Nature Et Culture

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Cours de Philosophie Terminale

Année scolaire 2014-2015

Chapitre 6 : Nature et culture

Plan du cours

Introduction

I- Définitions

1- Qu’est-ce que la nature ?

2- Qu’est-ce que la culture ?

II- L'homme est-il un être de nature ?

III- La nature précède-t-elle la culture ?

1- De l’état de nature à l’état social

2- Inégalités naturelles et inégalités culturelles

IV- Comment distinguer le naturel du culturel chez l’homme ?

Conclusion

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Introduction
L’homme est un être qui doit sa particularité à la conjugaison de deux éléments : la
nature et la culture. Dans la nature, l’homme se présente comme un être culturel ; et
dans la société comme un être naturel. De ce fait, la délimitation d’une frontière entre le
naturel et le culturel et la détermination du rapport entre nature et culture constitue une
préoccupation majeure pour la réflexion philosophique. L’analyse de ces deux concepts
suscite moult interrogations : l'homme a-t-il seulement accès à une « nature » ? N'est-il
pas entièrement un être de culture ? La nature précède-t-elle la culture ? Quel est le
rapport qui existe entre nature et culture ? Les inégalités entre les hommes sont-elles
naturelles ou culturelles ?

I- Définitions
1- Qu’est-ce que la nature ?
Le mot « Nature » a deux sens en français, puisqu'on parle aussi de la « nature » d'une
chose. En fait, ces deux sens ont la même origine : nature vient du latin nascor, naître.
La nature d'une chose, c'est ce qu'elle était en quelque sorte « à la naissance », avant
toute modification. Elle désigne l’inné. Par extension, on entend par nature, l’ensemble
des choses qui présentent un ordre. C’est tout ce qui entoure l’homme et qui n’est pas
son œuvre. L’essence fondamentale de la nature, c’est l’autodétermination. En ce sens,
est naturel tout fait se développant selon un processus qui lui est propre, ce qui le
soustrait aux artifices et aux contraintes. Au 18 ème siècle, le mot est venu à désigner tout
ce qui est relatif à l’univers tandis que la tradition philosophique issue de Platon fait de
la nature une essence fixe, immuable et prédéterminée. Est donc naturel, tout ce qui est
inné, spontané. Pour les Grecs, la nature n'est pas créée par un Dieu, elle est la source de
son propre mouvement. Cette interprétation est remise en cause par la philosophie
chrétienne : la nature étant créée par Dieu, elle n'a aucune autonomie ; selon Voltaire,
c'est en quelque sorte une mécanique dont Dieu est l'horloger.

2- Qu’est-ce que la culture ?


Le mot culture vient de l’allemand « Kultur » et désigne tout ce qui est acquis. Le
concept implique un certain travail exercé sur la nature, une transformation susceptible
de produire des propriétés nouvelles ou, tout au moins, de développer des qualités

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d’abord virtuelles, d’actualiser certains possibles. La culture est un produit de la


civilisation, de l’éducation. Par elle, l’homme opère un dépassement de la nature
extérieure, mais aussi de sa propre nature dans la mesure où la culture peut être celle de
la terre tout comme elle peut être celle de l’esprit.
II- L'homme est-il un être de nature ?
« C’est une idée désormais conquise que l’homme n’a point de nature mais
qu’il a – ou plutôt- qu’il est une histoire », disait Lucien Malson (Les enfants
sauvages, Introduction, P3). Cela signifie que toute culture a d'abord commencé par
des transformations, notamment celle de nos pulsions biologiques en rites. Ainsi, nos
manières de nous nourrir, de nous reproduire etc. ne s’opèrent plus de n’importe quelle
manière, mais selon des règles bien définies et propres à chaque groupe culturel.
L'homme doit son humanité à la culture. Son monde est un monde entièrement
cultivé que ce soit dans son rapport à soi-même ou à la nature. La culture est donc
l'acte par lequel l'homme se pose comme distinct de la nature.

III- La nature précède-t-elle la culture ?


1- De l’état de nature à l’état social
La culture étant définie comme une transformation de la nature, le bon sens requiert
l’antériorité de la nature sur la culture. Dés lors, la nature semble précéder et même
conditionner la culture.
Au fait, il faut remarquer que la nature porte la marque de l’universalité tandis que la
culture porte celle du divers et du relatif. Les lois naturelles appartiennent à la modalité
du nécessaire alors que les faits culturels sont contingents et varient avec les
civilisations. Toutefois, il faut noter que l’homme porte la double marque de la nature et
de la culture. En outre, même si la culture vient s’ajouter à la nature, elle constitue le
principal facteur de différenciation entre l’homme et l’animal.
Mais y a-t-il au moins une nature humaine ?
Périodiquement réactivé, le débat sur l’existence d’une nature humaine se ramène à
savoir si le comportement, chez l’homme, dépend avant tout de facteurs innés ou
héréditaires (comme c’est le cas chez l’animal), ou si c’est au contraire l’environnement
qui le détermine. Selon Mac Dougall, il existe une nature humaine comme l’instinct de
reproduction auquel est rattachée une tendance : l’instinct parental tout comme

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l’instinct grégaire. L’existence d’une nature humaine est par ailleurs attestée par la
philosophie théologique du 17ème siècle qui affirme que « l’homme est possesseur d’une
nature humaine ». Dans le même sens, la sociobiologie initiée par Edouard Wilson en
1975, soutient l’existence d’une nature humaine. Elle l’explique par le sentiment de
xénophobie, les systèmes de domination, l’agressivité, … Cet auteur soutient aussi que la
hiérarchie sociale est d’origine génétique car, dit-il, « certains sont nés pour
commander et d’autres pour être commandés ».
Il faut toutefois noter que cette idée de l’existence d’une nature humaine est fortement
contestée. C’est ainsi que Sartre déclare qu’il n’y a pas de nature humaine puisqu’il n’y a
pas de Dieu pour la concevoir. L’homme naît et devient ensuite. Autrement dit, l’homme
se fait lui-même. Dans la même lancée, Lucien Malson affirme qu’il n’existe aucune
hérédité psychologique, ce qui revient à dire que l’être n’a rien d’humain à sa naissance
et que son devenir dépendra essentiellement des influences qu’il recevra des milieux
rencontrés.
2- Inégalités naturelles et inégalités culturelles
Nous attribuons le plus souvent à notre nature des goûts, des désirs ou des
comportements qui relèvent tout à fait de la culture spécifique de notre groupe social. De
sorte que ce qui est culturel nous semble, bien souvent, naturel. Malheureusement, cette
tendance à vouloir expliquer le culturel par la nature conduit à trois erreurs : le racisme,
l’ethnocentrisme et le sexisme.
 Le racisme : il consiste à expliquer des diversités culturelles par des raisons
biologiques. Selon les ténors de cette idéologie, s’il existe des inégalités entre les
hommes, c’est que ce fait s’explique par une hiérarchie naturelle. C’est ainsi que
certains penseurs ont cru découvrir dans le faible rendement scolaire des enfants
noirs du sud des Etats Unis la marque de la faiblesse naturelle des noirs par
rapport aux blancs. Mais, il convient de relever que cette situation relève plus des
conditions sociales d’existence que d’une incapacité naturelle des noirs en matière
d’intelligence. Il n’y a pas de race supérieure ou de race inférieure, toutes les races
s’équivalent.
 L’ethnocentrisme : il consiste à postuler la supériorité d’une culture sur une autre,
allant jusqu’à considérer comme sauvage toute autre culture. C’est ainsi que les
grecs appelaient « barbare » tout celui qui n’est pas de leur culture. Mais la

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culture étant une réponse de l’homme face à une nature souvent hostile et
changeante, il serait une erreur, pire, une faute, que de confondre sa propre
culture à la CULTURE.
 Le sexisme : le sexisme est une attitude qui consiste à poser que la femme est
naturellement inférieure à l’homme et qu’elle ne serait pas apte à exercer
certaines fonctions. L’expression « sexe faible » constitue la parfaite illustration
de cet état d’esprit. Seulement, les différences entre hommes et femmes sont plus
liées à l’éducation, donc à la culture, qu’à des causes naturelles. D’ailleurs, au
sujet de cette conception, il serait possible de dire, à la suite de Simone de
Beauvoir, qu’on ne naît pas femme, on le devient. Autrement dit, et sans nier les
différences physiologiques, sur le plan intellectuel, il n’y a aucune différence entre
l’homme et la femme. Tout dépendra du milieu culturel et donc social qui les
produit.

IV- Comment distinguer le naturel du culturel chez l’homme ?


Afin de distinguer ce qui est naturel et ce qui est culturel chez l’homme les psycho-
sociologues sont tous unanimes sur un phénomène universel : la prohibition de
l’inceste. C’est ainsi que pour certains psycho-sociologues tel que Westermann, la
prohibition de l’inceste est un sentiment naturel chez l’homme. Selon lui la
prohibition de l’inceste est l’horreur qu’éprouve l’homme de l’inceste et ceci est
physiologique. Dans la même optique, Ellis Havelock pense que la prohibition de
l’inceste est un phénomène naturel qui s’explique par la répugnance que le frère a
pour sa sœur au plan sexuel. Elle s’explique donc par des raisons physiologiques.
Ainsi, chez ces deux auteurs, on se retrouve dans "la théorie de la voie du sang".
D’autres, par contre, pensent que la prohibition de l’inceste est un phénomène
culturel. C’est ainsi qu’Herbert Spencer, Mac Lennon et Lubbock estiment que ce
phénomène est une exigence sociale dont l’expression en terme naturel est un trait
accidentel et secondaire.
Mais pour Claude Lévi-Strauss, la prohibition de l’inceste est la démarche par
laquelle s’effectue le passage de la nature à la culture.

Conclusion

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Au niveau de l’homme, vouloir distinguer la limite entre le naturel et le culturel n’est


qu’une vue de l’esprit. Il n’y a pas, disait Moscovici de «nature avant la culture, il n’y a
pas d’homme avant l’Homme puisqu’on ne le trouve pas préexistant en lui-même sur le
mode biologique avant de se manifester sur le mode culturel. Il est toujours dans la
nature comme un être social et dans la société comme un être naturel. L’ordre naturel
est celui du milieu dans lequel les espèces vivent et non pas une négation de la culture,
pas plus que la culture ne constitue pas une négation de la nature. » Il n’y a donc pas de
nature biologique de l’homme avant et sans la culture.

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