moyenne
intensité faible
intensité nulle
canton de Vaud, projet CDN-VD, GEODE-DN

2.6.3 Carte des dangers

La carte des dangers et le rapport technique qui l’accompagne contiennent des indica-
tions détaillées sur les causes, le déroulement, l’extension spatiale, l’intensité et la pro-
babilité d’occurrence des dangers naturels (fig. 7). La carte des dangers revêt un carac-
tère obligatoire pour les autorités. Elle constitue la base technique de référence pour la
prise en compte des dangers naturels lors de l’élaboration des plans d’affectation
communaux (plans d’aménagement locaux). Elle peut aussi servir à planifier et ordon-
ner des mesures de protection d’objets et à établir des plans d’urgence. La carte des
dangers n’indique toutefois pas les risques liés aux processus qu’elle décrit.

> Usage: document de base pour utiliser le territoire d’une manière adaptée, délimiter
les zones de danger dans le plan d’affectation, formuler des exigences de construc-
tion, planifier des mesures.
> Contenu: indication précise des types de danger, extension des zones menacées
assorties du degré de danger respectif (cinq degrés, échelonnés en fonction de l’in-
tensité et de la probabilité d’occurrence), documentation détaillée.
> Précision: élevée, délimitation précise (précision parcellaire).
> Échelle: 1:2000 à 1:10 000.
> Périmètre: région, commune ou partie de territoire (territoire non couvert en entier,
le périmètre d’investigation étant fixé le plus largement possible, en prévision de
l’avenir, dans un but de prévention).
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 28

> Mise à jour: périodique, par exemple dans le cadre d’une révision du plan d’affecta-
tion; lorsque la situation de danger a changé notablement (p. ex. après la réalisation
de mesures de protection ou en cas de modification des conditions naturelles);
lorsque de nouvelles méthodes ou de nouveaux documents permettent d’améliorer
notablement l’évaluation des dangers; à l’issue d’événements (divergence avec les
scénarios ou les effets évalués).

Fig. 7 > Carte des dangers de chute de pierres et de blocs

danger élevé
danger moyen
danger faible
danger résiduel
aucun danger

canton de Vaud, projet CDN-VD, GEODE-DN

Modélisation des données et publication des cartes des dangers

Les cantons rendent les documents de base sur les dangers accessibles au public sous une
forme adaptée afin que les intéressés directs et la population soient informés le mieux pos-
sible des dangers existants (art. 15, al. 4, OFo).

Modèle de géodonnées:
> «Carte des dangers», dotée de l’identificateur 166.1 (correspond à la carte indicative
des dangers, à la carte des intensités et à la carte des dangers, selon les § 2.6.1 à 2.6.3).

Pour en savoir plus

> Cartes des dangers: www.bafu.admin.ch/dangers-naturels > Informations pour spécia-


listes: eau, … > Situation de danger et … > Données de base sur les dangers > Cartes
des dangers, …
> Modèles de géodonnées: www.bafu.admin.ch/geodatenmodelle [FR], dont Modèle de
géodonnées pour la cartographie des dangers, OFEV 2015
2 > Analyse de la situation 29

2.7 Évaluation des dangers au moyen du diagramme intensité-probabilité

Le mode d’établissement de la carte des dangers découle essentiellement d’objectifs


d’aménagement du territoire, c’est pourquoi elle ne comprend que trois degrés de
danger et une zone de danger résiduel correspondant à une probabilité d’occurrence
très faible. Si aucune menace n’a été identifiée dans un périmètre évalué, celui-ci reste
blanc. La subdivision des degrés de danger se base sur des critères homogènes portant
sur les atteintes possibles aux personnes et aux biens. Le but est que tous les processus
naturels dangereux soient traités de la même manière. Cette comparabilité est impé-
rativement nécessaire pour prendre, de manière coordonnée, des mesures d’aménage-
ment du territoire, pour concevoir des ouvrages de protection, ou encore dans une pers-
pective plus globale. Ces critères généraux sont évalués uniformément dans le cas des
avalanches, crues et mouvements de terrain (BFF et EISLF 1984, OFEE et al. 1997,
OFAT et al. 1997).

Deux paramètres sont déterminants pour graduer l’importance de la menace imputable


au processus considéré: l’intensité et la probabilité (ou la période de retour). Ils sont
couplés dans un diagramme intensité-probabilité (fig. 8), aussi nommé diagramme des
degrés de danger. Celui qui décrit les mouvements spontanés comporte neuf cases et
celui qui décrit les glissements permanents et les processus d’effondrement en a trois
(probabilité indifférenciée). Les processus spontanés et permanents se distinguent
comme suit:

Les processus spontanés sont des phénomènes qui surviennent brusquement, sans
mouvement précurseur ni signe annonciateur de vitesse élevée. Citons par exemple les
processus primaires (se produisant pour la première fois), les réactivations et les rup-
tures partielles, qui prennent naissance dans la zone d’arrachement ou dans la zone
frontale et qui présentent une activité élevée. Ils peuvent être assortis d’une probabilité
d’occurrence. Les processus permanents (continus) ne sont en revanche pas classifiés
en fonction des différentes probabilités d’occurrence – elle est toujours égale à 100 %.
Les glissements permanents peuvent aussi être sujets à des variations de vitesse (accé-
lérations, ralentissements), qui sont prises en compte dans l’évaluation des dangers par
le biais des critères définissant l’intensité (fig. 11).
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 30

Fig. 8 > Diagrammes intensité-probabilité appliqués aux mouvements de terrain permanents (à gauche) et spontanés (à droite)
Les chutes de glace sont évaluées à l’aide du diagramme de droite, comme les chutes de pierres. Les tassements sont traités à
l’aide du diagramme de gauche, comme les glissements permanents, conformément à la définition donnée à l’annexe A2. La
prédisposition à l’effondrement ou à l’affaissement (y compris la formation de dolines) est subdivisée en trois classes – faible,
moyenne ou forte; le degré de danger – jaune, bleu ou rouge – est déterminé à l’aide du diagramme de gauche, de la même
manière que les classes d’intensité appliquées aux glissements permanents. Explications complémentaires dans le texte et aux
chapitres suivants

forte - éboulement
- écroulement
forte

3 9 8 7
Intensité

Intensité
moyenne

moyenne

2 6 5 4 - chute de pierres
- chute de blocs
- glissement de terrain - chute de glace
faible

faible

permanent (y c. tassement) - glissement de terrain spontané


1 - effondrement et affaissement 3 2 1 - coulée de boue
élevée moyenne faible très faible
Probabilité

Les degrés de danger indiquent le niveau de la menace qui pèse sur les personnes, les
animaux, les bâtiments, les infrastructures et les biens d’une valeur notable, en tenant
compte du fait que les personnes sont généralement plus en sécurité dans les bâtiments
qu’en plein air.

Tab. 1 > Signification des degrés de danger


Il y a lieu de se référer à l’annexe 4 (tab. 6) et à la publication intitulée «Aménagement du
territoire et dangers naturels» (ARE et al. 2005) en ce qui concerne leur transposition dans
l’aménagement du territoire.

Degré de danger Signification

Rouge:  Les personnes sont en danger aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments.
danger élevé  Il faut s’attendre à la destruction rapide de bâtiments
ou
 Les événements se manifestent avec une intensité plutôt faible, mais une probabilité
d’occurrence élevée. Dans ce cas, les personnes sont surtout menacées à l’extérieur
des bâtiments. Les bâtiments subissent d’importants dégâts ou ils deviennent
inhabitables.
Bleu:  Les personnes sont en danger à l’extérieur des bâtiments, mais peu ou pas à l’intérieur.
danger moyen  Il faut s’attendre à des dégâts aux bâtiments, mais pas à leur destruction rapide, pour
autant que leur mode de construction soit adapté aux conditions en présence.
Jaune:  Le danger pour les personnes est faible ou inexistant.
danger faible  Il faut s’attendre à de faibles dégâts aux bâtiments, dont l’utilisation peut être entravée.
Hachuré jaune/blanc:  Les dangers de probabilité d’occurrence très faible peuvent être signalés par un hachuré
danger résiduel jaune-blanc. La zone hachurée en jaune-blanc est une zone de sensibilisation qui met
en évidence un danger ou un risque résiduel.
 La délimitation des zones de sensibilisation doit être restrictive. Elle tiendra compte du
type de phénomène et du potentiel de dommages.
Blanc  Aucun danger ou danger négligeable en l’état des connaissances actuelles.
2 > Analyse de la situation 31

Le degré de danger est défini séparément pour chaque source de danger et chaque
processus. Il est assorti d’un indice dans la carte des dangers. Les abréviations sui-
vantes s’appliquent aux mouvements de terrain:

> Chute de pierres et de blocs: CPB


> Éboulement: CEB
> Écroulement: CEC
> Glissement superficiel: GSU
> Glissement semi-profond: GSP
> Glissement profond: GPR
> Coulée de boue: CB
> Effondrement et affaissement (y c. dolines): D

Le type de mouvement des glissements de terrain peut être complété par un indice
supplémentaire: permanent (P) ou spontané (S).

Le numéro de la case du diagramme intensité-probabilité (chiffre 1–9, ou 1–3 dans le


cas des glissements permanents et des processus d’effondrement, voir fig. 8) est ajouté
à l’abréviation du processus. L’indice CPB8 décrit par exemple des chutes de pierres et
de blocs d’intensité forte et de probabilité d’occurrence moyenne (case 8).

Si un périmètre est menacé par plusieurs dangers, c’est celui dont le degré est le plus
élevé qui est déterminant pour établir la carte des dangers. Les degrés de danger ne
s’additionnent pas pour atteindre un degré supérieur. Exemple: un danger moyen (bleu)
dû à une coulée de boue et un autre danger moyen (bleu) dû à un glissement de terrain
donnent toujours un danger moyen (bleu) et non un danger élevé (rouge). Cela est dû
au fait que le danger imputable à un processus n’est généralement pas accru par la
superposition et qu’il est possible de prendre des mesures de protection contre chaque
processus. Par contre, la probabilité d’occurrence d’un dommage augmentera éventuel-
lement en cas de chevauchement, ce qui aura pour effet d’accroître le risque. Il faut en
outre examiner l’influence des interactions entre les processus sur l’intensité des
événements.

2.8 Critères d’évaluation de la probabilité

La méthode décrite dans la présente aide à l’exécution assigne une probabilité d’occur-
rence à chaque processus. La notion de période de retour est maintenant bien établie
dans le domaine de la protection contre les crues et les avalanches. Ici, une probabilité
d’occurrence annuelle est conférée aux mouvements de terrain. Les deux expressions
sont mathématiquement réciproques:

P y = 1/T

P y = probabilité d’occurrence annuelle


T = période de retour
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 32

La probabilité d’occurrence annuelle est une valeur statistique qui décrit la survenance
d’un événement. Quand Py vaut 0,033, la probabilité que l’événement en question se
produise au cours d’une année est de 3,3 % ou cet événement se produit en moyenne
une fois tous les trente ans. Dans le cas des mouvements de terrain, une probabilité
d’occurrence annuelle (0,033; 0,01; 0,003; <0,003) est généralement appliquée par ana-
logie avec la période de retour des crues et des avalanches (30 ans, 100 ans, 300 ans,
>300 ans). Au vu des scénarios climatiques, il faut s’attendre à un changement de ré-
gime des précipitations (quantité et intensité) et à une augmentation de la température.
Ces modifications ainsi que la fonte de la glace dans les zones glaciaires et périgla-
ciaires (p. ex. pergélisol) seront prises en compte dans la mesure du possible.

La probabilité d’occurrence annuelle permet de calculer la probabilité d’occurrence


pendant une période donnée (p. ex. la durée de vie d’un bâtiment):

P n = 1 – (1 – P y )n

avec: n = période considérée


P y = probabilité d’occurrence annuelle
P = probabilité d’occurrence

L’évaluation de la probabilité d’occurrence des mouvements de terrain peut être amé-


liorée par une surveillance ou un monitoring, selon les circonstances (voir chap. 4). En
particulier, les vastes compartiments rocheux glissant à grande profondeur sont suscep-
tibles de fournir, en raison de leur dynamique, des informations importantes au sujet de
leur probabilité de mobilisation et de leur évolution.

Tab. 2 > Relation entre probabilité d’occurrence et période de retour

Probabilité d’occurrence
Probabilité d’occurrence en 50 ans Probabilité d’occurrence descriptive
100 à 82 % élevée
82 à 40 % moyenne
40 à 15 % faible
<15 % très faible

Période de retour
Période de retour en années Période de retour descriptive
<30 fréquent
30 à 100 assez fréquent
100 à 300 rare
>300 très rare
2 > Analyse de la situation 33

2.8.1 La probabilité d’occurrence des processus de chute

L’analyse des événements historiques ne permet de déterminer la probabilité d’occur-


rence annuelle des mouvements de terrain qu’à certaines conditions. Dans le cas des
chutes de petit volume, par exemple de pierres ou de blocs, l’analyse de la production
d’éboulis dans la zone de dépôt est un bon moyen d’établir empiriquement la proba-
bilité d’une rupture. Dans le cas des événements de grand volume, comme les éboule-
ments et les écroulements, la probabilité d’occurrence doit en revanche être estimée en
fonction des caractéristiques de la zone d’arrachement potentielle. Les géologues l’éva-
luent en identifiant des processus similaires en cours et en déterminant les mécanismes
de rupture possibles. Ici également, il est essentiel d’étudier les contextes en mutation
(retrait glaciaire, drainage, augmentation de la température, etc.).

La cartographie des dangers englobe plusieurs méthodes aidant à déterminer la proba-


bilité d’occurrence des processus de chute:

> L’analyse géologique de la roche dans la zone de provenance ou d’arrachement,


aussi nommée zone de production; elle permet d’évaluer la probabilité de rupture ou
d’accélération d’un compartiment rocheux; cette approche comprend une analyse
structurale et un levé des discontinuités et des zones de rupture.
> L’observation des «témoins muets» présents dans le cône d’éboulis ou dans la zone
de dépôt; les pierres et les blocs éboulés sont assignés à une classe de probabilité à
l’aide du cadastre des événements naturels.

Toutes les observations et informations acquises sont intégrées dans la définition des
scénarios.

2.8.2 La probabilité d’occurrence des processus de glissement

La probabilité d’occurrence des glissements permanents est égale à 1 (ou 100 %), ce
qui signifie que l’événement s’est déjà produit et est en cours. C’est pourquoi il est
recommandé de commencer par déterminer la vitesse moyenne pluriannuelle (v) pour
évaluer le danger. Puis on considère la vitesse accrue (vmax). La vitesse varie en fonc-
tion de plusieurs facteurs, parmi lesquels les précipitations, le niveau d’eau à l’intérieur
du massif, le mécanisme de glissement, la profondeur et le volume de l’instabilité
jouent un rôle important. L’ampleur de l’analyse augmente et les possibilités d’appré-
hender l’ensemble de la situation diminuent lorsque le volume mobilisé, la profondeur
du glissement et les circulations d’eaux souterraines croissent.

La plupart des glissements actifs sont épisodiquement sujets à des vitesses accrues ou à
des accélérations (vmax) rares (Py = 0,01) à très rares (Py = 0,003). Il faut donc tenir
compte des développements et des scénarios défavorables, tels que rupture spontanée,
processus primaire («first move»), processus secondaire («second move»), crue con-
comitante au glissement, etc. L’accélération d’un glissement est susceptible d’accroître
son étendue et de mobiliser des compartiments substables ou inactifs jusqu’alors. Les
accélérations et les réactivations surviennent principalement lorsque la pression d’eau
dans les pores ou dans les discontinuités croît fortement. Une carte détaillée des phéno-
mènes permet de localiser ce danger dans un bon nombre de cas (Raetzo et Rickli
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 34

2007). La probabilité de présence d’une instabilité dans un terrain meuble en équilibre


précaire et qui n’a encore jamais bougé (glissement potentiel) peut être évaluée à l’aide
de calculs et de modèles. En terrain rocheux, cette approche implique des hypothèses
géomécaniques.

Un cas particulier de glissement actif se présente lorsqu’une surface de glissement secon-


daire génère une rupture «spontanée» au front d’un glissement de terrain en provoquant
une forte accélération d’un compartiment de la masse mobilisée. Les processus rapides
comme celui-ci sont traités au point suivant. L’étude des scénarios d’accélération doit
inclure l’extension du glissement de terrain, la formation de surfaces de glissement
secondaires et l’amplification des mouvements différentiels.

Les glissements spontanés peuvent:

> revêtir la forme de glissements translationnels ou rotationnels, superficiels à semi-


profonds, qui se produisent rapidement et spontanément sans signe précurseur ni
mouvement préalable; lors des intempéries de ces dernières années, des processus
spontanés de ce type se sont fréquemment manifestés après un pic de précipitations;
le volume de la masse mobilisée peut atteindre 100 000 mètres cubes; la méthode
décrite à la fig. 9 s’applique pour déterminer la probabilité d’occurrence d’un glisse-
ment superficiel («first move») qui se transformera en coulée de boue («second
move»);
> concerner une partie d’un glissement profond qui, par exemple, glisse spontanément
ou se détache au front très raide du glissement principal sous l’effet d’une vitesse
élevée ou de l’érosion fluviale; la probabilité d’occurrence d’une telle rupture dé-
pend des caractéristiques géotechniques et de la vitesse du glissement principal, des
conditions hydrogéologiques et de la vitesse de l’érosion active dans un éventuel
cours d’eau voisin; en général, une (nouvelle) surface de glissement secondaire est
activée lorsqu’une masse glisse spontanément; son volume peut atteindre plusieurs
millions de mètres cubes dans certains cas rares: son énergie et ses effets sur les
bâtiments sont comparables à ceux des éboulements.

La probabilité d’occurrence indique si un changement de situation est susceptible


d’activer un glissement de terrain. La probabilité d’activation dépend étroitement des
conditions météorologiques. C’est ainsi, par exemple, que des précipitations persis-
tantes, éventuellement combinées avec la fonte des neiges, sont de nature à réactiver un
glissement inactif.

Un cas particulier de glissement inactif se présente lorsqu’un glissement est susceptible


d’apparaître là où il n’y a jamais eu de mouvement auparavant. En cas d’intempérie,
des glissements surviennent parfois inopinément ou «spontanément» dans des pentes
inactives jusqu’alors («first move»). Le risque de glissement superficiel peut être éva-
lué sur place en cartographiant les phénomènes, en mesurant la déclivité de la pente, en
analysant les terrains meubles et en étudiant les écoulements à l’intérieur de la pente
(voir § 2.3.4).
2 > Analyse de la situation 35

2.8.3 La probabilité d’occurrence des processus d’écoulement

Les coulées de boue peuvent se produire sous la forme de processus initiaux («first
move») ou secondaires («second move»). C’est pourquoi la prédisposition de la zone
d’arrachement et la probabilité d’occurrence des coulées de boue présentent certaines
similitudes avec celles des glissements spontanés superficiels à semi-profonds (voir
§ 2.8.2). La masse mobilisable a généralement une épaisseur de 0,5 à 3 m et atteint plus
rarement la dizaine de mètres.

La prédisposition aux coulées de boue et les secteurs sujets à ce processus sont établis
en réalisant des investigations in situ et des modélisations. L’analyse porte sur un
périmètre géologiquement homogène, c’est-à-dire sur des terrains meubles géologique-
ment identiques ou similaires. Il faut surtout tenir compte de leurs propriétés géotech-
niques. La méthode décrite ci-après et illustrée à la fig. 9 est basée sur les travaux du
groupe de travail «Danger naturel et géologie» (AGN 2004, sur mandat de l’OFEG);
elle fournit des éléments pour évaluer la probabilité de rupture dans une zone d’arra-
chement potentielle. Dans le cadre de l’évaluation des dangers, le relevé des coulées de
boues qui se sont produites antérieurement dans le périmètre examiné revêt une impor-
tance primordiale. À défaut de données inscrites au cadastre des événements, on peut
appliquer par approximation des informations tirées de régions voisines ou d’autres
sources portant sur des unités géologiques comparables.

Les processus d’écoulement peuvent être traités par étapes:

Détermination du périmètre d’investigation Étape 1

Le périmètre d’investigation est fixé en fonction de critères géologiques, le but étant de


déterminer une prédisposition similaire. Des zones géologiquement uniformes et
homogènes sont généralement distinguées à cet effet. On distingue en principe les ter-
rains meubles de la roche en place, car ce sont le plus souvent des terrains surmontant
la roche qui sont mobilisés. Il faut aussi tenir compte des caractéristiques géotech-
niques de la roche (p. ex. granulométrie, angle de frottement interne, cohésion, plasti-
cité).

Établissement du cadastre des événements naturels et cartographie des phénomènes Étape 2

Le cadastre des événements naturels donne des renseignements au sujet des coulées de
boue et des glissements superficiels recensés. Les événements qui se sont produits
antérieurement dans le périmètre d’investigation sont levés et évalués («témoins
muets» visibles sur le terrain, indices d’instabilité, enquête auprès de la population
locale).

Les analyses des intempéries ont révélé que plus de 70 % des lieux affectés présen-
taient des traces d’événements passés. Des observations rigoureuses effectuées sur le
terrain sont ainsi indispensables lorsqu’on évalue le danger de coulée de boue.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 36

Détermination de la déclivité des zones d’arrachement Étape 3

Les résultats de l’étape 2 sont interprétés statistiquement en analysant la fréquence des


coulées de boue en fonction de la déclivité de leurs zones d’arrachement géologique-
ment homogènes (fig. 10). On en déduit la pente moyenne αm de toutes les zones
sujettes à un départ de coulée de boue, assortie d’un écart type (σ). Si la détermination
statistique de la déclivité moyenne est fondée sur un nombre insuffisant de mesures, il
est possible d’appliquer des valeurs approximatives concernant des unités géologiques
comparables situées dans des régions voisines.

En général, il y a prédisposition aux coulées de boue lorsque qu’un périmètre d’investi-


gation comprenant des pentes supérieures à 20° présente des caractéristiques géolo-
giques défavorables (étape 4). Dans certaines situations géologiques particulières, la
déclivité peut aussi être inférieure à 20° (cas exceptionnel).

Détermination des facteurs aggravants Étape 4

Différents facteurs favorisent le déclenchement de coulées de boue. Leur influence doit


être examinée de cas en cas. On la différencie en la qualifiant de forte, faible ou nulle.
L’appréciation et la pondération des facteurs considérés seront expliqués dans le rap-
port associé à la carte des dangers. La présence de mouvements de terrain actifs ou an-
ciens et l’influence potentielle de l’eau (degré de saturation, pression, force de perco-
lation) revêtent une grande importance.

Facteurs susceptibles de favoriser le déclenchement d’une coulée de boue:

> Situation dans un secteur en glissement permanent: modification de la déclivité et du


régime de circulation de l’eau due à un mouvement continu.
> Formes du terrain: par exemple, passage d’une pente faible à une pente forte (varia-
tion de la déclivité) ou situation dans une cuvette.
> Contraste de perméabilité à proximité de la surface: horizon imperméable sous-
jacent (p. ex. toit du rocher) ou couche peu perméable intercalée.
> Conditions hydrogéologiques: émergences d’eau circulant dans la pente ou dans le
versant, présence de sources ou de zones humides, apports d’eau de la roche dans le
terrain meuble (p. ex. venues d’eau karstique, circulation fissurale).
> Conditions hydrologiques: présence de zones humides, apports d’eau dans le terrain
meuble, présence en amont d’un secteur produisant de l’eau de ruissellement et/ou
de pente.
> Caractéristiques de la surface et exploitation du sol: distinction entre terrain ouvert et
forêt, surface nue sujette à l’érosion, pâturage piétiné, gradins dus au bétail, dommages
à la forêt (tempête, bostryche), peuplement défavorable (p. ex. vieille futaie), etc.
> Influences anthropiques: apports d’eau à partir d’une surface imperméable (p. ex.
route, quartier d’habitation, sol compacté, etc.), trop-plein de fontaine ou de
chambre de captage, drainage défectueux, entailles trop raides dans le terrain, etc.
2 > Analyse de la situation 37

Détermination de la probabilité de départ dans la zone d’arrachement Étape 5

La probabilité de déclenchement d’une coulée de boue est déterminée en tenant compte


de la déclivité de la pente et de l’influence des facteurs aggravants. Différentes mé-
thodes peuvent être appliquées à cet effet (voir l’annexe A3).

Fig. 9 > Étapes de la procédure suivie pour établir la probabilité d’occurrence des coulées de boue
Pour déterminer le degré de danger, il faut également évaluer leur intensité (voir § 2.9).
Evaluation de la probabilité Evaluation
d’occurrence de l’intensité (h, e)

Etape 1
Délimitation de zones géologiquement
uniformes (conditions géologiques homogènes)

Etape 2
Etablissement du cadastre des événements
et cartographie des phénomènes,
«témoins muets»

Etape 3 Etape 4
Détermination des pentes critiques: Détermination des facteurs
valeur moyenne αm et écart type σ aggravants (hydrogéologie,
géomorphologie, végétation, etc.)

Etape 5
Détermination de la probabilité d’occurrence d’un
glissement superficiel ou d’une coulée de boue

Diagramme intensité-probabilité

Degré de danger

D’autres approches sont nécessaires pour déterminer la distance d’arrêt possible. La


comparaison avec des événements bien documentés se prête bien à cet effet. La propa-
gation possible d’une coulée de boue et la probabilité qu’elle touche un objet donné
peuvent aussi être déterminées, en complément, à l’aide de modélisations.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 38

Fig. 10 > Proportion de glissements superficiels par classe de pente dans la zone d’arrachement
Les données proviennent des régions d’Appenzell, du Napf, de Sachseln, de l’Entlebuch et du
Prättigau (Raetzo et Rickli 2007). Les pentes ont été relevées chaque fois après des intempéries.
La pente moyenne de tous les glissements est proche de 32°, alors que la distribution affiche des
valeurs de 16° à 57°. Il faut par exemple s’attendre à ce que les terrains molassiques présentent
un danger lorsque la déclivité critique est supérieure à 22° et que des facteurs aggravants ont
un effet déterminant. Dans certaines régions, quelques glissements se sont produits dans des
pentes inférieures à 20°.
50
Proportion [%]

40

30

20

10

0
Pente [°] <16 16–19 20–23 24–27 28–31 32–35 36–39 40–43 44–47 48–52 53–57 >57
Entlebuch 2005 Napf 2005 Prättigau 2005
Appenzell 2002 Napf 2002
Sachseln 1997

2.9 Critères d’évaluation de l’intensité

Des valeurs seuils permettant de définir les limites des classes d’intensité forte,
moyenne ou faible sont fixées en fonction des caractéristiques physiques propres aux
différents processus. Les critères quantitatifs appliqués à cet effet se réfèrent en général
à la zone où se développe le processus, c’est-à-dire à la zone menacée, là où un poten-
tiel de dommages est présent. Une paroi en béton fortement armé peut par exemple
absorber une énergie de 300 kJ. Mais de telles données quantitatives ne sont pas tou-
jours disponibles ou leur résolution spatiale et temporelle n’est pas adéquate. Dans ce
cas, il incombe aux autorités et aux spécialistes de formuler des hypothèses appropriées
et de procéder à des simplifications.
2 > Analyse de la situation 39

Fig. 11 > Critères de détermination de l’intensité


Abréviations, explications et précisions dans les encadrés ci-après:
E = Énergie cinétique [kJ]
v = Vitesse moyenne (pluriannuelle) du glissement [cm/an]
v max = Vitesse maximale du glissement [cm/an]
md = Mouvements différentiels pendant la durée d’utilisation d’un bâtiment [cm/10 m]
p = Profondeur de la surface de glissement, épaisseur du glissement [m]
e = Épaisseur de la masse mobilisable [m]
h = Hauteur du dépôt de la coulée de boue ou du glissement de terrain [m]

Processus Intensité faible Intensité moyenne Intensité forte

1. Processus de chute
- Chute de pierres/blocs E <30 kJ 30 kJ < E <300 kJ E >300 kJ
- Eboulement -- -- E >300 kJ
- Ecroulement -- -- E >300 kJ

2. Processus de
glissement

2.1 Glissement actif, v ≤2 cm/an 2 cm/an v >10 cm/an


continu, perma- < v <10 cm/an
nent (y compris
les processus
dans le pergélisol)

vmax vmax

md md

p p

grande vmax

grands md

2.2 Glissement e <0.5 m 0.5 m < e<2 m e >2 m


spontané
h <1 m h >1 m

3. Processus e <0.5 m; 0.5 m < e<2 m e >2 m


d’écoulement
Epandage (h), d’epais- h <1 m h >1 m
Coulée de boue seur décimétrique

4. Processus Présence possible Présence avérée Présence de dolines


d’effondrement et de dolines ou roche de dolines et danger d’effondre-
d’affaissement soluble ment avérés
(p. ex. dolines)
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 40

E = Énergie cinétique [kJ]

> Une énergie de 30 kJ peut encore être absorbée par une traverse de chemin de fer en
chêne.
> Une énergie de 300 kJ peut encore être absorbée par une paroi en béton fortement
armé.
> Une énergie supérieure à 300 kJ ne peut pas être absorbée par un mur standard en
béton armé.

v max = Vitesse maximale du glissement [cm/an]

L’accélération du glissement accroît la menace et par conséquent le degré de danger. v max


est définie comme étant la vitesse maximale pendant une phase d’accélération ou après une
réactivation. Définition: v max30 est atteinte lors de l’événement de période de retour égale à
30 ans, v max100 lors de l’événement de période de retour égale à 100 ans et v max300 lors de
l’événement de période de retour égale à 300 ans.

> Variation de la vitesse du glissement (v max ) induisant l’augmentation d’un degré d’inten-
sité (flèche courte): v max30 > env. 20 cm/an ou v max100 > env. 40 cm/an ou v max300 > env.
50 cm/an.
> Variation de la vitesse du glissement (v max ) induisant l’augmentation de deux degrés
d’intensité, à savoir de l’intensité faible à l’intensité forte (flèche longue, «grande
v max »): v max30 > env. 50 cm/an ou v max100 > env. 70 cm/an ou v max300 > env. 80 cm/an.

Lorsque l’accélération est mesurée par exemple au cours d’un trimestre, il faut calculer la
vitesse annuelle correspondante: le déplacement mesuré pendant ce trimestre multiplié par
quatre donne la vitesse annuelle équivalente. Cette méthode est appliquée par analogie
pour d’autres durées.

La cartographie des dangers effectuée de façon systématique (p. ex. E2) ne bénéficie sou-
vent pas de mesures exactes de v et v max . De plus, les mesures géodésiques et les infor-
mations qui en découlent ne sont pas forcément disponibles lorsqu’on procède à une étude
détaillée (niveau E3) ou qu’on examine un glissement connu. Les autorités cantonales et
fédérales ainsi que les géomètres peuvent éventuellement fournir des données géodésiques
et des vitesses de mouvement (p. ex. données INSAR de l’OFEV). Au vu des développements
possibles et de l’incidence du changement climatique, il est également envisageable de
déterminer les accélérations potentielles sous la forme de scénarios, sans recourir à des
valeurs mesurées. Les réactivations et les accélérations potentielles peuvent notamment
être influencées par des précipitations, par la fonte de la neige, par des venues d’eaux sou-
terraines et par des processus d’érosion (p. ex. érosion du pied d’un glissement par un
torrent). Ces scénarios seront expliqués et motivés le cas échéant.
2 > Analyse de la situation 41

md = Mouvements différentiels

Les mouvements différentiels sont décrits par le déplacement différentiel absolu exprimé en
centimètres, rapporté à une largeur unitaire de 10 mètres [cm/10 m]. Leur valeur se réfère
à la durée d’utilisation du bâtiment concerné et elle est liée à sa sécurité structurale et à
son aptitude au service (p. ex. pendant une cinquantaine d’années).

> Mouvement différentiel induisant l’augmentation d’un degré d’intensité (flèche courte):
md = 2 à 10 cm/10 m.
> Mouvement différentiel induisant l’augmentation de deux degrés d’intensité (flèche
longue, «grands md»): md > 10 cm/10 m.

p = Profondeur de la surface de glissement (épaisseur du glissement)

La surface de glissement déterminante la plus élevée doit se trouver au moins à 30 m de


profondeur pour justifier une diminution de l’intensité. Le degré d’intensité ne peut être
abaissé d’un niveau que lorsque les conditions suivantes sont remplies simultanément:

1. grande masse d’un seul tenant glissant à très grande profondeur;


2. secteurs phénoménologiquement homogènes sans surface de glissement secondaire
plus proche du sol;
3. dynamique du mouvement attestée constante par des mesures géodésiques.

L’intensité peut être abaissée en vertu de la profondeur de la surface de glissement si la


vitesse atteint au maximum 20 cm/an et si les conditions 1 à 3 sont remplies.

Processus d’effondrement et d’affaissement

> Lorsque des dolines sont réparties de manière diffuse, la formation sujette à la dissolu-
tion peut être reportée largement sur la carte des dangers. Danger potentiel de dolines
→ danger faible (jaune).
> Une classe d’intensité moyenne est conférée aux processus d’effondrement et d’affais-
sement (p. ex. dans des dolines) lorsque des indices d’extension spatiale sont clairement
visibles sur le terrain. Les phénomènes de dissolution dans le karst génèrent des affais-
sements qui peuvent être rapides à très lents. Dans ce cas, le périmètre est assigné à la
classe de danger moyen (bleu).
> Lorsqu’un danger avéré d’effondrement est démontré, l’intensité est forte et on peut dé-
limiter un périmètre de danger élevé (rouge). Les formations gypseuses sont par exemple
très sensibles au lessivage, c’est pourquoi elles peuvent être attribuées à la zone de
danger élevé si un danger d’effondrement est avéré.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 42

Le danger d’affaissement diminue lorsque l’épaisseur de la couverture quaternaire aug-


mente, si celle-ci présente une autre lithologie de bonne capacité portante (p. ex. terrain
morainique de grande épaisseur).

L’évaluation des dangers doit inclure le périmètre de dolines avéré et on peut y ajouter une
zone de danger supplémentaire pour se prémunir contre les instabilités secondaires en
marge de la zone de dolines. En général, les zones de dolines sont regroupées dans un péri-
mètre délimité assez largement.

2.9.1 Intensités et types de dommages pouvant être liés aux processus de chute

L’impact de pierres et de blocs occasionne de graves dommages. De grosses fissures Intensité forte
dans les éléments porteurs des bâtiments et des trous dans les parois en maçonnerie ou
dans la toiture peuvent causer leur effondrement partiel ou total. Les personnes et les
animaux sont fortement menacés, même à l’intérieur des bâtiments, et en danger de
mort en cas d’effondrement. Les réparations sont très coûteuses. Les dommages struc-
turels sont souvent si graves que l’évacuation et la démolition des bâtiments sont iné-
vitables. L’accumulation de matériaux éboulés est susceptible d’entraver l’écoulement
d’un cours d’eau. Les conditions de stabilité sont altérées si un lac se forme derrière
cette nouvelle digue. L’instabilité ou l’érosion d’une digue submergée peut être à l’ori-
gine d’une importante crue ou lave torrentielle en aval. Les infrastructures superfi-
cielles (p. ex routes ou lignes électriques) risquent d’être endommagées directement et
coupées par des processus de chute.

L’impact de pierres occasionne d’importants dommages aux parois, selon leurs carac- Intensité moyenne
téristiques, mais sans compromettre la stabilité des bâtiments (pour autant qu’ils aient
été conçus en conséquence). Les portes sont fortement endommagées ou détruites. Les
personnes et les animaux ne sont pas en grand danger à l’intérieur des bâtiments. Les
dommages affectent la qualité de l’habitat. Les réparations sont généralement réali-
sables à un coût raisonnable. L’accumulation de matériaux éboulés risque d’entraver
l’écoulement d’un petit ruisseau. Les routes et les conduites superficielles peuvent être
endommagées et coupées momentanément.

Les pierres et les blocs peuvent perforer des parois en maçonnerie. Les personnes et les Intensité faible
animaux ne sont généralement pas en danger à l’intérieur des bâtiments, mais ils le sont
à l’extérieur. Un impact à la tête peut être fatal.

2.9.2 Intensités et types de dommages pouvant être liés aux processus de glissement

D’importantes modifications du terrain génèrent des mouvements différentiels considé- Intensité forte
rables dans le sous-sol et compromettent sérieusement la stabilité des bâtiments. Les
fissures qui se forment dans les éléments porteurs statiques des bâtiments ainsi que les
phénomènes d’affaissement et de basculement qu’ils subissent peuvent causer leur
effondrement partiel ou total. Les portes et les fenêtres sont inutilisables. Les personnes
et les animaux sont en danger à l’intérieur des bâtiments et même en danger de mort en
cas d’effondrement. Les réparations sont très coûteuses. Les dommages structurels sont
souvent si graves que l’évacuation et la démolition des bâtiments sont inévitables. Les
2 > Analyse de la situation 43

infrastructures sont gravement touchées (p. ex. routes coupées). Des conduites sont
cassées. L’écoulement de cours d’eau peut être entravé.

Les mouvements de terrain génèrent des fissures dans les murs, mais pas dans les élé- Intensité moyenne
ments structurels qui garantissent la stabilité des bâtiments. L’étanchéité des joints et
les liaisons entre les différentes parties des bâtiments sont dégradées. Les portes et les
fenêtres coincent. Les bâtiments risquent de s’incliner sous l’effet des modifications du
terrain. Les personnes et les animaux ne sont pas directement en danger à l’intérieur
des bâtiments, mais les dommages dégradent la qualité de l’habitat. Les infrastructures
sont touchées (p. ex. routes et conduites superficielles ou souterraines déformées). Les
drainages peuvent se boucher ou se casser.

Les petits mouvements de terrain occasionnent des dommages légers. Ils ne compro- Intensité faible
mettent pas la stabilité des bâtiments. Les grands ouvrages rigides ne sont généralement
pas touchés. Les bâtiments risquent de s’incliner sous l’effet des modifications du terrain.
Les personnes et les animaux ne sont pas menacés.

2.9.3 Intensités et types de dommages pouvant être liés aux processus d’écoulement

L’intensité des processus d’écoulement est décrite par l’épaisseur de la masse mobili-
sable (e) et par la hauteur du dépôt (h), conformément à la pratique bien établie. Il est
envisageable que d’autres paramètres comme la pression dynamique puissent un jour
être utilisés comme critère d’intensité, par analogie avec les avalanches.

Les classes d’intensité sont décrites comme suit:

L’impact de grandes masses de pierres, boue et bois mêlés d’eau sur les éléments por- Intensité forte
teurs des bâtiments peut occasionner de graves dommages structurels ou une destruc-
tion soudaine. Les personnes et les animaux sont fortement menacés par les risques
d’effondrement et de submersion. Les coulées de boue peuvent pénétrer dans les bâti-
ments – par les portes, les fenêtres, les baies vitrées et les autres points faibles de la
structure – et mettre en danger les personnes qui s’y trouvent. Les réparations sont
souvent très coûteuses. D’importantes modifications du terrain couplées avec l’appa-
rition de grandes surfaces d’érosion, des dépôts de pierres et des inondations coupent,
endommagent ou détruisent des infrastructures (p. ex. routes et conduites).

Les coulées de boue sont dangereuses, malgré leur faible épaisseur, à cause des maté- Intensité moyenne
riaux grossiers qu’elles charrient. L’impact de pierres et de blocs et la pénétration
d’eau peuvent endommager l’enveloppe et l’intérieur des bâtiments, sans toutefois
compromettre leur stabilité. Les coulées de boue peuvent pénétrer dans les bâtiments –
par les portes, les fenêtres, les baies vitrées et les autres points faibles de la structure –
et mettre en danger les personnes qui s’y trouvent. Les personnes et les animaux sont
aussi en danger à l’extérieur des bâtiments. La qualité de l’habitat peut être sérieuse-
ment dégradée. Les réparations sont généralement réalisables à un coût raisonnable.
Les dépôts de pierres, de boue et de bois peuvent endommager et interrompre, en parti-
culier, des installations superficielles (p. ex. routes). Les tuyaux, les conduites et les
drainages risquent d’être bouchés.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 44

Elle ne s’applique pratiquement que dans la zone de dépôt des coulées de boue, à des Intensité faible
masses de matériaux peu épaisses dont le mouvement a été freiné ou en cas de péné-
tration d’eau. L’enveloppe et l’intérieur des bâtiments subissent des dommages de
faible ampleur. La stabilité des bâtiments n’est pas du tout compromise.

2.10 Définition de scénarios

Un scénario désigne un événement ou une séquence d’événements futurs possibles. La


manière dont les mouvements de terrain se produisent effectivement dans un périmètre
donné réserve régulièrement des surprises. Un événement peut comprendre une grande
diversité de phases qui s’amplifient brusquement, évoluent de manière inattendue ou se
déroulent autrement que prévu.

Pour tenir compte de la diversité et de la complexité du déroulement des processus, on


évalue les dangers en appliquant des scénarios assortis d’une probabilité de réalisation.

Les scénarios englobent également des combinaisons et des extensions de processus


dans des zones stables, non touchées a priori. Exemple: l’érosion de la berge d’un tor-
rent provoque un glissement de terrain, il se forme une digue qui entrave l’écoulement
de l’eau, puis la digue cède brusquement et de grands volumes d’éléments solides sont
transportés vers l’aval sous la forme de matériaux charriés ou de laves torrentielles.
Ainsi, celles qui ont touché la région de Brienz lors des intempéries de 2005 sont
essentiellement imputables à des mouvements de terrain.

2.10.1 Élaboration des scénarios

Il est important d’adopter une perspective large pour élaborer les scénarios. Même les
déroulements les moins probables ne doivent pas être exclus de l’étude sans motif.
Comme les crues liées aux intempéries d’août 2005 l’ont montré, les processus à effet
de seuil, les transitions de processus et les enchaînements de processus qui sortent de
l’expérience locale doivent aussi être pris en considération («penser à l’impensable»).
Les scénarios et les processus peu probables sont donc également examinés.

Les scénarios doivent être assez représentatifs pour traiter et montrer ouvertement
toutes les évolutions envisageables. Ils doivent tenir correctement compte des effets
possibles sur le potentiel de dommages. La chronologie des événements joue parfois un
rôle déterminant.

2.10.2 Choix des scénarios

Même avec de bonnes bases scientifiques, de bons modèles d’estimation et de calcul et


de bonnes aides techniques, l’élément décisif permettant d’assurer la qualité de l’éva-
luation des dangers est en définitive une représentation claire du déroulement possible
des processus. Dans la pratique, il y a lieu de concevoir des scénarios qui décrivent les
effets des processus dans le périmètre touché de manière suffisamment représentative
pour fonder valablement l’évaluation des dangers et la planification des mesures de
protection.
2 > Analyse de la situation 45

L’argumentation et les motifs de la sélection ou non d’un scénario doivent être énoncés
de façon transparente pour que les choix effectués puissent être reproduits ultérieure-
ment. C’est pourquoi la détermination de la probabilité d’occurrence et de l’intensité
des glissements de terrain, chutes ou coulées de boue doit reposer sur des bases solides
(voir les points précédents).

L’évaluation des dangers a autant besoin de considérations qualitatives que de calculs.


C’est pourquoi les rapports techniques doivent être détaillés et développer toutes les
réflexions qui ne seraient sinon plus compréhensibles par la suite.

Les calculs inhérents aux divers scénarios sont entachés d’incertitudes, dont la gestion
est décrite au paragraphe suivant.

2.11 Gestion des incertitudes

La détermination de l’intensité et de la probabilité d’occurrence des processus naturels


est entachée d’incertitudes, qui croissent lorsque les événements examinés sortent de
l’expérience acquise. Ces incertitudes se répercutent naturellement sous forme d’im-
précisions dans l’évaluation des dangers et la planification des mesures qui en découle.
Il en résulte une certaine marge d’appréciation que les protagonistes doivent prendre en
compte.

Il est impossible de décrire exhaustivement tous les déroulements envisageables des Diversité des événements
événements. L’incidence effective des processus dans un périmètre donné réserve tou-
jours des surprises, qui influencent autant l’évaluation des dangers et la planification
des mesures que l’établissement des plans d’urgence. Un événement peut comprendre
une grande diversité de phases qui s’amplifient brusquement, évoluent de manière
surprenante ou se déroulent autrement que prévu.

Les incertitudes affectant un processus qui bénéficie de nombreuses observations conti-


nues peuvent être quantifiées à l’aide d’outils statistiques, comme les intervalles de
confiance. Cette méthode s’applique essentiellement aux événements fréquents. La
probabilité d’occurrence fournit alors l’intensité couplée en l’assortissant d’une incerti-
tude fondée sur des analyses statistiques (fig. 12).

Il est recommandé d’estimer et d’exposer, autant que faire se peut, la variabilité pos-
sible des mouvements de terrain même si les données disponibles sont éparses. Les
grands volumes et les grandes vitesses font l’objet d’extrapolations lorsque le cadastre
ne comprend que des événements fréquents de faible intensité et que les levés de
terrain indiquent l’éventualité d’un événement de grande ampleur.

L’extrapolation en direction des événements très rares requiert une prudence parti-
culière, car ils impliquent des processus à effet de seuil, de même que des transitions et
enchaînements de processus qui ne sont pas appréhendés par les données disponibles
(fig. 13). L’incertitude inhérente à ces événements sera donc estimée. Les scénarios les
décrivant doivent être bien motivés et documentés.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 46

Fig. 12 > Répartition de l’intensité pour une probabilité d’occurrence Fig. 13 > Répartition de la probabilité d’occurrence pour une
donnée intensité donnée
forte

forte
Intensité

Intensité
faible

faible
élevée Probabilité d’occurrence faible élevée Probabilité d’occurrence faible

Bezzola & Hegg 2008


3 > Besoin d’agir 47

3 > Besoin d’agir


---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

La loi fédérale sur les forêts a notamment pour but de contribuer à protéger la popula-
tion et les biens d’une valeur notable contre les glissements de terrain, l’érosion et les
chutes de pierres (art. 1, al. 2, LFo). Ce chapitre décrit la méthode préconisée pour
établir le besoin d’agir à ce sujet.

Lorsqu’un périmètre donné est exposé à un danger, les risques qui en découlent doivent
être évalués. Après avoir déterminé ces risques, le niveau de sécurité actuel est compa-
ré avec les objectifs de protection, ce qui permet d’établir un éventuel besoin d’agir et
de fixer des priorités. La démarche à suivre pour planifier ensuite des mesures est
exposée au quatrième chapitre.

3.1 Détermination des risques

La première étape comprend une analyse de l’exposition à tous les processus naturels
dangereux, sachant que les risques affectant un périmètre donné dépendent de l’en-
semble des effets possibles d’un ou plusieurs processus sur le potentiel de dommages.
La deuxième étape consiste à en analyser les conséquences pour les personnes et les
biens d’une valeur notable. Puis les risques sont déterminés dans un troisième temps.

Les risques peuvent être établis d’une manière plus ou moins détaillée:

a) Détermination qualitative: quels objets ou surfaces sont menacés, par quelles


intensités pour des périodes de retour données? Quel est leur nombre?
b) Analyse quantitative: détermination de l’ampleur des dommages possibles pour
chacun des objets menacés, en tenant compte de la probabilité d’occurrence
spatiale des processus, de la létalité et de la vulnérabilité de ces objets. Les risques
encourus par les personnes sont calculés en considérant notamment le taux
d’occupation moyen, la vitesse moyenne de déplacement et le temps de présence
effectif. On distingue le risque individuel et le risque collectif. Les risques
matériels sont calculés en appliquant la valeur effective des objets menacés
(dommages directs). Les biens matériels à protéger suivants sont pris en compte:
bâtiments, infrastructures, objets d’une grande importance économique, ressources
vitales et biens culturels. Les dommages indirects ne sont pas calculés de manière
standardisée pour toutes les composantes concernées. L’évaluation des dommages
indirects peut s’avérer importante lors d’interruptions de longue durée avec
dommages consécutifs élevés (p. ex. trafic interrompu sur un grand axe de
communication).

En général, le risque pour les personnes est évalué en considérant le risque individuel
et le risque collectif. Le risque individuel décrit l’ampleur du risque de décès encouru
par une personne exposée à un danger. Le risque collectif peut être élevé même lorsque
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 48

le risque individuel affectant chaque personne est faible (p. ex. grand nombre de vic-
times).

3.2 Niveau de sécurité et objectifs de protection

Le besoin d’agir est examiné au terme de l’évaluation des risques: sont-ils supportables
pour la société ou doivent-ils être atténués? Une tâche essentielle consiste à fixer la
limite entre les risques acceptables et les risques inacceptables. Le niveau de sécurité
visé exprime l’état de sécurité souhaité. En posant des objectifs de protection, les pro-
tagonistes définissent le niveau de sécurité qu’ils souhaitent atteindre dans leur do-
maine de compétence et leur contribution en vue d’atteindre ce niveau de sécurité. Le
domaine de responsabilité des divers protagonistes diffère largement. La présente aide
à l’exécution porte sur la responsabilité institutionnelle (p. ex. pouvoirs publics, entités
chargées d’appliquer la loi sur les forêts). Elle ne touche donc pas au domaine de la
responsabilité individuelle, dans lequel il incombe aux intéressés d’assurer eux-mêmes
leur protection (p. ex. alpinistes sortant du cadre institutionnel).

Un concept de mesures est établi lorsqu’un besoin d’agir a été identifié. Il montre si les
risques peuvent être atténués à un coût raisonnable. Les protagonistes attribuent des
objectifs aux mesures envisagées dans cette phase. La prise en compte des cartes des
dangers dans l’aménagement du territoire est une tâche permanente dans les périmètres
menacés, quelles que soient par ailleurs les mesures constructives de protection envi-
sagées (besoin d’agir au sens large). Cela permet de maintenir un état de risque donné
et de prévenir l’augmentation des risques dans le meilleur des cas.

Niveau de sécurité visé

La Confédération souhaite assurer dans toute la Suisse un niveau de sécurité com-


parable face à tous les dangers naturels qui soit écologiquement admissible, écono-
miquement proportionné et socialement acceptable.

Le niveau de sécurité visé se réfère aux effets directs des dangers naturels sur les biens
à protéger suivants:

Les dangers naturels n’accroissent pas la mortalité moyenne des personnes. Le risque Personnes
annuel moyen de décès causé par des dangers naturels est largement inférieur à la pro-
babilité moyenne de décès inhérente à la classe d’âge qui a la mortalité la plus faible en
Suisse.

Bâtiments Biens d’une valeur notable


Les bâtiments offrent une bonne protection aux personnes et aux biens qu’ils abritent.
Ils sont résistants et ne présentent aucun danger pour les personnes et pour les biens.
Les risques résiduels encourus par les personnes et par les biens sont supportables pour
les entités qui doivent les assumer.
3 > Besoin d’agir 49

Infrastructures, objets d’une grande importance ou incidence économique, ressources


vitales
Les risques encourus par les infrastructures, les objets importants pour l’économie et
les ressources naturelles vitales pour les personnes sont si faibles que la pérennité de la
collectivité est assurée, aujourd’hui comme pour les générations à venir. Des biens et
des services d’une importance vitale ne peuvent faire défaut dans une grande partie de
la Suisse que pendant un court laps de temps.

Biens culturels
Les biens culturels sont protégés contre les dangers naturels de manière à ce que leur
valeur culturelle soit préservée durablement.

Il existe d’autres valeurs auxquelles aucun niveau de sécurité visé n’est assigné, notam-
ment les animaux de rente. La législation suisse leur accorde une grande importance et
ne les considère pas seulement comme des biens matériels; leur protection incombe
toutefois à leur propriétaire.

Objectifs de protection

Les objectifs de protection expriment en termes quantitatifs la contribution d’une entité


assumant une responsabilité en vue d’atteindre le niveau de sécurité visé. Les pouvoirs
publics les utilisent pour identifier les domaines requérant une intervention de leur part.
On parle de «déficit de protection» lorsque les objectifs ne sont pas atteints. Les
pouvoirs publics étudient alors si des mesures appropriées sont susceptibles d’atténuer
les risques. Dans la pratique, les objectifs de protection servent aussi de critères pour
évaluer le besoin d’agir. Seules les autorités compétentes peuvent assigner des objectifs
de protection aux pouvoirs publics. Ils doivent être fixés en tenant compte de la struc-
ture fédéraliste de la Suisse, qui octroie une grande autonomie aux communes et aux
cantons, ainsi que des spécificités de la démocratie directe.

De nombreux cantons ont élaboré des matrices des objectifs de protection à cet effet.
L’annexe A5 en présente un exemple (ARE et al. 2005). Dans le cadre des projets
individuels selon le manuel RPT (OFEV 2011), l’Office fédéral de l’environnement
applique le critère du risque individuel de décès: un projet avec un risque dépassant
10–4 à 10–5 par an satisfait au critère d’examen. L’Office fédéral des routes a aussi fixé
des critères d’examen applicables aux routes nationales: risque individuel de décès
supérieur à 10–5 par an, risque par tronçon de 100 m supérieur à 10 000 francs par an,
risque par source de processus dangereux supérieur à 10 000 francs par an.

Objectifs des mesures

La mise en œuvre de mesures appropriées a pour but de diminuer ou d’éliminer les


déficits de protection existants. La sécurité atteinte correspond à l’effet cumulé de
toutes les mesures (d’aménagement du territoire, techniques et d’organisation). Les
entités assumant une responsabilité assignent des objectifs aux mesures qu’elles pré-
voient de prendre contre les dangers naturels. Elles se réfèrent aux objectifs de pro-
tection, mais elles ont le droit de les réexaminer et de les ajuster de manière motivée
vers le bas ou vers le haut lors de l’optimisation réalisée dans le cadre de la planifica-
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 50

tion intégrée des mesures. Les autorités fixent dans cette phase les priorités relevant du
domaine institutionnel, en accordant la même importance à tous les volets du dévelop-
pement durable. Dans certains cantons, le critère appliqué sera par exemple la disponi-
bilité des routes cantonales et communales.

Il est permis d’atteindre un niveau de sécurité supérieur à celui qui était visé, pour
autant que cela soit justifié d’après les critères du développement durable. La Confé-
dération vérifie alors comme d’habitude si le montant des mesures prévues est justifié.
Le risque résiduel accepté est endossé par différents protagonistes.

Dans certains cas bien fondés, le niveau de sécurité atteint peut aussi être inférieur à
celui qui était visé. Il arrive en effet que le déficit de protection ne puisse pas être com-
blé moyennant une dépense raisonnable ou que les impératifs du développement du-
rable ne soient pas satisfaits. Par exemple, la protection de la nature et du paysage
prend parfois le pas sur la diminution des risques. Dans une telle situation, il est néces-
saire d’examiner différentes options pour trouver une solution optimale et durable. Les
objectifs assignés aux mesures prévues dans le cadre d’un projet peuvent alors s’écarter
des objectifs de protection. Ils sont déterminés dans le cadre de la planification des
mesures en soupesant soigneusement les intérêts en jeu. C’est ainsi que les objectifs
doivent également être différenciés et échelonnés à l’intérieur des projets. Outre l’utili-
sation du territoire, il faut aussi tenir compte du type de danger, par exemple de son
intensité, de sa fréquence saisonnière et du délai de préalerte correspondant.

3.3 Risque résiduel

Les risques ne peuvent jamais être éliminés totalement. Un certain risque, qualifié de
«résiduel», subsiste généralement. Il faut en faire part aux intéressés de manière trans-
parente pour éviter qu’ils se fassent une idée erronée du niveau de sécurité dont ils
bénéficient. On les incitera également à assumer une certaine responsabilité indivi-
duelle.

La fig. 14 représente schématiquement le risque avant et après la réalisation de mesures


de protection. Au début, le risque est excessif et se situe au-dessus de l’objectif de pro-
tection. L’objectif de protection n’est donc pas atteint. Le risque est atténué lorsque
toutes les mesures prévues ont été mises en œuvre par les pouvoirs publics et les par-
ticuliers. Les mesures portent notamment sur l’aménagement du territoire, la construc-
tion d’ouvrages et l’organisation, et elles sont harmonisées dans le cadre d’un concept
de protection (voir § 4.4 ss). Le risque est moindre une fois les mesures appliquées.
Dans l’exemple présenté ici, la diminution du risque comprend une part servant à
atteindre l’objectif de protection () et une part servant à atteindre l’objectif des
mesures (). La répartition de ces parts est variable et doit être adaptée de cas en cas.
Le risque restant après l’exécution des mesures est en deçà du niveau de sécurité visé.
La sécurité atteinte tombe désormais dans le domaine acceptable, mis en évidence en
vert. Le risque résiduel sera supporté par les différents protagonistes (assurances, pro-
priétaires, etc.). La sécurité atteinte doit être maintenue sur le moyen et le long terme
(entretien, aménagement conséquent du territoire, organisation assurée en cas d’ur-
gence, etc.).
3 > Besoin d’agir 51

Fig. 14 > Niveau de sécurité visé, objectif de protection, objectif des mesures et risque avant et après la réalisation des mesures
Explications dans le texte.

Pour en savoir plus

> Recommandation «Aménagement du territoire et dangers naturels» (ARE et al. 2005)


> Publication PLANAT «Guide du concept de risque» (Bründl, éd. 2009)
> Publication PLANAT «Niveau de sécurité face aux dangers naturels» (PLANAT 2013)
> PLANAT: www.planat.ch
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 52

4 > Mesures
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Il faut prendre des mesures afin de protéger les personnes et les biens d’une valeur no-
table lorsqu’un besoin d’agir a été identifié. Les mesures sont optimisées en fonction
de critères sociaux, économiques et écologiques (art. 1 et 19 LFo, art. 15 à 17 OFo). La
Confédération alloue aux cantons des indemnités pour les mesures de protection contre
les dangers naturels (art. 36 LFo).

4.1 Optimisation des mesures de protection

La planification des mesures de protection se fonde sur les résultats de l’évaluation des
dangers et de l’appréciation des risques. Leur but peut être le maintien de l’état existant
en l’absence de déficit de protection ou son amélioration lorsqu’un déficit de protection
est constaté. Tous les types de mesures – passives, actives et organisationnelles –
doivent être pris en compte (fig. 15).

Lorsqu’on planifie des mesures de protection, il faut distinguer celles qui agissent sur
l’ampleur des dommages et celles qui agissent sur le processus lui-même. Les mesures
passives et actives sont décrites ci-après par ordre de priorité.

Les mesures passives atténuent l’ampleur des dommages éventuels sans influencer le
déroulement des événements (ARE et al. 2005). Les cantons tiennent compte des docu-
ments de base (cartes des dangers) dans toutes les activités touchant l’organisation du
territoire, en particulier dans l’établissement des plans directeurs et d’affectation (art.
15, al. 3, et art. 17, al. 1, OFo). L’ampleur des dommages potentiels doit être réduite en
premier lieu en prenant des mesures d’aménagement du territoire. Leur but est d’assu-
rer une prise en compte adéquate des dangers naturels dans l’utilisation du sol. Un
mode de construction adapté aux dangers en fait également partie. La protection des
objets peut être garantie en imposant des mesures appropriées dans la procédure d’oc-
troi de permis de construire (p. ex. Egli 2005). Les prescriptions à ce sujet sont fixées
dans le plan d’affectation.

Les mesures actives influencent le déroulement des processus. La sécurisation des péri-
mètres menacés comprend des mesures constructives, des travaux contre les glisse-
ments de terrain, des drainages et des mesures de protection contre les processus de
chute (art. 17, al. 1 à 2, OFo). Les mesures actives peuvent revêtir la forme d’ouvrages
ponctuels, tels que filets pare-pierres, ou de mesures surfaciques, telles que soins aux
forêts protectrices, boisements ou drainages. Des ouvrages de protection peuvent être
réalisés dans les périmètres qui font déjà l’objet d’une utilisation méritant d’être proté-
gée ou dont l’affectation doit impérativement être modifiée une fois pesés tous les inté-
rêts en jeu. Lorsque des digues ou des ouvrages de rétention de grande envergure sont
érigés pour lutter contre des dangers naturels gravitaires, il faut vérifier s’ils tombent
sous le coup de la loi fédérale sur les ouvrages d’accumulation (LOA) (annexe A1).
4 > Mesures 53

Cette loi s’applique aux ouvrages d’accumulation dont la hauteur de retenue au-dessus
du niveau du thalweg (ou du niveau d’étiage) est de 10 m au moins ou dont le volume
de retenue est supérieur à 50 000 m³ et la hauteur de retenue atteint 5 m au moins. L’au-
torité fédérale de surveillance peut également y assujettir des ouvrages d’accumulation
de dimensions plus modestes qui présentent un risque potentiel particulier (art. 2 et 22
LOA). Un tel risque existe lorsque des vies humaines sont menacées ou que d’impor-
tants dommages matériels sont à craindre en cas de rupture (art. 2 OSOA).

Fig. 15 > Procédure à suivre pour planifier et réaliser des mesures


Il est nécessaire de suivre pas à pas une démarche préétablie – de la compréhension des pro-
cessus jusqu’à l’établissement des plans d’urgence – pour se protéger de manière optimale et
durable contre les mouvements de terrain.

Identification et évaluation des dangers


Processus et effets
Potentiel de dommages Cadastre des événements
Utilisations du sol Cadastre des ouvrages de protection
(existantes ou planifiées) Carte indicative des dangers
Cartes des intensités
Carte des dangers
Autres données de base sur les dangers
Analyse des risques
Degré de protection Objectifs de protection
suffisant Appréciation des risques

Déficit de protection
(besoin d'agir)

Planification des mesures:


Entretien
Aménagement du territoire Vérification
Soins aux forêts protectrices Utilisations du sol,
Mesures constructives de protection objectifs de protection
Mesures d’organisation
(y c. surveillance et plans d’urgence)
Insatisfaisante

Insatisfaisante

Appréciation des mesures


et des risques résiduels
Aspects économique (rentabilité),
technique, écologique et
socio-politique

Satisfaisante
Maintien de l’état existant
Entretien
Soins aux forêts protectrices
Réalisation des mesures
Aménagement du territoire
y c. organisation en cas d’urgence
Entretien des ouvrages de protection

Vérification périodique
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 54

Le choix des mesures de protection adéquates doit se faire en respectant le principe de


proportionnalité. Il faut donc commencer très tôt à élaborer plusieurs variantes de
natures différentes pour être à même de comparer constamment leurs avantages et leurs
inconvénients. Toute mesure prévue doit atteindre le but visé moyennant un minimum
d’intervention. Elle doit aussi être socialement supportable.

Le coût des mesures de protection est mis en regard des dommages à craindre si elles
ne sont pas réalisées. La Confédération met à disposition le logiciel EconoMe à cet
effet. Tout projet individuel arrêté par la Confédération doit justifier sa rentabilité par
le biais d’EconoMe. Lorsqu’une mesure est jugée positivement, sa réalisation peut être
décidée. Les projets de protection peu rentables ou inadéquats ne donnent droit à
aucune indemnité ni aide financière de la part de la Confédération.

Les cantons veillent à planifier les mesures de protection de manière intégrée, en tenant
notamment compte des intérêts de la gestion forestière, de la protection de la nature et
du paysage, de la construction hydraulique et de l’agriculture (art. 17, al. 3, OFo). Les
mesures envisagées sont donc aussi évaluées sous l’angle écologique. Les paysages
protégés ou dignes de l’être ne peuvent pas être altérés par des aménagements ou,
alors, ces interventions auront un impact minime, conformément à la législation en
vigueur et aux objectifs spécifiquement assignés à la protection de la nature et du pay-
sage. Les inventaires et les prescriptions d’importance nationale, cantonale ou régio-
nale (p. ex. Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d’importance
nationale, IFP) seront aussi respectés. L’état des sites ne doit pas être dégradé, mais au
contraire amélioré durablement, dans toute la mesure du possible, lorsque l’occasion
s’en présente. Les objectifs de protection des personnes et des biens peuvent donc être
modifiés pour des raisons écologiques autant que financières ou techniques. L’éven-
tuelle pesée des intérêts observera le cadre légal en vigueur.

Les mesures d’organisation servent à limiter le risque résiduel. L’organisation en cas


d’urgence, les stations de mesures, les services d’alerte (art. 16 OFo), les évacuations,
l’aide en cas de catastrophe et autres mesures temporaires relèvent notamment de cette
catégorie. Les mesures d’organisation font partie intégrante d’une planification exhaus-
tive des mesures.

Pour en savoir plus

> EconoMe (www.econome.admin.ch)


> Norme SIA 261/1 «Actions sur les structures porteuses – Spécifications complémen-
taires»
> Recommandations «Protection des objets contre les dangers naturels gravitationnels»
(Egli 2005)
> Romang H. (éd.) 2008: Efficacité des mesures de protection. Stratégie «Dangers natu-
rels» Suisse. Projet A 3. Plate-forme nationale «Dangers naturels» PLANAT, Berne
4 > Mesures 55

4.2 Phases de planification

Le modèle de prestations de la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA)


englobe tout le cycle de vie des ouvrages, de l’énoncé des besoins jusqu’à l’exploita-
tion. L’enchaînement des prestations des mandataires et du mandant définies par le
plan des phases, et des décisions correspondantes du mandant présente les caractéris-
tiques d’un modèle et devra être adapté de cas en cas lors de la mise en œuvre. La
séquence de phases principales sera modifiée le moins possible:
> définition des objectifs,
> études préliminaires,
> étude du projet, établissement du projet de construction,
> appel d’offres,
> réalisation,
> exploitation.

Les expériences réunies jusqu’ici ont indiqué que l’application des principes suivants
permet de planifier des projets dans les temps et de façon économiquement avanta-
geuse:

> Planifier et réaliser les projets dans une perspective exhaustive; cela s’applique aussi
à la pesée des intérêts liée aux conflits éventuels entre divers objectifs.
> Rechercher les solutions d’une manière transparente, en impliquant toutes les entités
concernées et intéressées; cela favorise l’acceptation des projets (processus partici-
patif).
> Assumer ses responsabilités vis-à-vis des territoires contigus (au-delà des limites
communales, cantonales ou nationales).

Les projets, avec leurs phases principales et partielles, se déroulent conformément au


modèle de prestations de la SIA. Les différentes étapes sont traitées à un niveau de dé-
tail qui varie selon la complexité et l’ampleur des projets, ou en fonction de l’urgence
des mesures qu’ils comportent (mot clé «mesures d’urgence»).

Pour en savoir plus

> Norme SIA 103 «Règlement concernant les prestations et honoraires des ingénieurs
civils»
> Norme de compréhension SIA 112 «Modèle ‘Étude et conduite de projet’»
> Manuel sur les conventions-programmes conclues dans le domaine de l’environnement
(OFEV 2011)

4.3 Entretien des ouvrages

L’entretien des ouvrages de protection est aussi important que leur construction. Sans
entretien, les mesures perdent de leur efficacité et le danger peut réapparaître.
Lorsqu’un ouvrage de rétention cède, la menace peut même être plus grande qu’avant
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 56

sa construction. Un entretien régulier permet de déceler les points faibles et les défauts.
Il faut notamment déblayer ou rétablir les espaces de rétention à l’issue d’un événe-
ment. L’entretien est donc une tâche permanente. Il est réalisé, financé ou surveillé par
les cantons, les communes et les maîtres d’ouvrages, conformément à la législation en
vigueur.

La nature, l’ampleur et la fréquence de l’entretien dépendent des particularités locales.


Tous les travaux doivent être effectués d’entente avec les propriétaires fonciers et avec
les services cantonaux spécialisés.

Les projets d’ouvrages de protection doivent comprendre un plan d’entretien approprié, Stratégie d’entretien
car les contraintes qui lui sont liées sont susceptibles d’influencer le choix des mesures.
Le curage répété d’un dépotoir à alluvions ou d’un filet pare-pierres finit par coûter
cher si l’ouvrage est sollicité fréquemment. Le choix des mesures doit donc en tenir
compte sous l’angle économique comme technique.

Le plan d’entretien permet aussi de distinguer ce qui a trait à la construction et à la


maintenance des ouvrages, et d'assurer une réalisation adéquate des futurs travaux
d'entretien. Il règlemente les procédures et les compétences:

> Qui assume l’entretien et les coûts?


> Qui contrôle les ouvrages de protection?
> Quel est l’intervalle entre les contrôles et les inspections?
> Quand et comment les travaux d’entretien nécessaires sont-ils réalisés?

Le contrôle de l’entretien dépend des caractéristiques de l’ouvrage concerné. Les tra- Entretien
vaux d’entretien réguliers peuvent être techniquement exigeants ou très onéreux selon
le type d’ouvrage.

Dans les secteurs en glissement, les drainages risquent d’être endommagés ou cisaillés
par des mouvements résiduels. Un contrôle régulier est nécessaire pour s’assurer qu’ils
fonctionnent correctement. On a constaté que l’efficacité de nombreux systèmes de
drainage diminue petit à petit, notamment lorsqu’ils équipent des lithologies à grain
fin. La formation de concrétions ou la pénétration de racines peuvent aussi poser des
problèmes.

L’entretien et le contrôle des filets pare-pierres sont des tâches permanentes. Lorsque
des ouvrages sont érigés contre les chutes de pierres et de blocs, il ne faut pas seule-
ment vérifier périodiquement les dispositifs eux-mêmes, mais aussi surveiller la situa-
tion de danger. Cette surveillance préventive permet de repérer l’aggravation éven-
tuelle d’un danger et de prendre à temps des mesures complémentaires. La vérification
des ouvrages de protection consiste également à consigner l’activité de chutes de
pierres. Certains éléments structurels subissent parfois des contraintes lorsqu’une
grande quantité de matériel s’accumule derrière l’écran. Les pierres retenues seront
évacuées régulièrement si elles diminuent progressivement la capacité de rétention
initiale de l’ouvrage. Quand les impacts sont violents, on passe graduellement à des
travaux de remise en état et il faut remplacer le cas échéant des piliers, des freins, des
haubans ou des plaques de base.
4 > Mesures 57

Lorsqu’un ouvrage de protection est installé sur un terrain privé, son fonctionnement
doit être expliqué au nouveau propriétaire en cas de mutation, ce qui requiert des
efforts et des exigences formelles supplémentaires. L’entretien de l’ouvrage doit aussi
être assuré ou toléré par le nouveau propriétaire; dans le cas contraire, cet ouvrage
pourrait être simplement supprimé, par exemple pour des raisons esthétiques ou par
ignorance. L’entretien est réglementé de manière contraignante en en faisant mention
dans le registre foncier.

4.4 Mise en œuvre en matière d’aménagement du territoire

En vertu de la législation sur l’aménagement du territoire, sur l’aménagement des cours


d’eau et sur les forêts, les cantons et les communes doivent tenir compte des documents
de base sur les dangers dans toutes les activités qui ont des effets sur l’organisation du
territoire (art. 15, al. 3, OFo). Cela s’applique notamment à l’établissement des plans
directeurs et des plans d’affectation et à l’octroi des permis de construire. Les cantons
veillent à ce que la planification soit exhaustive; elle respectera notamment les intérêts
de l’aménagement du territoire (art. 17, al. 3, OFo).

L’aménagement du territoire est l’un des volets de la gestion intégrée des risques et il
contribue grandement à la prévention. D’après la loi sur l’aménagement des cours
d’eau, les mesures y relatives ont priorité sur les autres. Il garantit une affectation ap-
propriée des surfaces menacées et participe ainsi à la réduction des risques. Dans les
secteurs menacés, les mesures d’aménagement du territoire ont pour but d’atténuer les
risques existants (p. ex. en diminuant la vulnérabilité du bâti ou les dommages poten-
tiels) ou de prévenir l’apparition de nouveaux risques (p. ex. en renonçant à de nou-
velles affectations ou en prononçant des interdictions de construire).

Une mise en œuvre des documents de base sur les dangers orientée sur les risques tient
compte de la nature des menaces, des processus déterminants, des affectations du sol
existantes et prévues et des autres intérêts de la collectivité. Un aménagement du terri-
toire orienté sur les risques est une mesure de protection non seulement efficace à long
terme, mais également avantageuse du point de vue financier. L’aménagement du terri-
toire peut apporter une contribution supplémentaire en maintenant libres de construc-
tions les surfaces nécessaires pour réaliser des ouvrages de protection et des mesures
techniques, aménager des couloirs d’écoulement, retenir des processus dangereux et
réserver des zones tampons autour des périmètres menacés. Il est très efficace et ren-
table lorsqu’il exploite toutes les possibilités qui lui sont offertes pour limiter au maxi-
mum les dommages potentiels.

Des ouvrages de protection sont érigés pour assurer la défense contre les processus
naturels. Mais les risques encourus par les personnes et par les biens ne sont réduits
durablement que s’ils ont l’effet escompté lors d’un événement. Les ouvrages de pro-
tection devraient déployer en permanence (durant environ 50 ans) des effets quanti-
fiables avec une marge de sécurité appropriée. Ils sont construits d’abord pour augmen-
ter la sécurité et ensuite seulement pour abaisser le degré de danger figurant sur la
carte. Ils ne peuvent être pris en compte dans l’évaluation des dangers qu’une fois
réceptionnés et non pas lorsqu’ils sont en cours de planification. Leur intégration dans
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 58

l’aménagement du territoire tiendra compte de tous les intérêts en jeu (élaboration


d’une carte des dangers incluant les ouvrages réalisés). La transposition des cartes de
danger avec prise en compte des ouvrages de protection selon des principes homogènes
(unité de doctrine) constitue un défi majeur.

Recommandation de 2005 (ARE et al. 2005)

En publiant la recommandation intitulée «Aménagement du territoire et dangers natu-


rels» (ARE et al. 2005), la Confédération a posé les principes d’une mise en œuvre
appropriée et durable de la documentation sur les dangers. Ces instructions sont utili-
sées pour établir les plans directeurs et les plans d’affectation, délimiter les zones (voir
annexe A4) et octroyer les permis de construire en fonction des dangers. Les deux der-
nières procédures tiendront aussi compte des responsabilités respectives et de réfle-
xions portant sur les risques encourus.

L’expérience montre que des mesures simples et peu onéreuses permettent d’atténuer
d’importants risques matériels, même en zone de sensibilisation (périmètres jaunes et
en hachuré jaune-blanc). Dans ces zones et dans les autres, les risques encourus par les
personnes peuvent être réduits en appliquant des mesures d’organisation (voir § 3.3).
Elles ont une incidence considérable à un coût modéré.

Les degrés de danger reflètent essentiellement les conséquences des phénomènes


naturels sur les constructions. Leur but est d’éviter que des vies humaines soient mena-
cées et de limiter l’ampleur des dégâts matériels. Lorsque seules des cartes indicatives
des dangers existent hors des zones à bâtir, il peut s’avérer nécessaire de préciser la
menace et de déterminer le degré de danger (p. ex. lors de demandes d’agrandis-
sement). L’échelle des degrés de danger ne s’applique pas directement aux activités de
loisirs et de détente (p. ex. chemins de randonnée ou pistes de ski). Le besoin d’agir en
cas de danger est surtout établi en analysant les risques.

Dans le cadre de la procédure d’octroi de permis de construire, les autorités compé-


tentes examinent si un projet de construction respecte les prescriptions déterminantes,
notamment les dispositions relatives à la protection contre les dangers naturels. Les
conditions pouvant être posées aux constructions pour prévenir les dommages dus aux
mouvements de terrain sont énumérées en annexe. On se référera aux recommanda-
tions de la Confédération (ARE et al. 2005) et de l’AEAI (Egli 2005) ainsi qu’aux
normes SIA pour obtenir des informations complémentaires et prendre connaissance de
conditions applicables à d’autres processus dangereux.

Pour en savoir plus

> Recommandation «Aménagement du territoire et dangers naturels» (ARE et al. 2005)


> Norme SIA 261 «Actions sur les structures porteuses»
> Recommandations «Protection des objets contre les dangers naturels gravitationnels»
(Egli 2005)
4 > Mesures 59

4.5 Soins aux forêts de protection et mesures sylvicoles

La sécurisation des périmètres menacés comprend notamment des mesures sylvicoles


(art. 17, al. 1, let. a, OFo). La forêt protège les personnes et les biens contre les dangers
naturels en empêchant les processus dangereux de se développer ou en atténuant leurs
effets. La méthodologie des soins aux forêts de protection repose sur l’hypothèse qu’il
existe un lien direct entre la réduction des risques et l’état de la forêt. L’état souhaité
est défini en fonction des connaissances au sujet des dangers naturels et des conditions
locales.

Les instructions pratiques intitulées «Gestion durable des forêts de protection – Soins
sylvicoles et contrôle des résultats» («NaiS», abrégé du titre allemand, Frehner et al.
2005) indiquent, pour tous les processus naturels dangereux, les possibilités offertes
par ces forêts et les exigences qu’elles impliquent.

Pour en savoir plus

> NaiS / Frehner et. al. 2005: Gestion durable des forêts de protection (projet NaiS);
www.bafu.admin.ch/dangers-naturels > Informations pour spécialistes: eau, … > Ges-
tion des dangers naturels > Mesures > Forêts de protection
> SilvaProtect-CH: Forêt protectrice en Suisse; www.bafu.admin.ch/dangers-naturels >
Informations pour spécialistes: eau, … > Situation de danger et … > Données de base
sur les dangers > SilvaProtectCH

4.6 Mesures constructives pour contrer les processus de chute

La sécurisation des périmètres menacés comprend des travaux de défense et ouvrages


de réception contre les chutes de pierres et les éboulements ainsi que le minage préven-
tif de matériaux risquant de tomber (art. 17, al. 1, let. e, OFo). On peut dire de manière
générale, concernant les cinq processus de chute (chute de pierres, chute de blocs,
éboulement, écroulement, effondrement), que le nombre de mesures envisageables
diminue avec la taille de la masse mobilisée (fig. 16). Il n’est guère possible de prendre
des mesures constructives totalement efficaces pour assurer la protection contre un
écroulement. Il en va en partie de même pour les effondrements en région karstique.

Il est revanche possible de prendre certaines mesures face à un éboulement imminent


afin de réduire l’ampleur des dommages qu’il risque d’occasionner.

La conception des mesures de protection contre les processus de chute tient compte du
type de mouvement, de la masse, de la taille, de la hauteur de rebond, de la vitesse et
de l’énergie des composantes mobilisées. Elle nécessite aussi de connaître leurs trajec-
toires et leur répartition dans l’espace. Les cartes des dangers sont par contre insuffi-
santes pour dimensionner des ouvrages de protection, car elles indiquent en premier
lieu l’énergie des corps en mouvement et la surface enveloppe de leurs trajectoires pos-
sibles. L’énergie cinétique maximale ne permet pas à elle seule de fixer les mesures à
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 60

mettre en œuvre. Elles dépendent également d’autres facteurs comme l’accessibilité, la


place disponible et les contraintes liées à l’entretien. Le coût de la construction joue
aussi un rôle décisif.

Les interventions envisageables sont subdivisées en fonction du déroulement des pro-


cessus: mesures appliquées dans la zone d’arrachement (partie A), dans la zone de tran-
sit et de dépôt (partie B) et pour protéger des objets spécifiques, dites «mesures de
protection d’objets» (partie C).

Fig. 16 > Énergie de translation liée aux processus de chute et domaines d’application de divers types
d’écrans
L’énergie cinétique des projectiles comprend une composante translationnelle et une compo-
sante rotationnelle, cette dernière étant souvent égale à environ 20 % de l’énergie de trans-
lation. La figure représente l’énergie de translation, calculée en fonction de la vitesse et de la
masse des pierres et des blocs. Le diagramme indique les énergies maximales que les divers
ouvrages de protection sont capables d’absorber.

100 000
Digues en terre 45 m/s

10 000 30 m/s
Energie de translation (kJ)

Filets à piliers mobiles


25 m/s
1 000 Galeries en béton

Filets à piliers fixes 20 m/s

100 Anciens filets


15 m/s

Barrières en bois
10 m/s
10

5 m/s

1
10 100 1 000 10 000 100 000 1 000 000
Masse des pierres et des blocs (kg)

Les ouvrages de protection sont dimensionnés selon les règles de l’art de la construc-
tion, consignées en particulier dans les normes SIA. Certains types nécessitent toujours
un calcul de la sécurité structurale et de l’aptitude au service pour tous les éléments
constitutifs, et d’autres non. Les galeries de protection sont par exemple dimensionnées
conformément à la directive de l’Office fédéral des routes (OFROU 2008). Celle-ci
prescrit de calculer, à partir de l’énergie cinétique du bloc déterminant, une force sta-
tique de remplacement qui sera utilisée pour dimensionner chaque partie constitutive
de la galerie. Les filets souples mis en œuvre doivent faire l’objet d’un certificat offi-
ciel, qui garantit leur qualité. Les acheteurs et les utilisateurs sont tenus, lorsqu’ils ad-
jugent un mandat, de fixer les exigences auxquelles les filets, leur montage, leurs
ancrages et leurs fondations devront répondre. Les forces subies par les câbles porteurs,
majorées de 30 %, sont généralement appliquées comme forces statiques de remplace-
ment pour dimensionner les fondations et les ancrages des filets pare-pierres. Il faut,
malgré cette majoration, toujours étudier les conséquences d’une surcharge, qui peut
4 > Mesures 61

être due à l’hétérogénéité de la roche, à une masse plus grande que prévu ou aux incer-
titudes affectant les calculs (voir § 2.11). Les recommandations concernant la cons-
truction sur le pergélisol (Bommer et al. 2010) s’appliquent aux ouvrages de protection
érigés à haute altitude.

A Mesures appliquées dans la zone d’arrachement

Les mesures suivantes peuvent être appliquées dans la zone d’arrachement ou de pro-
duction des chutes de pierres et de blocs afin de diminuer les dangers:

> mesures sylvicoles et biologiques,


> purge, minage,
> recouvrement, filets plaqués, treillis,
> clouage, ancrage, pilier, reprise en sous-œuvre («butons»).

B Mesures appliquées dans la zone de transit et de dépôt

> mesures sylvicoles et biologiques, troncs abattus disposés en travers de la pente,


> parois de protection comprenant des piliers en acier, filets pare-pierres, galeries de
protection, digues de protection.

C Mesures de protection d’objets

Les mesures de protection d’objets sont généralement appliquées dans la structure des
bâtiments existants. Le renforcement des murs est une mesure courante, qui doit s’ac-
compagner de la suppression ou du renforcement des ouvertures ménagées pour les
fenêtres et les portes. Selon la définition retenue, certains filets, murs ou digues
proches d’une construction donnée sont parfois aussi comptés parmi les mesures de
protection d’objets.

4.7 Mesures constructives pour contrer les processus de glissement

La sécurisation des périmètres menacés comprend des travaux contre les glissements
de terrain et le ravinement, des drainages, des ouvrages de réception et des protections
contre l’érosion (art. 17, al. 1, let. d et e, OFo). Les glissements de terrain ont des pro-
fondeurs, largeurs, longueurs et déclivités très variables. Ils présentent aussi des condi-
tions géologiques, hydrogéologiques et topographiques hétérogènes. C’est pourquoi on
peut les assainir de diverses manières, à choisir en fonction de la situation locale. La
liste suivante (modifiée d’après Reuter et al. 1992) donne un aperçu des mesures envi-
sageables pour améliorer la stabilité et la compacité du terrain:

> Drainage superficiel ou profond (écoulement de l’eau par gravité ou à l’aide de


pompes), dérivation des eaux superficielles en provenance de l’amont, limitation de
l’infiltration.
> Mesures constructives mécaniques:
– ouvrages de soutènement (p. ex. murs de soutènement ou caissons en bois contre
les glissements superficiels et semi-profonds),
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 62

– ancrages, tirants, clous, pieux, micropieux,


– géotextiles,
– filets plaqués ou suspendus,
– étanchéification de la surface.
> Modification de la topographie dans la zone d’arrachement (décharge) et au front du
glissement (p. ex. freinage par surcharge).
> Amélioration des caractéristiques géomécaniques par substitution des matériaux.
> Mesures sylvicoles, confortement de pente en recourant au génie biologique, protec-
tion contre l’érosion (p. ex. dans les cours d’eau).

Les petites masses en glissement font souvent l’objet de mesures constructives. Les
méthodes appliquées, courantes dans le génie civil et la géotechnique, sont décrites
dans la littérature spécialisée. La conception de ces mesures exige de connaître les
dimensions de la masse instable, en particulier la profondeur de la surface de glisse-
ment, ainsi que les caractéristiques des matériaux et les conditions hydrogéologiques
locales. En général, ces indications ne figurent pas dans les cartes des dangers, si bien
qu’il faut les acquérir pour planifier des mesures de niveau E3. Les mouvements du sol
doivent aussi être différenciés précisément dans le temps et dans l’espace. Faute de
données correctes, les mesures mises en œuvre risquent d’être insuffisantes ou surdi-
mensionnées. Dans le premier cas, les dommages ultérieurs auront un coût et dans le
deuxième, le coût de la construction est déjà excessif.

Des mesures constructives mécaniques sont mises en œuvre si nécessaire à grande


échelle dans la zone d’arrachement des glissements, rocheux en particulier, pour autant
qu’elles aient une incidence suffisante et présentent un rapport coût-efficacité favo-
rable. Les ancrages et les tirants en rocher sont posés ponctuellement ou sur des sur-
faces. Les tirants courts et les chevilles en tubes d’acier sont plutôt appliqués sur des
instabilités superficielles à semi-profondes. On distingue les types d’ancrages précon-
traints et non contraints. Les ancrages non contraints (aussi nommés tirants «lâches»)
sont posés dans les situations simples, sans grand déplacement. Ils ne transmettent les
forces qu’à l’issue de petits mouvements postérieurs à leur mise en place. Les ancrages
précontraints sont réalisés lorsqu’il faut prévenir tout mouvement. Leur tête est
renforcée par une plaque ou une poutre en béton armé si les caractéristiques de la roche
l’exigent. Il faut vérifier périodiquement les forces qu’ils subissent (voir § 4.10 con-
cernant la surveillance).

Le drainage est une option fréquente dans les zones en glissement, quelle que soit leur Drainage
taille. Le drainage recouvre toutes les manières de collecter et d’évacuer les eaux. Les
méthodes et les techniques permettant d’agir sur les conditions hydrologiques et hydro-
géologiques des glissements de terrain pour améliorer leur stabilité sont nombreuses et
variées. Elles peuvent être regroupées en fonction de la tranche dans laquelle elles dé-
ploient leurs effets: en surface (p. ex. fossés de collecte des eaux superficielles), à
faible profondeur (p. ex. tranchées drainantes) ou en profondeur (p. ex. galerie avec
drains forés rayonnants ou puits filtrants) (fig. 17). La forêt, qui influence le cycle de
l’eau, peut également jouer un rôle important dans le cadre de l’assainissement.

Le guide pratique de l’OFEV intitulé «Glissements de terrain: hydrogéologie et tech-


niques d’assainissement par drainage» (Parriaux et al. 2010) fournit des informations
4 > Mesures 63

techniques détaillées au sujet des possibilités offertes par le drainage et des exigences
auxquelles il doit satisfaire. Les principes des modes d’applications typiques sont
présentés ci-après.

L’assainissement hydrogéologique (drainage) a pour but de modifier artificiellement Principes de l’assainissement


les conditions d’écoulement pour réduire les actions motrices de l’eau et augmenter les hydrogéologique
actions résistantes des matériaux. On peut obtenir ce résultat de deux manières:

> en diminuant les apports d’eau dans le sous-sol par la réduction des infiltrations à la
surface, sur les côtés ou sous la masse glissée;
> en abaissant par différentes techniques de drainage le niveau des eaux souterraines et
la pression interstitielle dans la masse instable et/ou dans son substratum.

Fig. 17 > Schéma comparatif des principales méthodes d’assainissement hydrogéologiques


Vue en plan (en haut) et en coupe (en bas). Représentation schématique, ouvrages parfois projetés dans l’axe du dessin, la galerie
est dessinée schématiquement à la surface du glissement dans la vue en plan D.
A: Fossés de collecte des eaux superficielles B: Drains forés subhorizontaux à vidange gravitaire

C: Rideaux de puits filtrants verticaux D: Galerie avec drains forés rayonnants

modifié d’après Parriaux et al. 2010


Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 64

D’une manière générale, tous les dispositifs de drainage agissent dans le sens d’une
stabilisation du mouvement de glissement. Mais le drainage peut aussi induire des ef-
fets secondaires indésirables tels que tassements, accroissement local des forces de per-
colation, tarissement de sources, disparition de zones humides qui peuvent être proté-
gées ou de certains ruisseaux. Le choix d’une technique de drainage appropriée est une
démarche complexe qui implique plusieurs facteurs, notamment:

> la taille et la géométrie de la masse en glissement à stabiliser,


> les conditions géologiques et hydrogéologiques,
> le temps nécessaire pour réaliser les mesures et pour obtenir un effet dans la masse
en glissement,
> l’efficacité et la longévité de la méthode mise en œuvre,
> l’accessibilité et la place disponible,
> l’impact sur l’environnement,
> les risques (dommages potentiels),
> le coût de l’entretien (sur le long terme),
> les moyens financiers disponibles.

4.8 Mesures constructives pour contrer les processus d’écoulement

La sécurisation des périmètres menacés comprend des travaux contre les glissements
de terrain et le ravinement, des drainages, des ouvrages de réception et des protections
contre l’érosion (art. 17, al. 1, let. d et e, OFo). On distingue les mesures appliquées
dans la zone d’arrachement, dans la zone de transit et de dépôt et pour protéger des
objets spécifiques, comme dans le cas des processus de chute (voir § 4.6). Les interven-
tions sont aussi différenciées selon leur mode d’action sur la masse en écoulement: les
ouvrages de déviation en infléchissent la direction et les ouvrages de freinage (ou de
blocage pour les petits volumes) en réduisent la vitesse (impact). Les paramètres sui-
vants, qui décrivent les coulées de boue, entrent dans le dimensionnement des ouvrages
de déviation et de freinage: vitesse, hauteur, volume et direction de l’écoulement,
caractéristiques des matériaux (densité, granulométrie, taille des blocs, etc.), présence
de bois ou de souches.

A Mesures appliquées dans la zone d’arrachement

Ces mesures à effet stabilisateur sont comparables à celles qui s’opposent aux glisse-
ments superficiels.

B Mesures appliquées dans la zone de transit et de dépôt et mesures de protection


d’objets

On distingue les types de mesures suivants mis en œuvre dans la zone de transit et de dépôt:

> rétention de la masse en mouvement en amont des biens potentiellement exposés


(p. ex. à l’aide de filets ou de digues de protection contre les coulées de boue);
> protection contre l’impact des coulées de boue sur les bâtiments (p. ex. à l’aide de
murs ou de digues);
4 > Mesures 65

> déviation des coulées de boue à l’aide d’étraves, de murs déflecteurs ou de digues
déflectrices.

Les mesures de protection d’objets englobent toutes les mesures de construction desti-
nées à protéger un bâtiment particulier. Cette catégorie comprend notamment les me-
sures mises en œuvre directement sur le bâtiment.

4.9 Cas de surcharge

Il y a surcharge lorsqu’un processus naturel excède les capacités d’un ouvrage de


protection ou d’un système intégré. L’événement dépasse alors les valeurs retenues lors
du dimensionnement. Une chute de pierres peut par exemple présenter une énergie ou
une hauteur de rebond supérieures aux valeurs de dimensionnement d’un filet pare-
pierres. Le cas de surcharge peut également survenir lorsqu’un ouvrage ne fonctionne
pas conformément aux attentes et aux prévisions.

La planification des mesures de protection doit tenir compte de diverses imprécisions


et incertitudes: dynamique du processus, évolution inattendue, résultats de la modé-
lisation, réaction d’un ouvrage à une sollicitation, succession d’événements, etc. Toutes
ces incertitudes peuvent être prises en compte lors de l’optimisation des mesures de
protection. Les ouvrages de protection sont dimensionnés sur la base du scénario déter-
minant (voir § 2.10) et pour l’événement dit «de dimensionnement».

Le dimensionnement se fonde sur des valeurs tirées de la statistique des crues dans le
cas des dangers hydrologiques et de la statistique des hauteurs de neige dans le cas des
avalanches. Pour les mouvements de terrain, le choix du scénario déterminant, les
objectifs de protection retenus et l’ampleur de la diminution des risques obtenue sont
décisifs. La conception et le dimensionnement des ouvrages de protection doivent aussi
tenir compte des conséquences possibles d’un événement et des dommages qu’il est
susceptible d’occasionner (risques).

Quand le dimensionnement large d’une mesure ou d’un ensemble de mesures n’en


augmente pas considérablement le prix, on privilégie une conception permettant de
résister à une charge du système située à la marge supérieure de la fourchette d’incer-
titude (à gauche dans la fig. 18). Mais si le coût augmente fortement à l’intérieur de la
fourchette, on basera plutôt le dimensionnement sur une charge située à sa marge infé-
rieure (à droite dans la fig. 18). Il faut encore tenir compte du fait que la probabilité
d’occurrence est elle aussi entachée d’incertitude.

Si les objectifs de protection ne peuvent pas être atteints une fois les ouvrages de pro-
tection réalisés, la sécurité est accrue, conformément au principe de la gestion intégrée,
en prenant d’autres mesures relevant de la surveillance, de l’organisation et de l’amé-
nagement du territoire (voir chap. 3 et § 4.1, 4.4, 4.10 ss). La planification des mesures
consiste donc aussi à en rechercher la combinaison optimale. De plus, toutes les
mesures prévues devraient être adaptables à un contexte en mutation, tel qu’amplifi-
cation des événements due au changement climatique, moyennant un investissement
raisonnable.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 66

Fig. 18 > Dimensionnement d’une mesure de protection en tenant compte de la fourchette d’incertitude
La courbe de distribution et la bande colorée en arrière-plan indiquent la fourchette d’incer-
titude afférente à l’intensité déterminante pour le dimensionnement. À gauche: dimensionne-
ment correspondant au bord supérieur de la fourchette lorsque le surcoût de l’ouvrage est
modéré. À droite: dimensionnement correspondant au bord inférieur de la fourchette lorsque le
surcoût est notable.
Coûts

Coûts

But de
But de dimensionnement dimensionnement

Intensité Intensité

Bezzola & Hegg 2008

Il faut toujours présenter ce qui se passe en cas de surcharge d’un système de protec-
tion. Les ouvrages ne doivent pas céder brusquement sous l’effet d’un événement supé-
rieur aux valeurs retenues pour les dimensionner, car il en résulterait des processus in-
contrôlés et une brusque aggravation des dommages. Le fonctionnement des ouvrages
existants et planifiés ainsi que leur comportement lorsqu’ils sont soumis à une sur-
charge (cas de défaillance) doivent donc être vérifiés systématiquement (voir § 2.4).
Mais les mesures de protection contre les mouvements de terrain ne peuvent pas
toujours être résilientes. On applique alors un système redondant ou assez robuste pour
supporter des contraintes élevées sans céder et plus fiable en cas de forte charge (p. ex.
une digue au lieu d’un filet pare-pierres).

La robustesse peut être définie comme l’aptitude d’un ouvrage et de ses composantes à
limiter une dégradation ou une défaillance dans une mesure acceptable par rapport à la
cause ayant provoqué ces dernières (d’après SIA 260). Cela signifie que la défaillance
d’un élément de l’ouvrage ne doit pas entrainer la défaillance de son ensemble. Il faut
donc veiller, lors de la phase de planification, à ce que l’action des processus naturels
ne puisse pas entraîner un endommagement rapide ou généralisé de l’ouvrage, ou une
défaillance totale. Selon le contexte, notamment en raison de limitations techniques ou
financières, il peut être judicieux de prévoir des mesures complémentaires ou un sys-
tème redondant pour limiter au maximum l’ampleur des dommages.

De plus, la mise en œuvre de mesures organisationnelles permet de diminuer consi-


dérablement, voire d’éliminer, les risques encourus par des personnes lorsque des
mouvements de terrain menacent de se produire (voir § 4.10). Ces mesures peuvent
être prises en complément aux autres afin de limiter les risques résiduels et de les
ramener à un niveau acceptable. Mais les meilleures garantes de sécurité et de dura-
bilité sont toutefois les mesures d’aménagement du territoire qui visent à laisser libres
ou à libérer les surfaces et les couloirs touchés en cas de surcharge (art. 17, al. 3, OFo).
4 > Mesures 67

4.10 Mesures d’organisation et plans d’urgence

Dans les endroits où la protection de la population et de valeurs matérielles considé-


rables l’exige, les cantons instituent des services d’alerte. Ils pourvoient à l’aménage-
ment et à l’exploitation des stations de mesure et des systèmes d’information néces-
saires (art. 16, al. 1, OFo). Nous ne serons jamais à même de nous protéger intégrale-
ment contre les mouvements de terrain. Les dangers potentiels ne sont ni entièrement
calculables ni totalement contrôlables. Les événements naturels sont capables de sur-
passer l’intensité prise en compte lors de la conception d’un ouvrage, de survenir dans
des endroits considérés jusqu’ici comme non exposés à des dangers, ou de toucher des
périmètres non sécurisés.

Les mesures d’organisation sont destinées à limiter la gravité et la durée des situations
de crise. Elles comprennent notamment la surveillance, l’alerte, l’alarme, la mise en
œuvre des interventions planifiées, le sauvetage et la prise en charge des victimes. Des
dispositions d’urgence sont appliquées juste avant un événement et pendant qu’il se
produit. La préparation et la réalisation des mesures de maîtrise incombent en principe
aux spécialistes des dangers naturels, aux organes de conduite et aux unités d’interven-
tion. La protection de la population implique cinq organisations partenaires: la police,
les sapeurs-pompiers, la santé publique, les services techniques et la protection civile.
La maîtrise des événements requiert de leur part un engagement et une collaboration
sans faille.

Il n’est pas toujours possible, pour des raisons techniques et économiques, de lutter
avec des mesures constructives contre les mouvements de terrain, notamment contre
les processus impliquant de grandes masses rocheuses. Lorsqu’un périmètre menacé ne
peut pas être sécurisé complètement, la mise en œuvre de systèmes de surveillance,
d’alarme et d’alerte permet néanmoins de protéger les personnes à un coût modéré.

De bonnes données de base sur les dangers sont nécessaires pour concevoir un système
de surveillance. Si de tels documents font défaut, les processus, les dangers et les
risques doivent préalablement être analysés.

Les systèmes de surveillance destinés à transmettre l’alerte ou l’alarme doivent être


conçus et mis en œuvre en fonction des objectifs visés et au niveau approprié. Les
étapes à suivre et les critères à appliquer sont décrits ci-après.

4.10.1 Systèmes de préalerte

La protection souhaitée et le but de la surveillance doivent être fixés à l’avance, car le


concept de suivi en dépend largement. Les mesures périodiques sont utiles pour obser-
ver une instabilité et comprendre en même temps le processus à l’œuvre. L’évolution
des glissements est souvent suivie de cette manière si le délai nécessaire pour prendre
d’autres mesures (p. ex. évacuation) est jugé suffisant. Le temps de réaction (ou d’inter-
vention) lié aux processus brutaux et rapides est court, si bien que les instabilités de ce
type seront surveillées au moyen d’un système d’alarme fonctionnant en continu.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 68

C’est ainsi qu’on distingue quatre niveaux de surveillance en fonction de l’objectif


poursuivi. La mise en place d’un système d’alerte ou d’alarme implique de comprendre
préalablement les processus dangereux, c’est pourquoi il faut impérativement commen-
cer par évaluer les dangers. Puis on décide s’il y a lieu de passer aux niveaux 2, 3 ou 4.
Le nombre de mesures à effectuer croît d’un niveau à l’autre:

Tab. 3 > Niveaux de surveillance

Niveau But, type Fréquence des relevés

1. Meilleure compréhension du processus, évaluation du danger Un ou plusieurs


2. Suivi ou surveillance de l’évolution du processus Périodiques*
3. Détection précoce, système d’alerte ** Périodiques*, fréquents
4. Surveillance permanente, systèmes d’alarme ** Continus***
* Intervalles possibles entre les mesures périodiques: jours, mois, année(s). Ils peuvent être réguliers ou irréguliers. Dans certaines circonstances
(suite à des précipitations ou à des intempéries, etc.), un intervalle fixé peut être raccourci.
** Les systèmes de préalerte comprennent des systèmes d’alerte et d’alarme («Early Warning Systems» en anglais). Ils sont intégrés dans une
stratégie de sécurité.
*** Surveillance continue avec transmission des données en temps réel afin de diffuser l’alarme (systèmes d’alarme). La surveillance continue avec
transmission rapide des données (en temps réel) est notamment indiquée lorsqu’une rupture spontanée est à craindre. Elle permet en principe
de surveiller le processus initial («first move», p. ex. éboulement) et le processus secondaire («second move», p. ex. lave torrentielle).

Une fois le niveau de surveillance défini, on établit une stratégie tenant compte des
possibilités de faire des mesures en surface et dans le sous-sol. Les quatre niveaux
peuvent être planifiés et réalisés l’un après l’autre. Les paramètres suivants sont sus-
ceptibles d’être intégrés dans une stratégie de surveillance:

> déplacements, déformations: les produits tels que vitesses, accélérations et mouve-
ments différentiels sont calculés à partir des déplacements mesurés;
> paramètres météorologiques (précipitations, température, etc.);
> paramètres hydrauliques (pression hydraulique, niveau d’eau, vitesse d’écoulement,
etc.);
> valeurs géophysiques (microsismiques, acoustiques, etc.);
> autres caractéristiques des matériaux ou des processus dangereux.

Le choix des méthodes et des techniques de mesure revêt une grande importance. Il
faut examiner si celles qu’on envisage se prêtent à la surveillance fiable, précise, con-
tinue, durable d’une surface ou d’une ligne. Leurs avantages et leurs inconvénients
doivent être évalués préalablement en fonction de leur pertinence et de leur durabilité.
Les méthodes appliquées pour surveiller les mouvements de terrain sont subdivisées en
trois types selon la configuration des mesures:

a) Mesures ponctuelles:
Exemples: extensomètre mesurant l’ouverture d’une fissure, GPS.
b) Mesures linéaires (le long d’une ligne ou d’un profil):
Les mesures linéaires peuvent être effectuées le long d’une ligne située en surface
ou le long d’un profil souterrain, tel que trou de forage. Les mesures dans un trou de
forage sont très importantes, car elles permettent de mesurer des modifications ou
4 > Mesures 69

des déformations du sous-sol avec une bonne fiabilité. Exemple: inclinomètre placé
dans un trou de forage.
c) Mesures couvrant l’ensemble d’un territoire:
L’avantage des mesures couvrant l’ensemble d’un territoire est leur résolution spa-
tiale (c’est-à-dire leur grande couverture). Cette caractéristique est très importante
dans les régions où l’extension et l’activité des instabilités est inconnue. Exemples:
LIDAR, INSAR, photos (les trois peuvent être appliqués à partir d’un satellite, d’un
aéronef ou du sol).

La combinaison de plusieurs méthodes peut s’avérer judicieuse lorsqu’il est utile


d’avoir des informations ponctuelles, linéaires et surfaciques. Elle est aussi nécessaire
quand il s’agit d’effectuer des analyses spatialement distinctes ou si la surveillance doit
satisfaire à des exigences élevées (p. ex. redondance nécessaire).

Précision des mesures

La précision exigée doit être fixée au préalable. Cela implique de connaître les spécificités
techniques des appareils de mesure et les caractéristiques du système de surveillance. La
précision des mesures de déplacement sera submillimétrique à décimétrique. En général, le
danger d’éboulement requiert une précision de l’ordre du millimètre. La précision des
appareils de mesure doit être vérifiée (étalonnage).

Un dispositif de surveillance venant d’être installé est d’abord observé afin d’appré- Analyse et interprétation
hender le fonctionnement du système, la variabilité des mesures, les fluctuations natu- des données
relles et leur influence (phase dite «d’étalonnage»). Ensuite seulement, on pourra en
tirer des interprétations touchant à la sécurité et fixer des seuils. Les questions sui-
vantes sont traitées lors de l’analyse et de l’interprétation des données:

> Quelle est l’évolution des déplacements? Quelle est leur dynamique? Quelle est la
nature des mouvements? Y a-t-il des accélérations et des tendances?
> Y a-t-il des influences externes importantes, telles que précipitations ou température?
> Y a-t-il des indices de mécanismes de rupture?

L’interprétation des données ainsi acquises et de la dynamique des mouvements de ter-


rain fonde l’évaluation des dangers. Elle permet de vérifier les scénarios et le système
de préalerte.

La stratégie de surveillance est réexaminée lorsque les risques changent ou que des Fiabilité des systèmes
incertitudes excessives subsistent. On vérifie alors la fiabilité des données acquises, des de préalerte
valeurs limites et du système lui-même. Cette opération comprend une étude statistique
des données assortie d’analyses d’erreur (écart type, etc.).

La fiabilité des systèmes de préalerte est subdivisée en trois volets:

1. fiabilité technique (appareils, composants, configuration du système);


2. fiabilité des données fondant les alertes aux dangers naturels (pertinence);
3. fiabilité des personnes (experts, préposés à la sécurité, etc.).
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 70

La fiabilité des personnes importe surtout lorsqu’un système d’alerte implique une
décision humaine d’intervenir. Elle concerne la qualité des interprétations et la compé-
tence des experts en cas d’événement. Leur propension à tolérer plus ou moins de
risques influence la sécurité. En cas d’événement, on compte aussi sur d’autres per-
sonnes appelées à prendre des décisions (responsables de la sécurité, organes de con-
duite communaux, etc.).

Lorsqu’on évalue un système de surveillance ou les données qu’il livre, on doit se de-
mander si le nombre de points de mesure et le nombre de paramètres considérés est ap-
proprié. Cet examen peut révéler qu’il manque des points essentiels alors que d’autres
peu significatifs sont relevés. On vérifiera aussi la fréquence des mesures.

Les systèmes de préalerte doivent être aptes au service et disponibles à tout moment.
On veillera à ce qu’ils aient une longévité suffisante. Leur fiabilité sera vérifiée régu-
lièrement durant la phase d’exploitation: fiabilité du système lui-même (fonctionne-
ment des appareils de mesure, transmission et sauvegarde des données, alimentation de
secours, etc.), effets des dangers naturels (impacts de pierres, de foudre, etc.), effets
d’une activité humaine ou animale (détérioration, etc.). Les systèmes de surveillance
dont on exige une grande fiabilité doivent être redondants.

L’alerte ou l’alarme est liée à un phénomène évolutif, ici à un processus dangereux. Alerte
Elle est notamment transmise en cas de danger de crue, d’avalanche ou d’éboulement.
Ces processus ont un aspect spatial et un aspect temporel. Ils sont associés à un péri-
mètre donné, par exemple d’échelle locale, régionale, nationale ou internationale. Ils
diffèrent aussi largement par leur évolution temporelle. Lorsqu’un éboulement est
imminent, le délai de réaction se compte en secondes ou en minutes. Il est de plusieurs
minutes quand une lave torrentielle se déclenche dans un terrain meuble périglaciaire
instable. En cas de crue menaçant une ville comme Berne, Bâle ou Budapest, il reste
davantage de temps pour transmettre l’alerte (quelques heures ou quelques jours).

Il incombe aux autorités locales de transmettre l’alarme à l’échelon local. Dans les ré-
gions notoirement menacées, l’alerte et l’alarme sont confiées à des équipes spéciale-
ment formées. Elles tirent leurs informations de leurs propres systèmes de surveillance
et d’institutions nationales. Les valeurs limites des mouvements de terrain sont fixées
de cas en cas. De l’ordre du millimètre ou du centimètre lors d’un éboulement immi-
nent, elles sont généralement plus élevées dans le cas de glissements en terrain meuble.

Le concept de sécurité est utile à l’autorité ou à l’institution qui se prépare à un événe-


ment naturel. Il règle notamment les compétences en matière d’alerte et d’alarme. Les
personnes et les institutions susceptibles d’être impliquées sont les suivantes:

> spécialiste en dangers naturels,


> préposé à la sécurité, service de sécurité, conseiller en dangers naturels 1,
> commission des dangers naturels, commission ou service en charge de l’alerte1,
> état-major communal de conduite, conseil exécutif communal,
> unités d’intervention de la protection de la population (police, sapeurs-pompiers,
santé publique, protection civile, services techniques),
1 échelons / unités possibles: commune, canton, exploitation
4 > Mesures 71

> service cantonal spécialisé, état-major cantonal de conduite,


> service fédéral spécialisé, tiers.

L’efficacité de ces mesures de protection dépend aussi des réactions des personnes me-
nacées. Elles doivent être en mesure de recevoir et de comprendre les alarmes, puis il
faut qu’elles se comportent de manière adéquate en cas de danger imminent. Exemples:
respecter les feux rouges, quitter le périmètre menacé lorsque la sirène retentit, gagner
un abri (voir aussi le paragraphe consacré à la planification des mesures d’urgence).

Les valeurs limites appliquées aux systèmes de préalerte auront été fixées préalable-
ment par des experts en fonction du site concerné. La procédure de levée des alarmes
doit aussi être spécifiée (valeur limite, contrôles, compétences, etc.). Le tableau suivant
expose à titre d’exemple trois valeurs limites ou seuils, de même que les compétences
qui leur sont associées:

Tab. 4 > Exemples de valeurs limites et seuils

Valeur limite Vitesse v [mm/jour] Personnes, compétences

P. ex. valeur limite 1: v>1 mm/jour


si déplacement global >3 mm → spécialiste, etc.
P. ex. valeur limite 2: v>3 mm/jour → + commission des dangers
naturels
P. ex. valeur limite 3: v>8 mm/jour ou
déplacement global >10 mm → + état-major de conduite, etc.

Remarque: le nombre de valeurs limites fixées peut être supérieur ou inférieur à trois.

Informations complémentaires

Les services spécialisés de la Confédération sont compétents en ce qui concerne l’alerte à


l’échelon national (voir à ce sujet l’ordonnance fédérale sur l’alerte et l’alarme, OAL, et
l’arrêté du Conseil fédéral concernant l’optimisation de l’alerte et de la transmission de
l’alarme, OWARNA). Ils utilisent la Plate-forme commune d’information sur les dangers
naturels (GIN) pour fournir conjointement aux spécialistes en la matière leurs produits
concernant les différents dangers naturels. Ces produits comprennent des données mesu-
rées, des prévisions, des avis d’alerte et des bulletins.

4.10.2 Planification des mesures d’urgence

Les plans de mesures d’urgence fixent les mesures qui devront être mises en œuvre par
les autorités compétentes et les unités d’intervention en cas d’événement (selon art. 15,
al. 1, let. c, OFo). Elles sont principalement destinées à sauver des personnes, et des
animaux de rente le cas échéant, à diminuer l’ampleur des dommages et à limiter les
dommages consécutifs causés par des substances dangereuses comme les produits chi-
miques.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 72

Il est essentiel que les autorités compétentes connaissent les dangers dus aux mouve-
ments de terrain et les niveaux d’alerte et d’alarme correspondants (voir points précé-
dents). Les conséquences des événements dangereux sont au moins atténuées grâce aux
plans d’évacuation et d’intervention et à leur préparation. En sus des préparatifs logis-
tiques, on prévoira des refuges sûrs pour abriter les personnes évacuées.

Pour en savoir plus

> Sättele M., Bründl M., 2015: Guide pratique pour l’utilisation de systèmes de préalerte
dans le domaine des dangers naturels gravitationnels
> Plate-forme GIN (site à accès limité): www.gin.admin.ch
> OWARNA: www.planat.ch/fr/behoerden/im-ereignisfall/owarna
> Alertes aux dangers naturels de la Confédération: www.dangers-naturels.ch

4.11 Vérification périodique et contrôle d’efficacité

Le contrôle d’efficacité indique, d’une part, si des mesures données ont atteint leur ob-
jectif (ou non). Il incombe aux autorités de vérifier le concept de protection mis en
œuvre et les documents de base sur les dangers. Ce réexamen semble nécessaire en
particulier après des intempéries. Le contrôle d’efficacité fournit, d’autre part, des
indications sur les points pouvant être adaptés ou optimisés à l’avenir. Il ne constitue
donc pas un but en soi, mais il fait partie intégrante des projets. Il révèle également si
les montants engagés ont été utilisés à bon escient, conformément aux objectifs visés.

La vérification du concept de protection concerne aussi l’entretien. Toutes les mesures


doivent rester opérationnelles, non seulement les ouvrages construits, mais aussi les
mesures d’aménagement du territoire et d’organisation.
> Annexe 73

> Annexe
A1 Bases légales

La présente aide à l’exécution concernant la protection contre les dangers dus aux
mouvements de terrain se fonde sur diverses lois fédérales et leurs ordonnances. Les
principales prescriptions qui concernent les dangers naturels sont énumérées ci-après:

Loi fédérale du 22 juin 1979 sur l’aménagement du territoire (LAT, RS 700)

Art. 6: Études de base


2
En vue d'établir leurs plans directeurs, les cantons élaborent des études de base dans
lesquelles ils désignent les parties du territoire qui:
c) sont gravement menacées par des forces naturelles ou par des nuisances.

Art. 15: Zones à bâtir


4
De nouveaux terrains peuvent être classés en zone à bâtir si les conditions suivantes
sont réunies:
a) ils sont propres à la construction.

Loi fédérale du 4 octobre 1991 sur les forêts (LFo, RS 921.0)

Art. 1: But
1 La
présente loi a pour but:
a) d’assurer la conservation des forêts dans leur étendue et leur répartition géogra-
phique;
b) de protéger les forêts en tant que milieu naturel;
c) de garantir que les forêts puissent remplir leurs fonctions, notamment leurs fonctions
protectrice, sociale et économique (fonctions de la forêt);
d) de maintenir et promouvoir l’économie forestière.

2 Elle a en outre pour but de contribuer à protéger la population et les biens d’une va-
leur notable contre les avalanches, les glissements de terrain, l’érosion et les chutes de
pierres (catastrophes naturelles).

Art. 19: Protection contre les catastrophes naturelles

Là où la protection de la population ou des biens d’une valeur notable l’exige, les can-
tons doivent assurer la sécurité des zones de rupture d’avalanches ainsi que des zones
de glissement de terrain, d’érosion et de chutes de pierres et veiller à l’endiguement
forestier des torrents. Des méthodes aussi respectueuses que possible de la nature
doivent être utilisées.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 74

Art. 36: Protection contre les catastrophes naturelles


1 La Confédération alloue aux cantons, sur la base de conventions-programmes, des
indemnités globales pour les mesures destinées à protéger la population et les biens
d’une valeur notable contre les catastrophes naturelles, notamment:
a) la construction, la remise en état et le remplacement d’ouvrages et d’installations de
protection;
c) l’établissement de cadastres et de cartes des dangers, l’aménagement et l’exploita-
tion de stations de mesures ainsi que la mise sur pied de services d’alerte, pour
assurer la sécurité des agglomérations et des voies de communication.

Ordonnance du 30 novembre 1992 sur les forêts (OFo, RS 921.01)

Art. 15: Documents de base


1
Les cantons établissent les documents de base pour la protection contre les catastro-
phes naturelles. Ils:
a) dressent des inventaires répertoriant les ouvrages et les installations importants pour
la protection contre les catastrophes naturelles (cadastre des ouvrages de protection);
b) documentent les sinistres (cadastre des événements) et analysent en cas de besoin les
sinistres d’une certaine gravité;
c) élaborent des cartes des dangers et des plans d’urgence en cas de sinistre et les tien-
nent à jour.

2
Lors de l’établissement des documents de base, les cantons tiennent compte des tra-
vaux exécutés par les services spécialisés de la Confédération et de ses directives tech-
niques.

3
Ils tiennent compte des documents de base lors de toute activité ayant des effets sur
l’organisation du territoire, en particulier dans l’établissement des plans directeurs et
d’affectation.

4
Sur demande, ils mettent les documents de base à la disposition de l’OFEV et les
rendent accessibles au public sous une forme adaptée.

Art. 16: Services d’alerte


1 Dans
les endroits où la protection de la population et de valeurs matérielles considé-
rables l’exige, les cantons instituent des services d’alerte. Ils pourvoient à l’aménage-
ment et à l’exploitation des stations de mesure et des systèmes d’information néces-
saires.

2 Lors de la mise sur pied et de l’exploitation des services d’alerte, les cantons tiennent
compte des travaux exécutés par les services spécialisés de la Confédération et de ses
directives techniques.

3 Ils
veillent à ce que les données des stations de mesure et des systèmes d’information
soient mises à la disposition de l’OFEV si celui-ci en fait la demande et soient rendues
accessibles au public sous une forme adaptée.
> Annexe 75

Art. 17: Sécurité des territoires dangereux


1 La sécurité des territoires dangereux comprend:
a) des mesures sylvicoles;
b) des constructions pour empêcher les dégâts d’avalanches et exceptionnellement
l’aménagement d’installations pour le déclenchement préventif d’avalanches;
c) des mesures concomitantes dans le lit des torrents, liées à la conservation des forêts
(endiguement forestier);
d) des travaux contre les glissements de terrain et le ravinement, les drainages néces-
saires et la protection contre l’érosion;
e) des travaux de défense et ouvrages de réception contre les chutes de pierres et de
rochers, ainsi qu’à titre exceptionnel le minage préventif de matériaux risquant de
tomber;
f) le transfert, dans des endroits sûrs, de constructions et d’installations menacées.

2
Les travaux doivent être combinés, dans la mesure du possible, avec des mesures
d’ingénierie biologiques et sylvicoles.

3
Les cantons veillent à une planification intégrale; celle-ci tiendra compte en parti-
culier des intérêts de la gestion forestière, de la protection de la nature et du paysage,
de la construction hydraulique, de l’agriculture et de l’aménagement du territoire.

Art. 39: Protection contre les catastrophes naturelles


1
Les indemnités pour les mesures et l’établissement des documents de base sur les
dangers sont en règle générale allouées sous forme globale. Le montant des indemnités
globales est négocié entre l’office et le canton concerné et est fonction:
a) des dangers potentiels et des risques de dommages;
b) de l’ampleur et de la qualité des mesures ainsi que de leur planification.

2
Les indemnités peuvent être allouées au cas par cas lorsque les mesures:
a) présentent une dimension intercantonale;
b) touchent des zones protégées ou des objets inscrits dans des inventaires fédéraux;
c) requièrent dans une mesure particulière une évaluation complexe ou spécifique par
des experts en raison des variantes possibles ou pour d’autres motifs; ou
d) n’étaient pas prévisibles.

3
La contribution au financement des mesures visées à l’al. 2 est comprise entre 35 et
45 % des coûts et est fonction:
a) des dangers potentiels et des risques de dommages;
b) du degré de prise en compte effective des risques;
c) de l’ampleur et de la qualité des mesures ainsi que de leur planification.

4
Si un canton assume des charges considérables en raison de mesures de protection
extraordinaires, notamment à la suite de dommages dus à des intempéries, la contri-
bution visée à l’al. 3 pourra être exceptionnellement relevée à 65 % au plus du coût des
mesures.

5
Aucune indemnité n’est allouée pour:
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 76

a) des mesures visant à protéger des bâtiments et des installations qui ont été cons-
truits:
1. dans des zones alors déjà définies comme dangereuses ou réputées dangereuses, et
2. sans être alors liés impérativement à cet emplacement;
b) des mesures visant à protéger des bâtiments et des installations touristiques telles
que téléphériques, remontées mécaniques, pistes de ski ou sentiers pédestres qui se
trouvent en dehors des zones habitées.

Art. 66a: Géoinformation

L’OFEV prescrit les modèles de géodonnées et les modèles de représentation mini-


maux pour les géodonnées de base visées par la présente ordonnance, lorsqu’il est
désigné comme service spécialisé de la Confédération dans l’annexe 1 de l’ordonnance
du 21 mai 2008 sur la géoinformation.

Loi fédérale du 21 juin 1991 sur l’aménagement des cours d’eau (LACE, RS 721.100)

Art. 3: Mesures à prendre


1
Les cantons assurent la protection contre les crues en priorité par des mesures d’entre-
tien et de planification.

2
Si cela ne suffit pas, ils prennent les autres mesures qui s’imposent telles que correc-
tions, endiguements, réalisation de dépotoirs à alluvions et de bassins de rétention des
crues ainsi que toutes les autres mesures propres à empêcher les mouvements de
terrain.

3
Les mesures doivent être appréciées compte tenu de celles qui sont prises dans d’autres
domaines, globalement et dans leur interaction.

Art. 6: Indemnités afférentes aux mesures de protection contre les crues


1
Dans les limites des crédits alloués, la Confédération encourage les mesures visant à
protéger la population et les valeurs matérielles considérables contre les risques inhé-
rents à l’eau.

2Elle accorde des indemnités notamment pour:


b) l’établissement de cadastres et de cartes des dangers, l’aménagement et l’exploita-
tion de stations de mesures ainsi que la mise sur pied de services d’alerte, pour assu-
rer la sécurité des agglomérations et des voies de communication.

Ordonnance du 2 novembre 1994 sur l’aménagement des cours d’eau (OACE, RS 721.100.1)

Art. 20: Directives

L’OFEV édicte des directives, notamment sur:


b) l’établissement de cadastres et de cartes des dangers.

Art. 21: Zones dangereuses et espaces pour les cours d’eau


1
Les cantons désignent les zones dangereuses.
> Annexe 77

3
Ils tiennent compte des zones dangereuses […] dans leurs plans directeurs et dans
leurs plans d’affectation ainsi que dans d’autres activités ayant des effets sur l’organi-
sation du territoire.

Art. 22: Surveillance

Les cantons analysent périodiquement les dangers découlant des eaux et l’efficacité des
mesures mises en œuvre pour se protéger des crues.

Art. 27: Études de base effectuées par les cantons


1 Les cantons établissent les documents de base pour la protection contre les dangers
naturels. Ils:
a) dressent des inventaires répertoriant les ouvrages et les installations importants pour
la sécurité en cas de crues (cadastre des ouvrages de protection);
b) documentent les sinistres (cadastre des événements) et analysent en cas de besoin les
sinistres d’une certaine gravité;
c) élaborent des cartes des dangers et des plans d’urgence en cas de sinistre et les
tiennent à jour;
d) effectuent un relevé de l’état des eaux et de leur modification;
f) aménagent les stations de mesure requises dans l’intérêt de la protection contre les
crues et en assurent l’exploitation.

2
Ils tiennent compte des directives techniques et des travaux réalisés par la Confédé-
ration.

3
Sur demande, ils mettent les données recueillies à la disposition de l'OFEV et les
rendent accessibles au public sous une forme adaptée

Loi fédérale du 1er octobre 2010 sur les ouvrages d’accumulation (LOA, RS 721.101)

Art. 2: Champ d’application


1La présente loi s’applique aux ouvrages d’accumulation qui remplissent l’une des
conditions suivantes:
a) la hauteur de retenue au-dessus du niveau d’étiage du cours d’eau ou du niveau du
talweg (hauteur de retenue) est de 10 m au moins;
b) la hauteur de retenue est de 5 m au moins et le volume de retenue est supérieur à
50 000 m³.

2 L’autorité
fédérale de surveillance (art. 22) a les compétences suivantes:
a) assujettir à la présente loi les ouvrages d’accumulation de dimensions plus modestes
présentant un risque potentiel particulier;
b) exclure du champ d’application de la présente loi les ouvrages d’accumulation pour
lesquels il est prouvé qu’ils ne présentent pas de risque potentiel particulier.

Art. 3: Définitions
1
Sont considérés comme des ouvrages d’accumulation les aménagements destinés à re-
lever un plan d’eau ou à accumuler de l’eau ou des boues. Sont également considérés
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 78

comme tels les ouvrages destinés à retenir des matériaux charriés, ainsi que de la glace
et de la neige, ou à retenir brièvement de l’eau (bassins de rétention).

Art. 10: Dispositions pour les cas d’urgence


1 L’exploitant prend des dispositions pour le cas où la sûreté de l’exploitation de l’ouv-
rage d’accumulation ne serait plus garantie du fait d’une anomalie, d’un événement
naturel ou d’un acte de sabotage.

2
En cas d’urgence, il est tenu de prendre toutes les mesures évitant de mettre en danger
les personnes, les biens et l’environnement.

Art. 12: Protection de la population en cas d’urgence


1
En cas d’urgence, la Confédération, les cantons et les communes veillent à informer
la population sur le comportement qu’elle doit adopter et à l’évacuer si nécessaire; pour
ce faire, ils utilisent les moyens et les installations relevant de la protection de la popu-
lation.

Ordonnance du 17 octobre 2012 sur les ouvrages d’accumulation (OSOA, RS 721.101.1)

Art. 1: Définitions
1
Un ouvrage d’accumulation se compose des éléments suivants:
a) l’ouvrage de retenue;
b) le bassin de retenue qui lui appartient;
c) les installations annexes.

2
Sont réputés ouvrages de retenue:
a) les murs en béton ou en pierre naturelle;
b) les barrages en remblai;
c) les barrages mobiles au fil de l’eau et leurs digues latérales.

Art. 2: Ouvrages d’accumulation présentant un risque potentiel particulier


1
Un risque potentiel particulier existe lorsque la vie de personnes est mise en danger
ou que des dégâts matériels importants peuvent être causés en cas de rupture de l’ouv-
rage de retenue.

2 Les cantons concernés annoncent à l’autorité fédérale de surveillance (Office fédéral


de l’énergie, OFEN) les ouvrages d’accumulation qui ne sont pas soumis à la LOA en
raison de leurs dimensions, mais qui présentent probablement un risque potentiel parti-
culier.

Art. 3: Ouvrages d’accumulation ne présentant pas de risque potentiel particulier


1 L’exploitant
qui demande l’exclusion de son ouvrage d’accumulation du champ d’ap-
plication de la LOA doit joindre à sa requête tous les documents nécessaires à la vérifi-
cation du risque potentiel.
> Annexe 79

A2 Identification des types de mouvements de terrain

Pour se protéger efficacement contre les mouvements de terrain, il est très important de
connaître les processus déterminants. Chaque phénomène a ses caractéristiques propres
– cause, mécanisme de rupture, vitesse, dynamique, volume et surface touchée. La
compréhension des processus et des mécanismes permet d’évaluer les dangers et de
planifier des mesures de protection en connaissance de cause. La carte des dangers, qui
fournit des informations sur le danger auquel un secteur est exposé, est nécessaire pour
prendre des décisions concernant les mesures à prendre. Les types fondamentaux de
mouvements de terrain sont expliqués succinctement dans les paragraphes suivants.

A2-1 Définition des mouvements de terrain

La loi sur les forêts porte sur les avalanches, les glissements de terrain, l’érosion et les
chutes de pierres (art. 1, al. 2, LFo). Les dangers d’avalanches ne sont pas abordés dans
la présente aide à l’exécution. Elle s’applique par analogie à tous les processus de
chute: chute de pierres, chute de blocs, chute de glace, éboulement, écroulement et
effondrement.

La notion de transition est aussi importante. La même masse est parfois sujette à plu-
sieurs processus consécutifs. Il arrive par exemple, au front raide d’un glissement lent
continu (événement primaire, «first move»), qu’un glissement spontané parte sur une
surface secondaire et occasionne une coulée de boue (événement secondaire, «second
move»). Tous les processus et leur évolution influencent l’évaluation des dangers et
doivent donc être pris en compte (Varnes 1978, Turner & Schuster 1996).

A2-2 Processus de chute

Le décrochement de roche ou de terrain meuble dans un terrain raide est nommé pro-
cessus de chute. La plupart du temps, le matériel tombe en chute libre ou rebondit au
sol (fig. 19). Les processus de chute sont des mouvements de terrain rapides qui se
subdivisent en quatre catégories d’après leur volume et la grandeur de leurs compo-
santes (tab. 5). La taille et la forme des blocs qui tombent sont essentiellement détermi-
nées par la structure de la roche en place (fissures, etc.). Lorsque les surfaces de
rupture sont très actives et touchent des compartiments proches de la surface, les chutes
de pierres et les éboulements peuvent être dus à un phénomène de fauchage.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 80

Fig. 19 > Processus de chute


Une partie du déplacement se passe en chute libre. Puis les pierres et les blocs rebondissent et
finissent par rouler jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent.

Fissures

Rocher
Eboulis

modifié d’après Amanti et al. 1992

Tab. 5 > Classification des processus de chute en fonction du diamètre et du volume

Processus Diamètre des Volume Vitesse Remarques


composantes
Chute de <50 cm - <30 m/s En général, chute de quelques pierres
pierres par événement
Chute de blocs ≥50 cm <100 m³ <30 m/s En général, chute de quelques blocs
par événement.
Éboulement - >100 m³ 10–40 m/s Éboulement d’une masse rocheuse;
et en général, chute d’un grand nombre
<1 million de m³ de blocs qui se fragmentent pendant
leur déplacement. Les éboulements
peuvent comprendre plusieurs phases
(ruptures partielles).
Écroulement - >1 million de m³ >40 m/s La phase initiale implique une masse
compacte. Le périmètre sujet à un
écroulement, y compris la zone de
dépôt, peut avoir une grande
étendue.

A2-3 Processus de glissement (glissements de terrain)

On entend par processus de glissement un mouvement vers l’aval, sur une surface dé-
finie, de roche ou de terrain meuble (et de sol). Dans certains cas particuliers, il peut y
avoir une série de surfaces de glissement à l’intérieur d’une zone de cisaillement large
de plusieurs mètres. Les instabilités naturelles de ce type sont extrêmement courantes
en Suisse et elles se manifestent sous toutes sortes de formes. Le dernier glissement de
terrain qui a occasionné des dégâts de grande ampleur s’est produit au Falli Hölli, dans
le canton de Fribourg, en 1994. Il a détruit 40 maisons et un hôtel en les entraînant dans
le Höllbach à une vitesse de six mètres par jour (Raetzo 1997). Les conditions hydro-
géologiques influencent l’activité de ce processus. C’est pourquoi on accorde une
grande attention au rôle joué par l’eau souterraine et superficielle dans le mécanisme et
l’activité des glissements de terrain. Les critères décrits aux paragraphes suivants sont
importants pour les comprendre.
> Annexe 81

A2-3.1 Mécanisme

Un tassement est un mouvement gravitaire de terrain rocheux comprenant une com-


posante verticale prépondérante. La transition entre tassement et glissement de terrain
est graduelle et les deux phénomènes ont un mode d’action similaire. C’est pourquoi ils
sont évalués avec les mêmes critères. Des mécanismes de chute peuvent se produire
comme «second move» à partir d'une masse tassée disloquée et sont alors à traiter
selon les critères propres aux processus de chute.

Dans les glissements rotationnels, la masse en mouvement glisse vers l’aval, sous
l’effet de la gravité, le long d’une surface de rupture concave (fig. 20, à gauche). Ils
présentent souvent des cuvettes oblongues et des fissures de traction dans leur partie
supérieure. La masse mobilisée est comprimée à son front, où elle forme des bourrelets
caractéristiques. Ce type de glissement survient dans un terrain meuble homogène,
principalement argileux et limoneux.

Dans les glissements translationnels, des couches ou des séries de couches glissent le
long d’une zone de faiblesse préexistante sensiblement plane (fig. 20, à droite). Leur
superficie est très variable. Elle peut atteindre plusieurs kilomètres carrés, jusqu’à
45 km² pour un cas situé en Suisse. La masse mobilisée a souvent une épaisseur de
quelques dizaines de mètres. Les zones de flysch et de schistes marno-calcaires sont
particulièrement sujettes à ce genre de mouvement. Sur le terrain, on constate fré-
quemment des formes combinées de glissements rotationnels et translationnels.

Fig. 20 > Glissement rotationnel (à gauche) et translationnel (à droite)


Les glissements rotationnels sont caractérisés par une surface de glissement circulaire. Les glissements translationnels, qui se
déplacent sur une surface sensiblement plane, peuvent atteindre une vitesse maximale de déplacement plus élevée.

schéma modifié d’après Varnes 1978 et U.S. Geological Survey 2004

Le fluage est un cas particulier de mouvement de terrain qui est assimilé aux processus Fluage
de glissement dans la présente aide à l’exécution dans un but de simplification. Les mé-
canismes à l’œuvre ne sont pas toujours identiques ou leur définition varie d’une région
à l’autre.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 82

Les mouvements de fluage ont la même vitesse en surface que les glissements de
terrain, mais ils sont principalement dus à des déformations par cisaillement à l’inté-
rieur de la masse mobilisée (ils sont donc dépourvus de surface de glissement au sens
strict). L’ampleur des déformations diminue avec la profondeur.

Les mouvements de fluage se produisent dans des formations meubles et des couches
de sol. Les déformations par cisaillement qu’ils impliquent sont dues à la perte de co-
hésion de matériaux meubles imputable à une sursaturation en eau ou en glace. Le
fluage superficiel peut aussi être causé par des cycles de gel-dégel. Dans les Alpes, des
surfaces de plusieurs kilomètres carrés sont sujettes au fluage.

Du point de vue géotechnique, le terme «fluage» désigne essentiellement des mouve-


ments peu profonds. Mais on l’applique aussi à certains glissements ou tassements de
versants lents et profonds. Le fauchage, qui survient également en l’absence de surface
de glissement continue, relève partiellement du fluage. Mais il est particulièrement
marqué lorsqu’un système de fissures bien développé favorise l’apparition de mouve-
ments subsuperficiels dans des compartiments rocheux.

A2-3.2 Vitesse de glissement

La vitesse d’un glissement actif varie sur le long terme et fluctue constamment (fig. 21).
Il est pertinent de considérer la vitesse moyenne pluriannuelle (v) pour évaluer le danger
qu’il occasionne. Lorsque les mouvements sont réguliers, le terme «glissement perma-
nent» est recommandé, même si la vitesse varie légèrement en raison des oscillations
naturelles de la nappe phréatique, fissurale ou de versant. L’intensité du glissement croît
quand il est sujet à des accélérations, jusqu’à atteindre v max . Dans le cas extrême, une
forte accélération peut provoquer le passage à un processus spontané. C’est notamment
le cas lorsqu’une coulée de boue émane brusquement d’un glissement de terrain actif.
La variation de la vitesse est donc un critère important pour évaluer le danger potentiel
(voir le chap. 2 et les § 2.5 ss).

La variation de la vitesse (v max ) peut être assortie d’une probabilité. Celle-ci dépend de
plusieurs facteurs, à commencer par les précipitations, les caractéristiques mécaniques
de la roche, le niveau de la nappe, la pression interstitielle dans le sol ainsi que le
mécanisme, la profondeur et le volume du glissement. Il faut tenir compte de ces fac-
teurs, et d’autres encore, pour évaluer la vitesse v max . Dans le cas idéal, elle est déter-
minée à partir de variations mesurées.

Si le déplacement atteint plusieurs décimètres pendant une phase de crise, ou un mètre


lors d’un événement, on qualifie généralement l’intensité de forte, car des personnes et
des biens sont exposés à une grave menace immédiate. Dans le cas extrême, la vitesse
peut croître de zéro à plusieurs mètres par an (v max ). On parle alors de réactivation
(voir § 2.9).
> Annexe 83

Fig. 21 > Relations temps / déplacement pour différents types de glissement


Seule la courbe verte décrit une vitesse permanente au sens strict. Elle varie dans toutes les
autres courbes.
Coulée de boue
Glissement spontané
Déplacement

Fluage
Glissement permanent s.s.

«Glissement permanent»
avec phases actives

Glissement avec accélération


(p. ex. glissement rocheux évoluant
en processus de chute)

Temps
modifié d’après Romang, éd. 2008

A2-3.3 Surface de glissement

En général, la profondeur de la surface de glissement a une incidence directe sur la


propension à la réactivation et aux mouvements différentiels. Les glissements de ter-
rain superficiels réagissent plus rapidement que les glissements profonds à la modifica-
tion d’un paramètre (p. ex. propriétés en surface, présence d’une nappe de versant ou
interaction avec un cours d’eau). C’est pourquoi des compartiments substables ou ap-
paremment stables peuvent devenir spontanément instables lors d’intempéries. Certains
glissements – superficiels en particulier – bougent alors brusquement et peuvent géné-
rer des processus d’écoulement rapides.

Les glissements moyens et grands comprennent fréquemment plusieurs surfaces de


glissement; toutes les déformations et discontinuités sont déterminantes dans l’évalua-
tion du danger. La dangerosité et les déformations sont souvent générées par des sur-
faces secondaires qui se trouvent à quelques mètres de profondeur. Lorsqu’on étudie
des glissements très profonds, il faut donc tenir compte du fait que la surface de glisse-
ment basale peut s’accompagner de plans de glissement secondaires.

La profondeur (p) des glissements de terrain est classée comme suit:

> 0–2 m: glissement superficiel


> 2–10 m: glissement semi-profond
> 10–30 m: glissement profond
> >30 m: glissement très profond (nouveau)
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 84

A2-3.4 Mouvements différentiels

Des forces de cisaillement capables d’endommager des bâtiments et des infrastructures


apparaissent au contact entre les compartiments qui se déplacent à des vitesses ou di-
rections différentes (fig. 22).

Fig. 22 > Effets des mouvements différentiels


Torsion et basculement d’un bâtiment, fissuration de la maçonnerie, cisaillement affectant
une partie du bâtiment.
en coupe

in
terra
ce du
surfa glissement
maison
(en coupe) ent
sem
e glis
ce d
surfa
zone stable

en plan déplacement: vitesse de glissement:


(avec mouvements différentiels)

t0 .
0 cm - nulle
10 m

maison - lente
(en plan)

10 cm - rapide

tx
avec le temps, rotation et torsion
du bâtiment, avec dommages
progressifs (p.ex. formation de
fissures) jusqu’à destruction
complète

Il y a également lieu d’examiner les zones d’extension (fissures de traction) et de com-


pression (bourrelets). Tous ces mouvements différentiels (md) peuvent occasionner de
gros dégâts, c’est pourquoi ils constituent un critère très important dans l’évaluation
des dangers. Les mouvements différentiels doivent être pris en compte dans l’établis-
sement des cartes des dangers (voir chap. 2).
> Annexe 85

A2-4 Processus d’écoulement (coulée de boue)

La catégorie des processus d’écoulement englobe:

> les coulées de boue, mélanges de terre, de pierres et d’eau qui s’épandent en pleine
pente;
> les laves torrentielles, mélanges de terre, de pierres et d’eau qui s’écoulent dans un
chenal préexistant

Les laves torrentielles – et les méthodes appliquées pour évaluer le danger qu’elles
génèrent – ne sont pas examinées dans la présente aide à l’exécution, car ce processus
est déjà traité dans les recommandations relatives aux dangers dus aux crues (OFEE et
al. 1997 et OFEG 2001).

Les mouvements superficiels qui n’impliquent aucun plan de cisaillement, ou alors


seulement dans leur phase initiale, sont considérés comme des processus d’écoulement.
La distribution des vitesses dans la masse mobilisée est celle d’un écoulement vis-
queux. Les précipitations abondantes et les apports d’eau souterraine jouent un rôle
crucial dans le déclenchement de ces processus.

Fig. 23 > Processus d’écoulement: coulée de boue


Lorsqu’un écoulement n’emprunte aucun chenal mais descend en pleine pente, on le qualifie
généralement de coulée de boue. Le même processus qui emprunte un chenal est nommé lave
torrentielle.
Zone d’arrachement

Levée
Zone de transit Terrain meuble

Zone de dépôt
Substrast rocheux

Plaine alluviale
schéma modifié d’après Amanti et al. 1992

Les coulées de boue sont caractérisées par l’écoulement d’une masse visqueuse formée
d’un mélange de terrain meuble et d’eau. Elles sont plus lentes sur leurs bords, ce qui
provoque parfois la formation de petites crêtes latérales dites «levées». Au pied de la
pente, les coulées de boue ralentissent et s’étalent en forme de langue avant de s’arrê-
ter. Ce sont essentiellement les fortes teneurs en eau qui engendrent des vitesses éle-
vées, souvent génératrices d’importants dommages. Les pentes raides dont la couver-
ture quaternaire (moraine argileuse ou limon de pente) est nettement moins perméable
que le soubassement sont particulièrement sujettes à ce genre d’instabilité. De tels con-
trastes de perméabilité entre les différentes couches favorisent l’établissement de pres-
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 86

sions hydrauliques élevées, fréquemment à l’origine de glissements évoluant en cou-


lées de boue.

L’intensité d’une coulée de boue est évaluée en fonction de l’épaisseur de la couche


mobilisable et de la hauteur de son dépôt.

A2-5 Mouvements dans le pergélisol

Le pergélisol est un terrain gelé (T≤0 °C) toute l’année. Cela signifie que de la glace se
forme dans ses pores et dans ses fissures, si bien qu’il est sensiblement imperméable à
l’eau liquide. Dans les Alpes, on suppose qu’il occupe de vastes surfaces à une altitude
supérieure à 2500 à 3000 mètres selon l’exposition. La couche superficielle qui sur-
monte le pergélisol, nommée couche active, dégèle à la saison chaude en ayant souvent
une teneur élevée en eau.

Diverses formes de fluage peuvent se produire dans les zones de pergélisol (p. ex.
glaciers rocheux). Les mouvements de fluage subsuperficiels d’ampleur métrique (soli-
fluxion) sont également favorisés par la présence d’un niveau gelé en permanence, car
la couche active est souvent saturée en eau à cause de l’imperméabilité du pergélisol
sous-jacent.

Le fluage, comme d’autres mouvements de terrain qui surviennent à une altitude éle-
vée, est sensible aux variations de température: la viscosité et la résistance à la rupture
de la glace sont étroitement liées à sa température, alors que l’extension du pergélisol
répond avec un certain décalage à l’évolution des températures de surface. L’accélé-
ration des glaciers rocheux et des glissements de terrain, la recrudescence des laves tor-
rentielles et la déstabilisation de compartiments rocheux figurent parmi les consé-
quences possibles d’une hausse de la température.

A2-6 Processus d’effondrement et d’affaissement

Les régions karstiques comprennent souvent des dolines. Le lessivage d’une roche so-
luble (calcaire, dolomie, gypse ou encore cornieule), l’érosion et la présence de cavités
souterraines préexistantes sont susceptibles de générer un effondrement ou un affaisse-
ment. Les roches gypseuses sont relativement vite lessivées si de l’eau est disponible
en suffisance. Mais ces phénomènes karstiques sont aussi capables de former petit à
petit des cavités problématiques dans le calcaire et dans la dolomie. Leur rupture – dont
le moment est difficile à prévoir – peut provoquer un effondrement soudain («sudden
collapse»). Ces roches solubles sont courantes dans le Jura, dans les nappes calcaires
helvétiques et dans les Préalpes. Les failles et les plissements accroissent leur tendance
à l’instabilité.
> Annexe 87

A3 Détermination de la probabilité d’occurrence des processus d’écoulement

L’annexe 3 complète les critères d’évaluation de la probabilité d’occurrence des pro-


cessus de glissement et d’écoulement introduits aux § 2.8.2 et 2.8.3. Deux méthodes
permettant de déterminer cette probabilité sont exposées ici: celle du diagramme de
probabilité et celle de l’organigramme.

A3-1 Détermination à l’aide du diagramme de probabilité

Cette méthode intègre la déclivité moyenne tirée de l’analyse statistique (étape 3,


fig. 24) et l’influence des facteurs aggravants (étape 4). Dans les pentes de déclivité
largement en-deçà des valeurs critiques, on assigne une probabilité d’occurrence infé-
rieure à 0,003 en l’absence de facteurs aggravants; on considère alors que le danger est
de niveau résiduel.
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 88

Fig. 24 > Détermination de la probabilité d’occurrence d’une coulée de boue


Etapes de la procédure et diagramme de probabilité. La position du point 1) dans le graphique
de l’étape 5 correspond par exemple à une probabilité moyenne. Ce point de référence se
trouve sur la pente moyenne (déclivité moyenne des événements analysés) et considère que les
facteurs aggravants ont une faible incidence. Pour déterminer le degré de danger, il faut
également évaluer l’intensité, en plus de la probabilité d’occurrence. α m = pente moyenne;
σ = écart type.
Evaluation de la probabilité Evaluation
d’occurrence de l’intensité (h, e)

Etape 1
Délimitation de zones géologiquement uniformes
(conditions géologiques homogènes)

Etape 2
Etablissement du cadastre des événements
et cartographie des phénomènes,
«témoins muets»

Etape 3 Etape 4
Détermination des pentes critiques: Détermination des facteurs aggravants
valeur moyenne αm et écart type σ (hydrogéologie, géomorphologie, végétation, etc.)

Etape 5
Détermination de la probabilité d’occurrence d’un
glissement superficiel ou d'une coulée de boue

αm - 3σ αm - 2σ αm - 1σ αm αm + 1σ
L’influence des FA

forte
AUGMENTE

TE lité
Influence des facteurs aggravants (FA)

EN bi
M a
G b
U ro
A ap
L

faible La pente 1)  La pente


DIMINUE AUGMENTE
IN lité

L’influence des
FA DIMINUE
E
IM i
D bab
U
o
pr
La

nulle
αm - 3σ αm - 2σ αm - 1σ αm αm + 1σ
Pente (zone d’arrachement)

Diagramme intensité-probabilité

Degré de danger
> Annexe 89

A3-2 Détermination à l’aide de l’organigramme

La méthode de l’organigramme se fonde sur une proposition de l’AGN (AGN 2004).


Elle a été appliquée dans quelques cantons depuis 2004 pour déterminer la probabilité
d’occurrence des coulées de boue. Cette méthode tient compte des facteurs aggravants
et de la déclivité critique dans la zone d’arrachement (environ 20° à 28°). La déclivité
de la pente est décrite en tenant compte de la déclivité critique moyenne (i quer ) sous
déduction d’un écart type (i s ).

Fig. 25 > Organigramme de détermination de la probabilité d’occurrence

1
Départ

oui Terrain meuble et/ou sol, i >20° non


ou situation géologique particulière
avec i <20°

2
oui Présence de témoins non
muets dans la région

3
Prédisposition

oui Déclivité de la pente non


dans la zone d’arrachement:
i > (iquer–is)

Coulées de boue Coulées de boue


probables improbables

4
Influence des Influence des
facteurs aggravants facteurs aggravants

forte faible nulle existante inexistante

élevée moyenne faible -

Probabilité

6
Fin

modifié d’après AGN 2004


Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 90

A4 Transposition des données de base sur les dangers dans l’aménagement du territoire

Tab. 6 > Conséquences des différents degrés de danger sur la détermination des zones et sur l’établissement des règlements des constructions
et des zones
Ces mesures doivent être appliquées non seulement par les aménagistes et les autorités cantonales et communales chargées
de l’examen des dossiers et de l’octroi des autorisations, mais aussi par les autres protagonistes comme les assurances, les
architectes, les ingénieurs, les unités d’intervention, etc., en particulier lorsque les mesures concernées ne relèvent pas de
l’aménagement du territoire.

Zone de danger Détermination des zones Règlement des constructions et des Autres mesures – ne relevant pas de
zones l’aménagement du territoire
Zone d’interdiction  Ne définir aucune nouvelle zone  Ne construire ou agrandir aucun  Informer rapidement les propriétaires concer-
Danger élevé à bâtir. bâtiment ni installation. nés du danger existant et des mesures qui
(rouge)  Déclasser ou modifier les zones  Imposer les restrictions d’affectation doivent être prises.
à bâtir non construites. nécessaires aux bâtiments existants.  Inscrire au besoin des restrictions d’affectation
 Assortir les transformations et les dans le registre foncier.
changements d’affectation de con-  Planifier et mettre en œuvre rapidement les
ditions visant à diminuer les risques. mesures de protection nécessaires sur les
 Reconstruire les bâtiments détruits plans technique et de l’organisation.
seulement dans des cas exceptionnels
et en respectant certaines conditions.
Zone de réglementation  Définir de nouvelles zones à bâtir  Ne construire aucun objet sensible.  Informer les propriétaires concernés du danger
Danger moyen en les assortissant toujours de  Subordonner les autorisations de existant.
(bleu) conditions, après avoir examiné construire à certaines conditions.
s’il existe des solutions de re-  Imposer les restrictions d’affectation
change et procédé à une pesée nécessaire aux bâtiments existants.
des intérêts.  Fixer des exigences relatives à
l’agencement, à l’affectation, à
l’aménagement et éventuellement à
l’équipement des bâtiments et des
installations.
 Édicter des prescriptions détaillées
concernant diverses mesures de
protection, selon le type de danger et
son intensité.
 Dans certains cas fondés, interdire la
reconstruction à l’identique des
bâtiments détruits afin d’améliorer la
situation.
Zone de sensibilisation  Eviter de définir des zones dans  Formuler des recommandations  Informer les propriétaires concernés du danger
Danger faible lesquelles des installations à fort relatives aux bâtiments existants. existant.
(jaune) potentiel de dommages peuvent  Selon le risque, envisager des  Conseiller des mesures applicables pour
être construites. exigences à l’endroit des utilisations prévenir les dommages, en collaboration avec
 Indiquer la situation de danger. sensibles ou des grandes les assurances.
constructions.  Imposer des mesures techniques et d’organisa-
tion spéciales aux objets sensibles, en les assor-
tissant de réserves imposées par l’assurance.
Danger résiduel  Agrandir les zones à bâtir exis-  Formuler des recommandations  Informer les propriétaires concernés du danger
(hachuré jaune/blanc) tantes et en définir de nouvelles relatives aux bâtiments existants. existant.
d’une manière très restrictive.  Selon le risque, envisager des exi-  Conseiller des mesures applicables pour pré-
 Éviter de définir des zones dans gences à l’endroit des utilisations venir les dommages, en collaboration avec les
lesquelles des installations à fort sensibles ou des grandes assurances.
potentiel de dommages peuvent constructions.  Imposer des mesures techniques et d’organisa-
être construites. tion spéciales aux objets sensibles, en les assor-
 Indiquer la situation de danger. tissant de réserves imposées par l’assurance.
Aucun danger  Pour être en droit d’affirmer qu’un périmètre donné n’est exposé à aucun danger d’après les méthodes d’évaluation des dangers
(blanc) usuelles à ce moment, il faut avoir examiné tous les sous-processus issus de toutes les sources possibles.
complété à partir de ARE et al. 2005
> Annexe 91

Tab. 7 > Conditions et mesures possibles dans le cadre de la procédure d’octroi de permis de construire

Processus Restrictions d’utilisation et Mesures de construction appliquées au bâtiment Abords et accès


conditions
Chute de  Interdire les pièces habitables  Implanter judicieusement le bâtiment à l’intérieur de la parcelle.  Interdire les accès
pierres et de (chambres à coucher, salles de  Agencer le bâtiment et l’adapter au terrain de manière à ce que quelques pièces ainsi que les aires
blocs séjour, etc.), les balcons et les seulement soient exposées (objectif: abaisser la probabilité d’impacts directs). de jeu et de séjour
terrasses dans les parties du extérieures dans les
bâtiment les plus exposées, afin  Concevoir le sous-sol et le rez-de-chaussée sous la forme de caissons monoli- secteurs les plus
de diminuer les risques encourus thiques rigides en béton armé. exposés.
par les personnes; placer les  Renforcer les parois extérieures exposées (béton armé ou coffrage avec matériaux
locaux abritant des appareils ou amortisseurs).
du matériel, les caves, les cou-  Aménager des remblais de protection, murs, digues ou étraves.
loirs de liaison, etc., du côté
exposé au danger (occupation de  Éviter les ouvertures dans les parties exposées du bâtiment, notamment pour des
courte durée). fenêtres et des portes, ou leur donner la plus petite taille possible et les renforcer.

Glissement  Implanter judicieusement le bâtiment à l’intérieur de la parcelle.  Collecter, capter et


profond  Aménager le terrain de manière à ce que les fouilles et les remblais ralentissent le dériver l’eau (en
permanent glissement (également pendant la phase de construction). surface et en pro-
fondeur; voir le point
 Opter pour une fondation plate comprenant un radier renforcé; concevoir le sous- 4.7 pour les
sol sous la forme de caissons monolithiques rigides en béton armé; éviter les mesures envisa-
configurations sensibles (p. ex. en «L» ou en «U»); fonder le bâtiment sur un sol geables).
suffisamment portant.
 Introduire les conduites dans le bâtiment de manière à ce qu’elles résistent aux
allongements et aux déformations.
 Collecter et évacuer les eaux superficielles (provenant de toitures, de parkings,
etc.) de manière contrôlée; renoncer à l’infiltration des eaux pluviales dans le sous-
sol.
Coulée de  Interdire les pièces habitables  Implanter judicieusement le bâtiment à l’intérieur de la parcelle.  Interdire les accès
boue et (chambres à coucher, salles de  Agencer le bâtiment et l’adapter au terrain de manière à ce que quelques pièces ainsi que les aires
glissement séjour, etc.), les balcons et les seulement soient exposées (objectif: abaisser la probabilité d’impacts directs). de jeu et de séjour
spontané terrasses dans les parties du extérieures dans les
(superficiel) bâtiment les plus exposées, afin  Concevoir le sous-sol et le rez-de-chaussée sous la forme de caissons secteurs les plus
de diminuer les risques encourus monolithiques rigides en béton armé. exposés.
par les personnes; placer les  Renforcer les parois extérieures exposées (béton armé ou coffrage avec matériaux  Collecter, capter et
locaux abritant des appareils ou amortisseurs). dériver l’eau (en
du matériel, les caves, les cou-  Aménager des remblais de protection, murs, digues ou étraves. surface et en
loirs de liaison, etc., du côté profondeur; voir le
exposé au danger (occupation de  Éviter les ouvertures dans les parties exposées du bâtiment, notamment pour des
point 4.7 pour les
courte durée). fenêtres et des portes, ou leur donner la plus petite taille possible et les renforcer;
mesures
les renforcements peuvent être appliqués temporairement, par exemple pendant envisageables).
une période d’intempéries.
 Collecter et évacuer les eaux superficielles (provenant de toitures, de parkings,
etc.) de manière contrôlée; renoncer à l’infiltration des eaux pluviales dans le sous-
sol.

Pour en savoir plus

> Recommandation «Aménagement du territoire et dangers naturels» (ARE et al. 2005)


> Recommandations «Protection des objets contre les dangers naturels gravitationnels»
(Egli 2005)
> Normes SIA 260, 261 et 261/1
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 92

A5 Exemple de matrice des objectifs de protection


Fig. 26 > Exemple de matrice des objectifs de protection destinée à la prévention par la gestion du territoire, comparable à celles en usage dans
les cantons
Aide à la lecture: dans les zones d’habitation (catégorie d’objets 3.2), l’objectif est une protection complète pour les événements
d’une période de retour inférieure ou égale à 100 ans. Pour les événements d’une période de retour comprise entre 100 et
300 ans, de faibles intensités sont acceptables. Pour les événements encore plus rares, des intensités moyennes sont tolérables.

d’après ARE et al. 2005


> Annexe 93

Pour en savoir plus

> Recommandation «Aménagement du territoire et dangers naturels» (ARE et al. 2005)


> Brochure «Attention dangers naturels! Responsabilité du canton et des communes en
matière de dangers naturels» (Groupe de travail «Dangers naturels» du canton de
Berne 2013)
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 94

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EconoMe
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Géoportail du canton de Berne
Norme SIA 261/1. Actions sur les structures porteuses – www.apps.be.ch/geo
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en béton. Société suisse des ingénieurs et des architectes, Zurich, Office fédéral de l’environnement (OFEV)
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OWARNA
www.planat.ch/fr/behoerden/im-ereignisfall/owarna

PLANAT
www.planat.ch

Plate-forme commune d’information sur les dangers naturels (GIN)


www.gin.admin.ch

SilvaProtect-CH
www.bafu.admin.ch/dangers-naturels > Informations pour
spécialistes: eau, glissements de terrain, processus de chute,
avalanches > Situation de danger et utilisation du territoire >
Données de base sur les dangers > SilvaProtect-CH
> Répertoire 97

> Répertoire
Fig. 15
Procédure à suivre pour planifier et réaliser des mesures 53

Fig. 16
Énergie de translation liée aux processus de chute et
domaines d’application de divers types d’écrans 60

Figures Fig. 17
Schéma comparatif des principales méthodes
d’assainissement hydrogéologiques 63
Fig. 1
Procédure de gestion des dangers naturels 12
Fig. 18
Dimensionnement d’une mesure de protection en tenant
Fig. 2
compte de la fourchette d’incertitude 66
Cadastre des événements naturels 17
Fig. 19
Fig. 3
Processus de chute 80
Filet pare-pierres 18
Fig. 20
Fig. 4
Glissement rotationnel et translationnel 81
Carte des phénomènes 19
Fig. 21
Fig. 5
Relations temps / déplacement pour différents types
Carte indicative des dangers de chute de pierres et de blocs 26
de glissement 83
Fig. 6
Fig. 22
Carte des intensités de chutes de pierres et de blocs 27
Effets des mouvements différentiels 84
Fig. 7
Fig. 23
Carte des dangers de chute de pierres et de blocs 28
Processus d’écoulement: coulée de boue 85
Fig. 8
Fig. 24
Diagrammes intensité-probabilité appliqués aux glissements
Détermination de la probabilité d’occurrence d’une coulée
permanents et aux mouvements de terrain spontanés 30
de boue 88
Fig. 9
Fig. 25
Étapes de la procédure suivie pour établir la probabilité
Organigramme de détermination de la probabilité d’occurrence 89
d’occurrence des coulées de boue 37
Fig. 26
Fig. 10
Exemple de matrice des objectifs de protection destinée à la
Proportion de glissements superficiels par classe de pente
prévention par la gestion du territoire, comparable à celles en
dans la zone d’arrachement 38
usage dans les cantons 92
Fig. 11
Critères de détermination de l’intensité 39

Fig. 12
Répartition de l’intensité pour une probabilité d’occurrence
donnée 46

Fig. 13
Répartition de la probabilité d’occurrence pour une intensité
donnée 46

Fig. 14
Niveau de sécurité visé, objectif de protection, objectif des
mesures et risque avant et après la réalisation des mesures 51
Protection contre les dangers dus aux mouvements de terrain OFEV 2016 98

Tableaux

Tab. 1
Signification des degrés de danger 30

Tab. 2
Relation entre probabilité d’occurrence et période de retour 32

Tab. 3
Niveaux de surveillance 68

Tab. 4
Exemples des valeurs limites et seuils 71

Tab. 5
Classification des processus de chute en fonction du diamètre
et du volume 80

Tab. 6
Conséquences des différents degrés de danger sur la
détermination des zones et sur l’établissement des règlements
des constructions et des zones 90

Tab. 7
Conditions et mesures possibles dans le cadre de la procédure
d’octroi de permis de construire 91