KAS - Les Droits Civils Et Politiques

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Konrad

Adenauer
Stiftung

Les Droits Civils


et Politiques d'un
Citoyen Congolais

Kinshasa, Janvier 2012


Copyright : FKA, Janvier 2012
Dépôt légal : JI 3.01201-57021
Mise en page et couverture : Clarisse Pembele.-
Les Droits Civils et Politiques d'un Citoyen
Congolais

CHAPITRE I : INSTRUMENTS INTERNATIONAUX,


REGIONAUX ET NATIONAUX DES DROITS CIVILS ET
POLITIQUES

Section I : Définition des droits de l'homme

1. Les droits de l'homme

Les droits de l'homme sont généralement définis comme


des prérogatives et des facultés inhérentes à la personne humaine et
utiles à son bien-être et à sa dignité. Puis qu'inhérentes à la personne
humaine, les droits de l'homme existent donc indépendamment de
leur proclamation et de leur aménagement dans l'ordre juridique
d'un Etat. Si l'on tient compte de leur reconnaissance par les Etats,
ils peuvent être définis comme « … la somme des droits individuels
et collectifs qui ont été reconnus par les Etats souverains et codifiés
dans les constitutions et dans le droit international ».
Mieux, c'est l'ensemble des facultés et prérogatives
considérées comme appartenant naturellement à tout être humain,
dont le respect s'impose à tous, y compris l'Etat et dont la protection
est organisée aussi bien par divers instruments internationaux,
universels et régionaux que par des textes de droit positif au premier
rang desquels se trouve la Constitution.

3
2. Droits de l'homme, libertés publiques, droits
fondamentaux, droits humains : synonymie,
homonymie ou antonymie ?

Le concept de « libertés publiques » renvoie aux libertés (ou


droits) inscrites dans le droit positif et garanties par lui.
L'expression « libertés publiques » a été pendant longtemps
préférée à celle des droits de l'homme par les juristes positivistes
français. Pour ces derniers, seules les libertés proclamées méritaient
l'attention des juristes, les droits de l'homme étant d'une connotation
issue de la tradition du droit naturel. Ce concept se trouve
aujourd'hui dans plusieurs constitutions des Etats africains
d'expression française, y compris celle de la République
Démocratique du Congo.
L'expression « droits fondamentaux » se situe sur le strict
terrain du droit positif. Les droits fondamentaux seraient ceux
proclamés par un texte et généralement par une constitution. Elle se
retrouve, elle aussi, dans beaucoup de textes constitutionnels
africains. Cette expression a l'inconvénient de sous-entendre l'idée
d'une hiérarchie entre les droits qui seraient fondamentaux, et
d'autres qui ne le seraient pas, en laissant dans le flou le critère
permettant de les distinguer.
L'expression « droits humains » est la traduction littérale de
l'expression human rights utilisée en langue anglaise. Cette
expression, qui est consacrée par la Constitution de la République
Démocratique du Congo, rencontre mieux les préoccupations du
mouvement féministe qui conteste l'expression « droits de l'homme
» en raison de l'ambiguïté du mot « homme » qui désigne à la fois la
catégorie générique des êtres humains et la catégorie spécifique du
4
masculin. C'est d'ailleurs pour cette raison que certains Etats,
comme la Canada, ont adopté la formule « droits de la personne »
pour désigner les droits de l'homme.
Les droits de l'homme peuvent être regroupés en trois
catégorie : droits civils et politiques dits aussi droits de la première
génération ; droits économiques, sociaux et culturels dits aussi
droits de la deuxième génération, et droits de solidarité dits droits
de la troisième génération.
Les droits civils et politiques correspondent aux libertés
classiques proclamées dans les déclarations de l'époque
révolutionnaire. Ces droits réservent à l'individu une sphère
d'autonomie sur laquelle il est interdit aux autorités publiques
d'empiéter. Il s'agit des « libertés-résistance » qui appellent de la
part de l'Etat une abstention. Ils sont aussi appelés « droits-attributs
».
Les droits économiques, sociaux et culturels ont vu le jour,
après les droits civils et politiques et ce, suite aux injustices sociales
secrétées par la révolution industrielle. Ce sont des droits qui, à
l'inverse des droits-résistance, appellent, de la part des pouvoirs
publics, des actions positives en vue de leur réalisation, d'où le
qualificatif « droit-créance ». Ces droits, dits de la deuxième
génération, loin de se substituer aux libertés classiques, les
complètent et permettent à celles-ci de se concrétiser.
Les droits de solidarité sont des droits ayant une forte
dimension collective. Ils viennent compléter les droits de la
première et de la deuxième génération. En effet, de la même façon
que les droits économiques et sociaux sont apparus nécessaires
pour rendre effectifs les droits civils et politiques, les droits de

5
solidarité seraient la condition d'existence des droits de la première
et de la deuxième génération.

Section II : Les caractéristiques des droits de l'homme

Les droits de l'homme sont universels, inaliénables,


indivisibles (indissociables) et interdépendants.
1. Les droits de l'homme sont universels

Les droits de l'homme sont universels en ce qu'ils sont


reconnus à tout être humain, dans distinction de race, de couleur, de
sexe, d'origine ethnique ou sociale, de religion, de langue, de
nationalité, d'âge, d'orientation sexuelle, de handicap ou de tout
autre caractéristique distinctive et quel que soit le lieu où il se
trouve. L'universalité des droits de l'homme a ainsi une triple
dimension :
- Une dimension rationnelle en ce que les droits de l'homme
sont attachés à tout être humain ;
- Une dimension temporelle en ce que les droits de l'homme
sont valides à n'importe quel moment de l'histoire ;
- Enfin, une dimension spatiale en ce que les droits de
l'homme sont censés exister dans toutes les sociétés
politiques, sans exception.
Des particularités culturelles ont poussé certains Etats à ne
pas ratifier certains instruments internationaux relatifs aux droits de
l'homme ou à les ratifier en émettant des réserves à certaines de
leurs dispositions. Cela ne peut cependant pas conduire à nier le
caractère universel de la culture des droits de l'homme.

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2. Les droits de l'homme sont inaliénables

Les droits de l'homme sont inaliénables, en ce sens que nul


ne peut en être privé, si ce n'est dans les situations spécifiques,
clairement définies dans le droit. Par exemple, la personne qui a été
reconnue coupable d'un délit par un tribunal peut voir limiter son
droit à la liberté.
3. Les droits de l'homme sont indivisibles et
interdépendants

Les droits de l'homme sont indivisibles (indissociables) et


interdépendants parce que chaque droit dépend des autres et est lié à
eux de telle manière que la violation de l'un affecte l'exercice des
autres droits. Aussi, le droit à la vie suppose-t-il le respect du droit à
l'alimentation et à un niveau de vie suffisant. Le droit d'être élu à
une fonction publique suppose l'accès à une éducation de base. La
défense des droits économiques et sociaux n'est possible que dans
des pays qui reconnaissent et respectent la liberté d'expression, de
réunion et d'association. Ainsi donc, les droits civils et politiques
ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels sont
complémentaires et aussi essentiels les uns que les autres à la
dignité et à l'intégrité de chaque personne.

Section III : Les droits individuels et collectifs

Les droits de l'homme, qu'ils soient de la première (droits


civils et politiques), de la deuxième (droits économiques et
sociaux) ou de la troisième génération (droits de solidarité),
peuvent être individuels ou collectifs.

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Les droits individuels sont ceux qui
peuvent être exercés par un individu tout
seul. C'est le cas du droit à la sécurité
personnelle, du droit à la liberté
d'expression, du droit à ne pas être soumis à
la torture ni à des peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, etc.
Les droits collectifs sont ceux qui
peuvent être exercés par plusieurs individus collectivement ou qui
sont reconnus comme tels à un groupe de personnes ou une
communauté. C'est par exemple le cas du droit à la liberté
d'association, du droit à l'autodétermination, etc.

Section IV: Les instruments relatifs aux droits civils et


politiques

Quelques exemples de droits civils et politiques :


- Droit à la liberté individuelle ;
- Droit à la liberté de mouvement ;
- Droit à la liberté du commerce et de l'industrie ;
- Droit à la liberté d'expression ;
- Droit à la liberté de réunion ;
- Droit à la liberté d'association ;
- Droit à l'inviolabilité du domicile ;
- Droit à la liberté de pensée, de
conscience et de religion ;
- Droit de participer à la vie publique
de son Etat ;
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- Droit d'être électeur ;
- Etc.

Nous distinguerons les instruments internationaux de ceux


nationaux.
Par instruments, il faut entendre les textes juridiques.
1. Inventaire des instruments internationaux relatifs aux
droits civils et politiques

Il existe une multitude d'instruments internationaux relatifs


aux droits de l'homme. Il serait donc fastidieux d'en faire un
inventaire complet. Par conséquent, notre inventaire se limitera
aux principaux instruments et plus particulièrement (mais non
exclusivement) ceux auxquels la République Démocratique du
Congo est partie.
A. Les instruments universels

Les Nations Unies ont adopté trois principaux instruments


généraux qui constituent ce que l'on appelle « la Charte
Internationale des droits de l'homme » et quatre instruments
sectoriels et leurs protocoles.
a) La Charte internationale des droits de l'homme

La Charte internationale des droits de l'homme comprend :


- La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
(DUDH) a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations
Unies, le 10 décembre 1948. Ce n'est pas un traité international ;
9
c'est une résolution qui, de sa nature, n'a pas de force contraignante.
La Déclaration universelle des
LA droits de l'homme a été adoptée comme
DÉCLARATION
UNIV un idéal commun de l'humanité en
ERSELLE
DES DROITS matière des droits. Cependant, bien
DE L’HOMME que n'ayant pas , en théorie, de force
contraignante, la DUDH a,
aujourd'hui, une influence et même
une autorité considérable tant sur le
plan international que sur le plan interne. Elle est l'instrument
international le plus connu de par le monde et plusieurs constitutions
la citent nommément comme instrument de référence, ce qui lui
donne une portée juridique incontestable.
Elle proclame aussi bien les droits civils et politiques
(articles 1 à 21) que des droits économiques, sociaux et culturels
(articles 22 à 27).
- Le Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux culturels
Le Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels (PIDESC) est un traité, c'est-à-dire un
instrument juridique contraignant qui lie les Etats qui en sont
parties. Il a été adopté le 16 décembre 1966. Il est entré en vigueur le
3 janvier 1976. La République Démocratique du Congo y adhéré le
1er novembre 1976.
Le PIDESC compte 31 articles qui, d'une part, proclament,
en le développant, les droits économiques, sociaux et culturels
énoncés par la Déclaration universelle des droits de l'homme (article
1 à 15) et, de l'autre organise un mécanisme de protection des droits

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de l'homme, et , de l'autre, organise un mécanisme de protection des
droits proclamés (articles 16 à 25).
- Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
(PIDCP) est, lui aussi, un instrument contraignant. Il énonce et
définit, à ses articles 1 à 27, les droits civils et politiques reconnus au
niveau des Nations Unies. Il a été adopté et est entré en vigueur le
même jour que le PIDESC. La date de l'adhésion de la RDC au
PIDCP est la même que celle de son adhésion au PIDESC.
Ses dispositions peuvent être regroupées en deux catégories
: d'une part, les dispositions qui imposent aux Etats les obligations
d'ordre général en rapport avec les droits énoncés (articles 2 à 5) et,
de l'autre, les dispositions qui proclament des droits (articles 1 et 6 à
27).
- Le Premier Protocole facultatif au Pacte relatif aux droits
civils et politiques
Le Premier protocole facultatif au PIDCP a été adopté au
même moment que les deux pactes. Ce protocole institue la
procédure de communications individuelles (plainte des
particuliers contre les Etats). La République Démocratique du
Congo y a adhéré à la même date que le Pacte.
- Le Deuxième Protocole facultatif au Pacte relatif aux
droits civils et politiques visant l'abolition de la peine de
mort
Le Deuxième Protocole au PIDCP visant l'abolition de la
peine de mort a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations le
15 décembre 1989. Cet instrument interdit aux Etats parties
d'exécuter la peine de mort qui aurait été prononcée contre une

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personne relevant de leur juridiction. Il leur demande, par ailleurs,
de prendre des mesures pour abolir ladite peine de mort de leur
arsenal répressif.
Cet instrument est entré en vigueur le 11 juillet 1991. La
République Démocratique du Congo ne l'a pas encore ratifié.
b) Les textes sectoriels ou particuliers

Les principaux textes sectoriels adoptés par les Nations


Unies sont les suivants :
· La Convention internationale sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination raciale, adoptée le 21 décembre
1965 et entrée en vigueur le 1er avril 1969 ; la RDC y a
adhéré en avril 1976 ;
· La Convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes, adoptée le 18
décembre 1979 et entrée en vigueur le 3 septembre 1981 ; la
RDC l'a ratifiée le 17 octobre 1986 ;
· Le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes,
adopté le 16 décembre 1999 et entré en vigueur le 22
décembre 2000. La RDC n'est pas partie à ce protocole ;
· La Convention contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptée le 10
décembre 1984 et entrée en vigueur le 26 juin 1987 ; la RDC
a adhéré en mars 1996 ;
· Le Protocole à la Convention contre la torture, adopté le 18
décembre 2002 et entré en vigueur le 22 juin 2006 ; la RDC
n'est pas partie à ce protocole ;

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· La Convention relative aux droits de l'enfant, adoptée le 20
novembre 1989 et entrée en vigueur le 2 septembre 1990 ; la
RDC l'a ratifiée le 20 mars 1990 ;
· Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits
de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des
enfants et la pornographie mettant en scène les enfants,
adopté le 25 mai 2000 et entré en vigueur le 18 janvier 2002
; la RDC l'a ratifié le 28 mars 2001 ;
· Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits
de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les
conflits armés, adopté le 25 mai 2000 et entré en vigueur le
12 janvier 2002 ; la RDC l'a ratifié le 28 mars 2001 ;
· La Convention internationale sur la protection des droits de
tous les travailleurs migrants et des membres de leur
famille, adoptée le 18 décembre 1990 et entrée en vigueur
en 2003 ; la RDC ne l'a pas encore ratifiée ;
· Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, adopté
le 17 juillet 1998 et entré en vigueur le 1er juillet 2002 ; la
RDC l'a ratifié le 30 mars 2002.

B. Les instruments régionaux

Nous nous limiterons à inventorier les instruments adoptés


dans le cadre régional africain.
L'Union Africaine a adopté quatre principaux instruments
relatifs aux droits de l'homme que sont :
- La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples ;
Elle a été adoptée le 27 juin 1981, à Nairobi (Kenya). Elle

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est entrée en vigueur en 1986. La RDC l'a ratifiée le 20 juillet 1987.
Elle proclame des droits, mais aussi des devoirs dans un effort de
traduire une conception des droits de l'homme propre au continent
africain.
Les droits proclamés sont aussi bien les droits de l'individu
(droits civils et politiques, droits économiques, sociaux et culturels,
droits de solidarité) que les droits des peuples (égalité des peuples,
droit des peuples à l'existence, droit des peuples à disposer d'eux-
mêmes, droit des peuples à la libre disposition de leurs richesses et
ressources naturelles). La Charte proclame par ailleurs les devoirs
de l'individu.
La Charte crée un organe de supervision de son application
par les Etats parties : la Commission africaine des droits de l'homme
et des peuples.
- Le Protocole additionnel à la Charte créant la Cour
Africaine des droits de l'homme et des peuples ;
Il a été adopté à Ouagadougou, au Burkina Faso, en 1998.
Appelé Protocole de Ouagadougou, il est entré en vigueur le 25
janvier 2004. Le Protocole crée une Cour africaine des droits de
l'homme et des peuples. Cette cour, composée de 11 juges, complète
les fonctions de protection que la Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples a conférées à la Commission africaine des
droits de l'homme et des peuples.
- La Convention de l'UA régissant les aspects propres des
réfugiés en Afrique ;
Régissant les aspects propres des réfugiés en Afrique, cette
convention a été adoptée à Addis-Abeba le 10 septembre 1969 et est
entrée en vigueur le 20 juin 1974. La RDC l'a ratifiée. Cette

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convention complète la Convention relative au statut des réfugiés
adopté dans le cadre des Nations Unies le 8 juillet 1951.

La particularité de la convention africaine consiste dans le


fait que celle-ci donne du réfugié une définition plus large que celle
de la convention onusienne. En effet, alors que la Convention de
1951 ne vise que la personne qui fuit le pays, dont elle a la
nationalité, par crainte d'être persécutée, la convention africaine
étend le concept de réfugié à toute personne obligée de quitter son
pays 'du fait d'une agression, d'une occupation extérieure, d'une
domination étrangère ou d'événements troublant gravement l'ordre
public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du
pays dont elle a la nationalité (article 1 § 2 de la convention).
- Et la Charte africaine des droits et du bien être de l'enfant
Elle a été adoptée à Addis-Abeba en juillet 1990. La RDC
l'a ratifiée le 29 mars 2001. Dans sa première partie (article 1 à 31),
cet instrument définit le concept d'enfant, énonce ses droits,
détermine les obligations des Etats parties la responsabilité des
parents et les responsabilités des enfants. Dans sa deuxième partie
(articles 32 à 48), la Charte crée et organise l'organe de supervision
de son application par les Etats parties : le Comité des droits et du
bien-être de l'enfant.
2. Textes internes relatifs aux droits civils et politiques

Dans l'ordre juridique interne, la proclamation et les


garanties des droits de l'homme peuvent résulter de la constitution,
des lois et des règlements.

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a) La constitution

LA Le texte constitutionnel
CONSTITUTION
DE LA RDC présentement en vigueur en
République Démocratique du
Congo est la Constitution de la
République Démocratique du
Congo du 18 février 2006. Les
droits sont proclamés dans le Titre II de la Constitution intitulé : «
Des droits humains, des libertés fondamentales et des devoirs du
citoyen et de l'Etat ». Ce titre contient 57 articles et consacre trois
catégories de droits : droits civils et politiques, droits économiques,
sociaux et culturels, ainsi que droits collectifs.
Pour ce qui est des droits civils et politiques, on peut y citer :
· l'égalité en dignité et en droit (article 11),
· le droit à l'égalité devant la loi et à une égale protection de la
loi (article 22),
· le droit des congolais à ne pas être discriminé en matière
d'éducation, d'accès aux fonctions publiques et en aucune
autre matière (article 13),
· le droit de la femme à une représentation équitable au sein
des institutions nationales, provinciales et locales (article 14
al. 5),
· le droit de ne pas être soumis à des violences sexuelles
(article 15 alinéa 1),
· le droit à la vie, à l'intégrité physique et au libre
développement de sa personne (article 16.2),
· le droit à ne pas être tenu en esclavage ni dans une condition

16
analogue (article 16.3),
· le droit à ne pas être soumis à un traitement cruel, inhumain
ou dégradant (art. 4),
· le droit à ne pas être astreint à un travail forcé ou obligatoire
(art, 16.5),
· le droit à la liberté individuelle (art. 17.1),
· le droit à ne pas être poursuivi pour une action ou une
omission qui ne constitue pas une infraction au moment où
elle est commise et au moment des poursuites (art. 17.3),
· le droit à ne pas être condamné pour une action ou une
omission qui ne constitue pas une infraction à la fois au
moment où elle est commise et au moment de la
condamnation (art. 17.4),
· le droit à ne pas être condamné à une peine plus forte que
celle applicable au moment où l'infraction est commise (art.
17.5),
· le droit à ne pas être poursuivi, arrêté ou condamné pour fait
d'autrui (article 17.6),
· le droit à la présomption d'innocence (article 17.6),
· le droit pour toute personne arrêtée à être immédiatement
informée des motifs de son arrestation et de toute accusation
portée contre elle, et ce, dans la langue qu'elle comprend
(art. 18.1),
· le droit pour toute personne arrêtée à être informée de ses
droits (art. 18.2),
· le droit pour toute personne gardée à vue à entrer
immédiatement en contact avec sa famille ou avec un
conseil (article 18.3),

17
· le droit pour tout détenu à être traité d'une manière qui
préserve sa vie, sa santé physique et mentale ainsi que sa
dignité (article 18.4),
· le droit à ne pas être ni soustrait ni distrait contre son gré de
son juge naturel (art. 19.1),
· le droit de toute personne à ce que sa cause soit entendue
dans un délai raisonnable par le juge compétent (art. 19.2),
· le droit à la défense (art. 19.3),
· le droit pour toute personne de se défendre elle-même ou de
se faire assister d'un défenseur de son choix et ce, à tous les
niveaux de la procédure pénale, y compris l'enquête
policière et l'instruction préjuridictionnelle (art. 19.4),
· le droit à un double degré de juridiction (art. 21.2) ,
· le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion
(art. 22.1),
· le droit à la liberté d'expression (art. 23),
· le droit à l'information (art. 24),
· le droit à la liberté des réunions pacifiques et sans armes (art.
25),
· Le droit à la liberté de manifestation (art. 26),
· Le droit d'adresser des pétitions (art. 27),
· Le droit de refuser de d'exécuter un ordre manifestement
illégal (art. 28),
· Le droit à l'inviolabilité du domicile (art. 29),
· Le droit de circuler librement sur le territoire national, d'y
fixer sa résidence, de le quitter et d'y revenir dans les
conditions fixées par la loi (art. 30.1),
· Le droit pour tout congolais à ne pas être expulsé du

18
territoire de la RDC, de ne pas être contraint à l'exil ni d'être
forcé à habiter hors de sa résidence (art. 30.2),
· Le droit au respect de la vie privée (art. 31),
· Le droit pour tout étranger en situation légale de jouir de la
protection accordée aux personnes et à leurs biens dans les
conditions déterminées par les traités et les lois (art. 32),
· Le droit d'asile (art. 33.1),
· Le droit des réfugiés à ne pas être refoulés (art. 33.2),
· Le droit de toute personne à ne pas être acheminée vers le
territoire d'un Etat dans lequel elle risque la torture, des
peines ou des traitements cruels, dégradants ou inhumains
(art. 33.5).

b) La loi et le règlement

Il existe dans l'ordre juridique congolais un grand nombre


de textes légaux et réglementaires relatifs aux droits de l'homme et
aux libertés fondamentales. Nous ne reprenons ci-dessous que les
plus importants.
· Textes législatifs
Nous pouvons citer :
- Décret du 6 août 1959 portant Code de procédure pénale ;
- Décret du 7 mars 1960 portant Code de procédure civile ;
- La loi n°015/2002 du 16 octobre 2002 portant Code du
travail ;
- La loi n°023/2002 du 19 novembre 2002 portant Code
judiciaire militaire ;
- La loi n°024/2002 du 18 novembre 2002 portant Code pénal

19
militaire ;
- La loi n° 87- 010 du 1er aout 1987 portant Code de la famille ;
- La loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général
des biens, régime foncier et immobilier et régime des
suretés ;
- La loi n°96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de
l'exercice de la presse ;
- La loi n° 04/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions
générales applicables aux associations sans but lucratif et
aux établissements d'utilité publique ;
- La loi n° 04/2002 du 15 mars 2004 portant organisation et
fonctionnement des partis politiques ;
- La loi n°016/2002 du 16 octobre 2002 portant création des
tribunaux du travail ;
- L'ordonnance-loi n° 82-020 du 31 mars 1982 portant Code
de l'organisation et de la compétence judiciaires ;
- L'ordonnance-loi n° 82-017 du 31 mars 1982 relative à la
procédure devant la Cour suprême de justice ;
- La loi n° 04/009 du 5 juin 2004 portant organisation,
attribution et fonctionnement de l'Observatoire National
des Droits de l'Homme ;
- La loi sur la répression des violences sexuelles.
· Textes réglementaires
- Ordonnance n° 78-289 du 3 juillet 1978 relative à l'exercice
des attributions d'officier et agent de police judicaire près
les juridictions de droit commun ;
- Ordonnance n°344 du 17 septembre 1965 portant régime
pénitentiaire.

20
CHAPITRE II : DROIT D'ASSOCIATION, DE REUNION
ET DE MANIFESTATION

S'associer, se réunir et faire des manifestations sont des droits qui


sont reconnus à tout citoyen.

Section I : Définitions

1. Notion d'association

Une association est une réunion durable des personnes ou


d'intérêts en vue d'un but commun.
Exemple : association des personnes vivant avec handicap
(il s'agit bien d'un regroupement de personnes qui a pour but de
défendre les intérêts de ses membres que sont les personnes vivant
avec handicap).

21
2. Au sens de la législation congolaise

Les définitions de ce terme nous sont fournies par trois textes


qui, en réalité, ne reprennent que la définition ci-dessus, mais
établissant une nette différence quant à l'objet et au but poursuivi par
chaque catégorie. C'est dans ce cadre que l'on distinguera
l'association de personnes poursuivant ou non le but lucratif
(Sociétés civiles et sociétés commerciales) et l'association de
personnes poursuivant ou non l'action politique (Sociétés civiles et
Partis politiques).
Dans le contexte de l'exercice de la liberté d'association,
seule cette dernière catégorie retiendra notre attention dans les
lignes qui suivent.

A. Loi 004-2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions


générales applicables aux Associations sans but lucratif et
aux établissements d'utilité publique

L'article 1er de cette loi définit l'association comme suit : «


l'association sans but lucratif est celle qui ne se livre pas à des
opérations industrielles ou commerciales, si ce n'est à titre
accessoire, et qui ne cherche pas à procurer à ses membres un gain
matériel. L'association sans but lucratif est apolitique ».
L'article 2 de la même loi dispose que l'association sans but
lucratif est de par sa nature et son objet soit :
- Une association à caractère culturel, social ou éducatif ou
économique ;
- Une organisation non gouvernementale, ONG en sigle ;

22
- Une association confessionnelle.
De ces deux dispositions, l'on peut conclure que le terme «
Association » est un regroupement de personnes qui se mettent
ensemble en vue d'un but ne visant pas un gain matériel quelconque.
L'alinéa 2 de l'article 1 précise que c'est l'objet de l'Association
ème er

qui va la différencier d'avec une association politique qu'est le Parti


politique ou le regroupement politique défini ci-dessus.
B. Loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et
fonctionnement des Partis politiques

Cette loi définit le parti politique comme « une association


des personnes physiques de nationalité congolaise qui partagent la
même idéologie et le même projet de société, en vue de conquérir et
d'exercer démocratiquement et pacifiquement le pouvoir d'Etat ».
Au regard de ces différents textes, le droit à la liberté
d'association ou la liberté d'association, c'est donc cette prérogative
reconnue à tout citoyen de créer, d'adhérer ou de se retirer de cette
association.

Section II : Cadre ou fondement juridique du droit à la liberté


d'association en RDC

Le cadre du fondement juridique du droit à la liberté


d'association vise l'ensemble des textes conventionnels et/ou
légaux légitimant l'exercice de ce droit. Il s'agit non seulement des
lois nationales, mais aussi du droit international qui est
essentiellement conventionnel.
1. Sur le plan international

23
Dans la Charte des Nations Unies, les Etats membres ont
proclamé leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme (parmi
lesquels se trouve la liberté d'association), dans la dignité et la
valeur de la personne humaine. C'est dans ce cadre que chaque Etat
s'est engagé à promouvoir et protéger ces droits dans sa législation
nationale qui du reste s'inspire des instruments juridiques
internationaux qui lient les Etats les ayant régulièrement ratifiés.
A. Déclaration universelle des droits de l'homme du 10
décembre 1948 (DUDH)

L'article 20 de la DUDH dispose que toute personne a droit


à la liberté de réunion et d'association pacifique ; nul ne peut être
obligé de faire partie d'une association.
L'article 23 alinéa 4 de la même déclaration dispose que
toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de
s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

ASSOCIATION DE
DEFENSE
DES DROITS DES
CHOMEURS

24
B. Pacte international relatif aux droits civils et politiques du
16 décembre 1966, et ratifié par la RDC le 1er novembre
1976

L'article 22 du Pacte dispose que toute personne a le droit de


s'associer librement avec d'autres, y compris le droit de constituer
des syndicats et d'y adhérer pour la protection de ses intérêts.
L'exercice de ce droit ne peut faire l'objet que de seules restrictions
prévues par la loi et qui sont nécessaires dans une société
démocratique, dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la sureté
publique, de l'ordre public, ou pour protéger la santé ou la moralité
publique ou les droits et libertés d'autrui.
L'exercice de ce droit peut être soumis à des restrictions
légales. C'est le cas pour les membres des forces armées et de la
police qui ne peuvent pas se constituer en association à cause de la
discipline militaire.
2. Sur le plan national

A. La Constitution de la République Démocratique du


Congo du 18 février 2006

Le Constituant du 18 février 2006 a réaffirmé l'attachement


de la RDC aux droits de humains et aux libertés fondamentales tels
que proclamés par les instruments juridiques internationaux
auxquels elle a adhéré.
L'Etat garantit la liberté d'association et tout individu en
jouit sans entrave. En effet, l'article 37 dispose : « L'Etat garantit la
liberté d'association. Les pouvoirs publics collaborent avec les

25
associations qui contribuent au développement social,
économique, intellectuel, moral et spirituel des populations et à
l'éducation des citoyennes et des citoyens. Cette collaboration peut
revêtir la forme d'une subvention. La loi fixe les modalités
d'exercice de cette liberté ».
La liberté des réunions pacifiques et de manifestation sans
armes est garantie sous réserve du respect de la loi, de l'ordre public
et des bonnes mœurs (article 25 de la Constitution).

Les manifestations sur les voies publiques ou en plein air,


soumettent les organisateurs à l'obligation d'informer l'autorité
administrative compétente (article 27 de la Constitution).
B. Les lois ordinaires

Ces lois d'application de la Constitution varient selon l'objet


et le but poursuivi par l'association. Il s'agit des associations sans
but lucratif et apolitique ou des associations politiques : les partis
politiques.

26
a) Les associations sans but lucratif

La loi de mise en œuvre de cette liberté, c'est celle


n°004/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales
applicables aux Associations sans But Lucratif (asbl) et aux
Etablissements d'Utilité publique. C'est cette loi qui définit l'asbl,
catégorise les asbl et détermine les conditions d'obtention de la
personnalité juridique.
Cette liberté d'association est garantie par les articles 7 et 12
de la loi précitée.
En effet, l'article 7 de cette loi dispose : « Les statuts de
l'association sans but lucratif ne peuvent contenir aucune
disposition contraire aux lois, aux bonnes mœurs ou à l'ordre public.
Ils doivent mentionner :
o La dénomination suivie ou précédée des mots « association
sans but lucratif », en sigle « ASBL » ;
o Le siège de l'association ; celui-ci doit être établi sur le
territoire de la République Démocratique du Congo ;
o L'objet de l'association ;
o La ou les provinces où l'association exercera ses activités ;
o Les diverses catégories des membres ;
o Les conditions d'adhésion, de sortie ou d'exclusion des
membres ; … »
Par ailleurs, l'article 12 dispose : « Tout membre de
l'association sans but lucratif peut se retirer à tout moment. Tout
membre démissionnaire ou exclu n'a aucun droit sur le fonds social
et ne peut réclamer le remboursement des cotisations qu'il a versées
».

27
Parce qu'il s'agit d'un droit, la police doit veiller à ce qu'elle
ne puisse pas s'ingérer pour quelques causes que ce soit dans
l'exercice de cette liberté (création, adhésion ou sortie).
Personne ne peut être contraint à demeurer dans une
association et nul ne peut non plus être obligé à se retirer d'une
association à moins que cela se fasse conformément aux règles
statutaires.
b) Les partis politiques et les regroupements politiques

Le texte principal est la loi n°04/002 du 15 mars 2004


portant organisation et fonctionnement des partis politiques.
L'article 3 de cette loi dispose : « Les partis politiques se
créent, s'organisent et exercent leurs activités librement sur toute
l'étendue du territoire national dans le respect de la constitution,
des lois et règlements de la République ainsi que de l'ordre public et
des bonnes mœurs ».
L'article 8 dispose : « Tout congolais ayant atteint l'âge de
18 ans est libre d'adhérer au parti politique de son choix ou de s'en
retirer.
Toutefois, les magistrats, les membres des forces armées,
des forces de l'ordre et des services de sécurité, les fonctionnaires et
agents de carrière des services publics de l'Etat ne peuvent exercer
les activités politiques adhérer aux partis politiques que
conformément aux dispositions des textes particuliers qui les
régissent ».
De même, les chefs coutumiers ne peuvent ni créer ni
adhérer à un parti politique.
L'article 10 dispose : « Le droit de créer un parti est garanti
28
en République Démocratique du Congo ». Certes, le droit de créer
ou d'adhérer à un parti politique est garanti en République
Démocratique du Congo. Mais cette liberté connait des restrictions
en ce qui concerne la Police. Les policiers ne peuvent no créer ni
adhérer à des partis politiques parce que la police est appelée à
conserver une attitude de neutralité pour mieux assurer le respect
des droits de tous.

Section III : La liberté des manifestations et de réunions


publiques corollaire à l'exercice du droit à la liberté
d'association

1. Nature des manifestations et des réunions

Le siège de la matière est le Décret-loi du 29 janvier 1999


réglementant les manifestations publiques et des réunions
publiques.
L'article 2 dispose : « Sont considérés comme
manifestations notamment :
- La direction des ressources humaines ;
- Les marches, les défilés, les cortèges ;
- Les cérémonies d'accueil ;
- Les processions à caractère politique, culturel ou religieux.
Nous pouvons donc constater que la manifestation va
concerner tant les associations civiles (ONG et autres ASBL,
syndicats…) que les associations politiques (partis politiques ou
regroupements). Il convient par ailleurs de noter qu'une personne,
de façon isolée, peut manifester son point de vue par écrit, à la télé

29
ou à la radio. Sont considérés comme réunions tous rassemblements
sédentaires d'au moins 2 personnes ne comportant aucun
mouvement continu de déplacement d'un lieu à un autre.
L'article 4 alinéa 2 dispose que les manifestations et
réunions deviennent publiques lorsqu'elles sont organisées sur la
voie publique ou dans les lieux publics ouverts, non clôturés ou
celles auxquelles le public est admis ou invité. Ces dernières sont
soumises à une autorisation préalable de l'autorité administrative.
2. Cadre juridique du droit à la liberté de manifestation et
de réunion

Le principe général de la liberté de manifestation et des


réunions publiques est garanti par les instruments juridiques tant

internationaux que nationaux qui reconnaissent à tout congolais le


droit d'organiser des manifestations et des réunions pacifiques et d'y
participer individuellement ou collectivement, publiquement ou en

30
privé, dans le respect des lois, de l'ordre public et des bonnes
mœurs.
A. Sur le plan international

a) Pacte international relatif aux droits civils et politiques (16


décembre 1966, ratifié par la RDC le 1er novembre 1976)

L'article 18 du Pacte dispose : « Toute personne a droit à la


liberté de pensée, de conscience et religion, ce droit implique la
liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou une conviction de son
choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction,
individuellement ou en commun, tant en public qu'en privé, par le
culte et l'accomplissement des rites, les pratiques et l'enseignement
».
L'article 18, en son point 3, dispose : « La liberté de
manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l'objet que
des seules restrictions prévues par la loi et qui sont nécessaires à la
protection de la sécurité, de l'ordre et de la santé publique, ou de la
morale ou des libertés et droits fondamentaux d'autrui ».
L'article 21 dispose : « Le droit de réunion pacifique est
reconnu. L'exercice de ce droit ne peut faire l'objet que des
restrictions imposées conformément à la loi et qui sont nécessaires
dans un société démocratique dans l'intérêt de la sécurité nationale,
de la sureté publique, de l'ordre public, ou pour protéger la santé ou
la moralité publique, ou les droits et les libertés d'autrui ».
b) Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels du 16 décembre 1966, ratifié par la RDC le 1er
novembre 1976
31
L'article 8 de ce Pacte dispose : « Les Etats parties au présent
Pacte s'engagent à assurer :
o Le droit à toute personne de former avec d'autres des
syndicats de son choix, sous la seule réserve des règles
fixées par l'organisation intéressée, en vue de favoriser et de
protéger ses intérêts économiques et sociaux. L'exercice de
ce droit ne peut faire l'objet que des seules restrictions
prévues par la loi et qui constituent des mesures nécessaires,
dans une société démocratique, dans l'intérêt de la sécurité
nationale ou de l'ordre public, ou pour protéger les droits et
libertés d'autrui ;
o Le droit qu'ont les syndicats de former des fédérations ou
des confédérations nationales et le droit qu'ont celles-ci de
former des organisations syndicales internationales ou de s'y
affilier ;
o Le droit qu'ont les syndicats d'exercer librement leur
activité, sans limitations autres que celles qui sont prévues
par la loi et qui constituent des limitations autres que celles
qui sont prévues par la loi et qui constituent des mesures
nécessaires, dans une société démocratique, dans l'intérêt de
la sécurité nationale ou de l'ordre public, ou pour protéger
les droits et libertés d'autrui ».

c) Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples du 26


juin 1981, ratifiée par la RDC le 20 juillet 1987

L'article 8 de la Charte dispose : « La liberté de conscience,

32
la profession et la pratique libre de la religion, sont garanties. Sous
réserve de l'ordre public, nul ne peut être l'objet de mesures de
contrainte visant à restreindre la manifestation de ces libertés ».
L'article 10 dispose à sont tour : « 1. Toute personne a le
droit de constituer librement des associations avec d'autres, sous
réserve de se conformer aux règles édictées par la loi ».
L'article 11 surenchérit : « Toute personne a le droit de se
réunir librement avec d'autres. Ce droit s'exerce sous la seule
réserve des restrictions nécessaires édictées par les lois et
règlements, notamment dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la
sûreté d'autrui, de la santé, de la morale ou des droits et libertés des
personnes ».

d) Convention relative aux droits de l'enfant du 20 novembre


1989, ratifié par la RDC le 21 août 1990.

L'article 14 alinéa 3 dispose : « La liberté de manifester sa


religion ou ses convictions ne
peut être soumis qu'aux seules
restrictions qui sont prescrites par
la loi et qui sont nécessaires pour
préserver la suretés publique,
l'ordre public, la santé et la
moralité publiques, ou les libertés
et droits fondamentaux d'autrui ».
L'article 15 alinéa 1er dispose : « Les Etats reconnaissent les
droits de l'enfant à la liberté d'association et à la liberté de réunion

33
publique ».
L'article 15 alinéa 2 dispose : « L'exercice de ces droits ne
peut faire l'objet que des seules restrictions qui sont prescrites par la
loi et qui sont nécessaires dans une société démocratique, dans
l'intérêt de la sécurité nationale, de la sureté publique ou de l'ordre
public, ou pour protéger la santé ou les libertés et droits
fondamentaux d'autrui ».

B. Sur le plan national

Le texte principal est la Constitution de la République


Démocratique du Congo.
L'article 22 dispose : « Toute personne a le droit de
manifester sa religion ou ses convictions, seule ou en groupe, tant
en public qu'en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques,
l'accomplissement des rites et l'état de vie religieuse, sous réserve
du respect de la loi, de l'ordre, des bonnes mœurs, et des droits
d'autrui ».
L'article 25 quant à lui dispose : « La liberté de réunions
pacifiques sans armes est garantie sous réserve du respect de la loi,
de l'ordre public et des bonnes mœurs ».
L'article 26 dispose : « La liberté de manifestation est
garantie ».
Toute manifestation sur les voies publiques ou en plein air,
impose aux organisateurs d'informer par écrit l'autorité
administrative compétente. La loi en fixe les mesures d'application.

Section IV : Des réunions et des manifestations

34
Le droit de constituer des groupes, d'organiser er de former
des réunions pour aborder des questions d'importance commune,
sont des droits humains.
Le droit à la liberté d'association est garanti par de
nombreux traités internationaux relatifs aux droits humains.
Pourtant, ce droit a été le mieux défini par le droit international du
travail compte tenu du lien existant entre ces droits et la capacité des
travailleurs d'assurer leur statut économique et social. La liberté
d'association est l'une des provisions centrales de l'organisation
Internationale du Travail (OIT). Les instruments régionaux et
universels protègent certains droits fondamentaux relatifs à la
liberté d'association et de réunion.
1. Droit de réunion et d'association pacifique

A. Droit de réunion

Nul ne doit être privé de ce droit sauf en cas de danger pour


la sécurité nationale ou l'ordre public. Le droit à la réunion violente
n'est pas garanti. Pourtant, les normes internationales limitent le
recours à la force par les autorités pour contrôler les réunions
pacifiques ou non pacifiques. Les normes internationales exigent
que les représentants de ces services chargés de faire respecter la loi
se servent de la force comme dernier recours, en proportion à la
menace posée par l'assemblée, et de manière à minimiser les
dommages ou les blessures.
L'on distingue d'une part les réunions privées, et d'autre part
les réunions publiques. Les premières sont celles organisées en

35
dehors de la voie publique, dans les lieux publics ou privés, fermés
ou clôturés. La réunion privée est donc principalement caractérisée
par sa localisation (en dehors de la voie publique, dans les lieux
publics ou privés fermés ou clôturés. Ces réunions privées
bénéficient d'un régime juridique le plus libéral que l'on puisse
imaginer.
Par contre, la réunion publique est celle organisée sur la voie
publique ou dans un lieu public ouvert, non clôturé ou celle à
laquelle le public est admis. Les critères de distinction utilisés pour
qualifier de publique une réunion mettent principalement en
exergue l'aspect de libre participation pour le public. Une réunion
organisée sur la voie publique est en principe publique étant donné
l'usage libre et public à laquelle est destiné le lieu de réunion à savoir
la voie publique. Les réunions publiques sont soumises à une
déclaration préalable auprès de l'autorité politique ou administrative
compétente. Bien plus, lorsqu'elles sont organisées sur le domaine
public, elles peuvent être subordonnées à l'autorisation préalable.
B. Droit d'association

JE SUIS VENUE ADHÉRER


A VOTRE SYNDICAT.

BIEN! VOICI LA FICHE A


REMPLIR, MADAME.

36
Il s'agit du droit des individus de « s'associer » et d'établir
des organisations durables. Il existe donc plusieurs catégories
d'associations : elles peuvent être civiles ou commerciales,
politiques ou apolitiques, professionnelles ou coopératives. Le
droit d'association est applicable non seulement aux personnes
souhaitant créer des associations, mais garantit aussi aux
associations le droit de libre activité sans ingérence extérieure.
C. Droit d'une personne d'appartenir ou pas à une
association

C'est le droit d'adhérer ou de ne pas adhérer à une


organisation. Dans certains pays, un individu peut subir des
représailles pour avoir adhéré à une organisation ou être obligée de
faire partie de certaines associations reconnues par l'Etat.
D. Droit d'appartenir au syndicat

La liberté d'association est un droit particulièrement


important en matière de travail. Une grande partie des décisions des
cours et tribunaux sur la question vient de la législation relative au
travail. Y est consacré le droit pou toute personne de former des
syndicats pour la promotion des intérêts économiques et sociaux.
Quelques Etats ont tenté de limiter l'activité des syndicats
en empêchant l'enregistrement des nouveaux membres.
2. Tous ces droits peuvent être révoqués uniquement pour
des raisons de sécurité nationale et d'ordre public

Généralement, ces droits ne peuvent être révoqués sauf

37
pour des raisons spécifiques concernant la sécurité nationale et
l'ordre public. Les traités n'ont pas défini les paramètres de ces
restrictions, mais la réglementation appliquée, particulièrement
celle de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, insiste sur une
interprétation limitée qui permet aux Etats de révoquer ces droits
uniquement dans des situations exceptionnelles.
3. Sortes de réunions et de manifestation

La manifestation est un
droit fondamental des pays
démocratiques. La manifestation
est l'extériorisation d'un
sentiment ou d'une opinion. Elle
peut être individuelle ou
collective (en groupe). La
manifestation est collective
quand elle prend la forme d'une
réunion organisée sur la voie
publique dans le but d'exprimer
une conviction collective. Elle
peut demeurer fixe (et même
assise, on parle de « sit-in »), mais le plus souvent elle prend la forme
d'un cortège qui se déplace.
Sont considérés comme manifestations notamment les
marches, les défilés, les cortèges, les cérémonies d'accueil, les
processions à caractère politique, culturel ou religieux.
La manifestation constitue aussi un moyen de pression à
l'égard du pouvoir politique auquel sont présentées des
38
revendications. Il existe plusieurs types de manifestations :
manifestations des travailleurs organisées par des syndicats,
manifestation de soutien à une cause internationale, manifestation
d'un groupe minoritaire militant pour la reconnaissance de ses
spécificités et de ses droits.

Néanmoins, les manifestations sont réglementées, de façon à


prévenir les troubles de l'ordre public. Il existe toujours une
obligation de déclaration préalable : les organisateurs de la

manifestation doivent, au minimum trois jours avant l'événement,


déposer une déclaration à la mairie ou au gouvernorat indiquant
leurs noms et domiciles, le jour, l'heure et l'itinéraire de la
manifestation.

Si la manifestation est interdite, rien n'empêche ses


organisateurs de saisir le juge compétent. Ce dernier opère un
contrôle très vigilant sur les autorités de police, en exigeant que
toutes les mesures de restriction en matière de manifestation soient
strictement proportionnées aux nécessités de l'ordre public.

39
CHAPITRE III : LA LIBERTE D'OPINION ET
D'EXPRESSION
La liberté d'opinion et d'expression est l'une des premières
libertés politiques et plus généralement libertés fondamentales. Elle
va de pair avec la liberté d'information et plus spécifiquement la
liberté de la presse, qui est la liberté pour un propriétaire de journal
de dire ou de taire ce que bon lui semble dans son journal, sous
réserve d'en répondre devant les tribunaux en cas de diffamation ou
calomnie. La calomnie et la diffamation étant là aussi, les
restrictions imposées à la notion de liberté d'expression pour toute
parole publique, comme pour l'incitation à la haine et au meurtre.
La liberté d'expression est un principe intangible, c'est sur
cette base que toute personne peut librement émettre une opinion,
positive ou négative, sur un sujet mais aussi sur une personne

OUI, MADAME, AU

RTV
NOM DE MA LIBERTÉ

RTV
D’EXPRESSION, JE
N’AI NI PEUR NI
HONTE DE DIRE
QU’ILS ONT MAL
TRAVAILLE...

OUI,
ET JE
PRENDS A
TÉMOIN TOUS
CEUX QUI
SUIVENT
CETTE EMIS-
SION!

40
physique ou morale, une institution. Il s'agit donc d'un droit, mais
comme tout droit, son abus peut être sanctionné.
Au regard des principes généraux et des textes qui la
consacrent, la liberté d'expression peut être démembrée en droit à
l'information et en liberté de presse.

Section I : Notions

1. La liberté d'expression
La liberté d'expression, sœur siamoise de la liberté
d'opinion, est la liberté de révéler sa pensée à autrui. La liberté
d'expression est l'un des fondements essentiels de la démocratie et
vaut même pour les idées qui choquent et inquiètent ; en
conséquence, toute restriction en la matière n'est admise que si elle
est proportionnée au but recherché.
Elle est d'autant plus précieuse que son existence est l'une
des garanties essentielles du respect des autres droits et libertés.

2. La liberté d'opinion
La liberté d'opinion et la liberté d'expression sont
indissociables. Libertés siamoises, elles ont besoin d'une de l'autre

!?

41
pour s'épanouir. Chaque être humain, entité autonome, a le droit et
la latitude de se faire son propre jugement, d'avoir un avis personnel
sur tel ou tel autre sujet.

Il s'agit là en quelque sorte de ce que l'on peut appeler la


liberté personnelle. Il est évident que l'individu est libre dans la
mesure où il possédera toujours une liberté intérieure, une liberté de
caractère purement intellectuel. Cependant, en réalité, la liberté
d'opinion n'est pas que purement interne. Elle est une liberté qui
peut se manifester.
Projetée dans le domaine de la vie sociale, la liberté
d'opinion ne peut qu'être une liberté se développant dans une
atmosphère générale de tolérance et de respect.

Section II : Fondements juridiques de la liberté d'opinion et


d'expression

1. La Déclaration Universelle des Droits de l'homme


L'article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme dispose : « Tout individu a le droit à la liberté d'opinion et
d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour
ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans
considérations de frontières, les informations et les idées par
quelque moyen d'expression que ce soit ».
Si cette déclaration universelle des droits de l'homme de
1948 ne spécifie pas davantage les conditions particulières ni les
restrictions à cette liberté d'expression, cependant, un certain
nombre de juridictions, sous l'égide des Nations unies et des pays y
adhérant, restreignent toutefois cette liberté en interdisant les
propos incitant à la haine raciale, nationale ou religieuse et relevant
de l'appel au meurtre qui sont des délits interdits par la loi.

2. Le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques

42
L'article 19 du Pacte International relatif aux Droits Civils et
politiques dispose : « Toute personne a le droit à la liberté
d'expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir
et de répandre les informations et les idées de toute espèce, sans
considération des frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée
ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.
L'exercice des libertés prévues au paragraphe 2 du présent
article comporte des devoirs spécifiques et des responsabilités
spéciales. Il peut par conséquent être soumis à certaines restrictions
qui doivent toutefois être expressément fixées par la loi et qui sont
nécessaires :
a) Au respect des droits et de la réputation d'autrui ;
b) A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre
public, de la santé et de la moralité publique ».
Ainsi, le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques de 1966, adopté par l'Assemblée générale des Nations
unies, précise que la liberté d'expression comprend « la liberté de
rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées
de toute espèce sans considération de frontière ».
3. La Déclaration de Bamako
Elle fut adoptée le 3 novembre 2000 par les ministres et
Chefs de délégation des Etats et gouvernements des pays membres
de l'Organisation internationale de la Francophonie, réunis à
Bamako pour le Symposium International sur le bilan des pratiques
de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace
francophone.

Cette Déclaration consacre la liberté d'opinion et


d'expression en ce que les Etats parties y réaffirment notamment leur
attachement au principe suivant : « La démocratie exige, en
particulier, la tenue, à intervalles réguliers, d'élections libres, fiables
et transparentes, fondées sur le respect et l'exercice, sans aucun
empêchement ni aucune discrimination, du droit à la liberté et à
l'intégrité physique de tout électeur et de tout candidat, du droit à la

43
liberté d'opinion et d'expression, notamment par voie de presse
et autre moyen de communication, de la liberté de réunion et de
manifestation, et de la liberté d'association (…) ».

4. Convention Européenne des droits de l'homme


L'article 10 de la Convention européenne des droits de
l'homme de 1950 (qui s'adresse à tous les États membres du
Conseil de l'Europe, beaucoup plus large que l'Union européenne)
dispose :
« 1. Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit
comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de
communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y
avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de
frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre
les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un
régime d'autorisations. »
« 2. L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des
responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions,
restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des
mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité
nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la
défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la
santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits
d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations
confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du
pouvoir judiciaire. »

5. La Charte africaine des droits de l'homme


44
Au niveau régional, certains textes consacrent aussi le droit à la
liberté d'opinion et d'expression.
L'article 9 de la Charte dispose :
1. « Toute personne a droit à l'information ;
2. Toute personne a le droit d'exprimer et de diffuser ses
opinions dans le cadre des lois et règlements ».

6. Constitution de la République Démocratique du Congo du 18


février 2006
La Constitution de la République Démocratique du Congo
du 18 février 2006 consacre aussi ce droit en son article 23.
Cet article dispose :
« Toute personne a droit à la liberté d'expression.
Ce droit implique la liberté d'exprimer ses opinions ou ses
convictions, notamment par la parole, l'écrit et l'image, sous
réserve du respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes
mœurs ».

Section III : Le droit à l'information

1. Contenu et divers aspects du droit à l'information


Parmi les nombreux sens que l'on peut donner au mot «
information », le plus courant -fait ou jugement que l'on porte à la
connaissance d'une personne, d'un public - peut paraitre banal.
Le fait a pris pourtant une dimension centrale dans la société
moderne. La notion de l'information ne sort pas indemne de sa
fonction actuelle. Placée au centre de la vie sociale, l'information est
aussi au centre d'enjeux économiques, technologiques et politiques.
En matière de presse, il s'agit d'informer l'opinion sur la vie
publique. Un événement tel qu'un accident de la circulation, par
exemple, ne devient information que s'il est porté à la connaissance
d'un public plus vaste que les auteurs et les observateurs immédiats
de ce fait divers.
Pour réaliser cette tache, il va falloir des moyens
d'information qui, du reste, sont des plus diversifiés (par exemple

45
les journaux) et des producteurs d'information (par exemple les
reporters).
De ce qui précède, le droit à l'information ou la liberté de
l'information s'entend comme la possibilité reconnue à tout
individu de chercher, de recevoir ou de communiquer des
informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence des
autorités publiques et sans considération des frontières. Tout
individu est libre d'obtenir et de diffuser les informations, sauf
respect des lois en la matière.
Le droit à l'information s'analyse prioritairement par
rapport aux obligations des pouvoirs publics, de ceux qui assurent
les charges publiques car ils le font au nom du peuple qui, de ce fait,
doit absolument être informé de l'évolution des choses. Le peuple
dispose donc d'un droit à l'information vis-à-vis de ces dirigeants
qui doivent ainsi lui rendre compte.
L'administré qui se rend auprès d'un service public pour
obtenir une série de renseignements ou d'informations dont il a
besoin, exerce, sans aucun doute, son droit légitime à l'information
; les pouvoirs publics qui informent la population sur les dangers
éventuels d'un produit servent le droit à l'information de leurs
populations. Les associations des consommateurs qui enquêtent
sur l'escroquerie ou l'abus éventuel dont les consommateurs
seraient l'objet dans la fourniture
d'un service donné de la part
d'une entreprise privée (ou
publique) font aussi usage de leur
droit à l'information. Ce droit
s'exprime donc sous divers
aspects.

2. Limites à la liberté
d'information
La liberté d'information a
pour limites le respect des droits
et de la réputation d'autrui (de sa
vie privée), la sauvegarde de la

46
sécurité nationale, de l'ordre public, de la santé et de la moralité
publique.
Lors de sa 1ère session, dans sa résolution 59 (I) du 14
décembre 1946, l'Assemblée Générale des Nations Unies, pour
souligner l'importance du bon usage de la liberté d'information,
déclarait ce qui suit :
« (…) La liberté de l'information exige nécessairement que
ceux qui jouissent de ces privilèges aient la volonté et le pouvoir de
ne pas abuser. L'obligation morale de rechercher les faits sans
préjugés et de répandre les informations sans intention malveillante
constitue l'une des disciplines essentielles du droit à l'information.
»
De même, à sa 2ème session, l'Assemblée Générale a adopté
la résolution 110 (II) du 3 novembre 1947, condamnant toutes les
formes de propagande impliquant une menace à la paix, et invite
dans sa résolution 127 (II) du 15 novembre 1947, les Etats membres
« (…) à étudier les mesures qu'il y aurait lieu de prendre sur le
terrain national pour lutter contre la diffusion des nouvelles fausses
et déformées qui sont de nature à nuire aux bons rapports des Etats
».
Par ailleurs, la déformation des faits met à mal le droit à
l'information des personnes; elle surprend la bonne foi des gens au
profit, bien souvent, des intérêts privés d'une minorité et au
détriment de la vraie démocratie et du bien être général. Raison
pour laquelle la déontologie des professionnels du métier de
l'information en RDC proscrit le recours au mensonge, à la
déformation des faits ou désinformation - méthode de propagande -
et recommande vivement le respect de la vérité. Le droit à
l'information n'a un sens que si la substance (l'information) est
véridique. La liberté d'information ne peut être servie que par la
vérité.

Section IV : De la liberté de la presse

1. Contenu de la liberté de la presse


La liberté de la presse a pour signification de permettre à

47
chacun d'utiliser librement la presse pour communiquer sa pensée à
autrui, ou pour accéder à l'expression de la pensée d'autrui. Le mot «
presse » est utilisé ici dans un sens global et général incluant la
presse écrite et la radiodiffusion et la télévision, bref les médias.
La liberté de la presse constitue une forme particulièrement
importante de la liberté d'expression, car en établissant une libre
communication entre des milliers, voire des millions de personnes,
elle concourt directement à la formation de l'opinion publique.
En effet, comme cadre approprié d'expression de la liberté
d'opinion, la presse est un mode privilégié de communication des
masses d'information et de culture. La liberté de la presse est une
liberté essentielle. Mirabeau a marqué ce caractère en disant qu'il
s'agit d'une liberté « sans laquelle les autres ne peuvent être
conquises ».
La liberté de la presse a un contenu politique direct dans la
mesure où elle permet la critique du gouvernement. C'est donc cet
aspect qui lui vaut d'être combattue par les dictateurs du monde
entier. En favorisant les échanges d'idées et en développant l'esprit
critique, la liberté de la presse conduit en effet nécessairement, tôt
ou tard, à remettre en cause le pouvoir politique en place. C'est ce
qui explique que la liberté de la presse soit généralement
revendiquée et défendue par les groupes d'opposition.
C'est donc logiquement qu'en République Démocratique du
Congo, tout comme dans la plupart d'autres Etats, l'histoire de la
liberté de la presse se confonde avec celle du processus de
démocratisation.
La Constitution de la République dispose à l'article 24, à ses
alinéas 2, 3 et 4 :
« La liberté de presse, la liberté d'information et d'émission
par la radio et la télévision, la presse écrite ou tout autre
moyen de communication sont garanties sous réserve du
respect de l'ordre public, des bonnes mœurs et des droits
d'autrui.
La loi fixe les modalités d'exercice de ces libertés.
Les médias audiovisuels et écrits d'Etat sont des services
publics dont l'accès est garanti de manière équitable à tous
les courants politiques et sociaux. Le statut des médias
48
d'Etat est établi par la loi qui garantit l'objectivité,
l'impartialité et le pluralisme d'opinions dans le traitement
et la diffusion de l'information ».

En droit congolais, d'autres textes régissent aussi la presse.


Nous pouvons citer principalement, et non exclusivement, la loi
n°96/002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de la liberté de la
presse.

2. Limites à la liberté de la presse

Plus que toute autre liberté, la liberté de la presse est


susceptible de donner naissance à des agissements contraires à la
dignité des personnes, à la tranquillité et à l'ordre public. Le risque
est en effet permanent que les journalistes glissent de l'information
à la diffamation ou à l'atteinte à la vie privée, ou confondent
l'expression d'une opinion à la provocation de troubles. Or,
lorsqu'ils se produisent, de tels événements sont d'autant plus
dangereux qu'ils captent immédiatement l'attention de dizaines,
voire de centaines de milliers de lecteurs, auditeurs et
téléspectateurs plus ou moins dispersés à croire, en vertu du
phénomène bien connu de la sacralisation de la presse.

Dans le régime de crise, quand est proclamé l'état d'urgence


et l'état de siège, il est permis de limiter et de restreindre
considérablement la liberté de la presse.

Plus encore que l'ordre public, la dignité des personnes est


menacée par la presse. Contrairement à l'Etat qui est de taille à
protéger les intérêts généraux dont il a la charge, les particuliers
paraissent en effet vulnérables et démunis face à la puissance
financière et médiatiques des entreprises privées.

De manière générale, au regard des dispositions relatives à


la liberté de la presse contenues dans les principaux instruments
juridiques considérés, celle-ci a pour limites impératives :
- L'ordre public ;
- La moralité et les bonnes mœurs ;
49
- Et l'honneur et la dignité des individus.

En vue d'assurer le respect de ces limites, et eu égard au


régime libéral de la presse, le législateur a organisé un régime
répressif en pénalisant particulièrement certaines actions, en
établissant des interdictions particulières quant à l'exercice de la
liberté d'information pour souligner les impératifs d'exactitude,
d'honnêteté et de secret dans certains cas.

Outre l'autorité judiciaire, le législateur attribue


compétence de sanctionner à l'autorité administrative ; mais aussi,
il prévoit des mécanismes directs de réparation au profit des
particuliers en dehors du recours à l'une quelconque de deux
autorités précédemment citées.

GENRE ET VIOLENCES SEXUELLES


50
CHAPITRE IV : GENRE ET VIOLENCES SEXUELLES

La République Démocratique du Congo, particulièrement à


l'Est et au Nord du pays, vit depuis plus d'une décennie une situation
de guerres qui l'a plongée dans une crise multiforme caractérisée
par de millions de morts, de déplacements forcés des populations,
de graves violations des droits humains, la destruction des
infrastructures socio-économiques de base, l'effondrement de
l'administration publique et la propagation du VIH/SIDA.
Les efforts entrepris par les institutions démocratiques de la
République dont en particulier le Gouvernement avec l'aide de la
communauté internationale pour la pacification du Pays et la
consolidation de la paix ont démontré sans nul doute l'importance
de la prise en compte du Genre tant dans la prévention, la résolution
des conflits que dans la gestion de la période post-conflit.
L'analyse situationnelle des questions de Genre en
République Démocratique du Congo semble de nos jours faire
ressortir la persistance des inégalités et iniquités dans la perception,
la répartition, le contrôle et la gestion des ressources entre les
hommes et les femmes.

Malgré le fait que les violences basées sur le Genre soit un


domaine de recherche encore très récent en RDC, les statistiques
existantes semblent déjà alarmantes. En effet, déjà pour l'ensemble
du pays, sur plus de 6.000 cas des violences sexuelles enregistrés au
début de l'année 2009 et à la suite des conflits armés, près de 99,2 %
des victimes sont de sexe féminin alors que 0,8% sont de sexe
masculin. (STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE
LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE (SNVBG),
Novembre 2009, p. 13).
Ces disparités se reconnaissent aussi dans l'analyse des
différences entre les sexes et des méthodes d'établissement de

51
cartes de risques et de vulnérabilités au niveau de la conception de
tous les programmes et projets de développement concernés afin
d'améliorer l'efficacité de la gestion des risques liés aux
catastrophes, en faisant appel à la participation des femmes et des
hommes sur un pied d'égalité. Elles apparaissent également dans les
traitements que notre société réserve aux filles et aux garçons,
notamment dans l'accès à l'école surtout en milieu rural, la
représentation des hommes et des femmes dans les instances
décisionnelles. En effet, les inégalités entre les hommes et les
femmes constituent un frein à la promotion des droits humains, à la
réduction de la pauvreté, à la croissance économique et au
développement social durable alors que la réalisation des objectifs
de développement durable exige la participation effective et
égalitaire des hommes et des femmes et ce, à tous les niveaux du
processus de la création et de la redistribution des richesses.
C'est pourquoi, la RDC qui a souscrit à la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme ainsi que à l'ensemble des
engagements internationaux qui visent à promouvoir une plus
grande justice sociale et l'égalité entre les hommes et les femmes, et
qui reste très attachée à la promotion et à la défense des droits
humains et à la lutte contre toutes les formes de discriminations, se
doit de faire de la question de l'égalité entre les femmes et les
hommes une de ses préoccupations telle que relevée dans la
Constitution de la République en son article 14 en rapport avec la
mise en œuvre du principe de la Parité Homme-Femme.

52
Section I Notions : Genre et violence de genre

La distinction entre sexe et genre, initialement anglo-saxonne, s'est


imposée comme un fait majeur et l'un des pivots de la réflexion
sociologique. Si le sexe se réfère aux différences biologiques qui
existent entre les femmes et les hommes et à la différence
corrélative entre leurs fonctions procréatives, le genre a trait non à
la différence, mais à la différentiation sociale et culturelle des
sexes. Il fait référence aux relations construites socialement entre
les femmes et les hommes (époux/épouse), mais aussi entre
femmes et femmes (mère/fille) et entre les hommes et les hommes
(père/fils). Le genre, c'est donc l'identité (sociale) que la société,
dans un contexte socio-culturel, religieux et économique donné,
confère aux hommes et aux femmes. L'identité « genre » détermine
largement les relations entre les femmes et les hommes, dans la
sphère privée (famille) comme dans la sphère publique (ex. au
travail). Les relations de genre sont spécifiques à un contexte et
s'entrecoupent avec d'autres facteurs signifiant que tous les
hommes et toutes les femmes ne sont pas les mêmes. Les facteurs
qui affectent l'identité « genrée » des hommes et des femmes dans
un contexte sont : l'âge, la classe sociale, le milieu géographique, la
religion, la race, l'ethnie, l'époque, etc.

La théorie du genre est un cadre conceptuel qui sert à analyser les


rapports sociaux qui régissent les relations entre les femmes et les
hommes, en intégrant leurs différences, leurs complémentarités et
leurs synergies. L'approche du genre est une nouvelle construction
théorique des rapports sociaux de sexe. Elle constitue une rupture

53
critique avec la sociologie qui les a longtemps ignorés. Une analyse
sensible au genre permet d'intégrer la prise en compte des
dynamiques de changements sociaux dans une situation donnée et
le suivi ultérieur de leur évolution, notamment au regard de la
réduction ou de l'aggravation des disparités entre hommes et
femmes.

Dans ce contexte, on parle de violence de genre pour désigner la


violence fondée sur la discrimination sexuelle, celle qui est exercée
à l'égard des femmes et qui est engendrée par le fait même d'être une
femme. La violence à l'égard des femmes apparaît aussi bien
comme un moyen de perpétuer la subordination des femmes qu'un
effet de cette subordination. Ces violences traduisent en actes,
l'autorisation sous-jacente de notre société, à dominer, asservir,
contrôler la vie et le corps des femmes, quel que soit leur âge. C'est
la subordination des femmes au pouvoir masculin, En d'autres
termes, les relations inégales de genre sont à la base de la variété de
sévices que subissent les femmes. Il y a sous-jacents aux
comportements de violence sexiste, des rapports de force et de
domination des hommes sur les femmes, des rapports sur les filles,
parfois directs, d'autres fois plus subtiles, beaucoup plus souvent
admis dans le passé que de nos jours. Elle ne se limite à un pays, une
région ou une culture en particulier, Elle se présente dans tous les
pays, dans toutes les couches sociales, les groupes ethniques ou
culturels. Toutefois, les études menées sur le sujet montrent que de
nombreux facteurs, notamment le statut économique, la race,
l'origine ethnique, la classe sociale, l'âge, l'orientation sexuelle, la
nationalité, la religion et la culture, façonnent les différentes

54
manifestations de cette violence et les expériences personnelles des
femmes qui en sont victimes

Les principales formes et manifestations de la violence à l'égard des


femmes sont très diversifiées et présentent un large éventail
d'agressions : agressions sexuelles, viols, violences conjugales,
harcèlement sexuel., harcèlement moral, inceste, mutilations
sexuelles, contrôle de virginité, mariages forcés, exploitation
sexuelle, prostitution, exploitation pornographique, interdiction de
sortir, de travailler à l'extérieur, privation d'argent ou de papiers
d'identité etc…

Ces différentes formes de violences sont généralement classées de


la manière suivante :

1. La violence physique : cette forme de violence est la plus


visible : coups, blessures, fractures etc.
2. La violence psychologique, sous une forme verbale ou non
verbale : dénigrement, humiliation, attaques verbales,
scènes de jalousie, menaces, contrôle des activités,
tentatives d'isolément des proches et des amis pouvant aller
jusqu'à la séquestration etc.
3. La violence sexuelle : relations sexuelles, complètes ou
incomplètes, sans consentement et/ou sous la contrainte.
4. La violence sociale : juridique, culturelle ou autre.
5. La violence économique : privation de moyens ou de biens
essentiels, contrôle ou spoliation, parfois même lorsque la
femme a une activité rémunérée.

55
De façon particulière, l'état des lieux des violences basées sur
le Genre en RDC indique selon l'ordre de gravité la persistance de
plusieurs types des violences, à savoir :
- Les violences liées aux conflits armés (viols, esclavage sexuel,
Maternités précoces, Maternités non désirées, Destruction des organes
génitaux, Contamination massive au VIH et Sida, Déplacements
massifs, Errance, Dislocation familiale et marginalisation,
Traumatismes psycho sanitaires, Aggravation de la pauvreté féminine,
Tueries sauvages…).
- Les violences sexuelles commises dans les zones hors conflit : viols,
y compris de mineurs et d'enfants très jeunes dans les zones minières et
dans le milieu scolaire, incestes, harcèlement sexuel, prostitution
forcée, prostitution juvénile, mutilations sexuelles etc.
- Les violences socio-économique et culturelles : liées à la persistance
des pratiques sociales rétrogrades et sexistes et à la dégradation des
conditions de vie (Maltraitance des veuves, spoliation des orphelins,
mariages précoces, mariages incestueux, mutilations sexuelles et
physiques, croyances à la sorcellerie, infantilisation de la femme,
prostitution juvénile ou forcée, etc.…) ;
- Les violences domestiques liées à la maltraitance et à la sous
valorisation des contributions féminines dans le ménage et la famille
(Femmes battues et humiliées, corvées ménagères, dépendance et
soumission exigée des femmes, discriminations entre garçons et filles
en famille…);
Aux violences citées plus haut s'ajoutent des inégalités
institutionnalisées liées aux dispositions discriminatoires de certains
textes de lois encore en cours dont le Code de la Famille.

Section II Contexte international et national

Il est question à ce niveau de passer en revue les efforts


entrepris au niveau international puis national en termes de volonté
ferme de changer la vision sur les conditions des femmes.

56
1. Contexte international

Les efforts ont été remarqués au niveau universel et au niveau


régional.

Au niveau universel

Plusieurs conférences régionales et mondiales ont été


organisées avec comme objectif de remodeler la vision sur les
conditions de vie des femmes, les relations de pouvoir entre les
hommes et les femmes et le respect équitable des droits humains
dont les droits des femmes sont une partie intégrante.

Ces assises ont permis à tous les niveaux de reconnaître le


rôle crucial des femmes dans le développement et la nécessité de
leur participation équitable à la prise de décision pour asseoir un
développement durable.

La Charte des Nations


Unies est devenue le premier
instrument international à
instaurer le principe d'égalité
entre les hommes et les
femmes. Ces droits ont
commencé en 1945 par
l'octroi aux femmes de la possibilité de voter et d'être élues. En
effet, en 1960, la convention concernant la lutte contre les
discriminations dans le domaine de l'enseignement pose les jalons

57
de l'égalité de chance pour les femmes et les filles dans
l'enseignement. En 1974, la déclaration sur la protection des
femmes et des enfants en période d'urgence et des conflits armés
confirme la nécessité de l'égalité entre les hommes et les femmes ;
en 1975, l'Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé
l'Année Internationale de la Femme et a convoqué la première
conférence mondiale sur la femme à Mexico ; en 1979, la
Convention sur l'Elimination de toutes les formes des
Discriminations à l'égard de la Femme (CEDEF) dont la force
exécutoire consiste à réclamer l'égalité de la femme aussi bien dans
les législations que dans les faits ; en juillet 1985, s'est tenu à
Nairobi (Kenya), la Conférence mondiale pour évaluer les résultats
de la première décennie de la femme décidée à Mexico en 1975 où il
a été adopté «les stratégies prospectives d'action de Nairobi» pour la
promotion de la Femme ; en 1995, la Conférence de Beijing sur
l'évaluation de 2ème décennie a abouti à l'élaboration du Plan
d'Action en 12 domaines prioritaires ; en 2000, l'adoption des
Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD), dont le 3ème

Objectif est consacré à la promotion de l'égalité des sexes et à


l'autonomisation des femmes, est la preuve de la détermination des

58
dirigeants du monde à promouvoir l'égalité entre les hommes et les
femmes ; la Résolution 1325 du Conseil des Nations Unies
incorpore une démarche 'sexospécifique' dans toutes les opérations
de maintien de la paix et prévoit la participation des femmes aux
institutions clés et aux organes de décision.

Au niveau régional

Au niveau régional, la mise au point du Nouveau


partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) a été
l'occasion pour les chefs d'Etats et des gouvernements de
considérer l'égalité entre hommes et femmes et l'habilitation de ces
dernières comme des facteurs essentiels de l'éradication de la
pauvreté et du développement durable.

Au niveau de la Charte de l'Union Africaine, il est


clairement stipulé qu'il revient à l'Etat de "veiller à l'élimination de
toute discrimination contre la femme et d'assurer la protection des
droits de la femme et de l'enfant tels que énoncés dans les
déclarations et conventions internationales ".

Au sommet de Maputo, tenu en juillet 2003, les chefs d'état


ont introduit la parité Homme Femme dans le Conseil de l'Union et
ont adapté le Protocole à la Charte Africaine des Droits de
l'Homme et des Peuples relatif aux droits de la Femme. Le
Protocole en question traite de manière spécifique les mesures à
prendre pour combattre effectivement la discrimination à l'égard
des femmes sous toutes ses formes.

Cet engagement de l'Union Africaine est confirmé à la

59
Conférence des Chefs d'Etats et des gouvernements de 2004 qui ont
adopté une Déclaration solennelle en faveur de l'égalité entre
hommes et femmes dans les instances de décision et au niveau des
postes électifs.

En somme, les contextes mondial et régional offrent à la


RDC de réelles opportunités pour réaliser l'équité et l'égalité de
genre.

2. Le contexte national

La Constitution de la République du 18 février 2006

La Constitution de la République consacre le principe de la


mise en œuvre de la Parité Homme et Femme. En effet, l'article 14 de
la Constitution dispose :
« Les pouvoirs publics veillent à l'élimination de toute forme
de discrimination à l'égard de la femme et assurent la
protection et la promotion de ses droits.
Ils prennent, dans tous les domaines, notamment dans les
domaines civil, politique, économique, social et culturel,
toutes les mesures appropriées pour assurer le total
épanouissement et la pleine participation de la femme au
développement de la nation.
Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de
violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie
privée.
La femme a droit à une représentation équitable au sein des
institutions nationales, provinciales et locales.
L'Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme
dans lesdites institutions.
La loi fixe les modalités d'application de ces droits ».

60
Le Document de Stratégie Nationale de la Croissance et
de la Réduction de la Pauvreté et le Programme
d'Actions Prioritaires

Avec une superficie de 2,4 millions de Km2 et une


population estimée à près de 60 millions d'habitants, la RDC est l'un
des pays les plus peuplés d'Afrique avec un taux d'accroissement
démographique de 3,2%. Et près de 80% de la population survivent
avec moins de 1 US$ par jour et par personne. Ce contexte de
pauvreté massive a été aggravé par divers conflits armés et
communautaires.

Face à la persistance de la pauvreté, le Gouvernement a


élaboré en 2006, avec la participation des différents acteurs de la
vie politique, économique et sociale, un premier Document de
Stratégie Nationale de Croissance et de Réduction de la Pauvreté
(DSCRP).

Plusieurs politiques et programmes sectoriels sont entrain

61
d'être élaborés et mis en œuvre pour soutenir l'exécution du DSCRP.
A cela, il y a lieu d'ajouter le Programme d'Actions Prioritaires
(PAP) du Gouvernement et la réalisation des cinq chantiers de la
République initiés par Son Excellence Monsieur Joseph KABILA
KABANGE, Président de la République qui, somme toute, ouvrent
des perspectives pour l'intégration du Genre dans les politiques,
programmes et projets du développement de la RDC (Texte DSCRP,
juillet 2006, sous Diagnostic sectoriel et thématique, secteurs
sociaux, genre,).

3. Cas de discrimination à l'égard de la femme

1. Faible participation des femmes dans les institutions


politiques
En matière de droit, les différentes constitutions nationales
qui se sont succédé et les instruments juridiques internationaux
ratifiés par la RDC reconnaissent l'égalité de droit entre l'homme et
la femme, mais le constat est que l'application de ces dispositions
pose problème. En effet, un éventail des dispositions
discriminatoires à l'égard des femmes est encore prescrit dans les
différents textes juridiques nationaux tels que le Code de la famille,
le Code du travail, le Code pénal, le Code des investissements…
La participation des femmes aux niveaux politique, public,
syndical et dans le secteur privé connaît certes des avancées, mais la
situation revêt encore beaucoup d'inégalités dans la représentativité
des femmes alors que la constitution de la RDC consacre dans son
article 14 et 15, la parité et la non discrimination des femmes dans
tous les secteurs de la vie nationale et à tous les niveaux.

62
Pour corriger ces inégalités, un projet de loi portant mise en
œuvre de la parité Homme Femme a été présenté par le
Gouvernement pour examen et adoption. Les femmes sont souvent
sous représentées dans les institutions stratégiques de prise de
décisions telles que le Gouvernement central, le Parlement, le
syndicat, les coopératives, les administrations locales, les Entités
décentralisés, les organisations professionnelles ainsi que les
instances de base. À l'Assemblée Nationale, par exemple, l'on
compte actuellement 42 femmes députés sur 500, soit 8,4%, au
Gouvernement, 5 femmes sur 45 Ministres et Vice Ministres, soit
11 %, au Sénat 5 femmes sur 108 sénateurs, soit 4,6 % et sur 11
Gouverneurs de province, il n'y a aucune femme, soit 0 %. Pour ce
qui est des Mandataires publics, l'on note actuellement 53 femmes
sur 296 mandataires, soit 7,9%, 7 femmes sur 55 sont Secrétaires
Généraux de l'Administration Publique soit 12,7 %. Toutes ces
données statistiques démontrent à suffisance la faible
représentativité des femmes dans les instances de prise de décision.

2. Emploi et accès aux ressources


L'apport considérable et incontestable des femmes dans la
survie des ménages ne leur donne pas pour autant l'opportunité
d'être capitalisée dans les circuits économiques formels.
Aujourd'hui, un nombre important des ménages (80%) doivent leur
survie aux femmes (PNUD, 2006) qui sont devenues les principales
pourvoyeuses des moyens de subsistance.
L'enquête Emploi 1-2-3 a estimé la proportion des femmes
travaillant en dehors des foyers à près de 67,5% en 2005 et à 64,1%
en 2007 (travail exercé dans le secteur agricole). Les femmes
participent aux travaux champêtres plus que les hommes aux étapes
du processus de production et de commercialisation. Au niveau de
maraîchage ou de riziculture généralement après la saison des

63
pluies, les femmes pratiquent beaucoup plus le maraîchage mais le
plus souvent sur des parcelles de petite superficie (plate-bande).
L'accès à la terre par voie de succession étant le mode
dominant est généralement réservé aux hommes. Bien que l'accès à
la propriété de la terre soit réservé autant à l'homme qu' là la femme,
son coût reste très onéreux et donc inaccessible à la femme sans
moyens personnels.

L'EDS démontre que les proportions des femmes qui


travaillent hors du ménage sont plus importantes que celles des

hommes dans les ménages pauvres 79,5% contre 67,3%, tandis que
pour des ménages les plus riches, les proportions des hommes sont
supérieures à celles des femmes 55,2 % contre 41,9 %.

Il convient de signaler que les femmes qui sont majoritaires


dans les secteurs informels (54,2%) travaillent dans des conditions
très précaires.

L'enquête 1-2-3 indique un taux de salarisation pour le Pays

64
qui est très bas soit 11,23% et ce taux discrimine fortement les
femmes dans les villes comme dans les provinces. La répartition des
actifs du secteur public selon le sexe et la catégorie
socioprofessionnelle montre la nette sous représentation des
femmes parmi les cadres de direction (1,3%), cadres de
collaboration (12,4%) mais par contre, elles sont en majorité
concentrées dans les fonctions subalternes (employées, ouvrières)
avec un taux de 53,4%.

En RDC, il est difficile de parler d'égalité de chance et de


traitement entre les hommes et les femmes en matière d'emploi et de
rémunération étant donné que le Gouvernement n'applique pas une
bonne politique d'emploi et de salaire pouvant sécuriser l'ensemble
de ces travailleurs sur le plan social.

3. Violences faites à la femme.

Les violences faites aux femmes et aux filles demeurent un


problème important en RDC. L'enquête en milieu urbain et en

65
milieu
semi urbain effectuée en 1999 (GAMBEMBO) indique que les
femmes
subissent diverses formes de violences dont physiques, morales,
psychologiques et économiques. L'étude montre que 53% font
l'objet de
propos injurieux, 39% sont victimes de coups et blessures et 27% de
pratiques coutumières néfastes.
A cela, il faut ajouter la nécessité de prendre en charge les
conséquences des violences infligées aux femmes pendant la guerre
qui
sont d'ordre physique, physiologique et social. La violence à l'égard
de
la femme est un domaine de recherche très récent, mais les
statistiques
existantes sont déjà alarmantes.

Ainsi pour l'ensemble du pays, sur plus d'un million des cas
des violences sexuelles enregistrées au début de l'année 2009, près
de 99,2 % des victimes sont de sexe féminin alors que 0,8% sont de
sexe masculin.

Section III Mécanismes de protection des victimes


Toutes formes de violences sexuelles à l'égard des femmes est
une menace pour la paix et la sécurité internationale. Par ailleurs,
les victimes sont protégées tant sur le plan international que
national.
1. Du point de vue international
Il faut noter qu'à ce niveau 3 Résolutions des Nations Unies
répriment les violences à savoir :
La Résolution 1325
La Résolution 1325 qui comprend dix axes :

66
- paix,
- sécurité,
- VIH/SIDA,
- violences sexuelles et basées sur le genre,

- la promotion et la protection des droits des femmes,


- consolidation d'un Etat de droit,
- coopération régionale et internationale,
- recherche et études,
- suivi et évaluation.

La Résolution 1820
La Résolution 1820 reconnaît que l'utilisation des violences
sexuelles comme tactique de guerre est une question de paix et de
sécurité internationale. Cette résolution constate que les violences
sexuelles systématiques et répandues peuvent aggraver les conflits
armés, constituer une menace pour la paix et la sécurité
67
internationale et avoir un impact sur la réconciliation, le
développement et la paix durable. Les violences sexuelles posent
de sérieux problèmes physiques, psychologiques et de santé aux
victimes, et ont des conséquences sociales directes sur les
communautés et la société toute entière.
La Résolution réaffirme l'engagement politique du Conseil
de Sécurité à protéger les femmes et les filles contre les violences
durant les conflits armés et réaffirme son intention d'envisager des
sanctions ciblées à l'égard des auteurs.

La Résolution 1960
La Résolution 1960 réaffirme que la violence sexuelle,
utilisée ou commanditée comme tactique de guerre ou dans le cadre
d'une attaque généralisée ou systématique dirigée contre des
populations civiles peut considérablement exacerber et prolonger
les conflits armés et compromettre le rétablissement de la paix et de
la sécurité internationale.

68
Elle affirme que des mesures efficaces destinées à prévenir
et réprimer ces actes de violence peuvent contribuer au
rétablissement de la paix et de la sécurité internationale.

2. Sur le plan interne


Il y a la loi n°06/018 du 20 juillet 2006 et la loi n°06/019 du
20 juillet 2006 dites lois sur les violences sexuelles.
1. Loi n°06/018 du 20 juillet 2006
La première loi définit légalement le viol conformément aux
principes du Droit international. Ainsi, l'article 170 dispose « aura
commis un viol , soit à l'aide de violences ou menaces graves ou par
contrainte à l'encontre d'une personne, directement ou par
intermédiaire d'un tiers, soit par surprise, par pression
psychologique, soit à l'occasion d'un environnement coercitif, soit
en abusant d'une personne qui par le fait d'une maladie, par
l'altération de ses facultés ou par toute autre cause accidentelle aura
perdu l'usage de ses sens ou en aurait été privé par quelques
artifices(……).
Ainsi défini, le viol cesse d'être une infraction
exclusivement « masculine » car, il ne se limite plus à la seule
pénétration du sexe de l'homme dans celui de la femme. Il s'applique
à tout objet introduit dans tout orifice de l'homme comme de la
femme sans le consentement de celui-ci ou de celle là et cela, quand
bien même ces orifices ne présenteraient pas uneMAvocation
MA LYDIE
sexuelle
intrinsèque.
2. Loi n°06/019 du 20 juillet 2006
La seconde loi concerne plus les amendements qui affectent
certaines dispositions du Code de procédure pénale congolais en

69
rapport avec : la durée de l'enquête préliminaire limité à un mois, la
procédure pré- juridictionnelle et juridictionnelle qui s'étend à trois
mois, l'obligation faite à l'OPJ saisi d'un cas de violences sexuelles
d'en informer l'OMP dont il dépend dans les 24 heures (…)

Section IV Les défis de la politique nationale du genre


Le défi majeur de la Politique Nationale Genre de la RDC
reste celui de l'habilitation des femmes congolaises au niveau
stratégique et politique, économico financier, socioculturel et
institutionnel.

1. Au niveau stratégique et politique


Etant donné que la majorité de ceux qui ont subi les effets
pervers des conflits armés, y compris les réfugiés et les déplacés,
sont des civils, en particulier les femmes et les enfants, et que les
combattants et les éléments armés les prennent de plus en plus
souvent pour cibles, et conscient des conséquences qui en
découlent pour la poursuite de la réconciliation nationale amorcée,
la pacification et la sécurisation de la RDC ainsi que la
consolidation de la stabilité et de la paix durable dans la Région des
Grands Lacs, le défi prioritaire reste d'impliquer suffisamment les
femmes dans les mécanismes de la prévention, de la gestion et de la
résolution des conflits ainsi que de la consolidation de la stabilité et
de la paix durable, de les faire participer sur un pied d'égalité que
les hommes à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la
paix et la sécurité ; qu'elles y soient associées pleinement et qu'elles
participent davantage à toutes les instances de prise des décisions
en vue de la prévention et le règlement des conflits conformément à

70
la Résolution 1325 des Nations Unies.
L'autre défi majeur à relever à ce niveau est la création des
conditions favorables à l'accès équitable des femmes autant que des
hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives

conformément à l'article 14 de la Constitution de la RDC. En effet,


tout au long du cycle électoral, les femmes ont démontré
suffisamment leur intérêt aux élections en y participant
majoritairement comme électrices à tous les niveaux, mais aussi en
tant que candidates et Membres des bureaux de vote pour la
désignation des gouvernants élus démocratiquement et la mise en
place d'un nouveau paysage politique en RDC. Cependant, les
conditions et les situations dans lesquelles elles évoluent dans les
processus électoraux en cours ne leur sont pas favorables pour un
impact plus visible, en particulier pour celles qui se sont engagées
comme candidates. Ces conditions et situations ont concerné
davantage le manque des moyens financiers compte tenu de leurs
difficultés déjà criantes pour l'accès aux ressources économiques et
financières, le contexte sexiste et les pesanteurs socioculturelles

71
dans lesquels ont été élaborées les dispositions légales et les
faiblesses d'un leadership des femmes positionnées jusque là par la
seule volonté des hommes.
Etant donné que les femmes constituent la majorité de la
population congolaise (52%), qu'elles constituent avec les enfants
la majorité des victimes des conflits armés qu'a connu la RDC
durant les huit années de guerres (70%), que durant toutes ces
années de transition démocratique elles sont restées malgré tout
majoritairement pourvoyeuses des ménages( 80%) et qu'à ce jour,
elles constituent majoritairement la population active en RDC,
l'autre défi majeur à relever reste également l'institutionnalisation
du genre dans les politiques et programmes de développement de
ce Pays conformément aux recommandations de la CEDEF.

2. Au niveau économique et financier


Le défi majeur dans le
secteur économique en ce qui
concerne l'habilitation des femmes
est certainement la prise en compte
du genre dans la mise en œuvre du
Document de Stratégie Nationale
pour la Croissance et la Réduction
de la Pauvreté (DSCRP) «
Nouvelle Génération » comme une
valeur ajoutée pour la réalisation
des ses objectifs de la création des richesses et de croissance
économique en vue du développement durable car pour atteindre
les objectifs du développement qu'elle s'est fixée dans le DSCRP

72
d'ici à 2015 conformément aux Objectifs Millénaires du
Développement( OMD), la RDC a besoin d'un taux de croissance à
deux chiffres. Ce qui n'est pas possible s'il ne prend pas en compte la
contribution de la partie la plus importante de ses ressources
humaines et de sa population active.
L'autre défi important d'ordre économique est l'intégration
de l'approche « Droit » basée sur les nécessités d'équité et de justice
sociale dans l'élaboration et la mise en œuvre des outils
d'opérationnalisation économique conformément aux
recommandations de Beijing + 10 (Budget, lois, codes, revenu…)
pour promouvoir et protéger les droits économiques des femmes car
la féminisation de la pauvreté en RDC reste aggravée par une
structure socio-économique patriarcale qui est à la base des
relations sociales et de pouvoir inégales entre les sexes.
Il reste que l'autre défi non moins important dans le domaine
économique est le renforcement du pouvoir économique des
femmes par l'accès et
le contrôle des
ressources car comme
il est dit dans les
OMD, la réduction de
la pauvreté passe
nécessairement par
une création des
richesses qui, elle,
passe par une amélioration de la productivité de la majorité de la
population active que sont les femmes. D'où la nécessité de les voir
autant présentes dans les différents secteurs de production.

73
3. Au niveau social et culturel
Tenant compte du contexte social et multiculturel tel qu'il
influe sur la promotion de la femme et de la jeune fille, un des défis
majeurs est certainement l'intégration de l'égalité des chances entre
les sexes dans le foyer, la scolarisation à tous les niveaux et la
revitalisation de la jeunesse ainsi que dans la prise en compte des
situations particulières vécues par les femmes et jeunes filles en
rapport avec la santé de la reproduction.
L'autre défi important reste celui relatif à l'établissement de
l'état de lieu des violences basées sur le genre vécues en RDC., dont
particulièrement les violences sexuelles et à leur prise en charge. En
effet, la loi contre les violences sexuelles adoptées en Juillet 2006
par le Parlement ayant limité la question aux violences sexuelles
identifiées seulement à l'effet des conflits armés, devrait être
intégrée dans le cadre plus vaste de l'élaboration et de la mise en
œuvre de la Stratégie Nationale de lutte contre toutes les formes des
violences faites à la Femme, à la Jeune et petite fille à travers
l'opérationnalisation de l'Agence Nationale de Lutte contre les
violences faites à la Femme (AVIFEM).

74
Le VIH/Sida reste un défi majeur en RDC avec
l'accélération et l'augmentation des programmes de prévention,
l'augmentation de l'accès à des traitements et des soins de qualité, la
réduction de l'impact négatif sur la qualité de vie des personnes
atteintes par le VIH/Sida et leurs familles ainsi que une vision
stratégique et des mécanismes de mise en œuvre.

4. Au Niveau Institutionnel

Le défi prioritaire à relever au niveau institutionnel est de


faire en sorte que les institutions et leurs animateurs élus
démocratiquement (Président de la République, Parlement,
Premier Ministre, Gouverneurs des provinces, Maires des villes et
Bourgmestres des communes et territoires) intègrent le genre dans
leurs politiques, programmes, activités et procédures et adaptent à
chaque niveau la stratégie nationale d'intégration de genre dans les
politiques, programmes et projets.
Le fait que les mécanismes de suivi et d'évaluation
d'intégration du genre dans les politiques et programmes à tous les
niveaux national, provincial, urbain, territorial, municipal et local
devraient s'adapter et s'améliorer à travers la mise en œuvre du
Programme National pour la Promotion de la Femme Congolaise
(PNPFC) actualisé reste un autre défi institutionnel à relever.
En outre, l'expérience vécue en RDC, d'une part, dans la
difficulté de rendre opérationnel le Groupe thématique genre des
Agences du Système des Nations Unies et d'identifier les points
focaux genre dans toutes les Agences du SNU pour partager
régulièrement les préoccupations genre dans le respect de mandat

75
de chaque agence, et d'autre part, les faiblesses reconnues dans la
coordination entre Agences du SNU sur des projets genre
antérieurs dont notamment celui sur la lutte contre les violences
sexuelles et celui sur Genre et Elections justifient à juste titre l'autre
défi important de voir les Agences des NU harmoniser leurs
missions sur des projets conjoints en genre.

76
Conclusion
Nous nous sommes efforcés de mettre en lumière le
contenu et la portée juridiques des droits civils et politiques et
d'illustrer leurs caractéristiques.
Il appert donc qu'il existe en République Démocratique du
Congo un cadre juridique de protection des droits civils et
politiques. Ce cadre est fait d'instruments internationaux et
internes(constitution, lois, et règlements).
La Constitution du 18 février 2006 contient un riche
catalogue de droits civils et politiques. La proclamation
constitutionnelle de ces droits est richement complétée par celles
d'un très grand nombre d'instruments internationaux relatifs aux
droits de l'homme auxquels la République Démocratique du Congo
est partie. Ces instruments font partie de notre arsenal juridique
interne et beaucoup de leurs dispositions (celles qui sont auto-
exécutoires) peuvent être invoquées devant les cours et tribunaux
qui ont l'obligation de les appliquer.
Les dispositions de la constitution peuvent, dans une bonne
partie, elles aussi, être appliquées directement par les cours et
tribunaux. Certaines dispositions exigent que des lois d'application
soient prises. Mais d'ores et déjà, il existe une panoplie de lois
particulières qui aménage l'exercice des droits proclamés dans la
constitution. La création des juridictions de l'ordre administratif
chapeautées par le Conseil d'Etat, et celle de la Cour
constitutionnelle qui peut être saisie par tout individu d'un recours
en inconstitutionnalité des lois et d'actes réglementaires constitue
une garantie substantielle aux droits civils et politiques des
citoyens congolais.

77
Il convient de signaler toutefois que la République
Démocratique du Congo doit adopter des textes législatifs et/ou
réglementaires portant application des instruments internationaux
relatifs aux droits de l'homme auxquels elle est partie. Elle doit aussi
réformer toutes ses lois non conformes à ses engagements
internationaux.
Enfin, en dépit de l'existence et de la proclamation
internationale et constitutionnelle des droits civils et politiques, le
défi de leur réalisation effective doit être relevé.

78
BIBLIOGRAPHIE
1. AKELE ADAU P. et DJOLI ENSENGEKELI J., “Enjeux
de la démocratie en République Démocratique du
Congo”, in Pour l'épanouissement de la pensée juridique
congolaise, Liber Amicorum Marcel Antoine Lihau,
Bruylant (Bruxelles) – Presses de l'Université de
Kinshasa (Kinshasa), 2006.
2. KALINDYE BYANJIRA D., Traité d'éduction aux droits
de l'Homme en République Démocratique du Congo,
Kinshasa, Editions de l'Institut Africain des Droits de
l'Homme et de la Démocratie, 2004.
3. MALENGO BAELEABE M., Droits de l'homme en
RDC, droits et libertés fondamentaux, Kinshasa, Congo
nouveau, 2002.
4. MAMPUYA KANUNK'a-TSHIABO A., « Le système
onusien de protection des droits de l'homme :
introduction générale », in Droits de l'homme et Droit
international Humanitaire (séminaire de formation
cinquantenaire de la DUDH), Kinshasa, Presses de
l'Université de Kinshasa, 1999.
5. MAYZAMBO MAKENGO KISALA A., « Droits des
réfugiés et des travailleurs migrants », in Séminaire de
formation aux droits de l'homme et sur l'administration
de la justice, Haut commissariat aux Droits de l'Homme,
Kinshasa, 2004.
6. Fondation Konrad Adenauer, Les Partis politiques et la
promotion de la liberté associative, Kinshasa, janvier
2009.
7. Fondation Konrad Adenauer, La police nationale
congolaise et la promotion de la liberté associative,
Kinshasa, janvier 2009.

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Projet : DCI-NSAPVD/2011/260-821

« Dialoguer et Participer – Interaction institutionnalisée


entre acteurs étatiques et acteurs non-étatiques en RDC »

Ce projet est cofinancé par l'Union Européenne.


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