Méthodologie Docx-1
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Terminale Générale - Mme Latour
B- La structure visuelle
Avant d’être un exercice de philosophie, une dissertation ou une explication est un
exercice de communication. Sans avoir besoin de lire, on doit pouvoir distinguer
visuellement (grâce à des alinéas et des sauts de lignes) :
1. L’introduction, et en son sein l’analyse du sujet, la problématique et le plan.
2. Chaque partie composée d’une phrase introductive, ainsi que chaque sous-partie qui
commence par énoncer clairement l’argument qu’elle soutient.
3. Les transitions entre les parties (après un alinéa et un saut de ligne). Les questions
rhétoriques, à condition de ne pas en abuser, donnent du rythme à une dissertation et
permettent de relancer le développement.
4. La conclusion.
II) La dissertation
A- Qu’est-ce qu’une dissertation de philosophie ?
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étudiés pendant l’année en explication (après avoir travaillé dessus pendant 4h, on les maîtrise
en général). Mais le jour de l’épreuve, la priorité est l’analyse précise du sujet donné !
Une dissertation de philosophie est un exercice codifié, mais assez « libre ». Sont
obligatoires : l’introduction, les transitions entre chaque partie, la conclusion. Le canon
de la dissertation comporte trois parties, mais on peut rendre une très bonne copie en deux ou
quatre parties : l’important est qu’il n’y ait pas de déséquilibre de taille entre les parties. Au
sein des parties, le nombre de sous-parties importe peu. Il n’est jamais obligatoire de donner
une référence. Il faut donner des exemples simples, de la vie de tous les jours, pour éviter une
dissertation trop abstraite ; mais il ne s’agit pas de se forcer à trouver un exemple pour chaque
paragraphe. Dans le choix des exemples, toujours préférer un exemple dit “classique”,
c’est-à-dire issu de la culture classique - en littérature, en histoire, en cinéma, etc… Par
exemple, si vous aviez à parler d’injustice, plutôt que d’invoquer un exemple lambda (“il est
injuste de punir quelqu’un plus pour un vol que pour un crime”; c’est ici une pétition de
principe qu’il vous faut prouver par ailleurs, alors que l’exemple doit éclairer votre point de
façon efficace), un exemple classique est celui d’Antigone, personnage de la tragédie de
Sophocle, qui est punie par Créon pour avoir obéit aux lois divines et non aux lois de la cité.
Il faut toujours supposer qu’on s’adresse à un lecteur ou une lectrice
« raisonnablement cultivé‧e ». Cela signifie qu’on ne présente par les philosophes à qui on fait
référence, mais qu’on ne suppose pas non plus que le‧a correcteur‧ice connaît notre cours de
philosophie. Il faut donc toujours définir les termes, expliquer les références, éviter les
allusions. Le seul travail qui peut être évalué est celui qui est écrit, peu importe ce que vous
avez « voulu dire ».
B- Travail de brouillon
1) Analyser le sujet dans sa spécificité
Chaque sujet comporte une ou plusieurs notions philosophiques, qu’il s’agisse de
repères ou de concepts généraux (« la nature », « vouloir », « penser », « je », « une
œuvre »…). Il faut d’abord les repérer, puis en donner la définition la plus englobante
possible en introduction, en partant du sens commun du terme. C’est dans le développement
qu’il faut spécifier le sens précis des concepts selon les auteur‧e‧s de l’histoire de la
philosophie.
Au brouillon, il faut produire des distinctions conceptuelles qui permettent de cerner plus
précisément une notion :
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1. Chercher les antonymes : à quoi le terme que je cherche à définir s’oppose ? Quand il
y a plusieurs antonymes, cela peut révéler différents sens du même terme. Ex : « la
vérité » s’oppose d’une part au mensonge (le fait de donner une apparence d’être à ce qui n’est
pas) et à l’erreur (l’inadéquation d’une idée, confuse parce qu’incomplète). De là on peut dégager
deux sens de la notion de vérité : 1) Le sens moral qui concerne le discours : « dire la vérité », c’est
être sincère i.e. ne rien masquer ou modifier de ce que l’on pense. 2) Le sens épistémologique qui
concerne le réel : « chercher la vérité », c’est mener une enquête sur ce qui est, indépendamment
de nos croyances.
2. Chercher les termes proches : pourquoi a-t-on choisi ce mot et pas un autre ? Il faut
supposer qu’il n’y a pas de synonymes en philosophie : si un autre mot semble vouloir
dire la même chose, chercher ce qui les distingue. Ex : « vouloir » se distingue de
« désirer » en ce que la volonté implique une forme de rationalité.
3. Chercher le genre et les espèces : à quel groupe appartient ce terme, et comment se
distingue-t-il des autres termes du même groupe ? Ex : la « joie » est un affect qui se
distingue de la tristesse par son caractère positif, et du « bonheur » par son inscription dans une
temporalité plus courte.
Il faut faire attention à chaque mot du sujet, même quand il ne s’agit pas de notions
philosophiques. Chaque sujet est particulier et il ne faut surtout pas calquer un sujet sur un
autre, à la formulation proche. Pour cela, il peut être bon de réfléchir aux différences avec des
sujets proches.
1. Considérer la forme de la question : « peut-on », « doit-on », « qu’est-ce que ? » …
2. S’interroger sur le sujet de la phrase : « on », « les hommes », « nous » …
3. Porter une attention particulière aux déterminants : est-ce que les notions sont au
pluriel ou au singulier, précédées par un article défini ou indéfini ? Qu’est-ce que cela
change ? Ex : « la technique » =/= « les techniques » =/= « une technique ».
2) Dégager un problème
La problématique n’est jamais la question posée par le sujet. Elle doit révéler le
problème qui n’était que sous-entendu par le sujet, à partir de l’analyse des termes. Il ne
peut donc pas s’agir d’une question fermée à laquelle on pourrait répondre par « oui » ou par
« non ». Il y a deux « méthodes » de rédaction d’une problématique (ex sur le sujet : « Peut-on
dire que la perception est une connaissance ? »).
1. On formule une seule question marquée par une tension (formellement, elle
comporte une conjonction de coordination), puis on annonce le plan. Ex : Si l’idée selon
laquelle la perception serait une connaissance est incomplète, peut-on la corriger en disant que la
perception constitue au moins une forme de connaissance parmi d’autres ?
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C- Rédaction de la dissertation
1) L’introduction
Il ne faut pas faire d’entrée en matière ou « phrase d’accroche » en philosophie.
L’introduction doit être brève et attaquer directement le sujet, sans tourner autour ; vous
pouvez utiliser un exemple marquant, une étymologie ou une référence littéraire si et
seulement si le lien avec le sujet est net.
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Il faut justifier pourquoi la question se pose, et pourquoi elle est intéressante. Pour ce
faire, on peut décrire une situation de la vie quotidienne ou d’apparentes contradictions dans
l’opinion commune qui rendent nécessaire de se poser une telle question. En général, il est
toujours recommandé de faire des liens entre une question philosophique et la vie de tous les
jours, car la philosophie n’est pas détachée du réel. Cela permet d’introduire le sujet qui doit
apparaître en toutes lettres dans l’introduction.
Il faut donner les définitions de tous les termes du sujet grâce aux distinctions
conceptuelles trouvées au brouillon. De cette analyse se dégage une tension qui montre que,
selon le sens que l’on donne aux mots, la réponse à la question posée ne sera pas la
même. Ainsi, il devient nécessaire de produire une dissertation puisque la réponse n’est pas
question d’opinion, mais de définition. La problématique découle donc de l’analyse des
termes, ce qu’on peut signifier avec des formulations telles que « ainsi/c’est pourquoi/d’où on
peut se demander si … ».
2) Le développement
Chaque sous-partie soutient un argument qui appuie la thèse de la partie : c’est une
preuve rationnelle de l’idée que l’on défend dans la partie. Contrairement à l’exemple,
l’argument n’est pas un cas particulier mais prétend énoncer une vérité générale (on le
formule donc au présent). Concernant l’ordre d’exposition, deux options sont possibles :
1. Enoncer l’argument puis proposer un exemple qui aide à le comprendre. Ex : « Il
semble naïf de se fier aux idées formées par la perception, qui sont souvent incomplètes ou
relatives [argument]. En effet, un bâton plongé dans l’eau paraît brisé, le miel amer au malade
[exemples] … »
2. Partir d’un exemple pour en tirer l’argument. Ex : « Plusieurs expériences de la vie
quotidienne nous amènent à douter de ce que l’on perçoit : notre vue est fréquemment soumise à
des illusions d'optique, un froid intense est senti comme une brûlure par notre peau, un bruit trop
fracassant nous paraît un immense silence [exemples] … Il paraît donc légitime de remettre en
question les idées que nous formons à partir d'informations transmises par de simples stimuli
nerveux [argument]. »
Il est impératif de proposer des exemples dans une dissertation de philosophie, même
si on n’est pas obligé·e d’en produire un pour chaque argument. Les exemples montrent le
lien entre le propos soutenu et l’expérience de tous les jours, et comment la réflexion
philosophique éclaire cette expérience. On peut reprendre un exemple d’une partie à l’autre
pour le préciser à l’aide d’un nouvel argument.
Il existe plusieurs types d’exemples :
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par rapport aux connaissances acquises en classe (avez-vous étudié d’autres textes de
cet·te auteur·e ? dans quelle période historique s’inscrit le texte ?).
2) Les auteur·e·s au programme
Voici la liste des auteur·e·s publiée dans le BO de l’éducation nationale, réparti·e·s en
trois grandes périodes historiques. Attention, elle est seulement indicative : aucun·e prof n’est
censé·e les étudier tous·tes en cours, ni se limiter à ces seul·e·s philosophes. Je vous la
partage simplement comme aide-mémo pour que vous puissiez repérer les noms que vous
connaissez.
B- Travail au brouillon
Il faut être attentif·ve à chaque détail du texte dès la première lecture, pour ne pas
perdre de temps à relire le texte 20 fois avant de commencer à l’expliquer. On peut choisir de
lire le texte seulement deux fois en prenant son temps, ou de le relire plusieurs fois en allant
plus vite : l’important est de ne rien rater !
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toutes pièces mais se tire du texte lui-même. Il s’agit donc, dès les premières lectures, de
« découper » le texte pour repérer les étapes de l’argumentation.
1. Repérer les grands temps de l’argumentation : un texte de bac est choisi pour qu’il
soit facile d’en trouver trois, mais vous pouvez tout à fait découper un texte en deux
ou quatre parties.
2. Au sein de ces grandes parties, repérer des articulations plus faibles, entre deux
arguments ou un argument et un exemple.
3. Distinguer les registres d’argumentation : faire la différence entre les exemples, les
arguments, les proverbes, les images, les phrases conclusives ou introductives, les
références à d’autres auteur·e·s, les expériences de pensée …
Pour découper le texte, il est utile de s’appuyer sur les connecteurs logiques utilisés par
l’auteur·e pour montrer les articulations de sa pensée. On peut donc au brouillon repérer des
mots comme « au contraire », « donc », « par exemple », ou des signes visuels tels que la
ponctuation ou les retours à la ligne. Attention cependant : on ne commente pas la grammaire
d’un texte en philosophie comme on le ferait en français ! Il s’agit d’aides pour repérer les
étapes de l’argumentation, mais vous ne devez pas dans le développement commenter les
conjonctions ou la ponctuation.
Il n’y a pas de « bon plan » établi par avance qu’il faudrait absolument trouver pour
réussir son explication. Souvent, on peut proposer deux ou trois découpages différents qui se
valent. L’important est de proposer un découpage rationnel et organisé.
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2) Le développement
On explique ligne par ligne le texte que l’on a sous les yeux, sans rien n’omettre. Il
faut passer plus de temps sur les passages difficiles, qui posent problème, mais ne surtout pas
sauter ce qui semble moins important. NE PAS FAIRE L’AUTRUCHE! Les grandes parties
correspondent aux grandes étapes de l’argumentation et, en leur sein, on fait des paragraphes
pour séparer les différents arguments, les exemples, les images etc…
On doit produire une lecture problématisante, càd qui cherche à comprendre et à interroger de
l’intérieur, et non une description extérieure du texte comme un objet à seulement présenter.
C’est donc une lecture qui pose des questions au texte, entre en dialogue avec lui, et travaille
à en restituer la cohérence interne comme les difficultés.
Il faut citer les passages que l’on explique mais jamais des phrases entières : sélectionnez la
notion ou l’expression que vous commentez. Ne substituez pas vos mots à ceux de
l’auteur·e mais définissez ceux qu’il·elle utilise. Recopier un texte ne l'explique pas. Les
citations de passages sont brèves et significatives : ne pas reproduire le texte en totalité ni
littéralement, ni par bribes entrecoupées de pointillés, mais citer au sein d'une phrase
construite un mot, une expression ou une proposition essentielle.
Entre chaque grande partie, il faut faire un paragraphe de transition qui résume ce que
l’auteur·e a réussi à démontrer dans le premier temps du texte et annonce ce qu’il reste
à prouver par la suite.
Les remarques critiques n’ont pas leur place au cœur de l’explication de texte : il
faut essayer de comprendre ce qu’a écrit l’auteur·e et en quoi c’est intéressant. Une fois
l’explication terminée, c’est-à-dire une fois le dernier mot du texte commenté, et avant la
conclusion, on peut rédiger une courte partie critique séparée. Il s’agit d’un paragraphe
indépendant dans lequel vous pouvez présenter des objections à la thèse ou certains arguments
de l’auteur·e. Ces objections peuvent être faites en votre nom ou s’appuyer sur la pensée
d’un·e philosophe étudié·e en classe. Cette partie critique n’est PAS obligatoire (on peut
avoir 20 sans émettre d’objections) et ne doit en aucun cas se substituer à l’explication précise
du texte.
3) Conclusion
La conclusion doit être courte et rappeler le problème auquel se confronte le texte, la façon
dont il y répond et les points forts de l’argumentation. En un mot, il faut dégager son intérêt
philosophique. Pas de question sans réponse : on ne relance pas sur un autre débat à la fin de
la conclusion.
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