La Science, La Matière, Et La Spiritualité

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LA

SCIENCE
LA ...
MATIERE
ETLA ~

SPIRITUALITE
© 2019, Guy Trédaniel éditeur

ISBN: 978-2-8132-2047-9

Tous droits de reproduction, traduction ou adaptation réservés pour tous pays.

www .editions-tredaniel.com
[email protected]
www.facebook.com/ editions.tredaniel
LA

SCIENCE
LA
'
MATIERE
ETLA
-"

SPIRITUALITE

Jeanne AYACHE

GuyTrédaniel éditeur
19, rue Saint-Séverin
75005 Paris
Table des matières

Préface............................................................................................. 13

Introduction .. .. .. .. ... .. .. .. .. ..... .. ..... .. .. .. .. ... .. .. .. .. .. ... .. ... .. ... .. .. .... .. ..... .... 19

PARTIE 1
Mon parcours initiatique dans la science

Chapitre 1. Le miroir de la science sur ma propre vie.......... 31


La microscopie comme chemin initiatique.................................. 31
La microscopie électronique a bouleversé
ma vie et ma vision du monde..................................................... 32
Le cadeau de la matière organique............................................. 33
Résonance entre vie professionnelle et vie personnelle................ 36
Le passage de l'amorphe au cristal............................................. 38
Le cadeau de la science des matériaux....................................... 40
La leçon des défauts de la matière.............................................. 41
&périences scientifiques et synchronicités de la vie................... 41
La physi,que quanti.que au cœur de ln science des matériaux.............. 44
Le cadeau de ma période sabbatique .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . 46
De la supraconduction aux expériences extrasensorielles.......... 47
La prise de conscience du sens de mon chemin........................... 50
Mon initiation au monde du vivant............................................. 51

5
La science, la matière et la spiritualité

Les signes de la vie....................................................................... 53


Reconversion dans le domaine du Vivant: le cadeau des
synchronicités .............................................................................. 54
Retour sur les bancs d'école de la vie.......................................... 56
Et si on appliquait la science des matériaux au domaine du vivant?
57
Voir les cellules au microscope électronique en transmission ..... 59
Voir et comprendre la mort cellulaire dans une cellule............... 61
La ligne directrice....................... ................................................. 63
Au bout du compte....................................................................... 63

PARTIE 2
Le monde de la matière

Chapitre 2. L'esprit de la matière............................................. 69


Mais d'où vient l'esprit de la matière?........................................ 70

Chapitre 3. L'art de la matière ou l'art de créer .................... 77


Du macrocosme au microcosme de chaque parcelle
de la création............................................................................... 77
Voyage dans /'infiniment petit au cœur
de la structure de la matière ....................................................... 79
L'art de la création...................................................................... 85

Chapitre 4. Le monde de la matière solide.............................. 87


Le monde de la matière organique.............................................. 87
Le monde de la matière minérale................................................ 91
Origine de la matière minérale.................................................... 91
Organisation et structures de la matière minérale...................... 92
Ordre et symétrie dans les cristaux............................................. 95
Le monde des matériaux: origine et organisation .. . .. .. .. .. .... .. .. .. . 98

6
Table des matières

Ordre condensé et désordre dans les matériaux......................... 101


Les défauts cristallins: la source des propriétés.......................... 102

Chapitre 5. Le monde du Vivant.............................................. 105


Organisation - Structure et fonction........................................... 105
Formes et symétries du vivant à l'échelle macroscopique........... 110
Symétries dans le vivant à l'échelle microscopique..................... 111
La structure et la dynamique du vivant...................................... 114
La communication cellulaire....................................................... 115
Les mécanismes de régulation de la vie....................................... 116

PARTIE 3
Les propriétés de la matière
ou l'esprit dévoilé de la matière

Chapitre 6. L 'infiniment petit:


le monde de la physique quantique..................... 121

Chapitre 7. La microscopie électronique :


pour sonder l'invisible de la matière................... 125
L'esprit de la matière est caché dans la matière......................... 125
Le microscope électronique en transmission............................... 127

Chapitre 8. Manifestation de l'esprit des particules


dans les matériaux supraconducteurs................. 135
Les propriétés extraordinaires des supraconducteurs................ 135
&périence sur la dualité onde/particule
dans des jonctions tunnel............................................................ 137
&périences de cohérence quantique
dans des jonctions Josephson...................................................... 139

7
La science, la matière et la spiritualité

Chapitre 9. La physique quantique


au cœur de la matière vivante ............................ .. 143
Comportements quantiques à l'intérieur de chaque cellule ....... . 145
La résonance quantique ............................................................. . 145
La cohérence quantique entre les systèmes cellulaires .............. . 146

Chapitre 10. Les stratégies de survie du vivant:


l'intelligence au cœur de nos cellules .............. . 149
Le but caché du vivant ............................................................... . 149
Stratégies de survie et évolution: mécanismes
de survie mis en place dans la cellule ......................................... . 151
D'où vient notre ADN? ............................................................... . 152
Mécanismes moléculaires de maintenance du génome ............... . 154
Notre ADN dans tous ses états ......................... :......................... . 154
Les défauts de structure liés à l'ADN et à l'épigénétique ........ .. .. 158
La communication cellulaire ...................................................... . 160
La membrane cellulaire: lieu d'échanges d'informations
entre le monde intérieur et le monde extérieur .......................... . 162
Les antennes de la membrane cellulaire:
tel un cristal liquide moléculaire ................................................ . 163
Les défauts de communication cellulaire
et leurs conséquences .................................................................. . 166
Mécanismes de mort cellulaire:
mécanismes de défense de la vie ................................................. . 168
Mécanismes de défense du système îmmunitaire:
préservation de notre humanité au cœur du vivant ................... . 173
Adaptation et survie des cellules ................................................ . 180
L'état homéostatique: état de bien-être prévu dans le vivant ... . 181

8
Table des matières

PARTIE 4
Du comportement des matériaux
au comportement humain

Chapitre 11. La science des matériaux comme modèle


pour l'étude du vivant........................................ 189
Le modèle de la science des matériaux....................................... 189
L'analyse de la structure, pour quoi faire?................................. 190
La croissance: une étape déterminante
de la formation d'un matériau.................................................... 191
Effets des changements de structure sur le comportement.......... 193
Effets des contraintes sur la structure et le comportement.......... 195
La science des matériaux appliquée au comportement humain.... 197
Effet des contraintes sur le comportement humain ... .. .. ... .. .. .. .. ... 200
Les étapes de croissance de l'humain.......................................... 202
Lien entre la formation des défauts et les émotions.................... 203
À la découverte de notre structure origi,nelle............................... 206
Par où commencer?..................................................................... 210

Chapitre 12. Les leçons de la cellule:


l'écologie cellulaire au service de la vie........... 213
La conscience cellulaire: intelligence au cœur de nos cellules.... 213
Le destin des cellules n'est pas déterminé................................... 216
L'erreur fait partie du programme de la vie ........................ .... ... 217
Les défauts de communication
et leurs conséquences chez l'homme............................................ 220
La mort cellulaire programmée: image d'une petite mort.......... 226
Adaptation à La vie au niveau de l'homme: la succession
de vie/mort/vie comme unique chance d'évoluer......................... 228

9
La science, la matière et la spiritualité

PARTIE 5
De l'engrenage biologique
au comportement humain

Chapitre 18. De l'engrenage moléculaire


à l'engrenage biologique..................................... 235
Le démarrage de la vie: notre expérience intra-utérine ............. 235
Le début de la vie du bébé après la naissance:
notre première expérience de la mort ......................................... . 239
Les étapes de maturation de la naissance à l'adolescence ........ . 240

Chapitre 14. Les émotions et l'engrenage biologique ......... .. 245


Le dialogue entre nos deux cerveaux pour maintenir
l'unité du corps-esprit ................................................................ . 246
Les émotions sont des mécanismes de défense pour nous tester .. .. 247
Les cellules des organes sensoriels enregistrent
toutes nos perceptions ................................................................ . 249
Régulation homéostatique automatisée des émotions
et engrammage des émotions ..................................................... .. 252
Émotions et communication cellulaire, comment ça marche? ... . 255
Les émotions fondamentales ....................................................... . 256
De l'émotion à l'état émotionnel................................................ .. 258
La trace des états émotionnels dans le corps ............................. . 262

Chapitre 15. L'engrenage biologique


. .................................. ..
, . d e surne
et les st rat eg1es 265
Installation de l'engrenage biologique ...................................... .. 265
Les émotions sculptent notre vie depuis ln vie intra-utérine ..... .. 268
Comment fonctionne l'engrenage biologique? ........................... . 272
Mise en place de notre personnage: notre héros ........................ . 275
Le monde de la dualité et le monde du héros: le jeu de l'ego .... . 277

10
Table des matières

Chapitre 16. La transformation par le chaos......................... 281


Le chaos créateur de la conscience de !'Être............................... 281

PARTIE 6
L'intelligence au cœur du corps

Chapitre 17. De la somatisation à la conscience de l'être.... 291


De la somatisation à la maladie.................................................. 291
La mémoire du champ d'information cellulaire.......................... 295
Du symbolisme du corps à l'intégration de l'information........... 296
De la somatisation à la croissance de /'Être .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . 300
Conscience du sens de l'expression de la maladie...................... 305
La traversée du chaos: une étape créatrice vers l'harmonie ..... . 306
Le cadeau de la somatisation...................................................... 309

Chapitre 18. Sortir du chaos de l'engrenage


et renaître à Soi.................................................... 311
Mon expérience de l'engrenage biologique................................. 311
À la rencontre du masculin et du féminin sacrés ............ ............ 313

Chapitre 19. Du chaos à l'harmonie........................................ 317


Intégration de mon engrenage biologique................................... 321

11
La science, la matière et la spiritualité

PARTIE 7
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

Chapitre 20. La conscience de la vie au cœur


de l'univers........................................................... 327

Chapitre 21. La cellule comme modèle


d'écologie humaine ............................................. . 331
Communication cellulaire et conscience cellulaire .................... .. 331
La cellule comme modèle d'écologie humaine ............................ . 334

Chapitre 22. De la conscience cellulaire


à la conscience de l'Être .................................... . 341
Pourquoi La conscience cellulaire peut-elle nous permettre
d'aller jusqu'à la conscience de /'Être? ...................................... . 341
De l'engrenage biologi,que à La spirale de vie ............................. . 347

Conclusion ...................................................................................... . 351

Bibliographie .................................................................................. . 357

Remerciements ............................................................................... . 363

Crédits photos ................................................................................ . 367


Préface

Ce livre extrêmement bien documenté réussit à faire


un pont entre, d'une part les connaissances académiques
impressionnantes de Jeanne Ayache en sciences des maté-
riaux puis en biologie, et d'autre part, sa conviction
personnelle acquise par son long parcours de chercheuse
au CNRS, selon laquelle tout le vivant correspond à de la
matière structurée par de l'information qui n'émane pas de
cette matière ou alors qui s'y trouve très bien cachée. Cette
information provient de toute évidence, selon Jeanne, d'une
source quantique d'organisation qui n'est ni plus ni moins
que de la conscience cellulaire.
C'est parce que j'ai moi-même découvert au cours de
mon expérience de physicien que tous les systèmes dyna-
miques mettant en jeu des interactions complexes avaient
besoin d'une source d'information extérieure à leur propre
matérialité que j'ai acquis la même conviction que Jeanne.
Nous avons ainsi tous deux suivi un chemin analogue qui
nous a conduits à nous éloigner du matérialisme ordinaire,
dans lequel tout chercheur académique se trouve aisément
enfermé lors de son parcours universitaire, sauf à s'éveiller
au travers d'une riche expérience interdisciplinaire.

13
La science, la matière et la spiritualité

Si le chemin suivi par Jeanne peut être qualifié d'initia-


tique comme l'a été le mien, c'est surtout parce que notre
vie personnelle, qu'il s'agisse de nos joies, de nos épreuves,
de nos rencontres et surtout des hasards qui les ont fait se
succéder aux moments opportuns, a interagi avec notre vie
professionnelle pour finalement donner à cette dernière un
sens bien plus profond qu'attendu, comme s'il n'y avait pas
de tels hasards et qu'il s'était agi pour nous de tirer bien plus
de «matière» de notre métier de chercheur que de simples
découvertes avec leurs innovations ou publications à la clé.
Comme Jeanne, je suis certain qu'il s'agissait là pour nous de
contribuer au changement complet de paradigme en cours
sur notre planète.
Mais pour parvenir au bout de ce chemin où s'impose
effectivement un tel changement global au travers d'une
nouvelle conception de la conscience, fondée sur l'informa-
tion quantique et bien différenciée à ce titre de la matière, il
est indispensable de mettre en œuyre une faculté de synthèse
à laquelle seule l'intuition peut donner accès. Car 1'appré-
hension globale des véritables mécanismes du vivant échappe
encore à la science, trop plombée par son fonctionnement
de type exclusivement «cerveau gauche», en l'occur-
rence l'analyse et le découpage en multiples disciplines ou
thématiques. C'est la grande diversité des thématiques, des
modèles et des outils d'analyse qui induit ce découpage et
c'est la raison pour laquelle c'est l'expérience de nombreuses
disciplines, que j'ai là encore en commun avec Jeanne,
qui nous a permis de développer une intuition de ce que

14
Préface

devraient être les véritables «mécanismes» du vivant, puis


d'en parler dans des livres.
Cela dit, peut-on encore parler de «mécanismes»,
lorsqu'il s'avère finalement que c'est une information quan-
tique, c'est-à-dire ni vraiment matérielle ni vraiment sujette
à 1' écoulement du temps, qui les régirait? Les physiciens
savent en effet aujourd'hui que la particularité de cette
information, que nous assimilons ici à de la conscience,
est d'être située hors de 1' espace et du temps. Pour mieux
la comprendre, il faut imaginer cette information comme
présidant à la transition entre la coexistence de tous les
possibles à veqir et la survenue dans la réalité d'une seule
possibilité réalisée, cela à toutes les échelles. À l'échelle
quantique, nous savons aujourd'hui que cette information
n'a pas de cause matérielle, tout au moins passée.
Je développe personnellement l'idée, dans mes propres
ouvrages et publications, que cette information fait appel à
des dimensions additionnelles de l'espace-temps et qu'elle
se généralise à l'échelle macroscopique et notamment celle
du vivant. J'affirme également que si l'on ne se rend pas
compte du fait que notre réalité, et en particulier notre
corps humain, est régie par l'information quantique de
la conscience comme le dit Jeanne, c'est parce que cette
réalité doit se concevoir hors du temps et que son caractère
quantique n'existe à notre échelle que dans notre futur
immédiat. Ce n'est qu'à de beaucoup plus petites échelles
que la matière laisse apparaître un comportement quantique
qui transparaît jusque dans notre présent.

15
La science, la matière et la spiritualité

Si je précise cela, s'agissant d'un point de vue plus


personnel qui n'apparaît donc pas dans l'ouvrage de Jeanne,
c'est pour encourager à sa lecture le lecteur érudit qui sait
ce qu'on oppose généralement dans le milieu scientifique
plutôt sceptique à l'idée que nous aurions un corps quan-
tique, ou une conscience différente du cerveau. Il s'agit
de l'argument selon lequel un fonctionnement quantique
à l'échelle de la cellule ou du neurone serait impossible à
cause de l'extrême brièveté du phénomène de décohé-
rence. Ce phénomène intervient dans la transition entre
l'ontologie quantique, au sens des réalités potentiellement
observables et superposées, et l'ontologie classique au sens
de la matière observée ou d'une réalité unique. Or cet argu-
ment ne tient plus si l'on considère, comme de plus en plus
de physiciens le soutiennent, que la réalité ne se fabrique
pas exclusivement dans le présent mais probablement plus
essentiellement dans un futur plus ou moins immédiat.
Il n'y a donc absolument aucun obstacle qui pourrait
empêcher un lecteur rationnellement exigeant de s'ou-
vrir au discours de Jeanne, qui est d'ailleurs bien plus un
récit passionné sur la prodigieuse organisation de l'inerte
et du vivant, faisant un état des lieux de nos connaissances,
qu'un argumentaire en bonne et due forme en faveur de
l'esprit dans la matière. Comme mentionné ci-dessus, la
science actuelle ne permet pas d'aborder cette question-là
de manière analytique et pour adhérer à cette thèse trop
souvent mal qualifiée de spiritualiste, seule une approche
intuitive, qualitative et faisant un grand recours aux analogies

16
Préface

était adaptée. Il ne faut donc pas s'attendre de la part de l'au-


teure à un style strictement scientifique, et le lecteur pourra
être surpris par certains rapprochements ou grands écarts
que Jeanne réalise entre ses connaissances scientifiques, sa
vie privée et ses conceptions existentielles.
Il n'empêche qu'elle parvient malgré cela dans ce livre,
par petites touches et si l'on veut bien accepter quelques
parallèles ingénus - à mettre sur le compte de sa personnalité
enthousiaste et truculente-, à nous faire discerner une tout
autre conception de 1' organisation de la vie que celle qui
nous était rendue implicite à l'école, via une approche maté-
rialiste aujourd'hui dépassée par les progrès de la physique
et de la biologie. Ce livre pourrait même inspirer le plus
exigeant de tous les lecteurs, celui qui à défaut d'avoir étudié
la biologie ou la science des matériaux, voudrait malgré tout
pouvoir bénéficier d'une synthèse exhaustive de ces champs
de connaissances afin de se forger par lui-même, c'est-à-dire
à partir de ses propres intuitions et expériences de vie en
résonance avec celles de l'auteure, sa propre vision de notre
véritable humanité et plus généralement de la conscience
qui règne dans toute la nature et l'univers.

Philippe Guillemant,
Saint-Geniez, le 7 septembre 2018.
Introduction

Pourquoi ce livre? Ce livre est l'aboutissement d'un


chemin initiatique grâce à l'étude de la structure de la
matière et de ce qu'elle transporte. C'est un voyage scien-
tifique de l'esprit de la matière à la conscience. Très tôt
au cours de mes recherches, j'ai senti le besoin de relier le
rationnel à l'irrationnel, la matière visible à l'invisible, la
face cachée des choses et des êtres à ce qu'ils montrent. Je
me suis intéressée au cours de mes études aux comporte-
ments humains et aux liens qui existent entre leur origine,
la nature des êtres, leur structure et leurs comportements.
Ce chemin de recherche a pris toute sa dimension
lorsque je suis entrée au CNRS et que je suis devenue
microscopiste. Il m'a permis d'intégrer les lois de la matière
en physique, puis les lois de la vie en biologie, lois que j'ai
mises en application dans ma vie au fur et à mesure de mes
recherches scientifiques.
Au cours de ma carrière, j'ai traversé plusieurs commu-
nautés scientifiques, de la physique à la biologie, à travers la
microscopie électronique. Mon entrée au CNRS a marqué
le point de départ de mon chemin initiatique avec l'étude

19
La science, la matière et la spiritualité

de la structure de la matière. Mes différentes recherches


sur la matière, dans tous ses états, ont enrichi ma vision de
la matière solide, celle que l'on apprend à l'école, puis à
l'université et enfin dans les laboratoires de recherche de
physique et chimie. Ma rencontre avec la recherche en
biologie a bouleversé toutes mes croyances de physicienne.
En étudiant la matière et son comportement dans tous
ses états à l'échelle microscopique, j'ai fait l'analogie entre le
comportement de la matière et celui de l'humain. Je me suis
rendu compte que les lois qui gouvernent le comportement
de la matière s'appliquent aussi à l'esprit. Aujourd'hui, je
les relie grâce à la nature profonde spirituelle que la matière
porte en elle.
En synchronicité avec mes études scientifiques en science
des matériaux, j'ai eu pendant dix ans des problèmes impor-
tants de santé, en particulier une polyarthrite rhumatoïde.
Mes symptômes s'étant déplacés de la tête aux pieds, j'ai été
amenée à rechercher le lien subtil entre la fonction biolo-
gique et le sens symbolique que détient chaque organe.

En étudiant, en science des matériaux, la structure de la


matière en lien avec la formation des défauts et ses propriétés
résultantes, j'ai suivi en même temps ce qui se passait en
moi. Je me suis prise comme objet d'étude. J'ai appliqué à
moi-même la méthode scientifique d'analyse des matériaux.
Je me suis observée et analysée sous tous les angles,
comme je le faisais pour les matériaux, en fonction des

20
Introduction

conditions psycho-émotionnelles que je vivais, c'est-à-dire


dans tous mes différents états physiques, somatiques et
psychologiques. La résonance entre mes recherches scien-
tifiques et personnelles m'a permis de comprendre ce lien,
pour finalement me libérer de mes rhumatismes au bout
de dix ans. Grâce à la méthode scientifique, j'ai non seule-
ment guéri des problèmes importants de santé que j'ai eus
pendant dix ans, mais j'ai pu aller à la rencontre des diffé-
rentes dimensions psychiques, émotionnelles et spirituelles
de mon être.
Au cours de mon parcours scientifique et personnel, des
synchronicités sont venues me guider à chaque fois quant
aux choix à faire dans les deux domaines. Ma passion pour
la science et la transmission des connaissances m'a poussée
à transmettre au grand public mes expériences, et à faire des
ponts entre mes recherches scientifiques et mes recherches
personnelles dans le domaine des sciences humaines.
Pendant plus de vingt ans, j'ai introduit régulièrement dans
mes conférences mes dernières découvertes scientifiques sur
les matériaux puis celles sur le vivant, en association avec
mes recherches personnelles dans le domaine du compor-
tement humain.
J'ai commencé la recherche comme chimiste en entrant
au CNRS, et rapidement je suis passée à la cristallogra-
phie. J'ai plongé dans le charbon, par 1' étude de la structure
du carbone. J'ai travaillé sur des matériaux carbonés, des
algues et la matière organique à l'origine de la formation
du pétrole. Après dix ans dans le charbon, j'ai eu envie

21
La science, la matière et la spiritualité

d'arrêter de «broyer du noir» et je suis passée à la «générale


électrique» en changeant de matériau, pour travailler sur
l'étude des céramiques supraconductrices.
J'avais atterri dans le monde de la physique des matériaux.
Un monde proche de la perfection au niveau de l'ordre.
Ce monde où tous les défauts cristallins sont au cœur des
propriétés intelligentes des matériaux. Ainsi, j'ai quitté le
monde de la matière organique où tout est mal organisé à
l'échelle microscopique, pour un monde cristallin où tout
est bien ordonné depuis l'échelle atomique jusqu'au cristal.
Je suis passée du désordre organisé à l'ordre rigide cristallin.
Ce qui m'a passionnée en physique des matériaux est
l'étude des défauts cristallins et surtout le potentiel de ces
défauts. Leur présence donne des propriétés particulières à
la matière, qui rendent le matériau intelligent. Je me suis
focalisée alors sur l'étude des défauts et sur les propriétés
fantastiques de la supraconductivité dans les céramiques.
C'est au cours de ces études que j'ai eu la révélation que je
pouvais appliquer la méthodologie de la science des maté-
riaux au comportement de l'humain.
Les aléas de la vie firent que la fermeture du laboratoire
de physique des matériaux où je développais ces recherches
me poussa à me diriger vers la physique du solide pour
étudier les propriétés quantiques de la matière. Je me suis
alors intéressée à la structure de nanomatériaux supra-
conducteurs pour comprendre comment la structure va
influencer les propriétés quantiques de ces matériaux. Ces
recherches passionnantes m'ont plongée dans la physique

22
Introduction

quantique et les propriétés vertigineuses des particules


élémentaires. Ces recherches sur le lien entre les propriétés
de la partie invisible de la matière et la structure sont entrées
en résonance avec ce que j'expérimentais personnellement
dans mes expériences extrasensorielles dans mon propre
corps.
Après trente ans d'études des matériaux en microscopie,
j'ai eu envie d'aller à la rencontre de la matière vivante en
biologie. Voir le vivant de plus près à l'échelle microscopique
fut l'une de mes plus belles découvertes! La microscopie m'a
fait entrer au cœur de ces incroyables structures dynamiques
et découvrir leur beauté et leur complexité. Je suis ainsi
passée du minéral à la matière vivante. Cette expérience a
bouleversé ma vision de la vie.
J'ai démarré mes recherches avec le carbone dans le
charbon et j'ai bouclé la boucle avec le carbone de la
matière vivante. Ce qui est extraordinaire est la variété des
structures possibles à base de carbone, depuis les structures
dynamiques des molécules, cellules, tissus, etc., jusqu'aux
structures rigides des matériaux carbonés (charbon, compo-
sites, fibres, etc.).
La ligne directrice de toutes mes recherches portait sur
le lien structure/propriétés/ origine de la matière. Étudier
la matière à l'échelle microscopique permet d'accéder à
la compréhension des liens qui existent entre l'origine et
la nature de la matière, sa structure, ses propriétés et son
comportement en fonction de son histoire. Elle permet
de comprendre les transformations de la structure et les

23
La science, la matière et la spiritualité

changements structuraux à toutes les étapes de son histoire,


pour remonter à la mémoire de la structure originelle.
La question qui s'imposait à moi au cours ces recherches
était: Peut-on transposer ce qui se passe entre la structure,
les propriétés et l'origine de la matière minérale, à ce qui
se passe chez l'humain? Peut-on remonter, à partir de la
connaissance de la structure, de l'histoire et des problèmes
de santé et de comportement de l'humain, à l'origine de son
être ? Peut-on remonter à la nature de notre esprit, l'esprit
de la matière incarnée dans une expérience spirituelle ou,
en d'autres termes, à la nature de notre âme incarnée pour
nous relier au Tout de la création?
Ce livre est un témoignage sur la façon dont la recherche
scientifique peut être intriquée à la recherche personnelle
profonde, et impacter la vie personnelle d'une chercheuse,
et comment ces recherches m'ont permis d'avancer dans la
compréhension des expériences de ma vie.
J'ai constamment fait des ponts entre mes recherches
scientifiques, les connaissances acquises et leur implication
dans le vivant, une sorte d'aller-retour permanent entre mes
recherches scientifiques et mes expériences de vie. Ils m'ont
permis d'affiner ma vision de la façon dont les expériences
dans ma vie se jouaient, me permettant ainsi, au fur et à
mesure du temps, d'accéder à une meilleure connaissance
de moi-même.
La connaissance des lois du vivant et de son comporte-
ment et mes expériences sur l'étude de la structure de la
matière en biologie m'ont amenée à la compréhension du

24
Introduction

fonctionnement de la cellule et m'ont pennis de comprendre


les notions de conscience et mémoire cellulaires.
La cellule devint rapidement pour moi un modèle de vie
dont je me suis servie au quotidien, et que j'ai, au fur et
à mesure de ma quête, expérimenté et vérifié. J'ai rapide-
ment fait un parallèle entre l'écologie cellulaire et l'écologie
humaine, que j'ai incarnée dans ma vie, et mes expériences
de vie.
J'ai pu réunifier mes expériences scientifiques et person-
nelles selon la vision de la physique quantique de la dualité
onde-particule, au niveau de l'humain.
J'ai appris de plus en plus à être à l'écoute de mon corps
dans l'instant présent, et à mettre le mental au service
de cette dimension-là. Je suis passée d'une connaissance
mentale de toutes ces recherches à une connaissance expé-
rimentale dans le corps. Je suis partie du mental analytique
au service du savoir et de la domination de la matière, au
mental venant au service de ce que la matière et la biologie
m'enseignent, en intégrant ces expériences dans mon corps
et dans mon évolution personnelle.
En reliant la structure de la matière à ses propriétés depuis
les matériaux jusqu'à la complexité du vivant, j'ai pu inté-
grer dans mon corps la compréhension du fonctionnement
corps-esprit depuis l'échelle de la conscience cellulaire
jusqu'à la conscience de l'Être dans toutes ses dimensions.
Mon voyage à travers la matière m'a fait toucher de près
différents niveaux de connaissance, depuis l'esprit de la

25
La science, la matière et la spiritualité

matière jusqu'à la conscience que la matière porte en elle,


et en particulier de la conscience cellulaire à la conscience
de mon Être.
Cette recherche m'a permis d'intégrer la connaissance de
la conscience cellulaire dans mon corps, m'ouvrant à une
autre dimension de moi-même jusqu'ici ignorée. Cette
conscience me permet aujourd'hui de mieux observer, dans
ma communication avec les autres, la friction constante
subtile entre le monde de l'engrenage de l'ego du Héros et
celui de la spirale de vie de l'homme quantique.
Je propose donc humblement de mettre par écrit tout ce
que j'ai appris de la matière dans tous ses «états d'âme» et
dans les miens, à travers 7 parties :
Dans la partie 1, je présente mon chemin initiatique via
le miroir de la science sur ma propre vie.
Dans la partie 2, je donne des exemples du monde de la
matière, et de l'art de la création de la matière du minéral
à la matière vivante.
Dans la partie 3, je présente les propriétés physiques ou
l'esprit dévoilé de la matière, ce monde invisible des
propriétés physiques microscopiques de la matière dans
tous ses états.
Dans la partie 4, je présente le modèle de la science des
matériaux au service de l'humain : du comportement des
matériaux au comportement humain, ainsi que les leçons de
la cellule et les conséquences de leurs dysfonctionnements,
à l'échelle de l'humain.

26
Introduction

Dans la partie 5,je décris le monde de l'engrenage biolo-


gique qui nous construit depuis notre conception, le monde
des émotions qui sculptent le vivant, les stratégies mises en
place dans le comportement humain, et enfin la transforma-
tion par le chaos, solution que le vivant choisit pour accéder
à un ordre supérieur de conscience.
Dans la partie 6, je présente les différentes étapes de mon
expérience de somatisation, cette intelligence au cœur du
corps, et comment je m'en suis sortie grâce à la méthode
scientifique, en y associant les connaissances du symbolisme
du corps, pour en comprendre le sens subtil. Je montre
comment la prise de conscience des chaos que je vivais m'a
permis de vivre en pleine conscience le passage du chaos
créateur à l'harmonie.
Enfin, je présente dans la partie 7 l'implication de l' éco-
logie cellulaire dans l'écologie humaine, en utilisant la
cellule comme modèle de comportement au service de
l'homme, qui respecte les lois du vivant. Je montre les diffé-
rents niveaux de conscience qui permettent d'accéder à la
conscience de Soi dans la relation à l'autre et au monde,
c'est-à-dire les étapes qui permettent de passer du monde
de l'engrenage biologique du Héros à la spirale de vie de
l'homme quantique.
Je réalise, à la fin de l'écriture, que ce livre contient
7 étapes, nombre sacré, et qu'il est constitué de 22 chapitres,
3 X 7 plus le 22, comme les arcanes du tarot spirituel. Les
21 arcanes montrent symboliquement les trois étapes de
croissance spirituelle de l'homme depuis le niveau physique,

27
La science, la matière et la spiritualité

puis au niveau émotionnel dans sa relation aux autres et au


monde, et enfin, au niveau spirituel de l'homme qui prend
conscience de son Être.
Arrivé à ce stade, l'homme représenté par le Mat, le Fou,
l'homme quantique, devient libre de son émotionnel et ne
vit que dans le présent, prêt à faire un saut dans le vide, sans
peur, et surtout sans référence au passé, pour continuer son
chemin de vie. Il a intégré les 7 niveaux de conscience du
chapitre 22 ! Il est prêt à partir dans un autre cycle de sa vie,
dans la spirale de sa vie, en n'écoutant que son être intérieur,
comme guide.
Partie 1

Mon parcours initiatique


dans la science
Chapitre 1

Le miroir de la science
sur ma propre VIe
.

La microscopie comme chemin initiatique


]'ai découvert la microscopie électronique et le monde
de la structure de la matière depuis mon entrée au CNRS
en 1977. ]'ai exploré le monde de !'infiniment petit de la
matière, depuis l'échelle atomique et moléculaire jusqu'à
l'échelle macroscopique, pour comprendre et prévoir
ses propriétés à notre échelle. En observant la matière au
microscope électronique, j'ai pratiqué sans le savoir la médi-
tation en pleine conscience, dans un état de samadhi où
l'observateur devient l'objet d'observation, et où les objets
se dévoilent dans leur véritable nature. J'ai ainsi appris à
relier !'infiniment petit à !'infiniment grand tels le micro-
cosme et le macrocosme des traditions !

31
La science, la matière et la spiritualité

La microscopie électronique a bouleversé


ma vie et ma vision du monde
Juste après ma thèse de troisième cycle en chimie orga-
nique, je suis passée directement de la chimie organique à
la physique du carbone. Ce type de transition est appelé par
les physiciens «transition de phase du 1er ordre». La réac-
tion est irréversible et vous ne pouvez plus être la même
après! Quand on peut le voir sur une courbe, l'ascension
est brutale comme lorsque l'on fait de l'escalade sur une
falaise, ou que l'on prend un ascenseur qui va directe-
ment au dernier étage où un autre monde vous attend.
Ses effets peuvent aller jusqu'à des changements d'état, de
comportement de la matière ou de soi-même, des nouvelles
propriétés, un changement de paradigme de la vie. Comme
après un accident ou après une maladie grave, plus rien ne
peut être pareil.
Le monde de la microscopie était nouveau pour moi,
comme si j'arrivais sur une autre planète, celle de !'infini-
ment petit ! Le cœur de la matière est un monde incroyable
fait de particules, d'atomes, d'amas d'atomes, de molécules
organisées ou désorganisées dans tous les états possibles pour
former des structures d'une grande beauté. Et là, j'ai appris
à décrypter chaque parcelle de ce que j'observais; c'est à ce
moment-là qu'a commencé mon voyage initiatique.
J'ai découvert la microscopie électronique en travail-
lant d'abord sur la matière organique, celle qui est sous
nos pieds. Par la suite, la microscopie ne m'a pas lâchée.
Grâce à elle, je me suis approchée de la beauté du monde

32
Mon parcours initiatique dans la science

de !'infiniment petit, là ou !'infiniment petit et !'infiniment


grand se rejoignent.

Le cadeau de la matière organique


J'ai découvert la vie dans la recherche, dans une petite
structure de douze personnes dirigée par Mme Agnès Oberlin
et Michel Oberlin, son mari. Ils formaient un couple fabu-
leux pour la recherche. Une sacrée femme au franc-parler
et qui en imposait à la direction du CNRS. Au niveau des
idées, l'image est celle d'une bâtisseuse, un véritable bull-
dozer. Elle représentait la référence mondiale du carbone.
Elle enseignait avec une grande pédagogie que j'admirais.
En fait, je me rends compte aujourd'hui que nous avions
vraiment beaucoup de points communs toutes les deux.
Ce laboratoire était comme une structure familiale autour
de la recherche sur le carbone et les matériaux carbonés
naturels. Ce genre de laboratoire n'existe plus de nos jours.
À cette période, j'ai aussi découvert la vie loin de chez mes
parents! Une nouvelle liberté que j'attendais depuis long-
temps.J'étais libre mais je revenais à Paris tous les week-ends
pour voir ma famille qui me manquait et donner un coup
de main au magasin de chaussures de mes parents le samedi
après-midi, et aussi pour voir mes amis de Paris. Il m'aura
fallu cinq ans avant de rester à Orléans plusieurs semaines de
suite et réellement commencer ma vie en dehors de la famille.
Ma première expérience de la recherche après ma
thèse de troisième cycle, en tant qu'ingénieur d'études au

33
La science, la matière et la spiritualité

CNRS, a été très riche. J'ai été formée à la microscopie par


Mme Oberlin comme peu de personnes le sont aujourd'hui.
En plus de la gestion des microscopes, j'avais la responsa-
bilité de la formation de tous les étudiants en microscopie,
celle la recherche pour les contrats industriels et pour finir
la gestion administrative de l'équipe. J'adorais cette diversité
de fonctions et j'étais dans mon élément. Pas de routine,
répondre à chaque fois à des problèmes divers et variés, y
compris en ressources humaines! J'aime la diversité et j'ai été
servie! J'avais l'expérience de mes parents qui s'occupaient
de leur boutique de chaussures, où il faut savoir tout faire.
Au cours de cette période, j'ai démarré ma thèse de
doctorat d'État qui portait sur l'étude des conditions de
formation du pétrole à partir de la carbonisation d'algues
unicellulaires Botryococcus braunii, responsables de la forma-
tion du pétrole.

Ces recherches ont été passionnantes pour moi depuis le


début car je devais m'ouvrir à des techniques de biologie que
je ne connaissais pas à 1' époque, pour extraire les parois d' al-
gues.J'allais faire la culture de ces algues moi-même à l'École
de chimie de Paris dans le laboratoire de Mme Casadeval. J'ai
eu la chance de secouer le cocotier dès mes premières expé-
riences sous pression, car elles ont permis de comprendre
la formation et l'origine de certaines structures appelées
«noirs de carbone» trouvées dans les kérogènes fossiles natu-
rels, et dont on ne connaissait pas encore le mécanisme de
formation.

34
Mon parcours initiatique dans la science

Ce travail dura cinq années et fut pour moi une merveil-


leuse expérience scientifique et humaine. C'est à cette
période que j'ai découvert de nouvelles techniques d'analyse
comme la perte d'énergie, pour sonder la matière de plus
près, au niveau des interactions électroniques entre atomes
afin d'identifier la manière dont ils étaient liés entre eux par
liaisons chimiques.

Pour terminer ma thèse d'État, j'ai dû suivre le labora-


toire qui déménageait à Pau dans les anciens locaux d'Elf
Aquitaine pour créer la première unité mixte de recherche
Université-CNRS. Cette période fut d'une grande impor-
tance pour moi car elle aboutissait à la soutenance de ma
thèse d'État, qui s'est tenue à Orléans en juin 1987. Cette
période de déménagement a précipité une rupture avec
l'ami avec qui je vivais, pour mon plus grand bienfait.
Après la soutenance de ma thèse, j'ai été invitée trois mois
au Japon par le professeur Michio Inagaki de l'université de
technologie de Nagoya, avec qui nous collaborations depuis
des années. Je suis partie ensuite au Japon pour compléter des
expériences sous pression et présenter le résultat des travaux
de ma thèse lors d'un congrès et devant des industriels.
Cette période fut merveilleuse, et c'était la première fois
que je partais seule à l'étranger. J'ai travaillé à l'Institut de
technologie de Toyohashi où j'avais un appartement.J'étais
reçue comme ma directrice l'aurait été, un vrai délice. Je
ne parlais que l'anglais. Mes résultats de recherche étaient
nouveaux et ont beaucoup intéressé la communauté japonaise

35
La science, la matière et la spiritualité

des chercheurs sur les carbones. ]'avais mis en évidence les


différentes structures carbonées concentriques, les sphères
de mésophase, formées dans la carbonisation des algues sous
pression et j'avais expliqué l'origine de ces structures dans
les kérogènes naturels issus des roches mères pétrolières : une
grande avancée pour la recherche sur les carbones.
Les travaux de recherche aboutissant à ma thèse ont duré
cinq ans. La fin de ma thèse à Pau est devenue plus difficile
avec, d'un côté mes allers-retours réguliers à Paris pour
retrouver mon nouvel ami et ma famille, et de l'autre les
tensions au laboratoire avec ma responsable qui avait du mal
à accepter qu'un jour l'élève dépasse le maître! Pour ma
responsable, passe encore qu'une ingénieure fasse un métier
de chercheur, mais il ne fallait pas en demander plus, parce
que mon poste d'ingénieur appartenait au laboratoire. Je
n'étais donc pas tout à fait libre ... une fois de plus !

Résonance entre vie professionnelle


et vie personnelle
Les rapports humains au laboratoire, mon travail d'in-
génieur et les problèmes de santé de mon père devenaient
lourds à gérer pour moi émotionnellement, même si ma
bonne humeur ne le laissait jamais percevoir.
La mort de mon père après une opération du cœur bous-
cula ma vie et celle de ma famille. Mon père avait attendu
longtemps avant d'accepter l'opération. Malheureusement,
cinq semaines après son opération, l'hôpital ne pouvait pas

36
Mon parcours initiatique dans la science

le garder plus longtemps malgré la faiblesse de son cœur


et de son état physique général. Il était parti en maison de
repos alors qu'il ne pouvait pas marcher ni manger seul! Il
avait eu le sentiment qu'il n'en reviendrait pas et c'est ce
qui s'est passé. Ma mère s'est retrouvée seule, désemparée,
et depuis cette époque j'ai tenté de pallier l'absence de mon
père comme je le pouvais. Heureusement qu'il y avait le
magasin et ma sœur qui le tenait, ce qui a permis à ma mère
de ne pas sombrer. Elle n'avait jamais fait les comptes de la
maison, tout était centralisé par le patriarche. Elle s'est mise
à apprendre et à gérer sa vie très rapidement.
Depuis cette période, j'ai été confrontée à des problèmes
importants de rhumatismes pendant dix ans, la polyarthrite
rhumatoïde comme disent les médecins. Ils m'ont fait passer
des moments difficiles mais riches d'enseignements. On peut
dire cela quand la tempête est passée ! Cela avait commencé
six mois avant la mort de mon père en 1979, deux ans après
mon entrée au CNRS. Puis sont arrivées la maladie et la
mort de Michel Oberlin qui m'ont touchée douloureuse-
ment et ont changé la vie du laboratoire.
Ainsi, alors que j'étudiais pendant cette période la structure
de la matière organique qui porte en elle toute son histoire
et ses propriétés, j'éprouvais ma propre matière organique
qui réclamait de l'attention! Je vivais au laboratoire le miroir
de ce que je vivais inconsciemment en famille.
J'ai reçu un signe important, difficile à vivre sur le
moment, mais bénéfique pour me sortir de là. À la suite
de mon premier séjour au Japon, j'ai de nouveau été

37
La science, la matière et la spiritualité

invitée mais ma responsable a émis un veto sous prétexte


que je n'étais qu'ingénieur ! Je ne pouvais pas accepter une
telle attitude. J'ai alors décidé de quitter le laboratoire et
de trouver un directeur qui accepte de me soutenir pour
devenir chercheur.
J'ai compris plus tard que ce que je vivais était en réso-
nance avec mon besoin de liberté et qu'il était temps que je
quitte le nid de ma deuxième famille pour devenir libre de
voler de mes propres ailes dans mes recherches.
Je connaissais la communauté des microscopistes et j'ai
cherché parmi ceux que j'appréciais un directeur de labo-
ratoire qui accepte de me recevoir et de me soutenir pour
mon passage au statut de chercheur. J'ai trouvé rapidement
Jacques Castaing, directeur du laboratoire de physique des
matériaux de Meudon-Bellevue, que j'ai rejoint quelques
mois plus tard. À compter de cette époque, je n'ai eu que
des directeurs masculins.

Le passage de l'amorphe au cristal


Après dix années de recherche sur les carbones mal
organisés, la matière organique fossile, c'est-à-dire sur le
charbon, j'en avais assez de broyer du noir! Je suis passée à la
General Electric, en changeant de matériaux, pour travailler
sur les supraconducteurs. Là non plus, je n'ai pas vu la tran-
sition de phase de 1cr ordre, je voulais simplement changer
de cap et voir de nouveaux matériaux, tout en utilisant la
microscopie électronique. Je croyais que c'était facile, eh

38
Mon parcours initiatique dans la science

bien la chute fut brutale. J'avais atterri dans le monde de


la science des matériaux. Le monde de l'organisation cris-
talline, proche de la perfection au niveau de l'ordre. Ce
monde où les défauts cristallins sont au cœur des propriétés
intelligentes des matériaux. C'est à ce moment que j'ai
commencé à faire le lien entre le rôle des défauts dans les
propriétés et celui des défauts à l'échelle l'humaine.
Mon voyage initiatique a ainsi continué avec une nouvelle
étape, celle de l'organisation de la matière cristalline. Après
un temps d'adaptation, je me suis faite à ce nouveau monde,
notamment en suivant de nombreuses formations scienti-
fiques et en assistant à des congrès. «Elle fut longue la route,
mais je l'ai faite cette route, celle qui menait jusqu'à vous»,
dit une belle chanson de Barbara que j'adore.
Je croyais que le passage de la microscopie des maté-
riaux mal organisés aux matériaux cristallins serait facile.
J'ai dû apprendre toutes les techniques de caractérisation
cristallographique, structurale, chimique, spectroscopique,
pour identifier les matériaux. Cela a été très riche d'en-
seignements. J'ai ensuite enseigné la microscopie dans des
stages que j'organisais au laboratoire pour les étudiants et les
industriels.J'ai beaucoup aimé cette période à Bellevue, sans
parler de la vue que j'avais sur la tour Eiffel! J'étais devenue
libre de mes recherches-enseignements et des collaborations
que je choisissais. Un vrai bonheur!

39
La science, la matière et la spiritualité

Le cadeau de la science des matériaux


La science des matériaux décortique des morceaux de
matière pour étudier le comportement macroscopique
issu des études à l'échelle atomique. Dans les laboratoires,
on découpe les matériaux en petits morceaux pour les
préparer et les étudier au microscope. On peut ainsi voir et
identifier des structures microscopiques, observer leur orga-
nisation, déterminer leur composition chimique et même
voir comment les atomes sont reliés entre eux à travers les
analyses de liaisons chimiques. Tout cela pour relier leur
structure profonde aux propriétés macroscopiques que l'on
va mesurer, comme le courant électrique par exemple.
Ce type d'études conduit à des connaissances que 1' on
peut quantifier pour arriver à prévoir le rôle des défauts dans
les comportements des matériaux et aussi pour accéder à
des propriétés émergentes de nouveaux matériaux. On peut
ainsi modéliser des comportements de matériaux en fonc-
tion de leur nature et leur structure pour des applications
spécifiques. Globalement, c'est grâce à ce type d'études que
1' on peut construire des matériaux de structure comme les
matériaux de l'aérospatiale, de l'aéronautique, du sport,
ou des matériaux dits fonctionnels, pour les applications
électroniques (ordinateurs, téléphones, etc.). La propriété
principale des matériaux de structure est leur résistance
mécanique à haute température.

40
Mon parcours initiatique dans la science

La leçon des défauts de la matière


En science des matériaux, ce sont les défauts de structure
qui sont intéressants. Le monde de l'organisation cristalline
est proche de la perfection au niveau de l'ordre : tous les
atomes sont alignés dans les trois directions de l'espace,
depuis l'échelle atomique jusqu'à l'échelle macroscopique.
Un défaut est considéré comme un écart de la structure
parfaite, une rupture de la continuité cristalline qui peut
être locale ou étendue dans tout le cristal. Chaque défaut
provoque une rupture par rapport à la structure parfaite.
Ainsi, ces défauts de structure vont donner des propriétés
tout à fait particulières que l'on voudra reproduire.
Les défauts cristallins sont au cœur des propriétés intel-
ligentes de la science des matériaux. Pour les étudier, on
combine toujours différentes méthodes d'analyse et d'ob-
servation pour mieux comprendre les mécanismes de leur
formation et l'on cherche leurs effets sur la structure et
finalement leurs conséquences sur les propriétés émergentes.
En fait, on regarde et on analyse les matériaux sous tous
les angles et toutes les coutures! Je suis ainsi devenue une
experte dans l'étude des défauts supraconducteurs.

Expériences scientifiques
et synchronicités de la vie
C'est en étudiant les défauts cristallins dans les supra-
conducteurs que j'ai fait l'analogie avec le vivant. Bien sûr,
l'étude des défauts dans les matériaux m'a renvoyée tout

41
La science, la matière et la spiritualité

naturellement à mes propres défauts. Je me suis ainsi occupée


de mes défauts et plus précisément de mes problèmes de
santé, comme de mes supraconducteurs, par tous les bouts !
Comme on le fait en science, en combinant les différentes
méthodes d'analyse et d'observation pour avoir une meil-
leure perception de moi-même et mieux comprendre ce
qui m'arrivait!
Plus j'étudiais les matériaux, leurs défauts et les propriétés
qui en découlaient, et plus je me posais la question de ce
type d'étude sur le vivant et sur moi-même.Je me suis mise à
étudier les lois du comportement humain en utilisant toutes
les méthodes possibles de décryptage finissant par «gie »
comme la caractérologie, la numérologie, la graphologie,
l'astrologie, mais aussi la programmation neuro-linguistique
(PNL), l'ennéagramme et j'en passe! La question récurrente
pour moi était:
Quelle est la transposition possible de la relation «struc-
ture de la matière solide et de son comportement», à celle
de la «structure de la matière vivante et du comportement
humain», en l'occurrence le mien. Ce n'est pas rien comme
question. Cela ne se fait pas dans un laboratoire, mais durant
toute une vie !
Cette période fut très riche à plusieurs niveaux, dont mes
découvertes scientifiques sur les céramiques supraconduc-
trices en tant que chercheur libre avec des collaborations
fructueuses choisies.]' ai démarré l'organisation de stages de
formation permanente en microscopie et microanalyse dans
le laboratoire de Bellevue. J'ai aussi initié l'encadrement de

42
Mon parcours initiatique dans la science

stagiaires et la direction de thèses.J'étais complètement à la


place que j'attendais depuis longtemps.
L'analogie entre la science des matériaux et la science
du comportement humain était pour moi évidente. Ma
première conférence, «Du comportement des matériaux au
comportement humain» à 1' espace culturel de l' Atelier Z,
désormais appelé Espace Christiane-Peugeot, a été le point
de départ des conférences grand public que je fais depuis
plus de vingt ans et que j'ai enrichies au fur et à mesure de
mes découvertes en sciences physiques, puis en biologie et
en sciences humaines.
Mes expériences personnelles dans différents domaines
furent très intenses au cours de cette période. C'est à cette
époque que j'ai repris le théâtre et que j'ai commencé le
yoga en plongeant dans la philosophie indienne. J'ai aussi
commencé ma première psychothérapie et j'ai suivi un
grand nombre de formations dans les domaines que je viens
de citer plus haut pour mieux me comprendre. J'ai aussi
découvert l'escalade, avec mes collègues physiciens, un
sport fabuleux, une école pour prendre confiance en soi et
en l'autre.
J'ai une reconnaissance particulière pour Christiane
Peugeot à l'origine de !'Atelier Z.Je l'ai rencontrée lors d'un
stage de graphologie. Cette femme merveilleuse et tellement
talentueuse a permis, grâce à son ouverture et ses moyens,
à de nombreux artistes amateurs de s'exprimer dans le
domaine des arts, de l'écriture et des sciences humaines.J'ai
même appris avec elle la chiromancie ! J'étais la scientifique

43
La science, la matière et la spiritualité

parnù tous ces artistes et je leur expliquais la science et mes


expériences à travers 1' œil du raisonnement scientifique.
À cette époque, dès qu'un sujet me passionnait je proposais
à ce groupe très hétéroclite de partager mes questionne-
ments. C'était fabuleux et c'est à ce moment-là, avec une
amie formatrice en psychanalyse, Marie-Dominique Duriez,
merveilleuse femme aujourd'hui décédée, que je me suis dit
que j'écrirais tout cela un jour en y associant les sciences
humaines. Il aura fallu vingt ans pour que cela mûrisse et
voie le jour. Aujourd'hui, je peux dire merci à la science et
merci à la vie de m'avoir envoyé les expériences qui m'ont
aidée à grandir, et à mieux comprendre le monde qui m'en-
toure. La cerise sur le gâteau fut la joie de me rapprocher
de la femme que je suis et de la libérer.

La physique quantique
au cœur de la science des matériaux
La période qui a suivi Bellevue fut celle du CSNSM :
Centre de spectroscopie nucléaire et spectrométrie de masse
à Orsay où j'ai rejoint une équipe de physique du solide
qui s'intéressait aux expériences de physique quantique
sur les matériaux supraconducteurs. Je fus accueillie pour
développer mon propre thème de recherche sur les joints
de grains et interfaces dans les supraconducteurs, ce qui
complétait leurs études sur les jonctions tunnels et les jonc-
tions Josephson. Nous mesurions le déphasage et le flux
magnétique émis par ces interfaces. Ce flux était le témoin

44
Mon parcours initiatique dans la science

du maintien de la cohérence de phase des doublets d' élec-


trons supraconducteurs qui passent la barrière du joint de
grains. On peut voir p. 141 le schéma de jonctions tunnel
et de jonctions Josephson.
Ces études m'ont permis de comprendre la physique
quantique au cœur de la matière.Je savais que c'est la matière
qui porte les propriétés, mais c'est d'autant plus visible dans
le cas des supraconducteurs qu'un défaut de 1 nanomètre
à l'interface entre deux couches peut faire chuter la cohé-
rence de phase des électrons à travers la barrière, et donc
les propriétés.
Dans ces expériences, les atomes ne bougent plus et c'est
à partir de là que l'on peut «entendre» un ou deux élec-
trons passer une barrière. Comme dans la méditation, c'est
quand le silence intérieur est total que 1' on peut recevoir
des informations.
La période de mes recherches à Orsay a été d'une grande
richesse sur plusieurs plans: scientifique, enseignement,
évolution personnelle et émotionnelle.
J'ai eu deux étudiants en thèse autour de la thématique de
1'étude de la supraconductivité dont le premier, Kim Se Jong,
était un étudiant coréen. Il a étudié «la structure de filins
minces supraconducteurs dans les jonctions tunnel», et le
second étudiant, Guillaume Passerieux, a travaillé sur «la
structure de bicristaux en films minces supraconducteurs
dans les jonctions Josephson». J'ai appris beaucoup en les
encadrant. Ils étaient très diflerents et avaient la «niaque »
comme moi pour la recherche.

45
La science, la matière et la spiritualité

La période 2000-2001 a été marquée par l'École nationale


sur «la microscopie des défauts cristallins » que j'ai organisée
au centre CNRS d'Oléron. Cette école faisait un bilan des
avancées scientifiques des vingt dernières années dans ce
domaine. Ce fut une grande expérience de travail d'équipe,
de partage de connaissances. L'école d'Oléron resta dans les
annales de tous les microscopistes pendant des années.
C'est un travail énorme que de monter une école au
niveau national. Cela m'a pris un an, mais le cadeau fut
grand car les 136 personnes s'en rappellent encore. Chacun
des participants avait son vélo pour se déplacer librement.
J'avais associé ce que j'aime, 36 enseignants-chercheurs et
ingénieurs de qualité scientifique, pédagogique, et humaine.
Tous les étudiants en microscopie ont pu y assister gratuite-
ment grâce au sponsoring. Les industriels étaient sur place
avec les microscopes électroniques pour faire les travaux
pratiques. Une organisation conviviale et joyeuse autour de
la science nous a permis de travailler dur dans des condi-
tions très agréables. J'ai formé au cours de ma carrière plus
de 700 personnes à la microscopie. Certains de mes élèves
sont devenus directeurs de laboratoire et j'en suis heureuse
pour eux.

Le cadeau de ma période sabbatique


La période sabbatique à Berkeley en 2002-2003 fut très
riche d'un point de vue professionnel et personnel. J'étais
partie pour étudier à l'échelle atomique la structure des

46
Mon parcours initiatique dans la science

interfaces ferroélectrique/supraconducteurs de composés de


structure en multicouches, pour comprendre les propriétés
physiques des conductions électroniques aux interfaces. Je
voulais en fait étudier la façon dont les électrons passent la
barrière d'une jonction et comment les charges ioniques
(ions positifs) des atomes de l'interface sont réparties de
part et d'autre de cette barrière. Je voulais utiliser à cette
époque la nouvelle technique d'holographie électronique
qui permet de visualiser la disposition des charges élec-
triques ainsi que celle des champs magnétiques locaux dans
la structure. Ce genre de technique est maintenant à la
mode en physique des matériaux car on peut cartogra-
phier à l'échelle atomique ou moléculaire les contraintes
mécaniques, électriques et magnétiques dans les systèmes
complexes de l'électronique.
Bien formée à ces techniques, à mon retour de Berkeley,
et à la grande surprise de la communauté scientifique de la
supraconductivité à laquelle j'appartenais depuis quinze ans,
j'ai décidé de changer de laboratoire et d'aller vers la biologie
pour travailler sur le vivant, et aussi sur le vivant en moi !

De la supraconduction
aux expériences extrasensorielles
Dix ans de recherche avec des physiciens sur la supra-
conductivité, moi étudiant la matière et eux étudiant les
propriétés, étaient passés en un battement de cils car j'étais
passionnée par ce que j'étudiais. Cependant, j'avais beau

47
La science, la matière et la spiritualité

travailler avec des physiciens sur les phénomènes quantiques


dans les supraconducteurs, cela ne me suffisait pas. C'est
comme si la dualité onde-particule qu'ils étudiaient ne se
linùtait qu'aux matériaux. Cela ne me satisfaisait plus et je
voulais changer d'horizon!
En fait, avant de partir à Berkeley, je voulais changer
quelque chose dans ma vie mais je ne savais pas quoi. Le
cadeau de cette période sabbatique fut mes expériences de
formation à la méditation, aux soins énergétiques et à la
clairvoyance. Je suis passée de la supraconduction dans les
matériaux à l'expérience personnelle de clairvoyance.
Dans la supraconduction, les électrons sont couplés en
paires d'électrons et entrent dans un phénomène de cohé-
rence de phase, se traduisant par une chute de la résistance
du matériau et le passage direct du courant sans émettre
aucune résistance ! Alors que nos fùs de cuivre surchauf-
fent et fondent si le courant devient trop fort, ce n'est plus
le cas dans les supraconducteurs. Le courant classique est
l'information des électrons individuels qui circulent dans
le matériau. Dans la supraconduction, ce sont des électrons
corrélés et en phase dans tout le matériau qui participent à
la supraconduction et à l' énùssion d'un champ magnétique
important.
Le phénomène de clairvoyance se rapproche de la supra-
conduction des matériaux dans le sens où, lorsque le mental
est« shunté», c'est-à-dire complètement calmé comme dans
la méditation, la chute de sa résistance donne accès à la
perception pure que l'on appelle «clairvoyance». Toute

48
Mon parcours initiatique dans la science

information, épurée du mental, fera partie des informa-


tions de clairvoyance qui peuvent être auditives, visuelles,
sensorielles.
Ces expériences m'ont permis de comprendre «le méca-
nisme de la clairvoyance» qui correspond à une «Supra
conscience».
Dix ans avant de partir aux États-Unis, lors de ma forma-
tion en yoga et en philosophie indienne, j'ai découvert que
je voyais mon corps vibratoire. Cela m'est arrivé lors d'une
pratique en stage de yoga, et lors d'une relaxation après
une pratique chez moi, puis pendant la pratique! Et dès
lors, tout le temps.J'avais beau fermer les yeux, je voyais la
même chose qui m'entourait: une multitude de points et
des bulles colorées de différentes formes, couleurs ; des amas
de bulles reliées comme des chaînes d'ADN observées au
microscope électronique. Le tout se superposait dans une
ambiance continue rose, verte, indigo parfois, bleue selon
mon état.
Ces bulles et points étaient comme de la suie plaquée
sur moi quand j'étais fatiguée et épuisée. Dans des états de
méditation ou de bien-être, ces nuages s'éloignaient et les
couleurs devenaient brillantes! Je les observais, je m'ob-
servais pensant, méditant, marchant; une telle fluidité était
incroyable ... J'avais déjà fait des photos de mon aura par
la méthode Kirlian, mais cela ne me suffisait pas de voir les
couleurs, car je les voyais directement! Je ne savais que faire
de cela jusqu'au jour où je suis passée, tout près de chez
moi à Berkeley, devant le Psychic Institute et ce fut pour

49
La science, la matière et la spiritualité

moi une révélation. On pouvait faire des lectures d'aura!


Je n'en croyais pas mes yeux et pourtant! J'en parlerai dans
un prochain ouvrage.

La prise de conscience
du sens de mon chemin
Au cours de cette période, j'ai rencontré un scientifique
de formation qui avait reçu l'initiation au tarot spirituel.
J'ai suivi sa formation; cela m'intéressait d'aller plus loin car
je lisais déjà les tarots de Marseille. À l'issue de sa forma-
tion, il nous a offert un tirage incroyable sur le message de
notre mission de vie et celui de notre âme ! Le tirage dura
huit heures en tout. Je notais tout ce qu'il me disait. J'étais
scotchée. À la suite de ce tirage, j'ai perdu ma voix pendant
un mois et mes règles se sont arrêtées aussi !
Que disaient ces messages? J'ai compris que ma mission
passait par l'étude de la matière, et que j'étais dans la réali-
sation de ma mission; mais plus encore, en travaillant sur
la matière, je devais relier le rationnel à l'irrationnel, c'est-
à-dire la structure de la matière visible et celle de l'invisible.
Ce fut la première fois que je réalisais que mon parcours
scientifique et mes recherches personnelles depuis des
années m'avaient conduite vers ma mission, et que je résis-
tais encore ...
Je prenais enfin conscience du sens de mon chemin !
Celui de mon âme!
Ce fut un vrai cadeau! Il m'en a fallu des preuves,
car en tant que scientifique, on n'est pas libre de penser

50
Mon parcours initiatique dans la science

autrement que rationnellement, même si l'on est guidé


par des intuitions qui sont complètement irrationnelles !
Accepter enfin d'être intuitive et d'être guidée pour faire
mes recherches était un vrai cadeau, que je savoure depuis
longtemps maintenant.

Mon initiation au monde du vivant


Ma rencontre du vivant avec la biologie fut la troisième
transition de phase, plutôt de 2c ordre, à laquelle j'ai été
confrontée. Une image pour comprendre une transition de
2c ordre est une pente plus ou moins douce de montagne
que vous montez sans vous arrêter; la fatigue ne se fait pas
trop sentir car la pente est la même et vous avez pris votre
rythme. Vous restez le même ou presque! En fait, je ne
l'ai pas sentie tout de suite car mon outil de base restait
la microscopie électronique. Elle a été progressive car j'ai
abordé le vivant par les matériaux!
Les différents types de matériaux que j'ai étudiés au
cours de ma carrière me donnaient une vision globale de
la matière.
C'est en voulant écrire un livre sur la préparation des
échantillons pour la microscopie électronique en trans-
mission que j'ai abordé la biologie. Ce livre résultait de
nombreuses années d'enseignement dans les stages que j'or-
ganisais dans mon laboratoire, en France et à l'étranger.
Je voulais le faire pour aider toute la communauté des
microscopistes et plus particulièrement les étudiants et les
chercheurs ou ingénieurs isolés dans leur laboratoire; je

51
La science, la matière et la spiritualité

souhaitais les aider à prendre la meilleure décision quant


aux nombreuses méthodes possibles.
J'avais commencé par la matière organique, les charbons,
les brais de pétroles, les algues à l'origine de la formation
du pétrole, puis par les céramiques supraconductrices dans
tous les états d'organisation possibles : du solide 3D aux
couches minces et multicouches plus ou moins complexes
comme les puces de notre téléphone portable (mélange
de métal, ferroélectrique supraconducteur et isolant ... ).
]'avais étudié leurs structures et leurs propriétés physiques
après les avoir préparés pour le microscope. Je voulais que
ce livre soit transversal pour la communauté de microsco-
pistes et surtout interdisciplinaire en regroupant physiciens,
chimistes, métallurgistes, minéralogistes et biologistes.
Quand j'ai proposé ce projet à quatre collègues choisis
pour leurs expériences, ils ont immédiatement répondu
avec enthousiasme car cela n'existait pas et correspondait à
un vrai manque à l'époque. L'aventure a commencé mais
je n'avais pas réalisé l'énorme challenge que représentait le
fait de regrouper toutes les communautés de microscopistes !
Nous ne parlions pas le même langage même si nous travail-
lions tous sur un microscope électronique. Le livre simple
que je voulais faire s'est transformé en deux livres 1 et un
site Internet interactif, http:/ /ayache.temsamprep.free.fr et
neuf ans de travail !

1. Guide de la préparation des échantillons pour la microscopie électronique en transmission, tome 1,


Méthodologie; tome 2, Techniques, éditions PU Saint-Étienne, 2007.

52
Mon parcours initiatique dans la science

Nous avons mis trois ans pour nous mettre d'accord


et définir les mots communs avant d'écrire réellement!
Nous étions quatre femmes et un seul homme dans l'équipe.
Le résultat fut superbe même si cela a été long et éprou-
vant. Le cadeau de ce travail fut le plaisir de partager avec
une équipe le même projet jusqu'à sa réalisation. L'autre
cadeau fut mon apprentissage de la biologie par les tech-
niques de préparation et d'observation des cellules grâce à
Jacqueline Boumendil, un vrai puits de connaissances.

Les signes de la vie


Une autre expérience capitale, deux ans avant mon
départ aux États-Unis, fut ma rencontre avec le chercheur
biologiste Éric Le Cam. Alors que j'étais membre du bureau
de la Société française des microscopies, le Salon du livre a
demandé qu'un représentant de la société anime un bar des
sciences au Salon de l'an 2000. À cette époque, aucun des
membres ne pouvait le faire, pas même les «grosses têtes» de
la microscopie car il fallait être présent à une certaine date.
J'ai eu rapidement envie de le faire moi-même. Cependant,
je voulais bien être la représentante de la communauté des
physiciens mais je voulais aussi un biologiste avec moi;
cela me paraissait évident. C'est en pensant au biologiste
Étienne Delain, très ouvert aux techniques des physiciens
et que j'avais rencontré depuis longtemps dans mon labo-
ratoire de cristallographie, que j'ai accepté de faire ce bar
des sciences au Salon du livre. Mais le hasard a voulu qu'il

53
La science, la matière et la spiritualité

ne puisse pas être disponible à cette date. Éric Le Cam, qui


appartenait au même laboratoire, faisait déjà de la vulgari-
sation scientifique et a accepté de faire le bar des sciences
avec mm.
C'est au cours de cette expérience que j'ai compris que
les approches en physique et en biologie étaient semblables,
bien que les outils soient très différents pour étudier la
structure, le comportement et les propriétés des fonctions
biologiques. Mon passage à la biologie s'est concrétisé
quatre ans plus tard en rejoignant son équipe.

Reconversion dans le domaine du Vivant:


le cadeau des synchronicités
Sans le savoir, la mise en route du livre avait anticipé ma
reconversion en biologie quatre ans plus tard car elle est
intervenue juste avant de partir pour une année sabbatique
à Berkeley en Californie. C'est à mon retour des États-Unis,
un an et demi plus tard, que je décidai de me réorienter en
biologie pour faire la dernière partie de ma carrière dans le
domaine du vivant. Cela faisait des années que je voulais
travailler sur les matériaux du vivant au microscope et
apporter ma petite brique personnelle à la recherche dans ce
domaine. J'avais même commencé à aider les collègues dans
mon laboratoire de Villejuif pour des observations d' ADN
sur un des supermicroscopes pendant mes séjours réguliers
au Centre international de microscopie de Berkeley à l'uni-
versité de Californie.

54
Mon parcours initiatique dans la science

C'est donc en écrivant ce livre interdisciplinaire, de la


physique à la biologie, sur la préparation des échantillons
pour la microscopie électronique, que j'ai démarré mon
initiation au monde du vivant.
Ma reconversion en biologie était quelque chose que je ne
pouvais pas remettre en question; mon intuition profonde
était que je devais suivre cette voie. Il faut dire que changer
de domaine me faisait changer complètement mes repères,
ceux des lois de la physique classique auxquelles je m'étais
confrontée, en passant de la nature ordonnée de la matière
cristalline à la notion d'ordre-désordre-chaos, en constante
dynamique dans le domaine du vivant.
Il a fallu m'approprier un nouveau langage, de nouveaux
repères liés à la nature du vivant. J'ai dû mettre de côté
tout ce que je connaissais. Oublier et recommencer à
apprendre ! Cela fut une vraie initiation au vivant en moi
de découvrir d'autres espaces jamais explorés. Moi qui
aime comprendre et apprendre, j'étais servie! Je vivais en
parallèle ma vie personnelle comme en écho avec ma vie
professionnelle.
Ce que je retire de mon expérience sur la préparation de
ce livre, c'est ce que j'ai appris sur la matière: La matière
existe dans tous les états sans discontinuité depuis la matière
solide stable comme les minéraux, les métaux, les polymères,
les semi-conducteurs, les supraconducteurs, les céramiques,
les composites, etc., jusqu'à la matière vivante baignant dans
un liquide qui va lui conférer des propriétés particulières
liées à la dynamique constante des systèmes vivant. Dans

55
La science, la matière et la spiritualité

le vivant, le mot «propriétés» correspond aux fonctions


biologiques.

Retour sur les bancs d'école de la vie


À mon arrivée «en biologie», je suis retournée pendant
deux ans sur les bancs de l'université pour apprendre la
biologie et me familiariser avec ce monde nouveau. J'avais
l'impression pendant les cours que les mécanismes du vivant
relevaient de la science-fiction; incroyable aux yeux d'une
physicienne de la matière dure! J'ai appris toutes les tech-
niques de biologie moléculaire pour préparer et étudier
l'ADN et les complexes ADN-protéines au microscope
électronique. Ces complexes sont les acteurs des méca-
nismes de maintenance et de remodelage de l'ADN dans
le génome.
J'avoue qu'après deux ans de paillasse, j'ai appris à
préparer l'ADN par PCR2 , purifier l'ADN par chromato-
graphie puis faire des complexes in vitro et les observer au
microscope. Vous le savez peut-être, la réaction en chaîne
par une polymérase PCR est la technique de polymérisa-
tion des paires de bases de l'ADN pour amplifier un tout
petit fragment d' ADN afin de l'identifier ou d'identifier
la carte génomique d'une espèce vivante, comme l'espèce
humaine!

2. Polymerase chain reaaion: réaction en chaîne par polymérase.

56
Mon parcours initiatique dans la science

Et si on appliquait la science
des matériaux au domaine du vivant?
Aussi fantastique que cela soit de maîtriser la fabrication
d'un morceau d'ADN à l'atome près, je n'étais pas satisfaite
au regard de ce que j'attendais de la biologie. En fait, j'étais
une physicienne travaillant en biologie mais pas une biolo-
giste de formation. De mon point de vue, rien ne ressemble
plus à une molécule d'ADN qu'une autre molécule d'ADN!
Tout cela parce que, bien sûr, je n'en savais pas assez! Il
est en réalité très complexe de comprendre les diflèrentes
conformations de l'ADN en fonction de la nature des proté-
ines qui y sont reliées et de leurs interactions. Savoir à quel
niveau elles interviennent parmi les millions de possibilités
qui existent dans une cellule. . . Le travail est énorme et,
malgré toute la complexité, les biologistes moléculaires ont
réussi à identifier un certain nombre d'acteurs Qes protéines)
qui sont responsables des mécanismes de la réplication, de
la réparation et de la recombinaison.
Dans mon laboratoire, nous savions non seulement fabri-
quer n'importe quel morceau d' ADN mimant une partie du
génome, pour étudier le remodelage de l' ADN au cours des
mécanismes de maintenance du génome, mais nous savions
aussi les observer en utilisant diflèrentes microscopies.
Aujourd'hui, on s'intéresse dans la recherche en biologie
cellulaire à la microscopie corrélative, qui se rapproche de
la science des matériaux en vue d'étudier un phénomène
unique avec diflèrentes techniques d'observation. Pour se
rapprocher le plus possible des conditions d'observation du

57
La science, la matière et la spiritualité

vivant, c'est-à-dire la matière vivante dans l'état natif en


phase naturelle aqueuse, on travaille sur des cellules conge-
lées que l'on va couper à froid, à la température de l'azote
liquide, pour les observer au microscope et les analyser en
mode cryoscopique à basse température.
Le froid maintient les cellules sous leur forme solide
amorphe pendant l'observation. La quantité de ce type
d'études explose grâce à 1' évolution des microscopes élec-
troniques. On étudie aussi la structure de protéines seules
en solution, sous forme de complexes protéiques comme
les nucléosomes ou les ribosomes, et aussi les complexes
ADN-protéine par cryomicroscopie. Ces études sont
lourdes mais elles permettent d'avoir accès à la dynamique
et aux structures fonctionnelles de ces protéines jusqu'à
l'échelle atomique. Étant donné l'apport des informations
structurales à 1' échelle moléculaire, la cryomicroscopie
électronique a été récompensée récemment par un prix
Nobel de chimie Qacques Dubochet, Joachim Frank et
Richard Henderson, 2017) pour la détermination précise
de la structure des protéines.
Pour ma part, ce qui m'intéressait en biologie était de
relier la structure et les propriétés ou fonctions du vivant,
du niveau moléculaire au niveau cellulaire, puis au niveau
du tissu, puis de 1' organe, puis de 1' ensemble du corps. Le
niveau supérieur étant ensuite le niveau macroscopique à
l'échelle de l'homme dans toutes ses dimensions. C'est bien
sûr un défi impensable pour un biologiste, et même pour
un physicien!

58
Mon parcours initiatique dans la science

Mais au fond de moi, toutes mes recherches depuis des


années m'ont guidée dans cette direction. Le corps entier est
plus que la somme de toutes ses parties. Même si l'état des
connaissances augmente vertigineusement, et que les études
sur les cellules sont fabuleuses, elles restent encore insuffi-
santes aujourd'hui pour répondre à la globalité de l'Être.
Dans le vivant, ma quête est donc de relier les différents
états de la matière à la dimension spirituelle qu'elle porte en
elle ... Pour avancer un peu plus dans ce chemin, je me suis
intéressée à l'étude et à la compréhension des mécanismes
moléculaires dans les cellules, ce qui a constitué pour moi
une très belle étape.

Voir les cellules au microscope


électronique en transmission
La première fois que j'ai observé les cellules que j'avais
moi-même préparées fut une très grande joie.J'étais éblouie
par la beauté des structures de la complexité du vivant.
J'avais l'impression d'observer la structure de la Voie lactée
dans l'univers avec la même intensité qu'à 3 000 mètres
d'altitude sans aucun parasite. Une fois encore, comment
reconnaître toutes les structures internes dans les cellules ?
Tout un nouveau monde s'ouvrait à moi.
Il faut savoir que lorsqu'on observe des cellules au
microscope électronique en transmission (MET), elles sont
déjà mortes et vidées de leur eau. Celle-ci est remplacée
par une résine polymère qui en fait un composite dur et

59
La science, la matière et la spiritualité

facile à couper en tranches ultrafines pour 1' observation au


microscope.
Pour avoir une idée, imaginez une épaisseur cent fois
plus petite qu'un cheveu vu au microscope ... C'est l'échelle
du millionième de mètre, ou l'échelle nanométrique du
milliardième de mètre !
De plus, pour mieux voir les cellules, on ajoute des atomes
lourds que 1' on appelle des «contrastants chimiques» (sels
d'uranium, plomb, etc.), ce qui nous éloigne de leur struc-
ture intrinsèque. Malgré tout cela, l'imagerie cellulaire par
microscopie électronique a permis ces cinquante dernières
années de révéler et de comprendre le fonctionnement des
structures des différents organites dans les cellules, qui font
partie de l'ultrastructure des cellules. Ces composants sont
des structures fonctionnelles qui permettent d'assurer la vie
et la survie de la cellule.
Je réalise aujourd'hui que ce fut un travail de titan pour
chaque microscopiste, consistant à travailler comme des
fourmis à 1' observation et l'identification des structures, et
à la quantification des mécanismes mis en œuvre dans la vie
de la cellule saine et dans les cellules pathogènes.
Pour chaque type cellulaire, des semaines de préparation,
d'observation et d'analyses d'images sont indispensables à
la statistique des résultats et à leur quantification, de façon
à confirmer un mécanisme. Pour comprendre cela, il faut
imaginer une orange que 1' on veut observer en entier au
microscope à partir de lames ultraminces de 30 nm à 200 nm.

60
Mon parcours initiatique dans la science

On a besoin des informations contenues dans toute l'orange


et pas seulement dans un quartier.
Pour reconstituer les informations contenues dans 1'orange,
il faut un grand nombre d'observations de toutes les coupes
possibles, transversales, longitudinales et tangentielles. Quand
il s'agit d'une cellule, sa vie a été arrêtée à un instant donné.
Les organites sont localisés dans le cytoplasme et l'ADN dans
le noyau. En observant une seule tranche de cellule, on a peu
de chances de trouver toutes les ultrastructures. On ne verra
que celles qui sont contenues dans la coupe. C'est pour-
quoi nous préparons des millions de cellules dans toutes les
orientations afin d'avoir des résultats cohérents à interpréter.
Aujourd'hui nous sommes bien aidés avec les nouvelles
techniques de tomographie électronique, qui permettent de
reconstituer la structure 3D pour chaque tranche.

Voir et comprendre la mort cellulaire


dans une cellule
Au niveau cellulaire, après avoir appris comment préparer
les cellules, je me suis mise à étudier les interfaces entre les
cellules cancéreuses et les cellules du système immunitaire
appelées «lymphocytes», en vue de comprendre comment
se faisait la destruction des cellules cancéreuses. La mort des
cellules cancéreuses est provoquée par des granules toxiques
que les lymphocytes fabriquent à cette fin.
J'avais voulu aller plus loin et mieux comprendre la
mort cellulaire en allant l'étudier de plus près. Cela me

61
La science, la matière et la spiritualité

rapprochait de mes objectifs inconscients: voir ce qui se


passe au niveau intime du vivant. Il est fascinant de constater
que, lorsque le lymphocyte «attrape» la cellule cancéreuse,
il ne la lâche plus, et cela ressemble au baiser de la mort.
Ce baiser prépare la fabrication, via des protéines appelées
les «perforines », d'un véritable tunnel pour laisser passer
les granules toxiques dans la cellule cancéreuse et la faire
exploser. Nous verrons dans la partie 4, consacrée à l'intel-
ligence au cœur du vivant, un exemple de ce baiser de la
mort sur les figures de microscopie électronique (figure 20,
chapitre 10) qui montrent deux lymphocytes interceptant
une cellule tumorale.
Je suis ainsi entrée dans l'étude des mécanismes de la mort
cellulaire et des signaux moléculaires associés au démar-
rage de l'apoptose. J'ai appris à localiser les antigènes d'une
cellule grâce à des anticorps associés à des marqueurs que
l'on visualise. Il est possible d'identifier les mécanismes de
mort cellulaire, les mécanismes de défense des cellules sous
l'effet de stress oxydatif, ou encore les mécanismes d'inter-
nalisation de nanoparticules dans les cellules. Ces dernières
servent de vecteurs de médicaments. On peut faire changer
les voies de signalisation par internalisation d' ADN dans des
cellules via des nanoparticules, et faire transcrire un ADN
étranger dans le génome de cellules qui vont fabriquer alors
des protéines particulières. Le génie des cellules et de la vie
est tout à fait fascinant.

62
Mon parcours initiatique dans la science

La ligne directrice
Il est amusant de constater que ma venue en biologie
m'amenait à boucler la boucle de mes recherches depuis
mon entrée au CNRS.J'avais en effet commencé la micros-
copie avec les matériaux carbonés mal organisés, dans un
laboratoire de cristallographie, puis j'étais passée aux maté-
riaux cristallins et enfin je suis retournée aux matériaux
carbonés qui sont les constituants principaux de l' ADN et
du vivant en général.
J'ai le souvenir que je fus à l'origine des premières images
de microscopie électronique en fond noir de l'ADN lorsque
j'étais dans le laboratoire de cristallographie d'Orléans.
J'avais appliqué sur l'ADN les mêmes méthodes d'obser-
vation que pour les carbones mal organisés, et cela avait
fonctionné. Dans mon dernier laboratoire de Villejuif, on
applique depuis cette époque les conseils donnés pour opti-
miser le contraste de l'ADN en utilisant des diaphragmes
annulaires dans le microscope. Cette technique est toujours
d'actualité aujourd'hui puisque toutes nos observations
d' ADN reposent sur ces modes d'observation.

Au bout du compte
À l'époque où j'ai quitté la supraconductivité pour
arriver en biologie, on découvrait la supraconductivité
de l'ADN ! Il s'agit en fait de la supraconductivité induite
de l'ADN quand il est connecté à un conducteur métal-
lique. C'était comme si le carbone ne me lâchait pas et la

63
La science, la matière et la spiritualité

supraconductivité non plus. Plus je rentrais dans l'intimité


de la biologie et de ses mécanismes, et plus je me demandais
comment tout cela fonctionne réellement dans le vivant,
en dehors des expériences de laboratoire sur cultures de
cellules isolées.
Ma contribution principale en biologie fut d'apporter les
outils d'observation de la physique des matériaux afin de
les appliquer aux observations moléculaires et cellulaires et
d'être bien ancrée à la frontière physique-biologie, compre-
nant les approches de chaque communauté.
J'ai appris à certains biologistes comment observer les
cellules selon des modes non conventionnels pour augmenter
le contraste dans les images en évitant au maximum les
ajouts chimiques.
Les découvertes que je fis grâce au microscope me
passionnent toujours. Ma contribution en biologie, bien
que modeste, fut pour moi la continuité de mon voyage
initiatique, à un niveau plus profond.
C'est en me plongeant dans le vivant avec toutes ses
caractéristiques, et en me reconnectant à toutes mes connais-
sances en physique, chimie et sciences des matériaux, que
j'ai pu nourrir le questionnement qui me guide depuis des
années sur la compréhension du lien entre la formation de la
matière, sa structure et ses propriétés, au niveau du vivant.
À 1' échelle de l'humain, comment tout cela fonc-
tionne-t-il? On le comprend bien au niveau des matériaux
mais, au niveau de l'être humain, la matière qui vibre en

64
Mon parcours initiatique dans la science

nous est également faite d'atomes et d'eau, ce qui rend


les systèmes dynamiques. Ils sont néanmoins constitués
eux-mêmes de particules élémentaires comme les électrons,
les neutrons et les protons. Cette matière vivante est diffé-
rente par son état et ses propriétés complexes.
Les atomes et les particules qui la constituent sont les
mêmes et ont un comportement de nature chaotique qui
obéit à la dualité onde-particule de la physique quantique.
Pourquoi la dualité onde-particule ne s'appliquerait-elle
pas à l'homme dans toute sa dimension?
La loi d'échelle des propriétés devrait valider les lois de
la physique quantique pour comprendre le comportement
humain.
C'est à partir de ces réflexions que je me suis plongée
dans la compréhension des phénomènes biologiques vus par
la physique quantique et que j'ai rassemblé mes expériences
professionnelles et personnelles dans une vision plus globale
de l'homme dans toutes ses dimensions.
En effet, mes recherches sur le vivant m'ont fait toucher
la dimension spirituelle de la matière. Elles m'ont permis
de voir que tout est relié, de la cellule individuelle d'un
organisme à l'organisme tout entier et au cosmos lui-même.
Les connaissances que j'ai acquises dans les différents
domaines de la matière que j'ai explorés, des matériaux
carbonés aux matériaux supraconducteurs puis au vivant,
m'ont conduite au cœur du vivant en moi et surtout m'ont
permis de relier la nature profonde de la matière à sa dimen-
sion spirituelle.

65
La science, la matière et la spiritualité

Ce lien du microsome au macrocosme, inscrit dans le


programme de chaque règne -minéral, végétal et animal-,
préexiste au cœur de l'humanité au niveau de chaque parti-
cule élémentaire, chaque atome, chaque molécule, chacune
de nos cellules et enfin de chaque individu en lien avec
l'univers. Derrière chaque parcelle de l'univers se trouve
l'univers tout entier.
Les théories qui expliquent aujourd'hui la formation de
la matière depuis ses composantes élémentaires jusqu'aux
grands systèmes, du minéral au vivant, donnent accès à une
nouvelle vision.
Ma conviction profonde est que la connaissance intime
de la structure de la matière permet aujourd'hui d'inté-
grer les différentes dimensions de l'être depuis le microcosme
de la physique quantique jusqu'au macrocosme de l'homme
multidimensionnel de la théorie du Tout.
Partie 2

Le monde de la matière
Chapitre 2

L'esprit de la matière

Il est bien difficile de définir 1' esprit tant il concerne


toutes les propriétés de perception et toutes les facultés de
comportement harmonieux que l'on peut observer dans le
vivant chez toutes les espèces. L'esprit du vivant incarne
chaque espèce au niveau le plus profond de la matière,
celle-ci pouvant appartenir à tous les règnes qui existent
dans l'univers.
L'esprit de l'homme représente la totalité des phéno-
mènes et des facultés mentales : perception, affectivité,
intuition, jugement, morale, etc. Il est le siège de la pensée,
des concepts, des idées qui nous «viennent à l'esprit», et le
principe de la vie psychique, intellectuelle, faisant apparaître
nos capacités intellectuelles, notre intelligence, la singularité
propre à chacun. On ne peut voir l'esprit d'une personne
qu'à travers les facultés intellectuelles, les qualités humaines,
le comportement, la manière de penser et d'envisager les
choses, avec humour ou ironie par exemple, et les intentions
profondes qui s'y expriment. Certaines religions ont opposé

69
La science, la matière et la spiritualité

le corps et l'esprit et parlent plutôt d'âme, une conscience


immatérielle incarnée dans la matière. L'esprit et le mental
sont de différente nature ; le premier serait la source de
notre âme et 1' autre correspond aux mécanismes de 1' esprit
à 1' échelle du cerveau.

Mais d'où vient l'esprit de la matière?


Parler d'esprit revient donc à parler de toutes les propriétés
de la matière qui sont invisibles à 1'œil nu. Pour comprendre
1' esprit de la matière et toutes ses manifestations, il faut
remonter à son origine, sa formation et son histoire dans
son environnement.
En faisant référence à la création de l'univers il y a
15 milliards d'années, un événement primordial dans l'exis-
tence de l'univers s'est produit, un instant ultime appelé «Big
Bang» à partir duquel l'univers s'est mis en expansion. Cette
«singularité» dans le temps a donné naissance à l'univers
que nous connaissons aujourd'hui. Sorti d'un chaos extrê-
mement chaud et dense, l'univers en expansion se refroidit
et se transforme. Le Big Bang a provoqué la formation de
particules infimes dans un désordre indescriptible. L'univers
créé ressemble à une purée homogène de particules élémen-
taires (électrons, photons, quarks, neutrinos, etc.).
Entre ces différentes particules s'exercent des forces qui
les amènent à réagir et parfois à s'associer. Quatre forces
ont présidé à 1'assemblage des particules, atomes, molécules,
jusqu'aux grandes structures célestes. La force nucléaire

70
Le monde de la matière

forte a pennis de souder les particules élémentaires dans


les noyaux atomiques, la force électromagnétique assure la
cohésion des atomes et des molécules, la force de gravité
organise les mouvements à grande échelle (étoiles, galaxies)
et la force nucléaire faible intervient au niveau des parti-
cules situées dans les noyaux atomiques (neutrons, protons).
Contrairement à l'univers qui n'arrête pas de se modifier,
les lois physiques, elles, ne changent pas, ni dans l'espace
ni dans le temps. Des simulations mathématiques montrent
que si les forces avaient été légèrement différentes, l'univers
ne serait pas sorti de son chaos initial. Aucune structure
complexe ne serait apparue, pas même une molécule de
sucre. C'est sous l'effet successif de l'action de ces quatre
forces physiques fondamentales qu'ont lieu les différentes
étapes de formation des atomes, des gaz, des molécules, des
étoiles, des galaxies ... Leur existence suffit à décrire tous les
phénomènes physiques observés jusqu'ici.
Dans cette purée primitive, tout est mélangé, désordonné
et désorganisé. On peut comparer cette purée primitive,
comme le dit Hubert Reeves, à «une soupe avec des pâtes
en forme de lettres de l'alphabet» avec lesquelles on s'amuse à
écrire. Dans l'univers, comme les pâtes, les particules élémen-
taires vont s'assembler en mots. Les mots vont s'associer à leur
tour en phrases. Ces phrases s'organisent elles aussi plus tard
pour former des paragraphes, des chapitres, des livres.

Le fait que la naissance de l'univers commence par un


chaos est très intéressant. Qu'est-ce qui a créé ce chaos?

71
La science, la matière et la spiritualité

Viendrions-nous du chaos? Quelle est la nature de cette


conscience créative que 1'on appelle la «conscience pure » ou
la« conscience universelle»? Elle est la source de tout. C'est
l'intention créative de la vie qui va donner l'impulsion pour
créer la forme à partir du sans-forme en attente de prendre
une forme, à partir du champ quantique, le point zéro.

La physique quantique a découvert la conscience pure en


théorie. La création a jailli du néant de la conscience pure,
le «sans-forme» qui informe pour donner forme à tout ce
qui existe. Comme le disait le grand physicien quantique
David Bohm, ce champ universel est un «tout illimité » au
sein duquel règne un ordre implicite de l'univers. C'est l'in-
tention primordiale de la vie qui, dans le sans-forme, donne
le potentiel à la vie. Ce« sans-forme» est en attente de créer
l'énergie dans une forme. Chaque parcelle de conscience
informée donnera forme à un objet visible à nos yeux, à une
pensée visible par notre esprit.

Ainsi, depuis la nuit des temps, cette conscience pure


crée depuis le point zéro ou vide quantique chaque parcelle
de l'univers qui, une fois informée, s'incarne de façon spéci-
fique dans une forme-énergie. La forme la plus simple de
la manifestation est la vibration, l'onde qui porte l'infor-
mation. C'est le premier niveau de la densification de la
matière. Ensuite, lorsque plusieurs ondes interfèrent, elles
créent d'abord les objets les plus simples constituant les
particules élémentaires subatomiques.

72
Le monde de la matière

Ordre Absolu, Amour Inexprimé, Non expfrlence, sans tonne

Point Uro, vide quantique

Information

Particules l'lntetffrence des


subatomiques ondes crff les objets

atome $
Mol6cula ~

........
Matlàre condênsff

.......
"
Figure 1 : Modélisation des différents niveaux
de la manifestation lors de la formation de la matière.

À chaque niveau de la manifestation, comme le schéma-


tise la figure 1, les éléments se regroupent pour former de
nouvelles structures à un niveau supérieur. Chacune de ces
structures possède des propriétés que n'ont pas individuel-
lement ses éléments. Les quarks s'assemblent en protons et
neutrons. Plus tard, ceux-ci s'assembleront en atomes. Les
atomes se forment et donneront des molécules simples. Les
molécules formées s'organisent pour former de nouvelles
structures de plus en plus complexes. On y trouvera la pyra-
mide de la nature.

73
La science, la matière et la spiritualité

Chaque chose est à la fois forme et énergie. La conscience


pure est source d'énergie, mais n'est pas l'énergie. Chaque
objet exprime les qualités implicites de l'univers: informa-
tion, ordre et énergie.

Les états de méditation nous relient à cette conscience


pure, au sans-forme, et nous apportent des informations
impensables vues de notre esprit, lui qui ne reconnaît que
les formes déjà connues.
La source de l'inspiration vient de cet espace illimité
qu'est la conscience pure. Cette source infinie permet de
nous relier à notre potentiel de guérison comme le dit
Frank J. Kinslow dans le livre LA Guérison quantique.

Pour revenir à 1' esprit de la matière, d'un matériau ou


d'une espèce vivante, toutes les formes de matière trans-
portent toute l'information de la matière et toutes ses
potentialités, propriétés, qualités, spécificités, etc., qui sont
liées à la nature même de la matière informée. Tout ce
qui existe a une raison d'être. Tout est conscience dans
l'univers.

Dans mes recherches sur l'étude de la structure des céra-


miques supraconductrices en science des matériaux, je me
suis intéressée aux liens qui existent entre l'origine, la forma-
tion, la structure et les propriétés résultantes des matériaux, et
en particulier aux liens entre la structure cristallographique,

74
Le monde de la matière

les propriétés macroscopiques et les propriétés microsco-


piques quantiques, c'est-à-dire les propriétés à l'échelle des
interactions entre les électrons de chaque atome d'un objet.

Un cristal correspond à l'ordre le plus élevé de l'organi-


sation entre atomes dans une structure solide. Il représente
une très forte énergie densifiée. Plus les interactions sont
fortes, plus les atomes sont fortement liés, conduisant à de
fortes énergies piégées dans la structure. Cette structure
finale montrera une forme particulière correspondant à cette
énergie densifiée. Elle porte en elle toute l'histoire de son
origine et de sa formation.

Les propriétés physiques d'un cristal sont invisibles à 1' œil


nu. De la même façon que l'on peut sonder un esprit à
partir du comportement de la personne, de ses capacités,
ses actions, son intelligence, la singularité propre à chacun,
on va sonder l'esprit du cristal en utilisant de nombreux
outils pour détecter toutes les informations contenues dans
la structure, qui porte en elle la mémoire de son origine et
son histoire.

Quand nous prenons un cristal de quartz dans la main,


nous pouvons sentir l'interaction entre ce cristal et notre
corps, parce que les atomes, bien que piégés dans la struc-
ture, vibrent. Les hautes fréquences de vibration atomique
qu'ils émettent en lien avec l'ordre cristallin entrent en

75
La science, la matière et la spiritualité

résonance avec notre propre vibration humaine. Ce phéno-


mène conduit à une fréquence de résonance que 1' on peut
sentir dans les mains. On dit alors que l'on se recharge
avec l'énergie du cristal. Quand on est rechargé, la réso-
nance s'arrête. Ce n'est pas magique, c'est de la physique!
On comprend dès lors toutes les applications possibles des
propriétés et qualités des cristaux au service de l'humain.

L'esprit de la matière se trouve dans ses propriétés


physiques et fonctionnelles. On peut ainsi comprendre l'in-
telligence des minéraux, et 1' on parlera même de matériaux
intelligents. Dans le domaine du vivant, cette intelligence,
cette conscience, est à l'œuvre indéfiniment et ne cesse de
nous montrer toutes ses facettes en fonction de son adapta-
tion à 1' environnement, ses mécanismes de réparation et de
survie. C'est la conscience de la vie qui est en œuvre.

L'esprit de la matière est caché dans la matière; c'est toute


la partie invisible que l'on ne peut détecter qu'en allant
sonder la matière, en l'analysant à l'échelle microscopique.
C'est ce qui va être décrit dans les chapitres suivants.
Chapitre 3

L'art de la matière
ou l'art de créer

Du macrocosme au microcosme
de chaque parcelle de la création
Tout ce qui nous entoure, la beauté de la nature, les
minéraux, les océans, les arbres, les fleurs, les différentes
espèces végétales et les différentes espèces animales dont
nous faisons partie, les planètes, runivers, le cosmos, tout est
fait de matière dont chacune des formes a une signature. La
matière qui vibre en nous est faite aussi de mêmes éléments
que chaque parcelle d,étoile de runivers. Seules leur nature
et leur signature changent.
Quand on regarde un grain de sable, on est à mille lieues
de penser que ce grain provient des étoiles ; et pourtant!
Quand on regarde ce même grain de sable au microscope,
on découvre tout un univers infiniment petit fait d, atomes
qui eux-mêmes sont constitués de particules élémentaires
invisibles à r œil du microscopiste, mais visibles à celui qui

77
La science, la matière et la spiritualité

étudie la structure nucléaire des atomes dans un accélérateur


de particules.

Au cours de l'évolution, venant de l'espace interstel-


laire, la matière s'est formée, transformée depuis des formes
simples jusqu'à des formes plus complexes. À toutes les
échelles d'observation, l'ordre apparaît comme l'ultime
transformation qui permet de préserver la vie et l'évolution.
En chemin, les objets qui nous entourent, qu'ils soient du
domaine du monde minéral ou de celui du vivant, choi-
sissent des formes préférentielles qui sont des signatures de
leur origine et de leur histoire.

Dans la nature, tout existe à qui sait regarder; nous ne faisons


que mimer. Quand on regarde un oiseau voler, on voit le
lien direct avec la forme des avions. Quand on regarde un
papillon avec la multitude de couleurs irisées sur ses ailes, on
peut penser à des interférences de lumière et c'est exactement
cela. Ce qui est sous-jacent est la structure des ailes qui sont
constituées de réseaux et la lumière qui arrive sur les ailes va
réfléchir de façon différente en fonction de chaque réseau,
tel un arc-en-ciel se formant après la pluie et montrant un
faisceau multicolore si beau à voir à travers les nuages. Son
apparition est un moment superbe, un vrai cadeau pour les
yeux! En fait, après la pluie la lumière traverse une zone
atmosphérique où les millions de particules d'eau vont jouer
le rôle de prisme ou de réseau, comme les ailes du papillon.

78
Le monde de la matière

La lumière blanche est décomposée en ses sept couleurs


fondamentales par le phénomène de diffraction.
La technologie ou nanotechnologie, que l'on peut
nommer l' «intelligence artificielle» des matériaux, c'est
l'homme qui est intervenu pour explorer, développer et
utiliser les propriétés spécifiques de matériaux à ses propres
fins. Ici aussi, c'est en observant la nature et certaines espèces
aquatiques ou terrestres que l'homme s'est inspiré de leur
façon de faire pour développer certaines fonctions. La tech-
nologie va utiliser les propriétés des matériaux de base et
leur structure pour faire des matériaux nouveaux particu-
liers en fonction de l'application souhaitée. Les mots-clés
matière-structure lpropriétéjonction sont à la base de la techno-
logie, quelle que soit l'échelle d'application.
Ces matériaux intelligents sont associés à différents
types de matière première dotés de propriétés différentes.
Le résultat est que les propriétés de l'ensemble sont plus
que la somme des propriétés de chacun des constituants.
Les propriétés qui en émergent ont ouvert une porte à des
applications très exotiques que l'on retrouve dans nos ordi-
nateurs ou téléphones portables pour ne parler que d'eux!

Voyage dans l'infiniment petit au cœur


de la structure de la matière
La formation de la matière résulte d'interactions multi-
ples entre atomes, eux-mêmes constitués de particules
élémentaires comme les électrons, les protons, les neutrons.

79
La science, la matière et la spiritualité

Chaque atome est un monde à lui seul car il porte en lui le


potentiel de toutes les interactions possibles avec les autres
atomes. Les interactions entre atomes passent d'abord par
l'interaction entre particules élémentaires grâce au cortège
d'électrons qui interagit en premier lieu. Ce cortège d' élec-
trons correspond à la partie invisible des interactions qui
anticipent toute réaction avant que la matière s'organise
ou réagisse. Les réactions chimiques dans la matière sont
TOUJOURS plus lentes ... que les interactions entre électrons
ou photons.
Tout se passe dans l'invisible au cœur de la matière avant que
toute structure apparaisse.
Ce que nous apprend la science des matériaux, c'est que
toute matière organisée porte des informations de structure,
de composition chimique et de liaisons chimiques qui sont
responsables de ses propriétés physiques macroscopiques
(électroniques, optiques, mécaniques, électriques, magné-
tiques) ou fonctionnelles spécifiques au domaine du vivant.
Seules les échelles d'observation infiniment petites
permettent d'accéder à l'organisation des atomes ou des
molécules à l'échelle de leur formation. L'outil le plus
utilisé est le microscope électronique en transmission.
C'est celui-ci que j'ai utilisé dans toutes mes thématiques
de recherche sur la structure de la matière en relation avec
l'étude de ses propriétés.
Le cadeau de la microscopie, c'est qu'au-delà de la beauté
des images elle nous donne accès à l'art de la matière et nous
emmène au cœur des mécanismes, « de la structure de la

80
Le monde de la matière

matière inerte à la complexité du vivant», là où !'infiniment


petit et !'infiniment grand sont reliés ...
La figure 2 montre tous les domaines d'application de
la microscopie électronique depuis le monde de la tech-
nologie, des minéraux, des matériaux, des nanomatériaux,
jusqu'au monde du vivant, des loisirs et de l'art.

Monde du Vivant
loisirs
Art

Matériaux

Nanomatériaux

Figure 2: Domaines d'application de la microscopie


électronique: le monde de la matière dans tous ses états.

81
La science, la matière et la spiritualité

LocâlisatiOQ Les
de sites Mat&laux
fooètionnels
sur ta membrue M:Ul~icouche
celbdaire oxydes

Structure Interfaces
et chimie

Figure 3: Exemples de microstructures de différents types


de matériaux observés au microscope électronique
en transmission.

La figure 3 montre des exemples de différents types de


matériaux du monde de la biologie moléculaire et cellulaire
ainsi que de la science des matériaux étudiés par microscopie
électronique en transmission (MET) où l'on peut distinguer:
• (3a) une image en fond clair de coupe d'une cellule
végétale;
• (3b) une image en fond clair de microscopie électro-
nique d'une coupe d'une lignée cellulaire humaine MT4
produisant du VIH (Éric Le Cam, UMRS 126, CNRS-
université Paris-Saclay, Gustave-Roussy, Villejuif);

82
Le monde de la matière

• (Je) image en fond noir d'ADN dans la chromatine


(Étienne Delain, CNRS Gustave-Roussy, Villejuif);
• (3d) une image en fond clair de localisation de sites
fonctionnels à la surface de la membrane de cellules
isolées K562, grâce au marquage des sites de glyco-
protéine de surface, avec des billes d'or qui décorent la
surface (Liliane Dubuisson, Sercomi, Bordeaux-2) ;
• (Je) une image en fond clair des interfaces dans des
matériaux multicouches d'oxydes supraconducteurs
YBa 2 Cu 3 0 7 et SrTi0 3 de la physique des maté-
riaux, utilisés pour des applications de mesures en
hyperfréquences ;
• (Jf) une image en fond clair de précipité YBaCu0 5
dans une matrice d'oxyde supraconductrice YBa2Cu30 7
contenant des défauts cristallins (macles de croissance).
Ces derniers matériaux sont utilisés pour le transport de
courants forts ;
• (Jg) une image en haute résolution qui permet de voir
à l'échelle atomique un défaut cristallin à l'interface entre
deux grains d'oxyde de strontium SrTi03 ;
• (3 h) image en fond noir de cristal liquide de structure
radiale de matériaux polymères issus de la carbonisation
sous pression et à haute température d'algues unicellu-
laires Botryococcus braunii;
• au centre de la figure 3, on peut voir un microscope en
transmission haute tension (200 keV).

83
La science, la matière et la spiritualité

L'apport des informations structurales et chimiques


à l'échelle atomique ou moléculaire, obtenues grâce à
la microscopie électronique, permet de comprendre les
relations qui existent entre l'origine de la matière, les méca-
nismes de sa formation et de sa croissance, sa structure et ses
propriétés physiques résultantes.
Pour comprendre ce chemin, deux voies paral-
lèles existent : analyser les matériaux bruts naturels ou
industriels, et analyser les modèles de matériaux qui vont
simuler les conditions initiales de formation et d' environne-
ment ou s'en rapprocher. C'est ce que j'ai fait au cours de
mes recherches scientifiques dans les différents domaines de
la géologie, de la physique des matériaux et de la biologie
moléculaire et cellulaire.
L'analyse microscopique de la structure des matériaux
de synthèse est une étape déterminante pour les applica-
tions dans beaucoup de domaines comme l'aéronautique,
l'astrophysique, le spatial, et en particulier pour toutes les
applications de l'électronique qui impliquent des dimensions
nanométriques des objets. On peut déterminer leur struc-
ture à l'échelle atomique et analyser aussi leurs propriétés
physiques locales (optiques, mécaniques, électriques,
magnétiques, électroniques) pour quantifier les propriétés
macroscopiques. Ce type d'étude fait partie de la science
des matériaux.

84
Le monde de la matière

L'art de la création
Par rapport à la matière minérale, qui a un nombre de
structures définies, la vie a cette capacité de se libérer de
la structure pour créer la diversité. C'est le voyage dans
!'infiniment petit de la matière qui va permettre d'accéder
à l'organisation des atomes ou des molécules. C'est par son
observation aux échelles microscopiques que la matière
va révéler sa beauté, ses secrets et son mystère, mettant
en évidence son art de la création. En plus de sa beauté,
elle nous emmène au cœur des mécanismes à l'œuvre dans
la formation de la matière inerte et de ceux qui tissent la
complexité du vivant: là où !'infiniment petit et !'infini-
ment grand sont reliés.
La création peut s'exprimer en termes de glissement
programmé vers l'ordre et la structure, aussi complexe
soit-elle.
Quelle différence existe-t-il entre quelques atomes qui
s'organisent dans un matériau ordonné ou qui s'assemblent
pour former une cellule qui se réplique ensuite par divi-
sion cellulaire ? La réponse est le moteur de la vie, hymne
à la différence et à la complexité. Est-ce la fonction ou la
propriété physique qui va déterminer la structure et donc la
forme ? Ou se.rait-ce la forme qui va engendrer la fonction
spécifique ?
La recherche scientifique, à travers ses expériences et ses
modèles, permet de comprendre les lois de la nature pour
prévoir les mécanismes de sa transformation. L'évolution

85
La science, la matière et la spiritualité

de la technologie ne peut plus se passer de l'exemple de la


matière vivante comme «modèle moléculaire supra-intel-
ligent ». Au travers de nos recherches, nous ne faisons que
nous rapprocher de cette connaissance.
Au regard de la beauté que la nature nous offre, l'ar-
tiste recrée le monde au travers de son propre regard. La
recherche de cette création passe par l'inspiration intuitive
qu'il a des structures de la matière et de ce qu'elle transporte.
Du minéral à l'homme, nous sommes tous des poussières
d'étoiles créées par 1' esprit de la matière ou, peut-être, par
la main de Dieu !
Chapitre 4

Le monde de la matière solide

Le monde de la matière organique


La matière organique vient de tous les règnes du vivant
dans la nature, les plantes et les animaux, qui répondent au
cycle de la vie: vie - mort - vie. Rien n'est permanent, tout
se transforme et passe par les étapes : naissance - croissance
- vieillissement - mort. La mort étant la transformation de la
matière vivante en matière organique. Les minéraux restent
minéraux mais se transforment par l'usure, la corrosion,
sous l'effet de l'environnement. Les bactéries, les algues, le
plancton, les végétaux supérieurs comme les arbres, appar-
tiennent au règne du vivant et, à ce titre, ils n'échappent pas
au cycle de la vie et se transformeront en matière organique
après leur mort, puis avec le temps en matériaux carbonés
naturels que l'on pourra exploiter ou non.

Au début de leur dépôt, pendant le stade de la diagenèse,


tous les organismes vivants sont transformés par dégradation

87
La science, la matière et la spiritualité

chimique en un polymère chimiquement stable appelé


«kérogène ». La diagenèse désigne l'ensemble des processus
physicochimiques et biochimiques par lesquels les sédiments
sont transformés en roches sédimentaires. Ces transforma-
tions ont généralement lieu à faible profondeur, donc dans
des conditions de pression et de température peu élevées.
Au cours de l'enfouissement croissant, qui est l'étape
suivante appelée «catagenèse », le kérogène est lui-même
soumis à une dégradation thermique à haute température
qui induit une modification de la composition chimique
du résidu carboné jusqu'à sa transformation en carbone pur
avec des traces d'atomes différents comme l'oxygène, le
soufre, le phosphore, etc., issus de son origine. La teneur en
carbone augmente et la teneur en hétéro-atome diminue.
Ce processus, qui peut durer plusieurs millions d'années,
permet de concentrer la matière initiale en carbone jusqu'à
une structure particulière. La formation des combustibles
fossiles, charbon, hydrocarbures et gaz, est une conséquence
naturelle à très long terme de la sédimentation et de l'en-
fouissement dans le sol. Le kérogène produira du charbon,
du pétrole et/ ou du gaz suivant l'évolution des différentes
conditions environnementales et en fonction de son origine.
La structure de la matière organique dépend de la
composition chimique initiale des atomes d'hydrogène
et d'oxygène, et en particulier des rapports hydrogène/
carbone et oxygène/ carbone.
Trois types de matière organique sont à l'origine des
matériaux carbonés naturels que l'on appelle kérogènes :

88
Le monde de la matière

1. Les bactéries, les algues: matières riches en composés


de chaînes de carbone aliphatique de forte valeur de la
concentration hydrogène (fort rapport H/ C) et faible
valeur pour les concentrations O/C. Elles pourront
conduire à la formation de pétrole.
2. Les végétaux supérieurs, arbres: d'origine humique
composés de chaînes aromatiques (charbon et gaz);
faible valeur de la concentration hydrogène/ carbone et
forte valeur pour les concentrations oxygène/ carbone.
Ils conduiront à la formation de charbon et de gaz.
3. Les planctons: composés de chaînes de carbone alipha-
tique et composés aromatiques. Ils pourront conduire à
la formation de pétrole, charbon et/ ou gaz.
Outre les conditions de pression et de température,
c'est la composition chimique et en particulier les rapports
hydrogène/ carbone et oxygène/ carbone du matériau
de départ qui va donc définir la nature de l'organisation
microscopique de la structure moléculaire après la carbo-
nisation. Ainsi, on va pouvoir, à partir de la caractérisation
de la microstructure d'un échantillon de matière organique
fossile, remonter de la nature du matériau à son origine.
Les forts taux d'hydrogène conduisent à une structure
étendue de l'organisation moléculaire des unités struc-
turales de base du carbone USB (plusieurs centaines de
nanomètres d'étendue), alors que la matière organique issue
du charbon donnera des domaines limités à l'étendue des
unités structurales de base de 5 nanomètres. Étant donné la
forte concentration d'oxygène, chaque unité est reliée par

89
La science, la matière et la spiritualité

des ponts oxygène et d'autres atomes (soufre, phosphore,


calcium ... ) présents dans la matière organique initiale.
Au cours de ma thèse d'État, j'ai étudié les conditions
de formation du pétrole à partir des simulations thermiques
expérimentales de l'évolution des roches-mères pétrolières
sous différentes conditions de pression et de température,
et en particulier à partir de la carbonisation d'algues unicel-
lulaires Botryococcus braunii, responsables de la formation
du pétrole. On retrouve ces algues fossilisées de plusieurs
millions d'années dans les gisements de kérogènes naturels
(Afrique, Australie, etc.).
L'idée de ce travail soutenu par Elf Aquitaine était de
savoir si un gisement de kérogènes naturels avait donné son
potentiel pétrolier ou pas, et cela à partir de l'analyse de la
microstructure des résidus. La figure 3a montre une image
de MET d'une coupe de cellule végétale Botryococcus braunii
en culture qui contient dans ses parois externes, visibles
en gris foncé, les hydrocarbures qu'elle fabrique naturel-
lement dans son métabolisme. J'ai montré que ce sont les
conditions sous pression qui correspondent à la formation
de la microstructure des kérogènes naturels et en particulier
à la formation de sphères de cristaux liquides, structures
concentriques et radiales fabriquées grâce à l'interaction de
la matière organique et des phases minérales présentes dans
les algues. On peut voir sur la figure 3h un exemple de
ces sphères radiales sur l'image en fond noir du polymère
résistant obtenu après carbonisation sous haute pression à
650 °C de ces algues.

90
Le monde de la matière

Le monde de la matière minérale


Quand on regarde un cristal comme un minéral, il
présente à l' œil nu une couleur et des facettes empreintes
de sa structure cristalline à l'échelle atomique. La présence
seule de facettes est un indice que le minéral est un mono-
cristal. Sans l'observer à l'échelle microscopique, s'il est
suffisamment gros, on peut reconnaître sa structure cristal-
line par sa forme macroscopique et s'attendre que les atomes
soient alignés dans tout le cristal. Quand on observe un
minéral plus complexe, ce sont les couleurs présentes qui
sont le témoin de la présence de plusieurs structures. Leur
distribution et leur morphologie (formes des précipités)
sont le résultat de l'histoire chimique et/ ou thermique.
Ainsi, un dégradé de couleurs dans un minéral peut être
interprété comme la présence d'un gradient de concentra-
tion et/ou d'un gradient de diffusion des atomes pendant
leur formation. La présence de formes rondes est la trace
d'une cristallisation à partir d'un liquide. Et ainsi de suite,
si plusieurs couleurs, formes sont visibles ...

Origine de la matière minérale


C'est dans les profondeurs de la Terre, sous l'effet
conjugué du brassage des éléments, de leur confinement
dans des conditions de température et de pression diverses,
que la matière minérale s'est peu à peu organisée en diffé-
rentes formes cristallines simples, monocristallines isolées
(figures 4a et 4b) ou associées à d'autres comme, par

91
La science, la matière et la spiritualité

exemple, celles des figures 4c à 4d, 4e et 4f, qui sont compo-


sées de différents oxydes: de calcium (fluorine, fig. 4c), de
silicium (quartz, fig. 4d, 4e ), de titane (rutile, fig. 4f ), ou
des mélanges d'oxydes plus complexes que 1'on trouve dans
les roches calcaires par exemple.

Organisation et structures
de la matière minérale
De nombreux types de morphologies et de propriétés
existent dans les roches et les matériaux. Ils sont chacun la
signature de la structure et de la composition chimique de
la matière. La croissance cristalline dans un environnement
particulier définira l'organisation et les propriétés particu-
lières de la matière. Ainsi, selon leur origine et leur histoire
thermique, l'organisation de la matière peut conduire à des
structures ordonnées comme dans un cristal, mal organi-
sées ou amorphes, c'est-à-dire sans ordre à grande distance,
comme les polymères.
Au cours de l'évolution, la matière minérale prend forme
et s'organise de façons diverses dans le confinement de la
terre, sous l'effet de l'environnement, de la température, de
la pression et du temps.
Suivant son histoire et sa composition chimique, la
matière prend vie sous difierentes formes : matière miné-
rale simple, formée d'un seul composé fait d'un seul type
d'atome ou de plusieurs (silice, oxyde de fer), puis minérale
plus complexe comme les granites, roches métamorphiques

92
Le monde de la matière

composées de différents oxydes. La matière s'organise aussi


dans des structures plus élaborées constituées de matériaux
naturels (simples et composites), cristallisés à l'état solide,
ou à partir de liquide.
Les minéraux sont les témoins d'une croissance lente
qui peut avoir lieu à l'état solide ou via une phase liquide
(fig. 4g). La cristallisation d'atomes ou de molécules en phase
solide perpétue à l'échelle macroscopique les structures
microscopiques, ce qui maintient les facettes des cristaux.
La présence de phase liquide dans les roches donne des
formes sphériques aux cristaux. La cristallisation depuis leur
centre conduit à des formes globulaires comme celles des
améthystes, alors que la cristallisation à l'état solide main-
tient les facettes des cristaux.

.~
,. , ;.-... ..
·

(a) Cristal de chlorure de sodium NaCl (structure cubique à faces


centrées) et le modèle de la structure de la maille élémentaire ;
(b) cristal de magnétite Fe30 4 forme octaédrique spinelle ;

93
La science, la matière et la spiritualité

(c) cristaux de fluorine: fluorure de calcium CaF 2 (structure


cubique);
(d) cristaux d'améthyste quartz Si0 2 (structure rhomboédrique:
cube déformé) ;
(e) bicristal de quartz oxyde de silicium Si0 2 (structure rhomboé-
drique) poussant face contre face ;
(f) bicristal de rutile ou oxyde de titane Ti02 (structure tétrago-
nale) montrant à l'interface, entre les grains, un plan de macle de
crmssance;
(g) bloc de cornaline montrant des globules de silice cristallisé en
phase liquide.
(Les images sont issues du livre «Encyclopédie des minéraux»,
Éditions Gründ, 1984).

Les formes des minéraux plus complexes comme les


polycristaux sont façonnées par le temps en des structures
montrant des formes cristallines variables, qui reflètent direc-
tement 1' organisation radiale ou concentrique des grains du
minéral ou de ceux d'une matrice, ou encore de ceux de
précipités dans une matrice.
Toutes ces morphologies macroscopiques sont associées
à des propriétés physiques particulières microscopiques
comme les propriétés optiques liées à leur couleur, structure
et composition chimique.
Chaque forme, chaque structure est la signature d'une
croissance dans un environnement donné, d'une histoire
particulière, de conditions cinétiques, thermodynamiques,
thermiques et chimiques très particulières.

94
Le monde de la matière

Ordre et symétrie dans les cristaux


La structure, la morphologie et la symétrie d'un cristal
sont sa signature. La structure d'un cristal correspond à l'or-
ganisation à l'échelle atomique des atomes qui le composent.
L'unité de mesure d'un cristal est la maille cristalline dont
les paramètres cristallins sont définis dans les trois directions
de l'espace. Leur densité varie en fonction de la structure.
Bien qu'il y ait un très grand nombre de minéraux et de
cristaux, le nombre de structures cristallines possibles est
défini. En effet, il existe seulement 7 types de réseaux cris-
tallins : cubique, hexagonal, quadratique, orthorhombique,
trigonal, monoclinique et triclinique, qui vont respective-
ment du plus symétrique (le cube) au moins symétrique
(le triclinique qui n'a aucun élément de symétrie) et qui
conduisent au maximum à 231 possibilités de types de struc-
ture, c'est-à-dire un nombre fini de structures cristallines.
La forme macroscopique d'un cristal ainsi que les facettes
visibles à l' œil nu correspondent à celles qui existent dans
sa structure à l'échelle atomique. La figure 4a montre un
cristal de sel de sodium NaCl et la maille élémentaire de
sa structure cubique à faces centrées: les atomes de Na se
trouvent au sommet du cube et au milieu de chaque face, et
les atomes de chlore sur le milieu de chaque côté du cube.
Si le cristal est tout seul pendant la croissance, ou plutôt
si l'environnement ne lui transmet pas de contraintes et que
sa croissance se fait lentement, sa structure sera directement
visible par sa forme macroscopique (figures 4a et 4b).

95
La science, la matière et la spiritualité

Si un cristal est associé à un autre cristal pendant sa crois-


sance, il peut choisir une orientation particulière qui va
minimiser l'énergie (figure 4c et 4d). Dans certains cas,
deux cristaux peuvent choisir de pousser l'un contre l'autre
parallèlement face contre face de même symétrie (figure 4e),
ou en partageant un plan atomique en commun en créant
une interface de parfaite symétrie que l'on voit à l' œil nu
et qui existe depuis l'échelle atomique, comme les deux
bicristaux de la figure 4f.
Si plusieurs cristaux poussent ensemble, chacun fera ce
qu'il peut pour minimiser son énergie, en fonction de la
proximité avec ses voisins. Son environnement va agir sur
les orientations possibles qui respectent leur structure. Cela
peut conduire à des gerbes de cristaux. Chacun va pousser
pour son compte, dans une direction particulière qui va
correspondre à des symétries particulières.
Quand on regarde des figures géométriques comme
celles de mosaïques ou de mandalas, on peut voir à l' œil nu
l'harmonie des formes. Chacune des formes a une symétrie
particulière ; ainsi le triangle parfait correspond à la symé-
trie 3, le carré à la symétrie 4, l'hexagone à la symétrie 6.
L'association de deux figures triangulaires parfaites comme
dans l'étoile de David donne une figure de plus haute symé-
trie comme l'hexagone qui peut s'inscrire dans un cercle.
Dans le mandala, le cercle contient toutes les autres formes.
Les nombres associés à ces formes sont appelés «éléments
de symétrie» ou «axes de symétrie» d'ordre 3, 4, 5 ou 6.
Dans une figure géométrique, on observe aussi facilement

96
Le monde de la matière

les plans de symétrie, comme celui qui existe entre nos deux
mains, nos bras, nos jambes et même dans notre cerveau, le
cerveau droit et le cerveau gauche. La symétrie emplit l'uni-
vers. Des figures géométriques existent même entre galaxies,
comme des ordres élevés de la structure de l'univers.
Les cristaux naturels ne possèdent que les axes de
symétrie 1, 2, 4 et 6. La symétrie 5 n'existe que dans les
quasi-cristaux que l'on fabrique. Il est intéressant de noter
que les organismes vivants peuvent présenter une symétrie
d'ordre 5, comme les fleurs à 5 pétales des rosacées ou les
étoiles de mer.

Pour revenir au cristal, les éléments de symétrie simples


sont les plans miroirs et les axes de symétrie de rotation 2,
3, 4, 6. Ils correspondent respectivement à une rotation
de 180°, 120°, 90° et 60° autour d'un axe simple. Ces
éléments de symétrie permettent de retrouver l'objet initial.
Les symétries d'un cristal sont de type linéaire, c'est-à-dire
définis par un nombre entier: 1, 2, 3, 5 et 6, en opposition
aux symétries fractales, donc fractionnaires, qui existent
dans la nature.
Plus une structure est symétrique, comme le cube, plus
elle contient des éléments de symétrie, et plus elle est stable.
À l'opposé, une structure non symétrique possède peu ou
pas d'éléments de symétrie. Les structures symétriques
ou asymétriques ne possèdent pas les mêmes propriétés
physiques. Ainsi, la présence d'un centre de symétrie dans
une structure centre-symétrique est un indicateur des

97
La science, la matière et la spiritualité

propriétés physiques isotropes, c'est-à-dire identiques dans


toutes les directions.
L'absence de centre de symétrie dans un cristal entraîne
des propriétés anisotropes de la structure. Un déplacement
à l'échelle atomique selon l'axe de faible symétrie conduit
ainsi à l'apparition d'un dipôle électrique (polarisation des
atomes dans cette direction) qui induit un courant élec-
trique dans la même direction, et vice versa: 1' application
d'un courant électrique au cristal induira un déplacement
mécanique des atomes. Ces propriétés importantes corres-
pondent à ce qu'on appelle la« piézo-électricité». Elles sont
utilisées pour les applications de mesures très précises de
déplacements à l'échelle atomique (milliardième de mètre)
dans les microscopes électroniques de dernière génération
et les microscopes à force atomique.
Ces propriétés de piézo-électricité se retrouvent aussi au
cœur du vivant dans les centromères de nos cellules, ainsi
que dans les cristaux d' apatite fabriqués par le vivant, présents
dans les os, les muscles, les dents et le tissu conjonctif. Ces
propriétés ont un rôle fondamental sur les signaux élec-
triques émis par les cristaux qui gouvernent la division
cellulaire, la fabrication des cellules osseuses, l'activité et la
transmission nerveuses dans le corps.

Le monde des matériaux:


origine et organisation
Les différents types de matériaux qui existent sont les
métaux, les semi-conducteurs, les céramiques, les oxydes,

98
Le monde de la matière

les polymères et les matériaux mixtes. Ce sont des maté-


riaux qui sont élaborés à partir d'éléments simples de base
comme les oxydes, les métaux, l'azote, etc., à haute tempé-
rature, dans des conditions variables selon les applications
(haute pression, dépôt en phase vapeur, croissance sous
champ magnétique, etc.).

L'organisation macroscopique des matériaux peut se


trouver sous trois formes: les matériaux massifs de géométrie
3D, les matériaux en couches minces de géométrie 2D et les
matériaux sous forme de nanoparticules. Selon son histoire
thermique, le type d'élaboration, l'organisation du matériau
peut conduire soit à des structures parfaitement ordonnées
comme dans un cristal, soit mal organisées ou amorphes,
donc sans ordre, comme les polymères. Le schéma de la
figure 5 représente les différents types d'organisation de la
matière condensée.
Dans le cas d'une céramique polycristalline fabriquée
à haute température, la croissance de chaque grain est
contrainte par la pression due à la présence des autres grains.
Quand les grains ont une taille de quelques dizaines de
microns (quelque dix millionièmes de mètre), on peut
encore distinguer la symétrie de la structure au microscope
optique. Quand ils sont plus petits, de l'ordre du nano-
mètre, comme ceux des matériaux nanocristallins de la
figure 5, p. 100, seule l'analyse au microscope électronique
en transmission permet de les observer et d'identifier leur
structure.

99
La science, la matière et la spiritualité

Matériaux Tridimensionnels Matériaux bidimensionnels

..
. rs=1
..
c Amorphe
..•
...
Couche mince
0

..
Mal organisé
c
0
1:l
Ill Nanocrlstallin à
Ill
mlcrocristallin
c
•...

.- .
i"///////////////,
1111
Polycristallin Y//////////////.
Multicouche
- 0
i"///////////////,

,,•.... Monocristallin
0

Figure 5: Schématisation des différents états d'organisation


de la matière condensée sous forme de structures
tridimensionnelles 3D et bidimensiom1elles 2D,
des matériaux que l'on observe à l'échelle microscopique.

On distingue les matériaux structuraux faits pour des


applications mécaniques, et les matériaux fonctionnels dits
«intelligents» élaborés pour les applications électroniques,
optoélectroniques, magnétiques, qui sont utilisés princi-
palement pour le transport d'informations. Ces derniers
sont faits de composés multicouches complexes, souvent à
base d'oxydes et de semi-conducteurs comme le silicium,
substrat le plus connu de toutes les puces électroniques,
dans nos téléphones portables et ordinateurs. On peut
trouver l'association de multicouches oxydes ferroélec-
triques ou magnétiques avec des couches métalliques ou
supraconductrices.

100
Le monde de la matière

L'alliance de matériaux ayant des éléments de symétrie


différents et des structures et propriétés différentes conduira
à l'émergence de nouvelles propriétés comme la magnétoré-
sistance géante par exemple. Ces matériaux ressemblent à un
empilement de feuillets de quelques nanomètres d'épaisseur.
Leurs propriétés particulières viennent de ce type de géomé-
trie qui conduit à des interactions très fortes entre chacun
des feuillets, ce qui permet de faire passer des électrons un
à un, par effet tunnel. À cause de ces fortes interactions
entre couches nanométriques magnétiques, on peut avoir
des effets énormes comme la magnétorésistance géante, qui
survient quand on polarise les électrons des multicouches
magnétiques dans certaines configurations et en particulier
lorsque les spins des électrons deviennent opposés.
Les implications de cette découverte ont valu un prix
Nobel de physique à Albert Fert en 2007. Ces matériaux
servent pour les têtes de lecture de disques durs, qui équipent
maintenant tous les ordinateurs. C'est le composant clé
qui a permis 1' accroissement spectaculaire au cours des dix
dernières années de la capacité de stockage informatique, à
1' origine de la révolution numérique.

Ordre condensé et désordre


dans les matériaux
Le comportement de la matière condensée obéit aux lois
de la thermodynamique des systèmes fermés. L'ordre cris-
tallin peut être rompu par l'entropie du système en fonction

101
La science, la matière et la spiritualité

de la température, de la pression et du temps. Tous les


cristaux sont formés par l'assemblage d'atomes dans des
structures solides définies et stables dans le temps. Tous les
niveaux d'organisation existent entre le matériau amorphe,
c'est-à-dire sans ordre cristallin à grande distance et le maté-
riau cristallin parfaitement ordonné.
Dans le cas d'un cristal, l'ordre cristallin est parfait dans
les trois dimensions de l'espace, depuis l'échelle atomique
de la maille élémentaire de la structure (figure 4a) jusqu'à
l'échelle macroscopique visible à l' œil nu.
Dans le cas des matériaux mal organisés, l'étendue de
l'organisation cristalline est limitée et varie de quelques
nanomètres à plusieurs microns (voir figure 5, p. 100).
Enfin, dans les matériaux amorphes, il n'y a aucune organi-
sation à l'échelle atomique. C'est le cas de certains systèmes
moléculaires et polymères. Pour ces derniers, c'est seule-
ment l'observation au microscope électronique qui permet
d'identifier les structures atomiques ou moléculaires.

Les défauts cristallins :


la source des propriétés
L'ordre cristallin d'un matériau peut être rompu par
un défaut de structure dans le cristal. Un défaut de struc-
ture correspond soit à un écart par rapport à la structure
parfaite, soit à un écart de sa composition chimique. Les
défauts cristallins peuvent être à l'échelle d'un atome qui
manque, «défaut ponctuel», ou qui est en trop dans une

102
Le monde de la matière

maille cristalline, qui est l'unité élémentaire d'une structure.


Autre type de défauts cristallins : les défauts bidimensionnels
tels que les plans atomiques. Ce sont des joints de grains
(figure 4g) ou des interfaces entre couches (figure 4e) ou
entre deux joints de macles (la matrice de la figure 4f). Le
troisième type de défaut correspond aux défauts tridimen-
sionnels comme les précipités (figure 4f) dans une matrice
qui est de nature différente du cristal. La présence de ces
défauts va conduire à des changements de propriétés loca-
lement dans le matériau.
Ce qui est intéressant dans les matériaux est la diversité
des défauts possibles en fonction des matériaux, de leur
nature, leur état physique, leur organisation, leur structure
et leurs propriétés.
Un défaut de structure dans un matériau amorphe (voir
figure 5, p. 100) correspondra à l'apparition d'un ordre
cristallin, c'est-à-dire dans ce cas à l'apparition localement
de zones ordonnées ou cristallines. À l'opposé, un défaut
dans un matériau cristallin bien ordonné conduira à l'appa-
rition de désordre, c'est-à-dire une perte de l'ordre cristallin
vers un état amorphe local dans le cristal. Si le désordre
atteint l'étendue du cristal tout entier, il perd alors toutes ses
propriétés. Les propriétés physiques (mécaniques, optiques,
électroniques, magnétiques) sont directement reliées à la
nature des atomes et à leur organisation dans une structure
cristalline ou pas.
Suivant les propriétés physiques que l'on étudie, il
faudra maîtriser l'introduction ou l'absence de ces défauts

103
La science, la matière et la spiritualité

de structure dans les matériaux. C'est tout le défi de la


science des matériaux d'élaborer des matériaux contenant
un type de défaut de structure donné. Les applications
technologiques pour l'électronique vont concerner princi-
palement les semi-conducteurs et l'introduction d'atomes
de nature différente de la matrice qui va faire changer le
niveau d'énergie de la bande de conduction de la matrice.
La structure des interfaces et des joints de grains jouera un
rôle déterminant dans les propriétés de conduction élec-
trique ainsi que pour les applications mécaniques.
Chapitre 5

Le monde du Vivant

Organisation - Structure et fonction


Quand on regarde le monde végétal qui nous entoure,
on ne peut imaginer la diversité des structures, des formes
et des caractéristiques qui existent dans toutes les espèces.
Chaque arbre a sa propre signature et ne peut se développer
que dans un environnement favorable. De la même façon,
chaque espèce animale a ses propres caractéristiques qui font
partie des variétés du vivant. A l'œil nu, on peut reconnaître
un arbre d'un autre, un animal d'un autre par leur forme et
leurs spécificités/fonctions qu'ils peuvent avoir et prendre.
Bien que les variétés des espèces animales et végétales soient
nombreuses, elles sont toutes constituées du même type de
cellules : les cellules eucaryotes.
Les premières cellules qui sont apparues dans les micro-
organismes unicellulaires sont les cellules procaryotes comme
les bactéries et les archées. Elles sont formées d'une coque
dans laquelle se trouve tout le matériel génétique, en contact

105
La science, la matière et la spiritualité

avec les protéines qui assurent la reproduction et la régulation


de la vie. Au cours de l'évolution, l'apparition des orga-
nismes multicellulaires constitués par les cellules eucaryotes
conduit à une symbiose entre bactéries et cellules eucaryotes
animales et végétales. La présence d'anciennes bactéries que
l'on appelle «mitochondries» dans les cellules eucaryotes
(fig. 6a et 6b) sert à fabriquer l'énergie de nos cellules.
La caractéristique principale de la cellule eucaryote
est l'existence d'un noyau. Dans les cellules eucaryotes
(figures 6a et 6b), les fonctions sont compartimentées à
l'intérieur de la cellule en différents domaines avec des
fonctions spécifiques. Les principales structures sont: le
noyau comportant l'information génétique de l'ADN, le
cytoplasme qui est le lieu d'échanges des protéines, les mito-
chondries pour assurer la respiration, l'appareil de Golgi
pour la maturation des protéines, les ribosomes qui sont le
siège de la synthèse des protéines codées dans les gènes, les
organites pour la digestion.
Les cellules végétales sont elles aussi compartimentées.
Les chloroplastes dans les plantes sont le siège de la photosyn-
thèse, et se trouvent chez tous les végétaux au sens large,
plantes terrestres et algues. Les cellules végétales possèdent
des différences fonctionnelles fondamentales pour assurer
leur survie, et en particulier la machine de transformation
du C0 2 de l'air en oxygène grâce à la chlorophylle. Elles
possèdent des membranes externes et internes très épaisses et
des structures pour assurer le transport d'eau via des canaux
ou la rétention d'eau pour leur survie (fig. 6b).

106
Le monde de la matière

~tlculum membrane
endoplamsmique nucléaire

gouttelette
de lipide

Figures 6a et b: Montrent les schémas de cellules eucaryotes:


(a) animale (d'après M. Bessis et J.-P. Thiéry, 1961);
et (b) végétale (d'après N. Poux, 1962).

107
La science, la matière et la spiritualité

Figure 7: Images de microscopie électronique en transmission


d'une coupe de cellule humaine HeLa contrastée par voie
chimique, dans laquelle certaines ultrastructures sont visibles:
le noyau N, la membrane nucléaire MN, les mitochondries M,
les vésicules du Golgi VG et le réticulum endoplasmique RE.

La figure 7 montre des images de microscopie élec-


tronique en transmission d'une coupe de cellule humaine
HeLa contrastée par voie chimique. La figure 7a montre
une cellule entière avec son noyau, sa membrane externe,
ses pseudopodes de surface pour la communication cellu-
laire et le cytoplasme riche en structures. La figure 7b
montre à plus fort grossissement une partie du noyau N,
la membrane nucléaire MN, le cytoplasme contenant des
mitochondries M, des vésicules du Golgi VG, le réticulum
endoplasmique RE. Le noyau montre des zones claires
correspondant à l'ADN non condensé, nommé «euchroma-
tine», et des zones sombres d'ADN condensé super enroulé
appelé «hétérochromatine ».

108
Le monde de la matière

Dans les cellules eucaryotes qui nous composent, la


membrane externe protège le milieu extérieur du milieu
intérieur pour permettre à la vie intérieure de la cellule
de se développer et d'assurer les échanges avec l'extérieur.
Les structures internes appelées «organites» sont présentes
pour participer aux différentes fonctions à réaliser pour la
reproduction et la continuité de l'espèce via la diversité des
recombinaisons possibles de l'ADN et la survie de la cellule.
La notion de structure est en relation étroite avec la ou les
fonctions que la cellule doit assurer, du niveau moléculaire
au niveau cellulaire et jusqu'à l'organisme multicellulaire
tout entier.
La vie d'une cellule ressemble à celle d'une entreprise de
production, d'une ville, d'une société, d'un pays, etc., qui
doit s'auto-organiser pour survivre en assurant la production
et la transformation de la matière première (bonne nour-
riture), son transport pour les échanges avec l'extérieur,
tout en maintenant sa structure en bon état de vie pour sa
croissance intérieure et sa participation au monde extérieur.
De nombreux acteurs sont nécessaires pour participer à tous
les niveaux du système. L'organisation de la prise en charge
des déchets est assurée par des structures fonctionnelles de
dégradation des déchets appelées les «lysosomes ».
Parmi les structures importantes de la cellule, le noyau
a une place particulière car il renferme l'ADN condensé,
l'architecte contenant les plans d'organisation de l'en-
treprise et qui peut être associé au PDG de l'entreprise.
Le noyau correspond au premier cerveau de la cellule.

109
La science, la matière et la spiritualité

Il contient l'information des instructions qui gouvernent


la vie et la reproduction des êtres vivants de l'espèce lors
de la division cellulaire. Les informations contenues dans
l'ADN ressemblent à celles d'un livre constitué de plusieurs
chapitres.
La membrane externe qui assure les échanges de la cellule
avec l'extérieur peut être considérée comme le deuxième
cerveau de la cellule. C'est à ce niveau que se jouent toutes
les voies de régulation de la fabrication des protéines et de
leur transport depuis l'intérieur de la cellule, le noyau, puis
le cytoplasme et enfin vers la membrane externe pour les
exporter vers les organes. L'ensemble de ces voies de régu-
lation conduit, à un niveau supérieur, au plan d'exécution
du programme de ce système.

Formes et symétries du vivant


à l'échelle macroscopique
La beauté des formes des arbres nous montre des géomé-
tries particulièrement harmonieuses que l'on ne trouve
pas dans les cristaux. La loi de l'harmonie universelle est
imprimée dans chaque parcelle du vivant (arbres, feuilles,
homme) à toutes les échelles. De nombreuses structures du
vivant ont des formes en spirale. Les spirales sont présentes
à tous les niveaux de la création, depuis les molécules
jusqu'aux galaxies et correspondent au mouvement primor-
dial de la vie. Elles sont formées sous l'action du champ
électromagnétique de l'univers et des champs magnétiques

110
Le monde de la matière

terrestres qui nous entourent. Les figures 8a et 8b montrent


deux exemples de croissance en forme de spirale dans le
nautile (fossile vivant) et la fleur de tournesol.
À l'échelle de l'univers, l'ensemble des planètes de notre
Système solaire est également réparti selon une spirale,
répondant à l'interaction du cosmos avec le Système solaire.
Notre planète Terre, matrice de l'homme, est soumise à
1' environnement électromagnétique dont la stabilité est
associée à son propre champ magnétique terrestre. Sur
terre, chaque parcelle de vivant est aussi en interaction avec
le champ cosmo-tellurique de l'univers. Les rythmes du
vivant, de la Terre, de l'homme depuis le niveau cellu-
laire, sont en interaction avec le cycle de la Lune qui est
lui-même en interaction avec les autres planètes du Système
solaire. Tous ces systèmes sont en interaction créative et en
constant remodelage.

Symétries dans le vivant


à l'échelle microscopique
C'est la force électromagnétique, l'une des quatre forces
fondamentales régissant l'univers, qui est responsable de la
forme des molécules et macromolécules. La structure que
l'on connaît d'une molécule est le résultat de toutes les inte-
ractions entre les charges électroniques liées aux électrons
entre les atomes. À l'intérieur d'une cellule, l'ADN est en
interaction permanente avec les champs électromagnétiques
des protéines et celui de la matrice aqueuse qui 1' entoure. Sa

111
La science, la matière et la spiritualité

structure en constant remodelage peut s'expliquer par les inte-


ractions nécessaires pour maintenir la vie. Quand on regarde
la structure de l'ADN ou celle des protéines, on retrouve
les structures en hélice que l'on connaît bien. La figure Sc
montre une image en fond noir de microscopie électronique
en transmission de l'ADN dans la chromatine et on peut voir
le modèle de sa structure hélicoïdale sur la figure 8d.

Figure 8 : Croissance en forme de spirale (a) dans la fleur de


tournesol et (b) le nautile; (c) image en fond noir de microscopie
électronique en transmission montrant l'ADN dans la chromatine
où l'on peut distinguer les nucléosomes (Étienne Delain, CNRS
Gustave-Roussy, Villejuif); (d) le modèle de la structure
hélicoïdale; (e) image de la croissance fractale d'une solution
d'élixir sonore do dièse dans une solution CuC12 ; (f) image de
microscopie photonique en lumière polarisée d'une croissance
fractale de microcristaux de chlorure de cuivre sur du mica.

Les formes en spirale répondent à une géométrie non


linéaire, contrairement à la symétrie d'un cristal qui est

112
Le monde de la matière

de type linéaire. Elles sont caractérisées par des rapports


géométriques particuliers qui répondent au fameux nombre
d'or.
On retrouve aussi dans les structures du vivant, à toutes
les échelles d'observation, des structures de symétrie fractale.
Les fractales ont une symétrie de type fractionnaire et leurs
propriétés sont particulières : ce type de symétrie conduit à
des figures qui possèdent les mêmes symétries et les mêmes
propriétés à toutes les échelles d'observation.
On retrouve les symétries fractales dans la diversité des
organismes vivants comme les arbres, les fleurs, les plantes
constitués de cellules végétales. Elle est identifiable à la
richesse des arborescences complexes. On retrouve aussi
les fractales dans les figures de cristallisation de la neige
où chaque arborescence donne une autre arborescence en
chaque point d'une figure géométrique.
Les figures Se et Sf présentent deux exemples de crois-
sance fractale. La figure Se montre la croissance d'une
solution d'élixir sonore do dièse dans une solution de CuC12 •
Elle montre les caractéristiques d'une croissance fractale
macroscopique à partir du centre. L'image de microscopie
photonique en lumière polarisée de la figure Sf met en
évidence deux centres de croissance de microcristaux de
chlorure de cuivre CuC12 sur du mica.
Ce type de figures de cristallisation est utilisé pour mettre
en évidence le potentiel vibratoire (potentiel de vie) de
matières vivantes comme les aliments, le lait, le vin ou toute
autre solution dont on veut voir la qualité de vie. On les

113
La science, la matière et la spiritualité

appelle les «cristallisations sensibles». À titre d'exemple,


la figure Sc montre une cristallisation harmonieuse et un
grand potentiel de vitalité. Toute chute ou perte de ce
potentiel vibratoire conduira à un changement ou perte de
structure, comme l'a montré Masaru Emoto dans les figures
de cristallisation de 1' eau sous différentes conditions sonores
ou d'intention de vie, d'amour ou de destruction.

La structure et la dynamique du vivant


Alors que le cristal montre une perfection de la structure
dans les trois dimensions de l'espace et une stabilité dans le
temps, avec des éléments de symétrie finis et limités et des
formes facettées, la matière vivante évolue constamment
avec le temps (évolution constante de la vie et des espèces),
se reproduit en transmettant l'information génétique de
l'espèce et crée des mutations.
On connaît le destin d'un cristal si on connaît son envi-
ronnement (enjeux de la science des matériaux), alors que
le destin des cellules n'est pas déterminé.
Les systèmes du vivant ne répondent pas à la thermody-
namique de la physique qui fait augmenter 1' entropie avec
le temps, donc le désordre. Ces systèmes sont constamment
hors équilibre, et sont néguentropiques, c'est-à-dire qu'ils
accumulent de l'information pour former de l'ordre à l'in-
térieur des êtres vivants, et ont tendance à s'opposer au
chaos et à la désorganisation qui régit les systèmes physiques
classiques. Un système vivant à l'équilibre est mort!

114
Le monde de la matière

Dans le domaine du vivant, à l'intérieur de la cellule,


chaos, désordre et ordre sont en constante dynamique pour
assurer la vie des cellules. Des remodelages constants sont en
action pour maintenir la vie et s'adapter, depuis le niveau
moléculaire à l'intérieur de la cellule jusqu'aux niveaux
supérieurs des tissus, organes, organisme, cerveau, etc.

La communication cellulaire
Si l'on compare une croissance cellulaire dans une
boîte de Petri avec la croissance cristalline des cristaux, la
grande différence caractéristique dans la matière vivante est
la présence de la communication cellulaire qui conduit à
limiter la croissance cellulaire à une seule couche.
Dans le cas de la croissance cristalline, si l'on dépose des
atomes un par un sur la surface d'un substrat, les atomes
vont diffuser sur la surface et constituer des amas 2D, puis
3D, et vont s'empiler pour former un film épais. Les effets
de cette croissance sont liés à l'énergie de surface.
La croissance des cellules, sur une seule couche, est stoppée
par la présence d'une limite physique. Cet effet est dû à la
communication cellulaire. Quand les cellules se multiplient par
division cellulaire dans une boîte de Petri, elles sont constam-
ment en interaction. La première cellule qui atteint le bord
de la paroi émet une information, un signal de chimiotactie
au contact de ce bord, et l'envoie aux cellules voisines. Ce
signal se propage simultanément à toutes les cellules. Cela
veut dire qu'elles communiquent avec elles-mêmes et entre

115
La science, la matière et la spiritualité

elles, recevant et s'envoyant mutuellement des signaux,


comme le schéma de la communication cellulaire d'une
cellule saine le montre sur la figure 18, p. 167.
C'est par résonance quantique que ce signal est reçu
instantanément par toutes les cellules. Il en résulte que les
cellules arrêtent simultanément de se multiplier grâce à la
communication cellulaire. Nos organes ont un nombre de
cellules et des limites bien définies dans notre corps et, grâce
à la communication cellulaire, la croissance est stoppée au
contact du bord des organes.
Si la communication cellulaire ne fonctionne pas ou plus,
des amas cellulaires 3D peuvent se former et conduire alors
à des cellules pathologiques qui se multiplient constamment
sans tenir compte de leur environnement.

Les mécanismes de régulation de la vie


Toute cellule, qu'elle soit autonome ou qu'elle fasse
partie d'un organisme multicellulaire, capte, enregistre et
traite une grande masse d'informations. La cellule possède de
nombreux récepteurs, des protéines exprimées à sa surface
membranaire qui lui permettent de détecter ces informa-
tions extracellulaires codées, entre autres, sous forme d'un
signal chimique, électrique ou lumineux. La détection d'une
telle information, qui vient de l'extérieur de la cellule ou
de l'organisme par une cellule-cible, va conduire celle-ci à
modifier son métabolisme cellulaire.
Au cours de l'évolution des espèces, de nombreux méca-
nismes de régulation de la vie se sont mis en place dans

116
Le monde de la matière

chaque cellule et chaque espèce. Ce sont des systèmes de


régulation et de contrôle de la vie qui agissent au niveau
moléculaire à l'intérieur des cellules : les machineries de
réparation, réplication et recombinaison de l' ADN assurent
la reproduction et la diversité de 1' espèce ; la communica-
tion cellulaire assure le transfert d'information d'une cellule
à l'autre et à l'ensemble des cellules de sa communauté; la
mort cellulaire programmée (apoptose) assure la survie de
la communauté cellulaire ; et enfin le système immunitaire
prend en charge la protection de Soi (l'organisme) contre
les envahisseurs (virus, bactéries pathogènes, etc.).
Les machineries de régulation et contrôle, de gestion
et traitement des informations qui viennent de 1' extérieur
et de l'intérieur, impliquent la fabrication et la régulation
moléculaire de protéines, hormones, neuromédiateurs dans
chaque cellule à l'intérieur de chaque organe et dans 1' or-
ganisme tout entier.
Enfin, on trouve les machineries sensorielles qui
permettent de sentir notre environnement pour donner
une réponse adaptée. Au niveau supérieur de l'organisme
tout entier, en lien avec chaque communauté de cellules
et chaque cellule, se trouvent les systèmes de gestion des
différents réseaux: le cerveau et ses structures, le système
nerveux et le système endocrinien. Parmi toutes ces régu-
lations, il existe une fonction de régulation autonome
incroyable de nos états émotionnels qui est prise en charge
par la régulation homéostatique de nos émotions via les
perceptions sensorielles.
Partie 3

Les propriétés
de la matière ou l'esprit
dévoilé de la matière
Chapitre 6

L 'infiniment petit: le monde


de la physique quantique

La matière, qu'elle soit issue de la physique du solide ou


de la matière vivante de la biologie, a la même origine: elle
est faite d'atomes et de particules subatomiques. Les lois de
l'univers qui régissent la formation de la matière sont les mêmes.
LA matière porte en elle tous ses constituants atomiques et subato-
miques et ses propriétés sont supérieures à la somme des propriétés
de tous ses atomes.
La physique quantique s'exerce au cœur de la matière, au
niveau de ses particules élémentaires. Le noyau de chaque
atome est entouré d'un cortège d'électrons. À cette échelle,
la physique quantique révèle que les atomes sont composés
de vide à 99,99 ... %, et ce vide n'est pas le vide absolu
newtonien, mais un vide quantique où toutes les particules
sont interconnectées dans un monde de fluctuations quan-
tiques et de probabilités. Toutes les particules élémentaires
sont en mouvement constant, bien que les atomes soient
piégés dans une structure.

121
La science, la matière et la spiritualité

Les électrons sont à l'origine de toutes les propriétés


de la matière. Dans un atome, les électrons se situent sur
différentes couches. Plus il y a d'électrons et plus il y a
de couches électroniques que 1' on appelle des «niveaux
quantiques». Plus l'électron est proche du noyau atomique
et plus le niveau d'énergie est important. Le passage d'un
niveau d'énergie à un autre est quantifié, c'est-à-dire qu'il se
fait par sauts, d'où l'appellation de «saut quantique» lorsqu'il
y a un changement d'état (voir figure 10, page 129).
L'expérience des fentes de Young effectuée avec une
seule particule montre qu'un photon ou un électron «inter-
fère avec lui-même» et produit des franges d'interférence à
la sortie de deux fentes, comme s'il s'agissait de deux flux
de particules interférant l'une avec l'autre. L'électron semble
avoir connaissance des informations provenant de son envi-
ronnement et réagit en conséquence.
Les particules subatomiques posséderaient des propriétés
cognitives. C'est la base des recherches sur les études des
interactions électroniques dans les systèmes de la physique
du solide et dans les systèmes moléculaires.
La dualité onde-particule de la physique quantique,
présente pour chaque particule élémentaire, montre que la
particule (masse-énergie) et l'onde (vibration-information)
sont deux facettes d'un même objet quantique que l'on
ne peut séparer comme le fait la physique classique. Cet
état quantique peut ainsi être représenté par une fonction
d'onde complexe où tous les états sont superposés.

122
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Les expériences de physique quantique montrent que


l'interaction observateur/système quantique va provoquer
l'effondrement de la fonction d'onde en faisant apparaître
une fonction propre cp (phi) qui va se manifester.
La conséquence de ces propriétés implique que le monde,
ou une partie de la réalité, est créé par l'observateur et la
mesure. Dans le choix de la mesure au niveau des fentes
de Young, c'est notre conscience qui choisit. Ainsi, si l'on
veut étudier la particule, on la verra sous cette forme et si
on veut étudier l'onde associée à la particule, on verra les
franges d'interférence, car c'est l'outil que l'on utilise qui
va déterminer notre expérience.
Dans la physique quantique, la conscience de l'observa-
teur est présente tout le temps. Cette conséquence montre
à l'échelle de l'homme que nous créons notre réalité nous-
mêmes et que nous sommes donc responsables de ce qui
nous arrive ! Dure réalité si l'on ne met pas de conscience
dans nos choix, car c'est elle qui décide !
Chapitre 7

La microscopie électronique :
pour sonder l'invisible de la matière

L'esprit de la matière
est caché dans la matière
Ce qui va être décrit dans ce chapitre concerne toute la
partie invisible que l'on ne peut détecter qu'en allant sonder
la matière à l'échelle microscopique. L'esprit de la matière,
d'un matériau, d'une espèce vivante ou de toute forme de
matière, transporte toute l'information de la matière, et
toutes ses propriétés, qualités, spécificités, etc., qui sont liées
à la nature même de la matière informée.
Pour sonder la matière, il faut la faire interagir avec une
particule élémentaire/onde, telle que la lumière (photons),
les électrons, les ions ou les rayons X, pour ne citer que les
principaux moyens utilisés. Cette interaction va produire
des signaux de particules élémentaires émises (photons,
électrons, rayons X, etc.), qui ont chacun une signature
spécifique de nature photonique ou électromagnétique.

125
La science, la matière et la spiritualité

Ils vont constituer 1' ensemble des informations de la struc-


ture-énergie de l'objet. La figure 9 montre tous les signaux
différents émis lors de l'interaction matière/ électrons.

Faisceau d'électrons
Incident

tlectrons Auger tlectrons rétrodlffusés

Rayons X

Lumière
échanttllon

tlectrons
absorbés

.1
tlectrons diffusés
élasttques

tlectrons transmis
Sans lnteractton

Figure 9: Schéma montrant les différents signaux émis


lors de l'interaction matière-électron.

C'est donc par l'analyse des signaux émis lors de cette


interaction que la matière va nous livrer les informations
de sa structure, sa composition chimique, son histoire et
son ongme.
L'interaction matière-particule/ onde est à la base de
l'analyse de la matière solide et de la matière vivante. Les
informations issues de la matière seront différentes selon que
les particules élémentaires incidentes sont des électrons, des
ions, des photons, des rayons X ou des neutrons.

126
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Les signaux issus de cette interaction seront différents


selon leur énergie et le type de particule. De la même façon,
la résolution spatiale des analyses, c'est-à-dire la plus petite
zone que l'on puisse analyser ou imager d'un objet, dépend
de la particule utilisée.
Ainsi, les images obtenues avec les photons dans un
microscope photonique ont une résolution de 200 nm au
maximum, ce qui permet d'observer des systèmes macromo-
léculaires. Celles obtenues avec le microscope électronique
sont de 0,07 nm, c'est-à-dire de l'ordre des distances inte-
ratomiques, alors que celles obtenues avec les rayons X sont
de l'ordre du micron (1 millionième de mètre). Ainsi, c'est
le mode d'imagerie et la résolution nécessaire qui déter-
mineront quel type de particule incidente utiliser pour
l'analyse de la matière.
À titre d'exemple de la vie courante, la médecine
utilise couramment des faisceaux d'électrons, d'ions ou de
rayons X, notamment, qui donnent des images de notre
corps avec des résolutions spatiales qui ne dépassent pas le
rmcron.

Le microscope électronique en transmission


L'interaction électron-matière est la base de la micros-
copie électronique en transmission qui utilise des méthodes
d'imagerie et d'analyse de la structure, de l'organisation
cristallographique, de la composition chimique, de la déter-
mination des liaisons chimiques et des propriétés physiques

127
La science, la matière et la spiritualité

locales jusqu'à des échelles atomiques ou moléculaires, à


partir de l'analyse des signaux émis par l'objet.
Le microscope électronique est l'outil idéal pour analyser
à l'échelle microscopique la matière dans tous ses états,
mais il est en outre l'outil de prédilection pour la mise en
évidence des deux états de la dualité onde-particule sur un
même objet de matière.
Quand on envoie de l'énergie sur un atome, celle-ci
peut faire sauter un électron d'une couche électronique
profonde, proche du noyau, et l'atome se retrouve dans un
état excité, dans lequel il ne peut pas rester. La nature fait
que l'atome doit retrouver son état fondamental. Pour cela,
un électron d'un niveau quantique supérieur va combler le
vide d'électron produit plus bas et ainsi de suite jusqu'à ce
que l'atome se retrouve stabilisé. Il en résulte une cascade
de sauts quantiques des électrons qui vont s'accompagner
d'une émission lumineuse de photons de basse ou haute
énergie selon leur origine.
L'énergie émise par un atome lors d'une transition entre
états excités est quantifiée en un ensemble discret de sauts
quantiques caractéristiques de l'atome, comme les notes d'un
morceau de musique sur une portée musicale (figure 10).
La figure 10 illustre un exemple de cascades de sauts
quantiques, à la suite de l'excitation d'un atome. L'émission
des rayons X est issue de sauts de haute énergie et permet
de faire l'analyse chimique de la composition élémentaire
ainsi que des images de répartition des éléments atomiques.

128
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Le phénomène de fluorescence correspond à des sauts quan-


tiques de faible énergie entre les lignes d'une même portée
et permet de faire de l'imagerie des objets vivants.

Electron Incident Eo o{J


N{/:~~I
Electron éjecté

M{J·~~
hv
L{f~~~
...... ......_.__, ..____.......
Rayons X La ~ Ly

Couches électroniques K

Figure 10: Grille fondamentale musicale d'un atome donné


montrant les cascades de sauts quantiques des électrons,
suite à lexcitation de latome.

Dans un microscope électronique, les électrons servent


de faisceau incident comme source lumineuse, comme
les photons pour la microscopie photonique ou pour un
appareil photo. La différence entre un appareil photo et
un microscope électronique vient du nombre de lentilles
optiques d'agrandissement qui permettent de voir les deux
niveaux de la lentille objectif: le plan de la diffiaction
ou l'espace des fréquences, au niveau du plan focal, et le
plan image; ces deux plans n'étant pas au même niveau
le long de l'axe de la lentille. Le trajet optique dans une

129
La science, la matière et la spiritualité

lentille électromagnétique est le même que celui d'une


lentille optique.
Le microscope électronique en transmission comporte un
objectif, une lentille objectif électromagnétique, comme le
sont toutes les lentilles du microscope, et plusieurs lentilles
d'agrandissement de l'image. Il donne une image agrandie
de l'objet et celle de son cliché de diffraction. En direct,
les grandissements peuvent atteindre des valeurs jusqu'à
20 millions selon la caméra utilisée, permettant ainsi d'at-
teindre des distances interatomiques de 1' objet de 0, 7 nm.
Le faisceau d'électrons incident est considéré comme
une onde plane, représentée par une fonction d'onde, qui
arrive sur un objet périodique caractérisé par un potentiel
cristallin spécifique.
Quand un électron incident arrive sur l'objet, chaque
atome de l'objet diffiise ou diffracte l'onde incidente Y 0
dans l'échantillon. Il en résulte à la sortie de l'objet une
grande quantité d'ondes. La somme de ces ondes donne une
onde complexe Y (r), qui contient toutes les informations
de phase, c'est-à-dire de structure, de période, de champ
magnétique et de champ électrique oscillants associés à la
structure.
=
Y(r) 0 +A exp 2Ili K.r
Ainsi, la particularité du microscope électronique en
transmission est de pouvoir montrer les deux aspects de
la dualité onde-particule sur le même objet à l'échelle
microscopique: l'aspect ondulatoire dans l'image et l'aspect
corpusculaire dans la diffraction.

130
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Electron incident : onde plane


définie par une fonction d'onde \Jl0

Dans l'échantiUon Dans l 'échantillon


chaque atome diffuse
l'oqcle . • .
chaque plau aiomique
.

onde

~ Ondel
• • +
~-----''------. ~kh~
~ Onff2
• +f\• •
Onde 1+2
Rénexion par la
1 • ,.:
•urface des plams
\J~ ·~Qe
atomiques


Image ou
Diffraction
de l'objet

Graodissemeots
10 à 20.000.000

Figure 11: Schéma du principe d'un microscope électronique, où


l'on retrouve les deux types d'observations: 1/ Le mode image,
qui correspond à l'interférence de toutes les ondes issues de l'objet
que l'on peut analyser jusqu'à l'échelle atomique. 2/ Le mode
diffraction, qui donne accès à l'espace des fréquences , c'est-à-dire
à toutes les distances interatomiques qui existent dans l'objet,
permettant de déterminer la structure cristalline.

L'image résulte de l'interférence du faisceau incident et


de toutes les ondes diffractées issues de l'objet, qui vont se
combiner à travers l'objectif pour faire une image dans le
plan image de l'objectif, comme le schématise la figure 11
sur la partie gauche du tableau.

131
La science, la matière et la spiritualité

Au microscope électronique en transmission


les deux états de la matière onde /particule
peuvent être observés sur le meme objet

Figure 12: Image et diffraction d'une céramique


supraconductrice YB~Cu3 07 montrant les deux états de la
matière visibles au microscope électronique sur le même objet.
Les plans atomiques verticaux dans l'image correspondent aux
plans supraconducteurs de distance interatomique de 1, 17 nm
(flèches). Cette distance se retrouve dans le cliché de diffraction
sur l'axe [001] , qui contient une grande densité de réflexions
ponctuelles. La présence de défauts dans les réflexions montre
la formation de défauts atomiques dans les plans correspondants.

La diffraction se trouve dans le plan focal de la lentille


objectif. C'est grâce aux lentilles d'agrandissement que l'on
a accès au cliché de diffraction. La diffraction résulte de
l'aspect corpusculaire des électrons qui agissent comme les
cailloux que l'on envoie à la surface de l'eau calme d'un

132
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

lac. Si l'angle incident de ces cailloux est bon, le caillou


fera des ricochets sur la surface de l'eau jusqu'au moment
où son énergie devient trop faible et où il tombe dans l'eau.
La figure 11 sur la partie droite schématise la diffraction.
La surface de l'eau est équivalente à la surface des plans
atomiques. Les électrons incidents arrivant sur ces plans vont
être diffractés. Les fréquences de ces ondes diffractées sont
en lien direct avec les distances interatomiques de ces plans.
Chapitre 8

Manifestation de l'esprit
des particules dans les matériaux
supraconducteurs

Les propriétés extraordinaires


des supraconducteurs
Les matériaux de la nanotechnologie, dits «intelligents»,
montrent des exemples de sauts quantiques, de cohérence
de phase, et leurs propriétés ne sont plus à démontrer.
J'ai expérimenté sur des céramiques supraconductrices
des expériences de physique quantique et de cohérence
de phase dans la matière. Dans un matériau qui devient
supraconducteur, c'est la mise en ordre à l'échelle micros-
copique des particules comme les électrons qui va conduire
à une cohérence de phase dans tout le matériau. Celui-ci
devient alors supraconducteur dans sa globalité, c'est-à-dire
à l'échelle macroscopique.
L'état supraconducteur est caractérisé par la mise en ordre
des électrons en doublets d'électrons que l'on appelle les

135
La science, la matière et la spiritualité

«paires de Cooper». Ces électrons supraconducteurs sont


tous en cohérence de phase dans tout le matériau. Leur
mouvement dans le matériau correspond à une seule onde
qui donne les propriétés de diamagnétisme parfait.
Dans les matériaux massifs supraconducteurs, le phéno-
mène de supraconductivité s'accompagne d'une exclusion
du flux magnétique quand le matériau est soumis à un champ
magnétique - l'«effet Meissner» correspondant au diama-
gnétisme parfait. La figure 13 regroupe les caractéristiques
principales des propriétés supraconductrices. L'existence
d'un diamagnétisme se traduit par l'expulsion des lignes de
champ du supraconducteur, comme on le voit sur l'image
de la figure 13a, où l'objet supraconducteur flotte au-dessus
de la surface support. Le courant devient exponentiel et il
n'y a plus de résistance (figure 13c) au passage du courant
comme dans les conducteurs métalliques ordinaires.

Expulsion des lignes de Etat Etat


champ magnétique dans Chute de la résistance
normal Supra Dans l'état supraconducteur
l'état supraconducteur

Figure 13: a) Montre l'effet Meissner correspondant


au diamagnétisme parfait; b) schéma montrant l'exclusion
du flux dans l'état supraconducteur à basse température;
c) chute de la résistance à la température critique
du supraconducteur.

136
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

À ces champs magnétiques forts vont être associés des


champs électriques très forts de 104 à 106 A/cm2 , c'est-à-dire
1 000 fois plus conducteurs que le cuivre de nos circuits
électriques classiques. Ces matériaux sont utilisés pour le
transport de courant très fort, comme les lignes à haute
tension ou les trains à sustentation qui n'ont plus de contact
avec des rails. Le champ magnétique intense permet de
minimiser le frottement et donc d'atteindre de très grandes
vitesses.

Expérience sur la dualité onde/particule


dans des jonctions tunnel
L'étude des états quantiques dans un solide repose sur la
mesure de l'intensité d'un saut quantique d'un électron à
travers une jonction tunnel. Ce type de jonction permet de voir
individuellement le saut de chaque électron du matériau. On a
utilisé des matériaux en couches minces supraconductrices,
séparées par une couche nanométrique isolante d'oxyde.
La figure 14a montre le schéma d'une jonction tunnel. Si
la couche mince est parfaite à l'échelle atomique, on peut
observer le saut quantique de chaque électron et mettre en
évidence l'aspect corpusculaire de la physique quantique.

137
La science, la matière et la spiritualité

(a) Jonction Tunnel Sauts quantiques d'électrons


30

·t
20 (b)
10
1 0
- -10
-20
-30
0 0.5 1.0
V(mV)

Figure 14. a) Schéma d'une jonction tunnel; b) courbe


expérimentale typique de courant tunnel (Kim Se Jong et
al., (Journal of Crystal Growth n°249 (2003)); c) image de
microscopie électronique en transmission en haute résolution
d'une section transverse de la jonction montrant la croissance du
film YBCO, et permettant de distinguer les colonnes atomiques et
l'orientation des plans supraconducteurs [001] dans le film.

La courbe expérimentale de l'intensité en fonction de la


tension: I = f M de la figure 14b montre à la température
de 1,3 K, une hystérésis typique caractéristique de courant
tunnel. Elle met en évidence des sauts quantiques réversibles
à partir de la mesure de l'intensité en fonction du potentiel

138
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

appliqué à la jonction. L'image de microscopie électronique


en transmission haute résolution de la figure 14c montre une
section transverse d'une partie de la jonction (l'accolade à
gauche du schéma de la figure 14a) qui montre la bicouche
PBCO/YBCO déposée sur le substrat SrTi03 • On peut y
distinguer les colonnes atomiques des plans supraconduc-
teurs [001] et leur orientation cristallographique dans le
film YBCO. Ces résultats sont issus des travaux de thèse de
doctorat en physique de Kim Se Jong (université d'Orsay,
Paris XI, 2000).

Expériences de cohérence quantique


dans des jonctions Josephson
Ce type de jonction Josephson est utilisé dans les squids
pour mesurer les très faibles variations de champ magné-
tique terrestre. Elles sont constituées par des joints de grains
QG) supraconducteurs YBa2 Cu3 0 7 (figures 15b et 15e)
déposés en film mince sur des substrats bicristallins d'oxyde
de strontium SrTi0 3 ayant une orientation cristallogra-
phique particulière de 22,6°. Ces derniers sont schématisés
dans les figures 15a et 15b. Ce type de matériaux permet
d'étudier la cohérence de phase à grande distance, de sauts
quantiques d'un doublet d'électrons à travers la jonction
Josephson (figure 15c).
Les doublets d'électrons conservent la cohérence de phase
supraconductrice à travers la jonction. L'information passe
instantanément dans tout le matériau et tous les électrons

139
La science, la matière et la spiritualité

supraconducteurs ont la même phase et se comportent


collectivement comme une seule onde, ce qui conduit
à l'exclusion du flux magnétique lorsque le matériau est
soumis à un champ magnétique. Cette réaction résulte
des propriétés de diamagnétisme de la supraconductivité
(figure 13a et b).
L'image de microscopie électronique en transmission
en haute résolution de la figure 1Sd montre la structure à
l'échelle atomique dujoint de grains SrTi03 du substrat.
L'image de microscopie à force atomique de la
figure 15e montre le dépôt du film YBa2Cu30 7 qui met en
évidence des îlots de croissance facettés dont la croissance
est très critique. Leurs directions sont visibles par les axes
fléchés qui suivent les directions cristallographiques du subs-
trat. La dimension moyenne des îlots conduit à une largeur
d'interface de 200 nm sur le film.
Si la jonction présente des défauts de structure à l'échelle
atomique, l'amplitude de cette onde diminue et l'inten-
sité du courant mesurée aussi. Si la cohérence de phase
est maintenue à travers la jonction, on peut mesurer le
flux magnétique expulsé. La figure 15f montre une courbe
typique de la modulation d'intensité I = f (B) du courant
en fonction du champ magnétique appliqué. Les images de
microscopie de cette étude sont issues des travaux de thèse
de doctorat en physique de Guillaume Passerieux (univer-
sité d'Orsay, 2002), et les mesures de courant Josephson de
la thèse de Kim Se J ong.

140
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

~ isolant

lZO

100

,0

~ 10

40 •• .''\
;i ·.
r

Substrat SrTI03
-
200nm

Fiim YBa2 Cu 30 7
-0.1 -0 .4 -o.z 0.0
8(0)
o.z

Modulation du courant 1 = f (D)


Apparition d' un quantum
0 .4 0.1

Bicristal déposé sur SrTI03 de flux magnétique

Figure 15: a) Schéma 3D d'un joint de grains du substrat


utilisé pour le dépôt de film YB~Cu307 ; b) schéma du film
supraconducteur montrant une zone isolante au niveau du joint;
c) schématisation du saut quantique d'une «paire de Cooper>
à travers la jonction; cl) image de microscopie électronique en
transmission en haute résolution, montrant la structure atomique
du substrat hi.cristal; e) image de microscopie à force atomique
montrant les îlots de croissance à la surface du film YB~Cu3 07 ; f)
courbe typique de la modulation de l'intensité du courant 1 d'une
jonction Josephson montrant l'apparition d'un flux magnétique
lorsqu'un champ magnétique B est appliqué.

Les expériences de cohérence quantique dans des jonc-


tions Josephson mettent en évidence l'aspect ondulatoire de
la dualité onde-particule des électrons. Elles permettent de
mesurer l'onde associée aux doublets d'électrons intriqués
dans une structure. Dans l'état supraconducteur, tous les
électrons se comportent comme une seule onde.

141
La science, la matière et la spiritualité

Les conditions expérimentales d'élaboration des maté-


riaux pour faire ce type de mesures tunnel ou Josephson
sont drastiques et nécessitent de longues étapes de mise
au point pour avoir une structure de jonction parfaite à
l'échelle atomique. Les films sont déposés très lentement
atome par atome pour assurer des couches sans rugosité de
surface.
Les mesures des propriétés supraconductrices se font
à basse température pour éliminer l'agitation thermique.
Les expériences ne sont possibles qu'à la température
proche du zéro absolu (on utilise l'hélium à 4° Kelvin
soit - 269° Celsius). Les atomes ne bougent plus à cette
température. Ainsi, on peut écouter le chant d'un électron
correspondant à une transition électronique, ou celui d'un
doublet d'électrons supraconducteurs qui passent la barrière
Josephson.
Les systèmes quantiques dans ces matériaux sont stables
et, malgré cela, il nous faut bloquer les jonctions tunnel à
basse température pour analyser chaque saut quantique.
On est bien loin des matériaux du vivant où l'agitation
constante en solution ne peut permettre d'isoler les systèmes
quantiques innombrables présents dans les cellules.
Chapitre 9

La physique quantique
au cœur de la matière vivante

En physique, on sait que la structure d'un système macros-


copique dépend intrinsèquement de ce qui se passe au niveau
microscopique. Les systèmes macroscopiques peuvent être
décrits par la physique newtonienne. Cette dernière permet
de comprendre le comportement macroscopique et d'en faire
la modélisation, allant jusqu'à prévoir les propriétés méca-
niques des matériaux. Cependant, en ce qui concerne les
mécanismes microscopiques, c'est-à-dire ceux qui existent
à 1' échelle atomique ou moléculaire, leur comportement
chaotique ne peut être décrit que par la physique quan-
tique. On vient de voir dans le chapitre précédent que l'on
peut isoler des systèmes quantiques en physique car on sait
élaborer des matériaux modèles stables spécifiques à cet effet.
La matière vivante est en constante dynamique et remo-
delage. La complexité du vivant ne permet pas d'isoler les
phénomènes quantiques décrits plus haut, bien qu'ils y
soient présents, intriqués et en grand nombre. Mais ce n'est

143
La science, la matière et la spiritualité

pas parce que l'on ne peut pas isoler les systèmes quantiques
du vivant qu'ils n'existent pas.

La physique quantique est au cœur de la cellule où


l'ordre-désordre et le chaos sont en constante dyna-
mique pour assurer la vie de chaque cellule.
Quand on regarde des bancs de poissons ou des vols d'oi-
seaux changer de direction, celui qui est à la tête transmet
un signal qui se propage dans tout le banc de poissons ou le
vol d'oiseau, et cela ressemble à une danse très harmonieuse.
Ils sont tous au même diapason, c'est-à-dire en cohérence
de phase. Ce type de phénomène macroscopique ressemble
aux expériences de cohérence de phase des matériaux supra-
conducteurs où tous les électrons supraconducteurs, les
«paires de Cooper», se propagent instantanément comme
une seule onde dans tout le matériau.
C'est en voulant comprendre les systèmes moléculaires
du vivant que je me suis replongée dans la physique quan-
tique et ses conséquences à l'échelle humaine.
Alors que la physique classique newtonienne a imprégné
la pensée cartésienne et linéaire, la physique quantique
ouvre tous les espaces possibles multidimensionnels où les
systèmes sont reliés, intriqués et en corrélation de phase.
L'observateur n'est plus isolé de l'objet observé mais parti-
cipe à l'expérience par la conscience.
L'ouverture à la physique quantique dans le vivant nous
relie directement à tous les états possibles de la physique
quantique et à ses conséquences sur la vision du monde.

144
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Comportements quantiques
à l'intérieur de chaque cellule
Parmi les structures-fonctions cellulaires, on trouve des
comportements quantiques au niveau:
• des canaux ioniques qui assurent le passage des ions à
travers la membrane cellulaire externe ;
• de la machinerie qui sert à fabriquer l'énergie de la
cellule : la mitochondrie qui est une pompe à électrons ;
• dans les effondrements moléculaires ou macromolécu-
laires du cytosquelette qui sont engendrés par des sauts
quantiques ;
• dans le fonctionnement des pores nucléaires des
membranes nucléaires et dans le cytoplasme.
La libération des neuromédiateurs dans les synapses, asso-
ciée aux variations du potentiel des membranes synaptiques,
est engendrée par des sauts quantiques, dans tous les chan-
gements de conformation des molécules (changement de
structure et de fonction) qui sont en constante dynamique.
Leur formation et leur dégradation engendrent des sauts
quantiques.

La résonance quantique
Le phénomène de résonance quantique est présent dans
tout le vivant, à toutes les échelles d'observation du micro-
cosme au macrocosme de l'univers.
Tous les systèmes vivants en interaction commu-
niquent par résonance quantique.

145
La science, la matière et la spiritualité

Lorsque deux systèmes oscillants ayant leur fréquence


d'oscillation propre sont en interaction, à partir d'un certain
temps ils vont rentrer en résonance. Cela se traduit par
l'apparition d'une fréquence unique commune aux deux
systèmes. Un exemple de résonance entre systèmes oscillants
est la démonstration de centaines de métronomes oscillant à
des périodes différentes sur un support lui-même oscillant.
Au bout d'un certain temps, tous les métronomes entrent
en résonance, conduisant à une oscillation unique.
Le phénomène de résonance est impliqué dans la commu-
nication intercellulaire, interorganes dans notre corps entier.
Elle est de nature quantique car elle implique la résonance
des molécules dans les membranes cellulaires.
C'est par résonance que .le corps est informé. C'est ce
phénomène qui est utilisé lors des «soins quantiques» dans la
méthode des deux points pour l'intégration de l'information
dans le corps, pour rétablir la bonne fréquence dans l'organe
qui en a besoin.

La cohérence quantique
entre les systèmes cellulaires
La cohérence quantique est aussi présente entre les
systèmes cellulaires lors de l'émission de biophotons, lors
de la communication intercellulaire ou lors de la commu-
nication organe/ cerveau.
On peut trouver quelques exemples de cohérence quan-
tique dans le vivant tels que :

146
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

• la coordination supramoléculaire des réactions physico-


chimiques présidant à la photosynthèse par la cohérence
quantique;
• les récepteurs de 1' odorat semblent dépendre de l'effet
tunnel, pour acheminer des électrons à l'intérieur même
des molécules odorantes, ce qui permet de les distinguer
d'autres molécules structurellement analogues;
• certaines structures protéiques bactériennes se comportent
comme des ordinateurs quantiques primitifs, «calculant»
le meilleur canal de transport des électrons parmi tous les
chemins possibles.
Chapitre 10

Les stratégies de survie du vivant:


l'intelligence au cœur de nos cellules

Le but caché du vivant


Ce qui est merveilleux dans le vivant, ce sont les lois de
la vie que les règnes végétal et animal respectent. Ces lois
fondamentales permettent à la vie de se mettre en place, de
se maintenir, de se protéger en fonction des prédateurs, dans
un équilibre harmonieux avec l'environnement. Tout est
prévu dans le vivant pour être heureux et en bonne santé,
grâce aux mécanismes élémentaires qui se sont mis en place
au cours de l'évolution. Les mécanismes d'autoréparation
et d'autoguérison sont intégrés dans les lois du vivant. Tout
est fait pour que la vie se propage de façon généreuse, si les
conditions de l'environnement le permettent.
Le but du vivant pour chaque espèce est de vivre en se
nourrissant, se reproduire en créant la diversité, survivre
en s'adaptant et se protéger de l'environnement plus ou
moins menaçant. L'un des buts non conscients de la vie

149
La science, la matière et la spiritualité

pour chaque cellule est aussi d'être heureux. C'est l'état


lié à un équilibre dynamique des fonctions vitales que l'on
appelle l' «état homéostatique» qui implique des processus
physiques élémentaires de régulation à différents niveaux de
nos cellules, de nos organes, et de l'organisme tout entier
pour répondre au bien-être de chaque espèce. En dehors
de cet état, le vivant a mis en place des stratégies de survie,
des mécanismes de préservation de l'intégrité du génome
et des qualités de l'espèce.
La surprise du vivant est qu'il contient tous les états
possibles de la matière que l'on rencontre dans le solide,
et présente en plus une dynamique constante car la cellule
passe de l'ordre au désordre, au chaos, pour retrouver un
ordre supérieur, et tout cela au service de la vie.
La vie, c'est l'interaction avec l'environnement inté-
rieur et extérieur. Un exemple d'interaction créatrice entre
espèces est la symbiose entre le règne animal et le règne
végétal. Ce dernier a besoin de gaz carbonique CO 2 que
nous rejetons par la respiration, pour fabriquer de l'oxy-
gène par la photosynthèse de la chlorophylle. Dans le corps
humain, au niveau de chacune de nos cellules, nous avons
des mitochondries qui sont des anciennes bactéries, cellules
procaryotes, qui se sont intégrées dans les cellules eucaryotes
et ont pris la fonction de fabriquer de l'énergie. Nous avons
aussi des milliards de bactéries dans l'estomac et les intestins
qui permettent de bien fonctionner pour digérer les aliments
et pour filtrer les toxines. Nous sommes leur hôte quand tout
va bien et quand l'équilibre homéostatique est maintenu.

150
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Nous avons 1014 cellules humaines, soit 100000 milliards


de cellules, et 10 15 bactéries, soit un million de milliards de
bactéries, qui vivent en symbiose dans notre corps. Si un
déséquilibre apparaît par une mauvaise nutrition, une vie
sociale ou émotionnelle difficile, une accumulation de stress,
etc., notre organisme hôte peut être atteint et l'équilibre
entre colonies bactériennes et cellules humaines n'est plus
en symbiose. Le fonctionnement des cellules peut devenir
anarchique et conduire à des problèmes fonctionnels qui
mettent en danger le corps-esprit.

Stratégies de survie et évolution: mécanismes


de survie mis en place dans la cellule
Les mécanismes de survie sont des stratégies de défense
des différentes espèces, mises en place au cours de l' évo-
lution et qui se sont renforcées en conduisant à des voies
de régulation depuis le niveau moléculaire et le niveau
cellulaire, jusqu'à l'échelle de l'espèce elle-même. Ces
mécanismes résultent de plusieurs milliards d'années d' évo-
lution pour maintenir les organismes en vie par rapport à
1' environnement favorable ou non. Par exemple, lorsque
les conditions sont favorables, les bactéries, qui sont des
organismes monocellulaires (cellules procaryotes), restent
en bonne condition de croissance. En période de stress lié
aux prédateurs externes et à l'environnement, elles s'arrêtent
de croître et se mettent en situation de survie, ce qui stoppe
la croissance. Plus tard dans l'évolution, les organismes

151
La science, la matière et la spiritualité

monocellulaires se sont regroupés en colonies ou sociétés


multicellulaires pour survivre. Avec l'arrivée des cellules
eucaryotes, la spécialisation des fonctions cellulaires appa-
raît avec la compartimentation des cellules conduisant à la
création de structures internes.
À l'intérieur de chaque cellule, chaque structure interne
a une fonction particulière pour assurer la vie et la survie de
la cellule, en lien avec les échanges intérieurs et extérieurs.
Les mécanismes sélectionnés par l'évolution sont ceux qui
se sont maintenus, affinés, renforcés et qui sont devenus
des mécanismes de survie dans toutes les cellules. Nous
sommes le résultat de cette évolution, que ce soit dans le
règne végétal ou animal. Ces organismes multicellulaires ont
développé des stratégies de survie de plus en plus sophisti-
quées, pour maintenir la vie.

D'où vient notre ADN?


Au cours de l'évolution des espèces, le génome s'est
enrichi depuis celui des micro-organismes, des bactéries, des
espèces végétales et des espèces animales jusqu'à l'homme.
Ce dernier n'est qu'un cas particulier d'espèce vivante.
Cependant, pour notre ego, il ne faut pas oublier que notre
génome n'est pas très loin de celui de la vache ou du grain
de riz! Tout l' ADN de chaque cellule humaine contient
seulement 3% d'ADN appelé «génome». Que fait-on avec
les 97% d'ADN non codés? C'est comme la matière noire
qui fait 97 % de l'univers, que les astrophysiciens n'arrêtent

152
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

pas de chercher à analyser pour comprendre son origine, sa


formation et son rôle. Cette matière est la matrice de l'uni-
vers, elle le contient et va définir ses propriétés.
De la même façon que la matière noire serait la matrice
de l'univers, dans notre cerveau, les neurones fonctionnent
dans une matrice gliale dont on découvre de plus en plus
les fonctions importantes. Le génome est important mais ne
reste qu'une partie caractérisée. Nous sommes plus que notre
génome! Du reste, quand on veut identifier quelqu'un par
son génome, l'identification repose également sur les inter-
valles entre les gènes codés et non codés, c'est-à-dire par les
97% d'ADN non codant qui ne se trouvent pas n'importe
où. Pourquoi? Quelles sont les informations engrammées
dans ces 97 % qui contiennent une partie de notre vécu?
Dans les laboratoires, on s'intéresse principalement à ce
qui est codé et c'est déjà assez compliqué comme cela !
Cependant, des découvertes récentes sur l'ADN non codé
que l'on appelait «ADN poubelle » ont montré que cet
ADN sert à la régulation de la fabrication des protéines,
c'est-à-dire à la régulation de l'expression de l'ADN codant.
On connaît aujourd'hui le rôle de l'épigénétique dans les
maladies et la régulation des protéines fait partie des méca-
nismes épigénétiques qui peuvent être affectés par notre
environnement, et donc par un grand nombre de facteurs
difficilement mesurables. Les défauts épigénétiques sont
nombreux et peuvent être liés aux machineries intermé-
diaires de fabrication et de traitement des protéines avant
leur utilisation.

153
La science, la matière et la spiritualité

Mécanismes moléculaires
de maintenance du génome
La principale propriété du vivant est sa plasticité, qui
lui donne la capacité de se modifier constamment. Pour
maintenir le patrimoine génétique d'une cellule et donc de
l'espèce, plusieurs mécanismes sont constamment à l' œuvre
grâce aux fonctions spécifiques des protéines : la réplication
(photocopie d'une partie du livre), la réparation (correction
des erreurs), et la recombinaison (échange de photocopies)
des molécules d'ADN. L'évolution est assurée par l'infi-
nité des possibilités de recombinaison de l'ADN au niveau
moléculaire le conduisant à différents états en fonction du
cycle cellulaire. À l'échelle moléculaire, ce sont les symétries
particulières des protéines et des complexes de l'ADN qui
vont permettre à des fonctions spécifiques de se mettre en
place au cours de chaque cycle cellulaire.

Notre ADN dans tous ses états


Dans la vie courante de toute cellule, l'ADN est copié,
analysé et corrigé par des machineries moléculaires mises
en place depuis le début de l'évolution. La réparation de
l' ADN fait partie des mécanismes de survie pour assurer
la pérennité de l'espèce et pour maintenir l'intégrité de
l'information du génome. À titre indicatif, les machineries
moléculaires de réparation réparent 50000 lésions d'ADN
par jour. La recombinaison, mécanisme d'échange de brins
d' ADN lors de la division cellulaire entre les chromosomes,
permet d'assurer la diversité du vivant.

154
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Les diflerentes fonctions nécessaires pour maintenir la vie


d'une cellule impliquent un nombre considérable d'acteurs
moléculaires, complexes moléculaires ADN/protéines,
ARN/protéines, protéines/protéines, qui sont en constante
dynamique pour assurer les différentes fonctions de la vie de
la cellule. Ces fonctions sont la réplication, la réparation, la
recombinaison, la maturation des protéines, la formation de
vésicules contenant des protéines, le transport des vésicules,
la fabrication des autoroutes de transport des vésicules, les
molécules du cytosquelette, qui maintiennent la forme de
la cellule, à l'image de notre squelette qui soutient notre
forme humaine.
Un film d'animation magnifique, La Vie interne de la
cellule a été réalisé par John Liebler du Harvard College, sous
la direction scientifique d'Alain Viel et Robert A. Lue. Ce
film met bien en évidence la dynamique interne des fonc-
tions cellulaires, sur la base de toutes les données de biologie
moléculaire, cellulaire et génétique. Dans cette vidéo, que
l'on peut voir sur Y ouTube, l'auteur reconstitue toutes les
fonctions principales dans la cellule qui sont orchestrées de
façon très poétique.
Quand on connaît le volume microscopique d'une
cellule, dont la taille est cent fois plus petite que le diamètre
d'un cheveu, la visualisation de ces dynamiques en parallèle
ressemble à de la science-fiction et s'apparente à un ballet
où tous les acteurs ont leur place et leur fonction, et tout
change constamment en fonction de la musique. La Vie
interne de la cellule montre une métamorphose constante
entre ordre, désordre et chaos.

155
La science, la matière et la spiritualité

L'ADN logé dans le noyau au cœur de la cellule, dans


une enceinte protégée du cytoplasme par une membrane
nucléaire, passe d'un état très condensé appelé « hété-
rochromatique » à un autre état moins condensé appelé
l'«euchromatique». Ces deux types d'ADN ne sont jamais
seuls, ils sont entourés de protéines appelées «nucléosomes »
(voir figures Sc et 8d, page 112), qui le stabilisent et qui
permettent des états de forte condensation.
Ce qui est incroyable à nos yeux, c'est que chaque noyau
de cellule, de l'ordre du millionième de mètre, contient
1,50 m d' ADN! Il est très condensé, à l'image des données
informatiques compactées. Les chromosomes correspondent
à l'état le plus condensé et le plus organisé sous forme de
fibre chromatinienne.
C'est grâce à cette organisation que lors de la division
cellulaire, on peut reconnaître les deux brins de la cellule
mère et de celle du père. C'est son état décompacté dans
le noyau cellulaire qui va permettre de lire et transcrire
l'ADN. L'ensemble des informations génétiques contenues
dans l'ADN est à l'image du grand livre de la vie, la bible de
l'ADN, dans lequel il y a plusieurs chapitres. Chaque cellule
de notre corps contient le même ADN ; une seule partie
de ce livre sera lue en fonction de l'activité spécifique du
type cellulaire, c'est-à-dire d'un organe et de ses fonctions
spécifiques dans notre corps. Ainsi, les cellules du foie et
celles des reins ne liront pas le même chapitre, pour assurer
la fabrication des protéines spécifiques à l'activité du foie et
à celle des reins (glucose, insuline, adrénaline).

156
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Figure 16: Images de microscopie en transmission en fond noir


annulaire des conformations de l'ADN en fonction des conditions
ioniques du milieu: (a) ADN seul relaxé; (h) ADN super-enroulé;
(clichés: Éric Le Cam, UMR8126, CNRS-université Paris-Saclay
Gustave-Roussy, Villejuif).

Cette forte organisation-condensation n'apparaît qu'à


la division cellulaire, état transitoire où la cellule a fait
disparaître la membrane nucléaire qui sépare le noyau
du cytoplasme avant de passer d'une cellule mère à deux
cellules filles.
Dans la dynamique de la cellule, l'ADN peut prendre des
conformations topologiques très nombreuses, dans des états
plus ou moins enroulés, en fonction des interactions diverses
ADN/protéine et des charges ioniques de l'environnement
comme le montre la figure 16.
De la même façon, en fonction de leur configuration,
les protéines conduiront à des états différents de l'ADN.
Ces complexes ADN/protéines sont en constant remode-
lage. Ces états d'organisation du noyau ressemblent aussi à

157
La science, la matière et la spiritualité

celui d'un cristal liquide dont la structure est fragile et peut


changer en fonction des contraintes de l'environnement,
c'est-à-dire en fonction de l'activité cellulaire. Les dernières
recherches montrent qu'une protéine peut avoir plusieurs
fonctions et n'agit jamais seule mais en coopération avec
d'autres acteurs protéiques bien définis selon l'environne-
ment local et les mécanismes de la réplication, réparation
ou recombinaison.
Ces états dynamiques impliquent que lorsqu'on veut
étudier la structure d'une cellule par microscopie électro-
nique, on stoppera la vie dans un état donné et qu'il faudra
de nombreuses observations pour comprendre ce qui se
passe dans la cellule.

Les défauts de structure liés


à l' ADN et à l'épigénétique
On trouve parmi les défauts du génome ceux liés à l'hé-
rédité qui peuvent conduire à des anomalies génétiques ou
des maladies génétiques comme les lymphomes de Burkitt.
Ils peuvent aussi être dus à des phénomènes de recom-
binaison de l'ADN dans certains chromosomes alors que
les parents ne sont pas porteurs d'anomalie génétique. Ils
peuvent être également de nature épigénétique. Le préfixe
«épi» signifie : au-dessus ou après, soit associé à 1' expression
des gènes, soit non.
L' épigénétique est la plus grande découverte en biologie
de ces cinquante dernières années. Par rapport aux facteurs

158
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

génétiques, on s'aperçoit aujourd'hui qu'elle prend une


place de plus en plus importante dans les pathologies.
Les défauts de nature épigénétique sont très nombreux
et sont tout d'abord liés à tout ce qui peut affecter les
machineries moléculaires de maintenance du génome et
des mécanismes de survie : la réparation, la réplication,
la recombinaison, la communication cellulaire, les voies
de régulation. Ces mécanismes impliquent de nombreux
acteurs protéiques qui peuvent être affectés par l'environne-
ment. Le contrôle de l'activité des gènes peut s'en trouver
perturbé, voire interrompu.
Si une protéine régulatrice devient oncogène à cause de
sa configuration non reconnue par un récepteur ou par un
complexe ADN/protéine, par exemple, elle va soit stopper
son action, soit la rendre suractive. Si la fonction associée est
capitale pour la cellule, cela peut conduire à la mort cellu-
laire. S'il s'agit d'une protéine membranaire responsable
du transfert d'informations de la membrane au noyau, son
dysfonctionnement peut aussi entraîner la mort cellulaire.
Dans les deux cas, la régulation est affectée à partir de
fonctions telles que la méthylation et l'acétylation qui
empêchent 1'ADN de s'ouvrir ou qui le lui permettent.
Selon le biologiste Joël de Rosnay, la modulation de l'ex-
pression de nos gènes est constamment en action dans nos
vies de tous les jours, en fonction de cinq comportements:
la nutrition, 1' exercice sportif, la résistance au stress, le réseau
social, amical ou familial, et le plaisir. Ainsi, notre compor-
tement aurait une influence sur 1' expression des gènes en

159
La science, la matière et la spiritualité

ouvrant l'ADN, pour en lire des parties et exprimer des


protéines, ou non.

La communication cellulaire
La communication cellulaire joue un rôle déterminant
dans le contrôle de la vie. Chaque cellule communique avec
son environnement en recevant et en renvoyant des signaux.
À chaque moment de la vie, après chaque signal reçu et
émis, une cellule n'est plus jamais la même: sa microstruc-
ture dynamique va changer en fonction des interactions et
de la fonction cellulaire mise en œuvre.
Quand la cellule reçoit des signaux externes à partir de sa
membrane cellulaire externe, ces signaux atteignent ensuite
le noyau pour informer la cellule de ce qui se passe à l' exté-
rieur. Les signaux reçus vont générer des réponses internes
du noyau vers le cytoplasme pour provoquer des réponses
physiologiques du cytoplasme vers la membrane externe via
des molécules. Ainsi, le message initial conduit à un nouvel
état.
Toutes ces étapes font appel à des changements molé-
culaires. Les signaux reçus de la membrane externe vont
engendrer à l'intérieur du cytoplasme des voies de signali-
sation particulières. La figure 17a schématise l'action d'un
stimulus initial sur une cellule saine, et la figure 17b les
changements moléculaires induits dans les cellules en inte-
raction, au cours de la communication cellulaire.

160
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Figure 17: Schéma de la communication cellulaire


entre plusieurs cellules.

La vie dépend des signaux reçus. En fonction des


signaux qu'elle reçoit, des architectures moléculaires vont
se construire et se détruire au fur et à mesure des besoins de
l'activité cellulaire. Les systèmes moléculaires dynamiques
sont mobilisés telle une danse de ballet où chaque unité de
structure a son rôle et sa place en fonction de la musique
qui se joue. Les transports routiers des grosses vésicules vers
la membrane externe ou vers le noyau sont créés juste au
passage de la vésicule, comme par enchantement, par des
systèmes macromoléculaires appelés «microtubules». Des
milliards de protéines dansent leur ballet, dans un espace
cellulaire où effondrements et reconstructions du cytosque-
lette s'activent dans un gigantesque ballet orchestré.

161
La science, la matière et la spiritualité

La membrane cellulaire: lieu d'échanges


d'informations entre le monde intérieur
et le monde extérieur
La communication entre cellules est assurée par l'inter-
médiaire des membranes cellulaires qui contiennent des
récepteurs membranaires (protéines). Les membranes sont
des structures minces faites de chaînes de phospholipides
qui protègent le milieu intérieur de la cellule des influences
extérieures et qui vont filtrer les ions ou molécules via
des protéines membranaires intrinsèques, c'est-à-dire qui
appartiennent à la structure de la membrane. Ces protéines
ancrées ont deux types de fonction : réceptrice à la sortie de
la membrane externe, et effectrice à l'intérieur. La première
reçoit les signaux de l'environnement et la seconde effectue
l'action. Les protéines effectrices agissent comme un inter-
rupteur en position on qui veut dire signal reçu, et off pour
transmission assurée.
Les récepteurs de la membrane cellulaire jouent le rôle
d'antennes capables de détecter les signaux de l'extérieur
de la cellule pour transmettre à l'intérieur l'information qui
va déclencher une cascade de réactions biologiques dans le
cytoplasme puis dans le noyau. Un récepteur est comme une
antenne de notre poste de radio qui peut recevoir plusieurs
longueurs d'onde, chacune correspondant à une station
comme RTL, Europe 1, France Musique, Radio classique,
etc., avec des programmes bien spécifiques. Même si deux
stations correspondent à des programmes musicaux, ce ne
sont pas les mêmes. Si l'on a envie d'écouter des informations

162
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

sur la politique ou uniquement de la musique, des stations


sont spécialisées et nous choisissons notre antenne! Nous
choisissons la longueur d'onde d'émission de cette radio
pour ses programmes.
Ainsi, les signaux venant de l'extérieur de la cellule au
niveau de l'interface membrane plasmique/récepteur cellu-
laire vont engendrer des voies de signalisation spécifiques.
Les récepteurs sont en très grand nombre à la surface de la
membrane et sont spécialisés pour recevoir différents types
de signaux (différentes longueurs d'onde des molécules,
correspondant chacune à une vibration spécifique) qui vont
conduire à une réponse cellulaire spécifique comme la proli-
fération de cellules (multiplication importante des cellules), la
différenciation cellulaire (cellule spécialisée par rapport à des
fonctions à mettre en œuvre comme la réponse aux agres-
sions extérieures), la survie cellulaire, par les mécanismes
élémentaires, les réactions liées au métabolisme du corps.

Les antennes de la membrane cellulaire:


tel un cristal liquide moléculaire
Les membranes interne et externe de la cellule sont pola-
risées, c'est-à-dire qu'elles portent des charges différentes
sur les faces interne et externe. Les protéines membranaires
qui sont ancrées dans la membrane sont aussi chargées
électriquement de part et d'autre de la membrane. Il en
résulte une différence de potentiel qui varie en fonction
de l'état de fonctionnement local et global de la cellule.

163
La science, la matière et la spiritualité

Ainsi, l'ensemble des deux membranes qui reçoit et émet


des signaux constitue une surface d'échange et de commu-
nication et se comporte, selon Bruce Lipton, comme un
cristal liquide semi-conducteur avec des portes et des canaux
ioniques en constante dynamique.
En science des matériaux, on connaît bien les applica-
tions des semi-conducteurs comme le silicium utilisé pour
l'électronique dans nos ordinateurs. Ils sont très sensibles à la
variation de charge qui peut être induite par une impureté
à l'échelle atomique dans le matériau. Ainsi, un seul défaut
d'atome, ou un surplus d'atome, induit un changement
de charge positive ou négative, conduisant à une variation
d'énergie des électrons qui passent de la bande interdite à
la bande de conduction. Dit autrement, cela fait changer le
niveau énergétique de 1' atome correspondant qui va émettre
un photon via un saut quantique.
Dans la cellule, les variations de concentration des ions
Na+ et K + à travers les canaux ioniques vont conduire à des
polarisations/ dépolarisations de la membrane, c'est-à-dire à
des sauts de potentiel électrique correspondant chacun à une
activité biologique. La qualité de cette autorégulation de
la polarisation cellulaire est un indice de vitalité cellulaire.
Chaque potentiel correspond à un niveau d'énergie qui peut
être associé à une longueur d'onde ou à sa fréquence corres-
pondante. Au même titre que les stations radio peuvent être
reçues sur notre poste, par des ondes électromagnétiques
spécifiques, les récepteurs cellulaires vont être sensibles
à la variation du champ électromagnétique environnant

164
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

la cellule. Les antennes de ces récepteurs vibrent comme


des diapasons. Certains récepteurs vont pouvoir lire des
champs d'énergie vibratoire comme la lumière, des sons et
des fréquences radio.
Les membranes cellulaires portent de nombreux récep-
teurs qui ont des fonctions différentes. Il s'agit soit de
récepteurs membranaires intrinsèques situés dans la structure
de la membrane qui conduisent à des voies de signalisation
cellulaire, soit de récepteurs membranaires extrinsèques qui
se situent sur la membrane externe ou sous la membrane
interne. L'activité biologique d'une protéine et son rôle
sont associés à la fonction qu'elle prend et qui dépend de sa
structure, c'est-à-dire de sa conformation (ou sa forme dans
l'espace) qui la rendra active ou non.
Certains récepteurs portent la reconnaissance du type
cellulaire, l'adresse et le type de la communauté de cellules.
Ainsi, les cellules du foie ou de l'estomac ne portent pas
les mêmes récepteurs membranaires. Les récepteurs des
différentes cellules du système immunitaire portent des
récepteurs spécifiques de reconnaissance du Soi et du
non-Soi, ce qui permet à notre armée intérieure de tout
mettre en œuvre pour nous protéger.
Si une vibration de 1' environnement entre en résonance
avec l'antenne d'un récepteur, la protéine réceptrice spéci-
fique modifiera sa charge et ainsi le récepteur changera
de forme. Cette modification de forme est associée à un
changement d'état quantique de la molécule qui conduit à
l'émission d'un photon. C'est ce mécanisme qui est impliqué

165
La science, la matière et la spiritualité

dans les voies de signalisation au niveau membranaire. Au niveau


de chaque cellule de la communauté de cellules, ce signal va
entrer en résonance avec celui des autres cellules environ-
nantes. Il s'ensuit alors que toute la communauté de cellules
va participer de concert à la même fonction dans 1' organe.

Les défauts de communication cellulaire


et leurs conséquences
Une cellule saine communique avec elle-même et avec
tout son environnement en recevant et renvoyant des
signaux, comme le montre le schéma de la communication
cellulaire d'une cellule saine sur la figure 18.
L'écoute de l'environnement et le renvoi de signaux font
partie du mécanisme de survie. En effet, une cellule saine
va pouvoir recevoir et envoyer des signaux à son environ-
nement pour décider de vivre ou de mourir. Toute cellule
contient le programme de sa vie avec toutes les stratégies
de survie mises en place et sélectionnées par l'évolution, et
celui de sa mort.
Ainsi, une cellule saine qui ne peut entendre de signal de
son environnement ou qui ne peut pas renvoyer de signaux
tel un chant des cellules s'engagera dans le processus de
mort cellulaire programmée (apoptose) car elle n'est pas en
résonance avec les signaux de sa communauté.
Si cette cellule est devenue pathologique et se multi-
plie indéfiniment sans tenir compte de 1' environnement
extracellulaire, elle est devenue une cellule cancéreuse. Elle

166
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

n'écoute plus les signaux émis par les autres et n'en émet pas
non plus, et continue à se multiplier pour finalement faire
des amas indépendants tridimensionnels de cellules cancé-
reuses. Ces mêmes cellules peuvent vivre dans n'importe
quel environnement et c'est ce qui explique les métastases,
cellules cancéreuses qui ont migré vers d'autres commu-
nautés de cellules, pouvant passer d'un organe à un autre
via le sang. Les défauts de communication cellulaire peuvent
ainsi conduire au cancer.

Commnlcatlon cellulaire Rupture de la


d 'une cellule saine communication cellulaire

Une•Kllde
der6pon...
/
Sttmlu• aurce
•xt•met:
etlntemu
i I• cellule
de..,_ qui permet
l I• cellule de ,.oglr

C.Uul• coneclente Cellule coup6e de oon


qui vtt 1• moment présent en environnement condul..nt
Interaction •v•c son envlronn•m•nt l •• Mort cellul•lre

Figure 18: (a) Schéma du principe de la communication d' une


cellule saine recevant et transmettant les signaux; (b) schéma
d'une rupture de communication soit à l'entrée, soit à la sortie
de la cellule saine, conduisant à la mort cellulaire programmée
(apoptose). Si cette cellule est pathologique et se multiplie
indéfiniment sans tenir compte de l'environnement extracellulaire,
elle devient une cellule cancéreuse.

167
La science, la matière et la spiritualité

Mécanismes de mort cellulaire:


mécanismes de défense de la vie
Chaque cellule contient la même information génétique
qui assure le maintien de l'intégrité de chaque personne.
Chacune possède le programme de sa mort et contient les
gènes capables de fabriquer certaines protéines qui vont
maintenir le métabolisme de la vie. Sur l'ensemble de
nos cellules, 50 milliards meurent chaque jour, soit 1 sur
10 000 cellules.
Les mécanismes de mort cellulaire,« apoptose» et« auto-
phagie», font partie des mécanismes fondamentaux de survie
de 1' ensemble des espèces. À chaque instant, la cellule peut
aller sur diflèrentes voies de signalisation qui vont aboutir
à la survie ou à la mort cellulaire. Les voies de signali-
sation étudiées en biologie moléculaire et cellulaire sont
nombreuses. Celles qui ont été étudiées sont très complexes.
Elles engendrent des cascades de signaux qui vont servir de
signal de vie ou de signal de mort et entraîner la cellule vers
la mort cellulaire ou non.
Quand une cellule meurt par apoptose, elle donne le
signal de mort à son environnement. La cellule va alors
se décomposer en détruisant ses structures internes, en
commençant par la machinerie qui assure la vie : les mito-
chondries. Elles sont le siège de la fabrication de l'énergie
pour assurer la vie de la cellule à partir de la transformation
de la molécule adénosine triphosphate (ATP) en adénosine
diphosphate (ADP), qui libère un électron. Au signal de la
mort cellulaire, cette ultrastructure s'arrête de fonctionner et

168
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

le débit des électrons de la pompe à transformer la matière


ATP-ADP en énergie s'arrête.

Figure 19: (a) Le schéma d'une coupe de mitochondrie mettant


en évidence les crêtes mitochondriales, le lieu de la fabrication
de l'énergie de la cellule; (b, cet d): images de microscopie
électronique en transmission d'une coupe de cellule montrant:
(b) une mitochondrie normale bien vivante avec les crêtes
mitochondriales verticales et fonctionnelles ; (c) fragmentation des
mitochondries lors de la mort cellulaire provoquée par une toxine
et destruction la membrane nucléaire (flèche); (d) agrandissement
d'une mitochondrie déstructurée par la fragmentation.

Sans A TP, une cellule ne fonctionne pas. Quand le


gradient électrique de la mitochondrie s'arrête, elle envoie
une molécule, le cytochrome C, qui va informer le noyau.

169
La science, la matière et la spiritualité

Cette information entraîne la fragmentation de la mito-


chondrie elle-même, la destruction de la structure nucléaire
qui conduit à la disparition de la membrane nucléaire, et
l'agrégation de l'ADN en pelotes qui sera décomposé plus
tard en ses éléments de base.
Une fois le signal de mort donné, la cellule ne peut plus
revenir en arrière, engendrant ainsi une réaction irréversible
pour elle. La figure 19 montre le schéma de la mitochon-
drie avec ses structures internes (figure 19a), des images de
microscopie électronique en transmission d'une mitochon-
drie normale montrant les crêtes mitochondriales, lieu de
fabrication de l' ATP (figure 19b), et des images de frag-
mentation de mitochondries au cours de la mort cellulaire
provoquée par une toxine (figures 19c et 19d). On observe
aussi la destruction de la structure de la membrane nucléaire
laissant apparaître une pelote d' ADN (flèche sur figure 19c).

La mort cellulaire sculpte le vivant, comme le dit si bien


Jean Claude Ameisen. Lors de l'embryogenèse, pendant la
formation du fœtus qui est d'abord un amas multicellulaire
en différenciation, c'est le mécanisme de mort cellulaire par
apoptose qui permet de sculpter la forme des doigts pour par
exemple laisser émerger la main telle que nous la connais-
sons. C'est elle aussi qui va participer à la construction de
notre réseau de neurones.
À notre naissance, nous avons des milliards de neurones
prêts à être sollicités. La première année de la naissance
est déterminante pour la mise en place des connexions

170
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

neuronales qui vont se créer à la suite de toutes les stimu-


lations du bébé. Ainsi, plus le bébé est sollicité dans son
environnement proche, avec sa mère, son père, la famille,
l'environnement extérieur, plus il va créer de connexions
neuronales et développera les fonctions de son cerveau.
Les neurones qui ne servent à rien car non sollicités vont
être éliminés par la mort cellulaire. C'est la loi de la vie,
tout ce qui ne sert pas ou plus disparaît, meurt d'une façon
ou d'une autre.
À la naissance, l'image à laquelle me fait penser le cerveau
est celle d'une toile blanche de peintre qui va être le support
de la peinture, le lieu de la création où tout peut se jouer.
Ce sont les émotions créées par l'environnement inté-
rieur et extérieur qui vont activer des parties du cerveau
en faisant des ponts entre neurones et participer au tracé
des premiers traits, des coups de peinture de couleurs diffé-
rentes, prémices d'une œuvre d'art!
C'est aussi la mort cellulaire par apoptose qui «éduque»
les lymphocytes constituant l'armée des cellules du système
immunitaire. L'éducation pour les rendre matures et
compétents pour identifier le Soi du non-Soi passe par
la mort cellulaire. Ainsi, une bonne éducation cellulaire
conduit à une bonne protection du Soi. Une fois compé-
tentes, les cellules lymphocytes vont se trouver en attente
de la moindre attaque extérieure pour y répondre immé-
diatement, telle une armée qui s'est entraînée pour parer
l'attaque.

171
La science, la matière et la spiritualité

Un autre mécanisme de survie est appelé «autophagie».


C'est un mécanisme particulier qui peut participer à la mort
cellulaire. L' autophagie joue un rôle important dans:
1. le maintien de l'homéostasie car elle permet l'élimi-
nation et le remplacement continuel des protéines et des
organites non fonctionnels ;
2. l'adaptation et la survie des cellules soumises à des
conditions de stress ;
3. l'immunité innée à l'échelle de la cellule car elle
permet d'éliminer des pathogènes intracellulaires ;
4. l'immunité adaptative car la dégradation des proté-
ines par autophagie génère des peptides qui seront ensuite
présentés sur le complexe majeur d'histocompatibilité
(CMH), antigène présent à la surface de toutes les cellules,
qui est présenté aux globules blancs et fait partie du système
de reconnaissance de soi.
L'autophagie conduit la cellule à faire une sorte de
nettoyage qui transforme et décompose certains éléments de
structure du cytoplasme de la cellule en formant de nouveaux
compartiments de structure particulière (autophagosome).
C'est comme si la cellule se nourrissait de ce qu'elle
contient! Belle image à l'échelle humaine. . . Si l'environ-
nement devient trop toxique, la mort cellulaire par apoptose
prend le relais. Cela ne veut pas dire que tout l'organisme
meurt mais que certaines cellules meurent car elles sont trop
toxiques, cela afin de préserver la vie de l'ensemble de la
communauté.

172
Les propriétés de la maôère ou l'esprit dévoilé de la maôère

Le jeûne provoque !'autophagie dans les cellules. C'est


maintenant une méthode thérapeutique complémentaire
de plus en plus utilisée dans certaines thérapies en cancéro-
logie pour limiter la croissance des cellules cancéreuses et
mieux supporter les traitements. De plus, le jeûne permet de
reposer 1' organisme de la digestion, de sorte que les cellules
peuvent faire leur nettoyage tranquillement et se réparer
pour le bienfait de l'organisme et de nous-mêmes.
Ainsi, on a récemment étudié dans mon ancien labora-
toire à Villejuifl'effet d'un environnement toxique induisant
du stress à des cellules animales. Pour se protéger, les cellules
vont former des structures particulières : des granules de
stress de protection du matériel génétique. Ce sont des
amas cellulaires qui enrobent les protéines ou 1'ARN pour
faire survivre la cellule (thèse de Ouissame Bounedjah:
«Mécanismes d'assemblage des granules de stress dans des
conditions de stress oxydatif et osmotique», soutenue à
l'université d'Évry-Val d'Essonne, 2014). Quand le danger
disparaît, ces amas protéiques disparaissent et les protéines
redeviennent fonctionnelles. Cela bien sûr quand le taux de
toxicité est faible.

Mécanismes de défense du système


immunitaire: préservation
de notre humanité au cœur du vivant
Notre système immunitaire permet de reconnaître le
Soi du non-Soi. Les cellules lymphocytes de ce système

173
La science, la matière et la spiritualité

apprennent à devenir matures par les mécanismes de mort


cellulaire qui sélectionnent celles qui sont compétentes pour
identifier le Soi !
Lors des nombreuses attaques que subit l'organisme,
la structure du système immunitaire permet de différen-
cier les modes d'action nécessaires à notre survie grâce à
différents types de cellules spécialisées. Elles sont capables
de bloquer les corps étrangers par des anticorps qu'elles
fabriquent spécifiquement (par les lymphocytes B) et elles se
souviennent de tout ce qu'elles ont fait! D'autres cellules du
système immunitaire (lymphocytes NK ou Natural Killers)
sont des sentinelles qui vont détruire les cellules anormales
(tumoralps ou infectées) très rapidement, tout en respectant
les cellules saines.
Les cellules lymphocytes T, plus lentes que les sentinelles,
sont responsables de l'immunité cellulaire et vont détruire
tout ce qui est non-Soi, comme les cellules infectées par un
virus et les cellules cancéreuses. L'exemple de la figure 20
montre le «baiser de la mort» des lymphocytes NK prenant
en charge la destruction d'une cellule tumorale.
Le système immunitaire est le garant de notre identité
et son «armée» garantit notre préservation. Elle est là pour
nous protéger de tous les envahisseurs étrangers.
Une personne en bonne santé possède une armée sur
laquelle elle peut compter. Cependant, les états dépressifs,
les états de stress intense ou les difficultés soutenues de la vie
affaiblissent le système immunitaire et rendent la personne
plus sensible aux infections.

174
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Figure 20: Images de microscopie électronique en transmission


d'une coupe de lymphocytes NK en train de détruire une cellule
tumorale: (a) deux cellules NK f (flèche simple) interceptent
en même temps la même cellule tumorale (double flèche) qui
n'a aucune chance de survivre. La cellule tumorale va exploser
après l'introduction des granules cytotoxiques produits par le
lymphocyte NK. Les deux images b et c correspondent-à des
coupes différentes des interfaces cellule NK/cellule tumorale. On
peut distinguer sur la figure c des granules cytotoxiques qui ont
traversé l'interface et sont rentrés dans la cellule tumorale. Le
diamètre moyen du lymphocyte est de 10 microns, et son noyau
de 7 microns comme celui d'un globule rouge.

Pendant l'enfance, plus l'enfant est confronté tôt à un


environnement non aseptisé, et plus il renforcera son
système de défense en fabriquant constamment des anticorps
dirigés contre les antigènes étrangers pour les neutraliser.
Nous fabriquons des millions de lymphocytes diffé-
rents tels que les lymphocytes B pour l'immunité adaptative
et les lymphocytes T cytotoxiques pour éliminer les cellules
cibles infectées ou tumorales. Ils ont tous des fonctions
différentes et chacun d'eux reconnaît un agent étranger
particulier qu'il a déjà fallu combattre.

175
La science, la matière et la spiritualité

Notre vécu est inscrit dans les cellules de notre corps. Le


système immunitaire garde la mémoire de tout ce à quoi
il a été confronté. Il conserve en mémoire un exemplaire
de chacune des cellules lymphocytes B sélectionnée avec le
bon récepteur et qui a permis de neutraliser chaque antigène
étranger. À la prochaine attaque extérieure, un signal sera
immédiatement donné pour reprendre la division cellu-
laire et fabriquer les cellules spécifiques qui répondront
à l'attaque reconnue par le système immunitaire. C'est le
principe de la vaccination, qui provoque une réaction du
système immunitaire permettant de l'armer pour les attaques
ultérieures. Si un nouvel étranger arrive, il fabriquera le bon
récepteur en essayant des millions de possibilités, jusqu'à
trouver la bonne solution, c'est-à-dire le bon récepteur de
l'antigène spécifique à celui de l'attaque!
Ainsi, le principe de la vaccination permet de se protéger
de maladies virales comme la rougeole, la rubéole, la variole,
la tuberculose, la grippe, etc., en inoculant le virus de la
maladie, en très faible quantité ou bien «désactivé», afin
d'obliger le corps à fabriquer les anticorps nécessaires pour
les futures attaques.
Le climat de défiance à l'encontre de la vaccination
vient des pratiques commerciales des laboratoires qui
jettent un discrédit sur l'ensemble des produits pharma-
ceutiques. Cependant, des médicaments soignent et des
vaccins préviennent des maladies. Aujourd'hui, les labora-
toires utilisent couramment des adjuvants dans les vaccins
pour faire réagir un peu plus le système immunitaire en

176
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

provoquant une inflammation dans le corps. Ce problème


majeur ne vient donc pas des vaccins mais des ajouts de sels
d'aluminium qui passent la barrière encéphalique, pouvant
provoquer des maladies.
Un autre problème récent lié aux nouvelles lois sur la
vaccination va aggraver la situation. Imposer l'injection de
nombreux vaccins en synergie, jusqu'à onze, avec des adju-
vants, dans les premiers mois de la vie, à des bébés qui n'ont
pas encore leur système à maturité, est une preuve de l'igno-
rance des mécanismes qui gouvernent le vivant. Ce type de
pratique est contraire aux lois de la vie et de la protection
de la santé des individus, et de plus augmente les risques de
réaction du corps, et donc d'apparition de pathologies.
Ainsi, pour respecter la santé et la vie de chaque enfant
et chaque individu, la vaccination devrait être effectuée
séquentiellement dans le temps, et sans adjuvant. Le principe
du vivant étant que tout corps étranger, comme l'antigène
de virus en contact avec les cellules de notre corps, va être
intercepté par le système immunitaire, et cela suffit pour
provoquer la production des anticorps adéquats. Un système
immunitaire affaibli peut faillir. De plus, les cellules lympho-
cytes T Natural Killer (NK) d'un système immunitaire en
bonne santé sont capables d'éliminer les cellules infectées
par des virus ou autres pathogènes intracellulaires, ainsi que
les cellules tumorales (cancéreuses).
Les maladies auto-immunes résultent d'un dysfonction-
nement du système immunitaire qui le conduit à s'attaquer
aux constituants normaux de l'organisme. Ce type de défaut

177
La science, la matière et la spiritualité

de nature épigénétique résulte lui-même d'un dysfonction-


nement des machineries moléculaires de ce système. Les
maladies comme le diabète de type 1, la sclérose en plaques
et la polyarthrite en sont des exemples.

Le sida résulte d'une attaque virale des cellules du système


immunitaire, le rendant ainsi inopérant. Face aux stratégies du
virus du sida, qui utilise les cellules hôtes pour se reproduire,
les chercheurs ont développé de nouvelles approches théra-
peutiques visant à bloquer certaines étapes de sa reproduction.
Grâce aux avancées de la recherche, la connaissance des méca-
nismes de croissance de ce virus a permis le développement
de la «trithérapie» qui bloque trois étapes de sa reproduction.
Les dernières avancées thérapeutiques développées bloquent
cinq étapes de la croissance. Ainsi, les personnes atteintes du
sida peuvent avoir aujourd'hui une vie tout à fait normale
grâce à ces thérapies multicibles impliquant de faibles doses.

L'agent pathogène de la maladie de Lyme, connu sous


le nom de Borrelia burgdoiferi, est une bactérie résistante aux
actions de notre système immunitaire, grâce à sa capacité
d'adaptation hors du commun. Cette bactérie dispose en
effet de plusieurs moyens pour échapper aux attaques de
la défense naturelle de son hôte. Devant cet agresseur, les
globules blancs sont inopérants.

Les défauts du système immunitaire liés à son attaque,


au blocage de son action ou à un dysfonctionnement

178
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

épigénétique conduisent à des maladies plus ou moins


graves. Dans tous les cas, les lymphocytes ne peuvent plus
assurer leur travail de différenciation, de reconnaissance
du Soi et du non-Soi. Cela veut dire que les lympho-
cytes ne défendent plus le Soi, ce qui amène les défenses
immunitaires au plus bas et favorise toute attaque de virus
ou infection qui peut alors être fatale. Dans ce cas, notre
année intérieure n'est plus à notre service mais répond à
l'appel extérieur lié à notre environnement émotionnel,
social, professionnel, etc., et les états émotionnels engendrés
peuvent mettre en danger la vie de la personne elle-même.
Au niveau symbolique, le système immunitaire porte
en lui la défense de notre humanité. L'apparition des
maladies qui impliquent un défaut du système immuni-
taire pourrait être en relation avec la négation de Soi. Les
maladies auto-immunes sont du même type symbolique.
Les personnes concernées auront besoin, en plus des soins
allopathiques, de faire un travail personnel intense pour
réhabiliter leur nature profonde et reconnaître la part de
leur personne qui exprime une négation d'elle-même via
sa maladie. C'est un travail long qui peut être salutaire. La
cause de ces maladies est particulière à chaque chemin de
vie, et est différente pour chacun. La réappropriation de
Soi à un niveau profond va améliorer la santé jusqu'à faire
disparaître les symptômes de la maladie.
Je présente dans la partie 6, «L'intelligence au cœur
du corps», les différentes étapes de la réappropriation de
moi-même à la suite de la polyarthrite rhumatoïde que

179
La science, la matière et la spiritualité

j'ai vécue il y a trente ans. À cette époque, je ne savais pas


qu'il s'agissait d'une maladie auto-immune. Le chemin que
j'ai parcouru fut salutaire pour moi. Il est décrit dans les
chapitres 17, 18 et 19. Grâce à lui, j'ai pris conscience du
langage de mon corps dans mes somatisations, et je m'en
suis libérée.

Adaptation et survie des cellules


La notion d'adaptation du vivant remonte au début
de l'évolution et suit la ligne directrice de la vie. C'est
l'adaptation au changement de l'environnement intérieur
et extérieur qui permet à la vie de se reproduire et de se
maintenir en créant la diversité et en respectant l'intégrité
du génome de chaque espèce. Quand l'environnement
intérieur et/ ou extérieur n'est plus favorable à la survie
d'une cellule, la cellule se dirige vers la mort cellulaire. Au
niveau de l'espèce, celle-ci s'adapte ou disparaît!
Il est impressionnant d'observer les capacités de survie
et d'adaptation des cellules à l'absorption de corps étran-
gers comme les nanoparticules (diamant, fibre de carbone,
etc.). À l'échelle nanométrique (dizaine de milliardième de
mètre), ce type de particules est utilisé en nano-biotechno-
logies au service de la médecine. On parvient aujourd'hui à
intemaliser dans les cellules des nanoparticules fonctionna-
lisées pour transporter de l'ADN ou des protéines qui vont
engendrer des voies de signalisation spécifiques ou encore
des voies d'intégration d'un génome étranger dans l'ADN
de la cellule.

180
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

Les cellules peuvent absorber de grandes quantités de nano-


particules tout en maintenant un état de vie. J'ai moi-même
étudié les voies d'internalisation de fibres naturelles de
sépiolite (oxydes complexes) comme vecteurs d'ADN pour
la transformation génétique de cellules animales. Lorsque le
nombre de fibres devient trop important et que la cellule est
maintenue longtemps dans ces conditions de stress, elle peut
aller jusqu'à éclater. Cependant, les observations en micros-
copie photonique par fluorescence ont montré que, pour
des temps de contact courts, les nanoparticules en forme de
fibre sont absorbées alors que d'autres sont rejetées par les
cellules. La forme de ces fibres est cependant dangereuse car
elle peut les percer et entraîner leur mort.
Ces techniques font partie de la médecine du futur pour
aller cibler un type cellulaire, dans un organe, pour une
pathologie particulière. Des études importantes sur la toxi-
cité des nanoparticules sont en cours, en particulier pour
améliorer leur élimination par l'organisme.

L'état homéostatique:
état de bien-être prévu dans le vivant
Le but du vivant pour chaque espèce est de vivre en se
nourrissant, se reproduire en créant la diversité et survivre
à l'environnement quand il est menaçant. S'adapter en
maintenant tout notre potentiel est rendu possible grâce
aux mécanismes moléculaires et cellulaires de réajustement
constant de l'état d'équilibre dynamique homéostatique

181
La science, la matière et la spiritualité

(homéodynamique), lié aux processus physiques élémen-


taires. En dehors de cet état, le vivant a mis en place des
stratégies de survie, des mécanismes de préservation de l'in-
tégrité et des qualités de l'espèce.
Les cellules vivent l'instant présent comme unique car
c'est dans l'instant de chaque interaction que la vie et la
mort se jouent. Dans chacune de nos cellules existe une
part du déterminisme liée à l'information génétique de la
structure de notre ADN et une part d'indéterminisme liée
aux informations épigénétiques qui dépendent de l'environ-
nement intérieur et extérieur de la cellule.
Tous les chemins sont possibles dans le vivant, la ligne
directrice étant de maintenir l'intégrité du génome en main-
tenant la vie de l'espèce et en développant la vie. La règle du
vivant est la vie avant tout mais la mort individuelle d'une
cellule est parfois nécessaire pour maintenir la vie de toute
la société cellulaire. L'état de chaque cellule est dynamique
et en constant remodelage, succession de constructions et
d'effondrements de structures qui assurent le maintien de
la vie.
Cet état homéostatique correspond à l'état par lequel
1' organisme, depuis le niveau moléculaire, puis cellulaire
jusqu'à celui de l'organisme, est en possession de toutes ses
ressources et qualités optimales des fonctions vitales. Cet
état correspond à un état de bien-être de 1' organisme tout
entier. Notre organisme entier prend en charge la régulation
de notre état homéostatique via la régulation des émotions,

182
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

c'est-à-dire via les informations qu'il reçoit de l'environne-


ment intérieur et extérieur.
Ainsi, à l'échelle de l'homme, le pouvoir du moment
présent consiste à vivre dans le moment présent sans peur et
sans jugement. Cette attitude conduit à s'adapter d'instant
en instant à l'environnement intérieur et extérieur. Le passé
n'a plus de prise, et l'avenir n'existe que dans l'instant. C'est
vivre pleinement le potentiel de notre état homéostatique
qui nous maintient vivant avec toutes les fonctions vitales
pour répondre à n'importe quel stimulus extérieur ou inté-
rieur. Cet état de bien-être devrait être notre référence!
Ces moments sont alors comme des moments de grâce
lors desquels le mental, formaté aux stratégies de survie, est
court-circuité. Rien n'est plus important que le ressenti du
moment. Nous sommes alors connectés à notre être supé-
rieur, qui sait?! Nous n'avons besoin de rien d'autre que
d'être ... Cet état est proche d'un état de communion avec
tout l'univers, un état dans lequel nous sommes l'univers.
Cet état peut être atteint lors de méditations. C'est pour-
quoi les techniques de méditation, sophrologie et autres,
par lesquelles le mental s'apaise pour ne laisser place qu'à
l'Être sont un merveilleux outil de chaque instant, comme
la pincée de sel nécessaire pour donner du goût à chaque
repas ! Le sel de la vie ...
Quand les cellules perdent la tête
Nous vivons en permanence la vie et la mort cellulaires
dans notre corps, à travers le mécanisme de la division
cellulaire et celui de la mort cellulaire, pour assurer la

183
La science, la matière et la spiritualité

continuité de la vie de notre organisme tout entier. En effet,


le temps de vie de chaque espèce cellulaire est différent. À
titre d'exemple, le temps de vie d'une cellule peut aller de
10 jours pour les cellules de la rétine, à 21-28 jours pour
les cellules de la peau, 120 jours pour les globules rouges et
jusqu'à 400-500 jours pour les cellules du foie.
À chaque instant, des millions de cellules se divisent pour
en produire de nouvelles alors que des millions d'autres
meurent. Il s'agit d'un processus très contrôlé qui permet
au corps de grandir et de remplacer les cellules perdues ou
endommagées au cours de la vie adulte.
Un exemple de cellules qui ont «perdu la tête» est le
cas des cellules cancéreuses qui se divisent d'une façon non
contrôlée à cause de mutations génétiques ou d'influences
épigénétiques. Les mutations s'accumulent au fur et à
mesure que nos cellules se divisent et vieillissent. Certaines
combinaisons de mutations génétiques peuvent conduire à
une pathologie.
Une cellule cancéreuse a perdu une partie de son
programme, en particulier celui de la mort cellulaire. Elle a
subi des mutations génétiques, c'est-à-dire des modifications
de la structure même de l' ADN qui constitue les gènes.
Elle est devenue immortelle et peut se multiplier indéfi-
niment dans n'importe quel tissu à cause d'une rupture de
communication avec l'environnement. C'est là l'origine des
tumeurs et métastases.
Ces cellules se sont dédifférenciées : elles sont revenues
à un stade d'avant la différenciation, que l'on compare aux

184
Les propriétés de la matière ou l'esprit dévoilé de la matière

cellules souches. Cependant, alors qu'une cellule souche se


multiplie indéfiniment en communiquant avec son envi-
ronnement, la cellule cancéreuse ne communique plus avec
l'environnement. Cette perte de communication entraîne la
cellule normale dans un état pathologique qui ne respecte
pas le programme de la mort nécessaire pour maintenir
l'ensemble de la société de cellules en vie.
Le phénomène naturel de vie/mort/vie ou renaissance
est propre à tous les règnes de l'univers, quelles que soient
les échelles considérées. Ce type de cellules se déconnecte
de la loi ontologique du vivant en devenant immortelle.
Dans l'incarnation de toute matière, on trouve toujours
les deux aspects matière/ énergie et onde/information,
qui contiennent le plan d'organisation de chaque espèce à
l'échelle de la particule, molécule, macromolécule, du
système, de l'espèce et aussi de chaque individu.
En temps normal, notre système immunitaire s'occupe
constamment de ce type de cellules quand il s'agit de défauts
ponctuels et que tout va bien par ailleurs. Lorsque leur
nombre est trop important, elles forment un amas (tumeur)
qui va créer son propre réseau sanguin pour s'alimenter
au détriment des cellules saines. À proximité des vaisseaux
sanguins, elles peuvent se détacher pour devenir libres circu-
lantes dans le sang et faire souche n'importe où (métastase).
Partie 4

Du comportement
des matériaux
au comportement humain
Chapitre 11

La science des matériaux comme


modèle pour l'étude du vivant

Le modèle de la science des matériaux


La base de la méthodologie en science des matériaux
pour l'étude de leur comportement est représentée par le
schéma de la figure 21. Ce triangle montre la relation qui existe
entre la matière, qui est au centre, et les trois pcSles: origine-his-
toire /structure/propriétés physiques ou fonctionnelles. Ces trois
pôles sont reliés et interdépendants. Toute variation des
conditions initiales lors de la formation de la matière pertur-
bera la structure et ses propriétés finales et tout changement
de structure conduira à des changements de propriétés,
microscopiques et macroscopiques.

189
La science, la matière et la spiritualité

Origine, Histoire
Temps , environnement

Propriétés physiques ~j;;;::;;;:;;::;:;;;;:;;;~ Structure et


Chimiques, Optiques, Organisation
Electroniques à différentes
échelles

Figure 21 : Schéma représentant la relation qui existe entre la


matière, au centre du triangle, et les trois pôles origine-histoire/
structure/propriétés physiques ou fonctionnelles.

L'analyse de la structure, pour quoi faire?


Étudier la matière à l'échelle microscopique permet
d'accéder à la compréhension des liens qui existent entre
son origine, la nature de la structure, les propriétés, et son
comportement en fonction de son histoire. Cela permet
de comprendre les transformations de la structure pendant
son histoire pour remonter à la mémoire de la structure
originelle.
La science des matériaux est principalement associée à
la science des défauts qui vont donner aux matériaux leur
spécificité, leur intelligence. La difficulté réside dans le fait
qu'il faut maîtriser l'introduction de défauts particuliers
dans la structure pour en faire des matériaux intelligents par
rapport à des applications spécifiques.

190
Du comportement des matériaux au comportement humain

La maîtrise et la compréhension des mécanismes de


formation des défauts de structure dans les matériaux
résultent d'un suivi d'analyse des expériences à toutes les
étapes de leur formation.
En science des matériaux, ou en physique du solide, on
s'intéresse en général à un type de matériau par rapport à
un type de propriété physique, chimique, spectroscopique,
etc., que l'on veut étudier avec différents outils d'analyse
(microscopie électronique, rayons X, neutrons, etc.). C'est
ce qui permet de maîtriser tous les paramètres de la crois-
sance, de la formation des défauts et du comportement d'un
matériau.
On voit en recherche combien il est difficile d'étudier
les matériaux complexes faits de plusieurs types d'atomes.
Les grandes applications concernent les matériaux mono-
composés comme le silicium et désormais certains oxydes
supraconducteurs pour leurs propriétés exceptionnelles.

La croissance: une étape déterminante


de la formation d'un matériau
La structure d'un matériau est formée au cours de la
croissance cristalline. Tous les défauts sont issus de cette
formation et sont fonction des conditions expérimentales
particulières. Ces défauts peuvent être structuraux (défauts
ponctuels, joints de grains, interfaces, précipités ou défauts
de composition chimique liés à des transformations internes
importantes, phases secondaires, etc.). C'est leur présence

191
La science, la matière et la spiritualité

dans le matériau qui va déterminer les propriétés finales du


matériau.
À titre d'exemple, pour former un matériau céramique
il faut mettre en interaction des poudres de composants
élémentaires de base, que l'on va mélanger, assembler
sous une forme compacte, puis que l'on va traiter à haute
température en fonction des conditions thermiques bien
définies par le diagramme de phase du matériau. Les condi-
tions de température et de pression sont déterminantes
pour la croissance des grains, qui dépend des conditions
thermodynamiques et cinétiques. Lorsque la température
de croissance est atteinte, la nucléation de grains apparaît
d'abord (figure 22), puis à partir d'une taille critique d'agré-
gats, des microcristaux se forment. Ensuite, la croissance des
microcristaux se poursuit avec le temps jusqu'à l'étape finale
de la formation où la taille des grains atteint des dimen-
sions entre le micromètre et plusieurs centaines de microns,
voire plus selon les applications. Le matériau final formé
contiendra des défauts intrinsèques liés à sa structure, et des
défauts extrinsèques liés aux conditions expérimentales non
optimisées : temps, température, pression, hétérogénéité des
composants de départ, etc.
Le matériau final formé est ensuite analysé pour sonder sa
structure et vérifier ses propriétés. Pour caractériser complè-
tement un matériau, il faut l'analyser à différentes échelles
d'observation: celle du microscope photonique (t0-6 m),
celle du microscope électronique à balayage (t0-6 - t0-9 m)
et enfin celle du microscope électronique en transmission

192
Du comportement des matériaux au comportement humain

(10-9 - 10-11 m), échelle où l'on peut observer les atomes


pour déterminer la structure et les défauts formés.

1111:1 .. ·111·111·!1111:11·11111111111.:1
· · · • · · · •· ••••1
Poudreslcom~~t:::ue à
Haute Température, pression, atmosphère
contrôlée, sous conditions thermodynamiques

'~· .. ..·. .. ..
, • , , , • , ,
~
et cinétiques définies

·. :': :' ,•: ..····: ..


• • ' • • ', , ' • • ' : Nucléetlon des microcristaux
Maintien du traitement à haute température

'
sur plusieurs heures, jours, semaines, selon
les conditions cinétiques choisies.
Crolaaance des cristaux
Maintien du traitement à haute température
sur plusieurs heures, jours, semalnes, selon
les conditions cinétiques choisies
'
Mlltjf1au flnal
avec structure
lntrlnaàque
+ d6faute extrlnaàquea

Figure 22: Les différentes étapes de la croissance


de la matière cristalline.

Pour comprendre un matériau, il faut l'analyser avec un


grand nombre de techniques qui donneront des informa-
tions complémentaires. En deux mots, il faut l'analyser sous
toutes les coutures pour remonter à l'esprit de la matière
dans ce matériau.

Effets des changements de structure


sur le comportement
Nous avons vu dans la partie 2, chapitre 4, que le nombre
de structures et symétries du minéral est limité. Le chan-
gement de symétrie dans une structure conduit à une

193
La science, la matière et la spiritualité

transformation de phase de la structure initiale et donc à un


changement des propriétés. Les diagrammes de phase de
nombreux matériaux ont été déterminés, ce qui permet de
connaître toutes les structures secondaires possibles dans les
principaux matériaux.
L'exemple des céramiques supraconductrices à haute
température critique, comme YBa2Cu30 7 , est très inté-
ressant, à cause de leurs propriétés complexes qui les
rapprochent de celles des matériaux du vivant. La compo-
sition chimique d'une céramique supraconductrice est
complexe et sa formation est difficile à maîtriser à cause de
la présence de nombreuses phases chimiques possibles et de
l'existence de transformations de phase prévues dans son
diagramme. En particulier, selon le taux d'oxygène entre 0 6
et 0 7 , cette céramique peut présenter toutes les propriétés
physiques qui existent dans les matériaux: isolant, conduc-
teur, semi-conducteur et supraconducteur.
En conséquence, la quantité de défauts formés dans ces
matériaux peut être très importante. Certains vont être
néfastes pour maintenir les propriétés, et d'autres vont les
favoriser, comme chez l'être humain. La science des maté-
riaux repose tout entière sur l'identification de tous les
défauts, pour arriver à maîtriser la formation de «défauts
favorables » à la supraconduction.
Il faut retenir que la formation des défauts n'est possible
que si la structure le permet. Ce qui revient à dire que
chaque défaut formé et chaque comportement du matériau
vont parler de la nature de la structure et de son potentiel

194
Du comportement des matériaux au comportement humain

exprimé sous forme singulière dans un environnement


particulier. Si la formation de certains défauts est favorisée,
c'est grâce, d'une part, à la structure support et, d'autre part,
aux conditions de l'environnement lors de leur formation.

Effets des contraintes sur la structure


et le comportement
Les contraintes pendant la croissance peuvent être de
différente nature : mécanique, thermique, électrique ou
magnétique. Les principales sont les contraintes mécaniques
qui peuvent venir de la pression externe appliquée pendant
la croissance, mais aussi de l'intérieur du matériau entre
grains au cours de la croissance, comme ceux présentés dans
la figure 22, déformés au niveau du produit final.
Ces contraintes peuvent engendrer des changements de
symétrie à l'intérieur de la structure, et donc des chan-
gements locaux des propriétés ou des transformations
de phase. La température peut engendrer une diffusion
atomique non homogène dans le volume et peut conduire à
des gradients chimiques d'oxygène comme dans les oxydes,
qui ne respectent plus la composition du matériau. Enfin,
le temps et la vitesse de la croissance vont être déterminants
sur la qualité et l'étendue de la croissance cristalline.
À titre d'exemple, les couches minces ou les atomes sont
déposés lentement avec une faible énergie, et les couches
qui sont déposées avec une forte énergie, comme avec la
méthode de dépôt par ablation laser, ne conduiront pas du

195
La science, la matière et la spiritualité

tout à la même rugosité de surface ni à la même qualité


structurale à l'échelle atomique de la surface. Les composés
de l'électronique ou ceux utilisés pour les jonctions tunnel
ou Josephson nécessitent une rugosité à l'échelle atomique,
pour maintenir les propriétés locales, et sont élaborés avec
un mode de dépôt thennique très lent dans lequel les atomes
sont déposés un par un sur le substrat. Le facteur temps est
donc très important pour obtenir la structure souhaitée.
Les effets des contraintes mécaniques vont dépendre égale-
ment de la nature des liaisons chimiques du matériau. Ainsi,
les liaisons métalliques sont faibles dans un métal Qes électrons
conducteurs sont libres), ce qui a pour conséquence qu'une
pression mécanique peut induire une déformation du métal,
par glissement des colonnes atomiques, conduisant à la
formation de défauts linéaires appelés «dislocations». À haute
température, les alliages métalliques vont par exemple fabri-
quer sous contrainte un grand nombre de dislocations pour
minimiser leur énergie. La fabrication d'un défaut de struc-
ture est toujours associée à une minimisation de l'énergie
interne du matériau. Les matériaux métalliques sont mous
et malléables, raison pour laquelle on les durcit en faisant des
mélanges d'alliages avec des additifS de carbone.
Dans le cas de la céramique oxyde par exemple, les liai-
sons ioniques sont des liaisons chimiques solides, et une
forte pression mécanique produira une rupture de la céra-
mique, à partir du moment où l'énergie interne dans le
matériau atteint l'énergie de la contrainte à la rupture. Ainsi,
une céramique est dure et fragile, et se fracture facilement.

196
Du comportement des matériaux au comportement humain

Une autre propriété mécanique intéressante des maté-


riaux est la résilience, qui est la force de rupture quand le
matériau est fragilisé. On utilise cette propriété pour couper
les arbres! Tout le monde connaît le mot «résilience», en
science du comportement humain, qui est la capacité à
transformer notre vécu douloureux en force de vie avec ce
que la vie a fait de nous.
Ainsi, on peut voir qu'une pression externe sur un maté-
riau dur peut le briser, alors qu'un matériau mou comme le
métal se déformera sans rompre. Ces comportements vont
pouvoir, par analogie, s'appliquer aussi au comportement
humain.

La science des matériaux appliquée


au comportement humain
Quand on étudie un matériau, l'imperfection de sa struc-
ture, aussi belle soit-elle avec les défauts cristallins formés,
parle de son histoire, de ce qu'il a vécu pendant sa forma-
tion, des contraintes de son environnement et de son origine
avant d'arriver à une forme finale stable particulière que l'on
peut identifier. Ce matériau peut relever de la science des
matériaux, mais aussi du monde des matériaux vivants, à
savoir les matériaux biologiques, les plus complexes qui
puissent exister !
J'ai étudié des matériaux complexes pendant mes
recherches, mais quand j'ai abordé l'étude du vivant en
biologie, avec les lois du vivant qui gouvernent la vie, la

197
La science, la matière et la spiritualité

dynamique constante des interactions, l'autorégulation des


systèmes vivants, la communication cellulaire au cœur de
la mémoire des cellules, des dimensions nouvelles de la
matière me sont apparues comme une évidence.
La méthodologie de la science des matériaux appli-
quée à l'être humain est résumée dans la figure 23. On
retrouve comme précédemment les trois pôles de ce triangle
qui montrent au cœur de l'humain les liens entre notre
histoire, notre origine, nos propriétés physiques et fonctions
biologiques et la structure de notre corps qui porte notre
incarnation.
Dans le pôle structure, on retrouve notre structure
intrinsèque, celle qu'il va falloir faire émerger, et aussi les
défauts de structure mis en place pour minimiser notre
énergie interne et garder notre cohérence. Identifier leur
nature permettra de nous en libérer. On trouve également
la chimie des émotions en lien avec notre comportement
face aux émotions, qui peut conduire à des transformations
physiologiques temporaires ou chroniques, via des patho-
logies, ou des somatisations. Leur présence nous permet
de contacter notre structure profonde et notre véritable
nature (voir la partie 6: L'intelligence au cœur du corps), et
voir quel est le rôle de cette somatisation pour comprendre
quelque chose de notre vie.
Dans le pôle propriétés et fonctions, on retrouve toutes
les fonctions liées à nos sens (propriétés cognitives) et nos
émotions qui sont là pour nous aider à appréhender le
monde et nous protéger. On peut aussi voir à ce niveau la

198
Du comportement des matériaux au comportement humain

structure psychique et ses dysfonctionnements, le type de


comportement humain en harmonie avec la personne, et
les comportements sous contrainte qui nous poussent à l'ac-
tion, la fuite ou l'inhibition d'action. Ces derniers peuvent
conduire à des pathologies, somatisations, etc.

Origine, Histoire
Ame, Esprit

Propriétés
Physiques I fonctions
biologiques
I~\ Structure du corps
-Structure intrinsèque
-Défauts de structure
-Pathologies'
-Propriétés cognitives
-Chimie liée aux émotions
-Personalité construite
-Somatisation
-Structure psychique et pathologies
(névrose, psychose, phobies etc.)
- Comportement et ttouble du
comportement, sous contraintes:
action/fuite/inhibition

Figure 23: Représentation de la méthodologie


de la science des matériaux appliquée à l'être humain.

La science des matériaux appliquée à l'humain


peut nous aider dans notre questionnement.
Peut-on remonter à la nature de notre esprit, à l'esprit
de la matière incarnée dans notre expérience spirituelle ou,
en d'autres termes, à la nature de notre âme incarnée, pour
nous relier au Tout de la création? La science des maté-
riaux ne pourra pas y répondre, mais elle aide à se poser

199
La science, la matière et la spiritualité

les questions suivantes : Comment fonctionne la matière


solide? Comment fonctionne un mécanisme? Quels sont les
mécanismes de croissance possibles? Comment la matière se
comporte-t-elle sous contrainte ? Que deviennent alors les
propriétés? C'est à partir de ces questionnements que l'on
met en place des expériences dans les matériaux bien définis
pour comprendre l'influence de tous les paramètres agissant
sur la structure et le comportement.
La question du pourquoi relève pour sa part du mystère
de la vie et il incombe à chacun de s'y attarder ou non.
De quelles connaissances avons-nous besoin pour
répondre à notre vie et comprendre comment nous fonc-
tionnons? Cela dépend bien sûr de chacun. Mais, au-delà,
l'important est le questionnement sur la connaissance de Soi,
de notre structure, l'analyse de notre histoire, les liens avec
nos problèmes de santé, nos états psycho-émotionnels, nos
comportements, nos capacités ou difficultés à nous réparer
de diverses manières et qui sont propres à chacun, etc. Tout
ce qui peut nous aider à comprendre notre histoire et nous
rapprocher de l'origine de notre être.

Effet des contraintes


sur le comportement humain
L'être humain, grâce à la dynamique du comportement
au niveau des cellules, a la capacité de continuellement se
transformer en fonction de son environnement et de ce qu'il
vit. La plasticité, qui est une propriété mécanique, est inscrite

200
Du comportement des matériaux au comportement humain

dans le vivant et dans notre corps à toutes les échelles. Cette


plasticité répond aux mécanismes de réparation et aux capa-
cités d'autoréparation et d'autoguérison du vivant inscrites
au cœur de nos cellules (voir partie 3, chapitre 10).
Les comportements sous contrainte de l'humain
ressemblent fortement aux comportements mécaniques des
matériaux. On vient de voir que les mécanismes de la défor-
mation et de la rupture sont deux mécanismes constamment
présents dans la vie. On trouvera des comportements
humains de personnes qui se plient, se déforment plutôt
que de rompre, et d'autres chez qui c'est le mode rupture
qui s'enclenche, et qui peut aller jusqu'à la dislocation de la
personne. On trouvera aussi des personnes qui utilisent la
résilience comme source de régénération de leur vie.
Il est extraordinaire de constater qu'au niveau du corps
humain tous les états d'organisation de la matière existent,
ainsi que toutes les propriétés des matériaux: mécaniques,
électriques, magnétiques, électromagnétiques, photoniques,
électroniques, isolantes, conductrices, semi-conductrices,
supraconductrices, le tout au sein du fonctionnement de
notre corps à différentes échelles, depuis nos cellules, tissus,
organes, jusqu'à l'organisme tout entier. Cela veut dire
que l'on peut trouver une correspondance entre les carac-
téristiques de certaines propriétés des matériaux et celles de
l'humain.
Ce qui caractérise l'humain, c'est sa complexité, avec
tous les mécanismes du vivant mis en œuvre depuis le début
de l'évolution. Ses capacités multiples pour s'adapter, se

201
La science, la matière et la spiritualité

déformer, se réparer, en fonction de l'environnement, et


ses comportements engendrés, aussi complexes soient-ils,
répondront toujours à l'appel de la vie en adoptant des
comportements de survie pour maintenir son énergie
interne et sa cohérence.
La perte de cette cohérence interne peut entraîner un
certain niveau de fragilisation et la formation des défauts de
structure et/ ou fonctions, que l'on appelle «pathologie».
À l'opposé des cristaux, solides et stables dans le temps, le
cadeau du vivant est qu'aucune structure vivante n'est rigide
et, plus encore, que toutes les structures du vivant sont en
constante dynamique de remodelage en fonction de l'envi-
ronnement, du niveau cellulaire à l'organisme tout entier.
La plasticité du vivant permet de nous reconstruire à chaque
instant.

Les étapes de croissance de l'humain


Au regard de ce que nous avons construit depuis notre
conception, pendant la vie intra-utérine et les métamor-
phoses qu'elle entraîne in vivo, avant d'arriver à notre
naissance, puis les étapes de croissance du bébé, de l'enfant
et de l'adolescent, pour enfin atteindre l'âge d'adulte, il
nous a fallu traverser de nombreuses étapes, chaos et trans-
formations pour naître, puis renaître. Les principales étapes
de cette croissance sont représentées sur la figure 24. Ces
différentes étapes sont détaillées dans l'engrenage biologique
(voir partie 5, chapitre 13).

202
Du comportement des matériaux au comportement humain

Naissance du bébé
+

• Croiaunce et

••
d6veloppement dM
Hconddonet à'uc:tLnl ptyehlques du

.e
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~
f
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Croissance cellulaire
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l
Naissance du bébé
ttruct1n de rlldulte
fonnlt6 Plll' r~
Adulte Structure Intrinsèque
+ extrinsèque

Les ~pea de la vie après la


nalsùnce

Figure 24: Les principales étapes de croissance


de l'être humain, de la fécondation à l'âge adulte.

Lien entre la formation


des défauts et les émotions
À quoi répond la formation de défauts dans une struc-
ture? La croissance d'un minéral ou d'un matériau introduit
des contraintes mécaniques dans le matériau qui vont
augmenter son niveau d'énergie interne. Pour minimiser
cette énergie interne, le matériau relaxe les contraintes
en formant des défauts de structure. À l'image des méca-
nismes de survie du vivant, la formation des défauts dans

203
La science, la matière et la spiritualité

les minéraux est semblable à un mécanisme de survie de


ceux-ci pour maintenir l'énergie interne au minimum, en
gardant une cohérence avec l'ordre le plus proche de leur
équilibre thermodynamique, que permet leur structure. À
titre d'exemple, on peut observer de merveilleuses images de
défauts cristallins comme celle de la matrice de la figure 3d,
qui correspond à la formation de macles de relaxation liées
à un changement de structure entre la haute température de
croissance et la basse température, lors du refroidissement.
Les défauts utilisent tous les variants possibles de la structure
pour minimiser son énergie interne, en s'étendant à tout
l'objet.
Les conditions initiales de la croissance de l'humain vont
aussi déterminer sa structure et les propriétés finales du bébé
et de l'adulte en formation. Les défauts majoritairement
formés lors des premières étapes de la croissance sont des
« défauts subtils » car ils ne se voient pas, sauf dans le cas de
malformations physiques visibles dès le stade du fœtus.
Ces défauts subtils vont être inscrits dans la structure sans
que celle-ci ne change. Ils sont comme les défauts ponctuels
dans les matériaux, difficiles à identifier sans microscope
électronique. Ce que l'on voit au microscope est l'effet de
leur présence sur des intensités d'images à l'échelle atomique
ou sur des structures fines en diffraction.
Les défauts subtils de l'humain correspondent soit à un
manque d'informations reçues lors de la phase embryon-
naire ou fœtale, soit à des informations perturbées par
l'environnement local de l' «entité mère-fœtus », et en

204
Du comportement des matériaux au comportement humain

particulier des conditions psychologiques, émotionnelles,


familiales, sociales, etc., de l'environnement direct de la
mère, qui vont influencer le développement harmonieux
de la grossesse, et donc celui de l'embryon et du fœtus (voir
les détails de la croissance de la vie intra-utérine dans la
partie 5, «L'engrenage biologique», chapitre 13).
Dans les matériaux, ce sont les défauts qui sont au cœur
des propriétés. Dans le vivant, ce sont les émotions qui
sont au cœur du vécu de chaque personne. Nos émotions
sculptent le vivant. Les émotions sont des mécanismes de
défense pour nous tester là où nous sommes, à partir de
stimuli reçus de 1' extérieur par notre environnement ou
de l'intérieur par nos sensations, grâce à nos organes des
sens. Les émotions, moteur de la vie, sont des réactions
biologiques qui sont normalement de courte durée, mais
qui peuvent se prolonger dans le temps si elles n'ont pas
été libérées du stress de départ, pour retrouver la cohésion
interne de notre structure.
De même que les défauts sont formés pour soulager un
stress interne dans le matériau, nos émotions sont la soupape
de sécurité qui permet notre survie.
Pendant la grossesse, période ô combien fondamentale,
les ressentis par l'embryon de l'état émotionnel de son envi-
ronnement vont interférer sur les mécanismes moléculaires
de mise en place de l'expression du génome, d'abord lors de
la division cellulaire, puis de la segmentation au cours de sa
formation, ensuite pendant la croissance du fœtusjusqu'à la
naissance du bébé. Le bébé va arriver avec un «sac à dos»

205
La science, la matière et la spiritualité

émotionnel déjà constitué qui restera inconscient ou non au


cours de sa vie. Après la naissance, les émotions de l'enfant
puis de l'adolescent vont sculpter son comportement jusqu'à
l'âge adulte. Les émotions et l'engrenage biologique sont
détaillés dans la partie 5, chapitre 14.
Les différentes conditions rencontrées lors des étapes
de croissance de l'être humain n'auront pas la même
importance. Les premières phases intra-utérines seront
déterminantes. Puis viennent l'étape de croissance du bébé
et enfin celles de la croissance de l'enfant et de l'adolescent.
Nous sommes le résultat de ce que nos parents, la société,
notre environnement affectif, familial, social, culturel, ont
fait de nous, mais ce que nous disent les lois du vivant, c'est
que l'on peut s'en libérer!

A la découverte de notre structure originelle


C'est en voulant comprendre la formation de mes défauts
de santé que j'ai commencé à m'appliquer à moi-même la
méthodologie de la science des matériaux. Tel un fil de
laine que l'on tire d'un pull-over, je déroule encore ce
fil aujourd'hui en allant de plus en plus profond au cœur
de mon être. Ce sont mes défauts de comportement par
rapport à mon être véritable qui m'ont conduite à la soma-
tisation, provoquant ce que j'ai vécu dans et à «mon corps
défendant» pendant dix ans. La partie 6 détaille les étapes
de cette somatisation qui m'ont conduite à l'expression de
mon être en accord avec mon âme.

206
Du comportement des matériaux au comportement humain

La méthode scientifique d'étude du comportement


humain était familière pour moi. Pour appliquer cette
démarche, la première qualité est la rigueur de l'expérience,
puis vient l'observation objective des résultats. L'étape
importante qui suit est l'analyse des données, toujours de
façon objective. Cela revient à observer ce qui ressort de
chaque expérience. J'ai appliqué cette démarche pour me
comprendre et résoudre mes problèmes de santé.
Je me suis observée comme un objet d'étude et j'ai expé-
rimenté sur moi cette méthodologie comme au laboratoire,
en continu, pour arriver à mettre des mots sur mes maux.
]'ai eu la chance de développer mon sens de l'observation
dans mes études de microscopie, où je pratiquais, sans le
savoir à l'époque, l'observation comme une méditation en
pleine conscience. Quand j'étudiais un matériau nouveau,
la première règle était de découvrir le matériau sans aucun
a priori pour l'observer uniquement tel qu'il se présentait. Je
photographiais tout et, après l'accumulation de nombreuses
données, j'analysais.
Cette démarche scientifique appliquée à l'humain permet
d'observer chacune de nos expériences en faisant le lien entre
les trois pôles du triangle structure/propriétés-fonction/
histoire-origine, qui ont conduit à ce comportement. Cela
nous amène à voir la situation telle qu'elle est et à mettre en
place de nouvelles conditions si l'on veut changer les choses.
En modifiant certains paramètres de nos expériences
Q'état émotionnel, psychologique, mental, etc.) pour faire
évoluer la situation, on peut observer les changements.

207
La science, la matière et la spiritualité

Au niveau de la vie quotidienne, cela demande une


certaine distance par rapport à soi-même et à ce que l'on
vit à chaque instant. Pour voir les changements de notre
propre structure ou d'un comportement, d'une émotion,
etc., il faut d'abord s'arrêter pour observer.
De nos jours, c'est la chose la plus difficile! On court
après le temps, le métro, le bus ... , ou alors on attend d'avoir
les conditions idéales pour faire telle ou telle chose. Mais
dans le temps présent, on a du mal à observer ce qui est, à
s'observer soi-même, sentir son corps, ce qui est normal car
nous sommes toujours dans la tête avec le mental qui prend
toute la place !
La prise de pouvoir du mental dans notre vie nous fait tourner
en boucle dans les comportements de notre engrenage biologique.
Seule l'observation consdente d'une situation nous écarte des jeux
du mental qui ne fait que juger.
Nous sommes tous différents, et un même stimulus
émotionnel aura des répercussions différentes sur chaque
personne. Nous sommes tous uniques, avec nos qualités et
nos défauts. Au contraire des défauts dans les cristaux qui
sont des bijoux puisqu'ils engendrent des propriétés tout
à fait remarquables pour certaines applications, la psycho-
logie humaine accorde une connotation négative au mot
«défaut» !
Il serait utile de réfléchir aux notions de qualité et de
défaut, qui sont tout à fait relatives puisqu'elles sont définies
comme tels dans le langage commun par rapport à la société
et surtout par rapport à ce que la société attend de nous !

208
Du comportement des matériaux au comportement humain

L'important n'est pas d'avoir ou de ne pas avoir de


défauts, l'important est de les identifier et de voir dans quel
contexte ils se manifestent ou non, comme dans les études
du comportement en science des matériaux.
Les vraies qualités humaines sont à favoriser pour nous-
mêmes et notre entourage. Mais les qualités que la «société»
nous attribue? Qui servent-elles et que montrent-elles ? Ce
sont des caractéristiques humaines qui servent aux jeux de
l'ego. Elles correspondent à des échelles de comparaison de
l'homme divisé dans la dualité, où l'homme n'est plus au
cœur de sa vie.
Nous tous sommes Uniques, et n'avons besoin d'être comparés
" tout simplement ce que l'on EST; c'est si d!fficile
à personne. . . Etre
dans le cadre des « lois de la jungle » de la sodété !
Le problème majeur est donc que nous sommes prison-
niers de l'engrenage biologique qui nous a construits au
fù du temps, au fil des émotions qui se sont engrammées
dans notre corps. L'engrenage biologique, les émotions
et leur fonctionnement sont développés dans la partie 5,
chapitres 14 et 15.
Toutes nos émotions inconscientes ont laissé une
mémoire dans la structure de notre corps physique et dans
nos corps subtils émotionnel et mental. C'est elle qu'il faut
retrouver pour libérer notre structure originelle, celle qui
porte notre esprit, dépolluée de la société, de l'ego et de son
fonctionnement, et qui est en lien avec notre être profond,
notre âme et l'univers.

209
La science, la matière et la spiritualité

Par où commencer?
Quand on constate la quantité d'études nécessaires pour
comprendre et connaître un matériau, la tâche est immense
en ce qui nous concerne. Cela peut prendre une vie, ou
peut être bien moins si l'on développe la conscience au
présent plutôt que de fonctionner en pilotage automatique
selon les lois de l'engrenage.
C'est la répétition de nombreuses expériences et leur
analyse qui vont permettre de comprendre un compor-
tement pour ne plus en être l'esclave. Notre mémoire
émotionnelle inscrite dans la structure de notre corps, à l'in-
térieur de chacune de nos cellules, est réactivée en fonction
de ce que l'on vit dans son environnement à un moment
donné, en présence d'une personne proche ou non, au sein
de la famille ou dans une situation quelconque qui fait écho
à une mémoire du passé. L'émotion qui en résulte peut
engendrer un comportement irrationnel.
Accueillir les émotions, plutôt que s' identifi.er aux états émotion-
nels associés, est l'une des règles importantes pour s'en libérer.
L'observation des émotions avec la règle des trois pôles de la science
des matériaux - originelstrudure!fonction - permet de prendre de
la distance et d'observer plutôt que juger une situation.
Une fois que l'on a commencé à s'arrêter, s'observer
être, sentir, ressentir, regarder ses relations avec ce que 1' on
vit et la façon dont on le vit, en identifiant la contribution
à son bien-être ou son mal-être, une part importante du
chemin a été parcourue. Cette pratique régulière permet de

210
Du comportement des matériaux au comportement humain

se rapprocher de plus en plus de son être véritable et surtout


de vivre en cohérence et en harmonie avec soi-même. Si
l'on prend le temps de se poser les bonnes questions, la
réponse n'est pas loin.
De proche en proche, si nécessaire à notre bien-être,
et pour comprendre l'origine de notre mal-être, notre
conscience d'adulte peut aller revisiter les différentes étapes
de notre vie pour retrouver l'enfant intérieur que nous
avons été, afin de libérer l'adulte blessé. Se connaître,
c'est pouvoir identifier nos comportements d'enfant ou
d'adulte ... Qui parle?
Le cadeau de la méthodologie issue de la science des matériaux
est de s'ouvrir à l'observation de nos expériences de vie dans l' ici et
maintenant et au questionnement des liens entre nos comportements
et nos émotions, qfin de les observer et les mettre à distance, plutôt
que de les subir sans réfléchir. Dès lors, on devient véritablement
acteur de sa vie !
Chapitre 12

Les leçons de la cellule:


l'écologie cellulaire
au service de la vie

La conscience cellulaire:
intelligence au cœur de nos cellules
Ma vision de la vie a été bouleversée par ce que j'ai
appris sur le fonctionnement du vivant. Nous sommes faits
de milliards de cellules. Une cellule n'existe pas toute seule
mais au sein d'une société de cellules. Chaque société appar-
tient à un organe ou à un système vital comme les poumons,
le cœur, les reins, le foie, le pancréas, le cerveau, le système
nerveux ou le système sanguin. Chacune des cellules a un
rôle spécifique dans notre corps pour le maintenir en vie et
en parfaite santé/intégrité.
J'ai appliqué la méthodologie de la science des matériaux
à l'étude de la cellule. Ses différents états dépendent de son
origine, de son histoire, de ses fonctions biologiques et de
sa structure dans 1' organisme tout entier. Le schéma de la

213
La science, la matière et la spiritualité

figure 25 représente cette méthodologie et les liens entre les


différents paramètres.

La cellule:
son environnement
Et son histoire

Lois du Vivant
·Se nounlr, ..
~.,....,

Fonctions biologiques Structure de la cellule


Réparation, réplication, Réactions chimiques
recombinaison etc. liées à l'actlvlté métabolique

Figure 25: Liens entre les différents paramètres :


structure-origine-fonctions dans la cellule.

Dans le programme du vivant coexistent celui de la vie


et celui de la mort, selon une dualité intrinsèque. Que l'un
des deux fasse défaut au niveau d'une cellule, et c'est le
corps tout entier qui en subit les conséquences. Après des
situations de stress diverses et variées, chaque cellule revient
toujours à son état d'équilibre et de bien-être, qui respecte
l'intégrité de toutes ses fonctions. En dehors de cet état,
le vivant a mis en place des stratégies de survie, des méca-
nismes de réparation et de préservation de son intégrité.

214
Du comportement des matériaux au comportement humain

Pour assurer ses fonctions vitales et la vie de la société


à laquelle elle appartient, la cellule vérifie à chaque instant
l'intégrité de son matériel génétique. La cellule a deux
«cerveaux», le premier étant le noyau contenant l'ADN,
garant du plan d'organisation du programme de notre
espèce, et le second est la membrane cellulaire externe,
qui permet la communication cellulaire. Une cellule saine
communique avec elle-même et avec son environnement. Dans le
cas contraire, sans signal, elle s'oriente vers la mort cellulaire.

Structure - Fonction et Conscience cellulaire

Noyau : 1• cerveau de la cellule -R61e crucial de la communication


li membrane ~lulllre: 2tme cerv-u celulalre : avec elle et avec
l'environnement, via les rKepœurs
cellul••

- -Processus de Réparation de I'ADN


et maintenance de· l'lntqrité du
1"1ome

-La mort cellulaire procrammée


(

li vie• Il mort sont sur le fi du rasoir -Mécanismes de défense du


•chique"'°"*"• la• d'une système Immunitaire (programme de
préservation de notre humanité)

Figure 26: Structures et fonctions cellulaires


qui intègrent la notion de conscience cellulaire
à chaque instant dans la vie de la cellule.

215
La science, la matière et la spiritualité

Cette conscience cellulaire est à la base des mécanismes


du maintien de la vie dans 1' évolution. Ainsi, avant chaque
division cellulaire, la cellule procède à diffèrents «check-up»
à plusieurs niveaux lors des étapes de réplication, répara-
tion et recombinaison de l'ADN fabriqué pour faire deux
cellules filles.
La relation entre structure-fonction et conscience cellu-
laire est représentée sur la figure 26. La conscience cellulaire
est en œuvre à chaque instant de la vie de la cellule, depuis
le noyau, considéré comme le premier cerveau de la
cellule, jusqu'à la membrane externe, considérée comme
son deuxième cerveau. L'un et l'autre fonctionnent en
harmonie et communiquent constamment. La conscience
cellulaire intègre toutes les fonctions vitales pour main-
tenir et reproduire la vie dans l'intégrité des structures
cellulaires.

Le destin des cellules n'est pas déterminé


Le destin des cellules n'est pas déterminé car chaque
instant est différent ! Leur devenir est donc la réponse la
plus adaptée, à un moment donné, à la survie de 1'espèce.
Au regard de ce qui se passe dans une cellule, la conscience
est présente à tous les niveaux depuis le niveau molécu-
laire, puis cellulaire, jusqu'à l'échelle de l'individu. Cette
conscience cellulaire va engendrer des réponses spécifiques
qui vont conduire au maintien de la vie ou à la mort cellu-
laire programmée.

216
Du comportement des matériaux au comportement humain

Ce qui est extraordinaire et frappant lorsqu'on observe


ce qui se passe dans la vie d'une cellule, c'est la notion
de dynamique constante ordre/ désordre/ chaos au service
du maintien de la vie de la cellule. La vie est interaction
constante. À chaque instant, la vie de la cellule est sur le fil du
rasoir à travers tous les stimuli qu'elle reçoit. Le repos n'existe pas,
si c'est le cas c'est la mort du système.
L'étude des cellules m'a montré le c8té merveilleux des lois de
la vie qui sont applicables à tous les systèmes en interaction, à
différentes échelles, comme une société, un village, une ville, un
pays, etc.
La cellule est en interaction constante avec son environ-
nement intérieur et extérieur, via les stimuli qu'elle reçoit
sur sa membrane externe. Chacun d'eux engendre une
cascade de réponses via la communication cellulaire. Cette
membrane externe considérée comme le deuxième cerveau
de la cellule assure les transferts d'informations de l'exté-
rieur vers l'intérieur et de l'intérieur vers l'extérieur des
cellules, entre cellules de sa communauté et à travers les
tissus et le corps tout entier. Qu'une petite blessure à un
doigt survienne et le corps tout entier est au courant. Toutes
les cellules sont connectées via les informations qu'elles reçoivent et
envoient au corps tout entier.

L'erreur fait partie du programme de la vie


Quand l'ADN se réplique dans la cellule, beaucoup d'er-
reurs sont commises car cela va très vite, mais ce n'est pas

217
La science, la matière et la spiritualité

grave! En effet, la réparation de l'ADN est prévue dans le


programme de la vie. Cela veut dire, à une autre échelle,
que les erreurs sont permises et non seulement permises,
elles sont finalement nécessaires à la diversité. Pourquoi
cela? On retrouve là encore les notions d'adaptation et de
différenciation. Nous sommes tous différents à l'échelle de
la molécule d'ADN à cause des mécanismes moléculaires
impliqués dans la vie et la survie de l'espèce. Comment
cela se passe-t-il? Au cours de la division cellulaire abou-
tissant à la formation des gamètes (cellules sexuelles), les
chromosomes deviennent visibles. Ils sont faits pour moitié
des chromosomes de la mère et pour moitié de ceux du
père. Juste avant la séparation des deux parties de chaque
chromosome pour faire deux cellules filles, grâce au méca-
nisme de recombinaison, l' ADN du père joue à échanger
des fragments communs avec l'ADN de la mère, tel unjeu
de bataille! Et au bout du compte, il n'y a pas deux ADN
identiques ! Deux êtres vivants ne peuvent avoir le même
ADN, même des jumeaux, car les échanges de brins d'ADN
de certaines séquences sont aléatoires entre parties d'ADN
constituant le chromosome.
Ainsi, au cours du cycle cellulaire, des mécanismes de
réparation de l'ADN dans le noyau sont en constante acti-
vité pour assurer l'intégrité du génome. Dans le cytoplasme,
des mécanismes de réparation sont également en activité
constante pour maintenir les fonctions vitales de la cellule.
Dans les cas extrêmes de réparation, on trouve des méca-
nismes SOS qui risquent le tout pour le tout, c'est-à-dire la

218
Du comportement des matériaux au comportement humain

vie au prix de la mort possible. En effet, quand la cellule ne


peut plus faire autrement, ces mécanismes entrent en action
pour sauver la vie de la cellule mais ils sont à grand risque
pour celle-ci. L'important est de respecter la vie dans son
essence et son intégrité, et la mort d'une cellule peut être
un sacrifice nécessaire quand on considère l'espèce dans sa
globalité.
À notre échelle humaine, si nous appliquions ce que
fait l'ADN au niveau moléculaire et utilisions les signaux
reçus pour réparer ce qui est à réparer, prendre conscience
de notre ressenti, modifier le tir si nécessaire, accepter que
1' on se trompe et que cela n'est pas mortel, nous pourrions
nous adapter à chaque instant et transformer notre survie
en vie, en nous rapprochant de plus en plus de notre être.
Ce qui peut être mortel est davantage la négation de ce
qui arrive, la non-acceptation de la réalité d'une situation
dans laquelle on se trouve. Réparer signifie ici réajuster
notre attitude, notre comportement, nos perceptions, notre
compréhension, notre ressenti pour retourner dans notre
état de bien-être associé à l'état homéostatique de 1' or-
ganisme. Les erreurs sont nécessaires pour nous réajuster.
Les erreurs font partie de la vie, de son apprentissage et
du maintien de la vie en s'adaptant à chaque instant à une
nouvelle situation sans être paralysé.
Je me souviens d'une expérience personnelle de travaux
dirigés de chimie que j'assurais en première année de
médecine à Paris rue des Saints-Pères, pendant ma thèse
de troisième cycle. J'avais deux groupes consécutifs le

219
La science, la matière et la spiritualité

lundi matin. Alors que je rentrais de week-end, j'ai pris le


premier groupe et j'ai fait une démonstration mathéma-
tique de cinétique de réaction chimique. Collée au tableau
pour la correction des exercices, je n'ai pas vu que je faisais
une erreur. Personne ne m'a interrompue pour dire que
c'était bizarre! Je n'étais pas satisfaite mais je n'ai pas vu
l'erreur. J'ai enchaîné avec le groupe suivant et cette fois
j'ai voulu prendre mon temps avec les élèves en les faisant
intervenir. À un certain point, je me suis aperçue de mon
erreur avec le groupe précédent. J'étais confuse, que faire ?
Je ne pouvais pas me taire ... La semaine suivante, je leur ai
dit que je m'étais «plantée» et m'en suis excusée; il fallait
refaire ensemble les calculs et je leur ai dit que cette fois
j'attendais plus d'interactions de leur part. Cette façon de
faire est très bien passée et mon ego n'en fut pas blessé car le
plus important était de ne pas tromper ceux qui me faisaient
confiance. Ils ont montré plus d'une fois leur confiance, ce
qui m'a fait chaud au cœur.

Les défauts de communication


et leurs conséquences chez l'homme
A' l'image de la cellule, l'individu qui se coupe de la communi-
cation avec son environnement se coupe d'une partie de lui-même.
La vie étant l'interaction entre l'intérieur et l'extérieur,
se couper de ce que l'on peut recevoir nous coupe de ce
que 1' on peut ressentir et qui pourtant parle de nous. Plus
encore, cela nous coupe des différents aspects de nous-
mêmes. Cela peut conduire à l'isolement, à la dépression

220
Du comportement des matériaux au comportement humain

ou à d'autres pathologies. Quand on ne peut communiquer,


on ne peut pas voir l'autre, ni soi-même!
La parole est un moyen de communication avec les autres
et aussi avec soi-même via les thérapies. C'est pour cela que
les thérapies qui passent par la parole, par le dire, par «se»
dire, se raconter, et donc laisser émerger des aspects plus
intimes de notre personne, nous permettent d'accéder à la
conscientisation de nos expériences et de nous accueillir
avec nos blessures, en laissant progressivement émerger
notre être.
Communiquer avec nous-mêmes, être à l'écoute de
notre ressenti corporel, de nos émotions, et ce qu'elles
entraînent de bien-être ou mal-être, permet, comme pour
les cellules, de réajuster le tir afin de tenir compte de notre
état corporel. Le corps ne ment jamais !
LA communication entre notre corps-esprit, c'est-à-dire entre
notre cerveau formaté à la survie et le cerveau de nos émotions qui
nous rend compte de ce que l'on vit intérieurement, est fondamental.
Écouter nos dialogues intérieurs est un merveilleux outil pour nous
connaître et pour notre bien-~tre.
]'ai essayé de comprendre ma communication avec
les autres grâce à différentes formations de décryptage du
comportement humain: la caractérologie, la graphologie,
l' ennéagramme, la programmation neuro-linguistique
(PNL), la numérologie et la chirologie.
La caractérologie est une technique qui devrait être
enseignée au collège tellement elle est importante pour le

221
La science, la matière et la spiritualité

développement de toute personne. Elle montre en fonction


de la nature émotif/non-émotif, actif/non-actif, primaire/
secondaire, les différents comportements et la vision du
monde qui en résultent.
La graphologie permet de décrypter une partie de la
personnalité psychique et émotionnelle via 1' émotion qui
passe lorsque 1' on écrit à la main. Cela se perd de plus en
plus, malheureusement, car on utilise l'ordinateur. Mais c'est
très intéressant d'observer son écriture à certains moments
de la vie. Elle montre toutes nos émotions.
L'ennéagramme montre les 9 types d'âmes et leurs
types de communication en cas de stress ou de bien-être.
Lorsqu'on devient familier avec ces clés de décryptage, on
peut reconnaître le comportement de la personne parmi les
9 types à partir de l'écoute du langage.
Parmi les techniques de comportement humain que j'ai
étudiées et expérimentées, il en est une que j'ai particulière-
ment appréciée. Il s'agit de la technique appelée PNL, pour
programmation neuro-linguistique. Cette technique nous
apprend à décrypter la façon dont on communique avec les
autres et soi-même à travers tous nos sens. L'origine de cette
technique est très intéressante car les personnes qui 1' ont
développée se sont intéressées à la façon dont fonctionne
une personne qui va bien. Ainsi, décrypter comment on
communique quand on fait des choses que 1' on aime et qui
nous plaisent est passionnant. Il reste à 1' appliquer pour tout!
Dans cette technique, on apprend à décrypter les diffé-
rents filtres qui composent notre communication via les

222
Du comportement des matériaux au comportement humain

cinq sens : Quels sont nos filtres de perception, quels sont


nos sens privilégiés pour communiquer, et quels sont ceux
dont on a pu se couper?
Notre capacité à nous programmer pour ne pas souf-
frir est particulièrement intéressante. Qui plus est, si l'on
s'est programmé, on peut se déprogrammer si cela ne
nous convient plus, et c'est possible grâce à la plasticité du
cerveau! Nos sens sont là pour nous aider à bien vivre, mais
les utilisons-nous?
Il est rassurant de constater, au regard du mystère de
la vie, que chaque outil de décryptage du comportement
humain ne parlera que d'une partie de la personne à travers
certaines grilles de lecture.
Les mains parlent de nous, à travers les clefs de la chiro-
mancie. L'astrologie parle de nous, à. partir de la cartographie
des astres au moment de notre naissance, qui va définir une
atmosphère et qui va permettre de voir comment cette
atmosphère change le long de notre vie. Les nombres
parlent aussi de nous, à travers la numérologie et les nombres
associés à notre prénom, nom et date de naissance, carac-
téristiques fondamentales de chaque être. La voix parle de
nous et de nos émotions. De même que «tous les chemins
mènent à Rome», TOUT parle de Nous si on l'observe!
À travers chaque chose que l'on vit, que l'on dit, que l'on
décrit, que 1' on fait, tout notre être apparaît: avec sa joie, sa
tristesse, sa colère, ses peurs, ses manques, ses frustrations,
ses surprises, son dégoût, et sa beauté bien cachée parfois ;
en un mot, la vision du monde dans lequel il survit.

223
La science, la matière et la spiritualité

Derrière chaque émotion se trouve un besoin à combler


ou une action à mener pour libérer l'énergie qui stagne et
qui nous empêche de vivre pleinement notre vie.
Que se passe-t-il quand les choses ne vont pas comme on
le voudrait? On commence par ne plus écouter les autres,
par être en désaccord avec eux, ou ne plus les supporter!
Tout ce qui vient de l'extérieur est a priori nocif car cela
nous interpelle intérieurement dans nos propres schémas et
peurs qui nous ont conduits à nous protéger. Selon notre
nature, nous sommes plus sensibles à ce que nous voyons,
entendons ou ressentons via la perception kinesthésique.
Quand c'est trop dur, on peut aller jusqu'à se couper des
autres et de soi-même par l'inhibition du ressenti, par l'in-
supportable de ce que 1' on entend ou de ce que l'on voit.
D'approche en approche au cours d'un travail thérapeu-
tique, nous apprenons à décrypter notre fonctionnement.
Ce cadeau nous conduit tout d'abord à être davantage à
notre écoute, puis à mieux écouter les autres avec diffé-
rents points de vue, ressentis ... Il devient alors difficile
de rejeter quelqu'un car chaque personne a son histoire,
unique et singulière. Voir, entendre, sentir, communiquer
avec quelqu'un via tous nos sens donne ainsi une autre
dimension à notre perception des individus, mais surtout
de nous-mêmes !
On voit bien les défauts chez les autres, mais pas chez
soi ! Cela nous dérange quand on nous parle de nos défauts,
sauf si l'on arrive à en rire! Je me rappelle que lors de
ma formation en PNL qui a duré trois ans, une femme

224
Du comportement des matériaux au comportement humain

imposante prenait constamment la parole à haute voix.


Je ne la supportais pas! En fin de deuxième année, j'avais
bien avancé et j'avais envie d'arrêter la formationjusqu'au
jour où la personne qui nous enseignait a fait une vidéo
de nos échanges pendant la dernière session. Quand je me
suis vue, cela a été le grand choc. J'ai été «cassée» tout le
week-end car je ressemblais à cette personne que je ne
supportais pas! A' la suite de cette séance, je me suis dit qu'il
fallait continuer car je ne me voyais pas dans ma communica-
tion avec les autres. Cette personne avait décidé d'arrêter la
formation. La petite récompense que j'ai eue deux ans plus
tard fut de la rencontrer dans un cours de tarot où chaque
participant faisait un tirage et interprétait pour l'autre. Nous
nous sommes retrouvées ensemble et elle ne supportait pas
ce que je lui disais. Je suis restée d'un calme olympien car
son tirage était évident pour moi. Elle n'avait pas évolué
d'un pouce!
Personnellement, il m'aura fallu des années de travail pour
accepter qui je suis, comme je suis et pouvoir l'entendre des
autres sans pour autant me déstabiliser. Aujourd'hui, je sais
qui je suis et je connais les différents aspects de moi-même
dans toute leur petitesse et toute leur grandeur. Merci à
mon ego qui m'a permis d'être qui je suis. Cependant, cet
ego,je l'ai mis de côté depuis que je suis entrée en commu-
nication profonde avec moi-même. Et je peux désormais
1' être avec les autres dans de vrais échanges.
LA communication entre ego est tout sauf de la communication.
C est un jeu de ping-pong, plongé dans la dualité de l'humain qui

225
La science, la matière et la spiritualité

le divise. LA vraie communication est au-delà del' ego, en lien avec


notre être, et l'autre être, dans une unité.
Cependant, quel que soit notre ego, il faut l'accompa-
gner au summum de ce à quoi il aspire en se battant pour
le renforcer, selon le but que l'on s'est donné. Car ce n'est
qu'à ce niveau que l'on peut le laisser tomber! Une image
de l'ego me vient, celle de la montagne : une fois que l'on
a atteint le sommet, c'est superbe et nos efforts ont été
récompensés par la beauté du paysage, le calme, l'immensité
du monde autour de nous, et aussi notre fragilité et peti-
tesse par rapport à cet espace immense. La suite normale
est de descendre de la montagne pour retourner à notre vie
enrichie de cette belle expérience.
J'ai une autre image qui représente l'ego: celle d'un
ballon bien gonflé que le moindre pic va faire éclater! Si
au contraire il s'est un peu dégonflé, aucun pic ne peut
l'atteindre et il s'approche alors de la conscience de l'Être
en vraie communication avec le Soi et son environnement.

La mort cellulaire programmée:


image d'une petite mort
Une cellule normale vit dans sa communauté de cellules,
équipée de récepteurs particuliers de reconnaissance de cette
société de cellules qui lui permettent de communiquer avec
son environnement. Grâce à ses récepteurs, elle peut iden-
tifier l'environnement et si celui-ci n'est pas favorable aux
fonctions vitales de la cellule, elle va émettre un signal de

226
Du comportement des matériaux au comportement humain

mort cellulaire programmée et va partir en apoptose. Ce


signal entendu par les cellules environnantes va déclen-
cher l'issue fatale pour cette cellule qui ne pourra plus faire
machine arrière Oean Claude Ameisen). Les cellules l'en-
tourant vont 1'aider à mourir et organiser son enterrement!
Les déchets de cette cellule vont servir d'engrais pour 1'en-
vironnement cellulaire qui va se nourrir de ses «cendres ».
«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», disait
le chimiste Lavoisier. Cela est égaiement valable pour nous.
Nous développerons un peu plus loin les émotions qui gèrent
nos réponses pour assurer notre survie (partie 5, chapitre 14).
Des millions de causes peuvent entraîner une cellule vers
la mort cellulaire programmée. Une des raisons principales
est le maintien de l'intégrité de son génome et de ses fonc-
tions vitales afin que 1' organisme tout entier vive. Le corps
en état de bon fonctionnement et de bonne santé respecte
les règles de l'homéostasie. Cet état assure le bon fonction-
nement des fonctions vitales de l'individu tout entier. Il est
la référence pour notre corps. Tout changement physique,
émotionnel, affectif, social, etc., qui affecte une personne, va
provoquer des décharges émotionnelles qui se traduisent par
des réactions physiologiques destinées à relaxer le système.
Le chapitre précédent a montré l'importance de l'épi-
génétique sur l'expression de nos gènes. Ainsi, notre état
intérieur psycho-émotionnel va moduler l'expression de
nos gènes en fonction de nos expériences, notre vision du
monde et notre environnement. Le ctSté positif de l'épigéné-
tique, c'est que nous pouvons faire quelque chose pour nous !

227
La science, la matière et la spiritualité

Nos comportements face aux émotions, notre résistance


au stress, notre environnement social, amical ou familial, et
le plaisir que l'on se donne à soi-même vont avoir un effet
sur la lecture des gènes. En jouant avec ces différents para-
mètres qui sont intriqués dans un diagramme systémique,
on peut maintenir son corps et son esprit en bonne santé.
Après un petit stress par exemple, nous retournons rapi-
dement à un niveau plus stable, relaxé, et la vie continue!
Si la quantité de stress s'accumule sans passer par un relâche-
ment des contraintes, le corps entier va s'accommoder pour
prendre en charge ce stress et induire des transformations
pour décharger les tensions émotionnelles.
Tous les changements de situation personnelle dans le
domaine familial, social, professionnel, etc., vont conduire
à des transformations qui ressemblent à des petites morts
qu'il faudra dépasser pour survivre et s'adapter au chan-
gement. Ces changements vont induire un stress plus ou
moins important. Le corps pourra exprimer de différentes
manières les angoisses associées, par des maux sur lesquels il
faudra mettre des mots pour s'en libérer !

Adaptation à la vie au niveau de l'homme:


la succession de vie/mort/vie comme
unique chance d'évoluer
À un certain point, malgré les capacités d'adaptation
d'une cellule face à son environnement intérieur et exté-
rieur, la seule issue possible devient la mort cellulaire. En

228
Du comportement des matériaux au comportement humain

effet, quand l'accumulation de stress ou de parties étran-


gères à l'intérieur du corps cellulaire devient trop toxique,
la cellule ne peut plus respecter l'intégrité de ses fonctions
vitales et s'oriente vers la mort cellulaire.
Les mécanismes de la vie dans tous les règnes, du minéral
au végétal puis à celui de l'animal, passent par les cycles vie/
mort/vie. L'échelle du temps de vie est spécifique à chaque
système mais les étapes sont les mêmes. Le règne du vivant
passe, à toutes les échelles, par les étapes de naissance, crois-
sance, maturation puis mort, pour donner naissance à un
nouveau cycle, une nouvelle saison, une nouvelle ère, une
nouvelle étape de vie. Ces étapes ont lieu depuis le niveau
moléculaire de chaque cellule jusqu'au niveau de l'orga-
nisme végétal ou animal tout entier.
Dans le cycle cellulaire, c'est-à-dire lors de la division
cellulaire, pour passer d'une cellule mère à deux cellules
filles, la cellule passe par différentes étapes : fabriquer le
matériel génétique (réplication de l'ADN) pour deux futures
cellules, multiplier les structures fonctionnelles vitales pour
deux cellules avant de se séparer pour faire deux cellules
filles. Toutes les étapes depuis le début de la croissance sont
suivies par« des points de contrôle» de vérification de l'inté-
grité du génome et des fonctions cellulaires. C'est comme si
la cellule mère faisait à chaque étape un arrêt sur image pour
regarder si les cellules filles sont parfaites et complètes avant
de continuer. Ces contrôles peuvent conduire à la décision
de vie ou de mort cellulaire à chaque instant. L'important
est d'être en possession de toutes ses fonctions vitales pour

229
La science, la matière et la spiritualité

le programme de vie, afin de maintenir le programme de


vie de l'espèce entière.
LA vie et la mort sont sur le fil du rasoir à chaque instant de la
vie d'une cellule. Vivre ou mourir pour une cellule n'est pas un
choix, mais une réponse adaptée à une situation biologique donnée.
Son destin n'est pas prédéterminé. LA dualité entre déterminisme
et indéterminisme est inhérente à la vie.
Dans la vie de tous les jours, nous vivons des états de
bien-être et des états de mal-être. Quand le mal-être
domine, nous pouvons devenir blasés et ne plus être attentifS
aux changements quels qu'ils soient. C'est un état patho-
logique qui ne respecte pas les fonctions vitales de notre
personne. Nous ne sommes plus à l'écoute des informations
corporelles qui suivent nos stress, et cependant des choses
se passent à l'intérieur de nous-mêmes. Méditer ou tout
simplement écouter notre ressenti, en faisant un arrêt sur
image dans notre corps comme le font les cellules pour véri-
fier si tout va bien et réajuster la situation, nous permettrait
de revenir à un état homéostatique, libéré de notre stress,
qui respecte notre intégrité à un niveau très profond.
Nos expériences positives de vie nous permettent de vivre
sans nous poser de questions. Mais il suffit qu'un événement
extérieur malencontreux survienne pour nous perturber
dans notre croissance «tranquille». Ces événements sont
des cadeaux quand nous pouvons les regarder comme tels,
car ils nous renseignent sur notre état intérieur. Ils sont des
signes pour faire un réajustement de ce qui se passe par
rapport à ce que nous ressentons et ce que nous vivons. La

230
Du comportement des matériaux au comportement humain

prise en compte des tensions émotionnelles associées est


le premier pas vers la réparation pour nous respecter dans
notre humanité. Cela peut aussi être le point de départ pour
un changement bénéfique de notre vie.
Tous les changements dans la vie passent par des petites morts
de sa vie d'avant, celle à laquelle on s'accroche !
Partie 5

De l'engrenage biologique
au comportement humain
Chapitre 13

De l'engrenage moléculaire
à l'engrenage biologique

Le démarrage de la vie:
notre expérience intra-utérine
La vie commence par l'interaction entre un sperma-
tozoïde et un ovule. Parmi tous les spermatozoïdes présents
au moment de la fécondation, un seul l'emportera! C'est-
à-dire que l'interaction constructive se fera avec un seul,
celui qui est reconnu et surtout compatible avec l'ovule.
Il est intéressant de noter que c'est l'ovule qui décide!
Une fois cette «décision» prise, l'ovule (la cellule femelle)
va être fécondé par le spermatozoïde, cellule mâle, et va
donner la première cellule mère.
Cette cellule mère va être en constante métamorphose,
depuis les premières réactions de divisions cellulaires
jusqu'aux différentes étapes de croissance. À partir de la
première division cellulaire au bout de trente heures, le
nombre de cellules va croître de façon exponentielle :

235
La science, la matière et la spiritualité

2, 4, 8, 16, 32, 64, 128, 256, 512, 1024 cellules ... Au


6e jour, le groupe de cellules du futur humain sort de
l'ovaire, descend dans les trompes pour aller s'ancrer dans
l'utérus et former la première matrice. Au 14e jour, dans
l'amas de cellules qui commencent à s'organiser, un plisse-
ment apparaît qui va constituer les feuillets embryonnaires.
Le premier battement du cœur apparaît à la 3e semaine.
Avec ce premier rythme, la vie s'installe! Un embryon
apparaît vers la 5e semaine. Toutes les espèces traversent
ces mêmes étapes de développement, et à la 6e semaine,
stade où nous pourrions être un dauphin ou un poisson, les
nageoires qui se forment sur les côtés deviendront les futurs
bras. À la 8e semaine, nous commençons à ressembler à un
humain. Tous les organes sont formés. Au 3e mois, nous
passons de r état d'embryon à celui de fœtus. À partir de
la 15e semaine, notre forme humaine est achevée. Nous
percevons les sons du monde extérieur. Nos neurones ont
établi des milliards de connexions, nous rêvons déjà!. ..
Les quelques mois qui suivent servent à la croissance et à
la mise en place des futures fonctions pour assurer la vie,
avant d'arriver à la maturité du fœtus, pour laisser la place
au bébé. Nous sommes faits de plus de cent milliards de cellules,
mais les propriétés de l'être humain sont supérieures à la somme
des propriétés de toutes nos cellules !
De même que les conditions de croissance des matériaux
vont déterminer leur structure et leurs propriétés finales,
la vie intra-utérine va déterminer toute notre vie sans
que nous en soyons conscients. La science des matériaux

236
De l'engrenage biologique au comportement humain

nous montre que l'histoire et la nature d'un matériau


conditionnent sa structure et ses propriétés. Les défauts
de structure sont formés sous l'influence des contraintes
de l'environnement et peuvent conduire à de nouvelles
structures ayant de nouvelles propriétés ou fonctions. Les
expériences sur l'étude des matériaux mettent en évidence
le rôle des facteurs de la croissance sur les propriétés finales.
Avant de venir au monde, nous avons tous baigné dans
le placenta pendant neuf mois, dans l'environnement intime
du ventre de notre mère. La nourriture de l'embryon puis
du fœtus que nous avons été est assurée par le sang grâce à
la formation du placenta et à travers le cordon ombilical.
L'environnement intime du placenta, une enveloppe qui
contient tout ce dont l'embryon puis le fœtus ont besoin
au cours de la gestation, le protège comme la membrane
externe de la cellule.
n y a dans l'embryon les gènes de toute l'histoire de l'hu-
manité. Le placenta est notre première matrice. Dans cet
univers clos, l'embryon en train de se construire est protégé
du monde extérieur et à l'abri des prédateurs étrangers.
Ce milieu est un lieu privilégié où le système immunitaire
n'intervient pas. C'est la raison pour laquelle une femme
enceinte doit prendre garde à toute contamination pendant
sa grossesse, pour ne pas être obligée de prendre des médi-
caments qui risqueraient d'agir sur la croissance du fœtus.
Dans la période intra-utérine de 1' embryogenèse à la vie
fœtale, toutes les informations de notre environnement vont ~tre
engrammées dans notre «boîte noire cellulaire». L'embryogenèse,

237
La science, la matière et la spiritualité

première étape de la gestation commune à toutes les espèces,


va être déterminante pour la structure du vivant. La mise
en place des différents gènes est commandée par les signaux
électromagnétiques du système énergétique constitué par
l'ensemble de nos méridiens, également appelés «courants
vitaux». Les premiers qui se mettent en place sont les méri-
diens du «vaisseau conception» et du «vaisseau gouverneur»
de la médecine chinoise. Ils permettent d'assurer la verti-
calité de l'embryon, sa polarisation haut-bas et ses limites
(Nutripuncture, Patrick Veret).
Ces signaux électromagnétiques sont coordonnés par les
signaux issus et reçus de l' ADN agissant comme une antenne
électromagnétique qui reçoit et transmet les informations
à la cellule et à son environnement. Ce sont les signaux de
l'ADN qui vont engendrer la mise en place des différentes
étapes de la segmentation puis de la formation de tous les
organes. «Cette période est fondamentale pour assurer l'intégrité
du génome de l'espèce, et la mise en place de la structure humaine
avec tous ses organes et ses systèmes énergétiques, car ce sont eux
qui vont hre affectés par l'environnement» (Patrick Veret).
Cette période embryonnaire est donc cruciale car toute
perturbation de l'environnement peut affecter ou bloquer
une information, ce qui aura des répercussions chez l'adulte.
La phase de croissance du fœtus, de 3 mois à 9 mois, est
également une étape importante au cours de laquelle les
différents organes vont se développer sous l'influence de
l'environnement.

238
De l'engrenage biologique au comportement humain

Le début de la vie du bébé après la naissance:


notre première expérience de la mort
Au terme des neuf mois, la naissance peut être vécue
comme une délivrance pour la mère et comme notre
première expérience de mort: celle du fœtus ! Le nouveau
cycle commence dans un environnement complètement
différent où nous allons devoir respirer par nous-mêmes !
Ce changement est brutal pour le fœtus et peut être vécu
comme le passage de la bouteille d'oxygène intra-utérus à la
respiration hors de l'eau sans avoir été préparé! La naissance
peut donc correspondre à la première angoisse de notre vie,
avec ou sans forceps, en douceur ou non, rapidement ou
pendant des heures et tout cela pour arriver à respirer son
propre air, hors de la matrice maternelle! Passage obligé
pour l'un, qui donne naissance à l'autre, arrivant d'un autre
monde. On comprend que cette étape peut laisser des
séquelles et nous conduire à l'âge adulte à vouloir la revivre,
si nécessaire, pour mieux nous comprendre.
Je me rappelle l'expérience que j'ai vécue lors d'un
stage sur l'engrenage biologique et la spirale de vie. Cette
approche permet d'identifier, via la réponse corporelle,
notre mémoire et l'injonction parentale à la naissance qui
vont colorer notre vie dans toutes nos expériences. Cette
technique utilise des images de contes riches en archétypes.
L'image que j'avais choisie m'a fait remonter à ma nais-
sance! C'était étonnant et violent. Je me suis vue arrivée et
presque jetée sur la table d'accouchement sans avoir eu le
temps de penser! J'ai alors pris conscience, à partir du récit

239
La science, la matière et la spiritualité

de ma naissance par ma mère, que je suis venue très rapide-


ment, presque sans attente ! En fait, ma mère avait travaillé
jusqu'au dernier moment et j'ai même failli arriver dans le
taxi qui 1' emmenait à l'hôpital.
Tout au long de ma vie j'ai eu du mal à prendre mon
temps; il fallait faire vite tout le temps! Cette première
expérience m'a donné des capacités d'improvisation très
nettes. ]'avais aussi du mal à mettre de 1' espace et prendre
mon temps pour faire les choses importantes pour moi.
Même lorsque je faisais de la musique, en jouant au piano,
mes noires étaient plutôt des croches! J'avais toujours du
mal à suivre la mesure. Depuis que je pratique le yoga, en
association avec un travail personnel d'évolution, j'ai appris
à prendre ce temps, enfin!

Les étapes de maturation


de la naissance à l'adolescence
Le nouveau-né sort d'une première matrice intra-utérine
pour se trouver conditionné par une deuxième matrice
maternelle qui jouera un rôle fondamental dans toute son
évolution hormonale et qui trouvera son apogée au moment
de la puberté.
La première enfance est caractérisée par trois périodes
évolutives fondamentales : la phase gustative (ou phase orale
de 0 à 1 an), la phase de motricité (ou phase anale de 1 à
3 ans), puis la phase œdipienne (entre 3 et 5 ans), et enfin
la phase génitale (de 12 à 18 ans). La période jusqu'à l'âge

240
De l'engrenage biologique au comportement humain

de 6 ans permet de vaincre la gravité, d'accéder à la marche


bipède croisée et en même temps d'apprendre les codes
sonores du langage.
1. L'étape de la première année est une étape fonda-
mentale; c'est la phase gustative ou orale dans laquelle le
bébé est en fusion avec la mère et va vivre l'expérience
de la séparation et du manque.
Au cours de cette période, le bébé découvre doucement
son corps et ses membres. Les premiers mouvements du
corps sont codifiés pour formater le système nerveux
central et solliciter l'émergence des mouvements
volontaires. Ces mouvements archétypaux favorisent
l'organisation du cerveau, stimulent l'activité des organes
internes, sollicitent l'ensemble de notre organisme du
système nerveux (central et périphérique) à l'appareil
ostéo-musculaire de l'activité sensorielle à la circulation
des courants vitaux. Ils vont influencer les comporte-
ments de l'adulte. Ils ont été observés par le neurologue
Temple Fay et sont aujourd'hui bien décrits dans le livre
de Cristina Cuomo, LA Marche, un mouvement vital3.
2. L'étape entre 1 an et 3 ans et demi correspond à la phase
de motricité ou phase anale. Au cours de cette phase,
le bébé devient un enfant. Il va vivre l'expérience de
la différenciation et de la toute-puissance. C'est à ce
moment que le saboteur s'installe pour répondre à l'appel
extérieur.

3. Le Dauphin, 2007.

241
La science, la matière et la spiritualité

3. Lors de l'étape entre 3 ans et demi et 6 ans, l'enfant


traverse l'expérience de l'Œdipe: le petit garçon veut
se marier avec la mère tandis que la petite fille veut se
marier avec son père. Cette étape est fondamentale pour
intégrer la polarité sexuelle. Il est important de noter qu'il
peut y avoir aussi l'Œdipe unipolaire correspondant à
l'identification au parent de même sexe.
4. L'étape entre 6 ans et 12 ans, appelée la période de latence,
est une période d'identification au modèle parental.
5. L'étape de l'adolescence, période qui commence à 12 ans
jusqu'à environ 18 ans, est marquée par la transformation
hormonale et l'intégration de l'identité sexuelle. Elle est
caractérisée par la recherche de l'identité du futur adulte.
L'intégration de ces différentes étapes depuis le niveau
métabolique jusqu'au niveau cortical est fondamentale pour
l'équilibre de l'adulte en devenir.
À la naissance, la relation de la mère avec le bébé module
la pulsion d'attachement de l'enfant, qui est tout à fait
normale et vitale puisqu'il dépend totalement d'elle pour
subvenir à ses besoins. Mais si la mère lui a permis de s'in-
sérer dans son utérus, il va être important qu'à la naissance
elle 1' aide à se détacher progressivement, sans fusionner avec
lui, afin qu'il accède à son autonomie motrice pour décou-
vrir, toujours sous son regard bienveillant, l'environnement
qui l'entoure. Cet attachement profond à la mère, décrit
dans de nombreux ouvrages, constitue souvent un handicap
pour exprimer sa liberté et pour se reconnaître homme ou

242
De l'engrenage biologique au comportement humain

femme autonome, comme des adultes libres d'exister, sans


fusion, ni confusion.
Si nous pouvons avoir une certaine conscience des événe-
ments qui ont jalonné notre vie, il est cependant difficile de
remonter avant l'âge de 6 ans, du fait que le système nerveux
central est encore immature. En revanche, notre «boîte noire
cellulaire» enregistre toutes les informations qui ont coloré nos expé-
riences, m~me précoces, comme le dit Patrick Veret, fondateur
de la nutripuncture.
De nombreuses étapes jalonnent notre construction
identitaire sexuée. De nombreux facteurs modulent ce long
processus évolutif qui commence dès la conception : l'inser-
tion dans la première matrice du placenta, la maturation de
l'amygdale cérébrale qui devient fonctionnelle au 7e mois, la
séparation de corps à la naissance, la projection des parents qui
désiraient un garçon ou une fille, leur reconnaissance, etc. LA
qualité familiale va ainsi moduler l'épanouissement de la première
enfance. Cette étape est déterminante pour la confiance
que l'enfant peut acquérir au début de sa marche et dans sa
découverte du monde qui l'entoure. Certains événements
dans sa vie future, lors des grandes étapes de changement,
pourront être en résonance avec cette période de la première
enfance. Face à l'inconnu, l'adulte se retrouve en stress et va
faire appel à ses stratégies inconsdentes prises à cette époque.
Ces stratégies seront différentes pour chaque individu.
Avant la puberté vient l'étape des relations avec les
copains de l'école qui va renforcer l'apprentissage de la
communication, à partir d'une référence fondamentale :

243
La science, la matière et la spiritualité

notre réalité sexuée masculine ou féminine, essentielle pour l'inser-


tion dans la vie sodale.
Enfin, la dernière étape importante avant l'âge adulte,
celle de l'adolescence, est une vraie métamorphose. C'est
l'équivalent d'un tsunami chez l'enfant, qui va préparer
l'adulte. La matrice qui s'active à la naissance va influencer
la maturation hypothalamique à la puberté, conduisant au
développement des gonades Qes ovaires chez la fille, les testi-
cules chez le garçon). Ces organes vont alors synthétiser les
hormones sexuelles, œstrogène et testostérone. La puberté
correspond au passage vers la maturité sexuelle. Elle est
marquée par de nombreuses modifications physiologiques
dues aux hormones sexuelles, entraînant des changements
p:\iysiques et comportementaux.
C'est aussi l'étape fondamentale de maturation de notre sabo-
teur, celui qui va installer les stratégies de survie de l'adulte en
relation avec le vécu antérieur de la petite enfance. Les atti-
tudes fusionnelles ou d'opposition, de neutralité, de rivalité
ou de destruction peuvent nous empêcher d'exprimer notre
réalité sexuée. Alors nous nous adaptons à la reconnaissance,
plus ou moins juste, des parents et des personnages qui ont
marqué notre insertion dans la vie : pour ~tre aimé et accepté,
nous allons nous adapter à l'attente extérieure, et c'est l'engrenage
biologique qui est en route dans toute sa splendeur!
Chapitre 14

Les émotions
et l'engrenage biologique

L'être humain, cas particulier parmi les espèces animales,


se trouve à un niveau d'évolution élevé compte tenu du
développement de son cerveau. La mise en place du cerveau
avec son cortex a conduit avec l'évolution au développe-
ment de l'esprit, de la pensée, de la parole et de la notion
d'identité. La haute sophistication du cerveau a permis d'af-
fmer les perceptions sensorielles de notre ressenti, de les
distinguer, les classer et les analyser. En contrepartie de ce
développement, le mental, machinerie à penser et à analyser
nos perceptions pour agir en fonction de l'environnement
intérieur et extérieur, nous a en même temps enfermés dans
l'analyse au détriment de nos perceptions instinctives. À
l'opposé, on trouve les animaux qui sont en contact constant
avec leurs instincts pour se guider et pour se protéger des
prédateurs. L'homme est lui-même un prédateur et c'est
fondamentalement de lui-même dont il doit se méfier!

245
La science, la matière et la spiritualité

Le dialogue entre nos deux cerveaux


pour maintenir l'unité du corps-esprit
Notre cerveau est un organe particulier qui s'occupe
de la gestion de toutes les informations qui nous arrivent
via nos perceptions sensorielles. Il fait à chaque instant une
cartographie du ressenti du corps et lui renvoie ses infor-
mations. Notre cerveau, dans la partie supérieure de notre
corps, soit le «cerveau du haut» avec son cortex très déve-
loppé, correspond à une zone où les cellules différenciées en
neurones sont capables, au vu de leur structure et de leurs
propriétés, de gérer toutes les informations de l'environne-
ment extérieur et intérieur du corps, et de centraliser ces
données comme un ordinateur. Lors d'un stress ou d'une
émotion, les informations qui parviennent au cerveau vont
entraîner une cascade de réactions biologiques qui vont
maintenir l'équilibre homéostatique de notre corps-esprit.
Notre cerveau gère nos émotions. Il est en communication
constante avec toutes les parties du corps et en particulier
avec le deuxième cerveau, à savoir le ventre ou cerveau des
émotions.
Le «cerveau du bas», constitué d'un système nerveux
très complexe, est appelé le cerveau entérique. Plus que le
second cerveau, il est en fait le cerveau originel puisque les
organismes primitifS pluricellulaires n'avaient pas de système
nerveux encéphalique mais un tube digestif innervé. C'est
au cours de l'évolution que les animaux ont développé un
système sensoriel très sensible pour chercher la nourriture,
sonder l'environnement et pour se protéger. La nécessité

246
De l'engrenage biologique au comportement humain

de certaines fonctions pour s'adapter et maintenir la vie


a favorisé la mise en place de nouvelles structures qui ont
conduit au développement de l'encéphale.
Les deux cerveaux communiquent entre eux en perma-
nence. Notre cerveau du haut fait une cartographie de
notre état émotionnel et le réajuste au fur et à mesure de
notre vécu afin de répondre au mieux aux stimuli exté-
rieurs, en maintenant l'équilibre intérieur. Le cerveau du
bas fabrique et stocke 95 % de la sérotonine, la molécule du
bien-être, dont le cerveau du haut a besoin. Des chercheurs
ont récemment montré que ce neurotransmetteur participe
à la gestion de nos émotions, module notre humeur, régule
notre appétit et notre sommeil. Ce cerveau de nos tripes
est lié directement à notre ressenti, à nos instincts profonds.
Il existe des liens réciproques entre digestion et fonctions
cognitives ou états mentaux.

Les émotions sont des mécanismes


de défense pour nous tester
Les émotions, moteur de la vie, sont des réactions biolo-
giques. Elles sont forgées à partir de réactions simples qui
favorisent la survie de l'organisme. La nature réalise auto-
matiquement les corrections nécessaires pour résoudre les
problèmes de base que pose la vie. Les stimuli émotionnel-
lement compétents vont induire une succession de réactions
dans le métabolisme. La séquence d'une émotion est rapide;
elle dure 20 millisecondes. Le stress associé, via nos sens, se

247
La science, la matière et la spiritualité

décharge dans l'organisme et se répercute jusqu'au niveau


moléculaire pour nous permettre de retrouver un nouvel
équilibre intérieur. Cette prise en charge de l'homéostasie
des émotions est liée à la préservation de Soi en relation
avec notre système immunitaire. Derrière cette immunité
se situe la préservation de notre propre humanité, de notre
singularité humaine!
Dans la continuité des mécanismes de survie mis en
place par 1' évolution, les stratégies de survie commencent
au niveau moléculaire dans la cellule, jusqu'au corps tout
entier. Compte tenu du haut degré de sophistication
du cerveau pour gérer le maximum de choses sans que
nous en soyons conscients, les émotions représentent la
partie émergée de l'iceberg constituant nos mécanismes
de survie. Nous le savons car nous le vivons tous les jours,
nos émotions gouvernent notre corps-esprit. Nos réactions
peuvent être rationnelles ou irrationnelles. Il suffit de voir
ce qui se passe quand nous nous mettons en colère contre
quelqu'un. Ce stress produit une forte décharge émotion-
nelle qui se répercute sur notre bien-être.
Je me souviens être sortie de chez ma mère un matin alors
que je passais la voir rapidement avant d'aller travailler. Elle
m'a fait une remarque inacceptable pour moi, par rapport à
mes frères, qui remettait en cause tout ce que je faisais pour
elle alors qu'eux ne faisaient rien. Je suis partie en claquant
la porte de colère. Je suis allée à ma voiture, et en reculant
brutalement pour sortir, j'ai embouti une voiture que je
n'avais même pas vue. Cela avait fichu ma journée en l'air.

248
De l'engrenage biologique au comportement humain

Pourquoi ma réaction a-t-elle été si violente? Parce


qu'elle touchait mon identité et ma place par rapport à mes
frères. Cette émotion était directement liée à une partie de
mon enfance où les garçons avaient droit à tout alors que
les filles devaient se battre pour tout. Les émotions présentes
réactivent les émotions du passé ...

Les cellules des organes sensoriels


enregistrent toutes nos perceptions
Au même titre que la vie est interaction, la vie est aussi
émotions! Tous nos sens sont en alerte pour percevoir le
monde, et notre mémoire s'organise à partir d'expériences
précoces qui remontent quelquefois à la conception. Les
émotions sont les moyens pour entrer en contact avec notre
environnement intérieur et extérieur, pour nous préserver et
nous rendre heureux. Nos sens nous donnent des émotions
que nous allons devoir gérer.
Les organes sensoriels sont faits de cellules sensorielles
qui sont sensibles aux stimulations de l'environnement.
Les yeux, les oreilles, la peau, le nez et la langue agissent
comme des capteurs pour les sens de la vue, de l'audi-
tion, du toucher, de l'odorat et du goût. Nos perceptions
sensorielles proviennent des ondes sonores (via l'ouïe),
des impulsions lumineuses (via les yeux), des molécules
odorantes en suspension dans l'air (via l'odorat), du sens
kinesthésique du toucher et enfin du goût, qui est plus
complexe.

249
La science, la matière et la spiritualité

La vue génère des représentations externes à partir de


ce que nous voyons de l'extérieur, et aussi des représen-
tations internes, que nous imaginons ou que nous créons
comme image intérieure, réelle ou reconstruite. Ainsi, nous
pouvons projeter sur l'autre une image interne n'ayant rien
à voir avec la personne se trouvant en face de nous.
L'audition, comme la vue, génère des perceptions
externes, ce qu'on entend de l'extérieur, et des percep-
tions internes, dialogues internes que l'on crée. Là
encore, la projection d'un dialogue interne à partir d'un
message externe peut contribuer à des difficultés dans la
communication.
Le sens kinesthésique nous permet d'entrer en contact
avec le chaud, le froid, la pesanteur, la tension, la détente,
le confort, l'inconfort, la douleur, le plaisir, etc.
L'odorat est un des sens les plus archaïques que nous
développons et qui est en grande partie inconscient car
réprimé dans son expression. Il est socialement peu accepté
de dire à quelqu'un «tu pues»! Alors que l'inverse peut être
connoté d'une tentative de séduction.
Le goût dépend de 1' odorat. Il est en relation avec notre
attirance ou répulsion pour des aliments qui nous dégoûtent
ou au contraire nous attirent.
Notre corps perçoit en permanence des stimuli qui sont
transmis par les organes sensoriels au cerveau pour y être
traduits. Ces capteurs sensoriels contribuent à maintenir
notre corps en équilibre et informent l'organisme de son état

250
De l'engrenage biologique au comportement humain

(état homéostatique) et de tous les changements internes. Si


un stimulus est perçu longtemps, son effet diminue à mesure
que le temps passe, car le cerveau choisit de ne plus tenir
compte du message (cela fait partie de 1'apprentissage). Un
même stimulus, comme le goût d'un aliment, déclenchera
chez tous les mêmes impulsions et cependant il ne provo-
quera pas les mêmes réactions: certains l'aimeront, d'autres
pas. Cette faculté de réagir de différentes manières rend
1' étude du comportement humain complexe.
Notre peau, associée à l'organe du sens du toucher, est
dotée de très nombreux capteurs sensoriels, terminaisons
nerveuses présentes à différentes profondeurs sous la peau.
C'est la partie du corps qui est en contact permanent avec
le monde extérieur. Le sens du toucher est partout présent
à la surface du corps, mais certaines zones comme les lèvres,
l'extrémité des doigts, la plante des pieds et les orteils sont
les plus sensibles.
Depuis les terminaisons nerveuses de la peau, le message
se diffiise par les nerfs périphériques et remonte le long de
la moelle épinière pour arriver au cerveau, au niveau du
thalamus et du cortex. Ainsi, quand on touche un objet,
des messages voyagent de l'intérieur de la peau, à travers le
corps, jusqu'au cerveau. À partir de ces messages, le cerveau
peut dire si l'objet que l'on touche est chaud, froid, dur,
mou, doux ou rude.

251
La science, la matière et la spiritualité

Régulation homéostatique automatisée


des émotions et engrammage des émotions
Les émotions sont un moyen naturel pour le cerveau
et l'esprit d'évaluer l'environnement à l'intérieur et hors
de l'organisme, et de répondre de façon rapide, adéquate
et adaptée pour ramener le bien-être intérieur. L'émotion
commence par un stimulus ou déclencheur compétent.
Elle traverse ensuite le corps en entraînant des réac-
tions physiologiques et un comportement réactif: le plus
souvent la fuite, l'attaque ou l'immobilité. Puis la pensée
surgit et, lorsque la vague émotionnelle se retire, on peut
identifier l'émotion. L'émotion peut être consciente ou
inconsciente.
Parmi toutes les régulations, il existe une fonction
incroyable et particulière de régulation autonome de nos
états émotionnels. C'est elle qui, à partir des perceptions
sensorielles, prend en charge la régulation homéostatique de
nos émotions. Dans le vivant, tout est fait pour s'occuper de
nous à tous les niveaux afin de maintenir notre état de bien-
être, sans que nous ayons quelque chose à faire ! N'est-ce
pas merveilleux?
Le cerveau prend en charge la régulation homéostatique
des émotions. Il prend en charge et mémorise toutes les
émotions et les réponses à apporter pour retourner à un
état de bien-être. Il cartographie constamment nos états
émotionnels en fonction des signaux que le corps lui envoie.
Tout changement par un stimulus extérieur ou intérieur
va induire une nouvelle cartographie qui va identifier les

252
De l'engrenage biologique au comportement humain

changements émotionnels. Le cerveau va ainsi ajuster les


changements physiologiques pour répondre au stimulus et
retourner à son état fondamental.
Le grand neurologue Antonio Damasio le montre bien
sur le schéma d'un arbre de vie qui représente la machine
homéostatique des émotions (figure 27). Chaque branche
représente les phénomènes chargés d'assurer la régulation
automatisée de la vie. C'est l'homéostasie, ou plus précisé-
ment l'homéodynamique, qui est un processus de recherche
d'ajustement constant. C'est un équilibre dynamique en
constant remodelage.
Sur les branches de l'arbre de vie, le niveau des émotions
est constitué par les brindilles. Elles peuvent être de diffé-
rentes natures, primaires, secondaires, sociales, etc. Ces
brindilles sont ce que nous percevons et elles sont connectées
aux racines de l'arbre avec différents niveaux de régulation
homéostatique. En dessous du niveau des émotions, au
niveau des branches supérieures, on trouve le niveau lié
aux besoins et motivations, qui sont associés aux appétits et
désirs. A un niveau inférieur, au niveau des branches près
du tronc, se· trouve le niveau de nos comportements face à
la douleur ou au plaisir, qui sont eux-mêmes associés à la
notion de punition et récompense. Puis, à un niveau plus
profond, au niveau de la base du tronc et des racines de
l'arbre, se trouve le niveau des défenses immunitaires qui
sert de point de départ aux défenses de tout notre orga-
nisme. Les réflexes de base et la régulation métabolique
sont à ce niveau. De plus, toujours à ce niveau se trouvent

253
La science, la matière et la spiritualité

nos instincts de survie gérés par le cerveau reptilien puis le


cerveau limbique ou cerveau des émotions et enfin le cortex
pour l'analyse des émotions.

Émotions

Besoins et motivations

Comportements
Douleurs et plaisir

Réponses Immunitaires
Réflexes de base
Régulation métabolique

Figure 27: Représentation de la machinerie homéostatique


de régulation des émotions (selon Antonio. R Damasio,
Spinoza avait raison, Odile Jacob, 2003).

Qu'un stimulus compétent apparaisse dans une situation


qui conduit à une émotion particulière, et le disque dur de
notre cerveau va ressortir sa solution déjà expérimentée et
mémorisée dans le passé. Le fonctionnement du cerveau
minimise l'énergie en recherchant les réponses déjà connues
sans faire le moindre effort. Tout ce qui lui est connu peut
être réutilisé. Il ne s'en prive pas, puisque c'est une solution
de la base de données! C'est la richesse du cerveau mais aussi
sa limite puisqu'il répond en automatique, par rapport à des
situations du passé, dépassées à un moment donné!

254
De l'engrenage biologique au comportement humain

Derrière chaque émotion se trouvent tous les différents niveaux


de régulation, celui de nos besoins et motivations, puis celui de nos
comportements face à la douleur ou au plaisir, puis, au niveau le
plus profond, celui nos défenses immunitaires liées à la préservation
du Soi et donc à la défense de notre humanité.

Émotions et communication cellulaire,


comment ça marche?
Du niveau atomique, moléculaire puis cellulaire, les
stimuli entre cellules sont le moyen de communication à la
base de la vie. Les émotions fonctionnent en réponse à nos
organes sensoriels, constitués eux-mêmes de cellules senso-
rielles. Les stimuli compétents des cellules sensorielles, qui
vont activer une émotion, peuvent être de nature physique,
chimique ou photonique, externe ou interne. La réponse à
un stimulus interne ou externe comporte différentes étapes :
l'activation de la cellule, le transfert de l'information, la
réponse de l'environnement, puis l'intégration de l'infor-
mation pour que la cellule retourne à l'état homéostatique
dans son environnement.
Au niveau de l'individu et de l'organisme tout entier, la réponse
à l'émotion peut conduire à l'état émotionnel, qui est un
état lié au mental. La prise en charge du cerveau conduit à
des changements physiologiques complexes selon l'émotion,
puis l'intégration des informations au niveau des fonctions
cérébrales (cartographie du corps et donc des émotions dans
le cerveau), pour enfin arriver à la réponse la plus adaptée de

255
La science, la matière et la spiritualité

l'organisme entier, pour la survie de l'individu, afin de lui


permettre de retourner à son état d'homéostasie déchargé
du stress associé à l'émotion.
Chaque émotion a une signature caractéristique,
lisible dans plusieurs zones du cerveau, grâce à l'activité
neuronale qui construit en permanence la carte neuronale
de notre corps. Les pensées liées à 1' émotion viennent après
que l'émotion a commencé. Les sentiments qui s'ensuivent
dépendent de l'émotion. Toutes nos émotions comme
la joie, la tristesse, la colère, la peur, le dégoût, etc., sont
engrammées dans notre corps et mémorisées par notre
cerveau dans les connexions neuronales de notre corps.

Les émotions fondamentales


Les émotions sont le moteur de la vie, et c'est à partir
d'elles que nous réagissons dans la vie à tout moment. En
général, ce sont nos émotions conscientes ou non conscientes
qui nous guident dans nos actions souvent irrationnelles.
Quatre émotions fondamentales se construisent au cours
de notre développement dans l'ordre suivant: la peur, la
colère, la tristesse et la joie. Toutes ces émotions vont accompa-
gner notre structuration psychique et émotionnelle.
La peur se déclenche lorsque l'on est confronté à des
menaces réelles ou imaginaires. En médecine chinoise,
la peur concerne les reins qui dans certains modèles sont
considérés comme le siège de l'identité. La peur est en rela-
tion avec notre assurance dans la vie. La fonction «utile»,

256
De l'engrenage biologique au comportement humain

c'est-à-dire la fonction positive de la peur, est d'augmenter


notre vigilance pour assurer notre protection.
La colère est une émotion très puissante. Elle est déclen-
chée par les violations de territoire dont nous sommes ou
croyons être la victime. En médecine chinoise, la colère
concerne le foie, c'est-à-dire le responsable de la fabrication
de l'énergie par l'activité métabolique. La fonction utile de
la colère est qu'elle engendre une énergie de changement,
le premier changement étant celui à générer en soi puisque
l'autre, on ne peut pas le changer ... Le travail à faire est
donc de développer la conscience d'être soi dans ses propres
limites et en relation avec l'autre.
La tristesse est associée à nos pertes, ce que nous appelons
«deuils» dans tous les domaines de notre vie de bébé, d'enfant
puis d'adulte. En médecine chinoise, la tristesse est associée
aux poumons, notre souffle, et au gros intestin en lien avec
l'organisation dans notre vie. La tristesse permet d'entrer dans
l'état de deuil, état ressource dans lequel on se place pour faire
face aux pertes. Au niveau cellulaire, la mort fait partie de la
vie et lors de la mort d'une cellule par apoptose, les cellules
environnantes accompagnent la cellule qui va mourir.
La joie est la plus grande émotion positive. Elle est
déclenchée par la sensation de s'accomplir. En médecine
chinoise, l'organe correspondant à l'émotion joie est le
cœur et il est intéressant de constater que les mains, qui
servent à s'accomplir, sont situées sur le même méridien.
La fonction positive de la joie est le partage.

257
La science, la matière et la spiritualité

De l'émotion à l'état émotionnel


Les émotions sont des réactions biologiques de courte
durée ; elles font partie des mécanismes de survie qui, en
fonction de notre environnement, permettent de trouver
la meilleure façon d'agir dans l'instant présent. Si on repré-
sente le stress associé à la charge émotionnelle de la peur sur
une courbe comme le montre la figure 28a, selon Élisabeth
Couzon, la charge émotionnelle monte jusqu'à un pic
maximal puis redescend en intensité, lorsque le stress lié à
l'émotion se décharge jusqu'à atteindre l'état homéostatique
final, c'est-à-dire lorsque le calme est revenu.
Si la charge émotionnelle ne se décharge pas (figure 28b),
la courbe redescend un peu et s'arrête à un niveau encore
haut indiquant une charge constante non relaxée. L'état
émotionnel qui en résulte ne conduit plus à 1' état homéo-
statique de la personne. Cet état émotionnel favorise la
formation de l'hormone du stress : le cortisol.

Abeenca de d6ch•ree
6motlonnn•lle

B
Figures 28a et 28b: Évolution de la charge émotionnelle pendant
l'émotion: (a) émotion avec décharge émotionnelle complète; (b)
émotion conduisant à un état émotionnel caractéristique d'une
charg~ émotionnelle non relaxée (selon Élisabeth Couzon et
Françoise Dom).

258
De l'engrenage biologique au comportement humain

Un surplus de charge émotionnelle non relaxée peut


conduire à une dépression ou autre pathologie. L'image
de cette surcharge émotionnelle ressemble à celle d'une
voiture qui fait de l'autoallumage même quand on a arrêté
le moteur ... Au lieu de se relaxer, la charge émotionnelle,
prise en charge par le cerveau et en particulier par l' amyg-
dale via le circuit de la peur, conduit automatiquement à
une charge émotionnelle non relaxée, à cause du mental qui
prend le relais pour répondre à cette émotion déjà connue
par lui. En fait, face à une émotion de peur, le cerveau
utilise toujours les mêmes circuits des cartes neuronales liés
à la peur.
Notre cerveau utilise les circuits qu'il connaît depuis
notre enfance, et il est difficile de faire autre chose pour
lui. L'image qui me vient est celle d'un volcan qui, lors de
ses éruptions, choisit toujours le même chemin de coulée
pour les laves. La seule façon de changer de chemin est
de faire exploser le sommet du volcan! À notre niveau, il
ne s'agit pas de nous faire exploser la tête mais plutôt de
court-circuiter les chemins habituels du mental. L'accueil
en conscience de l'émotion peut tout changer!
J'ai découvert une belle technique appelée «technique
TIPI» ou <(technique d'identification sensorielle des peurs
inconscientes». Elle est très efficace pour se libérer des
émotions présentes ou passées, à leur origine. Elle consiste
à accueillir l'émotion en conscience avec toutes nos
perceptions sensorielles, et à entrer en contact avec elle en
observant dans notre corps où l'émotion se déplace, en la

259
La science, la matière et la spiritualité

suivant, jusqu'à ce qu'elle disparaisse à un moment donné


jusqu'à sa racine. Cette technique implique une écoute et
une présence à soi dans un état de pleine conscience, pour
percevoir les sensations dans notre corps.
En complétant le schéma d' Antonio. R Damasio, on
peut visualiser sur la figure 29 l'effet direct de cette tech-
nique, à partir de deux stimuli compétents qui activent la
mémoire et coupent les chemins mentaux, en suivant celui
des perceptions sensorielles, ce qui conduit à l'élimination
de la charge émotionnelle jusqu'à la racine. Dans cet état de
pleine conscience, les chemins mentaux sont court-circuités
et ne peuvent plus prendre le relais habituel, et l'émotion
peut se décharger sans faire intervenir ce que le cerveau sait
de nos propres chemins.
Le cerveau fait le moindre effort et fonctionne dans la
majorité du temps en mode automatique, à l'économie. S'il
reconnaît une émotion, donc une cartographie du corps
entier, il va simplement appliquer ce qu'il sait! ... Seule la
pleine conscience ou conscience active portée sur un seul
objet d'observation permet de court-circuiter le fonction-
nement mental automatique habituel, et de ne pas entrer
dans un état émotionnel, ni d'analyser les causes qui ne sont
que de l'activité mentale. Cela revient à «lâcher le mental»
et ce que l'on sait, pour accueillir, dans le moment présent,
cette émotion afin qu'elle soit reconnue par notre corps et
qu'il puisse la décharger.

260
De l'engrenage biologique au comportement humain

Figure 29: Schéma de la décharge sensorielle des émotions


(bleues et rouges) par le corps jusqu'à leur racine
(flèche mémoire sensorielle) par la méthode TIPI.

Je me souviens d'une grosse émotion due à une amie qui


me téléphonait alors que je faisais des gâteaux. Je sentais sa
colère qui se déversait sur moi sans que j'y sois préparée.
Nous avions au préalable eu des échanges où je lui avais
fait remarquer que la colère qu'elle voyait chez moi était le
reflet de sa propre colère. Elle me téléphonait pour remettre
les pendules à son heure! En raccrochant le téléphone, je
ne me sentais plus concernée, et cependant j'étais dans un
état émotionnel intense et insupportable pour retourner à
mes gâteaux.Je voulais mettre de l'amour dans mes gâteaux
et pas de la colère! Je me suis posée, je me suis vidé la tête
et j'ai appliqué la méthode TIPI en laissant cette émotion

261
La science, la matière et la spiritualité

voyager dans mon corps à travers mes sens. Je suis restée


dans un état méditatif sans plus aucune pensée. Au bout
d'une heure, j'étais à nouveau dans ma maison intérieure,
débarrassée de toute émotion. J'avais aussi pris la décision
d'arrêter cette relation.

La trace des états émotionnels dans le corps


Toute notre cartographie émotionnelle est enregistrée
à chaque instant dans notre cerveau. Quand on cartogra-
phie l'activité émotionnelle d'un humain, on peut voir que
chaque émotion se traduit par des manifestations corpo-
relles. Chaque émotion a sa cartographie émotionnelle
également dans le cerveau. Si l'on représente cette acti-
vité émotionnelle par des couleurs chaudes et des couleurs
froides, on trouve une cartographie de 1'activité émotion-
nelle dans le corps montrant des zones suractivées par
l'émotion (couleurs du jaune au rouge), et des zones dont
1' activité est ralentie ou affaiblie (couleurs du vert au bleu).
Les principales émotions simples ou mixtes, comme la peur,
la colère, le dégoût, l'amour et le bonheur, conduisent à une
suractivité du corps par 1' émotion. Par contre, la tristesse,
la neutralité, la honte, la dépression et le mépris conduisent
à un ralentissement, voire à un blocage de l'activité dans
certaines zones du corps.
Ce qui est extraordinaire, c'est de réaliser que derrière
chaque émotion fondamentale se trouve un besoin à
combler. Nos émotions parlent de nos besoins insatisfaits.

262
De l'engrenage biologique au comportement humain

Quand le besoin associé est comblé, l'émotion est positive.


Lorsque le besoin n'est pas comblé, elle devient négative.
Dans le cas de la peur, le besoin à satisfaire est d'assurer sa
protection, et l'action à mener est d'accepter sa peur, s'y
confronter pour la dépasser. Dans le cas de la colère, le
besoin à satisfaire est d'être entendu, et l'action à mener est
de modifier son rapport à soi, réparer, protéger son inté-
grité et satisfaire ses besoins. Derrière la tristesse, le besoin à
satisfaire est le réconfort, et l'action à mener est de changer,
accepter sa tristesse, se mettre dans l'action. Enfin, derrière
la joie, le besoin à satisfaire est de partager et l'action à
mener est de maintenir le partage dans l'ouverture du cœur.
Ne plus être en conflit avec nos émotions nous permet
d'entrer en contact avec notre corps et d'accepter les
émotions qui s'y expriment. C'est un vrai travail de réuni-
fication de l'individu.
Chapitre 15

L'engrenage biologique
et les stratégies de survie

Installation de l'engrenage biologique


De même que la cellule a mis en place des stratégies
de survie pour maintenir la vie et protéger l'intégrité de
son patrimoine génétique, l'être humain a également mis
en place des stratégies de survie pour maintenir la vie, se
protéger de l'environnement affectif parental, émotionnel
et social, éventuellement stressant, pour maintenir l'intégrité
de son être. La figure 30 montre, comme pour la cellule,
au niveau de l'humain, les liens qui existent entre l'histoire
individuelle, la vie fœtale, la croissance de l'individu dans
son environnement, ses propriétés et fonctions biologiques,
et la structure du corps. Comme pour les matériaux, tout
changement d'un pôle va induire des changements sur
les deux autres pôles. Des stimuli extérieurs et intérieurs
vont engendrer des stress, des émotions et des mécanismes
de défense liés à la survie. Ces derniers vont faire sortir la

265
La science, la matière et la spiritualité

personne de l'équilibre homéostatique de son corps. Avec


le stress, le but du vivant est de ramener le corps à l'état
homéostatique de l'être, état qui assure la préservation de
son intégrité et de ses fonctions biologiques et qui permet
la décharge émotionnelle induite par le stress.

Histoire individuelle, vie foetale


Dans un Environnement Familial, Social,
Géographique
Stress • Emotions
M6alnlsmes dt ~
°'fense '"' à la survie
et la pft$ervatfon:
du nlvuu molkut.i..-
À rtndlvldu

Propriétés /Fonctions..___ _ _ _ _ _ ___. Structure du Corps:


Biologiques : Perceptions Réactions chimiques
sensorielles : Vue, Oule, liées à l'aclvité
Toucher, Odorat, GoOt métabolique,
émotions ..

Figure 30: Schéma de la relation entre l'origine,


l'histoire, la structure et les propriétés de l'humain.

L'histoire individuelle commence par la cellule fécondée,


notre «cellule mère». Après multiplication cellulaire et diffé-
renciation, la croissance cellulaire va conduire à la formation
des différents organes structurant l'embryon, puis à l'étape
de maturation du fœtus qui aboutit au bébé qui va naître. La

266
De l'engrenage biologique au comportement humain

croissance du bébé va ensuite passer par différentes étapes de


maturation fondamentales qui vont détenniner la structure
physique, psychique, émotionnelle et comportementale de
l'enfant, puis celle de l'adulte.
La gestion de nos émotions et du stress associé est reliée
à nos comportements face au plaisir et à la douleur, ainsi
qu'à nos comportements face aux notions de récompense
et de punition. Nos besoins et motivations sont intimement
liés à tous ces comportements. Nous les avons largement
expérimentés pendant notre petite enfance, notre enfance,
notre adolescence, à l'âge adulte et enfin à la vieillesse. Les
besoins ne sont pas les mêmes selon l'âge, et pourtant nous
sommes dépendants de ce que nous avons éprouvé dans
notre enfance et même dans notre vie intra-utérine.
Tout ce que nous aimons et qui nous apporte du plaisir
et de lajoie laisse une trace indélébile dans notre champ de
mémoires, qui nous amène à vouloir le reproduire. L'histoire
de la madeleine de Proust associée au sens du goût a imprimé
en mémoire une émotion positive de joie (bonheur) en
mangeant cette madeleine faite par sa grand-mère, figure
affective. Grâce à la mémorisation de ce souvenir heureux
(bonheur), une simple odeur de madeleine fait remonter
toute la joie, c'est-à-dire toute la cartographie neuronale
associée à cet événement heureux.
Dans le cas d'un souvenir malheureux, tristesse, colère,
traumatisme, etc., de la même façon, l'engramme de ce
souvenir va comporter les différentes composantes de l'en-
vironnement social, affectif, émotionnel, géographique,

267
La science, la matière et la spiritualité

etc., qui resurgira lors d'un événement équivalent en réso-


nance avec celui mémorisé. On peut avoir peur et ne pas
vouloir reproduire ce type d'expériences mémorisées qui
ont engendré de la douleur et de la souffrance. Ces compor-
tements mis en place pendant notre enfance vont engendrer
des stratégies de survie, pour ne plus avoir mal. Ces straté-
gies du «cerveau du haut» sont mémorisées par les cartes
neuronales qui englobent toutes les informations avec les
différentes composantes des émotions pour chacune de nos
expériences. Les émotions vont donner naissance aux senti-
ments, puis aux croyances qui vont gouverner notre vie.

Les émotions sculptent notre vie


depuis la vie intra-utérine
Les lois du comportement humain par rapport à la
survie de l'individu impliquent que face à une émotion,
à un danger imminent, chaque individu réponde par un
comportement de lutte, de fuite, ou d'inhibition d'action
(Henri Laborit). Ces comportements permettent de nous
préserver. La lutte peut se traduire par une réaction corpo-
relle via la parole, un mouvement du corps ou la fuite. À
la suite d'une émotion forte, d'un trauma, en l'absence de
réaction comme la parole, le mouvement du corps ou la
fuite, le corps se fige dans l'inhibition d'action qui va empê-
cher les stress de se décharger. Le corps va prendre en charge
la résolution du problème lié à l'émotion via les fonctions
des organes les plus adéquates. Une somatisation peut alors

268
De l'engrenage biologique au comportement humain

s'installer pour répondre à ce stress intense non relaxé, non


résolu et figé dans le corps.
L'engrenage biologique commence dans la vie intra-uté-
rine. Comme pour une cellule, le développement
embryonnaire et fœtal s'effectue en milieu aqueux. La
communication cellulaire fœtale va dépendre des signaux
reçus de la structure mère-fœtus en fonction de l'environ-
nement psycho-physico-émotionnel de la mère.
Au cours de la grossesse, au même titre que le fœtus est
nourri par la mère via le sang, les sentiments et émotions
vécues par la mère font partie de la nourriture affective que
l'embryon puis le fœtus reçoivent: en direct du produc-
teur au consommateur! Nous mangeons tout ce que notre
mère mange, nous ressentons tout ce qu'elle ressent, nous
entendons sa voix, la voix de notre père et la musique qu'ils
écoutent ou qu'ils jouent, à travers le placenta, qui est l'in-
terface de communication entre la mère et l'embryon. Ce
milieu est un univers feutré, où tous les sons sont amortis
comme lorsque nous nageons sous l'eau.
Pendant cette période, au cours de la vie intra-uté-
rine, la femme enceinte peut vivre une vie harmonieuse
et heureuse. Elle peut aussi vivre des états de mal-être en
lien avec ses besoins inassouvis, et peut se sentir contra-
riée, débordée, anxieuse, désespérée, inquiète, pessimiste
ou tourmentée.
Toutes les émotions de joie, de peine, d'angoisse diverses
et variées de la mère, dans son environnement familial,
affectif, social, sont perçues de l'intérieur par le fœtus. Ce que

269
La science, la matière et la spiritualité

nous expérimentons dans le ventre de notre mère peut avoir


des répercussions plus ou moins graves, cardio-vasculaires,
neurologiques, ou plus subtiles comme la «résistance au
stress». Un stress violent en début de grossesse, pendant la
vie embryonnaire, peut par exemple affecter la formation
de la colonne vertébrale du fœtus.
Le vécu de la mère est en accès direct via les organes des
sens du fœtus et par son système limbique qui est déjà opéra-
tionnel, et qui enregistre et met en mémoire le ressenti.
Ainsi, une femme stressée produira du cortisol, l'hormone
du stress qui peut être transmise au fœtus qui enregistre
tout, la joie, le stress de la mère lié à son climat affectif,
émotionnel et social environnant. Ce stress peut se traduire
par une «menace informe» pour le fœtus. Il en reste une
mémoire dans la boîte noire cellulaire. Lors du stress de la
maman, il a été montré que le fœtus relaxe ce stress par un
mouvement de succion de son pouce.
La carte émotionnelle s'élabore pendant la vie intra-utérine, à la
naissance et pendant la petite enfance. Notre corps est marqué par
les émotions qui s'inscrivent au sein de nos tissus.
Les informations qui se sont mémorisées dans notre corps
peuvent être réactivées dans la vie de 1' enfant, de l' adoles-
cent ou de l'adulte, par un stimulus compétent qui vient
réveiller la mémoire. L'effet de cette mémoire peut être
rendu visible par les symptômes spécifiques d'une patho-
logie qui en résulte, et qui est en lien avec une altération
des courants vitaux (méridiens de la médecine chinoise) des
organes impliqués.

270
De l'engrenage biologique au comportement humain

La nutripuncture, une méthode informationnelle encore


mal connue en France, permet de remonter aux mémoires
cellulaires imprimées pendant les périodes intra-utérines,
les phases fondamentales orale, anale et génitale. Cette
méthode très puissante est basée sur l'observation des
réponses comportementales et l'analyse des courants vitaux,
à partir de la réponse corporelle de la personne.
Le cortex et l'hippocampe de l'enfant n'étant pas encore
totalement formés, l'enfant va fonctionner essentiellement
à travers ses cinq sens (vue, ouïe, toucher, odorat et goût).
Un enfant fonctionne sans filtre, sans projection ou interprétation
par le cortex.
L'enfant est dans l'émotion pure, directe.
L'enfant va réagir par la fuite ou par le combat, et s'il ne
peut faire ni l'un ni l'autre, il va somatiser. Ainsi, l'enfant
va inscrire, imprimer dans son corps des nœuds tissulaires
en relation avec les chocs émotionnels non exprimés. Ces
derniers constituent une carte émotionnelle en fonction
de tous les ressentis durant les premières années de sa vie.
Il va charger son sac à dos émotionnel ! Comme le dit
Roger Fiammetti dans Le LAngage émotionnel du corps, nous
avons tous un sac à dos émotionnel chargé de conflits non
résolus dans le passé et qui ne demandent qu'à émerger
grâce à un événement succinct, minime, qui va réveiller les
blessures du passé. La résilience sera le chemin à parcourir
pour aller vers notre Soi, à la rencontre de ses blessures.

271
La science, la matière et la spiritualité

Comment fonctionne l'engrenage biologique?


L'enfant arrive au monde avec une sacrée mémoire qu'il
devra découvrir au fil de sa vie ; telle est notre destinée à
tous. Les attentes des parents par rapport à ce bébé vont se
traduire par une injonction parentale qui va être ressentie
par le bébé. Ses perceptions sensorielles vont enregistrer ce
sentiment informe, qui va se traduire par le ressenti d'un
climat affectif particulier, lequel va colorer sa vision du
monde pendant sa croissance et pendant sa vie d'adulte.
Ses ressentis vont participer à la construction de sa structure
physique, psychique et émotionnelle. L'ensemble de ses
émotions va conditionner son comportement et favoriser
la mise en place de certaines stratégies de survie.
Nous sommes tous venus sur terre avec une blessure
existentielle, ou blessure de l'âme à réparer. Il existe cinq
blessures de 1' âme qui vont colorer notre comportement.
Ainsi, selon l'individu, la blessure du rejet, la blessure
de l'abandon, la blessure de l'humiliation, la blessure de
la trahison et la blessure de l'injustice auront des consé-
quences différentes sur la vision de notre monde intérieur
et extérieur.
Notre mémoire, l'injonction parentale et nos blessures de l' t1me
vont conditionner notre comportement face à la vie. Nos compor-
tements par rapport aux émotions vont porter la couleur de ces
blessures, qu'il faudra comprendre pour passer de notre personnage
construit à la reconnaissance de notre ~tre dans sa véritable nature.
La méthode de l' «engrenage biologique » mise au point
par Julia Mudès, thérapeute en écologie humaine, est basée

272
De l'engrenage biologique au comportement humain

sur le schéma de la figure 31 où toutes les stratégies de survie


en lien avec la personnalité, le climat affectif, le manque, les
vertus ou qualités humaines, les peurs et les émotions sont
réparties au sommet des six branches de l'étoile de David,
inscrite dans un cercle, le cercle représentant l'unité.

Engrenage biologique - Mémoire à la naissance


Vie intra-utérine - Injonction parentale

la vie a
Personnalité
D
Mise en
place des
stratégies
de survie
pendant la
croissance

Peurs
D
Mise en place du monde du
Héros : notre saboteur

Figure 31: Représentation de l'engrenage biologique


(selon Julia Mudès).

La particularité de l'engrenage biologique réside dans sa


grille de lecture qui permet de repérer les stratégies nùses en
place par le mental. Ces stratégies répondent à la nécessité
de survie, face à la blessure de ne pouvoir répondre, à partir
de notre nature profonde, à l'écologie humaine.

273
La science, la matière et la spiritualité

La survie répond au besoin de fuir la mort, en gérant les


expériences du passé pour réagir à 1' attente de 1' environne-
ment dans lequel nous sommes nés: défendre notre territoire,
être dans la compétition au service de l'ego, selon la logique
du mental ou selon l'image attendue par l'extérieur.
Chaque fois qu'une expérience vient nous interpeller à
partir d'une peur, d'un manque, d'une émotion, du climat
affectif, de notre personnalité ou de nos vertus, «tout notre
engrenage est remodelé» et nous fait sortir de notre unité,
pour passer dans le «mode survie » et nous détourner de ce
que nous sommes appelés à être.
Cet engrenage est considéré comme une matrice d'eau
dans le symbolisme du corps humain selon la tradition
hébraïque. Quand il est réveillé par une expérience, il nous
ramène dans le ventre de notre mère avant notre séparation.
Nous n'avons pas coupé le cordon ombilical et nous restons
dans la nostalgie de l'unité, la fusion-confusion. Chaque
fois que notre engrenage est concerné, nous nous divisons,
jusque dans un état de séparation avec notre être. Nous
sommes tellement séparés de notre être que nous sommes
comme en exil de nous-mêmes.
Cet état correspond au monde des émotions du héros ou
du saboteur, monde de la dualité. L'état dans lequel il nous
met correspond à un état émotionnel où nous ne savons
plus quels sont nos bons repères. Les expériences de chaos
qui s'ensuivent nous ramènent dans le ventre de notre mère
dont il faut sortir pour construire de nouveaux repères en
relation avec le présent de l'adulte que l'on vit.

274
De l'engrenage biologique au comportement humain

J'ai découvert et je pratique cette approche d'évolution


personnelle depuis douze ans. C'est une méthode tout à fait
paradoxale par son approche originale de l'exploration des
effets de l'engrenage biologique sur les comportements dans
notre vie ici et maintenant.
L'engrenage biologique permet de dévoiler ce qui nous
meurtrit pour rester des héros «dignes de l'estime publique»,
nous empêchant de découvrir qui nous sommes dans nos
profondeurs. Nos dimensions féminine et masculine sont
détournées de ce qu'elles sont dans leur essence, et la circu-
lation d'énergie de Vie est altérée chaque fois un peu plus.
La détermination de notre engrenage est faite à partir
de tests musculaires, c'est-à-dire à partir de la réponse de
notre corps qui sait. Ce travail de réunification consciente
se fait progressivement à partir des éléments de notre vie
et des images archétypales de contes qui nous mettent en
résonance avec notre engrenage.

Mise en place de notre personnage:


notre héros
La mise en place du comportement humain résulte de
toutes nos émotions et de la mémorisation neuronale de tous
nos états émotionnels conscients et inconscients. Ces états
imprimés dans notre corps-esprit depuis la vie intra-uté-
rine, la petite enfance puis l'adolescence vont participer à
l'élaboration de stratégies de survie constituant l'engrenage
biologique, pour permettre à l'enfant de se protéger et de

275
La science, la matière et la spiritualité

garder une certaine cohérence de son être. Les différents


stimuli qui ont été gérés pendant ces périodes répondent
aux besoins fondamentaux de l'humain, à ses motivations
et à ses désirs, les plus importants étant celui d'être aimé et
celui de la préservation de l'intégrité de son être, grâce à
son système immunitaire. Ainsi, les comportements face à
la douleur et au plaisir, eux-mêmes associés à la punition et
à la récompense, ont sculpté la formation de notre struc-
ture psychique, somatique et émotionnelle pour répondre
à l'appel extérieur de notre environnement.
L'installation de l'engrenage biologique va conditionner la
croissance du personnage que l'on se crée involontairement
pour répondre à l'appel extérieur. Ce personnage, ce héros,
va chercher à répondre à l'appel extérieur pour être aimé et
reconnu pour ce qu'il est et pour prendre sa place dans la
société. Ces stratégies vont conduire à l'installation de notre
saboteur très intelligent qui permet de répondre dignement
en se protégeant de ce qui n'est pas acceptable pour lui.
La difficulté sera de distinguer notre saboteur, notre
Héros que l'on a bien construit aux yeux de la société, de
la famille, en fonction de sa place dans la fratrie, etc., de
notre être véritable, à partir de nos comportements et de
nos émotions.
Devant des situations qui mettent en jeu notre engre-
nage, nos réponses sont la plupart du temps en lien avec les
repères de notre enfance, et en particulier avec les émotions
inscrites dans le corps de l'enfant. L'adulte doit se séparer
de cet état de fusion pour vivre sa vie à partir des repères de

276
De l'engrenage biologique au comportement humain

la vie d'adulte et pas celle de l'enfant. Notre travail, pour


grandir et être en bonne santé physique et psychique, est de
transformer notre engrenage, matrice d'eau, en matrice de
feu, pour intégrer les qualités de notre héros que nous avons
développées, afin de les utiliser au service de notre Être.

Le monde de la dualité et le monde du héros:


le jeu de l'ego
Le héros correspond à la personnalité que l'on s'est
construite pour répondre à l'appel extérieur (maman, papa,
famille, société, travail) pour être aimé et reconnu pour
qui on est. Ce héros répond au monde de la dualité, de la
division, le monde horizontal de l'action et de la réaction.
La figure 32 représente le monde du Héros.
Ce monde est dominé par le mental; il est axé sur l'image
de soi par rapport à l'autre ou à la société. Le comportement
est de type linéaire: action-réaction-reconnaissance. Il faut
s'adapter aux nonnes sociales pour être reconnu. C'est aussi
le monde horizontal lié à la survie, à la dualité, au bien
et au mal relativement aux images de la société. C'est le
monde de la division, où l'homme est coupé de son Être
pour répondre à l'attente de la société. La communication
entre saboteurs ressemble à unjeu de ping-pong dans l'axe
horizontal, tel un combat d'ego. Les émotions associées
sont les émotions du saboteur. Les valeurs sont celles de la
société, des nonnes sociales, de la compétition, de la recon-
naissance, etc.

277
La science, la matière et la spiritualité

.,....... ,......,
l\l1i:don "' . . . . .

Figure 32: Représentation des caractéristiques


du monde du Héros, le monde de la dualité.

Les émotions sont un moyen merveilleux pour identifier dans


quel type de comportement nous nous trouvons : celui de notre
saboteur ou celui de notre être.
Le monde de la dualité nous divise à l'intérieur de nous-
mêmes. En effet, les émotions liées à notre saboteur sont des
émotions négatives comme la peur, la tristesse, l'angoisse,
la culpabilité, etc., tandis que les émotions liées à notre
être sont des émotions positives comme la joie, la paix, le
plaisir, le partage, l'amour. Ces dernières correspondent
au monde de l'unité, le monde du temps présent, où le
passé, l'avenir et la peur n'existent pas! La figure 33 montre

278
De l'engrenage biologique au comportement humain

1'échelle des émotions de l'Être sur la spirale ascendante et


celle des émotions du Héros sur la spirale descendante.
Dans le monde du héros, notre saboteur est entraîné
dans la spirale descendante des émotions négatives qui nous
coupent de notre Être.

Echelle ascendante Echelle descendante


des imotlons de l'ltre des 6nJOtlons du H ot
1.lo4t/ _ ......_,
Ubonf/autonomle/ t . Pesslllll1m1
omour/ollll'f<lodon
11. Senllmtftt
cr•a11•-

J. f

Figure 33: Échelles des émotions: de l'Être sur la spirale


ascendante et du Héros sur la spirale descendante.

Parmi les états émotionnels d'intensité croissante en


charge émotionnelle négative sur la santé de notre corps-es-
prit, nous pouvons distinguer: l'ennui, le pessimisme, la
frustration, l'impatience, le sentiment d'écrasement, la
déception, le doute, l'inquiétude, le blâme, le décourage-
ment, la colère, la vengeance, la haine, la rage, la jalousie,
la culpabilité, l'insécurité, l'indignité, la peur, la dépression,

279
La science, la matière et la spiritualité

l'impuissance et la victimisation, qui atteignent les plus hauts


degrés de charge émotionnelle.
Il est intéressant de noter que le nombre d'émotions du
héros est deux fois plus grand que celui de notre être.
Dans le monde de l'Être, nous sommes entraînés dans
la spirale ascendante des émotions de l'Être qui sont toutes
positives pour la santé de notre corps-esprit, car elles
répondent à notre âme. Parmi elles nous trouvons: la satis-
faction, l'espoir, l'optimisme, la croyance d'une attente
positive, l'enthousiasme, la passion, la joie, l'amour, la
liberté, l'appréciation, la connaissance. Ces dernières sont,
sur 1' échelle de l'intensité émotionnelle, les plus élevées de
la spirale ascendante des émotions. Notre corps tout entier
répond à ces émotions de joie. Cela peut ressembler à un
état de grâce que 1' on ressent dans toutes ses cellules.
Chapitre 16

La transformation par le chaos

Le chaos créateur de la conscience de l':ttre


Nous sommes souvent confrontés dans la vie de tous les
jours à des réactions venant de notre environnement exté-
rieur, familial, professionnel ou social, qui nous mettent
dans des situations de plus en plus stressantes. Le travail
d'évolution personnelle permet de mieux nous connaître,
surtout si nous nous observons être, sentir et réagir à ce qui
se passe dans l'ici et maintenant. Les fortes émotions peuvent
jouer un rôle de tsunami, car elles viennent réveiller des
conflits anciens non résolus, des émotions anciennes, des
idées et des croyances. Lorsque notre comportement est figé
autour de notre ego, avec un mental bien formaté par la vie,
l'éducation, la société, etc., notre corps va prendre la charge
émotionnelle en se figeant et en bloquant notre énergie.
La figure 34 schématise les différents paramètres qui
affectent les comportements de notre Moi avec un mental
formaté à la réponse de l'ego. Tout stimulus compétent, exté-
rieur ou intérieur, va engendrer un stress lié aux émotions

281
La science, la matière et la spiritualité

et aux croyances qui va entraîner un blocage de 1'énergie


dans le corps. Cet état de blocage, ce tsunami, peut être
considéré comme un chaos. Dans ces conditions, le mental
ne peut plus répondre car il n'est pas ouvert à d'autres solu-
tions que celles qu'il connaît.

Stress 81oc...
Emotions de l'fnerale
ldffs

Propriétés et
Fonctions
81oc• du Corps
"' Structure

Etat homéostatique perturbé


Comportement en mode survie
Excès d'émotions non relaxées
t Structure physique
et psychique
Chimie des émotions
Systèmes de régulation

Figure 34: Schéma représentant les éléments


déclenchant d'un chaos dans notre vie.

C'est l'émotion qui l'emporte sur la raison. L'émotion


va se figer dans le corps et le stress associé à cette émotion
n'étant pas déchargé, il maintient ainsi la charge émotion-
nelle dans le corps. Si cette charge devient chronique et
insupportable, c'est le corps qui peut décider de ne plus
suivre de tels comportements et, pour se libérer de ce stress,
met en place la meilleure solution pour lui.

282
De l'engrenage biologique au comportement humain

Le chaos est un état intermédiaire où les anciens repères,


ceux mis en place dans notre engrenage, ne sont plus
valables. Il nous pousse à en installer de nouveaux à partir
de ce qui se passe dans l'ici et maintenant, pour accéder
à l'émergence de notre être. Ces nouveaux repères en
lien avec notre être profond nous conduiront à un état de
bien-être.
Un exemple de stress chronique extrême est le bum-out,
souvent une conséquence de conditions insupportables de
notre environnement de travail que nous acceptons sans
réagir. Mettre des mots sur ce que nous vivons peut aider à
libérer la charge émotionnelle, mais cela est devenu impos-
sible pour la personne dans cet état. Elle s'est oubliée ...
Cette inhibition d'action chronique ne peut engendrer
qu'un chaos chez une personne aussi fragilisée.
Cependant, ce chaos est créatif car il va permettre à la
personne de mettre en place ses nouveaux repères, «ceux
de la vie » et non pas ceux de «la survie ».
Ce chaos est la solution la plus adaptée pour nous sauver
de cette infernale situation difficile, voire impossible à gérer
par nous-mêmes. De même que lorsque la vie de la cellule
devient très critique, en fonction de son environnement,
celle-ci va mettre en place un mécanisme de survie, SOS
très coûteux pour elle, et elle risque sa vie pour s'en sortir.
Si elle réussit, la vie l'emporte, sinon, c'est la mort cellulaire.
Quel que soit le résultat, il est important de noter que la
réponse finale correspond à la réponse la plus adaptée par
rapport à 1' environnement du moment.

283
La science, la matière et la spiritualité

Dans les étapes importantes de notre vie, le chaos est le seul


moyen pour changer de direction et de références pour notre nouvelle
vie. L'exemple de la vie de la cellule nous le montre bien. Pour
passer d'un ordre à un autre ordre supérieur, seul le chaos permet de
rebattre les cartes et d'avoir une nouvelle donne pour notre jeu du Je!
Ce chaos va apporter la possibilité de se reconnecter à
notre Soi qui est bien en péril. Ce type d'expérience va
permettre de sortir doucement du personnage du saboteur
que nous avons construit, pour aller à la rencontre de notre
Être véritable. Ces expériences nous conduisent à déve-
lopper un dialogue intérieur souvent inexistant, avant de
répondre aux appels de l'extérieur.
L'ego se met un peu plus en veilleuse pour laisser l'espace
à la vraie vie de notre être. Le chemin peut être long, mais
une fois entamé, ce travail est un vrai cadeau pour soi et le
continuer permet d'arriver à être en cohérence avec notre
Être, dans notre singularité humaine, pour le meilleur de
nous-mêmes et le meilleur de tous.
L'exemple de la vie dans la cellule, où se succèdent différents
états ordre-désordre-chaos, montre bien que c'est grdce à cette dyna-
mique que la vie peut continuer. La vie n'est pas un long fleuve
tranquille !
Les structures rigides comme les microtubules, qui
se forment à un instant donné dans le cytosquelette, se
construisent à partir d'un signal pour servir une cause: le
transport de vésicules de protéines du cœur de la cellule à
la membrane cellulaire externe, et se déconstruisent à partir

284
De l'engrenage biologique au comportement humain

d'un autre signal, pour disparaître quand la fonction n'a plus


de raison d'être.
C'est grâce à cette dynamique que la vie peut se pour-
suivre. Si les structures des microtubules ne disparaissaient
pas à un moment donné, l'activité de la cellule serait forte-
ment perturbée et la cellule pourrait aller jusqu'à la mort
cellulaire, car elle ne répondrait plus aux lois de la vie qui
consistent à s'adapter à chaque instant, en fonction de l'envi-
ronnement, dans une dynamique qui protège son potentiel
de vie. Une structure rigide ne correspond pas au.flux de la vie.
L'activité dans la cellule permet de voir la consdence cellulaire
à l' œuvre, et de mettre en évidence que seul le moment présent
compte pour répondre de la façon la mieux adaptée, sachant que
chaque moment de vie, dans chaque cellule, est différent dans cette
dynamique ordre-désordre-chaos.
Sur la base du modèle de la cellule, le temps cellulaire
est différent pour chaque type cellulaire. À titre d'exemples,
les cellules de la rétine vivent 10 jours puis meurent et sont
remplacées par d'autres cellules qui contiennent la même
information génétique. Les cellules de la peau vivent entre
21 et 28 jours, les globules rouges 120 jours et les cellules
hépatiques entre 400 et 500 jours.
Ainsi, dans notre corps, la vie et la mort sont présentes en mbne
temps et sont indissodables. Nous portons en nous l'information de
la vie et de la mort. Tout dans le vivant passe par les étapes de la
naissance, la croissance, la maturation, la vieillesse et la mort. Les
cellules le savent et l'appliquent. C'est quand elles ne l'appliquent
plus qu'il y a pathologie.

285
La science, la matière et la spiritualité

À l'échelle humaine, nous avons oublié d'où nous


venons. Le plus souvent nous vivons en pilotage automa-
tique en passant de situations diverses et variées au plan
familial, social et professionnel, à d'autres situations, sans
faire le lien entre elles. Ces situations vont conduire à des
réactions de notre saboteur qui est constamment en lien
avec nos stratégies de survie (action-réaction).
Quand une situation nous confronte à des émotions
fortes, tout notre engrenage est tellement bouleversé que
souvent la réponse n'est pas adaptée au présent, car elle est
en résonance avec une émotion du passé qui n'a pas trouvé
de solution. C'est lorsque le mental ne peut plus répondre
avec les repères connus que le chaos apparaît. Grâce à ce
type d'émotion, nous pouvons alors apporter un change-
ment dans notre vie en allant revisiter nos repères et notre
histoire.
Ce chaos est souvent vécu de façon inconsciente, si
bien que nous nous sentons victimes de ce qui nous arrive
sans «prendre le volant de notre voiture», c'est-à-dire sans
être l'acteur conscient de nos actions. Or, ce chaos nous
indique clairement que tout ce que nous savons et que
nous justifions ne sert plus à rien, car nos comportements
sont toujours des réactions de notre saboteur. Le pilotage
automatique de notre saboteur répond à des habitudes de
survie liées à l'ego bien aiguisé pour répondre à l'extérieur,
et malheureusement, ne permet aucune référence interne.
La cellule, pour vivre en bon état de santé, communique
avec 1'environnement externe, et surtout avec elle-même !

286
De l'engrenage biologique au comportement humain

Nous nous projetons sur ce que l'autre attend de nous,


en réaction à notre vécu de l'enfance, pour ne pas souffiir
et ne pas être rejetés ou abandonnés! Ce qui arrive dans
notre vie, souvent, ne nous concerne pas, sauf que nous
voulons le porter, consciemment ou inconsciemment, pour
l'autre ... Tout cela pour être aimé et reconnu! Qui conduit
notre voiture? Pour qui roulons-nous? Notre père, notre
mère, notre sœur, notre patron, notre femme ou mari, etc. ?
Pourquoi et pour qui faisons-nous les choses?
Le chaos arrive dans notre vie quand nous ne pouvons
plus utiliser le logiciel de l'enfance qui est devenu obsolète
à l'âge adulte. Il est important de le réactualiser avec de
nouveaux repères, ceux de l'ici et maintenant uniquement,
pour ne plus rouler inconsciemment sans tenir le volant de
sa voiture, ou en tenant celui de la voiture d'un autre.
Vivre un chaos en conscience permet de mettre en place
nos nouveaux repères, ceux de notre Être qui va rayonner
notre dimension supérieure, le «Soi». L'énergie circule
alors dans le corps sans résistance à ce qui se passe dans
l'environnement et à l'intérieur de soi; notre corps respire
la vie libérée de son stress lié aux vieux schémas. Le chaos
inconscient est devenu conscient et a ouvert la porte à la
libération de l'Être dans sa dimension humaine, en lien avec
son âme (figure 35).

Si nous arrivons à en prendre conscience, ce chaos est


un cadeau pour sortir de la survie et passer à la vie de notre
Être.

287
La science, la matière et la spiritualité

Chlnpment dt
nos reNrences:
Pullleduchaol
lnconlcltnt

il

Figure 35: Schéma de la libération de l'énergie


dans le corps qui conduit au centre de notre Être,
dans le rayonnement de notre Soi.

Toutes les stratégies de survie que l'on a mises en place


avec beaucoup d'intelligence ont conduit à un saboteur très
intelligent capable de tout pour ne pas être reconnu. Toute
cette intelligence peut aussi servir à notre Être pour le meil-
leur de nous-mêmes. Le passage de l'engrenage biologique
à la spirale de vie correspond au passage de la matrice d'eau,
tel le placenta où tout est mélangé et en fusion avec la mère
et dont il faut sortir un jour, à la spirale de vie. Celle-ci
correspond quant à elle à la matrice de feu des traditions de
la kabbale où l'on transcende toutes les qualités humaines
de notre engrenage, pour les mettre au service de notre
Être dans toute sa dimension humaine et spirituelle en lien
avec l'univers.
Partie 6

L'intelligence
au cœur du corps
Chapitre 17

De la somatisation
à la conscience de l'être

De la somatisation à la maladie
On ne détecte pas de cause organique dans les maladies
psychosomatiques. Elles se caractérisent par des symptômes
physiques qui affectent un organe ou un système physio-
logique. Ce sont des maladies pour lesquelles une origine
psychique est suspectée. La maladie se fait l'écho d'un état
d'angoisse ou de détresse morale de notre être. L'esprit
étant intimement lié au corps, les causes sont principalement
émotionnelles comme l'anxiété, le stress, les chocs émotion-
nels, etc. Ce sont les fortes émotions que nous n'avons
pas pu gérer (angoisse, dépression, perte d'un proche, etc.)
qui conduisent à des troubles physiologiques. La charge
émotionnelle associée va engendrer une cascade de réac-
tions physiologiques pour nous sortir de là.
Nous avons tous connu des peurs, comme avant un
examen, une rencontre, une décision difficile à prendre, qui

291
La science, la matière et la spiritualité

vont perturber ou changer notre vie, etc. Ce type d' émo-


tion peut nous mettre dans un état émotionnel qui se traduit
par des maux de ventre, des douleurs dans la zone du cœur,
etc. Nous pouvons même arriver à être paralysés par la
peur, et cela peut prendre des proportions importantes. Le
corps prend en charge la solution par ses adaptations corpo-
relles pour nous permettre de survivre, ce qui va amener la
décharge émotionnelle de cette émotion nécessaire, et un
retour à notre état normal.
Si le stress est durable, les défenses de notre système immu-
nitaire baissent aussi durablement, pouvant provoquer une
maladie. Les maladies psychosomatiques démontrent qu'il
existe un pont entre le système nerveux et le système immu-
nitaire. L'accumulation de stress conduit à la fabrication de
l'hormone du stress, le cortisol, qui peut conduire la personne
jusqu'à la dépression ou le hum-out, si fréquent aujourd'hui.
Quand cette accumulation de stress devient chronique,
c'est le corps avec toute l'intelligence du vivant qui va
prendre en charge la solution pour répondre à ce stress, et
relaxer par l'expression d'une maladie (mal à dire) la plus
signifiante pour lui. Avant d'y arriver, le corps envoie des
signaux pour dire : «Au secours, je ne peux pas tout faire
tout seul! Ce n'est pas cela que je veux, que je sens, que
je mérite ... » Chaque personne va répondre différemment
au stress, et un même stress ne produira donc pas le même
effet chez tout le monde !
J'ai montré dans le chapitre 11, partie 4, la méthodo-
logie de la science des matériaux qui permet de mettre

292
L'intelligence au cœur du corps

en évidence l'importance de la relation origine-struc-


ture-propriétés de la matière solide sur le comportement
des matériaux En particulier le lien entre les défauts de
structure et les propriétés. Au regard de ce que la science
nous montre au niveau microscopique, quand un atome
est excité par une source d'énergie extérieure, il ne peut
rester dans cet état excité et revient à son état fondamental
en libérant un signal (photon).
Quand on soumet un matériau métallique à une
contrainte (pression et température), il va se déformer car
il est malléable mais va fabriquer des défauts de structure
(dislocations) pour relaxer la contrainte et donc minimiser
son énergie interne. De même, si le matériau est dur et
fragile comme les céramiques, une forte contrainte peut
conduire à sa rupture si l'on atteint la limite de l'énergie de
la contrainte à la rupture. Nous avons vu que ces propriétés
résultent de la nature de la structure à l'échelle atomique
et de la façon dont les atomes sont liés entre eux par leurs
liaisons chimiques, qui peuvent être de faible ou de forte
énergie. De même, la croissance d'un matériau va induire la
formation de défauts de structure, qui vont être une carac-
téristique du matériau et vont conditionner les propriétés
finales macroscopiques que l'on va mesurer.
Le corps, lui aussi, reçoit et émet des signaux qu'il faut
apprendre à décrypter autant que possible. Comme le maté-
riau, il va s'adapter en fonction de chaque individu d'une
façon spécifique, pour maintenir une cohérence interne
corps-esprit. Le beau cadeau pour maintenir la santé est

293
La science, la matière et la spiritualité

d'apprendre à détecter les signaux de nos émotions, de


nos réactions émotionnelles qui parlent de nous, de nos
angoisses, nos peurs, etc., dans notre corps. Quand nous
sommes bien en harmonie avec nous-mêmes, notre corps
est léger et fluide. Quand nous ressentons des conflits
conscients ou inconscients, notre corps nous le montre par
tous les petits problèmes de santé qui arrivent «par hasard» !
Et auxquels nous ne prêtons pas assez attention, pour beau-
coup de raisons extérieures valables. Le dialogue intérieur
avec soi est fondamental pour contrebalancer les attentes
venant de l'extérieur. Ce n'est pas simple, je l'ai appris à
mon corps défendant!
Il est important de noter que ce n'est pas parce que 1' ori-
gine d'une maladie est de nature psychosomatique qu'il
s'agit d'une maladie imaginaire, puisqu'elle s'est installée
parfois de façon chronique et qu'il faut la traiter pour s'en
sortir. Quand des symptômes s'expriment, c'est une réalité
dans notre corps.
Pour traiter la maladie, deux approches thérapeutiques
existent: l'approche classique allopathique qui permet de
supprimer les symptômes avec des médicaments, et l'ap-
proche globale holistique qui permet de remonter à l'origine
de la maladie pour recouvrer la santé. Pour ma part, j'ai
suivi les deux.

294
L'intelligence au cœur du corps

La mémoire du champ
d'information cellulaire
Le corps vibratoire de toute matière contient le champ
matière-énergie de l'objet et son champ d'informations.
Cela est valable depuis la matière minérale jusqu'à la matière
vivante de tous les règnes : animal et végétal. Le «champ
matière-énergie» qui vibre en nous, en constante activité
métabolique, nerveuse et psychique, porte aussi son «champ
d'informations» propre à chacun.

Notre corps vibratoire est ce champ informationnel qui


porte toute notre histoire. On peut aussi l'appeler notre
«aura». Le décryptage des informations de notre aura est
équivalent au décryptage de l'esprit dévoilé de la matière
dont nous avons parlé dans la partie 3. Il contient toutes les
informations invisibles à l' œil nu, sauf pour certains. J'en
parlerai dans un autre ouvrage.
Jacqueline Bousquet, physicienne et biologiste, a montré
dans ses travaux à partir des équations de Pinel que la
maladie ne prend jamais naissance dans le corps physique.
Elle explique ce qui se passe du niveau informationnel au
niveau biologique. La maladie se déclare pour trouver une
solution biologique, car le champ vibratoire informationnel est
porteur d'une information qui fait écho à une mémoire
douloureuse, à un stress qui n'a pas trouvé de solution
gérable, comportementale ou psychologique.
«Nous sommes des paquets de mémoires, qui se mani-
festent depuis le champ de forme jusqu'à l'ensemble des

295
La science, la matière et la spiritualité

circuits accordés constituant le corps physique.» Tout se


passe à travers le cerveau, qui joue le rôle d'un filtre ou
d'un tableau de bord muni de «fusibles temporisés». Ces
derniers ne laissent passer que le courant qui correspond à
1' «organe-cible». En cas de sur-stress, ces fusibles agissent
en réduisant le courant, donc l'amplitude de la vibration.
L'information provenant du champ informationnel, et qui
est en relation spécifique avec un organe-cible, est alors
interceptée par ce fusible.

Du symbolisme du corps à l'intégration


de l'information
Ce que j'ai appris au bout de dix ans de somati-
sation, c'est que le corps ne ment jamais! C'est ce
que je vais montrer à travers mes expériences personnelles.
En résonance avec mes recherches scientifiques sur la
structure de la matière et les informations que celle-ci trans-
porte, j'ai cherché à comprendre le lien entre mes états
émotionnels et l'état physique de mon corps. J'ai ainsi vécu
et observé cette période de somatisation personnelle tout en
cherchant à en comprendre le sens. Je me suis alors mise à
étudier le symbolisme du corps humain, tel que le présente
Annick de Souzenelle. Elle décrit, dans son ouvrage4, le
corps suivant trois niveaux de compréhension de l'individu:
• l'approche corporelle, du domaine de la matière, des
pieds à la tête, correspondant à la conscience du corps;

4. Le Symbolisme du corps humain, Albin Michel, 1984.

296
L'intelligence au cœur du corps

• l'approche de l'Avoir vers le Devenir, correspondant à la


conscience de l'Être ;
• l'approche métaphysique, du Royaume (Malkuth) vers
la Couronne (Kether), selon la tradition kabbaliste de
l'arbre des Sephiroth, correspondant à la conscience du
sens ontologique chez l'individu.
Ces trois niveaux de conscience représentent symboli-
quement l'évolution physique et métaphysique de l'homme
et reflètent ce qui le dépasse.
Mes symptômes s'étant déplacés de la tête aux pieds,
j'ai été amenée à rechercher le lien subtil entre la fonction
biologique et le sens symbolique que détient chaque organe.
Ce livre était devenu mon livre de chevet pour comprendre
le sens ontologique de ce que je vivais. Bref, je suis entrée
de «plain-pied» (sic) dans cette recherche !
J'ai appliqué la méthode d'analyse des matériaux, décrite
dans le chapitre 11 partie 4, au corps humain en reliant la
structure biologique et la fonction réelle de chaque organe
aux fonctions symboliques issues des mythes de la Bible.
En fin de compte, cela a révélé pour moi la nécessité du
questionnement constant de ce que nous vivons. Quel est
le sens de ce que mon corps exprime dans les symptômes,
dans la maladie? Maladie? Mal à dire? Le mal a dit?
À compter de ce moment, je me suis lancée dans des
recherches personnelles sur le langage émotionnel du
corps en lien avec l'aspect scientifique de la physique, la
biologie, la physiologie, la psychologie, la métaphysique et

297
La science, la matière et la spiritualité

la spiritualité, pour décrypter les messages de mon corps dans


lequel j'expérimentais des maux sur lesquels je ne pouvais
pas mettre de mots. Je me souviens du premier livre qui
initia mon travail d'évolution personnelle pour comprendre
mes maux: Les Mots pour le dire, de Marie Cardinal. À cette
période, en synchronicité avec ces recherches, j'ai également
découvert le livre de Janine Fontaine, médecin radiologue,
sur la médecine des trois corps5 , dont l'expérience auprès
de guérisseurs philippins avait révolutionné sa vision du
monde. Ses livres sur le corps énergétique furent pour moi
une nouvelle porte d'entrée pour l'approche de l'humain.
Mes rhumatismes ont commencé six mois avant la mort
de mon père par un torticolis qui a duré quatre mois. Je ne
pouvais pas tourner la tête à droite ; j'ai compris plus tard
que je ne pouvais pas regarder du côté de mon père sans être
meurtrie, sans le dire. Il souffrait depuis longtemps et devait
se faire opérer du cœur à 68 ans. Quand il le décida, j'ai eu
peur. Mon corps se « chargea» de ma peur et l'exprima ainsi
pendant quatre mois.
Pour commencer, j'ai utilisé la médecine allopathique
classique pour arrêter les souffrances du torticolis. À la
mort de mon père, les symptômes se sont déplacés vers la
main droite, puis au genou et à la jambe gauches.J'en étais
arrivée à prendre des doses de cortisone importantes pour
supprimer momentanément la souffrance. Une hospita-
lisation de deux semaines, pendant laquelle les médecins

5. Médedn des trois corps, J'ai lu, 2005.

298
L'intelligence au cœur du corps

ne s'attachaient qu'à mes symptômes, avait permis d'iden-


tifier ma maladie : la polyarthrite rhumatoïde. Ils étaient
satisfaits de m'avoir mis une étiquette, moi pas! J'ai cepen-
dant été suivie régulièrement pendant plusieurs mois avec
de nombreuses analyses à chaque fois. La seule chose qui
changeait était la vitesse de sédimentation montrant un
état inflammatoire ou non. Au bout d'un certain temps, je
n'avais même plus besoin de faire les analyses car je savais
d'avance les résultats à partir de la seule observation de mon
état physique et psychique.
Un très beau hasard est venu à mon secours. Alors que
je croyais être enceinte, j'avais décidé de ne rien risquer
pour le bébé et d'arrêter le traitement avec les anti-inflam-
matoires prescrits par l'hôpital. Un mois passa et finalement
je n'étais pas enceinte, mais je me sentais très bien sans les
médicaments. J'ai compris que cela suffisait et que j'allais
trouver d'autres solutions s'il le fallait. C'est ainsi que j'ai
essayé la mésothérapie, nouvelle technique à l'époque. Elle
a bien marché sur moi jusqu'à un certain point. Au cours
de cette période, j'étais en forme et ne pensais plus à ma
maladie, étonnamment.
Ce qui est terrible quand la maladie devient chronique,
c'est que nous finissons par nous identifier à elle, et nous
oublions la personne que nous sommes réellement. J'étais
devenue ma maladie! Je ne voyais plus qu'à travers le filtre
de la maladie.]' étais les symptômes! Je n'arrivais plus à faire
ceci ou cela, ce qui était très dégradant pour mon ego. Je
me sentais diminuée.

299
La science, la matière et la spiritualité

Ensuite, j'ai réalisé qu'il y avait des bénéfices secon-


daires au fait d'être malade ou d'être dépendante. Je me
cachais derrière cette bonne raison pour que l'on s'occupe
de moi autrement, pour ne pas faire certaines choses qui
m'embêtaient et, pire, pour ne pas prendre ma vie en main.
Souvent, j'attendais d'être obligée pour agir quand c'était
difficile. Du reste, mes mains étaient souvent affectées par
les rhumatismes !

De la somatisation à la croissance de l'ttre


Mes crises étaient clairement liées aux états émotionnels
que je vivais entre ma famille, mon ami et le laboratoire.
Cela faisait beaucoup.J'ai le souvenir d'être partie au Maroc
chez un ancien collègue de laboratoire pour oublier tous
mes problèmes. Je suis restée trois semaines; tout allait bien
alors et j'étais détendue. Mais, à la veille de mon retour,
j'avais la hantise de retrouver mon ami Bruno. Arrivée à
Paris, ma jambe gauche était entièrement paralysée, comme
cassée en mille morceaux. Je ne pouvais pas bouger d'un
poil car je ressentais le frottement de toutes ces «fractures
imaginaires» dans toute la jambe, comme si celle-ci était
en céramique. L'horreur! Merci à la mésothérapie qui
m'a libérée rapidement grâce à des injections de gouttes
d'anti-inflammatoires sur toute la surface de la jambe Ge
préférais cela à la cortisone). Mon corps pressentait l'avenir
qui s'ouvrait à moi avec Bruno et me disait qu'il fallait
mettre fin à cette relation qui ne marchait plus ! Étant donné

300
L'intelligence au cœur du corps

qu'il vivait chez moi, cela a été difficile, mais j'y suis arrivée
quelques mois plus tard. C'était l'époque qui précédait mon
départ à Pau pour terminer ma thèse d'État.
]'ai vécu de belles synchronicités en cherchant comment
me soigner autrement.J'ai appris par une cliente du magasin
de ma mère, en allant travailler à la boutique un week-end,
qu'elle avait un médecin «génial», pas comme les autres.
J'avais dit adieu à mon rhumatologue qui m'avait dit:« Vous
avez un grand cou et il faut faire avec ! » Quel idiot! Ce
couple de médecins prenait soin du patient en utilisant
une technique d'avant-garde pour remettre le terrain en
bon état! Ils s'intéressaient au terrain et non à la maladie,
ce qui me plaisait beaucoup. Leur technique consistait à
regarder les variations de fréquence des différents organes à
partir des isotopes radioactifs de l'échantillon de sang qu'ils
m'avaient prélevé. Le principe scientifique était cohérent,
et j'ai pu constater avec bonheur que les traitements avec
des solutions particulières dynamisées fonctionnaient bien.
En parallèle, ils me conseillaient une alimentation sans
laitages ni fromages, ce qui améliora ma santé. L'épouse de
ce médecin m'avait reçue avec lui la première fois. Après
leur avoir raconté ce que je vivais dans ma vie et décrit mes
symptômes, elle eut une phrase qui m'ébranla pour la suite:
«Ce que vous faites est de l'autodestruction.» Cette phrase,
je ne pourrai pas l'oublier.
Une autre synchronicité vint à mon secours, peu de
temps après, pour renforcer la première. J'avais découvert
par la maman de mon ami Bruno un grand ostéopathe à

301
La science, la matière et la spiritualité

Paris, M. Josse, qui lui non plus ne s'attachait pas au symp-


tôme mais plutôt à la façon dont le corps accommodait mon
stress, pour le libérer. Il m'a parlé de ma grande capacité à
emmagasiner le stress dans mon corps! Cela m'avait parlé
car je disais oui à tout, famille, travail, et ne pouvais pas dire
non malgré la charge de travail et la charge émotionnelle
intériorisée.J'avais des tensions dans le corps dontje n'avais
pas conscience! C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que dans
mon corps, «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme»,
comme disait Lavoisier, et que tout a commencé à changer
dans ma vie!
La conséquence directe de cette prise de conscience fut
qu'il fallait que je parle et que je commence à dire NON à
ce que je ne pouvais pas faire! C'est mon ami de l'époque
puis la directrice du laboratoire qui en ont subi les premières
conséquences, pour mon plus grand bien! Ce n'était pas
simple, mais quel soulagement! J'avais pris l'habitude de
dire oui à tout, même quand ce n'était pas juste pour moi.
Je faisais comme je pouvais, mais cela induisait un stress
constant non conscient.
Neuf ans après le début de mes premiers rhumatismes,
à l'issue d'un stage de yoga auquel j'étais arrivée paralysée
des mains, je suis sortie transformée, en pleine forme et en
pleine repossession de mon corps car je pouvais utiliser de
nouveau mes mains ! ]'avais la preuve à ce moment-là que
je somatisais! Je le savais inconsciemment car j'avais observé
régulièrement mes états dans les périodes de bien-être où
je n'avais aucun problème, en comparaison avec celles

302
L'intelligence au cœur du corps

où j'étais en conflit. Je payais cher mon comportement


«réactionnaire»! Ce fut le début d'une autre étape vers la
compréhension de la relation entre mon comportement et
ma somatisation. Quelques mois plus tard, je débutais ma
première psychothérapie.
Pendant ce stage, j'avais fait un rêve prémonitoire lors
duquel j'étais au microscope électronique en train d'ob-
server un échantillon. Le microscope électronique est un
outil très phallique, avec une grande colonne (voir la figure 3
au centre, chapitre 3, partie 2) contenant les lentilles qui
font les images d'un échantillon. À la base de la colonne
se trouve une chambre d'observation avec un hublot et de
chaque côté du hublot se trouve une manette permettant
le déplacement de l'échantillon. Ce que j'observais était
incroyable, les manettes étaient des boules et je voyais en
3D la Terre depuis l'espace. Dans un microscope électro-
nique, on ne voit que des images 2D projetées sur un écran
d'observation. De plus, je voyais en couleur et non pas en
noir et blanc comme on peut s'y attendre avec une lumière
monochromatique qui a une seule longueur d'onde, celle
des électrons. Je voyais les océans, les forêts et je me disais:
«Ce n'est pas cela que je veux voir», alors je déplaçais l'objet
pour voir autre chose, ce qui me ramenait à une autre partie
de la Terre vue de l'espace. Je voyais l'eau des océans qui
bougeait quand je déplaçais 1' objet.
Ce rêve fut un signe pour me dire quelque chose que je
n'ai compris que plus tard et qui allait venir en résonance
avec toutes mes recherches scientifiques et personnelles. Ce

303
La science, la matière et la spiritualité

rêve disait que j'allais changer d'espace et de vision du monde. n


contenait déjà l'information me disant que j'allais travailler sur le
vivant au microscope, et sur le vivant en moi; des informations dont
je n'avais pas encore conscience.
J'ai compris bien plus tard mon histoire à Orléans après
mon travail de psychothérapie, puis de psychanalyse. En
allant à Orléans, j'avais quitté ma famille pour une autre
famille dans mon premier laboratoire. Cette période fut
la plus «riche» en problèmes de santé. J'étais pétrie de
rhumatismes partout dans un corps qui criait sa souffrance,
me disant à travers elle qu'il avait mal avec ce que je lui
donnais à vivre. Je me suis rendu compte que je vivais des
conflits intérieurs inconscients entre mon être profond et
moi-même, la rebelle; des conflits en lien avec ma dépen-
dance affective, moi qui croyais que je n'avais aucun conflit!
Je me souvins qu'à l'âge de 18 ans j'avais trouvé une
chambre d'étudiant dans la résidence de mes parents pour
pouvoir travailler tranquillement et être plus libre. La réponse
de mon père quand je le lui avais dit était inattendue : «Tu
n'es pas heureuse à la maison?» Quelle réponse terrible ! Je
n'ai pas eu le courage de répondre, les bras m'en tombaient.
C'était trop difficile pour moi de lui dire non ! Je voulais
simplement être libre pour travailler tranquillement toute
seule ! Le résultat fut que j'ai cédé cette chambre à mon frère
qui en a profité à ma place. Ce conflit persista longtemps,
jusqu'à ce que je le prenne en charge.

304
L'intelligence au cœur du corps

Conscience du sens de l'expression


de la maladie
À un certain point de ma période de somatisation, j'avais
pris l'habitude d'attendre la réponse de mon corps pour
prendre des décisions! Et pour rester en accord avec mon
être, je me suis regardée agir. Un jour, je devais aller faire
une randonnée avec des amies qui voulaient me présenter un
homme! Je ne le« sentais» pas, comme je le disais souvent.
Je ne savais que faire et j'allais y aller quand même pour faire
plaisir aux copines ! La veille, mon genou gauche doubla de
volume et je ne pouvais plus marcher. J'avais l'information
de mon corps qui confirmait mon pressentiment et je n'y
suis pas allée. En fait, mon corps exprimait ce que je 'voulais
dire mais dont je ne prenais pas la responsabilité !
Aujourd'hui, si je n'ai pas envie, je le dis et je fais ce que
je sens directement. Je n'ai plus besoin désormais de réactions
corporelles que j'ai utilisées à une époque comme une canne !
Je prends la responsabilité de mes choix et de faire seulement
ce qui me met en joie, ce qui plaît à mon âme, pour rester
en harmonie avec moi. Cela ne plaît pas toujours aux autres!
Cependant, dire non à une demande ne veut pas dire non à
la personne mais simplement: «Je n'ai pas envie maintenant,
mais une autre fois peut-être.» C'est simple, mais tellement
difficile à la fois. Nous avons peur de déplaire ou de faire de la
peine, et de ne plus être aimés! Voilà souvent la réalité. Oser
être Soi, voilà le plus beau cadeau que l'on puisse se faire.
Pendant ma psychothérapie, j'ai fait de nombreuses
formations pour me comprendre à travers différentes grilles

305
La science, la matière et la spiritualité

de lecture du comportement humain, comme la caracté-


rologie, la graphologie, la numérologie, l'ennéagramme, la
programmation neuro-linguistique, etc.
J'ai cru à un moment donné que comprendre devrait
permettre d'éliminer les symptômes. Il n'en est rien. Il
m'aura fallu trois années supplémentaires pour réaliser que
mes symptômes avaient disparu après que j'avais intégré leur
information dans le corps.
Le mental sert à comprendre et décortiquer, mais c'est
seulement quand le corps intègre la bonne information
manquante, au niveau cellulaire, qu'il l'intègre vraiment en
lui, permettant ainsi de faire disparaître les symptômes. Cela
peut prendre beaucoup de temps.

La traversée du chaos :
une étape créatrice vers l'harmonie
Dix ans plus tard, en résonance avec ce que je vivais dans
ma reconversion en biologie, ma vie affective me plongea
dans un chaos qui me poussa à retourner chez un psy pour
faire une psychanalyse. La psychothérapie que j'avais faite
dix ans plus tôt m'avait permis de comprendre mes comporte-
ments à la suite de mes problèmes importants de somatisation.
Ils étaient en lien avec ma relation aux autres, au regard de
ce que j'ai vécu dans ma fratrie. J'avais maintenant ma place
dans la société et mes problèmes de santé avaient disparu.
En même temps que je changeais complètement de
domaine professionnel en passant de la science des matériaux

306
L'intelligence au cœur du corps

à la biologie, où il a fallu changer tous mes repères de physi-


cienne, je suis tombée amoureuse d'un homme avec qui ce
n'était pas possible. Cela, je l'avais expérimenté plusieurs fois
dans ma vie, et c'est comme si, cette fois-ci, je ne pouvais
plus continuer de la même façon. Il fallait que je m'occupe
de moi à un autre niveau, plus profond, et qui me faisait
peur. C'était donc la sonnette d'alarme, STOP, comme dans
une voiture qui ne peut plus avancer pour cause de danger
de mort du moteur! Cela m'est arrivé récemment, à l'heure
où j'écris ce livre et cela fait peur !Je dois en effet changer de
voiture. Je dois changer de repères, mais comment? À l'heure
actuelle, je vis cette époque en résonance car je passe à une
autre étape de ma vie : le début de ma retraite du CNRS,
et là non plus je ne peux plus utiliser les mêmes outils pour
avancer, il en faut de nouveaux! Belle synchronicité.
Toutes les techniques comportementales d'évolu-
tion personnelle que j'avais suivies ne suffisaient pas pour
comprendre ce que je vivais intimement. Je n'avais pas
encore cassé certaines de mes cuirasses de protection ! Il
fallait aller plus profond en moi, comme pour comprendre
les mécanismes intimes de survie qui m'avaient amenée à
celle que j'étais. Je vivais en même temps le début d'un
nouveau cycle professionnel et personnel, une synchro-
nicité créatrice incroyable pour entrer dans une nouvelle
étape de ma vie! C'est à cette époque que j'ai débuté ma
psychanalyse.
Au cours de cette période, j'étais en conflit avec ma sœur
psychothérapeute. Lors de nos échanges, j'avais souvent

307
La science, la matière et la spiritualité

des réactions vives. Elle me renvoyait toujours la même


question importante pour elle, pour m'aider à identifier
1' origine de mon action ou de ma réaction : Pour qui le
faisais-je? Pour le laboratoire, ma mère, ma patronne, mon
patron, mon ami, etc.? Et aussi, pourquoi le faisais-je? À
cette époque, je ne le supportais pas car je ne comprenais
pas. Ses remarques provoquaient une colère en moi ! Quand
j'ai compris cela plus tard pendant ma psychanalyse, je lui
ai rendu grâce.
En analyse, on entre dans un mécanisme de réflexion sur
tout ce que 1' on vit et la façon dont on le vit. En fait, on
finit par s'observer constamment. Quand on a une bonne
interprétation, il faut aussi aller visiter la version qui est à
l'opposé, comme dans la recherche. Rien n'est blanc ou
noir dans le vivant. Il faut trouver ses nuances personnelles.
Je peux dire aujourd'hui que la psychanalyse est un vrai
cadeau pour soi, pour s'identifier dans tous ses espaces, ceux
que l'on aime et ceux dont on ne veut pas parler! Notre
ombre, pour s'accepter là où on en est, tel que l'on est!
Après une psychanalyse on ne change pas, on s'accepte!
Dans cette période de chaos, j'ai découvert en même
temps l'approche originale de l'exploration des effets de
1' engrenage biologique sur les comportements dans notre
vie. En les vivant dans mon corps, j'ai pu ouvrir les yeux
sur le sens du chaos que je vivais en moi et cela m'a permis
de le traverser en conscience.

308
L'intelligence au cœur du corps

Le cadeau de la somatisation
Grâce ·au yoga, j'ai retrouvé un équilibre entre le corps
et le mental. J'ai aussi découvert la pleine conscience de
soi. Mon métier de microscopiste m'a aussi beaucoup aidée
pour l'observation. En étudiant la structure de la matière
au microscope, je faisais sans le savoir de la méditation en
pleine conscience. J'avais intégré la maîtrise du mental
et développé l'auto-observation de mon corps. Cela m'a
permis de détecter les signes de mon corps dans tous les
moments de ma vie, en relation avec mes émotions; cela
m'a aussi permis de faire le vide du mental plus facilement
pour simplement observer ce qui est.
À force d'appliquer l'auto-observation de mes réactions
corporelles, de mes émotions en liaison avec les expériences
de la vie, j'ai fini par écouter mon corps plus intimement,
me respecter et mettre des mots sur mon ressenti. C'est
ainsi qu'à la fin de ma psychothérapie, je n'avais plus de
somatisations dans mon corps car je mettais des mots sur
mes maux et sur le sens que portaient mes maux. À partir
de cette époque, les informations dont j'ai eu besoin pour
avancer dans ma vie sont venues comme une fulgurance, de
synchronicité en synchronicité, notamment dans mes rêves
que je décryptais aussitôt.
Alors mon corps s'arrêta de crier. La somatisation disparut
et les symptômes aussi. À partir de ce moment, j'agissais de
plus en plus en accord avec mon être profond, mon Âme.
]'ai été émerveillée par ce qui se passe parfois, et qui est de
l'ordre de la magie (l'âme agit)!

309
La science, la matière et la spiritualité

Le cadeau de la somatisation est de reconnaître que c'est


notre âme qui agit, déguisée pour nous guider! Les synchro-
nicités ou les hasards de la vie, c'est Dieu qui se cache
derrière (comme le disait Albert Einstein), pour le meilleur
de nous-mêmes.
J'ai eu plusieurs fois, à des moments importants de ma
vie, des expériences corporelles qui m'ont guidée dans mes
choix professionnels, par exemple avant la fermeture du
laboratoire de Bellevue. Il fallait trouver un laboratoire pour
continuer mes recherches. J'ai pris la décision de suivre une
équipe qui ne me plaisait qu'à moitié. À cette période, je
me suis coupé l'extrémité du majeur, le doigt de la ligne
de destinée en chirologie. À compter de cet accident, j'ai
intégré l'information corporelle, même si elle paraissait
irrationnelle à mes collègues. Cette information changea
ma décision et je rends grâce à cette expérience, venue en
synchronicité de mon âme, pour me diriger vers le meilleur
choix pour moi qui est venu ensuite.
Notre âme incarnée porte différents masques. Notre Soi
supérieur est notre partie divine qui nous gouverne si nous
lui laissons la main et faisons confiance à notre vie. L'un
des secrets est de décrypter les signes qu'elle nous envoie!
Pour cela, il faut s'arrêter d'être en pilotage automatique et
prendre le temps d'observer et d'écouter les ressentis dans
notre corps, car ils contiennent l'information de ce qui est
bon ou non pour nous.
Chapitre 18

Sortir du chaos de l'engrenage


et renaître à Soi

Mon expérience de l'engrenage biologique


]'ai découvert cette méthode très paradoxale il y a dix ans,
etje l'ai explorée en même temps que j'ai fait ma psychana-
lyse. La particularité de cette méthode est qu'elle s'adresse
à trois niveaux: le corps, le mental et l'énergie. Elle répond
au questionnement: Comment le corps entend le monde
extérieur et y réagit? Comment notre mental va-t-il gérer
les informations et comment ce mental qui gère aussi le
corps va-t-il répondre à l'appel de l'énergie?
Le mental sélectionne les informations qui répondent au
personnage que nous avons construit tout au long de notre
vie pour tenter de répondre à une vision du monde qui
permet de rester« digne de l'estime publique» (attentes de
la famille et de la société dans laquelle nous sommes nés), et
qui répond au monde du héros de l'engrenage.
Ces comportements nous conduisent malheureusement à
être coupés du noyau de notre être qui contient l'information

311
La science, la matière et la spiritualité

de qui nous sommes en vérité. Nous sommes alors en «exil


de nous-mêmes»! Nous nous sommes détournés de l'appel
à participer à la juste place de l'humain dans son environ-
nement. Cet humain que nous sommes et qui est capable
d'amour, de joie et de confiance. Tout le travail de l'engre-
nage biologique jusqu'à la spirale de vie consiste à identifier
notre saboteur, avec ses stratégies de survie, pour redonner
la parole à notre Être intérieur dans toutes ses dimensions
humaines, et dans notre véritable nature.
Ce travail ne suit pas une logique rationnelle, qui pour-
rait déranger. Personnellement, j'ai été vraiment surprise
de la puissance de cette méthode qui utilise le pouvoir des
contes. J'ai pu voir comment l'image d'un conte peut faire
appel à une profondeur incroyable du vécu de notre être,
via une image intérieure. Moi qui travaillais sur les images,
cela me parlait beaucoup.
Dans le travail de recherche, nous essayons de comprendre
les informations de l'image pour remonter à l'organisation
de la structure en lien avec les propriétés. Dans les contes,
c'est la même chose, sauf que c'est notre inconscient qui
parle, basé sur notre vécu dans la petite enfance où la parole
n'était pas présente et où le ressenti était non exprimé, mais
imprimé dans le corps. Les émotions, informations impri-
mées dans le corps, ressortent alors lors de la confrontation
à une image signifiante. Ce sont les éléments symboliques
signifiants qui jaillissent de notre mémoire.

312
L'intelligence au cœur du corps

A la rencontre du masculin
et du féminin sacrés
Dans cette approche, j'ai été interpellée profondément
par la notion du masculin et du fèminin intérieur et exté-
rieur. Je sais que le corps ne ment pas. Il est intéressant de
noter que dans cette méthode de travail sur soi, la réponse
est donnée par le corps en relation avec l'énergie.
Ontologiquement, le masculin crée en apportant les
informations au fèminin, qui les reçoit et les met en place.
Le féminin est le creuset dans lequel la création peut se
faire. Pour cela, il a besoin de l'information du masculin,
qui informe, pour que le féminin donne forme. Le masculin
intérieur et le fèminin intérieur sont en relation avec 1' être
dans toute sa dimension spirituelle.
Le cœur du travail sur notre engrenage est de retrouver
notre être dans son essence, avec les parties masculine et
féminine intérieures, notre masculin et notre féminin sacrés.
Ce fut d'abord difficile à saisir pour moi car j'étais complè-
tement dans le féminin/masculin extérieurs, ceux de mon
saboteur! Celui qui répond à la demande de la société en
mode automatique.
Grâce au travail personnel sur mon engrenage, j'ai décou-
vert les différentes stratégies de survie que j'ai mises en place
pour me protéger (voir la figure 31), en commençant par la
mémoire de mon âme incarnée : 1' «angoisse », et le conflit
hérité ou injonction parentale : «pas le droit d'être utile».
La personnalité que j'ai construite a besoin de garder le

313
La science, la matière et la spiritualité

contrôle pour assurer 1' équilibre intérieur. Le climat affectif


que j'ai ressenti à ma naissance correspond à l'idée que «la
peur de mourir m'empêche d'être heureuse». Mon manque
existentiel m'entraîne également à «garder le contrôle » pour
ne pas me mettre dans des situations de manque. À ma
grande surprise, la peur de mon engrenage est de «ne pas
être comprise». L'émotion qui réactive mon engrenage
est la «résignation plutôt que d'utiliser mes compétences».
Enfin, la vertu que j'ai développée est 1' « évitement des
conflits ».
J'ai mis du temps à comprendre et à intégrer les informa-
tions des stratégies de survie de mon engrenage. J'ai ainsi
découvert que mon masculin extérieur, celui de mon héros,
apportait beaucoup de pensées qui me dispersaient, même
si elles étaient intéressantes, et ressemblaient à du bavardage
intérieur qui alimentait mon imaginaire et nourrissait le
virtuel. Ainsi, mon féminin extérieur, celui que je montrais,
n'était pas ancré dans la réalité, mais dans des images! Je
l'ai compris d'autant plus que lorsque j'étais petite, pour
échapper à des sentiments de concurrence avec ma sœur,
j'ai choisi le clan de mes frères etje suis devenue un garçon
manqué, rebelle à ce que je voyais de la réalité qui ne me
plaisait pas et qui réactivait mon angoisse existentielle.
En devenant un garçon manqué, j'ai échappé au féminin
et j'ai développé mon côté masculin qui m'a donné satis-
faction jusqu'à un certain point. Dans ma relation aux
hommes, j'étais souvent avec des hommes ayant un
féminin très développé qui compensait le mien, alors que je

314
L'intelligence au cœur du corps

représentais le masculin ! J'ai vécu principalement dans mon


masculin extérieur, jusqu'au moment de ce chaos créateur
en synchronicité avec mon changement de travail et ma
dernière rencontre amoureuse impossible.
Ce chaos a bouleversé la vision de mon monde inté-
rieur en révélant un monde inconnu qui me faisait peur:
le féminin intérieur. Les repères du garçon manqué qui a
grandi ne suffisaient plus pour me rendre heureuse et garder
ma joie de vivre. Pire que cela, ils n'étaient plus d'actualité,
et il fallait que je change de logiciel! Mais comment?
Chapitre 19

Du chaos à ! 'harmonie

Le chaos est une phase de structuration profonde intense


pour trouver nos nouveaux repères dans la vie. Le chaos
est comme un catalyseur de réaction pour nous faire entrer
dans une nouvelle partie de notre évolution. Sans lui, rien
ne bouge! Il nous sert à passer d'un niveau de conscience à
un autre supérieur plus en accord avec notre Être.
C'est en vivant chaque jour avec pour seule préoccu-
pation de vivre le présent entre mes nouvelles expériences
en biologie moléculaire et mes sentiments que je me suis
apprivoisée à mes nouvelles perceptions, celles de la femme
qui naissait en moi. Je ne la connaissais pas et avais peur
d'entrer dans son intimité.
Les souffrances que j'ai vécues à travers les rêves, je les
ai peintes. Je me suis découverte par ces souffrances mises
à nu sur une toile blanche. J'ai souvenir qu'elles jaillis-
saient de moi comme un feu intérieur qui devait s'exprimer.
En deux heures, j'avais fini mes peintures et je découvrais
seulement après leur portée symbolique très claire. Je me

317
La science, la matière et la spiritualité

suis découverte nue au niveau cellulaire. J'ai découvert la


prison dans laquelle je m'étais enfermée. Je me voyais tel
un oiseau à l'intérieur d'une cage dorée ouverte et qui ne
pouvait pas sortir, car dehors fait peur ...
Moi qui étais sûre de moi quand je travaillais en science
des matériaux, à l'époque où j'étais un homme! Je n'étais
plus sûre de rien quand il s'agissait de cette nouvelle femme
que je laissais émerger. Il m'aura fallu quelques années pour
intégrer ces nouvelles informations et laisser apparaître dans
mon comportement mon féminin intérieur sans peur.

Une autre épreuve vint compléter ma transformation


intérieure profonde avec une nouvelle période de chaos qui
touchait le cœur de mon être intérieur et ma place dans la
fratrie. Ce fut la période où j'ai dû m'occuper de ma mère
pendant plusieurs années jusqu'à son décès. Alors que cette
dernière avait 90 ans, ma sœur qui tenait la boutique de
ma mère a mis en vente le magasin de la famille pour aller
rejoindre son compagnon en Israël, provoquant ainsi un
tsunami dans la famille.
Ma mère, qui avait travaillé toute sa vie à la boutique,
n'avait pas de salaire en dehors de la gérance du magasin
qu'elle perdait. Elle était triste pour la vente, mais contente
pour ma sœur qui voulait partir depuis longtemps. Jusqu'à
cette période, la santé de ma mère avait été assez bonne et
elle s'est dégradée dès lors. Le comportement de mes frères
était déconcertant d'égoïsme et je me suis retrouvée seule à
m'occuper de ma mère sur tous les plans.

318
L'intelligence au cœur du corps

Cette situation m,a remise dans un autre chaos plus


profond, un gouffre, celui provoqué par la fratrie et ma
mère. Dans une famille d'Afrique du Nord, les hommes
sont rois et le pire vient des mères qui cultivent cela dans
leur relation avec «leurs fils». Même s'ils ne font rien, ils
restent les fils chéris, l'horreur pour moi! Eux n'ont fait que
profiter de cela, sans aucune conscience !
Au cours de cette période, j'étais heureusement encore
en analyse et je travaillais sur le passage de 1' engrenage à la
spirale de vie. J'ai traversé cette période sans somatisation
mais dans un état d'épuisement constant, car je résistais à
ce que je ne supportais pas de vivre, par rapport à la liberté
que prenaient mes frères et ma sœur. J'étais de nouveau en
prison ! ]'allais une fois par an faire une thalassothérapie pour
que 1' on s'occupe de moi.]' attendais la limite d'épuisement
que mon corps acceptait pour ne pas me sentir coupable
de laisser ma mère toute seule! Mon corps était plombé, je
n'arrivais même plus à penser correctement pour ma mère
.
ru pour mot.
.
Je vivais un épuisement qui était en lien avec la pulsion
de fusion avec ma mère. Je l'ai accepté longtemps et il deve-
nait insupportable à vivre. Cette pulsion de fusion a touché
profondément ma pulsion de vie. Ce chaos m'obligea à
poser de nouveaux repères, de nouvelles limites pour moi,
ma mère et mes frères, pour rester vivante ! Ce fut diffi-
cile de parler à mes frères, très égoïstes et autocentrés sur
eux-mêmes et leur famille. Quand la santé de ma mère se
dégrada encore un peu plus, mon instinct de survie me

319
La science, la matière et la spiritualité

poussa à imposer des limites à la famille, tout en respectant


ma mère.
J'ai ainsi découvert la fragilité de la femme que j'étais.
Et cependant, je devais rester solide pour m'occuper de
ma mère. J'étais en conflit intérieur permanent, entre mon
envie d'être libre en gardant ma liberté intérieure, et le
devoir de rester pour ne pas me sentir coupable ! Je devais
rester aimante et attentionnée alors que j'avais moi aussi
besoin d'attention! Heureusement, entre mon analyse, où je
pouvais parler de ce que je vivais intérieurement, et l' obser-
vation du nouveau chaos que je vivais en conscience, j'ai pu
m'en sortir en gardant une bonne santé de mon corps-esprit.
J'ai vécu dans mon corps la souffrance de la fusion avec
ma mère. En la voyant se dégrader, c'est moi que je voyais
mourir à petit feu. Il est arrivé un moment où le conflit inté-
rieur que je vivais au début disparut quand je me suis mise
à m'occuper des choses essentielles de ma vie : ma mère et
mon travail, en vivant le présent, chaque jour comme seule
préoccupation importante. Heureusement, mon travail a
toujours été une passion et m'a donné la bonne nourriture
pour garder mon énergie et me réaliser.
Mon travail d'évolution personnelle m'a conduite à
développer avec ma mère une nouvelle relation en sortant
de la fusion, et en ne suivant plus tous ses caprices, ce à
quoi je l'avais habituée. Le côté superbe de ma mère était
son ouverture, son intelligence du cœur, qui lui a permis de
bien accepter ce que je ne voulais plus vivre comme avant
dans la fusion-confusion. Ma mère était la joie de vivre et

320
L'intelligence au cœur du corps

était toujours ouverte à la vie et au partage. Elle ne voulait


que mon bonheur, ce qui m'a aidée énormément.
Depuis cette étape, je suis enfin entrée en contact avec
cette liberté intérieure que j'ai longtemps désirée. Au
moment où j'écris ces lignes, deux années sont passées
depuis qu'elle est décédée. Je l'ai accompagnée jusqu'au
bout dans la joie et l'amour, et j'ai rencontré la paix de la
Femme, qui a enfin émergé de son tombeau.

Intégration de mon engrenage biologique


Les expériences de chaos que j'ai vécues entre mon
travail, ma vie amoureuse, ma mère et ma famille, m'ont
poussée à comprendre puis à intégrer mon engrenage biolo-
gique, mais mieux encore, elles m'ont permis de passer de
mes mécanismes de survie à la spirale de la vie. Mon être
intérieur gouverne dorénavant tous mes choix. Maintenant,
je me laisse guider par les signes que mon âme m'envoie
et je vis dans le temps essentiel, celui du temps présent
uniquement. Toutes les qualités des stratégies de survie
que j'ai développées dans mon engrenage ne sont plus au
service du héros mais à celui de la femme sauvage, celle qui
est devenue ce qu'elle est, dans sa véritable nature.
Au cours de toutes ces étapes, j'ai vécu le passage de la
figure 34 à la figure 35, c'est-à-dire le passage d'un mental
formaté par mes expériences de 1' enfance à un mental ouvert
à ce qui se passe dans l'ici et maintenant, et qui permet de
libérer l'énergie dans le corps. J'ai progressivement intégré

321
La science, la matière et la spiritualité

mes nouveaux repères de femme libre intérieurement, en


contact avec mon Être supérieur.
]'ai transformé mon comportement lié à la survie de mon
saboteur, qui divise l'être dans la dualité et la peur, en un
comportement de mon Être guidé par mon âme, dans la
confiance de la vie, en passant d'expériences dans la dualité
à d'autres nouvelles expériences dans l'unité et la globalité
de mon Être.

Le monde de l'Etre
MondtS-
............
..........
5!~::i:'!~~!!~~.:::::':'"*'•
Vll'tlclNde

Valeurs humaines lntelllgenc:e du coeur

lntelllgenc:e de vie
Perceptions
Synchronlctis

Nature quantique
du CCHftPOl't8mtnt

Le « Corpo-Humano » selon léonard de Vinci

Figure 86: Représentation des caractéristiques du monde


de l'Être: l'homme au centre de son microcosme
et en relation avec le macrocosme dans l'unité.

322
L'intelligence au cœur du corps

Les valeurs du Héros du monde de la survie (figure 32)


se sont alors transformées en valeurs humaines au service de
la vie dans le monde de l'Être, comme le montre le schéma
de la figure 36, où l'homme agit à partir de l'intelligence
du cœur.
Dans cette représentation, tous les niveaux vibratoires
de l'Être sont en résonance avec l'univers. Tous les centres
d'énergie sont ouverts dans la verticalité de l'Être et il n'y
a pas de résistance à la réception d'informations venues de
notre âme. C'est le monde de la 3e dimension, en relation
avec les valeurs humaines ouvertes à l'intelligence du cœur
et au sacré en soi.
L'Être, dans sa verticalité, est alors ouvert à la vie et aux
possibles. Son action part de son centre au niveau du cœur,
et son mental vient au service du cœur. Il a conscience
des valeurs humaines et agit avec l'intelligence du cœur
dans le respect de l'écologie humaine. Dans ces conditions,
notre corps entier est un instrument de musique, dont le
comportement est de nature quantique, comme la théorie
des cordes, et en accord de phase avec tout notre être. Il
se rapproche de l'Homme quantique qui est ouvert aux
perceptions subtiles et aux synchronicités qui le guident
dans la vie. Il vit le temps présent uniquement.
Partie 7

De l'écologie cellulaire
à l'écologie humaine
Chapitre 20

La conscience de la vie
au cœur de l'univers

Tout ce qui a été créé dans l'univers participe à la vie


de 1' ensemble dans une unité et une harmonie du vivant.
Depuis la formation de l'univers, quatre règnes apparurent
pour compléter la création. Le premier, le plus ancien, est
le monde minéral, monde de 1' organisation de la matière
qui porte la structure de la matière solide, la mémoire de
la formation de la Terre et de l'univers. Ensuite se sont
développés le règne végétal et le règne animal dont nous
faisons partie. Le monde végétal est constitué des plantes
et des forêts qui se comportent comme des écosystèmes
vivants. Leur structure et leur organisation montrent une
intelligence de vie à travers leurs comportements sociaux,
d'entraide, de coopération dans une unité avec le Grand
Tout. Les animaux montrent des fonctionnements qui
répondent à la conscience de la vie, à l'amour et au partage.
Ils vivent en harmonie, en respectant les lois de la vie de

327
La science, la matière et la spiritualité

l'ensemble dans une unité, quand nous respectons leur vie


et leur environnement.
Au cœur de ces manifestations, la conscience de la vie,
l'esprit de la matière, l'Amour et l'unité sont les attributs
de ce cœur de l'univers qui bat pour tous les règnes. Tous
ces règnes sont directement reliés à cette puissance de la
création et d'amour de l'univers.
Dans cet univers, l'homme est un animal qui tient
une place à part. À 1' opposé des animaux, il se comporte
comme un prédateur gratuitement, sans répondre à ses
besoins vitaux. Il a développé son pouvoir sur les autres, au
détriment de sa véritable puissance. L'homme impose une
domination au service de l'ego, de la société. Il est coupé de
la conscience du vivant, conscience de la vie, au mépris de
sa participation à l'esprit du Grand Tout, qui intègre, dans
chaque parcelle de l'univers, l'intelligence de vie et l'unité
de la création. Son monde est celui de la personnalité, de
l'ego au service du mental formaté par la société, le monde
de la dualité et de la division.
Dans cette dualité, l'homme est coupé de lui-même,
de son esprit, de la conscience de sa nature profonde et de
l'amour. Il vit le plus souvent dans l'inconscience de l'exis-
tence de son Être. Sa référence est le monde de l'image de
soi, de la représentation imposée par la société moderne de
consommation, au détriment des valeurs profondes de l'Être
humain dans toutes ses dimensions. Souvent, ses comporte-
ments, qui sont le reflet de cette inconscience, le conduisent
à une incohérence entre sa vie et ses aspirations profondes.

328
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

Cependant, ce monde de la dualité qui le divise va être un


milieu d'observation idéal pour développer la conscience de
Soi, et se reconnecter à l'unité de son Être. Seule l'arrivée
de l'expérience du chaos dans sa vie pourra le faire réagir
pour sortir de l'engrenage dans lequel il s'est mis, pour
enfin contacter l'émergence de son Être véritable, dans sa
véritable nature, et non pas celui fabriqué par la société, ce
Héros de la société !
L'univers s'est formé à partir d'un chaos primordial. Il
est extraordinaire de noter que le chaos est un événement
fondamental qui permet de changer de temps et d'espace en
passant d'un espace non exprimé à un espace exprimé. Le
chaos nous montre le moyen par lequel nous allons pouvoir
changer nos repères: passer d'un temps continu, linéaire,
où le passé est projeté dans le présent et dans le futur, à un
autre temps, le temps présent où tout est possible.
L'univers a commencé par un chaos et c'est par le chaos que
l'homme renaîtra et que sa consciences' éveillera.
Chapitre 21

La cellule comme modèle


d'écologie humaine

Communication cellulaire
et conscience cellulaire
Notre environnement familial, social, géographique, etc.
influence notre vie à toutes les étapes, depuis la période
intra-utérine jusqu'à la petite enfance, puis de l'adolescence
à l'âge adulte. Ces diffèrentes influences vont pousser nos
structures internes physiques, psychiques et émotionnelles
à se moduler, se déformer ou se transformer pour répondre
à l'appel de l'environnement extérieur.
Les machineries sensorielles qui permettent de sentir
notre environnement intérieur et extérieur, pour donner
une réponse adaptée, peuvent se dérégler (épigénétique) en
fonction de ce que nous vivons et de la façon dont nous le
vivons dans notre environnement.
L'un des problèmes les plus importants de la nature
humaine est le besoin d'amour et de reconnaissance qui

331
La science, la matière et la spiritualité

nous guide jusqu'à en oublier nos sollicitations intérieures.


Malheureusement, nos perceptions sont souvent mises au
service du mental, et nos ressentis s'emparent des stimuli
de nos émotions dans des «shoots» émotionnels qui nous
donnent le sentiment d'exister en répondant au monde du
héros.
Étant donné l'emprise du mental et de son fonction-
nement sur notre vie, nous avons du mal à accepter nos
émotions profondes. Nos deux cerveaux ne communiquent
pas autant que ceux de la cellule, et pire que cela, ils entrent
en conflit plutôt que de coopérer. Inconsciemment, avec
l'éducation, les challenges de la société, pour ne parler que
d'eux, nous nous coupons de notre deuxième cerveau pour
n'écouter que le grand chef du mental et de l'ego.
Seule l'interaction entre l'environnement intérieur et
extérieur va conduire à des changements. La vie et la mort
programmée sont en constante compétition dans la vie de la
cellule en réponse aux sollicitations internes et externes de
l'environnement cellulaire. La vie a tout prévu si on accepte
la mort!
L'écologie humaine devrait impliquer la communication
entre nos deux cerveaux. Cependant, cette communication
entre notre cerveau «du haut» et notre cerveau «du bas»
est souvent perturbée, voire bloquée, par nos mécanismes
de défense mis en place lors de notre enfance pour nous
protéger de notre environnement.
À l'opposé de la cellule, nous ne faisons pas référence à
notre dialogue intérieur! L'être intérieur, lui, sait ce qui est

332
De l'écologie cellulaire à l'écologie hwnaine

bon ou pas pour lui, et agit en accord avec son ressenti et


ses besoins, en harmonie avec son environnement, en deux
mots: en respectant les lois de la vie.
À chaque instant, dans la vie de la cellule, une succession
de constructions et destructions de systèmes moléculaires
a lieu, tel un ballet bien orchestré. Dans cette danse, les
molécules, à l'intérieur du cytoplasme, participent à une
chorégraphie improvisée au fur et à mesure du temps.
Certaines molécules participent à la formation de micro-
tubules du cytosquelette, édifices macromoléculaires qui
vont servir d'autoroutes pour le transport de vésicules vers
l'extérieur de la cellule, et qui s'autodétruisent quand leur
fonction ne sert plus.
Il est intéressant de se rappeler une propriété importante
du vivant: Toute structure non utilisée ou ne servant plus
disparaît ou se déstructure pour que du nouveau puisse avoir
lieu. Ainsi, l'adaptation va engendrer sa transformation, ou
sa déconstruction, à chaque instant de la vie de la cellule, si
nécessaire, dans la dynamique des remodelages moléculaire
et cellulaire.
Le vivant s'adapte à ce qui est! Tout est là à notre disposi-
tion, comme les neurones du bébé prêts à être sollicités pour
fonctionner. Une non-stimulation des neurones engen-
drera, en réponse, leur mort cellulaire programmée.
Ainsi, à l'échelle de l'homme et à l'image de la cellule,
il est important de prendre conscience que ce qui ne sert
plus, qui n'est plus d'actualité, les vieilles croyances, les idées

333
La science, la matière et la spiritualité

obsolètes, etc., doivent laisser la place à autre chose, pour


que du nouveau puisse arriver ...

La cellule comme modèle d'écologie humaine


L'écologie humaine consiste, comme pour la cellule, à
s'adapter à chaque instant à l'environnement, dans le désir
de trouver la véritable place de l'homme dans le cosmos et
d'évoluer vers elle. Nous faisons partie du grand corps de
l'humanité et chacun est garant de sa part. Chaque être est
appelé à répondre au flux de vie qui le traverse. Comme
pour la cellule, la vie ne peut exister sans la mort.
La cellule représente pour moi le modèle d'harmonie
de comportement d'un système qui respecte les lois du
vivant: se nourrir correctement, maintenir la vie de façon
harmonieuse, se développer et s'adapter en fonction de
l'environnement en respectant l'intégrité de ses structures.
A ,
ARRETONS-NOUS ET ECOUTONS
À L'INTÉRIEUR DE NOUS!
Comme les cellules, communiquons avec nous-mêmes
et avec les autres ! Arrêtons-nous et observons le petit vélo
qui n'arrête pas de tourner dans notre tête ... jusqu'à ce
qu'il tourne de moins en moins vite et finalement se calme.
Nous sommes alors chez nous dans notre maison intérieure.
Si notre corps nous fait mal, parlons à la partie de nous qui
souffre, demandons-lui ce dont elle a besoin pour ne plus
souffrir. Développons le dialogue intérieur avec nos cellules
qui travaillent pour nous !

334
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

Ouvrons-nous à recevoir les bonnes informations en


confiance ! Écoutons les signes de notre corps, les signes
que la vie envoie par les rêves, les synchronicités, les actes
manqués, etc. Ils peuvent nous servir de panneau indi-
cateur pour prendre une direction ou non. C'est un vrai
cadeau si nous y sommes attentifs.
La vie est comme le flux de la rivière qui n'arrête jamais
de couler. Renonçons à la résistance intérieure qui nous
épuise en remontant le courant de la rivière, au lieu de nous
laisser couler dans son flux.
Acceptons ce qui est, car cela permet d'entrer en contact
avec son Être intérieur. Lâchons prise et laissons-nous rece-
voir la vie qui coule en nous. C'est là le secret pour être
dans le flux de Sa Vie. La vie, elle, sait pour nous, si nous
lui faisons confiance.
La dynamique dans la cellule, entre les successions de
construction-déconstruction-reconstruction aux niveaux
moléculaire et cellulaire, permet à la vie de se développer
et de se maintenir en harmonie avec les lois du vivant.
L'écologie cellulaire au service de la vie est un réel
exemple pour 1' écologie humaine. Accepter les successions
de construction-déconstruction-reconstruction dans les
différentes étapes de notre vie revient à accepter les succes-
sions de vie/mort/vie comme unique chance de s'adapter
et d'évoluer à l'échelle de l'homme. Ces étapes font partie
intégrante de notre engrenage biologique mis en place par
nos stratégies de survie.

335
La science, la matière et la spiritualité

Ainsi, les changements de structuration, les expériences


de chaos conduisant à des changements profonds de repères,
les reconstructions en fonction de l'environnement intérieur
et extérieur, sont autant d'opportunités pour répondre à
l'appel de notre Être, de notre âme, pour le meilleur de
nous-mêmes et de ceux qui nous entourent.
Le tableau 1 regroupe les caractéristiques de l'écologie
cellulaire au service de la vie globale de la cellule et de
l'organisme entier, qui servent de modèle pour l'écologie
humaine au service de la vie de son propre corps, du grand
corps de l'humanité et de la place de l'homme dans l'univers.

La cellule comme modèle

Écologie humaine:
Écologie cellulaire: au service de son propre corps,
au service de la vie globale de la du grand corps de l'humanité
cellule et de l'organisme entier. et de la place de l'homme dans
l'univers.
• L'humain doit être à l'écoute
• La vie de la cellule dépend des des signaux qu'il reçoit et de
signaux reçus et envoyés entre ceux qu'il émet pour répondre
les cellules. à la vie qui l'appelle, plutôt
• La cellule respecte les lois que de s'accrocher à des formes
du vivant quel que soit son de croyances qui l'empêchent
environnement. d'évoluer et de répondre au
vivant.
• C'est seulement par les erreurs
• Dans le programme de la vie,
que l'homme peut évoluer et
l'erreur est programmée.
grandir.

336
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

• L'homme doit s'adapter


à chaque instant dans le
• La vie et la mort sont sur le fil temps présent et sortir de son
du rasoir à chaque instant de la fonctionnement qui projette
vie d'une cellule. ses expériences passées dans
• Une cellule vit le moment le futur de façon réactive ou
présent uniquement et s'adapte active.
à chaque instant. • L'enjeu est d'intégrer les
• Sa réponse est adaptée à une expériences, les pertes, les
situation biologique donnée. changements, deuils, etc., dans
l~ présent au service de son
Etre, pour répondre à la vie.

• Chez l'homme, les erreurs ne


doivent pas être considérées
• L'erreur est créatrice: elle comme des échecs paralysants,
permet la diversité du vivant. mais comme l'opportunité de se
diriger dans une meilleure voie
pour soi.
• Le vivant a prévu des • L'homme doit se réapproprier
mécanismes de réparation pour son potentiel d 'autoguérison
maintenir la vie à toutes les pour rester en vie et non pas en
échelles. survie dans la peur.

• La cellule respecte l'intégrité de • L'homme doit respecter son


son patrimoine génétique. intégrité pour rester vivant.
• L'homme pour survivre
• La cellule communique avec doit communiquer avec son
elle-même et l'environnement. environnement intérieur et
extérieur.
• Une cellule qui ne
• L'homme qui ne communique
communique pas avec
pas avec lui-même (dialogue
elle-même ou avec son
intérieur) et avec l'extérieur
environnement part en mort reste dans le « mode survie».
cellulaire.

337
La science, la matière et la spiritualité

• L'homme, s'il reste dans le


• Chaque cellule porte en elle
monde du Héros, rayonne ce
l'information de toutes les
qu'il perçoit de lui-même (et ne
autres cellules et en même
peut voir que les héros), créant
temps rayonne et informe son
sa réalité en fonction de la
environnement de qui elle est.
vision du héros.
• Les cellules de notre système
• La non-reconnaissance de
immunitaire sont «notre
notre être, le déni de Soi
armée intérieure ,. pour
peut engendrer des maladies'
préserver notre humanité notre
. ' auto-immunes.
. vie et notre Soi.
• Pour répondre à l'appel de
son devenir et atteindre le «Je
suis » qui répond à sa nature
• La cellule est traversée
profonde, l'homme doit
par un flux de vie auquel
accepter sans peur de passer
elle doit répondre par des
par le chaos créateur de
adaptations qui passent par des
nouveaux repères de l'ttre
déséquilibres, via des chaos
pour passer dans le c mode
(déstructuration des structures
vie».
internes et reconstruction)
• Seule l'expérience du chaos va
avant de retrouver l'état
permettre à l'homme d'accéder
homéostatique.
à un ordre plus élevé du niveau
de conscience, à une autre
dimension de lui-même.

338
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

• Chaque individu appartient à


une communauté d'individus,
un village, une société, un pays.
• Chaque cellule appartenant à
• Les lois du vivant impliquent
une communauté de cellules
que chacun d'eux soit au
et chaque organe, sont au '
service de l'autre en harmonie
service de tout l'organisme avec
dans le respect de chacun. '
une fonction indispensable
• Si l'homme retrouve sa place
et propre à chacun. Tous
d'Homme (le Je suis) dans
ensemble œuvrent dans
la société, et que celle-ci le
une harmonie pour le bon
respecte, alors l'ensemble
fonctionnement de notre
du « grand corps-esprit de
corps-esprit-cœur pour le
l'humanité» fonctionnera en
meilleur de notre Être.
harmonie pour le meilleur
de notre Être et de toute
l'humanité.
•L'écologie humaine
suppose la coopération de
• La cellule est coopérative
l'homme avec l'ensemble
dans la communication avec
de l'humanité dans un but
les autres cellules dans un but
commun: retrouver sa véritable
commun: la préservation de la
nature et sa place d'homme
vie et l'évolution du vivant.
dans la société et celle de
l'homme dans l'univers.
'
• L 'hopnne se rapprochera de
son Etre lorsqu'il sortira du
• La survie des cellules
monde de la survie, celui du
est coopération.
Héros, de la dualité et de la
compétition.

339
La science, la matière et la spiritualité

• Les émotions, mécanismes de


survie, sont des énergies de vie
qui nous traversent.
• L'émotion est le moyen
naturel pour les deux cerveaux
et l'esprit d'évaluer notre
• Le vivant a mis en place
environnement intérieur et hors
un système de régulation
de l'organisme.
automatique de nos émotions.
• Reconnaître et accueillir la
façon dont nous percevons les
émotions est le premier pas
pour être à l'écoute de soi dans
l'ici et maintenant, pour les
intégrer et grandir.
• Avant de se diviser, les cellules
procèdent à des check-points:
• À l'image de la cellule, l'homme
des arrêts sur image. Elles
doit apprendre à s'arrêter pour
s'arrêtent et s'observent pour
sortir du pilotage automatique,
voir si elles peuvent continuer
pour sentir et ajuster son action
à se diviser ou partir en mort
en fonction de son ressenti,
cellulaire si l'intégrité du
avant de continuer à vivre.
patrimoine génétique est en
danger.

Tableau 1: L'écologie cellulaire comme modèle


d'écologie humaine au service de la vie.
Chapitre 22

De la conscience cellulaire
,...
à la conscience de l'Etre

Pourquoi la conscience cellulaire peut-elle


nous permettre d'aller jusqu'à la conscience
de l'ttre?
Nous sommes faits de milliards de cellules et nos
propriétés sont supérieures à la somme de toutes celles de
nos cellules. La conscience cellulaire fait partie du premier
niveau des différents niveaux de conscience du vivant.
La conscience cellulaire existe à 1' échelle de l'infiniment
petit au cœur de la mémoire de nos cellules, et les propriétés
macroscopiques sont reliées à celles de l'infiniment grand de
notre Être. Les systèmes cellulaires de notre corps commu-
niquent et fonctionnent tous de concert en cohérence, à
toutes les échelles, grâce à la cohérence quantique de tous
les systèmes dans notre organisme.
La conscience nous conduit à communiquer, réagir avec
notre réflexion, notre expérience, notre libre arbitre, en

341
La science, la matière et la spiritualité

fonction de notre être, en fonction de l'autre, en fonction


de notre environnement, dans le respect de nous-mêmes
et de notre environnement. La cellule communique
constamment avec son environnement, mais surtout elle
communique avec elle-même. C'est grâce à cette commu-
nication qu'elle peut engrammer des informations, qu'elle
garde en mémoire dans son ADN, et qu'elle transmettra à
son environnement, pour répondre à l'environnement exté-
rieur, en maintenant son état de bien-être et son intégrité.
La conscience est au cœur de la cellule, et au-delà, la
conscience est au cœur de chaque parcelle du vivant. Elle
existait avant le big bang.
Pour remonter à la conscience de l'Être, il faut décrypter
en fonction de notre vie présente et passée les informations
engrammées dans nos cellules, qui conduisent aujourd'hui
à d~s comportements que nous avons développés au cours
de notre vie, et qui ne respectent pas notre Être dans notre
dimension humaine et spirituelle.
S'arrêter de penser inutilement, se poser, prendre
conscience de nos actions et vivre au présent comme unique
contrainte, sont des outils très puissants pour élever notre
conscience d'être et notre bien-être à chaque instant.
Au-delà des comportements inconscients de l'homme,
il est important de se rappeler que les comportements que
nous avons construits pendant l'enfance, nous pouvons les
déconstruire pour reconstruire autre chose, plus en cohé-
rence avec notre esprit, en respectant les lois du vivant. Cette
transformation demande une grande énergie d'adaptation

342
De l'écologie cellulaire à l'écologie hwnaine

de notre personne, pour remettre en question nos anciens


schémas, valeurs, croyances, qui sont devenus obsolètes
pour notre vraie vie d'aujourd'hui.
C'est dans notre relation à l'autre et au monde que nous
pouvons tester notre niveau d'évolution et de conscience.
On peut identifier sept niveaux de conscience de l'humain
dans la relation à l'autre et au monde:
• Le premier niveau de conscience est la conscience cellulaire. Elle
intègre la communication cellulaire, la préservation de
l'intégrité du génome (les mécanismes de réparation dans
la dynamique du vivant, les systèmes de régulation, la
mort cellulaire programmée); la préservation de notre
humanité (système immunitaire) à partir de la différen-
ciation entre le Soi et non-Soi à toutes les échelles. Cette
conscience fonctionne sans que nous ayons quelque chose àfaire,
car c'est la conscience du vivant, du Grand Tout, qui agit.
• Le deuxième niveau correspond au niveau de la conscience de soi
à travers nos perceptions sensorielles: il s'agit de la conscience
de notre corps dans l'espace et le temps, la propriocep-
tion, dans notre environnement via tous nos sens. C'est
le niveau de l'engrenage biologique.
• Le troisième niveau déterminant dans la relation est la conscience
de soi à travers nos émotions. L'engrenage biologique et nos
stratégies de survie vont perturber nos perceptions. C'est
le monde des émotions du Héros (peur, colère, etc.), du
personnage construit qui vit en mode survie pour ne pas
souffrir. À ce niveau, nous sommes au cœur du monde
de l'engrenage biologique et du monde du Héros.

343
La science, la matière et la spiritualité

• Le quatrième niveau détenninant est celui de la conscience de soi


dans la relation à l'autre par le langage. Comment communi-
quer avec l'autre et avec soi sans violence en se respectant
et en respectant l'autre. Ce niveau est fondamental pour
que les échanges soient entre Êtres plutôt qu'entre ego!
Ce niveau appartient encore au monde de 1' engrenage
biologique et au monde du Héros.
• Le cinquième niveau correspond à la conscience de soi dans l'ex-
périence. C'est à ce niveau que nos expériences peuvent
nous conduire soit vers la maturité, en développant le
sens de notre vie (monde de l'Être et de la spirale de
vie), soit en nous poussant à nous refermer, et à mettre
de côté l'intelligence du cœur et celle de l'esprit. Dans
ce cas, c'est le monde de l'engrenage qui l'emporte dans
des schémas à répétition. Ce niveau reste toujours dans
le monde relatif de l'ego.
• Le sixième niveau correspond à la conscience de soi dans la
connaissance. Apprendre à communiquer avec soi et les
autres, et apprendre à se comprendre, permet d'accéder à
une intelligence de la vie qui permet de structurer 1' espace
intérieur et l'espace extérieur, ce qui est indispensable à
l'harmonie de la vie, en accord avec les lois du vivant.
Ce niveau de conscience est à la jonction entre le monde de l'en-
grenage et la spirale de vie. La vigilance du frottement entre
ces deux mondes, dans nos échanges quotidiens, nous
montre combien il est difficile de sortir de ce monde du
Héros et d'entrer dans la spirale de vie, là où toute action
est au service du cœur dans le corps de l'humanité. Le

344
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

cadeau de cette vigilance nous aide à observer comment


l'autre est nous-mêmes, et à sortir de la dualité pour
rester dans l'urùté avec Soi et le Grand Tout.
• Le septième niveau correspond à la consdence du sens, de la
signijication. C'est la conscience de l'Être. Ce rùveau est
déterminant dans la relation. Commurùquer réellement et
se rencontrer suppose d'avoir pu reconnaître et accepter
ce qui est enjeu dans la rencontre, la relation à l'autre.
C'est le rùveau de la connexion de l'Être dans l'urùvers,
dans les expériences de synchrorùcité, le monde de l'intui-
tion en lien avec sa dimension spirituelle dans l'unité de
son Être.
À ce rùveau de conscience, l'individu est en lien avec le
Tout, agit à partir de son cœur, de son ÊTRE, dans une parti-
cipation au monde basée sur les valeurs humaines. C'est le
rùveau de la spirale de vie. Toute action est aimantée par le
cœur et notre inspiration créatrice. L'Autre est Moi-Même
et je suis l'Autre.

L'être humain doit s'approprier les leçons de l'écologie


cellulaire pour la mettre au service de l'écologie humaine
où son action sera centrée au niveau de l'intelligence du
cœur qui respecte l'équilibre corps-cœur-esprit de l'Être
dans toutes ses dimensions.
La connaissance des différents niveaux de conscience
permet de nous situer par rapport à eux, pour sortir du pilo-
tage automatique inconscient de nos actes. Elle nous aide

345
La science, la matière et la spiritualité

à favoriser l'émergence de la conscience du temps présent


en relation avec l'autre et notre environnement intérieur et
extérieur. C'est l'intégration de cette conscience dans notre
corps et dans nos relations, dans la vie de tous les jours,
qui conduit à notre renaissance grâce à l'émergence de la
conscience de notre Être.
Le tableau 2 montre les sept niveaux de conscience de
l'individu dans la relation à l'autre et au monde. Ce tableau
met en évidence que pour passer du monde de la survie
au monde de la vie, il faudra développer les niveaux de
la conscience de soi par rapport à nos perceptions senso-
rielles, la conscience de soi par rapport à nos émotions, la
conscience de soi dans la relation à l'autre, la conscience
de soi dans l'expérience, et la conscience de soi dans la
connaissance, avant d'accéder à la conscience du sens et de
notre Être.

Les différents niveaux de conscience


1 - La conscience cellulaire :
Communication cellulaire de tous les systèmes biologiques
à toutes les échelles de l'organisme.
2 - La conscience de soi par rapport aux perceptions sensorielles :
Conscience de notre corps et de notre environnement.
Monde du Héros de l'engrenage, monde de la survie.
3 - La conscience de soi par rapport à nos émotions :
Engrenage biologique et stratégies de survie associés aux émotions.
Monde du Héros de l'engrenage, monde de la survie.

346
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

4 - La conscience de soi dans la relation avec l'autre:


Communication avec l'autre et avec soi.
Monde du Héros de l'engrenage, monde de la survie.

5 - La conscience de soi dans l'expérience :


Maturation des expériences conduisant: à notre ouverture
à tous les possibles, ou à notre fenneture.
Monde du Héros de l'engrenage, monde de la survie.

6 - La conscience de soi dans la connaissance :


Apprendre, comprendre, communiquer avec soi et l'autre
vers une intelligence de vie et d'hannonie.
Jonction entre l'engrenage et la spirale de vie.

7 - La conscience du sens: la conscience de l'~tre:


En lien avec l'univers, le monde des intuitions, des expériences de
synchronicité, notre dimension spirituelle dans sa singularité
et son authenticité.
Monde de l'~tre, monde de la spirale de vie.

Tableau 2 : Différents niveaux de conscience


de l'individu dans la relation à l'autre et au monde.

De l'engrenage biologique à la spirale de vie


La vie peut nous réserver des surprises pendant notre
évolution, nous amenant à retraverser ces chaos nécessaires à
notre évolution pour grandir. La vie ressemble plutôt à une
spirale ascendante ou descendante, au centre de laquelle se
trouve l'être humain. La spirale ascendante correspond à la
matrice de feu, monde de l'Être, et la spirale descendante à
la matrice d'eau, monde du Héros. La figure 35 montre la

347
La science, la matière et la spiritualité

représentation de cette «spirale de vie » mettant l'homme


au cœur du cosmos.
Dans la spirale de vie, l'amour est au cœur de la vie en
lien avec notre Être.
Les événements émotionnels de la vie nous propulsent
dans notre engrenage et nous sortons de cette spirale de
vie constamment. Ces événements émotionnels nous font
alors revivre les émotions du héros liées à l'enfance, et font
resurgir le comportement du Héros qui nous replonge dans
l'inconscience de notre engrenage. Pour nous libérer de
l'engrenage, il faut l'intégrer, c'est-à-dire aller visiter toutes
les facettes de nos comportements. L'intégration passe par
l'identification de nos émotions et de nos mécanismes de
survie. Cependant, une intégration uniquement intellec-
tuelle ne suffit pas. Pour nous en libérer, les informations
doivent passer par le vécu dans notre corps jusqu'à leur
intégration dans la mémoire cellulaire.
Bien sûr, la vie n'est pas un long fleuve tranquille! Et tant
mieux. . . Lorsque de nouvelles émotions vont venir nous
déstabiliser et nous refaire plonger dans nos comportements
de l'inconscience d'avant, notre engrenage peut repartir au
quart de tour! Oui, mais pas pour longtemps, si nous accueil-
lons les émotions qui sont des cadeaux, tout simplement, pour
nous guider là où nous en sommes. En traversant les émotions
dans la conscience et en les observant dans le moment présent,
elles peuvent se libérer. Et nous pouvons alors retourner tout
près de notre Être ... dans la spirale de la vie.

348
De l'écologie cellulaire à l'écologie humaine

Au fur et à mesure de l'intégration de nos nouveaux


repères, le temps d'instabilité, voire de chaos, sera vécu
plus consciemment. La prise de conscience des nouvelles
expériences permet de sortir plus rapidement des anciens
comportements de survie du héros, en nous rapprochant
de plus en plus de notre Être.
Toutes les stratégies de survie mises en place dans l'en-
fance, ainsi que la mémoire et l'injonction parentale à la
naissance, sont alors transformées en potentiel de vie pour
Soi au service de notre Être.

la VIe
Mémoire et Injonction
parentale :Transform,es
en ~l pour Sol

Nature
quantique
de l'Etre
Spi raie
en contact
de VIe
avec
ou
notre
danser rirttable
Javie nature
Terre

Figure 87: Spirale de vie mettant l'homme


au cœur du cosmos.

349
La science, la matière et la spiritualité

Le comportement de l'Être devient de nature quantique,


sans résistance liée au passé ni au futur qui l'empêche de
vivre au temps présent. Il est ouvert à la vie, en lien avec
son cœur, en contact avec son humanité, dans sa singularité
et son authenticité.
Vivre au présent, faire ce qui est le mieux possible au
présent, poser ses intentions profondes et les oublier, voilà
une attitude de confiance en la vie, à développer pour le
meilleur de nous-mêmes et de ceux qui nous entourent.
La physique quantique montre que nous créons notre
réalité par l'intention que nous avons de faire une expé-
rience. Pensons positif, posons les bonnes intentions pour
notre futur, et c'est lui qui, par rétro-causalité, va créer
les conditions dans le présent, pour les réaliser, comme le
montre le physicien Philippe Guillemant dans son livre LA
Route du temps.
L'Être quantique vit la vie comme une danse, bien ancré
dans la terre en connexion avec le ciel et le cosmos : des
racines dans la terre et la tête dans les étoiles! Il est constam-
ment à 1' écoute de la musique de la vie, des notes qui s'y
jouent entre les silences. Il est la musique.
Conclusion

Mes recherches scientifiques sur l'étude de la structure de


la matière m'ont conduite à faire un voyage de 1' esprit de la
matière à la conscience qu'elle porte en elle. Les recherches
en science des matériaux d'abord, puis en biologie, étaient
en résonance avec mes recherches personnelles et celles sur
le comportement humain. Elles m'ont permis d'observer, de
façon évidente, que les lois du comportement de la matière
s'appliquent à l'esprit de l'humain.
Le cadeau de la recherche scientifique a été de pouvoir
partager des idées, sans limites, entre chercheurs. Des
rencontres humaines exceptionnelles avec des personnes
passionnées par la science et aussi par la vie. Nos échanges
et débats ont toujours été animés autour des thèmes de
la nature de la matière, du questionnement sur les méca-
nismes élémentaires qui animent la matière, de la place de
la physique au niveau du vivant ou encore de la relation et
de la dimension de l'homme dans le cosmos. Tout cela a
enrichi ma vision du monde.
Tout au long de ma vie, je n'ai jamais séparé mes expé-
riences professionnelles de mes expériences personnelles car
elles étaient intriquées et synchronisées.

351
La science, la matière et la spiritualité

Ma passion pour la recherche et pour la microscopie


électronique a été pour moi un vrai chemin initiatique qui
m'a fait changer plusieurs fois de monde, entre celui, visible,
de la structure de la matière, le monde invisible de l'esprit
de la matière, et celui de mes expériences extrasensorielles.
Ces recherches m'ont amenée à prendre conscience de la
nature spirituelle de la matière incarnée, ou informée, qui
existe dans la nature, l'homme et l'univers. Nous sommes
des Êtres spirituels incarnés pour vivre une expérience dans
la matière, celle que l'on a choisie!
C'est l'expérience dans la matière qui a ouvert ma vision
pour appréhender, les pieds sur terre, la dimension spiri-
tuelle et l'information qu'elle porte en elle, en connexion
avec le cosmos, le champ quantique, Dieu. Chaque parti-
cule élémentaire, chaque parcelle de matière, chaque espèce
vivante, chaque homme, est relié au Tout.
]'ai vécu sans le savoir des expériences de pleine conscience
en travaillant au microscope électronique comme en faisant
du yoga. C'est devenu comme une seconde nature. Ce
pouvoir du temps présent, où tout devient possible si nous
n'avons pas peur, je l'applique de plus en plus avec confiance
dans ma vie de chaque jour.
Le cadeau de mes expériences en physique quantique sur
les matériaux solides m'a permis de mieux comprendre le
fonctionnement du vivant à plusieurs échelles. En synchro-
nicité avec mes expériences personnelles, j'ai eu la chance
d'observer et de vivre la dualité onde-particule au cœur de
mon corps.

352
Conclusion

Le cadeau de mes recherches en biologie a été de décou-


vrir le vivant en moi, en retrouvant l'harmonie de l'univers
dans les lois de la vie. Étudier la cellule à l'échelle micros-
copique m~a fait entrer en contact avec ce qu'est, dans
!'infiniment petit, la conscience cellulaire. L'exemple de
la vie de la cellule fut pour moi une vraie révélation. Ce
qui est merveilleux est qu'en appliquant les lois du vivant
dans ma propre vie j'ai pu traverser de nombreux chaos en
conscience, dans la spirale de ma vie.
J'ai expérimenté dans ma vie l'impact d'un compor-
tement intégrant les notions de physique quantique, au
niveau de l'humain, en accueillant les informations issues du
champ, de mon intuition, de mon âme. Ces informations
ont guidé mes pas dans les moments cruciaux de ma vie.
L'intention constante que je portais dans les choix impor-
tants de ma vie était de prendre du plaisir à ce que je faisais
en le partageant. Transmettre les connaissances que j'ai
acquises est de toute évidence la mission de mon âme. J'ai
eu la chance de n'avoir jamais cherché de travail, si je peux
parler de travail pour une passion. C'est lui qui est venu à
moi aux moments opportuns pour m'orienter sur le chemin
à prendre !J'ai découvert mon chemin au fur et à mesure du temps,
en accueillant ce que la vie me présentait.
Je ne me suis jamais trompée quand j'ai suivi les synchro-
nicités de la vie qui éclairaient mon chemin, et en écoutant
ce que je ressentais au fond de moi, en lien avec mon Être
supérieur qui me guide et m'envoie des signes que j'ai appris
à écouter.

353
La science, la matière et la spiritualité

Grâce à la méthode scientifique comme moyen d'étude


du comportement de la matière, je me suis sortie de mes
problèmes de santé au bout de dix ans en m'appliquant cette
méthode à moi-même, pour comprendre mes problèmes
de somatisation. Cette méthodologie basée sur 1'observa-
tion constante de ce qui est et ce qui change en fonction
de 1' environnement, nous rappelle les connaissances issues
des traditions.
Mes expériences personnelles de somatisation m'ont
permis de connaître le langage du corps et de prendre
conscience que le corps a toujours raison! Notre Être nous
envoie des messages à travers notre corps, pour entrer en
contact avec nous. La maladie nous ouvre la porte de notre
âme!
Avec le recul, je peux dire aujourd'hui que l'expérience
qui nous arrive, aussi difficile soit-elle, est une expérience
à accueillir et à vivre pleinement en conscience pour
comprendre le message fort de notre Être supérieur, pour
notre croissance et le meilleur de nous-mêmes. Il nous
envoie des messages pour sortir de nos comportements de
survie et passer à la vie ! Décrypter les signes avant que le
corps ne s'en occupe par une somatisation, mettre des mots
sur ce que nous vivons et ressentons, est le meilleur remède
à nos maux, pour 1'amour de Soi.
Souvent nous sommes sourds et notre Être supérieur
fait ce qu'il peut pour nous dire Stop! Je n'en peux plus! Il
faut arrêter de me traiter comme cela!. . . Prends soin de ton
corps, ta maison intérieure! La chapelle que personne ne peut

354
Conclusion

prendre ou abîmer, si nous la protégeons, l'entretenons et la


respectons. Pas si simple si nous n'en avons pas conscience !
Mais un jour ou l'autre, notre corps nous parle, et nous
finissons par l'entendre, puis l'écouter.
Au-delà de la recherche scientifique sur la matière, c'est
en faisant de la recherche que j'ai découvert la mission de
mon âme : un vrai cadeau; j'en rends grâce, et remercie
l'univers. Je vis maintenant autant que je peux, le bonheur
d'être Soi, guidée par mon Être supérieur sur le chemin de
ma vie.
Bibliographie

Abrezol Raymond, Cerveau et conscience, Bemet-Danilo,


1999.
AmeisenJean Claude, LA Sculpture du vivant: le suicide cellu-
laire ou la mort créatrice, Seuil, 1999.
Atham Tom et Ransford Emmanuel, Les Racines physiques de
l'esprit, collection« Science et Conscience», Quintessence,
2009.
Berger Jean-Sébastien, L'Énergie, l'information et le vivant,
collection Résurgence, Médecine et Sciences, 2004.
Bourbeau Lise, Ton corps dit: «Aime-toi!», ETC. INC, 1997.
Bousquet Jacqueline, Au cœur du vivant, collection «Science
en conscience», Aureas, 1992.
Cannenpasse-Riffard Raphaël, Biologie, médecine et physique
quantique, Résurgence, 2011.
Cannenpasse-Riffard Raphaël, Physique de la matière,
Résurgence, 2001.
Chopra Deepak, Le Corps quantique, InterÉditions, 2003.

357
La science, la matière et la spiritualité

Couzon Élisabeth et Dom Françoise, Les Émotions: déve-


lopper son intelligence émotionnelle, Éditions ESF, 2007.
Cuomo Cristina, Dr Burigana Fabio et Dr Dell'Aglio Antonio,
Méridiens et Nutripuncture, Éditions du Dauphin, 2010.
Cuomo Cristina, La Marche, un mouvement vital, Éditions du
Dauphin, 2007.
D'Orval Jean Bouchart, L'Impensable réalité - Physique et
sagesse traditionnelle, Almora, 2006.
Damasio Antonio, L'Autre moi-même, Odile Jacob, 2010.
Damasio Antonio, Le Sentiment même de soi: corps, émotions,
consdence, Odile Jacob, 1999.
Damasio Antonio, Spinoza avait raison, Odile Jacob, 2003.
" cosmique, Flammarion,
De Mailly Nesle Solange, L'Etre
1985.
De Rosnay Joël, Je cherche à comprendre - Les codes cachés de
la nature, Les liens qui libèrent, 2016.
De Rosnay Joël, La Symphonie du vivant. Comment l'épigé-
nétique va changer notre vie, Les liens qui libèrent, 2018.
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De Souzenelle Annick, L'Egypte intérieure ou les dix plaies de
l'âme, Albin Michel, 1991.
De Souzenelle Annick, Le Féminin de l'être, Albin Michel,
1997.
De Souzenelle Annick, Le Symbolisme du corps humain - De
l'arbre de vie au schéma corporel, Albin Michel, 1984.

358
Bibliographie

Fiammetti Roger, Le Langage émotionnel du corps, Guy


Trédaniel, 2011.
Flèche Christian, Décodage biologique des maladies - Manuel
pratique des correspondances émotions-organes, Souffie d'or,
2001.
Fontaine Janine, Médecin des trois corps, Robert Lafont, 1982.
Grof Stanislav, Le Jeu cosmique, Éditions du Rocher, 1998.
Guillemant Philippe et Morisson Jocelin, La Physique de la
conscience, Guy Trédaniel éditeur, 2015.
Guillemant Philippe, La Route du temps, le Temps présent,
2014.
Janov Arthur, La Biologie de l'amour - Comment l'amour
parentalfaçonne notre bien ~tre, Marabout, 2008.
Jeannerod Marc, Le Cerveau intime, Odile Jacob, 2005.
Kinslow Frank, La Guérison quantique, Le Courrier du Livre,
2012.
Korotkov Konstantin, The Energy of Consciousness, 2012,
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Laborit Henri, L'Eioge de la fuite, Editions Folio, «Essais»,
1985.
Laborit Henri, Biologie et structure, Éditions Gallimard, 1968.
Larroche Michel, Et si mes cellules savaient apprendre - De la
mémoire cellulaire à l'intelligence cellulaire, Guy Trédaniel
éditeur, 2007.

359
La science, la matière et la spiritualité

Larroche Michel, Mes cellules se souviennent, Guy Trédaniel


éditeur, 2000.
Laskow Leonard, Guérir par l'amour, Éditions Valentine,
2011.
Laszl6 Erwin et CurrivanJude, Cosmos, Ariane, 2009.
Lipton Bruce H., Biologie des croyances, Ariane, 2006.
Martel Jacques, Le Grand Dictionnaire des malaises et des mala-
dies, Quintessence, 2007.
McTaggart Lynne, L'Univers informé, Ariane, 2005.
Millenson J. R., Le Corps et l'Esprit, Désiris, 1998.
Mudès Julia, Du conflit hérité à la légèreté de l'être, Spirale de
vie, 2007.
Odoul Michel, Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi, Albin
Michel, 2002.
PiantaJean-Paul, Le Corps politique, P.C.S S.A Luxembourg,
2013.
Picot Jean-Luc, Nais-sens de la vie, naissance à la vie, Fuchsia,
2016.
Pierrakos John, Le Noyau énergétique de l'être humain, Sand,
1991.
Pinel Émile, Vie et mort - Conséquences de la relativité en
biologie, Maloine, 1978.
Popp Fritz A., Biologie de la lumière, collection «Résurgence»,
Médecine et Sciences, 1998.

360
Bibliographie

RedfieldJames, LA Prophétie des Andes, Éditions J'ai lu, 2003.


Ruiz Don Miguel, Les Quatre Accords toltèques - LA voie de
la liberté personnelle, Jouvence, 2005.
Salomé Jacques, Le Courage d'~tre soi, Les Éditions du Relié,
2003.
Satprem, Le Mental des cellules, Robert Lafont, 1981.
Teodorani Massimo, Synchronidté- Le rapport entre physique
et psyché de Pauli et Jung à Chopra, Macro Éditions, 2010.
Toile Eckart, Le Pouvoir du moment présent, J'ai lu, 2010.
T olle Eckart, Mettre en pratique le pouvoir du moment présent,
J'ai lu, 2011.
Véret Patrick et Parquer Yvonne, Traité de Nutripuncture -
Physiologie, information cellulaire, Désiris, 2005.
Remerciements

Au cours de ma carrière, j'ai rencontré de nombreux


scientifiques, la plupart d'entre eux ont été une lanterne à
un moment de mon parcours scientifique dans la micros-
copie et aussi dans ma vie personnelle. Ils sont devenus des
amis proches avec qui je partage toujours une amitié. Ma
famille s'est agrandie avec le temps, avec toutes les merveil-
leuses rencontres que j'ai faites grâce à la microscopie, dans
les diverses communautés allant de la physique à la biologie,
en France, en Europe et aux États-Unis. Je les remercie
vivement pour tout ce qu'ils m'ont donné, tout ce que nous
avons partagé, toujours dans la joie de l'échange au niveau
du cœur.

Depuis plus de vingt ans, je fais des conférences grand


public. Un grand nombre de personnes, collègues, amis,
sont venus inlassablement à mes nouvelles conférences. Ils
ont suivi mon évolution, et la passion qui m'anime pour la
science et la transmission des connaissances. Ce sont eux qui
m'ont poussée à faire des ponts entre mes recherches scien-
tifiques et mes recherches personnelles dans les domaines

363
La science, la matière et la spiritualité

des sciences humaines et de l'énergétique, pour les trans-


mettre. Je remercie chaleureusement toutes ces personnes,
pour leur confiance, leur encouragement, leur affection
et leur soutien qui m'ont donné la force d'écrire. Depuis
longtemps, je leur ai promis de rassembler tout cela dans
un livre, c'est fait! Pour une partie au moins, celle sur la
matière. Un livre sur mes expériences de l'énergétique
viendra dans un second temps.

Je tiens à remercier ma chère amie Françoise Heyberger,


astrologue, pour nos échanges, nos discussions construc-
tives, ses encouragements et son aide précieuse pour la
réalisation de ce manuscrit. Je remercie également mes
amies Julia Mudès, Jacqueline Thibeaudeau et Isabelle
Berbezier pour leur lecture constructive du manuscrit et
leurs encouragements.
Je voudrais adresser des remerciements particuliers et
toute ma gratitude à Jocelin Morisson pour la qualité de la
relecture et des corrections finales, et pour la richesse des
suggestions qui ont permis l'amélioration de ce manuscrit.

Je remercie aussi chaleureusement Philippe Guillemant


pour avoir eu la gentillesse, malgré un emploi du temps
bien chargé, d'avoir accepté d'écrire la préface de ce livre.
Je rends grâce à nos échanges passionnants et :fructueux, lors
de notre première rencontre, aux premières journées de
Science et Conscience de 2017 à Auvillar. Notre rencontre
fut un vrai cadeau pour moi. Nous étions faits pour nous

364
Remerciements

rencontrer, lui dans le domaine de l'information quantique


et moi dans celui de la matière qui porte l'information:
deux visions qui se complètent et se réunissent au niveau
de la conscience.

Je remercie aussi mon amie Penelope Dahmen, pour son


soutien, son écoute et sa présence discrète pour me laisser
écrire ce livre, en toute paix et sérénité, dans sa maison en
Touraine.
Enfin, je remercie la vie, la recherche, la science, l'uni-
vers, l'amour dans toutes ses dimensions et la joie du partage
qui m'ont toujours guidée sur mon chemin.
Et pour finir, je remercie ma mère qui m'a donné la vie,
qui a toujours cru en moi, et qui avait raison!
Crédits photos

Les images de microscopie électronique non référencées


dans le texte sont de Jeanne Ayache.
Eric Le Cam., UMR8126 CNRS-Université Paris-Saclay-
Gustave Roussy, Villejuif: le cliché de microscopie
électronique en fond clair d'une coupe d'une lignée
cellulaire humaine MT4 produisant du VIH de la figure
3b, et les figures 16a et 16b de microscopie en trans-
mission en fond noir annulaire de plasmide d' ADNs
circulaires relâché et super-enroulé.
Étienne Delain, CNRS-Gustave Roussy, Villejuif: le cliché
de microscopie électronique en transmission en fond noir
annulaire del' ADN dans la chromatine des figures 3c et Sc.
Liliane Dubuisson, Sercomi, Bordeaux 2: le cliché 3d de
microscopie électronique en fond clair de localisation
de sites fonctionnels par des billes d'or, dans des cellules
isolées K562 marquées par une glycoprotéine de surface.
J. Kourimsky et F. TVRZ : les images de minéraux de la
figure 4 sont issues du livre Encyclopédie des minéraux,
éditeur Gründ, 1984.

367
La science, la matière et la spiritualité

M. Bessis et. J. P. Thiéry: le schéma de cellule animale de


la figure 6a est issu du livre LA Cellule de Durand. M. et
Favard. P, Éditeur Hermann Paris, 1967.
N. Poux, : le schéma de la cellule végétale de la figure 6b
est issu du livre LA Cellule de Durand. M. et Favard. P,
Éditeur Herman Paris, 1967.
Kim Se Jong., Laboratoire CSNSM Université d'Orsay
Paris XI : les clichés 14b montrant le courant tunnel,
14c une image de microscopie électronique en haute
résolution d'une jonction tunnel, et 15d la modulation
de courant supraconducteur YBa2Cu30 7
Guillaume Passerieux., Laboratoire CSNSM, Université
d'Orsay Paris XI: le cliché 15e montrant sur une image
de microscopie à force atomique les îlots de croissance
d'unjoint de grain supraconducteur, YBa2Cu30 7 •
Élisabeth Couzon et Françoise Dom: le schéma des figures 28a
et 28b montrant l'évolution de la charge émotionnelle, est
issu du livre Les Émotions, ESF Éditeur, 2007.
Julia Mudès: le schéma dans la figure 31 montrant la repré-
sentation de 1' engrenage biologique est issu du livre Du
conflit hérité à la légèreté de l'~tre, Éditeur Spirale de Vie,
2007.
Pour suivre l'actualité de Jeanne Ayache:
http:/ /jeanneayache.com
Composition et maquette :
Soft Office
Achevé d'imprimer en juin 2019
sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery
58500 Clamecy
Dépôt l~gal : juin 2019
Numéro d'impression: 906188
Ce livre est le récit d'un chemin scientifique initiatique,
un chemin de conscience que l'on peut tous s'approprier,
et qui nous montre les transformations inévitables que nos
expériences de vie nous amènent à effectuer.

Au cœur de la matière résident l'énergie et la force de vie qui lui


donnent ses structures et ses propriétés. En nous reliant par la
conscience à ces dimensions invisibles, nous sommes capables
d'agir sur nous-mêmes et d'activer en particulier une puissance
d'autoguérison qui soigne à la fois l'âme et le corps. En établissant
un parallèle audacieux mais pertinent entre la façon dont la matière
inerte tire ses propriétés uniques de ses défauts de structuration,
et les blessures et fêlures d'un être humain, l'auteure nous entraîne
sur son propre parcours de guérison.

Du minéral au vivant, du microscopique au cosmos, Jeanne Ayache


tire de sa riche expérience de chercheuse en physique et biologie
un regard unique sur le monde qui nous entoure et notre place en
son sein. Aujourd'hui thérapeute énergéticienne, elle travaille sur la
dimension symbolique et sacrée de l'humain en inscrivant ses pas
dans ceux d'illustres pionnières, comme Annick de Souzenelle ou
Jacqueline Bousquet.

Docteur d'État en sciences physiques et microscopiste,


retraitée du CNRS depuis 2017, JEANNE AYACHE a conduit
une activité de recherche sur l'étude de la structure de la matière
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en physique et en science des matériaux, avant de s'orienter,
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c à partir de 2004, sur l'étude du vivant en biologie moléculaire
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et cellulaire. Elle a complété sa formation académique par une
étude poussée en médecine chinoise, médecine" quantique•,
musicothérapie énergétique et nutripuncture. Ble pratique depuis plus de dix-sept ans
les soins énergétiques du corps vibratoire. Elle est également conférencière et
auteure de nombreux articles et ouvrages scientifiques.

978-2-8132-2047-9 21,90 €

www.editions-tredaniel.com 911~ ~~~IJ~lll!l!~ll!~I

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