Ra21 Lycee G 1 Hist Theme4 Premiere-Guerre-Mondiale Fin-Empires-Europeens

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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

VOIE GÉNÉRALE

2DE 1RE TLE

Histoire
ENSEIGNEMENT
COMMUN

THÈME 4 : LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE :


LE « SUICIDE DE L’EUROPE »
ET LA FIN DES EMPIRES EUROPÉENS

Sommaire
Axes majeurs et problématique générale du thème 3
Axes majeurs 3
Problématiques générales du thème  4

Chapitre 1 – Un embrasement mondial et ses grandes étapes 4


Enjeux du chapitre 4
Comment insérer les points de passage et d’ouverture 9
Pièges à éviter dans la mise en œuvre  13

Chapitre 2 – Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la guerre13


Enjeux du chapitre 13
Pièges à éviter dans la mise en œuvre  16

Chapitre 3 – Sortir de la guerre : la tentative de construction d’un ordre des


nations démocratiques 16
Enjeux du chapitre 16
Comment insérer les points de passage et d’ouverture 20
Pièges à éviter dans la mise en œuvre  21

Pour aller plus loin  22


Premier chapitre 22
Deuxième chapitre 23
Retrouvez éduscol sur Troisième chapitre 24

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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

Chapitre 1. Un embrasement mondial et ses grandes étapes

Objectifs Ce chapitre vise à présenter les phases et les formes de la guerre (terrestre,
navale et aérienne).
On peut mettre en avant :
• les motivations et les buts de guerre des belligérants ;
• l’extension progressive du conflit et les grandes étapes de la guerre ;
• l’échec de la guerre de mouvement et le passage à la guerre de
position ;
• l’implication des empires coloniaux britannique et français ;
• la désintégration de l’empire russe.

Points de • Août - septembre 1914 – Tannenberg et la Marne.


passage et • 1915 – L’offensive des Dardanelles.
d’ouverture • 1916 – La bataille de la Somme.
• Mars 1918 – La dernière offensive allemande.

Chapitre 2. Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la guerre

Objectifs Ce chapitre vise à souligner l’implication des sociétés, des économies, des
sciences et des techniques dans une guerre longue.
On peut mettre en avant :
• les dimensions économique, industrielle et scientifique de la guerre ;
• les conséquences à court et long termes de la mobilisation des civils,
notamment en ce qui concerne la place des femmes dans la société ;
• le génocide des Arméniens, en articulant la situation des Arméniens
depuis les massacres de 1894-1896 et l’évolution du conflit mondial.

Points de • Marie Curie dans la guerre.


passage et • 24 mai 1915 – La déclaration de la Triple Entente à propos des « crimes
d’ouverture contre l’humanité et la civilisation » perpétrés contre les Arméniens de
l’Empire ottoman.
• Les grèves de l’année 1917.

Chapitre 3. Sortir de la guerre : la tentative de construction d’un ordre des nations


démocratiques

Objectifs Ce chapitre vise à étudier les différentes manières dont les belligérants
sont sortis de la guerre et la difficile construction de la paix.
On peut mettre en avant :
• le bilan humain et matériel de la guerre ;
• les principes formulés par le président Wilson et la fondation de la
Société des Nations ;
• les traités de paix et la fin des empires multinationaux européens ;
• les interventions étrangères et la guerre civile en Russie jusqu’en 1922 ;
• les enjeux de mémoire de la Grande Guerre tant pour les acteurs
collectifs que pour les individus et leurs familles.

Points de • 1919-1923 – Les traités de paix.


passage et • 1920 – Le soldat inconnu et les enjeux mémoriels.
d’ouverture • 1922 – Le passeport Nansen et le statut des apatrides.

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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

Axes majeurs et problématique générale du thème


Ce thème permet de prendre en compte tout l’apport historiographique des
nombreuses publications suscitées par le centenaire de la Première Guerre mondiale
afin d’envisager une histoire mondiale de la Grande Guerre, en s’attachant tout
particulièrement à l’échelle des États et à la diversité des lieux, des acteurs et des
formes du conflit. Le centenaire de la Grande Guerre a occasionné la parution de
milliers d’ouvrages à différentes échelles, ainsi que des initiatives variées, allant de la
collecte de documents-sources à la création de projets commémoratifs. Des études
locales à la « grande » histoire militaire, politique ou économique, la Première Guerre
mondiale offre un champ d’analyses foisonnant.

Axes majeurs
L’intitulé du thème met tout d’abord en avant le « suicide de l’Europe » ainsi que la
fin des empires européens. Cet intitulé insiste donc à la fois sur le heurt entre les
puissances européennes, qui met à bas la suprématie mondiale de l’Europe, et sur
l’affirmation accrue des États-nations face aux États multinationaux qui en découle.

L’expression de « suicide de l’Europe », employée par l’écrivain Romain Rolland


dès 1914 (le pape Benoît XV évoque en 1916 un « suicide de l’Europe civilisée ») ne
doit cependant pas conduire à penser que les dirigeants des États européens qui
se sont engagés dans la guerre avaient conscience de mener les populations vers la
catastrophe. Lorsque s’ouvre la crise de l’été 1914, seuls quelques rares observateurs et
hommes politiques socialistes et pacifistes pressentent l’imminent basculement dans
un conflit mondial, à l’instar de Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet après avoir prédit,
dans son discours de Vaise du 25 juillet, la tempête dans laquelle les pays européens
s’engageaient et la catastrophe humaine qui allait en découler.

D’autre part, l’insistance sur la fin des empires multinationaux européens questionne
les « sorties de guerre » et la manière dont la paix a été négociée. Celle-ci, malgré les
souhaits du président Wilson, n’aboutit pas à la fin des empires coloniaux. Cependant,
on observe une tentative pour réorganiser l’Europe sur la base d’États-nations
démocratiques. Comment remplacer le « concert européen » mis à bas en 1914 après
avoir dominé les relations internationales depuis 1815 ?

Parce que la guerre mobilise toutes les ressources et qu’elle s’étend sur tous les
continents, elle est qualifiée de « mondiale » mais aussi de « totale ». En ce qui
concerne l’expérience européenne, les historiens distinguent désormais trois fronts :
• le front de l’avant : la frontière de l’avancée des armées ennemies. Il s’agit
évidemment des fronts occidentaux mais aussi des fronts orientaux, africains et
asiatiques, conséquence des alliances entre les pays protagonistes du conflit ;
• le front occupé : les populations sous le joug des armées ennemies représentent
des millions de personnes. Les territoires comme la Belgique, les régions du nord et
de l’est de la France, ou encore ceux du sud-est de l’Europe, militairement dominés
et économiquement exploités, connaissent des situations tout à fait spécifiques et
intéressantes à étudier. Ce front inclut également les réfugiés ayant fui les invasions
militaires ennemies ;
• le front de l’arrière ou heimatfront / homefront : il englobe les civils et tous les
moyens mis à disposition (agricoles, industriels, politiques, culturels, etc.) pour
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Il s’agit dans ce thème d’étudier plus spécifiquement les fronts de l’avant, c’est-à-dire
les lieux-frontières où se déroulent les affrontements sur terre, sur mer et dans les
airs entre armées ennemies, ainsi que les fronts de l’arrière, en se concentrant sur les
formes de mobilisation des populations civiles, ainsi que sur les violences auxquelles
elles sont confrontées.

Problématiques générales du thème

Comment s’expliquent l’extension et la radicalité du conflit armé ?


Quelles formes inédites le conflit prend-il et quels moments charnières expliquant les
tournants de la guerre peut-on retenir ?
Comment sort-on d’un tel conflit ?

Chapitre 1 – Un embrasement mondial et ses grandes étapes

Enjeux du chapitre
La crise de l’été 1914 et ses origines : le poids des alliances et des nationalismes
Aborder les entrées dans le conflit permet de comprendre les motivations et buts de
guerre des différents belligérants. Il faut pour cela rappeler brièvement le contexte
d’avant août 1914 et les conditions de déclenchement du conflit.

Les tensions impérialistes jouent un rôle : la France et le Royaume-Uni ont réglé


leur contentieux colonial en 1904, mais les crises de Tanger en 1905 et d’Agadir en
1911 ont mis la France et l’Allemagne au bord de l’affrontement à propos du Maroc.
Des systèmes d’alliance se sont mis en place : accord entre l’Allemagne et l’empire
d’Autriche-Hongrie appelé la « Duplice » en 1879, qui devient la « Triple Alliance »
ou « Triplice » avec le rattachement de l’Italie en 1882, alliance franco-russe en 1892,
rapprochement entre l’Allemagne et l’Empire ottoman à la fin du XIXe siècle, « Entente
cordiale » franco-britannique en 1904 et « Triple Entente » unissant la France, le
Royaume-Uni et la Russie en 1907.

Cependant, ce ne sont pas les tensions coloniales qui déclenchent la guerre, mais
celles entre deux empires multinationaux, l’empire austro-hongrois et l’empire russe,
dans les Balkans où le recul de l’Empire ottoman, amorcé depuis des décennies,
bouleverse l’équilibre des puissances sur le continent, en attisant les nationalismes
et les ambitions russes. L’annexion de la Bosnie-Herzégovine en 1908 par l’Autriche-
Hongrie et les guerres balkaniques en 1912-1913 on fait de la région une « poudrière ».
L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, successeur au trône de
l’empire austro-hongrois, et de son épouse par Gavrilo Princip, un nationaliste serbe,
le 28 juin 1914 à Sarajevo, suscite un ultimatum de l’Autriche-Hongrie à la Serbie,
soutenue par la Russie. Le mois de juillet est marqué par la volonté d’éviter la guerre
à tout prix en proposant des solutions diplomatiques, ce que l’Allemagne, soutenant
l’Autriche-Hongrie, refuse car elle estime ne prendre que le risque d’une guerre limitée,
tandis que la France refuse de mettre en péril l’alliance franco-russe en ne soutenant
pas la Russie. Les déclarations de guerre s’enchaînent alors : de l’Autriche-Hongrie à la
Serbie (28 juillet), puis de l’Allemagne à la Russie (1er août), de l’Allemagne à la France
(3 août), du Royaume-Uni à l’Allemagne (4 août) et de l’Autriche-Hongrie à la Russie
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(5 août). Chaque puissance a eu peur d’être prise au dépourvu par les autres : ainsi
de l’Allemagne qui a pris les devants avec la Russie en redoutant d’être submergée de
manière impromptue par le « rouleau compresseur » russe.

Il est important de mentionner que le système des alliances ne menait pas


inéluctablement au déclenchement du conflit. L’Allemagne aurait pu calmer les
ambitions austro-hongroises mais ne l’a pas fait, au contraire ; la France s’était engagée
par traité à soutenir la Russie uniquement si ses « intérêts vitaux » étaient menacés,
alors que le Royaume-Uni et la France ne s’étaient engagés par traité qu’à se concerter
en cas de crise grave.

Chaque pays s’était préparé militairement à un éventuel conflit d’ampleur en


élaborant des plans de mobilisation rapide des hommes et des moyens techniques, de
même que des stratégies d’offensives éclair. Ainsi, la France avait établi de multiples
plans militaires au gré des vicissitudes des relations internationales. Le dernier, le
« plan XVII », décidé par Joseph Joffre, chef d’état-major de l’armée française, prône
l’offensive à outrance à la frontière lorraine et alsacienne, au détriment de la frontière
belge. En outre, il sous-estime nettement les forces allemandes.

De son côté, l’Allemagne envisage, dans le cadre du plan Schlieffen, une victoire rapide
sur les troupes françaises en les prenant en tenaille dans le nord de la France, afin de
se concentrer le plus rapidement possible sur le front de l’est et le combat contre la
Russie, présumée plus puissante. Ce plan prévoit le passage des troupes allemandes
par la Belgique, et donc la violation de la neutralité belge, ce qui décidera le Royaume-
Uni à entrer dans la guerre. La Russie envisage elle aussi sa stratégie militaire en cas de
guerre dans le cadre du « Plan 19 », prévoyant de faire face à la fois aux Allemands en
Prusse orientale et aux Autrichiens en Galicie.

Motivations et buts de guerre


Formulés en septembre 1914, les buts de guerre allemands sont avant tout territoriaux :
à l’Ouest, annexions de la Belgique et du nord/nord-est de la France afin de mettre
à mal la puissance navale et commerciale britannique, tandis que la poussée vers
l’Est (Drang nach Osten) vise à conquérir la Pologne, les pays baltes et à soumettre les
populations slaves. L’Allemagne veut également se constituer un empire colonial en
Afrique au détriment des Français et des Britanniques.

L’empire austro-hongrois dirigé par les Habsbourg, obsédé par sa survie face à la
montée des nationalités, se fixe dans un premier temps des objectifs territoriaux, à
savoir l’intégration de la Serbie, de l’Albanie, de la Roumanie et de la Pologne russe.

L’Empire ottoman compte, à la faveur de la guerre, gagner des territoires en Grèce et


en Albanie.

Du côté de l’Entente, les motivations sont assez similaires. La France voit dans le
conflit l’occasion de récupérer l’Alsace et la Moselle perdues en 1871. Le Royaume-Uni
voit d’une part l’occasion de limiter la puissance navale de l’Allemagne et ses visées
impérialistes, et d’autre part l’opportunité de prendre le contrôle de certaines zones
stratégiques au Moyen-Orient. La Russie voudrait quant à elle se saisir des détroits
(Dardanelles et Bosphore) afin de se dégager un accès à la Méditerranée. Elle voit
également l’opportunité de devenir la garante des nationalités (Serbes, Bulgares,
Croates, Slovènes…) luttant contre les hégémonies austro-hongroise et ottomane.
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Une entrée par la situation à l’été 1914 peut permettre, pour chaque pays, d’aborder
cette question des buts de guerre en montrant pourquoi les différents gouvernements
ont accepté de prendre les risques qui ont conduit à l’embrasement européen.

Vers une guerre longue et un conflit mondial


Le lien suggéré entre « l’extension progressive du conflit » et « les grandes étapes de
la guerre » peut également être précisé. L’échec de la guerre de mouvement est ainsi
décisif dans l’extension du conflit : lors du premier mois, les principaux protagonistes
tentent de mener une guerre éclair par le biais d’offensives sur terre et sur mer. Il
faut dire que jusqu’alors, la guerre n’est envisagée que par le biais du mouvement,
des attaques et des conquêtes, à l’exception de la poliorcétique (techniques de siège
des villes). L’Allemagne envahit ainsi la Belgique puis le nord de la France, mais elle est
stoppée par la contre-offensive menée par le général Joffre (bataille de la Marne, du 5
au 12 septembre 1914). Sur le front de l’Est, l’armée russe pénètre en Prusse orientale,
mais elle est battue par les troupes allemandes dirigées par le commandant Paul von
Hindenburg à Tannenberg (26-30 août 1914).

Ces premiers affrontements aboutissant à des succès très mitigés au prix de pertes
humaines considérables mettent fin à l’espoir d’une issue rapide au conflit. En
décembre 1914, le front occidental se stabilise et les soldats commencent à creuser
des tranchées afin de se protéger. Le conflit s’enlise à partir de novembre 1914 dans
une guerre de position qui se prolonge jusqu’en mars 1918, et ce malgré les tentatives
des états-majors de faire bouger les lignes. En effet, les batailles s’enchaînent sur le
front de l’Ouest (Artois, Champagne) mais aussi sur les autres fronts (italien, russe
et des Balkans). Les troupes franco-britanniques tentent d’ouvrir un nouveau front
en débarquant dans le détroit des Dardanelles mais, insuffisamment préparées,
notamment en termes de connaissance du terrain, elles sont finalement repoussées,
après avoir subi de lourdes pertes, par les troupes ottomanes.

Par ailleurs, l’Allemagne se lance dans la guerre sous-marine et coule le paquebot


britannique Lusitania (1915). Dans les tranchées, le conflit commence à prendre la
forme d’une guerre d’usure. La mortalité est très élevée, en raison de l’utilisation
d’armes destructrices, à commencer par l’artillerie qui fait pleuvoir des obus dans
les tranchées, les gaz toxiques qui font leur apparition en 1915, les mitrailleuses,
grenades ou lance-flammes, etc. Cet arsenal provoque de véritables hécatombes et
les conditions de vie, particulièrement pénibles, ajoutent au désespoir des soldats.
L’expérience combattante est donc multiple, elle concerne également les femmes,
engagées comme infirmières ou comme « espionnes ».

Face à cet immobilisme de fait, chaque camp cherche de nouveaux alliés et des
moyens qui puissent faire pencher la balance en sa faveur. Le conflit, circonscrit dans
un premier temps au continent européen, ne tarde donc pas à se mondialiser au gré
des alliances diplomatiques et de la mobilisation des empires coloniaux.

L’Italie en 1915, les États-Unis puis le Brésil en 1917, rejoignent l’Entente, tandis que
l’Empire ottoman en 1914 et la Bulgarie en 1915 se rangent du côté des empires
centraux. L’année 1916 est marquée par le passage à un seuil de violence encore
supérieur dans les moyens mis en œuvre et l’ampleur des dégâts occasionnés.
La production d’armes passe à un stade industriel et les batailles se multiplient :
celle de Verdun dure dix mois (de février à décembre 1916) et occasionne plus
de 700 000 victimes, essentiellement allemandes, britanniques et françaises. Les
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pertes s’expliquent notamment par le fait que d’innombrables blessés n’ont pu être
secourus et ont agonisé dans le no man’s land, faute d’une prise en charge sanitaire
efficace. La bataille de la Somme (juillet 1916) voit l’arrivée massive de volontaires de la
« Nouvelle armée » créée par Lord Kitchener, mais les troupes allemandes résistent et
font échouer l’attaque. La guerre se poursuit sur d’autres fronts : en Afrique, l’armée
allemande de Lettow-Vorbeck, composée de 16 000 hommes, mène une campagne
d’usure contre les forces britanniques et sud-africaines. Sur le front oriental, les
Russes infligent une sévère défaite aux Ottomans. Ils mènent également « l’offensive
Broussilov » sur près de 300 km contre les Austro-Hongrois, mis en grande difficulté
jusqu’à l’arrivée de leurs alliés allemands. En Mésopotamie, les Ottomans écrasent les
troupes britanniques composées de soldats coloniaux indiens. 13 000 d’entre eux sont
faits prisonniers et les 2/3 meurent en captivité.

L’aspect mondial du conflit est renforcé par l’implication des empires coloniaux
britannique et français. Dès le début de la guerre, les deux puissances européennes
s’appuient sur leurs colonies, en utilisant les denrées alimentaires qu’elles fournissent
à la métropole, mais aussi en recrutant les indigènes dans les armées et les usines. Les
colonies sont perçues comme un réservoir de soldats auquel l’État fait régulièrement
appel. Sur les 583 000 soldats indigènes appelés sous les drapeaux français, la plupart
viennent d’Algérie et d’AOF, le reste des autres colonies (Maroc, Tunisie, Madagascar,
Indochine, La Réunion, etc.). Au total, 73 000 ne survivent pas à la guerre. En effet, la
mortalité est forte dans ces contingents car les tirailleurs sont envoyés en première
ligne sur les différents fronts, sans avoir été formés et étant vêtus d’un uniforme peu
discret. Ils ne touchent qu’une mince indemnité, ce qui ne stimule pas le recrutement
de nouveaux combattants.

De son côté, la couronne britannique fait appel à plus de 2,7 millions de soldats
coloniaux, dont la moitié sont originaires des Indes britanniques, et le reste
essentiellement du Canada, de l’Union sud-africaine, d’Australie et de Nouvelle-
Zélande. Le nombre de victimes parmi eux s’élève à 210 000.

Enfin, les territoires extra-européens deviennent le théâtre d’affrontements, en


particulier sous la forme de batailles navales. Les flottes servent à encercler les
colonies ennemies afin de bombarder des points stratégiques et d’établir des blocus
maritimes. Ainsi, dès 1915, les U-boot (sous-marins allemands) attaquent des centaines
de navires marchands alliés puis déclenchent la guerre sous-marine à outrance à partir
de 1917. Cette stratégie allemande a une conséquence particulièrement importante :
elle joue un rôle décisif dans l’entrée en guerre des États-Unis (où la population
est très divisée sur la question), sans permettre de desserrer l’étau qui étrangle
progressivement l’Allemagne.

L’année 1917 est une année charnière, où les lignes bougent : avec l’intervention des
États-Unis et le retrait de la Russie, l’Allemagne est désormais renforcée à l’Ouest,
mais elle achève de perdre la maîtrise des mers, alors qu’elle se trouve dépassée sur
les plans stratégiques de la production et de l’approvisionnement en pétrole. Alors
que la violence des affrontements s’accentue encore avec l’apparition des tanks et
de l’aviation de guerre, la lassitude des combattants est immense, accentuée par des
offensives répétées sans résultats probants. En France, l’échec de celle menée par le
général Nivelle au Chemin des Dames en avril marque le point de bascule. Certains
soldats vont jusqu’à la mutinerie, d’autres pratiquent l’automutilation pour échapper
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au front. Nivelle est remplacé par le général Pétain à la tête des armées françaises en
mai 1917, dans le but de redonner confiance aux troupes, d’améliorer leurs conditions
de vie mais également de condamner les mutins, afin d’endiguer la crise morale qui
sévit dans les tranchées.

En Russie, le manque d’organisation de l’économie de guerre et les difficultés


d’approvisionnement des troupes (jusqu’aux munitions) suscitent de nombreuses
désertions. C’est dans ce contexte qu’il faut envisager la désintégration de l’empire
russe. L’enlisement dans la guerre et les échecs militaires répétés (défaite de
Tannenberg en 1914, évacuation de la Galicie l’année suivante), la perte de centaines
de milliers d’hommes et de vastes territoires déstabilisent le pouvoir tsariste.
L’économie russe est en outre considérablement fragilisée par les blocus et la
fermeture des détroits. Le front arrière subit pénuries et inflation ; les tensions entre
villes et campagnes s’accentuent. Des manifestations ont lieu à Petrograd le 20 février
1917 en réaction à l’annonce de la mise en place du rationnement. La grève devient
générale et l’armée tsariste se rallie bientôt aux manifestants. Le régime du tsar Nicolas
II est renversé en quelques jours. L’Entente soutient le gouvernement provisoire
pro-démocratique, mais ce dernier doit négocier avec le soviet de Petrograd, une
assemblée autoproclamée composée de révolutionnaires de diverses sensibilités
politiques (mencheviks, bolcheviks, socialistes révolutionnaires) dans le cadre d’un
compromis établissant un double pouvoir. Le gouvernement se trouve pris dans
un dilemme : si la Russie devient une démocratie, peut-elle renier l’alliance avec la
France et le Royaume-Uni, alors même que la conduite de la guerre est de plus en
plus difficile ? Le pays sombre progressivement dans les divisions et l’anarchie, ce qui
profite aux bolcheviks. Lénine, exilé depuis dix ans, revient alors en Russie et publie
les Thèses d’avril, dans lesquelles il exprime son opposition à toute collaboration
avec le gouvernement provisoire de Kerenski. Il prône un retrait immédiat de la
guerre, la confiscation puis le partage des terres, le contrôle ouvrier sur les usines et
l’instauration d’une république des soviets. Les idées pacifistes gagnent une grande
partie de la population russe, y compris les soldats. Le coup d’État organisé par
Lénine et Trotski entérine la révolution des 24 et 25 octobre, instaurant un régime
bolchévique fondé sur la lecture léniniste de la « dictature du prolétariat » prônée par
Marx et Engels.

La guerre, à la fois civile et étrangère, qui se poursuit tant bien que mal durant tout
ce temps, structure en profondeur le pouvoir communiste, en particulier en ce qui
concerne l’usage de la violence : la famille impériale est exécutée, une police politique
est créée, les opposants sont déportés. Le 3 mars 1918, le traité de Brest-Litovsk permet
à la Russie de sortir du conflit mondial, mais au prix de très lourdes pertes territoriales
(Pologne, Ukraine, pays baltes, Finlande…). En outre, l’Allemagne a désormais les mains
libres pour concentrer ses forces sur le front de l’ouest. Le général Ludendorff lance
une grande offensive qui mène les troupes allemandes jusqu’à la Marne entre mars
et juillet 1918. Cependant, les Alliés, commandés par le général Foch, bénéficient du
soutien américain, aussi bien logistique (chars, avions) qu’humain (plus de deux millions
de soldats au total), et de la maîtrise des zones pétrolières.

Le retour à la guerre de mouvement en mars 1918 permet ainsi aux pays de l’Entente
de prendre le dessus et de vaincre les empires centraux. En septembre, une série
d’offensives alliées sur le front oriental entraîne le recul de l’Autriche-Hongrie, de la
Bulgarie et de l’Empire ottoman. Acculée, l’Allemagne doit signer, le 11 novembre 1918
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à Rethondes, l’armistice en présence des représentants français et britanniques.

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Comment insérer les points de passage et d’ouverture


Les points de passage et d’ouverture, dont le développement doit être variable et
amène à développer des compétences diversifiées, ont été sélectionnés pour marquer
les étapes du conflit : les batailles de la Marne et de Tannenberg aboutissent à l’échec
de la guerre de mouvement. L’offensive des Dardanelles ouvre une perspective sur
l’internationalisation du conflit et sur la volonté de sortir de la guerre de position. La
bataille de la Somme, en regard de celle de Verdun, montre l’impossibilité d’obtenir
une décision par voie terrestre. L’offensive de mars 1918 est la dernière tentative
allemande soutenue d’obtenir la décision, alors que depuis 1916 et la bataille maritime
du Jutland, l’Allemagne a perdu tout espoir de desserrer le blocus maritime qui
l’étrangle progressivement.

Août-septembre 1914 : les batailles de Tannenberg et de la Marne


L’étude des premières grandes batailles de l’été 1914, l’une sur le front oriental
(Tannenberg du 26 au 30 août), l’autre sur le front occidental (la Marne du 6 au 13
septembre) illustre la stratégie militaire alors partagée par tous les protagonistes : il
faut mener des offensives dans un laps de temps court afin de remporter la guerre au
plus tôt, sur le modèle des guerres napoléoniennes. L’Allemagne, prise en étau entre
la France et son alliée la Russie, envisage selon le plan Schlieffen de défaire dans un
premier temps les troupes françaises à l’ouest afin de reporter ses forces sur le front
de l’est. Or, l’armée russe décide de surprendre les Allemands en attaquant dès la mi-
août la province de Prusse orientale, s’emparant le 20 août de Gumbinnen, alors qu’au
Sud, en Galicie, la cavalerie russe vainc les Autrichiens. Face à ces premiers échecs dus
au « rouleur compresseur russe », les Allemands changent de stratégie : après avoir
renforcé les effectifs stationnant sur le front oriental, les généraux Hindenburg et
Ludendorff lancent une offensive sur les 150 000 soldats du général russe Samsonov.
La bataille de Tannenberg voit notamment la capture de 92 000 soldats russes et de
500 canons par les Allemands. L’impact psychologique joue par la suite en faveur de
l’Allemagne. Le 14 septembre, la Ire armée russe commandée par Rennenkampf est
également battue aux lacs Mazures. Le dispositif militaire russe, égrené de la Baltique
aux Carpates, a rapidement montré ses failles.

Sur le front Ouest, l’Allemagne a envahi la Belgique puis le nord-est de la France, et


les troupes françaises doivent battre en retraite. L’armée allemande se rapproche
dangereusement de Paris puisqu’elle n’est plus, à la fin du mois d’août, qu’à une
cinquantaine de kilomètres de la capitale, ce qui pousse le gouvernement français à
se réfugier à Bordeaux. Le général Joffre, convaincu par le général Gallieni, gouverneur
militaire de Paris, met alors en place la contre-offensive et lance un appel : « Au
moment où s’engage une bataille dont dépend le salut du Pays, il importe de rappeler
à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être
employés à attaquer et repousser l’ennemi. Toute troupe qui ne pourra plus avancer
devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que
de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée ».
Le 5 septembre, la bataille est lancée sur un front de plus de 200 km entre Meaux
et Verdun. Une brèche est ouverte dans la Ire armée allemande commandée par le
général von Kluck. Les Alliés, Français aidés par un corps expéditionnaire britannique,
en profitent pour l’enfoncer. Les 7 et 8 septembre, 6 000 soldats d’infanterie sont
emmenés au front depuis Paris par des véhicules réquisitionnés, les célèbres « taxis de
la Marne ». En quelques jours, les troupes allemandes sont contraintes de se retirer et
se retranchent au nord de l’Aisne. Les premières tranchées sont alors creusées près de
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Sainte-Menehould. Cette issue est qualifiée par les Français de « miracle de la Marne ».

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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

Après un élan de conquête, les Alliés comme les empires centraux prennent
conscience de la violence des combats, de l’équilibre relatif des forces et de la
difficulté à mener à bien, sur le terrain, des stratégies militaires élaborées à partir de
cartes et de théories.

1915 : l’offensive des Dardanelles


Dès novembre 1914, les Britanniques D. Lloyd George, chancelier de l’Échiquier,
H. H. Kitchener, ministre de la Guerre, et W. Churchill, premier lord de l’Amirauté,
ainsi que R. Poincaré, président de la République française, envisagent de concert
un débarquement allié dans le détroit des Dardanelles afin de vaincre l’Empire
ottoman et de s’emparer des détroits reliant la Méditerranée à la mer Noire. Le
détroit des Dardanelles qui, par son étroitesse (un à quatre kilomètres de large), rend
vulnérable tout navire ennemi qui s’y engage, est en effet un lieu stratégique pour les
protagonistes du conflit qui cherchent à avancer ailleurs que sur le front occidental. En
effet, sa conquête permettrait de rompre le blocus maritime dont pâtissent alors les
ports russes depuis plusieurs mois.

Bien que séduisante, l’idée rencontre l’opposition des commandants du front ouest,
qui craignent qu’on ne leur ponctionne des soldats afin de nourrir le front ottoman.
Cet atermoiement donne le temps aux Ottomans de renforcer leurs littoraux de lignes
de mines et d’une série de forts.

Finalement, en février-mars 1915, les Alliés lancent l’attaque, par le biais de


bombardements puis d’un assaut naval. Plusieurs cuirassés sont coulés et les Ottomans
apprennent l’imminence d’une offensive terrestre d’ampleur et d’un débarquement
allié. Celui-ci a lieu le 25 avril sur la presqu’île de Gallipoli et mobilise 2,7 millions de
soldats français, britanniques, australiens et néo-zélandais, dont beaucoup combattent
pour la première fois. En outre, cette opération militaire d’un genre nouveau expose
particulièrement les soldats, à découvert sur les plages, aux tirs des Ottomans postés
sur les collines environnantes. Les troupes ottomanes sont commandées par le
colonel Mustafa Kemal, futur Atatürk. Le nombre de victimes est impressionnant et
s’alourdit de jour en jour. Les cadavres pourrissant sur la plage provoquent le départ
d’épidémies. Les soldats alliés vivent terrés dans des tranchées ou des abris de fortune.
Un légionnaire témoigne : « Ce n’est pas une guerre, c’est une boucherie » (La Revue,
25 juin 1915). Ce carnage entraîne à Londres une grave crise politique : le chef d’état-
major de la flotte, lord Fisher, doit démissionner, de même que Churchill doit quitter
son poste de premier lord de l’Amirauté. Les troupes sont finalement évacuées en
décembre 1915, pour un bilan de 46 000 morts et de 86 000 blessés du côté des Alliés.
Les Turcs perdent presque autant d’hommes mais la déroute est uniquement ressentie
du côté allié. Au contraire, en repoussant l’invasion occidentale, les armées ottomanes
sortent grandies de l’affrontement, et cette bataille marque un tournant dans la
guerre.

Au Royaume-Uni, une commission d’enquête est diligentée début 1916 afin d’analyser
les raisons du désastre. Churchill est alors systématiquement montré du doigt et la
cohésion entre armées alliées en souffre durablement. En Australie et en Nouvelle-
Zélande, l’impact est tel que l’ANZAC Day, destiné à commémorer l’engagement
des troupes océaniennes pendant la Première Guerre mondiale (ANZAC étant le
sigle désignant les troupes venues d’Océanie), a été fixé le 25 avril, jour du début de
l’offensive sur Gallipoli. Ce moment dramatique a joué un rôle considérable dans la
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

construction et le renforcement du sentiment national dans ces deux pays.

Envisager la place de la bataille des Dardanelles dans la Première Guerre mondiale


et les visions a posteriori de chaque participant sur l’événement permet d’analyser
plus finement les relations entre nations ennemies mais aussi entre peuples
alliés. Par ailleurs, l’étude d’un nouveau genre de bataille, qui plus est sur un front
« périphérique » à l’Europe de l’Ouest, et dans lequel s’engagent des troupes venues
de tous les continents, élargit la connaissance d’un conflit véritablement mondial et
multiforme. On peut également inscrire la bataille dans une réflexion sur l’échec des
offensives au sein du premier conflit mondial.

1916 : la bataille de la Somme


Les grandes « batailles » de 1916 sont l’occasion de mettre en place la différence
classique et schématique entre tactique et stratégie. Pour Clausewitz, « la tactique
est la théorie relative à l’usage des forces armées dans l’engagement, la stratégie est
la théorie relative à l’usage des engagements au service de la guerre ». La tactique se
situe au niveau de la bataille, la stratégie au niveau de la conduite globale de la guerre.

La prolongation de la guerre induit des débats sur la stratégie à mener, voire sur la
tactique à adopter. La tactique se joue traditionnellement au niveau de la bataille.
Or, les « batailles » de la Somme et de Verdun sont très particulières : il s’agit d’une
intensification des combats, qui existent déjà avant et après. Elles sont difficiles à
délimiter (comme l’ont montré Antoine Prost et Gerd Krumeich), et leurs objectifs
mêmes ne sont pas clairs, y compris pour les historiens, tant ils ont été réinterprétés a
posteriori par les acteurs pour justifier leurs décisions.

On pense généralement que le chef de l’état-major allemand, Erich von Falkenhayn,


mène d’abord l’offensive de Verdun pour créer un point de fixation et pouvoir percer
ailleurs. Pour Hew Strachan, son intention était « avant tout stratégique, livrer une
bataille contenue sur un front limité ». L’affrontement s’intensifiant, von Falkenhayn
dira avoir voulu « saigner à blanc » l’armée française. L’offensive de la Somme est
franco-britannique et les objectifs ne sont pas les mêmes chez les deux alliés. Douglas
Haig, commandant en chef des forces britanniques en France, voudrait réaliser une
percée. Joffre, quant à lui, n’y croit pas et voit surtout dans l’offensive la possibilité
d’obliger les Allemands à diminuer leur pression sur Verdun (où la bataille fait rage de
février à décembre 1916). Haig finira par présenter cela comme un des objectifs de
l’offensive.

Une semaine avant le début de l’offensive de la Somme, l’artillerie britannique lance


une pluie ininterrompue d’obus (1,5 million au total) censée détruire les positions
ennemies. Confiants, les fantassins britanniques se lancent, le 1er juillet, à l’assaut
du no man’s land. Or, les Allemands disposaient de tranchées très profondes et
ingénieusement bâties ; par ailleurs, un grand nombre d’obus n’avait pas explosé.
C’est pourquoi, dès les premières minutes, l’assaut tourne au carnage. Les pertes sont
estimées à près de 3 000 soldats par minute. Au terme de la journée, sur les 120 000
Britanniques envoyés au front, 20 000, dont 1 000 officiers, sont tués, et 40 000
blessés. Ceux qui constituaient la « Nouvelle Armée » de Kitchener ont été fauchés et
laissent des villages entiers du Royaume-Uni vides de leurs jeunes hommes.

La bataille se poursuit durant cinq mois et mobilise 51 divisions venues de tout


l’Empire britannique : Canada, Nouvelle-Zélande, Australie, Inde, etc. Le mitraillage
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

de tranchées par l’aviation britannique participe de la violence des affrontements ;


les Britanniques expérimentent les premiers chars d’assaut, dont les résultats ne sont
pas encore convaincants. La bataille donne lieu à la première utilisation soutenue
du cinéma à des fins de propagande, avec le film de Geoffrey H. Malins et John B.
MacDowell, La Bataille de la Somme, qui a plus choqué que convaincu car il dévoilait la
violence du conflit.

Les avancées sont minimes : 12 km pour les Britanniques, 8 km pour les Français. Le
bilan est un des plus lourds du conflit avec 443 000 morts et disparus, dont 206 000
pour l’armée britannique et 170 000 pour les Allemands. On compte 616 000 blessés
tous camps confondus. En comparaison, la bataille de Verdun, beaucoup plus longue,
a causé 750 000 morts et disparus au total. L’année 1916 marque le passage d’un seuil
dans la violence de guerre et dans le nombre de victimes du front de l’avant. Cette
bataille peut être utilisée pour définir la guerre de position, mettre en avant l’équilibre
des forces, la disproportion entre les pertes et les avancées des troupes, et expliquer
l’usure et la lassitude des combattants.

Mars 1918 : la dernière offensive allemande


Le retrait de la Russie, entériné par le traité de Brest-Litovsk, pousse l’Allemagne, dès
lors en nette supériorité numérique sur le front occidental, à lancer la Kaiserschlacht,
c’est-à-dire la « bataille de l’Empereur », une grande offensive faite pour prendre un
avantage décisif avant que les États-Unis n’envoient toutes leurs troupes en Europe
et que celles-ci ne soient véritablement opérationnelles. Le général Ludendorff vise
tout particulièrement les troupes britanniques, sorties épuisées des quatre offensives
meurtrières et infructueuses d’Arras, Messines, Passchendaele et Cambrai (1917). La
stratégie allemande consiste à percer le front devant Amiens puis à encercler les forces
britanniques en rompant leurs lignes de ravitaillement. L’Allemagne et ses alliés placent
58 divisions (contre 16 pour les Français et les Britanniques) ainsi qu’une artillerie
conséquente. Les troupes alliées, désagrégées, doivent se replier. Les Allemands font
des milliers de prisonniers de guerre. Ils semblent proches de remporter cette ultime
bataille et la guerre. Cependant, la France réagit promptement en nommant le général
Foch comme commandant unique des armées et coordonnateur de l’ensemble des
forces alliées, ce qui n’avait jamais pu être réalisé depuis le début du conflit. Une
seconde offensive allemande se déploie en avril et aboutit à une nette avancée de
plus de 80 km ; les troupes allemandes franchissent la Somme. Le bilan humain de ces
offensives s’élève à 236 000 Britanniques et 92 000 Français « disparus », c’est-à-dire
soit décédés, soit faits prisonniers.

Les moyens mis à disposition par les nations sont colossaux : du côté des empires
centraux, on dénombre 192 divisions, 3 670 avions, 14 000 canons et 10 chars, quand
dans le camp des Alliés sont mobilisés 178 divisions, 4 500 avions, 18 500 canons et 800
chars.

À ce stade de la guerre, personne ne peut prédire son issue. C’est bien ce qu’il faut
faire comprendre aux élèves, à savoir que l’histoire ne peut être lue comme un récit
téléologique. L’histoire militaire en est une illustration criante, puisque les moments,
les espaces et les enjeux ne cessent de se transformer, et les équilibres s’en trouvent
parfois profondément modifiés.

Sur chaque point de passage et d’ouverture, il est possible de faire travailler les élèves
à partir de lettres du front, de photographies, d’affiches de propagande, de discours
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

des responsables politiques et militaires, ou encore d’articles de presse d’époque.


Rappelons ici que l’approfondissement de chaque point de passage et d’ouverture
peut être très variable, de l’étude d’un ou deux documents à un travail plus approfondi
et documenté. Il importe donc de choisir, selon le traitement du thème, les points de
passage et d’ouverture qui donnent lieu à un travail approfondi.

Pièges à éviter dans la mise en œuvre


• Rester focalisé sur le front européen, n’étudier que des batailles impliquant la
France et l’Allemagne.
• Ne traiter que l’expérience combattante et ne pas suffisamment porter l’analyse à
l’échelle des états-majors à travers les batailles clés du conflit.
• Se perdre dans une étude trop détaillée des batailles.

Chapitre 2 – Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes


de la guerre

Enjeux du chapitre
Les civils, nouveaux acteurs à mobiliser dans une guerre « totale »
En août 1914, des millions d’hommes sont mobilisés dans l’ensemble des pays
impliqués dans le conflit afin de partir combattre. Ils laissent « à l’arrière » des hommes
et des femmes, des enfants et des personnes âgées, sur lesquels repose désormais
la tâche de produire les armes nécessaires à la victoire, de nourrir le pays dans son
entier, de soigner les blessés, de soutenir moralement les soldats et tout en endurant
violences, privations et deuil. En France, le président du Conseil René Viviani lance
un appel le 7 août 1914 : « Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles
et fils de la patrie ! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de
bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées,
les champs ensemencés ! » La notion de mobilisation, qui prend tout son sens dans ce
chapitre, en constitue le fil rouge.

L’expression de « guerre totale », apparue sous la plume du polémiste Léon Daudet


en 1918, renvoie au fait que l’installation imprévue de la guerre dans la longue durée
a nécessité de mobiliser de manière inédite, avec intensité et de façon durable,
l’ensemble des sociétés belligérantes, les activités économiques et les infrastructures
(transports et circuits commerciaux), dans un mouvement général impulsé par les
États et les gouvernements nationaux. Pour financer l’effort de guerre, ces derniers
ont recours à plusieurs sources de revenus, à commencer par l’imposition fiscale, les
emprunts nationaux à grand renfort de propagande auprès des populations, ainsi que
les emprunts auprès de puissances comme les États-Unis.

Une véritable économie de guerre fondée sur un dirigisme politique se met donc
progressivement en place partout, entièrement tournée vers la nécessité des
sociétés de tenir sur le long terme tout en fournissant les ressources nécessaires pour
remporter la victoire. Elle s’appuie sur les progrès techniques et scientifiques autant
dans le domaine de l’armement (les ingénieurs mettent au point des armes chimiques,
des canons plus perfectionnés, des engins motorisés sur tous types de terrains, etc.)
que dans le domaine de la médecine. Les techniques chirurgicales s’améliorent avec
des taux de survie bien supérieurs à ceux d’avant-guerre. Afin de venir au plus vite
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

au secours des blessés, des ambulances automobiles appelées « petites Curies » et


équipées d’appareils de radiologie sont installées sur les différents fronts. Grâce à
ces machines, qui localisent les balles ou les éclats d’obus, les soldats peuvent parfois
éviter les amputations et être pris en charge rapidement. On peut ainsi intégrer le
point de passage et d’ouverture sur« Marie Curie dans la guerre », tant comme un
exemple de la mobilisation d’une scientifique – physicienne en l’occurrence, deux fois
lauréate du prix Nobel pour ses découvertes –, que pour ses recherches et son action
pendant la guerre.

Dans l’industrie, en particulier les secteurs de la métallurgie et de la mécanique,


ainsi que dans les exploitations agricoles ou dans le négoce, les femmes doivent
pallier la pénurie d’hommes, y compris dans les postes à responsabilité. Au front,
elles soignent les blessés en tant qu’infirmières, ou soutiennent le moral des soldats
comme marraines de guerre. Celles qui travaillent dans les usines d’armement
sont surnommées les « munitionnettes » : elles sont 430 000 en France en 1918. Les
puissances coloniales font également appel à des travailleurs indigènes. L’Allemagne
met à contribution les enfants pour exploiter les mines de charbon, tandis que la
Russie les emploie davantage dans les usines d’armement. Cependant, cet afflux
de main-d’œuvre sous-payée, puisque femmes et enfants peuvent toucher jusqu’à
moitié moins qu’un ouvrier pour le même travail, provoque une forte pression sur les
salaires et les conditions de vie. Si l’organisation de l’économie de guerre par l’État
apporte une reconnaissance aux syndicats ouvriers qui y sont associés, comme en
France avec l’action d’Albert Thomas, le nombre de grèves explose en 1917 dans tous
les pays européens protagonistes hormis l’Autriche-Hongrie (ce qui est à relier à la
grande lassitude marquant cette année, déjà signalée dans le chapitre précédent). On
en compte 4 369, ce qui paralyse dans certaines villes la production d’armement. À
Paris, les ouvrières de la couture surnommées les « midinettes » réclament la « semaine
anglaise », c’est-à-dire la libération du samedi après-midi, ainsi qu’une indemnité de vie
chère. En Russie, les grèves achèvent la décomposition politique du régime, exacerbant
les tensions sociales jusqu’à la révolution de février 1917.

Privations et inflation deviennent le quotidien des civils et sont la rançon de la durée


du conflit : les denrées alimentaires, ainsi que les sources d’énergie (charbon, pétrole
et essence) deviennent chères, voire inaccessibles. L’éclairage urbain se réduit au
minimum et le rationnement est instauré en 1917. Des tensions émergent rapidement
entre le front de l’avant et celui de l’arrière, les soldats considérant que les civils s’en
tirent à bon compte en comparaison de l’horreur vécue sur les champs de bataille,
alors que les civils mettent en avant les privations dont ils sont victimes. En Allemagne,
la priorité est donnée au ravitaillement de l’armée, au détriment des civils. Par ailleurs,
les hommes restés à l’arrière pour travailler sont considérés comme des « embusqués ».
Certaines classes sociales se sentent défavorisées quant au sacrifice consenti,
imputant aux gouvernements de privilégier le monde ouvrier et celui des affaires.

Les civils, nouvelles cibles de la guerre


La question des civils est à relier à deux aspects fondamentaux : celui de la
mobilisation qui les rend acteurs et celui de la violence de guerre qui tend à faire
d’eux des cibles. Dans ce chapitre, il faut également rappeler la diversité des situations
auxquelles les civils sont confrontés : certains territoires (la Serbie, la Belgique ou le
nord et l’est de la France, par exemple) sont occupés et subissent par conséquent
la présence quotidienne des soldats ennemis et les violences subséquentes : viols,
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

travail forcé, prises d’otages, déportations, réquisitions de matériel et de denrées


alimentaires, bombardements (Belgrade, Reims, Roubaix)… C’est ainsi que la
population lilloise passe de 217 000 habitants en 1914 à 112 000 à la fin de la guerre.
La ration alimentaire quotidienne n’est plus que de 1 400 calories. À l’Est, le reflux des
armées russes de Galicie et de Bukovine s’accompagne de déportations massives de
populations minoritaires (allemandes, ukrainiennes, juives et polonaises), ainsi que de
massacres.

Dans l’Empire ottoman musulman, la minorité arménienne de confession chrétienne


vivant dans la moitié est du pays depuis des siècles (en Cilicie et dans le Caucase
notamment, à la frontière entre les empires russe et ottoman) fait l’objet de
premières persécutions entre 1894 et 1897. Dans un contexte tendu de revendications
nationalistes et d’égalité des droits avec les musulmans, le sultan Abdulhamid II fait
exécuter entre 200 000 et 300 000 Arméniens. Ces massacres et pillages suscitent
l’indignation des puissances occidentales et des organisations humanitaires, comme le
montre le discours de Jean Jaurès devant la Chambre des députés le 3 novembre 1896.

Quelques mois seulement après l’entrée en guerre de l’Empire ottoman, le


gouvernement nationaliste turc (Comité Union et Progrès) élabore cette fois un
programme de destruction totale de la population arménienne, qui s’élève alors à
deux millions d’individus, arguant de leur trop grande proximité avec la Russie. Le
24 avril 1915, plusieurs centaines de dirigeants politiques, de cadres économiques et
d’intellectuels arméniens sont déportés en Anatolie puis sauvagement assassinés. C’est
le point de départ du premier génocide en Europe.

Au lendemain de la décision du Conseil des ministres turcs de déporter officiellement


la population arménienne des vilayets orientaux d’Erzerum, Van et Bitlis (à l’est
du pays) selon une politique dite « d’homogénéisation démographique », la
France, la Russie et le Royaume-Uni publient une déclaration. La Triple Entente y
définit les « crimes contre l’humanité et la civilisation » perpétrés à l’encontre des
Arméniens de l’Empire ottoman et annonce que les gouvernements alliés « tiendront
personnellement responsables des dits crimes tous les membres du gouvernement
ottoman ainsi que ceux de ses agents qui se trouveraient impliqués dans de pareils
massacres ». Malgré cette menace morale, le génocide se poursuit.

Mehmet Talât Pacha, alors ministre de l’Intérieur, envoie ainsi aux gouverneurs
des provinces l’ordre d’exterminer les Arméniens : « Sans égard pour les femmes,
les enfants, les infirmes, quelque tragiques que puissent être les moyens de
l’extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à
leur existence » (25 septembre 1915). La première phase consiste en la déportation
des populations arméniennes dans des camps de concentration. Beaucoup meurent
en chemin, d’épuisement ou assassinés. Dans un second temps, les prisonniers sont
tués dans les camps. Le bilan se situe entre 1,2 et 1,5 million d’Arméniens victimes
des autorités ottomanes, auxquels il faut ajouter entre 500 000 et 700 000 Assyro-
Chaldéens chrétiens.

Il est donc important de faire comprendre aux élèves que le génocide des Arméniens
s’inscrit dans un vaste processus d’épuration ethnique qui a commencé à la fin du
XIXe siècle. Les moyens mis en œuvre et l’ampleur des massacres sont alors inédits.
Mettre en avant la radicalisation nationaliste issue de la guerre est important. Il
semble intéressant de croiser les regards sur ce génocide, aussi bien en s’appuyant
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

sur des témoignages de rescapés que sur les directives officielles turques, pour bien
en comprendre les rouages. On peut également faire appel aux opinions étrangères
à travers la presse ou les correspondances diplomatiques. Par le biais de l’étude de
la déclaration de la Triple Entente du 24 mai 1915, on peut faire réfléchir les élèves à
la question de la responsabilité internationale face aux massacres et aux génocides.
Pourquoi la lutte contre l’extermination des Arméniens n’est-elle pas devenue un
but de guerre allié comme pouvait le laisser entendre la déclaration du 24 mai 1915 ?
Pourquoi les tribunaux internationaux prévus par le traité de Sèvres n’ont-ils pas été
mis en place ?

Le traitement du point de passage et d’ouverture consacré à la déclaration peut


déboucher sur une réflexion concernant les rapports entre la communauté
internationale et la définition du génocide. Quand le juriste Raphaël Lemkin élabore
le terme en 1944, il réfléchit à partir de trois exterminations de masse : celle des
Arméniens, celle des Ukrainiens au début des années 1930, et bien sûr la Shoah.

Pièges à éviter dans la mise en œuvre


• Remonter trop loin dans la mise en contexte des événements.
• Ne pas suffisamment cibler certains aspects de la mobilisation des sociétés et
vouloir tout étudier.
• Digresser sur la censure et la propagande mises en place par les États engagés dans
la guerre.
• Se contenter du traitement de la culture de guerre.

Chapitre 3 – Sortir de la guerre : la tentative de construction d’un


ordre des nations démocratiques

Enjeux du chapitre
Le concept de « sortie de guerre » permet tout d’abord de repenser globalement
la chronologie des conflits, en insérant l’après-guerre dans un temps plus long que
l’arrêt technique des hostilités (armistice) et la signature des traités de paix après une
période variable de négociations diplomatiques. Cette notion tend, chez les historiens,
à suppléer complètement celle d’après-guerre, et davantage encore celle d’entre-
deux-guerres. Elle est par ailleurs enrichie par des approches thématiques autour des
« démobilisations » (militaire, économique, culturelle). Cette approche permet encore
de repenser la dialectique vainqueurs/vaincus en s’attachant par exemple à l’étude
de moments clés, d’acteurs, et en variant autant que possible les échelles d’espace et
de temps. Rendre aux sorties de guerre leur intensité et leur complexité, c’est donc
s’interroger sur les rythmes qui les parcourent, sur les étapes qui marquent la lente
déprise du conflit. La frontière entre temps de guerre et temps de paix n’en apparaît
alors que plus poreuse.

Si la guerre mondiale cesse, les tensions interétatiques peuvent néanmoins demeurer,


de même que des conflits armés localisés. En s’intéressant à cette période de
transition que Pierre Chaunu qualifie de « durée molle », plus ou moins longue, entre
temps de guerre et temps de paix, il s’agit d’envisager à la fois le temps du deuil,
celui de la démobilisation (militaire, économique), le legs mémoriel du conflit et la
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

reconstruction d’un nouvel équilibre international.

Le choc du conflit : un désastre sans précédent


Le bilan humain et matériel d’une guerre n’a jamais été si lourd. Les champs de bataille
ont décimé les armées, avec dix millions de soldats tués, soit 13 % des mobilisés,
l’Allemagne ayant payé le prix le plus élevé avec 2 millions de morts. Au total, les
puissances de l’Entente ont perdu 5,6 millions de soldats et celles de l’Alliance 4,4
millions. Il faut rajouter une trentaine de millions de blessés, dont les « gueules
cassées ». Les traumatismes psychiques, longtemps sous-estimés, mènent souvent les
« mutilés du cerveau » dans des asiles psychiatriques et les marginalisent de la société
d’après-guerre. Les populations civiles ont aussi beaucoup souffert de ces quatre
années de guerre, en particulier les Arméniens victimes du génocide, de même que
les Assyro-Chaldéens et, de manière générale, les civils vivant dans des territoires
occupés, voire à proximité des zones de combat (Belgique, Italie, Serbie, nord et est de
la France…). Des millions de veuves et d’orphelins se retrouvent parfois sans ressources.
On estime au total à environ six millions le nombre de victimes civiles de la guerre. À
la fin du conflit, l’épidémie de grippe espagnole s’ajoute à ce tableau en tuant plus de
deux millions d’Européens. En outre, les conséquences démographiques de la guerre,
du fait des pertes mais également des naissances non advenues, sont durables et
profondes : déséquilibre entre hommes et femmes, dépeuplement des campagnes et
chute de la population active.

Par ailleurs, les exploitations agricoles ont été dévastées par les obus et des villes et
villages martyrs, bombardés, sont presque entièrement détruits (Reims, Péronne,
Douaumont…). Les économies nationales, qui s’étaient entièrement tournées vers
les industries de guerre, peinent à se diversifier de nouveau. Les pertes touchent
également le matériel militaire, les flottes de commerce (le Royaume-Uni perd de ce
fait 7,8 millions de tonnes de marchandises). Il faut ajouter à cela les dettes extérieures
contractées, auprès des États-Unis par exemple (cela représente pour la France onze
années d’investissements).

Sur cet immense cimetière, les chefs d’État envisagent la suite, à commencer par les
termes d’une nouvelle paix mondiale.

Reconstruire un monde et garantir la paix ?


Les principes des 14 points de Wilson et la fondation de la Société des Nations (SDN)
L’étude des 14 points énoncés par le président des États-Unis d’Amérique Woodrow
Wilson, le 8 janvier 1918 lors d’un discours devant le Congrès, semble un préalable à
toute réflexion sur le sujet, en axant l’analyse des élèves sur les principes énoncés :
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principe des nationalités, libre circulation,
refus d’un impérialisme national, et création d’une grande organisation internationale
comme fondement d’une paix future. On peut essayer de mesurer l’impact des 14
points dans l’élaboration des traités de paix qui suivent. Il importe aussi de mesurer la
rupture que ces principes représentent par rapport au jeu des puissances étudié dans
l’année, entre nationalisme et concert européen.

Les traités de paix et la fin des empires multinationaux


Il s’agit ici de revenir sur le contexte d’élaboration de ces traités et les enjeux soulevés
lors de la Conférence de la paix qui se réunit de janvier à juin 1919. Les espoirs des
populations sont immenses et l’opinion publique marquée par deux tendances : le
wilsonisme et le patriotisme. Les représentants choisis pour siéger aux tables des
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

négociations incarnent cette tension : W. Wilson, G. Clemenceau, D. Lloyd George et


V. Orlando. Les trois Européens souhaitent avant tout imposer la démocratie, ainsi que
faire payer et affaiblir l’Allemagne.

À l’issue de cette période de négociations, le traité de Versailles fait figure de modèle,


car il est le premier à être signé, le 28 juin 1919, et donne le ton des modifications
territoriales imposées aux vaincus (ici l’Allemagne) et des réparations exigées par les
pays vainqueurs. Il crée par ailleurs la Société des Nations, dont le siège est fixé à
Genève, et qui est régie par une convention signée par 44 États, mais sans les États-
Unis. En effet, le 19 mars 1920, la ratification du traité de Versailles a été repoussée
par le Sénat américain faute d’une majorité des deux-tiers, et cet échec est devenu
irrémédiable avec la victoire du candidat républicain lors des élections présidentielles
de novembre 1920, témoignant ainsi du décalage entre la majorité politique
américaine et l’idéalisme wilsonien.

La SDN se voit confier trois objectifs : faire respecter le droit international, résoudre les
conflits par le biais d’un arbitrage et abolir la diplomatie secrète. Ainsi, des territoires
stratégiques sont immédiatement placés sous le contrôle direct de l’organisation (la
Sarre, le corridor de Dantzig par exemple) ; d’autres deviennent des mandats sous la
tutelle des pays vainqueurs (Liban et Syrie confiés à la France, Palestine au Royaume-
Uni). L’œuvre de Léon Bourgeois, premier président de la SDN et prix Nobel de la Paix
en 1920, peut être étudiée et faire l’objet d’une présentation orale par les élèves. Le
fonctionnement de la SDN et ses actes concrets dans les premières années donnent
des pistes de travail. En effet, divers organes qui lui sont affiliés visent à réduire les
inégalités sociales et économiques, à l’instar de l’Organisation internationale du travail
(OIT) ou de la Commission de l’esclavage.

Une douzaine d’autres traités suivent, pour la plupart bilatéraux, redessinant la


carte de l’Europe. Une étude des modifications territoriales par le biais de cartes
géopolitiques, mais aussi d’affiches de propagande défendant ou dénonçant ces
traités, est envisageable. Le point de passage et d’ouverture sur « les traités de paix
(1919-1923) » peut permettre d’approfondir cette question.

À l’issue de cette série de traités qui se clôt par le traité de Lausanne de 1923, les
empires ottoman et austro-hongrois sont démantelés, l’Allemagne et la Russie
nettement amputées. De nouveaux États apparaissent, comme la Pologne, les
États baltes, la Finlande, la Hongrie, le royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
Les territoires des pays vainqueurs sont agrandis. Ces remaniements provoquent
de nombreux conflits. L’application du principe des nationalités est en effet très
problématique dans des territoires où les populations sont indissolublement mêlées
depuis très longtemps, ce qui amène forcément à retrouver des minorités insatisfaites
à d’autres échelles.

Les interventions étrangères et la guerre civile en Russie jusqu’en 1922


La désintégration de l’empire russe (cf. chapitre 1) et la prise de pouvoir des bolcheviks
déclenchent une guerre civile qui débouche sur la mise en place d’un communisme
de guerre appuyé sur l’Armée rouge dirigée par Trotski. Lénine prend des mesures
exceptionnelles, à commencer par l’étatisation et la planification de l’économie, la
censure des médias, la mise en place d’une police politique (la Tcheka). Le tsar et sa
famille sont exécutés. La guerre civile se poursuit pendant plusieurs années entre les
« Rouges » et les « Blancs », elle est le théâtre de déferlements de violences variées.
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

Afin de soutenir ces derniers dans leur lutte contre les bolcheviks, une coalition dite
« alliée » regroupant quatorze nationalités, dont des Tchécoslovaques, des Américains,
des Grecs, des Français, des Japonais et des Britanniques, est mise en place dès 1918.
Cependant, le manque d’organisation stratégique et de moyens provoque rapidement
une lassitude, et les Alliés se retirent à partir de mars 1920, à l’exception des Japonais
qui ne partent que deux ans plus tard. La victoire finale des bolcheviks se traduit par
l’exil de près d’1,5 million de « Russes blancs » dans le monde entier, essentiellement
en l’Europe occidentale. C’est pour ces réfugiés, déchus de leur nationalité d’origine,
qu’est créé le passeport « Nansen ».

En 1920, l’Armée rouge tente de récupérer les territoires perdus à l’ouest, mais elle
est refoulée par une contre-attaque polonaise. Une série de traités (Tartu et Moscou
en 1920, Riga en 1921 et Rapallo en 1922) met fin à ces guerres de reconquête
mais laisse le pays exsangue. Autour de 10 millions de personnes sont mortes, soit
bien plus pour le pays que lors de la Première Guerre mondiale. En 1921, l’État est
totalement désorganisé, la famine et la sécheresse font rage, et le pays est saigné
démographiquement. Toutefois, les frontières se stabilisent et Lénine peut alors
entamer la nouvelle politique économique (NEP) dans le but de redresser le pays.
L’Union des républiques socialistes soviétiques voit officiellement le jour le 30
décembre 1922, intégrant de fait toutes les républiques du territoire dans une
structure fédérale dominée par la Russie et dirigée par le seul parti communiste
(PCUS).

Deuils individuel et collectif et enjeux de mémoires


Les enjeux de mémoire de la Grande Guerre tant pour les acteurs collectifs que pour
les individus et leurs familles
L’arrêt des combats et le retour en masse des soldats démobilisés du front induisent
de nombreux effets directs et indirects sur les sociétés qui tentent de revenir à une
situation de paix. L’urgence est d’abord d’enterrer ses morts et de gérer le traumatisme
collectif lié aux violences de guerre. Les soldats morts au front ont souvent été
inhumés dans des fosses communes, sans identification systématique. Leurs familles
souhaitent cependant récupérer les corps afin de les enterrer plus dignement, dans
le cimetière communal. Des comités nationaux sont créés, mais cela ne suffit pas
à éviter les abus et le transport illégal de cadavres (cf. les travaux de l’historienne
Béatrix Pau à ce sujet). La construction de milliers de monuments funéraires – ossuaires
comme à Douaumont, monuments aux morts communaux, cimetières militaires ou
encore Tombe du soldat inconnu) – témoigne de la volonté collective de commémorer
les morts de la guerre. L’État français participe ainsi de la création d’un « ensemble
parfaitement tragique : unité de temps, le 11 novembre ; unité de lieu, le monument
aux morts ; unité d’action, la cérémonie commémorative », comme l’écrivent Stéphane
Audoin-Rouzeau et Annette Becker1. Si la Belgique, le Royaume-Uni, le Canada ou les
États-Unis optent également pour le 11 novembre comme date de commémoration de
la victoire et de la paix, tous n’ont cependant pas érigé cet anniversaire en jour férié.
L’obtention d’un jour férié témoigne en France de l’influence des anciens combattants,
comme par ailleurs la puissance du pacifisme dans l’entre-deux-guerres.

La question de la mémoire de la Première Guerre mondiale chez les pays vaincus revêt
une autre complexité. Elle est par exemple peu étudiée et enseignée du point de

1. Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Annette BECKER, 14-18, retrouver la Guerre, Paris, Gallimard coll. « Folio
Histoire », 2000, p. 249.
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vue russe. Le fait que la Russie ait d’abord été battue par l’Allemagne, qui fut ensuite
vaincue par les Alliés, et que de manière quasi-concomitante le pays soit entré dans
une révolution puis une longue guerre civile noie quelque peu la mémoire du conflit
mondial en tant que tel. Pourtant, la Russie a perdu environ 1,8 million d’individus,
militaires et civils confondus, les chiffres variant de manière assez considérable. Le
seul personnage mis en avant est le général Broussilov, qui fait le lien entre la guerre
mondiale et la guerre civile. Par ailleurs, la question de la mise en place du régime
soviétique reste délicate. En Allemagne, la théorie du « coup de poignard dans le
dos » a beaucoup contribué à la déstabilisation de la république de Weimar ; après la
Seconde Guerre mondiale, la place de cette « catastrophe originelle » reste marginale
dans les enseignements et l’État fédéral n’a pas établi de date de commémoration
officielle. Cette responsabilité d’organiser des cérémonies civiques incombe dès
lors aux Länder, ce qui donne donc à ces commémorations un fort ancrage local. La
célébration du centenaire a considérablement fait évoluer le rapport des Allemands
à la Première Guerre mondiale, alors que l’historiographie s’est beaucoup renouvelée
depuis une trentaine d’années.

La mémoire de la Grande Guerre s’écrit également grâce à la multitude de


témoignages écrits et oraux, récoltés et exploités de manière de plus en plus
systématique. Ainsi, les élèves peuvent être amenés à consulter différents types
d’archives, sur le terrain en découvrant des fonds près de leur lycée ou via certains sites
Internet, comme celui des archives départementales du Maine-et-Loire. Ils peuvent par
exemple chercher sur la base des morts pour la France de la Première Guerre mondiale
des traces de soldats disparus, ou lire des extraits de textes d’anciens combattants
évoquant la sortie de guerre et les difficultés à reprendre une vie « normale ». Une
présentation biographique très pédagogique des députés morts pour la patrie est
accessible sur le site de l’Assemblée nationale. Enfin, des films ou des ouvrages de
fiction peuvent également être exploités en éclairant bien la dimension fictionnelle
(par exemple le livre de Pierre Lemaître, Au revoir là-haut, ainsi son adaptation
cinématographique).

Pour ceux qui ont survécu et qui tentent de se réinsérer dans la société, une forme de
solidarité liée à une communauté de souffrance voit le jour au travers d’associations
d’anciens combattants. Parmi elles, l’Union des Blessés de la Face, créée en 1921,
participe notamment au développement de la Loterie nationale. Surtout, les anciens
combattants constituent une force politique de premier ordre qui pèse durablement
sur les institutions républicaines de l’entre-deux-guerres.

Comment insérer les points de passage et d’ouverture


1919-1923 : les traités de paix
Pour aborder les traités de paix, il convient de dépasser le strict cadre des
modifications territoriales qu’ils impliquent. Il est ainsi possible de s’attacher aux
conséquences politiques directes de ces décisions, comme celles des traités de Sèvres
(1920) puis de Lausanne (1923) sur la formation de la nouvelle Turquie. L’étude des
clauses du traité de Versailles et leurs conséquences territoriales et économiques
sur l’Allemagne, devenue le 6 février 1919 la République de Weimar, peut mener à
confronter les deux visions, française et allemande, de ce texte. Les conséquences
politiques, économiques, sur la société allemande, peuvent être brièvement évoquées.
De manière générale, se pencher sur les traités permet de mettre en avant les
temporalités différentes des sorties de guerre.
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La notion de frontière et de respect du principe des nationalités doit être abordée.


Les conséquences à moyen et long terme de ces recompositions territoriales ne
peuvent être éludées en évoquant la genèse de la « balkanisation de l’Europe », sans
pour autant traiter trop longuement des crises ou des guerres qu’elles suscitent
à long terme. En effet, établir un lien mécanique entre le traité de Versailles et le
déclenchement de la Seconde Guerre mondiale fait fi de toute la complexité de
l’histoire de l’entre-deux-guerres, donnant une vision téléologique à bannir en histoire.

1920 : le soldat inconnu et les enjeux mémoriels


Dès la signature de l’armistice le 11 novembre 1918, l’idée d’inhumer un soldat
anonyme au Panthéon afin d’honorer tous les Français morts pour la patrie germe
dans les milieux politiques. L’anonymat est en effet de lot de nombreux soldats
décédés qui n’ont pu être identifiés, ce qui en fait les symboles de la mort de masse.
Deux propositions de loi sont successivement abandonnées en 1918 et 1919. En 1920,
le Royaume-Uni procède de son côté à l’inhumation d’un Tommy inconnu à l’abbaye
de Westminster, nécropole royale, ce qui relance le débat en France. À l’issue d’une
tumultueuse séance à l’Assemblée, la décision est prise d’ensevelir le Soldat inconnu
non au Panthéon mais sous l’Arc de Triomphe. La première cérémonie se déroule le 11
novembre 1920, tandis que la Flamme du Souvenir n’est adoptée que deux ans plus
tard.

À partir du site Gallica sur lequel les débats à l’Assemblée parus dans le Journal officiel
ont été numérisés, les élèves peuvent travailler autour des enjeux mémoriels liés au lieu
et aux modalités d’inhumation du Soldat inconnu. Cela engage éventuellement une
restitution écrite ou orale de la part des élèves.

1922 : le passeport Nansen et le statut des apatrides


Fridtjof Nansen, un diplomate norvégien, devient en 1921 le premier Haut-Commissaire
pour les réfugiés, prenant la tête d’une nouvelle commission dépendant de la SDN.
L’urgence se porte alors sur les centaines de milliers de Russes opposants au régime
soviétique qui ont fui leur pays depuis la révolution d’octobre et ont été déclarés
apatrides par un décret du PCUS datant du 15 décembre 1922. Déchus de leur
nationalité, ils ne disposent donc plus d’aucun titre d’identité valide et se trouvent
en situation d’illégalité au niveau international, dans un après-guerre où l’on veut
faire vivre la paix européenne par l’application du principe des nationalités. Ils sont
notamment dans l’incapacité juridique de demander le droit d’asile. Le passeport
Nansen, un document d’identité reconnu par 38 États, devient le premier instrument
juridique de protection internationale des réfugiés. Son statut définitif est fixé par
la Convention de Genève en 1933, avant son abandon au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale. Il est possible de demander aux élèves de chercher des exemples
d’individus ayant pu bénéficier de ce passeport et ainsi de retracer leurs parcours. Le
Musée national de l’histoire de l’immigration, ainsi que l’Office français de protection
des réfugiés et apatrides (Ofpra) proposent des archives numérisées consultables en
ligne.

Pièges à éviter dans la mise en œuvre


• Analyser les différents aspects des sorties de guerre pays par pays, sans privilégier
la perspective comparatiste.
• Scander les périodes et se focaliser uniquement sur les traités de paix.
• Ignorer les acteurs.
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• Rester dans une histoire « par le haut » et oublier d’incarner des trajectoires
individuelles locales.

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Pour aller plus loin

Premier chapitre
Références bibliographiques et sitographiques
• Nicolas BEAUPRÉ, Les grandes guerres 1914-1945, Belin, 2012.
• Nicolas BEAUPRÉ, ‘La Première Guerre mondiale 1912-1923’, La Documentation
photographique n° 8137, CNRS Éditions, 2020.
• Éric BONHOMME et Thomas VERCLYTTE, L’Europe de 1900 à nos jours, A. Colin,
2018.
• Yves BUFFETAUT, Fabrice LE GOFF, Atlas de la Première Guerre mondiale : 1914-1918,
la chute des empires, éd. Autrement, 2014.
• Jean-Jacques BECKER et Gerd KRUMEICH, La Grande Guerre : une histoire franco-
allemande, Tallandier, Texto, (rééd.) 2014.
• Christopher CLARK, Les somnambules. Été 1914 : comment l’Europe a marché vers la
guerre, Flammarion, 2013.
• Paul KEEGAN, La Première Guerre mondiale, Perrin, 2003.
• Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, Les Batailles de 1916, actes
réunis par Alexandre LAFON, Sorbonne Université Presse, 2018, en particulier la
contribution de Hew STRACHAN, « La redéfinition de la Bataille : Verdun et la
Somme », pp. 15-41.
• Alexandre SUMPF, La Grande Guerre oubliée : Russie 1914-1918, Perrin, 2017.
• Jay WINTER (dir.), La Première Guerre mondiale, tome 1 Combats, et tome 2, États,
Cambridge History, Fayard, 2013 et 2014.
• Sur le site de la Mission du centenaire, des dossiers thématiques.
• Sur le site « L’Histoire par l’image », des albums sur les grandes batailles de la
Première Guerre mondiale.
• Georges Brun, La Première Guerre mondiale : buts, plans et forces en présence,
Base numérique du patrimoine d’Alsace, site réseau Canopé de l’académie de
Strasbourg, 2015 (une synthèse avec des représentations cartographiques de
qualité).
• Chantal ANTIER, « Le recrutement dans l’empire colonial français, 1914-1918 »,
Guerres mondiales et conflits contemporains, 2008/2 (n° 230), pp. 23-36. DOI :
10.3917/gmcc.230.0023.
• « Le suicide de l’Europe », Documentaire historique éponyme réalisé par Alexeï
DENISOV (2014).

Références littéraires et cinématographiques


Livres
• Le Feu. Journal d’une escouade, Henri Barbusse (1916).
• The Anzac Book, Charles Bean (1916). Il s’agit d’un recueil de témoignages de
combattants australiens et néo-zélandais lors de la bataille des Dardanelles, réunis
par un journaliste australien.
• Les croix de bois, Roland Dorgelès (1919).
• Catherine soldat, de l’écrivaine allemande Adrienne Thomas (1930).
• À l’ouest rien de nouveau, de l’écrivain allemand Erich Maria Remarque (1929) (voir
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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

l’adaptation de Lewis Milestone dans la rubrique suivante).


• Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline (1932).
• Capitaine Conan, Roger Vercel (1934) (voir l’adaptation de Bertrand Tavernier dans
la rubrique suivante).
• Ceux de 14, Maurice Genevoix (1949).

Films
• Les cœurs du monde, du réalisateur américain D.W. Griffith (1918).
• J’accuse, film français d’Abel Gance (1919).
• Quatre de l’infanterie, de l’allemand Georg Wilhelm Pabst (1930).
• À l’ouest rien de nouveau, du réalisateur américain Lewis Milestone (1930).
• La Grande Illusion, de Jean Renoir (1937).
• La patrouille de l’aube, du réalisateur américain Edmund Goulding (1938).
• Les sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick (1957).
• Capitaine Conan, de Bertrand Tavernier (1996).
• Joyeux Noël, de François Carion (2005).

Deuxième chapitre
Éléments bibliographiques et sitographiques
• Anne DUMÉNIL, « La guerre au XXe siècle. Tome 2 – L’expérience des civils », La
Documentation photographique, n° 8043, 2005.
• Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Jean-Jacques BECKER, L’Encyclopédie de la Grande
Guerre 1914-1918 : histoire et culture, Bayard, 2004.
• Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, L’enfant de l’ennemi : viol, avortement, infanticide
pendant la Grande Guerre, Paris, Aubier, 2009.
• Jean-Jacques BECKER, La France en guerre : 1914-1918. La grande mutation, PUF, 1988.
• Annette BECKER, Journaux de combattants & civils de la France du Nord dans la
Grande Guerre, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2015.
• Emmanuel DEBRUYNE, « Femmes à Boches » : occupation du corps féminin dans la
France et la Belgique de la Grande Guerre, Paris, Les Belles Lettres, 2018.
• Antoine PROST (dir.), Guerres, paix et sociétés (1911-1946), éd. Atelier, 2003.
• Patrick DAUM, « Les destructions de la guerre de 14-18 », site « L’Histoire par
l’image ».
• « Apocalypse : 10 destins », dossier Canopé sur les civils dans la guerre.
• John HORNE, « Les violences de guerre faites aux civils », Le Monde, 29 septembre
2014.
• Jay WINTER (dir.), La Première Guerre mondiale, tome 3, Sociétés, Cambridge
History, Fayard 2014.

Sur le génocide des Arméniens


• Infographie (5 minutes) retraçant les origines et le déroulement du génocide,
lemonde.fr, 22 avril 2015.
• Annette BECKER, Hamit BOZARSLAN, Vincent DUCLERT, Le génocide des
Arméniens : cent ans de recherches (1915-2015), Paris, Armand Colin, 2015.
• Mikaël NICHANIAN, Détruire les Arméniens. Histoire d’un génocide, PUF, 2014.
Retrouvez éduscol sur • Documentaire de Régis GENTÉ et Nicolas JALLOT, « Génocide arménien. Le spectre
de 1915 », diffusé sur France 5 (2015).

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VOIE GÉNÉRALE 1re Histoire

Références littéraires et cinématographiques


• Un long dimanche de fiançailles, film français de Jean-Pierre Jeunet (2004).
• Les Gardiennes, film français de Xavier Beauvois (2016).

Troisième chapitre
Éléments bibliographiques et sitographiques
• « 1914-2014 : bilan d’un Centenaire », Cycle de conférences « Les Agendas du
politique » organisé par les Éditions de l’EHESS et le Labex TEPSIS. Participants :
John Horne, Stéphane Audoin-Rouzeau, Arndt Weinrich et alii.
• Dossier de la Documentation française sur la fin de la guerre.
• Annette BECKER, « Des monuments différents ? La commémoration dans le nord
de la France (1914-1940) », Mélanges de l’École française de Rome, 2000, 112-2, p. 515-
528.
• Éric BONHOMME et Thomas VERCLYTTE, L’Europe de 1900 à nos jours, Armand
Colin, 2018.
• Stéphanie CLAISSE et Thierry LEMOINE, Comment (se) sortir de la Grande Guerre ?
Regards sur quelques pays « vainqueurs » (Belgique, France, Grande-Bretagne),
L’Harmattan, 2005.
• François COCHET, Les soldats inconnus de la Grande Guerre : la mort, le deuil, la
mémoire, Actes du colloque, Verdun-Paris, 9-10 novembre 2010, éd. SOTECA, 2012.
• Emmanuelle DANCHIN, Le temps des ruines 1914-1921, Rennes, PUR, 2015.
• Jean-Pierre DUBOIS, « Le “passeport Nansen”, première protection des réfugiés
dans l’histoire du droit international », Après-demain, 2016/3, n° 39, p. 48.
• Olivier FARON, Les enfants du deuil : orphelins et pupilles de la nation de la Première
Guerre mondiale (1914-1941), Paris, La Découverte, 2001.
• Jean-Yves LE NAOUR, Le Soldat inconnu, la guerre, la mort, la mémoire, Paris,
Gallimard, 2008.
• Margaret MCMILLAN, Les Artisans de la paix, Comment Lloyd Gerge, Clemenceau et
Wilson ont redessiné la carte du monde, Paris, Jean-Claude Lattès, 2006.
• George MOSSE, De la Grande Guerre au totalitarisme : la brutalisation des sociétés
européennes, Paris, Fayard, 2015.
• Pierre NORA, Les lieux de mémoire, t. 1 et t.3, Paris, Gallimard, 1997.
• Béatrix PAU, « La violation des sépultures militaires (1919-1920) », Revue historique
des armées, n° 259, 2010.
• Antoine PROST, Les anciens combattants et la société française (1914-1939), Paris,
Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1977.

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