Saussure Cours de Linguistiaue Generqle

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Cours : LLSDL117 : Grammaire 1

Paris X UFR LLPHi 2007/2008

Cours 1 : Introduction la linguistique gnrale


Bibliographie Sur la syntaxe : Delaveau. A. (2001) Syntaxe : la phrase et la subordination. Armand Colin. Creissels, D (2006) Syntaxe gnrale : une introduction typologique (1). Herms. Riegel, M., Pellat, J-C., Rioul, R (1994) Grammaire mthodique du franais. PUF. Sur la linguistique gnrale : Ferdinand de Saussure (1916) Cours de linguistique gnrale.

Plan du cours Ce premier cours porte sur lintroduction la linguistique gnrale. Nous allons dabord prsenter trs brivement lhistoire de lapparition de la linguistique avant daborder lensemble des notions lmentaires de la linguistique, introduites par Saussure. Lexpos se poursuivra par ltude des diffrents niveaux dorganisation de la langue et des units de chaque niveau, pour se terminer par la prsentation de la procdure didentification de ces units par le test de commutation.

Yayoi NAKAMURA-DELLOYE, 15 octobre 2007

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1. Histoire de lapparition de la linguistique


Avant le XXme sicle, la linguistique en tant que telle nexistait pas. Le langage a dabord t tudi dans le cadre de la description de lhistoire de la littrature, puis suite la dcouverte du sanskrit, le langage est devenu un objet dobservation chez les grammairiens comparatistes, qui faisaient des tudes comparatives entre le sanskrit et le latin ou le grec. cette poque, le centre de proccupation tait le problme de lorigine du langage. Ensuite, est apparue lcole des nogrammairiens, qualifis parfois de prcurseurs de la linguistique : ils sintressaient avant tout aux phnomnes phontiques. Dans ce contexte, et avec les travaux de Saussure, ltude du langage a acquis le statut de science. Saussure est le fondateur du structuralisme en linguistique, et il est considr gnralement comme le pre de la linguistique. Le Cours de linguistique gnrale quil a donn luniversit de Genve entre 1906 et 1910 a t publi par ses tudiants partir de leurs notes (voir la bibliographie).

2. Thorie de Saussure
Saussure a introduit diffrentes notions lmentaires, dont voici les principales : 1. Langage / langue / parole 2. Linguistique synchronique et diachronique 3. Travaux descriptifs et prescriptifs 4. Systme de signes 5. Signe, signifiant, signifi 6. Arbitraire du signe 7. Valeur 8. Identit 9. Rapports syntagmatiques et paradigmatiques

2.1. Langage / langue / parole


Selon Saussure, la matire de la linguistique est lensemble des manifestations du langage. Elles sont htrognes, diverses, multiformes, insaisissables dans leur totalit. Lobjet de la linguistique est le sous-ensemble des manifestations du langage, que le linguiste constitue en adoptant tel ou tel point de vue. Lensemble des manifestations du langage doit dabord tre divis en deux types : la parole et la langue. Autrement dit, le langage se compose de la parole et de la langue. La parole est un fait individuel, qui relve de laction individuelle, variable, unique, imprvisible. La langue est un fait social, constant, commun aux sujets parlants. Cest le code commun tous les membres dune communaut linguistique.
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2.2. Linguistique synchronique et diachronique


Par ailleurs, pour Saussure, les langues sont la fois stables et instables. Dun ct, toute langue volue, et dun autre, elle est toujours dans un certain tat. Ainsi, Saussure distingue ltude synchronique de ltude diachronique de la langue.

D
La synchronie peut tre reprsente comme une relation entre deux points appartenant une mme poque (la ligne A-B dans la figure). Ltude synchronique sintresse la comprhension de la langue, telle quelle se prsente un moment donn, cest--dire un tat de langue. Ltude diachronique se consacre au passage dune poque lautre, pour ltude dun fait particulier (le passage de C D dans le schma). Par exemple, pour le verbe aimer , du point de vue diachronique on peut tudier lvolution historique de sa forme ou de son sens. On peut galement faire une tude synchronique en tudiant toutes les constructions possibles avec ce verbe ou tous les sens quil peut avoir, dans le franais dune poque donne, aujourdhui ou encore au XVme sicle.

2.3. Travaux descriptifs et prescriptifs


Quils soient diachroniques ou synchroniques, les travaux linguistiques sont descriptifs, cest--dire que la linguistique se contente denregistrer comme un fait, lexistence de tel ou tel emploi. En revanche, les travaux des grammaires scolaires sont prescriptifs, cest--dire quils cherchent recommander voire imposer un emploi.

2.4. La langue comme systme de signes


Saussure critique lapproche de ses prdcesseurs et leur vision clate de la langue : ils la considraient comme une simple liste dlments renvoyant individuellement et de manire indpendante des objets du monde. Pour Saussure, la langue est un tout organis ou un systme. lintrieur de ce systme, chaque terme est dfini par les relations quil entretient avec tous les autres. Les lments qui constituent le systme sont des signes. Ainsi, Saussure dfinit lobjet de la linguistique comme ltude des systmes de signes que constituent les tats de langue.
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2.5. Signe, signifiant, signifi


Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique. Ils sont tous deux psychiques et sont unis dans notre cerveau par le lien dassociation.

concept image acoustique

= signi = signiant

Le signe linguistique est donc une entit psychique deux faces, insparables lune de lautre. Aucun des deux termes ne peut exister sans lautre. Comme la notion de signe ne sapplique pas seulement au code linguistique oral mais tout systme de signes, Saussure utilise les termes de signifiant pour image acoustique et de signifi pour concept.

2.6. Arbitraire du signe


Le lien qui unit le signifiant au signifi est arbitraire, ou encore le signe linguistique est arbitraire. Autrement dit, il ny a pas de lien naturel qui lie les proprits du signifiant celles du signifi, et ce lien est immotiv. Par exemple, entre le concept chaise et la suite de sons chaise , il ny a aucun rapport naturel. Le lien qui lie cette forme phontique et ce concept, ou ce signifiant et ce signifi est de nature conventionnelle.

2.7. La pense et la langue


La pense est comme une nbuleuse o rien nest ncessairement dlimit. Il ny a pas dide prtablie et rien nest distinct avant l'apparition de la langue. Sans le recours aux signes, nous serions incapables de distinguer deux ides dune faon claire et constante. Le rle caractristique de la langue vis--vis de la pense est de servir dintermdiaire entre la pense et le son, dans des conditions telles que leur union aboutit ncessairement des dlimitations rciproques dunits. Le fait linguistique relie donc ces deux domaines confus et amorphes, et ce de manire arbitraire.

2.8. Valeur
Un signe linguistique a galement une valeur. Saussure prend, pour mieux illustrer cette notion, comme exemple le jeu d'checs. Le cavalier, dans sa matrialit, hors des conditions du jeu, ne reprsente rien. Il ne peut devenir lment rel et concret quune fois insr dans les autres pices et les conditions de jeu. Il y est revtu de sa valeur. Le signe, situ dans le systme quest la langue, a donc lui aussi une valeur. Sa valeur est le sens dfini par ses positions relatives par rapport aux autres signes.
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Par exemple, le contenu conceptuel associ au signe chaise est constitu non seulement de son signifi, mais aussi du fait quil nest ni sige , ni fauteuil . La valeur est ainsi dfinie ngativement et oppositivement. fauteuil chaise sige

signi signiant valeur

signi signiant valeur

signi signiant

2.9. Identit
Saussure introduit galement la notion didentit. Dans les deux phrases : Cette question est complexe. Cest une phrase complexe. on reconnat lidentit des deux squences de sons ou de lettres complexe . Ils peuvent tre prononcs diffremment avec des intonations diffrentes ou ils peuvent tre crits dans des contextes compltement diffrents avec des nuances diffrentes. Mais il est possible de les interprter comme le mme mot. Lidentit des lments est dtermine par leurs diffrences avec les autres lments de la langue. Malgr les diffrentes nuances que ces emplois peuvent prendre, on les considre comme le mme mot complexe , dans la mesure o ils sont diffrents des autres signes (comme difficile ou compliqu ). Lidentification est la reconnaissance dun seul et mme lment travers ses multiples emplois dans des contextes et des situations diffrents.

2.10.Rapports syntagmatiques et paradigmatiques


Comme nous lavons vu plusieurs reprise, la langue est un systme et chacun de ses lments, les signes, sont en relation avec tous les autres. Ces relations se dploient selon deux axes distincts, laxe syntagmatique et laxe paradigmatique. Les rapports syntagmatiques sont les rapports de successivit et de contigut. Ce sont des rapports que les signes entretiennent dans la chane parle. Par exemple, dans la phrase : Les enfants aiment la matresse. lunit les enfants entretient une relation syntagmatique avec lunit la matresse . De mme, dans la phrase : La matresse aime les enfants. lunit les enfants entretient galement une relation syntagmatique avec lunit la matresse mais elle est diffrente de celle que nous avons constate dans la phrase prcdente.
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ct de ces rapports syntagmatiques, internes la chane parle, il existe dautres rapports, que Saussure appelle rapports paradigmatiques. Il sagit de rapports qui se crent entre les signes hors de la chane du discours. Ces rapports paradigmatiques donnent lieu la formation de groupes de signes sur la base de relations de types divers. Par exemple, dans la phrase : Pierre travaille dans lenseignement. enseignement est en relation syntagmatique avec les autres units comme Pierre ou travaille , mais hors de cette chane linaire, le terme enseignement voque diffrentes units comme enseigner qui a la mme racine, apprentissage qui a un sens plus ou moins proche, ou encore changement qui a le mme suffixe -ment , etc.

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3. Diffrents niveaux dorganisation des langues


Il existe diffrents niveaux de structure linguistique et chacun est pris en charge par une composante spcifique de la linguistique. La linguistique est divise gnralement en cinq domaines : la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la smantique et enfin la pragmatique. On distingue les disciplines qui soccupent de la forme de la langue (la phonologie, la morphologie, la syntaxe) de celles qui sintressent au sens (la smantique et la pragmatique). Niveaux de reprsentation lments linguistiques

Phonologique

son / phonme

Morphologique

morphme

Syntaxique

mot / groupe / phrase

Pragmatique

sens communicatif

3.1. La phonologie
Les donnes des tudes linguistiques sont avant tout des suites de sons ou des plus petites units linguistiques appeles phonmes : cest le niveau de reprsentation linguistique dit phonologique. La phontique et la phonologie Ltude des sons dans leur ralit physique est lobjet de la phontique. La phonologie est ltude des sons sous langle de leur pertinence linguistique, cest--dire quon ne sintresse quaux phnomnes de sons qui contribuent effectivement la signification linguistique. La phonologie tudie le systme phonologique des langues. Phonme Les lments qui constituent le systme phonologique sont des units appeles phonmes. Cest la plus petite unit linguistique, non porteuse de signification. Mais cest une unit abstraite, distinctive et oppositive, cest--dire susceptible de produire
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Contenus

Smantique

sens grammatical

Formes de lexpression

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un changement de sens. Cette abstraction se fonde sur le fait que tous les sons utiliss ne sont pas perus comme diffrents. Pertinence des oppositions Par exemple, le franais utilise deux types de son o : [o] et [] dans par exemple les mots peau et col . Mais leur diffrence acoustique nest pas exploite pour produire des diffrences de signification. Ils constituent donc, du point de vue de la langue, une seul unit, un phonme /o/1. [o] [] /o/

En revanche, la diffrence entre [p] et [b] permet de crer des mots diffrents comme pain et bain , ou peau et beau . On dit alors que leur opposition est pertinente. Ils constituent donc bien deux phonmes distincts /p/ et /b/. Les oppositions pertinentes varient dune langue lautre.

3.2. La morphologie
Les phonmes composent ensuite des units appeles morphmes. Il sagit de la plus petite unit munie de sens et elle constitue les mots. Cest le niveau de reprsentation morphologique. La morphologie tudie la structure interne des mots. Morphmes Le mot est compos dune ou plusieurs units appeles morphmes qui sont les plus petites units linguistiques munies la fois dune forme et dun sens. Par exemple, dans le mot inacceptables , on peut identifier quatre lments dots la fois dune forme et dun contenu : in able s (inconnu, invisible) (capable, aimable) (marque du pluriel) accept (accepter, acception) = base ou racine

Les morphmes se rpartissent en deux grandes classes : morphmes lexicaux et morphmes grammaticaux. Les morphmes lexicaux ont une certaine autonomie. Les morphmes grammaticaux, quon appelle affixes, ne peuvent pas apparatre isols comme in , able et s de inacceptables . Processus de formation des mots Il existe deux types de processus de formation des mots : laffixation et la composition. Laffixation consiste combiner une racine qui est un morphme lexical et diffrents affixes. Le mot inacceptables est form par laffixation avec une racine accept et des affixes in , able et s . Il existe deux types daffixation : la flexion et la
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Conventionnellement, on note les sons entre [] et les phonmes entre //. Yayoi NAKAMURA-DELLOYE, 15 octobre 2007 8

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drivation. La flexion est un processus de variation de formes dun mot. Les affixes de flexion sont destins marquer les diffrents traits grammaticaux exigs par la catgorie de la racine (marques de genre, de nombre, de personne, etc.). La drivation est, quant elle, un processus de mots non composs. Les affixations de drivation ont pour effet de modifier le contenu (e.g. inefficace) ou lappartenance catgorielle de la racine (e.g. heureusement). La composition est le processus qui combine plusieurs units susceptibles dtre employes seules, comme machine crire , chaise longue ou fibre optique . Double articulation Toutes les chanes parles sont donc segmentes dabord en morphmes, plus petites units munies de sens, puis en phonmes, plus petites units linguistiques. Cette structure de la langue, organise en deux niveaux, est appele la double articulation. Cest cette double articulation qui permet la production dun nombre infini dnoncs divers.

3.3. La syntaxe
Les mots constituent ensuite des groupes et des phrases : cest le niveau syntaxique. La syntaxe tudie lorganisation des groupes de mots dans la phrase. Cest le domaine auquel nous nous intressons, et sur lequel nous reviendrons plus tard.

3.4. La smantique et la pragmatique


Les lments linguistiques que nous venons de voir sont des formes de lexpression. Mais le langage est constitu non seulement de la forme mais aussi du contenu. On peut distinguer deux types : le sens grammatical et le sens communicatif. Le sens grammatical est le sens vhicul par les formes linguistiques, et il soppose au sens communicatif. Le sens grammatical relve du domaine smantique et le sens communicatif, du domaine pragmatique. Ces deux types de sens peuvent tre diffrents, comme le montrent ces exemples : Est-ce que tu peux manger plus vite ? (interrogation totale qui demande gnralement une rponse oui ou non) ---> avec contexte, communicativement cest un ordre Tu as lheure ? (forme interrogative totale) ---> communicativement en disant cela, on demande lheure quil est. Ces phnomnes sont dus lexistence de deux langues diffrentes. On distingue alors dans la description linguistique la phrase de lnonc (Riegel et al. : p 26) : Une phrase donne est une entit structurale abstraite, quon peut caractriser par un ensemble de rgles de bonne formation phonologique, morphologique, syntaxique et smantique. Elle se ralise sous la forme concrte dnonc. galement (Delaveau 2001 : Ch. 1, p. 10) :
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Ce qui est profr et entendu dans la communication, nous lappelons nonc . Nous entendons par l un vnement unique, non rptable, qui peut prendre des formes diverses. Sa signification est sensible la situation et au contexte o il est produit ou entendu. Chaque fois quon parle, quon crit ou quon pense, cest sous la forme dnoncs. Ces noncs sont chaque fois uniques non seulement dans leur forme et dans leur contenu, mais dans leur caractre dvnement historique. On peut sans doute les reproduire [...] mais on ne peut les rpter. Ces noncs ont une signification complte, entre autre parce quils sont pris dans une situation et dans un contexte qui les clairent. [...] dans ces noncs, on va reprer du rptable, savoir certaines formes associes des significations, et cest ce rptable que nous appelons phrase . La phrase est rptable, parce quon peut utiliser la mme phrase pour plusieurs noncs, c'est--dire plusieurs profrations ; ainsi il pleut prononc le 5 janvier 1995 Fort de France, et le 10 novembre 1995 Paris, constitue autant dnoncs distincts, et cest une seule phrase.

3.5. Test de commutation : procdure de dcouverte des units distinctives de la langue


Nous avons vu les diffrents niveaux dorganisation des langues et les units quil tait possible de reprer ces diffrents niveaux. Nous nous intressons maintenant la procdure de dcouverte des units distinctives de la langue. Autrement dit, comment se font le reprage et lidentification de ces diffrentes units linguistiques dans la chane parle. Afin de reprer les units distinctives de la langue, on utilise un test dit de commutation. La commutation consiste en la substitution dune unit par une autre. Cette mthode a t propose par les linguistes du courant appel distributionnalisme. Le distributionnalisme est apparu aux tats Unis vers les annes 30, dans le cadre de la description des langues amrindiennes. Pour dcrire ces langues qui taient lpoque inconnues et peu dcrites, ils ont dabord rassembl un corpus, cest--dire un ensemble dnoncs. Une fois quils ont constitu le corpus, ils ont cherch le segmenter. La segmentation des noncs correspond lidentification des units. La segmentation dune langue inconnue est une tche trs complexe. Pour segmenter le corpus, les linguistes distributionnalistes ont dabord rapproch les morceaux comparables. La comparaison de ces morceaux comparables a permis ensuite de dterminer les units distinctives. Cette comparaison est base sur le principe de commutation. Phonmes Prenons un exemple de commutation en vue de lidentification des phonmes. Notre corpus est : [la mer] [la ter] [la per]
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la

m t p

er

Le rapprochement de ces trois segments permet de dgager une variation en troisime son, et [m], [t] et [p] sont commutatifs. Ce sont donc des units distinctives, des phonmes. Morphmes Dans le cas de lidentification des morphmes, trois critres doivent tre vrifis : 1. lunit doit tre commutative ; 2. significative, et ; 3. discrte, cest--dire tre la plus petite. Dans le cas du dernier exemple, [m], [t] et [p] sont commutatifs, mais ils ne sont pas significatifs, donc on ne peut pas les considrer comme des morphmes. Prenons maintenant un exemple : /l bato/ /le bato/ Les phonmes // et /e/ sont non seulement commutatifs mais aussi significatifs en considrant // comme la marque du singulier, et /e/ comme la marque du pluriel. / / et / e / sont donc des morphmes, units distinctives munies de sens. Quels morphmes pourrait-on identifier dans les exemples suivants ? /le bato/ /se bato/ Les phonmes /l/ et /s/ sont non seulement commutatifs mais aussi significatifs en considrant /l/ comme la marque du dfini, et /s/ comme la marque du dmonstratif. /l/ et /s/ sont donc des morphmes. Prenons un autre exemple et cette fois avec des formes crites : march e (1, 3 pers, singulier) march es (2 pers, singulier) march ons (1pers, pluriel) march ez (2 pers, pluriel) march ent (3 pers, pluriel) On peut reconnatre le morphme racine march et les affixes e , es , ons , ez , ent , qui sont chacun munis de signification (entre parenthses). Segmentation des corpus dans des langues inconnues Essayons maintenant de segmenter les corpus de langues que nous ne connaissons pas.

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Corpus Swahili Considrons dabord un petit corpus en swahili. Essayons de segmenter les noncs. (Source : Fuchs & Le Goffic (1992) Les linguistiques contemporaines. Hachette : p. 56) 1. atanipenda 2. ananipenda 3. anakupenda 4. anawapenda 5. alikupenda 6. ninakupenda A. Le rapprochement des noncs 2, 3, 4 permet de faire lhypothse que la troisime syllabe reprsente une unit isolable o peut se trouver un membre d'une classe ni , ku et wa . ana ni ku wa B. Le rapprochement des noncs 1 et 2 permet de dgager une variation en deuxime consonne ou en deuxime syllabe. Il est impossible de dcider uniquement avec des donnes aussi limites. a t n C. Par ailleurs, le rapprochement des noncs 3 et 5 nous signale la variation en deuxime syllabe. a na li D. L'analyse C donne des arguments en faveur de l'hypothse, faite B, de la variation syllabique. Cela donne lieu une variation en deuxime syllabe ta-na-li a ta na li ni ku wa penda kupenda a nipenda penda

E. Enfin, le rapprochement des noncs 3 et 6 permet de dgager une variation en syllabe initiale. a ta ni na li ni ku wa penda

Cette analyse a permis la segmentation en quatre fragments et lidentification des units.

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Mais pour dterminer les morphmes, ces hypothses doivent tre confirmes par lanalyse dun corpus plus grand avec la prise en compte galement du sens de chaque unit identifie. Corpus Japonais : Considrons maintenons un corpus en japonais. Essayons de le segmenter, didentifier les plus petites units munies de signification. Faisons une hypothse sur les mots franais correspondant chaque unit japonaise qui aura t identifie. 1. watasiwaeigawomimasu 2. watasiwaterebiwokaimasita 3. watasiwaterebiwomimasita 4. chichiwaeigawomimasita 5. chichiwaoperawomimasita Mon pre a regard lopra. Mon pre a regard le film. Jai regard la tl. Jai achet une tl. Je regarde le film.

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