Aides Cnam Prevention Risques Professionnels 1
Aides Cnam Prevention Risques Professionnels 1
Aides Cnam Prevention Risques Professionnels 1
AUDIT FLASH
Mars 2024
COUR DES COMPTES 3
SOMMAIRE
4 PROCÉDURES ET MÉTHODES
7 SYNTHÈSE
10 RECOMMANDATION UNIQUE
11 INTRODUCTION
13 I - DEUX TYPES D’AIDE AUX LOGIQUES TRÈS DIFFÉRENTES
13 A - Les subventions « prévention TPE »,
une dépense de guichet
16 B - Les contrats de prévention : un dispositif
sur mesure peu utilisé
17 II - UN DÉFAUT DE PILOTAGE, UNE ABSENCE D’OUTILS
17 A - Un pilotage global à l’aveugle
25 B - Une absence de priorisation des contrats
de prévention
27 C - Les subventions « prévention TPE » : une dépense
de guichet non-régulée, un maintien à examiner
28 III - LES CARENCES DU CONTRÔLE INTERNE
28 A - Les faiblesses persistantes du contrôle
des incitations financières
30 B - La structuration tardive et inaboutie du contrôle
interne national
31 C - Une absence de contrôle des fournisseurs,
bénéficiaires in fine des subventions
33 LISTE DES ABRÉVIATIONS
34 ANNEXES
41 RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS, ORGANISMES
ET PERSONNES CONCERNÉS
4 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
PROCÉDURES ET MÉTHODES
Les rapports de la Cour des comptes sont réalisés par l’une des six chambres
thématiques que comprend la Cour ou par une formation associant plusieurs
chambres et/ou plusieurs chambres régionales ou territoriales des comptes.
Trois principes fondamentaux gouvernent l’organisation et l’activité de la
Cour ainsi que des chambres régionales et territoriales des comptes, donc
aussi bien l’exécution de leurs contrôles et enquêtes que l’élaboration des
rapports publics qui en résultent : l’indépendance, la contradiction et la
collégialité.
L’indépendance institutionnelle des juridictions financières et l’indépendance
statutaire de leurs membres garantissent que les contrôles effectués et les
conclusions tirées le sont en toute liberté d’appréciation.
La contradiction implique que toutes les constatations et appréciations faites
lors d’un contrôle ou d’une enquête, de même que toutes les observations
et recommandations formulées ensuite, sont systématiquement soumises
aux responsables des administrations ou organismes concernés ; elles ne
peuvent être rendues définitives qu’après prise en compte des réponses
reçues et, s’il y a lieu, après audition des responsables concernés.
La collégialité intervient pour conclure les principales étapes des procédures
de contrôle et de publication. Tout contrôle ou enquête est confié à un ou
plusieurs rapporteurs. Le rapport d’instruction, comme les projets ultérieurs
d’observations et de recommandations, provisoires et définitives, sont
examinés et délibérés de façon collégiale, par une formation comprenant
au moins trois magistrats. L’un des magistrats assure le rôle de contre-
rapporteur et veille à la qualité des contrôles.
Sauf pour les rapports réalisés à la demande du Parlement ou du
Gouvernement, la publication d’un rapport est nécessairement précédée par
la communication du projet de texte, que la Cour se propose de publier, aux
ministres et aux responsables des organismes concernés, ainsi qu’aux autres
personnes morales ou physiques directement intéressées. Leurs réponses
sont présentées en annexe du rapport publié par la Cour.
COUR DES COMPTES 5
Le rapport a été préparé puis délibéré le 19 décembre 2023 par la sixième
chambre présidée par Mme Hamayon, présidente de chambre, et composée
de MM. Machard et Fulachier, Mme Soussia, MM. Appia et Guégano
et Mme Caroli, conseillers maîtres, ainsi que, en tant que rapporteure,
Mme Ser-Istin, conseillère référendaire en service extraordinaire, assistée
par M. Charre, vérificateur, M. Burckel, conseiller maître, étant contre-
rapporteur.
SYNTHÈSE
Pour inciter les petites entreprises à mettre en place des actions de prévention
des accidents du travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles,
a caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) peut leur octroyer des subventions.
Dans les entreprises de plus de 150 salariés en revanche, l’incitation passe par la
tarification des cotisations d’accidents du travail et de maladies professionnelles en
fonction de la sinistralité, c’est-à-dire de la fréquence et de la gravité des sinistres.
Deux dispositifs coexistent : des contrats de prévention sur mesure et accompagnés
par les caisses locales, et les subventions « prévention aux très petites entreprises
(TPE) », ciblées et versées dans une logique de guichet. Le montant cumulé de ces
aides a atteint 383,8 M€ sur la période 2019-2022.
Dans son rapport public thématique sur Les politiques publiques de prévention en
santé au travail dans les entreprises, publié en décembre 2022, la Cour avait porté
une première appréciation critique sur le dispositif de subvention en faveur des
très petites entreprises. Cet audit flash, mené dans le contexte d’une augmentation
importante des moyens permise par la création en 2023 d’un fonds d’investissement
dans la prévention de l’usure professionnelle, va plus loin dans la recommandation
d’une révision du dispositif qui souffre, notamment, d’un manque de ciblage des
aides et d’une évaluation insuffisante de leur efficacité.
Un pilotage mal éclairé et insuffisamment ciblé
Les effets des aides à la prévention sur la sinistralité font l’objet de très peu
d’évaluations. De surcroît, la répartition du budget entre les régions n’est pas liée
à la sinistralité locale. Enfin, la répartition des aides entre les secteurs d’activité
ne dépend qu’imparfaitement de leur sinistralité. C’est en effet la capacité de
mobilisation des acteurs - entreprises demandeuses de subventions et fédérations
professionnelles capables de signer des conventions nationales d’objectifs (CNO)
et de les promouvoir - et non l’identification des secteurs dont les besoins sont les
plus importants, qui détermine l’orientation des subventions.
Des subventions « prévention TPE » difficiles à mettre en œuvre et à l’impact
incertain
Les subventions « prévention TPE » sont versées à des entreprises de moins
de 50 salariés en fonction de la demande, dans la limite d’un budget prévisionnel
national. Cela contraint leur pilotage et conduit à leur arrêt en cas d’épuisement
du budget. Les conditions d’attribution sont définies dans des documents
de référence consolidés avec retard, plusieurs mois après leur date de prise d’effet.
Ces aides financent des équipements de travail, des prestations de service et des
formations répondant à des cahiers des charges précis. Leur nombre, leur objet
et leur durée variables les rendent difficiles à comprendre pour les entreprises
éligibles, ce qui concourt à un taux de rejet élevé des demandes de subvention.
8 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
Leur budget augmente régulièrement bien que leur impact sur la fréquence
et la gravité des accidents du travail et des maladies professionnelles n’ait pu
être démontré.
Dans l’attente de leur ciblage vers les secteurs à forte sinistralité et de la mise
au point d’une méthode d’évaluation fiable de leur impact, la Cour recommande
leur suspension au bénéfice de campagnes de sensibilisation destinées aux petites
entreprises des secteurs à plus forte sinistralité.
Des contrats de prévention fortement encadrés et à mieux évaluer
Les contrats de prévention sont signés entre une entreprise de moins de 200
salariés et une caisse locale dans le but de mettre en œuvre un plan d’action global
de prévention des risques professionnels dans un établissement. Ils doivent
s’inscrire dans le cadre d’une convention nationale d’objectifs (CNO) définie par
une instance paritaire, le comité technique national du secteur d’activité.
Le développement des contrats de prévention est donc lié à la capacité d’action
des fédérations professionnelles et aux moyens humains disponibles dans les
caisses. Leur conception est chronophage mais leur contrôle est facilité par le fait
que des agents de l’assurance maladie se rendent systématiquement sur place
pour s’assurer de la bonne mise en œuvre du contrat. Ces contrats de prévention
permettent de réduire la fréquence des accidents du travail dans les établissements
bénéficiaires, dans une proportion non significativement différente de celles
observées dans l’ensemble des entreprises.
Un contrôle interne embryonnaire, au renforcement indispensable
Le contrôle des conditions d’attribution des contrats de prévention et des
subventions « prévention TPE » est, de longue date, dépendant des dispositifs mis
en place par les services ordonnateurs et comptables des caisses locales. La Cnam
ne s’est engagée que récemment dans une démarche de pilotage coordonné du
contrôle interne et de la lutte contre la fraude, qui doit être renforcée.
Les récentes modifications apportées aux conditions de versement des subven–
tions « prévention TPE » (exigence de produire un relevé bancaire pour attester
de la réalité de la dépense, par exemple) gagneraient à être complétées. Des
photographies in situ des dispositifs devraient être exigées et le nom des
fournisseurs des équipements acquis devrait être obligatoirement renseigné dans
l’application informatique afin de détecter d’éventuelles situations de monopole
de fait. Enfin, des visites sur place devraient être rendues obligatoires, comme
c’était le cas jusqu’en 2019.
COUR DES COMPTES 9
3. Décret n° 2023-759 du 10 août 2023 relatif au fonds d’investissement dans la prévention de l’usure
professionnelle et au compte professionnel de prévention.
4. Cour des comptes, Les politiques publiques de prévention en santé au travail dans les entreprises,
décembre 2022. Une recommandation portait sur la poursuite des travaux d’évaluation permettant
d’apprécier de manière robuste l’efficacité des programmes de prévention.
10 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
RECOMMANDATION UNIQUE
Suspendre les subventions « prévention TPE » dans l’attente d’un ciblage vers les
secteurs où la sinistralité est la plus élevée, de la mise au point d’une méthode
d’évaluation de leur efficacité et de la mise en œuvre d’un contrôle interne
renforcé couvrant notamment les relations avec les fournisseurs de dispositifs
de prévention (Cnam, ministère du travail, de la santé et des solidarités).
COUR DES COMPTES 11
INTRODUCTION
Malgré l’affirmation, dès 1946, du principe selon lequel la prévention des accidents
du travail doit prévaloir sur l’objectif de réparation, les actions de prévention ne
représentent aujourd’hui que 2 % du montant total du budget de la branche des
accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP) de l’assurance maladie.
Ce budget présente la particularité d’être voté par la commission AT-MP de la
Cnam, instance paritaire ad hoc5.
L’instrument de prévention le plus efficace reste, selon la Cnam, la modulation
de la tarification selon laquelle les entreprises de plus de 149 salariés cotisent à
la branche AT-MP, dans une logique assurantielle, en fonction de leur sinistralité6.
Les plus petites entreprises (moins de 20 salariés) se voient, quant à elles, appliquer
un taux forfaitaire lié à la sinistralité de leur secteur. Entre ces seuils d’effectifs,
les deux systèmes coexistent avec une progressivité de la cotisation à la sinistralité.
Deux dispositifs d’aide spécifiques ont été créés afin d’inciter les petites entreprises
à prévenir les risques professionnels.
Le premier est le contrat de prévention, créé en 1987, et actuellement proposé
aux entreprises de moins de 200 salariés7. Conclu entre la Caisse d’assurance
retraite et de la santé au travail (Carsat) et l’entreprise, il définit un programme
spécifique de prévention. Il s’inscrit dans le cadre d’une convention nationale
d’objectifs (CNO) propre au secteur d’activité de l’entreprise. La CNO, signée
entre un comité technique national et la Cnam, vise à encadrer les contrats de
prévention et définit un ou plusieurs risques propres au secteur d’activité. Le
contrat de prévention précise les aides financières (contenu, montant) versées
par la Carsat à l’entreprise.
Le second prend la forme de subventions dites « prévention TPE » réservées
aux entreprises de moins de 50 salariés. D’un montant maximal de 25 000 €
par opération, elles ont été généralisées par la loi de financement de la sécurité
sociale pour 2010. Ces subventions sont attribuées selon une logique de guichet,
les demandes étant traitées dans l’ordre d’arrivée à la Carsat et dans la limite
d’un budget annuel national.
Une subvention « prévention TPE covid », a été mise en place à partir du 18 mai
2020 jusqu’à fin 2021 pour aider les entreprises de moins de 50 salariés à investir
dans des matériels permettant de lutter contre la propagation de covid19 en
milieu professionnel. Son montant était limité à 5 000 € par établissement.
L’examen de ces incitations financières par la Cour fait suite à son rapport précité
sur Les politiques publiques de prévention en santé au travail dans les entreprises
et se place dans la perspective de la mise en œuvre du fonds d’investissement
dans la prévention de l’usure professionnelle (Fipu) décidée en 2023.
Les dépenses cumulées se sont élevées à 383,8 M€ de 2019 à 2022, dont 282,4 M€ pour les
subventions « prévention TPE », qui représentent 74 % du montant total. Ces subventions
ont bénéficié à 60 129 entreprises et les contrats de prévention à 3 800.
L’évolution des dépenses a été largement affectée par la création de la subvention
« prévention TPE covid », à hauteur de 28,5 M€ en 2020 et de 20,9 M€ en 2021, et par la
suppression de la subvention « prévention TPE Cuisine + sûre » (14 M€ en 2021 et 1,7 M€
en 2022).
Les dépenses relatives aux contrats de prévention sont passées de 20,4 M€ en 2019 à
28,8 M€ en 2022 et celles relatives aux subventions prévention TPE de 40,4 M€ à 59,8 M€.
Le champ du présent audit ne prend pas en compte d’autres dépenses de prévention
au bénéfice des entreprises, telles que celles prévues par l’article R. 422-8 du code de la
sécurité sociale (4,9 M€ sur la période 2019-2022)8, ni celles en faveur des organisations
syndicales et patronales nationales au titre de la formation à la sécurité (37 M€ sur la
période 2019-2022)9.
L’ensemble de ces dispositifs est mis en œuvre par la direction des risques professionnels
de la Cnam, qui mobilise 82 agents. En 2022, les caisses locales10 disposaient de 264 ingé–
nieurs conseils, 568 contrôleurs de sécurité et 526 personnels administratifs.
8. Financements de structures relevant d’établissements employant des salariés réalisant des mesures de prévention
innovantes, exemplaires, expérimentales (art. R. 422-8) et financement de structures dans le cadre d’actions ciblées
partenariales (club de la sécurité routière en Alsace).
9. La Cnam finance depuis 1975 des sessions de formations à la santé au travail, organisées par les organisations
interprofessionnelles de salariés et d’employeurs destinées à porter les messages de prévention des risques professionnels
au plus près des métiers et des territoires (Art. R. 421.5 et R. 421.6 du code de la sécurité sociale).
10. Caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat), caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France
(Cramif) et caisses générales de sécurité sociale (CGSS) en outre-mer.
COUR DES COMPTES 13
80 8 707 9 000
72
75
Montant versé en M€
Nombre de dossiers
8 500
70
65 8 000
60 8 225 58
60 7 500
55 6 865
6 347 7 000
50
45 6 500
41
40 6 000
2019 2020 2021 2022
L’élargissement du bénéfice des subventions De ce fait, les agents des Carsat n’avaient pas
« prévention TPE » aux travailleurs indépen– de contacts parmi les travailleurs indépendants.
dants, après leur intégration au régime En outre, ces derniers n’ont pas accès aux
général, s’est d’abord traduit par le versement applications informatiques qui assurent le lien
de la subvention « prévention TPE covid », de la direction des risques professionnels de
de mai à décembre 2020, à 1 625 travailleurs la Cnam avec les autres entreprises, si bien
indépendants, pour 1 M€. Les subventions aux qu’il n’existe pas de flux de données entre
travailleurs indépendants ont évolué à partir eux et les services de prévention des risques
2021 pour cibler certains métiers - notamment professionnels. Les travailleurs indépendants
ceux de la restauration (185 832 € en 2021) et concernés sont informés par courrier élec–
du bâtiment (29 555 € en 2021 pour les maçons tronique de l’existence de ces aides. Les
et 646 546 € en 2022 pour les professionnels dossiers sont instruits manuellement et un
du bâtiment) - et certains risques, comme les tableau de suivi est envoyé par les caisses
chutes, les troubles musculo-squelettiques et locales à la direction des risques professionnels
les lombalgies. de la Cnam tous les 15 jours. La Cnam n’a pas
l’intention d’automatiser les échanges, dont le
Les travailleurs indépendants, qui sont
volume est très limité.
exonérés de cotisation obligatoire d’accidents
du travail-maladies professionnelles, ne font Au total, seuls 73 maçons indépendants ont
pas partie de la cible habituelle des Carsat, demandé une aide en 2021 et 24 l’ont obtenue
qui s’adressaient jusqu’alors uniquement aux (les rejets étant justifiés par des matériels
entreprises ayant au moins un salarié et aux demandés non éligibles). Le budget prévu pour
nouveaux établissements ayant l’intention les maçons, de 400 000 €, n’a été consommé
d’embaucher à court terme. que pour moins de 30 000 €.
COUR DES COMPTES 15
Entre 2019 et 2022, un tiers des 74 dispositifs représenté des dépenses plus faibles, de 8 M€
de subventions « prévention TPE » ont par an et 160 000 € par dispositif en moyenne.
concentré 96 % de la dépense, tandis que, Quelques-uns ont été très demandés, comme
pour un autre tiers, la dépense par dispositif la sensibilisation à la culture de prévention en
est restée inférieure à 100 000 €. Les dispo– Hauts-de-France ou la boulangerie-pâtisserie
sitifs nationaux ont concentré l’essentiel en Normandie, par exemple.
de la dépense (89 % pour 62 M€ par an en
moyenne), avec les montants les plus élevés ; Un dispositif est susceptible d’être suspendu
deux dispositifs - l’un relatif à la prévention si son plafond budgétaire annuel est atteint
des risques musculosquelettiques, dénommé (« Cuisine + sûre » en 2021) ou, au contraire,
« TMS Pros Action » pour 97,5 M€ et l’autre s’il ne rencontre aucun succès (« Garde-corps »
relatif à la prévention du covid pour 49,5 M€13 en Corse). Avant d’être éventuellement relancé,
- ont représenté la moitié de la dépense. il peut être modifié, notamment par la mise
Les dispositifs régionaux ont globalement à jour de la liste des équipements éligibles.
13. Environ 100 agents ont été recrutés en contrat à durée déterminée pour appuyer les Carsat afin de traiter
les demandes massives.
16 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
14. Selon la Cramif, le taux de rejet moyen (37 % en Île-de-France à mi-2023) serait inférieur à 24 % si les entreprises
respectaient les conditions d’attribution.
15. Selon une étude de la Cnam (BVA, SP-TPE. Étude de satisfaction, 2021), les conditions d’attribution ont été lues par
88 % des bénéficiaires. La non lecture est justifiée par un manque de visibilité pour près de la moitié d’entre eux (47 %)
et par une longueur trop importante pour près d’un tiers (29 %). Le taux de lecture par l’ensemble des demandeurs n’est
pas connu mais il est probable qu’il soit beaucoup plus faible.
COUR DES COMPTES 17
peuvent être versées tout au long du contrat, complexifie la compréhension des contrats
sur présentation d’un bon de commande ou de prévention par les entreprises, ainsi que
d’une facture. l’instruction et le contrôle de ceux-ci par les
caisses.
La signature des contrats de prévention
dépend des conventions nationales d’objectifs L’investissement en moyens humains de la
(CNO) en vigueur, au nombre de 48, avenants caisse locale étant élevé, le nombre de contrats
compris, entre 2019 et 2022. Leur nombre de prévention dépend des effectifs disponibles.
varie fortement d’un comité technique
Au total, 4 253 contrats ont été signés entre
national (CTN) à l’autre (voir annexe n° 1). À
2019 et 2022 ; leur nombre tend à décroître
titre d’exemple, le CTN B (BTP) propose en
annuellement, passant de 1 149 en 2019 à 956
permanence deux CNO, une pour le bâtiment
en 2022, soit une diminution de 17 %, pour un
et l’autre pour les travaux publics, alors que le
montant total engagé de 137,9 M€.
CTN D (alimentation) en a proposé 14 durant
cette période. Ceci est lié à l’organisation du Durant la crise sanitaire, de nombreux contrats
secteur, notamment le nombre de fédérations ont été prolongés par avenant. De plus,
professionnelles, et à la capacité d’initiative de les difficultés d’organisation rencontrées à
chaque comité technique national. La durée l’époque n’ont pas permis la tenue des réunions
d’une CNO est de quatre ans. des comités techniques nationaux à l’occasion
desquelles devaient en être tirés les bilans
Un faible nombre de conventions nationales
et décidé le renouvellement des conventions
d’objectifs peut également être un signe de
nationales d’objectif. Pour résoudre cette diffi–
faible activité du comité technique national,
culté, des arrêtés ont prolongé leur durée.
comme dans le cas du CTN H (services :
banques, assurances, administrations). Un
nombre élevé de CNO dans un secteur
la part des subventions « prévention TPE » est et des objectifs de réduction de la sinistralité.
passée de 65 % en 2019 à 61 % en 2022 (hors De surcroît, toutes les données disponibles ne
SP-TPE covid). sont pas exploitées.
À défaut d’informations sur l’efficacité des aides,
Lors des arbitrages financiers de la convention
leur ciblage ne peut être considéré comme
d’objectifs et de gestion 2018-2022, en 2019, le
optimal et adapté à la sinistralité observée, à
Premier ministre avait demandé une évaluation
la taille des entreprises bénéficiaires et à leur
de ces deux incitations financières. Il s’agissait
de rechercher l’effet des aides accordées sur répartition géographique.
la sinistralité de l’entreprise et d’établir leur 1 - Des seuils de taille d’entreprises
contribution à la réduction effective des risques à mieux prendre en compte
professionnels. Devait être également étudié
le niveau d’aide considéré comme optimal En 2019, plus de 96 % des entreprises françaises
pour les subventions « prévention TPE »16. comptaient moins de 10 salariés, mais 55 %
L’Institut de recherche et de documentation des salariés travaillaient dans une entreprise
en économie de la santé (Irdes) était chargé de moins de 200 salariés. Le plafond de 50
de cette évaluation, à partir des données de salariés fixé pour bénéficier d’une subvention
la direction des risques professionnels de la « prévention TPE » est lié au caractère
Cnam, mais ce travail n’a pas abouti, faute de obligatoire, à partir de ce seuil, de la création
méthodologie adaptée. d’un comité d’hygiène, de sécurité et des
conditions de travail, devenu une commission
Pour justifier l’absence d’études d’impact ou spéciale du comité social et économique. Une
d’évaluations, la Cnam fait valoir le grand instance représentative du personnel est alors
nombre d’entreprises à étudier (plus de 30 000 en place pour contribuer à la prévention des
entreprises pour l’année 2020), leur très petite risques professionnels.
taille et la faible fréquence d’accidents du travail Pour autant, ce plafond fixé à 50 salariés pour
qu’elles déclarent ; en moyenne un accident se bénéficier d’une subvention « prévention
produit tous les trois ans dans les entreprises TPE » pourrait être réexaminé à la lumière de
de 9 à 10 salariés et tous les 15 ans dans celles la fréquence et de la gravité des accidents du
de moins de 5 salariés. travail.
De telles études, ou des évaluations à tout le Ainsi, la fréquence des accidents du travail
moins, mériteraient, pourtant, d’être menées est supérieure à la moyenne dans les entre–
compte tenu des 317 M€ d’aides programmées prises dont l’effectif est compris entre 25 et
de 2017 à 2022, de l’accélération de la dépense 154 salariés.
16. En s’appuyant sur l’expérimentation du dispositif « Échafaudage+ » visant à réduire les chutes de hauteur dans
le secteur du bâtiment, deux taux de financement différents étant alors en vigueur selon les régions (25 % et 40 %).
COUR DES COMPTES 19
50 2,5
45
40 IFmoyen = 36 2,0
35
30 1,5
25
TG moyen = 1,3
20 1,0
15
10 0,5
5
0 0,0
s l. l. l. l.l. l.
l. l.
l. al. al. al. al. al. . . .
al sal sal lus
rié sa sa sa sasa sasa sa
sa s s s s s s p
la 5 9 14 24 34 49 79 124 189 284 439 689 109 949 789 349 999 . et
sa 3 à 6 à à à à à à l
2 à à à à à 1 1 3 8 29 sa
à 10 15 25 35 50 80 25 90 85 40 à à à à
1 1 1 2 4 9 0 10 5 0 90 0 à 00
6 1 9 7 5 0
1 1 3 8 3 30
IF IF TGTG
Source : Cnam
IF : indice de fréquence (nombre d’accidents en premier règlement pour 1 000 salariés)
TG : taux de gravité (nombre de journées d’incapacité temporaire pour 1 000 heures de travail)
> à 39 salariés
5%
30 à 39 salariés
7%
20 à 29 salariés
11 %
1 à 9 salariés
54 %
10 à 19 salariés
23 %
Source : Cnam
20 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
Les contrats de prévention sont le plus maladie d’Île-de-France (Cramif) est la caisse
souvent signés avec des entreprises de moins qui a géré le plus de contrats de prévention
de 50 salariés (61 % du nombre d’entreprises (463 contrats pour 8,9 M€). La Carsat de
bénéficiaires en 2022). Rhône-Alpes a versé le plus de subventions
« prévention TPE » - hors SP-TPE covid - (3 532
Le ciblage des subventions « prévention TPE »
subventions versées pour 26,4 M€), suivie par
vers les plus petites entreprises s’explique, selon
celle du Sud-Est (23,9 M€).
la Cnam, par le fait qu’elles constitueraient un
« produit d’appel » permettant de sensibiliser Le montant de subventions « prévention
les chefs d’entreprise à la prévention des TPE » versé par établissement éligible varie du
risques professionnels et de leur faire mieux simple au quadruple entre l’Île-de-France et
connaître leurs interlocuteurs institutionnels l’Auvergne (cf. annexe n° 2). Pour les contrats
que sont les Carsat. de prévention, le rapport est de 1 à 3,5 entre
les régions Île-de-France et Nord-Est.
2 - Une affectation régionale des budgets
indépendante de la sinistralité Par ailleurs, la répartition des budgets entre
les caisses ne tient pas compte de la sinistralité
Lors de la mise en place des dispositifs locale. Or, la fréquence des accidents du travail
d’incitation financière, le budget était réparti varie fortement selon les régions. En métropole,
entre les caisses locales selon le nombre d’éta– l’indice de fréquence en Languedoc-Roussillon
blissements et de salariés dans la région. La est le double de celui observé en Île-de-France,
« capacité à faire » des Carsat et le dynamisme où le secteur tertiaire est prééminent, et le
des partenaires locaux sont, peu à peu, devenus montant versé par établissement éligible est
des critères de répartition complémentaires. triple. Ce dernier montant est le plus élevé
L’Île-de-France est la région qui compte le plus en Auvergne, région où le taux de fréquence
d’établissements et de salariés. Sur la période est le huitième parmi ceux des 15 caisses
2019-2022 la caisse régionale d’assurance métropolitaines.
38,8 Moins de 25
De 25 à 35
37,2 32,8 De 35 à 38
21,5 37,6
41,5 De 38 à 40
40 et plus
40,8 39,3
37,1
38,3 36,6
39,2
34,3 43,5 37,1 Guyane La Réunion
Source : Cnam
COUR DES COMPTES 21
120
D
100
B
Montants versés (M€)
80
60
A
40
I
E C
20
G F
H
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
Criticité
Les comités techniques nationaux peuvent La Cnam et les Carsat n’analysent pas l’activité
réunir des métiers relativement proches de leurs agents en fonction de la sinistralité
(CTN B : bâtiment et travaux publics) ou des entreprises sur une granularité plus fine
très différents (CTN C : transports, eau, gaz, que les comités techniques nationaux. Seule
électricité, livre et communication), ce qui une analyse à partir des codes NAF19 (732 sous-
a pour effet de « masquer » des situations classes) serait à même de fournir des données
propres à un secteur de plus petite taille. nécessaires à des actions de prévention ciblées.
17. CTN C : transports, eau, gaz, électricité, livre et communication ; CTN F : bois, ameublement, papier-carton, textile, cuirs
et peaux, etc. ; CTN I : activités de services II (travail temporaire, action sociale, santé, etc.).
18. Total des taux d’incapacité permanente par million d’heures de travail (inclut les décès comme les incapacités
permanentes de 99 %).
19. Nomenclature nationale d’activités française.
22 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
12 33,1 35
27,6 30
10
25,1 25,1
23,5 23,1 23,7 23,7
25
8 20,2
19,1
Dépenses 20 Indice
par décile 6 de
de code NAF 15 sinistralité
bénéficiaire 4
10
2
5
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
S’agissant des subventions « prévention TPE » présentant une très forte sinistralité ont perçu
(hors covid) versées en 2021, trois secteurs ont très peu de subventions « prévention TPE ».
concentré 31 % de la dépense (restauration C’est le cas du secteur de l’aide à domicile
traditionnelle – 11,7 M€ –, maçonnerie géné- et de celui de l’hébergement médicalisé pour
rale et gros œuvre – 5,6 M€ – et boulangeries - personnes âgées (voir 2.A.4).
pâtisseries – 4,6 M€).
Parmi ces trois secteurs, seul celui de la ma-
çonnerie affiche une sinistralité particulière-
ment élevée. En revanche, d’autres secteurs
20. La sinistralité a été calculé en rapportant le nombre d’arrêts de travail x 1 000 000 aux heures travaillées.
COUR DES COMPTES 23
60 35
29
50 27 30
22 23 25
40
Dépenses Indice
20
par décile 16 15 16 de
30 15 14
de code NAF sinistralité
13 15
bénéficiaire
20
10
10 5
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Sur les 25 M€ de subventions de prévention, de sinistralité les plus élevés. L’arrêté de 2010
2 M€ (soit 8 %) ont bénéficié à des secteurs fondant les incitations financières ne les limite
d’activité qui n’ont pas connu d’arrêts de travail pas aux secteurs d’activité à risque, comme
et 40 % de la dépense (9 M€) ont concerné le rappelle la Cnam. Il n’empêche pas pour
des secteurs d’activité dont la sinistralité21 autant d’orienter les actions de prévention
était inférieure à la moyenne. vers les secteurs les plus sinistrés.
Ce secteur d’activité étant en fort dévelop– à domicile. Peu utilisés, ils ont été revus en
pement, la Cnam y a encouragé, dès 2012, 2022, mais ces dispositifs ne sont pas adaptés
la prévention des risques professionnels. à une majorité d’établissements d’héberge–
Durant la convention d’objectifs et de gestion ment pour personnes âgées dépendantes
2014-2017, la plupart des Carsat ont conçu des (Ehpad) et de services d’aide à domicile,
plans d’action régionaux ad hoc. La convention qui comptent plus de 50 salariés. L’autre
nationale d’objectifs « Hébergement, aide et difficulté tient au fait que les intervenants
soins à la personne » (2018-2023) a permis à domicile travaillent dans des habitations
la signature de 723 contrats de prévention équipées par les personnes aidées, et non par
d’un montant moyen de 30 000 €, dont 140 leur employeur. Aussi, entre 2019 et 2022,
en Aquitaine et seulement 32 en Île-de-France. seulement 103 subventions « prévention TPE
ASP Établissement » ont été versés et 75
En complément, deux dispositifs de subven–
subventions prévention TPE ASP Domicile »,
tions « prévention TPE » dans le domaine
pour un montant moyen de 8 495 €.
des soins à la personne ont été conçus en 2019,
l’un pour les établissements, l’autre pour l’aide
Les Ehpad sont peu mobilisés par la prévention, montre une baisse légèrement plus rapide de
leur taux de cotisation au titre des accidents la fréquence des accidents du travail dans les
du travail et des maladies professionnelles entreprises ayant signé un contrat. En revanche,
étant forfaitaire et indépendant du nombre selon les travaux de la Cnam, les contrats de
de salariés. La progression de la prévention prévention sont sans effet sur les maladies
suppose une remise en cause de cette professionnelles, qui résultent principalement
dérogation à la tarification fondée sur la d’une usure professionnelle sur une longue
sinistralité24. La Cour recommandait déjà en période.
202225 de mettre en place progressivement
une tarification AT-MP tenant compte du niveau Ces travaux ne fournissent pas d’indication sur
de risque par catégorie d’établissements et l’évolution de la gravité des accidents dans les
services médico-sociaux et, le cas échéant, entreprises ayant signé un contrat, ce qui ne
par établissement. La direction de la sécurité permet pas de comparer la situation avant et
sociale y est favorable. après la signature de contrats. Enfin, l’étude
n’avait pas pour objet d’analyser les effets des
contrats de prévention par secteur d’activité.
B - Une absence de priorisation
des contrats de prévention De cette comparaison, il ressort que les contrats
concernent des entreprises dont la fréquence
1 - Une incidence non avérée
des accidents est deux fois supérieure à la
des contrats de prévention sur
moyenne et que la baisse de la fréquence des
la fréquence des accidents du travail
accidents est sensiblement la même pour
Une étude produite en 2018 par la Cnam a l’ensemble des entreprises (- 13 %) que pour
comparé le nombre d’accidents du travail dans les entreprises ayant bénéficié d’un contrat
les entreprises ayant bénéficié d’un contrat de prévention (- 14 %). Ce très faible écart
de prévention et dans les autres. L’analyse n’apparaît pas significatif.
24. Cour des comptes, Rapport public annuel, chapitre VIII : La tarification des accidents du travail et maladies
professionnelles : une gestion lourde, un caractère incitatif à renforcer, 2018.
25. Cour des comptes, Rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale 2022, chapitre VI :
Les enjeux de la maîtrise des risques professionnels dans les établissements et services pour personnes âgées
et personnes en situation de handicap, 2022.
26 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
78,6
80
74,9 73,5
71,3 72,4
69,0
70 66,2 66,5 66,4 65,3
60
50
39,1 37,8
40 35,8 35,8 36,0 34,8 33,6 33,8 33,7 33,7
30
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Cette étude, menée sur des contrats anciens effet, seuls les objectifs quantitatifs, quand ils
(2007-2016), mériterait d’être actualisée, en ont été fixés26, sont évalués en fin de CNO au
retenant des contrats signés dix ans plus tard et travers d’un simple compte-rendu des objets
avec une méthodologie complétée et ajustée. financés.
Ce type d’évaluation pourrait être mené
dans le cadre du bilan de chaque convention 2 - Une absence de pilotage
d’objectifs et de gestion (COG) pour adapter le des conventions nationales d’objectifs
dispositif dans la convention suivante.
L’établissement des conventions nationales
Aucune évaluation spécifique de l’effet des d’objectifs est laissé à l’appréciation des
conventions nationales d’objectifs sur la sinis– secteurs professionnels. Or, l’implication des
tralité (fréquence et gravité des accidents secteurs est variable selon la structuration
du travail et des maladies professionnelles) de leurs organisations professionnelles ou les
avant et après contrat n’a jamais été produite. caractéristiques techniques du secteur, comme
Elle pourrait pourtant compléter l’évaluation l’illustre le secteur de l’aides et des soins à la
des contrats en fin de COG. Actuellement, en personne évoqué plus haut.
26. Si les principes généraux des conventions nationales d’objectifs sont bien renseignés (champ d’application, durée,
objectifs de prévention, mesures finançables), les CNO ne fixent pas toutes des objectifs quantitatifs (nombre d’entreprises
et nombre de salariés) ni des montants maximaux de financ nt (quand ils sont fixés, ces montants varient de 70 000 €
à 99 000 €). Ainsi, la CNO du 23 juillet 2021 transversale de prévention des troubles musculo-squelettiques ne fixe pas
d’objectif, alors que l’avenant n° 1 du 1er janvier 2021 à la CNO « Activités du secteur de l’hébergement, de l’aide et du soin
à la personne » fixe un objectif de 30 % des établissements, la CNO transversale du CTN F du 24 février 2020 fixe l’objectif
d’atteindre un nombre « significatif » d’entreprises et la CNO « Activités du secteur de la propreté » du 4 mai 2021 fixe un
objectif de plusieurs dizaines d’établissements.
COUR DES COMPTES 27
27. Cnam, Relevé de sinistralité des établissements ayant bénéficié d’une AFS depuis 2013, Étude 2018-153.
28. (Nombre des accidents en premier règlement/effectif salarié) x 1 000.
28 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
32. Condition « d’un salarié minimum », calcul du nombre de salariés, liste des documents à réclamer aux entreprises, liste des
correspondances requérant un envoi en courrier recommandé, modalités de vérification de la règle des minimis, modalités
de vérification de la situation vis-à-vis de l’Urssaf et vérification de la viabilité financière des entreprises avant de signer un
contrat.33. Alors qu’elle doit approuver le budget du fonds national de prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles et définir les orientations de la COG de la branche des accidents du travail et des maladies professionnelles,
la commission n’a pas, malgré sa demande, accès aux Lettres Réseau de la Cnam, qui orientent l’action des Carsat.
33. Leur champ doit s’inscrire dans les objectifs généraux de prévention de la branche définis paritairement.
30 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
34. Réalisé par les services de la direction déléguée de l’audit, des finances et de la lutte contre la fraude sur les subventions
« prévention TPE covid ».
COUR DES COMPTES 31
35. Ce marquage réglementaire indique que le fabricant engage sa responsabilité sur la conformité du produit aux
exigences de l’Union européenne. Il doit être complété des éléments suivants : numéro de type, de lot ou de série, nom,
raison sociale ou marque déposée du fabricant, et de l’éventuel importateur.
36. Les attestations de formation n’étaient soumises à aucun formalisme (« Échafaudage + » 2019 par exemple) ou pas
assez exigeantes (« TOP BTP » 2022 : attestation de formation ou attestations de présence de l’organisme de formation
ou certificat à défaut, la feuille de présence signée pour les formations des salariés, de l’animateur et de l’encadrement).
37. « TMS Diagnostic » 2023 : ajout du cachet de l’organisme de formation et de la signature du chef d’entreprise.
38. 54 sur 74 pour un chiffre d’affaires de 0,45 M€ sur 0,6 M€ au total, dont 50 % pris en charge par la Cramif.
32 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
ANNEXES
Annexe n° 1. les comités techniques nationaux et les conventions nationales
d’objectifs
Annexe n° 2. les montants de subventions prévention TPE versés
par établissement éligible
Annexe n° 3. les principaux dispositifs de subventions prévention TPE
Annexe n° 4. les subventions prévention TPE : objectifs et dispositifs
éligibles au financement
Annexe n° 5. les risques couverts par les conventions nationales d’objectifs
COUR DES COMPTES 35
Annexe n° 1
Les comités techniques nationaux
et les conventions nationales d’objectifs
Tableau n° 2 : nombre de conventions nationales d’objectifs et d’entreprises
de moins de 200 salariés par comité technique national
Nombre
Comités techniques nationaux Nombre de CNO Nombre de PME
de salariés
A - métallurgie 6 95 139 926 789
B - bâtiment et travaux publics 2 275 441 1 483 624
C - transport, eau, gaz, électricité,
6 182 300 1 188 259
livre, communication
D - commerce et industrie
14 302 766 1 843 097
de l’alimentation
E - chimie, caoutchouc, plasturgie 1 6 599 155 593
F - bois, ameublement, papier-carton,
textile, vêtement, cuirs et peaux, 8 25 241 252 513
pierre et terres à feu
G - commerce non alimentaire 4 332 138 1 473 675
H - activités de service I (banques,
1 321 117 2 107 175
assurances, administrations…)
I - activités de service II (travail
temporaire, action sociale, santé, 2 202 731 1 615 654
aide et soin, nettoyage…)
Source : Cnam
CNO : Conventions nationales d’objectifs en vigueur de 2019 à 2022 (avenants compris).
36 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
Annexe n° 2
Les montants de subventions prévention TPE
versés par établissement éligible
Tableau n° 3 : montant de subventions prévention TPE versé de 2019 à 2022
par établissement de moins de 50 salariés, par caisse locale
Annexe n° 3
Les principaux dispositifs de subventions prévention TPE
* Carsat Hauts-de-France
** Carsat Normandie
*** Carsat Sud-Est
**** Carsat Rhône-Alpes
***** Carsat Languedoc-Roussillon
Source : Cnam, calculs Cour des comptes
38 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
Annexe n° 4
Les subventions prévention TPE :
objectifs et dispositifs éligibles au financement
Tableau n° 5 : les subventions prévention TPE nationales en 2023 :
objectifs et dispositifs éligibles au financement
Nom du dispositif
Objectif Objet
en 2023
Aspirateur à très haute efficacité, unité
Gérer le risque amiante notamment
Subvention mobile de décontamination, dispositif
lors des travaux
Prévention Amiante de production et de distribution d’air
sur des bâtiments existants.
de qualité respirable
Installations de captage localisé :
Réduire l'exposition aux
torches aspirantes TIG, torches aspirantes
Subvention conséquences néfastes du soudage
MIG-MAG, dosserets aspirants, gabarits
Prévention Captage à l’arc (particules submicroniques
aspirants, bras aspirants, tables aspirantes,
fumées de soudage et des gaz contenus dans les
cabines, enceintes pour
fumées)
le soudage robotisé
Subvention Réduire l'exposition aux émissions
Système d'extraction de gaz et fumée
Prévention : de moteur diesel et aux fumées
d'échappement, système de ventilation
Captage fumées d’échappement des véhicules
générale mécanisée
de diesel essences
Réduire les risques liés au port
Subvention de charges lourdes et aux postures
Sièges de douches et de bains réglable
Prévention Aide contraignantes dans les
électrique, draps de glisse, lève-personne
médico-sociale établissements sanitaires et
sur rail
en établissement médico-sociaux par la formation
et les aides techniques matérielles
Réduire les risques liés au port
Subvention de charges lourdes et aux postures
Prévention Aide contraignantes dans les métiers Appareil de dépollution de l'air spécifique
médico-sociale de l'aide et du soin à domicile par aux produits utilisés dans la coiffure
à domicile la formation et les aides techniques
matérielles
Formation d'une personne ressource,
salariée de l'entreprise chargée du projet
Subvention
TMS, réalisation d'une étude ergonomique
Prévention Formation d'une personne
des situations de travail concernées
TMS diagnostic ressource en charge du projet TMS
(diagnostic de prévention des TMS et plan
et formation
d'action détaillant les solutions à mettre
en œuvre)
COUR DES COMPTES 39
Nom du dispositif
Objectif Objet
en 2023
Réduire les contraintes physiques
Achat et installation de nouveaux matériels
en particulier lors de manutentions
Subvention et équipements visant à réduire les
manuelles de charges, d'efforts
Prévention TMS action contraintes physiques et formations
répétitifs ou de postures
à la prévention des TMS
contraignantes
Réduire les risques liés aux agents
chimiques dangereux, mutagènes,
Subvention Box ou laboratoire de préparation, cabine
toxiques pour la reproduction
Prévention Captage de peinture ou de vernissage, enceinte
lors des phases d'application
peinture en de séchage, équipement de nettoyage
de peinture ou vernis durant
menuiserie automatique des outils
la préparation et de nettoyage
du bois
Réduire les risques liés aux agents
Subvention Risque chimiques dangereux, mutagènes, Équipement de captage des polluants
chimique toxiques pour la reproduction en et d'équipements réduisant le risque
Équipements aidant les entreprises à s'équiper d'exposition, installation incluse
de moyens de protection collective
Prestation d'accompagnement
Subvention par un consultant permettant Réalisation du diagnostic / repérage
Prévention RPS d'agir en prévention des RPS des facteurs de RPS, et accompagnement
Accompagnement (accompagnement à l’élaboration du plan d’action
ou formation/action)
Prévention des risques liés aux
chutes et aux manutentions,
amélioration des conditions Échafaudages, escaliers d'accès
Prévention TOP BTP
d'hygiène sur les chantiers, pour échafaudages et formations
des risques d'ensevelissement
et d'exposition aux vibrations
Annexe n° 5
Les risques couverts par les conventions nationales d’objectifs
Tableau n° 6 : les risques couverts par les conventions nationales d’objectifs
Nombre de citations
Risques
dans les CNO
Formation à la sécurité 38
Risques dus aux manutentions manuelles 36
Risques liés à l'ergonomie des postes de travail 34
Risques liés aux poussières 31
Risques de chutes de hauteur 29
Risques mécaniques 28
Risques liés aux circulations 28
Risques dus aux manutentions mécaniques 27
Risques liés au bruit 27
Risques liés à la luminosité 23
Risques liés à la sécurité dans les procédés de travail 23
Risques liés à la sécurité dans l'organisation du travail 21
Risques de chutes de plain-pied 20
Risques liés à la température 19
Risques liés au stockage 18
Risques d'incendie ou d'explosion 14
Risques biologiques 13
Risques liés aux conditions d'hygiène 12
Risque routier 12
Risques liés à l'utilisation d’chimiques dangereux 10
Risques liés aux vibrations 9
Risques psychosociaux 8
Risques électriques 7
Risques de réactions chimiques dangereuses 7
Risques d'ensevelissement 4
Risques d’écrasement 4
Risques de glissades 3
Sommaire
Réponse reçue à la date de la publication (07/03/2024)
cours, multi-actions, et relevant d’une gestion budgétaire particulière. A l’inverse, les subventions
s’adressent à de petites entreprises - généralement moins de 20 salariés - pour le financement
partiel d’actions de portée limitée (achat de matériel, financement de prestation). Attendre de
ces actions, opposées dans leur conception et s’adressant à un public aussi diversifié, une portée
similaire au regard de la baisse de sinistralité ne me parait pas toujours pertinent.
Par ailleurs, comme la Cnam l’a indiqué au cours de la phase d’enquête, les TPE/PME sont un
public particulièrement complexe à sensibiliser à la prévention des risques professionnels. Au-delà
d’une réticence générale aux procédures administratives, ces entreprises sont peu concernées par
les AT/MP : une entreprise de 9-10 salariés connaîtra en moyenne un AT tous les 3 ans en son sein
et tous les 15 ans pour les entreprises de moins de 5 salariés. L’octroi d’aide financière constitue
donc un levier de sensibilisation que la branche utilise pour promouvoir la culture de prévention
et en représenter une première étape. L’octroi d’une subvention permet d’agir concrètement sur
au moins une situation de travail et d’améliorer la sécurité dans l’entreprise, même si la mesure
d’impact statistique ne se lit pas. Il est évident que les contrats de prévention s’inscrivant dans
une durée pluriannuelle et impliquant des entreprises de plus grande taille, peuvent quant à eux
démontrer plus efficacement une baisse de sinistralité.
Les différentes études et méthodologies testées pour mesurer cet impact pour les subventions
ont effectivement échoué, y compris par recours à un institut extérieur. Il est mentionné dans le
rapport la nécessité de poursuivre la recherche de méthodologies adaptées ; c’est également le
souhait des partenaires sociaux de la branche et de la Cnam, comme le prévoient les rédactions en
projet dans le cadre de la future COG AT/MP 2023-2027.
Deuxièmement, le rapport met en exergue des manques dans la gestion et le contrôle de
l’attribution de ces aides.
En matière de gestion, le rapport évoque un fonctionnement imparfait, en lien avec la multiplicité
des subventions et leur « saupoudrage » au sein des entreprises bénéficiaires.
Il me semble important de justifier ce dernier point au regard du nombre d’entreprises concernées,
celles de moins de 50 salariés étant les plus nombreuses sur le territoire, et de la diversité des
activités considérées comme exposantes aux risques professionnels, selon les secteurs, les
organisations ou situations de travail. Comme l’évoque le rapport, il existe 74 aides financières
(de type SP-TPE) créées sur 4 ans, mais 1/3 d’entre elles concentre 96 % de la dépense, et il s’agit
essentiellement d’aides nationales. Il y a donc en réalité une réelle concentration de ces aides, sans
pour autant exclure l’ensemble des secteurs d’activité.
Il faut également rappeler à ce titre que l’arrêté de 2010 fondant les incitations financières de
la branche ne les limite en aucun cas aux seuls secteurs « sinistrogènes ». La mise en œuvre des
subventions régionales se limite à 3 subventions au maximum. La dispersion que vous évoquez est
donc toute relative et maitrisée. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de subventions nationales
44 LES AIDES DE LA CNAM À LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS : UNE EFFICACITÉ NON DÉMONTRÉE
en 2019 est une traduction concrète de l’augmentation des crédits accordés aux aides financières
durant la COG 2018-2022 (de 50 M€ à 100 M€).
Comme l’indique le rapport, la Cnam n’est effectivement volontairement pas restrictive, ce qui
permet à tous les Comités Techniques Nationaux incluant la représentation professionnelle de
tous les secteurs d’activité, de proposer des aides financières. Il en résulte donc des dynamiques
différentes selon l’organisation de cette représentation, par exemple plus structurée s’agissant du
BTP par rapport au médico-social, ce paramètre échappant de fait au périmètre d’action légitime
de l’Assurance Maladie-Risques professionnels. Il me semble utile de préciser que, bien sûr, s’il ne
relève pas de la compétence de la Cnam d’organiser la représentation professionnelle, pour autant
l’accompagnement des représentants des entreprises en prévention est bien de son périmètre
légitime.
Le rapport évoque par ailleurs une affectation régionale des budgets indépendante de la
sinistralité, relevant une forte variation des montants versés selon les régions. Or, abstraction faite
des régions ayant des indices de sinistralité plus faible (l’Île-de-France par exemple, au regard de la
prééminence des activités de service), les montants versés par établissement ne varient que dans
un rapport de 1,5.
Le rapport évoque par ailleurs un lien imparfait entre les aides accordées et la sinistralité par
secteur d’activité. Je souscris pleinement à l’approche en fonction de la criticité du risque que vous
proposez (graphique n° 4), et je rappelle que les programmes de prévention et les aides financières
sont construits en segmentant finement la sinistralité par codes risques et/ou par codes NAF.
Concernant la gestion des subventions, le rapport évoque une documentation tardive relative aux
aides. Il faut cependant clarifier ce qui relève de la documentation interne, traduction écrite des
consignes de la Cnam à son réseau, des éléments de cadrage à destination du public des entreprises.
Vis-à-vis des entreprises, chaque ouverture de subventions s’accompagne systématiquement de
règles d’éligibilité décrites par des conditions d’attribution voire cahiers des charges.
Cette documentation relative aux aides n’est pas superflue car elle est le cadre de référence pour
les contrôles avant paiement, en transparence vis-à-vis des entreprises utilisatrices. Leur efficacité
se lit à travers le taux de rejet, élevé, que constate la Cour. Ce taux de rejet illustre la difficulté des
TPE/PME face aux processus administratifs de façon générale et le positionnement de la Cnam sur
une logique de cadres et contrôles. La Cnam ne se dote en effet pas d’objectif de réduction » de ce
taux, ce que semble regretter la mission. Rechercher l’abaissement de ce taux serait renoncer à un
contrôle strict avant paiement, alors même que le rapport évoque des carences du contrôle interne.
Sur ce dernier point, la mise en œuvre récente d’une politique unifiée de contrôle des subventions
est évoquée. En effet, les travaux nationaux ont démarré en 2020, concomitamment à une
augmentation forte des crédits nationaux attribués à la branche. S’ils n’ont abouti qu’en 2022, ce
délai est à attribuer à la crise sanitaire ayant eu un effet particulier sur le sujet des aides financières,
avec l’ouverture d’une subvention spécifique, de très forte audience et ayant en conséquence
mobilisé intensément l’ensemble des organismes régionaux. Pour autant, les pratiques de
COUR DES COMPTES 45
AUDIT FLASH
Mars 2024