c2rp Economieverte Fiche02 Recyclage Valorisation Dechets 2014
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Présentation de la filière
En application de la directive cadre déchets 2008/98, le Droit français définit un déchet comme « toute substance ou
tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de
se défaire ».
Les activités et les services concernés par cette filière sont : la collecte et le regroupement des déchets, le tri, le transport
des déchets, les procédés d’élimination, les procédés de valorisation, les activités associées à la dépollution des sites et
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sols pollués, les activités liées à la gestion durable des matières et à l’écoconception. Les déchets radioactifs sont exclus
du périmètre (conformément à la directive Déchets de 2008).
La valorisation désigne toute opération dont le résultat principal est l’utilisation des déchets à des fins utiles en remplaçant
d’autres matières qui auraient été utilisées à une fin particulière, ou la préparation de déchets en vue d’une utilisation à
cette fin, dans l’usine ou dans l’ensemble de l’économie. Plusieurs types de valorisation des déchets existent :
■■ la valorisation énergétique : exploitation du gisement d’énergie contenu par les déchets via la production d’élec-
tricité, de chaleur ou de vapeur
■■ la valorisation matière : utilisation de tout ou partie d’un déchet en remplacement d’un élément ou d’un matériau
■■ la valorisation organique : utilisation pour amender les sols de compost, digestat ou autres déchets organiques
transformés par voie biologique. (MEDDE, et al., Mars 2013)
■■ développer le recyclage ;
■■ développer la valorisation ;
Au plan national, la loi de programmation n° 2009-967 du 3 août 2009 relative à la mise en œuvre du Grenelle Environ-
nement conforte la priorité accordée à la réduction des déchets. Cette priorité doit être envisagée dès la fabrication
du produit (dans une logique d’éco-conception) mais également lors de sa distribution. (ADEME, 2012)
Les objectifs nationaux fixés par le Grenelle de l’environnement visent à améliorer le taux de recyclage matière et
organique à 35 % en 2015 et 45 % en 2020. (MEDDE, et al., Mars 2013)
Le secteur de la valorisation et du recyclage des déchets est un secteur relativement mature en France. Pour autant
plusieurs segments de marché pourraient jouer le rôle de relais de croissance à l’avenir. Ainsi, le taux de recyclage des
déchets municipaux qui reste faible, comparativement à d’autres pays européens, et certaines filières de valorisation
matière, organique et énergétique pourraient se développer dans les années à venir. Une part croissante des déchets
représente désormais une ressource économique et stratégique du fait de la raréfaction de certaines matières pre-
mières (risque de pénurie mondiale d’ici 2030 pour le plomb, zinc, nickel, cuivre) et de l’énergie.
Les principales évolutions de la filière à terme seront liées au développement d’activités ciblées par flux de déchet
(valorisation, développement d’outils de tri et de collecte, captation de nouveaux gisements tels que métaux rares
ou déchets du BTP…), aux besoins croissants en matière première ou en énergie ou à la mise en œuvre de nouvelles
réglementations. Certaines filières de recyclage et valorisation disposent en effet d’un important potentiel de déve-
loppement compte tenu des volumes mobilisables et/ou de leur valeur ajoutée.
A plus long terme la transition vers une économie circulaire pourrait être initiée et se développer notamment sous
l’effet de politiques publiques incitatives et l’effet de l’atteinte de limites en matière de taux de recyclage et de valori-
sation. Dans le court et moyen terme, la Responsabilité Elargie du Producteur constitue probablement l’un des moyens
les plus efficaces pour développer la valorisation des déchets. (MEDDE, et al., Mars 2013)
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Points de vigilance
L’ADEME a identifié 6 grandes familles de verrous pouvant limiter ou empêcher le développement de la filière.
■■ Les verrous liés à la caractérisation des gisements de déchets et des matières notamment en terme de connais-
sance de leur composition (actuelle et à court terme)
Il faut s’assurer de la capacité à collecter des gisements même diffus et d’assurer la traçabilité des matières et
substances
Il faut connaître de façon précise et approfondie les modèles économiques à l’œuvre et déterminer les effets des
politiques publiques sur l’ensemble de la chaîne de valeur (soutien à l’émergence d’une offre française d’équi-
pementiers par exemple)
Le déficit d’image positive de la filière est un frein à son développement. Il soulève notamment des difficultés à
recruter du personnel, une acceptabilité plus complexe des matières premières de recyclage par les parties pre-
nantes et des interrogations quant aux bénéfices réels ou perçus des activités de recyclage sur l’environnement
■■ Les verrous liés aux impacts environnementaux et sanitaires notamment du fait d’un manque de connaissance de
ces impacts, de leurs mesures et suivis. (MEDDE, et al., Mars 2013)
Les activités les plus classiques de cette filière devraient se réduire de manière lente et progressive du fait de la
recherche d’une meilleure maîtrise des flux. Toutefois, cette réduction sera plus que compensée par l’apparition et le
développement de nouvelles activités (lutte contre le gaspillage, mesure des flux, éducation des consommateurs…)
exigeant un niveau de formation plus élevé.
Les nouvelles filières à forte intensité technologique et humaine, qui nécessitent aujourd’hui plus de 3 emplois pour
1 000 tonnes, devraient continuer à croître. Cette augmentation des volumes collectés et valorisés devrait donc avoir
un impact positif direct sur la croissance de l’emploi. (MEDDE, et al., Mars 2013)
Au final, l’accroissement du nombre d’emplois a été évalué à 17 000 créations d’emplois dans le secteur des déchets
à l’horizon 2015 et en raison des taux de turnover observés, la filière devra renouveler environ la moitié de ses effectifs
d’ici à 2015. Sont alors prévus 5 800 recrutements dans le secteur des déchets et du recyclage (national).
D’après l’étude sur les gisements et mutations d’emplois liés à l’économie verte à horizon 2020 en Nord - Pas-de-Ca-
lais (ADEO; SISIFE, 2012), les filières « classiques » (métaux, papier-cartons, verre, plastiques), étudiées dans le contrat
d’étude prospective (CEP) national réalisé à l’initiative de Federec et publié en 2010, présentent des gisements d’em-
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plois très réduits. Néanmoins, s’il n’y a pas de création importante d’emploi sur ces filières, les besoins en recrutement
à venir liés au remplacement des départs à la retraite et aux mobilités professionnelles – le secteur peine à fidéliser ses
salariés – sont importants. Ainsi, en 2011, plus de 1 000 déclarations préalables à l’embauche ont été enregistrées dans
les activités de la branche du recyclage.
Le développement des filières de recyclage et de réemploi pourraient représenter en région un gisement de près de
2 400 emplois d’ici à 2020. La majorité de ces emplois se situeraient dans le tri et la production, mais comme il a été
souligné, la collecte et le transport des déchets est primordiale pour le développement des filières, de même que le
développement des emplois de tri / déconstruction dans les secteurs producteurs de déchets. Sur les filières étudiées
de manière approfondie, la répartition des emplois supplémentaires est la suivante (ADEO; SISIFE, 2012) :
Il est à noter que l’étude fait l’hypothèse d’une évolution importante de la productivité dans ces filières, en particulier
dans celles qui fonctionnent aujourd’hui en majorité avec des emplois subventionnés, et qui sont amenées à s’indus-
trialiser (mobilier, textile, Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE)).
Les filières qui représentent un enjeu le plus fort en termes de gisement d’emplois sont les filières des déchets du BTP,
des DEEE et des éléments d’ameublement. Il s’agit toutefois d’être vigilant sur la filière ameublement, car à l’exemple
de précédentes REP qui avaient été annoncées comme porteuses pour l’emploi, les impacts pourraient ne pas se
concrétiser si le développement de la filière n’est pas porté par différentes actions volontaristes (mise en place d’un
circuit de collecte par exemple).
Contrairement aux métiers verdissants, il ne s’agit pas pour les métiers du recyclage d’acquérir de nouvelles compé-
tences liées à la transition verte, puisqu’il s’agit d’une éco-activité, mais de développer et renforcer des compétences
liées aux évolutions de l’activité économique : diversification de l’activité (déchets, matières/matériaux collectés et
traités) et nouveaux gisements ; évolution règlementaire rapide ; concurrence accrue et concentration ; renforce-
ment des normes : santé au travail (hygiène et sécurité), traçabilité, etc. ; automatisation des processus. Cette réor-
ganisation du travail liée à la structuration des filières amenées à traiter des plus gros volumes a des conséquences en
termes de compétences à mobiliser ou à développer.
Le développement de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) dans les entreprises du recy-
clage constitue un enjeu majeur pour faire face à l’industrialisation des chaînes, permettre le développement des
compétences et la polyvalence en réponse au développement de nouvelles technologies et de la multi-activité, et
pour fidéliser les salariés en leur offrant des parcours professionnels.
Comparativement à d’autres régions, l’offre de formation dédiée spécifiquement à la filière déchets-recyclage peut
être jugée plus qu’intéressante : le CAP OIR (Opérateur des Industries du Recyclage) n’est dispensé que dans 7 éta-
blissements en France dont le CFA ADEFA (au Lycée Turgot à Roubaix).
Pour les entreprises peu habituées à s’organiser sur la question de la formation ou les TPE, la démarche PRODIAT les
aide à structurer une démarche en étant accompagnées, qui pourra leur servir ensuite lors de prochains recrutements
(PRODIAT est accessible individuellement pour les adhérents OPCALIA). (E2i, et al., 2013)
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Les objectifs de PRODIAT sont :
■■ Professionnaliser un salarié sur un métier tel qu’il est réellement exercé dans l’entreprise ;
■■ Organiser les temps de formation interne ou externe en fonction de l’activité de l’entreprise : jusqu’à 100 % du
temps en interne ;
Un Groupement d’Employeurs « Eco-activités » a été créé le 18 janvier 2013, et a depuis obtenu sa labélisation en
tant que GEIQ. L’association a pour objet la mise à disposition à but non lucratif de ses salariés auprès des entreprises
membres en veillant à notamment à l’organisation des parcours de qualification et d’insertion professionnelle. La for-
mule Groupement d’Employeurs apparaît comme une solution pertinente pour répondre aux besoins de recrutement
d’opérateurs non qualifiés mais formés à la fois sur les enjeux du développement durable et de la filière déchets-recy-
clage et sur le (ou les) terrain(s) d’application (lieux de production). Le GE peut être un formidable levier de mobilité
professionnelle transversale. (E2i, et al., 2013)
■■ Améliorer la lisibilité de l’offre de formation existante en redéfinissant plus visiblement le positionnement des forma-
tions pour en faciliter la compréhension par les employeurs et les salariés
Compte tenu du nombre limité d’acteurs de formation spécialisés sur le sujet, et de leur complémentarité supposée,
la mise en place d’une forme de « Conseil pédagogique » commun à toutes ces formations, où seraient conviés des
représentants d’entreprises régionales de toute taille, pourraient permettre d’adapter les contenus de formations dans
une logique de continuité et de complémentarité.
► En inspirant une réflexion collective sur une organisation de la formation continue pensée non plus entreprise
par entreprise, mais par regroupement d’entreprises proches géographiquement.
► En proposant un accompagnement des TPE sur leur développement stratégique (en amont des questions de
formation), et axer la réflexion sur la valorisation.
► En privilégiant le recours à l’alternance comme moyen de formation et d’intégration de jeunes (en âge, ou en
expérience dans le domaine) salariés, en recourant notamment au contrat de professionnalisation, qui s’appuie
sur le dispositif PRODIAT d’OPCALIA, qui s’avère particulièrement pertinent dans le contexte.
► En impliquant davantage les entreprises d’insertion autour des suites de parcours au sein de la filière : ELISE,
Triselec, Envie 2E, … en faisant en sorte que le parcours professionnel au sein de la filière fasse partie des pistes à
suivre. Des relations privilégiées doivent être engagées avec des entreprises du secteur pour que les entreprises
d’insertion puissent être repérées comme des partenaires en amont de l‘embauche de droit commun, dans leur
légitimité de « mise à l’emploi ».
► En élargissant l’offre de formation non certifiante, avec notamment le développement de formations continues
sur les filières spécifiques.
32 C2RP ■ Synthèse des travaux nationaux et régionaux sur l’emploi, les métiers et les formations dans l’économie verte
Dans cette optique de mobilité professionnelle, le GEIQ est porteur de perspectives, à condition d’en valoriser
pleinement le potentiel.
■■ Améliorer l’attractivité de la filière (image) en menant, en parallèle des actions préconisées ci-dessus, des ac-
tions spécifiques de communication et de présentation des activités, métiers de la filière auprès des étudiants,
des jeunes, et des demandeurs d’emploi : valorisation de la mobilité horizontale, de la diversité des métiers, des
parcours au sein de la filière… et féminiser les métiers.
Pour le comité de filière Eau, Assainissement, Déchets et Air, il faut également assurer la professionnalisation des
métiers nouveaux : maîtres composteurs...
>> ZOOM
Economie Circulaire
La réflexion doit porter sur l’ensemble du
cycle de vie des produits, dans une chaîne
allant de l’amont - la conception des pro-
duits, à l’aval - leur recyclage ou leur réem-
Comme indiqué dans la feuille de route
ploi, en passant par l’utilisation du produit.
du gouvernement, le modèle « produire,
L’économie circulaire implique également
consommer, jeter » a atteint ses limites. Le
un déplacement de la valeur, perceptible
développement de l’économie circulaire
dans certains secteurs, de la propriété vers
doit contribuer à changer nos modes de
l’usage (économie de la fonctionnalité).
production et de consommation, à réorien-
Enfin, l’économie circulaire doit prendre en
ter notre politique industrielle, et s’appuyer
compte les enjeux de transports et de logis-
sur les initiatives des territoires. L’amélioration
tique, les enjeux de lutte contre l’étalement
de la gestion des ressources et des déchets
urbain et l’artificialisation des sols, les enjeux
est porteuse d’activité et d’emplois locaux,
de protection de la biodiversité. (Gouverne-
pérennes, non délocalisables. Ces emplois
ment, 2013)
sont aussi liés à l’économie sociale et soli-
daire (ESS) avec notamment les activités de
réemploi, de réutilisation, et de recyclage.
Sources :
ADEO; SISIFE. 2012. Etude sur les gisements et les mutations d’emploi liés à l’économie verte en Nord-Pas de Calais. 2012.
Comité de domaine « Eau, assainissement, déchets, air ». 2011. Rapport du Comité de domaine « Eau, assainissement, déchets,
air » du plan métiers dans l’économie verte. 2011.
E2i et Copas. 2013. Etude sur l’identification de l’offre de formation et des besoins d’évolution pour la filière déchets/recyclage/
réemploi. 2013.
MEDDE et CGDD. Mars 2013. Les filières industrielles stratégiques de l’économie verte. Mars 2013.
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