Mariage en Afrique
Mariage en Afrique
Mariage en Afrique
EN
AF~IQUE NOIRE
PAR
JACQUES BINET
LE MARIAGE
EN AFRIQUE NOIRE
© 1959, by les Éditions du Cerf.
LE MARIAGE
EN
AFRIQUE NOIRE
PAR
JACQUES BINET
Administrateur en chef de la France d'Outre-mer
Directeur de Recherches à l'O. R. S. T. O. M.
foi vivante
série
sne des missions
NIHIL OBSTAT :
IMPRIMATUR:
***
A. Les parties en présence.
Dès l'abord un fait paraît extraordinaire au
juriste européen : dans l'institution africaine
les personnalités en jeu semblent mal fixées.
Cette imprécision se révèle dans presque toutes
les coutumes : des mariages sont décidés sans
que l'on sache au juste quels seront les époux.
Ici, des fiançailles sont nouées avant la nais-
sance des fiancés. Là, le remplacement des
époux est assuré si l'un d'eux vient à mourir:
la famille de la femme donne au veuf une
remplaçante ou bien l'héritier du de crgus
devient l'époux des veuves. Le système du
màriage par échange est caractéristique de cette
imprécision dans le choix des époux, puisque
le groupe qui reçoit une femme doit en donner
une autre sans que la personnalité des maris,
ni celle des femmes, ne semble avoir une bien
grande importance. Le langage même traduit
parfois cette imprécision. Les femmes de
langue éwondo (Yaoundé, Cameroun) disent
ordinairement « Je suis mariée chez les Éten-
ga », et non « j'ai épousé Un tel ».
LE MARIAGE EN DROIT COUTUMIER 15
B. Fins du mariage.
Le but essentiel du mariage africain est la
procréation d'enfants. Face aux idées euro-
péennes, ce caractère strictement « nataliste »
du mariage africain est frappant et ses lacunes
apparaissent.
Nous ne nous en apercevons pas au pre-
mier abord. En effet, pour réagir contre les
tendances de son inconscient, l'Européen a
proclamé à diverses occasions ce but de pro-
création. Mais dans la psychologie de l'Occi-
dental, comme dans ses codes et ses romans,
cette fin n'est ni la seule ni la principale.
Nos dictionnaires définissent le mariage
comme l'union légale de l'homme et de la
femme. L'encyclique du pape Pie XI, Casti
Connubii, indique dès ses premières lignes que
le mariage est le principe et le fondement de
la société domestique. Le mot société indique
l'importance que revêt à nos yeux la cellule
élémentaire composée d'un homme et d'une
femme : le ménage. En est-il de même en
Afrique? Celui qui observe une famille étendue
doit constater qu'il y a entre la vie commu-
nautaire du groupe patriarcal et la vie du
40 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
,
royaume du Dahomry.
LE MARIAGE EN DROIT COUTUMIER 49
POLYGAMIE
***
A. Répartition de la po{ygamie dans l'espace.
Il semble que la monogamie domine dans
les régions désertiques. Elle serait courante
chez les Maures et les 'Touareg. Faut-il voir
là une conséquence de la structure écono-
mique? Dans ces régions très pauvr~s, la
polygamie se.cait un luxe dispendieux. Mais,
en outre, les fenunes maures et touareg pré.
fèrent la monogamie; on cite comme un
axiome en matière matrimoniale le dicton « pas
de précédente pas de suivante ».
Peut-être n'est-il pas inutile de rappeler id
les craditions matriarcales particulières à cette
zone. L'opinion des femmes compte et leur
opposition a pu empêcher l'implantation de la
polygamie.
Dans la zone soudanaise, la monogamie
semble fréquente : chez les Diawaras de
Nioro, 65 % des hommes mariés sont mono-
games 1. Dans le delta central nigérien, des
chiffres relevés dans trois centres de coloni-
1. Adr. BOYER, Les Diawaras, mémoire inédit, CHEAM,
1952·
64 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
Kabrès 1, . . • . . . . . , 24%
Cotocolis 2 •••••••• 47%
La polygamie reste peu étendue. Le nombre
particulièrement élevé des célibataires chez les
Cotocolis s'explique par des conditions locales:
les femmes sont fort indépendantes et émi-
grent vers la Gold Coast où elles font com-
merce de leurs charmes. Elles remontent après
fortune faite et retrouvent en général leur
fiancé coutumier. Mais leur absence et le
retard des mariages se notent dans les statis-
tiques.
Plus à l'Ouest, dans la même zone ethnique,
la situation est sensiblement différente.
Deux sources de documentation one été uti-
lisées : une monographie de village établie en
1956 par l'Institut des Sciences Humaines
Appliquées de l'Université de Bordeaux, et
des recensements administratifs recueillis par
la Sœur Marie-André du Sacré-Cœur. La mono-
graphie de Taghella porte sur une popu-
lation totale de 713 habitants, les recense-
ments portent sur le canton de Sapone (1.295
1. Dr BEZON, Les Kabrès de Lome-Tessi (Lama-Kara-
Togo), 1955, à paraître, in Annales de Médecine Tropicale.
L' « univers» étudié est de 12.741 individus.
2. Documents fournis par M. l'Administrateur ALEXANDRE
en 1955 et portant sur quatre cantons, soit 7.5 I I habitants.
POLYGAMIE
Taghella " . 33 %
Canton de Sapone 32%
Ainsi la polygamie paraît beaucoup plus
développée chez les Mossis que dans les popu-
lations précédemment étudiées. La proportion
de célibataires augmente aussi. Et pourtant,
l'émigration, probablement plus importante
ici que précédemment, tend vraisemblablement
à réduire le nombre des célibataires.
L'enquête démographique menée en Guinée
en 1954 décrit la sitUation matrimoniale 1.
Mais parmi les résultats actuellement dépouillés,
rien ne concerne des populations rurales com-
parables à celles étudiées jusqu'ici. Le tableau
ci-dessous ne peut donc pas être comparé sans
précautions à ceux établis ci-dessus pour les
païens du Tchad, les Mossis, les Kabrès .ou
les Cotocolis. Mais il suggère un rapproche-
ment inattendu entre les Foulbés du Cameroun
et les Foulas de Guinée; bien que séparés
I. Mission démographique de Guinée. Étude démographique,
ze Fasc., juin 1956, pp. 14-18. Dans L'élude agricole et éco-
nomique de IV villages, Fascicule IV, février 1957. Pour les
Guerze, les adultes ont été pris à z 5 ans.
68 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
Fouta-Di aIon . 14 %
Basse Côte . 27 %
Guerzé . 33%
La proportion de célibataires est faible au
Fouta comme dans le Diamaré. Si la propor-
tion de monogames paraît forte, elle est très
inférieure à celle du Nord-Cameroun. Quant
aux groupes côtiers, les chiffres qui les con-
cernent ne sont pas très différents de ceux
relatifs aux Mossis : le nombre des céliba-
taires y est à peine moins élevé, la polygamie
y est presque aussi forte. '
Aux alentours du 5e Parallèle, il a été pos-
sible de réunir des matériaux sur trois régions :
Bouaké (Côte d'Ivoire) où a eu lieu une étude
sur les niveaux de vie, le Sud-Cameroun où
des budgets familiaux ont été relevés, enfin
Bangassou 1 (Mbomou-Oubangui) où le pro-
Bangassou (rural).... 36 % 42 % 20 %
Cameroun boulou 1... 25 % 42,5 % 32,5 %
Cameroun béti 1. . . . . 20 % 69 % l l %
Cameroun bassa 2. . . • 16 % 48,5 % 35 %
Cameroun bamiléké 2. 24,5% 30,5 % 45 %
Cameroun mungo. . .. 48 % 23 % 29 %
Côte d'Ivoire Agni 3.. 28 % 52 % 19 %
. » Dyoulabougou 3. 40 % 53 % 7%
La situation de la région du Mungo comme
celle des Dyoulabougou (campements d'étran-
I. D'après des documents personnels utilisés en partie
pour Budgets familiaux des planteurs de cacao, J. BINET,
I955, in Homme d'Outremer, nO 3. Ces documents décrivent
une collectivité de 2.4°0 individus.
2. Chiffres extraits de recensements administratifs par la
Sœur Marie-André du Sacré-Cœur qui a bien voulu me
les communiquer. Ils concernent 4 villages Bassas d'Éseka,
II villages bamilékés, 4 villages de la subdivision de
N'Kongsamba (soit au total de I.2p, 4.905 et 703 habi-
tants).
3. Chiffres extraits de l'enquête Nutrition, niveau de vie
Bongouanou, rapport nO 3, p. 9 et nO. 5, 8.
70 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
Baloumbous (Sissé
Cama)l ........ 38 % 46 % 19 %
Fangs 2 (Oyem-Ga-
bon) .......... 41 % 20 % 39 %
Fort Rousset 3•••• 61 0/) 22.0/) 16 %
Niari 4 •••••••••• 2.1 % 47 % 3 1,5 %
***
B. Nature de la polygamie.
Il est donc nécessaire de préciser ce que
sont les mariages dont il s'agit. Faute de le
74 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
***
C. Variation de la po!.J.gamie.
Aucun document statistique ne permet d'éva-
luer ce qu'était la polygamie il y a 50 ou
100 ans et de voir s'il y a recul ou progrès
POLYGAMIE 77
Bakokos (1920). 4° % 54 % 21 %
Bassas (1953).. ' 16 % 48,5 % 35 %
Mossis l (1953)·
1 (1953)·
/- \
/
POLYGAMIE 1°3
1
\
POLYGAMIE
LA DOT
A. Extension de la dot.
La coutume du mariage dotal est une cou-
tume très ancienne et fort répandue. Ce n'est
pas la seule pourtant.
Certains peuples sont de droit matriarcal.
Les liens familiaux avec le groupe paternel
sont peu importants. La véritable famille est
celle de la mère. En fait, il ne s'agit pas à
proprement parler de matriarcat, avec autorité
des femmes, mais de système matrilinéaire.
Dans les groupes où ce système est pratiqué
(Agni, Alladian, Adioukrou, de Basse Côte
d'Ivoire), l'héritier d'un homme n'est pas son
1. GEISMAR, Recueil des coutumes civiles au Sénégal, indique
que le conseil des notables de Kaolack eut souhaité une
liquidation à 500 fr. - Dès 1875, le Synode méthodiste
de Gold Coast essayait de lutter contre les dépenses dues
à l'émulation des parties lors du mariage (Surlley of Afri-
can Mariage, 3e partie).
MARIAGE 8
1 I4 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
C. Taux.
Mais la dot est actuellement autre chose
qu'un rite ou un instrument de preuve. Les
sommes payées sont parfois considérables et
le gendre a l'impression d'être pressuré au
maximum. En effet, après la dot elle-même,
mille revendications sont formulées : lors de
la cérémonie, il faut faire un cadeau pour que
la fiancée puisse franchir une limite, un sen-
tier, un ruisseau, donner de l'argent à ses
sœurs, à ses amies. Des revendications qui ne
sont pas justifiées par la coutume sont pré-
sentées à très haute voix, si bien que le fiancé
est obligé d'obtempérer de crainte d'être
accusé de pingrerie. Plus tard, les occasions
les plus diverses seront utilisées pour lui
demander des cadeaux : visite de la belle-
famille, naissances, mille prétextes seront bons
pour « réclamer» au gendre quelque présent.
Bien sûr ce serait caricaturer les choses que
de voir là avarice pure et simple : recevoir des
cadeaux, ce n'est pas seulement s'enrichir
matériellement avec des objets que l'on n'a
pas payé, c'est aussi, et surtout, participer à
une espèce de communion avec le donateur,
comme le dit Mme Dugast à propos des
Banens : « Journellement les produits sont
124 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
D. L'opinion publique.
L'opinion s'est alarmée à la fois des taux
élevés et de l'aspect commercial de la chose.
Différents auteurs européens ont signalé ces
faits. Mais quelle était la réaction des milieux
africain? Depuis longtemps, au Cameroun,
une campagne était menée dans les milieux
chrétiens, contre la dot. Dès 1939, Wilbois
décrit par exemple la confrérie de Cinq Plaies
dont les adhérents s'engagent entre autres
choses à ne pas prendre de dot pour le mariage
de femmes dépendant d'eux. Actuellement, les
missions protestantes demandent aux « an-
ciens de l'église» ce même sacrifice. Lorsque
vers 1950 divers journaux étudièrent la ques-
tion, il est probable que la plupart des adver-
saires de la dot venaient de ces milieux. L'una-
nimité n'était pas faite d'ailleurs et la qualité
des arguments exposés étonne parfois. On
évoque assez rarement l'avilissement du ma-
riage né de sa commercialisation, mais la
)lARIAGE 9
130 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
193 6 ........... 8 16 75
1947·········· . 6,5 18 75
1953· .......... 20,3 29,5 55
FRAGILITÉ DU MARIAGE
A. Définition du divorce.
Dans le droit africain moderne qui se dégage
des textes réglementaires et de la jurispru-
dence, le divorce existe, mais il convient de
le distinguer de certaines séparations ou rup-
tures ; en effet, le divorce suppose un mariage
véritable. Ce serait pur formalisme de n'ac-
cepter pour mariages véritables que ceux enre-
gistrés à l'état civil, là où cette inscription est
obligatoire. Soyons larges et tenons pout
vrais les mariages où les parents et les époux
ont l'intention de nouer un mariage tel que
le définit la coutume; c'est éliminer toutes
sortes de mariages à l'essai, de fiançailles avec
cohabitation, ou même d'unions tolérées mais
dépourvues de signification juridique impor-
tante. Plusieurs coutumes prévoient que le
consentement au mariage se fait en plusieurs
temps. Le rituel en usage chez les Malinkés
de Faranah est caractéristique : après une série
MARIAGE tO
146 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
de cadeaux et de discussions familiales, le
mariage est conclu en présence de témoins,
scellé par te don au beau-père d'un «boubou»
et d'une somme d'argent. Le gendre emmène
alors sa fiancée, avec qui il vit maritalement.
Mais le mariage n'est pas encore définitif;
quelques années plus tard la femme quitte son
foyer et, avec les compagnes se trouvant dans
le même cas, effectue une retra.ite au sein de
la société secrète des femmes. Les maris
offrent à leurs beaux-parents des présents
rituels, se retirent en brousse, réunissen.t divers
cadeaux, puis vont rejoindre les femmes.
Chaque épouse décide alors si le maria.ge con-
tinue ou s'il est rompu i.
S'agit-il d'une pratique nouvelle ou d'une
coutume vraiment traditionnelle? Il est diffi-
dIe de le savoir : jadis à peine marquée, la
cérémonie se serait développée à partir de
1910 et aurait contribué à faire monter le
taux des dots. Mais divers auteurs décrivent
dans d'autres régions des rites semblables, si
bien qu'il ne semble pas s'agir d'un usa.ge
aberrant.
L'existence du « mariage à l'essai » devait
être signalée, car elle peut aider à expliquer
l'importance du divorce et éliminer des st::1.-
1. DE SALINS.
FRAGILITÉ DU MARIAGE 147
B. Extension.
Cette totale absence de formalisme du
divorce rend à peu près impossible toute
connaissance statistique de la question. Pour
juger de l'extension de cet état de fait, il faut
questionner un par un chaque individu;
toute référence aux statistiques judiciaires est
inexacte, puisque de nombreux divorces exis-
tent en fait, sans avoit été accordés ou recon-
nus par une autorité quelconque.
Il est hors de doute que les divorces sont
particulièrement nombreux en Afrique. S'ils se
sont multipliés en Europe ou en Amérique,
ils y sont encore loin des chiffres africains.
comme en témoignent les documents réunis
par Barnes 1 : alors qu'en Angleterre 2,6 %
des mariages rompus se trouvent rompus par
divorce, chez les Lambas il y en a 61,3 %, à
Ft. Jameson 55,8 %, chez les Nuers 25 %.
chez les Yaos 68,2 %, chez les Yagas (Nige-
1. Divorce in primitive Society, in Journal of Royal Anthro-
pological Institute, Londres, 1951.
FRAGILITÉ DU MARIAGE
Quartier A. 0,72-
Quartier B. 0,84
Stabilité matrimoniale
% de divorcces Nombre
parmi moyen
femmes de par femme
+ de 15 ans mariée
Dakar 1••••••••••••••••••••••
Bacongo 2 ••••••••••••••••••• Z4
Potopoto 2 •••••••••••••••••• za
Balombou . 17
Plateau Koukouya 3••••••••••• Z
Fort Rousset 4 . 61
(toutes remariées ensemble) .
Sara Kaba 5 (toutes remariées). 43 1,5
Konakry 6 ••••••••••••••••••• z 5,5 1,39
Kankan Siguiri 6 •••••••••••••• 19 1,3 1
Basse Guinée 6 . z 5,5 1,35
Niehen 6 •••••••••••••••••••• za 1,3
Fouta-Djalon 6 ••••••••••••••• z4 1,39
Bongouanou 6 ••••••••••••••• IZ 1,48
Pour mémoire: France métro-
politaine . z
Porto Novo 7 • • • • • • • • • • • • • • • •
(Parmi les hommes adultes).
I. Service statistique de l'A.O.F. Sondage démogra-
phique à paraître INSE-FOM.
2. SORET, op. cit.
3. Enquête statistique A.E.F. Plateau KOUKOUYA,
I9~6-57·
4. CROCQUEVIEILLE, btude démographique de quelque! vil-
lage: Likouala, in Population, juil. I9~3, p. ~04.
~. CROCQUEVIEILLE, Conférence CHEAM.
6. btude démographique de GUINbE.
7. LOMBARD, op. cit.
158 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
Sang melina
1934* . 22 61 75
1946 . 43 60
1953 . 41 42
Les femmes se déclarant d'une confession
chrétienne, sont nettement plus nombreuses
que les hommes, ce qui tend à montrer qu'elles
cherchent par là un affranchissement. D'autre
part, une vingtaine d'années après l'implanta-
tion religieuse, la proportion des catholiques
parmi les divorçants devient plus conforme
à leur importance dans la masse totale de la
population.
Dans la communauté catholique, le divorce
est rare t't le mariage reconnu par l'Église,
le mariage religieux, est solide et rarement
rompu : le vicaire apostolique de Douala esti-
mait qu'il y avait annuellement une quinzaine
de divorces cassant des mariages religieux
alors que 1.215 unions étaient célébrées. Pro-
portion faible en effet, mais il ne faut pas s'en
réjouir trop tôt: redoutant le caractère défi-
nitif du. sacrement de ma.ciage, beaucoup de
* Pour Ebolowa la première série de chiffres se rap-
porte à l'année 1938.
160 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
15/ 19 1,13
20/24 1,3 0
25/ 29 1,45
30 /34 l,53
35/39 1,7 1
40 /44 1,7 6
45/49 1,88
5° 1,77
MARIAGE II.
164 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
C. Conséquences.
\
166 LE MARIAGE EN AFRIQUE NOIRE
mant une réelle hostilité des hommes à l'égard
des femmes.
Le danger du divorce est tel, en outre, que
les hommes redoutant d'être abandonnés, pré-
fèrent ne pas se marier religieusement; divor-
cés, ils ne pourraient se remarier sous peine
de péché; ils préfèrent vivre en concubi-
nage ou ne se marier que selon la loi coutu-
mière.
D. Refus de mariage.
A côté du divorce, le refus du mariage est
un autre symptôme de la fragilité des insticu-
tions matrimoniales et le signe ultime de leur
décomposition. On observe diverses nuances
dans les positions adoptées. Depuis le concu-
binage stable, véritable mariage auquel ne
manque que le sceau d'un acte juridique, jus-
qu'aux passades de prostituées en passant par
le concubinage limité à quelques années et par
le célibat à peu près régulier.
Tout ceci est difficilement compatible avec
le droit coutumier : théoriquement, même
lorsque les jeunes filles jouissent d'une grande
liberté sexuelle, elles doivent se marier lors-
qu'elles en ont l'âge et l'adultère est en général
réprouvé. Le divorce n'est pas toujours pos-
sible et le veuvage, en général, n'affranchit pas
FRAGILITÉ DU MARIAGE
AGE
Total
11115 16;25 26/35 36/451461551
, el56-t- (+ de 16)
- ~--
I:::II:'~
binage ......... 0,8 2,9 4,2 8,2 4,3
Divorcées vivant
seules .......... 1,4 ~,I 12,9 16,7 II, ~
Veuves vivant
seules .......... 0 o,~ 2,2 7,1 27,8 6~,3 9,1
Célibataires ....... 87,~ II,8 2,1 3,3 2,7 0,9 ~,4
- - ~
~
- --
Total ....... \100 100
j
FRAGILITÉ DU MARIAGE
une telle association peut conduire au mariage
et à la constitution d'une famille normale. Cela
est rare tant que la femme ne se sent pas
vieillir... Ces femmes coûteuses ne sont acces-
sibles qu'aux hommes économiquement forts
La prostitution bénéficie de la complicité des
patents qui spéculent sur les jeunes filles
comme sur une marchandise rare. C'est en
effet ce que chantent celles-ci :
Dieu nous a donné des mères,
Des mères qui nous tuent
Pour de l'argent ».
15 à 30 à 1 40 ans Général
29 ans 39 ans et plus (Adultes)
~~~-~-
PRÉFACE ••••••••••...•••••••••.••.••••• 7
INTRODUCTION ., • • • . • . • • • • • • • • • • • • • • • • • • 15
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CARTE ETHNOLOGIQUE
IMPRIMERIE F. PAILLART
ABBEVILLE
N° d'impressio1t : 72II
N° d'édition: 4974
Dépôt /égal: 4" trimestre I959.
foi vivante
Série « Vie des Missions »
DiRECTEURS : A.-M. HENRY ET P.-A. UÉGÉ
*
Le mariage
en Afrique Noire> par
Jacques BINET.