Corrigés Par Chapitre T&T
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Tourisme et territoires
Bloc 7
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© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
2. Quelles informations la recherche présentée sur la capture d’écran ci-dessus donne-t-elle
à l’internaute pour faire son choix ? Vous semblent-elles suffisantes ?
Après avoir renseigné dans sa requête le lieu du séjour (« À destination de »), les dates d’arrivée et de
départ ainsi que le nombre de personnes et de chambres, l’internaute obtient des informations de
plusieurs natures :
– une liste d’établissements disponibles ;
– leur classement en fonction de critères modulables : prix, distance du centre-ville, classement,
recommandation… ;
– une carte interactive permettant de les localiser ;
– une photo pour les visualiser ;
– des réductions, l’annulation gratuite et des avis de clients (notes de 0 à 5) sur l’hébergement.
Il est toutefois difficile de procéder à une réservation sans approfondir la recherche : choix de la chambre
(surface, dimensions des lits, équipements, prestations « extra » ou incluses…), équipements proposés
au sein de l’établissement, lecture attentive des conditions d’accueil et de l’environnement de l’hôtel,
des avis de clients (e-réputation de l’établissement) pour éviter toute mauvaise surprise. Si les critères
de classification des hôtels sont globalement convergents, des différences importantes subsistent entre
les régions et les pays.
Complément
Visuellement, c’est l’établissement vu de l’extérieur (photographie commerciale) et le prix du séjour qui
sont valorisés. Le classement de l’hôtel (exprimé en nombre d’étoiles, de 1 à 5) est très visible (ici,
4 étoiles, pour un hébergement haut de gamme et 3 étoiles pour un hébergement milieu de gamme
supérieur) et témoigne de la qualité de l’offre, souvent en lien avec son prix. Mais malgré les efforts
d’harmonisation de la classification hôtelière au niveau international, ce classement ne relève pas de
normes communes, qui peuvent varier selon les pays (jusqu’à 300 critères bien définis en France depuis
2010) et parfois d’une région à l’autre au sein d’un même pays (Espagne). Ainsi, en Thaïlande, la
classification est plus sélective qu’en France, et encore davantage qu’en Italie. En Espagne, la
dénomination de l’établissement est un critère de sélection également pertinent (paradors, hôtels de haut
standing dans du patrimoine historique classé, hostales, pensions et résidences moins qualitatifs…).
3. Montrer qu’Expedia est un des nouveaux acteurs majeurs du tourisme mondialisé.
Par son nombre d’enseignes, ses GDS et moteurs de recherche dans de multiples langues proposant des
services touristiques dans le monde entier (e-tourisme), par sa capacité à relier des consommateurs à des
producteurs de services touristiques (B to C) à toutes les échelles (désintermédiation et réintermédiation),
ou par son partenariat (payant) avec un événement sportif mondial majeur tel que la Champions League
(vidéo), Expedia est bien un acteur majeur d’un tourisme mondialisé.
Complément
Fondée en 1996, d’abord filiale de Microsoft, cette société d’origine états-unienne, basée à Seattle (État
de Washington), est aujourd’hui présente dans plus de 70 pays et diversifie ses activités (créations,
acquisitions) dans le domaine du voyage (rachat de l’Allemand Trivago, du Français Travelocity ou de
l’États-unien HomeAway, par exemple), lui permettant d’être aujourd’hui une importante firme
transnationale (FTN) du tourisme. Entrée au NASDAQ en 2019 (capitalisation boursière), elle exploite
plus de 90 marques. Expedia est donc un acteur assez récent, qui concentre de plus en plus d’activités
dans un jeu d’échelles lui permettant un large déploiement géographique et économique. Elle incarne
bien ces nouveaux acteurs du tourisme de masse mondialisé, numérique et désintermédié caractéristique
du troisième système touristique mondial qui se met en place à partir des années 1980 (voir fiche
ressource 11).
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Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Étude de cas (p. 12)
Benidorm, haut lieu du tourisme de masse : de la station
balnéaire à la ville-station
I. Identifier et situer des destinations ou territoires touristiques
majeurs sur des cartes à plusieurs échelles
1. À l’aide de l’introduction et des documents 3, 5 et 9, localiser et situer Benidorm.
Trois documents à des échelles différentes permettent d’identifier le site et la situation (fiche
ressource 1) de Benidorm : les documents 5 (échelle locale), 3 et 9 (échelles régionale et nationale).
Benidorm est une station littorale de la Costa Blanca, littoral méditerranéen d’Espagne. Elle est située
entre Valence au nord et Alicante et son aéroport international au sud, distant de 45 km, dans la province
du même nom, faisant partie de la communauté de Valence.
2. À quel grand bassin touristique la ville appartient-elle ? Confirmer votre réponse par
l’analyse de la provenance de ses visiteurs (documents 3 et 4).
Benidorm appartient au bassin euro-méditerranéen, premier bassin touristique mondial (fiche ressource 1
et carte de synthèse). La fréquentation touristique (les « habitants temporaires » évoqués dans le
document 3) est essentiellement européenne (94 % du total des touristes étrangers, au premier rang
desquels les Britanniques, occupent un poids majeur : 65 %), ce qui est confirmé dans le document 4.
Benidorm bénéficie de sa proximité avec le foyer émetteur du bassin touristique euro-méditerranéen
dont ses clientèles étrangères sont issues et dans lequel son insertion est forte (appartenance au foyer
émetteur et récepteur). La proportion de touristes domestiques (les Espagnols représentent 44 % de la
fréquentation touristique) confirme cette analyse. Si Benidorm a une fréquentation majoritairement
internationale, elle attire ainsi essentiellement des flux intra-bassin et très marginalement des flux en
provenance des deux autres bassins touristiques (le bassin Asie-Pacifique et le bassin Amérique du Nord-
Caraïbes).
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© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
Complément
Éviter tout déterminisme géographique en nuançant un peu les aménités climatiques de Benidorm par
son positionnement dans la partie nord occidentale du bassin méditerranéen : il ne permet pas la
baignade toute l’année (14 à 15 °C en moyenne de janvier à mars, 18 °C d’octobre à décembre, mais
plus de 19 °C d’avril à juin et 26 °C de juillet à septembre) et détermine une très forte saisonnalité
estivale du tourisme balnéaire.
4. Identifier les acteurs et les étapes de la mise en tourisme de Benidorm (documents 1, 2 et
6). Est-ce une réussite touristique du point de vue de ses initiateurs (documents 3, 4 et 9) ?
Étapes Acteurs
À partir des années 1920 : les premières
Documents maisons d’un village de pêcheurs sur la Playa de Principalement les habitants des environs, en
1 et 2 Levante : un pré-tourisme, local (ou de résidence secondaire.
proximité), spontané, autoproduit.
À partir de 1956 : faire de Benidorm une À l’initiative des acteurs publics : les autorités
station balnéaire internationale (modèle sol y locales et l’État espagnol (contexte de mise en
playa ou des « 3 S ») : tourisme balnéaire de tourisme balnéaire de masse des Costas
Documents
masse (quadrillage urbain ou plan en damier espagnoles).
2 et 6
autour du centre ancien et choix des tours : En coopération avec les acteurs privés :
verticalité permise) + aéroport international promoteurs espagnols, groupes hôteliers,
d’Alicante (1967) et réseau d’autoroutes. propriétaires fonciers.
Benidorm peut être considérée comme une réussite pour ses initiateurs en raison :
– du nombre de visiteurs (5 millions de touristes annuels en 2019) ;
– de la forte internationalisation du lieu, avec 56 % de touristes d’origine étrangère et plus de
110 nationalités différentes au sein de la population (document 4), situation rapprochant Benidorm des
métropoles et des plus grandes stations touristiques ;
– du dynamisme démographique (explosion démographique), qui transforme le village de Benidorm en
station puis en station-ville : la population résidente quadruple en seulement 20 ans (de 1961 à 1981) et
décuple en presque 40 ans ((document 3). Les résidents sont à la fois des employés dans le tourisme
(seuls ou en famille) et des retraités attirés par la station ((document 4), voir question 8 ;
– du poids économique majeur du tourisme (document 9) puisqu’il représente un tiers des ressources
locales (trois fois plus que la moyenne nationale).
5. Identifier et classer les pratiques touristiques présentes sur le territoire à l’aide des
documents 4, 5, 6, 8 et d’une recherche personnelle sur le site de l’office de tourisme de
Benidorm. Sont-elles diversifiées ?
Que peut faire un touriste dont le projet est de se rendre à Benidorm ?
Il est possible d’identifier et de classer les raisons selon les « formes » de tourisme :
– aller à la plage : tourisme « balnéaire » (documents 4 et 5) ;
– faire la fête : tourisme « festif » (document 4) ;
– s’adonner à la plaisance, au golf (tourisme « sportif ») ;
– fréquenter les centres aquatiques, les parcs à thème (tourisme « ludique ») ;
– assister à des concerts, visiter de musées, peu nombreux (nos 43, 44 et 53 sur le document 5), tourisme
« culturel »), assister à des festivals comme le Low Festival, le Reggaeton Beach Festival (tourisme
« culturel », « festif », « événementiel ».
Ainsi, cette liste laisse à penser que l’offre touristique de la station est assez diversifiée.
Une autre classification de cette offre, proposée dans les années 2000 par les géographes du MIT, est
possible :
– se reposer : aller à la plage, le farniente (ne rien faire) ;
– jouer (pratique du golf, parcs de loisirs, casinos, discothèques…) ;
– découvrir (visite de la station, de ses musées, paysages littoraux…).
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Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Complément
La catégorisation classique (tourismes « balnéaire », « culturel », « sportif », « de découverte »…) peut
être dépassée par une autre approche qui renouvelle la réflexion sur la nature des projets touristiques.
Comme l’ont montré les géographes du MIT (Mobilités, Itinéraires, Tourismes – groupe de recherche
ayant renouvelé l’étude des mobilités et du tourisme à partir des années 1990), le tourisme est un
déplacement pour la recréation (MIT 2002). Cette recréation touristique associe trois familles de
pratiques dominantes (« se reposer », « jouer » et « découvrir »), toutes bien présentes à Benidorm,
mais à des degrés divers d’intensité.
Se reposer domine dans le projet touristique du lieu et est fondatrice de la station : le repos sur la plage
(« 3 S », Sea, Sun, Sand, soit la mer, le soleil et le sable), ne rien faire, le farniente, c’est-à-dire rompre
avec le quotidien (travail, contraintes, rythme de vie), reprendre des forces (se reconstituer le corps et
l’esprit). Parfois assimilé, avec mépris, au « bronzage idiot », il s’agit pourtant d’un ressort majeur de
la recréation, pratique à laquelle on peut associer le séjour à la campagne, au « calme », pour se
« ressourcer », tout comme les pratiques anciennes de thermalisme, climatisme, balnéothérapie…
fondée sur une logique de repos et de soin de soi.
Jouer et découvrir sont deux autres familles de pratiques touristiques présentes à Benidorm. Si elles ne
sont ni fondatrices de ce lieu touristique ni dominantes, elles ont toutefois leur importance en fonction
des projets touristiques et du profil des visiteurs.
Le jeu (incluant un sentiment de tension, de joie, de vertige, de compétition) concerne la pratique du
golf (comme le golf de Poniente ou le golf Villaitana), de la plaisance (vieux port), des parcs aquatiques
(Mundomar, Aqualandia) ou à thème (Terra Natura, Terra Mítica…) évoqués dans les documents 5
et 6. Il concerne aussi les pratiques festives (les discothèques, nombreuses à Benidorm, tout comme les
festivals de musique).
La découverte concerne la visite du site : la ville, son ambiance, son architecture, comme son
patrimoine historique bâti (très résiduel : vieux Benidorm, site archéologique romain avec le castellum
du Tossal de la Cala), ses quelques musées (Museo Boca del Calvari, Museo L’Hort de Colón…), les
reliefs montagneux (parc naturel de la Sierra Helada…), les îles (Illa Mitjana, Isla de Benidorm…).
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© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
Complément
Benidorm est une station particulièrement verticale : ses tours se sont multipliées et semblent rivaliser
entre elles pour donner une des plus fortes concentrations d’Espagne et d’Europe (plus de 330 tours),
au point que la station a été comparée à New York (surnoms de « Beni-York », « la Manhattan de la
Méditerranée »).
Ainsi, la grande tour à l’extrême droite de l’image, entre le premier et le second plan, est la Torre
Lugano, construite au milieu des années 2000, un des dix plus hauts gratte-ciel d’Espagne (158 m), qui
abrite plus de 200 logements. L’iconique Intempo, proche de la Playa de Poniente, le plus haut gratte-
ciel de Benidorm avec ses 192 m et ses deux tours reliées en leur sommet, se distingue mal sur l’image.
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Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
V. Analyser les impacts socio-économiques et culturels
de la mise en tourisme d’un territoire
8. Expliquer la phrase soulignée (document 4). Qui sont les résidents de Benidorm ?
Dans cette réflexion consacrée à la sociabilité touristique, le géographe Rémy Knafou analyse le cas de
Benidorm et rappelle que le tourisme est une des manières d’habiter le monde. Il souligne que les
« habitants » de Benidorm sont à la fois permanents (les résidents) et temporaires (les touristes).
Or, ici comme dans toutes les grandes stations balnéaires calibrées pour le tourisme de masse, la
première catégorie est composée majoritairement d’individus venus d’ailleurs, proches ou lointains :
migration de travail (pays en développement ou Europe, dont l’Espagne), retraités (Europe, dont
l’Espagne). Le passage de 6 202 habitants en 1961 à 71 237 habitants en 2019 s’explique par ces flux
migratoires attirés par la mise en tourisme et les aménités du lieu.
Même si la population résidente est à 65 % de nationalité espagnole en 2019, l’auteur rappelle à juste
titre qu’il ne faut pas espérer découvrir à Benidorm une culture locale « authentique » ou « typique », la
« population locale » étant multiculturelle, cosmopolite, à l’image des grandes métropoles. D’ailleurs,
on peut légitiment penser que la majorité des touristes qui choisissent Benidorm ne viennent pas dans
ce but.
9. Quels sont les impacts du tourisme de masse à l’échelle locale ? Quelles orientations la
station recherche-t-elle aujourd’hui (documents 2, 3, 4, 6, 7 et 9) ?
À l’échelle locale, les impacts sont pluriels :
– impacts concernant les populations et l’économie (ou impacts socio-économiques) : dynamisme
démographique, diversité culturelle (cosmopolitisme) et sociale, dynamisme économique (comme les
créations d’emplois, ou le poids du tourisme, représentant 1/3 des ressources locales contre 10 % en
Espagne). Mais cette activité dominante rend Benidorm vulnérable en cas de crise (crise sanitaire de la
Covid-19 à l’origine d’une crise économique locale). Benidorm connait également la spéculation
foncière et immobilière, la corruption, l’« indifférenciation du produit (architecture et logements très
standardisés)
– impacts environnementaux : pression sur l’espace et les ressources : disparition des espaces naturels
et agricoles, pression sur le milieu côtier, pression sur l’eau, production de déchets, paysages altérés,
bétonisation des littoraux (80 % du cordon dunaire et des plages naturelles d’Espagne ont disparu), non-
respect des lois de protection de l’environnement (violations de la loi littorale), conflits d’usage… Le
document 6 évoque les néologismes en lien avec le tourisme de masse balnéaire des Costas espagnoles
sur un modèle proche, comme le terme « marbellisation », du nom de la station espagnole de la Costa
del Sol, Marbella, et faisant référence à un processus de défiguration des paysages littoraux, par une
ligne d’immeubles continue, en front de mer, sans plan d’aménagement préconçu.
Des impacts positifs et négatifs : les termes dénonciateurs (« tourisme prédateur », « tourisme de
masse », « prostitution d’un pays ») renvoient aux impacts négatifs, mais ne doivent pas masquer les
impacts positifs, selon les acteurs concernés (créations d’emplois, dynamisme démographique, diversité
culturelle…) dans une région en marge (pauvreté, relatif éloignement des centres) jusque dans les années
1960. L’arrêt brutal de l’activité touristique liée à la pandémie de 2020-2021 (Covid-19) a mis en lumière
la dépendance du territoire vis-à-vis de cette activité.
Orientations actuelles recherchées aujourd’hui par la station :
– Vers une diversification de l’offre du lieu permettant à la fois un renouvellement des clientèles et une
dessaisonalisation (attirer davantage de touristes toute l’année).
– Un meilleur respect des cadres réglementaires.
– Plus récemment, une orientation vers un tourisme plus durable (vidéo page 19), c’est-à-dire plus
harmonieux aux niveaux environnemental, social et économique en essayant de concilier ces trois
dimensions.
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© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
10. Comment expliquer le succès de Benidorm, malgré les nombreuses critiques ?
Opposer les critiques envers Benidorm et ses chiffres élevés de fréquentation souligne une situation qui
peut sembler paradoxale. Comment expliquer le succès de Benidorm ? Elle possède des aménités et des
atouts en nombre (vastes plages, climat, paysages, hébergements variés, équipements, offre diversifiée,
accessibilité…). À portée d’une majorité de budgets, dans un contexte de forte demande de tourisme
balnéaire estival, Benidorm est aussi le modèle du lieu ouvert à tous, le lieu inclusif (définition p. 12 et
document 4), sans critères d’exclusion (niveau socio-économique, genre, âge, nationalité…). Ce lieu est
fondé sur la coprésence (du monde partout, qui peut se côtoyer dans un espace ouvert), qui constitue un
de ses attraits majeurs (ambiance jour et nuit, animations, rencontres possibles avec d’autres visiteurs
ou des résidents…). Ceci explique sans doute que Benidorm, station littorale, soit devenue une station-
ville (voir « L’essentiel », p. 26) et que, loin d’être délaissée, elle continue d’attirer de nombreux
touristes.
Complément
La première validation du lieu est celle des touristes eux-mêmes. D’après MIT 2011, 60 % des touristes
à Benidorm y seraient déjà venus et 80 % de ceux interrogés auraient l’intention d’y revenir.
Les critiques suscitées par Benidorm ne sont pas nourries par les seuls impacts environnementaux. Elles
rejoignent plus généralement la critique d’un tourisme de masse orienté vers le bon marché, les budgets
moyens à modestes (document 9 et « Découverte professionnelle », p. 11), à rapprocher d’une certaine
touristophobie qui s’enracine dans les origines élitistes du tourisme, lorsque celui-ci était réservé aux
plus fortunés européens, ces « voyageurs distingués », plus adeptes du tourisme exclusif (fermeture
spatiale et entre-soi) et qui a imprégné certains discours et se retrouve par diffusion, encore
aujourd’hui, dans de nombreux guides touristiques ou sites spécialisés.
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Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Production graphique – Niveau 1 (p. 20)
Croquis géographique des unités paysagères de la station
de Benidorm et ses environs
Titre :
Benidorm en Méditerranée : du village de pêcheurs
au haut lieu du tourisme de masse
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© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 22)
Les stations balnéaires ex nihilo du littoral languedocien
1. L’État aménageur d’un littoral (p. 22)
1. À l’aide du document 1 et du site www.geoportail.gouv.fr, localiser et situer le littoral
languedocien. Nommer les littoraux concurrents à proximité.
Dans le sud de la France, en Région Occitanie, sur quatre départements français (le Gard, l’Hérault,
l’Aude et les Pyrénées-Orientales), ce vaste littoral, long de plus de 200 km, est délimité par la Camargue
à l’est et les Pyrénées au sud-ouest, et bordé par le golfe du Lion en mer Méditerranée, au cœur du bassin
européen, premier bassin touristique mondial.
Les littoraux concurrents à proximité sont nombreux : la Côte d’Azur (premier littoral touristique
méditerranéen) et ses prolongements varois et bucco-rhodanien à l’est, la Côte Vermeille (partie
rocheuse du littoral des Pyrénées-Orientales), puis la côte catalane espagnole (Costa Brava).
2. Identifier les 7 nouvelles stations et les types d’espaces qui composent les unités
touristiques.
Les sept stations nouvelles sont Port-Camargue et La Grande Motte (département du Gard), Le Cap
d’Agde (Hérault), Gruissan et Port-Leucate (Aude), Port-Barcarès et Saint-Cyprien (Pyrénées-
Orientales). Les deux plus importantes sont Le Cap d’Agde (52 500 lits prévus à sa création, en 1970)
et La Grande Motte (51 500 lits prévus à sa création, en 1967). Cinq « unités touristiques » redessinent
le littoral du Languedoc-Roussillon et associe zones urbanisées (stations nouvelles, les villes et villages
préexistants, les stations déjà présentes mais réaménagées) et espaces verts (les zones vertes boisées,
dont un parc naturel régional créé ultérieurement).
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Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
deux mas – fermes en France méridionale –, une bergerie). Cette portion de littoral bas côtier, humide,
infestée de moustiques, est très sauvage et constitue une marge démographique et économique du
territoire.
La carte IGN d’aujourd’hui fait apparaître le creusement d’une marina avec son port, ses digues, des
plages aménagées (digues alvéolaires, permettant d’éviter le démaigrissement sédimentaire, c’est-à-
dire la perte de sable, et d’augmenter la surface de l’estran) bien visibles entre le port de plaisance et
le grau (passage naturel entre un étang, ici l’étang du Ponant, et la mer). Ce grau est également
fortement aménagé (grau artificialisé). Plus de la moitié de l’espace est bâtie, sous forme de grands
ensembles. Le passage de la carte à la photographie aérienne révèle l’ampleur de l’emprise au sol des
constructions, leur taille variable et l’organisation de la trame urbaine pensée par l’architecte Jean
Balladur et son équipe. Les routes d’accès à la station (la départementale D62, reliée à Montpellier ou
Nîmes, et l’autoroute A9) débouchent sur les différents quartiers de La Grande Motte, composés en
front de mer d’habitats collectifs de grande hauteur, dont la taille diminue progressivement en direction
de l’étang de Mauguio (ensembles pavillonnaires, campings), la D62E1 (avenue du Général Leclerc)
marquant une césure spatiale nette. Un golf et un centre équestre (mentionnés sur la carte) complètent
les équipements de loisirs. En zoomant, apparaissent, dans le centre de la station, un parc de loisirs
avec ses terrains de tennis et sa piscine, un établissement thermal, un casino et un parc des expositions.
Des équipements liés à la présence d’une population résidente de plus en plus nombreuse sont
également visibles (un cimetière, une gendarmerie, une maison de retraite, une station d’épuration et
une déchetterie). La Grande Motte est la seule des stations nouvelles qui a été transformée en une
commune.
Le recours à la consultation d’une carte topographique au 25 000e permettra d’identifier plus
facilement les équipements touristiques et de loisirs (pistes cyclables, villages de vacances, parkings) :
www.geoportail.gouv.fr/carte?c=4.08608,43.560700999999966&z=15&l0=ORTHOIMAGERY.ORT
HOPHOTOS::GEOPORTAIL:OGC:WMTS(1)&l1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS::GEOP
ORTAIL:OGC:WMTS(1)&permalink=yes
4. À l’aide d’une recherche Internet, identifier le label architectural attribué à cette station,
par qui et pourquoi.
La Grande Motte a obtenu le label « Patrimoine du XXe siècle », attribué par le ministère de la Culture
le 19 janvier 2010. Ce label était alors décerné à des réalisations architecturales et urbanistiques
appartenant au patrimoine culturel du XXe siècle et considérées comme remarquables. Il a été remplacé
par le label « Architecture contemporaine remarquable » en 2016.
Compléments
Ce label reconnaît une unité esthétique et architecturale d’un ensemble qui s’étend sur plus de
400 hectares, qui fait la part belle au béton, matériau phare des années d’après-guerre et
particulièrement des Trente Glorieuses, mais aussi à la végétation, en pensant la ville comme une ville-
parc. La Grande Motte, la ville « des pyramides » (photo document 2, immeuble « La Grande
Pyramide »), porte la signature de l’architecte en chef de la station, Jean Balladur (1924-2002), qui a
également réalisé Port-Camargue. Ses sources d’inspiration sont multiples (les pyramides
précolombiennes de Teotihuacan au Mexique, la ville de Brasilia et les courbes de béton de son
architecte Oscar Niemeyer…). Au-delà de l’architecture des bâtiments, Balladur pense, crée et adapte
le maillage et l’orientation des bâtiments au sens des vents, le gabarit des principaux bâtiments pour
chacun des quartiers de la ville, le mobilier urbain.
Très décriée dès sa création, La Grande Motte connaît une certaine réhabilitation, à laquelle le label
contribue, mais aussi la « cartepostallisation » liée à la production d’images et d’imaginaires plus
positifs (décor de tournages pour le cinéma, la série populaire « Un si grand soleil » depuis 2018).
Toutes les autres stations nouvelles, à l’exception de Saint-Cyprien, ont obtenu ce label : Le Cap d’Agde,
Gruissan, Port-Leucate et Port-Barcarès en 2010, Port-Camargue en 2015).
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© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
3. L’avenir du littoral languedocien (p. 24)
5. Comment les stations répondent-elles au défi du vieillissement ? À quels autres défis sont-
elles confrontées ?
Le vieillissement de ces stations demi-centenaires est en effet un défi à relever :
– la petitesse des logements (studios-cabines, deux-pièces avec des cuisines plutôt « symboliques ») ne
répond plus ou répond moins aux attentes des clientèles d’aujourd’hui ;
– les bâtiments, pas toujours suffisamment entretenus pas leurs propriétaires, qui viennent plus ou moins
fréquemment, se dégradent ;
– à plus petite échelle, la concurrence d’autres stations d’espaces touristiques présentant les mêmes
caractéristiques, en France, en Europe ou même plus loin, dans des pays qui profitent de liaisons
aériennes low cost et de tarifs plus avantageux.
Les réponses des stations sont variées : favoriser les achats de logements contigus en vue
d’agrandissement, les projets de réhabilitation et de développement des stations (comme à La Grande
Motte), promouvoir le patrimoine architectural et l’histoire de la station (circuits proposés par les guides
des offices de tourisme) dans un contexte de regain d’intérêt pour le patrimoine de cette période.
Les stations sont aussi confrontées, pour certaines d’entre elles aux défis de la coprésence d’une
population de plus en plus complexe : touristes, multirésidents, étudiants, actifs, retraités (des habitants
temporaires et des habitants permanents). La forte saisonnalité est aussi un défi à relever (occupation
maximale l’été, mais commerces fermés hors-saison).
Enfin, au niveau environnemental, la forte érosion du cordon littoral, la gestion de l’eau, la protection
de l’environnement plus généralement représentent un défi du littoral qui nécessite des réponses
multiples et parfois contradictoires (comme le rechargement sédimentaire de plages, solution coûteuse
et de court terme, quand, dans le même temps, les aménagements littoraux se poursuivent, contribuant
à accélérer l’érosion).
Compléments
La coexistence entre différents modes d’habiter (l’habiter temporaire des touristes) et l’habiter
permanent des résidents à l’année ou les multirésidents, des étudiants, actifs et retraités) est une
évolution intéressante à souligner. Alors que ces stations avaient initialement pour vocation le tourisme
balnéaire estival, certaines ont évolué vers la station-ville, dans une région littorale à forte croissance
démographique, où le prix des logements demeure élevé, surtout dans les aires de croissance
métropolitaine finissant par intégrer certaines stations (La Grande Motte pour Montpellier et, dans une
moindre mesure, Gruissan pour Narbonne, Saint-Cyprien pour Perpignan). Mais ce n’est pas la réalité
partagée par toutes les stations qui connaissent une occupation maximale l’été, et un quasi « désert » le
reste du temps, des activités et emplois principalement saisonniers (boutiques et restaurants fermés une
partie de l’année), ce qui appellent à une réflexion locale sur la diversification de l’offre et la
dessaisonalisation.
L’évocation des impacts environnementaux peut être l’occasion de présenter les missions du
Conservatoire du littoral, qui a désormais la maîtrise foncière de 25 % du linéaire de ce littoral. Plusieurs
couches dédiées à l’artificialisation des sols et aux zonages sous responsabilité du Conservatoire sont
consultables sur le site Géoportail.
6. À l’aide de la vidéo et d’une recherche sur le site www.parcs-naturels-regionaux.fr, définir
ce qu’est un PNR et nommer tous les PNR de ce littoral ou à proximité.
Un parc naturel régional est un territoire habité, reconnu au niveau national, avec une marque nationale
et propriété de l’État. Il a pour vocation de protéger et valoriser ses patrimoines naturels, paysagers et
culturels, mais aussi d’assurer le développement économique et social dans une perspective de
développement durable (c’est-à-dire en conciliant les trois piliers). C’est aussi un espace de concertation
doté d’une charte, qui définit ses priorités en matière d’aménagement, de développement et de
préservation des patrimoines. Cette charte est approuvée par les collectivités territoriales (communes,
intercommunalités, départements et régions concernés, ainsi que l’État) pour 12 ans.
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Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Un PNR est donc un territoire de projets, dans lequel les cinq missions d’un parc sont réalisées :
– l’information, l’accueil, l’éducation ;
– la protection et la gestion des patrimoines ;
– le développement économique et social ;
– l’aménagement du territoire ;
– l’expérimentation.
La carte p. 22 mentionne trois PNR. Seul le Parc de la Narbonnaise en Méditerranée est littoral et situé
sur le périmètre du PUIR (plan d’urbanisme d’intérêt régional, c’est-à-dire le périmètre aménagé par la
mission Racine) du littoral languedocien. Plus éloigné, dans l’arrière-pays, le Parc du Haut-Languedoc
est à une heure de route des stations les plus proches (Gruissan et Le Cap d’Agde). Enfin, le Parc de
Camargue, hors du PUIR, est néanmoins tout proche de deux stations nouvelles (Port-Camargue et
La Grande Motte). Ces PNR constituent des espaces touristiques complémentaires avec le littoral et
contribuent à la fois à la diversification de l’offre touristique et à la diffusion du tourisme autour des
stations et dans l’arrière-pays.
7. Quels sont les arguments du Parc naturel régional du Haut-Languedoc pour attirer
des visiteurs ?
Paysages et produits du terroir sont visuellement mis en valeur (les versants des contreforts méridionaux
du Massif central, leur couvert végétal, ainsi que les réseaux de villages et les produits de terroirs qui
bénéficient de la marque « Valeurs Parc ».
Le texte valorise une identité culturelle régionale à travers l’emploi de la langue occitane
(« Benvenguda ! », par exemple), sans pour autant proposer un texte bilingue. L’argumentaire invite à
découvrir les paysages par la randonnée, la découverte, l’émerveillement d’un parc situé entre deux mers
(« la Méditerranée est proche, et l’océan n’est pas loin »). Il s’agit donc aussi d’attirer une partie des
visiteurs d’un littoral touristique majeur tourné vers le balnéaire, en proposant une offre différenciée, de
nature et de culture jugées plus « authentiques », plus durables.
17
© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
4. Conclusion : tourisme, station balnéaire, marketing (p. 25)
8. « France / Méditerranée » : cette mention sous le nom de la station est-elle suffisante pour
la localiser et la situer ? À votre avis, pourquoi l’auteur ou le commanditaire de cette affiche
a-t-il choisi cette formulation ?
La Grande Motte se trouve bien en France et en Méditerranée, mais tout comme Nice, Menton, Hyères,
Collioure ou Banyuls-sur-Mer. La mention « France / Méditerranée » mobilise deux imaginaires
partagés internationalement : celui relatif à la France, première destination touristique internationale
(selon les statistiques de l’OMT), et celui de la Méditerranée, au cœur du premier bassin touristique
mondial. Cette mention semble préférée à celle de la région administrative (Occitanie) ou géographique
(Languedoc), jugées peut-être moins « vendeuses » (marketing territorial).
9. Quelles potentialités ou quels atouts de la station l’auteur de cette affiche a-t-il choisi
de valoriser ? Par quels choix et procédés artistiques (composition de l’image, époque
d’inspiration…) ?
L’artiste semble avoir choisi de valoriser ce qui fait la singularité de cette station, et non ce que l’on
peut trouver partout ailleurs :
– l’architecture originale et reconnue par un label national (les pyramides), à l’arrière-plan, valorisée par
la luminosité d’un coucher de soleil (ciel rose) ;
– l’écrin verdoyant de la « ville-parc » (forêt de pins plantés lors des premiers aménagements, et qui ont
bien grandi depuis), qui occupe plus d’un tiers de l’affiche. Le chemin en zigzag et les 4 personnages
légèrement vêtus se dirigeant, à pied et à vélo, vers le cœur de la station sont une invitation à s’y rendre,
en saison estivale ;
– le port de plaisance, pourtant centralité de la station, presque absent mais qui se laisse deviner aux
mats de l’arrière-plan ;
– totalement absentes : les plages et la mer, alors que La Grande Motte est avant tout une station balnéaire ;
– la typographie choisie ainsi que le graphisme des personnages et, plus généralement, de l’ensemble,
qui rattachent cette production aux années 1960.
Ressources complémentaires
Station
Benidorm
Statistiques : « 2020 Benidorm en chiffres »
https://benidorm.org/sites/default/files/documentos/benidorm_en_cifras_2020.pdf
Sur le groupe Expedia
www.expediagroup.com/who-we-are/our-story/default.aspx#module-tabs_item--7
Que valent vraiment les avis en ligne ? Une courte conférence sur le sujet par un universitaire spécialiste
www.youtube.com/watch?v=APCQa1T0u5k
Sur les apports du MIT au tourisme comme champ de recherche, et ses approches géographiques
(évoqués dans le corrigé de la question 5 – Benidorm)
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/mit-en-geographie
Rémy Knafou, « L’expérience de l’Équipe MIT (Mobilités, Itinéraires, Tourismes), premier groupe
français de recherche sur le tourisme : une aventure humaine et intellectuelle », Bulletin de
l’association de géographes français, 95-4 | 2018, mis en ligne le 31 décembre 2019, consulté le
5 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/bagf/3905
18
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Sur l’architecture et l’évolution des paysages de Benidorm
Marine Farouault, « L’évolution du paysage de Benidorm : du village de pêcheurs à Beni-York.
Architecture, aménagement de l’espace », 2016.
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01765022/document
Sur la sociabilité touristique à Benidorm
R. Knafou, « Bath, Benidorm et Saint-Tropez : des lieux inégalement partagés. La sociabilité
touristique : entre l’entre-soi et la rencontre des autres », Les Lieux du voyage, Éditions Le Cavalier
Bleu, 2012.
Sur les aménagements touristiques de Benidorm et les tensions autour du parc Terra Mitica au
moment de sa création
https://journals.openedition.org/rives/1893
Sur la mise en tourisme balnéaire de masse des littoraux espagnols, et particulièrement l’exemple de
Cullera, sur la Costa Blanca
Jean Rieucau, « Dualisme urbain et glissement du centre décisionnel, de la cité prétouristique à la
ville touristique, dans l’Espagne méditerranéenne du début du XXIe siècle », Cahiers du Québec,
volume 48, n° 133, avril 2004, p. 47-70.
www.erudit.org/fr/revues/cgq/2004-v48-n133-cgq842/
19
© Nathan Chapitre 1 – De la station littorale à la station-ville
Chapitre 2
De la station de montagne au domaine
skiable interconnecté
20
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Compléments
La CDA est née en 1989 sous l’impulsion de l’État français (Caisse des dépôts et des consignations,
bras financier de l’État) pour soutenir l’activité touristique en montagne dans un contexte
d’essoufflement des effets du plan Neige (1964). Elle vient ainsi en aide aux communes en difficulté
auxquelles elle se substitue (délégation de service public) pour la gestion des domaines skiables qu’elle
acquiert en nombre croissant. Privatisée en 2004, elle s’internationalise en élargissant son aire
géographique vers les pays émergents (Chine, Russie…, s’ouvrant au ski, marché qui sature en Europe)
et en diversifiant son activité, se spécialisant dans les parcs de loisirs (les parcs d’attractions, les sites
ludo-éducatifs et les parcs animaliers). Les cessions ou acquisitions sont fréquentes (perte des 2 Alpes
en 2020, par exemple).
Ce changement de stratégie illustre la recherche de complémentarité à la fois spatiale et saisonnière
entre ces deux branches d’activités. Les 24 millions de visites et les 854 millions d’euros de chiffre
d’affaires (domaines skiables et parcs de loisirs) déclarés par la CDA en 2018-2019 illustrent le poids
de cet acteur et la place prise en une trentaine d’années.
Le lien vers le site de la CDA permettra une actualisation des chiffres, l’accès aux rapports annuels
(chiffrés) et aux impacts de la pandémie du Covid-19 en 2020-2021(fermeture d’une majorité des sites,
les domaines skiables comme les parcs de loisirs) et l’attente du redémarrage de l’activité.
2. Montrer la complémentarité des activités de cet acteur du tourisme. Expliquez son slogan.
L’exploitation des domaines skiables et celle des parcs de loisirs sont deux activités complémentaires.
La première complémentarité est saisonnière. Les remontées mécaniques fonctionnent essentiellement
l’hiver (de décembre à avril) et représentaient plus de 90 % du chiffre d’affaires de la CDA avant sa
diversification. Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 55 % car les parcs de loisirs (45 % du chiffre
d’affaires actuel) sont exploités essentiellement d’avril à septembre. La CDA est donc active toute
l’année.
La deuxième complémentarité est géographique : alors que les domaines skiables sont concentrés dans
les Alpes, les parcs de loisirs le sont dans les espaces sans montagne et proches des grands marchés
métropolitains émetteurs de touristes.
La CDA ne se voit plus seulement comme un opérateur des remontées mécaniques, mais comme un
acteur majeur de la production de loisirs. Le slogan « Le loisir en bonne compagnie » révèle ce
changement de stratégie, se substituant de plus en plus au slogan d’origine « Skiez en bonne
compagnie ».
3. Faire une recherche pour identifier des concurrents de la Compagnie des Alpes, en France et
dans le monde.
Face au n° 1 mondial des domaines skiables, les concurrents de taille sont peu nombreux, le groupe
suédois Skistar étant le seul à opérer sur plus d’un site.
La CDA déclare être le n° 4 européen des parcs de loisirs derrière le groupe Merlin Entertainments
(127 parcs, 67 millions de visiteurs, n° 2 mondial avec Legoland, Sea Life, Madame Tussauds…),
Parques Reunidos (64 parcs, 20 millions de visiteurs, n° 8 mondial), Disneyland – parcs à thèmes
(2 parcs, 15 millions de visiteurs et filiale de la Walt Disney Company, le n° 1 mondial).
21
© Nathan Chapitre 2 – De la station de montagne au domaine skiable interconnecté
Étude de cas (p. 30)
Compléments
Cette question peut donner l’occasion de réfléchir aux atouts des Arcs et de différencier ceux relatifs au
site et ceux relatifs à la situation. Le site de montagnes à haute altitude, relié par la vallée glaciaire de
la Tarentaise (vallée en auge, avec voies routières et ferroviaires), avec un versant orienté au nord
(ubac) propice à une valorisation pour les sports d’hiver, s’observe bien à échelle locale et
microrégionale (documents 1 et 3). Mais la situation est déterminante. Les Arcs appartiennent aux
Alpes, premières montagnes touristiques en nombre et en ancienneté principalement en raison de leur
appartenance à la mégalopole européenne, espace riche, peuplé, bien connecté. Les clientèles sont
nombreuses et très rapidement sur place.
2. Caractériser son accessibilité externe et interne.
Accessibilité externe
Par avion : aéroports les plus proches Genève (carte p. 30), Chambéry,
Lyon.
À partir des foyers
Par la route :
émetteurs français,
– jusqu’à Albertville : très bonne connectivité autoroutière depuis Chambéry
européens ou plus
(doc. 1) par la A430 reliée :
lointains
• à Grenoble (A41) et surtout Lyon (A43) et au-delà (Paris, Europe du Nord),
document 1
• à Annecy et à Genève (A41) ;
principalement
– à partir d’Albertville, par la N90, de plus en plus étroite (deux fois une
(échelle régionale)
voie) en remontant la vallée de la Tarentaise (docs 1 et 3).
Par le train : gare de Bourg-Saint-Maurice (doc. 3)
Accessibilité interne
– Les routes de montagne (très sinueuses) permettent à partir de Bourg-Saint-
Maurice (BSM) d’accéder aux quatre autres sites des Arcs, situés en plus
Modalités de hautes altitudes.
déplacement dans – Un funiculaire permet d’accéder directement à Arc 1600 à partir de la gare
le lieu de BSM.
document 3 – Les remontées mécaniques du domaine skiable relient les sites entre eux.
(échelle locale) – Des chemins de randonnées praticables essentiellement l’été relient certains
sites entre eux (ex. : la GRP – grande randonnée pédestre – de Haute-
Tarentaise).
Compléments
Certaines contraintes liées aux mobilités peuvent être évoquées.
– Contraintes liées au caractère montagneux de ce territoire touristique : si les Alpes sont une montagne
bien connectée au cœur de l’Europe mégalopolitaine (autoroutes reliant les métropoles alpines aux
autres métropoles), les contraintes topographiques et climatiques restent présentes (tunnels,
22
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
déneigement, resserrement des axes en remontant la vallée de la Tarentaise). Les cols et les routes en
lacets caractéristiques de la montagne sont observables grâce au lien vers la carte du Géoportail. Cela
peut donner l’occasion de faire mobiliser les outils « mesures » (des distances métriques ou distances-
temps ou isochrones) du Géoportail, et d’observer plus finement le tracé des routes, les altitudes.
Exemple : la route de Bourg-Saint-Maurice (BSM) à Courmayeur (Italie), ville italienne distance de
24 km à vol d’oiseau, via le col du Petit Saint-Bernard (2 188 m d’altitude):
• importante série de lacets importants après Séez, à proximité de BSM, de Thuile ou encore de Pré-
Saint-Didier) ;
• route à fermeture saisonnière (n’est ouverte que l’été, impraticable de l’automne au printemps),
obligeant l’hiver à un détour conséquent vers l’ouest (Albertville) puis au nord-est (Megève, Saint-
Gervais, Chamonix puis le tunnel du mont Blanc) avec 140 km, soit 2 h 30 environ (recherche rapide
d’itinéraire : www.viamichelin.f ou www.google.fr/maps).
– Contraintes liées à la saisonnalité : la congestion des axes autoroutiers et routiers (bouchons) est
forte en haute saison hivernale, particulièrement lors de chassé-croisé des vacances d’hiver. Exemple :
cumul de 180 km de bouchons le 27 février 2017 à midi, journée classée noire entre Lyon et la vallée
de la Tarentaise. Le site www.bison-fute.gouv.fr/ permet également de consulter des prévisions à dates
et localisations choisies.
Compléments
Paradiski, l’un des nombreux domaines skiables alpins, est l’un des plus vastes. Il a été créé en
décembre 2003 en joignant les domaines de La Plagne et des Arcs/Peisey-Vallandry grâce au
téléphérique Vanoise Express, plus grand au monde lors de sa mise en service, permettant de passer en
moins de quatre minutes d'une vallée à l'autre. La tendance à l’interconnexion des stations et au
rapprochement de leurs domaines skiables est forte depuis le début du XXe siècle, dans un secteur très
concurrentiel.
Le domaine skiable est un espace géré, organisé et équipé pour la pratique du ski, de la glisse sur neige,
de remontées mécaniques reliées entre elles et exploitées par un opérateur privé (par ex., la CDA) ou
public (par ex., en régie municipale). La qualité du domaine skiable et son étendue participent au
rayonnement d’une station. En France, la totalité des domaines skiables ne couvre que 1 % de la surface
des montagnes françaises, mais représente le plus vaste espace de ski au monde.
À consulter : www.domaines-skiables.fr/fr/domaines-skiables-francais/, ainsi que la carte des domaines
skiables https://vimeo.com/30299224 (en vidéo de 2’30’’). Le site de France Montagnes, association de
promotion regroupant les principaux acteurs du tourisme de montagne en France, présente les
domaines skiables « reliés » www.france-montagnes.com/domaines-skiables-relies.
4. Dans quel contexte et par quels acteurs les sites Arc 1600, Arc 1800 et Arc 2000 ont-ils été
créés (documents 2, 4 et introduction) ?
Le contexte de la création de la station des Arcs est similaire à celui des stations balnéaires
languedociennes (chapitre 1) : en réponse à une demande croissante de sports d’hiver qui se
démocratisent, l’État décide, par le plan Neige (1964), d’équiper la montagne pour le ski de masse
(construction de 350 000 lits touristiques essentiellement sous forme de stations intégrées, c’est-à-dire
créées ex nihilo et en haute altitude, dont ces trois sites des Arcs 1600, 1800 et 2000 sont représentatifs).
L’État s’appuie sur plusieurs acteurs publics et privés :
23
© Nathan Chapitre 2 – De la station de montagne au domaine skiable interconnecté
– les municipalités (doc. 4) comme Bourg-Saint-Maurice répondant aux critères d’éligibilité à la
création d’une station. Elles voient tout l’intérêt à dynamiser leur territoire de montagne souvent en
retard de développement par rapport aux autres régions ;
– un promoteur unique (comme Roger Godino, doc. 2), chargé de réaliser toute la station (depuis
l’acquisition des terrains jusqu’à l’animation culturelle et sportive, en passant par construction des
immeubles, leur commercialisation, l’installation des remontées mécaniques et l’aménagement du
domaine skiable). Ce promoteur s’appuie sur une équipe d’acteurs locaux (montagnards, skieurs…) ou
extérieurs (l’architecte Charlotte Perriand).
Compléments
Pour réaliser cette station, Roger Godino a créé le Groupe des Arcs et sa société mère, la Société des
Montagnes de l’Arc (SMA). Ses actionnaires bénéficient d’acquisitions immobilières à prix coûtant car
Roger Godino ne dispose pas de fonds propres suffisants pour cette entreprise. La station ouvre à Noël
1968. La SMA assure la promotion, la gestion et l’exploitation du domaine skiable et des programmes
immobiliers. Jusque dans les années 1980, le groupe est assez modeste et dirigé par R. Godino. Mais la
crise financière, immobilière et de fréquentation des années 1980 oblige ce dernier à passer la main à
un consortium de banques publiques et privées (la Caisse des dépôts et consignations qui possède la
Compagnie des Alpes, le Crédit Lyonnais, le Crédit Agricole notamment). Ces banques recapitalisent
la SMA et privilégient alors le développement financier de la station au détriment de sa dimension
sociale et culturelle, dans un environnement de plus en plus concurrentiel et mondialisé. R. Godino
condamne ensuite cette évolution : « On a désossé la station, on a tué sa gouvernance pour en faire des
morceaux indépendants […]. Le modèle de station intégrée que j’avais créé a été démoli et la station
véritablement désintégrée ».
5. Qui sont les destinataires du document 5 ? Comment comprendre le slogan « Votre île à la
montagne » ?
Cette publicité immobilière émane du promoteur de la station, qui commercialise les logements une fois
ces derniers construits. Elle s’adresse à toute personne désireuse d’investir dans l’immobilier touristique
en acquérant un logement aux Arcs, principalement la classe moyenne française en développement. La
partie supérieure de l’affiche détaille les conditions présentées comme avantageuses : recevoir les loyers
d’un studio clé en main tout en profitant un mois par an du logement acheté à crédit dont on affirme
qu’il prendra de la valeur. Le visuel met en scène le bonheur à la fois d’être propriétaire et d’être à la
montagne entre amis, en soirée, après une journée de ski. Le « studio des privilégiés » nous renseigne
sur les types de logements majoritairement proposés, de taille réduite, le studio (une pièce principale
avec cuisine ouverte et canapé dépliant) ou le studio cabine (la même chose mais avec une petite pièce
aveugle de deux lits superposés), qui incarnent les modèles du logement de vacances pour quatre
personnes, exigus.
Enfin, « Votre île à la montagne » pour qualifier les Arcs renvoie au caractère ex nihilo de la station,
comme une île au milieu d’un océan. La station est au milieu d’un espace vierge (ou presque) de tout
aménagement : la montagne en haute altitude, idée que l’expression « archipel d’altitude » traduit
également très bien.
24
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
• d’un côté, la vue sur la vallée, les parkings au débouché de l’unique route d’accès (ou du funiculaire
pour Arc Pierre Blanche, document 3) permettant ensuite de privilégier les circulations piétonnes
(stations sans voiture, « ski au pied »),
• de l’autre côté, la vue sur les sommets enneigés, les pistes et remontées mécaniques qui relient les
différents espaces du domaine skiable et qui convergent vers les « grenouillères » ;
– quelques aménagements pour des pratiques sportives estivales (golf, doc. 7).
La station intégrée est donc une station créée ex nihilo, procédant d’un aménagement lourd de la haute
montagne (document 4), très fonctionnelle, entièrement pensée et conçue pour le « tout-ski » et pour le
plus grand nombre par un promoteur et son équipe. Elle possède enfin une unité architecturale
revendiquée (document 7).
7. En quoi Arc 1950 se distingue-t-il des trois autres sites (document 8) ?
Cette station est plus tardive (ouverte en 2003) et répond à de nouvelles attentes des clientèles
touristiques internationales : une architecture plus proche du village de montagne (« Arc 1950, le
village »), au bâti moins collectif, avec deux places centrales…), mais aussi une montée en gamme des
équipements (station de ski de luxe), hôteliers (cinq étoiles) et de loisirs (spa de 1 000 m², village igloo
éphémère). Cette station est caractéristique de la quatrième génération de stations ou stations-villages et
de la mondialisation du tourisme (investissements américains, clientèles étrangères).
Compléments
Outre les évolutions climatiques, les trois autres défis auxquelles les stations doivent faire face (Vincent
Vlès, 2017) sont :
– l’augmentation de la concurrente. Elle oblige les stations à une compétition élevée alors que l’offre
est arrivée à maturité et que le produit ski perd de sa compétitivité ;
– la fragmentation des séjours touristiques. Les courts séjours et l’excursionnisme se développent,
provoquant une diminution des recettes des activités de service des stations liées à l’hébergement et à
la restauration ;
– de nouvelles formes de résidentialité se développent. Elles transforment lentement des résidences
touristiques d’hébergement marchand en résidences principales, une fuite en avant immobilière qui à
son tour contribue à l’artificialisation des sols et l’augmentation des mobilités.
Les Arcs font partie de ces hauts lieux qui résistent plutôt bien à l’érosion du marché, tout comme les
stations de proximité des métropoles qui jouent un rôle d’équipement ludique quasi périurbain (aller-
retour dans la journée ou le temps d’un week-end).
25
© Nathan Chapitre 2 – De la station de montagne au domaine skiable interconnecté
9. Quelles réponses à ces évolutions les différents acteurs concernés pourraient-ils apporter ?
Les réponses apportées par les acteurs (ou en réflexion) sont diverses et parfois contradictoires :
– la course à l’extension du domaine skiable (déjà au 2e rang mondial) de la part de la CDA pour
renforcer son attractivité et rentabiliser ses investissements (documents 9 et 10) est une réponse à
l’environnement concurrentiel fort. Mais cela implique le recours à l’enneigement artificiel aux impacts
environnementaux très lourds (document 10) ;
– diversifier l’offre et la désaisonnaliser : un des grands défis de la station est de réussir à créer de
l’animation et de l’activité en dehors de la saison hivernale par :
• la promotion de la saison d’été et ses activités sportives (randonnée, VTT, vol libre, escalade), ses prix
plus bas et les offres promotionnelles (gratuité du funiculaire, par exemple),
• la valorisation du patrimoine architectural et artistique : faire la promotion de l’histoire de la station,
de sa dimension patrimoniale et artistique assez singulière, reconnue par des classements et par
l’attribution du label du ministère de la Culture (Patrimoine architectural du XXe siècle) ou plus
généralement de la montagne,
•le renforcement du haut de gamme pour attirer les clientèles le plus fortunées (documents 8 et 11), mais
sans négliger les offres promotionnelles en direction des clientèles domestiques dont la station a
également besoin, surtout en basse saison (document 6).
Compléments
Les Arcs, comme la plupart des stations de troisième génération, ne souffrent pas du manque
d’enneigement en raison de l’altitude élevée du domaine skiable. Le recours de plus en plus
systématique à la neige artificielle s’explique par la volonté d’allonger la saison de ski. Comme le
précise Vincent Vlès (2017) pour les stations pyrénéennes : « L’accent est toujours mis sur les prouesses
technologiques (remontées mécaniques, restaurants d’altitude, enneigement artificiel, immobilier
locatif neuf), les collectivités continuent d’investir dans un équipement lourd, onéreux pour la
collectivité, peu économe de la ressource énergétique, peu soucieux du cycle local de l’eau ; on produit
de la ‘‘neige de culture’’ sur des pistes qui apparaissent de plus en plus anachroniques. D’ici à la fin
du XXIe siècle, à 1 500 mètres (altitude moyenne de l’ensemble des domaines skiables dans les Pyrénées
ou dans les massifs de l’Europe méditerranéenne, par exemple), la saison enneigée passerait de trois à
deux mois, la hauteur de neige ne serait plus que d’une vingtaine de centimètres. La pertinence des
ouvrages de protection hivernaux, l’effort et le coût d’entretien hivernal du réseau routier seraient
différents ». Il souligne plus généralement que les questions environnementales peinent à être
véritablement prises en compte par les acteurs locaux, dont beaucoup considèrent que « sans le ski, tout
est fini ».
Le document 11 illustre une certaine montée en gamme des stations de ski en général et des Arcs en
particulier. L’ouverture en 2016 de l’hôtel Le Tajima, (groupe « Chalets des neiges »), premier hôtel
cinq étoiles aux Arcs, est présentée non comme la volonté de s’orienter vers le luxe, mais comme une
réponse à la demande d’une partie de la clientèle alors qu’il n’y avait aucun hôtel de cette catégorie ni
aucun restaurant étoilé sur le deuxième domaine skiable du monde (Paradiski) représentant pourtant
100 000 lits touristiques. L’ouverture du Club Med Panarama confirme cette évolution.
26
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
11. À Hauteville, suivre le chemin de randonnée pour rejoindre Les Granges. La pente est-elle
montante ou descendante ? Est-elle un adret (versant de montagne orienté au sud, plus
ensoleillé) ou plutôt un ubac (versant orienté au nord, donc plus froid) ?
La pente est montante (du bas vers le haut). Points coté, courbes de niveaux et ombrage nous
l’indiquent :
– Hauteville est située entre deux points cotés : 819 m à Montrigon (en aval, presque en bordure de la
rivière Isère) et 1 570 m (en amont, tout près d’Arc Pierre Blanche). Le sens général de la pente est donc
ascendant de Hauteville aux Granges ;
– l’écriture « 2 000 » d’une courbe de niveau renforcée (trait plus gras), toujours dans le sens de la pente,
apporte une confirmation sur le sens de la pente). Une observation plus fine grâce aux courbes de niveau
permet de constater qu’à partir d’Arc Pierre Blanche, le chemin de randonnée change d’orientation et
redescend de deux courbes de niveaux, soit 40 m (2 × 20 m) ;
– le versant (de Bourg-Saint-Maurice à la pointe du Fond Blanc) est plus clair que le versant opposé, de
l’autre côté de l’Isère, qui a été ombré car orienté au sud-est.
Il s’agit donc d’un ubac ou versant orienté au nord, plus froid que le versant opposé, réponse aux besoins
d’un maximum d’enneigement des sites et du domaine skiable de la station des Arcs.
Compléments
La prise en main et l’utilisation des outils de mesure du Géoportail par les étudiants sont fortement
recommandées.
Consignes possibles
À cette adresse www.geoportail.gouv.fr/, saisir « Bourg-Saint-Maurice » dans la barre de requête. Une
photographie aérienne apparaît.
Ouvrir l’onglet « cartes » (situé dans la partie supérieure gauche de l’écran), puis sélectionner « Voir
tous les fonds de cartes », puis « cartes IGN classiques » (couche cartographique qui s’adapte
automatiquement aux échelles de consultation).
Dézoomer à l’aide du pictogramme « - » et repérer Arc Pierre Blanche 1600, puis rezoomer au besoin
(pictogramme « + ») pour obtenir un extrait de carte au 1/25 000 identique à celui de la p. 39.
Ouvrir « outils cartographiques » (clé à molette en pictogramme située dans la partie supérieure droite
de l’écran) et sélectionner l’outil « mesures » puis « établir un profil altimétrique ».
Pointer la gare et prolonger le trait qui apparaît jusqu’au sommet « Les Deux Têtes », puis double-
cliquer. Un profil altimétrique apparaît. Il permet de confirmer la dénivellation (ou le dénivelé) entre
la station et le sommet, ainsi que les altitudes concernées.
27
© Nathan Chapitre 2 – De la station de montagne au domaine skiable interconnecté
3. Quelle est l’orientation de la pente entre Arc 1600 et Les Deux Têtes ? Est-ce un adret ou un
ubac ?
Les deux réponses précédentes nous permettent d’affirmer qu’il s’agit d’un ubac. L’absence d’ombrage
vient confirmer cette réponse.
4. Identifier les 3 modes d’accès possibles à la station et énumérer les aménagements de cette
station, en les classant.
L’accès à la station est possible grâce :
– à la route (figuré linéaire orange, puis blanc) ;
– au funiculaire (figuré linéaire noir puis mention de la gare) ;
– au chemin de randonnée (figuré linéaire rose-violet).
L’accessibilité est donc routière, ferroviaire et pédestre.
Les aménagements identifiables sur la carte sont :
– des bâtiments d’habitation (figurés ponctuels noirs) ou d’équipement (figurés ponctuels gris) ;
– une gare (voir précédemment) ;
– des routes (voir précédemment) ;
– des télésièges et téléskis (figurés linéaires noirs et ronds blancs) ;
– plusieurs tennis (figurés ponctuels) ;
– des retenues d’eau (ou retenues collinaires), une source de captation d’eau (figurés ponctuels
circulaires bleus).
5. Compléter la légende puis réaliser un schéma d’interprétation de l’extrait de carte
topographique montrant l’organisation spatiale d’Arc 1600.
Voir infra consigne 11 et encart Production graphique.
6. Réaliser un croquis montrant l’organisation spatiale d’une station intégrée.
28
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Production graphique – Niveau 1 (p. 38)
Compléments
En niveau 2, ce schéma peut être enrichi des éléments suivants (volontairement énoncés ici sans ordre
précis) :
– la grenouillère ;
– l’orientation du versant ;
– la ligne de crête ;
– les chemins de randonnée ;
– les flux touristiques ;
– la mention du domaine skiable ;
– la proximité des autres sites qui forment la station des Arcs ;
– les retenues collinaires (enneigement artificiel) ;
– le label « Patrimoine du XXe siècle » ;
– la mention du massif de la Vanoise ;
– les acteurs à l’origine de cet aménagement ;
– le couvert forestier.
Ces éléments sont à classer et hiérarchiser dans une légende organisée en deux ou trois parties.
29
© Nathan Chapitre 2 – De la station de montagne au domaine skiable interconnecté
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 40)
Le Tyrol, un autre modèle de stations de montagne
Le domaine skiable associe trois stations (carte téléchargeable du domaine skiable) : St. Anton
(1 304 m), St Christoph (1 800 m) et Stuben (1 407 m) :
– une altitude de 1 304 m pour le village de Sankt Anton (carte téléchargeable du domaine skiable). Sur
la carte interactive, ce sont les courbes de niveau le long de la rivière (1 300 m) qui permettent de
répondre à cette question ;
– une altitude du col de l’Arlberg (le col étant le passage naturel d’une vallée à une autre, situé ici au
nord du village de St. Christoph am Arlberg ;
– plusieurs sommets entre 2 600 et 2 900 m d’altitude (ex. : le Valluga à 2 811 m ou le Wildgruben
Spitze à 2 665 m).
30
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Les paysages observables grâce aux photos et vidéos révèlent des paysages montagnards qui varient
fortement selon la saison :
– dans une vallée d’origine glaciaire (où coule une rivière et où se concentrent les principaux axes de
communications), se trouve le village de St. Anton, au bâti plutôt traditionnel (chalets, utilisation du
bois…) et évoquant une origine qui semble ancienne. De nombreux commerces, hôtels, bars sont
visibles dans le centre du village. La circulation est piétonne et routière ;
– autour du village, les Alpes tyroliennes présentent l’hiver des versants enneigés mais dévoilent l’été
des couverts forestiers ou des pâturages ainsi que des sommets sans couvert végétal (roches) en raison
de la forte altitude de ces derniers ;
– des sommets offrent des panoramas spectaculaires sur l’Arlberg et ses environs ;
– la présence d’équipements du domaine skiable témoigne de l’importance du ski : coupes forestières
pour les pistes de ski, téléfériques, téléskis, etc. Les équipements pour les autres pratiques (centre sportif,
chemins de randonnée, de VTT, tennis…) sont également présents. Enfin, des champs témoignent du
maintien d’une activité agricole.
Approfondissements
En lien avec la page suivante et sa photo (document 4), cette question peut permettre :
– d’approfondir la lecture de paysage ;
– de repérer les ruptures paysages et les continuités, les ubacs et adrets… (ex. : identifier l’étagement
de la végétation en montagne – étages collinéen, montagnard, subalpin, alpin et nival –, catégories
non universelles et à réserver aux montagnes tempérées comme les Alpes) ;
– d’identifier les ubacs et adrets.
4. Pourquoi peut-on qualifier St. Anton de « haut lieu du tourisme » ?
Sankt Anton cumule à la fois le prestige de son ancienneté (un des « berceaux » du ski alpin), une
fréquentation importante (12 000 lits pour un village de 2 500 habitants), une offre orientée vers le haut
de gamme (ses hôtels de luxe, son équipement sportif haut de gamme, son après-ski festif…) et une
clientèle internationale. Le petit village tyrolien est devenu une station à rayonnement mondial dans une
région qui a accueilli d’importantes compétitions sportives.
Compléments
Sankt Anton appartient à l’association « Best of the Alpes », formé par 13 destinations alpines
mondialement renommées (hauts-lieux) : Chamonix-Mont-Blanc, Cortina d’Ampezzo, Davos,
Garmisch-Partenkirchen und Grindelwald. Kitzbühel und Lech/Zürs am Arlberg und Megève. St.
Anton am Arlberg, St. Moritz, Seefeld und Crans-Montana. Le logo apparaît sur le site de l’office du
tourisme. Voir exercices de repérage. www.bestofthealps.com.
5. Montrer que St. Anton, village-station, et Les Arcs, station intégrée, procèdent de deux
différentes mises en tourisme.
Alors que Les Arcs est une station récente, station intégrée créée ex nihilo à haute altitude (haute
montagne) par un acteur unique et dédiée à la pratique du ski, Sankt Anton est une station beaucoup
plus ancienne, de moindre altitude et créée à partir d’un village originel et à la mise en tourisme
progressive, pour un tourisme moins saisonnier, à la fois estival et hivernal.
31
© Nathan Chapitre 2 – De la station de montagne au domaine skiable interconnecté
3. Le Tyrol, un modèle ? (p. 42)
6. Expliquer la complémentarité entre habitants permanents, agriculture et tourisme à
l’origine de ce paysage touristique.
La mise en tourisme de Sankt Anton ne s’est pas faite à partir d’acteurs exogènes (externes) mais par et
avec les habitants. Propriétaires de leurs terres, ces agriculteurs ou descendants d’agriculteurs s’en sont
servis pour développer des activités touristiques. Le tourisme a progressivement permis de compléter
les revenus de l’agriculture, en baisse mais qui se sont maintenus grâce au tourisme.
7. Que signifie l’expression « helvétisation paysagère » des stations ? Contribue-t-elle à une
démocratisation du tourisme de montagne ?
Cette expression désigne la tendance à la valorisation du bâti traditionnel des villages montagnards
(comme on en trouve en Suisse mais pas exclusivement) ou à sa reproduction à l’identique par les FTN
du tourisme : chalets en bois, toits en lauze, place du village avec la fontaine, plus appréciés des
clientèles que l’architecture moderne car jugée plus authentiques.
L’helvétisation paysagère est particulièrement forte dans les territoires touristiques de montagne plus
orientés vers des clientèles plus fortunées et contraste notamment avec les stations intégrées, meilleur
marché. Même s’il y a des exceptions, cette tendance à l’helvétisation paysagère ne contribue pas à la
démocratisation du tourisme de montagne. Elle a d’ailleurs inspiré les quatrièmes générations de stations
en France, au positionnement clairement énoncé comme plus haut de gamme (ex. : Arc 1950, « station
de luxe »).
32
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Ressources complémentaires
Généralités : stations de montagne, marché du ski en France dans les Alpes et dans le monde
Montagnes Magiques, 100 ans de tourisme alpin à l’écran (INA et Labex ITTEM Innovations et
transitions territoriales en montagne de l’Université de Grenoble) : propose une sélection d’archives
de l’Ina, du musée dauphinois et de la cinémathèque des Pays de Savoie et de l'Ain sur le développement
du tourisme alpin depuis plus d’un siècle. Des chercheurs en sciences humaines et sociales réunis par
le Labex ITEM contextualisent ces images et décryptent le regard porté par les médias sur les évolutions
de ce territoire. Une ressource très riche, une navigation par carte interactive, par frise chronologique
ou par recherche thématique. https://fresques.ina.fr/montagnes/accueil
Sur les dimensions géohistoriques, architecturales et patrimoniales des quatre générations de stations
de sports d’hiver en France :
Franck Delorme, « Du village-station à la station-village. Un siècle d’urbanisme en montagne », In Situ
[En ligne], 24 | 2014, mis en ligne le 22 juillet 2014 http://journals.openedition.org/insitu/11243 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/insitu.11243
Les informations chiffrées sur le site d’Atout France : http://www.atout-france.fr/content/tourisme-et-
montagnes.
La conférence de Vincent Vlès, 2017, consacrée à « l’adaptation des stations de sports d’hiver au
changement climatique : un système touristique turbulent, des trajectoires imprédictibles » (richement
illustrée, avec des développements sur les stations pyrénéennes).
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01737933/file/Confe%CC%81rence%20Formigal-Aramon-
10-2017.pdf
Les montagnes du monde : site pour localiser sur une carte toutes les chaînes de montagnes
https://www.euratlas.net/geography/world/mountains/
Des infographies actualisées sur le tourisme et la montagne (ex. : les domaines skiables les plus
fréquentés au monde, la pratique du ski par pays…)
https://fr.statista.com/infographie/20405/domaines-skiables-avec-le-plus-de-visiteurs-annuels/
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© Nathan Chapitre 2 – De la station de montagne au domaine skiable interconnecté
Les Arcs
Sur la Compagnie des Alpes :
Daniel Gilbert et Philippe Viguier, « La Compagnie des Alpes : développement, stratégie et
internationalisation d’un acteur majeur du tourisme et des loisirs en France », Géoconfluences,
mars 2018.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/les-nouvelles-
dynamiques-du-tourisme-dans-le-monde/corpus-documentaire/compagnie-des-alpes
Pour découvrir l’urbanisme et l’architecture des Arcs en particulier et des stations de sports d’hiver
en général, un site patrimoine de la région Rhône-Alpes
http://www.parcoursinventaire.rhonealpes.fr/stationski/-La-station-des-Arcs-.html
Interview (6 mn) du directeur de la station des Arcs sur l’adaptation nécessaire de la station aux
contraintes de manque d’enneigement et de baisse structurelle de la pratique du ski (16 décembre 2016).
https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-de-france-bleu-pays-de-savoie/pays-de-savoie/l-invite-de-
france-bleu-pays-de-savoie-52
Le Tyrol
Sur l’offre touristique par l’office du tourisme du Tyrol (carte interactive et informations touristiques)
https://fr.tyrol.com/
34
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Zoom sur les transports et le tourisme :
de l’accessibilité des lieux
à l’expérience touristique
Découverte professionnelle (p. 47)
Pour vous rendre, dans environ trois mois, de votre domicile à votre hôtel de Rio, tout proche
de la plage d’Ipanema, rechercher sur Internet les modes et modalités de transport
disponibles ainsi que les trajets proposés.
Une requête sur un moteur de recherche comme https://vols.bravofly.fr/ (GDS suisse) par exemple pour
un vol Lyon-Rio de Janeiro, en classe économique, prévu le 15 décembre 2021 et effectuée le 7 juillet,
soit plus de 5 mois avant le départ, donne ce résultat :
Aller : Lyon Rio de Janeiro, entre 15 h 30 et 15 h 40 de vol selon les compagnies, 1 escale.
Retour : Rio de Janeiro Lyon, entre 16 h 45 et 17 h 40 de vol selon les compagnies, 1 escale.
Prix aller-retour : entre 634 € et 1 209 € selon les compagnies.
Quatre différentes compagnies aériennes sont identifiables à leur logo. En cliquant sur chaque
proposition, on découvre que chaque vol transite par une escale différente. TAP, compagnie portugaise
fait passer ses passagers par Lisbonne, son aéroport-pivot ou hub majeur. Iberia, compagnie espagnole
par Madrid. Quant à KLM, compagnie néerlandaise, il s’agit d’Amsterdam, et enfin Paris pour la
compagnie française Air France. Cette caractéristique témoigne d’une organisation du système aérien
en « hub and spoke » (voir page 50), rationnelle et performante, ayant contribué à démocratiser ce type
de transport. Les prix quant à eux sont variables en fonction des compagnies et surtout des périodes de
réservation (yiel management, pratique commerciale qui consiste à faire varier les prix en fonction du
comportement de la demande des consommateurs, utilisée depuis plusieurs années, notamment par les
professionnels du tourisme et des transports).
Une fois muni d’un billet d’avion, reste pour le voyageur à envisager de se rendre de son domicile à
l’aéroport de Lyon, puis de l’aéroport de Rio à l’hôtel d’Ipanema. À Rio, l’Aéroport Galeão se trouve
sur l’Ilha (l’île) do Governador à 15 km environ du centre de Rio (l’aéroport historique de Santos
Dumont, plus proche est réservé à quelques vols domestiques). Pour ce transfert, il est possible de
prendre le bus 118 (1 h à 2 h selon la circulation, 16 R$), la navette de l’aéroport (reliant les terminaux
1 et 2 aux hôtels d’Ipanema, 25 R$), un taxi (82 à 100 R$ ou davantage pour les radio-taxi) ou de réserver
un véhicule privé (100 R$ ou plus) ou enfin un taxi Uber via une application. Dans tous les cas, il faut
prévoir entre 1 h et 2 h en fonction de la circulation.
Sélectionner les trois meilleures propositions en justifiant vos choix.
D’une manière générale, les critères de prix et de temps, cumulés, sont déterminants dans les choix
effectués par les voyageurs. Cependant, en fonction du profil de chaque voyageur, un critère peut
l’emporter sur l’autre.
Identifier les modes de transports relatifs, d’une part, à l’accessibilité externe et d’autre part,
à l’accessibilité interne
Accessibilité externe (se rendre dans la destination) : l’avion, le navire.
Accessibilité interne : (se déplacer sur place) : la voiture, le taxi, le bus.
À petite échelle, quel mode de transport semble incontournable ? Pourquoi ? Quelles sont
les alternatives possibles ? Avec quels freins pour une majorité de voyageurs ?
L’avion s’est imposé comme mode de transport incontournable sur les longues distances en raison de sa
rapidité. Il a contribué à une accélération de la mise en tourisme du monde. Les alternatives possibles à
l’avion ne sont pas nombreuses : l’accessibilité par voie maritime est l’autre moyen (cargo ou croisières),
35
© Nathan Zoom sur les transports et le tourisme : de l’accessibilité des lieux à l’expérience touristique
mais beaucoup plus long et souvent plus onéreux que l’avion, ce qui est un double frein pour une
majorité de voyageurs. Pour une traversée dans les cabines voyageurs d’un porte-conteneur (de la
compagnie française CMA-CGM par exemple), il faut compter plus de 20 jours (vitesse de 15 nœuds
soit moins de 30 km/h) et un budget d’environ 70 à 130 € par journée à bord (soit 1 400 à 2 600 euros).
Quant à la croisière, son coût et sa durée varient en fonction du nombre d’escales et du standing du
navire, mais il s’agit davantage d’une pratique et d’une destination (le bateau) que d’un moyen de
transport.
Compléments :
Alfred Picard, Les chemins de fer français : étude historique sur la constitution et le régime du réseau,
Tome 1, 1884 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k392171/f74.item
Article sur la gare de Nice : www.provence7.com/portails/vie-pratique/gare-de-nice-ville-a-visiter/
Article sur la gare de Monte Carlo : www.garesetconnexions.sncf/fr/gare/frxmm/monaco-monte-
carlo/histoire-de-la-gare
Article sur la gare de Menton : www.nicematin.com/vie-locale/en-1869-la-gare-de-menton-souvrait-
pour-la-premiere-fois-au-public-438856
− les temps de transport depuis Paris avant et après l’ouverture de lignes ferroviaires :
– Les temps de transport avant l’ouverture des lignes de chemins de fer : plusieurs jours.
– Les temps de transport après l’ouverture des lignes de chemins de fer : plusieurs heures.
− le lien entre l’accessibilité accrue de ces stations et leur développement touristique (clientèle,
touristification des lieux) :
L’essor touristique des grandes stations touristiques Dieppe, Biarritz, Nice, Menton, Monte-Carlo a lieu
vers 1860 et attire une clientèle aisée (familles royales, aristocrates). L’accessibilité de ces stations,
facilitées par l’arrivée du chemin de fer a permis cette expansion touristique.
Compléments :
Article sur le temps des voyages à cheval : https://clic-cheval.com/le-temps-du-voyage-a-cheval/
Christophe Studeny, La révolution des transports et l’accélération de la France (1770-1870), In : De
l'histoire des transports à l'histoire de la mobilité ? Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2009,
pp. 117-133 : https://books.openedition.org/pur/102180
Carte des chemins de fer au XIXe siècle : www.ledauphine.com/france-monde/2017/07/02/la-carte-des-
chemins-de-fer-au-xixe-siecle-il-ne-fallait-pas-etre-presse
Paul Cuturello, Cosmopolitisme et identité locale. Touristes hivernants et société locale sur la Côte
d'Azur au début du XXe siècle, Cahiers de l’URMIS, 8 décembre 2002 :
https://journals.openedition.org/urmis/20
Article sur l’essor du tourisme dans les Alpes Maritimes au XIXe siècle :
www.departement06.fr/le-xixe-siecle-de-1860-a-1914/l-essor-du-tourisme-1863.html
Article : Nice, la ville neuve née du tourisme, ou l’invention de la Riviera
https://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/6179/
36
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
Pour aller plus loin
Anne Bretagnolle, Alain Franc, Routes de poste et petites villes au tournant des XVIIIe et XIXe siècles
en France : analyses de graphe et modélisations Routes et petites villes de l’antiquité à l’époque
moderne, Mars 2014, Clermont-Ferrand, France.
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01423800/document
À l’aide du document 2, définir les imaginaires liés à la Nationale 7.
La photographie montre une file ininterrompue de voitures quittant Paris sur la route des vacances.
Avant la construction des autoroutes, qui débute véritablement en France en 1962, la Nationale 7, avec
ses deux ou trois voies, a concentré une grande part de l’imaginaire lié aux vacances. Celles-ci signifient
d’abord un déplacement long qui a marqué la massification du tourisme individuel de plusieurs manières
et fait naître des imaginaires qui sont la raison d’être du musée de la N7 (cf. vidéo 2) :
– celui du tourisme automobile. C’est particulièrement vrai par la nature des objets exposés qui font la
part belle aux véhicules, révélant ainsi une démocratisation de l’automobile avec ses atouts (la liberté
de circulation, l’absence de contraintes horaires, l’entre-soi familial de l’habitacle automobile) et ses
contraintes (les nombreux embouteillages, la faible vitesse du déplacement, l’autonomie limitée des
véhicules). La vidéo montre aussi la route comme espace de vie avec ses restaurants routiers et ses
stations-service, route ponctuée de bornes kilométriques devenues aujourd’hui objets de collection ;
– celui d’un itinéraire devenu iconique. Chantée par Charles Trenet comme trait d’union entre Paris et
la Côte d’Azur, « qui fait de Paris un faubourg de Saint-Paul-de-Vence », la Nationale 7, dont le musée
figure une étape, est à la fois un itinéraire qui met en jeu les connaissances géographiques de l’époque
apprises à l’école (les fleuves, les villes, les reliefs que l’on repère – le Morvan, les monts du Lyonnais,
les vallées de la Loire et du Rhône, Lyon, Valence, Aix…) et une invitation dans le Sud (sa lumière, sa
végétation). Au rythme lent de l’automobile de l’époque, chaque étape est une découverte et un voyage
en soi, car il faut faire reposer les moteurs et remplir souvent les réservoirs. On observe alors la lente
métamorphose des territoires jusqu’à la découverte de la « Grande Bleue ».
En quoi la photographie du document 2 est-elle symbolique du tourisme durant les Trente
Glorieuses ?
La photographie remet en contexte le tourisme dans la modification radicale du tourisme français durant
cette période. Si le premier plan montre la démocratisation du transport automobile, il présente aussi
une France en chantier qui s’adapte au très fort rattrapage industriel de l’après-guerre et à une
urbanisation massive, elle-même nourrie par l’exode rural. Les immeubles collectifs de l’arrière-plan
montrent que la construction des banlieues urbaines est en marche et avec elle, la nécessité des tourismes
et des loisirs dans la mesure où ces quartiers « dortoirs » ont été conçus de manière très utopique pour
être connectés aux transports automobiles dans l’optique de week-end hors de chez soi et des vacances
dans des espaces dédiés (stations balnéaires et de montagne). Le tourisme se trouve ainsi intégré à la
fois dans la manière dont on conçoit l’habitat urbain et dans des modes de vie plus mobiles qui
préfigurent les sociétés de la mobilité.
Rechercher les temps de vol entre Paris et l’île Maurice. Montrer en quoi l’île Maurice peut
être en concurrence avec d’autres destinations européennes.
Le temps de vol entre Paris et l’île Maurice est de 11 h 15 (source : Air France) pour une distance de
9 432 kilomètres et un prix débutant à 769 euros.
Par comparaison, un trajet en voiture entre Paris et Prague comporte un temps de trajet variant entre 10
et 11 heures pour un coût de 331 euros. Un trajet Paris-Séville dure 17 heures pour un coût de 585 euros
(source : viamichelin.fr). Le désenclavement des îles tropicales du fait du transport aérien a ainsi rebattu
les cartes des destinations. Une carte par anamorphose montrerait que Maurice, qui n’est accessible que
par avion, serait située sur une carte d’Europe au niveau de Madrid, destination pour laquelle le transport
automobile demeure important.
Naturellement, si le transport aérien intérieur européen tend à remplacer les longs cheminements
automobiles pour les distances au-delà de 1 000 kilomètres, la comparaison permet de comprendre deux
choses. La première, du fait de la baisse des coûts de transport, est la mise en concurrence des territoires
lorsque le temps de transport n’excède pas la journée. Le différentiel de prix, par exemple entre un billet
d’avion pour Prague et un autre pour l’île Maurice, jouera essentiellement sur les temps de séjour ; le
37
© Nathan Zoom sur les transports et le tourisme : de l’accessibilité des lieux à l’expérience touristique
city-break pour les vols moyen et court-courriers, les séjours plus étendus pour les vols long-courriers.
Il s’agit alors de « rentabiliser » le billet d’avion, de même que le prix au kilomètre lorsque le trajet se
fait en voiture. La seconde chose que nous apprend la comparaison est la modification du rapport au
voyage induite par les modes de transport. La pratique de l’autoroute qui transforme les territoires
traversés en longs tunnels d’où émergent, pour mémoire, quelques indications patrimoniales ou
l’expérience de l’avion, dans lequel le touriste voyage tout hublot fermé devant un écran de télévision,
tendent à substituer les attraits d’une destination, transformés en prestation touristique, à la distance en
elle-même qui ne fait plus partie de l’expérience touristique.
38
Thème I – Naissance et recompositions des territoires © Nathan
3. Voyager plus lentement : une transformation contemporaine
(p. 52)
En quoi un voyage dans l’Orient-Express revêt-il des dimensions patrimoniales ? À quels
imaginaires est-il associé ?
Un voyage en Orient-Express revêt des dimensions patrimoniales, c’est en effet un train de légende qui,
à travers l’Europe, a marqué son temps depuis son premier voyage inaugural en 1883 au moment où le
chemin de fer est en plein essor. Ce train relie Paris à Constantinople à l’époque où le réseau ferroviaire
en Europe n’est pas encore achevé. Il est donc marqué par de nombreuses étapes. Ce train de luxe rapide
pour l’époque est doté de wagons-lits confortables. Les passagers n’ont pas à obtenir d’autorisations à
chaque frontière. Un employé de la Compagnie internationale des wagons-lits conduit les passagers à
leurs cabines, subvient à leurs besoins lors du voyage et récupère leurs passeports pour les montrer aux
douanes des différents pays traversés. Un poste emblématique de la qualité du service rendu aux
voyageurs, qui a fait le succès de l'Orient-Express depuis ses débuts.
Aujourd’hui, le train est devenu objet touristique. Remis en circulation depuis une dizaine d’années, le
voyage en Orient-Express ramène les touristes cent ans en arrière et leur permet de vivre une
« expérience » dans un décor d’antan. Certains wagons sont même inscrits aux monuments historiques.
Les paysages qui se découvrent lentement deviennent aussi objets du voyage. D’après Guillaume Picon,
« Le rapport au voyage n'est pas le même. Notre époque est dominée par les flux et la vitesse, et l'Orient-
Express ne sera pas aussi rapide que ce à quoi nous sommes habitués. Cela pourrait amener les
voyageurs à découvrir des paysages qu'on ne peut observer lorsqu'on les traverse en TGV. […] Le
projet de la SNCF est de proposer à une clientèle aisée un retour au voyage d'antan, dont on sublimerait
l'image en disant aux voyageurs d'enfin prendre le temps de voyager ».
L’Orient-Express nourrit les arts et les imaginaires. Le « train bleu » a inspiré reporters, écrivains,
cinéastes… L’intrigue la plus célèbre liée à ce train est Le Crime de l'Orient-Express d'Agatha Christie.
Romans, photos et films alimentent ainsi encore aujourd’hui les imaginaires : aventure, luxe et intrigue
sont souvent associés à ce train devenu mythique.
Rechercher d’autres exemples de routes patrimonialisées en Europe.
Depuis maintenant plusieurs dizaines d’années, on observe un phénomène de patrimonialisation de
certaines routes dans le monde. Cette patrimonialisation est à la fois liée à la structure des routes (relief
et ouvrage d’art, par exemple les routes du Vercors) aux lieux et sites pittoresques qu’elles traversent
(par exemple, la route de l’Atlantique en Norvège) ou encore aux mythes qu’elles véhiculent (comme
la Route 66 aux États-Unis ou la Nationale 7 en France).
Pourquoi le tourisme itinérant marque-t-il un changement dans le rapport au voyage ? Que
recherchent les touristes qui pratiquent ce type de tourisme ?
Le tourisme itinérant consiste à se déplacer en allant d’un village à l’autre, d’une vallée à l’autre en
empruntant des itinéraires balisés, en bénéficiant à chaque étape d’un hébergement, d’un accueil et des
services adaptés.
L’itinérance douce est recherchée par des publics en quête de lâcher prise. Les touristes recherchent des
pratiques authentiques, loin du stress et de l’agitation du quotidien. L’idée n’est pas de multiplier les
expériences, mais de les vivre plus intensément. Ralentir le rythme pour s’ouvrir aux autres et aussi être
proche de la nature.
Compléments
Émission Pourquoi l'Orient-Express inspire-t-il toujours les artistes ?
www.franceculture.fr/emissions/affaire-en-cours/affaires-en-cours-du-lundi-26-avril-2021
Eva Gravayat et Arthur Mettetal, Orient-Express & Co. Archives photographiques d'un train mythique,
Textuel, 2020.
Guillaume Picon, Orient-Express : De l'histoire à la légende, Albin Michel.
Pierre-Louis Ballot, La patrimonialisation de la route, un outil de connexion réseau-territoire : l’exemple
des manifestations communales consacrées à la route nationale 7, Géotransports n°10, 2017.
http://geotransports.fr/Revue/n010/5-pp-61-76-La-patrimonialisation-de-la-route-RN7-P-L-Ballot.pdf
39
© Nathan Zoom sur les transports et le tourisme : de l’accessibilité des lieux à l’expérience touristique
Chapitre 3
Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
− Identifier et situer des destinations ou territoires sur des cartes à plusieurs échelles
− Analyser et expliquer les potentialités touristiques d’un territoire
− Lire et comprendre un territoire touristique
Compétences − Définir et caractériser un territoire touristique
− Analyser les impacts socio-économiques et culturels de la mise en tourisme d’un
territoire
− Cartographier et schématiser les territoires touristiques
Remarque :
Il est possible de mettre en lien avec ce chapitre :
− Le monde méditerranéen – chapitres 1 et 12
− Les vallées touristiques et patrimoniales – chapitre 4
− Les métropoles – chapitres 6 et 11
40
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
couples et les rencontres fortuites (ou les malentendus amoureux) complètent l’image idyllique d’une
ville romantique où l’art de vivre permet de multiplier les rencontres amoureuses.
Les deux documents se complètent pour incarner l’art de vivre à la romaine, la dolce vita.
2. Caractériser « l’art de vivre à la romaine » à l’aide de l’affiche et de la bande-annonce.
L’« art de vivre à la romaine » est popularisé dans les années 1960 dans un film de Federico Fellini, La
Dolce Vita, littéralement « la vie douce ». Les deux documents de la question 1, pourtant postérieures
d’un demi-siècle, véhiculent les mêmes imaginaires :
– un cadre et un environnement méditerranéens, chauds et ensoleillés, les patrimoines antiques (avec la
présence de ruines perçues comme romantiques), de la Renaissance (XIVe et XVe siècles) et du baroque
(XVIIe siècle), la couleur presque uniforme des bâtiments, le jaune ocre (et souvent le rouge) passé,
vieilli… donnent l’idée du temps long et de la beauté d’une ville historique. Le patrimoine n’est pas
« mort », il est lieu de vie sans cesse réinvesti ;
– des lieux de vie et des pratiques sociales comme le café sur les places, les marchés, les bruits, la
circulation dans les ruelles étroites, les terrasses, les restaurants, la gastronomie… où priment la
rencontre, le rire, le temps long du repas, la sociabilité en famille ou entre amis ;
– le romantisme et les rencontres amoureuses sont aussi au cœur de la dolce vita. Les femmes, forcément
féminines et magnifiques, séduisent et déstabilisent les hommes et les couples. La ville devient le lieu
de rencontres presque initiatiques : la passion l’emporte sur la raison.
La dolce vita est à la fois une atmosphère et une expérience nourries d’imaginaires et de représentations
éculées. C’est pourtant un formidable atout touristique que d’autres villes essaient de cultiver, comme
Paris (pour le romantisme et l’art de vivre à la française) ou Rio de Janeiro (et le Carioca).
Complément
Cette entrée de chapitre permet aussi :
– de proposer une première approche de la relation entre cinéma et tourisme. Le cinéma (comme les
séries) permet de construire, dans le temps long, des imaginaires et des représentations qui nourrissent
les pratiques et les fréquentations touristiques. Il participe à l’image et à l’identité perçue et rêvée d’un
lieu ;
– d’exercer un regard critique sur la réalité romaine, notamment sur la saleté, les circulations, les
quartiers en dehors du centre historique… et sur la saturation de l’hypercentre par les flux touristiques ;
– de proposer une recherche personnelle sur d’autres films du même réalisateur centrés sur de grandes
villes : New York, Paris, Barcelone… Autant de métropoles qui peuplent les imaginaires des cinéastes.
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© Nathan Chapitre 3 – Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
Étude de cas (p. 62)
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Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
– enfin, mettre en avant certains pays ou groupes de pays dont les chiffres sont remarquables et
expliquer les causes d’une fréquentation basse et/ou élevée.
Dans le cas de Rome, la fréquentation est d’environ 4,5 millions de touristes internationaux. L’Europe,
le tourisme de proximité, représente un peu moins de la moitié des arrivées. Les pays proches et riches
d’Europe de l’Ouest constituent le gros des effectifs (France, Allemagne, Royaume-Uni).
L’Amérique du Nord constitue le second bassin d’origine des clientèles. C’est surtout les citoyens des
États-Unis qui forment le plus gros contingent et la première clientèle avec quasiment 1,3 million
d’arrivées (dont quasiment 30 % des arrivées à Rome).
L’Asie arrive en troisième position avec des statistiques assez remarquables pour les clientèles
japonaises ou sud-coréennes, alors que les Chinois sont relativement peu nombreux.
La plus grande difficulté est d'expliciter la place de chacun des pays. En effet, c’est la culture générale
qui permet de définir les raisons d’une fréquentation forte comme faible. Dans le cas de Rome, plusieurs
critères rentrent en compte. Prenons deux exemples :
– la religion, puisque Rome est la capitale religieuse, du moins le Vatican, pour les catholiques. Elle
explique en partie le nombre élevé d’Américains, quatrième pays du catholicisme en nombre de fidèles.
À l’inverse, les Polonais, Mexicains et Brésiliens devraient être plus nombreux face au poids du
catholicisme dans ces trois sociétés. La Corée du Sud illustre la difficulté à expliciter les statistiques. En
effet, avec 38 % de protestants et 13 % de catholiques, c’est un pays majoritairement chrétien pour qui
Rome a un statut particulier ;
– la proximité géographique et culturelle. La place des Français, des Espagnols, mais aussi des
Américains (en lien avec l’émigration italienne aux XIXe et XXe siècles) peut s’expliquer par la
proximité culturelle, historique et géographique entre pays latins avec de fortes communautés italiennes.
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© Nathan Chapitre 3 – Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
d’Italie, ou l’avenue du forum romain, percée durant la période fasciste, complètent la patrimonialisation
du centre-ville.
Rome, trois fois capitale à trois échelles (nationale, méditerranéenne et mondiale), construite par trois
pouvoirs (les princes romains, les papes et l’État italien), est une ville palimpseste. En effet, chaque
époque détruit, reconstruit, réinvestit un patrimoine ancien en le réhabilitant, le requalifiant. La ville
s’est reconstruite sur elle-même. Le centre historique associe toutes les époques ; héritages et profondeur
historique sont visibles.
5. En quoi le paysage du document 5 est-il emblématique des patrimoines romains ? Quelles
aménités propose-t-il ?
Comme pour toute étude de paysage, il faut définir les éléments paysagers :
– à l'arrière-plan, les collines où la ville s’étale ;
– au second plan, la ville qui semble partout historique. La couleur et la morphologie urbaine (la forme
de la ville) sont uniformes. Aucune industrie, aucun gratte-ciel ou construction moderne ne perturbe la
vue. Rome apparaît comme figée en dehors de la modernité ;
– au premier plan, le paysage présente le mélange des différentes strates patrimoniales reconstruites les
unes sur les autres. Forums romains et impériaux renvoient à l’Antiquité, que les papes de la Renaissance
et du Baroque ont investi, comme en témoigne la présence de deux basiliques. Le XXe siècle, à des fins
politiques et aujourd’hui touristiques, a mis en scène le quartier : la végétation sur les hauteurs, la
valorisation des monuments emblématiques (arcs de triomphe et Colisée), l’avenue sont autant de
marques contemporaines, comme le chantier de la nouvelle ligne de métro visible sur l’image.
Le paysage propose tous les patrimoines romains, mais surtout la patrimonialisation par chacun des
acteurs qui s’inscrivent dans la continuité du plus grand empire d’Occident : les papes, l’État durant la
période fasciste et aujourd’hui les touristes sont tous des acteurs de la recomposition permanente du
centre historique de la ville.
Une aménité, c’est ce qui plaît à l’homme. Ce paysage incarne la ville historique devenue touristique.
La luminosité, la végétation sur les collines (permettant un point de vue), la mise en scène des empreintes
de la romanité (ruines, arc de triomphe, Colisée), la catholicité (au travers des basiliques de différentes
époques et styles – Renaissance, baroque et classique) sont autant de marques de l’histoire romaine,
italienne, européenne et occidentale. La longue file de touristes ininterrompue depuis le Colisée et tout
au long de l’avenue traduit l’attractivité du lieu, parc à thème historique de plus en plus orienté vers
l’historainment (le divertissement autour d’une histoire mythifiée).
6. Pourquoi est-il le témoignage d’une patrimonialisation et d’une muséification ?
La patrimonialisation, c’est la production, la fabrication d’un patrimoine par différents acteurs. Ce
paysage montre la mise en valeur, la théâtralisation de différents héritages, ici majoritairement de
l’Antiquité romaine par les pouvoirs (acteurs) qui lui ont succédé. Aujourd’hui, le tourisme et les
touristes sont coproducteurs de ce patrimoine.
Ce centre historique romain est aujourd’hui muséifié. Comme témoignage de l’Antiquité romaine, des
pouvoirs et de la puissance de la romanité (mais aussi des papes qui, depuis longtemps ont investi cet
espace), le quartier est totalement protégé, classé au patrimoine mondial de l’humanité. Il est figé comme
un musée à ciel ouvert que le tourisme anime.
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Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
III. Analyser et expliquer les potentialités touristiques d’un
territoire
7. En utilisant la méthode du diagnostic territorial, classer dans un tableau les potentialités
touristiques de Rome pour le site, la situation et le patrimoine.
Le site La situation Le patrimoine
Complément
Rome se positionne parmi les premières métropoles touristiques européennes derrière Paris et Londres
avec plus de 15 millions de touristes internationaux. Longtemps uniquement orientée sur la dimension
patrimoniale et religieuse, la ville cherche, dans le cadre d’une concurrence régionale et mondiale forte,
à adopter les attributs, les pratiques et les lieux de la mondialité métropolitaine.
45
© Nathan Chapitre 3 – Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
IV. Schématiser les dynamiques d’un territoire touristique
8. En vous aidant des documents 6 à 10, relever les différentes stratégies des acteurs romains
pour renforcer l’offre touristique de la ville.
Les acteurs du tourisme à Rome (État italien, municipalité, entreprises, État du Vatican…) veulent
renforcer la dimension métropolitaine de la capitale italienne :
– protéger et renforcer la muséification de l’hypercentre (document 7) par la piétonnisation, la
sauvegarde et les requalifications des espaces publics les plus fréquentés comme les places ;
– mettre en tourisme les quartiers péricentraux (autour de l’hypercentre), notamment Flaminio au nord
et Ostiense-Marconi au sud (document 7) ;
– renforcer les mobilités (et l’accessibilité interne) de la ville par la création de transports en commun
(par exemple, le métro).
Ainsi, la mise en tourisme se poursuit spatialement pour répondre à de nouvelles pratiques offertes par
les autres grandes métropoles touristiques (documents 7, 8, 9 et 10) :
– les musées d’art contemporain qui permettent de renouveler, recomposer en partie les quartiers au
nord et au sud de l’hypercentre ;
– le tourisme d’affaires autour du quartier d’EUR et des centres de congrès et d’exposition (les MICE –
Meeting Incentive Congress and Exhibition) ;
– le shopping essentiellement orienté vers le luxe (avec la boutique du groupe LVMH) et la gastronomie
(avec Eataly).
L’objectif des acteurs est de construire de nouvelles centralités touristiques dans le prolongement de
l’hypercentre muséifié :
– le Vatican conserve sa fonction pour le pèlerinage renforcé lors des grands événements religieux
comme le jubilé (qui agit comme le tourisme d’affaires en multipliant les consommations touristiques
induites pour l’hôtellerie, la restauration, le shopping, les transports…) ;
– au nord, le quartier de Flaminio s’oriente vers le tourisme culturel (musée d’art contemporain,
auditorium) tout en étant connecté par la ligne de métro B ;
– au sud, le quartier d’Ostiense-Marconi, ancien espace industriel en friches, est requalifié par le
tourisme « underground » sur le modèle des métropoles d’Europe du Nord : une ancienne usine est
requalifiée en centre culturel, une partie d’un musée est délocalisée, un théâtre ouvre dans une ancienne
usine chimique… Le quartier est lui aussi accessible en métro par la ligne A.
C’est donc un vaste programme mené dans le cadre d’un GPU (grand projet urbain) qui recompose et
renouvelle l’hypercentre et les quartiers péricentraux en déplaçant le front touristique. Les impacts de la
mise en tourisme se diffusent aussi : gentrification, embourgeoisement, exclusion des populations plus
pauvres ou précaires, saturation par le tourisme…
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Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
9. Schématiser, sous la forme d’une carte mentale, la « ville-mémoire » à l’aide des
documents 7 à 10, en utilisant les catégories suivantes : acteurs, pratiques, lieux
touristiques.
Front touristique vers les quartiers péricentraux, GPU (Grand Projet Urbain)
Complément
Un petit dossier sur les villes-musées facile à lire et abordable (notamment p. 72 et 79 sur le cas
particulier de Rome) : https://issuu.com/mickael.cuillerat/docs/avenir_ville_musee_cuillerat_mickael
Le n° 60 du magazine Questions Internationales sur les villes mondiales : deux pages sur la notion de
ville-mémoire (p. 86 et 87) : https://excerpts.numilog.com/books/3303331600602.pdf
Un article scientifique plus difficile sur la recomposition du quartier d’Ostiense-Marconi et
Géoconfluences sur les notions : https://journals.openedition.org/bagf/2287?lang=de
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© Nathan Chapitre 3 – Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
Production graphique – Niveau 1 (p. 70)
48
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
Titre : Les nouvelles pratiques touristiques dans le centre de Rome
Plan – légende :
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© Nathan Chapitre 3 – Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 72)
Compléments
Pour obtenir les données du tourisme à l’échelle mondiale, un site s'avère particulièrement intéressant :
https://donnees.banquemondiale.org/
Les autres pays comme le Yémen, l’Irak, la Syrie ne sont pas mentionnés dans le tableau ci-dessus. Le
Moyen-Orient se caractérise avant tout comme une région en guerre et instable géopolitiquement. Les
données touristiques sont fortement impactées par les événements géopolitiques et les conflits (voir la
fiche de complément sur l’Égypte).
50
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
2. Rechercher dans l’actualité des informations qui expliquent l’image négative du pays et de
la monarchie.
L’Arabie saoudite, pays récent, est née en 1932 de la conquête de la péninsule arabique par une famille,
les Saoud, associée à une branche de l’islam sunnite rigoriste (traditionaliste), les Wahhabites. Le
royaume est organisé autour d’une lecture traditionnelle et radicale de la loi coranique : images,
musiques, danses ou alcools sont prohibés. Malgré quelques assouplissements, par exemple pour les
femmes et le droit de passer le permis de conduire, le pays reste peu ouvert au tourisme contemporain
et au libéralisme à l’occidental.
L’actualité récente depuis le début des années 2010 alterne entre des conflits (par exemple, avec le Qatar
voisin, et surtout avec la guerre au Yémen) et scandales politiques (l’assassinat d’un journaliste à
Istanbul en 2018, les répressions contre toutes les formes d’opposition…). L’arrivée au pouvoir du
prince Mohammed Ben Salmane en 2017 n’a pas changé la nature autoritaire et religieuse du pays.
Les imaginaires, notamment en Europe et dans le monde occidental, sont particulièrement négatifs vis-
à-vis du pouvoir saoudien.
3. Comment évolue la fréquentation touristique d’Arabie saoudite ? Comment expliquer la
forte en 2010 ?
La fréquentation touristique du pays est en apparence stable entre 2008 et 2018, autour de 15 millions
de touristes internationaux. L’activité touristique repose en partie sur le tourisme d’affaires, et surtout
sur le tourisme de pèlerinage à La Mecque et à Médine pour les 1,6 milliard de musulmans dans le
monde.
En 2010, les arrivées touristiques baissent en raison des répercussions de la crise économique de 2008.
Le tourisme est particulièrement sensible aux aléas de la conjoncture économique.
51
© Nathan Chapitre 3 – Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
5. En quoi pratiques et patrimoines religieux favorisent-ils le tourisme ?
Le pèlerinage à La Mecque est double : il associe le Hadj extrêmement codifié et l’Omra, le petit
pèlerinage qui semble plus propice aux consommations touristiques. En effet, un pèlerinage est un acte
pieu, religieux sur quelques jours. Durant l’Omra, une famille ou un groupe de pèlerins associent
plusieurs pratiques durant son séjour :
– voir et découvrir les lieux saints, ici la Kaaba et la Grandes Mosquée, mais aussi les gratte-ciel par
exemple le sommet de la plus haute tour ;
– le shopping dans les différents malls et centres commerciaux présents dans la ville et ses environs.
Le séjour suppose aussi des transports (au moins depuis Jeddah, aéroport et train rapide puis taxis par
exemple), des hébergements (hôtels ou condominiums – appartements dans des résidences sécurisées et
fermées) et de la restauration. C’est donc une économie touristique qui se développe autour de la pratique
religieuse pendant le Hadj, mais aujourd'hui durant toute l’année.
6. Quels sont les risques associés au pèlerinage de La Mecque ?
Les risques à La Mecque sont multiples. Ils correspondent à la fois aux conditions géopolitiques, mais
aussi à l’organisation du lieu. Les risques sont d’abord géopolitiques : en 1979, des sunnites intégristes,
entre 200 et 600 djihadistes, occupent la Grande Mosquée et prennent en otage les pèlerins qui s’y
trouvent. Wahhabites, majoritairement saoudiens ou égyptiens, ils s’opposent à la trop grande ouverture
sur l’Occident de la famille régnante des Saoud. La seconde grande catégorie de risques concerne la
masse des fidèles durant le Hadj. Environ 2,5 millions de croyants se pressent et s’agglutinent dans un
espace réduit et codifié. Les conséquences d’une bousculade sont terribles, comme en 2015 (avec
environ 2 000 morts).
Pour les autorités saoudiennes et pour l’ensemble des fidèles musulmans, La Mecque est un lieu à très
fort enjeu symbolique, culturel et politique.
7. Relevez les différents monuments iconiques/géosymboles de La Mecque.
Deux monuments se dégagent à La Mecque : la Kaaba et la Grande Mosquée, patrimoines religieux
emblématiques de l’islam pour tous les fidèles dans le monde, mais aujourd’hui le complexe de l’Abraj
Al Bait Towers est un autre monument iconique en lien avec la religion, mais aussi avec la réussite
économique de l’Arabie saoudite ainsi que la puissance de la famille de Saoud. L’un des monuments
iconiques est religieux, l’autre est politique.
Archéologie Al-Ula
Patrimoine historique et culturel
Religieux La Mecque, Médine
52
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
9. Construire un schéma simplifié de la mise en tourisme d’Al-Ula.
La mise en tourisme d’Al-Ula répond aux objectifs économiques et politiques de l’Arabie saoudite :
Acteurs
– L’État saoudien (MBS)
– L’UNESCO (pour légitimer le patrimoine)
– Les acteurs du tourisme français (État et entreprises)
AL-ULA
(dans le Hedjaz, 350 kilomètres de Médine et de la frontière
israélienne / jordanienne)
Pratiques Aménagements
– Voir et découvrir (le désert) – Parc naturel
– Voir et découvrir (patrimoine – Parc archéologique
archéologique)
– Se reposer – Resorts, hôtels de luxe
10. Quel est le rôle dévolu au patrimoine et à la patrimonialisation dans les projets de mise en
tourisme de l’Arabie saoudite ?
Le patrimoine et la patrimonialisation (c’est-à-dire la « fabrication » de patrimoines) sont considérés par
les autorités saoudiennes comme la clé du développement touristique. En suivant l’exemple jordanien,
le pays, en s’appuyant sur La Mecque, Médine, mais aussi Jeddah, Ul-Ula, les patrimoines naturels du
Hedjaz et du Rub-Al Khali…, peut développer une offre touristique pour des clientèles régionales,
musulmanes et même occidentales. C’est un des moyens de la diversification économique et de l’après-
pétrole.
53
© Nathan Chapitre 3 – Du patrimoine urbain à la ville-mémoire
Chapitre 4
Des patrimoines à la vallée touristique
Remarques :
• Le chapitre s’inscrit également dans deux thématiques du référentiel : celle intitulée « Acteurs et
mise en tourisme » ainsi que celle intitulée « Tourisme et patrimoine ».
• Deux études de cas ouvrent le chapitre : le Val de Loire en France, vallée culturelle (berceau des arts
et de l’architecture de la Renaissance) très touristique, et la Wachau en Autriche, vallée culturelle
(développement de courants artistiques et architecturaux baroques, en particulier) irriguée par le
Danube à la fréquentation plus modeste. Ces deux régions ont été inscrites la même année au
patrimoine mondial de l’UNESCO (2000) au titre des paysages culturels. Elles témoignent toutes deux
de leur évolution historique dans un cadre préservé.
• Il s’agit, pour l’étudiant, de montrer comment ces vallées, par leur patrimonialisation, sont
devenues des régions très touristiques qui cherchent à renforcer leur attractivité par des stratégies de
valorisation et de développement autour de leur patrimoine remarquable.
• Les documents de nature variée (cartes, tableau statistique, textes, photographies) permettent à
l’étudiant de conduire I‘analyse du territoire en mobilisant toutes les compétences attendues du
référentiel (prélever et exploiter les informations, les confronter pour répondre au sujet et aux
consignes, afin de mener un raisonnement géographique).
54
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
Découverte professionnelle (p. 79)
Agence réceptive et œnotourisme : le Val de Loire, connu pour la richesse de sa culture et de son
histoire, est, dans les imaginaires touristiques, relié aux châteaux. Depuis une dizaine d’années, les
acteurs du tourisme local tentent de diversifier l’offre et de faire vivre des expériences hors des
sentiers battus. C’est le cas de cette agence réceptive située à Saumur. L’agence Loire Évasion
propose une découverte au fil de l’eau afin de faire découvrir de manière douce et ludique la richesse
du patrimoine ligéen.
1. Quels patrimoines sont mis en avant dans la vidéo ?
Les patrimoines mis en avant dans la vidéo sont riches et variés. Ils sont tout d’abord naturels : flore
(forêts alluviales, prairies et pelouses sur sable qui bordent le fleuve) et faune (oiseaux dont certains
sont migrateurs, insectes, poissons et mammifères des eaux stagnantes). Ces milieux forment une
mosaïque de paysages et un écrin avec le fleuve comme fil conducteur.
Et culturels : matériels avec le patrimoine historique du Val de Loire et ses châteaux hérités de la
Renaissance (XVIe siècle) notamment (exemple :Saumur) ou immatériels (vins, gastronomie).
2. Définir la forme de tourisme présentée dans cette offre : www.loireevasion.com/post/les-
jeudis-vignerons. Que recherchent les touristes qui participent à cette excursion ?
La forme de tourisme présentée dans son offre correspond à l’œnotourisme, et plus particulièrement à
la découverte des paysages viticoles et des dégustations de vins du terroir en compagnie d’un
viticulteur au fil de l’eau. L’authenticité est renforcée par l’utilisation d’une ancienne embarcation : le
chaland utilisé autrefois sur la Loire pour le commerce entre Nantes et Paris. Les touristes qui
participent à ce type d’excursion veulent en savoir plus sur le savoir-faire œnologique. Ils recherchent
également convivialité et échanges avec la population locale tout en profitant de jolis paysages dans un
mode de transport lent et reposant.
3. Montrer que le fleuve a changé de fonction.
La Loire avait, jusqu’au début du XXe siècle, un usage exclusivement économique et utilitaire autour
de la navigation et du transport de marchandises. Les aménagements portuaires et les bateaux changent
de fonction en devenant des objets touristiques et de loisirs. L’intérêt porté à la dimension
patrimoniale des objets liés à la navigation crée une offre touristique originale.
55
© Nathan Chapitre 4 – Des patrimoines à la vallée touristique
Étude de cas (p. 80)
Le Val de Loire
I. Définir et caractériser un territoire touristique
1. À l’aide des documents 1 et 2, localiser et situer le Val de Loire puis montrer que ce
territoire peut être une destination importante du tourisme français et international.
Le Val de Loire se situe à cheval sur la région Centre-Val de Loire et Pays de la Loire au centre-ouest
de la France. Ce territoire désigne à la fois les espaces riverains du fleuve (la Loire) et aussi celui de
ses affluents (le Cher, l’Indre, le Loiret, le Coisnon…). Il est dominé par les métropoles régionales
d’Angers, de Tours et d’Orléans et par quelques centres urbains plus modestes : Blois, Amboise,
Saumur. Le tourisme dans la vallée est facilité par une bonne accessibilité : maillage autoroutier (A10,
A71…) et routier, desserte TGV et aérienne (aéroport d’Angers et de Tours notamment), proximité
avec Paris, et par une renommée internationale renforcée depuis 2000 par son inscription au
patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Val de Loire s’inscrit comme une vallée culturelle de notoriété
mondiale. Profitant de sa proximité avec de grands pôles touristiques et notamment Paris, le Val de
Loire s’est ainsi imposé comme une destination touristique internationale de tout premier plan.
2. Décrire et caractériser sa fréquentation touristique à l’aide du document 2.
À lui seul, le Centre-Val de Loire a accueilli plus de 5 millions de touristes ayant passé une nuitée en
2019, auxquels s’ajoutent de nombreux excursionnistes. La clientèle est exclusivement européenne.
Les Américains sont les premiers touristes extra-bassin à venir (11 %). La fréquentation de la vallée
s’internationalise. La proximité avec Paris renforce la possibilité de courts séjours, voire
l’excursionnisme. Français et étrangers viennent essentiellement pour du tourisme culturel (les
châteaux de la Loire et les parcs et jardins associés servent de moteur au tourisme régional), les
musées captent un tiers de la clientèle, mais les sites de loisirs, notamment le zoo de Beauval, attirent
également (2,6 millions de visiteurs), en particulier les Français (deux fois plus nombreux que les
étrangers). Les données statistiques montrent l’émergence des espaces naturels et des pratiques
associées (randonnées à pied et à vélo, observation de la nature, dégustation des vins et visites de
caves…), surtout chez les étrangers.
56
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
4. Expliquer le paysage. Pourquoi est-il hérité de l’histoire ?
Le patrimoine est hérité des siècles passés (document 4), d’abord construit pour la navigation et autour
de l’agriculture (valeur fonctionnelle) puis par les hommes de la Renaissance et du Siècle des lumières
(valeur résidentielle) pour les rois de France. Dans le premier tiers du XVIe siècle, on voit s'édifier
Chambord, Chenonceau ou encore l'aile François Ier du château de Blois…
En choisissant la Touraine comme lieu de résidence favori, les rois de France, depuis Charles VII,
suscitent directement ou indirectement un programme de construction de châteaux dans le Val de
Loire qui s'inspire en partie de l'art italien à la mode à la cour de France depuis les guerres d'Italie à la
fin du XVe siècle.
Les châteaux n'ont plus grand-chose à voir avec les forteresses médiévales édifiées au siècle
précédent. Ce sont des châteaux de plaisance, ouverts largement sur des terrasses et des jardins. Les
artistes peintres et écrivains vont vite être inspirés par ces paysages et leurs jeux de lumière. Ainsi, le
paysage s’est transformé au gré de ses fonctions. La valeur paysagère du fleuve est récente et donne
lieu à une mise en tourisme.
57
© Nathan Chapitre 4 – Des patrimoines à la vallée touristique
7. Quels sont les avantages d’une inscription à l’UNESCO ? Qu’est-ce que la valeur universelle
exceptionnelle d’un site ?
C’est avant tout un facteur d’attractivité pour le territoire (les lieux inscrits sont attractifs et visibles
commercialement) qui permet une reconnaissance et une ouverture touristique sur un réseau à l’échelle
mondiale et plus seulement nationale ou régionale. Il est gage de qualité du lieu ou du site et renforce
l’image de marque. La valeur universelle exceptionnelle est une valeur patrimoniale remarquable et
représentative d’une culture ou d’un élément de la nature reconnu dans le monde entier et devant être
transmis aux générations futures. Dire qu’un site a une valeur universelle exceptionnelle signifie donc
que sa disparition serait une perte irremplaçable pour l’humanité.
Complément
« La valeur universelle exceptionnelle signifie une importance culturelle et/ou naturelle tellement
exceptionnelle qu’elle transcende les frontières nationales et qu’elle présente le même caractère
inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité. À ce titre, la
protection permanente de ce patrimoine est de la plus haute importance pour la communauté
internationale tout entière. Le Comité définit les critères pour l’inscription des biens sur la Liste du
patrimoine mondial » (définition extraite de la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO,
whc.16/01 du 26 octobre 2016).
8. Montrer que les stratégies de développement des différents acteurs oscillent entre
conservation et innovation.
Le premier objectif du classement UNESCO est de préserver et transmettre le patrimoine aux
générations futures. Par des mesures de protection (création de parcs, de réserves naturelles, de
classements divers), les acteurs publics agissent également pour limiter les impacts négatifs de
l’homme sur la nature. Les différentes politiques misent sur une répartition du tourisme moins inégale
(l’axe central concentre la mise en tourisme) en cherchant à diversifier l’offre et en s’ouvrant sur les
marges rurales. La diversification cherche aussi à sortir du schéma des visites classiques des châteaux
et musées : innovations technologiques (Histopad, événementiel, festival, expo en plein air comme
autour d’un thème, par exemple Léonard de Vinci au clos Lucé, Tintin à Cheverny…) et ludiques
(mongolfière, troglodisme). « La vallée touristique devient parc à thèmes » (voir document 5 p. 48-
49), elle se « disneylandise ».
Les acteurs s’associent pour faire cause commune (document 5 p. 48) et faire rester plus longtemps sur
place les touristes.
58
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
IV. Caractériser les différentes formes et pratiques de tourisme
et de loisirs et leurs évolutions
9. Quelle forme de tourisme domine ? Justifier et illustrer votre réponse.
Ici, c’est le tourisme culturel qui domine (voir top 3, document 2 p. 46) : 90 % des visiteurs viennent
pour les monuments et châteaux, la moitié visitent parcs et jardins et plus d’un tiers les musées. Le
château de Chambord est un des plus célèbres et fréquentés.Construit au cœur du plus grand parc
forestier clos d’Europe, il s'agit du plus vaste des châteaux de la Loire.
10. À l’aide des documents 6 et 7, montrer les stratégies mises en place par les acteurs
(objectifs, moyens, synergie).
Pour renforcer davantage l’attractivité de ce territoire déjà très touristique, ils essaient de diversifier
leur offre touristique sans pour autant sacrifier au tout tourisme. Le slow tourisme est leur fer de lance
pour répondre à une demande actuelle. Ils sont à l’origine de la valorisation des espaces ruraux et de la
nature (forêts, paysages, fleuves) avec des exemples emblématiques : la création de la véloroute qui est
reliée à l’Europe ou les croisières fluviales et les pratiques sportives « in » (paddle, canoë, ULM) ou
plus traditionnelles (pêche, randonnées). Enfin, ils créent des événements (festivals, expos, spectacles)
pour accueillir ponctuellement voire hors saison les touristes.
Cela demande également des investissements (52 millions investis pour aménager et signaler le
parcours la Loire à vélo).
Ils encouragent les mobilités douces (voir zoom transport) et la découverte des terroirs et des cultures
locales (document 9 p. 51).
59
© Nathan Chapitre 4 – Des patrimoines à la vallée touristique
Production graphique – Niveau 1 (p. 88)
Titre 1 :Un territoire touristique de renommée Titre 2 :Une mise en tourisme ancienn et très
internationle et accessible culturelle qui tend à se diversifier
2. Attribuer un langage cartographique : choisir, dans la liste proposée, le figuré qui paraît le
mieux approprié à chaque libellé.
60
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
3. Réaliser un croquis géographique de la mise en tourisme du Val de Loire entre Sully-sur-
Loire et Chalonnes-sur-Loire. Le croquis doit rester lisible et comporter un titre.
LÉGENDE
1. Titre : Un territoire touristique de renommée 2. Titre : Une mise en tourisme ancienne et très
internationale et accessible culturelle qui tend à se diversifier
Périmètre inscrit à l’UNESCO (2000) : une Limite des paysages Val de Loire (liés au
mondialisation du tourisme fleuve, à la pierre, à la vigne, aux jardins)
61
© Nathan Chapitre 4 – Des patrimoines à la vallée touristique
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 90)
62
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
3. La Wachau, une vallée touristique (p. 92)
4. Caractériser la mise en tourisme de cette partie de la vallée du Danube en citant les
différentes formes et pratiques touristiques possibles.
À cet endroit, la vallée du Danube permet une mise en tourisme autour d’activités variées :
– du tourisme culturel avec la découverte du patrimoine historique : châteaux gothiques, abbayes (dont
la majestueuse abbaye de Melk), villages médiévaux dominés par des églises au style varié. Mais aussi
découverte du patrimoine immatériel : des produits du terroir, des savoir-faire et de la gastronomie
locale (document 4 p. 56). L’œnotourisme est en plein essor. Les domaines ouvrent leurs caves aux
touristes. Les acteurs locaux participent activement à cette mise en valeur (hébergeurs, restaurateurs,
agriculteurs…). De nombreux acteurs s’appuient sur les mythes de cette terre de légendes pour animer
leur site (exemple : Richard Cœur de Lion à Durnstein) ou encore sur le folklore (danses, récits…)
pour révéler aux touristes son identité. La région conserve de nombreux témoignages demeurés intacts
de son évolution naturelle et continue depuis l’époque préhistorique, tant dans le domaine de
l’architecture (monastères, châteaux, ruines), de la conception urbaine (villes et villages) que de
l’usage agricole des terres (principalement pour la culture de la vigne et des abricots) ;
– du tourisme de nature avec la découverte des paysages en partie transformés par l’homme : les
coteaux, la forêt, le fleuve et ses abords. La vallée se découvre à pied, à vélo, sur l’eau… On parle de
slow tourisme ;
– des aménagements touristiques ont été réalisés par des acteurs publics et privés pour permettre des
pratiques touristiques variées : des pistes cyclables jalonnent le Danube et permettent le cyclotourisme
(intégrées à la véloroute européenne), des embarcadères ont été aménagés pour les croisières, une
ligne ferroviaire touristique et historique circule à partir de Krems, des sentiers pour la randonnée et
des belvédères permettent d’admirer les paysages, l’œnotourisme et le tourisme gastronomique se
développent
La Wachau reste avant tout une destination confidentielle axée sur la croisière et les séjours nature
pour des Viennois et des Européens en quête de calme et d’authenticité. L'une des meilleures façons
de découvrir le paysage de la Wachau est de suivre la route du Danube qui serpente à travers la
campagne.
63
© Nathan Chapitre 4 – Des patrimoines à la vallée touristique
producteurs de vins et de fruits de renommée mondiale, de nature préservée, de tourisme authentique,
d'architecture étonnante et, surtout, de locaux accueillants » (extrait du site).
Cette route est censée contribuer à la sauvegarde du patrimoine naturel et architectural.
7. Après avoir étudié le Val de Loire et la Wachau, donner une définition de « paysage
culturel ». Quel rôle le fleuve joue-t-il dans la construction de ces paysages culturels ?
Un paysage culturel est le fruit de l’œuvre conjuguée de l’homme et la nature, il illustre l’évolution de
la société humaine et son établissement au cours du temps sous l’influence des contraintes physiques,
environnementales, naturelles, sociales, culturelles, externes ou internes au site. La Wachau est un
paysage culturel qui témoigne d’une relation harmonieuse entre l’eau, la nature et les zones
environnantes, les terrasses plantées de vignes, les forêts et les habitats humains, des éléments liés
entre eux par le libre flot du Danube.
Compléments
Benoît Pin, « De la conception d'un fleuve patrimonial à sa mise en tourisme : Du Val de Loire au fleuve
Niger », S.l., University Tours, 2010.
Des routes du patrimoine pour découvrir l'Europe hors des sentiers battus :
www.geo.fr/voyage/des-routes-du-patrimoine-pour-decouvrir-leurope-hors-des-sentiers-battus-
192979
Philippe Coupy et Nicolas Pinson, « La Loire à Vélo : une success story à la française ! », Annales
des Mines – Réalités industrielles, vol. août 2015, n° 3, 2015, pp. 34-37.
Site officiel de l'office de tourisme de la Wachau :
www.donau.com/en/wachau-nibelungengau-kremstal/vernissage-ausstellung-
verrueckt/0791bf47cef4fecdc8e30007a1432d66/
Découvrir la Wachau en bateau ou à vélo :
https://region-aura.latribune.fr/territoire/tourisme/2014-08-11/decouvrir-la-wachau-en-bateau-ou-a-
velo.html
64
Thème II – Imaginaires et productions d’espaces .................................................................................. © Nathan
Chapitre 5
Tourisme, nature et parcs
Remarques :
• Le chapitre s’inscrit également dans deux thématiques du référentiel : « Acteurs et mise en tourisme »
et « Tourisme et durabilité ».
• Deux études de cas ouvrent le chapitre : La Réunion, département d'outre-mer français, et
Yellowstone, premier parc national. Ces deux études de cas reposent sur la problématique de comment
concilier mise en tourisme et protection. Les enjeux sont tout à la fois environnementaux (réussir à
protéger un territoire face aux flux touristiques), politiques (volonté de classement par l’UNESCO pour
conserver la protection du patrimoine et gérer les conflits d’usage), spatiaux (répartir les flux de
touristes) et économiques.
• Il s’agit, pour l’étudiant, de montrer comment concilier valorisation touristique et préservation des
richesses naturelles et culturelles du parc naturel national.
• Les documents de natures variées (cartes, tableau statistique, textes, photographies) permettent à
l’étudiant de conduire I‘analyse du territoire en mobilisant toutes les compétences attendues du
référentiel (prélever et exploiter les informations, les confronter pour répondre au sujet et aux
consignes, afin de mener un raisonnement géographique).
65
© Nathan Chapitre 5 – Tourisme, nature et parcs
Découverte professionnelle (p. 105)
1. À l’aide de l’article, de la vidéo et de l’affiche, expliquer ce qu’est la Diagonale des Fous.
La Diagonale des Fous ou Grand Raid est un trail de très grande difficulté qui consiste à traverser l'île
de la Réunion du sud au nord. Il se déroule fin octobre, à la bonne saison. Long de 160 kilomètres, il est
particulièrement difficile en raison des dénivellations très importantes : près de 9 640 mètres de dénivelé
positif. Il passe par le piton de la Fournaise et les cirques naturels. Le temps limite pour finir le parcours
est de 66 heures. C'est un défi pour les concurrents, qui doivent aller au bout d'eux-mêmes.
Très populaire, le Grand Raid attire chaque année des concurrents venus du monde entier, et notamment
de la métropole. Sa notoriété est internationale. Il est aussi très médiatisé.
2. Montrer que le Grand Raid est une vitrine pour La Réunion.
Pendant trois jours, la course est filmée, photographiée et diffusée dans le monde entier. Cela permet –
un peu comme le Tour de France en métropole – de montrer les paysages de « l'île intense », et
notamment les sites naturels classés à l'UNESCO, en diffusant des vues aériennes offrant des images
spectaculaires et ainsi de donner envie aux téléspectateurs de venir visiter l'île. De plus, la course
véhicule des valeurs de solidarité et de partage et valorise l'image de l'île.
3. L’Île de La Réunion Tourisme est partenaire historique de l’événement. Quel rôle joue-t-il ?
Quel est celui du département ?
L'Île de la Réunion Tourisme (IRT), c'est-à-dire le comité du tourisme réunionnais, sponsorise
l'événement (goodies) et organise sa médiatisation en fournissant des supports et des outils de
communication : images, films, vues aériennes, soutien du canal Grand Raid.
Le département entretient les sentiers de randonnée et soutien la manifestation.
De concert, les acteurs publics et privés œuvrent pour la réussite de l'événement qui permet des
retombées économiques et touristiques exceptionnelles pour l'île.
4. Quelles sont les retombées du Grand Raid pour le secteur du tourisme local ?
C’est une aubaine pour les sites naturels classés à l'UNESCO, et plus largement pour le pays. Les
retombées économiques sont immédiates (dépenses en hébergement, en restauration…) par les
participants et les suiveurs (3 500 € en moyenne par pax). Tous les acteurs du tourisme en profitent. Le
taux d'occupation des hébergements est à son maximum.
Les retombées touristiques sont très importantes. Les images diffusées valorisent l'île et attirent les
touristes du monde entier en dehors de l'événement.
66
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Étude de cas (p. 106)
67
© Nathan Chapitre 5 – Tourisme, nature et parcs
• et une zone périphérique (« aire d'adhésion ») qui entoure le cœur du parc et qui résulte de la libre
adhésion à la charte par les communes situées à l’intérieur. La charte du parc indique les grandes
orientations de protection et de mise en valeur notamment touristique du territoire. Sa durée est de
15 ans. C’est principalement dans l’aire d’adhésion qu’interviennent d’autres acteurs : le conseil
départemental et les communes de la zone d’adhésion. La zone périphérique est un espace à vocation
touristique.
Les acteurs du parc (conseil d’administration, scientifiques, ONF…) veulent une mise en valeur
touristique raisonnée (gestion des flux, mise en tourisme du parc respectueuse des espaces naturels).
L’écotourisme et les activités de pleine nature prévalent. Un des buts du parc est d’éduquer les citoyens
à un rapport durable dans un milieu fragile.
La réglementation du parc est spécifique au cœur. Elle ne concerne pas l'aire d'adhésion, c’est-à-dire la
périphérie.
Relief : deux volcans (piton des Neiges, piton de la Fournaise (actif)), pitons (Maïdo),
cirques (Cilaos, Mafate, Salazie), plaine des Sables (paysage lunaire), relief escarpé
Hydrographie : cascades (Trou de Fer, Langevin, Voile de la Mariée)
Aménités bio- Faune et flore tropicales (endémisme fort) :
géographiques – oiseaux (paille-en-queue, pétrel, cardinal…), caméléons, forêt sèche, Bélouve (forêt
primaire composée d’espèces indigènes où aucune trace d’activité humaine n’est
vraiment visible), tamarins ;
– panoramas spectaculaires (documents 4 et 5, pp. 109-110)
Labellisations et
UNESCO, « Esprit parc national », PNN
classements
68
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
IV. Analyser la mise en tourisme du territoire
5. En dehors des acteurs du parc national, qui sont les acteurs (publics et privés) qui assurent
la mise en tourisme ? Justifier.
En dehors des acteurs du parc national, il y a les acteurs privés, en premier lieu les touristes en quête de
loisirs, d’aventures et de sports nature et bien sûr les populations locales (hébergeurs, restaurateurs,
guides, animateurs nature, associations locales, métiers d’art et artisans…).
Et les acteurs publics : les collectivités territoriales (communes du parc, conseil départemental) et leurs
élus, la mission UNESCO, l’agence de la biodiversité.
L’ensemble des acteurs travaillent en réseau (partenariat) : aménagements du territoire (sentiers,
signalétique, aires de repos…), protection (réglementations…), communication (réseaux sociaux,
presse).
6. Quelles activités de tourisme et de loisirs peuvent être pratiquées dans le parc ?
Découvertes de la nature et de ses panoramas en hélicoptère, parapente ou du haut d’un belvédère,
découvertes géologiques (éruptions volcaniques, cratères, cirques, coulées de lave) des écosystèmes
(guides nationaux).
Dans le parc, peuvent être pratiqués de multiples sports : trail, VTT, randonnées pédestres/équestres, vol
à voile, canyoning, spéléologie… Mais aussi des découvertes culturelles : vie chez l’habitant, découverte
du patrimoine vernaculaire historique et religieux, de jardins, de musées ou d’églises, participation à des
événements, découverte de savoir-faire… Entre nature et montagnes.
69
© Nathan Chapitre 5 – Tourisme, nature et parcs
Impacts positifs Impacts négatifs
Conflits d’intérêts : les actions menées
par les acteurs visant en priorité l’un ou
l’autre de ces buts (protection, activités
économiques, mise en tourisme,
Maintien et entretien des traditions et du agriculture, pharmacopée…) produisent
petit patrimoine des tensions (ex. : campagne de presse
Socio-culturels Échanges et rencontres multiculturelles : lors de la création du parc) (document
élargissement des horizons des autochtones 10)
et des visiteurs Choc des cultures
Mauvaise prise en compte de la vie des
habitants/réglementation
Trop d’interdictions (amendes)
Zones sanctuarisées
Sauvegarde de la biodiversité
Prise de conscience par les populations Écosystème fragilisé ? Piétinement,
locales des richesses patrimoniales pollutions diverses liés au passage des
Environnementaux
Sensibilisation des visiteurs aux problèmes visiteurs
environnementaux
Mise en place de labels et de classements :
conservation, propreté, authenticité
8. Montrer comment et pourquoi les acteurs concernés favorisent une mise en tourisme
durable du parc.
Sur l’île de La Réunion, le tourisme tient compte des impacts économiques, sociaux et
environnementaux pour garantir un développement durable permettant de répondre aux besoins des
générations futures en réduisant les impacts environnementaux via des réglementations strictes et des
protections étatiques (parc naturel, réserves et autres labels), voire internationales (UNESCO), mais
aussi en favorisant des pratiques douces tournées vers la nature. Certains sites ne se découvrent qu’à
pied (Mafate). Les milieux naturels certes attractifs restent modérément fréquentés et les actions de
prévention et d’éducation envers les visiteurs sont nombreuses.
La fréquentation touristique du parc crée des revenus, des emplois et permet le maintien des populations
au sein du parc. À l’heure où cette petite île aux lourdes contraintes spatiales voit sa population
augmenter, le tourisme semble être une voie au développement durable de l’île.
9. Montrer les limites de ce modèle de mise en parc.
Les modalités d’application des réglementations créent des contraintes voire un coût pour les locaux.
Les locaux se sentent spoliés, dépossédés (activités traditionnelles empêchées, identité menacée).
Bureaucratie lourde/incompréhension avec Paris qui semble ne pas les avoir assez impliqués dans la
création du parc.
Le parc cherche à mieux communiquer et à mieux intégrer les populations locales dans les prises de
décision.
70
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Production graphique – Niveau 2 (p. 114)
Patrimoine culturel
Village créole
Flux domestiques et internationaux
Lieux fréquentés : activités de
2. La valorisation de ce grande nature
patrimoine par le Sentier de randonnée
tourisme Refuge
Belvédère
71
© Nathan Chapitre 5 – Tourisme, nature et parcs
2. Compléter le schéma
72
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 116)
73
© Nathan Chapitre 5 – Tourisme, nature et parcs
5. En quoi cette création diffère-t-elle de la création des parcs français comme celui de La
Réunion ?
Les parcs français sont de création plus tardive, un siècle plus tard (1963, parc national de la Vanoise,
premier parc français). La sanctuarisation est plus forte que celle des parcs états-uniens car les parcs
français répondent à la volonté de protéger des usages humains (dont le tourisme) ces patrimoines alors
que dans le cas des parcs états-uniens, leur mise en tourisme et leur protection sont étroitement liées et
à l’origine de la mise en parc.
Un exemple de circuit :
TUI, circuit de 19 jours, valable de mai à septembre sur une distance totale de 7 350 km. Le parc de
Yellowstone est visité à la fin de la neuvième journée et au début de la dixième journée dans un circuit
qui compte pas moins d’une quinzaine d’autres parcs, nombreux dans l’Ouest américain (Grand Teton,
Bryce Canyon…). La visite du parc de Yellowstone est inévitablement de courte durée, et forcément
limitée aux principaux sites avec un passage rapide des visiteurs de l’un à l’autre. Ce facteur renforce
ainsi la pression touristique de certains lieux (question précédente).
Jour 1 : Paris – Los Angeles
Jour 2 : Los Angeles – Laughlin (450 km/4 h 50)
Jour 3 : Laughlin – Route 66 – Grand Canyon – Flagstaff (480 km/5 h 15)
Jour 4 : Flagstaff – Lake Powell – Monument Valley – Blanding (530 km/ 5 h 50)
74
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Jour 5 : Blanding – Arches – Dead Horse Point – Grand Junction (425 km/6 h 30)
Jour 6 : Grand Junction – Geortown – Denver – Cheyenne (560 km/6 h 50)
Jour 7 : Cheyenne – Custer Park – Mont Rushmore – Deadwood (580 km/7 h)
Jour 8 : Deadwood – Devils Tower – Cody (645 km/7 h)
Jour 9 : Cody – Yellowstone (240 km/6 h)
Jour 10 : Yellowstone – Grand Teton – Idaho Falls (375 km/4 h 40)
Jour 11 : Idaho Falls – Antelope Island – Grand Lac Salé – Salt Lake City (425 km/7 h)
Jour 12 : Salt Lake City – Capitol Reef – Bryce Canyon (525 km/6 h 50)
Jour 13 : Bryce Canyon – Saint-George – Las Vegas (410 km/4 h 45)
Jour 14 : Las Vegas – Désert De Mojave – Fresno (650 km/6 h 45)
Jour 15 : Fresno - San Francisco (310 km/3 h 15)
Jour 16 : San Francisco – Henry Cowell Sequoia S.P. – Monterey – Lompoc (495 km/6 h 15)
Jour 17 : Lompoc – Santa Barbara – Los Angeles (250 km/4 h)
Jour 18 : Los Angeles – Paris
Jour 19 : Arrivée à Paris
www.tui.fr/circuit-grand-tour-de-louest-rocheuses-parcs-et-californie_USACTEGT/
75
© Nathan Chapitre 5 – Tourisme, nature et parcs
Compléments
Alzan Huetz de Lemps, « Tourisme et protection de la nature dans l’île de La Réunion », 1989.
76
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Chapitre 6
Villes, tourisme et tensions
Remarque
On peut mettre ce chapitre en lien avec les chapitres 7 et 8.
77
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
l’ailleurs, du dépaysement et de la rupture, l’image repose sur l’idée du ressourcement qui est, dans une
économie marchande, la principale justification des vacances : permettre au travailleur de compenser le
temps « perdu » par une meilleure productivité au travail. Mais ici, l’image permet aussi d’aborder l’idée
d’épanouissement personnel hors de la sphère du travail, comme un temps à la fois légal et volé au
monde. Le décor pseudo tropical de l’image principale y invite et permet de construire une réflexion sur
la polysémie du mot « vacances ».
3. La plateforme de réservation Airbnb se veut-elle une simple expérience hôtelière ? Justifier la
réponse.
Remarque : les réponses aux questions 1 et 2 donnent déjà des pistes pour répondre. Toutefois, une
observation plus attentive des images et du texte permet d’aller beaucoup plus loin.
Ce qui est marquant dans cette image publicitaire, c’est l’absence d’hôtes, ce qui est en soi en rupture
avec l’esprit du Bed and Breakfast traditionnel qui privilégie la rencontre des habitants dans un territoire.
Elle est en rupture aussi avec l’idée que l’hospitalité est le critère déterminant de l’attractivité des lieux.
Ici, il semble tout à fait évident que l’expérience présentée n’est pas le « partage de chez-soi », mais
bien une recréation d’un environnement personnel, émotionnel, affectif dans un ailleurs. Elle est aussi
très différente de l’expérience hôtelière qui vise une prestation reposant tant sur un environnement
immobilier que sur un personnel censé répondre à la demande de touristes qui sont clairement dans un
environnement différent et voulu comme tel. De ce fait, l’expérience Airbnb se veut non un entre-deux,
mais une expérience différente fondée sur l’aménagement des touristes dans un lieu privatif, spécifique
et non contraint par la présence de l’hôte.
Complément
Voir l’étude d’Yves Cinotti, « Hospitalité touristique : conceptualisation et études de l’hospitalité des
destinations et des maisons d’hôtes », Laboratoire MTE, ART-DEV FRE 3027 CNRS, Université de
Perpignan, 2011 (Microsoft Word - THESE_dernière_version.docx, wikiwix.com).
Sur l’attractivité des lieux, voir J. Viard, Court traité sur les vacances, les voyages et l’hospitalité des
lieux, La Tour d’Aigues : Éditions de l’Aube, 2000.
4. En quoi le tourisme est-il présenté ici comme une forme d’habiter ?
Toute forme de tourisme provoque la notion d’habiter. Elle est liée au fait que le touriste est un habitant
d’un territoire non permanent et qui utilise ce territoire de manière très particulière, à des fins de loisirs
et en fonction de ses propres codes culturels. Toutefois, l’industrie du tourisme insiste davantage sur la
notion de voyage (même si elle réduit le rapport temps/distance à un aléa comme le montre le chapitre
sur les transports). Elle insiste aussi beaucoup sur le caractère expérientiel des paysages et des sites avec
son langage particulier (paysage « à couper le souffle », « effet waouh », eaux « bleu turquoise »). La
forme d’habiter telle qu’elle est présentée ici ignore l’un et l’autre. Elle est présentée comme un repli
sur soi, une sorte d’exil volontaire loin des autres et des liens sociaux (cabanes dans les arbres, bulles
en pleine nature) à l’exception de sociabilités choisies (familles et amis). On peut se demander si cette
présentation qui correspond à une nouvelle tendance du tourisme n’en constitue pas un changement de
paradigme. Au territoire de vacances fréquenté de manière très hétérogène par les touristes en fonction
de leurs imaginaires et de leur culture dans un grand brassage social fondateur de ce que Jean Viard
appelle « la grande utopie du XXe siècle », se substitue une fragmentation des lieux et des pratiques qui
mettent en œuvre des frontières plus étanches entre groupes sociaux et modes d’habiter.
Complément
Olivier Lazzarotti, Habiter le monde, La Documentation photographique, n° 8100, 2014.
78
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Étude de cas (p. 124)
Le territoire de l’Allemagne est sillonné depuis les années 1930 par un réseau dense d’autoroutes. Celles
qui nous intéressent particulièrement relient les métropoles d’Europe de l’Ouest à Berlin. Elles
permettent de relier Paris à Berlin en 9 h 30, Londres en 11 heures, Amsterdam en 6 heures. C’est le
moyen le moins onéreux de se rendre à Berlin en groupe ou en utilisant les lignes de bus internationaux.
C’est aussi, avec le train, le moyen de transport privilégié du tourisme intérieur.
Le second moyen de transport est le train, qui permet de couvrir les 1 000 kilomètres séparant Paris de
Berlin en 8 h 30, 6 heures pour Amsterdam, 12 heures pour Londres. Plus rapide que la voiture
individuelle ou le bus car le temps de transport automobile ne compte pas les arrêts, il peut être privilégié
du fait de l’existence des trains de nuit qui relient les métropoles de l’Ouest européen à la Berlin.
Le moyen de transport le plus rapide et le plus répandu pour le « city break » est l’avion, qui relie Paris
à Berlin en 1 h 45, Londres en 1 h 50, Amsterdam en 1 h 15. Avec la baisse du prix des transports et la
montée en puissance des compagnies à bas coût, c’est le moyen de transport privilégié pour les voyages
individuels ou en famille.
Complément
L’histoire de Berlin et sa fracturation en quatre zones d’occupation entre 1945 et 1990 expliquent la
variété des interfaces de transport qui se rationalisent depuis la réunification. On s’intéressera ici plus
particulièrement aux interfaces de transport ferroviaires et aéroportuaires.
Durant les années 1990, Berlin comptait quatre aéroports, un par secteur. Ils ont été depuis fermés à
l’exception de celui de Berlin Schönefeld, qui est aujourd’hui intégré au nouvel aéroport de Berlin
Brandebourg et en constitue le terminal 5. Tegel, en secteur français, a été le dernier fermé en
novembre 2020. Berlin Tempelhof, témoin de l’architecture nazie et qui se trouvait en secteur
américain, a été fermé en 2008. Il est aujourd’hui un parc de loisirs et un musée dédié aux victimes du
nazisme. Enfin Gatow, en secteur britannique, a été le premier fermé dès 1995. Le nouvel aéroport Willy
Brandt de Berlin Brandebourg, le plus grand projet aéroportuaire d’Europe, est dimensionné pour
recevoir à terme 45 millions de passagers par an, soit presque quatre fois plus que le trafic actuel. Il
79
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
est le symbole de la renaissance de Berlin en tant que capitale d’influence mondiale, mais aussi comme
ville phare d’un tourisme très varié allant du loisir festif au tourisme culturel.
La gare centrale de Berlin, l’Hautptbahnhof, située non loin de la Chancellerie, est le centre névralgique
des transports collectifs à Berlin puisqu’elle constitue la seule interface entre les trains internationaux
et locaux, mais aussi avec les lignes de transport urbain (S-Bhan et U-Bahn). Inaugurée en 2005 à la
place d’une gare du XIXe siècle, elle accueille 300 000 passagers par an. Elle est, par ses dimensions,
la plus grande gare d’Europe (la gare du Nord à Paris l’étant par le nombre de passagers). Elle est
particulière en cela qu’elle est une gare de passage et non un terminus, ce qui lui donne la possibilité
d’être un des nœuds du transport ferroviaire reliant l’ouest et l’est de l’Europe ; dans cette dernière
direction, elle relie non seulement Prague et Budapest, mais aussi Varsovie, Minsk et Moscou.
3. Qualifier la fréquentation touristique de la métropole berlinoise. Comment évolue-t-elle ?
Les travaux d’infrastructure titanesques liés à la rationalisation des transports berlinois s’expliquent en
partie par l’attractivité retrouvée de la capitale allemande réunifiée. Le document 2 montre que le
tourisme était très embryonnaire dans la capitale allemande avant la réunification du fait que les
principaux musées et la partie patrimoniale de la ville (Unter den Linden) se trouvaient dans la partie
orientale. Si le touriste n’en était pas exclu, les difficultés d’obtention d’un visa, le climat de guerre
froide ne l’encourageaient pas. C’est ce qui explique en partie le très grand dynamisme de Berlin,
redevenu l’un des lieux de la fête en Europe et qui dispose d’un patrimoine culturel, historique et
mémoriel très important. À partir des années 2000, aux infrastructures de transport modernes se sont
ajoutées la modernisation du parc hôtelier et la montée en puissance du parc touristique privé via les
sites de partage (couchsurfing) et aujourd’hui Airbnb.
80
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Complément
Aménités et/ou imaginaires Liens vers des ressources
Musées « de l’Athènes du www.visitberlin.de/fr/lile-aux-musees-museuminsel
Nord »
www.arte.tv/fr/videos/091249-000-A/berlin-l-ile-aux-musees-fait-peau-
neuve/
www.visitberlin.de/fr/kulturforum
https://vimeo.com/232563592
https://vivreaberlin.com/etait-chateau-de-berlin.html
https://information.tv5monde.com/culture/musee-avec-le-forum-humboldt-
l-allemagne-voit-ressurgir-son-passe-colonial-388553
www.youtube.com/watch?v=gT9kJeBPFl8
www.berliner-philharmoniker.de/en/history/beginning/#event-
Musique savante establishment-of-a-new-orchestra
www.youtube.com/watch?v=twuOfkvpgk0
www.radioclassique.fr/magazine/articles/lorchestre-philharmonique-de-
berlin-la-rolls-royce-des-formations-symphoniques/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Staatsoper_Unter_den_Linden
www.where-else.fr/allemagne-opera
www.lemonde.fr/europe/article/2005/05/10/l-allemagne-inaugure-le-
Mémoire juive memorial-de-l-holocauste-au-c-ur-de-berlin_647898_3214.html
Mémoires de la guerre froide
www.youtube.com/watch?v=Di4jNMakcUE
www.museumsportal-berlin.de/fr/musees/gedenkstatte-berliner-mauer
www.youtube.com/watch?v=_dL4XTembCM
https://vivreaberlin.com/musee-de-stasi.html
www.liberation.fr/planete/2019/12/11/checkpoint-charlie-entre-kitsch-
sovietique-devoir-de-memoire-et-speculation-immobiliere_1768310/
www.museumsportal-berlin.de/fr/musees/ddr-museum/
www.viveberlintours.com/fr/blog-tourisme-berlin/le-bunker-hitler-berlin/
Dark Tourism
www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/129938-161112-allemagne-
un-musee-berlinois-devoile-une-replique-du-bunker-d-hitler
Urbex www.youtube.com/watch?v=UDGwxLVUw3I
81
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
5. Montrer que Berlin pratique une politique de réhabilitation des lieux, de rénovation urbaine
et d’organisation d’événementiels uniques.
Généralement, on associe l’attractivité d’une ville ou d’une métropole à sa capacité à rénover ou
réhabiliter les lieux et à organiser des événements rares qui les mettent en compétition avec les autres
territoires urbains ou métropolitains.
À Berlin, cette loi du marchandising a d’abord été contrainte. Du fait d’une part des destructions de la
Seconde Guerre mondiale, de la fracturation de la ville en deux parties, puis de la réunification. Le
document 4 montre que de 1961 à 1989, deux capitales avec leur centralité, leurs fonctionnalités se sont
coulées dans l’espace de l’ancienne métropole d’avant-guerre.
Complément
Il y a eu une politique très volontariste de rénovation des lieux dans l’ancienne RDA dont témoignent
les restaurations de la cathédrale de Berlin, de l’île aux Musées et du quartier du Nikolaï Viertel. À la
fin des années 1980, la restauration du Staats Oper marque le point culminant de cette politique de
restauration à Berlin, menée avec des moyens limités mais la volonté de rendre au moins l’ambiance
des lieux. À l’ouest où les destructions ont été au moins aussi importantes, voire davantage, la
reconstruction est passé par les quartiers résidentiels et commerciaux et par la mémorialisation de
certains lieux très symboliques comme la Kaiser Wilhelm Gedächtnis Kirche. La création du
Kulturforum pour recréer un centre muséal et culturel dans la partie ouest de la ville en témoigne.
Le principal défi de la réunification a été précisément de jeter des ponts entre ces lieux de manière à
recréer un centre urbain, ce qui a l’échelle de Berlin correspond à une surface équivalente à celle de
Paris intra-muros. La réhabilitation des immeubles de la Karl Marx Allee, l’introduction en masse des
commerces dans et aux abords de l’Alexander Platz, la curiosité vis-à-vis d’une RDA disparue
politiquement mais qui a marqué urbanistiquement Berlin pour longtemps (la tour de télévision demeure
le symbole de la ville autant que la porte de Brandebourg) font de Berlin une ville kaléidoscope qui
n’est pas enfermable dans un seul cliché. De fait, la restructuration de Berlin, comme en témoigne la
reconstruction du château à la place du palais de la République, symbole du pouvoir est-allemand, est
en soi une collection d’événements qui génèrent un désir touristique.
6. Montrer que les lieux abandonnés sont un facteur d’attractivité touristique.
Remarque : le document 11 et sa vidéo donnent une partie des réponses. On peut accompagner ces
documents de la vidéo présentant l’urbex dans la réponse à la question 4. Outre l’attrait d’une pratique
à la mode qui puise son imaginaire dans les films d’aventures, on peut envisager plusieurs réponses qui
présentent des arguments en convergence.
Berlin est une métropole particulière dans la mesure où se sont superposées sur son territoire actuel trois
villes différentes : la métropole impériale qui se monumentalise après 1870 grâce à l’argent français des
indemnités de guerre, la métropole nazie dont les traces monumentales sont très visibles (musée de l’air
de Göring, aéroport de Tempelhof, stade des Jeux Olympiques de 1936…), et enfin la métropole
communiste dont un certain nombre de témoignages architecturaux sont à l’abandon. Or le temps a passé
très vite sur les deux dernières métropoles, poussant les pratiquants de l’Urbex à en rechercher les traces
fantomatiques dans la ville. Cette tendance est d’autant plus forte que les sites, essentiellement ceux de
l’ancienne RDA, sont nombreux mais aussi soviétiques ou américains (la colline de Teufelsberg). La
présence à Berlin de la culture alternative qui a amené de nombreux artistes à s’emparer de ces lieux
abandonnés en a renforcé l’attractivité à un moment où les pouvoirs publics ne savaient quoi faire de
ces lieux ou n’avaient pas les moyens de les réhabiliter.
La tendance aujourd’hui est à la rationalisation et à une certaine forme d’embourgeoisement. Si Berlin
continue d’attirer les fans d’Urbex, ceux-ci doivent aller de plus en plus loin pour trouver des lieux
authentiques, comme la ville de Francfort-sur-Oder. De « vrais faux » squats comme ceux des
Hackesche Hôfe (document 8) témoignent d’une mise en tourisme où les artistes coexistent avec des
vendeurs de montres de luxe et boutiques de souvenirs, alors que l’un des centres de la vie culturelle
alternative berlinoise, le squat de Tacheless, a dû fermer ses portes. Le secteur privé a aussi investi le
secteur en rachetant des ruines pour les transformer en clubs de techno, surtout dans la partie orientale
de la ville.
82
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
III. Caractériser les différentes formes et pratiques de tourisme
de loisirs et leurs évolutions
7. Indiquer la variété des formes de tourisme présentes à Berlin et leur spatialisation.
On trouve à Berlin la variété de tourisme présente dans la plupart des métropoles avec en plus la
dominante festive d’une ville à l’image underground, mais aussi la question du renouvellement urbain
qui s’accompagne d’une quête mémorielle qui concerne autant les Berlinois que les touristes. Certains
lieux sont spécifiquement dédiés à l’imaginaire des étrangers, d’autres sont mixtes comme le mémorial
du mur de la Bernauer Strasse dont le sens ne peut être véritablement compris que par la population
berlinoise et qui nécessite, pour les touristes, une médiation qui le rende compréhensible. On trouve le
même cas de figure au musée de la Stasi, l’ancienne police politique de l’État est-allemand. À l’inverse,
le centre d’interprétation de Check Point Charlie, flanqué de ses boutiques de souvenirs, est, quant à lui,
totalement voué à un tourisme « instagrammable » qui relève d’une mise en situation assez artificielle
et scénographiée.
Remarque : les documents 5, 7 et 8 donnent la plus grande partie des réponses. On peut aussi se servir
d’autres documents (la page d’ouverture et le document 11). C’est l’occasion, avec les étudiants, de
différencier les formes de tourisme qui relèvent de l’image que la ville souhaite donner à l’extérieur,
des infrastructures dédiées à l’origine à la population berlinoise et qui peut être utilisée par les
touristes.
Complément
Voulue par la dynastie des Hohenzollern dès l’époque de Frédéric le Grand comme « l’Athènes du
Nord », Berlin se présente comme l’une des villes culturelles de l’Europe du centre-nord européen. Elle
témoigne d’une volonté démiurgique de construction d’un État puissant rassemblant les richesses
culturelles de l’Europe et ses héritages venus de l’Antiquité. À chaque extrémité de l’avenue du 17 juin
qui prolonge à l’ouest l’avenue Unter den Linden, la porte de Brandebourg et la Siegessaüle témoignent
de la construction de l’État prussie,n qui devient le second Reich. Côté est, l’avenue Unter den Linden,
avec ses façades monumentalisées, son opéra et le forum frédéricien (Bebel Platz), témoigne de la
dimension culturelle d’une ville capitale (université Humboldt, Staats Oper…). L’île aux Musées qui
termine cet axe présente des pièces uniques par leur intérêt historique, mais aussi par leur
monumentalité (porte d’Ishtar, autel de Pergame…) ou par leur extrême rareté (buste de Néfertiti) qui
peuvent suffire à déclencher l’envie de voyage.
La ville de Berlin se distingue particulièrement des autres villes d’Europe centrale par sa vie culturelle
qui rayonne bien au-delà de sa sphère d’influence géographique. Le Kulturforum est un centre très
important de la musique savante européenne et mondiale. La Philharmonie de Berlin qui en occupe le
centre est en effet l’un des meilleurs orchestres mondiaux, dirigé par des chefs charismatiques qui ont
su faire de la ville une des capitales mondiales de la musique (Wilhelm Furtwängler, Herbert von
Karajan et plus récemment Claudio Abbado, Simon Rattle et aujourd’hui Kirill Petrenko). Diffusant les
concerts de manière numérique à l’échelle mondiale, ce qui renforce son attractivité, la Philharmonie
est un « incontournable » du voyage berlinois. À côté de la musique savante, Berlin est aussi la capitale
de la musique techno et électro qui engendre une très importante fréquentation touristique dans les
clubs que l’on trouve surtout dans la partie orientale de la ville (Friedrichshain) ou sud (Kreutzberg).
Dès l’époque de la guerre froide, Berlin est un des centres de la culture alternative qui ne cesse de se
développer depuis. Le street art qui s’était développé dans les années 1980 sur la face ouest du mur
malgré les risques (elle se trouvait encore en territoire est-allemand) a gagné les lieux abandonnés ou
squattés avant d’être progressivement muséifiée (East-Side Gallery, musée du Street Art). Par sa culture
alternative, Berlin présente le visage d’une ville à la fois ouverte à toutes les influences culturelles et
très tolérante. Elle est l’une des capitales les plus « gay friendly » du monde avec Amsterdam et cultive
avec ses clubs et ses cabarets, comme le Kit-Kat, une tradition de liberté sexuelle érotisée.
Du point de vue du touriste, le voyage à Berlin peut se justifier par sa richesse et sa variété de pratiques
culturelles, mais la ville offre aussi la particularité d’être un palimpseste de l’histoire du XXe siècle dont
on recherche les traces et les mémoires (Allemagne de la Belle Époque sur Unter den Linden, quartier
juif de Mitte, nouvelle synagogue, « trébuchoirs » rappelant la présence des familles juives exterminées,
83
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
Allemagne de la Seconde Guerre mondiale dans le quartier du Bendler Block, traces de l’ancienne RDA
sur l’Alexander Platz – tour de télévision, anciens magasins d’État, horloge atomique, centre
commercial Alexa… –, La vitalité de l’Allemagne réunifiée –gratte-ciel de la Potsdamer Platz –, le
caractère multiculturel de la ville avec le quartier turc de Kreutzberg qui voisine avec le musée juif).
Enfin, la ville de Berlin, par ses dimensions, par son caractère de ville sans cesse renouvelée, offre un
grand nombre d’aménités qui sont celles d’un deuxième ou d’un troisième voyage dans la capitale
allemande. Si le Reichstag et sa coupole panoramique de l’architecte Norman Foster sont un élément
du premier voyage, en revanche, le Tiergarten qui le borde présente un cas rare avec celui de Londres,
d’un espace naturalisé au cœur de la ville. De la même manière, le zoo de Berlin, célèbre pour sa
politique de communication, tend à devenir un lieu très touristique comme les lacs, qui sont de véritables
stations balnéaires aux portes de la ville (Wannsee). En périphérie, proche ou plus lointaine, le château
de Charlottenburg ou celui de Potsdam, le « Versailles berlinois », sont des lieux très importants du
tourisme.
84
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Complément
On peut faire travailler les étudiants à une comparaison avec la ville de Rome qui présente une forte
polarisation de son parc hôtelier autour de la gare de Termini, et une dépolarisation liée à
l’« airbnbsation ». Les conséquences sont multiples. La première, classique, est la tension du marché
immobilier du fait de la location saisonnière des logements. La deuxième est la coexistence plus
prononcée des touristes avec les habitants. Le mouvement de protestation contre les valises à roulettes
et leur nuisance sonore en est un symptôme typiquement berlinois qui vise à dénoncer l’incompatibilité
entre les flux touristiques induits par les aéroports et les chemins de fer avec le quotidien des habitants.
Une troisième conséquence, liée à la pratique du « city break » qui oblige les touristes à aller à
l’essentiel, est la constitution de zones dédiées dans des quartiers qui n’étaient pas à l’origine
touristiques, telle la Partymeile (zone de fête) du quartier de Kreutzberg, alimentée par un tourisme
« Easy Jet. » Plus généralement, la crainte des habitants exprimée dans le document 10 est l’exclusion
des Berlinois de leur propre ville au profit des étrangers intérieurs (Allemands de l’Ouest) et des
touristes dégradant le mode de vie d’une ville réputée à la fois calme et provinciale, proclamant aussi
son particularisme brandebourgeois dans un État allemand très sensible aux « petites patries. » Les
souvenirs du pouvoir communiste où l’accent était mis sur les solidarités et des formes très poussées
d’égalitarisme y sont aussi pour beaucoup. Dans l’urgence de manifestations massives d’habitants et à
l’unisson de beaucoup de villes occidentales, Berlin a pris des mesures pour enrayer la hausse des
loyers et annuler certains projets comme le campus Google qui devait s’installer à Kreutzberg.
Complément
www.slate.fr/story/91307/berlin-la-querelle-des-valises-roulettes
www.lemonde.fr/economie/article/2018/10/26/a-berlin-le-mouvement-fuck-off-google-fait-plier-le-
groupe-americain_5374813_3234.html
10. La gentrification du centre de Berln est-elle inévitable ? Justifier.
Remarque : cette question est l’occasion de demander aux étudiants de faire des recherches en vue d’un
essai de prospective. On met ici en jeu des phénomènes généraux de grande ampleur et à plusieurs
échelles, comme la mise en concurrence des métropoles mondiales dans l’archipel métropolitain, la
fonctionnalisation des quartiers urbains en fonction de leur patrimonialisation, mais aussi le
phénomène de gentrification qui fait de Berlin une « cible » pour les investisseurs privés venus de
l’ensemble de l’Allemagne et de l’UE. À ces phénomènes généraux s’oppose une culture berlinoise qui
est faite de singularités tant à l’ouest (une ville entourée pendant 28 ans par un mur) qu’à l’est avec
l’expérience du socialisme. Au sentiment d’un risque de dépossession s’opposent des résistances fortes.
Il faut aussi définir ce que peut signifier l’expression « centre de Berlin » qui est au cœur de la question.
La ligne directrice est-ouest qui part de la Siegessaüle jusqu’à l’île aux Musées est par nature un espace
de moins en moins peuplé du fait d’une monumentalité très dense (institutions culturelles, églises et
cathédrales, mémoriaux…) et d’une fonction de prestige. Le mot « gentrification » n’a donc pas de sens
ici. En revanche, les quartiers qui bordent cet axe sont des quartiers populaires. Kreutzberg et Mitte à
proximité de l’Alexander Platz sont encore des quartiers de classe moyenne et ici, le problème se pose,
tout comme à Friedrichshain et globalement dans les quartiers centraux appartenant à l’ancienne partie
est de la ville. Ce qui fait pencher la balance en faveur de l’« évitabilité » du scénario de gentrification
est son caractère tardif par rapport aux autres villes européennes qui tendent aujourd’hui à réinstaurer,
de manière plus ou moins volontariste, de la mixité dans la ville. Les mesures prises au niveau du Land
de Berlin, la très grande vigilance des habitants et le refus d’une culture muséifiée qui fait partie de
l’attractivité du territoire sont des freins puissants à la constitution d’une métropole qui serait en complet
décalage avec le Land de Brandebourg qui peine à sortir du marasme de l’après-réunification.
85
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
Production graphique – Niveau 2 (p. 132)
86
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Langage
Plan Sous-parties du Éléments à faire figurer
cartographique adapté
(grandes parties) plan pour chaque sous partie
pour chaque élément.
Un territoire de l’ex-RDA :
Alexander Platz.
Un territoire de la RFA :
quartier du KDW
Le Reichstag et le quartier
de la Chancellerie
La Potsdamer Platz,
nouveau CBD de Berlin
Axe touristique E-O
Transferts de population
Des flux migratoires
vers Berlin
internes et externes
Risque de gentrification
centrifuge
2. Réaliser le croquis et sa légende. Vous pouvez vous aider, pour vous repérer, d’un site de
cartographie en ligne comme www.openstreetmap.fr.
Voir page suivante.
87
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
88
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 134)
À l’échelle régionale, Bordeaux possède un avant-pays littoral qui constitue l’une des aménités majeures
du territoire. Les longues plages sableuses de la côte Atlantique au paysage dunaire ont donné lieu à la
mise en place d’une grande station balnéaire, Lacanau. Celle-ci se divise en deux parties, l’une donnant
sur l’océan (spots de surf et baignade) et l’autre sur l’étang homonyme qui constitue l’essentiel de la
résidentialisation. Plus au sud, le bassin d’Arcachon est un haut lieu du tourisme depuis la seconde partie
du XIXe siècle, donnant lieu à une mise en tourisme achevée de son littoral depuis la ville d’Arcachon
jusqu’au Cap Ferret au nord, et jusqu’à la dune du Pilat, la plus grande dune d’Europe, au sud. Au sud-
ouest de la métropole, le parc naturel des Landes de Gascogne constitue à la fois l’arrière-pays du littoral
avec lequel il est bien connecté par la route et celui de la métropole bordelaise. Le territoire rural autour
de Bordeaux constitue, à cette échelle, une aménité importante puisqu’il constitue le terroir viticole de
renommée mondiale auquel le nom de Bordeaux est attaché. La région du Médoc entre l’océan et la
Gironde, celle des Graves au sud de la Garonne, L’entre-deux mers entre la Garonne et la Dordogne et
le pays de Saint-Émilion en sont les appellations les plus connues, engendrant un tourisme alliant visite
des « châteaux » et excursions patrimoniales (Saint-Émilion, Montesquieu, Blaye et sa forteresse
Vauban…). Tout à l’est, le pays du Libournais fait frontière avec la région du Périgord rouge, elle aussi
très touristique. Enfin, l’estuaire de la Gironde se prête particulièrement aux croisières fluviales de
quelques heures depuis Bordeaux et sert aussi de couloir d’entrée aux navires de croisière les plus gros
qui peuvent amarrer directement aux quais du port de Bordeaux. Du point de vue des infrastructures, on
note que Bordeaux est un nœud de communication autoroutier entre le nord de l’Europe et l’Espagne
(autoroute A10) et l’aboutissement d’une transversale du sud-est vers le sud-ouest de la France
(autoroute A63). Bordeaux est doté d’un aéroport international, Mérignac, qui a accueilli en 2019
7,7 millions de passagers et dont les travaux d’agrandissement en 2020-2023 témoignent de la montée
en puissance.
À l’échelle de la ville, on observe une concentration patrimoniale à proximité de la Garonne dans la
partie de la ville particulièrement restaurée depuis le milieu des années 1990. Alors que la renommée
architecturale de Bordeaux était liée jusqu’alors aux quartiers périphériques de l’hypercentre (le quartier
du XVIIIe siècle autour du cours de l’Intendance ou de la place Tourny), elle se déplace vers les quartiers
« médiévaux » de la ville, piétonnisés et transformés en vaste mall marchand. Les quartiers Saint-Pierre
et Saint-Paul ont gagné en valeur du fait de l’aménagement des quais sur la Garonne et de la politique
volontariste de restauration des immeubles privés (document 3).
2. Replacer le tourisme à Bordeaux dans son contexte régional.
L’intérêt de l’étude de la région de Bordeaux tient dans sa composante polytouristique qui peut être
autant un atout qu’une contrainte pour la métropole. Avec la construction de l’autoroute A10 et
l’inauguration du pont d’Aquitaine en 1967, Bordeaux pouvait devenir une simple étape sur la route des
vacances à la plage, à la montagne (Pyrénées) et vers le Pays basque et l’Espagne. En terme spatial, la
question est l’intégration d’une métropole régionale à l’intérieur d’un territoire à plus ou moins grande
échelle qui concentrait la plupart des imaginaires touristiques. L’articulation entre Bordeaux et son
territoire passait donc non seulement par une politique de réhabilitation urbaine, mais aussi par une
89
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
affirmation de la ville comme destination (mise en œuvre d’un CTD urbain et médiatisation de ce CTD,
intégration du territoire dans la ville avec la construction de la Cité du Vin, quartiers de récréation
comme la perspective sur la Garonne ou du shopping rue Sainte-Catherine). La mise en œuvre d’une
ligne de train à grande vitesse qui met la ville à 2 heures de Paris crée aussi les conditions d’un tourisme
du « city break » où le touriste est relativement captif d’une ville qui lui offre à la fois le paysage urbain,
les loisirs et un environnement reposant du fait de la piétonnisation de l’hypercentre. Enfin, le
classement des quartiers centraux de Bordeaux au patrimoine mondial a achevé de placer la métropole
en position centrale dans son territoire, par la notoriété qu’apporte ce label.
Pour approfondir
Le problème du tourisme dans le modèle des lieux centraux. Réflexions critiques Mathis Stock :
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00716836/document
91
© Nathan Chapitre 6 – Villes, tourisme et tensions
Chapitre 7
Tourisme, conflictualités et crises
Production Croquis – niveau 2 : Le Cap et son territoire métropolitain : une destination plurielle et
graphique tendance dans une société sud-africaine fragmentée
Remarque
On peut mettre ce chapitre en lien avec les chapitres 6 et 8.
Sur les sites du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe, des couleurs sont attribuées au territoire
en fonction de l’intensité d’un ou de plusieurs risques. Le premier pris en compte est la plus ou moins
grande ouverture des frontières d’un État au tourisme. Par exemple, la fermeture des frontières de la
Corée du Nord liée à la pandémie de Covid-19 explique à elle seule le classement en rouge de cet État
tout entier. Le deuxième facteur pris en compte est la situation politique d’un État, qui influe directement
sur la sécurité des touristes. La présence d’un conflit de plus ou moins grande intensité (Syrie, Libye),
des mouvements insurrectionnels, terroristes ou de guérilla (Soudan du Nord, Éthiopie) expliquent la
présence de zones rouges dans certains territoires. L’instabilité politique ou la présence de conflits à
faible intensité interviennent dans le classement en zone orange (tourisme fortement déconseillé sauf
raisons impératives – Moldavie séparatiste, région ukrainienne du Donbass, Crimée). Mais d’autres
facteurs interviennent ou se superposent aux précédents : la difficulté pour un État d’assurer une
92
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
protection face à la délinquance explique la mise en zone de vigilance renforcée de certains territoires
(Afrique du Sud, Inde). À ces facteurs humains s’ajoutent des facteurs de risques liés à l’histoire (champs
de mines d’El Alamein), mais surtout à la géographie (sismologie, difficulté de circulation liée aux
reliefs, contraintes climatiques). Enfin, les contraintes sanitaires (présence d’épidémies comme Ebola
en Afrique centrale ou de Covid) sont prises en compte dans le classement des territoires.
2. Après avoir regardé la vidéo, expliquer les difficultés liées à ces cartes pour les pays
émetteurs et pour les destinations.
La vidéo pointe plusieurs difficultés liées à ces cartes dans le domaine géopolitique :
– pour les pays émetteurs, il s’agit d’abord de produire l’information la plus exacte possible quant aux
risques de pratiquer le tourisme. Or, cette information est aussi variable que l’instabilité des territoires,
ce qui explique certaines polémiques liées à la colorisation de certaines zones qui peuvent passer très
rapidement de l’orange au rouge (Mauritanie, sud du Mali, vallée du Nil…). D’autre part, un État
démocratique n’a pas la possibilité d’interdire la fréquentation d’un territoire sauf dans le cas où cette
fréquentation reviendrait à commettre un crime ou un délit (engagement djihadiste en Syrie ou dans le
nord de l’Irak, par exemple). On pose ainsi la question du délicat équilibre entre liberté de circulation et
responsabilité ou loyauté du citoyen en matière de relations internationales. Enfin, les relations entre un
État comme la France et certains pays touchés par des risques géopolitiques rendent complexe la mise
en rouge de la totalité d’un territoire, ce qui reviendrait à le stigmatiser et à empêcher les déplacements
nécessaires aux relations économiques et politiques ;
– pour les pays récepteurs, on peut mettre en avant trois difficultés. La première tient à leur capacité
d’exercer leur souveraineté sur un territoire, ce qui explique la participation de la gendarmerie
mauritanienne à l’accompagnement des touristes. La deuxième difficulté est économique car beaucoup
de pays du Sud sont dépendants de la manne touristique qui participe à fonder une « économie de la
paix » et parfois détourner une partie des populations de tentations séparatistes ou tout simplement de
la violence dont les racines sont souvent plus économiques que politiques. La troisième difficulté tient
à l’isolement de ces territoires qui affecte durablement leur pouvoir d’attraction et rend la reprise de
l’attractivité touristique aussi lente qu’incertaine, y compris lorsque la paix est revenue.
93
© Nathan Chapitre 7 – Tourisme, conflictualités et crises
Étude de cas (p. 142)
Complément
Pour les Sud-Africains, l’image est inversée. La métropole du Cap est la « Mother City », c’est-à-dire
la ville originelle à partir de laquelle se sont organisés la colonisation et l’aménagement du territoire
du pays. À la fois ville originelle et ville-musée, elle n’est plus aujourd’hui le centre de gravité de
94
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
l’Afrique du Sud mais davantage une vitrine de son développement. Elle joue donc le rôle d’interface
avec le monde.
Complément
Les acteurs du tourisme en Afrique du Sud sont très nombreux. Le document 12 montre trois réalités
très intéressantes. La première est l’importance du tourisme européen et secondairement américain
comparativement au nombre total de touristes émis par ces régions. Ce sont eux qui sont les plus
sensibles pour l’instant aux aménités du territoire (question 3) pour des raisons historiques mais aussi
de proximité culturelle. On trouve les mêmes raisons au tourisme indien au Cap, qui représente la
majeure partie du tourisme asiatique, du fait de la présence d’une communauté ancienne et bien
installée.
La deuxième réalité tient à la force du tourisme intra-africain qui est une grande tendance d’une région
qui est devenue un pôle touristique. Il ne s’agit pas seulement de tourisme de proximité au vu de la
grande dispersion des émetteurs, mais de la matérialisation du soft power sud-africain sur l’ensemble
95
© Nathan Chapitre 7 – Tourisme, conflictualités et crises
de l’Afrique australe et au-delà. De ce fait, le tourisme interafricain est aujourd’hui dominant à l’échelle
de l’Afrique du Sud et se concentre surtout dans la région du Gauteng, qui est le poumon économique
du cône de l’Afrique. À l’échelle du Cap, les choses sont un peu différentes. Si le tourisme régional est
présent de manière très forte, il l’est moins que la clientèle européenne qui se trouve à peine supérieure
à celle du seul Royaume-Uni. Il convient donc ici de différencier chez les acteurs que sont les touristes
ce qui relève du tourisme d’agrément et ce qui relève du tourisme d’affaires, qui concerne une bonne
part du tourisme régional dans le pays tout entier. On peut aussi différencier les aménités et surtout les
imaginaires. Le Cap, par son histoire, est davantage marqué par la colonisation et apparaît souvent,
même à tort, comme une ville « blanche » alors qu’en réalité, seul son tourisme l’est. De la même
manière, si Johannesburg est marquée par sa résistance à l’apartheid du fait de la médiatisation de
Soweto, Le Cap est sans doute la ville où celui-ci a été le plus complètement réalisé malgré la résistance
de sa population.
La troisième réalité tient à la comparaison entre les chiffres du Cap et ceux de l’Afrique du Sud. Malgré
sa situation excentrée par rapport au territoire de l’Afrique du Sud, elle est un pôle touristique qui peut
concentrer jusqu’au quart d’une clientèle touristique. Cela s’explique par la triple polarité du tourisme
sud-africain qui compte Johannesburg pour le tourisme d’affaires ou seulement lié au travail, la zone
des parcs au nord dont le Krüger et la région du cap de Bonne Espérance qui combine toutes les formes
de tourisme, y compris le tourisme urbain qu’il est plus difficile ou déconseillé de pratiquer dans
d’autres métropoles comme Durban ou Johannesburg. Le document 3 montre la très grande vitalité de
cette polarité en termes d’arrivées qui s’explique par le jeu d’autres acteurs.
Au premier rang des autres acteurs du tourisme sont les acteurs institutionnels qui ont très bien compris
l’importance du tourisme dans la métropole à la fois en termes de PIB et d’emploi, comme le montre le
document 3. Le choix du développement de l’aéroport du Cap qui fera encore l’objet d’importants
travaux entre 2021 et 2023 entre bien dans cette perspective. Le Cap, si elle est une ville équilibrée dans
son développement (activité portuaire, industrie lourde, agriculture d’exportation, centre d’affaires
important, pouvoir politique), doit relever le défi d’une pression démographique qui oblige à la création
continue d’emplois. Ces acteurs institutionnels s’articulent à plusieurs échelles. L’État sud-africain est
un des rares d’Afrique à produire des statistiques détaillées et publiques sur le tourisme (tourism.sa.gov)
qui sont complémentaires de celles produites par la métropole de Cape Town. Dans le cadre d’un État
à l’économie très libérale, la plupart des décisions relèvent soit de l’incitation, soit d’aménagements
publics, soit d’organisation d’événementiels. Cape Town a pu bénéficier de la visibilité offerte par
l’organisation de la Coupe de monde de Football en 2010 et mettre en avant la qualité de ses
infrastructures non seulement sportives mais aussi aéroportuaires et routières et montrer que l’État
sud-africain post-apartheid était bien administré. Dans la catégorie des aménagements, celui du mall
de V&A Waterfront est un modèle de restructuration d’un espace industriel vers le tourisme qui profite
au reste de la population.
Complément
Sur Cape Town : www.capetown.travel.com
Top 6 des principaux lieux visités au Cap
Source : https://www.wesgro.co.za/tourismtradeandmedia/resources/cape-town-visitor-trends
Lieu Décembre 2019 Décembre 2020 Différentiel
Jardin botanique de 103 892 79 907 – 23,1 %
Kirstenbosch
Robben Island 37 680 66 175 – 83,6 %
3 390 000 1 710 000 – 49,5 %
Parc naturel de Table 333 716 80 452 – 73,5 %
Mountain
Parc naturel de table 86 652 22 489 – 74 %
Mountain : Boulders
Parc naturel de table 116 930 35 812 – 69,4 %
Mountain : cap de
Bonne-Espérance
Téléphérique pour Table 110 229 36 997 – 66,4 %
Mountain
96
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
On remarque dans le tableau ci-dessus que le mall commercial a relativement moins souffert que les
autres lieux de tourisme, ce qui concrétise une volonté récente mais souvent bien ancrée dans la
politique des États émergents d’articuler les aménagements touristiques avec le développement urbain.
On remarque aussi que la plupart des lieux touristiques les plus fréquentés du Cap sont des parcs
naturels ou un lieu historique (Robben Island) qui relèvent de l’action de l’État sud-africain.
Cela dit, la plus grande part des acteurs du tourisme en Afrique du Sud relève de l’initiative privée. Il
s’agit en premier lieu des agences de voyages. Le document 2 montre un exemple de circuit classique
dans la péninsule du Cap, que l’on trouve sur une plateforme de réservation en ligne (viator.com).
S’agissant de l’Afrique du Sud, on peut insister sur la grande vitalité des agences réceptives qui peuvent
être affiliées à ce type de plateforme ou travailler de manière indépendante comme l’agence citée dans
le document 6 (satravellers.com). Cette vitalité s’explique paradoxalement par le souci de sécurisation
du voyage qui profite naturellement à ceux qui le connaissent le mieux et parfois aussi à la hausse du
niveau de culture générale des touristes qui cherchent autre chose que les voyages formatés des
brochures des grands opérateurs de tourisme.
Au-delà des professionnels au sens strict, le tourisme au Cap fait travailler beaucoup d’acteurs. De
manière classique, l’hôtellerie est répartie en de multiples petites unités souvent peu distinctes des
habitations mais toujours dans des quartiers sécurisés comme Sea Point. À titre d’exemple, on ne trouve
qu’un « Bed and Breakfast » dans le Township de Khayelitsha ! Les métiers de bouche que l’on trouve
dans les deux grands CTD qui sont aussi des lieux festifs sont aux normes occidentales et fréquentés
uniquement par les Sud-Africains les plus riches. Pour rappel, le salaire moyen en Afrique du Sud ne
dépasse guère en 2021 les 100 euros mensuels. En revanche, l’insécurité des déplacements à pied la
nuit ou en journée dans les quartiers des Townships fait travailler toute une économie informelle ou
ubérisée de guides ou chauffeurs qui suppléent les transports communs pourtant importants.
Complément/remarque
La question du rapport jour-nuit peut être évoquée par les étudiants en se servant de l’étude de Chrystel
Oloukoi sur Johannesburg : « La marche urbaine : un outil pour appréhender les émotions à
Johannesburg ? » (https://journals.openedition.org/cdg/576). La question posée ici est la
transformation radicale d’un territoire qui est aussi réelle que subjective. Or dans le document 8, les
quartiers déconseillés la nuit, dont Woodstock mais surtout Observatory, sont les plus festifs, ce qui
pose la question du caractère artificiel de ce que peut être la vie nocturne d’un touriste au Cap. Cela se
pose d’autant plus que les vacances d’été, les plus propices aux voyages lointains, correspondent dans
l’hémisphère sud à l’hiver austral. Donc, dans ce cas, le risque lié à la délinquance peut freiner le
tourisme non seulement spatialement, mais aussi dans sa temporalité. Ainsi, le spectacle mis en tourisme
du coucher de soleil sur Signal Hill une fois terminé, une ligne ininterrompue de taxis à l’arrêt sur la
route serpentant jusqu’au panorama attend de pouvoir récupérer les spectateurs pour les ramener à
97
© Nathan Chapitre 7 – Tourisme, conflictualités et crises
l’hôtel ou au restaurant. Cette situation explique les nouvelles stratégies sécuritaires développées dans
le document 11. Celles-ci passent par le recours systématique aux compagnies de sécurité privée
(https://youtu.be/iLS5VcMi7f0), télésurveillance des bâtiments, vigilance accrue des commerçants et
des hôteliers qui conseillent les touristes). S’y ajoutent des campagnes de marketing insistant sur la
sécurité du territoire qui rappellent que 80 % des crimes et délits ont lieu dans les Townships.
6. Expliquer en quoi le tourisme et ses acteurs peuvent favoriser ou contenir la ségrégation
socio-spatiale déjà présente sur le territoire.
Le document 4 montre une réalité qui touche toutes les métropoles sud-africaines où le problème des
inégalités de développement se superpose aux héritages de l’apartheid et aux défis de la recomposition
de la société à l’intérieur d’un modèle économique très libéral. La métropole est ainsi le fruit d’espaces
urbains très composites qui font coexister une ville patrimoniale « jardin », des stations balnéaires, un
vaste ensemble portuaire qui ouvre la ville au monde, des quartiers industriels très excentrés et des
Townships. Il faut rappeler que la ségrégation spatiale n’est pas liée au tourisme mais à une spéculation
immobilière liée au succès de certains quartiers et, en premier lieu, ceux qui sont en bordure de l’océan,
au sud et au nord du port. La mise en valeur du centre historique a provoqué un regain d’intérêt pour le
Downtown, ce qui explique les tensions dans certains quartiers comme Woodstock, qui sont à proximité
immédiate (document 9). On note ainsi un processus de gentrification qui attire le tourisme du fait de la
nouveauté et de la popularité de ces quartiers sur les réseaux sociaux. Ainsi, le patrimoine industriel de
Woodstock a été mis en valeur par les artistes et marchands d’art créant d’abord des enclaves comme
Biscuit Mill qui s’étendent aujourd’hui sur une grande partie d’Albert Road. De ce fait, le touriste, avec
son pouvoir d’achat élevé, la possibilité d’accéder au parc immobilier privé par le biais des plateformes
de location comme Airbnb, participe à la gentrification de ces territoires.
Complément
Cependant, on peut trouver d’autres scénarios qui constituent un vrai défi pour la métropole du Cap.
Le document 7, qui présente la mise en tourisme des Townships du Cap, en présente un parmi d’autres.
Confrontés à l’urgence d’agir en matière de logement après la fin de l’apartheid, le gouvernement
comme la métropole ont opté pour une politique volontariste de construction en lieu et place des anciens
Townships. Les « matchboxes » en tôle sont remplacées progressivement par des maisons en dur de
manière à reloger les habitants. L’idée est de fixer dans ces quartiers les classes moyennes qui ont
toutes les raisons de changer de quartier. C’est particulièrement vrai dans le Township de Longa qui
longe le quartier de classe moyenne et aisée de Pinelands et Observatory. Ici, la mise en tourisme, aussi
limitée soit-elle, vise d’une part à apporter un revenu supplémentaire à ces territoires mais aussi à
valoriser des quartiers par le regard de l’autre. On trouve la même logique de valorisation dans le
quartier indien de Bo Kaap, dont les maisons colorées attirent des touristes nombreux sur les pentes de
Signal Hill.
7. Cette mise en tourisme vous paraît-elle durable ? Justifier votre réponse.
Remarque : la réponse à cette question doit être très nuancée.
Parmi les aspects de durabilité, on peut citer la hausse continue du niveau de vie, l’attractivité urbaine,
l’insertion du Cap dans la mondialisation touristique.
Parmi les aspects négatifs, on peut mettre en avant la fracturation du territoire liée à la gentrification, les
déséquilibres sociaux nés de l’attractivité urbaine et la dépendance de plus en plus importante au
tourisme alors que la ville portuaire dépend déjà beaucoup des échanges avec le monde.
Complément
La métropole du Cap, comme le montrent les documents 4, 7, 9, 10 et 11, est soumise à une double
pression qui tient à son statut de vitrine du développement économique et du tourisme sud-africain.
La première pression est démographique. La métropole attire tous les ans des habitants en quête d’un
eldorado et qui remplissent les zones d’habitat informel dans la périphérie (Cape Flats et False Bay).
Cette situation provoque une course entre les politiques urbaines visant à reconstruire les Townships et
leur accroissement et renforce les inégalités sociales. Mais le défi est immense. Entre 2010 et 2021, la
98
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
métropole a gagné un million d’habitants, soit presque un cinquième de sa population
(https://worldpopulationreview.com/world-cities/cape-town-population).
La seconde pression est économique. Lieu de villégiature pour les Sud-Africains les plus aisés, la
métropole est soumise à une pression foncière importante qui est excluante. Les prix sont en effet trois
fois plus élevés qu’à Johannesburg, quatre fois plus qu’à Durban. Le prix moyen se situe autour des
2 000 euros, ce qui est attractif pour un Occidental décidé à investir dans une ville à haut potentiel de
croissance et peut provoquer une spirale spéculative. Cela entraîne de manière très visible le processus
de gentrification qui met en concurrence les jeunes issus des quartiers riches mais qui ne peuvent plus
s’y loger et les classes montantes issues des quartiers de classe moyenne ou même des Townships. Cette
double pression entraîne des brassages et des recompositions qui peuvent avoir un impact sur le
tourisme et ses spatialités, comme le montre le quartier de Woodstock déjà évoqué. La hausse du niveau
de vie global visible ces dix dernières années a provoqué une mue du territoire urbain à la lisière des
quartiers riches du centre et des zones résidentielles qui bordent Table Mountain et ses vignobles. En
revanche, elle pose le problème d’inégalités sociales très puissantes et exacerbées par la pandémie de
Covid-19 qui interroge sur l’insécurité et la dépendance naissante au tourisme.
99
© Nathan Chapitre 7 – Tourisme, conflictualités et crises
Production graphique – Niveau 2 (p. 150)
2) Un littoral balnéaire
aménagé sur le CTD balnéaire
modèle de station
Plages
V&A WATERFONT
Jonction entre les
deux CTD
Zones touristiques du
parc
100
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Langage
Éléments à faire
cartographique
Plan (grandes parties) Sous-parties du plan figurer pour chaque
adapté pour chaque
sous-partie
élément
… qui tendent à 1) Extension du CTD Gentrification des
s’étendre patrimonial périphéries urbaines Woodstock
par la gentrification… 2) Extension du CTD
balnéaire
3) Pression foncière Extension du domaine
sur le parc de Table balnéaire
Mountain
Zones de pression
immobilière
Zones non
photographiées par
Google ?
3. Choisir l’un des deux fonds de carte ou réaliser un schéma en choisissant vous-même
l’échelle. Justifier votre choix.
4. Réaliser une production graphique sur la mise en tourisme et ses enjeux spatiaux dans
l’espace métropolitain du Cap en insistant sur les dynamiques urbaines.
Voir page suivante.
101
© Nathan Chapitre 7 – Tourisme, conflictualités et crises
Titre : Croquis de la ville du Cap et de son territoire métropolitain
102
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
De l’étude de cas à un autre territoire
103
© Nathan Chapitre 7 – Tourisme, conflictualités et crises
3. Réaliser une recherche Internet sur la culture amazighe. En quoi est-elle liée à cette région
du Maroc ?
Sources d’information (sitographie) Points clés retenus Sites
https://sudestmaroc.com/la-musique-voix-de-ame- Importance du patrimoine Khamlia
amazighe-et-de-ses-defis-avenir/ musical
Festival de la culture
amazighe
https://lematin.ma/express/2008/Amazighite_Cloture-
a-Ouarzazate-des-journees-culturelles-de-l- Patrimoine architectural Ouarzazate
Amrec/79168.html
Dynamiques du Mondialisation de
https://journals.openedition.org/viatourism/1074 branchement et de l’ancrage la culture amazighe,
dans les montagnes facteur
marocaine d’attractivité mais
aussi de conflits et
de revendications
Si la culture amazighe est très répandue au Maroc, elle trouve dans la région de l’Atlas et des confins
sahariens à la fois un centre et un refuge. La centralité se remarque dans le territoire par le bilinguisme
de la population tout à fait encouragé par le gouvernement marocain comme le montrent les inscriptions
dans les deux langues (en plus du Français) sur les bâtiments officiels du sud du Maroc, mais aussi les
noms de lieux ou les indicateurs routiers.
La culture amazighe est valorisée par la construction de musées comme celui d’Agadir inauguré en
2000, mais aussi la mise en œuvre de festivals comme celui de Ouarzazate. Cette région plus excentrée
a été aussi un refuge en termes de préservation des traditions berbères moins menacées par l’arabisation
des régions du nord et par la mondialisation. Cette spécificité est aujourd’hui un atout valorisé par un
tourisme plus tourné vers l’authenticité des territoires qui s’oppose à l’hyper-lieu mondialisé que
constitue Marrakech.
104
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
2. Une géopolitique des risques complexes entre enclavement,
pauvreté et risque terroriste (p. 153)
4. Rechercher, sur le site www.openstreetmap.fr, les itinéraires reliant Agadir et Marrakech à
Aït Ben Haddou et Ouarzazate. Nommer les obstacles qui empêchent l’accessibilité à ces
deux territoires.
D’Agadir à Marrakech, l’itinéraire le plus rapide est celui qui emprunte la nationale 10 et la vallée
fluviale de l’Assif Tifnout jusqu’au barrage d’Aoulouz. La route bifurque ensuite au sud pour gagner
Tazenakht et fait un long crochet ver le nord pour rejoindre Aït Ben Haddou et Ouarzazate. Elle évite
les reliefs de l’Atlas et ne comprend pas d’ouvrage d’art. En revanche, le trajet est long, 358 km et cinq
heures de route du fait de la route à faible gabarit. L’itinéraire est parfois rendu difficile par les crues du
fleuve, alimenté par les pluies d’automne et la fonte des neiges au printemps.
De Marrakech à Ouarzazate, la route la plus courte est celle de la montagne et des cols de l’Atlas. La
nationale 9 serpente durant 193 km avec de forts dénivelés (le col de Tchika culmine à 2 260 mètres).
La route est parfois bloquée à l’automne par les torrents qui peuvent emporter les routes et très difficile
d’accès l’hiver du fait de l’enneigement. Le trajet est long, 4 heures en conditions normales.
5. Pourquoi Ouarzazate peut être qualifiée de « marge touristique » ? Quelles sont les
conséquences des problèmes d’accessibilité de la ville ?
En théorie, Ouarzazate ne peut être considérée comme une marge touristique en fonction de la plupart
des critères de sa définition. La région est en effet mise en tourisme, possède un aéroport
surdimensionné. Elle est d’un grand intérêt touristique du fait de son patrimoine matériel et immatériel.
Elle possède un imaginaire puissant lié au grand nombre de films et de séries qui y ont été tournés. Elle
représente pour un nombre important d’Occidentaux mais aussi d’Asiatiques l’image même de l’Orient
rêvé. C’est paradoxalement cet imaginaire qui peut nuire au tourisme dans la mesure où le cinéma
présente les lieux comme un ailleurs, ce qui rend compliquée l’association entre le territoire
géographique et ses ressources en termes de patrimoine et de paysage. Ce n’est pas en revanche le cas
de Marrakech, qui est clairement identifiée comme lieu dans l’imaginaire touristique, ou même Agadir.
Le second problème qui marginalise la région est son accessibilité et la dispersion de ses sites qui
s’articulent autour des axes routiers. Elle appelle un tourisme davantage orienté vers le « road trip » ou
la découverte pédestre des sites de l’Atlas qu’un tourisme plus résidentiel, ce qui est le cas dans les deux
villes précédemment citées.
6. En vous appuyant sur le document 4 et sur une recherche sur le site du ministère des Affaires
étrangères français, identifier trois facteurs de risques présents sur le territoire marocain.
Quels en sont les impacts ?
Le premier facteur mentionné sur le site est le risque terroriste qu’il faut mesurer de deux manières. Du
point de vue du pays émetteur, on remarque que le risque existe mais qu’il est peu élevé (deux attentats
mentionnés en 2018 et en 2011 dont un, le dernier, dans la région de l’Atlas). Le ministère rassure les
touristes sur l’efficience des forces de sécurité marocaines et ne décourage pas les séjours.
Du point de vue émetteur, il faut prendre en compte le traumatisme des populations occidentales et ici
françaises, qui ont été durement touchées par le terrorisme sur leur sol. On note que le risque a provoqué
une volatilité du tourisme aussi bien du fait de la présence du terrorisme sur le sol marocain que français,
à l’exception du tourisme affinitaire (voir la catégorie statistique marocaine des Marocains de
l’étranger).
Un deuxième facteur est celui de la délinquance de droit commun qui touche des régions souvent très
pauvres, y compris dans les grandes villes touristiques. À titre d’exemple, on peut rappeler que le salaire
moyen au Maroc est de 340 euros, soit environ 80 % de moins que le même salaire en France. Ici, il
s’agit de comprendre l’impact de la rencontre de populations aux niveaux de vie très différents, ce qui
peut engendrer chez certains touristes la tentation du tourisme d’enclave en club ou d’un tourisme assez
peu immersif, d’où le succès d’une destination comme Marrakech.
105
© Nathan Chapitre 7 – Tourisme, conflictualités et crises
Le troisième facteur est celui des risques liés aux transports, aussi bien aux infrastructures à faible gabarit
qu’aux véhicules, notamment les poids lourds et les bus qui ne remplissent pas toujours les conditions
minimales de sécurité. On retrouve ici la question de l’accessibilité développée plus haut qui explique
aussi la densité du tourisme sur une partie relativement faible du territoire marocain, mais surtout sa
faible dispersion.
Complément
Le Maroc publie régulièrement des statistiques via son observatoire du tourisme au Maroc
http://www.observatoiredutourisme.ma/tableaux-de-bord-nationaux
Pour approfondir
Le tourisme, moteur de la croissance en Afrique :
www.banquemondiale.org/fr/region/afr/publication/africa-tourism-report-2013
https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/6563
www.tourdumondiste.com/voyager-en-securite
https://afrique.le360.ma/maroc-tunisie/societe/2020/02/17/29538-risque-pays-voyageurs-voici-les-5-
pays-les-plus-surs-dafrique-selon-le-courtier-francais
www.cairn.info/revue-tiers-monde-2004-2-page-269.htm
www.lemonde.fr/afrique/article/2020/09/25/avec-le-coronavirus-tout-s-est-arrete-d-un-coup-l-afrique-
pleure-ses-touristes-disparus_6053646_3212.html
www.europe1.fr/international/Visiter-le-Cameroun-est-il-risque-518982
106
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Chapitre 8
Tourisme et intégration dans la
mondialisation
Autres notions Tourisme et réseaux sociaux, les « condos », hybridation des pratiques
Production graphique Schéma – Niveau 1 : schéma géographique des flux touristiques à Phuket
107
© Nathan Chapitre 8 – Tourisme et intégration dans la mondialisation
3. Quelles représentations de Phuket cette vidéo veut-elle promouvoir ?
Les représentations proposées par ce vlog répondent à plusieurs imaginaires :
La présence apaisante de l’eau, le rythme du discours, les massages, l’architecture
renvoient au calme, à la quiétude, au bouddhisme. Dans un lieu où séjournent presque
La quiétude, le
10 millions de touristes, le vlog met étonnamment en avant d’autres pratiques
calme, le « zen »
touristiques, comme prendre soin de soi, se reposer dans un resort (complexe hôtelier)
luxueux.
Le patrimoine Les îles et les îlots, les « Ko », la flore, la faune sous-marine participent à la
naturel découverte du territoire présenté comme naturel et préservé.
Le vlog met en avant au travers des représentations plusieurs pratiques touristiques : prendre soin de soi
et se reposer, découvrir, faire du shopping. Il montre un espace préservé, authentique, proposant un large
patrimoine tropical quasiment sans touristes.
4. À l’aide d’une recherche Internet, identifier des imaginaires négatifs concernant Phuket et
la Thaïlande en général.
La Thaïlande est encore très largement associée dans l’imaginaire occidental à des représentations
négatives : le tourisme de masse particulièrement dans les îles, le tourisme sexuel ou tout du moins les
illégalismes (interdits dans la loi mais tolérés dans la société d'accueil), la permissivité (la drogue, par
exemple), mais aussi le surtourisme particulièrement pour la visite du patrimoine naturel. C’est aussi,
comme pays émergent, une population corrompue, violente…
Remarque
À développer dans cette introduction du chapitre :
– mettre en avant l’opposition entre les représentations proposées par le vlog et celles des étudiants, y
compris à la lecture des sites proposés qui donnent l’image d’une extrême violence. Ils sont
caractéristiques d’autres clichés sur les pays émergents et les Asiatiques en général ;
– développer l’esprit critique sur le marketing territorial et la construction des images ;
– questionner la tropicalité et les contraintes associées (pour la santé, la chaleur, l’humidité, la
saisonnalité…). Elle est toujours montrée comme positive ;
– mettre en lien l’image idyllique de la p. 159 avec l’extrême banalité de la p. 160. La rue, les multiples
enseignes, la circulation, les infrastructures saturées et inadaptées, la laideur des bâtiments permettent
de dépasser les géosymboles et les imaginaires véhiculés par l’image ou le vlog ;
– la vidéo proposée p. 160 permet aussi de comparer marketing territorial, perception et regards
occidentaux, images iconiques et réalités des espaces construits par le tourisme.
108
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Étude de cas (p. 161)
109
© Nathan Chapitre 8 – Tourisme et intégration dans la mondialisation
II. Lire et comprendre un paysage touristique et/ou patrimonial
3. Montrer, à partir des documents 3 et 4, que Phuket est une station balnéaire. (Plusieurs
réponses sont attendues.)
Cette question permet de remobiliser une notion, la station balnéaire, et une méthode, l’étude de paysage.
Le document 4 peut se diviser en deux plans. Le premier plan est composé d’une eau translucide et d’un
bateau de pêche traditionnel. À l'arrière-plan, se déploient de majestueux massifs calcaires
emblématiques de l’île de Ko Phi Phi. Ce premier paysage renvoie plutôt aux potentialités littorales
antérieures à la mise en tourisme. C’est aussi un géosymbole des littoraux et îlots de l’Asie du Sud-Est.
Le document 3 est pleinement balnéaire. Il convient aussi de le diviser en éléments paysagers facilement
identifiables :
Éléments
Description Interrogations
paysagers
Association mer/montagne
La montagne Préservation ? Mitage ?
Couvert forestier
Phuket, ici à Patong Beach et à Ko Phi Phi, est une station balnéaire :
– elle propose des atouts (patrimoine naturel, climat, eau translucide, luminosité, association
mer/montagne) particulièrement attractifs pour les acteurs du tourisme ;
– le tourisme (et ses acteurs) a produit une ville, un couloir urbain le long du littoral. À partir du trait de
côte, dans le prolongement de la mer, après un boulevard, la ville est une suite chaotique sans plan
d’ensemble d’immeubles, de maisons, de patrimoines historiques, de parcs… Comme à Benidorm, la
mise en tourisme a donné naissance à un espace urbain tourné vers le littoral ;
– certains espaces, particulièrement emblématiques, semblent protégés comme Ko Phi Phi ou les
montagnes derrière Patong Beach.
Comme Benidorm, Phuket est construit pour et par le tourisme, pour profiter du littoral. Elle est donc
une station balnéaire.
110
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
III. Analyser et expliquer les potentialités touristiques d’un
territoire
4. Dans un tableau, classer les atouts qui expliquent le succès de l’île : atouts
biogéographiques, imaginaires et géohistoriques.
Les imaginaires et les représentations sur Phuket datent du début des années 1960 et 1970. Ils sont
pourtant sans cesse renouvelés, par exemple avec le film La Plage en 2000 ou l’émission Koh Lanta (île
au sud de Phuket). Ils contribuent à produire les mêmes représentations.
5. Identifier tous les acteurs qui s’inscrivent dans les dynamiques de Phuket.
Une dynamique en géographie, c’est ce qui se transforme, ce qui évolue. Les acteurs ou opérateurs
spatiaux (qui ont la capacité de transformer, d’aménager, de produire un espace) à Phuket doivent
forcément se lire à plusieurs échelles :
Échelle locale Échelle régionale/nationale Échelle mondiale
– Les autorités locales de Phuket – L’État thaïlandais – Les grandes FTN occidentales
– Les entrepreneurs locaux – Les migrants (nord du pays ou (resorts en all inclusive)
– Les promoteurs immobiliers du Myanmar – des espaces moins – Les touristes (occidentaux, des
– La diaspora chinoise (la développés) pays émergents et d’Asie du Sud-
Thaïlande compte 14 % de sa – Les touristes thaïs (tourisme Est)
population d’origine chinoise) domestique) – Les retraités et jeunes seniors
occidentaux
La multiplicité des acteurs sur un territoire réduit conduit à la « production » d’espaces variés, mais aussi à des
conflits et des concurrences notamment sur le littoral oriental.
111
© Nathan Chapitre 8 – Tourisme et intégration dans la mondialisation
IV. Classer, hiérarchiser et mettre en relation des informations
extraites des documents
6. Dans un tableau, comparer les éléments suivants entre avant 1990 et aujourd’hui : origine
des clientèles, lieux construits pour le tourisme, pratiques touristiques.
Avant 1990 Aujourd’hui
112
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
V. Schématiser les dynamiques d’un territoire touristique
8. Associer les nouvelles pratiques touristiques à Phuket et les espaces construits pour les
accueillir. Ont-elles pour autant remplacé les anciennes pratiques ? Justifier votre réponse.
Quatre nouvelles pratiques participent à cette étape de la mondialisation : le shopping, la polyrésidence,
la patrimonialisation et la diversification des activités nautiques.
Les anciens espaces, nés de la mondialisation des années 1960-1970, ne sont pas délaissés. Ils sont
réinvestis, recomposés par le nouveau cycle de mondialisation. Progressivement, l’ensemble de l'île est
touristique et saturé. Les espaces du tourisme s’étalent et se diffusent dans la baie de Phang Nga.
113
© Nathan Chapitre 8 – Tourisme et intégration dans la mondialisation
9. Présenter, dans une carte mentale, la recomposition de Phuket dans la mondialisation pour
les clientèles, les imaginaires, les pratiques et les territoires touristiques produits.
Clientèles Imaginaires
– Pays émergents d’Asie de l’Est – Eden tropical
– Pays d’Asie du Sud-Est - Permissivité et festivité
– Russie - Insularité
– Retraités et séniors occidentaux - Patrimoines (naturels, historiques)
Recomposition
de Phuket
114
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Production graphique – Niveau 1 (p. 168)
115
© Nathan Chapitre 8 – Tourisme et intégration dans la mondialisation
3. Identifier les différents quartiers touristiques. Les présenter dans un ordre chronologique
dans le tableau ci-dessous. Utiliser des couleurs pour différencier les quartiers touristiques
et représenter le parc naturel en vert (les flèches sont aussi possibles mais elles risquent de
se confondre avec les flux). Présenter l’autoroute par un trait noir du nord vers le sud.
Figurés Légende Remarques
Patong Beach, centre touristique et
– Une couleur soutenue pour montrer la centralité
sexcape
– Un bleu en dégradé pour montrer la diffusion
Le corridor balnéaire et urbain
– Des petites flèches pour l’étalement, la diffusion
L’intérieur entre condominiums, – La couleur orange pour montrer le dynamisme
gated communities et mall – Des petites flèches pour l’étalement, la diffusion
– Par convention, la couleur verte (qui indique aussi la
Les parcs naturels
protection)
– Le gris montre l’espace urbain
Phuket Town, ville patrimonialisée
– Par convention, un trait noir avec flèche qui rejoint le
L’autoroute Nord - Sud
continent au nord.
4. Construire le schéma.
Pays émergents
Europe, Amérique (Chine, Inde, Russie)
du Nord N
Baie de Phang Nga
Mer d’Andaman
Phuket
Town
Asie du Sud-Est
116
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
D’une étude de cas à un autre territoire (p. 170)
117
© Nathan Chapitre 8 – Tourisme et intégration dans la mondialisation
2. Une enclave : plusieurs mondialisations (p. 171)
3. Comment évolue la fréquentation touristique de Bali ? Comment expliquer la place des
clientèles chinoise et australienne ?
En 16 ans, entre 2002 et 2018, le nombre de touristes internationaux est multiplié par cinq. Comme
Phuket, Bali s’inscrit durablement dans la mondialisation du tourisme.
En une quinzaine d’années, l’origine des clientèles connaît un rapide bouleversement :
– les Européens et Américains du Nord sont encore présents. Les flux sont en croissance (multiplication
de 3,5 à 5) mais représentent moins de 30 % des arrivées touristiques ;
– les Australiens et les Chinois sont aujourd’hui aussi nombreux. Les clientèles d’Océanie sont en forte
croissance (multiplication par six en 16 ans) alors que les Chinois sont devenus la première clientèle (en
partant de presque rien en 2002) ;
– d’autres clientèles venant des pays émergents comme l’Inde et/ou de l’Asie du Sud-Est (Malaisie,
Singapour) sont elles aussi en forte croissance.
Bali est pour les Australiens une destination balnéaire de proximité alors qu’elle est pour les Chinois
une destination tropicale proche. Comme Phuket, Bali s’inscrit dans la seconde mondialisation du
tourisme.
4. Comparer avec la fréquentation et les clientèles de Phuket. Qu’en conclure ?
Bali s’inscrit dans les mêmes cycles de mondialisation que Phuket. Sa mise en tourisme est pourtant
antérieure :
– première mise en tourisme lors de la période coloniale néerlandaise (fin du XIXe siècle-début du
XXe siècle) ;
– seconde mise en tourisme dans les années 1960-1970 avec les jeunes routards occidentaux ;
– troisième mise en tourisme de la première mondialisation touristique contemporaine dans les années
1980 avec des clientèles occidentales et/ou japonaises (Europe et Amérique du Nord) ;
– quatrième mise en tourisme depuis les années 2000 avec l’arrivée massive de clientèles venant du
bassin touristique asiatique et des pays émergents dans le cadre de la seconde mondialisation touristique
contemporaine.
Les deux îles n’ont pas la même origine touristique mais, depuis les années 1980, elles suivent le même
processus d’intégration dans les différentes étapes de la mondialisation.
5. Dans un tableau, classer les pratiques touristiques des Européens, des Australiens et des
Chinois.
Pratiques des Australiens Pratiques des Chinois Pratiques des Européens
– Stations balnéaires tropicales, Se reposer et se divertir dans des – Voir et découvrir (spiritualité,
permissives et à moindre coût resorts calme, paysages, patrimoines)
– Tourisme sexuel – Poly résidence des seniors
européens
Les pratiques sont plus revendiquées par chacune des clientèles. Les Européens s’offusquent du
comportement des jeunes Australiens, mais se rendent aussi à Denpasar pour profiter de la permissivité
et de la festivité.
118
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
6. Expliquer la dernière phrase du document 4, notamment le choix des lieux fait par l’auteur du
texte.
– Benidorm : pour les Australiens, Bali est un littoral balnéaire proche, peu onéreux surtout pour des
clientèles jeunes, étudiantes (avec le développement des « spring breaks ») qui recherchent les 5S (Sea,
Sun, Sand, Sex and Shopping) permis par la tropicalité, la permissivité et la festivalisation.
– Angkor : pour les Européens, comme le complexe de temples d’Angkor au Cambodge, Bali renvoie
à une Asie mythique, associant spiritualité, tropicalité, authenticité. C’est une expérience et une quête
qui les poussent vers Ubud pour retrouver un Éden tropical. Les imaginaires sont très différents des
représentations communes de Phuket.
– Îles grecques : pour les Chinois, c’est plus un territoire associant resorts en all inclusive, croisières,
pratiques balnéaires et shopping.
Cette comparaison s’appuie sur les imaginaires mais aujourd'hui, dans le cadre de l'hybridation des
pratiques, toutes les clientèles fréquentent tous les lieux.
7. Montrez que le sud de Bali est emblématique des « 5S ».
Les 5S correspondent à une des évolutions des stations balnéaires, devenues corridors et/ou régions
touristiques :
– sea : la mer et le littoral tropical sont à la fois pratiques balnéaires (de plus en plus diversifiées) et
décor pour des activités festives. La photographie du document 5 en témoigne ;
– sand : le sable est un des imaginaires les plus fréquents sur la tropicalité. Les longues plages de sable
blanc sont une des conditions de la balnéarité ;
– sun : le climat est ici tropical (chaud toute l’année, entre 29 et 32 °C, très humide durant la saison des
pluies de novembre à mars et plus sec durant l’été, surtout en août et en septembre) ;
– shopping : pour les clientèles asiatiques, surtout chinoises, la présente de malls (centres commerciaux)
est une des conditions nécessaires au voyage. Magasiner est aujourd’hui devenu commun pour les autres
clientèles ;
– sex : c’est le cadre du sexscape, de rencontres amoureuses et/ou sexuelles entre des populations plus
pauvres, perçues comme plus « ouvertes » et « tolérantes », et des populations plus âgées et riches
venant d’Europe, d’Australie et aujourd’hui d’Asie de l’Est (Chine, Japon…). Denpasar, capitale de
Bali, est un haut lieu du tourisme sexuel.
8. Quelles sont les pratiques touristiques socialement acceptables pour les clientèles
européennes ? Est-ce les mêmes pour les autres clientèles ?
La définition d’illégalisme prend ici tout son sens.
L’illégalisme est une activité interdite dans la loi mais tolérée par la société ou les autorités locales.
Ainsi, les jeux d’argent sont totalement interdits à Bali et en Indonésie, pays majoritairement musulman.
Ils sont rejetés par la population, donc socialement inacceptables. En Chine, pays communiste, les jeux
d’argent sont interdits (sauf dans les régions autonomes comme Hong Kong et Macao), mais ils sont
extrêmement valorisés par les Chinois. Ils sont interdits mais socialement acceptés.
Le tourisme, dans des sociétés d’accueil souvent conservatrices et traditionalistes, renforce les
illégalismes. La prostitution est interdite en Indonésie tout comme l’homosexualité, pourtant elles sont
communes à Bali. Tourisme et enclaves touristiques fonctionnent comme des « sas » permettant des
pratiques tolérées mais interdites et socialement inacceptables. Le tourisme peut ainsi, depuis un resort
sécurisé, avoir accès à l’interdit tout en étant protégé. C’est l’intérêt de la permissivité tropicale. En
effet, pour un Européen, ce qui intolérable dans son pays d’origine sera plus acceptable dans les mondes
tropicaux, soi-disant plus ouverts, plus corrompus, plus tolérants.
Ainsi, pour un Européen, en fonction de ses imaginaires, la quête spirituelle, le repos, la rencontre
authentique avec l’Asie… sont acceptables alors que le tourisme sexuel, les comportements festifs et
outranciers sont inacceptables dans cet Éden tropical (alors qu’ils sont revendiqués à Benidorm). À
l’inverse, pour un Australien, la forte consommation d’alcool ou le tourisme sexuel sont acceptables à
Bali sans l’être pour autant en Australie.
Les sociétés d’accueil du tourisme tolèrent souvent des comportements inacceptables pour des emplois
et/ou des revenus. Cela peut aussi entraîner des conflits identitaires (comme dans les attentats à Bali).
La tolérance n’est pourtant que de façade. Prostituées et homosexuels demeurent au plus bas de la société
indonésienne.
119
© Nathan Chapitre 8 – Tourisme et intégration dans la mondialisation
3. Enjeux et risques à Bali (p. 173)
9. Quelle est la pandémie présentée ici ? En quoi le tourisme, notamment à Bali, est-il propice à
sa diffusion ?
La pandémie, c’est-à-dire une maladie ou un virus présent à l’échelle mondiale, présentée ici est celle
du VIH/sida depuis 1983. Il est intéressant de comparer la Thaïlande avec l’Indonésie.
En Indonésie, le VIH/sida représente encore 15 000 décès par an. Les séropositifs sont environ 200 000
officiellement en 2013. Le taux de prévalence est de 162 pour 100 000 contre 20 en l’an 2000. 10 à 20 %
des malades reçoivent un traitement en 2015.
En Thaïlande, le nombre de morts est de 12 000 environ par an. Les séropositifs seraient environ 350 000
là aussi officiellement. Le taux de prévalence est supérieur à 1 350 pour 100 000 mais baisse. 50 à 60 %
des malades reçoivent un traitement.
Le tourisme, notamment le tourisme sexuel à Phuket et à Denpasar, démultiplie l’incidence de la
pandémie. Pourtant, aujourd’hui, les progrès dans les traitements (Prep, trithérapie, objectifs 90-90-90
de l’ONUSIDA) devraient largement réduire ou stopper les contaminations des professionnels du sexe
et des clients. C’est le comportement des sociétés et des autorités qui conditionne le succès de la lutte
contre la pandémie.
10. Quelles difficultés, aussi bien à Bali qu’en Thaïlande, limitent les efforts de lutte contre la
pandémie de VIH/sida ?
Les deux sociétés sont très conservatrices et très pudiques face à la sexualité. Le tourisme sexuel est
inacceptable pour les autorités et les sociétés mais est toléré dans le cadre du tourisme. Face à la
pandémie, les autorités et la société thaïlandaises ont réagi (encadrement médical, test sanguin,
distribution des trithérapies… d’ailleurs, le pays a été le premier à tester un vaccin en 2009), ce qui
permet au moins le contrôle des infections. À l’inverse, en lien avec l’Islam et les interdits concernant
la prostitution et l’homosexualité en Indonésie, les autorités refusent le problème et nient la réalité de la
diffusion. Le déni, la condamnation morale et la stigmatisation de groupes à risques (drogués, prostitués,
homosexuels) empêchent de mener une politique efficace même si le gouvernement en prend
aujourd’hui le chemin.
11. Quelles réactions le tourisme peut-il produire dans les populations locales ? En quoi cela
renforce-t-il les risques ?
Les réactions des populations locales dans les enclaves tropicales de la mondialisation associent :
– une acceptation de comportements différents, une acculturation (c’est-à-dire une intégration de
pratiques culturelles venant des touristes) et une modernisation dans le cadre de la mondialisation.
L’intégration est ici positive sans pour autant réduire les conflits, surtout d’usages ;
– un refus et une opposition face aux bouleversements rapides des traditions et des valeurs des sociétés
d'accueil. Souvent peu intéressée par les bénéfices du tourisme, cette partie de la population peut se
montrer indifférente, hostile, voire agressive. Le tourisme devient alors une cible incarnant tous les
vices.
Les risques peuvent aller de la délinquance (qui pousse à la fermeture des espaces touristiques) jusqu’au
terrorisme dans le cas de Bali à partir de 2002.
120
Thème III – Territoires touristiques entre impacts et transition © Nathan
Chapitre 9
L’île tropicale
Remarques
• Ce chapitre s’inscrit dans trois thématiques du référentiel : « Le tourisme dans le monde et sa
diffusion », « Représentations, imaginaires et pratiques des touristes » et « Acteurs et mise en
tourisme ».
• Deux études de cas ouvrent le chapitre : l’île Maurice et Bora-Bora. Les contextes, les territoires sont
très différenciés : une île dont le développement passe par celui du tourisme (l’île Maurice) et des
archipels faisant partie d’une collectivité territoriale très liée à la métropole (la Polynésie) Les
fondements de la mise en tourisme de ces territoires reposent sur des caractéristiques communes :
lieux exotiques, espaces fantasmés, tropicalité jouent un rôle dans l’élaboration du mythe du paradis
touristique, mais les enjeux de développement diffèrent. Ces lieux touristiques hors du monde
œuvrent paradoxalement à leur pleine intégration dans une mondialisation touristique de plus en
plus diversifiée.
• Il s’agit, pour l’étudiant, de montrer que ces îles tropicales sont des hauts lieux de la mondialisation
touristique. Par leur fréquentation et leur accessibilité, elles s’insèrent dans le système touristique
mondial. Ce sont des territoires mondialisés comme en témoignent les pratiques touristiques de leurs
visiteurs, le rôle des acteurs et les aménagements réalisés, source de profondes transformations des
territoires et de conflits d’usages et d‘acteurs.
• Les documents de natures variées (cartes, tableau statistique, textes, photographies) permettent à
l’étudiant de conduire l’analyse du territoire en mobilisant toutes les compétences attendues du
référentiel (prélever et exploiter les informations, les confronter pour répondre au sujet et aux
consignes, afin de mener un raisonnement géographique).
121
© Nathan Chapitre 9 – L’île tropicale
Découverte professionnelle (p. 185)
1. Présenter l’acteur à l’origine du resort.
Beachcomber Resorts & Hotels est un groupe hôtelier mauricien dont le siège social se trouve à
Curepipe. La marque Beachcomber est créée en 1980. Elle remplace le groupe New Mauritus Hotels
créé en 1972. Le groupe développe rapidement son activité et part à la conquête des marchés
extérieurs à partir des années 2000 (Seychelles, Maroc, France). Aujourd’hui, elle compte dix hôtels.
La France reste le premier marché de Beachcomber, l’Europe représente 70 % de son activité. La
marque distribue en grande partie elle-même ses produits.
2. Sur quelles images fonde-t-il la promotion du resort ?
Images liées à une certaine idée du paradis : eaux turquoise, peu profondes, sable blanc, soleil,
richesse des fonds marins, végétation tropicale, coraux des récifs, tranquillité, luxe.
3. Lister les équipements créés pour accueillir les touristes et identifier la palette d’activités
touristiques proposées aux visiteurs. Qu’en pensez-vous ? Quelles cibles sont privilégiées ?
La gamme d’équipements est complète pour satisfaire les clients en quête de détente, loisirs et sports :
bars, restaurants, tennis, spa, centre nautique, piscines, héliport, suites, club enfants, centre de sports.
Les complexes mauriciens font le plus souvent profiter leurs clients de vastes domaines. Les activités :
bains de soleil et de mer, plongée, nautisme, spa, bien-être (massages), sport. Parfaites pour un temps
de recréation ou récréation. Il s’agit de haut de gamme, clientèle à pouvoir d’achat très élevé, jeunes
mariés. Tout est inclus dans l’offre « all inclusive ». La prise en charge du touriste est totale.
4. En quoi le Royal Palm est-il une enclave touristique ?
Ce resort est conçu comme un véritable isolat : exclusivement consacré à l’activité touristique, il
s’organise de manière indépendante. La population locale est absente. Tous les services sont
disponibles sur place. Une grande majorité des touristes n’en sortent pas.
122
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
II. Analyser et expliquer les potentialités touristiques d’un
territoire
3. Quelles sont les potentialités biogéographiques de l’île Maurice ?
La tropicalité à l’origine de la mise en tourisme ou des aménités biogéographiques particulièrement
recherchées : mer chaude (océan Indien à cette latitude à 26-28 °C en permanence), climat tropical (à
décrire), héliotropisme, paysages des littoraux tropicaux (baie, cap, anses, lagon, coraux, sable blanc,
cocotiers, fonds marins >balnéotropisme).
Le mythe du paradis touristique : Maurice renvoie un imaginaire de rêve avec des paysages idéalisés,
parfois fantasmés. Il y a une part de rêve associée aux plages de sable blanc, aux cocotiers, à la mer
chaude et au soleil avec l'idée de trouver une nature intacte, préservée. On reste sur l'image d'une
population multiculturelle, polyglotte, pleine de gentillesse, accueillante. Cette image de « paradis
terrestre » est relayée par les acteurs du tourisme.
4. Expliquer la mise en tourisme de l’île : acteurs, aménagements, géohistoire, accessibilité…
À l’origine du tourisme : le développement de l’accessibilité a été déterminante
– Les années 1970 = décollage touristique. Certains ont parlé de « miracle » mauricien dans les années
1980, avec la diversification de l’économie sortant du tout-sucrier (jusqu’à 95 % des exportations) et
s’orientant vers l’industrie (notamment textile) et le tourisme.
– L’avion joue un rôle clé dans l’ouverture des îles. Sur cette île escale, l’État mauricien va créer sa
propre compagnie aérienne (Air Mauritius) en même temps qu’il développe son aéroport. Un vol
direct depuis Paris dure 11 heures en moyenne. L'aéroport international de Plaisance est le seul
aéroport international de Maurice. C’est le hub de l’île. L’aéroport est la porte d'entrée touristique du
pays (98 % des arrivées en 2017), jouant ainsi un rôle stratégique dans le développement économique
de l'île : le tourisme est devenu un des piliers de l’économie nationale aux côtés du sucre et du textile.
Des complexes touristiques de haut niveau : des îles dans l’île.
– Coupés de leur environnement immédiat auquel ils s'adossent, tournés vers le lagon et l’océan, ces
établissements forment des enclaves touristiques. Beachcomber Resorts & Hotels est le pionnier et le
leader historique de l'hôtellerie sur l'île, où il possède huit hôtels, dont le mythique Royal Palm
Beachcomber Luxury Maurice ouvert en 1985, considéré comme la référence hôtelière pour des
vacances de luxe sur l’île. Très vite, d’autres opérateurs privés nationaux et internationaux (50/50)
s’implantent et développent l’offre hôtelière. L’essor du tourisme a entraîné un boom hôtelier
(111 hôtels en 2017).
Le comptoir touristique est la règle, comme dans la plupart des îles tropicales (exemple : île-hôtel
Maldives).
Trois espaces touristiques principaux peuvent être distingués : sur une partie de la côte ouest, une
partie de la côte est et la côte nord.
Des arrivées touristiques exclusivement européennes mais un marché qui se diversifie
L’île Maurice a dépassé le million d’arrivées en 2014 et rivalise avec le Sri Lanka (qui lui a ravi sa
place de leader régional en 2012) et les Maldives. Ces effectifs sont loin d’atteindre néanmoins ceux
des « poids lourds » caribéens que sont la République dominicaine, Porto Rico ou Cuba. L’île Maurice
se distingue avec une croissance continue de sa fréquentation.
La destination n’a connu, depuis l’indépendance en 1968, qu’une seule année de recul des arrivées
internationales, en 2009, suite à la crise internationale de 2008. L’année 2019 marque une pause et la
crise de la Covid-19 laisse présager une année 2020 très morose.
L’île Maurice connaît une diversité et une diversification de la provenance des touristes. Sur un total
de 1 341 860 arrivées en 2017, la France (métropole et Réunion) reste le premier pays émetteur avec
un peu plus de 31 % des arrivées touristiques, suivie du Royaume-Uni avec 11 % des entrées, puis
l’Allemagne (8,9 %) (paradoxalement saison haute l’hiver), l’Afrique du Sud avec 8,4 %, devant
l’Inde (6,4 %) et la Chine (5,4 %). L’objectif affiché des autorités mauriciennes est le maintien des
clientèles européennes, mais aussi la croissance de la venue des clientèles émergentes, en particulier
chinoises et indiennes, en jouant sur la relative proximité géographique et culturelle de cette dernière
et sur l’amélioration des liaisons aériennes qu’Air Mauritius a opérées avec ces deux pays. Des lignes
123
© Nathan Chapitre 9 – L’île tropicale
directes desservent ainsi New Delhi, Mumbai ou Hong Kong, et désormais Jaipur et, en Chine, Pékin
et Shanghai.
On note toutefois que le marché chinois a beaucoup de mal à prendre, peut-être parce que la
communication sur l’offre mauricienne reste trop tournée vers ses plages.
124
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Impacts positifs Impacts négatifs
Depuis quelques années, les offres « all inclusive »
(tout inclus), qui ne profitent pas à la population
locale, se multiplient et limitent l’accès aux plages
aux locaux. L’enjeu du contrôle du littoral oppose les
différents opérateurs et les usagers (clients des hôtels,
Amélioration du niveau de
de la parahôtellerie, la population locale).
Impacts vie des populations locales.
L’espace touristique empiète sur l’espace de vie des
socio- Valorisation de la culture
Mauriciens. S’y ajoutent certaines pratiques qui sont
culturels créole.
en train de nuire considérablement au secteur :
Multiculturalité > tolérance.
marché de la contrefaçon, systèmes de commissions,
arnaque… La manne touristique profite largement aux
milieux des affaires franco-mauriciens et à la classe
politique indo-mauricienne et peu à la communauté
créole.
Prise de conscience par les
populations locales des Les complexes hôteliers se multiplient avec le risque
Impacts richesses patrimoniales d’altérer la préservation du territoire. Le linéaire
environne- (patrimoine naturel et côtier appartient aux resorts !
mentaux culturel, souvent fragile). Le tourisme déstabilisateur des écosystèmes et de la
Mise en place de dispositifs biodiversité ?
de protection (parc naturel).
7. Peut-on parler d’une insertion dans le tourisme mondial réussie ? Justifier votre réponse.
L’île Maurice a réussi une diversification et une internationalisation de son développement touristique.
Elle œuvre pour développer de nouvelles formes de tourisme. Un enjeu : multiplier les connectivités
pour rester compétitif. Une offre complémentaire avec la Réunion pourrait être à développer.
8. Montrer que les enclaves touristiques sont produites par la mondialisation.
Apparus après la Seconde Guerre mondiale, les comptoirs ont favorisé la diffusion du tourisme dans
l’espace en permettant la présence de touristes dans des lieux peu explorés ou peu connus. L’enclave
touristique se généralise et s’impose comme mode d’habiter touristiquement le littoral insulaire
tropical.
125
© Nathan Chapitre 9 – L’île tropicale
Production graphique – Niveau 2 (p. 194)
1. Quelle forme conviendrait le mieux pour représenter de manière simplifiée l’île tropicale ?
Pour simplifier le contour de l’île, le cercle est la forme la plus adaptée
2. Sélectionner, dans le corpus documentaire, les informations qui montrent que le
développement touristique de l’île tropicale est fondé sur :
• la tropicalité et l’exotisme de la destination ;
Les éléments montrant la tropicalité sont : le lagon, les alizés, la plage de sable blanc, la végétation et
les cultures tropicales
• des aménagements touristiques et de communication ;
Les aménagements touristiques et de communication sont les resorts (incluant plage te shopping),
l’aéroport, les routes et le port de croisières
• des acteurs (les nommer).
Il y a des acteurs externes : les FTN et internes : état et entreprises locales
3. Quels types de figurés choisir pour symboliser :
• les flux et les dynamiques touristiques ? > des flèches
• les complexes touristiques, les sites ? des figurés ponctuels (carré, rond,…)
• les routes ? Des figurés linéaires
• le relief ou la végétation ? des figurés de surface
4. Finaliser la légende.
10. Définir les termes suivants : « diversification », « densification », « clientèle émergente ».
Diversification : introduction de nouvelles pratiques touristiques
Densification : augmentation du nombre de touristes et d’aménagements touristiques qui y sont liés
Clientèle émergente : clientèle nouvelle en forte progression issue pour la plupart des pays en
développement très rapide
5. Compléter le schéma en commençant par les figurés ponctuels, puis les figurés linéaires et
les aplats de couleur. Porter la nomenclature. Les figurés doivent être les mêmes que ceux
définis dans la légende.
6. Pour finir, faire un cadre (cela renforcera l’effet visuel de votre travail).
126
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Titre : L’île Maurice, modèle de développement touristique d’une île tropicale
Légende :
127
© Nathan Chapitre 9 – L’île tropicale
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 196)
128
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
12. En quoi ces hôtels polynésiens répondent-ils à l’imaginaire occidental ?
L’exotisme fabriqué par ces structures hôtelières (luxe et architecture océanienne) crée une vraie
altérité pour les touristes occidentaux. Cet exotisme se détache du modèle culturel occidental. Cette
organisation va être imitée dans de nombreuses destinations tropicales.
129
© Nathan Chapitre 9 – L’île tropicale
5. Exercice de synthèse : Bora-Bora et l’île Maurice (p. 199)
15. Comparer l’île Maurice et Bora-Bora dans un tableau conforme au modèle ci-dessous et en
utilisant les expressions suivantes.
Tourisme île Maurice Tourisme Bora-Bora
Destinations fantasmées, prise de conscience de la nécessité d’un développement
durable, difficile accès des populations locales au littoral, éloignement des pôles
Points communs émetteurs, accessibilité déterminante dans la mise en tourisme, des comptoirs/enclave
touristique jalonnent le littoral, développement de la croisière, tourisme exclusivement
balnéaire, artificialisation du littoral.
Internationalisation des investissements
Fréquentation importante et diversifiée,
forte, fréquentation irrégulière depuis les
internationalisation des investissements
années 1960, contrainte spatiale forte,
Différences faible, croissance des flux touristiques
replis des infrastructures hôtelières, pas ou
continue depuis les années 1960, hub
peu de diversification de l’offre,
régional, diversification de l’offre.
destination confidentielle.
Complément
C. Blondy, et H. Pébarthe-Désiré, « Les îles tropicales, lieux de l’extraordinaire ? Construction et
maturation touristiques en Polynésie française et à l’île Maurice », Bulletin de l'Association de
géographes français, vol. 95, n° 4, 2018, pp. 468-491.
E. Fagnoni, « Les espaces du tourisme et des loisirs », pp322-331, in J.-C. Gay, Le tourisme dans les
îles tropicales, 2017.
130
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Chapitre 10
La ville touristifiée
Remarques :
• Ce chapitre s’inscrit essentiellement dans deux thématiques du référentiel : « Acteurs et mise en
tourisme » et « Tourisme et patrimoine ».
• Deux études de cas ouvrent le chapitre : Sarlat-la-Canéda en France et Bruges en Belgique. Face à
l’intérêt croissant des touristes pour le patrimoine et profitant de la proximité avec les foyers
émetteurs, les deux villes connaissent un vif succès touristique. Si la fréquentation touristique de
Sarlat est fortement marquée par la saisonnalité, la ville de Bruges est quant à elle investie par les
touristes jour et nuit toute l’année. Les deux études de cas mettent en avant les caractéristiques des
villes touristifiées, mises en tourisme et en patrimoine autour d’un noyau ancien. Dans ces villes,
touristes et habitants doivent cohabiter et les enjeux de durabilité des espaces entrent en jeu.
• Il s’agit, pour l’étudiant, de montrer que la ville touristifiée par sa patrimonialisation a été subvertie
par le tourisme. Ainsi, le tourisme devient la fonction dominante dans la ville, et notamment dans son
hypercentre qui en dépend largement, voire totalement.
• Les documents de natures variées (cartes, tableau statistique, textes, photographies) permettent à
l’étudiant de conduire l’analyse du territoire en mobilisant toutes les compétences attendues du
référentiel (prélever et exploiter les informations, les confronter pour répondre au sujet et aux
consignes, afin de mener un raisonnement géographique).
131
© Nathan Chapitre 10 – La ville touirstifiée
Découverte professionnelle (p. 203)
• À l’aide d’une recherche sur le site www.sarlat.fr, identifier, dans un tableau comme celui ci-
dessous, comment Sarlat remplit les critères du label.
Critères Exemples
132
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Étude de cas (p. 204)
Sarlat-la-Canéda
133
© Nathan Chapitre 10 – La ville touirstifiée
Ainsi, Sarlat-la-Canéda devient une ville patrimonialisée. Sarlat incarne sa région, dont elle est la
« capitale ».
La ville n’est pas née du tourisme. La bourgade s’était développée dès le Moyen Âge autour de
remparts. Des aménagements urbains spécifiques correspondant aux fonctions économiques
(commerce, artisanat) et politiques du territoire s’y étaient établis.
Les acteurs s’appuient sur la richesse patrimoniale du lieu et sur le charme du site et/ou du paysage
pour développer le tourisme.
Sarlat possède un riche patrimoine matériel (voir II).La notoriété de Sarlat est aussi liée à sa
gastronomie et ses produits du terroir (IGP). Sarlat est la capitale du foie gras. Toute l’année, les
marchés, boutiques et restaurants mettent en avant ce produit du terroir. Un festival lui est même
consacré en février : « Fest’oie ». Pommes sarladaises, confits de canard, truffes et châtaignes sont
aussi mis en avant.
Cette patrimonialisation prend une ampleur telle que la ville est transformée par sa mise en tourisme.
Les labels et autres récompenses se sont ainsi multipliés ces dernières années, car ils sont
considérés par les villes touristifiées comme un puissant levier dans leur développement économique.
Ils valorisent leur patrimoine, les engagent à prendre des mesures de protection et à mener une
réflexion plus globale sur l’aménagement de leur territoire.
6. Analyser la fréquentation touristique de Sarlat aujourd’hui.
À Sarlat, chaque été, plus d’un million de touristes attirés par l’image de carte postale que renvoie la
ville, qui semble figée depuis des siècles, affluent, envahissant les rues de l’hypercentre. La
fréquentation est quasi européenne (90 %). Les flux nationaux sont majoritaires (70 %), fréquentation
nationale renforcée par la crise du Covid-19. La proximité des foyers émetteurs et l’accessibilité de la
région expliquent ces chiffres. Certains touristes séduits par la sérénité des lieux choisissent de s’y
établir (résidence secondaire, voire retraite), y compris certains étrangers (Anglais).
134
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
9. Quelles stratégies de développement touristiques les acteurs locaux élaborent-ils ? Avec
quels objectifs ?
Une meilleure gestion des flux
La plupart des collectivités prennent des mesures pour mieux gérer les flux touristiques : quotas, accès
payant, système de réservation, meilleure répartition des flux sur l’année (ex. : Fest’oie), incitation à
l’allongement des séjours, protection des espaces résidentiels, réglementation.
Les collectivités territoriales axent leur politique autour de quatre enjeux : réussir à attirer toute
l’année, séduire une clientèle nationale mais aussi internationale, développer une offre touristique plus
personnalisée pour fidéliser et accroître la fréquentation touristique et travailler en réseau avec les
régions voisines.
Enjeux et défis
La crise de la Covid-19 a particulièrement fragilisé ce type de lieu touristique. La baisse de la
fréquentation, l’annulation d’événements, les fermetures de restaurants ont déstabilisé l’économie
locale et supprimé des emplois. Les différents acteurs conscients de leur dépendance avaient déjà
réfléchi à la mise en place de mesures novatrices en misant sur la promotion touristique (création de
pass, de capsules vidéos, de campagnes de communication tournées vers un tourisme de choix de
dernière minute, de plateforme de vente en ligne), en mettant en avant des productions locales
valorisant ainsi les circuits courts et les savoir-faire des habitants (artisans, chefs…) et en se faisant
garants de la sécurité sanitaire (jauge réduite, organisation de petits événements).
Le développement durable concerne aussi les espaces urbains. Les acteurs du tourisme placent au cœur
de leur réflexion la préservation de la qualité des paysages.
En cinquante ans, Sarlat et le Périgord ont su se forger une image de terroir authentique et attractif.
Certains touristes séduits ont parfois pris la décision d’y acheter une résidence secondaire, voire de s’y
installer. Le tourisme peut-il être un outil de revitalisation de cette frange rurale et vide de la France ?
135
© Nathan Chapitre 10 – La ville touirstifiée
Production graphique – Niveau 3 (p. 212)
136
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Titre : La touristification de Sarlat et du Périgord noir
Légende :
I. Un patrimoine paysager et historique de III. Une mise en tourisme qui transforme la cité
renommée et la région
II. Un territoire ouvert sur l’Europe IV. Des stratégies touristiques nouvelles
Route secondaire
Gare
137
© Nathan Chapitre 10 – La ville touirstifiée
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 214)
138
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
– Patrimoine matériel : Bruges = « le pont ». Riche d’un centre historique : ville médiévale marchande
avec son beffroi, ses béguinages, ses musées (peintures « primitifs flamands » du XVe siècle).
– Patrimoine immatériel : procession du Saint-Sang et sa gastronomie (bière et chocolat, gaufres),
marchés animés. La ville est aussi célèbre pour son marché de Noël.
Équipement et animations : Bruges est bien dotée (nombreuses boutiques et nombreux hébergements
tous situés dans l’hypercentre, pistes cyclables, parcs et jardins, moulins, mais aussi centre d’affaires
en périphérie). Pour un tourisme avant tout culturel, destination idéale des city-breaks ; elle est
également réputée pour être une destination de shopping, voire d’affaires.
5. Montrer que Bruges est l'exemple d'un paysage cartepostalisé.
Les paysages renvoyés par les médias sont idéalisés et donnent envie de découvrir la ville. Ruelles
pavées pittoresques et canaux romantiques relient des places photogéniques bordées de tours
vertigineuses et d’églises historiques. Ces lieux sont très photographiés par les touristes et sont dignes
de cartes postales, il s’agit d’une représentation stéréotypée, simplificatrice et réductrice de l’identité
du lieu.
6. Rechercher des images « carte postale » prises dans d’autres villes européennes qui
seraient sur le même modèle de ville stéréotypée que Bruges.
Toutes les « Venise » : Venise en Italie, Annecy, Martigues… Mais aussi Honfleur, Saint-Malo,
Tolède, Dubrovnik…
139
© Nathan Chapitre 10 – La ville touirstifiée
4. Conclusion : habiter Bruges (p. 217)
11. Comment habitants et touristes cohabitent-ils à Bruges ?
Bruges attire énormément de monde : 8 millions de touristes par an ! Seul un habitant sur six vit au
centre. Les Brugeois se sentent dépossédés de leur ville, confrontés à des difficultés de circulation, à la
hausse des prix des biens et de l’immobilier en particulier. Le risque est qu’ils soient obligés de
« déguerpir » en périphérie. Les touristes cherchent à consommer des produits de plus en plus
standardisés dans des boutiques stéréotypées, dans une ville qui se muséifie. La « disneylandisation »
n’est jamais loin. Le gros problème reste cependant la gestion des flux souvent très concentrés.
12. Une inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO provoque une
augmentation immédiate de la fréquentation touristique. Montrer les effets constatés de
cette inscription à l’UNESCO dont sont victimes les sites une fois inscrits.
L’effet UNESCO est un effet boomerang. Le classement met en lumière le site pour sa valeur
universelle et exceptionnelle. Cela attire du coup toujours plus de touristes (les statistiques montrent
une hausse moyenne de 30 % des flux après une inscription à l’UNESCO). Comment dans ces
conditions conserver et préserver le patrimoine (pollution, embouteillage, déchets, dégradations) ?
13. Quelles sont les différentes mesures prises par la ville ces dernières années ? Quel est
l’objectif recherché ?
La ville cherche à limiter les flux (quotas), à mieux les répartir sur l’année et surtout à faire rester les
touristes plusieurs jours pour les faire dépenser plus, quitte à ce qu’ils soient moins nombreux. Elle
préfère miser sur la qualité plutôt que sur la quantité pour se préserver et surtout veille à maintenir
voire faire revenir les habitants dans l’hypercentre pour ne pas en faire une ville-musée (politique
d’incitations financières notamment).
Compléments
A. Ouellet, « La petite ville touristique : espace de cohabitation ou espace en temps partagé ?
L’exemple de Sarlat (Dordogne) », Espace populations sociétés, n° 2019/1, 2019.
Sous la direction de Philippe Duhamel, Rémy Knafou. Mondes urbains du tourisme, Belin, 2007.
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Chapitre 11
La métropole touristique
Positionnement du chapitre dans le référentiel
Thème IV. Archétypes à toutes les échelles
Notions centrales Métropole mondiale, tourisme métropolitain, CTD, grand projet urbain
Remarque
Ce chapitre peut être mis en lien avec les chapitres 3, 6 et 13.
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
2. Quelles sont les pratiques et les clientèles touristiques présentées sur l’affiche et dans
l’extrait vidéo ?
La jeunesse prime dans l’ensemble de la vidéo promotionnelle comme sur l’affiche. C’est
une jeunesse mondialisée où coexistent et se rencontrent tous les groupes ethniques et toutes
les origines. Singapour est présentée comme une ville mondiale et cosmopolite.
Clientèles
Le féminisme, comme de nombreux courants idéologiques contemporains, est aussi mis en
avant. Les auteurs associent la tradition présentée par des populations plus âgées (en habits
« traditionnels ») avec une jeunesse ouverte sur le monde et mondialisée.
La promenade en forêt est la première pratique valorisée par la vidéo. Les pratiques
sportives (du grand événement au match de basket de rue et aux nouvelles pratiques
sportives urbaines), la découverte du patrimoine traditionnel (le théâtre chinois ou le temple
indien), la mode (ou le design), les principaux musées et galeries d’art, la gastronomie
(locale, régionale et mondiale), la vie nocturne festive, les concerts, le shopping et la mode
en général donnent l’image d’une offre infinie. C’est le tourisme global. Un territoire
Pratiques
relativement réduit permet tout, y compris au sein d’un même bâtiment comme le Marina
Bay Sands.
L’extrait associe en permanence des activités traditionnelles (malaises, chinoises…) avec
des pratiques extrêmement mondialisées (nouvelles technologies, fashion et design lors des
défilés de mode, par exemple). Singapour nourrit ainsi son succès en s’appuyant sur la
tradition.
Complément
À développer avec les étudiants dans cette introduction du chapitre : les deux documents permettent de
critiquer le marketing territorial.
– Née en 1810 lors de la colonisation britannique, l’île de Singapour est malaisienne à l'origine. Port
et base militaire britannique sur la route de l’Extrême-Orient, l’île-ville est rapidement peuplée par des
migrants venus de Chine et d’Inde. Les Malais ne comptent aujourd’hui que pour 13 % de la population
contre 77 % pour les Chinois et 9 % pour les Indiens. La métropole compte aujourd’hui environ 20 %
d’étrangers non comptabilisés, occidentaux mais aussi de l’ensemble du sud-est asiatique (Indonésiens,
Philippins…). En insistant sur son caractère multiculturel, les documents minorent l’écrasante majorité
d'origine chinoise (ethniquement et culturellement).
– Depuis son indépendance en 1965, la cité-État se présente comme un régime parlementaire sur le
modèle britannique. En réalité, elle est dominée par un unique parti politique, le PAP (le Parti d’action
populaire) et le pouvoir se rapproche plus d’un autoritarisme (assez commun dans la région). Ce régime
est aussi très conservateur et socialement traditionnel. La « prude Singapour » s’invente dans les
documents une dimension festive et permissive que le régime tolère en réalité difficilement.
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
– Enfin, les documents ne montrent pas la verticalité du centre, la modernité des buildings, les densités
de peuplement extrêmement élevéees… La nature, les forêts (y compris dans les parcs naturels),
l’expérience individuelle, les rues vides… effacent l’urbanité étouffante d’un espace où la densité est
supérieure à 8 000 habitants au km².
À savoir
Singapour offre un climat propice au tourisme puisque la cité-État se situe dans l’hémisphère nord, à
proximité de l’équateur. Le climat est chaud et humide.
Quels aménagements présentés dans les documents exploitent et renforcent cet atout ?
L'accessibilité de la ville insulaire se limite à plusieurs ponts autoroutiers et voies de chemin de fer
depuis la Malaisie voisine. La connexion à la mondialisation nécessite d’autres infrastructures à
l’emprise spatiale plus marquante.
L’aéroport international de Changi, situé à l'extrémité occidentale de la métropole, profite de sa
situation. Fondée en 1944, la plateforme aéroportuaire se classe dans les vingt premiers aéroports
mondiaux en 2019 avec environ 68 millions de passagers. Hub du groupe Singapore Airlines, l’aéroport
concentre les vols internationaux venant d’Europe et d’Amérique pour les redistribuer vers l'Australie
et l’Asie du Sud-Est. Les compagnies à bas coûts Silk Air ou Tiger Airways, appartenant à Singapore
Airlines, proposent des vols régionaux aux côtés des géantes Air Asia (Malaisie) et Lion Air (Indonésie)
par exemple.
Souhaitant renforcer leur position de pivot, de hub, concentrant et redistribuant les flux, les autorités
aéroportuaires cherchent à multiplier les connexions avec le reste de la métropole tout en faisant de
Changi une destination en soi, une escale proposant différents services et expériences. Le projet
« Jewel » s’inscrit dans cette dynamique (voir zoom sur les transports).
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
Changi rêve de devenir une aerotropolis, une ville construite autour de l’aéroport ou se développent des
activités logistiques, de MICE (Meeting, Incentive, Congress and Exhibitions), hospitalières (tourisme
médical), universitaires… C’est la connexion qui produit l’urbanité.
Compléments
L’aéroport de Changi : https://youtu.be/u5eSVBi2SaA
Le projet « Jewel » à Changi Airport : https://youtu.be/x7sAAGlyCtQ
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Touristes « résidents », ils consomment et façonnent les lieux et les pratiques de la mondialité. À
l’inverse, le succès touristique repose sur la mobilisation d’une main-d'œuvre immigrée (indonésienne
ou malaisienne) et sur l’étranger proche, Bantam et Bintam, deux îles indonésiennes, stations balnéaires
de Singapour.
Les quartiers festifs (bars design, boîtes de nuit…), le casino et les spectacles (Marina
Jouer, se divertir Bay Sands), le complexe de loisirs de l’île de Sentosa, le parc à thème (Universal), les
grands événements mondiaux…
Se reposer,
Les gastronomies, les jardins urbains (Garden by the Bay), la promenade littorale
prendre soin de
(requalification du littoral), les stations et resorts sur Bintam et Bantam…
soi
Magasiner Le secteur commercial, les malls, les magasins de luxe (comme Louis Vuitton)
Être entre soi Les resorts, les malls (essentiellement orientés vers les produits de luxe)…
Une métropole doit permettre toutes les pratiques touristiques dans le cadre du tourisme global. Elle doit
aussi proposer des expériences multiples et sans cesse renouvelées. Ainsi, avec les grands événements
en lien avec le grand projet urbain (GPU), comme les expositions dans les musées, les courses de F1,
les concours gastronomiques, les concerts, les rencontres sportives, etc., la métropole s’inscrit dans le
calendrier de la mondialisation.
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
En quoi la cité-État répond-elle aux imaginaires de la mondialisation touristique ?
Les imaginaires de la mondialisation touristique correspondent, dans le cas de Singapour, à la
métropolité et à la mondialité.
La métropolité suppose de concentrer les marques et les paysages de la puissance et de la réussite
économique des grandes métropoles de la mondialisation : la verticalité du centre avec les buildings, de
grands musées et équipements culturels, des monuments iconiques (ou géosymboles), des quartiers
patrimonialisés témoignant de la diversité culturelle des populations, des événements mondialisés
réguliers, du shopping de luxe… Être dans la mondialisation, surtout pour l’Asie émergente, c’est
montrer sa réussite en consommant des produits emblématiques de la mondialité dans des lieux
caractéristiques de la puissance des grandes villes. C’est une acculturation, une hybridation culturelle,
qui fait qu’une partie de la population se sent comme à Londres, New York ou Paris.
La mondialité, c’est la capacité à consommer et à montrer des produits, des lieux, des pratiques
symboliques de la mondialisation et d’une partie des élites qui l’animent. Des marques de luxe de
montres ou de maroquinerie, des restaurants étoilés, des spectacles, des hôtels, des bars design, etc.
forment un ensemble qui participe à l’une des motivations centrales du tourisme : voir et être vu. Pour
des populations émergentes, donc en enrichissement rapide, ou des expatriés asiatiques et/ou
occidentaux, Singapour offre un miroir de la réussite économique et sociale et permet toutes les pratiques
d’une élite acculturée et mondialisée.
Quels sont les impacts de ce modèle de développement ?
Les impacts, c’est-à-dire les conséquences aussi bien positives que négatives, de la recomposition de
l’hypercentre et des quartiers péricentraux de la métropole sont multiples tant ils redéfinissent son
modèle de développement.
La cité-État a construit sa réussite et sa prospérité sur sa fonction portuaire et industrielle. Toutes les îles
proches du centre étaient des ports à conteneurs destinés à nourrir l’industrie locale. La main-d'œuvre
ouvrière était installée à proximité. Les industries sont aujourd’hui délocalisées vers l’Indonésie et la
Malaisie, les ports sont déplacés et automatisés, les quartiers ouvriers sont détruits pour permettre la
mise en tourisme.
Centre et hypercentre sont transformés, reconstruits, patrimonialisés dans le cadre de la mise en tourisme
et du GPU (grand projet urbain). Les populations modestes sont relogées dans l’intérieur de l’île ou
proche de la Malaisie. De nouveaux habitants s’installent et profitent du boom immobilier qui résulte du
GPU. Riches Singapouriens ou expatriés peuplent et animent le centre profondément mondialisé.
Finalement, le GPU a produit un centre à la fois enclave de la mondialisation et déterritorialisé, peuplé
« d’hypernomades » mais coupé des populations locales. Comme dans toutes les métropoles mondiales,
le centre et les quartiers péricentraux s’insèrent dans un réseau aux échelles régionales et mondiales qui
se différencient et se coupent en partie des périphéries proches. C’est le processus classique de
gentrification, mais à l’échelle mondiale.
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
III. Schématiser les dynamiques d’un territoire touristique
Schématiser le grand projet urbain du centre de Singapour. En quoi forme-t-il un GPU
(grand projet urbain) et un CTD (Central Tourism District) ?
À Singapour, c’est essentiellement le front de mer et le centre-ville qui concentrent le grand projet urbain
et les recompositions spatiales. Voici le schéma qui le décrit :
Vers l'intérieur
Festivalisation
Musées, quartier festif, grands
CTD (Central Tourism District) Géosymbole
équipements culturels, malls…
Shopping (luxe)
Harbour Front
Marina, resorts, condomiums Ville ludique
Port de croisière
Vers le littoral
Remarque/notions
Pour s’insérer dans les dynamiques de la mondialisation touristique et renforcer le poids et la place des
centres-villes, les métropoles suivent en général la même stratégie dans le cadre des grands projets
urbains (GPU).
Les GPU concernent les quartiers péricentraux situés dans le prolongement et autour des centres-villes
historiques. Souvent dévolus à des activités industrielles ou logistiques, parfois en friches, ils offrent de
larges opportunités foncières et d’aménagement.
Les GPU sont une des stratégies couramment employées pour insérer les métropoles dans les flux
touristiques. Le premier date de 1976 à Baltimore (États-Unis).
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
Le schéma suivant présente les stratégies des métropoles pour le tourisme :
Quartiers Requalification,
MÉTROPOLE TOURISME
péricentraux rénovation
Nouvelle centralité
Grand projet
(CTD) sur le front
urbain
d’eau
Mondialisation Attractivité
Concentration des hommes et des activités dans les grands organismes urbains.
Tourisme urbain Tourisme métropolitain
– Tourisme d’affaires Offre globale, dans le centre-ville, qui associe :
– Tourisme culturel – toutes les pratiques du tourisme urbain ;
– Tourisme festif – une qualité paysagère et architecturale
– Shopping (modernité) ;
– Tourisme affinitaire… – une approche du développement durable.
Mobilités internes
(espace urbain) Aire de rayonnement et
Accès à la d’influence : excursions,
destination visites, circuits…
Gérer les mobilités
Destination métropolitaine :
Favorise
« tourisme d’archipel »
Accessibilité Attractivité
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
La notion : le grand projet urbain
Acteurs Mondialisation
État (Singapour) – Architectes Mobilités
FTN (groupes – Urbanistes Accessibilité
mondiaux)
Expatriés Mimétisme
Intermédiaires
culturels
Logements
Condominiums
Front d’eau
Ville ludique et
Pratiques Gentrification festive
culturelles
Vols low cost… Spatial mismatch
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
Rédiger une note de synthèse présentant la stratégie de mise en tourisme suivie par
l’État singapourien.
– Rappeler le rôle central de l’acteur singapourien : l’État
– Mentionner la volonté d’être/de renforcer le statut de métropole mondiale
Introduction – Rappeler le rôle du tourisme dans la métropolité
– Énoncer la problématique : quelles sont les stratégies de l’État singapourien pour le
tourisme ?
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Production graphique – Niveau 1 (p. 230)
… qui se traduit dans les recompositions spatiales des quartiers centraux et péricentraux
Compléter un tableau comme celui ci-dessous pour la légende. Pour chacune des idées de
l’étape 2, choisir un figuré et le reporter dans le tableau.
Construire le plan et sa légende en deux parties dans un tableau comme celui ci-dessous.
Changer les titres des sous-parties pour renforcer le sens et apporter plus de précisions. Par
exemple, des acteurs à plusieurs échelles remplacent les acteurs.
Corrigé des questions 3 et 4 : voir page suivante.
Réaliser le schéma. Dessiner, dans un premier temps, une forme simple de Singapour à partir
du document n° 6. Il est possible de simplifier la carte ou tout simplement de prendre une
forme géométrique la plus simple possible à réaliser (par exemple, ci-dessous, un rectangle).
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
Titre : La recomposition de Singapour par le tourisme
Plan – légende
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 232)
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
2. Paris 2024, un grand événement et un grand projet urbain
(p. 234)
À l’aide des deux extraits vidéo, reproduire puis compléter le tableau ci-dessous pour
définir le projet parisien pour les Jeux Olympiques de 2024.
Un dense réseau de métros et de RER renforcé par le projet du Grand Paris.
Tous les équipements sportifs doivent être connectés. Le hub aéroportuaire
Accessibilité et mobilités
d’ADP (Aéroport de Paris) avec Roissy-CDG et Orly assure la connexion
mondiale. La Seine sert aussi de lien à l’ensemble.
En quoi les projets en Seine-Saint-Denis sont-ils un front touristique, une reconquête des
quartiers péricentraux et un grand projet urbain ?
La Seine-Saint-Denis, au nord de la métropole parisienne tout en étant proche de l’hypercentre, souffre
à la fois d’une image négative, d’un déficit d’équipements publics et concentre de nombreuses
populations immigrées, de la pauvreté et un fort taux de chômage. C’est un espace de relégation dans la
région métropolitaine. Le projet, dans le cadre de Paris 2024, permet de :
L’enjeu majeur réside dans le risque de spatial mismatch et de relégation. Les populations paupérisées
vivant et animant aujourd’hui ce territoire ne risquent-elles pas d’être contraintes à partir ou d’être
déguerpies par les promoteurs lors de la rénovation du quartier ? Le front touristique s’accompagne
souvent du front de gentrification.
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Relever, dans les documents 5 et 6, des expressions qui font de Paris un archétype des
métropoles mondiales touristiques.
Diverses expressions dans les documents et dans les extraits vidéo renforcent le statut de métropole
mondiale ou veulent le renforcer :
– les 24 mots : une métropole ouverte, écologique, historique, tolérante, artistique et créative, offrant le
meilleur de « l’expérience » française au monde (mode, gastronomie, art de vivre, beauté), festive,
cosmopolite… De nombreux clichés sur la France et Paris sont convoqués ;
– l’accueil d’un grand événement mondialisé, ici les Jeux Olympiques ;
– la formation progressive d’un CTD (Central Tourism District) ;
– une image mondiale associée à du patrimoine et à des géosymboles (monuments iconiques) comme
l’arc de Triomphe ;
– le polycentrisme et la diffusion du tourisme dans les espaces péricentraux ;
– de grands projets urbains dans les espaces péricentraux en cris ou en friches.
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© Nathan Chapitre 11 – La métropole touristique
Chapitre 12
La riviera
Complément
Le CRT ou ADT, un acteur public du tourisme : initialement, une association créée en 1942, le Comité
régional du tourisme Côte d’Azur France, a été instituée en 1987 par l'Assemblée régionale Provence-
Alpes-Côte d'Azur, en application de la loi du 3 janvier 1987 relative à l'organisation régionale du
tourisme, qui décidait de conserver ainsi l'existence de deux comités régionaux de tourisme : un comité
régional de tourisme « Provence-Alpes-Côte d'Azur » compétent pour les départements des Bouches-
du-Rhône, du Var, du Vaucluse, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, et un comité
régional « Riviera Côte d'Azur » au service de la promotion et du développement touristiques des Alpes-
Maritimes. Les limites géographiques de la Côte d’Azur sont variables selon les acteurs qui les
définissent, ce qui complexifie la définition de cet espace, son périmètre de promotion touristique et les
acteurs institutionnels concernés.
De nombreux CRT font évoluer leurs statuts vers la dénomination ADT (agences régionales du
tourisme), se considérant plus en phase avec leur positionnement de plateforme de services pour assurer
la promotion de la région aux niveaux régional, national et international. Mais tous continuent à mettre
156
© Nathan Thème IV – Archétypes à toutes les échelles
en œuvre la stratégie de développement touristique définie par leur conseil régional et couvrent par
l’ensemble de leurs missions toute la chaîne de production de l’offre touristique, de l’observation à la
promotion/communication, en passant par le design de l’offre et la formation des acteurs.
Une courte vidéo sur le rôle de locomotive assuré par les régions en contexte sanitaire de Covid-19,
en lien avec la notion d’acteurs publics : « Tourisme : les régions se livrent une bataille pour séduire
les vacanciers », JT France 2 (en contexte Covid, 16 juin 2020), 2 min 10,
www.dailymotion.com/video/x7uhn6m.
Décrire ce paysage littoral et identifier, à l’aide de Géoportail, les trois caps visibles sur
l’image.
Sous un ciel dégagé, la mer d’un bleu profond borde les reliefs rocheux caractéristiques du littoral
azuréen : la plongée des Alpes dans la mer a produit cet adret maritime (versant orienté au sud) au relief
découpé ponctué de nombreux caps, îles, baies, golfes et corniches. Nous sommes ici dans les Alpes
Maritimes, entre Monaco et Antibes, avec Nice et sa célèbre baie des Anges. Au premier plan, entouré
par la garrigue, le village médiéval d’Èze, un des villages perchés les plus touristiques et « nid d’Aigle »
de la Côte d’Azur, offre un panorama spectaculaire sur le littoral. Au-delà du cap Roux (premier cap
visible au second plan de l’image), le cap Ferrat (lieu de villégiature prisé par de riches fortunes de la
planète, en particulier des Russes), plus le cap Antibes identifiable à l’arrière-plan de l’image. Entre ces
deux derniers caps, se trouvent la rade de Villefranche et le port de Nice, qui accueille les plus grosses
unités de croisière. Ce paysage valorise ainsi des atouts paysagers faits de patrimoine naturel et culturel.
Expliquer et nuancer l’affirmation qui accompagne l’image et ses références à la géohistoire
du tourisme sur ce littoral.
Cette page du site de la marque de territoire « Côte d’Azur France » met en avant l’ancienneté de ce
littoral méditerranéen renommé, dont la première mise en tourisme remonte au XVIIIe siècle. C’est un
des lieux d’invention du tourisme, caractéristique du premier système touristique, alors que les tous
premiers touristes sont exclusivement issus de la haute noblesse d’abord britannique, puis européenne.
Les vacances (c’est-à-dire une période de congés payés) sont un acquis social de la première moitié du
XXe siècle pour les Français (généralisées en 1936 par décision du gouvernement Léon Blum, dit de
« Front Populaire ») lors du système touristique suivant. Le mot vacances est donc une découverte que
le seul littoral azuréen ne peut s’attribuer. L’affirmation la plus exacte aurait sans doute été « J’ai fait
découvrir la mer l’hiver, le littoral et ses paysages aux aristocrates britanniques », beaucoup moins
porteur s’agissant de faire la promotion du littoral sur le site Internet, en français, à destination du plus
grand nombre.
Complément
Question supplémentaire possible : Quels sont les imaginaires de la Côte d’Azur mobilisés par ce
document ? Expliquez la dernière phrase. (Cette question peut être proposée en fin d’étude de cas, alors
que les étudiants auront étudié la mise en tourisme de ce littoral et seront plus à même de pouvoir
nuancer par eux-mêmes.)
Les imaginaires de la CDA sont multiples. Ce document, par son slogan, mobilise celui relatif à
l’ancienneté du tourisme sur ce littoral prestigieux, mais aussi les paysages spectaculaires (village
perché et reliefs découpés, bleu de la mer sur laquelle les multiples bateaux de plaisance naviguent).
Pas de plage, mais plutôt une invitation à la contemplation du paysage littoral vu d’en haut, exactement
comme les premiers touristes britanniques l’ont découvert et apprécié.
Les auteurs de ce visuel ont donc volontairement proposé une image au message sélectif. Il manque bien
évidemment des pratiques touristiques majeures (plages, fêtes, festivals…), mais aussi des réalités
socio-spatiales telles que la saturation du littoral par l’extrême densification du bâti et des
aménagements, la ségrégation socio-spatiale, le chômage ou l’insécurité… Soit d’autres réalités que la
promotion touristique ne peut effectivement mobiliser.
157
© Nathan Chapitre 12 – La riviera
Étude de cas (p. 240)
Complément
Cette question permet aussi de :
– rappeler les points communs et les différences entre aménités et atouts : les aménités sont des atouts,
mais certains atouts (comme la présence d’un réseau de transports efficace pour accueillir les touristes)
ne sont pas des aménités ;
– de souligner également leur relativité selon les périodes concernées : les premiers touristes
recherchent la douceur hivernale et fuient ce littoral dès les premières chaleurs. La fréquentation fut
ainsi exclusivement hivernale jusqu’aux années 1920-1930, avant que cela ne s’inverse
progressivement.
Analyser la fréquentation touristique azuréenne.
Outre les Français (presque un touriste sur deux), les clientèles sont issues des principaux pays émetteurs
du bassin euroméditerranéen, riches, peuplés (Royaume-Uni et Allemagne), ainsi que frontaliers (Italie),
et appartenant à la mégalopole européenne.
La fréquentation est étrangère à 53 %, même si la clientèle de proximité (clientèle européenne) domine.
Ce chiffre élevé est un bon indicateur du rayonnement mondial de ce littoral, devenu un haut lieu. Le
positionnement dans le haut de gamme des hébergements marchands (hôtels et résidences dont 50 %
sont classées quatre ou cinq étoiles) ainsi que le poids de l’aérien dans l’accessibilité externe du littoral
(28 %) le confirment, tout comme la présence importante de touristes états-uniens (9 %).
Enfin, si la fréquentation est plus forte l’été et reste importante en automne et au printemps, la Côte
d’Azur est fréquentée toute l’année. L’hiver touristique, historiquement la première saison, n’a donc pas
disparu.
158
© Nathan Thème IV – Archétypes à toutes les échelles
Présenter, sous forme de tableau ou de schéma fléché, la mise en tourisme de la Côte d’Azur.
Pratiques touristiques
Étapes Acteurs Aménagements Accessibilité
(et lieux concernés)
L’hivernage Touristes : grands La ville d’hiver Difficile (le
De la seconde aristocrates cheval, la
moitié du Villégiature hivernaleà britanniques (ex. : diligence, la
XVIIIe siècle Nice et Hyères Lord Brougham) = Les premières calèche)
(contexte du Grand stations
Tour) à la seconde Puis Cannes Des médecins (ex. : le climatiques avec
moitié du genevois Deluc) villas etfronts de
XIXe siècle recommandent la Côte mer aménagés
Le repos, le climatisme d’Azur, contribuant à (« promenade
(profiter du climat), la renommée des Anglais »,
Premier système admirer les paysages, d’Hyères) « la
touristique (voir s’amuser (casino, bal…) Croisette »…)
fiche ressource => activités mondaines un tourisme
n° 11) auto-produit
Invention
Fin XIXe jusqu’en Maintien des pratiques Bourgeoisie françaiseMultiplication de Le chemin de fer
1914 : précédentes et européenne petites stations (PLM, Paris-
Le golf, le yachting climatiques Lyon-
Diffusion du tourisme Compagnies de chemin Méditerranée)
Premier système (à l’ouest d’Hyères, de fer Golfe de Saint-
touristique (voir mais surtout entre Raphaël,
fiche ressource Hyères et Cannes), côte Investisseurs Valescure
n° 11) des Maures
Bormes, le
Lavandou, Grimaud,
Diffusion Sainte-Maxime =
petites stations
climatiques
Côte de L’Esterel
Entre-deux-guerres Bourgeoisie et classe Développement Le train
Apparition de la saison moyenne des stations L’automobile
estivale : bains de mer, existantes
Deuxième système bronzage, activités État (congés payés…) + création de
touristique (voir sportives nouvelles
fiche ressource
n° 11) Déclin de l’hivernage
Diffusion et
diversification
Seconde moitié du Démocratisation, Marinas L’automobile(qui
XXe siècle Diversification des massification et détrône le train)
pratiques touristiques : mondialisation du Aéroport
(balnéaire, plaisance, tourisme
Deuxième et MICE, événements tels Densification du
troisième systèmes le Festival de Cannes, le Mais forte présencede littoral devenu Avion (deuxième
touristiques(voir Carnaval de Nice…), retraitéset d’une une conurbation aéroport
fiche ressource tourisme culturel, clientèle de luxe (dont touristiqueavec français)
n° 11) croisières… pays émergents) d’autres activités
Acteurs économiques :
privés et publics
Diversification,
densification
159
© Nathan Chapitre 12 – La riviera
II. Lire et comprendre un paysage touristique
Quelle est la place du « tourisme de Riviera » dans l’organisation de l’espace urbain niçois ?
L’apparition d’un nouveau type d’urbanisme destiné à la villégiature d’hiver (puis au tourisme balnéaire
estival plus tardivement) a profondément transformé Nice et structuré son développement. Au pied de
la colline du Château, le site primitif de Nice (le Vieux Nice) est séparé du quartier des hivernants (ou
ville d’Hiver) par un cours d’eau aujourd’hui recouvert (le Paillon). Ces deux noyaux sont reliés par une
des promenades les plus célèbres au monde, la promenade des Anglais, d’abord modeste chemin appelé
Beach Road pour lequel les premiers touristes se cotisèrent (1824). Les premiers touristes s’installent
volontairement à distance des populations locales et sont à l’origine d’une véritable ville nouvelle qui
ne cesse de s’agrandir et de se transformer ensuite. La « Prom » est progressivement bordée par des
bâtiments prestigieux (villas, palaces et leurs jardins) et plusieurs fois agrandie (7 km de long
aujourd’hui, du Vieux Nice à l’aéroport). Ce haut lieu patrimonial est consolidé par le tourisme balnéaire
qui met en valeur la plage qu’elle domine et est devenu un géosymbole d’un tourisme mondialisé. Nice
étant située au fond de la baie des Anges, son extension urbaine est contrainte par une topographie en
amphithéâtre avec une mince plaine littorale limitée à l’ouest par la vallée du Var et à l’est par le mont
Boron. Ce qui explique les fortes densités, la course à la mer et la course à la vue sur mer.
Complément
« Nice, capitale du tourisme de riviera » est la formulation choisie pour porter la candidature de Nice
à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Qrcode « Mission Nice patrimoine
mondial » permet d’accéder au site dédié à cette candidature, examinée en juillet 2021, riche de
ressources (conférences, vidéos et de nombreuses archives).
Expliquer et nuancer la phrase soulignée relative à la marina Port-Grimaud dans le
document 6, en comparant les deux photographies et les vidéos concernées.
Les choix architecturaux sont presque en opposition. Marina-Baie des Anges est tournée vers la
modernité, favorise la verticalité, la concentration du bâti et le béton assumé.
Le style de Port Grimaud, néo-provençal ou néo-vénitien (c’est-à-dire s’inspirant de l’architecture
traditionnelle de Provence et de Venise), est tourné vers le passé, fait la part belle aux petites
constructions, de type individuel, aux toitures en tuiles et à l’esprit « village sur l’eau », avec ses bateaux
ancrés au pied des logements.
Mais Marina-Baie des Anges et Port Grimaud sont deux marinas des années 1960, donc contemporaines
l’une de l’autre. Elles proposent toutes deux de nombreux logements (complexe résidentiel) organisés
autour d’un port de plaisance, l’ensemble construit ex nihilo en réponse à une très forte demande.
Complément
En mobilisant les vidéos proposées, un approfondissement sur la dimension architecturale et
patrimoniale de ces aménagements est envisageable. Ces deux marinas ont en effet suscité des avis très
tranchés dès leur création. Ils peuvent être identifiés, prélevés et classés (« pour/contre » ou
« atouts/limites »), complétés par ceux des étudiants et donner lieu à un échange ou un débat.
Expliquer en quoi Nice et Antibes-Juan-les-Pins sont deux « moments de lieu ».
Nice et Antibes sont des moments de lieux car lieux d’invention de nouvelles pratiques imitées ailleurs
et toujours pratiquées.
Ces nouvelles pratiques inventées sont la villégiature hivernale pour Nice et la pratique estivale de la
plage et du bain chaud pour Antibes (plage de Juan-les-Pins), ce qui lui vaut la mention de « station
d’hiver et d’été » sur l’affiche. Elles se sont ensuite diffusées et perdurent toujours, plus marginalement
pour la première et massivement pour la seconde. Elles sont archétypales des premier et deuxième
systèmes touristiques qui mettent en jeu chacune un nouveau système de pratiques, mais aussi d’acteurs
et de lieux.
160
© Nathan Thème IV – Archétypes à toutes les échelles
Moment de lieu
Invention Nice Antibes-Juan-Les-Pins
Villégiature, contemplation des Bain en eau chaude, bronzage
Pratiques
paysages littoraux des corps dénudés
Saisons Hiver Été
Le bas (la plage), permettant la
Espaces Le haut, permettant la vue
baignade et le bronzage
Diffusion
Complément
La notion de moment de lieu est évoquée par la fiche ressource n° 12 consacrée aux archétypes. Rémy
Knafou, son initiateur, explique que : « L’ambition [du concept “moment de lieu”] est de saisir les
processus qui ont conduit à l’émergence, sur quelques décennies tout au plus et dans des lieux identifiés,
de nouveaux systèmes d’acteurs et de nouvelles pratiques qui, pour la plupart, fonctionnent toujours
aujourd’hui et ont été dupliqués par milliers » (invention diffusion).
161
© Nathan Chapitre 12 – La riviera
III. Définir et caractériser un territoire touristique
Qu’est devenue la Côte d’Azur aujourd’hui ? Montrer que le territoire se recompose et que
le tourisme n’est plus qu’une activité et un mode d’habiter parmi d’autres.
La Côte d’Azur est un littoral touristique majeur qui connaît de fortes recompositions depuis sa mise en
tourisme. Cet espace est dynamique, attirant certes des touristes (habitants temporaires), mais aussi de
nouveaux habitants permanents, retraités (deuxième région de retraite au monde) ou actifs. Tous
contribuent à une réelle diversification économique, le tourisme ne représentant plus que 15 % de son
PIB. La résidentialisation de la Côte d’Azur se poursuit et accentue l’urbanisation presque ininterrompue
du littoral et sa diffusion dans l’arrière-pays azuréen. Polarisée par une conurbation de plus d’un million
d’habitants, la Côte d’Azur associe une diversité de lieux (ouverts ou fermés), d’activités et de
populations aux forts contrastes de richesse dans un espace fragmenté, de plus en plus artificialisé, sous
pression et en tension (conflits d’usages).
Complément :
En France, d’autres rivieras ? Géographie et marketing territorial
La diffusion de la dénomination « riviera » est caractéristique de l’archétype que constitue la riviera
azuréenne en France et dans le monde. Les deux vidéos proposées présentent deux cas particulièrement
intéressants, et permettent, à travers les visuels et les territoires concernés, d’appréhender les enjeux
du marketing territorial, en lien avec les imaginaires, le patrimonial, les paysages littoraux, la
géographie (relief, climat)…
Consigne de travail : Visualiser ces deux vidéos pour découvrir la riviera bretonne et la riviera des
Alpes. Localiser et situer ces deux territoires touristiques puis identifier ce qui les rattache/ce qui ne les
rattache pas à la riviera azuréenne.
162
© Nathan Thème IV – Archétypes à toutes les échelles
Production graphique – Niveau 3 (p. 248)
MER MÉDITERRANÉE
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© Nathan Chapitre 12 – La riviera
Légende
Figuré Partie/information
1. Un littoral aux aménités biogéographiques…
Une côté découpée offrant caps, baies, golfes, îles
Reliefs montagneux d’abri (Alpes du Sud, massifs des Maures et de l’Esterel)
Mer Méditérranée et son climat (mer chaude, fort ensoleillement, douceur hivernale,
chaleur estivale)
2. …anciennement mis en tourisme et accessible
Station touristique ancienne (XVIIIe – début XXe)
Ville principale
Aéroport
Voie de communication majeure
3. Devenu aujourd’hui une riviera de renommée mondiale
Flux touristiques massifs
Conurbation touristique azuréenne
Nice Candidature UNESCO (patrimonialisation d’un haut-lieu touristique)
4. Un littoral sous pression qui se recompose
Artificialisation des sols par diffusion du tourisme et de l’économie résidentielle
Limite de parc (national ou régional)
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© Nathan Thème IV – Archétypes à toutes les échelles
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 250)
Complément
Diagramme ombro-thermique de Mérida, capitale de l’État du Yucatán et ville principale de la
péninsule du Yucatán (source : www.mexique-fr.com)
Relever, dans la vidéo et sur la photo, les indices d’une mondialisation touristique de ce
littoral.
La mondialisation est omniprésente dans ses manifestations spatiales : présence massive de clientèles
étrangères (essentiellement occidentales), d’acteurs économiques mondialisés identifiables par leurs
enseignes (hôtelières ou alimentaires internationales telles que le Hard Rock Café de Cozumel ou Coca-
Cola…), leurs aménagements (hôtels resorts, navires de croisières...). Enfin, ces paysages touristiques
165
© Nathan Chapitre 12 – La riviera
tout comme les pratiques touristiques (3S essentiellement) se déploient à l’identique ou presque sur de
nombreux littoraux chauds de l’écoumène touristique.
La vidéo s’achève par cette phrase : « Bienvenue à la Riviera Maya, qui entretient fièrement
les traditions les plus essentielles ». Les traditions vous semblent-elles occuper une place
importante dans la mise en tourisme de ce littoral ?
Si le patrimoine bioculturel ancien (sites archéologiques mayas, cenotes) semble mis en avant, on peut
se demander quelle est la nature exacte des traditions les plus essentielles et qui au sein de la Riviera
Maya les entretient. Est-ce boire une bière, se baigner ? Le littoral ayant été mis en tourisme ex nihilo et
accueillant une clientèle étrangère, les aménagements sont donc récents et reconstituent un décor qui
relève tout autant d’une « disneylandisation » (et « de l’authentique en toc », expression de la géographe
Sylvie Brunel évoquant la « disneylandisation » de certains lieux) ou d’une réinvention des traditions
des lieux.
MER DES
CARAÏBES
Zone
hôtelière
166
© Nathan Thème IV – Archétypes à toutes les échelles
Repérer Tulum. Son organisation spatiale est-elle différente de celle de Cancún ?
Si Tulum, station plus petite, plus récente et ne comportant pas de lagune, peut paraître différente, son
organisation spatiale répond aux mêmes principes de séparation de la zone hôtelière et de la « ville ».
Ainsi, habitants temporaires (touristes) et permanents sont séparés. La rupture est donc non seulement
paysagère, mais aussi sociale et culturelle, confinant les touristes dans un entre-soi recherché par les
acteurs de la mise en tourisme, comme à Cancún ou Playa del Carmen.
Effectuer une recherche sur les Mayas, dont Tulum est un des sites archéologiques. Expliquer
ce qui différencie, à partir de l’exemple de Tulum, un site touristique d’une station
touristique.
Le terme « Maya » désigne tout à la fois une civilisation méso-américaine parmi les mieux connues et
les habitants du Yucatán qui en seraient les descendants. Originaire du Yucatán, apparue trois
millénaires avant l’ère chrétienne, cette civilisation a connu une période d’apogée autour des années 250
après J.-C et s’est étendue sur le territoire délimité aujourd’hui par le sud du Mexique, le Guatemala, le
nord de Belize et l’ouest du Honduras. Elle s’est distinguée par sa maîtrise de l’astronomie (calendriers
perfectionnés), son architecture cérémoniale (temples pyramides, palais, observatoires…), sa maîtrise
de la construction de réseaux hydrauliques (réservoirs souterrains), son artisanat et son vaste réseau
d'échanges commerciaux avec des peuples lointains. Le déclin de la civilisation maya a commencé vers
900 après J.-C., quand – pour des motifs encore débattus – les Mayas du Sud ont abandonné leurs villes.
Lorsque les Mayas du Nord se sont intégrés à la société toltèque vers 1200 après J.-C., la dynastie maya
a disparu. Certains centres périphériques ont cependant continué à prendre de l'essor jusqu'à la Conquête
espagnole du début du XVIe siècle. Les sites archéologiques les plus connus sont Chichén Itzá, Muyil.
Ek-Balam, Cobà et Tulum.
Tulum, la station touristique, ne doit pas être confondue avec le site de Tulum. Dans ce dernier, pas
d’hébergements ni d’habitants permanents (population locale), mais seulement la possibilité de visiter
le site archéologique (excursion ou tourisme à la journée), contrairement à la station touristique de
Tulum qui, elle, cumule à la fois des possibilités de pratiques touristiques, des hébergements et services
touristiques et des habitants permanents.
167
© Nathan Chapitre 12 – La riviera
4. L’arrière-pays maya : diffusion et diversification du tourisme
(p. 253)
Réaliser, à l’aide de la vidéo, la visite immersive du village maya de Yokdzonot.
Donner des exemples précis d’activités touristiques proposées par les coopératives mayas à
l’aide du document 7 et de la vidéo. De quel type de tourisme s’agit-il ?
Le document 7 est une affiche réalisée par la coopérative Cooxmayab et énonce une partie de l’offre
touristique (baignade dans les cénotes, excursions dans la mangrove, visite des communautés, api-
tourisme, cabanes…). Yokdzonot bénéficie de la proximité du site archéologique de Chichén Itzá dont
une partie des visiteurs peut ainsi découvrir la communauté villageoise et son patrimoine bioculturel :
ses cenotes, piscines d’eau naturelles, en grand nombre (plus de 8 000) dans la péninsule, mais aussi sa
gastronomie (restaurant proposant les plats locaux), son artisanat et l’échange direct avec les habitants.
La mise en tourisme du village a été réalisée par des acteurs endogènes (les villageois) regroupés sous
forme coopérative et non par des acteurs extérieurs. Les revenus du tourisme restent ainsi sur place. Il
s’agit d’un tourisme alternatif et communautaire (centré sur les habitants) mais que l’on pourrait aussi
rapprocher plus globalement d’un tourisme dit responsable car il est centré à la fois sur le social, mais
aussi l’économie et l’environnement (voir fiche ressource 9 « Tourisme durable/tourisme en
transition »).
Réaliser un schéma cartographique simplifié de la péninsule du Yucatán montrant les
espaces touristiques et les dynamiques spatiales évoquées par le document 6.
Riviera
yucatèque
Cancún
Tulum
GOLFE DU
MEXIQUE
GOLFE DU
MEXIQUE
168
© Nathan Thème IV – Archétypes à toutes les échelles
Pour aller plus loin
La Côte d’Azur
Jean-Christophe Gay, « La Côte d’Azur, jalon majeur de l’histoire du tourisme » in V. Coëffé (dir.),
Le Tourisme, de nouvelles manières d’habiter le monde, Ellipses, 2017, 456 p.
Marc Boyer, L’invention de la Côte d’Azur : l’hiver dans le Midi, 2004, Editions de l'Aube.
Sur le site Géoimages : « Nice : une ville entre mer et montagne, une métropole touristique saturée »
(https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/nice-une-ville-entre-mer-et-montagne-une-metropole-
touristique-saturee)
Des quiz thématisés proposés par le site Côte d‘Azur France :
https://cotedazurfrance.fr/decouvrir/quizz/
La Riviera Maya
• Conférences en ligne :
– Samuel Jouault (géographe, Université de Merida), « L’arrière-pays maya : lieux, acteurs et
dynamiques », FIT Angers, avril 2021, https://www.youtube.com/watch?v=eC273NIOYjc.
– Philippe Duhamel, « La Riviera Maya. Typologie des lieux touristiques »,
https://www.youtube.com/watch?v=GoKrj5jeVrU
• Articles en ligne :
Hervé Théry, « Cancún, un complexe touristique créé ex nihilo », Confins, n° 36, 2018,
https://doi.org/10.4000/confins.14719.
Samuel Jouault, « Inversions sociale et spatiale : brève géohistoire de la mise en tourisme du village
de Yokdzonot dans le Yucatán », Idéas, 2018, https://journals.openedition.org/ideas/3254.
Samuel Jouault, Alejandro Montañez Giustinianovic et Manuel Xool Koh, « La diversité bioculturelle
dans la tourmente touristique au cœur de l’arrière-pays maya (Mexique) », Téoros, 2020,
https://journals.openedition.org/teoros/4190.
• Synthèse :
Ouvrage collectif, Tourisme et Périphéries, PUR, 2017). Chapitre 13 « L’arrière-pays touristique de
Cancún-Riviera Maya », p. 233-249.
169
© Nathan Chapitre 12 – La riviera
Chapitre 13
La région touristique
Positionnement du chapitre dans le référentiel
Thème IV. Archétypes à toutes les échelles
Remarque
Il est possible de mettre en lien ce chapitre avec les chapitres suivants :
– La métropole touristique (Singapour et Paris)
– L’île tropicale (île Maurice)
– Les mondes tropicaux – chapitres 4, 12 (Yucatán)
170
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
L’extrait vidéo met en avant la verticalité du centre de la métropole, le climat ensoleillé, l’eau (avec un
port de plaisance) et le bayfront, le front d’eau de la métropole. Là aussi, la dimension jeune, festive et
permissive est valorisée au travers de plusieurs extraits de concerts (qui se déroulent de jour comme de
nuit). La permissivité de la métropole pour les jeunes adultes est encore plus mise en avant dans l’extrait
vidéo.
Citez d’autres territoires touristiques étudiés dans les chapitres précédents qui proposent
des atouts et des pratiques similaires.
Atouts et pratiques Ailleurs dans le monde (et dans l’ouvrage)
L’essentiel, pour l’attractivité des lieux, dépend des imaginaires et de la géohistoire. Singapour, cité-État
prude et conservatrice, ne peut rivaliser avec Phuket ou Berlin, deux territoires considérés depuis plusieurs
décennies comme festifs et tolérants, ouverts.
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© Nathan Chapitre 13 – La région touristique
Étude de cas (p. 258)
172
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Construire un tableau présentant la mise en tourisme de la Floride.
À partir de la fiche ressource 2 (sur la mise en tourisme) :
Les acteurs de la mise en tourisme
Les populations locales, pour certaines venant lors de migrations saisonnières (les
Acteurs internes seniors et jeunes seniors), l'État de Floride et les collectivités locales, l'État fédéral
(au travers des parcs nationaux).
Les touristes (essentiellement domestiques), les grandes FTN du tourisme (pour les
Acteurs externes resorts, les croisières et les parcs d'attractions), les migrants polyrésidents, les
promoteurs immobiliers venant souvent du nord-est des États-Unis.
Les aménagements sont ici multiples, surtout pour les pratiques relevant de « jouer et
se divertir ». En effet, le tourisme a « produit » des villes en Floride, ville ludique
pour les parcs d’attractions, ville utopique pour les Gated Communities, mais aussi
de nombreux territoires facilitant le transport des millions de touristes comme les
Pour les pratiques ports de croisière, les aéroports. Le shopping aussi, notamment à travers des outlets
(magasins d’usine), a façonné des lieux sur le modèle des malls. Enfin, la découverte
du patrimoine, naturel pour les Everglades ou culturel pour Ocean Drive et le quartier
Art déco de Miami, a aussi produit et/ou protégé des territoires dévolus au tourisme
et aux touristes.
C’est aussi une des caractéristiques de la Floride. Elle a donné naissance à des formes
d’hébergements touristiques qui se sont mondialisées : les resorts (complexes
Pour les
hôteliers en all inclusive), les AAC (résidences pour seniors – promoteurs
hébergements
immobiliers), les Gated Communities (quartiers fermés en fonction du zonage –
l’ethnie, le revenu, la religion, l’âge…), les navires de croisière (funships).
173
© Nathan Chapitre 13 – La région touristique
Les pratiques touristiques
La rencontre avec le patrimoine naturel (le parc national des Everglades, les
mangroves, le lac Okeechobee, les Keys…), mais aussi avec le patrimoine culturel
de Miami (par exemple, Ocean Drive) sont des pratiques touristiques anciennes en
La découverte
Floride. La Floride, pour la patrimonialisation et la folklorisation, est aussi un
modèle : le factice, la copie, la réinterprétation… permettent une découverte souvent
thématique de style hispanique, caribéen…
C’est surtout en Floride, dans le cadre de l’entre-soi. Les AAC, les Gated
Communities et les condominiums sont légion en Floride. Ils sont autant de territoires
Le repos et le soin de fermés permettant le repos, la villégiature et l’entre-soi. Privatisant l’espace public,
soi ils proposent services, loisirs et activités aux résidents en all inclusive. C’est un
resort, souvent bâti sur une dimension patrimoniale, qui devient ville comme The
Villages, proche d’Orlando (115 000 habitants de plus de 55 ans).
C’est la pratique la plus commune en Floride tant le tourisme se confond avec les
loisirs. Les activités balnéaires et nautiques, les parcs d’attractions surtout autour
d’Orlando, les croisières de plus en plus orientées vers les funships (le navire devient
Jouer et se divertir la destination) concentrent cette famille de pratiques. Les parcs d’attractions,
notamment ceux de Disney, montrent que la pratique a produit des territoires, des
villes où sont concentrés les hébergements, les aménagements, les malls… Le
tourisme est urbanisant : Orlando est emblématique des villes ludiques.
Les malls et les outlets (dans tous les lieux du tourisme, du navire de croisière aux
Le shopping
parcs d'attractions) ponctuent et animent partout l’espace touristique.
Le tourisme a produit depuis plus d’un siècle et demi une forme urbaine
particulière : le littoral reçoit des resorts, l’intérieur des Gated Communities et
des condominiums. Progressivement, cet ensemble sans plan directeur,
Échelle du corridor essentiellement aménagé par des promoteurs, s’est densifié en formant un
touristique (riviera) corridor, un couloir urbain et touristique. Construits le long des axes de
communication, organisés autour d'équipements touristiques structurants
(comme les malls, les parcs d'attractions…), les corridors forment de longs
couloirs de peuplement aujourd’hui en partie métropolitains.
Les corridors touristiques et urbains sont nés du tourisme et des loisirs : le long
du littoral jusqu’à Miami et aux Keys à l’extrême sud, d’Orlando jusqu'à Tampa
Échelle nationale (au sens
et de Tampa à Fort Myers. Le reste de l’espace floridien est aussi concerné soit
de la Floride)
parce qu’il est protégé (comme les parcs naturels), soit parce qu’il est soumis à
l’étalement urbain et touristique.
174
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Complément
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/etats-unis-floride-le-sud-ouest-un-nouveau-corridor-touristique-
et-urbain
https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/etats-unis-floride-miami-et-fort-lauderdale-un-corridor-urbain-
et-touristique
https://youtu.be/07HHVRFyTfQ
Relever et classer tous les impacts du modèle floridien dans un tableau comme celui ci-
dessous.
Impacts Négatifs Positifs
Complément
https://statisticalatlas.com/state/Florida/Race-and-Ethnicity
175
© Nathan Chapitre 13 – La région touristique
III. Schématiser les dynamiques d’un territoire touristique
Expliquer, dans un schéma, la diffusion du tourisme dans et autour de l’État de Floride.
Affirmation d’un
triple corridor
organisé par trois
métropoles :
Miami, Orlando,
Tampa
176
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
Production graphique – Niveau 3 (p. 266)
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© Nathan Chapitre 13 – La région touristique
Plan - légende
178
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
De l’étude de cas à un autre territoire (p. 268)
L’île de Hainan
179
© Nathan Chapitre 13 – La région touristique
2. Une région touristique construite sur le modèle de la Floride
(p. 269)
Classer, dans un tableau, les acteurs, les pratiques et les lieux de la mise en tourisme de
Hainan. En quoi sont-ils comparables avec la Floride ?
L’État chinois est au cœur du développement avec l’administration de la province. Il s’appuie
sur des FTN chinoises et/ou internationales comme le Club Med, Kerzner et les grandes
Acteurs
compagnies aériennes. Les touristes, acteurs centraux, sont presque exclusivement chinois.
Comme en Floride, le tourisme est majoritairement domestique.
Les pratiques se rapprochent du modèle floridien. Elles sont d’abord balnéaires mais incluent
aussi le shopping, la découverte patrimoniale et culturelle, le jeu avec les parcs d’attractions en
construction, les croisières avec l’aménagement d’un port. C’est un littoral de plus de
Pratiques 200 kilomètres qui reprend les pratiques hybrides floridiennes : la découverte, le jeu, le
shopping… La multiplication des événements doit aussi permettre les MICE (Meeting Incentive
Congress Exhibition) et le tourisme d’affaires. L’île attire aussi les retraités chinois venant du
nord et cherchant un climat plus favorable.
La mise en tourisme produit les mêmes territoires qu’en Floride : des resorts notamment
Lieux Atlantis, des condominiums (résidences de luxe fermées et sécurisées), des centres
(territoires) commerciaux (malls), des patrimoines largement artificialisés… Un corridor touristique et
urbain commence à se former autour de Sanya.
Le sud de l’île est une reproduction du modèle floridien orchestré par l’État chinois. La permissivité, les
conflits d’usage et le rôle des acteurs privés diffèrent de l’original. Le bouillonnement et le dynamisme
de la Floride sont limités par la puissance publique.
À quels enjeux l'île de Hainan doit-elle faire face ?
Sanya, contrairement à la Floride, doit faire face à plusieurs enjeux qui naissent de son modèle de
développement :
– un déficit d’image hors de Chine, surtout pour les clientèles internationales. La Chine, État autoritaire
souffrant d’une image dégradée, cherche à attirer des clientèles internationales d’abord en Asie de l’Est
(Japon et Corée du Sud) puis en Europe (de l’Est puis occidentale). Les concurrences sont pourtant
multiples et bien plus développées, notamment en Thaïlande, en Indonésie ou aux Philippines ;
– une forte saisonnalité en lien avec la durée réduite des vacances en Chine et la dominante balnéaire de
la destination. Le nombre de retraités et surtout leur niveau de vie ne permettent pas de donner naissance
comme en Floride à des communautés de polyrésidents et à une économie présentielle (des activités qui
dépendent de la population résidente) ;
– une spéculation foncière comme en Floride en lien avec la course à la hauteur et à la proximité du
littoral. Comme en Floride, la pression foncière conduit à l’étalement et à la formation d’un corridor
touristique et urbain. Comme en Floride, elle produit une ségrégation socio-spatiale à l’encontre des
locaux et des premiers retraités venant du nord ;
– ce modèle de développement est destructeur pour l’environnement fragile du littoral et pour la forêt à
proximité. Comme en Floride, l’ensemble du littoral est artificialisé.
180
Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan
3. Un modèle adapté et transformé par la culture chinoise
(p. 271)
À l’aide de tous les documents, construire une carte mentale montrant que l’île de Hainan
répond à l’archétype de la région touristique.
La Floride représente le modèle, l’archétype. En quoi Hainan reprend-elle le même modèle ?
Potentialités Acteurs
– Proximité d’une mégalopole – État chinois dominant
– Aménités biogéographiques – FTN chinoises ou joint-venture
(tropicalité, exotisme) – Retraités chinois
– Accessibilité et connectivité (aéroport – Touristes domestiques
de Sanya)
Région touristique
Archétype
Relever les pratiques différentes des clientèles chinoises dans les documents. Pourquoi sont-
elles les preuves de l’adaptation du modèle à la Chine ?
Dans l’exemple des croisières, les compagnies ont adopté les pratiques et les lieux aux clientèles
chinoises : la gastronomie locale est mise en avant, comme le décor ou la place des jeux d’argent
(interdits en Chine mais autorisés dans les eaux internationales). De même, la pratique du bain de soleil
et de la natation reste encore lointaine pour les Chinois. Les navires, construits pour des clientèles
occidentales, voient les toits-terrasses abandonnés par cette nouvelle clientèle.
Pour autant, il ne faut pas opposer les pratiques des Chinois à celles des Occidentaux. Les pratiques et
les lieux construits pour le tourisme sont les mêmes, comme le prouvent les resorts. Le tourisme procède
davantage par acculturation : les clientèles chinoises, classes moyennes émergentes et enrichies,
cherchent à se rapprocher des pratiques et des consommations des autres touristes (par exemple, pour le
shopping ou les parcs d’attractions) tout en adaptant à leurs coutumes et mœurs les différentes pratiques.
Le tourisme permet l’affirmation d’un « savoir être mondialisé », mais largement métissé par chaque
population.
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© Nathan Chapitre 13 – La région touristique
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Thème IV – Archétypes à toutes les échelles © Nathan