Thme IV - Les Rapports Entre La Nature Et La Culture
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Introduction
La nature et la culture comptent parmi les notions essentielles absorbées en philosophie. Lorsqu’il
s’agit de déterminer l’essence de l’homme, des divergences apparaissent entre les philosophes. Aussi,
pour satisfaire ses besoins existentiels, rendre sa vie agréable, supportable et créative l’homme fait
recours au travail et à l’art.
I-Les différentes acceptions des concepts nature et culture
1-La nature : définition
Du latin natura qui signifie naître, grandir, pousser, la nature est tout ce qui entoure l’homme et
qui n’est pas son œuvre. Le concept nature est polysémique, c’est-à-dire qu’elle a plusieurs sens. A priori,
elle renvoie au milieu ambiant, à l’environnement la nature, c’est également tout ce qui n’a pas encore
subit la transformation de l’homme, c’est-à-dire le déjà là. Ensuite, elle désigne l’ensemble des propriétés
communes à tous les hommes, propriétés héréditaires ou innées tant du point de vue physiologique,
morphologique que biologique.
2-La culture : définition
La culture vient du mot latin cultura qui signifie cultiver, élever. La culture désigne l’action de cultiver son
jardin ou son champ. Ce terme est polysémique. D’abord, la culture est l’ensemble des savoirs accumulés
au cours de l’histoire. Dans son approche sociologique, la culture désigne l’ensemble des faits sociaux :
les traditions, les civilisations, les comportements propres à un groupe d’individus comme Ralph Linton
affirme : « La culture est le mode de vie d’une société ». En suite et enfin, au sens littéraire, la culture
est l’ensemble de production tant matérielle que spirituelle de l’homme, c’est-à-dire ce qu’il ajoute à la
nature et demeure essentiellement une œuvre humaine comprenant : La technique, les coutumes, la
religion, la science, la linguistique, … André Malraux écrit : « La culture nous apparaît d’abord comme
la connaissance de ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers ». Allocution
du 31 mai 1952 au congrès de l’œuvre du XXe siècle.
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Poursuivant cette logique, Thomas Hobbes démontre que la nature de l’homme est caractérisée
par la méchanceté, l’agressivité. Ceci dit, l’homme est par nature mauvais, méchant complice, perfide,
traitre et barbare. C’est pourquoi, il écrit : « Homo homini lupus » qui veut dire en français « l’homme
est loup pour l’homme ».
J.J. Rousseau de son côté montre que l’homme par essence est un être moral, c’est-à-dire
destiné à faire le bien. Il est fait pour compatir aux maux de son prochain à travers les sentiments de pitié,
de bonté, de compassion, d’altruisme, etc. Cette nature s’efface lorsque l’homme intègre la culture. Ainsi,
écrit-il : « L’homme est né bon, c’est la société qui le rend méchant ». Du contrat social
2-L’homme a une culture (Marx Karl, Lucien Malson)
Ce qui caractérise et détermine l’homme, c’est la culture. L’homme n’a pas une nature préétablie.
Il est le produit de la culture à travers : La science, la technique, l’art, la religion, les mœurs, les langues,
la politique, les traditions, les civilisations, l’écriture. Autrement dit, le comportement de l’homme est
influencé par ses productions. L’homme n’est homme que par la culture et non par la nature. Il est le
produit de la culture par le biais du travail qui l’a façonné. Dans Idéologie allemande, Karl Marx montre
que l’homme n’est homme que parmi les hommes, c’est-à-dire, c’est la culture, la société qui définit
l’homme comme il écrit : « Nous ne sommes que le produit des rapports sociaux ».
Dans Les enfants sauvages, Lucien Malson n’accorde du crédit à la nature humaine. Il pense
que les enfants à peine nés et recueillis parmi les loups n’ont ni langage, ni connaissance et ni affection.
Ils deviennent enfants loups. Ainsi, écrit : « L’homme n’a pas de nature, il a ou plutôt une histoire ».
Ceci dit, l’homme est un être culturel et rien de plus. L’homme n’est que de ce qu’il est devenu.
3-La surdétermination de la culture sur la nature
Dans les rapports entre la nature et la culture, il est visible de constater que l’homme doit
beaucoup à la culture qu’à la nature. Il est saturé de culturel que de naturel, d’artificiel que de biologique.
C’est la culture qui porte la marque de la vie humaine. Elle reste le moyen qui élève l’homme et l’accorde
son certificat d’humanité. Georges Bataille écrit : « La culture est la voie par laquelle l’homme est sorti
de l’animalité ». L’érotisme
4-Rapport nature et culture
Quoique la culture tend à supplanter la nature en l’homme, il y a lieu de préciser que l’homme est à la
fois un être biologique et social, naturel et culturel. La nature et la culture sont liées en l’homme, il est
difficile d’en déterminer les frontières. Maurice Merleau-Ponty écrit : « Tout est fabriqué et tout est
naturel chez l’homme ». Phénoménologie de la perception, Paris, 1945.
III-Le travail
1-Définition du travail
Du latin tripalium, le travail désigne traditionnellement un outil formé de trois pieds permettant
d’assujettir les bœufs ou les chevaux. Il est donc un instrument de torture, de peine, de souffrance, de
supplice. Au sens moderne, le travail est le moyen par lequel l’homme entre en contact avec la nature
afin de soutirer ce dont il a envie pour subvenir à ses besoins existentiels. Il est un acte qui se fait entre
l’homme et la nature. Le travail est la condition de l’existence, il transforme et humanise l’homme en
développant son habilité, son acquitté sensuel, sa volonté et son attention. Georges Bataille écrit : « Le
travail est (…) la voie de la conscience par laquelle l’homme est sortie de l’animalité. C’est par le
travail que la conscience claire et distincte des objets nous fut donné ». L’Erotisme.
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John Locke ajoute en ces termes : « C’est le travail qui donne à l’homme toute sa valeur
propre ».
2-Quelques conceptions du travail
2-1-Le travail comme facteur de libération (Karl Marx, Voltaire)
Le travail est une activité de production des biens, activité utile qui est à l’origine de nos valeurs et de nos
droits. Il n’est pas un châtiment ni une malédiction. Voltaire dans Le Candide affirme que le travail est un
remède qui soigne les défauts de l’homme et l’épargne de tous les vices. Selon lui, le travail assure
l’indépendance et valorise la personnalité et soigne l’image de celui qui travaille. Ainsi, écrit-il : « Le
travail éloigne de nous trois maux : le vice, l’ennui et le besoin ».
Ou encore, Bernard Dédié : « le travail assure l’indépendance ». Climbier
Karl Marx, pour sa part, montre que le travail est une nécessité, une force de transformation du
réel au profit de l’homme. Il change les conditions du genre humain. Ainsi, en transformant le monde par
le travail, l’homme se transforme lui-même Le travail est synonyme du salut, de liberté, parce qu’il permet
à l’homme de s’approprier la terre. Le travail est source de libération, c’est-à-dire que le travail est une
activité qui libère l’homme des entraves de la nature. Il permet à ce dernier de s’épanouir, de se rendre
maître vis-à-vis de l’autre et de dominer la nature. Aussi, écrit-il : « Par le travail l’homme s’approprie
la matière naturelle, il agit sur elle, la transforme afin de s’en servir pour sa vie ». Le capital.
Pour vivre heureux, il faut travailler, toute réussite, toute formation, et tout succès sont par le
travail comme Hegel affirme : « C’est par la médiation du travail que la conscience vient à soi-
même…Le travail forme ».La Phénoménologie de l’esprit, P.165.
2-2-Le travail comme facteur de servitude (Karl Marx)
Selon La Bible, le travail est une punition que Dieu a infligée aux hommes. Ayant désobéi aux lis
et recommandations divines, les hommes par le biais de Adam et Eve doivent travailler pour produire ce
dont ils auront besoin pour leur existence terrestre. Le travail est donc synonyme de servitude, de
contrainte ou de corvée. Genèse 3-19 : « C’est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain ».
De même, en tant qu’activité de production de biens, le travail est aussi source d’aliénation, de
dépouillement, de dévalorisation et de chosification de l’homme. En ceci que le travail transforme l’homme
en robot, en automate (marionnette) ; Il le détruit physiquement, moralement et intellectuellement. Au
risque de périr, il faut s’éloigner du travail comme on fuit la peste. Karl Marx et Engels affirment : « Dans
son travail l’ouvrier ne s’affirme pas, mais se nie(…). Il mortifie son corps et ruine son esprit.
(…)C’est pourquoi l’ouvrier n’a le sentiment d’être libre qu’en dehors du travail. —Le monde de la
liberté commence là où s’arrête le monde du travail ». Les Manuscrits de 1844.
IV- L’art
1-Définition de l’art
L’art vient du mot latin ars ou du grec techné qui désigne un talent, un savoir-savoir, une habilité.
Il est une activité culturelle qui vise la production des belles œuvres. Autrement dit, l’art est une activité
créatrice humaine visant à créer le beau à travers les savoirs comme : La peinture, la sculpture,
l’architecture, la musique, la poésie, le dessin etc.
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Cette définition du beau montre que le beau n’est ni relatif ou subjectif, il est objectif et est reconnu par
tous comme nécessaire. Est beau, en ce sens, ce qui plaît. Kant écrit : « Est beau ce qui est reconnu
comme l’objet d’une satisfaction désintéressée »
N.B : Le beau chez Kant suscite un plaisir universel pour tout le monde. Il ne dépend pas de X
ou de Y, il reste une satisfaction où X et Y trouvent une adhésion obligatoire. De même Kant affirme que
le beau dans son objectivité universelle traduit le sublime qu’on ne peut pas exprimer par les paroles.
3-4-L’art négro-africain (Senghor, Bidima, Mveng)
L’art négro-africain correspond à l’art ancestral des différents peuples d’Afrique noire par
exemple : L’art Zulu, l’art Batéké, l’art Wolof, l’art Bamiléké, l’art Baluba constituent en général l’art
négro-africain. Cet art reste un beau collectif, social, vital et engagé. Dans Négritude et humanisme,
Sedar Senghor présente l’art africain comme une beauté qui poursuit sa propre fin. Cet art est caractérisé
par un engagement et a une fonction sociale, politique et culturelle. L’art négro-africain chante la beauté
noire, la vigueur, la force du noir, sa vie associative, sa communication avec les ancêtres et son unité
religieuse. A cet effet, Senghor pense que l’art des nègres demeure un instrument en vue d’une finalité
utilitaire. Ainsi écrit-il : « La beauté chez les noirs n’est ni un divertissement, ni un ornement qui
s’ajoute à l’objet ».
Poursuivant cette logique, Mveng Bidima montre que la particularité de l’art nègre se traduit dans
l’utilité du beau .Selon Mveng, la beauté chez les noirs a un sens et un rôle. Par exemple la beauté d’un
siège réservé au chef, est décoré au motif de la panthère, du léopard ou du lion. Cette beauté traduit la
puissance, le pouvoir et la domination. Le noir vit la présence de l’œuvre d’art, tout son être est impliqué
dans son rapport avec l’œuvre d’art : Les masques, les danses traditionnelles et le rythme véhiculent un
message. Ainsi, écrit-il : « L’art negro-africain est collectif ». L’art d’Afrique noire, Yaoundé, Edit,
Clé.
Conclusion
En somme, il sied de dire que la nature et la culture sont complémentaires. L’homme est à la
fois naturel et culturel. Et c’est par le travail et l’art qu’il exprime son génie inventif pour la création
du beau. L’Afrique n’est pas restée en marge dans les concerts des activités artistiques qui d’ailleurs sont
importantes et renommées.
SUJETS DE REFLEXION
Sujet 1- Le biologique détermine-t-il l’homme ?
Sujet 2- Le travail est-il un châtiment ?
Sujet 3-l’art est-il lié un intérêt ?
Sujet 4- le beau est-il universel ?
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