Capture D'écran . 2024-02-22 À 10.54.04

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 31

Année universitaire 2023 - 2024

……………………….
Université catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO)
………………………
Institut d’Économie et de Gestion (IEG)
………………………

Licence 2

………………………

Cours de Pr KOUAKOU Oi Kouakou Benoît

Méthodologie de Recherche

1
SYLLABUS
Nom de l’Enseignant : Dr KOUAKOU Oi Kouakou Benoît
Fonction : Enseignant-chercheur
Niveau : Licence 2
Intitulé du cours : Méthodologie de recherche
Description du cours : La recherche scientifique est un processus rationnel pour examiner des phénomènes, et
obtenir des réponses précises à partir d'investigations. Elle requiert une démarche rigoureuse en vue
de découvrir ce qui est caché. Ce cours s’attache à donner les rudiments de cette démarche qui aboutit
à la réalisation du mémoire de fin de cycle.
Objectifs du cours :
 Objectif général : Comprendre le processus de recherche en vue de la réalisation du mémoire dans
ses différents aspects et articulations.
 Objectifs spécifiques :
- Définir les différentes phases de la recherche scientifique ;
- Expliquer la rédaction du projet de mémoire ;
- Maitriser la collecte des données.
Contenu du cours :
CHAPITRE 1 : COMPRENDRE LES PHASES DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
1. Appréhender l’esprit de la recherche scientifique
2. Définir le sujet de recherche
3. Rechercher des documents
4. Choisir un directeur de mémoire
CHAPITRE 2 : REDIGER UN PROJET DE MEMOIRE
1. Justifier le choix du sujet
2. Formuler un problème de recherche
3. Poser des questions de recherche
4. Définir des objectifs de recherche
5. Formuler des hypothèses de recherche
CHAPITRE 3 : ÉCRIRE UNE REVUE DE LA LITTERATURE
1. Faire l’état critique des connaissances sur le sujet
2. Elaborer le cadre de référence théorique
CHAPITRE 4 : COLLECTER LES DONNEES
1. Comprendre la collecte des données
2. Utiliser les instruments d’observation et la collecte des données
3. Expliquer le déroulement de la collecte des données
4. Exposer le plan d’analyse des données

Mode d’évaluation : évaluation en cours de formation :


- Présentation des documents recherchés et sélectionnés (20%),
- Présentation critique/débat d’un texte choisi : exposé (20%),
- Examen en classe : développer des questions posées (60%).
Matériel de cours :
- Vidéo projecteur
- Support de cours fourni à photocopier,
Consignes pour les exercices et les travaux de groupes :
- Évaluation de la capacité d’analyse et de synthèse : le groupe produit efficacement un texte
d’exposé d’une seule page ;
- Note de groupe complétée par un bonus qui différencie chacun des autres.
Bibliographie sélective :
- Mace Gordon et Pétry François, 2011, Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences
sociales, Bruxelles, De Boeck Université (4è édition).
- N’Da Paul, 2015, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines. Réussir sa thèse,
son mémoire de master ou professionnel, et son article, Paris, L’Harmattan.

2
Chapitre 1 : Comprendre les phases de la recherche scientifique
1. Appréhender l’esprit de la recherche scientifique
(Paul N’DA, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines. Réussir sa thèse, son mémoire de master ou
professionnel, et son article, Paris, 2015, L’Harmattan, pp. 17-19 ; 22-24).

La recherche scientifique, c'est avant tout un processus, une démarche rationnelle qui permet d'examiner des
phénomènes, des problèmes à résoudre, et d'obtenir des réponses précises à partir d'investigations. Ce processus se
caractérise par le fait qu'il est systématique et rigoureux et conduit à l'acquisition de nouvelles connaissances. En d'autres
termes, la recherche scientifique se définit comme un processus systématique de collecte de données observables et
vérifiables à partir du monde empirique. La recherche se distingue donc d'un simple tâtonnement ou de l'essai
circonstanciel du praticien: elle suit une démarche rigoureuse pour trouver des réponses à des questions qui nécessitent
des investigations dans le réel. Elle tente de découvrir ce qui est caché, de mettre à nu ce qui ne se constate pas de
manière évidente; elle tend vers la découverte de loi, de principe d'explication.
On retient par conséquent que la recherche est un processus, une activité de quête objective de
connaissances sur des questions factuelles. Ses fonctions sont de décrire, d'expliquer, de comprendre, de
contrôler, de prédire des faits, des phénomènes, des conduites, donc d'élucider le mécanisme de production des
faits, en l'occurrence des faits sociaux.
Pour accumuler des connaissances sur ces questions factuelles, le chercheur mobilise tout un «métier». Il
met entre parenthèses ce qu'il croit savoir (les prénotions, comme dit Durkheim), prend du recul par rapport à la
façon commune de penser, de voir, de poser les problèmes, de faire les observations. Il définit des hypothèses
mettant en relation des concepts, des variables. Ses hypothèses sont ensuite soumises à l'épreuve des faits, sont
donc testées à l'aune des données construites grâce à une variété de techniques ou instruments de recherche.
Le chercheur peut par exemple élaborer des grilles pour observer les interactions dans une classe, peut faire une
analyse de contenu de manuels, de journaux, de toutes sortes de documents, peut mener une enquête sur les
trajectoires des élèves, peut sonder les opinions des consommateurs, des lecteurs d'un journal.
On le voit, la recherche a pour finalité de découvrir l'inconnu, de traquer la vérité cachée afin de faire sortir
quelques évidences. Les parcelles de vérité se dissimulent sous les objets, les faits, les comportements et
attitudes, les événements, les phénomènes, les pratiques sociales, etc. Pour leur manifestation, le chercheur
peut aller de la supposition ou de l'hypothèse à la découverte de vérité plus assurée en passant par un cycle
d'opérations rigoureux, méthodique. La rigueur dans l'observation, dans l'analyse et l'interprétation des données,
des faits, des idées, caractérise le chercheur.

2. Définir le sujet de recherche


Une recherche porte sur un sujet particulier. Le chercheur fait une investigation sur quelque chose de précis
qui s’inscrit dans le cadre d’un thème général. Par exemple, un chercheur peut s’intéresser aux TIC à l’université
(thème) et étudier un sujet précis sur « l’Internet et le rapport au savoir des étudiants »
La première étape d’une recherche commence par le choix d’un sujet à préciser évidemment grâce à un
effort d’exploration (lectures, entretiens exploratoires). Comme inévitablement, le chercheur doit se poser cette
question qui se formule de différentes façons : « Au fond qu’est-ce que je cherche ? » ou « De quoi je veux
parler ? » ou « Qu’est-ce que j’ai l’intention de montrer ou de démontrer ? ». Il s’apprête dès lors à rechercher les
informations utiles, pertinentes qu’il devra rassembler et intégrer pour traiter « son » sujet. En explorant les
connaissances sur son sujet pour pouvoir bien le comprendre lui-même, il précise pour lui-même le sujet en
question et le formule mieux. Un sujet est formateur pour celui qui le traite s’il est pour lui un exercice
d’acquisition de compétences véritables, de connaissances assurées, de savoir-faire au plan de l’investigation,
de l’analyse, de la discussion des résultats qu’il apprend à rédiger.
3
Le choix d’un sujet constitue une sorte d’engagement pour devenir spécialiste d’un domaine précis de la
connaissance. Le choix tire à conséquence et peut déterminer un projet de profession et de vie.
C’est dire que le sujet doit présenter un intérêt certain pour le chercheur. Il pourra d’autant plus s’y investir
qu’il est captivé par le sujet et attend lui-même les résultats de sa recherche. Il s’assurera rapidement de sa
faisabilité, de la disponibilité et de l’accessibilité des documents et matériaux.
Mais comment naît un sujet dans l’esprit du chercheur ? Il y a une part de subjectivité dans la mesure où le
« vécu », l’expérience, les goûts personnels, les projets, l’avenir peuvent conduire à avoir des préférences pour
certains sujets. Il y a des centres d’intérêt qui reviennent souvent, des points de cours, des activités universitaires
où l’on s’est déjà montré très bon, des lectures qui ont marqué, et puis il y a la tentation de l’aventure d’innover,
de vouloir simplement connaître, découvrir, autant d’éléments qui peuvent stimuler pour un choix de sujet.
L’intérêt peut se laisser renforcer, surdéterminer par les aptitudes personnelles, par la capacité d’aborder et de
traiter le sujet en question. Bien entendu, certains sujets, plus que d’autres, sont d’intérêt plus stratégique
d’autant qu’ils augmentent les chances de financement, de publication, de recrutement ou d’accès ultérieur à des
postes intéressants, ouvrent des perspectives de carrière attrayantes…
Dans tous les cas, un sujet doit être, pour le chercheur, intellectuellement intéressant, traitable, réaliste au
plan des aspects à analyser dans la période et le milieu couverts. Ni trop général, vaste ni trop étriqué ni non plus
fongible, passe- partout, fantaisiste ou en trompe-l’œil. L’exploration même rapide de la documentation
scientifique ainsi que des entretiens exploratoires auprès de spécialistes sont utiles au début de la recherche de
sujet, pour la vérification de sa pertinence et sa compréhension.
Un sujet ne doit pas présenter d’ambiguïté et l’auteur de la recherche ne pâtit pas lui-même de sa perplexité
ou de son apparente banalité. Il sait exactement ce qu’il veut. Par exemple, un sujet comme « L’intégration
pédagogique des TIC à l’université » prête à différentes interprétations. Un chercheur voudra étudier l’utilisation
régulière de ces techniques par les étudiants et les enseignants engagés dans l’apprentissage actif, pour
soutenir, améliorer ou rendre l’enseignement et l’activité d’apprentissage plus significatif. Un autre voudra situer
l’apprentissage des TIC dans une optique de connaissance des techniques usuelles à des fins utilitaristes
professionnelles. Un troisième voudra plutôt étudier les TIC comme moyens de développement chez les
étudiants d’aptitude à rechercher, à valider ou à trier de l’information. La recherche s’attache alors à vérifier en
quoi les TIC sont nécessaires voire indispensables pour développer l’esprit critique, la capacité de discerner,
essentielle dans un monde saturé d’information.

3. Rechercher des documents


La recherche scientifique, aujourd'hui, est rendue d’autant plus intéressante que les sources d'informations
se sont multipliées. Mais devant la masse documentaire disponible en bibliothèque ou sur l'Internet, il importe
d'acquérir une méthode qui apporte l'efficacité dans le travail.
En fait, en quoi consiste la recherche documentaire ? Quels en sont les outils principaux ?
3.1. Qu’est-ce que la recherche documentaire ?
Le mot ‘‘document’’ vient du verbe latin docere qui veut dire instruire, enseigner, informer, démontrer, et du
substantif documentum qu’on peut traduire par ‘‘ce qui sert à instruire, à former, à démontrer’’. Un document, en
principe contient des renseignements écrits et a pour but de fournir des informations.
Or, tout travail de réflexion, d’analyse, quel qu’il soit (intellectuel ou scientifique, administratif ou technique)
exige toujours un minimum d’informations sur le sujet à traiter ou le problème à résoudre.
Ces informations, on peut les obtenir soit par l’enseignement ou par la formation reçue, par la culture
générale, par des connaissances précises, soit en faisant appel à des renseignements et à des informations
disponibles ou à des documents existants et accessibles. C’est cela la documentation. Se documenter consiste
donc à rechercher et à découvrir des informations là où elles se trouvent, à disposer des documents, à les
dépouiller et en user.

4
Bref, se documenter, c’est réunir tous les éléments d’information disponibles, c’est rassembler le maximum
d’information, de documents sur un sujet donné. Ces documents peuvent se présenter sous les formes les plus
variées à notre époque : livres, périodes (revues), journaux, photos, diapositives, mais aussi films, télévision,
cassette audio ou vidéo, cédéroms, Internet, etc. Il s’agit donc de documents écrits, numérisés, iconographiques,
sonores et audiovisuels.
Mais pour une bonne documentation, pour que les informations soient fiables et efficaces, il faut définir
clairement le sujet, préciser le type d’information recherché, le domaine concerné, prendre la peine et le temps de
le chercher et de les trouver. C’est ce qui s’appelle la quête de l’information ou la recherche documentaire ou
encore la recherche bibliographique quand il s’agit simplement ou prioritairement d’ouvrage, de publication, de
textes écrits, de supports papier. Cette étape fait partie intégrante de la recherche. C’est même, à dire vrai, la
première recherche véritable. En effet, quand on a un sujet, quand on a terminé la problématique et le champ
d’investigation avec les axes de réflexion, il reste, pour la suite de l’étude, une bonne documentation pour mener
à bien le travail commencé.
La recherche documentaire ou bibliographique permet de découvrir les ouvrages indispensables ainsi que
les nouvelles publications et de faire le point sur l’existant (pour ne pas reprendre éventuellement une étude déjà
réalisé) ; elle permet aussi d’avoir des moyens sûrs et des outils efficaces – et donc des compétences – pour
prolonger la recherche, pour tourner la réflexion vers ce qui n’est pas connu pour approfondir les analyses faites
et obtenir des résultats scientifiquement intéressantes, enrichissantes afin de faire avancer les connaissances
dans le domaine concerné.
3.2. Les types de documents et les principaux outils de recherche bibliographique
Selon les sujets et les types de recherche, on peut avoir recours à des documents divers. On a par ex :
- Les documents écrits tels que les livres, les articles, les thèses, les mémoires, les manuscrits
(autobiographie, mémoire, archives, documents de famille, journaux et carnet intimes,
correspondances, registres administratifs, registres de paroisse etc.), les tapuscrits (rapports, procès-
verbaux, notes de service, circulaires, documents internes etc.)
- Les documents iconographiques comme les courbes, les diagrammes, les graphiques, les schémas,
les dessins, les tableaux, les pictogrammes, les gravures, les photos, les diapos, les cartes
géographiques, les cartes routières, etc.
- Les documents sonores et audio-visuels comme les courbes, les films, les disques, les cassettes
audio, les cassettes et disques vidéo (laser-disc), les CD, les CD-Rom (Compact Disc Real Only
Memory) ou cédérom, les DVD (Digital Video Disc), etc.
- Les documents numérisés, avec des logiciels disponibles

4. Choisir un directeur de recherche


Le directeur de mémoire est choisi en fonction de ses compétences par rapport au sujet qu'on veut étudier; il
devrait être le spécialiste le plus indiqué en la matière pour aider à conduire à bon port la recherche à
entreprendre. On peut tenir compte de sa disponibilité, et secondairement de son caractère.
Le directeur de mémoire n'est pas l'auteur de la recherche. Il ne choisit pas le sujet, il ne rédige pas le
mémoire il n'est pas évalué sur son contenu. Il n'est pas disponible en permanence, ni par sa présence ni par son
intérêt. Il faut l’« utiliser » avec la plus grande productivité possible, préparer les entretiens avec lui, se centrer à
chaque rencontre sur quelques questions, ne pas tout attendre de lui. Le directeur n’a pas pour rôle de tout
vérifier. Il faut lui demander de se concentrer sur l'essentiel sur ce qui vous pose réellement problème. Certes, il
devrait valider toute vote production, mais […] il ne s'agit pas de son mémoire (!), faites en sorte qu'il puisse
examiner sereinement les questions délicates et épargnez-lui les relectures multiples de pages qui seront
finalement toutes reprises ou supprimées après qu'il les aura lues.

5
Chapitre 2 : Spécifier la problématique
(Paul N’DA, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines. Réussir sa thèse, son mémoire de master ou
professionnel, et son article, Paris, 2015, L’Harmattan, pp. 51-78)

Avant de pouvoir choisir une technique d'enquête, de formuler une hypothèse, le chercheur doit avoir perçu
en amont un «problème» à élucider, à étudier par sa recherche. C'est une étape essentielle du processus de la
découverte scientifique. On ne peut en faire fi si l'on ne veut pas naviguer à l'aveuglette.
Cet aspect de la recherche ne saurait se réduire à l'habitude de faire des lectures en vue de se livrer à
quelques réflexions ou même de faire le point sur un sujet (revue de la littérature) et de poser de questions. Il
s'agit d'une opération qui vise à identifier l'ensemble des éléments qui posent problème, à expliciter les
dimensions du problème, la nature du problème, tout ce qui révèle qu' «il y a problème en la demeure». Il s'agit
de toute une construction de «ce qui pose problème» ; il s'agit d'une problématisation.
Au fait, qu'est-ce qu'une problématique? La problématique relève de la conceptualisation, de la
conception, du traitement théorique de l'objet d'étude. Elle réside dans l'effort de construction, d'agitation
d'idées, de pensées, de théories sur «ce qui fait problème» dans un sujet. Elle concerne donc un problème, c'est-
à-dire un objet de préoccupation identifié, passé au crible des questions, des objectifs, des hypothèses de
recherche, de la recherche des indicateurs des variables en jeu, objet autour duquel s'articulent des lignes
d'analyse rendant compte de la spécificité du sujet et permettant de le traiter correctement. A propos, on peut
rappeler la définition de Michel Beaud (1999 : 32) : «La problématique, c'est l'ensemble construit, autour d'une
question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet
choisi». Jacques Chevrier (1993 : 50) apporte un enrichissement en précisant que la problématique prend soin de
définir un problème auquel la recherche s'attaque et fournit les éléments nécessaires pour justifier la recherche. Il
écrit: «En cela, elle constitue essentiellement un texte argumentatif présentant le thème de recherche, un
problème spécifique se rattachant à une question générale, et les informations nécessaires pour soutenir
l'argumentation servant à justifier la recherche elle-même». Il souligne que l'examen de «l'ensemble des
éléments formant problème» doit engendrer chez le chercheur une insatisfaction, un malaise causé par l'écart
entre ce qu'on sait et ce qu'on devrait savoir, doit conduire à un étonnement, à un questionnement qui motive
justement la recherche.
A la vérité, une problématique exprime et explicite les préoccupations en termes de vide à combler, de
manque à gagner par rapport à la connaissance et aux enjeux mis en jeu par un sujet.
Présenter la problématique d'une recherche, c'est réellement répondre à la question: en quoi a-t-on besoin
d'effectuer cette recherche et de connaître ses résultats? En fait, il s'agit de fournir des éléments pour justifier la
recherche en définissant le problème auquel on s'attaque, en disant où réside et en quoi consiste le problème. La
problématique est donc un texte argumentatif élaboré qui comprend plusieurs points. Les chercheurs,
surtout débutants, ont intérêt à les présenter clairement l'un après l'autre, comme cela va être exposé.

1. Justifier le choix du sujet


1.1. Motivation et intérêt pour le sujet
Comme dans toute bonne introduction de dissertation classique, il faut amener le sujet, l'introduire, c'est-à-
dire indiquer d'où il sort ou d'où on le sort, comment on en est venu à le choisir parmi tant d'autres du domaine
de recherche.
Le chercheur évoque les motivations qui ont suscité son intérêt pour ce sujet. C'est important. Car une
recherche entreprise sans motivation peut devenir pénible et être vouée à la stagnation. Par cette étude, le
chercheur peut viser au fond à se rendre plus compétent plus efficace et utile dans sa profession, à mieux
comprendre une situation où il est impliqué. Mais il devra passer de «son» intérêt pour ce sujet à l'intérêt «du»
sujet, à l'intérêt objectif de ce sujet, par rapport à la science et aux retombées sociales.
6
1.2. Pertinence scientifique du sujet
Le chercheur exprime la pertinence scientifique du sujet, sa portée scientifique, en indiquant en quoi ce sujet
s'inscrit dans les préoccupations scientifiques d'autres chercheurs ou simplement a fait l'objet de travaux, de
thèses ou de mémoires de devanciers. Cela revient à souligner l'intérêt des chercheurs pour ce thème (nombre
de publications, de livres, d'articles, de conférences...). Sans commencer ici la revue de la littérature, il cherche à
dire en quoi l'étude de ce sujet contribuera à l'avancement des connaissances, à expliquer l'intérêt théorique du
sujet. Le chercheur a intérêt à relever que le sujet qu'il aborde n'est ni dépassé, ni usé ni épuisé et qu'il ne
manque pas d'actualité et d'originalité surtout sous l'angle qu'il l'aborde.
1.3. Pertinence sociale
La pertinence sociale, politique ou autre d'une recherche s'établit en montrant en quoi elle apporte réponse
aux préoccupations des décideurs sociaux (directeurs), des hommes politiques, des praticiens (parents,
enseignants, communicateurs, consommateurs etc.). La question de la pertinence sociale intervient lorsque le
chercheur justifie le choix qu'il fait d'un sujet, lorsqu'il décide d'aborder ou non tel suite, de l'aborder sous tel angle
ou de telle façon plutôt que de telle autre, pour indiquer son importance par exemple du point de vue de la
collectivité ou de la vie de la société. Autrement dit, le chercheur peut exprimer une conscience claire des
conséquences sociales ou de l'utilité pratique que sa recherche peut avoir, au moment où il choisit son sujet; il en
justifie ainsi la pertinence sociale. Il n'a pas à évoquer les retombées sociales de son étude au moment où il en
formule les objectifs; ceux-ci doivent rester des objectifs exclusifs de recherche. Ace niveau précis, il dit ce qu'on
(la société, par exemple) gagne sur le plan pratique à voir se réaliser cette recherche.
Exemple de Justification du choix du sujet avec le sujet : « La communication gestuelle dans le sport. L’exemple du football »
1. Justification du choix du sujet
Le sujet nous touche personnellement à plus d’un titre. De plus, il présente un intérêt scientifique et a une
pertinence sociale.
1.1. Intérêt personnel
L’intérêt que nous accordons à ce sujet est dû à notre grande passion, à notre amour pour le sport, et plus
précisément pour le football. Il nous apparaît nécessaire d’expliquer certaines faces cachées de ce sport (tels que la
communication gestuelle) qui bien que méconnues, concourent à sa bonne compréhension.
1.2. Pertinence scientifique
Le football est une discipline sportive qui a été l’objet de plusieurs études. Certains se sont intéressés à sa
compréhension générale. On peut signaler par exemple les travaux de CAVIGLIA Francesco (1997). On peut également
signaler le Dictionnaire du football MEYER Benoît (2002).
D’autres auteurs, comme RIOLO Daniel (2011), ont cherché à s’orienter sur Les secrets des coachs ; d’autres
encore se sont intéressés à la gestuelle. Citons ici les travaux de BARRIER Guy (2014) et ceux de MESSINGER Joseph
(2007).
Dans cette perspective générale, ce travail veut se pencher sur la communication gestuelle dans le football.
1.3. Pertinence sociale
Ce travail sur la communication gestuelle dans le football pourra servir avantageusement à la promotion de cette
discipline sportive. Il permettra aux acteurs de comprendre l’importance de la gestuelle dans ce sport, étant entendu que
de sa maîtrise dépend l’efficience de la pratique.

2. Formuler un problème de recherche


Le chercheur doit identifier clairement un problème, le désigner, puis le formuler, dire en quoi il consiste, et
cela dans un énoncé sans questions puisqu'il est prévu un espace pour la formulation des questions, juste après
le problème. Il peut par conséquent simplement : Le problème de recherche.
2.1. Qu'est-ce qu'un problème de recherche?
Quel que soit le type de recherche, la recherche naît toujours de l'existence d'un problème à résoudre, à
clarifier. Il y a problème lorsqu'on ressent la nécessité de combler un écart conscient entre ce qu'on sait et ce
qu'on devrait savoir. Et résoudre un problème, c'est trouver les moyens d'annuler cet écart. Autrement dit, il n'y a
pas de recherche là où l'on ne pose pas de question. Einstein a pu dire que la science est bien moins dans la

7
réponse que dans les questions que l'on se pose. Il est certes important de trouver, mais pour trouver, il faut avoir
perçu et posé une question à laquelle la recherche doit répondre. La simple accumulation de faits ou
d'informations ou la tabulation de données numériques qui n'est pas guidée par des hypothèses, qui ne vise pas
à apporter une solution à un problème, ne saurait constituer par elle-même une recherche scientifique.
Ainsi, toute recherche a pour point de départ une situation considérée comme problématique, c'est-à-dire
cause d'un malaise, d'une insatisfaction, voire d'une irritation et qui exige par conséquent élucidation et
explication. Un problème de recherche «attend» qu'une solution lui soit trouvée, qu'une modification ou qu'une
amélioration lui soit apportée. Le chercheur doit s'interroger sur une situation qui «défie» sa compréhension d'un
phénomène et résoudre un problème.
La formulation du problème est une étape essentielle de la recherche scientifique: elle permet de spécifier (là
ou) les questions pertinentes par rapport à l'objet d'étude et de construire cet objet en lui donnant un sens ou en
intégrant des faits qui, pris isolément ou en eux-mêmes, n'ont pas grande signification (…).
Sa préoccupation première est donc de montrer clairement qu'il y a «problème en la demeure», d'indiquer
en quoi consiste ce problème, quelle est sa nature. Il s'agit donc de présenter la situation, avec les faits qui s'y
attachent, et de dire ce qui fait problème.
Bref, une recherche vise à élucider un «problème», à identifier «ce qui pose problème» par rapport à un
sujet retenu. Un problème est une question à résoudre, une difficulté théorique ou pratique dont la solution n'est
pas encore trouvée, dont la solution n'est pas évidente, certaine. Et cela est source de malaise. Ce malaise vient
justement de ce qu'on n'arrive pas à cerner et à maîtriser d'emblée cette solution: il impose qu'une investigation
soit menée pour élucider le problème dont on attend une meilleure compréhension.
C'est au chercheur qu'il appartient de faire «apparaître» ce problème, de le révéler, de le formuler clairement
par rapport à un champ cognitif donné, de le rendre accessible et saisissable.
2.2. La formulation du problème de recherche
Formuler le problème, c'est exprimer en termes sans équivoque, dans un énoncé non interrogatif, la
situation qui exige qu'une recherche soit menée pour que la lumière soit apportée aux brouillards des
interrogations. C'est montrer à l'aide d'une argumentation que l'exploration empirique du problème est
nécessaire, pertinente, et qu'elle peut contribuer à l'avancement des connaissances.
En d'autres termes, le chercheur doit se concentrer sur la situation pour découvrir ce qui constitue le
problème, ce qui est à l'origine du problème (sur les personnes, les milieux, les politiques, l'environnement...
impliqués). Le chercheur peut ici introduire la perspective de sa discipline et expliquer en quoi elle est susceptible
d'aborder ou de résoudre le problème en question.
Evoquons quelques situations qui peuvent être à l'origine de problème de recherche, autant dire quelques
exemples de problème.
- Le problème peut résider dans l'absence totale ou partielle de connaissances concernant un domaine précis ou
concernant un élément de réponse à une question générale (par exemple l'attitude des élèves à l'égard de leurs
études dans la question générale de l'abandon scolaire). Il peut s'agir d'un aspect curieusement négligé, omis ou
ignoré d'un thème global et on veut connaître les facteurs qui déterminent, influencent ou maintiennent le problème.
Il peut s'agir d'évènements habituels ou de pratiques courantes sur lesquels on n'a pas d'informations systématiques
ou de connaissances assurées.
- On peut aussi faire état de situation concernant des phénomènes curieux ou étonnants. Il peut s'agir par exemple de
changements introduits dans le fonctionnement habituel d'une institution, d'un groupe de personnes (changements
de programmes, innovation technologique, suppression d'un poste, remplacement soudain d'un enseignant). Il peut
s'agir d'évènements insolites ou d'événements problématiques récurrents ou de pratiques qui s'établissent
difficilement ou échouent ou au contraire qui réussissent; et on veut savoir pourquoi, en connaître «le secret».
- Le problème peut concerner une lacune ou des contradictions repérées dans les travaux antérieurs portant sur un
même sujet. Il peut s'agir d'une incertitude dans les conclusions d'une recherche à cause de problèmes d'ordre
méthodologique, ou d'une absence de vérification d'une interprétation, d'un modèle ou d'une théorie.
8
En tout état de cause, le chercheur est conduit à analyser la situation à l'origine du problème. Il devra
s'interroger sur les manifestations observables (à travers des personnes, des objets, des faits, des écrits, etc.) qui
laissent supposer qu'il y a un problème à résoudre. Par exemple, il doit être capable de formuler un problème
précis que lui suggèrent les manifestations du chômage chez les individus, au plan financier par la privation de la
consommation courante, des loisirs et de l'épanouissement personnel, et au plan de la dépendance, de
l'insécurité, du découragement, etc.

3. Poser les questions de recherche


Le problème de recherche étant identifié et formulé dans la forme d'énoncé affirmatif, il s'agit maintenant de
procéder à un retournement (conversion) du problème sous forme d'énoncé interrogatif écrit au présent de l'indicatif. Il
s'agit de soulever et de poser explicitement la question cruciale et les questions complémentaires (autant que
nécessaires pour compléter et clarifier la principale ou pour exprimer intégralement le problème de recherche).
Poser des questions, c'est agiter le problème identifié sous ses différents aspects, angles ou dimensions.
C'est encore une façon de l'expliciter, de mieux le comprendre pour mieux l'appréhender. Poser des questions,
pour le chercheur, c'est aussi clarifier ses centres d'intérêt, et ce faisant préciser de quelle façon il choisit
d'aborder le problème à l'étude. Les questions suggèrent par elles-mêmes l'investigation empirique à faire, car
c'est à ces questions que la recherche doit apporter les réponses attendues.
Sans question, il n'y a pas de recherche, il n'y a pas de bon mémoire, de bonne thèse. Les travaux de
recherche doivent être «armés», à la fois guidés et animés par des questions. Celles-ci sont suscitées,
provoquées, imposées par le problème de recherche; elles découlent du problème.
Elles ne sont nullement des questions spontanées, générales. D'ailleurs, à en croire Lawrence Olivier et al.
(2005 : 27), les questions spontanées renferment des dangers qui peuvent devenir des obstacles à la
connaissance, dont « celui de faire de la question de départ (...) l'objet même de la recherche». Si elles justifient
le désir d'entreprendre une recherche, «… elles sont davantage des interrogations révélant l'intérêt d'un
chercheur pour un sujet que de véritables questions de recherche»). Les questions de recherche explicitent et
approfondissent le sujet et précisément le problème à l'étude. L'objet même de la recherche, c'est le problème
identifié qui subit un questionnement élaboré et dont l'étude est susceptible de contribuer un tant soit peu à
l'avancement des connaissances.
Bref, la question centrale, principale, doit être cruciale, essentielle par rapport au problème de recherche,
par rapport au sujet. « Elle ne doit pas être à côté du sujet, ou décalée, désaxée par rapport à lui » (Michel Beaud).

Exemple de problème et de questions de recherche avec le même sujet


Le football est une discipline sportive dont le but est de faire entrer le ballon dans les filets de but adverse tout en
évitant que l’adversaire en fasse autant. Ce qui signifie qu’il faut une parfaite cohésion, une parfaite entente entre les
différents coéquipiers. Cette entente n’est possible que s’il existe une communication efficace entre eux.
Or lorsque nous regardons un match de football, nous remarquons que les différents acteurs utilisent très peu le
langage verbal, langage humain par excellence, au détriment d’un ensemble de codes gestémiques. En effet, sur le
terrain de jeu, les arbitres, tout comme les joueurs et entraineurs, utilisent abondamment le langage des gestes, c’est à
dire la communication gestuelle. Toute chose qui laisse voir l’importance de cette forme de communication dans ledit
sport.
Il est donc besoin de comprendre pourquoi cette primauté de la communication gestuelle dans le football qui est un
sport pratiqué par des hommes dont le propre est de communiquer verbalement. L’objet de la recherche est ainsi
d’examiner les besoins auxquels répond la communication gestuelle dans le football.
Cette préoccupation suscite un certain nombre d’interrogations
Comment s’explique la prééminence de la communication gestuelle dans le sport ? Comment définir, en fait, ce
type de communication ? Quelle est son importance dans le football ? Quelles sont les différentes gestuelles qu’on peut
voir lors d’un match de football? Et que doit-on comprendre par ces gestes ?

9
4. Définir les objectifs de recherche
Il s'agit de déclarations affirmatives qui expliquent ce que le chercheur vise, cherche à atteindre. Les objectifs
expriment l'intention générale du chercheur ou le but de la recherche et spécifient les opérations ou actes que le
chercheur devra poser pour atteindre les résultats escomptés.
4.1. L'objectif général
L'objectif général indique le but recherché, l'intention globale visée par la recherche. C'est un objectif de
recherche. Il ne porte pas sur la pertinence sociale, sur les conséquences sociales (améliorer telle situation par
exemple).
4.2. Les objectifs opérationnels
Les objectifs opérationnels précisent l'objectif général en insistant sur les points ou les aspects du problème
étudié à observer et les opérations à mener par le chercheur pour atteindre l'objectif général formulé.
N.B. : Objectif général et objectifs opérationnels se formulent avec des verbes d'action pouvant conduire à des
observations. Ce sont des verbes comme: étudier, décrire, observer, énumérer, définir, vérifier, identifier,
construire, mesurer, évaluer, analyser, comparer. La définition des objectifs permet de conduire la
recherche à bon port et de vérifier que toutes les opérations nécessaires ont été menées et que la recherche
achevée correspond au dessein initial. Les objectifs doivent d'ailleurs correspondre au problème de recherche et
concerner les résultats attendus, et avoir un rapport avec les hypothèses. Cela ne signifie pas qu’il faille rédiger
autant d’objectifs qu’il y a de questions ou d’hypothèses formulées.

Exemple d’objectifs avec le même sujet de recherche


Objectif général
Etudier l’importance de la communication gestuelle dans la pratique du football.
Objectifs opérationnels
- Définir l’importance de la communication gestuelle,
- Décrire les différentes gestuelles servant à communiquer sur le terrain de football,
- Indiquer leurs rôles et leurs fonctions.

5. Formuler les hypothèses


(…) L'hypothèse est un énoncé affirmatif écrit au présent de l'indicatif, déclarant formellement une
relation anticipée et plausible entre des phénomènes observés ou imaginés. C'est une supposition ou une
prédiction fondée sur la logique de la problématique et des objectifs de recherche définis. C'est la réponse
anticipée à la question de recherche posée (…)
L’hypothèse établit une relation qu’il faudra vérifier en la soumettant ou en la comparant aux faits. C’est
une relation supposée entre les concepts ou précisément, entre les attributs des concepts qui représentent les
phénomènes observés et servent à les décrire. L’hypothèse demande à être confirmée ou à être infirmée par
l’épreuve de la confrontation aux faits.
Quels sont les facteurs à prendre en considération dans la formulation des hypothèses?
- L'énoncé de relations : Les hypothèses s'énoncent au présent sous forme affirmative (jamais sous forme de
question) et sous une forme permettant la vérification empirique. Elle décrit la relation supposée exister entre
deux variables, deux phénomènes, deux concepts ou plus. La relation décrite dans une hypothèse peut être
causale (de cause à effet; par exemple: «ceci explique cela», «ceci a une incidence sur cela», «ceci est la cause
de cela») ou d'association (par exemple: «ceci a un lien avec cela», «ceci est en relation avec cela»). Dans la
plupart des hypothèses, on considère deux principaux types de concepts: les causes (ou facteurs) qui ont des
effets (ou des conséquences). Les causes sont aussi nommés variables indépendantes tandis que les effets prennent
le nom de variables dépendantes. Dans une relation entre deux variables d'une hypothèse, la variable à expliquer,
c'est la variable dépendante et le facteur explicatif c'est la variable indépendante. Par exemple dans l'hypothèse qu'il y
10
a une relation entre l'opinion sur la culture (la culture, c'est une ouverture sur les autres) et le niveau d'études, la
variable à expliquer (variable dépendante) est l'opinion sur la culture, et le facteur explicatif (variable indépendante),
c'est le niveau d'études.
- Le sens de la relation : Les termes comme «moins que», «plus grand que», «différents de», «positif», «négatif»,
etc., indiquent le sens de la relation.
- La vérifiabilité : Il ne sert à rien de poser une hypothèse sur le sexe des anges. Une hypothèse n'en est une que
parce qu'elle peut être vérifiée, c'est-à-dire qu'elle contient des variables observables, mesurables dans la réalité.
Vérifiable, une hypothèse l’est si l’on peut procéder à des observations empiriques pour voir si elle est vraie ou fausse (…)
- La plausibilité : L'hypothèse doit être plausible, c'est-à-dire pertinente par rapport au phénomène à l'étude ; elle doit
avoir un rapport assez étroit avec le phénomène qu’elle prétend expliquer. Cette pertinence est démontrée par la
connaissance que le chercheur a du domaine d'étude. Il peut, par exemple, plus facilement penser que, chez les
jeunes, les fumeurs sont plus enclins que les non-fumeurs à essayer les drogues douces par effet d'engagement.
- La précision : La formulation de l’hypothèse doit éviter toute ambiguïté et toute confusion dans les concepts ou
termes-clés utilisés par rapport à la relation postulée. Les termes doivent être suffisamment clairs pour présenter le
plus adéquatement possible les phénomènes ou leurs caractéristiques. La relation entre les phénomènes doit être
exprimée en des expressions spécifiques qui n’offrent aucune ambigüité.
- La généralité : Elle concerne le pouvoir d’explication de l’hypothèse, qui va au-delà du cas particulier.
- Une hypothèse doit être communicable : Elle doit être comprise d’une seule et même façon par tous les
chercheurs. Cela implique que le chercheur sache lui-même ce qu’il veut révéler ou démontrer.

Exemple d’hypothèses avec le même sujet de recherche


Hypothèse générale
La communication gestuelle est d’autant plus importante dans la pratique du football qu’elle répond à des
besoins spécifiques par rapport aux autres formes de communication.
Hypothèses opérationnelles
- La communication gestuelle est plus préoccupée de régler le problème de la diversité linguistique des
acteurs qui évoluent sur le terrain de jeu,
- Plus facilement que la parole, les gestuelles permettent aux joueurs d’échanger entre eux malgré la distance
qui les sépare sur la surface de jeu.

11
Chapitre 3 : Ecrire une revue de la littérature
(Paul N’DA, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines. Réussir sa thèse, son mémoire de master ou
professionnel, et son article, Paris, 2015, L’Harmattan, pp. 91-96)

La revue de la littérature n’est pas à confondre avec la recherche documentaire (ou bibliographie) ou encore
avec la bibliographie annotée d’ouvrages présentés les uns après les autres.
Un travail de réflexion, d’analyse, un travail de recherche, un mémoire… exige de recevoir des informations
de diverses sources sur un sujet pour l’aborder et le traiter correctement et résoudre le problème posé.
La recherche de documentaire est inévitable pour bien comprendre le sujet à l’étude, pour en formuler toute
la problématique et les hypothèses, pour analyser et discuter les résultats obtenus. Elle permet de rédiger
adéquatement la revue de la littérature qui fait le point critique des écrits, des théories et débats sur un sujet dans
un domaine de spécialité (…)
La revue de la littérature n'est jamais une juxtaposition de résumés, d'ouvrages et d'articles comme on en
trouve dans les bibliographies commentées. L'étude des textes pertinents doit conduire à l'élaboration d'un texte
de synthèse et de confrontation des idées et des théories sur «ce qui pose problème», sur les différents aspects
du sujet à l'étude.
A la vérité, la revue de la littérature est un texte rédigé sur la base des données recueillis par la recherche
documentaire, un texte articulé logiquement, une sorte de dissertation organisée, structurée qui fait progresser
dans la compréhension des idées, des théories, des débats, des convergences et divergences entre les auteurs
sur un sujet. D’ailleurs, de la manière de problématiser une question à partir de la recherche documentaire
peuvent dépendre la sélection des écrits et la rédaction cohérente de la revue de la littérature.
En tout état de cause, la revue de la littérature consiste à faire la recension des écrits pertinents relativement
au sujet à l’étude. Et faire la recension des écrits, c'est faire le bilan critique de ce qui a été produit dans le
domaine de recherche concerné. Le problème de recherche ainsi que les questions de recherche ne peuvent être
correctement élucidés que dans la mesure où l'on dispose de connaissances précises sur l'objet d'étude. La
recherche documentaire est donc nécessaire pour l'exploration et la maîtrise du sujet. En se situant dans
l'ensemble des études et travaux antérieurs sur un sujet donné, le chercheur se donne les moyens de
circonscrire et de délimiter son problème de recherche et de cerner les concepts à l'étude.
Si la recension des écrits fait l'état des connaissances (état des lieux), elle permet aussi de connaître toute
la portée des concepts en jeu et de découvrir les théories les plus explicatives des faits observés et de faire
ressortir les aspects du problème peut être négligés et qui peuvent être examinés attentivement, en les poussant
plus en avant, en les mettant en exergue.
La rédaction soignée de la revue de la littérature permet par feed-back d'affiner le problème, les questions,
les hypothèses déjà formulés et d'achever de construire l'objet d’étude que la recherche documentaire a rendu
possible. Si cette recension présente de l'intérêt par rapport à toute la problématique, elle est importante aussi
pour l'analyse et la discussion des résultats. Voilà pourquoi, ce chapitre de la revue de la littérature constitue avec
celui de la problématique construite l'objet de la première partie d'une thèse, et qui s'intitule: «Les fondements
théoriques de l'étude» (…)
Comment parvenir à connaître ce qui a été déjà écrit? Comment analyser de manière critique les écrits
existants sur un sujet?

1. L’état critique des connaissances sur le sujet


Le choix d'un sujet ne signifie pas d'emblée qu'on puisse le traiter immédiatement. Il faut reconnaître ou
identifier les éléments constitutifs, les différents aspects ou dimensions. Supposons qu'un chercheur s'intéresse à
la question des cantines scolaires. Il aura à recourir à tout ce qui a été déjà écrit sur cette question. Il peut
12
envisager par exemple ces trois dimensions par rapport auxquelles il fera la revue de la littérature: «Cantine,
nutrition et santé scolaire», «Cantine et démocratisation de l'enseignement», «Le système de fonctionnement de
la cantine scolaire, de la direction des cantines aux établissements scolaires».
Un autre exemple. Quels sont les aspects en termes de thèmes qui peuvent être retenus pour le sujet sur
«La représentation de l'adversaire politique dans la presse ivoirienne ?». Il peut s'agir de présenter les écrits
pertinents ayant trait, de manière générale, à l'influence des médias sur l'opinion des citoyens (1), de la question du
rôle des médias dans les conflits (2) ainsi que de l'image de l'altérité dans la presse en temps de conflit (3) (…)
Il faut bien comprendre qu'il s'agit de maîtriser un sujet pour pouvoir dégager les différents aspects d'un
problème afin de voir quelles sont les théories ou les thèmes qui leur correspondent. Cela implique qu'on analyse
les textes pour en faire une étude critique, qu'on soit capable de les regrouper, de les classer sous des rubriques.
Il faut maîtriser le sens des textes et en dégager la portée. Il faut en tout cas être capable de faire un travail
d'analyse et de synthèse pour associer des thèses et classer des théories selon le type d'explication qu'elles
proposent ou selon le type de questions que la recherche pose.
Bref, il s'agit de faire l'état des connaissances sur un sujet dans un espace cognitif (sociologie, psychologie,
communication, etc.). Il faut accéder à cet espace et essayer de se faire une idée claire des débats qui existent,
de connaître les fondements théoriques des problèmes qui ont déjà fait l'objet de recherche. Cela implique qu'on
organise et structure les idées et théories tirées des auteurs et surtout des ouvrages et des articles importants qui
ont marqué et façonné une discipline sur un sujet précis.
A la vérité, sur la base de toute la recherche documentaire bien menée, du problème identifié, de toute la
problématique élaborée, il devient possible de voir les différents aspects ou dimensions d’un sujet et de
construire adéquatement des rubriques ou thèmes du texte organisé, structuré, agencé et argumenté qu’est la revue
de la littérature.

2. Elaboration du cadre de référence ou du champ théorique


La recension des écrits offre l’opportunité de faire l'état des connaissances sur le sujet et d’établir le cadre
de référence de l’étude. Comme l'expression «cadre de référence» le laisse entendre, c'est le cadre ou le champ
théorique ou épistémologique dans lequel le problème, placé, prend sens, envergure, allure ou orientation. Il
s'agit pour le chercheur d'inscrire «son» problème dans un cadre de référence en montrant qu'il connaît
clairement les tenants et aboutissants des théories et concepts engagés dans la formulation du problème en
question. Le cadre de référence définit la perspective selon laquelle le problème de recherche sera abordé et
fournit un contexte pour examiner le problème. Il sert de base pour affiner l'hypothèse, pour faire les
observations, pour définir les variables, de faire les interprétations et les généralisations. Il est le lieu où les
concepts et les théories sont expliqués dans la perspective de l'étude. Autrement dit, le cadre de référence ou le
champ théorique de connaissance permet au chercheur d'indiquer clairement dans quelle perspective particulière se
place son étude et quels sont les concepts, les théories et modèles d'explication qu'il entend privilégier, et pour quelles
raisons pertinentes, scientifiquement parlant (…)
Le chercheur rédigeant la revue de la littérature se réserve le droit de concevoir et de conserver un espace
précis où il étalera le champ théorique de l’étude. Il présentera les idées, les théories et débats retenus
susceptibles d’apporter des éclairages et éclaircissements sur le sujet. Il inscrira son objet d’étude, et
précisément « son »problème, de manière spécifique dans une logique d’explication qui en explicite les différents
aspects et dimensions, les tenants et aboutissants, tout le bien-fondé et l’arrière-plan qui donnent du relief,
fournissent le plus d’explication et de compréhension (…)
Un […] exemple. Un chercheur fait sa thèse sur la réussite paradoxale d’élèves en situation de grande
pauvreté matérielle. Sa revue s’organise autour de « La question de l’éducation et de la pauvreté », de
« Réussites et inégalités de réussite scolaire », de « Réussites paradoxales ». Il place enfin le cadre de référence
ou le champ théorique dans la perspective particulière des connaissances sur le métier d’élève, le rapport au
savoir et le sens du travail scolaire et de l’école ». Ainsi, pour lui, pour comprendre véritablement pourquoi
13
certains élèves qui ne devraient pas normalement réussir réussissent, il faut se situer dans la perspective et à
l’ombre de ces connaissances et théories nouvelles (…)
On l’aura compris, le cadre de référence ou le champ théorique indique clairement l’orientation ou la
perspective théorique dans laquelle s’inscrit l’étude, la perspective dont celle-ci se réclame. Il s’agit bien de
référents théoriques particuliers de l’étude, de référents les plus adéquats et ajustés pour éclairer et fournir des
explications sur le sujet…

NB : Parfois les écrits sur un sujet sont apparemment insuffisants ou font défaut. Il faut savoir qu'on arrive toujours
trop tard dans un monde trop vieux. Il y a toujours quelque chose de déjà écrit : si ce n'est pas directement sur
notre thème ou notre sujet, c'est sur des aspects approchants ; si ce n'est pas chez nous, c'est sous d'autres
cieux. Bref, en faisant effort et en cherchant bien, on trouve toujours quelque chose à présenter, à organiser, à
structurer pour montrer qu'on connaît bien les tenants et aboutissants d'une question à l'étude.

Exemple de revue de la littérature avec le même sujet (Extrait)

1. L’état critique des connaissances sur le sujet


Différents travaux se sont particulièrement intéressés au lien entre sport et société, au football en tant que
sport roi, à la place de la gestuelle dans ce sport.
1.1. Sport et société
Le sport est un phénomène universel et fait partie intégrante de la vie de l’homme en société. Que l’on
parle, marche, mange, se lave ou s’habille, tout est mouvement du corps, donc activité sportive.
En effet, le dictionnaire français Larousse (2009) définit le sport comme « un ensemble d’exercices le plus
souvent physiques se pratiquant sous forme de jeux individuels ou collectifs donnant généralement lieu à des
compétitions et pouvant être pratiqués en observant certaines règles précises ».
CASCUA Stéphane (2004) le présente en tant qu’activités physiques visant à maintenir la santé et améliorer
la condition physique. Il traite et prévient l’hypertension. Il vous permet de vous détendre et de combattre le stress.
Institution de la société dont il exprime les valeurs, le sport participe aux mécanismes spontanés ou
volontaires qui assurent sa reproduction. Par ses principes, ses règles, son fonctionnement, son appel à la
discussion, il prend place dans ce processus continu d’intégration, dans la mesure où sa pratique implique, comme
l’école ou le travail, la participation à un univers social distinct de la famille et signifie le mouvement d’appropriation
progressive des différents univers qui définissent une société. Ainsi, MIGNON Patrick (2000), note : « Dans sa
fonction idéale, le sport est synonyme de justice et d’égalité des chances, de participation à la société,
d’amélioration personnelle, de discipline-individuelle et collective, morale et physique. Il contribue ainsi à la
transformation de l’individu en citoyen et crée des modèles, des figures exemplaires. »
Pour tout dire, le sport permet une intégration facile et devient une des instances de socialisation où l’on
apprend les valeurs de la collectivité à travers la pratique et l’appartenance. D’après MIGNON(2000), il « contribue
à la construction individuelle par la multiplication des expériences, laquelle favorise l’apprentissage de la
négociation avec les autres et permet d’expérimenter ses propres limites ». (…)
Ainsi, il y a comme une sorte de travestissement du sport, si médiatisé à cause de ce qu’il engrange en
termes de finance. Et le football, en particulier, est devenu (ou est fait) le sport roi (…)
1.2. Le football, sport roi
Le football, par sa définition, est un sport collectif disputé par deux équipes dans un stade (chacune ayant à
sa tête un entraîneur) et officié par des arbitres. Ici, l’objectif est de battre l’équipe adverse en marquant des buts.
Aujourd’hui, il est considéré comme le sport le plus populaire au monde voire le sport roi trop gourmand.
Pour Noumène Belghoul (2012), sa popularité tient au fait qu’il génère des sommes colossales. Il écrit : « au
moment où les difficultés dans lesquelles pataugent les sports individuels et collectifs deviennent de plus en plus
manifestes, le football de par sa popularité, est un sport capable de générer de l’argent par le biais de sponsors,
des équipementiers, de la publicité des pouvoirs locaux et aussi des compétitions internationales de mieux en
mieux dotées…»
MAITRE Sébastien (2000) donne également les raisons de cette popularité du football. Pour lui, c’est parce
que tout le monde peut le pratiquer que le football est un sport roi.
Quant à RICHELIEU Lionel (2004), il fait une étude comparative des sports les plus courus et les plus
suivis. Il montre ainsi que l’Euro 2004 a été l’évènement sportif le plus suivi dans le monde. Pour preuve, cet
évènement s’est classé en tête de classement « des 15 manifestations les plus courues au monde avec près de
14
152 millions de téléspectateurs présents lors du direct », devançant ainsi l’ouverture des Jeux olympiques
d’Athènes qui a mobilisé 126 millions de téléspectateurs. (…)
1.3. Football et gestuelle
La gestuelle ou la communication gestuelle est l’un des premiers moyens de communication entre les
humains. Et c’est ce qui fait d’elle un véritable paralangage qui accompagne et complète le message verbal.
Selon BARRIER Guy (2011), la gestuelle est « une médiation entre la parole et la pensée, qui grâce à des
liens analogiques subtils, se tissent entre notre expérience kinésique du réel et l’abstraction du langage.» En clair,
la gestualisation et la verbalisation du contenu mental sont deux choses qui se répartissent sur deux unités
temporelles décalées….
TERRIER Claude (2004) dans cette même optique, fait comprendre que : « La communication gestuelle
donne l’image métaphorique de la notion abstraite et souvent bien avant sa mise en mots ». Elle s’explique par de
simples gestes universelles comme par exemple, hocher la tête pour exprimer l’approbation, tendre la main pour
faire la paix avec l’autre, lever le poing pour dire qu’on est révolté, pointer le doigt vers la porte pour vous
dire « Sortez !», etc.
Par ailleurs, la communication gestuelle est une unité constituée d’éléments physiques non pertinents mais
potentiellement porteurs de sens en fonction du contexte qui l’active de façon sélective, comme la définit
PARLEBAS Pierre (1996). En d’autres termes, elle dépend toujours de la situation dans laquelle elle est utilisée (les
gestes référentiels). Et sous un regard sportif, plus précisément dans le football, PARLEBAS Pierre (1996) indique
qu’au cours d’un jeu sportif (l’exemple), l’action motrice ou la gestuelle de chacun des participants sollicite une
coordination continuelle avec les comportements des autres joueurs.
Selon lui, le joueur n’est efficace que s’il s’ajuste et combine avec à-propos ces mouvements et actions à
ceux des autres acteurs. De là, vient que le joueur est toujours à l’affût des signes annonciateurs qui vont
s’accomplir. Il est conscient qu’il lui faut « anticiper » l’action des autres tout en sachant que les autres anticiperont
ses propres actions. C’est dire qu’il ne s’agit pas seulement « d’agir ou de réagir, il lui faut pré agir, c'est-à-dire
précéder l’acte en cours afin de le faciliter s’il s’agit d’un partenaire ou de le contrecarrer s’il s’agit d’un adversaire. »
C’est pourquoi, il doit avoir de la promptitude pour « déchiffrer les signes comportementaux qui naissent et
s’évanouissent en un clin d’œil, en un clin de geste. C'est-à-dire capter les messages socio moteurs et décoder la
situation en termes d’action à venir ».
Ainsi, pour l’auteur, les comportements moteurs ou gestuels portent en eux une signification stratégique. Un
tel geste de la tête ou de la main, un tel crochet de la course de l’adversaire, une telle posture du tireur, un tel
déploiement de la chaîne des poursuivants, tout se déchiffre comme autant de projets qui préfigurent l’action qui va
suivre.
Bref, dans un sport collectif tel que le football, tout se déroule sur une trame de signes corporels hautement
importante dans sa pratique. (…)

2. Le cadre de référence théorique


Cette recherche s’inscrit dans la perspective particulière des théoriques du fonctionnalisme et de
l’herméneutique.
2.1. Le fonctionnalisme
Le fonctionnalisme est « une démarche qui consiste à saisir une réalité par rapport à la fonction qu’elle a
dans la société ou par rapport à son utilité [...] Il cherche à expliquer les phénomènes sociaux par les fonctions que
remplissent les institutions sociales, les structures des organisations et les comportements individuels et
collectifs ». (Paul N’Da, 2015 : 112).
Dans le champ de la communication, le fonctionnalisme s’attache à montrer entre autres à quels besoins
répondent l’information et la communication. Dans cette étude, il s’agit concrètement d’analyser les fonctions de la
communication gestuelle au cœur du football.
2.2. L’herméneutique
L’herméneutique, connue aussi sous le vocable de sémiologie, science de l’interprétation des signes et des
éléments symboliques d’une culture, est une méthode d'interprétation des textes voire de toute œuvre. L’œuvre de
l’esprit est interprétée, regardée comme un signe, et est comprise en termes de représentations de valeurs sociales
contingentes. Comme écrit Paul Ricœur (1965 : 13-14), le langage est au cœur de cette théorie: « Nous sommes
précisément ces hommes qui disposent d’une logique symbolique, d’une science exégétique, d’une anthropologie
et d’une psychanalyse et qui, pour la première fois peut-être, sont capables d’embrasser comme une unique
question celle du remembrement du discours humain ».
Dans cette étude, l’herméneutique cherche à présenter les liens entre les structures immanentes des signes
et les stratégies perceptives. Il s’agit de pénétrer le sens profond des différents signes utilisés dans le football.

15
Chapitre 4 : Collecter les données (Considérations d'ordre méthodologique)
(Paul N’DA, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines. Réussir sa thèse, son mémoire de master ou
professionnel, et son article, Paris, 2015, L’Harmattan, pp. 97-106 ; 126-158)

… La phase méthodologique (…) consiste à préciser comment le problème à l'étude va être résolu, va être
"piégé" par des activités et des instruments qui permettront d'arracher des parcelles de vérité. En termes clairs, la
phase méthodologique concerne tout le plan de travail qui dictera les activités à mener pour faire aboutir la
recherche (…)
1. Comprendre la collecte des données
De quelles données le chercheur aura-t-il besoin pour tester ses hypothèses ? Sur quoi portera l’observation
des tests empiriques ? Quels sont les faits auxquels seront confrontées les hypothèses ou qui sont susceptibles
de mettre à l’épreuve les suppositions formulées face aux questions posées ? Voilà la préoccupation ici (…)
Les informations peuvent être collectées auprès de personnes individuelles, auprès de groupes, de
collectivités grâce à des instruments appropriés. On peut aussi rassembler des documents de diverses sources
pour en faire un support d’étude, pour constituer un corpus (…)
1.1. Cas du corpus ou du support d’étude
Le chercheur doit être en mesure d’indiquer la qualité et la quantité d’informations ou de matériaux collectés
qui feront l’objet de son analyse. Il constitue un corpus, c'est-à-dire un support d’étude ou encore la matière, le
matériau, l’objet sur lequel porteront son investigation et son analyse. Il ne s’agit pas des résultats directs de la
recherche documentaire qui vise à collecter le maximum d’informations, de documents disponibles en rapport
avec un sujet donné ou même avec un domaine de connaissance. Il s’agit de corpus constitué à l’effet d’être un
support d’étude. Pierre N’DA (2007 : 110) écrit : « Le corpus désigne l’ensemble des œuvres, des textes et des
écrits sur lesquels porte précisément la recherche, l’étude ». Le corpus - on l’a déjà dit - est le support d’étude, la
matière qu’on travaillera, qu’on fouillera ou fouinera. Il peut s’agir de textes écrits, de textes oraux, de documents
sonores, de documents audio visuels, de documents iconographiques, de documents numérisés dont le
chercheur extirpe ce qui doit en être retiré ou soutiré pour être dévoilé et porté à la connaissance de tous, après
l’avoir bien sûr analysé, organisé, structuré.
Les études littéraires s’attachent à analyser des corpus de contes, de proverbes, d’œuvres d’auteurs mais
aussi d’œuvres non littéraires, des articles de journaux, des cassettes d’artistes chanteurs et compositeurs, des
BD (bandes dessinées), etc. Les autres disciplines, telle la sociologie, analysent aussi des corpus constitués ad
hoc. Ceux-ci doivent remplir certaines conditions. Pierre N’DA souligne : « Qu’il s’agisse de textes littéraires ou
non, le corpus, en tout état de cause, doit être pertinent (par rapport au sujet choisi), cohérent ou homogène (un
ensemble de textes ou de documents ayant des points communs et pouvant être analysés ensemble), consistant
(contenant assez d’éléments intéressants pour la recherche projetée).
[…] « Conscient que le corpus est capital dans l’analyse qui sera faite, conscient qu’un mauvais corpus
donne de faux résultats, le chercheur s’efforcera de choisir un bon corpus, en toute connaissance de cause ».
1.2. Le champ d’étude et la sélection des unités d’observation
En général, on ne peut pas observer tous les phénomènes désignés par une hypothèse générale. Il faut par
conséquent recourir à la technique d’échantillonnage pour déterminer qui sera observé lors des tests empiriques.
L’étude devra circonscrire le champ des analyses empiriques dans l’espace géographique et social et dans
le temps. Evoquons successivement les questions du milieu d’étude, de la population et de l’échantillon d’étude.
1.2.1. Le milieu ou le champ d’étude
Les recherches qui se font en dehors du laboratoire prennent le nom d'études en milieu naturel ou sur le
terrain. Le chercheur doit alors préciser les caractéristiques du milieu où l'étude sera conduite. Lorsqu'il ne s'agit
pas de l'étude d'un phénomène ou d'un événement singulier, bien localisé et circonscrit dans un espace (cas de

16
l'étude de l'échec d'une conférence à tel endroit X) mais de processus sociaux de caractère plus ou moins
universel (tels que le suicide, la délinquance, le mariage, les élections, les médias...), il est indispensable de faire
le choix raisonné d'espaces en précisant par exemple le pays, la région, la zone ou les zones, etc., et leurs
caractéristiques (économiques, culturelles, géographiques, historiques, etc.) mises en exergue en fonction du
problème de recherche. Certains chercheurs parlent de contexte d'étude, de champ d’étude là où d'autres disent:
le milieu. L'important est que la présentation du contexte ou du milieu ne se fasse pas comme pour elle-même,
sans rapport avec le problème de recherche.
1.2.2. La population
C'est une collection d'individus (humains ou non), c'est-à-dire un ensemble d'unités élémentaires (une
personne, un groupe, une ville, un pays) qui partagent des caractéristiques communes précises par un ensemble
de critères. Les critères peuvent concerner par exemple l'étendue de l'âge, le sexe, la scolarité, le revenu, etc.
1.2.3. L'échantillon
 La question de l’échantillon en recherche qualitative. L’échantillonnage théorique
Les études menées dans une approche qualitative sont faites à partir d’échantillons de petite taille. Une
préoccupation est celle de leur non-représentativité.
Evidemment il n’est pas question d’échantillons représentatifs au sens probabiliste du terme, et on ne peut
effectuer des analyses statistiques sur les données recueillies. Il apparait plus judicieux en recherche qualitative
d’avoir un échantillon non probabiliste mais approprié.
Des sujets sélectionnés, parce que disposant de savoir et d’expérience, susceptibles de fournir des données
valides et complètes, sont plus utiles que la question peu productive de leur représentativité. Il est important que
ces personnes sélectionnées, motivées, soient capables de témoigner de leur expérience et de décrire ce qui
intéresse le chercheur. Dans ce cas, on parle d’échantillonnage théorique (Glaser, 1978), c'est-à-dire cumulant
des cas variés, représentant les diverses caractéristiques que peut prendre un phénomène ou une situation. Ici
l’échantillonnage ne se fonde pas sur les statistiques : il s’agit plutôt de rassembler parmi les participants d’une
étude les propriétés concrètes d’un groupe ou d’une situation.
Quelle taille doit convenir pour un échantillon si l’on veut obtenir une quantité suffisante de données ?
Il faudrait, selon certains auteurs comme Daniel Bertaux (1980), inclure autant de sujets que nécessaire
pour atteindre la « saturation » des données. La saturation théorique est le phénomène par lequel le chercheur
se rend compte que les derniers documents, entretiens ou observations n’apportent plus d’informations
suffisamment nouvelles pour justifier qu’il continue de collecter des données, qu’il augmente le matériel empirique
(donc son échantillon). Bertaux pense que la saturation est généralement atteinte avec une trentaine de
personnes. Morse (1991) recommande de recourir plutôt aux « cas négatifs », c'est-à-dire aux personnes qui
peuvent donner un point de vue différent de celui qui prédomine parmi les personnes déjà retenues. Ainsi, si un
chercheur recueille le témoignage de personnes qui ont subi l’opération de la prostate et qui ont eu des
problèmes d’incontinence, il serait bon qu’il cherche aussi le témoignage de personnes qui n’ont pas eu de
problème après cette opération, pour s’assurer que ses informations seront complètes. Le recours aux cas
négatifs s’inscrit dans la technique d’échantillonnage théorique et permet de faire une description (puis une
analyse) la plus complète possible.
 Les techniques d'échantillonnage en recherche quantitative
Il n'est pas toujours possible ni nécessaire d'étudier toute la population (que ce soient des étudiants, des
électeurs ou des boites d'ananas sortant d'une usine) pour bien la connaître. On peut recueillir les informations
utiles sur une fraction (échantillon) de l'ensemble (population) pour procéder à des généralisations. À certaines
conditions, bien sûr. Il faut en particulier pouvoir contrôler les variables étrangères, celles qui ne sont pas incluses
dans l'étude, mais qui risquent d'exercer une influence sur la variation de la mesure des variables étudiées; ces
variables étrangères doivent être identifiées par le chercheur, surtout les données socio-démographiques comme
l'âge, le niveau d'étude, l'attitude ... quand elles ne font pas partie intégrante de la recherche. Parmi les stratégies
17
utilisées pour contrôler les variables étrangères, on peut citer l'homogénéité des sujets (sujets semblables quant
aux variables étrangères déterminées, par exemple le même groupe d'âge, le même sexe), l'appariement
(formation de groupes indépendants avec des sujets appariés, c'est-à-dire comparables en tous points), les
procédés statistiques (tels que l'analyse de covariance), la répartition aléatoire dans les groupes et
l'échantillonnage probabiliste. Par exemple, plus la population est homogène, moins l'échantillon aura besoin
d'être de taille importante.
À défaut de pouvoir étudier dans leur totalité des ensembles sociaux (société globale, organisations
concrètes), de pouvoir atteindre la totalité des éléments ou des unités constitutives d'un ensemble considéré,
on se contente d'échantillon, c'est-à-dire d'éléments pouvant représenter l'ensemble, la population-mère.
On parle d'échantillon représentatif lorsqu'il est question de recueillir une image globalement conforme à
celle qui serait obtenue en interrogeant l'ensemble de la population. L'échantillon représentatif est en quelque
sorte une réplique en miniature de la population cible, avec ses caractéristiques.
Il existe des moyens statistiques de définir un échantillon représentatif sur lesquels nous ne nous arrêterons pas.
Notons que l'exigence de représentativité n'est pas aussi absolue qu'on le pense parfois: il ne faut pas
confondre, en effet, scientificité et représentativité. Par exemple, pour connaître des conduites collectives ou des
systèmes de relations, il n'est pas forcément plus scientifique de les étudier à partir de positions ou d'opinions
individuelles d'un échantillon représentatif de personnes. À la place de composantes strictement représentatives,
on peut étudier les composantes caractéristiques d'une population. Cette manière de faire est courante. Par
exemple pour analyser l'impact du mode de gestion du personnel des entreprises sur ses performances ou
l'incidence d'une méthode pédagogique sur les performances des élèves, on peut bien ne pas constituer un
échantillon représentatif d'entreprises ou d'écoles mais se contenter d'étudier en profondeur le fonctionnement
d'un petit nombre d'entreprises très caractéristiques des principaux modes de gestion du personnel; et pour la
pédagogie se contenter d'étudier des groupes expérimentaux pouvant être comparés entre eux et à des groupes
témoins
Mais ne pas être prisonnier de la représentativité ne veut pas dire que l'échantillonnage n'a pas de sens ni
d'intérêt: il s'agit de contrôler les variables étrangères; et il ya des règles rigoureuses concernant le choix et la
constitution des échantillons. Le choix de la technique de sélection de l'échantillon a rapport à la problématique
de recherche, à la population étudiée et aux diverses contraintes (humaines, financières, etc.).
1.2.3.1. Les échantillons probabilistes (ou aléatoires)
Les techniques d'échantillonnage probabiliste sont celles qui impliquent un véritable tirage au hasard, c'est-
à-dire qui donnent à chaque élément de la population une chance égale d'être choisi.
- L'échantillon aléatoire simple
Le chercheur inscrit le nom de chaque individu sur une liste et lui assigne un numéro d'identification à l'aide
de nombres consécutifs. Les noms peuvent être écrits sur des bouts de papier et déposés dans une urne; on
mélange, puis on tire un nom à la fois jusqu'à ce que le nombre d'éléments désiré pour constituer l'échantillon
soit atteint. Il est possible aussi de constituer un échantillon aléatoire simple en recourant à une table des
nombres au hasard. Cet échantillon au hasard ou aléatoire (probabiliste) n'est pas à confondre avec l'échantillon
accidentel (non probabiliste).
- L'échantillon systématique
L'échantillon est constitué d'individus pris à intervalle fixe dans une liste (par exemple un individu, tous les cinq,
tous les dix). Pour trouver les sujets qui doivent entrer dans l'échantillon et représenter la population, on subdivise la
population en intervalles réguliers (K est le symbole de la grandeur ou taille de l'intervalle). On applique alors la
formule :
N (population)
K (intervalle) =
n (échantillon)
18
Exemple pour une population de 100 sujets si on a besoin de 25 sujets :
100 (N)
K (intervalle) = = 4 (taille de K, l'intervalle)
25 (n)

L'intervalle étant 4, ce sont les sujets 1, 6, 11, 16, 21 ... qui constitueront l'échantillon. On peut préférer un
intervalle de 3 ; les sujets seront 1, 5, 9, 13 ... On peut choisir au hasard un point de départ, c'est-à-dire le premier
élément de l'échantillon. Quand le nombre maximal de sujets est atteint, soit 25 dans le cas présent, l'échantillon est
complet.
L'échantillon systématique est classé parmi les échantillons probabilistes par beaucoup d’auteurs ; mais il
est considéré comme non probabiliste par certains parce qu'au sein d'une même population, certains individus
n'ont aucune chance d'être choisis, alors que pour d'autres, la probabilité de l'être est égale à 1.
- L'échantillon aléatoire stratifié
La technique de l'échantillon aléatoire stratifié consiste à diviser la population cible en sous-groupes
homogènes ou «strates», puis à tirer de façon aléatoire un échantillon dans chaque strate; l'ensemble des
échantillons ainsi choisis constitue l'échantillon final qui sera l'objet d'étude. Par exemple, on peut stratifier les
étudiants par rapports aux facultés ou UFR. Une recherche sur les étudiants gagne en pertinence à dégager un
échantillon aléatoire qui tienne compte des facultés ou des UFR ou d'autres critères comme les niveaux ou
programmes de formation (1ère Année, Licence, Maîtrise, Doctorat). On a ici un échantillon stratifié non
proportionnel
- L'échantillon stratifié pondéré ou proportionnel
Avec la stratification opérée tout à l'heure, il peut arriver que certains groupes ne comportent pas assez
d'éléments pour fournir des résultats statistiquement significatifs. Si par exemple, on considère les trois secteurs
de l'économie (secteur primaire, secteur secondaire, secteur tertiaire), les groupes ne sont pas forcément
quantitativement égaux dans la population. Il faut alors travailler avec des échantillons stratifiés proportionnels ou
pondérés.
La proportion de personnes à interroger pour chaque strate ou catégorie doit correspondre à la proportion
de chaque strate ou catégorie dans la population totale. Concrètement cela veut dire que si une population
sondée comprend 50 % d'éléments du primaire, 15 % du secondaire et 35 % du tertiaire, on doit retrouver les
mêmes proportions sur l'échantillon. Ainsi, un échantillon de 2000 personnes devra comprendre 50 % d'éléments
du primaire, (donc 1000), 15 % du secondaire (300) et 35 % du tertiaire (700). Un autre exemple. Supposons
qu'un chercheur veuille obtenir un échantillon de 200 étudiants sur une population de 2000 en sciences sociales.
Cette population peut être divisée en quatre strates pour représenter la proportion d'étudiants inscrits en 1 ère
année, en Licence, en Maîtrise, en Doctorat. Par la suite, les sujets sont sélectionnés de façon aléatoire et
proportionnelle dans chaque strate pour être inclus dans l'échantillon. Les 1ères années représentent 50 %, soit 1
000; les Licences, 30 %, soit 600; les Maîtrises 15 %, soit 350, les Doctorats 5 %, soit 50. Le choix aléatoire de
10 % dans chaque strate donne pour un échantillon de 200 étudiants: 100 étudiants de 1 ères année, 60 étudiants
de Licence, 35 étudiants pour la Maîtrise et 5 étudiants où le Doctorat. On a là un échantillon stratifié
proportionnel ou pondéré.
- L'échantillon aréolaire
Lorsqu'on ne dispose pas d'une liste complète des individus composant la population cible mais plutôt d'une
carte géographique, d'une photo, ou d'un plan qui fait office de listes, on peut par tirage systématique déterminer
les éléments qui constitueront l'échantillon. On tire au sort des zones à prospecter : des villes, des villages, des
quartiers, des îlots, des immeubles ... Cette procédure peut être utilisée en milieu urbain et en milieu rural.

19
L'échantillon aréolaire est en quelque sorte un cas particulier de l'échantillonnage en groupes ou en
grappes.
- L'échantillon en grappes
La technique de l'échantillonnage en groupes ou «en grappes», «par groupes» ou «par faisceaux» consiste
à tirer aléatoirement des groupes d'éléments d'une population au lieu de choisir les éléments individuellement.
L'échantillon par groupes convient dans des situations où les éléments de la population sont naturellement par
groupes ou quand il n'est pas possible d'obtenir une liste de tous les éléments de la population cible. Par
exemple, un chercheur peut désirer étudier un échantillon d'écoliers provenant de toutes les écoles d'une région.
Il tirera au hasard un échantillon d'écoles parmi les écoles de la Direction Régionale de l'Éducation Nationale de
la Formation de Base (DRENFB). A l'intérieur de celles-ci, il pourra sélectionner au hasard le nombre d'enfants
souhaité.
1.2.3.2. Les échantillons non probabilistes (ou empiriques)
- L'échantillon accidentel ou échantillon de commodité
C'est celui où la population n'est pas définie. Il s'agit de groupe dont les caractéristiques n'ont pas été
établies en fonction d'une recherche et que l'on doit accepter comme tel dans la recherche parce que disponible,
présent à un endroit déterminé, à un moment précis. C'est l'exemple d'une classe d'étudiants, d'un groupe de
journalistes, d'un groupe modulaire. Bien plus, il s'agit d'échantillon constitué par les premières personnes
rencontrées fortuitement, accidentellement, au hasard. Dans ces conditions, tous les individus n'ont pas la même
chance d'être choisis. C’est un échantillon de commodité puisqu’il est entièrement basé sur la disponibilité des
répondants.
- L'échantillon de volontaires
Parfois, il est difficile d'interroger des individus sur certains thèmes, qui paraissent délicats voire tabous,
intimes (comportement sexuel par exemple, absorption de drogue, de pilule ...). La technique consiste alors à
faire appel à des volontaires pour constituer l'échantillon, Dans le but d'obtenir une meilleure représentativité on
peut faire une sélection, en fonction de quotas, parmi les volontaires ou faire une «correction» après coup de
l'échantillon.
- L'échantillon par quotas
Dans l'échantillonnage par quotas, on dégage un certain nombre de caractéristiques propres à une
population. On construit l'échantillon en veillant à y retrouver ces caractéristiques. En termes clairs, on détermine
des strates (ou sous-groupes) en fonction de certaines caractéristiques pour être représentées dans l'échantillon,
dans les mêmes proportions qu'elles apparaissent dans la population. Les principales caractéristiques utilisées
dans cette technique par quotas sont le sexe, l'âge, l'origine sociale, l'origine ethnique, etc. Par exemple, s'il y a
75 % de femmes dans la population, l'échantillon comprendra 75 % de femmes, ce qui donne dans un échantillon
de 1000 individus un quota de 750 femmes et 250 hommes.
La technique par quota est dite non probabiliste parce qu'à l'intérieur de chaque strate, de chaque sous-
groupe, les individus ne sont pas choisis de façon aléatoire; l'enquêteur choisit qui il veut pour «remplir» ses
quotas.
- L'échantillon typique ou par choix raisonné
L'échantillon par choix raisonné. Il s'agit de technique utilisé pour le choix des sujets présentant des
caractéristiques typiques, comme dans l'étude des cas extrêmes ou déviants, ou des cas typiques, etc. La
sélection des cas particuliers permet d'étudier des phénomènes rares ou inusités. On parle de choix raisonné car
la technique repose sur le jugement du chercheur. On peut faire par exemple un choix raisonné de cantines
scolaires ou de groupes scolaires qui ont quelque expérience particulière à montrer. Le choix raisonné amène à
sélectionner des individus «moyens» que l'on déclare représentatifs d'un groupe. Représentatif signifie ici
«typique».

20
- L’échantillon en boule de neige ou par réseaux
L'échantillon en boule de neige ou par réseaux consiste à choisir un noyau d'individus (des personnes
considérées comme influentes, par exemple), noyau auquel on ajoute tous ceux qui sont en relation (d'affaires,
de travail, d'amitié, etc.) avec eux, et ainsi de suite. Il est possible alors de dégager le système de relations
existant dans un groupe qu'un échantillon probabiliste ne peut permettre de découvrir. On se fonde donc sur les
réseaux sociaux; d'où l'expression boule de neige ou l'échantillon par réseaux.
2. Utiliser les instruments d’observation et la collecte des données
Les techniques ou les instruments sont des procédés opératoires définis, transmissibles, susceptibles d'être
appliqués à nouveau dans les mêmes conditions, adaptés au genre de problème et de phénomène en cause.
L’instrument répond à la question « comment ? » C'est un moyen pour atteindre un but ; il se situe au niveau
des faits et des étapes pratiques. Chaque instrument a ses particularités et ses limites. Choisir un instrument
signifie souvent sélectionner à l'avance le type de matériaux qu'on recueillera. Par exemple, si l'on choisit des
instruments ou des techniques psychosociologiques, on aura des représentations, ce que les individus croient,
pensent, veulent faire croire. Ces mêmes techniques ne pourront pas appréhender les facteurs objectifs qui
conditionnent les représentations des individus. Concrètement, la technique de l'interview est adaptée pour saisir
l'image qu'un groupe se fait de lui-même ou d'un autre groupe. Avec des questions comme « Que pensez-vous
des étudiants de Criminologie ?» ou «Que pensez-vous des leaders politiques ? », on aura des perceptions et
non des explications véritables de ces perceptions. Si l'on veut aller au-delà des représentations, il faut prendre en
compte d'autres facteurs.
Un instrument peut être inadapté à un objet. Par exemple, un sondage qui interroge une masse composée
d'individus atomisés ne saurait révéler l'importance des relations interpersonnelles, des structures relationnelles.
Une étude sur les processus sociaux, qui cherche des facteurs explicatifs, s'appuiera plus sur les techniques
documentaires que sur le questionnaire par exemple. Les mouvements sociaux sont mieux appréhendés par la
méthode d'intervention sociologique initiée par Alain Touraine (1978).
Il faut noter aussi que la façon d'utiliser un instrument, une technique peut influer sur les résultats, surtout
dans le cas du questionnaire: la façon de libeller les questions est d'importance. Le chercheur doit rester
parfaitement conscient de la problématique qu'il engage dans ses questions, s'il veut comprendre celle que les
sujets engagent dans leurs réponses.
On retiendra enfin que les techniques de recherche sont classées en fonction de la nature des données
qu'elles recueillent. Les techniques dites quantitatives (questionnaire, sondage, échelles d'attitude, analyses de
contenu quantitatives...) fournissent des données numériques descriptives ou explicatives. Les techniques dites
qualitatives (observation, entretien, étude documentaire, analyses de contenu qualitatives ...) recueillent des
données non chiffrées, qualitatives, qu'il faut traiter pour dégager et organiser les éléments de signification.
Il est nécessaire de justifier son choix d’instrument de collecte des données ainsi que leurs modalités
d’application, afin de savoir comment procéder avant même d’entreprendre la recherche.
Par exemple, si l’on recourt à l’analyse de contenu, il faut préciser et parfois justifier les modalités
d’application en ce qui concerne l’échantillonnage, l’unité de quantification et les catégories d’analyse retenues.
Dans tous les cas savoir, il est utile de savoir, dès le départ, comment procéder aussi bien au plan de la
collecte de l’information que du traitement des données. Le traitement des données constitue en effet une étape
décisive du travail de recherche, car c’est sur elle que repose ultimement la vérification de l’hypothèse.
L’idée centrale est qu’il convient de concevoir ou de retenir un instrument capable de produire toutes les
informations adéquates nécessaires afin de tester les hypothèses.

21
2.1. Les approches quantitatives
2.1.1. L'enquête par questionnaire
Le mot «enquête», dans l'expression «enquête sociologique», renvoie à une démarche méthodologique de
recherche ; elle ne signifie pas simplement quête d'informations, collecte de témoignages, d'avis, recherche de
documents, comme en réalisent les journalistes (enquête reportage).
Signe distinctif, l'enquête sociologique est la quête d'informations réalisée par interrogation systématique de
sujets d'une population déterminée. Toutes les techniques d'interrogation systématique qui ont pour but d'obtenir
des informations auprès d'acteurs en situation relèvent de l'enquête. L'enquête peut être qualitative ou
quantitative.
Dans l'enquête qualitative, les sujets sélectionnés par le chercheur sont invités à s'exprimer de façon libre et
approfondie sur des expériences vécues, sur des phénomènes les concernant; ils subissent des entretiens ou
interviews.
Lorsque l'enquête est quantitative, elle est conduite à l'aide de questionnaires conçus pour être administrés
à un grand nombre de sujets puis traités statistiquement. Dans ce cas, les personnes interrogées peuvent être
choisies de façon à constituer un échantillon représentatif de la population étudiée. L'enquête devient un sondage
quand les résultats obtenus auprès d'un échantillon statistiquement bien défini pour être représentatif du public
cible sont généralisés selon des règles mathématiques définies.
On retient que la mise en œuvre d'une enquête suppose un questionnement «armé», rigoureusement
préparé autour de la construction d'une problématique.
Quelle que soit la technique retenue, l'enquête permet d'obtenir des données très variées relatives aux
opinions, aux perceptions et aux attitudes sociales qui resteraient le plus souvent inaccessibles par d'autres
moyens d'investigation. À la différence de l'observation, l'enquête, au sens strict, est une procédure
d'enregistrement indirecte de la réalité ; elle ne porte pas sur les faits constatés par un observateur, mais sur des
déclarations sollicitées par un enquêteur. L'information obtenue est donc entièrement tributaire des questions
posées et des réponses fournies (…)
Au fond, quelle est l’utilité de l’enquête ? L'utilisation de l'enquête permet de collecter des informations que
les sources documentaires ou «traces» ne peuvent fournir assez rapidement. Elle est utile quand l'observation
directe, longue et impossible, sur un grand nombre ne peut se faire. Elle permet de recueillir des informations sur
des représentations, des attitudes, des opinions. Bien entendu, elle ne fournit pas la description de conduites ou
d'événements en train de se produire…
L'enquête par questionnaire consiste à poser, par écrit, à des sujets une série de questions relatives à une
situation, à leur opinion, à leurs attentes, à leur niveau de connaissance ou de conscience d'un problème, ou de
tout autre point qui intéresse le chercheur. Elle nécessite des réponses écrites.
L'enquête par questionnaire se distingue d'un simple sondage d'opinion par le fait qu’elle vise à vérifier des
hypothèses. Le questionnaire est dit d'administration indirecte quand l'enquêteur le complète lui-même à partir
des réponses données par le répondant. Il est dit d'administration directe, lorsque le répondant le remplit lui-
même.
Le questionnaire convient à l'étude d'une population en tant que telle, à l'analyse de phénomènes sociaux
qu'on veut cerner à partir d'informations fournies par des individus. Mais habituellement, la superficialité des
réponses ne permet pas l'analyse de certains processus, telle par exemple l'évolution du travail au noir. Et puis
l'individualisation des répondants ne permet pas d'appréhender les réseaux de relations sociales.
 Les questions à réponses fermées ou fixées à l'avance
Une question fermée donne le choix entre deux modalités de réponses (questions dichotomiques = oui/non)
ou propose un nombre d'éventualités plus important. Le sujet doit opérer un choix entre des réponses proposées.
Exemple: Qu'aimeriez-vous manger ? Riz ? Igname ? Banane ? Dans une question fermée, on nomme items, les
réponses prévues dont la liste suit la question.
22
Inconvénients du questionnaire à réponses fermées
Les réponses étant fermées, le chercheur se prive d'informations qui pourraient être utiles. Il est bon de
laisser la possibilité d'une réponse «ouverte». Exemple: «Pourquoi employez-vous la méthode active avec les
éléves ?» - «Pour les faire travailler par eux-mêmes»; «pour les faire travailler en groupe» ; «autre réponse
(prière de spécifiera ou mieux: «voyez-vous autre chose à ajouter à cette liste ?».
Avantages du questionnaire à réponses fermées
Il permet de guider le sujet et de lui suggérer des possibilités auxquelles il pourrait ne pas songer. Les ré
anses fermées se prêtent au codage (usage de cartes perforées) et sont faciles à dépouiller. Elles ont l'avantage
de permettre des comparaisons.
 Les questions à réponses ouvertes
Une question est ouverte quand la réponse à donner est libre, proposée par le répondant lui-même.
Exemple «Pourquoi voulez-vous être journaliste?
Ici, le sujet a la liberté de s'exprimer avec ses propres mots et de développer sa pensée à sa guise.
Inconvénients du questionnaire à réponses ouvertes
Le dépouillement des réponses ouvertes est long et soulève des problèmes de classement, de catégorisation.
Par ailleurs, parfois les personnes interrogées ont du mal à répondre; d'où les réponses vagues ou hors sujet.
Avantages du questionnaire à réponses ouvertes
La possibilité pour le sujet de s'exprimer en toute liberté et de donner beaucoup d'informations riches et
diversifiées (en particulier pour étudier les représentations).
 Les catégories de réponses
Les questions peuvent se présenter avec des caractéristiques précises. On peut en constituer plusieurs
catégories :
Les questions de comportement : que font-ils?
Ces questions décrivent les pratiques des répondants. Par exemple: «Etes-vous inscrit à un syndicat ?»
Les questions d'opinion: que pensent-ils?
Les questions portent sur les manières de penser ou de juger (opinion, attitude, préférence, ...). Exemple:
«Qu'avez-vous à dire sur la peine de mort ?»
Les questions d'intention ou d'anticipation: quel projet ont-ils ?
Ces questions projettent dans l'avenir ou dans une situation qui n'existe pas encore. Elles permettent
d'observer la variation de pourcentages d'un groupe à un autre: par exemple les jeunes filles peuvent être moins
enthousiastes que les mamans, par rapport à cette question: «Comment envisagez-vous l'avenir du pays?»
Les questions de connaissance: que savent-ils?
Ici on veut être informé de ce que les enquêtés savent réellement. Exemple : « Avez-vous entendu parler de
l'assurance maladie universelle en Côte d'Ivoire ?»
Les questions d'identification: qui sont-ils?
Ces questions ont pour objet de décrire les enquêtés. Généralement, elles correspondent à des hypothèses
et interviennent comme explication des conduites ou des opinions. Elles sont donc importantes pour l'analyse.
Ces questions de renseignements signalétiques portent sur des variables sociodémographiques ou parfois
géographiques comme le sexe et l'âge, le niveau social mesuré classiquement par la profession et la catégorie
socio-professionnelle (PCS), le niveau d'instruction et le revenu, le statut matrimonial, la taille du ménage, la
commune d'habitation, le type d'habitat, etc.

23
Les questions directes et les questions indirectes.
On peut poser directement une question, sans en cacher l'objet. Mais parfois, il est nécessaire de poser des
questions n'abordant pas de plein fouet le thème étudié.
Exemple: Au lieu de demander directement à des jeunes: «Te drogues-tu ?», on peut aborder ce problème
à travers des personnages de leur entourage: « Y a-t-il dans tes connaissances beaucoup de jeunes qui se
droguent ?». Cette approche est utile pour neutraliser les effets de valorisation de soi ou les effets de crainte
d'originalité ou de culpabilisation.
 Quelques conseils pratiques
- Tout questionnaire aura une petite introduction ou accroche ou annonce dont le but est de motiver le sujet en lui
expliquant qui sollicite et pourquoi on sollicite sa collaboration, en lui précisant l'intérêt de l'enquête et en lui
donnant des garanties de discrétion nécessaire.
- Généralement, on regroupe les questions qui concernent un même problème. Et habituellement, on comme ce par
des questions sur l'identité de l'enquêté. Par le mot talon on désigne l'ensemble des questions qui résument
l'origine sociale, la trajectoire et la situation de l'enquêté. Elles sont essentielles dans la mesure où elles permettent
d'expliquer les variations observables dans les réponses. Ce sont des variables actives ou indépendantes par
hypothèse.
- Le questionnaire sera bref. On évitera de demander par le questionnaire des informations qui peuvent être
obtenues par un autre moyen, par exemple en consultant un répertoire.
- Le questionnaire doit être adapté au niveau intellectuel des personnes qui y répondent.
- Les questions doivent être acceptables pour le sujet, c'est-à-dire ne pas le gêner, ni le dévaluer. Des précautions
doivent être prises. Par exemple demander à un juge, à un prêtre ou à un imam: «Vous est-il arrivé de tricher ?»
peut être brutal. Pour être délicat, on pourra dire: «Rares sont les êtres humains qui, pris au dépourvu par un
problème, n'ont pas été amenés à tricher au moins une fois dans leur vie. Cela vous est-il déjà arrivé ? Si oui, dans
quelles circonstances ? ».
- Le questionnaire doit être essayé, testé, sur un groupe restreint avant d'être répandu sur le(s) groupe(s) d'étude.
Ce pré-test permet de percevoir les défauts du questionnaire (incompréhension de termes, mauvaise disposition...)
et d'avoir une petite idée de la population sur laquelle sera menée l'étude.
 Quelques écueils à éviter dans la rédaction des questions
- Éviter les termes ambigus, vagues. Exemple: «Les élèves qui redoublent une classe doivent-ils, selon vous, avoir
un régime particulier ? Oui, Non». Dans cette question, l'expression «régime particulier est ambiguë et peut être
comprise de diverses manières: régime disciplinaire, organisation du travail, individualisation de l'enseignement,
modification du programme, etc. Une réponse «Oui» n'apprend pratiquement rien au chercheur.
- Éviter la question double. Exemple: «Pensez-vous que les élèves qui redoublent une classe doivent être regroupés
dans une même section et recevoir un enseignement individualisé? Oui, Non». La question double provoque une
réponse équivoque. On peut en effet être d'accord avec la première proposition (être regroupés ...) et rejeter la
seconde (enseignement individualisé).
- Éviter les questions tendancieuses ou «chargées». Exemple: «Êtes-vous pour la prière en français ou la prière en
arabe qui est la langue même du Prophète 'i», Les deux termes de cette question ne sont pas classés sur un pied
d'égalité, et la question impose un jugement de valeur et suggère une préférence. Il faut éviter les «Ieading
questions», celles qui induisent le répondant à donner une réponse plutôt qu'une autre.
Et pour ne pas être dupe, on doit savoir l'attirance de la réponse positive, savoir que la même question
exprimée sous forme positive obtient plus de suffrages que celle exprimée sous forme négative.
Exemples:
- Pensez-vous que le patron aurait dû accepter les excuses de son employé? Oui Non

- Pensez-vous que le patron a eu raison de ne pas accepter les excuses? Oui Non
24
 Dépouillement du questionnaire, analyse et interprétation des données
Lorsqu'il s'agit de questions à réponses fermées, on établit les fréquences de réponse, c'est-à-dire on
calcule la distribution des effectifs et les pourcentages.
En ce qui concerne les questions à réponses ouvertes, on commence par élaborer les différentes
catégories de réponses avant d'en rechercher les fréquences. Les données recueillies, permettent un traitement
quantitatif, des comparaisons entre différentes catégories sociales, une analyse des corrélations entre variables.
Par ailleurs, les réponses de chaque individu particulier peuvent être utiles lorsqu'on veut constituer une sélection
des répondants typiques en vue d'analyses ultérieures approfondies. Dans tous les cas, les résultats analysés
grâce à des techniques statistiques doivent être en fonction des objectifs de recherche et permettre de répondre
clairement au problème posé et aux hypothèses formulées.
 Utilité du questionnaire.
Cette technique de l'enquête quantitative convient quand on a une population (ou un échantillon) de taille
importante et qu'on s'attache à obtenir un fort taux de réponses et précisément des données chiffrées.
L'enquête quantitative est adaptée à l'étude de relations entre variables, grâce aux données chiffrées
explicatives.
L’intérêt principal de l’enquête par questionnaire réside dans le fait qu’elle permet de dévoiler les facteurs
sociaux qui contribuent à produire un phénomène (elle n’a pas pour fonction de recréer une image précise du réel
étudié).
2.1.2. Le sondage
Sonder, c'est prélever un échantillon à des fins d'analyse. Technique de rapports individuels, le sondage
est une enquête d'envergure réalisée auprès de plusieurs centaines de personnes afin de recueillir de façon
systématique un ensemble d'informations pertinentes concernant un objet d'étude. Le sondage est
habituellement réalisé à partir d'un ensemble de questions posées à une partie prédéterminée de la population
(échantillon techniquement sélectionné) par le biais de rencontres personnelles, d'envois postaux ou parfois
d'appels téléphoniques. Les réponses sont attendues sur un point ou des points précis et peuvent être mises
rapidement en forme. Le résultat d'un sondage se traduit par des chiffres, par une série de pourcentages par
exemple. En cela, le sondage est un instrument de mesure. Les données chiffrées descriptives, (telles que
48% des personnes interrogées déclarent que...), permettent d'avoir une vision instantanée de la perception
d'un groupe à un moment précis. Au-delà de la description, le sondage de type analytique peut permettre de
déterminer s’il existe des liens de concomitance ou des relations entre les opinions, les valeurs, les croyances,
les attitudes, les comportements affichés par les individus sondés. Par exemple, cette question pourrait
constituer le point de départ d’un sondage analytique : la projection d’émissions de télévision à caractère
partisan est-il en lien avec les comportements de rejet sur la base du parti.
2.2. Les approches qualitatives
2.2.1. L'enquête par entretien (ou l'interview ou l’entrevue)
Il s'agit de tête-à-tête oral, un contact direct, entre deux personnes ou une personne (ou plusieurs) et un
groupe de personnes dont l'une transmet à l'autre des informations recherchées sur un problème précis. C'est
un échange au cours duquel l'interlocuteur exprime ses perceptions, ses interprétations, ses expériences,
tandis que le chercheur, par ses questions ouvertes et ses réactions, facilite cette expression, évite que celle-ci
s'éloigne des objectifs de la recherche. On parle d'entretien, d'interview ou d'entrevue (au Québec). Les
techniques d’entretien mettent en œuvre des processus fondamentaux de communication et d’interaction
humaine. Ces processus fournissent au chercheur des informations et des éléments de réflexion très riches et
nuancés.
Par rapport à un sondage d'opinion ou à un entretien exploratoire, dans l'interview le chercheur concentre
davantage l'échange autour de ses hypothèses de travail sans interdire bien sûr la possibilité de

25
développement parallèles susceptibles de les nuancer ou de les corriger. De plus, le contenu de l'entretien fera
l'objet d'une analyse de contenu systématique, pour tester les hypothèses de travail.
 Classification des entretiens selon les démarches
On peut classer les entretiens par rapport aux démarches adoptées. On a :
- L'entretien libre ou l'interview non structurée
À la différence d'une conversation occasionnelle, cette interview est provoquée dans un but précis
d'information. C'est le cas de l'échange de vues que les professeurs ont avec des parents d'élèves en vue de
résoudre un problème occasionné par leurs enfants. L'entretien libre se prête difficilement à la quantification.
- L'interview dynamique ou l'interview en profondeur
C'est une interview non structurée que la psychanalyse affectionne. Elle est dite non structurée en ce sens
qu'il n'y a pas une série de questions préparées, et puis l'enquêteur garde une liberté dans la manière de
conduire l'interview; de même l'enquêté dans la manière de répondre.
On parle d'interview en profondeur parce qu'il s'agit d'amener l'interviewé à livrer des aspects de lui-
même, à faire remonter des choses peut-être enfouies en lui.
L'enquêteur, au lieu de poser des questions, introduit un thème (problème, incident...) et laisse le sujet
parler autant qu’il le désire. L'enquêteur se limite à quelques signes d'encouragement: « Ah bon ! », «C'est
intéressant !», «Et alors l», etc. Il veillera cependant à ramener l'enquêté à l'objectif quand il s'en éloigne trop. À
la fin de l'interview, il peut poser quelques questions destinées à clarifier certains points apparus obscurs.
Ce type d'interview est employé lorsqu'on s'intéresse aux motivations, aux conflits, aux attitudes des
sujets qui, une fois mis en confiance, révèlent petit à petit leurs anxiétés, leurs frustrations, leurs sentiments,
leurs espoirs et leurs préjugés ...
- L'entretien centré ou «focused interview»
L'entretien centré, appelé en anglais «focused interview», a pour objectif d'analyser l'impact d'un événement
ou d'une expérience précise sur ceux qui y ont assisté ou participé. Il est axé (focalisé) sur un problème précis et
sur des individus qui y ont été réellement mêlés, d'où son nom. L'enquêteur ne dispose pas de questions préétablies
comme dans le questionnaire, mais d'une liste de points précis relatifs au thème abordé. Au cours de l'entretien, il
évoquera nécessairement ces points mais sous une forme qu'il est libre de choisir à chaud selon le déroulement de la
conversation. Dans ce cadre relativement souple, il posera néanmoins des questions à son interlocuteur.
- L'entretien semi-directif ou semi-dirigé
C'est certainement l'entretien le plus utilisé en recherche sociale. Il est semi-directif en ce sens qu'il n'est i
entièrement libre, ni entièrement dirigé par un grand nombre de questions précises structurées. Habituellement,
le chercheur dispose d'un guide d'entretien (questions-guides), relativement ouvert qui permet de recueillir les
informations nécessaires. Mais il ne posera pas forcément toutes les questions dans la formulation et l'ordre
prévus. Autant que faire se peut, il sera souple avec l'interviewé afin que celui-ci puisse parler ouvertement dans
les termes et l'ordre qui lui conviennent. Le chercheur s'efforcera simplement de recentrer l'entretien sur les
objectifs chaque fois que le sujet s'en écarte; il ajoutera quelques questions de clarification au moment le plus
approprié et de la manière la plus naturelle que possible.
- Entretien dirigé ou l'interview structurée
Ce type d'entretien sert à recueillir des informations d'une façon standardisée. Il s'agit d'une sorte de
questionnaire présenté oralement. Les questions sont prévues à l'avance et ont une formulation standardisée.
Toutes les personnes interrogées répondent aux mêmes questions, après avoir reçu les mêmes explications.
L'interview se déroule donc pratiquement dans des conditions identiques pour tous les interviewés.
 Classification selon le degré de liberté et de profondeur des réponses
On peut classer encore les entretiens par rapport au degré de liberté et de la profondeur des réponses. En
tenant compte du niveau de profondeur (riche et complexe) des réponses et du degré de liberté de l’enquêteur et
26
de celui de l’enquêté, on peut souligner de façon particulière deux types d’entretien(ou d’entrevue) : l’entrevue
centrée (ou guidé) et l’entrevue à questions ouvertes.
- L’entrevue centrée
Elle se fonde sur une liste de thèmes précis à aborder. C’est sur ces thèmes que l’enquêteur veut obtenir
des informations auprès des enquêtés dont la très grande liberté n’est limitée que par la liste de thèmes. Le
chercheur lui-même a la liberté de ne pas être assujetti à un ordre des thèmes. Très utile dans une recherche
hypothético-déductive, elle se marie bien avec l’élaboration préalable d’un cadre théorique et d’une hypothèse de
recherche qui déterminent les thèmes abordés. Les données recueillies sont ensuite soumises à une analyse de
contenu qui permet de corroborer ou de réfuter l’hypothèse formulée. A titre d’exemple, on demande à un
étudiant de sociologie de mener une étude sur les causes de la réussite paradoxale chez les élèves provenant de
familles très pauvres.
- L’entrevue à questions ouvertes
Pour l’entrevue à questions ouvertes, le chercheur dispose d’un cadre théorique et d’une hypothèse de
recherche mais souhaite laisser une marge assez grande de liberté à ses enquêtés tout en les soumettant à des
questions précises liées à des conjectures théoriques. Il établit en conséquence une liste de questions précises
et il fait une entrevue à questions ouvertes dont la liste lui impose l’ordre dans lequel elles sont présentées. (Il
limite ainsi sa propre liberté pour s’assurer que sa liste de questions sera abordée)
Ce type d’entrevue se prête à une démarche hypothético-déductive mais peut adopter aussi une démarche
inductive, tout comme l’entrevue centrée.
Les réponses de l’enquêté, libres bien qu’en partie orientées par la liste de questions ordonnées peuvent
faire l’objet d’une analyse de contenu. Exemple : un étudiant en sciences politique désire étudier les
comportements des membres d’un partir au pouvoir. Il dispose d’un cadre théorique et d’une hypothèse pour
mener sa recherche. Il pourra faire un entretien à questions ouvertes centrées issus de son cadre théorique pour
chercher à corroborer ou réfuter son hypothèse.
 Classification des entretiens selon le nombre de participants
L'interview peut être classée selon le nombre de participants. On distingue l'interview individuelle et
l'interview de groupe. On parle aussi de groupe de discussion réunissant en général six à douze participants et
un animateur, dans le cadre d'une discussion structurée, sur un objet particulier.
- Entretien individuel
Il s'agit d'une interview avec une personne à la fois. L'intérêt de cette modalité, c'est que la personne est
seule et peut s'exprimer en toute liberté sans craindre d'être contredite et avec le sentiment de dire la vérité et
d'être prise au sérieux parce que sollicitée pour donner son avis, ses sentiments, etc.
- Entretien de groupe
Il s'agit de l'entretien de groupe. Parfois, la confusion se fait avec le groupe de discussion (voir plus loin le
point 3.3.54.).
L'entretien de groupe remplace le face-à-face individuel par un groupe de personnes interrogées. Il s'agit de
recueillir une «parole collective» produite en situation de groupe, donc dans une interaction. Il a un enjeu
théorique important, celui de faire parler des personnes qui ne prennent pas souvent la parole par elles-mêmes,
notamment des groupes dominés en situation d'infériorité.
La conduite d'un entretien de groupe n'est pas si simple que cela. Son déroulement manifeste bien souvent
une dynamique qui évolue, faite d'autocensure, surtout au début de l’entretien, de confrontations, de prises de
position négociées. A travers des hésitations, cette dynamique débouche sur la production d'u e «vérité»
commune ajustée à la composition sociale du groupe et à la conjoncture.
Bien conduite, elle apporte des indications et des informations précieuses parce que les sujets parlent et se
délient la langue les uns aux autres du fait qu'ils sont ensemble: il y a un effet d'entraînement qui amène tout le

27
monde à s'exprimer avec le temps. Les propos des uns peuvent provoquer la réaction et la contradiction des
autres et ainsi se compléter, se préciser. Grâce à la stimulation collective, des critiques, des propositions, des
enseignements peuvent être apportés que l'interview individuelle pourrait ne pas fournir.
L'entretien de groupe poursuit en général deux objectifs simultanés :
- réunir des informations factuelles (par exemple, propositions concernant l'organisation de la vie scolaire) ;
- observer les attitudes des participants.
Le chercheur pourra noter comment les participants interviennent, quelle est la caractéristique de leur
intervention (construction négative, sans rapport avec le thème, propos conciliateur, synthétique, etc.). Ces
éléments peuvent permettre d'inférer des conclusions concernant l'intelligence et la personnalité des individus. Le
nombre de participants à une interview de groupe est généralement compris entre 4 et 12. Le nombre maximum
d'interactions semble enregistré pour des groupes de 5 à 9 participants. Le nombre de participants le plus
fréquemment réuni va de 6 à 8 personnes. L'accord entre observateurs est maximum pour des groupes de 6
sujets.
 Préparation de l'entretien ou de l'interview ou entrevue
- À propos de l'enquêteur
Toute interview doit être soigneusement préparée par une réflexion où l'enquêteur s'imprègne des données
fondamentales du problème à étudier. Sans compréhension profonde des objectifs poursuivis, l'entretien ne peut
rien apporter.
Le choix des questions se fait en fonction des objectifs poursuivis. Et les questions s'élaborent à partir de
l'analyse rigoureuse du problème et de la formulation d'hypothèses. Et pour chaque question, le chercheur doit
pouvoir dire en quoi la réponse fera avancer l'enquête.
- À propos du guide d'entretien
Les thèmes ou les questions doivent être élaborées avec soin, en fonction des personnes qui vont y
répondre (voir conseils et écueils au sujet du questionnaire). Au cours de l'entretien, l'enquêteur sera libre par
rapport au guide d'entretien ; il n'a pas à le transformer de fait en un questionnaire à faire subir oralement à son
interlocuteur.
Le guide d’entretien est une aide pour orienter et canaliser le chercheur lors de l’entretien. On les confond
souvent. Or, il n’est pas la technique de recherche ; c’est bien l’entretien lui-même qui est l’instrument de collecte des
données et dont il faut préciser chaque fois : entretien dirigé, entretien semi-directif, entretien en profondeur, entretien
libre…
- À propos de l'enquêté
Il importe que l'enquêté soit bien disposé à répondre aux questions posées. Un des moyens d'obtenir sa
collaboration est de le persuader au préalable de l'utilité de ses réponses et des avantages que l'enquête peut
apporter. Il est recommandé de rencontrer auparavant les personnes à interroger et de leur exposer
sommairement les buts poursuivis par la recherche.
 Déroulement de l'entretien. Quelques indications générales
Il est important de créer un courant de sympathie et de compréhension tout en restant naturel et sincère,
l'enquêteur adopte toutefois une attitude aussi neutre que possible : il n'est pas là pour juger au nom de la morale
ou de la philosophie mais bien pour s'informer.
- Le langage de l'entretien doit être neutre, ni pédant, ni trop technique, ni faussement adapté au niveau de
l'interlocuteur. Une attitude simple et digne inspire confiance; un laisser-aller démagogique la détruit.
- L'objectivité exige que le chercheur sache garder des doutes face à lui-même. Autant il doit, pour ainsi dire, se
méfier de ce que lui disent ses interlocuteurs, autant il doit faire preuve d'Un certain scepticisme à l'égard de ses
propres attitudes et comportements. Car, sans s'en apercevoir, il peut amener les interviewés à adopter sa propre façon
de voir les choses.

28
- Savoir écouter: rester accueillant et 0 vert tout en veillant à ramener l'entretien vers les objectifs poursuivis si le
sujet s'égare dans des considérations apparemment inutiles.
- Éviter l'indiscrétion ou l'attitude autoritaire: elles provoquent le blocage.
- À la fin de l'entretien, on peut demander à l'enquêté ce qu'il pense de l'enquête ou s'il a quelque chose à ajouter ou
à supprimer. Ne pas oublier de le remercier.
- On peut offrir un petit pot à la fin de l'entretien comme avant ou même pendant. Dans les villages, c'est un
protocole non négligeable que d'offrir quelques boissons à ceux qui acceptent d'être interviewés.
 Notation des réponses et dépouillement de l'entretien
On peut prendre des notes au cours de l'entretien ou enregistrer de façon discrète, sans tapage mais sans
équivoque, c'est-à-dire avec l'accord préalable du sujet. On peut encore noter les réponses aussi vite que
possible après l'entretien; mais cela entraîne un appauvrissement et des risques de déformation.
En ce qui concerne le dépouillement, il est plus ou moins qualitatif ou quantitatif selon qu'on a :
- un entretien en profondeur sur un nombre limité d'individus dont on dessine le profil (rechercher par exemple
les structures ou les types de réponses individuelles);
- une interview structurée sur un échantillon relativement étendu. Ici, on cherche les types ou catégories de
réponses à partir des questions. On peut donc mesurer le taux de fréquence des réponses.
 Utilité de l'entretien
L'entretien est une étude qualitative. Il convient pour appréhender des représentations, des jugements, des
situations. Il porte sur un petit nombre de sujets et se déroule dans un cadre spécifique avec de individus ou des
groupes d’individus.
François de Singly (1992) fait une observation pertinente à propos du quantitatif et du qualitatif. Il écrit : « La
comparaison des renseignements obtenus par questionnaire et ceux obtenus dans les entretiens à propos du
même sujet informe sur les effets des deux situations d’enquête mais n’autorise aucune conclusion en termes de
hiérarchisation des méthodes. Les questionnaires rendent visibles certains déterminants sociaux des trajectoires,
les entretiens la construction individuelle de ces trajectoires, et notamment l’appréhension de certains moments
clés. Des deux côtés se trouve la richesse : davantage dans la complexité de la production pour l’enquête par
questionnaire, davantage dans les manières dont les acteurs appréhendent (et contribuent aussi à produire) le
social pour l’enquête par entretiens » (p.112)
2.2.2. L'observation directe
Il s'agit d'observation de visu; le chercheur est présent sur le terrain: il perçoit, mémorise, note. Elle
concerne des comportements au moment où ils se produisent, tels que les conduites des élèves et des
enseignants en classe. Une observation consiste à regarder se dérouler sur une période de temps donné des
comportements ou des événements et à les enregistrer. L'observation est liée à l'entretien lorsque le chercheur
interroge des informateurs et essaie de contrôler leurs dires par des vérifications. Dans tous les cas, lorsque le
chercheur observe ce que les sujets font, on est dans l'observation directe.
Les observations sociologiques portent sur les comportements des acteurs en tant qu'ils manifestent des
systèmes de relations sociales et aussi sur les fondements culturels et idéologiques qui les sous-tendent. Cela
veut dire que les comportements observés doivent être appréhendés avec (et situés dans) les rapports sociaux
dans lesquels les acteurs sont engagés, et être référés au contexte culturel ou idéologique de leur apparition. Par
exemple, si l'on voit des personnes en train de se laver les pieds, on n'en déduit pas hâtivement qu'elles le font
parce qu'elles se sont salies avec de la boue; il pourrait s'agir de fidèles musulmans qui font leurs ablutions avant
la prière.
Le chercheur doit être attentif aux conditions d'émergence des conduites et aussi à leur transformation, à
leurs effets.

29
Il faut noter que, de manière générale, l'observation pose problème en sciences humaines et sociales. En
effet, dès qu'un être humain observe ouvertement un autre, des interactions psychologiques s'engagent
inévitablement entre eux (chacun se sent ou se sait vu et eu). Dans cette situation, il n'y a pas un observateur et
un observé mais bien deux observateurs qui se découvrent et interprètent ce qu'ils voient l'un de l'autre en
fonction de ce qu'ils sont, et adaptent en conséquence leur conduite à la situation. La subjectivité entre en ligne
de compte dans l'observation. C'est pourquoi, en plus d'une observation flottante (à l'œil nu) on a souvent besoin
d'une observation armée (à l'aide d'instruments, de grilles, c'est-à-dire des catégories préétablies). Les grilles
sont élaborées de manière sélective en prévoyant les différentes catégories de comportements à observer. Les
fréquences et les distributions des différentes catégories de comportement peuvent être calculées pour permettre
d'étudier les corrélations entre ces comportements et d'autres variables mises en jeu par les hypothèses. C'est
dire que les pourcentages d'apparition des comportements sont parlants et éclairants.
L’observation participante de type ethnographique est usuelle en sciences humaines et sociales. Dans cette
observation, le chercheur est amené à participer à la vie du groupe qu'il veut observer. Le chercheur se lie à un
groupe social concret pour essayer de l'observer comme « de l'intérieur ». Il ne peut être un simple voyeur mais
bien un observateur qui étudie une communauté durant une certaine période, en participant à la vie collective. Le
chercheur en étudie les modes de vie, de très près, en essayant de ne pas les perturber. La validité de son travail
repose sur la rigueur avec laquelle il observe et cherche à vérifier ses hypothèses. L'observateur, parce qu'il est
chercheur, parce qu'il a des hypothèses à vérifier, percevra l'expérience qu'il fait avec le groupe des choses que
les autres ne verront peut-être pas.
Des auteurs comme Robert Jaulin dans Le cœur des choses en 1984 ont commencé à parler de
participation observante pour soutenir que c’est en étant effectivement membre d’une communauté ou en étant
effectivement acteur qui pose des actes concrètes et réels qu’on participe réellement et non en demeurant un
simple observateur.
Selon des auteurs, l’observation participante présente à un titre ou à un autre les caractéristiques d’une
observation inductive, servant à produire des théories ancrées dans la réalité (grounded theory, selon les travaux
méthodologiques de l’américain Anselm L. Strauss).
Il reste pourtant possible et acceptable de procéder à des observations selon une démarche hypothético-
déductive. L’observation centrée autour de quelques thèmes découlant du cadre théorique opérationnalisé
permet au chercheur d’orienter son observation vers la collecte de données qui lui donneront l’opportunité de
corroborer ou de refuser l’hypothèse de recherche.
2.2.3. L’analyse qualitative de contenu
L’analyse quantitative, on l’a vu, vise à saisir le contenu manifeste des documents grâce à des techniques
de décompositions, de décodages, de comptage, de dénombrement. Quant à l’analyse qualitative de contenu,
elle cherche à dégager la signification sous-jacente du ou des documents. Ainsi, son objectif est de découvrir la
signification du message contenu dans le document, « d’expliciter le ou les sens qui sont contenu et/ou les
manières dont ils parviennent à faire effet de sens » (Mucchielli, 2002 : 36). Le chercheur procède donc à la
classification ou à la codification dans diverses catégories des éléments du contenu analysé, avec l’intention de
dégager les différentes caractéristiques et de comprendre le sens précis.
 Les étapes de l'analyse qualitative de contenu
- Détermination de l’analyse de contenu
Le chercheur définit des objectifs clairs en lien avec sa problématique ; il doit savoir exactement ce qu’il veut,
par exemple découvrir l’image de la femme véhiculée dans les manuels de lecture,
- Sélection de l’échantillon de matériel et analyse préliminaire
Pour atteindre l’objectif de sa recherche, le chercheur devra constituer un échantillon de matériel approprié
(journaux, éditoriaux, publicités, émissions de télévision, films, etc.). Il le lira dans l’optique de la problématique
de recherche. Le but de cette analyse est évidemment d’en dégager le sens général.
30
- Exploitation du matériel recueilli
Le chercheur devra découper le matériel à sa disposition en unités d’analyse (ou unités de sens). Il procède au
codage, c’est-à-dire au découpage des informations contenues dans le document en fonction des unités d’analyse
préalablement définies. Il lit et parcourt le document et repère les noyaux de sens (phrases, groupes de phrases).
Ceux-ci permettent de faire une analyse thématique, de regrouper donc des phrases et groupes de phrases se
rapportant à un même thème.
Les noyaux d’analyse ou unités de sens identifiés reçoivent un code (un nom, une étiquette). En codant son
matériel en fonction de l’unité d’analyse choisie, le chercheur fait progressivement émerger des catégories qu’il classe.
 Objectifs de recherche pour lesquels l’analyse de contenu convient particulièrement
L’analyse de contenu quantitative ou qualitative a un vaste champ d’application. Elle porte sur des textes
littéraires, des émissions télévisées ou radiophoniques, des films, des rapports d’entretiens ou de récits de vie, des
messages non verbaux, des ensembles décoratifs, etc. Résumons bien ses objectifs :
- l’examen des logiques de fonctionnement d’organisations grâce aux documents qu’elles produisent ;
- l’étude des productions culturelles et artistiques ;
- l’analyse des processus de diffusion et de socialisation (manuels scolaires, journaux, publicité…)
- l’analyse de stratégies, des enjeux d’un conflit, des composantes d’une situation problématique, des
interprétations d’un évènement, des réactions latentes à une décision, de l’impact d’une décision ;
- la reconstitution de réalités passées non matérielles : mentalités, sensibilités… »
2.2.4. Récit de vie (Histoire de vie)
On désigne par cette expression des entretiens à visée plus large et complète (raconter une vie) que
l'entretien semi-directif. On parcourt une vaste série de sujets (des souvenirs, des rêves, des espoirs, des
craintes, des joies, des souffrances, le travail, les relations avec les amis, avec la famille, avec les patrons, la vie
sentimentale et sexuelle, la conception de la justice, de la religion, de la politique, la vision du monde, etc.). Chaque
entretien est plus spécifiquement centré sur un thème ou sur une « tranche de vie », un moment de la « vie » (…)
Plus que dans l'entretien semi-directif, dans l'histoire de vie, la prise de notes est nécessaire. Il s'agit, en
effet, de faire entendre la parole des personnes interrogées et de proposer au lecteur une « tranche de vie ». Ce
« témoignage » doit cependant être situé par rapport à d'autres témoignages et à d'autres informations. Il s'agit
d'abord de le «vérifier» par recoupements avec d'autres entretiens passés auprès de proches ou de familiers, par
exemple les différentes versions données d'un même incident par les divers membres de la famille.
Le traitement sociologique des récits de vie les constitue en « études de cas » : leur analyse prend sens
dans une problématique d'ensemble…

3. Expliquer le déroulement de la collecte des données


Le processus de collecte des informations… nécessite un certain nombre de démarches préliminaires
comme l'autorisation de conduire l'étude dans un établissement scolaire, dans une usine, un hôpital, [...] la
formation des enquêteurs. Il peut s'agir aussi de décisions à prendre concernant le déroulement de l'étude
(stratégie de recrutement des enquêtés), de décisions concernant la constance et le contrôle durant la collecte
des données, de l'évaluation des problèmes potentiels (obligation de prolonger ou de raccourcir la période de
collecte des informations, refus des sujets de participer à l'étude ...). On pourra à ce niveau, faire état des
difficultés rencontrées.
4. Exposer le plan d'analyse des données
Une fois les informations recueillies, il est nécessaire de les traiter, donc de les organiser, de les analyser.
Le travail d'analyse demande beaucoup d'attention et de rigueur ; ce n'est qu'à ce prix que les interprétations
pourront être valides. Il faut savoir d'avance, en fonction des méthodes et technique ; utilisées, si on fera une
analyse qualitative des données ou une analyse ; quantitative ou si on fera l'une et l'autre. Il y a lieu d'indiquer les
logiciels auxquels on a recours.

31

Vous aimerez peut-être aussi