Cours Certification Et Traçabilité Forestière - 2022
Cours Certification Et Traçabilité Forestière - 2022
Cours Certification Et Traçabilité Forestière - 2022
TRAÇABILITE FORESTIERE
Ce cours porte sur un aperçu analytique des principaux systèmes de certifications utilisées au niveau
international et expérimentés dans le Bassin du Congo, en passant en revue ces principaux
systèmes. La dernière partie du cours traite des méthodes de vérification des indicateurs de
certification par l’implantation d’un système de suivi-environnemental et d’un système de
traçabilité des bois et d’analyse des impacts socio-économiques des interventions d’exploitation et
d’industrialisation.
Contenues du cours
L’évaluation des connaissances est effectuée de façon continue au cours de la session, de la façon
suivante : un control continue valant 30% des points et un examen final de 70%.
Introduction
Depuis la Conférence des Nations Unies pour l’environnement et le développement qui s’est tenu à
Rio en 1992, la gestion durable de la forêt est devenue un concept important dans les activités et les
discussions/délibérations internationales. Cela a pour résultat/conséquence aujourd’hui un large
consensus sur les principes, directives, critères et indicateurs relatifs à la gestion durable de la forêt
au niveau gouvernemental international.
Les préoccupations que suscite la destruction des forêts du monde en général et plus
particulièrement des forêts tropicales, se sont considérablement accrues au cours des deux dernières
décennies, et se sont traduites par diverses initiatives visant à inverser cette tendance et à élaborer
des stratégies et des actions en faveur de l’aménagement forestier durable. Chaque pays forestier
dans les principales zones de forêts tropicales naturelles a ainsi élaboré un ensemble de stratégies
pour garantir la gestion durable, économiquement rentable, écologiquement viable et socialement
pertinente, de ses écosystèmes forestiers.
1.1.Genèse de la certification
Les forêts se sont imposées dans l’agenda politique international au cours des années 1980 en raison
d’une inquiétude croissante au sujet de l’ampleur et du taux de déforestation. La priorité de
nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) environnementales était de réaliser des
campagnes pour sensibiliser la population et de prôner des boycotts, particulièrement du bois
tropical, afin de réduire la pression sur les forêts. Les activités financées par les bailleurs ont permis
de soutenir le développement des compétences et d’autres approches holistiques, comme les
programmes des forêts nationales. En même temps, les négociants en bois tropical ont commencé à
se rendre compte qu’ils avaient peu d’informations sur l’origine de leurs produits en bois et ne
contrôlaient pas les impacts environnementaux et sociaux de leurs décisions commerciales. Ils ont
par conséquent compris la valeur d’un mécanisme qui fournirait une façon crédible de
s’approvisionner en bois et en produits à base de bois provenant de forêts gérées de façon
responsable au niveau environnemental et social. La certification de gestion forestière et
l’étiquetage des produits associés ont été introduits suite à ces constats.
La gestion durable des forêts (GDF) est définie comme « un concept dynamique et en évolution,
dont le but est de maintenir et d’accroître les valeurs économiques, sociales et environnementales de
tous les types de forêts, pour le bien des générations actuelles et futures ». Les forêts et les arbres,
lorsqu’ils sont gérés de façon responsable, procurent des contributions vitales aux populations et à
la planète, renforçant les moyens de subsistance, fournissant un air et une eau propres, conservant la
biodiversité et luttant contre le changement climatique.
Le rôle du commerce des produits forestiers en tant que facteur contribuant à la déforestation et à la
dégradation des forêts a pendant longtemps fait l’objet d’un débat international. L’exploitation
forestière commerciale est un des facteurs contribuant à la dégradation des forêts, soit directement
par une mauvaise gestion soit indirectement en fournissant un accès aux forêts à d’autres
utilisateurs. Le commerce est donc devenu un sujet crucial pour travailler à la promotion de la
gestion durable des forêts. L’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) en a fait le cœur
de son travail depuis sa création en 1987.
En 1989, les Amis de la Terre et plusieurs autres ONG ont proposé à l’OIBT d’étudier la possibilité
d’étiqueter le bois des forêts tropicales pour indiquer si les produits forestiers proviennent de forêts
gérées de façon durable. Toutefois, certains pays producteurs ont émis des inquiétudes au sujet du
bois qui ne pouvait pas être étiqueté et l’initiative a par conséquent été abandonnée. En 1992, une
étude majeure a été réalisée sur les liens économiques entre le commerce international de bois
tropical et la gestion durable des forêts tropicales, qui a conclu que le commerce de bois tropical ne
constituait pas une cause majeure de déforestation et qui a mis en évidence le besoin d’incitations
économiques.
C’est sur la côte Ouest des États-Unis que la certification forestière est apparue pour la première
fois avec la création d’un système qui différentie les produits respectueux de l’environnement sur le
marché. C’est ainsi que le premier schéma de certification forestière, le Forest Stewardship Council
(FSC), a été établi en 1993. Jusqu’en 1997, le FSC est resté pratiquement le seul système de
certification opérationnel dans le monde. Il a été au centre des discussions sur les politiques et de la
promotion de la certification. Sans ces initiatives, la certification n’aurait certainement pas eu un tel
impact fondamental sur l’établissement des normes forestières, la vérification de la conformité aux
critères de gestion forestière durable et la labellisation des produits certifiés sur le marché
international.
La certification forestière est un système de labellisation visant à encourager une gestion forestière
responsable en ajoutant plus de valeur aux produits forestiers issus de forêts bien gérées. La
certification peut servir aussi d’outil visant à promouvoir le développement de systèmes et de
structures améliorés pour la gestion des forêts.
Elle peut être définie comme un mécanisme permettant d’attester, après une vérification
‘indépendante et neutre, qu’une production ou un service répond à une norme ou à un
standard de qualité donnée. Ce mécanisme aboutit à la délivrance d’un « label » pour le produit.
Le but de la certification est de fournit au Consommateur des informations sur l’origine d’un
produit pour lui permettre d’acheter en connaissance de cause. Elle joue un rôle de trait d’union
entre le consommateur disposés à payer d’avantage pour des produits de qualité (respectueux de
l’environnement) et les producteurs qui s’engagent leurs pratiques.
La certification forestière, comme les variantes citées ci-dessus est un instrument de marché
(volontaire aux entreprises et exigé uniquement par les clients). Elle vise à promouvoir un
aménagement forestier durable en fonction des facteurs environnementaux, économiques et
sociaux.
1) La performance
La première approche à la certification est basée sur les normes de performance qu’une organisation
doit atteindre (ou dépasser) avec de pouvoir être certifiée. Ceci est très bien illustré par le système
du Forest Steward Council (FSC) pour la certification forestière ou Conseil de bonne gestion
forestière.
2) Le processus
La seconde approche, illustrée par l’International Standardisation Organisation (ISO), n’établit pas
des normes de performance spécifiques et prédéterminées mais tend plutôt à améliorer en
permanence le processus de gestion.
La certification forestière peut être décrite de manière synthétique comme une « garantie
indépendante de contribution de l’exploitation forestière au développement durable ». Conçue
comme alternative constructive aux appels au boycott des bois tropicaux qui se multipliaient à la fin
des années 80, elle vise à offrir un cadre commercial incitatif pour « ancrer » les exploitants dans
l’aménagement durable des superficies forestières qu’ils exploitent. La certification a pour objectif
de « développer un marché pour les produits forestiers dont l’origine et le mode de production
sont garantis comme étant durables par des évaluateurs indépendants, qui utilisent des critères
précis et reconnus de « bonne gestion forestière ».
Dans le cas de l’exploitation forestière en Afrique centrale, ces critères couvrent bien entendu les
exigences en matière de renouvellement maîtrisé de la ressource exploitée. Mais ils couvrent aussi,
et surtout pour les exploitants, deux exigences essentielles qui se retrouvent rarement de manière
aussi critique dans les autres régions forestières du monde, (1) une participation planifiée au
développement socio-économique local et une contribution significative à la réduction de la
pauvreté ; et (2) une prise en compte systématique des enjeux de biodiversité, particulièrement en ce
qui concerne la survie des grands mammifères.
L’idée, relativement simple sur le papier, consiste à faire en sorte que les consommateurs de bois
tropicaux, sensibilisés aux enjeux du développement durable, influencent progressivement les
marchés et contraignent les exploitants à « se conformer » à cette nouvelle donne commerciale en
leur demandant de certifier leur production.
Les forêts sont exploitées soit par des sociétés forestières (cas des UFA et/ou FCle), soit par les
communautés locales (FCom) ou par des individus, etc. A cet effet, la certification concerne le bois
et tous les autres produits de la forêt comme les animaux, les feuilles, les fruits, les écorces, etc.
Pour être certifié, celui qui exploite la forêt (Concessionnaire) prend contact avec un certificateur
reconnu (par exemple Bureau Veritas - Cameroun) par le FSC. Tous deux s’entendent sur les
conditions (durée, période, coûts) de la
certification.
Le Pré-audit
L’audit de certification est l’évaluation complète faite au moment où le certificateur doit dire si
c’est possible de certifier ou non. Au cours d’un processus de certification, il peut y en avoir plus
d’un selon le cas.
Pendant cette évaluation, il observe encore les activités menées dans la forêt, s’informe auprès des
employés sur leurs conditions de travail et auprès des communautés locales sur leurs rapports avec
la compagnie forestière.
Si les activités de la compagnie forestière respectent les dix principes du FSC, elle reçoit alors un
certificat qui l’autorise à mettre le logo du FSC sur les produits qui proviennent de la forêt qui a
été certifiée.
Les Audits de surveillance
La certification est annulée si la compagnie forestière fait des pratiques non conformes aux
principes du FSC.
Groupe 2 : PAFC (Pan African Forest Certification) : Etat de lieux et perspectives au Cameroun
Consigne :
La traçabilité, selon peut être définie comme « l’aptitude à retrouver l’historique, l’utilisation ou la
localisation d’un article ou d’une activité, au moyen d’une identification enregistrée». Ceci
implique deux aspects majeurs : 1°) identification du produit par un marquage ; (2°) l’existence
d’enregistrement de données liées à ce produit sur un support ayant lui-même une traçabilité.
La chaine de contrôle (Chain of Custody - CoC) des produits forestiers et à base de ous représente,
selon ISO 9000, « le suivi ininterrompu des produits forestiers et à base de bois au cours de
leur exploitation, leur transport, leur transformation et au cours de la chaine de distribution,
depuis la forêt jusqu’au consommateur final ».
La nature des systèmes de traçabilité des bois varie en fonction de la technologie employée, qui
recouvre aussi bien des systèmes modernes informatisés ou semi-informatisés que des systèmes sur
support papier (OIBT, 2012).
La traçabilité a deux objectifs : traquer (c’est localiser l’entité) et tracer (c’est connaitre les
utilisations ou la composition de l’entité) qui doivent être étudiés en amont de la mise œuvre du
système de traçabilité. Elle a également deux sécurités (assurer la conformité du produit par rapport
à des règles ou des contraintes et l’exécution ; contrôler le déroulement d’Operations ou
d’enchainements et la bonne réalisation des séquences industrielles, logistiques ou administratives).
Le croisement entre ces deux objectifs et les deux finalités permet de définir son système de
traçabilité (ATIBT, 2014). Le type de système de traçabilité à mettre en place diffère suivant que
l’on se place à l’échelle d’une entreprise pour suivre le bois de la forêt au point de vente (Ondoua,
2008) ou d’un Etat pour mieux maîtriser les volumes produits sur les zones aménagées, d’améliorer
l’efficacité des contrôles, d’améliorer la connaissance des flux de grumes et de débités, d’améliorer
les recettes fiscales par une meilleure maîtrise de l’assiette et de mettre à disposition des sociétés
forestières des outils de traçabilité moderne améliorant leur propre gestion (Dechambre et Hiol,
2001).
Au Cameroun, la traçabilité forestière s’appuie sur des carnets de chantier intitulés « DF10 » pour
l’enregistrement des abattages et des « lettres de voitures » pour le transport des grumes et produits
bois. Le code unique de l’arbre abattu (numéro DF10) est obtenu en compilant le numéro de la page
DF10 et de la ligne de la page où l’arbre est enregistré. L’identifiant des « grumes-filles » est
obtenu en ajoutant une lettre au numéro DF10. Les numéros DF10 sont martelés sur les souches et
peints sur les grumes filles avant d’être reportées dans des carnets de suivi.
A chaque étape des opérations d’exploitation et de transformation, des méthodes sont conçues pour
assurer la traçabilité des produits bois. Dans de nombreux pays, un cadre est défini par les
législations nationales.
Il est réalisé en amont des activités productives, et consiste, au minimum, à établir la liste de
l’ensemble des arbres qui seront exploités dans une zone donnée. Au Cameroun par exemple, la
liste indique l’identifiant unique de l’arbre, sa localisation dans la parcelle d’inventaire, son
diamètre et son espèce. Des cartes accompagnement généralement les données enregistrées.
L’inventaire d’exploitation est le point de départ de la traçabilité : la clé d’une traçabilité forestière
réussie consiste donc à localiser individuellement les arbres qui seront exploités, en attribuant à
chacun un identifiant unique.
Des systèmes doivent être mise en place afin d’assurer la connexion entre la grume qui sera abattue,
tronçonnée, débardée, tronçonnée à nouveau puis roulée, et l’identifiant unique de l’arbre
inventorié.
En règle générale, chaque étape de l’exploitation doit être reportée sur un support (papier, tablette,
Smartphone ou autre support numérique) puis insérée dans une base de données de traçabilité
générale. Chaque nouveau produit issu de l’arbre abattu doit être désigné par un identifiant unique
le reliant au produit antérieur. L’arbre abattu sera ainsi connecté à l’arbre sur pied. Les grumes à
l’arbre abattu, les billons aux grumes issues du tronçonnage de l’arbre abattu, etc.
Une « traçabilité par pied », qui consiste à établir un lien explicite entre l’arbre en forêt et le
produit transformé. Cette méthode permet de mettre en rapport des quantités spécifiques de produits
et un certain nombre de pieds d’origine.
Une traçabilité consistant à garantir que les produits bois qui entrent en usine sont d’origine
acceptable, mais n’établissant pas systématiquement de lien avec l’origine individuelle des arbres.
Ce type de traçabilité est tout spécialement adapté à la transformation secondaire ou territoire, ainsi
que pour la fabrication de pâte à papier.
Différents outils ont été mis en place en vue d’assurer la traçabilité sur le terrain. Lors de
l’inventaire d’exploitation, les arbres sont géo-référencées, soit manuellement soit à l’aide de
systèmes de positionnement géographiques (GPS). La méthode manuelle, la plus courante, consiste
à répertorier les arbres sur pied de manière « relative », en rapport sur une carte leur position au sein
d’une parcelle dont les contours ont été relevés précisément au GPS. La méthode par GPS, quant à
elle, consiste simplement à relever des coordonnées de chacun des pieds identifiées dans la parcelle
d’inventaire.
L’attribution d’un identifiant unique aux arbres sur pied et aux grumes et billons peut prendre des
formes variées. Certains pays imposent simplement un marquage de numéros à la peinture, selon
une codification définie par la législation ou établie librement par l’entreprise. Certaines sociétés
certifiées vont plus loin et apposent sur les arbres et les grumes des plaquettes en plastique en une
partie ou divisées en plusieurs parties reprenant chacune le numéro de l’arbre. Dans ce dernier cas,
la première partie reste sur l’arbre abattu pour assurer sa traçabilité, les autres parties sont prises par
l’abatteur, voire par les opérateurs successifs intervenant sur le bois, afin de suivre les activités
d’exploitation journalières. D’autres pays imposent l’utilisation de codes-barres uniques fournis par
l’Administration forestière. D’autres encore (Brésil, pays scandinaves) étudient la possibilité de
mettre en place des outils de traçabilité de type puce RFID (technologie d’identification par
radiofréquences) pour suivre certains produits bois au niveau de points de passage définis (villes,
ports). Enfin, de nouvelles technologies utilisent les propriétés intrinsèques des bois (marqueurs de
l’ADN et isotopes stables) pour déterminer leur origine géographique et établir ainsi leur traçabilité.
Les empreintes génétiques de plusieurs essences sont à l’étude, et de nombreuses applications
suscitent déjà beaucoup d’intérêt dans le cadre du RBUE, de la Lacey Act ou de la Convention sur
le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
(CITES).
Lyonga /2022-2023 Année Académique
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Cours de certification et traçabilité forestière
Le support de suivi de la traçabilité forestière est encore très généralement laissé au libre choix de
l’entreprise, pourvu, bien entendu, que celle-ci respecte les prescriptions légales.
Dans la majorité des pays tropicaux, il s’agit de documents papier. Toutefois, dans le cadre de la
mise en œuvre des APV et du RBUE, différents projets de traçabilité nationaux sont en train de voir
le jour et visent l’adoption par les entreprises ou les administrations de supports numériques de type
tablettes. Ces tablettes devraient faciliter et fluidifier la saisie des données et leur envoi à
l’Administration forestière.
e. Le suivi informatique
Pour pouvoir être exploitées dans un but économique ou organisationnel ou dans un souci
d’harmonisation avec la traçabilité nationale, les informations sont enregistrées presque
systématiquement dans une base de données informatique.
Si de nombreuses entreprises utilisent encore des systèmes informatiques simples tels que MS Excel
ou MS Access, d’autres outils plus élaborés sont développés actuellement afin de valoriser au
mieux les données relatives à la traçabilité (voir par exemple le cas de Pallisco CIFM au
Cameroun).
Contrairement au secteur industriel, le secteur informel présente des données qui échappent aux
statistiques officielles de bois au Cameroun et à la documentation. Pourtant ce secteur répond
largement à une demande croissante des produits issus de cette activité, et emploie une bonne
proportion de la population. Sous la base d’enquêtes, la production annuelle de sciage informel au
Cameroun est estimée à 715 000 m3 (Cerutti et Lescuyer, 2011) mais aucune politique générale n’a
été mise en place pour règlementer et canaliser le secteur de bois informel. Dans le cadre de l’APV
FLEGT, la volonté du Cameroun est de ne pas ignorer le bois local et d’éviter ainsi une «légalité à
deux vitesses». Même si ce bois, par définition, n’est pas destiné à l’export et donc non concerné
par les autorisations FLEGT, le Cameroun souhaite que la même réglementation lui soit appliquée
en termes de vérification de la légalité et de suivi de la chaîne de production.
L’exploitation forestière au Cameroun est soutenue par une règlementation qui régit uniquement
l’exploitation de bois industriel à grande échelle. Il existe un autre type d’exploitation dont les
produits sont orientés vers le marché national, il s’agit du l’exploitation locale de bois. Ce secteur
d’activité dit informel, ainsi que le bois produit n’est pas pris en compte par la législation
camerounaise, et il n’existe pas de manière officielle une statistique du bois provenant de ce secteur.
En 2009, le volume total de bois produit au Cameroun, environ 360 000 m3 échappent à la
statistique Camerounaise. En termes de revenu, il est estimé à 64,20 milliards de F CFA (97,8
millions d’Euros) (MINFOF et CIFOR, 2013).
La loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts de la faune et de la pêche, en son article
8 intitulé droit d’usage, «reconnu aux populations riveraines d’exploiter tous les produits forestiers,
fauniques, halieutiques à l’exception des espèces protégées en vue d’une utilisation personnelle » ne
définit pas le droit d’usage en termes de commercialisation, mais reconnait aux populations locales
le droit d’utilisation du bois pour leur besoin immédiat, et à titre personnel. Cependant, les
populations locales vendent le bois qu’ils considèrent comme ‘‘leur arbre’’ et dont ils ont la
propriété, suivant le droit coutumier dont ils en sont les garants ; qui n’est pas pourtant pas défini
par la loi. Au moment où le Cameroun se prépare à mettre en oeuvre les accords APV signé de
commun accord avec l’UE, qui stipule la prise en compte de la règlementation de toutes productions
de bois, il serait important de définir un cadre législatif susceptible de règlementer le secteur local
d’exploitation de bois. Contrairement au secteur industriel, le secteur local de bois dépend de petit
titre d’exploitation, à capitaux plus ou moins réduits et donc les techniques d’exploitation sont
encore rudimentaires.
Les voies de transports des zones de production de bois d’oeuvre vers les zones de
commercialisation au Cameroun et d’exportation du Cameroun
Le Cameroun est une plaque tournante dans le commerce du bois de la sous-région en accueillant
sur son territoire des bois en transit ainsi que des bois importés pour y être transformés. Il est donc
essentiel que, dans le cadre des APV FLEGT que, tous ces flux soient bien maîtrisés et, qu’en cas
de transformation au Cameroun, l’origine légale de ce bois puisse être dument vérifiée. Le
Cameroun doit pouvoir assurer la continuité de la traçabilité de façon à ce que la légalité des
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Cours de certification et traçabilité forestière
produits forestiers exportés à partir de ses ports puisse être établie. Une coopération étroite avec les
autres pays de la CEMAC est, dans ce cadre, indispensable. Lewis et Tamouya en 2011 ont
préconisé des options de fond pour permettre d’assurer la continuité de la traçabilité lorsque le bois
transite au travers un pays tiers avant l’exportation finale via un port de la région notamment :
Le MINFOF en 2012 a regroupé les points de passage obligatoire à mettre en place pour assurer le
contrôle de la légalité et de la traçabilité des bois et produits dérivés en circulation en six (06)
catégories (Figure 3), notamment:
Point de passage obligé zone de production: ce sont des points par lequel le bois doit
obligatoirement passer pour être évacuer des zones de production.
Point de passage obligé marché intérieur du bois: ce sont des points par lequel le bois doit
obligatoirement passer pour entrer dans le MIB.
Point de passage obligé couloir douanier bois CEMAC: ce sont des points par lequel le bois
CEMAC en transit au Cameroun doit obligatoirement passer pour être exporter.
Point de passage obligé avant-port bois origine Cameroun: ce sont des points par lequel le
bois produit au Cameroun doit obligatoirement passer avant d’entrer au port d’exportation.
Point d’entrée: ce sont des points par lequel le bois doit obligatoirement passer pour entrer
au Cameroun.
Point d’embarquement: ce sont les points d’embarquement du bois.
3.2.1. Le pays est parmi les pionniers ayant ratifié l’APV FLEGT
Le Cameroun s’est engagé avec l’Union Européenne (UE) dans un Accord de partenariat volontaire
(APV) FLEGT (application des réglementations forestières, gouvernante et échanges commerciaux)
et a signé l’Accord le 6 octobre 2010, étant ainsi le troisième pays au monde à conclure un Accord
de partenariat volontaire FLEGT. L’Accord a été ratifié, et est entré en vigueur le 1 décembre 2011.
L’APV vise à renforcer la gouvernance forestière et promouvoir le bois légal camerounais.
3.2.2. La mise en route effective du régime FLEGT qui passe par l’opérationnalisation du
STBC reste problématique
En 2013, une série de textes réglementaires portant sur les modalités de délivrance des certificats de
légalité (CL), la vérification de la légalité et la reconnaissance des systèmes privés de certification a
été adoptée et publiée par le MINFOF. Des avancées considérables ont été faites dans le
développement et la validation par le Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale des procédures
pour l’émission des attestations de conformité à la réglementation du travail.
Pour soutenir le suivi des activités relatives à l’application de la loi N° 94/01 du 20 janvier 1994
portant régime des forêts, de la faune et de la pêche, les bailleurs de fonds ont financé la création de
la base de données informatisées : le Système Informatique de Gestion d’Informations Forestières
(SIGIF) basé au sein du Ministère des Forêts en 1999. Dans le cadre des APV/FLEGT, la première
tentative de mise en place du système de traçabilité SIGIF 1 n’avait pas fonctionné. Le constat de
l’échec du système a été posé, et une évaluation a été faite. Ce qui a permis de définir de nouvelles
orientations, d’élaborer de nouveau terme de références et de lancer l’avis d’appel à manifestation
d’intérêt N° 008/AAMI/MINFOF/SG/DAG/SDBM/SMA/13 du 05 Juillet 2013 relatif au
développement informatique du Système Informatisé de Gestion des Informations Forestières –
SIGIF du Ministère des Forêts et de la Faune.
Rendu en 2014, des avancées sont signalées sur le plan des formations du personnel du MINFOF et
de la signature de certains arrêtés. Le MINFOF a investi et testé le système mais échec,
actuellement l’on travaille pour la mise sur pied du nouveau système SIGIF II mais le processus qui
mène à l’application reste long et truffé d’obstacles. Aucune des activités préalables à la mise en
place effective du système de traçabilité des bois du Cameroun (STBC) n’est complètement réalisée
et certaines n’ont même pas encore démarré. L’état d’avancement de celles que l’on peut estimer les
plus importantes reste préoccupant : la mise sur pied de dispositifs juridiques améliorés, des
instances de décision et de suivi, du système opérationnel de vérification de la légalité et de
délivrance des autorisations FLEGT.
Aucune stratégie n’a été mise en place pour règlementer et canaliser le secteur de bois informel dont
les données échappent aux statistiques officielles de bois au Cameroun et à la documentation. Le
Cameroun souhaite que la même réglementation lui soit appliquée en termes de vérification de la
légalité et de suivi de la chaîne de production mais pour le moment tout se limite aux discours.
3.2.4. Les options d’introduction du bois en transit dans le STBC ont été te stées
Un Point de passage obligé couloir douanier bois CEMAC a été fixé pour assurer le contrôle de la
légalité et de la traçabilité des bois et produits dérivés en circulation. C’est un point par lequel le
bois CEMAC en transit au Cameroun doit obligatoirement passer pour être exporter. Des options de
fond pour permettre d’assurer la continuité de la traçabilité lorsque le bois transite à travers un pays
tiers avant l’exportation finale via un port de la région ont été préconisées. Le développement d’une
plateforme informatique commune pour l’émission des autorisations FLEGT est également
envisagé et qui sera localisée et opérée au niveau du guichet FLEGT au port.
Le retard observé dans la mise en place du STBC au Cameroun s’expliquerait aussi par le fait que
ce système est nouveau pour l’ensemble de toutes les parties prenantes impliquées dans le secteur
forestier en général, mais surtout pour le personnel du MINFOF. Ainsi, au cours de la phase
préparatoire de la mise en place dudit système, l’une des principales activités avait été le
renforcement des capacités du personnel du MINFOF à travers la sensibilisation et les ateliers de
formations organisés principalement dans les cinq régions forestières du pays (Centre, Sud, Est,
Littoral et Sud-ouest). Malgré tous ces efforts, les capacités du personnel dudit ministère n’ont pas
encore atteint un niveau suffisant pour espérer une mise en œuvre efficace de ce système. Par
ailleurs, le fait de ne pas impliquer tout le personnel du MINFOF dans la préparation et la mise en
œuvre de ce processus pourra constituer un véritable goulot d’étranglement dans ce sens où, un
personnel qui n’avait pas été préalablement impliqué pourra se retrouver affecté à un poste
nécessitant un minimum de connaissance sur le processus. Ce qui est même déjà le cas pour certains
postes à l’instar du Check point de Bonis (sortie sud de la ville de Bertoua et principal point de
passage routier du bois exploité à l’Est-Cameroun à destination de l’exportation) et celui du parc à
bois de Bélabo (principale voie ferroviaire de passage du bois exploité à l’Est-Cameroun à
destination de l’exportation) où les responsables rencontrés sur place lors de la présente étude
étaient nouvellement affectés et n’avaient pratiquement aucune connaissances sur le processus du
STBC, car n’ayant pas été impliqués dans les sessions de renforcement des capacités.
L’une des principales contraintes de la mise en place du STBC au Cameroun sera l’insuffisance de
couverture du réseau électrique et internet. En effet, la couverture du réseau électrique au Cameroun
demeure très insuffisante. La société nationale qui avait fait l’objet d’une privatisation n’a fait que
baisser de régime à tel enseigne que même les grandes métropoles Camerounaises ne sont pas
épargnées. Le problème est d’autant plus déplorable que certaines zones se retrouvent privées
d’énergie éclectique pendant des jours. On constate aussi que le développement des sources
d’énergie alternatives est quasi inexistant.
Les opérateurs de téléphonie sont absents dans la plupart des zones rurales et zones d’exploitation
forestière.
Le problème de corruption reste très perceptible dans le secteur forestier au Cameroun ceci aggravé
par la mauvaise mentalité de certaines exploitants forestiers qui sont habitués à la fraude et celui de
certains fonctionnaires du MINFOF qui, par manque d’éthique professionnel voudrait s’enrichir
rapidement et illicitement (Mamy, 2011). La prise de conscience au niveau national a permis de
prendre des résolutions forte et s’est traduite par le développement de la stratégie nationale de lutte
contre la corruption (SNLCC) dont la mise en œuvre a permis au a MINFOF d’appliquer les
initiatives à résultats rapides (IRR) et de développer des outils appropriés tels que le Guide de
l’agent probe des eaux et forêts. Selon Mamy 2011, des stratégies et des politiques existent qui sont
quelquefois combattues et elles sont mises en oeuvre de façon lente, avec des objectifs et des
priorités qui n’ont véritablement été l’objet d’appropriation, plusieurs réunions et des mouvements
avec peu de résultats réels, tout le monde fait bien son travail, mais l’on blâme les autres lorsque les
résultats ne sont pas réalisés.
Les recommandations suivantes sont faites pour le développement d’un système de traçabilité
fiable au Cameroun :
Au niveau local
Soutenir le gouvernement dans la résolution de ses problèmes énergétiques et technologiques en
zones rurales.
Au niveau national
Renforcer les capacités techniques et matérielles du ministère pour une démarche vers
l’opérationnalisation du STBC, notamment en investissant continuellement dans la formation des
agents et en apportant les ressources adéquates qui leur permettent de s’acquitter efficacement de
leurs fonctions et améliorer l’application de la législation forestière (matériel informatique de
pointe) ;
Mettre en place des réformes politiques pour promouvoir le marché domestique ;
Renforcer la lutte contre la corruption dans le secteur forestier suivant un engagement de haut
niveau avec des investissements à long terme pour le développement des mécanismes
d’élimination des opportunités de corruption, l’amélioration de la connaissance des textes du
secteur forestier (en vue de susciter le changement de comportements des acteurs du secteur), la
dotation aux fonctionnaires des eaux et forêts des outils d’accompagnement de la politique de
lutte contre la corruption, l’amélioration du système d’incitation au rendement.
Au niveau international
Accompagner le Cameroun dans l’élaboration de son plan d’action prioritaire du secteur forestier
et assurer l’implication de tous les acteurs, y compris la société civile et les communautés dans la
conception et la mise en œuvre de ce plan, afin de garantir que les actions préparatoires
importantes ne seront pas bâclées.
Assurer que l’amélioration de la transparence est suivie de près, en particulier par le Comité
conjoint de suivi de l’APV pour veiller au respect des conditions pertinentes de l’Accord.
Désigner en collaboration avec le gouvernement camerounais un nouvel observateur indépendant
gage d’une meilleure progression de la mise en oeuvre de l’APV FLEGT et partant du STBC.