B Kryptowaehrung
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Cryptomonnaie
(Etat de la législation au 1er janvier 2023)
1 INTRODUCTION ...............................................................................................................1
2 TERMINOLOGIE ...............................................................................................................3
2.1 Blockchain ................................................................................................................3
2.2 Minage .....................................................................................................................4
2.3 Staking .....................................................................................................................6
2.3.1 Participants au staking .......................................................................................................... 7
2.3.1.1 Délégué ....................................................................................................................................... 7
2.3.1.2 Validateur .................................................................................................................................... 7
2.3.1.3 Dépositaire .................................................................................................................................. 7
11 AIRDROPS ..................................................................................................................... 37
11.1 Types d’airdrops ..................................................................................................... 37
11.1.1 Bounty airdrop ..................................................................................................................... 37
11.1.2 Holder airdrop ...................................................................................................................... 37
11.1.3 Exclusive airdrop .................................................................................................................. 37
11.1.4 Hardfork ............................................................................................................................... 38
11.2 Qualification fiscale ................................................................................................ 38
11.2.1 Impôt sur le revenu.............................................................................................................. 38
11.2.1.1 Généralité ................................................................................................................................. 38
11.2.1.2 Donation ................................................................................................................................... 38
11.2.1.3 Gain de loterie ........................................................................................................................... 38
11.2.2 Impôt sur le bénéfice ........................................................................................................... 39
11.2.3 Impôt anticipé ...................................................................................................................... 39
B Actualités et -IV- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Abréviations
1 INTRODUCTION
L'idée d'une monnaie numérique basée sur la cryptographie remonte à la fin du dernier millénaire
déjà, en 1998, lorsque Nick Szabo publie son concept sur une monnaie purement numérique et parle
dans ce contexte de bit gold.
La première cryptomonnaie voit le jour en 2008, sous le nom de bitcoin. L'inventeur (ou le groupe
d'inventeurs) n’est toujours pas connu à ce jour. Il s'est présenté sous le pseudonyme de Satoshi
Nakamoto.
L'histoire des cryptomonnaies est donc indissociable de celle du bitcoin qui reste, aujourd'hui encore,
la plus connue des monnaies virtuelles. Ce n’est que deux ans après son lancement, que le litecoin
se développe à son tour. Jusqu'en 2015, les cryptomonnaies sont davantage destinées aux passion
nés d'informatique qu'au grand public, en raison notamment de la complexité de la matière.
Il existe actuellement plus de 20’000 cryptomonnaie différentes et même si beaucoup d’entre elles ont
déjà disparu il faut s'attendre à ce que leur nombre continue d'augmenter.
L'histoire des cryptomonnaie serait incomplète sans un regard sur l'évolution du prix du bitcoin au
cours des dernières années. Lors de sa première année, c'est-à-dire en 2009, il n’existe pas encore
de rapport de valeur avec une monnaie de banque centrale connue, ni avec le franc suisse. En 2010,
certains acteurs du marché commencent pour la première fois à établir un rapport de valeur entre le
bitcoin et le dollar américain. Le premier taux de change pour les bitcoins était de 0,07 dollar américain
et a été calculé par New Liberty Standard1 sur la base des coûts de production pour le minage. Sur
cette base, un dollar aurait correspondu à environ 13 bitcoins. Entre 2010 et 2013, un bitcoin valait
rarement plus d'un dollar ou l'équivalent d'un franc, à l'exception de brefs sauts intermédiaires.
C'est notamment aussi pour cette raison que la question de l’imposition n’a longtemps pas été perti
nente. L'investissement dans les cryptomonnaies était davantage considéré comme un passe-temps
que comme un investissement fiscalement significatif. Ce n'est qu'avec l'utilisation croissante dans
les entreprises et l'accès facile des particuliers aux cryptomonnaies que la question du traitement sur
le plan fiscal est devenue d'actualité.
1 En 2009, New Liberty Standard a été le premier site internet à vendre du bitcoin, et un catalyseur qui
a contribué à faire du bitcoin ce qu'il est aujourd’hui (newlibertystandard.io).
B Actualités et -2- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Transaction
1 La personne A envoie des bitcoins ou une part de bitcoin à la
personne B via un portefeuille bitcoin.
Minage (validation)
Pour être codée sous forme de bloc, la transaction doit être 2
validée par des utilisateurs (mineurs) du réseau qui sont
récompensés en recevant de nouveaux bitcoins.
3
Nœuds (vérification)
La vérification du nouveau bloc est effectuée par les
ordinateurs ou serveurs du réseau, que l’on appelle nœuds.
Blockchain
Une fois vérifiée, le bloc est ajouté à la chaîne existante de 4
manière inaltérable et non manipulable. La transaction
devient visible et fait désormais partie de la blockchain.
Fin de la transaction
5 Comme la transaction a réussi, la personne B reçoit la
quantité de bitcoins envoyé initialement par la personne A.
Le premier document de travail de l'AFC sur le sujet des cryptomonnaies a été publié en 2019 et sa
révision a été publiée en décembre 2021. En raison de l'évolution rapide dans ce domaine, des adap
tations régulières sont attendues.
B Actualités et -3- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
2 TERMINOLOGIE
2.1 Blockchain
Une blockchain est une base de données décentralisée2 partagée par de nombreux utilisateurs pour
stocker des données, des informations et des documents (par exemple les smart contracts3). Elle
permet d’exécuter, de vérifier et d’automatiser des transactions et des processus compliqués de ma
nière infalsifiable. La base de données est également appelée « registre distribué » (distributed led
ger).
Le mot « blockchain » est composé de deux termes. Le terme block fait référence aux transactions
qui sont regroupées et enregistrées ensemble et le terme chain (chaîne) signifie que les données sont
rattachées aux maillons de chaîne précédents, de sorte que la blockchain se développe de manière
linéaire. La création du bloc de transactions validées et son cryptage sont appelés mining (minage).
Dans le contexte des cryptomonnaies, plusieurs « mineurs » (cf. chiffre Erreur ! Source du renvoi
introuvable.) sont en concurrence puisque seul le mineur qui résout en premier un problème mathé
matique complexe reçoit une compensation sous forme de jetons (également appelés coins ou
tokens).
La blockchain est réalisée au travers d’un réseau peer-to-peer4 décentralisé. Sur ce réseau, les
transactions sont vérifiées, validées et regroupées en blocs. Les blocs sont ensuite reliés les uns aux
autres pour former une chaîne.
Toutes les données de ce réseau sont sauvegardées à de multiples reprises pour faire face à la
défaillance d’un ou de plusieurs nœuds. Lorsqu’elles se trouvent dans la blockchain, les données sont
inaltérables et ne peuvent plus être manipulées ou supprimées. Nous verrons pourquoi dans le cha
pitre qui suit.
L’unité de base élémentaire d’une blockchain est la transaction, à l'aide de laquelle deux parties
échangent des informations entre elles. Il peut s’agir du transfert d’argent ou de valeurs patrimoniales,
de la conclusion d’un contrat, d’un dossier médical ou d’un document qui a été enregistré numérique
ment. Les transactions fonctionnent en principe comme l’envoi de courriels et doivent systématique
ment être vérifiées pour être valables.
La vérification consiste à contrôler si une partie dispose des droits correspondants pour la transac
tion. Le contrôle intervient généralement directement, mais il peut aussi être inscrit sur une file d’at
tente de manière à être réalisé ultérieurement. La vérification est effectuée par des nœuds (nodes),
c’est-à-dire par des ordinateurs ou serveurs sur le réseau.
Les transactions sont regroupées en blocs, ceux-ci étant cryptés sous forme d’octets5 à l’aide d’une
fonction de hachage6. Les blocs peuvent être identifiés sans équivoque par l’attribution d’une valeur
de hachage. Un bloc est composé d’un header (en-tête), d’une référence au bloc précédent et d’un
groupe de transactions. La séquence des hachages reliés crée une chaîne sûre et indépendante.
Avant de pouvoir créer les blocs, les informations doivent être validées. Le type de validation de
blockchains open source le plus répandu est le concept de la preuve de travail (proof-of-work [PoW]).
Ce concept est également appelé mining. Le terme vient de l’industrie minière et signifie la même
chose que le « minage ». Ce processus consiste à créer et hacher le bloc.
Une fois que les blocs ont été validés et que le mineur a fait son travail, les copies des blocs sont
réparties sur tous les nœuds du réseau. Chaque nœud ajoute le bloc à la chaîne de manière inalté
rable et non manipulable et c’est précisément là que se trouve le fondement de la très bonne protec
tion contre la manipulation car un bloc ne devient valable que si une majorité des nœuds du réseau
en confirme l’authenticité. Pour pouvoir le manipuler, un hackeur devrait contrôler au moins 51 % du
réseau de la chaîne, ce qui est extrêmement improbable. En effet, si une attaque de 51 % devait, par
exemple, être menée sur le réseau bitcoin, le pirate devrait, ne serait-ce qu'en raison de la taille et du
taux de hachage (puissance de calcul) de ce même réseau, compter avec des coûts d'environ 15
milliards de dollars américains pour une telle attaque. En d'autres termes, si l'attaque est certes pos
sible, elle n'a guère de sens sur le plan économique.
Par ailleurs, si un mineur malhonnête tentait de modifier un bloc de la chaîne, les valeurs de hachage
du bloc et des blocs suivants seraient également modifiées. Les autres nœuds repèrent cette mani
pulation par la comparaison avec les valeurs qu’ils ont enregistrées et ils excluent le bloc de la chaîne
principale.
2.2 Minage
Le minage est le plus souvent associé à la création de nouveaux coins. Le choix de cette appellation
est donc imprécis car la création de nouveaux coins n’est pas l’objectif principal du minage.
Comme pour l’extraction dans l’industrie minière, l’exploitation des cryptomonnaies devient de plus en
plus difficile au cours du temps.
Prenons ici l’exemple d’un filon d’or. Quand on le trouve, on peut généralement obtenir un volume d’or
assez important avec une charge de travail relativement faible. Mais quelque temps après, la majorité
de l’or a déjà été extraite. Certes, il reste encore de l’or dans la montagne, mais l’effort nécessaire
pour l’extraire devient plus important. De la même manière, si le minage de cryptomonnaies était
encore possible au début des bitcoins avec un ordinateur personnel, il faut aujourd’hui une énorme
puissance de calcul (et une consommation électrique considérable) pour réaliser un minage judicieux.
5 Décrit l’ordre dans lequel les octets d’un mot de données sont indexés, c’est-à-dire indique si la plus
petite valeur se trouve à gauche ou à droite.
6 Une fonction de hachage transforme un input (p. ex. un texte « Je vends ma maison pour CHF
750’000 ») en une chaîne d’octets de longueur et de structure fixes. La valeur obtenue (output) est
appelée « valeur de hachage » ou « somme de contrôle ». Chaque valeur de hachage qui est obtenue
à partir de données à l’aide d’un algorithme de hachage particulier a toujours la même longueur. La
création n’est possible que dans un seul sens – on ne peut pas l’intervertir, c’est-à-dire qu’elle ne peut
pas être annulée.
B Actualités et -5- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Dans ce contexte, il existe trois domaines problématiques : une trop grande concentration géogra
phique, trop de pollution et un mécanisme PoW sous-optimal. Une alternative importante se trouve
dans les algorithmes à preuve d’enjeu (proof-of-stake [PoS]), un mécanisme qui offre une meilleure
efficacité énergétique. Dans ce système, il n'y a pas besoin de puissance de calcul. Les propriétaires
de piles (au lieu des mineurs) valident les transactions.
Supposons que, après une soirée au restaurant, plusieurs personnes doivent échanger de l’argent
pour régler l’addition. Pour transmettre des coins, il suffit d’ouvrir le portefeuille de bitcoins, de scanner
le code QR d’une autre personne et d’indiquer le nombre de coins qui doivent être transférés. La
transaction est exécutée immédiatement, sans que l’intervention d’un tiers ne soit nécessaire.
Cette procédure est comparable à un virement bancaire. En effet, grâce à l’application bancaire
d’une personne, le montant souhaité est viré sur le compte en banque d’une autre personne. Ce
faisant, l’argent est transféré du compte A au compte B. Si les deux comptes ne sont pas tenus par la
même banque, cette transaction peut durer plus longtemps car elle implique deux parties centrales
qui doivent interagir l’une avec l’autre.
En revanche, les transactions avec des coins ne sont pas contrôlées par une partie centrale (comme
une banque), mais par un réseau d’ordinateurs. Un ordinateur capable de contrôler de telles tran
sactions est appelé un nœud. La mémoire de chaque nœud du réseau conserve une copie intégrale
de tout l’historique des transactions du réseau de coins. Les nouvelles transactions sont toutes con
trôlées par l’ensemble des ordinateurs du réseau et traitées sous forme de blocs, de sorte que
chaque nœud possède les données propres aux nouvelles transactions.
Les exploitants de ces ordinateurs ou nœuds sont les mineurs, ils traitent toutes les transactions en
coins sous forme de blocs dans la blockchain. Comment se déroule le processus ? Chaque mineur
est libre d’ajouter des blocs à une blockchain existante. Pour ce faire, l’ordinateur doit trouver la solu
tion à un problème mathématique. Plus l’ordinateur est rapide, plus il peut trouver de solutions. La
solution suit toujours un algorithme défini.
Le mineur ne peut pas ajouter le bloc avant que le problème posé par l’algorithme n’ait été résolu. Les
ordinateurs utilisés à cet effet ont besoin d’une puissance de calcul suffisante pour trouver des solu
tions possibles. En d’autres termes, un mineur doit pouvoir prouver que son équipement de minage a
produit des efforts ou a travaillé. C’est de là que vient le terme « preuve de travail » (PoW).
Le code de la blockchain bitcoin vise une durée moyenne de blocs de dix minutes.7 Cela signifie qu’un
nouveau bloc est ajouté à la blockchain existante toutes les dix minutes environ.
S’il y a des milliers de mineurs, il convient de s’assurer que le temps entre deux blocs reste de dix
minutes (environ). Cela signifie que le niveau de difficulté du problème mathématique doit être ajusté
en permanence, faute de quoi des blocs seraient ajoutés trop rapidement.
L’augmentation du niveau de difficulté améliore aussi la sécurité du réseau. Il faudrait, par exemple,
plus de la moitié de la puissance de calcul totale du réseau pour pirater des bitcoins. Une telle attaque
des 51 % est donc, comme déjà expliqué, quasiment impossible, la puissance de calcul mondiale
étant trop élevée.
2.3 Staking
Les cryptomonnaies peuvent être gagnées non seulement en minant des coins, mais aussi avec ce
que l'on appelle des stakes. Le nombre précis de jetons correspond à l’enjeu (stake) du validateur,
c’est pourquoi on parle de preuve d’enjeu. Quiconque souhaite miser plus que la valeur définie de
jetons doit établir des validateurs supplémentaires.
Cette procédure PoS plus récente, qui est utilisée par certaines blockchains (par ex. Ethereum 2), doit
permettre d'améliorer la rapidité et l'efficacité des validations. En même temps, les frais sont moins
élevés. Le mécanisme de la preuve d'enjeu permet de réduire les coûts, en particulier parce que les
mineurs n'ont plus à résoudre des problèmes mathématiques à forte consommation d'énergie. L’exac
titude de la transaction dans les blockchains à preuve d’enjeu est confirmée par des personnes qui
détiennent une certaine quantité de cryptomonnaie dans le protocole, appelées validateurs. Pour la
fourniture des coins ainsi que la mise à disposition et l’exploitation de l’infrastructure appelée staking,
les validateurs sont récompensés par de nouveaux coins venant du réseau.
Par ce processus, des investisseurs non institutionnels peuvent aussi obtenir une prime de staking
passive pour leur participation au réseau.
Dans le cas du staking, les crypto-actifs sont conservés (bloqués) pendant une certaine période dans
une blockchain à preuve d’enjeu. Ces actifs seront utilisés pour trouver un consensus, lequel est né
cessaire pour protéger le réseau et garantir la validité de chaque nouvelle transaction qui doit être
inscrite dans la blockchain.
Pour qu’une blockchain fonctionne efficacement, les validateurs doivent proposer des services stables
et sûrs. Le plus souvent, les blockchains y veillent en infligeant une amende sous forme de retenue
sur l’enjeu (stake) d’un validateur en cas de comportement déloyal ou malveillant (slashing). Pour
exploiter un nœud de validateur qui fonctionne, un acteur doit choisir une certaine blockchain et ex
ploiter une infrastructure sûre et disponible en permanence. Certaines blockchains imposent un long
délai de blocage pendant lequel les validateurs ne peuvent pas récupérer leurs coins, ainsi que cer
tains versements minimums. Pour ne pas avoir à satisfaire à toutes ces exigences, de nombreux
propriétaires de crypto-actifs préfèrent déléguer leurs coins à un validateur qui exploite une réserve
de staking. D’autres blockchains (telles que Tezos) disposent d’un mécanisme intégré qui permet à
quiconque ne souhaitant pas être validateur de déléguer ses coins à un validateur du réseau. Ce
validateur effectue alors l’intégralité du travail et partage la récompense (les primes) avec les délé
gués.
Chaque blockchain à preuve d’enjeu dispose d’un cadre légal spécial pour ses validateurs. Ces règles
décrivent les exigences techniques et financières auxquelles il faut satisfaire pour devenir validateur
(p. ex. le versement minimum). Elles définissent les algorithmes de sélection des validateurs pour
B Actualités et -7- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
l’exécution d’un exercice de validation, ainsi que les principes de la répartition des primes entre les
validateurs. Les primes sont souvent calculées après l’intervention, en fonction de la participation ré
elle aux mécanismes de consensus et du montant total des coins mis en jeu.
2.3.1.1 Délégué
Les propriétaires de jetons peuvent les mettre à la disposition de tiers dans le cadre de la nouvelle
procédure PoS. Pour ce « prêt », ces délégués (investisseurs) sont rémunérés par des indemnisations
régulières (le plus souvent sur une base horaire).
2.3.1.2 Validateur
Un validateur sur une blockchain agit comme une banque qui vérifie chaque transaction entrante. Une
transaction n’est conclue sur la blockchain que si elle a été vérifiée par le validateur. Ce dernier a pour
mission de contrôler la légalité et l’exactitude des transactions8. Sur la base des exigences du sys
tème, chaque réseau de blockchain à preuve d’enjeu est composé de deux validateurs au minimum.
Chaque fois que des transactions sont transférées, tous les validateurs du réseau – ou certains d’entre
eux – confirment la légitimité des transactions, lesquelles, une fois validées, sont placées dans la
blockchain.
Chaque validateur du réseau utilise principalement un nombre de jetons défini de manière précise
pour valider des transactions.
La blockchain considère les validateurs ayant le plus d’enjeux (quantité de jetons) comme étant les
plus fiables. Cela peut se justifier dans la mesure où, ayant beaucoup à perdre en cas de défaillance,
ces derniers veilleront à rendre les transactions plus sûres.
2.3.1.3 Dépositaire
Dans la branche financière traditionnelle, le dépositaire (banque de dépôt ou custodian) est un éta
blissement financier qui garde des papiers-valeurs et d’autres valeurs patrimoniales pour le compte
d’investisseurs institutionnels afin de minimiser le risque potentiel de perte ou de vol. Avant le passage
au numérique des marchés financiers, les dépositaires détenaient des piles de certificats physiques
d’actions et d’emprunts. Aujourd’hui, la plupart des papiers-valeurs sont conservés sous forme élec
tronique.
8 La procédure exacte diffère certes d'un projet à l'autre, cependant les jetons sont, en principe, asso
ciés à des droits de vote avec lesquels les utilisateurs contribuent à garantir la sécurité de la block
chain. Les jetons qu'ils ont échangés servent à garantir qu'ils agissent de bonne foi et, simultanément,
empêchent les participants d'enfreindre les règles du protocole.
B Actualités et -8- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Un crypto-dépositaire conserve des stocks d’actifs numériques pour le compte d’investisseurs pro
fessionnels et institutionnels. Il offre un dépôt sécurisé en contrepartie d’un faible coût. La raison d’être
des crypto-dépositaires est double. D’une part, ils permettent aux investisseurs qui ne souhaitent pas
se préoccuper de l’aspect technique de la conservation sûre d’actifs numériques d’investir dans cette
nouvelle catégorie de placement. D’autre part, ils permettent à des investisseurs institutionnels qui
conservent leurs placements auprès d’une banque de dépôt réglementée d’accéder aux marchés des
valeurs numériques.
En contrepartie de leurs capitaux, les investisseurs reçoivent des jetons, qui peuvent remplir plusieurs
fonctions. Ils peuvent servir de monnaie ou de droit d’accès à une plateforme permettant d’acquérir
des produits ou services de la start-up. En fonction du type de jeton, celui-ci peut aussi conférer à
l’investisseur le droit à des dividendes ou un droit de vote au sein de l’entreprise.
Cette procédure a plusieurs avantages. D’une part, elle permet à une start-up d’obtenir un important
volume de capitaux en peu de temps et à des frais réduits. D’autre part, elle garantit une répartition
des droits d’accès. Mais l’ITO/ICO présente aussi des risques. La rapidité et la simplicité de la procé
dure incitent nombre de jeunes sociétés à se procurer des fonds pour des projets futurs, pour lesquels
il n’existe même pas encore de prototype. L’investisseur n’a alors guère de garanties et souvent pas
de prétentions à l’égard des résultats d’un projet. En outre, le risque d’escroquerie est relativement
élevé, non seulement parce qu’il n’existe pas de réglementation pour les jetons mais encore parce
qu’ils sont parfois émis par des personnes non identifiées.
Compte tenu de la législation suisse, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers
(FINMA) a publié un guide pratique dans lequel elle explique comment elle traite les questions con
cernant la qualification juridique en matière d’ICO.
Les jetons se répartissent en jetons de paiement, en jetons d’utilité et en jetons d’investissement. Ces
trois catégories ne s’excluent pas forcément mutuellement, c’est pourquoi des jetons d’investissement
et d’utilité peuvent également entrer dans la catégorie des jetons de paiement (on les appelle « jetons
B Actualités et -9- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
hybrides »). Dans ce cas, le jeton peut être qualifié à la fois de valeur mobilière et de moyen de paie
ment. En fonction des modalités de l’ITO/ICO, les jetons peuvent être mis en circulation dès la date
de la levée de fonds. Cette opération est réalisée sur une blockchain existante.
D’autres ITO/ICO se contentent d’indiquer à la levée de fonds que les investisseurs recevront des
jetons et que ceux-ci ou la blockchain sous-jacente doivent encore être développés (préfinancement).
La « prévente » constitue un autre cas de figure. Les investisseurs reçoivent des jetons avec la pos
sibilité d’acquérir d’autres jetons ou de les échanger contre d’autres jetons.
Si un jeton confère à son détenteur des droits supplémentaires qui vont au-delà du fonctionnement
des cryptomonnaies « classiques », les conséquences fiscales doivent être évaluées individuellement
selon les modalités concrètes. Il convient de déterminer au cas par cas quelle qualification fiscale
prévaut pour un droit associé au jeton.
Il n’existe actuellement pas de classification généralement reconnue des ITO/ICO et des jetons émis
dans ce contexte, que ce soit en Suisse ou au niveau international. La FINMA suit une approche
fondée sur la fonction économique et distingue trois catégories, étant précisé que des formes mixtes
sont possibles.
La catégorie des jetons de paiement (également appelés native token ou payment token, synonymes
de moyens de paiement purement numériques) regroupe les jetons qui, en réalité ou du point de vue
de l’organisateur, sont acceptés comme des moyens de paiement pour acquérir des biens ou services
ou servir au transfert d’argent ou de valeurs. Ces cryptomonnaies ne confèrent aucun droit à l’égard
d’un émetteur.
Les jetons d’utilité (également appelés utility token) sont des jetons qui donnent accès à un usage ou
à un service numérique9 qui est fourni sur ou au moyen d’une infrastructure de blockchain.
9 Par exemple, l'accès exclusif (ticket d'entrée numérique) à une plate-forme de mise en relation de
services ou encore, l'accès en tant qu'identité électronique à certains marchés ou produits.
B Actualités et -10- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Les jetons d’investissement (également appelés asset-backed-token) sont également considérés par
la FINMA comme des valeurs mobilières dès lors qu’ils représentent des droits-valeurs et qu’ils sont
standardisés et susceptibles d’être diffusés en grand nombre sur le marché. Un tel jeton est encore
considéré comme une valeur mobilière même s’il s’agit d’un dérivé (c’est-à-dire si la valeur de la
créance transmise dépend d’une valeur sous-jacente).
Cette catégorie regroupe les jetons qui représentent des valeurs patrimoniales. Ces jetons peuvent
notamment représenter une créance au sens du droit des obligations envers l’émetteur ou un droit de
sociétariat au sens du droit des sociétés. Des parts des revenus futurs d’une entreprise ou des flux
de capitaux futurs sont par exemple promises aux détenteurs de jetons d’investissement. Ainsi, sous
l’angle de la fonction économique, le jeton représente notamment une action, une obligation ou un
instrument financier dérivé. La catégorie des jetons d’investissement peut également inclure les jetons
censés rendre négociables sur la blockchain des objets de valeur physiques (p. ex. œuvres d’art ou
biens immobiliers).
Les jetons incorporant des droits appréciables en argent apparus à ce jour sur le marché peuvent être
classés dans les trois sous-catégories suivantes :
• jetons de capital étranger : ces jetons comportent l’obligation légale ou l’obligation de fait de
l’émetteur de rembourser la totalité ou une part essentielle de l’investissement et éventuellement
de payer des intérêts ;
• jetons d’investissement avec base contractuelle10 : ces jetons ne prévoient pas d’obligation
de l’émetteur de rembourser l’investissement. Le droit de l'investisseur se rapporte à une part
proportionnelle d’une valeur déterminée de l’émetteur (p. ex. Earnings before Interests and Taxes
[EBIT]11, redevance de licence ou chiffre d’affaires) ou à une prestation financière calculée en
fonction d’une certaine part proportionnelle du bénéfice et/ou du produit de la liquidation ;
• jetons d’investissement avec droits de participation12 : ces jetons constituent des droits de
participation (notamment actions et bons de participation avec et sans droits sociaux). Le droit
proportionnel au bénéfice est réglé par les statuts.
10 Ce nouveau concept englobe les anciens termes utilisés « jetons de capital propre » et « jetons de
participation » (cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offe
rings (ICO/ITO) comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les
droits de timbre » du 27 août 2019).
11 Bénéfice avant intérêts, impôts.
12 L’expression « jetons d’investissement avec droits sociaux » était encore utilisée dans le Rapport du
Département fédéral des finances (DFF) du 19 juin 2020 concernant un éventuel besoin d’adaptation
du droit fiscal aux développements de la technologie des registres électroniques distribués
(TRD/blockchain), bien qu’elle semble trop restrictive pour les bons de participation.
B Actualités et -11- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Les explications des règles applicables à l’impôt sur la fortune sont d’ordre général et reflètent les
principes prévus par la Loi fédérale sur l’harmonisation des impôts directs des cantons et des com
munes du 14 décembre 1990 (LHID). L’exploitation de la marge de manœuvre accordée relève de la
compétence des différents cantons.
De par leur nature et leur fonction, les biens économiques peuvent servir alternativement des fins
commerciales et des fins privées. Ces biens économiques utilisés de manière mixte englobent notam
ment les capitaux, les emprunts, les papiers-valeurs, les immeubles et éventuellement les participa
tions. Selon la jurisprudence constante, il convient de procéder à l’attribution d’un bien économique à
utilisation mixte selon des points de vue objectifs. L’élément déterminant à cet égard est principale
ment la fonction technique et économique. Le motif de l’acquisition, l’origine des fonds pour l’ac
quisition et le traitement comptable sont d’autres indices de l’évaluation définitive. Il convient donc de
supposer qu’il existe une fortune commerciale quand un objet patrimonial est acquis à des fins com
merciales et présente aussi un intérêt pour l’activité.
La décision concernant l’attribution de biens économiques à utilisation mixte lie à la fois le contribuable
et les autorités fiscales. Une modification de la destination n’est reconnue fiscalement que si elle est
indispensable ou au moins si elle s’impose pour des raisons économiques et si elle est clairement
exprimée. Une telle modification ne peut pas être acceptée pour des motifs purement fiscaux. Ainsi,
par exemple, il n’est pas recevable que des actions ou des prêts d’actifs soient transférés dans la
fortune commerciale à titre préventif, en raison d’un risque de pertes de valeur afin de pouvoir comp
tabiliser les pertes à venir à la charge du résultat commercial.
B Actualités et -12- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Les rendements de la fortune – qu’ils proviennent de la fortune commerciale ou privée – sont soumis
à l’impôt sur le revenu, tant à l’échelon de la Confédération que des cantons (art. 18 et art. 20 LIFD
ainsi que art. 8 al. 1 LHID).
S’agissant des gains en capital, il convient de faire une distinction à l’échelon fédéral entre le rende
ment de la fortune commerciale, soumis à l’impôt sur le revenu (fortune mobilière et immobilière,
art. 18 al. 2 LIFD respectivement art. 8 al. 1 LHID), et le rendement de la fortune privée qui n’est pas
imposable (fortune mobilière et immobilière, art. 16 al. 3 LIFD et art. 7 al. 4 let. b LHID).
4 MINAGE ET STAKING
4.1 Minage
Etant donné que le minage se fait désormais dans de vastes fermes informatiques en raison de
l’énorme mémoire de calcul qu’il requiert, cet aspect est déterminant pour répondre à la question du
traitement fiscal.
Le minage nécessite, pour générer des bénéfices à long terme, une stratégie et des investissements
ciblés. Cette activité remplit d’ordinaire les critères d'une activité indépendante.
L'utilisation d'un ordinateur à titre privé pour l'extraction de jetons n'entraînera normalement pas d'ex
cédent de recettes par rapport aux dépenses, donc pas de bénéfice. Cette activité est donc considérée
comme un passe-temps ou un hobby du point de vue du droit fiscal.
Pour de plus amples informations, se reporter à l’article « Imposition de l’activité lucrative indépen
dante » dans le recueil Informations fiscales, partie D et à la circulaire n°36 « Commerce professionnel
de titres » de l’Administration fédérale des contributions (AFC) du 27 juillet 2012.
En matière de personnes morales, l’objet de l’impôt est constitué par le bénéfice net ainsi que par le
capital et les réserves.
Le bénéfice net d'une entreprise est constitué par les produits réalisés au cours d'un exercice comp
table, diminués des charges justifiées par l'usage commercial. Le bénéfice réel d'une entreprise ré
sulte de son compte de résultat. Pour plus d’explications, se reporter à la publication « Imposition des
personnes morales » dans le recueil Informations fiscale, partie D.
4.2 Staking
C’est la raison pour laquelle ses jetons doivent être imposés comme de la fortune et les revenus
réguliers comme un rendement du capital provenant d’investissements passifs. Les frais encaissés à
cet effet par des validateurs ou dépositaires pour l’administration de l’enjeu sont majoritairement des
frais de gestion de patrimoine déductibles. En revanche, les coûts de mise en place du dépôt (contrat
de staking), des transactions de versement et de paiement et de la dissolution d’un dépôt ne sont en
principe pas des frais de transaction déductibles.
Pour la déclaration des valeurs dans le cadre des impôts sur le revenu et la fortune, les règles géné
rales relatives à la fixation de la valeur à la date de référence et au calcul d’un éventuel cours de
change trouvent application (art. 14 LHID).
Les dispositions concernant le « Commerce professionnel de titres » selon la circulaire n°36 de l’AFC
du 27 juillet 2012 restent réservées quoi qu’il arrive.
Dans la mesure où la fonction de validateur peut être assumée avec un simple ordinateur portable et
un logiciel préprogrammé, tous les validateurs ne vont pas réaliser le staking dans le cadre d’une
activité lucrative. Si les exigences de sécurité sont certes élevées, elles n’en sont pas moins surmon
tables pour les particuliers.
Un particulier qui s’exerce à investir dans les cryptomonnaies remplit la fonction de validateur majori
tairement sous forme de passe-temps. Comme les investissements nécessaires à cet effet sont limi
tés, le volume des transactions sera plutôt faible et, normalement, aucun financement externe ne sera
contracté. En outre, les critères de délimitation entre la gestion de fortune privée et l'activité lucrative
indépendante de la circulaire n°36 « Commerce professionnel de titres » de l'AFC du 27 juillet 2012
doivent être respectés.
En règle générale, les lois fiscales ne contiennent pas de définition précise du revenu. Tantôt elles
énumèrent les différentes catégories de revenus, tantôt elles décrivent le revenu ou donnent des
exemples.
Selon les art. 16 al. 1 LIFD et art. 7 al. 1 LHID tous les revenus du contribuable, qu’ils soient uniques
ou périodiques sont imposables. Avec cette disposition générale, le législateur a édicté le principe de
l’impôt général sur le revenu net.
B Actualités et -15- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Les recettes ne sont exclues de l’impôt sur le revenu que si une norme légale le prévoit explicitement.
Une telle exception ressort des termes des art. 16 al. 3 LIFD et art. 7 al. 4 let. b LHID selon lequel les
gains en capital réalisés lors de l’aliénation d’éléments de la fortune privée ne sont pas imposables.
Dans la mesure où l'activité de l'investisseur va au-delà de la simple gestion de fortune privée (pas
sage à une activité lucrative indépendante), les gains en capital réalisés sont imposables conformé
ment à l'art. 18 LIFD.
Les revenus de la fortune mobilière, c’est-à-dire tous les gains qui tirent leur origine de la propriété ou
de la jouissance de choses mobilières, ou encore de droits qui ne peuvent faire l’objet de propriété
immobilière comme par exemple des airdrops (voir chiffre 11) ou des primes provenant du staking,
sont entièrement imposables aussi bien à l’échelon de la Confédération que des cantons. Il s’agit en
particulier des intérêts sur dépôts (comptes bancaires et postaux, comptes épargne, obligations,
etc.), de parts de bénéfice provenant de participations (dividendes), d’autres distributions périodiques
de bénéfices et des revenus provenant de la location, de l’affermage ou de l’usufruit, de parts de
placements collectifs, de biens immatériels, etc.
Les cryptomonnaies étant soumises à l’impôt sur la fortune, l’élément déterminant pour leur évaluation
est la valeur vénale à la date de référence du 31 décembre (comme pour le reste de la fortune privée).
À cet égard, il convient de se fonder sur le cours de fin d’année selon la plateforme de négociation
utilisée. Pour les vingt cryptomonnaies les plus connues l’AFC publie des valeurs fiscales officielles
(liste des cours de l’AFC, devises et billets de banque13) qui correspondent à la moyenne de diffé
rentes plateformes de négociation.
L’impôt anticipé (IA) porte sur les revenus de capitaux mobiliers investis auprès de personnes ou
autres entités domiciliées en Suisse (art. 9 al. 1 de la Loi fédérale sur l’impôt anticipé du 13 octobre
1965 [LIA]), sur les gains provenant de jeux d’argent ou de loteries et sur les jeux d’adresse destinés
à promouvoir les ventes, ainsi que sur certaines prestations d’assurance.
Les revenus de capitaux mobiliers constituent donc, selon les art. 4 et 4a LIA, des intérêts des obli
gations et des avoirs de clients, des dividendes et autres produits de droits de participation et des
parts d’un placement collectif de capitaux.
En général, l'objet de l'impôt au sens de l’art. 4 al. 1 LIA devrait faire défaut en cas de staking. Si tel
est le cas, les staking rewards ne sont pas soumis à l'impôt anticipé.
Si la validation a lieu dans le cadre d'une activité professionnelle, il en résulte les conséquences fis
cales présentées dans les chapitres suivants.
Tous les revenus provenant de l’exploitation d’une entreprise commerciale, industrielle, artisanale,
agricole ou sylvicole, de l’exercice d’une profession libérale ou de toute autre activité lucrative indé
pendante (comme par exemple le mining et le staking) sont imposables (art. 18 al. 1 LIFD). Font éga
lement partie du produit de l’activité lucrative indépendante selon l’art. 18 al. 2 LIFD et art. 8 al. 1
LHID, tous les bénéfices en capital provenant de l’aliénation, de la réalisation ou de la réévaluation
comptable d’éléments de la fortune commerciale (de jetons notamment).
Les cryptomonnaies dans la fortune commerciale sont soumises à l’impôt sur la fortune à hauteur de
leurs valeurs comptables conformes au droit fiscal et au droit commercial. Les augmentations de va
leur de cryptomonnaies cotées en bourse de manière représentative peuvent être portées à l’actif au-
delà du prix d’acquisition (art. 960b de la Loi fédérale complétant le Code civil suisse du 30 mars 1911
[CO], droit de choisir l’évaluation).
Dès lors que l’activité de validateur est exercée par une personne morale, les revenus sous la forme
du bénéfice net constituent le substrat imposable (art. 58 LIFD et art. 24 LHID).
La détermination du bénéfice intervient sur la base d’un résultat périodique calculé selon les pres
criptions du code des obligations (art. 957 ss. CO) ou selon une autre norme reconnue en matière de
tenue de la comptabilité (art. 79 LIFD et art. 31 LHID).
Son activité de conservation d’actifs numériques fait partie intégrante de ses prestations à but lucratif
et, par conséquent, est prise en compte dans le bénéfice net imposable du dépositaire dans le cadre
de la détermination du bénéfice.
B Actualités et -17- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Au moment de l’émission de ces jetons, il existe des conséquences fiscales potentielles sous l’angle
du droit de timbre d’émission (à l’échelon de l’émetteur), de l’impôt sur le bénéfice (au niveau de
l’émetteur) et de l’impôt sur le revenu (au niveau des investisseurs).
Remarque :
En pratique, les différents jetons peuvent être octroyés à des salariés. Ce cas de figure soulève cer
taines questions particulières, notamment en matière de réalisation, traitées ci-après sous chiffre 9. A
noter qu’il arrive également que certains mandataires (p.ex. avocat) qui collaborent à la levée de
fonds soient rémunérés au moyen des jetons émis dans ce contexte. Cette question n’ayant pour le
moment pas posé de problème fiscal particulier en pratique, elle ne sera pas traitée plus avant ci-
après.
La question du prélèvement de l’IA est examinée au stade d’un éventuel versement ou émission gra
tuite par l’émetteur aux détenteurs de jetons (ci-après chiffre 8).
Les jetons de paiements purs n’étant pas émis en contrepartie de fonds et ne donnant pas de droits
aux détenteurs vis-à-vis de l’émetteur (p.ex. bitcoin), cette catégorie n’est pas traitée dans le présent
chapitre.
14 Par hypothèse, l’émetteur est une SA ayant son siège fiscal en Suisse.
15 Il est présupposé que ce sont des personnes physiques qui acquièrent des jetons pour leur fortune
privée.
16 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffre 3.1.
B Actualités et -18- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
L’émission d'obligations et de certificats équivalents au sens de l’art. 4 al. 3 LT ne fait pas partie de
l’objet de l’impôt visé à l’art. 5 al. 1 LT. L’émission de jetons à capital étranger n’est donc pas soumise
au prélèvement du droit de timbre d’émission.
Les jetons d’investissement à base contractuelle sont considérés comme des instruments financiers
dérivés sui generis du point de vue fiscal.17
Exemple – ROB SA
La société ROB SA est une start-up sise à Bâle. Elle développe un robot capable de prendre en charge
certaines tâches ménagères. Le robot est toujours dans sa phase de développement et devrait être
commercialisable dans trois ans environ. ROB SA estime qu’une fois ces robots mis sur le marché,
leur vente en série rapportera des bénéfices importants. Le développement jusqu’à la commercialisa
tion impliquant encore un besoin de financement élevé, ROB SA souhaite lever des fonds supplémen
taires par le biais d’une ICO. Dans le cadre de l’ICO, la start-up entend émettre 20 millions de ROB-
Coins, au prix de CHF 1 par unité, sur la base d’un smart contract mis en œuvre dans la blockchain
Ethereum. L’acquéreur des ROB-Coins doit payer ces derniers en Ether. Le paiement est converti en
CHF au moment du versement.
D’après les Conditions générales de vente (Terms of Coin Sale) publiés par ROB SA sur son site
internet, cette société s’engage à verser aux détenteurs de ROB-Coins l’équivalent, en Ether, de 30 %
du résultat positif de l’EBIT, dans la mesure où ce résultat EBIT est positif au moment de l’approbation
des comptes annuels par l’Assemblée générale de ROB SA. Cet engagement de ROB SA par rapport
aux détenteurs de coins n’est pas limité dans le temps et ne prévoit à aucun moment le rembourse
ment de la somme versée par les investisseurs en échange des ROB-Coins. Chaque détenteur de
ROB-coins a droit à une part aux futurs versements qui est proportionnelle à sa part au nombre total
des ROB-Coins. À l’avenir, les ROB-Coins seront négociables dans une bourse de cryptomonnaies.
Le droit aux futurs paiements de ROB peut donc être transmis à titre onéreux via cette plateforme
sous forme de ROB-Coins, sans l’approbation de ROB SA. L’ICO rencontre un énorme succès et les
20 millions de ROB-Coins peuvent être aliénés au prix de CHF 1 par unité.
Les ROB-Coin entrent ici dans la catégorie de jetons d’investissement à base contractuelle. En effet,
le droit des investisseurs porte sur une prestation financière calculée en fonction de l’EBIT de l’émet
teur. En revanche, les investisseurs n’ont aucun droit au remboursement des sommes investies. Sous
l’angle fiscal, il s’agit d’instruments financiers dérivés sui generis.
De manière générale, les jetons d’investissement à base contractuelle n’entrent pas dans l’objet du
droit de timbre d’émission visé à l’art. 5 LT. En effet, les jetons d’investissement à base contractuelle
sont émis sans que des droits de participation (numériques) sous forme d'actions, de parts sociales,
de bons de jouissance ou de participation ne soient créés. Ces jetons ne se rapportent donc pas à
la création ou à l'augmentation de la valeur nominale de droits de participation au sens de l’art. 5
al. 1 let. a LT.
Demeurent réservés les éventuels versements supplémentaires au sens de l’art. 5 al. 2 LT que des
actionnaires ou les associés feraient dans le cadre d’une obtention collective de capitaux ayant pour
objet l’émission de jetons d’investissement à base contractuelle.
17 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffres 3.1 et 3.3.
B Actualités et -20- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Il en va de même des éventuels versements supplémentaires au sens de l’art. 5 al. 2 LT. Dans la
mesure où le prix d’achat payé par les détenteurs de droits de participation pour les jetons d’investis
sement avec droits de participation n’est pas compensé par une contre-prestation correspondante,
cela constitue un versement supplémentaire.
18 Voir en particulier la possibilité nouvellement créée d'émettre des actions en tant que droits de valeur
nominatifs sur la base de l'art. 622 al. 1 en relation avec l'art. 973d CO.
19 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffres 3.1 et 3.4.
B Actualités et -21- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
20 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffres 4.1 et 4.2.
B Actualités et -22- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
pour les investisseurs. À cet effet, OPEN introduit la liste des investisseurs ainsi que le montant des
investissements au début de la blockchain, c’est-à-dire dans la première entrée de la blockchain (ge
nesis block). OPEN ne donne toutefois pas la garantie que cette distribution d’OPEN-Coins sera ac
ceptée par la communauté. A défaut de détenir des OPEN-Coins, il n’est pas possible d’accéder à la
communauté ou à la blockchain intégrée dans l’infrastructure open source ce qui explique la valeur
potentielle des OPEN-Coins. L’utilisation et le développement du protocole sont gratuits et il est pos
sible de constituer de nouvelles communautés ou des nouvelles blockchain parallèles (appelées hard
forks). Rien ne permet d’exiger d’autres prestations ou remboursements d’une contrepartie définie
(par ex. la fondation). À l’avenir, les OPEN-Coins seront négociables dans une bourse de cryptomon
naies sans implication d’OPEN.
La relation juridique entre l'émetteur et l'investisseur peut être qualifiée de mandat. OPEN s’engage,
dans la mesure où le financement du projet est assuré à développer un protocole open source bien
défini et à introduire dans le programme une proposition de distribution d’OPEN-Coins si le protocole
open source voit le jour et est commercialisé. En revanche, il n’est prévu aucun droit au rembourse
ment de l'investissement.
21 Les conséquences fiscales auprès d’une fondation s’orientent vers l’imposition de personnes morales
(SA, Sarl, etc.).
B Actualités et -23- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
L’imposition suit le principe de la comptabilisation à la valeur brute. Toutes les valeurs patrimo
niales (actifs) d’une part, et tous les engagements (passifs) d’autre part, sont présentés à la date de
référence du 31 décembre.
L’impôt cantonal sur la fortune a ainsi pour objet l’ensemble de la fortune nette (art. 13 al. 1 LHID).
L’estimation intervient en principe à la valeur vénale. Outre la valeur nette intrinsèque, la valeur de
rendement peut être prise en considération de façon appropriée (art. 14 al. 1 LHID).
La valeur vénale est la valeur qui aurait pu être réalisée à la date de référence de l’estimation (art. 17
al. 1 LHID) en cas d’aliénation (valeur de marché). Cette valeur ne peut être établie avec certitude
que si les actifs concernés sont négociés régulièrement (titres côtés, matières premières).
Dans tous les autres cas, la valeur vénale doit faire l’objet d’une estimation. À cet égard, il convient
de tenir correctement compte à la fois de la valeur intrinsèque et de la valeur de rendement (futur
produit capitalisé). Puisque les avis peuvent diverger quant à cette valeur dans des cas particuliers
(notamment en ce qui concerne le taux de capitalisation), les estimations se situent dans une four
chette (entre une valeur minimale et une valeur maximale). La valeur vénale fiscalement détermi
nante est le prix qui aurait certainement pu être obtenu sur le marché, c’est-à-dire celui auquel un
acheteur aurait certainement pu être trouvé.
Dès lors que des valeurs mobilières et immatérielles font partie de la fortune commerciale d’un con
tribuable, la valeur est calculée selon les taux déterminants pour l’impôt sur le revenu (art. 14 al. 3
LHID).
Selon la méthode de la prépondérance, la fortune commerciale comprend tous les éléments de fortune
qui servent, entièrement ou de manière prépondérante, à l’exercice de l’activité lucrative indépen
dante.
Si, en l’absence de négoce représentatif régulier, l’AFC n’a pas fixé de valeur boursière officielle, la
cryptomonnaie doit être évaluée au cours de fin d’année de la plateforme de négociation sur laquelle
sont effectuées les transactions d’achat et de vente.23 Si aucun cours d’évaluation actuel ne peut être
calculé, la cryptomonnaie doit être déclarée au prix d’achat initial converti en francs suisses.
Les jetons de paiement dans la fortune commerciale sont soumis à l’impôt sur la fortune à leurs
valeurs comptables conformes au droit fiscal et au droit commercial. Les augmentations de valeur
des jetons de paiement cotés en bourse de manière représentative peuvent être portées à l’actif au
prix d’acquisition (art. 960b CO, droit de choisir l’évaluation).
Les jetons d’investissement de capitaux étrangers sont émis dans le cadre de l’obtention collective de
capitaux par des émetteurs. Ils sont généralement émis en montants fixes et donnent droit au rem
boursement de la totalité ou d’une majeure partie de l’investissement et, le cas échéant, au versement
d’intérêts. Pour le créancier, ils servent à démontrer, faire valoir ou transférer la créance. Sur le plan
fiscal, les jetons de capitaux étrangers constituent des titres de créances (obligations).
Les jetons de capitaux étranger constituent de la fortune mobilière soumise à l’impôt sur la fortune
réglé au niveau cantonal (art. 13 al. 1 et art. 14 al. 1 LHID) et doivent être évalués à la valeur vénale
à la fin de la période fiscale. Si aucun cours d’évaluation actuel ne peut être calculé, les jetons de
capitaux étrangers doivent être déclarés au prix d’achat initial converti en francs suisses.
Les jetons d’investissement avec base contractuelle sont émis dans le cadre de l’obtention collective
de capitaux par des émetteurs, sans justifier dans ce contexte de droits de participation (numérique)
sous la forme d’actions, de bons de participation ou de jouissance ou sans s’accompagner de l’émis
sion d’obligations ou de parts de placements collectifs de capitaux. Le rapport juridique entre l’émet
teur et l’investisseur est un rapport contractuel qui ne prévoit pas de droit au remboursement de l’in
vestissement. Le droit de l'investisseur se rapporte à une part proportionnelle d’une valeur déterminée
de l’émetteur (p. ex. EBIT, redevance de licence ou chiffre d’affaires) ou à une prestation financière
calculée en fonction d’une certaine part proportionnelle du bénéfice et/ou du produit de la liquida
tion. Le droit de l’investisseur à un paiement annuel existe, indépendamment du fait que l’émetteur
23 Le site coinmarketcap.com, par exemple, fournit des éléments permettant de réaliser une évaluation
actuelle.
B Actualités et -25- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
distribue, ou non, des dividendes aux actionnaires. Il ne dépend ni des prescriptions du droit des SA
sur les réserves légales, ni d’une décision de l’assemblée générale.
Sur le plan fiscal, les jetons d’investissement avec base contractuelle sont considérés comme des
instruments financiers dérivés sui generis.
Les jetons d’investissement avec base contractuelle constituent également de la fortune mobilière
soumise à l’impôt sur la fortune réglé au niveau cantonal et ils doivent être évalués à la valeur vénale
à la fin de la période fiscale. Si aucun cours d’évaluation actuel ne peut être calculé, les jetons d’in
vestissement avec base contractuelle doivent être déclarés au prix d’achat initial converti en francs
suisses.
Les jetons d’investissement avec droits de participation sont émis dans le cadre de l’obtention collec
tive de capitaux par des émetteurs sous forme d’actions ou d’autres titres de participation. Le rapport
juridique entre l’émetteur et l’investisseur relève du droit sur les sociétés. Les prétentions de l’inves
tisseur sont réglées par les statuts.
Les jetons d’investissement avec droits de participation constituent de même de la fortune mobilière
soumise à l’impôt sur la fortune réglé au niveau cantonal et ils doivent être évalués à la valeur vénale
à la fin de la période fiscale. Si aucun cours d’évaluation actuel ne peut être calculé, les jetons d’in
vestissement avec droits de participation doivent être déclarés au prix d’achat initial converti en francs
suisses.
En principe, les jetons d’utilité sont considérés comme un rapport de mandat (art. 394 ss CO) entre
l’émetteur et l’investisseur. En vertu du mandat, l’émetteur agit dans le sens d’une convention con
tractuelle entre lui et l’investisseur.
Les jetons d’utilité sont généralement négociables et présentent donc une valeur de marché. Ils
entrent donc dans la fortune mobilière soumise à l’impôt sur la fortune réglé au niveau cantonal (art. 13
al. 1 et art. 14 al. 1 LHID) et ils doivent être évalués à la valeur vénale à la fin de la période fiscale.
Si aucun cours d’évaluation actuel ne peut être calculé, les jetons d’utilité doivent être déclarés au prix
d’achat initial converti en francs suisses.
B Actualités et -26- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
7.1 Généralités
On ne peut répondre de manière définitive à la question des effets juridiques de transactions avec des
jetons que par la qualification des jetons entrant dans la fortune privée ou commerciale.
Cette qualification revêt donc une importance considérable et elle n’est pas toujours évidente au cas
par cas.
S’agissant de la distinction entre fortune privée et fortune commerciale, il est renvoyé aux explications
aux chiffres 3.1 et 4.1.1, ainsi qu’aux documents complémentaires qui y sont mentionnés.
Par définition, les personnes morales ne peuvent détenir que de la fortune commerciale et c’est pour
quoi les explications ultérieures porteront sur la distinction relative à l'impôt sur le revenu les per
sonnes physiques. Les explications sur le droit de négociation s’appliquent à la fois aux personnes
morales et aux personnes physiques.
La différence entre le produit de la vente d’un objet patrimonial et son prix d’acquisition est appelée
gain en capital ou augmentation de valeur réalisée. Par rapport aux augmentations de valeur non
réalisées ou comptables, celle-ci constitue un type de revenu particulier en ce sens qu’elle apparaît
sous forme d’argent plutôt que sous forme comptable.
Le caractère non imposable des gains en capital sur la fortune mobilière privée a pour effet que les
termes « produit de la fortune » et « activité lucrative indépendante » doivent être largement interpré
tés par la jurisprudence.
L’exonération d’impôt vaut donc à la fois pour les gains en capital réalisés et non réalisés. Quoi qu’il
en soit, en l’absence d’obligation de comptabilité, les gains en capital non réalisés des personnes
physiques sont considérablement restreints et se limitent surtout aux immeubles et aux titres.
Sont donc imposables les gains en capital réalisés (générés par des ventes), ainsi que les bénéfices
comptables non réalisés (générés par l’exercice de droits de choisir l’évaluation ou de prescriptions
de la présentation des comptes).
Afin de justifier une obligation de calcul et de versement de droits de timbre de négociation, deux
critères fondamentaux doivent être remplis :
• au moins une partie doit être un commerçant de titres ;
• le négoce doit porter sur des titres (documents imposables).
B Actualités et -28- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Les jetons de paiements et les jetons d’utilité ne confèrent généralement pas de droits à des verse
ments en contrepartie des fonds investis. Ces deux catégories de jetons ne sont donc pas examinées
dans le présent chapitre.
Les montants que l’émetteur verse aux détenteurs de jetons d’investissement à capital étranger, pé
riodiquement ou sous forme de rémunération unique (disagio d'émission et/ou agio de remboursement
en tant que différence entre la valeur d'émission et la valeur de remboursement), sont soumis à l’IA
en tant que rendement d’obligations au sens de l’art. 4 al. 1 let. a LIA.
25 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffre 3.1.
B Actualités et -29- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Le droit de l'investisseur à un paiement annuel existe indépendamment du fait que l'émetteur verse
ou non un dividende aux actionnaires. Il ne dépend pas non plus des prescriptions du droit de la SA
relatives aux réserves légales, ni d'une décision de l'assemblée générale. Les jetons d’investissement
à base contractuelle sont considérés comme des instruments financiers dérivés sui generis du
point de vue fiscal.26
Exemple – ROB SA
Cf. chiffre 5.2.
Demeure réservée une requalification fiscale des paiements en distribution dissimulée de bénéfice
en présence de circonstances de faits particulières. La pratique prévoit à cet égard deux seuils (exa
minés dans la partie qui suit).
26 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffres 3.1 et 3.3.
27 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffre 3.3.1.
B Actualités et -30- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Les paiements à raison des engagements fondés sur des jetons d’investissement à base contractuelle
n’entrent pas dans l’objet de l’IA. En particulier, ils ne constituent pas des revenus de capitaux
mobiliers au sens de l'art. 4 al 1 LIA, tels que les intérêts sur les obligations, les rendements impo
sables d’actions, les distributions de placements collectifs de capitaux et les intérêts sur les avoirs de
clients.
Nonobstant ce qui précède, le prélèvement de l’IA demeure possible dans certains cas de figure. Il en
est ainsi en cas de requalification fiscale des paiements aux détenteurs de jetons en distribution
dissimulée de bénéfice. Pour assurer une certaine prévisibilité à cet égard, l’AFC – conformément
à sa « pratique des seuils »28– se réserve le droit de percevoir l’IA si un ou les deux seuils ci-dessous
ne sont pas respectés :
• au moment de l’échéance des revenus concernés, les actionnaires et les personnes proches de
l’émetteur doivent détenir globalement 50 % des jetons émis au plus. Cette restriction permet de
garantir que la majeure partie des bénéfices ne soient pas versés sans être grevés de l’IA à des
détenteurs de jetons qui sont également actionnaires ;
• la part de participation au bénéfice doit être fixée de manière à ce que les paiements aux déten
teurs de jetons ne dépassent pas 50 % de l'EBIT. Cette restriction permet de garantir que le
risque entrepreneurial pris par le donneur de capital propre reste adéquatement rémunéré après
le versement de leur part de bénéfice aux détenteurs de jetons.
28 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffre 3.3.2.
B Actualités et -31- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
La relation juridique entre l’émetteur et l’investisseur relève du droit des sociétés. Les droits de l’in
vestisseur sont réglementés par les statuts.29
Les paiements à raison des engagements fondés sur des jetons avec droits de participation sont
soumis à l’IA en tant que rendements d’actions ou autres titres de participation au sens de art. 4 al. 1
let. b LIA.
29 Cf. le document de travail de l’AFC « Les cryptomonnaies et les initial coin/token offerings (ICO/ITO)
comme objet de l’impôt sur la fortune, le revenu et le bénéfice, l’impôt anticipé et les droits de timbre »
du 14 décembre 2021, chiffres 3.1 et 3.4.
B Actualités et -32- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
9.1 Généralités
Si le droit du travail prévoit explicitement la possibilité d'un salaire en espèces ou en nature, il n'en
demeure pas moins que l'admissibilité du versement du salaire en monnaies virtuelles n'a pas été
tranchée par la plus haute instance judiciaire.
La Conférence suisse des impôts (CSI) recommande de traiter les jetons de paiement comme une
monnaie étrangère sur le plan fiscal. Si l'on suit ce point de vue, le paiement du salaire en jeton de
paiement devrait être assimilé à celui dans une monnaie étrangère.
En droit du travail, les salaires en espèces doivent en principe être versés en francs suisses, sauf
convention ou usage contraire. Cela signifie que le paiement du salaire en monnaie étrangère est
autorisé en cas de convention correspondante. Il convient toutefois de noter que les employeurs ne
peuvent pas répercuter le risque d'entreprise sur les employés. Les salaires dépendant du taux de
change sont donc délicats.
Les paiements de salaire en jetons de paiements sont autorisés uniquement dans la mesure où le
risque de l'entreprise n'est pas transféré aux employés (par exemple si le taux de change était adapté
au détriment des employés), et dans la mesure où cela n'entraîne pas de traitement inégal d'un groupe
d'employés.
Si le salaire ou des prestations salariales accessoires sont versés au travailleur sous forme de jetons
(jetons de paiement, jetons d’investissements ou jetons d’utilité) ceux-ci sont imposables à titre de
revenu d'une activité lucrative dépendante et doivent figurer sur le certificat de salaire. Le montant à
indiquer est la valeur au moment de la réception (encaissement d'une prestation ou acquisition d'un
droit ferme sur une prestation), convertie en francs suisses.
Lorsqu’un jeton ne représente ni une participation de collaborateur proprement dite, ni une participa
tion de collaborateur improprement dite, les dispositions légales spéciales prévues aux art. 17b et 17c
LIFD ne sont pas applicables. Il convient alors d’appliquer les principes jurisprudentiels généraux
en matière de réalisation.
Le moment d’imposition est alors régi par les règles spéciales prévues à l’art. 17b LIFD respective
ment art. 7d LHID. D’après ces dispositions, les avantages appréciables en argent dérivant de jetons
représentant des participations de collaborateur proprement dites (excepté les options non négo
ciables ou non cotées en bourse) sont imposables à titre de revenu d’une activité lucrative salariée
au moment de leur acquisition. La prestation imposable correspond à la valeur vénale de la partici
pation diminuée, le cas échéant, de son prix d’acquisition. Un escompte pour d’éventuels années de
blocage est possible (art. 17b al. 2 LIFD).
Les avantages appréciables en argent dérivant de jetons représentant des options de collaborateur
non négociables ou non cotées en bourse sont imposés au moment de l’exercice des options. La
prestation imposable est égale à la valeur vénale de l’action moins le prix d’exercice.
Lorsque des jetons de paiement, des jetons d’utilité, des jetons d’investissement à capital étranger
ainsi que des jetons d’investissement à base contractuelle sont attribuées à un contribuable à raison
d’un rapport de travail, ces avantages sont imposables conformément aux principes jurisprudentiels
généraux en matière de réalisation. Selon ces règles, un revenu est considéré comme réalisé lors
qu'une prestation est faite au contribuable ou que ce dernier acquiert une prétention ferme sur laquelle
il a effectivement un pouvoir de disposition.
B Actualités et -35- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
10.1 Généralités
Un jeton non fongible (non-fungible token [NFT]) est cryptographiquement unique, indivisible, irrem
plaçable et vérifiable. Il représente un objet spécifique, numérique ou physique, dans une blockchain.
En d'autres termes, un NFT n'existe qu'une seule fois et ne peut pas être partagé, échangé ou rem
placé. En revanche, un NFT permet de négocier des actifs numériques ou physiques et de les trans
férer de manière visible pour le grand public. De plus, comme le créateur du NFT est publiquement
enregistré sur la blockchain, il est possible de garantir la création originelle de l'actif numérique.
La conversion d'un fichier numérique en NFT nécessite un processus appelé minting (en français
« frapper une pièce de monnaie »). L'actif est lié de manière indissociable, inaltérable et indélébile au
jeton correspondant en attribuant un identifiant de jeton appelé TokenID à l'objet numérique. Le Toke
nID suit toutes les transactions effectuées avec le NFT. Ainsi, l'ensemble du processus peut être
comparé au certificat d'authenticité ou à un endossement, mais dans lequel seuls les droits de pro
priété sont représentés. Souvent, dans le cas du contenu numérique, le NFT est associé à une licence
d'utilisation du droit de propriété intellectuelle sous-jacent.
N'importe quel actif ou droit peut être associé à un NFT (par exemple, l’art numérique, les objets de
collection, les actifs dans les jeux vidéo, la musique).
Le commerce ou la création de NFT peut conduire à l'hypothèse d'une activité indépendante sur la
base d’une appréciation de l'ensemble des critères au cas par cas. Le principe de la valeur comptable
ou le principe de déterminance s'applique alors. En tant qu'échange d'actifs, l'achat n'a pas d'incidence
sur le résultat et n'est donc pas imposable. Les NFT achetés/produits doivent être inscrits au bilan à
leur valeur d'acquisition ou de création. La différence avec le prix de vente est considérée comme un
produit ou une charge imposable.
B Actualités et -36- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
11 AIRDROPS
Le terme airdrop désigne un processus par lequel des projets de blockchain nouveaux ou existants
transfèrent automatiquement et gratuitement certains crypto-actifs à des personnes données. Il y a
plusieurs raisons pour lesquelles un airdrop est réalisé. Dans certains cas, les bénéficiaires ne savent
pas qu'ils vont recevoir des crypto-actifs et sont choisis de manière totalement arbitraire par les orga
nisateurs de l'airdrop. Dans d'autres cas d'airdrops, les bénéficiaires ont – avant de recevoir les crypto-
actifs – fourni, en guise de compensation, certains services, comme par exemple :
• suivre un compte sur les médias sociaux ;
• partager ou retweeter l'une de leurs publications ;
• envoyer ou recevoir une transaction sur une plateforme ou un portefeuille spécifique ;
• créer un compte et s'inscrire pour recevoir des mises à jour ;
• acheter leur propre crypto-monnaie ou une autre.
Comme les airdrops peuvent être classés en différents types, les implications fiscales dépendent des
types de jetons utilisés et des conditions d'émission. Il convient donc de procéder à un examen au
cas par cas.
11.1.4 Hardfork
Un hardfork, constitue une exception au principe de l’inaltérabilité de la blockchain. Cette opération,
par laquelle le protocole de la blockchain est modifiée, rendant donc la nouvelle version rétro incom
patible avec les blocs de données précédents, peut être effectuée de manière contestable ou non
contestable.
Dans le cas d’un hardfork non contestable, tous les nœuds de la blockchain effectuent la modification
du protocole. L'ancienne version de la blockchain n'est donc pas maintenue. Ainsi, l'ancienne crypto-
monnaie perd sa valeur et une nouvelle est créée.
La situation est différente dans le cas d'un hardfork contestable qui se caractérise par le fait que,
bien qu’il y ait également un changement de protocole, celui-ci n'est pas adopté par tous les nœuds.
Il en résulte une nouvelle chaîne de blocs qui est maintenue par une partie des nœuds, indépendam
ment de l'ancienne chaîne. Les jetons des portefeuilles de l'ancienne chaîne de blocs sont transférés
sur ceux de la nouvelle chaîne de blocs.
11.2.1.1 Généralité
En principe, en cas d'airdrops à des personnes imposables en Suisse, il faut partir du principe que les
jetons reçus sont imposables. En fonction de l'aménagement de l'airdrop, la clause générale de re
venu (art. 16 al. 1 LIFD et art. 7 al. 1 LHID), les revenus provenant de rapports de travail (art. 17 ss
LIFD) ainsi que les rendements de la fortune mobilière (art. 20 al. 1 let. c LIFD) entrent en ligne de
compte, pour autant qu'il n'y ait pas de revenu exonéré selon l'art. 24 LIFD respectivement art. 7 al. 4
LHID).
11.2.1.2 Donation
Les raisons pour effectuer un airdrop peuvent être diverses. En règle générale, un airdrop a un objectif
commercial, par exemple augmenter la notoriété ou l'utilisation d'une plateforme, la sécurité de la
blockchain ou le négoce. En ce sens, étant donné que les airdrops sont généralement justifiés par
l’usage commercial il est donc à conclure qu’il ne s’agit pas d’une donation.
Les gains unitaires jusqu’à concurrence de CHF 1000 provenant d’un jeu d’adresse ou d’une loterie
destinés à promouvoir les ventes qui ne sont pas soumis la Loi fédérale sur les jeux d'argent du 29
septembre 2017 (LJAr), sont exonérés d'impôt (art. 24 let. j LIFD).
En principe, il est tout à fait concevable qu'un airdrop soit qualifié de jeu promotionnel et soit exonéré
d'impôt conformément à l’art. 24 let. j LIFD jusqu'à la limite de CHF 1'000. Toutefois, cela ne peut être
le cas que si l'airdrop remplit les conditions cumulatives suivantes :
B Actualités et -39- Cryptomonnaie
communications Octobre 2023
diverses
Si l'une de ces conditions n'est pas remplie, il n'y a pas de revenu exonéré d'impôt en vertu de l’art. 24
let. j LIFD, ce qui signifie que la totalité du « gain » est imposable.
L'organisateur peut déduire les jetons émis par airdrop en tant que charges justifiées par l'usage com
mercial de manière régulière. Les jetons supplémentaires reçus par le biais d'un airdrop augmentent
le bénéfice imposable.
En règle générale, les airdrops ne sont pas soumis à l'impôt anticipé. Dans certains cas, un airdrop
organisé par un résident domicilié en Suisse peut être soumis à l'impôt anticipé s'il s'agit d'une distri
bution dissimulée de bénéfices ou si un airdrop est effectué en relation avec des jetons d'investisse
ment avec des droits de participation ou des jetons d’investissement de capitaux étrangers.
Le gain d'un airdrop est soumis à l'impôt anticipé s'il est qualifié de jeu d'adresse destiné à promouvoir
les ventes (cf. chiffre 11.2.1.3) et si le gain unitaire dépasse le seuil de franchise de CHF 1'000.
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