T oUHA
T oUHA
T oUHA
362
V., pour des applications, Cass. req., 14 janvier 1896, DP. 1896, 1, p. 558. - Cass, civ., 23 juin 1903, DP.
1904, 1, p. 13.-7 janvier 1907, DP. 1907, 1, p. 40.
363
C. civ., art. 1282
364
Cass. civ., 17 février 1925, S. 1925, 1, p. 64 ; Gaz. Pal., 1925, 1, p. 726.
365
Cass. req., 18 août 1852, DP. 1853, 1, p. 111 ; S. 1853, 1, p. 211.- Toulouse 23 novembre 1966, D. 1967, p.
522.- Mais, v., contra, Paris, 30 décembre 1924, Gaz. Pal., 1925, 1, p. 494. Trib. com. Lyon, 24 février 1956,
Rev. trim. dr. com. 1956, p. 703, obs. J. BECQUÉ et H. CABRILLAC ; Rev. Banque, 1956, p. 648, obs. X.
MARIN.
366
Cass. com., 30 juin 1980, Bull. civ., IV, n° 280, p. 227 ; JCP. 1980, IV, 353 ; Gaz Pal 1981, 1. p. 431, note
J. DUPICHOT ; D. 1981, inf. rap., p. 304, obs. D. HUET-WEILLER ; D. 1982 p. 53, note G. PARLÉANI ; Rev.
trim. dr. com., 1981, p. 107, obs. M. CABRILLAC et J.-L. RIVES - LANGE. -V., égal., en ce sens, Cass. com.,
3 mars 1981, Bull. civ., IV, n° 118, p. 91 ; JCP. 1981. IV, 179 ; D. 1981, inf. rap., p. 304, obs. M. CABRILLAC.
- Cass. com., 6 mai 1991, Bull. civ. IV. n° 158, p. 114 ; JCP. 1991, IV, 257.- Cass. com., 17 décembre 1991,
Bull. civ., IV, n° 394 p. 273 ; RJDA, 1992, n° 270, p. 206.
367
V., pour une application à une feuille de soins obtenue par le patient sans fraude et transmise par lui à la
sécurité sociale à fin de remboursement, la signature par le praticien de la feuille de soins constatant le paiement,
Cass. civ. 1re, 20 décembre 2000, Bull. civ., I, n°340 : Cont. Conc. Cons., 2001, n° 56, obs. L. LEVENEUR.
Lorsque plusieurs exemplaires ont été établis
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
contraire368. La seule question qui se pose, en réalité, est celle de savoir si la remise a été
vraiment volontaire369. Mais il s'agit là d'un point de fait qui est apprécié souverainement par
les juges du fond370.
Ces présomptions fondées sur la remise du titre ont sans conteste le mérite de la simplicité,
encore que leur utilisation présente, au fond, un inconvénient sérieux. Si la preuve de la
libération du débiteur est en effet ainsi rapportée, l'incertitude subsiste quant au moyen par
lequel cette libération a été obtenue ; on ne sait pas, en particulier, s'il y a eu payement ou
remise de dette371. Or, cette précision peut avoir un intérêt pratique.
Le débiteur doit les produire tous pour justifier de sa libération : Cass. civ. 1, 21 octobre 1975,
Bull. civ., I, n° 284, p. 239 ; Gaz. Pal., 1975, 2, somm., p. 262 ; D. 1976, inf. rap., p. 10.
368
V., cep., la critique de cette solution en matière commerciale par certains auteurs :
1.DUPICHOT, note sous Cass. com., 30 juin 1980, Gaz Pal., 1981, 1, p. 431, ET M. CABRILLAC et J.-L.
RIVES-LANGE, obs. sous Cass. com., 30 juin 1980, Rev. trim. dr. com., 1981, p. 107.
369
V., par ex., sur le refus d'appliquer la présomption lorsque l'origine de la remise est restée
anonyme, Cass. com., 3 décembre 1985, Bull. civ., IV, n° 285, p. 243 ; Gaz Pal., 1986, 1, pan.,
p. 76.
370
Cass, req., 6 août 1890, DP. 1895, 1. p. 165. - Cass. req., 20 octobre 1890, DP. 1891, 1. 263.-Cass. civ., 5
juillet 1950, Bull. civ., n° 157 : Gaz Pal., 1950, 2, p. 295.
371
V., pour un référencement sous la rubrique << remise de dette >> d'un arrêt ayant jugé que la restitution
volontaire par le prêteur de la reconnaissance de dette établie par l'emprunteur lors de la remise des fonds prêtés
valait présomption irréfragable de libération de ce dernier, Cass. civ. 1re, 6 janvier 2004, Bull. civ., I, n° 6 ; Cont.
Conc. Cons., 2004, n° 37, obs. L. LEVENEUR ; Rev. trim. dr. civ. 2004, p. 93, obs. J. MESTRE et B. FAGES.
372
Cass. civ. 1re, 21 février 1966, Bull. civ., I, n° 133.- Cass. com., 13 janvier 1987, Bull. 1991, Bull., civ., IV,
n° 12.- Cass. civ. 1re, 21 juin 1989, Bull. civ., I, n° 251 ; JCP. 1989, IV, 319 ; D. 1989, inf. rap., p.204 ;
Rev.trim.fr.civ.,191, p. 286, obs. J. MESTRE. – Cass.civ. 1re, 8 janvier 1991. Bull. civ., I, n° 13 ; Rev. trim. dr.
civ. 1991, p. 745, obs. J. MESTRE. - Cass. civ. 1re, 15 janvier 1991, Bull. civ., I, n° 17 ; JCP. 1992, II, 21863,
note E. du RUSQUEC ; Rev. trim. dr. civ., 1991, p.745, obs. J. MESTRE. - Cass. civ. 1re, 3 janvier 1996, Bull.
civ., I, n° 8. - Adde, D. HOLLEAUX,
De l'évolution des règles propres aux courtes prescriptions fondées sur la présomption de paiement, th. Paris,
1927, p. 25.-P. COURTIN-VINCENT, La preuve du paiement d'une somme d’argent (de l'écrit à la télématique),
th. Paris I, 1989, n° 127, p. 123. - V., aussi, Douai, 31 janvier 2001, JCP. éd. E 2002, p. 1001, qui précise que la
prescription biennale prévue par l'article 2272 du Code civil repose sur une présomption de payement qui ne peut
être invoquée que par le débiteur, et non le créancier.
373
Ont cependant été jugées ne pas être fondées sur une présomption de payement : la prescription de l'article L.
431-2 du Code de la sécurité sociale relative à l'action des praticiens pour les prestations visées à l'article L. 431-
1 (Cass. soc., 22 mars 1982, Bull. civ., V, n° 201) ; la prescription biennale de l'article L. 114-1 du Code des
assurances applicables à toutes les actions dérivant du contrat d'assurance (Cass. civ. 1, 6 juin 1979, Bull. civ., I,
n° 162) prescription de l'article L. 133-6 du Code de commerce concernant les actions nées du contrat de
transport (Cass. com., 24 février 1982, Bull. civ., IV, n° 75).
LES REGLES GENERALES 671
des dettes habituellement réglées à bref délai et pour lesquelles il n'est pas d’usage d'établir
une quittance, on présume que la passivité du créancier résulte du payement. Cette
présomption n'interdit pas la preuve contraire mais ne peut être combattue que par la délation
du serment au débiteur prétendu (374) ou lorsqu'il ressort de l'aveu de celui-ci qu'il n'a pas
acquitté sa dette (375).
C. civ., art. 2275.- V. Cass. civ., 14 mars 1951, D. 1951, p. 332.- Cass. Soc. 14 novembre 1963,
374
Bull. civ., n° 784, p. 650. - Cass. soc., 24 mai 1967, Bull. civ., nº 421, p.351; JCP. 1967, IV, 103. La
preuve du non-payement ne peut en revanche être rapportée par le serment supplétoire prêté par le
créancier : Cass. civ. 1re, 30 novembre 1955, D. 1956, p. 115. – Cass. Soc. 9 février 1977, Bull. civ.,
n° 92, p. 73.
375
Cass. civ. 1". 9 janvier 1967, Bull. civ., I, n° 11.- Cass. civ. 1, 21 juin 1989, Bull. civ. I, n 251;
JCP. 1989, IV, 319; D. 1989, inf. rap., p. 204; Rev. trim. dr. civ., 1990, p. 286, obs J. MESTRE.-Cass.
civ. 1, 8 janvier 1991, Bull. civ., I, n° 13; Rev. trim. dr. civ., 1991. p.745, obs. J. MESTRE.-Cass. civ.
1, 3 janvier 1996, Bull. civ., I, n° 8.
376
Cass. civ., 15 juillet 1942, S. 1943, 1. p. 6; DC. 1943, p. 104; Rev. trim. dr. civ 1943 7 p. 265, obs.
J. CARBONNIER.- Cass. civ. 1, 21 mars 1960, Gaz. Pal., 1960, 2, p. 76: Rev dr. civ., 1960, p. 676,
obs. A. TUNC et p. 679, obs. J. CARBONNIER.
377
Cass. com., 17 novembre 1987, Bull. civ., IV, n° 243. - V., aussi, Cass. civ. 1, 7 février 1989,
Bull. civ., 1, n° 74.
378
Cass.soc., 11 fevrier 1997, D. 1997 , inf.rap.,p.82. – V. aussi, Cass. Soc., 5 mars 1987, Bull.civ.,
V, n° 116.
379
Cass. soc., 16 février 1999, Bull. civ., V, n° 73; D. 1999, inf. rap.. p. 84: JCP 1999. IV. 1650.-
Adde, Cass. soc., 2 février 1999, Bull. civ., V, n° 48; D. 1999, inf. rap.. p. 78: JCP.
1999, IV, 1588.- Cass. soc., 2 mai 2000, pourvoi n° 98-40.455.- Cass. soc., 24 octobre 2001. pourvoi
n° 99-45.343.-Cass. soc., 26 février 2002, pourvoi n° 00-40.479.
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
380
Contra, S. DOMINGUEZ, L'indication de paiement, th. Valenciennes, 2004, n° 177, 178, qui
estime qu'il est inutile de lier la preuve du payement à celle de sa nature juridique.
381
V. Supra, nº 531.
382
V. Supra, n° 530.
383
Le développement, spécialement en matière bancaire, des conventions de preuve réglant
les modes admis pour établir la réalité du payement, notamment en cas de payement par
carte, réduit il est vrai la portée de ces exigences. - Sur la licéité des aménagements
conventionnels de la D. 1990, p. 369, note Ch. GAVALDA et somm., p. 327, obs. J. HUET; JCP.
1990, II, 21576, note preuve, v. à propos du payement par carte, Cass. civ. 1, 8 novembre
LES REGLES GENERALES 671
1989, Bull. civ., I, n° 342; G. VIRASSAMY; Rev. trim. dr. civ., 1990, p. 80, obs. J. MESTRE; Rev.
trim. dr. com., 1990, P. 79, obs. M. CABRILLAC et B. TEYSSIE; D. 1991, somm., p. 38, obs. M.
VASSEUR.
384
V.J-M. PIERRARD, Les procédés de preuve du paiement, Rev. trim. dr. civ., 1948, P.430.
385
Cass. req., 26 juin 1929, S. 1930, 1, p. 32.
plus de compte bancaire ou qui se sont vu refuser l'ouverture d'un tel compte et qui, de ce fait
rentrent dans le champ d'application de l'article L. 312-1 du Code monétaire et financier. La
deuxième exception est la plus importante; elle concerne les particuliers non-commerçants pour les
règlements qu'ils for directement à d'autres particuliers ou à des commerçants ou à des artisans
(469). Le domaine de cette exception est difficile à cerner car une certainement pas aux règlements
effectués à des personnes morales et, mais cela est moins certain, à des particuliers exerçant une
activité économique non intermédiaires divers et variés, etc.). En revanche, les règlements faits par
des particuliers à des personnes morales ne paraissent pas bénéficie de l'exemption La troisième
exception concerne « les règlements des transactions portant sur des animaux vivants ou sur les
produits de l'abattage effectués par un particulier pour les besoins de sa consommation familiale ou
par un agriculteur avec un autre agriculteur, à condition qu'aucun des deux intéressés n'exerce par
ailleurs une profession non agricole impliquant de telles transactions». Enfin la dernière exception
concerne les dépenses de l'Etat et des collectivités et établissement publics, quelle que soit la nature
de l'opération ayant rendue personne publique débitrice.
670.- Sanction uniquement fiscale.
La sanction de l'inobservation de ces prescriptions n'est pas d'ordre civil mais d'ordre fiscal, de sorte
que le payement reste libératoire. Elle consiste dans une amende fiscale d'un montant de 5 % des
sommes indûment réglées en numéraires, sans plancher ni plafond. La charge en incombe pour
moitié a au débiteur et pour moitié au créancier, mais ils sont solidairement tenus d'en assurer le
règlement total. Selon l'article L. 112-7 du Code monétaire et financier, reproduit partiellement à
l'article 1840 N sexies du Code général des impôts: << Les infractions aux dispositions de l'article L.
112-6 sont constatees par des agents désignés par arrêté du ministre chargé du budget. Les
contrevenants sont passibles d'une amende fiscale dont le montant ne peut excéder 5 % des sommes
indûment réglées en numéraire. Cette amende, qui est recouvrée comme en matière de timbre,
incombe pour moitié au débiteur et au créancier; mais chacun d'eux est solidairement tenu d'en
assurer le règleme total ».
B.-Les dispositions de l'article L. 112-8 du Code monétaire et financier
671. Reprises à l'article 1649 quater B du Code général des impôts elles concernent tous les
payements faits par des particuliers no commerçants au-dessus d'un seuil fixé à 3 000 € par
opération. Nous avons vu que les dispositions de l'article L. 112-6 du Code monétaire
et financier excluaient de son champ d'application les particuliers no 469 s'agissait d'une dérogation
déjà introduite par l'article 11 d'une loi du 2 août 1957
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
676
une nature variable selon qu'il porte sur des obligations de faire et de rep faire ou sur des obligations
de donner (401). Simple fait pour les premie doit se prouver librement: acte juridique s'agissant des
secondes, il lui faut conformer aux règles édictées par les articles 1341 et suivants du Code civil.L
qualification du payement in globo comme un fait n'a donc pas forceme raison de l'exigence d'une
preuve écrite.
Sortie du débat théorique, la réalité pratique du payement pourrait toutefois impo une autre façon
de voir les choses. Nombreux sont ceux qui font en effet just remarquer que le développement de
nouveaux procédés de payement, s'ap payements de dettes monétaires, aboutit très largement à
minorer le rôle de la w dans sa réalisation. l'objectivant (402). Peut-être, alors, la Cour de cassation a-
t-elle sensible à cette évolution et, qualifiant généralement le payement de fait pour Fo tous les
modes de preuve, a-t-elle voulu finalement le faire échapper dans l'avent réglementation peu
adaptée à la mécanisation des payements.
Quoi qu'il en soit, que l'on reste fidèle à la qualification du payement de obligations de donner
comme un acte juridique et à l'exigence com d'une preuve par écrit - ou que l'on rallie dorénavant un
principe général liberté des preuves, il n'est pas pour autant devenu totalement inutile connaître les
différents modes de preuve susceptibles d'établir la réalité d payement. De ce point de vue, la preuve
écrite conserve assurément son intésé et, même si le développement de nouveaux procédés de
payement res nécessaire l'élargissement des modes de preuve (403), la quittance conti toujours,
parmi les différents écrits susceptibles d'être invoqués, la pr maîtresse et la plus usuelle du payement
(404). Elle mérite donc une attention particulière avant de s'intéresser, plus brièvement, aux autres
sortes d'écr ainsi qu'aux modes de preuve autres que l'écrit.
402 V.J. FRANÇOIS, précité, n° 6. p. 16.- Ph. MALAURIE et alii, préc.. n° 1075, p S. DOMINGUEZ, th.
précitée, n° 184, p. 187.
Sa délivrance est même parfois obligatoire, comme dans les rapports entre bailleur locataire, en y
faisant figurer, distinctement, le loyer, le droit de bail et les charges (article 21 loi du 6 juillet 1989).
Seulement, un avis d'échéance ne portant pas le détail des we acquittées ne vaut pas à cet égard
quittance: Cass. civ. 3, 24 mars 2004, pourvol n01-1448 Légisoft.
677
A.-La quittance
649.-Forme de la quittance. La quittance est l'écrit, signé par le créancier et remis au débiteur qui
constate le payement (405). Elle constitue ainsi comme une forme de reçu. encore que ce dernier
terme ait un sens plus général (406). Si l'on excepte le a de la quittance subrogatoire, qui doit être
passée devant notaire lorsque la sabrogation est consentie par le débiteur (407), la quittance peut
revêtir différemment la forme authentique ou sous seing privé. Son support est également
indifférent et, quoiqu'elle se présente généralement sur un support papier, elle pourrait aussi bien
aujourd'hui prendre une forme electronique (408)
La quittance peut par ailleurs porter à l'occasion la mention reçu pour alde de tout compte ». Cette
formule, ou tout autre proposition de même sens telle que « reçu définitif et sans réserve» modifie
sensiblement la sture de l'acte (409). La quittance ne se borne plus en effet à constater un eglement
particulier : elle décharge le débiteur de toute obligation à l'égard du rancier, interdisant à ce dernier
toute réclamation ultérieure. La renonciation dcréancier à toute nouvelle réclamation peut le cas
échéant s'analyser alors en ne véritable transaction lorsque les droits des parties ne sont pas
déterminés avec certitude. Dans la pratique, de telles formules sont en particulier utilisées par des
compagnies d'assurance à l'égard de leurs assurés ou des victimes d'accident.
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
Reste que, lorsque les parties ne sont pas, en fait, sur un pied d'égalité, une telle renonciation du
créancier est évidemment dangereuse. Et c'est pourquoi la jurisprudence tend à minimiser la portée
de tels reçus ou à admettre qu'ils ont viciés par un dol ou une erreur. Le risque n'en subsiste pas
moins cependant car les tribunaux doivent souvent s'incliner devant la renonciation contenue dans
l'acte. Aussi, les abus particulièrement graves commis à l'issue du contrat de travail ont conduit à des
interventions successives du législateur. Dans un
5 En principe, il faut mais il suffit que l'acte donnant quittance soit établi en un exemplaire est remis
au débiteur. La formalité du double ne s'applique pas en revanche en la matière, les Ses de l'article
1325 du Code civil n'étant pas nécessaires lorsqu'une des parties a déjà exécuté engagement: Cass.
civ. 1, 12 février 1964, Bull. civ., 1, n° 85; Journ. not., 1965, p. 402- Voep pour une solution contraire
s'agissant du reçu pour solde de tout compte délivré au n: Cass, soc.. 16 juillet 1997, Bull. civ.. V. n°
273: Dr. soc. 1997. p. 973, obs. CMARRAUD, qui juge que le reçu qui n'a pas été rédigé en double
exemplaire ou dont l'un des emplaires n'a pas été remis au salarié ne produit aucun effet.
meurant parfois une différence et parle de quittance pour constater les sommes versées en ion du
bail et de reçu en cas de simple payement partiel (article 21 de la loi du 6 juillet Il désigne également
l'écrit constatant un dépôt, quel qu'en soit l'objet. La loi fait au 1990 406
M.MEUNIER, La valeur du reçu pour solde de tout compte et du bulletin de paie. Dr. soc., 1954. V.A.
CHAVANNE, Le reçu pour solde de tous comptes, JCP. 1949, 1, 776,-
678
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
premier temps, le reçu pour solde de tout compte a ainsi été soumis à certaines conditions de forme
(410) et pouvait surtout être dénoncé par le salarie, par lettre recommandée, dans les deux mois
suivant sa signature. Plus radicale, loi du 17 janvier 2002 décide désormais que, lorsqu'un reçu pour
solde de s compte est délivré et signé par le salarié à l'employeur à l'occasion de la résiliation ou de
l'expiration de son contrat, il n'a que la valeur d'un simple reçu des sommes qui y figurent, c'est-à-
dire qu'il ne vaut que comme quitta constatant le payement des sommes qui y sont portées (411)
650.-Force probante de la quittance entre les parties. Si la quittance fait la preuve du payement
(412), sa force probante peut variable selon la forme dans laquelle elle est passée. Lorsqu'elle est
faite p acte authentique et que l'acte comporte la constatation matérielle du payene par l'officier
public, elle bénéficie de la force attachée aux énonciations de fais personnellement constatés par
l'officier public et fait ainsi foi jusqu' inscription de faux (413). Dans tous les autres cas, c'est-à-dire en
LES REGLES GENERALES 671
l'absence de la constatation par l'officier public de la réalité du payement ou, ce qui est le plus
courant, lorsque la quittance a été passée sous seing privée, elle fait en revanche simplement foi
jusqu'à preuve contraire (414). La Cour de cassation précise que celle-ci doit cependant être
administrée conformément aux règles prévues par les articles 1341 et 1347 du Code civil, c'est-à-dire
dans les
410 En particulier, il devait comporter la mention << pour solde de tout compte entièrement écrite
de la main du salarié et suivie de sa signature. 411
C. trav., art. L. 122-17. A cet égard, le reçu a un effet libératoire pour tous les éléments de
rémunération dont le payement a été envisagé par les parties (Cass. soc., 8 juillet 1980, Bull V. n
617), sans qu'il soit nécessaire qu'ils aient été énumérés (Cass. soc., 23 février 1983, Bull civ., V. n°
103). Néanmoins, lorsque le reçu, même rédigé en termes généraux, détaille les sommes allouées au
salarié, il n'a d'effet libératoire que pour ces sommes (Cass. soc., 9 avril 1996; B civ., V, n° 145; JCP.
éd. E 1996, 1, 597, n° 17, obs. P. ANTONMATTEL.- Cass, soc., 8 juille 1997. Bull. civ., V. n° 251: Dr.
soc., 1997, p. 975, note C. MARRAUD). 412 V, par ex., pour une quittance de loyers, Cass. civ. 3, 5
février 1997, D. 1997, SO
p. 269. 413
Cass. civ. 1, 26 mai 1964, JCP. 1964, II, 13758, note R.-L.- Cass. civ. 3, 19 ma 1974, Bull. civ., III, n 135.-
V., aussi, Cass. civ. 3, 25 janvier 1984, Bull. civ., III, 20 D. 1985, p. 117, note J. HERON. Encore faut-il
que la réalité du payement ait été matérielleme constatée par l'officier public: doit donc être cassé
l'arrêt qui décide que la déclaration faite par k vendeur, dans un acte notarié, selon laquelle il avait
reçu des acquéreur une partie du prix, hors vue du notaire. fait foi jusqu'à inscription de faux: Cass.
civ. 1, 16 juillet 1969, Bull civ n° 277.
414 Cass. com., 6 octobre 1964, Bull. civ., III, n° 412.-Cass. civ. 1, 5 décembre 1995, Ball civ., L. n° 449;
JCP. 1996, IV, 243.- Cass. civ. 1, 3 juin 1998, Bull. civ., I, n° 195: JCP & E 1998, p. 1072, note P.
MORVAN; JCP. 1999, II, 10062, note S. PRIEUR; D. 1999, p. 453, Ch. RAVIGNEAUX; Rép. not. Defrénois
1999, p. 99, note S. PIEDELIÈVRE. - Cass. com, 2 m 1999, Bull. civ., IV, n° 51; JCP. 1999, IV. 1808; D.
1999, inf. rap., p. 105. Adde M. PIERRARD, Les procédés de preuve du paiement, Rev. trim. dr. civ.,
1948, p. 429, n° 13.
679
conditions admises pour la preuve contre et outre un écrit (415), sauf s'il s'agit prouver contre un
commerçant (416). 651.-Force probante de la quittance à l'égard des tiers; la date
En tant qu'élément de preuve du payement, il va sans dire que la quittance topposable à tout tiers,
sauf à prouver, par tous moyens, son caractère (417), Seulement, cette efficacité est directement
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
commandée par la une constatation par un officier public, il n'y a bien sûr aucune difficulté. Ms les
quittances sont très généralement des actes sous signatures privées et a pratique est de ne pas les
faire enregistrer. La question se pose alors de soir si elles ont date certaine. Autrement dit, la date
apposée sur la quittance par les parties est-elle opposable aux tiers? On sait que, selon l'article 1328
du Code civil, les actes sous seings privés n'ont date certaine que s'ils ont été enregistrés ou relatés
dans un acte authentique ou si leur signataire est (419). Or, ce texte ne prévoit aucune exception à
l'égard des quittances. Dans un conflit entre le débiteur et un tiers, par exemple un cessionnaire de la
dance, la date portée sur la quittance serait ainsi inopposable et le débiteur querait de payer deux
fois. En effet, lorsque la cession de créance a été gifiée au débiteur cédé, celui-ci ne peut plus se
libérer valablement en payant entre les mains du cédant, son créancier initial. II importe donc qu'un
tel ement ait été effectué antérieurement à la signification de la cession et que edébiteur puisse en
faire efficacement la preuve à l'égard du cessionnaire.
Certains auteurs considèrent que, traditionnellement, l'article 1328 ne pliquerait pas aux quittances
(420). Cependant, les tiers garderaient la possibilité d'établir par tous moyens l'existence d'une
antidate Sauduleuse (421). Mais la plupart des décisions citées en ce sens sont très
Cass civ. 35, 16 novembre 1977, Bull. civ., II, n° 393; D. 1978, somm., p. 245. - Cass. 1,10 mars 1993,
Bull. civ., III, nº 33; JCP éd. N 1994, II, p. 25, obs. L. LEVENEUR.
416 C. Cass. civ. 1, 21 février 1984, Bull. civ., I, n° 66, qui juge que, eu égard à la qualité commerçant
d'un assureur, l'assuré ayant signé la quittance de règlement du sinistre peut Per par tout moyen
qu'il n'a pas en réalité reçu le règlement correspondant à cette quittance. 417
Cass. com., 4 décembre 1990, Bull. civ., IV, n° 307 J.GHESTIN et G. GOUBEAUX, Traité de droit civil,
Introduction générale, 418
4" éd. avec la laboration de M. FABRE-MAGNAN, LGDJ., 4° éd., 1994, n° 703, p. 682. 419
V.F.FAVENNEC-HÉRY, La date certaine des actes sous seing privé, Rev. trim. dr. civ.. 1992, p.
WANDIERE, 1.2, 1957, n° 751.-L. JOSSERAND, Cours de droit civil positif français, 1.2. 190-1-M.
PIERRARD, art. précité, p. 445 et s., spec. n° 33.-M.-L. IZORCHE, Encyclopédie V.H. COLIN et H.
CAPITANT, Traité de droit civil, refondu par L. JULLIOT DE LA Rép. civ., v Paiement, 2000, n° 106.- Ph.
MALAURIE, et alii, Les obligations, éd. 2004, rol,6 ed., 1999, n° 215, p. 99, qui y voient une coutume
contra legem. P.571. Adde, B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, Obligations, vol. 3. Régime SIMLER et
Y. LEQUETTE, Les obligations, 8 éd., 2002, n° 1355, p. 1256. J. FRANÇOIS, Les obligations. Régime
général, 2000, n° 20, p. 27.- Fr. TERRE. 421 420.
680
LES REGLES GENERALES 671
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
généralement fondées sur le fait que la personne considérée n'était pas un ly soupçonner nu sens de
l'article 1328. Elles ne se prononcent donc pas en faveur de la nos application de ce texte (422). En
toute hypothèse, les décisions qui écaneg l'article 1328 ne reconnaissent qu'une force probante
atténuée à la date portée sur la quittance. Pratiquement, le juge apprécie en fonction des
circonstances s celles-ci sont de nature à confirmer la date mentionnée ou à faire s une fraude. On
tient compte, notamment, de ce que le débiteur cédé a opposé quittance immédiatement après la
signification de la cession ou s'il a la s'écouler un certain délai, ce qui rendra la fraude vraisemblable.
De plus, la date apposée sur l'acte ne peut être opposée aux tiers s'il s'agit d'un payemen anticipé. Le
débiteur doit alors se munir d'une preuve écartant toute incertitude (423). Enfin, certaines décisions
s'en tiennent sans atténuation au droit commun de l'article 1328 (424). Et c'est pourquoi une partie
de la doctrine se montre plus réservée quant à la non-application de ce texte aut quittances (425)
En fait, la question est particulièrement difficile, ce qui explique les hésitations de la jurisprudence. La
date d'une quittance est en effet un moyen particulièrement efficace de fraude à l'encontre des tiers
dans la mesure où l'opposabilité du payement dépend fréquemment de sa date, notamment en c de
cession de créance ou de procédure collective du débiteur. Cela étant, en peut soutenir que le risque
de fraude, à raison même de l'objet de la quittance est suffisamment réduit pour que la présomption
de droit commun soit renversée, la sincérité de la date étant plus probable qu'une simulation (426)
Finalement, le plus sage est donc peut-être de laisser au juge le soin d'apprécier les circonstances de
la cause, la date portée sur la quittance n'ayant qu'une valeur de simple présomption de fait. 0
422 Cass. civ.. 14 novembre 1836, S. 1836, 1, p. 893.- Cass. req., 8 novembre 1842, S. 184 1. p. 929.-
Cass. civ., 29 octobre 1890, DP. 1891, 1, p. 475; S. 1891, 1, p. 305, BALLEYDIER. Cass. civ., 11 février
1946, JCP. 1946, II, 3099; D. 1946, p. 389, a A. CHERON.
424 Cass. req., 12 avril 1907, S. 1908, 1, p. 161, note CHAVEGRIN. Rouen, 29 décembre 1906, S. 1907,
2, p. 105, note DALAMBERT.- Paris, 23 janvier 1908, S. 1908, 2, p. 104.-Par 425 M. PLANIOL et G.
RIPERT, Traité pratique de droit civil français, t. 7, 26, LGD 8 mai 1941, Gaz Pal., 1941, 2, p. 350.
1954, par P. ESMEIN, J. RADOUANT et G. GABOLDE, n 1196 et 1197, p. 603.-G. MARTY P. RAYNAUD et
Ph. JESTAZ, Les obligations, L. 2, Le régime, 2° éd., 1989, n° 221, p. 195-H L, J. MAZEAUD et Fr.
CHABAS. Obligations, t. 2, vol. 1, 9 éd. par Fr. CHABAS, 1998, 9 426 AUBRY et RAU, Cours de droit civil
français, par BARTIN, 1. 7, § 756, note 101-M PLANIOL et G. RIPERT. t. 7, 2 éd., précitée, par P.
ESMEIN, J. RADOUANT et G. GABOLDE p. 1014. n 1197.p p. 606.
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
681
Outre la quittance, le débiteur peut, pour faire la preuve du pe, se prévaloir d'écrits qui ne
constituent pas de véritables titres 652.
653.-Les livres de commerce, registres et papiers domestiques. C'est à l'aveu qu'il faut rattacher la
valeur probante attribuée par l'article 1 da Code civil aux registres et papiers domestiques. En
matière civile, ces documents ne peuvent constituer « un titre pour celui qui les a écrits ». En
revanche, ils font foi contre lui dans tous les cas où ils énoncent formellement un paiement reçu». Il
faut que les mentions constatant la libération du débiteur Emanent intellectuellement du créancier,
soit qu'il les ait personnellement écrites et signées (427), soit qu'il ait donné des instructions en ce
sens (428). Toutefois, la force probante de ces documents n'est que relative car il ne s'agit pas
d'écrits au sens de l'article 1341, c'est-à-dire d'actes destinés à servir de tires Le créancier peut donc
établir par tous moyens l'inexactitude des nonciations invoquées contre lui. En fait, la discussion
portera le plus souvent interprétation des mentions alléguées,
654.- Les mentions libératoires portées sur un titre de créance. Il en est ainsi, selon l'article 1332,
alinéa 1", du Code civil, lorsque le créancier a indiqué, en marge ou au dos du titre resté en sa
possession, la bération du débiteur et ce bien que cette mention ne soit ni datée ni signée. Il en est
de même, selon l'alinéa second de ce texte, lorsque cette mention a été mise par le créancier sur le
double du titre ou d'une quittance qui est entre les mains du débiteur. Cette mention doit être de la
main du créancier (429). Elle fait foi que jusqu'à preuve contraire qui peut être administrée par tous
yeas (430)
655.-Autres écrits.
Cass, req.. 9 janvier 1865, DP. 1865, 1, p. 63; S. 1865. 1. p. 63.-Cass. req., 11 juin Cass, civ., 9
novembre 1848, S. 1848, 1, p. 704. 428 Cass. civ. 1. 9 mars 1970, Bull. civ., I, n° 86, p. 71: Rev. trim.
dr. civ., 1970, p. 766. 172 S 1872, 1. p. 261. 429
427
LES REGLES GENERALES 671
430 Cass. req., 20 janvier 1891. DP. 1891, 5, p. 426; S. 1891. I. p. 115. 432 Sur lesquels, v. G. LOISEAU
et J. DJOUDI, L'état du paiement en ligne, Rev. dr. bane, et YLOUSSOUARN. 431 v. Infra, n 663 et s.
Juillet/août 2004, p. 292.
682
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
nouveaux moyens pour prouver le payement voient corrélativement le Certains constituent des
écrits au sens classique du terme : talons de cheque extension de la notion, depuis que la loi du 13
mars 2000 considère c preuve par écrit peut résulter « d'une suite de lettres, de caractères, de
chiffres ou de tous autres signes ou symboles dotés d'une signification intelligi quels que soient leur
support et leurs modalités de transmission: il s'agit des états informatiques, des écritures
électroniques... (433). que la
Dans tous les cas, leur force probante est il est vrai susceptible de contrariée par la règle selon
laquelle nul ne peut se constituer de preuve à se même (434). Et, même lorsqu'ils sont retenus, les
juge ne les accueille preuve par écrit qui doivent être complétés et peuvent être librement
combattus par d'autres moyens de preuve (435). Cela dit, il est toujours possible de régle par
convention la valeur à reconnaître à un élément de preuve, s'ag notamment de faire la preuve d'un
payement électronique, et de lier le juge ce point (436).
payement porte sur une somme ou sur une chose dont la valeur est inférieure à
434 V., s'agissant d'un talon de chèque, Cass. civ. 3, 12 janvier 1968, Bull. civ., Ill, n' 435 V. J. ISSA-
SAYEGH, Jurisclasseur civil, Art. 1235 à 1248, Fasc. 50: Obourles paiement. Preuve du paiement,
1995, n° 118, p. 20. l
436 C. civ., art. 1316-2. Sur la licéité des aménagements conventionnels de la preuve avant loi du 13
mars 2000, v. à propos du payement par carte: Cass. civ. 1, 8 novembre 1989, R civ., 1. n° 342; D.
1990, p. 369, note Ch. GAVALDA et somm., p. 327, obs. J. HUET; JCP 199 II. 21576, note G.
VIRASSAMY; Rev. trim. dr. civ., 1990, p. 80, obs. J. MESTRE: Rev tri com. 1990, p. 79, obs. M.
CABRILLAC et B. TEYSSIE: D. 1991, somm., p. 38, obs. M. VASSEUR
LES RÈGLES GÉNÉRALES
683
tent pas à retenir que des liens de parenté (437) ou de subordination (438) requérir du second une
quittance de son payement. De même, ils reconnaissent wers que dans certaines professions
libérales, l'usage s'oppose à ce que it réclamée quittance du payement d'honoraires (439). La preuve
peut alors e late par tous moyens et, parce qu'ils sont aisément accessibles, par moignages ou
présomptions.
657.-L'aveu et le serment.
Encore qu'ils comptent parmi les modes de preuve auxquels il est possible de recourir, l'aveu et le
serment se rencontrent rarement, en pratique, pour faire apene d'un payement. Lorsqu'il peut être
relevé, l'aveu fait pleine foi contre son auteur et peut être en tout état de cause retenu s'il présente
un caractère ciare (440). Sinon, il se rattache à la catégorie des présomptions, le juge a toute latitude
pour apprécier sa force probante (441).
WA-Cass, req., 2 février 1920, DP. 1921, 1, p. 40.- Cass. req., 8 juillet 1936, DH. 1936. 437 Cass. civ.,
28 octobre 1908, DP. 1908, 1. p. 169, note CAPITANT: S. 1911. 1. p. 89, note 1426-Cass. civ., 27 juin
1938, Gaz. Pal. 1938, 2. p. 586.
438 Cass. req., 1 mai 1911, DP. 1913, 1, p. 448; S. 1913, 1, p. 305, note HUGUENAY.- Careq, 9
décembre 1924, S. 1925. 1. p. 148.- Cass. civ., 17 mars 1938, DP. 1938, 1. p. 115, MIMIN-Cass, civ. 3,
7 janvier 1981, Bull. civ., I, n° 7. "CE Fr. TERRE, Ph. SIMLER et Y. LEQUETTE, précités, n° 1355. p. 1257.
439
LES REGLES GENERALES 671
chandises est établi par le seul aveu judiciaire de celui qui reconnaît les avoir reçues et affirme Cass.
civ. 1, 12 mars 1991, Bull. civ., I. n° 88, décidant que le paiement de wi églé en compensation le prix
d'autres marchandises livrées au créancier. Cass. civ. 1, 4 mars 1986, Bull. civ., I, n° 48, qui juge que la
déclaration par laquelle, en donne quittance constitue un aveu extrajudiciaire dont le juge apprécie
souverainement la un acte authentique, probante. e partie reconnaît que l'autre partie lui a versé
une certaine somme et une 441
440
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
684
SECTION 2
658. Les règles spéciales sont relatives aux dettes de somme d'
fongibilité absolue.
A l'origine, la monnaie était un bien quelconque, quoique généralemen métal précieux parce que
rare, argent, or, cuivre, etc., doté d'une certaine valeur libératoire et considéré comme permettant
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
les termes d'u échange (442). Concrètement, au lieu d'échanger une poule contre un soc charrue, les
contractants échangeaient la poule contre une livre de mé d'argent et ajoutaient, le cas échéant, un
complément de ce même métal p obtenir le soc de charrue. La monnaie n'est donc qu'une
marchandise simplement dotée d'un pouvoir libératoire absolu en fonction de sa qua!! Elle est par
essence fongible.
Dans cette période, elle ne peut être qu'un bien corporel et son émission n'est pas par nature une
prérogative d'État. Il suffit de découvrir le métal por pouvoir procéder à un échange et accumuler les
richesses.
Elle n'est ainsi plus un bien quelconque, une marchandise ordinaire que t un chacun peut se procurer
librement. Elle est devenue le privilège du Pris mais celui-ci ne pouvait encore créer de la monnaie de
toute pièce (sans jeu de mot). Aussi, en cas de besoin (notamment le financement des guerres ou de
l cour) altérait-il la quantité de métal frappée à son effigie. C'est l'origine rognures que l'on trouve
encore sur de nombreuses pièces de moun actuelles. En rognant les pièces, le prince récupérait des
quantités de n précieux qui permettaient la fabrication de nouvelles pièces, mais leur sais s'en
trouvait nécessairement altérée: 100 grammes d'or ne peuvent valer 80 grammes du même métal.
Le Prince fut le premier faussaire de l'hi
442 V. J.-M. POUGHON, Histoire doctrinale de l'échange, LGDJ, 1987, préface J.-P. Bu n° 64, p. 34, et
n° 203, p. 127.
685
La monnaie restait ainsi avant tout une marchandise dont l'augmentation de la masse établissait la
richesse des Princes et des nations qu'ils gouvernaient, doù les expéditions lointaines pour découvrir
des métaux précieux, dont l'or, esquels appartenaient de droit au Prince, sous déduction d'un
pourcentage revenant au conquérant (pillard serait plus juste).
Le etape supplémentaire dans l'évolution de la monnaie a été la création je monnaie sans le support
du métal, par définition lourd et encombrant dont le ransport etait de surcroît fort risqué. Elle a été
tentée en France au cours de la Révolution, entre 1789 et 1796, avec la création des assignats, c'est-
à-dire de hillets dont la valeur est assignée sur les biens nationaux. La valeur du papier 'était pas
LES REGLES GENERALES 671
assise sur des métaux précieux, mais sur des biens immobiliers (confisqués notamment au clergé).
L'expérience fut désastreuse du fait de la multiplication des billets sans correspondance ou du fait de
la faible valeur marchande des biens.
La loi du 17 germinal an XI revenait à un système basé sur une orrespondance entre l'or et les pièces
émises. La monnaie n'était pas complètement détachée de la marchandise. La valeur de l'unité
monétaire endait donc de la quantité de métal précieux qu'elle contenait
Ce système a été en vigueur au cours du 19° siècle et au début du 20° siècle. Les bilets émis
pouvaient toujours être convertis en quantité de métal. À la suite de la 1 guerre mondiale, le cours
forcé a été institué. La monnaie n'a i plus eu de correspondance avec une marchandise et ne pouvait
plus s'analyser comme une créance du porteur contre l'organisme émetteur (emanation de l'État).
Les pièces en métal ne contiennent ainsi plus de métal précieux et leur seule valeur est la valeur
faciale, c'est-à-dire correspondant au montant inscrit sur la pièce.
-La monnaie aujourd'hui en France, du franc à l'euro, sho L'émission de la monnaie est donc par
nature un privilège d'État, reposant sur sa seule force, ce qui en fait un bien d'un genre particulier,
par nature bératoire qu'autant que l'Etat décide qu'ils en ont. La monnaie est donc gible et liquide
(443). Un billet et une pièce de monnaie n'ont de valeur nécessairement nationale. Il suffit que par
un acte d'autorité, les pouvoirs publics décident de démonétiser tel ou tel instrument monétaire
pour que celui- n'ait plus de valeur libératoire dans un échange. Personne ne peut forcer, par
exemple, un commerçant à accepter un napoléon en payement d'une marchandise. Nul ne peut
aujourd'hui forcer un commerçant français à accepter n franc en échange d'un bien, car le franc n'a
plus cours légal depuis que ploi de l'euro est devenu obligatoire. En effet, selon l'article 10 du
Teglement CE n° 974-98 du 3 mai 1998, « à partir du 1" janvier 2002, la Participant mettent en
circulation les billets libellés en euros. Sans préjudice
443 esne qu'ils ne sont pas des instruments de paiement mais des moyens de transférer des créances
Nr des débiteurs prédéterminés, v. Cass. com., 6 juin 2001, Bull. civ., IV. n° 111. Des chèques-cadeaux
» émis par des grands magasins ne présentent pas ces caractères,
686
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
des dispositions de l'article 15, ces billets libellés en euros sont les seis avoir cours légal dans tous ces
Etats membres ». L'article 15 prévoit que les billets et les pièces libellés dans une unité monétaire
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
nationale au sens& l'article 6. paragraphe 1, cessent d'avoir cours légal dans leurs limi territoriales au
plus tard six mois après l'expiration de la période transito
Le Code monétaire et financier relaye ce règlement en disposant dans article L. 111-1 que « la
monnaie de la France est l'euro ». L'article L1122 ajoute que « jusqu'au 31 décembre 2001, le franc
est la subdivision de l'ear Jusqu'à la même date, les billets et pièces libellés en francs ont seals c légal
abdique définitivement leur prérogative régalienne de « battre monnaie », ce qui sig concrètement
que plus aucun Etat ne peut désormais dévaluer la mon commune. L'article L. 141-5 du Code
monétaire et financier rappelle ainsi que c'est la Banque centrale européenne qui détient le
monopole d'autorisan d'émission de billets de banque dans la communauté. La Banque de France
que le monopole d'émission des billets ayant cours légal. Elle fait, selos l'article L. 141-1, alinéa 1, du
Code monétaire et financier, partie intégrane du Système européen de banques centrales, institué
par l'article 8 du t instituant la Communauté européenne, et participe à l'accomplissement de
missions et au respect des objectifs qui sont assignés à celui-ci par le traité n'en est cependant pas
résulté de modification de la nature juridique de monnaie.
Depuis longtemps, celle-ci n'est plus une marchandise, sauf à considérer le papier ou le métal dont
elle est parfois faite. Elle peut toutefois toujours être un objet de spéculation. Une personne peut
acheter des francs suisses ou do dollars américains en spéculant sur leur hausse ou sur sa baisse,
mais, et cel est essentiel, une monnaie ne peut jamais servir à acheter des unités de cette même
monnaie. Des euros peuvent servir à acheter des dollars américains, mas jamais des euros. Si des
euros peuvent permettre aujourd'hui l'acquisition Napoléons, c'est parce que ceux-ci sont
démonétisés et qu'ils ne sont plus que des biens ordinaires, une certaine quantité de métal frappé à
l'effigie Napoléon III (le grand) (444). Elle n'est pas plus une créance c l'organisme émetteur, car elle
ne donne droit à aucune contrepartie possible: elle n'est plus assise sur une quantité identifiable de
biens, d'argent, d'ora d'immeubles, mais sur les résultats économiques de l'organisme énete
désormais en zone "euro", la banque centrale européenne, et de la confon des autres acteurs
économiques. de
Par ailleurs, la monnaie a perdu sa matérialité. Même lorsqu'elle représentait une marchandise, les
billets émis, notamment par les banquiers correspondaient qu'à un droit; ils n'étaient que la preuve
de la créance de s titulaire sur le tiers. Aujourd'hui, ni le billet, ni la pièce ne correspondent plus
688
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
mon
664. électronique.
447 V. J. CARBONNIER, Droit civil, t. 3, Les biens, Monnaie, immeubles, meubles. 1988, P.U.F, nº 7 et
s.-G. MARTY, P. RAYNAUD et Ph. JESTAZ, Les obligations, régime, 2º éd., 1989, n° 204 et s.-S.
PIEDELIEVRE, Droit bancaire, Puf, 2003, n 308 - PUT MAN, Droit des affaires, t. 4, Moyens de
paiement et de crédit, Puf, 1995, n 191 ets
449 V., sur le payement électronique, G. LOISEAU et D. DJOUDI. L'état du paiement en lig 450 En
période de crise, l'État délégue parfois ce droit. C'est ainsi que pendant la premie Rev. dr. banc. et
fin., juillet/août, 2004, p. 292. guerre mondiale les Chambres de commerce ont été autorisées à
émettre des billets de banques
689
d'outre-mer, à émettre les billets ayant cours légal». En réalité, cependant, le privilège est partagé
avec toutes les banques centrales des États participant à la one euro, pièces frappées et billets
imprimés par ces banques ayant cours legal en France. L'article 442-1 du Code pénal réprime la
contrefaçon ou la falsification des pièces de monnaie ou des billets de banque ayant cours légal en
France ou émis par les institutions étrangères ou internationales habilitées à cette fin est punie de
trente ans de réclusion criminelle et d'une amende d'un montant tout à fait considérable
Au moment de la Révolution les pièces étaient fabriquées en métal précieux, or agent et cuivre. Leur
poids et leur diamètre étaient fixés dans le détail (451) L'unité nonétaire, le franc dit « germinal »,
était d'ailleurs défini par rapport à l'or; un franc valait 290 milligrammes d'or fin, Aujourd'hui, les
pièces ne sont plus fabriquées dans as métaux nobles: elles ne tirent leur valeur que de l'inscription
qui y figure. En d'autres termes, la valeur nominale de la pièce ne correspond pas à sa valeur
métallique réelle, c'est-à-dire marchande. Les pièces n'ont pas une valeur libératoire absolue. Le
créancier n'est donc pas tenu de les recevoir au-delà d'un certain seuil. C'est la raison pour laquelle
on parle de monnaie d'appoint.
Les billets de banque sont émis par la Banque de France depuis la loi du 24 germinal an XI. Jusqu'à la
grande guerre, ils étaient convertibles en or (452), le s représentant lui-même une quantité d'or. Le
cours forcé, c'est-à-dire inconvertibilité du billet en métal précieux, a été institué le 5 août 1914 pour
couvrir les dépenses de guerre. Depuis, et sauf une courte période pendant l'entre deux guerres
(1928-1936), l'inconvertibilité est la règle. Dès lors, comme l'a souligné le doyen Carbonnier, le billet
de banque est devenu un papier-monnaie, une monnaie absolue, qui tire toute sa valeur de la
souveraineté de l'État » (453). On a d'ailleurs observé que la convertibilité n'avait plus aucun sens
depuis que le frane n'était plus défini par rapport à l'or, ce qui est également vrai de l'euro. L'or,
comme tous les métaux, n'est plus qu'une marchandise comme une autre ayant perdu les attributs
de la monnaie. C'est-à-dire la liquidité et la fongibilité absolue.
Seuls les pièces métalliques et billets ayant cours légal ont une vertu libératoire pour le débiteur en
ce qui concerne les payements nationaux. Cette expression signifie que le créancier est obligé de les
recevoir, sous peine de sanction pénale (454).
451 v.Tabl. analyt, et alphab. Journ, not, et av. 1808-1865, v Monnaies, lets Le billet était alors
analysé comme une créance sur la Banque, v. CARBONNIER, op. cit.
LES REGLES GENERALES 671
11.
nient refusé de recevoir les espèces et monnaies nationales, non fausses ni altérées, selon la dispose
que: Le fait de refuser de recevoir des pièces de monnaie ou des billets de barque ayant 454 L'article
R. 30, 11 de l'ancien Code pénal sanctionnait d'une amende coux qui s légal en France selon la valeur
pour laquelle ils ont cours est puni de l'amende prévue pour eur pour laquelle elles ont cours». es
contraventions de la 2° classe ». Aujourd'hui, l'article R. 642-3, alinéa 1". du Code pénal
L'EXÉCUTION VOLONTAIRE
690
payement qui consiste en un jeu d'écriture sans déplacement d'instruments monétaires matériels
(455). Répondent, entre autres, à cette définition, le chèque bancaire et le chèque postal (456), le
virement bancaire (457), l'ordre de prélèvement, le t universel de payement, le titre interbancaire de
payement et certaines cartes f l'exception des cantes émises par certains magasins). Ces dernières
fais
présentation du chèque bancaire (459). Le chèque se définit comme un titre par lequel une
personne, dite tirer donne l'ordre à une banque (ou un établissement assimilé), dite tirée, de p à vue
une somme d'argent au profit d'une troisième personne die porteur (460). Il fait donc intervenir trois
personnes, le tireur, le tiré et l bénéficiaire. Le tireur est celui qui émet le titre et le remet au
bénéficiaire pour éteindre sa dette. Le tiré est celui qui détient les fonds du tireur et sur qui le titre
est émis. Le bénéficiaire est celui à qui le titre est remis. À la différence de la lettre de change, le
chèque n'est pas un instrument de crédit car la provision c'est-à-dire la créance du tireur contre la
banque, doit exister au moment de l'émission du titre. Il n'est pas non plus un titre commercial par la
forme. Le chèque n'est commercial que lorsqu'il est tiré par un commerçant pour les besoins de son
commerce. Cela dit, le chèque n'est pas une création de la pratique bancaire. C'est une loi du 14 juin
1865 qui l'a introduit dans notre système juridique. Ultérieurement, l'unification du droit du chèque
a été mis l'ordre du jour des conférences internationales de La Haye et Genève (461);; Ces travaux se
sont concrétisés par l'adoption de trois conventions, le 11 mars 1931, qui n'ont cependant pas été
ratifiées par tous les pays particip notamment les pays anglo-saxon. La France, pour sa part, les a
674 L’EXÉCUTION VOLONTAIRE
ratifié d introduit dans sa législation par le décret-loi du 30 octobre 1935, modifiée, et abrogée pour
être incorporée dans le Code monétaire et financier aux articles L. 131-1 et suivants.
456 Les règles relatives à cet instrument de payement sont fixées aux articles L. 98 à 10 du Code des
postes et télécommunications.
457 V. S. PIEDELIEVRE, Droit bancaire, précité, n 326 et s.-E. PUTMAN, Droit de affaires. t. 4, précité,
n 239 et s.-C. GAVALDA et J. STOUFFLET, Instruments de paiement et crédit, 4 éd., 2001, Litec, n 368
et s
Pour des études exhaustives, v. S. PIEDELIEVRE, Droit bancaire, précité, n" 291 ets- C. GAVALDA et J.
STOUFFLET, Instruments de paiement et de crédit. 4 éd., précitée, 172 et s.-E. PUTMAN, Droit des
affaires, t. 4, précité, n° 195 et s.-G. RIPERT et R. ROBLOT. T de droit commercial, 1.2, 16 éd., par Ph.
DELEBECQUE et M. GERMAIN, n° 2151 et s 460 S. PIEDELIEVRE, Droit bancaire, précité, n° 291. 461
V., sur ce point, G. RIPERT et R. ROBLOT, t. 2, 16 éd., précitée, par Ph. DELEBECQUE
M. GERMAIN, n° 2153.