Democratic Republic of Congo-Fre2006

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT, CONSERVATION DE LA NATURE,


EAUX ET FORETS

SECRETARIAT GENERAL A L’ENVIRONNEMENT, CONSERVATION DE


LA NATURE, EAUX ET FORETS

DIRECTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE

COMITE NATIONAL DE COORDINATION DE LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

PROGRAMME D’ACTION NATIONAL (PAN)


DE LUTTE CONTRE LA DEGRADATION
DES TERRES
ET LA DEFORESTATION

MAI 2006

1
TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………………….5

2. ETAT DES LIEUX……………………………………………………………………………………………………………..7

2.1 Cadre physique…………………………………………………………………………………………………………7

2.1.1 Géologie…………………………………………………………………………………………………………7
2.1.2 Climat…………………………………………………………………………………………………………….7
2.1.3 Ressources en eau………………………………………………………………………………………… 8
2.1.4 Sols………………………………………………………………………………………………………………..9
2.1.5 Ressources végétales…………………………………………………………………………………….9

2.2 Population………………………………………………………………………………………………………………10
2.3 Caractéristiques socio-économiques…………………………………………………………………….14
2.4 Identification des acteurs impliqués dans la dégradation des terres et la
Déforestation…………………………………………………………………………………………………….....14

3. PROBLEMATIQUE DE LA DEGRADATION DES TERRES ET LA DEFORESTATION


ET DE SES PRINCIPALES MANIFESTATIONS EN RDC……………………………………………………17

3.1 Principales causes de la dégradation des terres et de la déforestation……………..17


3.2 Principales manifestations et conséquences…………………………………………………………19
3.2.1 Au niveau des systèmes de production……………………………………………………….19
3.2.2 Au niveau économique et social………………………………………………………………….19

4. ANALYSE DES ACTIONS MENEES OU EN COURS EN REPUBLIQUE


DEMOCRATIQUE DU CONGO POUR LUTTER CONTRE LA DEGRADATION DES
TERRES ET LA DEFORESTATION……………………………………………………………………………………21

4.1. Au niveau politique………………………………………………………………………………………………..21

4.1.1 Pour le compte du Ministère de l’Environnement, Conservation


de la Nature, Eaux et Forêts……………………………………………………………………….21
4.1.2 Pour le compte du Ministère de l’Agriculture, Pêche
et Elevage…………………………………………………………………………………………………..21
4.1.3 Pour le compte du Ministère du développement Rural…………………………..25
4.1.4 Pour le compte du Ministère de l’Urbanisme et Habitat………………………..25
4.1.5 Pour le compte du Ministère de l’Energie……………………………………………….26
4.1.6 Pour le compte du Ministère des Travaux Publics et
Infrastructures……………………………………………………………………………………........26
4.1.7 Pour le compte du Ministère du Plan……………………………………………….........26
4.1.8 Par les organisations non gouvernementales (ONG)………………………………….28

4.2. Au niveau institutionnel et juridique……………………………………………………………………29

4.2.1 Cadre juridique et législatif pour la lutte contre la dégradation

2
4.2.2 des terres et la déforestation……………………………………………………………… 29
4.2.3 Sur le plan institutionnel……………………………………………………………………………30
4.2.4 Statut juridique du Comité National de Lutte contre la
désertification (CN/LCD)………………………………………………………………………… 31
4.2.5 Au niveau financier…………………………………………………………………………………….32

5. PRISE EN COMPTE DE LA LUTTE CONTRE LA DEGRADATION DES TERRES


ET LA DEFORESTATION DANS LES STRATEGIES NATIONALES
DE PLANIFICATION……………………………………………………………………………………………………….34

6. PRISE EN COMPTE (INTERNALISATION) DE LA LUTTE CONTRE LA


DEGRADATION DES TERRES DANS LES CADRES STRATEGIQUES DE
COOPERATION DES PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT ET DES
ORGANISATIONS SOUS REGIONALES ET REGIONALES AFRICAINES……………………………36

7. AXES D’ORIENTATION DU PAN ET DOMAINES


D’ACTION PRIORITAIRES……………………………………………………………………………………………..48

7.1. Axes d’orientation………………………………………………………………………………………………..48


7.1.1 Consolidation de la paix…………………………………………………………………………….48
7.1.2 Lutte contre la pauvreté……………………………………………………………………………48
7.1.3 Gestion rationnelle des ressources naturelles………………………………………….49
7.1.4 Décentralisation et participation effective des acteurs
à la base……………………………………………………………………………………………………..50
7.2. Domaines d’action prioritaires……………………………………………………………………………..52
7.2.1 Renforcement des capacités des acteurs en matière de
connaissances et de contrôle du processus de dégradation
des terres……………………………………………………………………………………………………. 52
7.2.2 Suivi permanent du processus de dégradation des terres………………………….53
7.2.3 Connaissance parfaites des écosystèmes, amélioration de la
productivité de ceux dégradés et protection des écosystèmes
menacés………………………………………………………………………………………………………53
7.2.4 Décentralisation et promotion de la gestion participative des
ressources naturelles………………………………………………………………………………….53

8. ELEMENTS DE PROGRAMME D’ACTION ET MODALITES DE MISE EN ŒUVRE…………….54

8.1 Typologie des actions proposées…………………………………………………………………………..54


8.2 Activités structurantes…………………………………………………………………………………………..55
8.3 Activités opérationnelles……………………………………………………………………………………….55
8.4 Composantes du Programme d’Action…………………………………………………………………..55
8.4.1 Sous-programme 1 : Amélioration du cadre juridique et
institutionnel……………………………………………………………………………………………… 57
8.4.2 Sous-programme 2 : Renforcement des capacités des acteurs
pour une meilleure utilisation des terres et une gestion durable
des ressources forestières…………………………………………………………………….59

8.4.3 Sous programme 3 : Amélioration de la connaissance du cadre


de référence biophysique de la RDC……………………………………………………………61

3
8.4.4 Sous-programme 4 : Aménagement et gestion durable des forêts
de la République Démocratique du Congo………………………………………………….63
8.4.5 Sous-programme 5 : Reconstitution des écosystèmes dégradés
et amélioration des systèmes de production……………………………………………..65

9. SUIVI / EVALUATION DE LA MISE EN ŒUVRE DU PAN………………………………………………..

10. MODALITES DE REACTULISATION DU PAN…………………………………………………………………..

4
INTRODUCTION

La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’Afrique centrale d’une


superficie de 235 millions d’ha, se trouve confrontée depuis un certain nombre
d’années à un phénomène croissant de dégradation de ses principales ressources
naturelles, en particulier les ressources forestières et les terres de culture. Cette
situation, ayant pour cause aussi bien des facteurs naturels qu’humains, a été
exacerbée par une longue période de crise sociopolitique et de guerres.

A l’instar d’autres pays africains, la RDC a signé et ratifié, depuis 1997, la


Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays
gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en
Afrique (CCD).

La CCD définit la désertification comme « la dégradation des terres dans les


zones arides, semi-arides et sub-humides sèches, par suite de divers facteurs,
parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines ». Cette
acception de la désertification confère toute la pertinence et l’intérêt d’une telle
convention pour la RDC qui fait face à une forte dégradation de ses terres et une
forte déforestation. Ces phénomènes s’accompagnent souvent d’un cortège de
problèmes environnementaux tels que la baisse des rendements agricoles, la perte
de biodiversité, la pollution, etc.

En effet, une opinion largement répandue consiste à continuer de croire que


la RDC reste ce réservoir de vastes étendues de forêts plus ou moins vierges qu’elle
a été dans le passé, alors que les tendances d’évolution actuelles indiquent plutôt
une dégradation voire une disparition croissante des massifs forestiers, surtout
autour des grandes villes. Cette menace de désertification rampante a été bien
perçue par les autorités politiques de la RDC qui ont eu à ratifier la CCD et à
s’atteler à élaborer les instruments de sa mise en œuvre. C’est dans ce cadre que
la RDC doit élaborer un Programme d’Action National (PAN) «qui a pour but
d’identifier les facteurs qui contribuent à la désertification et les mesures
concrètes à prendre pour lutter contre celle-ci et atténuer les effets de la
sécheresse. »

Conformément à l’article 8 de l’annexe d’application régionale pour


l’Afrique de la CCD, le PAN doit comporter «des programmes intégrés de
développement local, reposant sur des mécanismes participatifs et sur l’intégration
de stratégies d’élimination de la pauvreté, dans l’action menée pour lutter contre
la désertification et atténuer les effets de la sécheresse».

L’article 6 de cette même annexe rappelle que le PAN «doit s’inscrire dans
un processus plus vaste d’élaboration de politiques nationales pour le
développement durable des pays africains touchés et en constituent un élément
essentiel.»

5
C’est la raison pour laquelle le PAN de la RDC s’articule autour des stratégies
de planification macroéconomique nationales tels que le DSRP (Document de
Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté), l’ODM (Objectifs du Millénaire) et
l’UNDAF (…) et prend également en compte les orientations stratégiques du
processus de planification environnementale (élaboration du PNAE et des stratégies
de mise en œuvre des autres conventions environnementales, notamment la
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques et la
Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique).

Le présent PAN est basé d’une part sur des informations recueillies lors des
ateliers de concertation qui ont permis de prendre en compte les perceptions et
propositions des représentants des différents acteurs issus des toutes les Provinces
du pays, et d’autre part sur l’exploitation et l’analyse des données relative au
cadre biophysique et socio-économique national, aux stratégies nationales et sous-
régionales de lutte contre la dégradation des terres, et enfin au domaine de
coopération des partenaires au développement. Il a pour ambition d’être le cadre
stratégique de référence en matière de lutte contre la dégradation des terres et la
déforestation en RDC.

Après avoir présenté le milieu biophysique et socio-économique de la RDC, le


document pose la problématique de la lutte contre la dégradation des terres et la
déforestation en RDC et analyse les différentes actions qui ont été menées pour y
remédier. Il fait ensuite le point sur les stratégies nationales visant le
développement durable en général et la dégradation des terres en particulier,
avant de dégager des axes d’orientation et les domaines d’action prioritaires.

La présentation du programme d’action de lutte contre la dégradation des


terres et la déforestation, ainsi que les modalités pratiques de sa mise en œuvre et
de sa réactualisation périodique, constituent la dernière partie du présent
document.

6
2. ETAT DES LIEUX

2.1. CADRE PHYSIQUE


Les caractéristiques physiques de la RDC peuvent être résumées par la
diversité lithologique, géomorphologique, climatique, hydrologique, floristique et
faunistique.

2.1.1. Géologie

Du point de vue géologique, le sous-sol congolais est globalement constitué


de roches: du quaternaire, du tertiaire, du secondaire, du primaire et du
précambrien. (carte1).
C’est dans certaines de ces roches que l’on retrouve les ressources minérales et
certains matériaux de construction, mais aussi les roches éruptives anciennes et
des roches éruptives récentes dont la valeur pédo-agronomique n’est plus à
démontrer.

Les différentes roches du sous-sol congolais ont diverses affectations tant


pour le sol, le couvert végétal, les animaux, que pour certaines activités socio-
économiques. C’est cela qui a donné lieu à l’expression « scandale géologique ». En
d’autres termes, les roches de la RDC contiennent plusieurs ressources qui
devraient être une forme de sécurité de l’économie minière.

En ce qui concerne la géomorphologie, l’Environnement congolais se


présente schématiquement comme un « grand amphithéâtre » ouvert sur le Nord-
Ouest. Son côté Sud est fait des collines et des plateaux d’altitude inférieure à
1.000 m, aux sols le plus souvent sableux, où la formation végétale dominante est
la savane.

A l’Est, le fond de l’amphithéâtre est constitué de reliefs très marqués,


jalonnés des lacs, appartenant au Rift d’Afrique centrale et orientale. Les altitudes
dominantes dépassent le plus souvent 3.000 m.

Au Nord de la RDC, on retrouve un relief de plateaux. Ces éléments


périphériques représentent environ la moitié de la superficie du pays.

Au centre, la Cuvette est une vaste dépression vers laquelle convergent les
éléments du réseau hydrographique. Elle est le domaine de la grande forêt qui
déborde largement sur les plateaux et les montagnes de la périphérie (carte 2)
(BEAU, 2004)

2.1.2. Climat

S’agissant du climat, on peut noter que la position de la RDC, à cheval sur


l’équateur, en fait un espace dont les climats sont globalement favorables à la vie
et aux activités socio-économiques. En effet, la RDC bénéficie du :

• climat équatorial : essentiellement dans la cuvette centrale où les


températures mensuelles de mois de mai et juillet peuvent respectivement
atteindre 27 et 25° C. Quant à l’amplitude thermique, elle est inférieure à

7
1°C. Les précipitations annuelles varient entre 1.600 et 2.000 mm. Sous ce
climat, la saison sèche dure moins de 2 mois (carte 3) ;
• climat tropical humide : dont les températures de mois de mars et Juillet
peuvent respectivement atteindre 28 et 21°C. L’amplitude thermique varie
entre1 et 3°C. Quant aux précipitations annuelles, elles sont généralement
comprises entre 1.200 et 1.600 mm. La durée de la saison sèche est
comprise entre 2 et 4 mois ;
• climat tropical à tendance aride : dont les températures du mois de mars et
juillet peuvent se situer entre 28 et 22°c à l’Ouest (Bas-Congo) et celle de
novembre et juillet entre 24 et 16°C au Sud-Est (Sud Katanga) l’amplitude
thermique annuelle est supérieure à 3°C et peut même dépasser 5°C. Les
précipitations annuelles sont généralement comprises entre 1.000 et 1.200
mm. La durée de la saison sèche est supérieure à 4 mois et peut atteindre 6
mois ou plus ;
• climat de montagne : on le rencontre généralement à l’Est du pays ; il est
tempéré par l’altitude. Les températures d’octobre et de juillet varient
entre 25 et 20°C. L’amplitude thermique est proche de 4°C, les
précipitations annuelles dépassent 1000 mm dans le Katanga et 1.200 mm à
l’Est et au Nord-Est.

2.1.3. Ressources en eau

La RDC possède un réseau hydrographique très dense. Les plans d’eau


représentés par l’immense réseau fluvial, les plaines inondées et les lacs couvrent
environ 86.080 km² (3,5% de la superficie du pays). Ceux-ci peuvent être subdivisés
en trois types d’écosystèmes naturels :

• Ecosystèmes lacustres, représentés par les lacs de l’Est, ceux de la Cuvette


centrale et quelques lacs de dépression ;
• Ecosystèmes fluviaux, comprenant le Fleuve Congo, ses affluents principaux
et secondaires ;
• Ecosystèmes marins représentés par le bief maritime du Sud Ouest et la côte
atlantique.

Les grands lacs périphériques de l’Est couvrent une superficie d’environ


48.000 km² dont 47% sont de juridiction congolaise. Les superficies respectives
pour le Congo sont :

• Lac Tanganyika : 14.8000 km² ;


• Lac Albert : 2.420 km² ;
• Lac Kivu : 1.700 km²;
• Lac Edouard : 1.630 km²;
• Lac Moero : 1.900 km²

Le système lacustre congolais comprend en outre deux importants lacs


intérieurs, le Lac Tumba et le Lac Mai Ndombe. Ils couvrent ensemble entre 2.300
et 7000 km² selon les saisons (faible en saison sèche et forte en saison pluvieuse).
On y inclut également les lacs de dépression de Kamalondo (1.700 km²), le Lac
Tshangalele (446 km²), le Lac Nzilo (280 m), le Lac Upemba, le Lac Kisale, le Lac

8
Mukamba, etc. Le système fluvial couvre environ 34.000 km² sur un réseau de plus
de 33.000 km² constitué par le fleuve, ses principaux affluents et rivières
secondaires.
La RDC possède également environ 40 km de façade maritime couvrant une
superficie de plus ou moins 2.000 km² de plan d’eau. Le potentiel halieutique
national est évalué à quelques 707.000 tonnes maximum dont environ 63% seraient
dans les eaux de grands lacs de l’Est (Tanganyika, Edouard et Kivu), 28% dans le
système fluvial, 8% dans les lacs de dépression et ceux de retenue du Katanga, 1%
dans les eaux maritimes de la côte atlantique.

2.1.4. Sols

La RDC, eu égard à sa situation géographique, sa diversité climatique,


géologique et floristique, possède une gamme très variée de sols dont la structure,
la composition physico-chimique et biologique sont différemment connues, selon
les lieux ou les Provinces.

Globalement, les sols congolais sont moyennement fertiles. On y rencontre


aussi des sols fertiles (sols volcaniques, tourbe, sols alluvionnaires …), et des sols
peu fertiles, qui sont déjà dégradés à divers degrés, à cause notamment de
l’agriculture itinérante sur brûlis, du surpâturage, des feux de brousse, de la
déforestation liée à diverses activités humaines, de l’urbanisation non maîtrisée
etc. La destruction des sols est aussi provoquée par le manque d’études préalables
avant leur affectation, mais aussi le manque de restauration ou d’amendement.

Selon le Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et


Tourisme (1996) les principaux sols de la RDC sont : les andosols, les vertisols, les
sols hydromorphes, les ferralsols et les arénoferrals.

2.1.5. Ressources végétales

En République Démocratique du Congo, la flore est caractérisée par une très


grande diversité biologique. Les phytosociologues distinguent :

• la forêt ombrophile,
• la forêt ombrophile de transition,
• la forêt afromontagnarde,
• la bambousaie afromontagnarde,
• les forêts sèches Zambéziennes (muhulu),
• les forêts claires Zambéziennes (miombo),
• les forêts claires Soudaniennes,
• la bambousaie (oxytenantera),
• la forêt sclérophylle du littoral,
• les mangroves,
• la savane boisée,
• la savane herbeuse.

Parmi ces formations végétales, on peut mettre en relief 3 principaux types, à


savoir :

9
• les forêts denses humides de basses altitudes (surtout dans la cuvette
centrale et le Bas-fleuve) ;
• les forêts denses de montagne (à l’Est) ;
• les forêts claires et savanes arborées.

La grande variabilité topographique, climatique, édaphique et écologique de


la RDC en fait un véritable réservoir de diversité biologique parmi les plus riches du
monde, en terme d’espèces de la flore et de la faune. Comme on peut le
remarquer, la RDC possède de grandes étendues végétales comprenant plusieurs
types d’écosystèmes forestiers. La répartition biogéographique de cet éventail
d’écosystèmes (carte 4) dans l’ensemble du pays permet aux communautés locales
de satisfaire plusieurs de leurs besoins essentiels. En effet, on les retrouve dans les
régions de plaines, les zones côtières, les zones montagneuses, marécageuses,
inondables, humides et sèches.

Ces écosystèmes représentent des habitats naturels importants pour la


protection et la conservation des espèces végétales et animales, mais aussi pour la
préservation des processus écologiques entretenant la vie, voire l’économie.

Les forêts denses humides de la RDC présentent une structure étagée où la


strate dominante peut atteindre ou dépasser 60 m de haut. Elles poussent sur des
sols dont la fertilité est entretenue par l’abondante litière constituée de la
nécromasse dont les éléments constitutifs rentrent dans le cycle biogéochimique.

En résumé, les formations forestières de la RDC remplissent à la fois des


fonctions écologiques, économiques et socioculturelles. Elles représentent une
profusion de ressources pouvant être affectées à diverses activités.
Malheureusement, elles sont confrontées à un véritable fléau qu’est la
déforestation.

Cependant, les données disponibles actuellement ne renseignent que


partiellement sur leurs étendues et leurs possibilités. En effet des 135 millions d’ha
de forêts denses (FAO, 2005), il n’y aurait que 60 millions qui seraient
économiquement exploitables (il faut soustraire les aires protégées, les marécages
etc.)

2.2. POPULATION

En 2003, la RDC comptait environ 58 millions d’habitants dont près de 70% en


milieu rural.

Suite aux conflits armés qui ont déchiré la République Démocratique du


Congo, on a noté d’énormes déplacements humains à l’intérieur du pays dont on
ignore encore le nombre et l’impact réels. De même, cette guerre a entraîné
l’exode rural par suite de la crise socioéconomique qui en découle. Selon le rapport
2005 de la FAO sur la situation des forêts dans le monde, le taux annuel de
variation de la population congolaise entre 2000 et 2005 se situe à 2,8 % par an.

10
Selon les projections optimistes de l’UNFPA, elle pourra atteindre 92, 20 millions
d’ici 2020 avec un impact réel sur les ressources naturelles du pays.

L’Institut National des Statistiques (INS) projette la population congolaise à


72,784 millions en 2010.

La densité de la population est de 22 habitants au km2 en 2000, il est


projeté à 39 habitants au km² en 2020. Cette population est inégalement repartie
sur le territoire national. Les zones les plus peuplées s’étendent de la côte
atlantique aux deux Kasaï, de la Région des Grands Lacs au Nord du Katanga et de
l’Ubangui au Haut Uélé. Il y aurait jusqu’à 200 habitants par km2 dans certaines
régions du Kivu. Il s’agit là de zones faiblement forestières et essentiellement
savanicoles1. Le taux annuel de variation de la population (2000-2005) était de
2,8%. Le rapport FAO 2005 sur la situation des forêts du monde évalue à 2,7
hectares la superficie forestière par habitant en 2000.

Avec seulement 30% de population urbaine, la RDC est le pays le moins


urbanisé d’Afrique centrale. Le taux d’urbanisation est projeté à 42% en 2020. La
métropole Kinshasa compte environ 6 millions d’habitants. Or, les villes
représentent un marché à croissance rapide pour les produits industriels, agricoles
et forestiers. A cet égard, il sied de noter que la superficie forestière par habitant
en 2000 est de 2,7% tandis que le taux de déforestation est de 0,4%, soit
l’équivalent de 532.400 hectares.

A cause du faible niveau de revenu de ménages et du coût relativement


élevé des sources d’énergie autres que le bois, l’accroissement non maîtrisé de la
population pourra certainement se traduire, dans les années à venir, par une
demande accrue de consommation de bois de chauffe. En définitive, une forte
croissance démographique, une augmentation de la consommation par habitant et
du revenu des populations ainsi qu’une diminution des coûts de transport
pourraient certainement avoir un sur les ressources. Ce qui, avec l’exploitation
irrationnelle des ressources forestières qui caractérise de nombreux congolais,
entraînera une déforestation importante et, par conséquent, une forte pression des
écosystèmes forestiers.

2.3 CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES


Eu égard à la profusion de ressources naturelles (carte 6) (énergie, matières
premières, espaces et biodiversité) que l’on retrouve en RDC, mais aussi à
l’importance quantitative et qualitative de l’élite intellectuelle déjà formée,
l’économie du pays devrait déjà être une économie très active et très diversifiée,
servant de levier au développement du pays. On note malheureusement qu’elle est
et demeure une économie extravertie. En outre, l’instabilité politique et
économique, les pillages des années 1991 et 1993 et les guerres qui se sont
succédées l’ont gravement affectée.

1
Sébastien MALELE MBALA, Situation des ressources génétiques forestières de la République Démocratique du Congo,
Rapport préparatoire à l’Atelier régional sur la conservation et la gestion durable des ressources génétiques forestières, mai
2002, p. 3.

11
L’analyse de l’évolution de l’économie congolaise nécessite la prise en
considération des époques qui l’ont caractérisée.

Si à l’époque précoloniale, l’économie était essentiellement tournée vers la


cueillette, le ramassage, la chasse, la pêche, l’élevage domestique etc. et
quelques échanges commerciaux, depuis l’époque coloniale, la RDC a été branchée
sur l’économie marchande, monétaire, qui caractérise le monde contemporain.

Les troubles que le Congo a traversés entre 1960 et 1967 marquèrent


profondément l’économie du pays (sécession des provinces du Sud-Katanga et du
Sud-Kasaï, rébellion muleliste, rébellion dans le Haut-Katanga, dans la province
Orientale et une partie de l’Equateur). Le pays connut une réduction brutale de
recettes publiques, due à la désorganisation du système fiscal et à la chute de la
production et l’augmentation de la dette publique intérieure. On assista à la
réduction de la production agricole commercialisée, mais aussi de la production
destinée à l’exportation (café, caoutchouc, huile de palme, thé), sans oublier la
production vivrière. La valeur de l’extraction minière avait diminué au cours de la
même période. Il en fut de même pour les activités de transport, communication,
bâtiment et travaux publics (J.SEGERS, 1974). Le Secteur public connut un
désinvestissement remarquable.

De juin 1967 à décembre 1972, il y eut une réforme monétaire qui avait pour
objectif de relever le niveau des revenus des exportations, exprimés en monnaie
nationale et d’augmenter par le fait même les recettes fiscales, pour équilibrer les
finances publiques et freiner l’inflation monétaire.

Pendant cette période, la RDC connut un accroissement du PIB, une


accélération de la production, fait de l’agriculture commercialisée de
l’exportation, une augmentation de la production minière et métallurgique (en
1969), mais qui s’est ralentie ensuite. Le secteur de la construction et des travaux
publics connut lui aussi une forte expansion (travaux entrepris par l’Etat). Il en fut
de même pour les transports et les télécommunications.

Néanmoins, la production du secteur primaire n’avait pas atteint le niveau


de 1959, tandis que les secteurs secondaire et tertiaire l’avaient dépassé. Il y eut
ralentissement de la croissance économique (1971 – 1972).

Depuis les événements politiques, sociaux et culturels qui secouent la


République Démocratique du Congo à partir de 1990, le pays est caractérisé par la
persistance de la crise économique et institutionnelle (Ministère du Plan, 2004).
Celle-ci a attisé la convoitise de plusieurs pays frontaliers qui se sont rués sur les
richesses du sol et du sous-sol. Des armées étrangères ont occupé et occupent
encore certaines parties du territoire national. Cette situation a provoqué l’une des
crises les plus complexes. L’ampleur et la complexité des conflits ont mis à rude
épreuve la stabilité institutionnelle et les infrastructures socio-économiques de
base, qui n’existent presque plus. Celles qui existent encore fonctionnent au
ralenti (industries minières, chimiques, agro-alimentaires, touristiques).

12
Le coût économique, social, politique et environnemental (déforestation,
érosion, maladies) des conflits que connaît le pays est très élevé mais aussi difficile
à évaluer. Cette situation a plongé la RDC dans une crise multiforme dont l’un des
effets est l’aggravation de la pauvreté. Globalement, l’économie congolaise est
plus tenue par l’informel que le formel.

Le social de la RDC est affecté par divers problèmes dont :

• d’abord, ceux affectant l’environnement biophysique : air eau, sol,


biodiversité, urbanisation anarchique, médiocrité de l’habitat,
dendroénergie, pollutions multiformes ;
• ensuite, par les problèmes affectant l’environnement socio-économique et
culturel : explosion démographique, faim, malnutrition, sous-nutrition,
santé, maladies tropicales, mortalité infantile et mortalité des mères
(UNICEF, 2001), hygiène, assainissement, manque d’adduction d’eau
potable, retard de l’éducation et de la formation technique en particulier,
pénibilité des tâches qui affectent surtout les femmes, faible niveau de
technicité, de transformation et de valorisation des produits agricoles
locaux, mauvais état des infrastructures et des équipements, recours à des
formes d’énergies destructrices des ressources naturelles, manque de
stimulation de l’innovation, mauvais rendement des systèmes de production
traditionnels et faible productivité, problèmes fonciers, …

Aujourd’hui, en dépit de toutes les immenses ressources naturelles et


humaines de la RDC, le pays est classé parmi les pays les plus pauvres du monde.

En ce qui concerne les infrastructures et équipements relatifs à l’eau et à


l’énergie, en dépit d’énormes potentialités énergétiques et hydrographiques dont
dispose le pays, la desserte en eau et en électricité reste faible et déséquilibrée
sur l’ensemble du territoire. Beaucoup de centres urbains ne sont pas alimentés en
eau et électricité (carte 7).

L’essentiel de la consommation d’eau est le fait de Kinshasa et des villes et


centres urbains du Bas-Congo, du Katanga, de Kisangani et accessoirement de l’Est
du pays (Goma et Bukavu) ; les villes de Mbuji-Mayi et Kananga par exemple
éprouvent d’énormes difficultés pour s’approvisionner en eau.

Plusieurs centres urbains ont une consommation inférieure à 50.000 m³. La


consommation par habitant dans la plupart des centres est largement inférieure au
besoin journalier de 20 litres par personne et par jour, selon les normes de l’OMS.
Dans bon nombre de centres, la population recourt de plus en plus à
l’approvisionnement par l’eau de source, l’eau de rivières et de puits, sans tenir
compte des risques encourus.

S’agissant de la consommation en électricité, seules quelques villes ont


accès au raccordement de la Société Nationale d’Electricité (SNEL). C’est le cas de
Kinshasa et les villes minières de Katanga (Kolwezi, Lubumbashi, Likasi, …) qui sont
bien approvisionnées, de Kisangani, Boma, Matadi, Bukavu, Goma, qui sont
faiblement approvisionnées (carte 7).

13
Malheureusement, cet approvisionnement est souvent interrompu par des
coupures intempestives liées à des problèmes techniques résultant de la vétusté du
matériel et de la pénurie en carburant. Cette situation tant au niveau des
ménages, des villes et des secteurs économiques, constitue un handicap sérieux au
développement industriel du pays, mais aussi un obstacle au plan de lutte contre la
pauvreté, l’objectif prioritaire du millénaire. Ce qui pousse entre autre la majorité
de congolais à recourir au bois de feu (42,6 millions de mètres cubes/an) et au
charbon de bois pour résoudre leurs problèmes énergétiques.

L’industrie manufacturière peu développée est essentiellement tournée vers


le marché intérieur tandis que l’industrie minière qui constituait la principale
source de devises d’exportation est supplantée par l’exploitation artisanale qui
évolue de manière informelle. Toutes ces industries posent des problèmes
environnementaux : pollution de l’air, des sols et des eaux, et l’environnement
naturel subit de plus en plus des dommages remarquables et variés dont la
dégradation des terres, de la végétation, de l’eau, de l’air, etc.

A cause de la pauvreté, la population pour sa survie a développé des


activités économiques en informel. Le secteur de services tels que la menuiserie, la
cordonnerie, la couture, la coiffure, la boulangerie, etc., est le plus concerné.

Le phénomène ONG à travers le pays contribue à l’encadrement socio-


économique des populations dans les domaines où est constaté la démission ou
l’absence d’intervention de l’Etat. Cela est d’ailleurs encouragé et soutenu par les
bailleurs des fonds extérieurs qui préfèrent la coopération indirecte que directe.

2.4. IDENTIFICATION DES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA DEGRADATION DES


TERRES ET LA DEFORESTATION
Les acteurs impliqués dans la dégradation des terres et la déforestation sont :
l’administration (les différents ministères et services de l’Etat ayant pour mandat
institutionnel la gestion des ressources naturelles et la conservation des sols), les
producteurs, les organisations et associations d’encadrement ainsi que le secteur
privé.

Ces différentes catégories d’acteurs contribuent chacune selon ses activités, à


la dégradation des terres et la déforestation (cf. tableau 1).

14
Tableau 1 : Acteurs impliqués dans la dégradation des terres et la déforestation
En République Démocratique Congo

Catégorie d’acteurs Responsabilités dans la dégradation des


terres et la déforestation
Structures étatiques

- Ministère de l’Environnement, (1) faiblesse de la législation et de la


Conservation de la Nature, Eaux et réglementation, et leur non application
Forêts (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, (2) méconnaissance des ressources et de
11) leurs tendances d’évolution
- Ministère de l’Agriculture, Pêche et (3) gestion centralisée et non participative
Elevage (1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11) des ressources
- Ministère du Développement Rural (4) manque d’encadrement de la
(1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11) population, des producteurs agricoles et
- Ministère de l’Urbanisme et Habitat des charbonniers
(1, 8, 9, 10, 11) (5) faiblesse et/ou manque de vulgarisation
- Ministère de l’Energie (1, 2, 4, 5, 7, (6) insuffisance de personnel et/ou de
8, 9, 10, 11) motivation du personnel
- Ministère des Travaux Publics et ---*- (7) insuffisance de moyens financiers,
-
(8) logistique et matériel
- Infrastructure (1, 8, 9, 10, 11) (9) impunité ou absence de sanctions
- Ministère du Plan (8, 9, 10, 11) (10) manque de suivi et contrôle
- Ministère de la Santé (1, 8, 9, 10, 11) (11) absence de crédit au développement
- Ministère de l’Education (1, 4, 7, 8, (12) mauvaise gouvernance
9, 10, 11)
- Ministère des Petites et Moyennes
- Entreprises (4, 5, 8, 9, 10, 11)
- Ministère de la Recherche
Scientifique
- (1, 2, 4, 7, 8, 9, 10, 11)
- Ministère de la Défense Nationale (4,
6, 7, 8, 9, 11)
- Ministère des Transports et
Communications (4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,
11)
- Ministère de l’Intérieur (1, 2, 3, 4, 6,
7, 8, 9, 10, 11)
- Ministère des Mines (1, 2, 3, 4, 5, 6,
7, 8, 9, 10, 11)
Producteurs ruraux et bûcherons
charbonniers
- Agriculteurs (1, 2, 3, 5) (1) exploitation irrationnelle des ressources
- Eleveurs (1, 2, 3, 5) (2) quête continue de dendroénergie
- Chasseurs (1, 2, 3, 5) (3) manque de créativité et d’innovation
- Pêcheurs (1, 2, 3, 5) (4) recherche de gain facile
- Artisans (exploitants de sable, de (5) activité informelle
gravier, de « mabele », potiers) (1,
2, 3, 5)
- Bûcherons charbonniers (1, 2, 3, 4,
5)
- Creuseurs (1, 3, 4, 5)

15
Catégorie d’acteurs Responsabilités dans la dégradation des
terres et la déforestation
ONG (1) Insuffisance de l’expertise
(2) manque d’encadrement de la
population, des producteurs agricoles et
des charbonniers
(3) faiblesse et/ou manque de vulgarisation
(4) insuffisance du personnel
(5) insuffisance de moyens financier,
logistique et matériel
(6) mauvaise gestion
(7) non respect des Termes de Référence
Secteur privé (8) exploitation forestière non planifiée et
mal exécutée
(9) exploitation minière mal orientée
(10) faible intérêt pour la gestion durable
des ressources naturelles
(11) recherche de gain facile
(12) absence d’études d’impacts
environnementaux
Partenaires au développement (13) lenteurs dans la mobilisation des fonds
pour la mise en œuvre des
projets/programmes

(14) faible intérêt pour les projets de


grande taille et de longue durée
(15) méfiance dans la gestion des fonds et
des projets par les nationaux
(16) financements souvent conditionnés
par des risques politiques (instabilité,
troubles, guerres, etc.)
(17) complexité des mécanismes de
financement
(18) saupoudrage des appuis financiers
entre plusieurs projets

16
3. PROBLEMATIQUE DE LA DEGRADATION DES TERRES ET LA DEFORESTATION ET
DE SES PRINCIPALES MANIFESTATIONS EN RDC

La dégradation des terres et la déforestation constituent un frein sérieux au


développement économique et social de la RDC. Elles contribuent en effet à la
dégradation des systèmes de production, la détérioration de l’environnement, la
perte de biodiversité, l’augmentation des gaz à effet de serre, la baisse des
rendements agricoles et l’exacerbation de la pauvreté. Globalement elles portent
atteinte à la productivité et à la santé.

3.1 Principales causes de la dégradation des terres et de la déforestation

Ces causes sont multiples et peuvent être regroupées en deux grands


groupes, divisés chacun en deux sous-groupes :

1. les causes directes : éco-climatiques et anthropiques,


2. les causes indirectes : socio-économiques et celles relatives aux politiques et
au cadre juridique et institutionnel (voir tableau 2).

17
Tableau 2 : Principales causes de la dégradation des terres et de la
déforestation

CAUSES (C1 à C4)

Causes Directes Causes Indirectes


C1 : Activités Anthropiques C3 : Causes socio-économiques

• Déforestation ; • Démographie galopante ;


• pratiques agricoles inadaptées, • Répartition spatiale inégale de la population concentrée
itinéraires techniques inappropriés ; autour des grandes villes (fortes densités à l’Est, au Centre
• surpâturage ; Sud et à l’Ouest) ;
• défrichements ; • Pauvreté et faible niveau technologique
• feux de brousse ;
• exploitation minière et industrielle C4 : Causes relatives aux politiques et au cadre Institutionnel
artisanale ;
• faible intensification des systèmes de • Connaissance insuffisante des potentialités, contraintes et
production ; tendances d’évolution des ressources naturelles ;
• baisse de la productivité des terres • Faiblesse du dispositif juridique pour un développement
agricoles et des rendements ; durable des forêts
• Perte de terres fertiles ; • Inadéquation de la loi foncière
• Irrigation et drainage inadéquat • Violation du domaine classé
• Stratégies de mobilisation sociale et de responsabilisation des
populations inexistantes ;
C2 : Eco-climatiques • Faible implication des collectivités locales dans le cadre de la
GRN/LCDT
• Sécheresses périodiques • Faiblesse de la base de données sur la LCD
• Fortes pluies • Faiblesse des capacités nationales en terme d’élaboration, de
• Températures extrêmes gestion et de suivi/évaluation des projets/programmes
• pluies acides • Faible capacité de coordination et de suivi de l’ONC
• érosions • Facteurs culturels
• Conflits armés
• Urbanisation anarchique
• Manque d’encadrement et de vulgarisation, voire non
application des codes forestier et minier et caractère
obsolète du code foncier
• Absence de bonne gouvernance
• Manque de coordination des actions
• Faible niveau d’instruction des populations et de certains
opérateurs économiques
• Non prise en compte des droits des populations riveraines sur
les forêts

En résumé, il ressort de ce tableau que les causes profondes de la


dégradation des terres et de la déforestation en RDC sont d’abord d’ordre éco-
climatique et anthropique, aggravées par un cadre juridique et institutionnel

18
inadéquat et exacerbées par un contexte politique défavorable, caractérisé par
une instabilité et des conflits destructeurs de l’environnement.

3.2. PRINCIPALES MANIFESTATIONS ET CONSEQUENCES

3.2.1. Au niveau des systèmes de production

1. le secteur agricole (agriculture et élevage) est en déclin. Le cas le plus frappant


est celui du manioc, aliment de base qui couvre 70 à 80 % des apports
nutritionnels des congolais, mais dont la production a chuté de 20 % à cause des
maladies et des ravageurs. C’est donc dire que l’agriculture paysanne, utilisant
très peu d’intrants externes, ne peut pas soutenir une production suffisante pour
couvrir les besoins croissants de la demande alimentaire.

2. Les activités de la pêche artisanale sont aussi en baisse. Le nombre


d’embarcations est passé d’une pirogue en moyenne pour deux pêcheurs avant
la guerre, à une pirogue pour six pêcheurs aujourd’hui. Avec une disponibilité en
matériel de pêche qui a chuté de 25 à 60 %, la baisse moyenne de la production
est estimée à 45 %. Avec un potentiel estimé à 707.000 tonnes de poissons par
an, la production annuelle actuelle atteint à peine 200.000 tonnes.

3. La surexploitation des terres suite à une forte densité démographique au niveau


de certaines zones comme l’axe Bas-Congo - Hinterland minier du Katanga, a
provoqué la réduction voire la suppression de la période de jachère. La région
des Grands Lacs, à cause de son relief montagneux, est souvent sujette à des
érosions, ravinements et glissements de terrain.

4. le recul important de la forêt suite à une agriculture itinérante sur brûlis, une
exploitation anarchique aux fins de bois d’énergie et une exploitation minière
peu soucieuse de l’environnement. On note sur l’ensemble du territoire national
près de 10 000 bûcherons et charbonniers qui provoquent la déforestation de
près de 200 000 ha de forêts sur le pourtour de la cuvette centrale. Le « secteur
moderne » contribue également de manière significative à ce déboisement, eu
égard aux superficies déjà concédées (plusieurs millions d’ha) et à l’importance
des prélèvements opérés (plusieurs millions d’ha).

3.2.2. Au niveau économique et social

Le document du PNAE estime à environ 1 700 000 ha, soit 29% de l’ensemble
des terres cultivées, les superficies abandonnées jadis occupées par les cultures
pérennes. Cela constitue un danger par rapport à la sécurité alimentaire et à la
perte de revenus des paysans, contribuant fortement à la pauvreté rurale.

19
Cette situation est souvent la cause de conversion professionnelle d’agriculteurs
vers un domaine plus lucratif qui est celui de bûcheron/charbonnier, creuseurs des
matières précieuses, aggravant ainsi les agressions sur les forêts et la terre.

20
4. ANALYSE DES ACTIONS MENEES OU EN COURS EN RDC POUR LUTTER
CONTRE LA DEGRADATION DES TERRES

4.1. Au niveau politique

A la base de tous les problèmes environnementaux qu’on retrouve en


République Démocratique du Congo, se trouve l’absence d’une politique nationale
et cohérente pouvant permettre une gestion stratégique et rationnelle des
ressources naturelles en général et celles des terres en particulier.

C’est ainsi que, pour pallier cette lacune, diverses initiatives ont été prises,
avec la création de structures administratives et de gestion de l’environnement
(Ministères, Instituts, Bureau d’Etudes, etc.). En même temps, le pays avait aussi
élaboré des plans sectoriels d’orientation et de gestion couvrant quelques
domaines importants de l’environnement (Plan Forestier Tropical, Plan National
d’Action Environnemental, Stratégie Nationale et Plan d’Action de la Diversité
Biologique, Communication Nationale Initiale sur les Changements Climatiques,
Plan Directeur du Développement Agricole et Rural, Plan Directeur des Pêches,
Plan d’Action National pour l’habitat).

En plus de ces plans, des programmes d’activités comportant des volets de


politique environnementale exécutés avec l’appui de la Banque Mondiale et du
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) avaient été mis en
place. Il s’agit du Projet ‘‘Forêts et Environnement’’, du Programme d’Ajustement
des Secteurs Sociaux, du Programme d’Appui à la Gestion Stratégique de
l’Environnement et du Programme National de Relance du Secteur Agricole et Rural
(PNSAR), qui ont été malheureusement mis en veilleuse avec la suspension par la
Banque Mondiale et le PNUD de leur programme de coopération avec la République
Démocratique du Congo.

D’une manière générale, aucun programme ni projet spécifique de lutte


contre la désertification et/ou d’atténuation des effets de la sécheresse n’a été
élaboré en République Démocratique du Congo. On note cependant que dans les
secteurs de l’amélioration de la production agricole, du développement rural, de la
protection et de la conservation des ressources naturelles, un certain nombre de
programmes et plans ont été conçus. On retrouve au sein de ces programmes des
actions qui concourent directement ou indirectement à la lutte contre la
désertification et/ou à l’atténuation des effets de la sécheresse. Peu d’activités
ont connu un début de mise en œuvre.

Ces plans et programmes d’envergure nationale déjà élaborés et certains


approuvés sont les suivants :

4.1.1. POUR LE COMPTE DU MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT, CONSERVATION


DE LA NATURE, EAUX ET FORETS

1. Le Plan d’Action Forestier Tropical (PAFT)

21
La République Démocratique du Congo bénéficiant du leadership du Canada,
a élaboré en 1990 son Plan d’Action Forestier Tropical. Pour les cinq domaines
prioritaires du PAFT, la République Démocratique du Congo a retenu 97 actions à
entreprendre à court, moyen et long termes, dans le but d’harmoniser le secteur
forestier avec les autres secteurs économiques du pays et des autres Etats de
l’Afrique centrale. Parmi ces actions prioritaires, 48,3 % portent sur les volets
relatifs à la foresterie paysanne et communautaire et à l’utilisation des terres.

Malgré quelques financements ponctuels qui ont été octroyés pour des
actions formulées pour les aires protégées de l’Est du pays, la mise en œuvre de
ce Plan d’Action Forestier National n’est pas encore effective jusqu’à ce jour.

2. Le Plan National d’Action Environnemental (PNAE)

Le Plan National d’Action Environnemental (PNAE) a été élaboré en 1997 sur


financement du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Il a
été adopté le 13 février 2002 par le Gouvernement comme étant son document de
planification environnementale.

Le PNAE trace dans ses grandes lignes la problématique environnementale de


la République Démocratique du Congo, en rapport avec le développement durable
et identifie les différents aspects de la dégradation des ressources, du cadre
législatif et institutionnel et de la stratégie nationale. Il décrit les actions
environnementales prioritaires et présente le programme d’urgence qui doit être
réalisé dans les cinq prochaines années.

Le diagnostic posé par le Plan National d’Action Environnemental (PNAE)


reconnaît comme crucial la problématique de la dégradation physique des terres en
milieu rural et urbain due principalement à la pression démographique, à l’érosion,
aux mauvaises pratiques culturales, à l’urbanisation anarchique résultant de la
dichotomie des textes. Le PNAE propose également différentes actions et
stratégies à même de remédier à la situation sinon d’en atténuer les effets.

Une table ronde des bailleurs de fonds devra être organisée en collaboration
avec le Ministère du Plan et le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) pour susciter l’intervention des bailleurs de fonds et de la
communauté internationale en vue du financement du Plan Environnemental.

3. La Stratégie Nationale et le Plan d’Action de la Biodiversité

C’est un document qui constitue un cadre de référence pour la gestion


durable des ressources biologiques de la RDC. Il a été également adopté le 13
février 2002 par le Gouvernement. Il définit différentes stratégies pouvant mettre
terme aux activités humaines qui ont un impact négatif sur les écosystèmes
naturels, à savoir : la récolte des combustibles ligneux, la pratique de l’agriculture
itinérante sur brûlis, l’exploitation de bois d’œuvre et d’industrie, la récolte des
produits forestiers non ligneux, la pratique des feux de brousse et l’exploitation
forestière.

On n’a pas encore noté un début de mise en œuvre du Plan d’Action.

22
4. Le Plan Décennal de Reboisement

Un plan décennal de Reboisement a été élaboré en 1989 par le Ministère des


Affaires Foncières, Environnement et Conservation de la Nature, en vue de
fournir dans les régions qui souffrent d’une insuffisance du couvert forestier, des
peuplements artificiels dans le but de fournir aux populations le bois dont elles ont
besoin pour l’énergie domestique et les services divers. Ces peuplements doivent
aussi fournir aux exploitations, le bois nécessaire aux besoins industriels, assurer la
protection contre les altérations du sol, dues au climat et l’érosion par les eaux. Ce
reboisement artificiel avait pour but la prévention contre les ravages, d’une
exploitation de plus en plus intense, des quelques vestiges forestiers existant dans
certaines provinces.

Ce plan est constitué de deux parties :

la première partie décrit les divers efforts de reboisement effectués dans le


passé, estime les potentialités forestières du pays et détermine les besoins
globaux après avoir identifié les principales contraintes qui peuvent entraver
la réalisation des objectifs fixés en matière de reboisement.

la deuxième partie énonce les grandes orientations de la nouvelle politique


de reboisement au Congo, détermine les objectifs à atteindre et définit les
stratégies à adopter, présente les programmes élaborés en fonction des
priorités et des moyens et enfin, donne le cadre général de la réalisation du
plan.

Le plan avait bénéficié a son temps d’une aide du Programme National de


Relance du Secteur Agricole et Rural (PNSAR) financé par le PNUD.

Actuellement, le service en charge du reboisement dispose de 10 projets à


travers le pays dont 2 à Kinshasa, 2 au Bas-Congo, 1 à Mbuji-Mayi, 1 à Kananga, 1 à
Lubumbashi, 1 à Kikwit, 1 à Baraka et 1 à Bukavu). Seule la province de l’Equateur
n’a pas été concernée par ce plan.

Le Ministère est à la recherche sans succès, d’un financement approprié pour


sa mise en œuvre.

5. Le Projet « Forêts et Environnement »

Le Projet ‘‘Forêts et Environnement’’ a été initié par la Banque Mondiale en


1992, en collaboration avec le Ministère en charge de l’Environnement.

23
Ce Projet vise par ses actions multiformes à :

• renforcer les capacités institutionnelles de gestion du secteur forestier et de


l’environnement humain ;
• asseoir une gestion efficace, par la connaissance et l’aménagement des
ressources forestières ;
• contrôler l’exploitation forestière, pour réduire les coupes intempestives
(les défrichements culturaux, la récolte du bois de chauffe et charbon de
bois) et la déforestation ;
• introduire des techniques culturales d’aménagement soutenu et durable
(agroforesterie et reboisement communautaire) ;
• renforcer la recherche et les programmes d’essais pour baliser la voie aux
actions futures ;
• assurer la protection efficace des parcs et réserves naturelles, avec le
soutien des populations riveraines ou vivant à l’intérieur de ces entités.

Prévue pour une enveloppe globale de plus de 20 millions de dollars


américains, ce projet devrait être réactualisé et relancé.

6. L’Appui à la Gestion Stratégique de l’Environnement : Réforme


Institutionnelle

Ce Programme de 2,5 millions de dollars américains vise le renforcement des


capacités nationales, la promotion du processus participatif en vue de la mise en
œuvre du programme prioritaire de Plan National d’Action Environnemental et
d’assurer ainsi une meilleure planification et une gestion durable et rationnelle des
ressources naturelles.

Il devra faire l’objet d’une relance auprès du PNUD de la part du Ministère.

4.1.2. POUR LE COMPTE DU MINISTERE DE L’AGRICULTURE, PECHE ET ELEVAGE

1. Le Plan Directeur de l’Agriculture et du Développement Rural (1991)

Le Plan Directeur de l’Agriculture et du Développement Rural remonte à


l’année 1991. Il contient des orientations stratégiques dans les secteurs agricole et
rural. Dans le domaine agricole, le plan était élaboré en vue de résorber le déficit
alimentaire et de lutter contre la pauvreté.

Le gouvernement était amené à chercher le financement auprès des bailleurs de


fonds.

2. Le Programme National de Relance du Secteur Agricole et Rural (PNSAR)


1997-2001

24
Ce programme a bénéficié de l’appui du Programme des Nations Unies pour
le Développement et de la Banque Mondiale et s’est effectué en trois étapes, à
savoir :

- l’étape de recueil d’informations qui a permis de faire l’état des lieux de


l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la foresterie (monographies) ;
- l’étape de l’élaboration des programmes et plans d’actions provinciaux ;
- l’étape de la mise en œuvre proprement dite du programme.

Dans le volet forestier, le programme avait soutenu en matériel et en


financement le Plan National de Reboisement tant à Kinshasa qu’à l'intérieur du
pays.

Il s'est arrêté avant terme, en 2000, sans avoir atteint totalement ses
objectifs.

4.1.3. Pour le compte du Ministère du Développement Rural

Il existe un nouveau Plan Directeur de développement rural élaboré en 2003


qui définit la nouvelle vision qui tient compte de trois axes :
- Appui à la mise en place des infrastructures socio-économique de base (voie
de desserte agricole comme infrastructure de base, la desserte en eau
potable, l’habitat rural, les énergies renouvelables).
- Appui à l’amélioration de l’outil de production (les technologies
appropriées).
- Organisation du monde paysan (association, coopérative, …)

A ce jour, on n’a noté aucun début de réalisation de ce plan directeur. Le


financement nécessaire serait en train d’être recherché.

4.1.4. Pour le compte du Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat

Le « Plan d’Action National pour l’Habitat » a été adopté le 08 mars 2003.


Ce plan est accompagné du Programme Intérimaire Prioritaire (PIP) qui définit un
certain nombre de projets dans les provinces jadis contrôlées par le
Gouvernement. On peut également citer le Schéma Directeur d’Aménagement
Urbain (SDAU) de la Ville de KINSHASA (1976) et le Schéma National
d’Aménagement du Territoire (BEAU 2004).

A ce jour, on n’a noté non plus aucun début de réalisation de ce plan


d’action dont le financement serait en train d’être recherché.

25
4.1.5. Pour le compte du Ministère de l’Energie

Le Programme Intérimaire de développement du secteur de l’électricité à


l’horizon 2005, dont les études avaient débuté en 1983, a permis de consolider
dans le même temps, les acquis du Programme précédent et d’élaborer le Plan
Directeur de l’horizon 2005.

Ce programme n’est pas encore mis en œuvre.

4.1.6. Pour le compte du Ministère des Travaux Publics et


Infrastructures

1. L’Esquisse du Schéma National d’aménagement du Territoire

Dans le cadre de la gestion rationnelle et durable de l’environnement, l’Etat


Congolais a mis un accent, au courant de la décennie 80, sur ‘‘la maîtrise et la
gestion de l’espace physique’’, en conciliant le développement économique du
pays avec celui des provinces. C’est ainsi qu’une Esquisse du Schéma National
d’Aménagement du Territoire a été élaborée en 1982 par le Bureau d’Etudes
d’Aménagement et d’Urbanisme (BEAU). Cette Esquisse a été approuvée par le
Gouvernement en 1983 et a ouvert la voie à l’élaboration de schémas provinciaux.
Malheureusement, cette initiative s’est arrêtée à quatre provinces (Bas-Congo,
Maniema, Nord et Sud-Kivu) à la suite de la suspension de la coopération avec la
France et le Canada en 1992. Ces schémas provinciaux devraient pourtant
constituer un cadre essentiel pour la connaissance du territoire et de ses
potentialités, la définition des perspectives d’avenir et des priorités
d’aménagement, la sélection et la mise en cohérence de différents projets
nationaux financés sur les ressources tant intérieures qu’extérieures.

4.1.7. Pour le compte du Ministère du Plan

1. Le Plan Triennal Minimum

Il a pour objectifs :
- La stabilisation du cadre macro-économique par l’assainissement de
l’environnement sur le plan politique ;
- La réhabilitation des infrastructures de base et l’aménagement du territoire
par la participation active de la population bénéficiaire.
- La relance de l’économie nationale de manière à réaliser un taux de
croissance économique supérieur au taux de croissance démographique
(3,2%)

2. Le Programme Intérimaire renforcé (2001)

26
Ce programme vise à arrêter le processus de dégradation des équilibres
macro-économiques par la maîtrise de l’inflation, le retour à un processus
budgétaire normal et la libéralisation de l’économie.

3. Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP)

Le document intérimaire contient des axes stratégiques pour la réduction de


la pauvreté en RDC. En ce qui concerne la protection de l’environnement, un
accent a été mis sur la maîtrise des érosions qui se retrouvent à travers tout le
pays, principalement dans la ville de Kinshasa et Kikwit, dans les deux Kasaï
(Oriental et Occidental) et le long des axes de communication.

Dans le cadre des actions en cours, l’engagement de réduction de la


pauvreté pris par le Gouvernement insiste sur la promotion des activités de
reboisement par : l’intégration de la forêt et de l’agriculture ; la réduction du
déficit en bois de feu ; l’amélioration de la fertilité des sols agricoles et la
stabilisation de l’agriculture itinérante sur brûlis.

Le processus d’élaboration participative du DSRP est en cours. Le draft II


vient d’ailleurs d’être terminé.

4. Le Programme Multisectoriel d’Urgence de Reconstruction et de


Réhabilitation (PMURR)

Le premier PMURR (2002-2004) concernait les territoires non occupés.

Ce programme avait été initié par le Gouvernement Congolais, avec le


concours des partenaires extérieurs traditionnels, en vue de consolider les acquis
du Programme Intérimaire Renforcé de Stabilisation et de Relance Economique.

Il s’agit d’un Programme Triennal de 7 milliards de dollars américains qui


était financé par la Banque Mondiale et centré principalement sur des grands
travaux d’infrastructures qui en constituent son noyau dur (transports, travaux
publics, énergie, eau, voiries et assainissement urbain). Il comprend également des
actions prioritaires des secteurs sociaux d’appui (environnement physique,
éducation et santé) ainsi que du développement communautaire (communauté de
base sub-urbaine et rurale), en vue d’insister sur le bien-être de la population à la
fois bénéficiaire et agent principal de toute politique de développement. Renforcer
les capacités institutionnelles et humaines ; redéfinir les méthodes de travail et
développer les grands axes des politiques sectorielles ; mettre en place un système
de financement croissant des initiatives communautaires dans les zones urbaines et
rurales, tels étaient les principaux objectifs de ce premier PMURR.

Par ailleurs, il a été initié un autre PMURR pour la période 2004-2007 qui est
un programme multisectoriel post-conflit.

Comme on vient de le voir, beaucoup de projets/programmes conçus pour apporter


des solutions à la dégradation des terres et la déforestation n’ont pas été mis en
œuvre.

27
4.1.8. Par les organisations non gouvernementales (ONG)

En RDC, les ONG sont régies par la loi N° 004/2001 du 20 juillet 2001 portant
dispositions générales applicables aux ASBL et aux établissements d’utilité
publique. Au sens de cette loi, est réputée une ONG, l’association sans but lucratif
dotée de la personnalité juridique dont l’objet concourt au développement social,
culturel, et économique des communautés locales. Les ONG participent à la
conception et à la mise en œuvre de la politique de développement à la base. A
cet effet, elles tiennent compte des besoins locaux et se conforment dans leurs
interventions aux orientations du Gouvernement en matière de développement.

Il existe selon le CNONGD (2004), près de 4758 ONG recensées


officiellement, parmi lesquelles 565 font partie de ses membres. Ces associations
sont soit laïques (en majorité), soit confessionnelles. Elles visent essentiellement le
développement social, culturel et économique des communautés locales ainsi que
l’amélioration durable, participative et consciente des conditions de vie des
populations.

Même si les ONG ont des domaines d’intervention différents, le caractère


multidimentionnel et multifonctionnel de l’Environnement nécessite leur
implication dans le secteur de la lutte contre la dégradation des terres et la
déforestation, car elles sont :

• moteur de prospective sur des questions d’éthique de gestion, de


démocratie interne et globale ;
• catalyseur des dynamiques globale national touchant à la paix, aux
élections, à l’alternance à la reconstruction ;
• cadre normatif de facilitation, d’échange d’expériences et de capitalisation
sur des questions d’actualité : partenariat, reconstruction, microfinance
etc., avec comme valeurs fondamentales : la participation, l’empowerment,
l’autopromotion.

Dans leurs actions et par le truchement du CNONGD, les ONG ont


globalement comme partenaire financier l’UE, la Belgique, le Canada et
l’Allemagne.

Les réalisations des ONG à travers le pays s’inscrivent dans les domaines
suivants :

• sécurité alimentaire : construction de fermes pilotes d’élevage du petit et


gros bétail, vulgarisation et distribution de semences améliorées,
• infrastructures de base : installation de moulin à manioc, construction de
centres de santé, adduction d’eau potable
• femmes et développement : création de noyaux femmes et développement,
construction d’hôpitaux secondaires et création de centres hospitaliers,

28
• éducation civique : animation thématique et formation/sensibilisation
• formation et information : création de centres de documentation,
distribution d’ouvrages scolaires etc.
• protection de l’environnement.

Comme on peut s’en rendre compte, les actions des ONG et des autres
structures non gouvernementales sont nombreuses sur le terrain, mais il y a encore
des défis à relever, surtout en ce qui concerne la gestion rationnelle des ressources
naturelles et la dégradation des terres et des forêts. A ce sujet, les ONG disposent
de plusieurs projets/programmes devant être soutenus par le gouvernement et des
Institutions telles que UICN, CARPE, WWF, IRM etc.

Sur le terrain, il est nécessaire d’établir des synergies entre les ONG locales
et les ONG internationales qui sont mieux outillées que les premières.

4.2 Niveau institutionnel et juridique

4.2.1 Cadre juridique et législatif pour la lutte contre la dégradation des terres

Cela fait plus de quatre décennies que la législation sur la conservation des
terres laisse beaucoup à désirer. Avec la promulgation du code minier le 11 juillet
2002, le législateur a prévu des dispositions en vue de veiller efficacement, au
travers du service chargé de la protection de l’environnement minier et à la
protection de l’environnement. Ce service intervient dans l’instruction technique
du Plan d’Atténuation et de Réhabilitation de l’environnement, en abrégé (PAR),
dont l’Etude des Impacts Environnementaux en sigle (EIE) ainsi que le Plan de
Gestion Environnementale du Projet minier (PGEP). Celui-ci est complété par tous
les prescrits de l’article 13 à savoir :

• la protection des pentes contre l’érosion ;


• la protection des sources et des cours d’eau ;
• la conservation de la diversité biologique ;
• la conservation des sols ;
• la salubrité publique et l’amélioration du cadre de vie ;
• la protection de l’environnement humain (art. 52 et 53) ;
• tout autre fin jugée utile par l’administration chargée des forêts.

Au niveau gouvernemental, l’ordonnance n° 75/231 du 22 juillet 1975 fixant


les attributions du Département de l’Environnement, Conservation de la Nature et
Tourisme a été abrogée par le Décret n° 03/027 du 16 septembre 2003 fixant les
attributions des Ministères.

Bien d’autres mesures réglementaires, quoique datant de l’époque


coloniale, existent et peuvent aider le Ministère à bien résoudre le problème de la
gestion de la terre. Il s’agit de :

29
• Décret du 26 novembre 1958 sur la conservation de la nature et l’utilisation
des sols, qui porte toujours ses effets sur le plan juridique, mais son
application sur le terrain n’est pas suivie.
• Ordonnance n° 50/445 du 21 août 1959 relative aux règles auxquelles
doivent se conformer les commissions provinciales des sols.
• Ordonnance n° 74/148 du 2 juillet 1974 portant mesures d’exécution de la
loi foncière qui avait été prise dans le cadre de la lutte contre la
dégradation des terres en milieu urbain issue des constructions anarchiques.
• Ordonnance loi n° 69-041 du 22 août 1969 régissant le secteur spécifique de
la conservation de la nature au Congo, etc.

Lorsqu’on fait l’inventaire des lois et actes réglementaires relatifs à


l’environnement, un besoin d’actualisation se ressent dans les domaines tels que
celui de l’eau et la pollution de l’air. D’où la nécessité de proposer une loi-cadre.
Cette loi cadre énoncera les principes juridiques directeurs sur l’environnement et
devra servir de référence à tous les autres textes relatifs à l’environnement que
prendraient les diverses instances.

La gestion durable de l’environnement en général et celle des terres en


particulier, nécessite aussi bien un cadre législatif adéquat que des institutions
appropriées et adaptées.

4.2.2 Sur le plan institutionnel

La République Démocratique du Congo a confié, depuis 1975, au Ministère de


l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts la responsabilité de
promouvoir et de coordonner toutes les activités relatives à l’environnement.

Ainsi donc le Ministère de l’Environnement a pour attributions :

• assurer la promotion et la coordination des activités relatives à


l’environnement, à la conservation de la nature et l’exploitation des
ressources forestières et aquatiques ;
• assurer la création et la gestion des écosystèmes des eaux et forêts ;
• assurer la création et la gestion des aires protégées et réserves
apparentées ;
• enfin assurer la salubrité du milieu humain par la lutte contre toutes les
nuisances provoquées par la pollution des eaux, du sol et de l’air en vue de
la protection et de la conservation de la faune et de la flore…

Le cadre institutionnel de gestion a montré que les domaines de la terre


concernent les Ministères suivants :

• Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts ;


• Travaux Publiques et Infrastructures ;
• Affaires Foncières ;
• Energie ;
• Transports ;
• Urbanisme et Habitat ;

30
• Agriculture, Pêche et Elevage ;
• Développement Rural ;
• Intérieur ;
• Mines ;
• Plan ;
• Recherche Scientifique.

En raison de l’autonomie dont jouissent ces ministères et de l’absence d’un


cadre juridique approprié, le rôle de coordination ne peut être joué par le
Ministère de l’Environnement seul. L’absence du cadre juridique approprié fait
aussi ressortir que le secteur privé et la population n’ont pas été jusqu’à présents
associés à la gestion de l’environnement et des ressources naturelles à travers des
mécanismes de concertation consultative.
Etant donné que le domaine des terres concerne plusieurs ministères, le
Gouvernement doit mettre en place un cadre de concertation impliquant les
ministères concernés, la Société civile, les communautés de base et le secteur
privé.

Une des observations émises par les participants au séminaire du PNAE tenu
à Lisala en septembre 1996 faisait état d’une dispersion des efforts par les
différents secteurs du Gouvernement directement impliqués dans l’utilisation des
terres. Cette remarque a rejoint les points des vues du PAFT qui, en 1990, avait
relevé une absence de coordination et de concertation entre les départements du
Conseil Exécutif de l’époque chargés de définir et de mettre en pratique les
politiques d’utilisation des terres. En effet, cette absence avait des conséquences
néfastes en foresterie et sur la conservation des ressources naturelles
renouvelables d’où la proposition de la création d’un Comité Interdépartemental
d’Utilisation des terres, pour les questions touchant à la gestion des terres.

Pour la mise en oeuvre de la convention, l’institutionnalisation de l’organe


national de coordination dénommé le Comité National de Lutte contre la
désertification (CN/LCD) est la mesure prise par le gouvernement pour le
renforcement des mécanismes permettant la coordination des activités. Cette
o
institutionnalisation est confirmée par l’Arrêté ministériel N 055/CAB/MIN/ECN-
EF/04 du 03 août 2004.

4.2.3 Statut juridique du Comité National de Lutte Contre la Désertification


(CN/LCD)

Le Comité National de Lutte contre la Désertification, qui devrait d’ailleurs


s’appeler désormais Comité National de Lutte contre la Dégradation des Terres et
la Déforestation, est un organe technico-administratif placé sous la tutelle du
Ministère ayant en charge l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et
Forêts, plus précisément sous la responsabilité directe du Secrétaire Général à
l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts.

Il a pour missions de :

31
• assurer la coordination et le suivi de l’ensemble des activités relatives à la
mise en oeuvre de la Convention ;
• donner des avis sur les rapports, les projets et les programmes relatifs à la
lutte contre la dégradation des terres et la déforestation ;
• organiser les différents ateliers ayant trait à la concertation et à la
validation des rapports, projets et programmes relatifs à la lutte contre la
dégradation des terres et la déforestation ;
• collaborer à toute activité relative à la synergie entre les trois conventions
de Rio (biodiversité, changements climatiques, désertification) et toute
autre convention ayant trait à l’environnement, touchant directement ou
indirectement à la lutte contre la dégradation des terres et la déforestation
;
• intervenir auprès des instances compétentes amenant ainsi à des prises de
décisions. Il peut ainsi assurer une articulation cohérente des actions
menées par différents groupes d’intérêt (secteur public, secteur privé,
institutions universitaires, les associations de la société civile, les
communautés de base, etc.) ;
• implanter les Comités de Lutte contre la Dégradation des Terres et la
Déforestation dans toutes les entités décentralisées (des provinces aux
communautés de base).

Il faut noter que le Comité National connaît des problèmes de fonctionnement et


ne s’est réuni qu’une fois. Il est urgent que des moyens conséquents (humains,
matériels et financiers) puissent être mis à sa disposition.

4.2.4 Au niveau financier

Le pays s’est trouvé successivement confronté à des pillages économiques et


aux multiples guerres qui, associés à la rupture de la coopération structurelle, ont
freiné tout élan de reconstruction nationale et le financement d’un quelconque
plan d’action.

Néanmoins, le Gouvernement de la République avait prévu, au titre du budget


d’investissement des dépenses en capital pour 2003, un montant de 14.736 $US
pour appuyer les besoins de sensibilisation de la Convention sur la Désertification
dans l’arrière-pays.

Par ailleurs, le Plan National d’Action Environnemental a prévu des projets


dans le cadre du développement institutionnel qui s’intéressent aussi bien au
renforcement des capacités de sensibilisation, de planification et de gestion des
ressources naturelles qu’au développement de procédures des études d’impacts
environnementaux et à la constitution d’une banque de données
environnementales. Le coût global de l’ensemble de volets est évalué à 7.548.000
$US.

Jusqu’à présent, le pays ne dispose pas encore d’un plan d’action spécifique
sur les activités de lutte contre la dégradation des terres et la déforestation. Tout
projet de financement en cette matière est lié soit à la conservation de la nature,
à l’agriculture et au développement rural ou soit aux mines et aux travaux publics.

32
Dans le cadre du Programme Multisectoriel d’Urgence de Reconstruction et de
Réhabilitation (PMURR) 2004-2005, le volet financement sur la désertification a été
centré sur les activités de l’agroforesterie :

• augmentation et/ou maintien de la fertilité des sols,


• lutte anti-érosive,
• production de fourrage,
• production de bois de feu et de services,
• augmentation de la production vivrière et maraîchère.

33
5. Prise en compte (internalisation) de la lutte contre la dégradation des terres
et déforestation dans les stratégies nationales de planification

La République Démocratique du Congo s’est engagé sur le plan de


l’élaboration de politiques notamment avec le Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSPR), les Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) et le
Cadre d’Actions de Développement du Système des Nations Unis (UNDAF), qui
peuvent se résumer ainsi :

Le DSRP s’articule autour des lignes d’action majeures:

Objectifs Lignes d’action


stratégiques
Restaurer et consolider la paix intérieure
Prendre en charge les victimes des conflits
Paix et Gouvernance Assurer la stabilité et promouvoir les relations de bon voisinage
Assurer la bonne gouvernance
Stabiliser et assainir l’environnement macro-économique
Disposer d’un cadrage macro-économique réaliste
Promouvoir l’épargne et l’investissement pour une croissance
Promouvoir l’emploi
Stabilisation et Réhabiliter et reconstruire les infrastructures
croissance Promouvoir les secteurs productifs et les exportations
Réhabiliter et reconstruire le cadre de vie socio-économique
Prendre en charge les victimes des catastrophes naturelles
Promouvoir la coopération bilatérale et multilatérale
Améliorer et consolider le cadre institutionnel et de gouvernance
Dynamique Créer un cadre fédéré de mobilisation de la dynamique
communautaire communautaire
Créer un dispositif national d’appui à la dynamique communautaire
Créer des conditions d’une croissance équitable

Les principaux axes des Objectifs de Développement du Millénaire sont traduits


ainsi :

1. Supprimer la faim et la pauvreté extrêmes


2. Réaliser l'instruction primaire universelle
3. Promouvoir la qualité de genre et donner un pouvoir aux femmes
4. Réduire la mortalité infantile
5. Améliorer la santé maternelle
6. Combattre le HIV/SIDA, le paludisme et autres maladies
7. Assurer un environnement durable
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le Développement

34
Les résultats prévus dans les Plans d’Action Stratégiques qui sont contenus
dans l’UNDAF pour la RDC sont entre autres :

• Les hostilités ont cessé,


• Les populations jouissent d’une plus grande sécurité des personnes et des
biens,
• Les victimes des conflits sont encadrées et assistées,

Outre ces stratégies, il en existe d’autres sur la plan sectoriel tel que le Plan
National d’Action Environnemental (PNAE), la Stratégie Nationale de la
Biodiversité, La Stratégie de Renforcement des Capacités environnementales
(ANCR), le Plan National d’Adaptation aux Changements Climatiques (PANA) et le
Schéma National d’Aménagement du Territoire :

• Le PNAE trace dans ses grandes lignes la problématique environnementale de


la République Démocratique du Congo en rapport avec le Développement
Durable et identifie les différents aspects de la dégradation des ressources
naturelles, du cadre législatif et institutionnel et de la stratégie nationale, il
décrit les aspects environnementaux prioritaires et présente le programme
d’urgence dans les années à venir.

• La stratégie nationale de la Biodiversité traduit de façon globale la vision


globale en matière de la conservation de la diversité biologique et
l’utilisation durable de ses éléments constitutifs; il comprend 4 parties (1)
un aperçu de la diversité biologique en RDC, (2) la stratégie de la
biodiversité, (3) le plan d’action nationale de la biodiversité et (4) un
document annexe et séparé qui traite des spécificités de chaque province
quant aux possibilités existantes au niveau de la biodiversité.

• L’objectif principal du projet (ANCR) est d’évaluer les capacités nationales à


gérer l’environnement mondial en RDC à travers une auto-évaluation
nationale.

• Le but du PANA/RDC est de fournir une structure cadre pour guider la


coordination et la mise en œuvre des initiatives d’adaptation dans le pays à
travers une approche participative et la mise sur pied de synergies avec
d’autres programmes environnementaux (PAN/LCDTD et Stratégie Nationale
et Plan d’Action de la Biodiversité) et des Programmes connexes, dans le but
de développer un programme d’action spécifique et prioritaire pour
l’adaptation aux changements climatiques.

• Le schéma national d’aménagement du territoire est un document de la


planification de l’utilisation des sols. Il a pour objectifs la relance des études
d’aménagement du territoire qui concernent l’ensemble de l’administration
et des services publics selon une approche participative.

35
Les différents plans du Ministère de l'Agriculture, sont basés sur des
documents de références parmi lesquels :

• le Programme multisectoriel d’urgence de reconstruction et de


réhabilitation (PMURR), préparé en 2001 avec l’appui de la Banque Mondiale
(BM) et du Fonds Monétaire International (FMI), avec une composante
développement agricole ;
• le discours-programme du Chef de l’Etat devant le Parlement de Transition
le 2 décembre 2003 ;
• le Programme Régional de Sécurité Alimentaire pour les pays membres de la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC);
• Programme d’Urgence d’Autosuffisance Alimentaire (PUAA) avec comme
bailleurs de fonds le Gouvernement congolais et Pays Pauvres Très Endettés
(PPTE) ;
• Programme de Développement du Secteur Agricole et Rural (PASAR) avec
comme bailleur de fonds la Banque Africaine de Développement (BAD) ;
• Programme Multisectoriel d’Urgence de Reconstruction et de Réhabilitation
(PMURR) avec comme bailleur de fonds la Banque Mondiale,
• Programme Spécial de Sécurité Alimentaire (PSSA) exécuté par la FAO,
• Programme de Développement Intégré de l’Equateur/Région de Bumba avec
comme bailleur de fonds le FIDA, etc.

Certains projets intégrateurs élaborés à cet effet ont été retenus parmi les
projets phares du volet agricole du NEPAD. De même, de par sa position
géographique, la République Démocratique du Congo pourrait être partie prenante
au Programme Régional de Sécurité Alimentaire des pays membres du COMESA
(Marché commun de l’Afrique orientale et australe).

Au niveau sous continental, République Démocratique du Congo et la FAO


vont apporter leur contribution pour la préparation du « Programme Détaillé pour
le Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA) », en tant que composante
agricole du NEPAD.

6. Prise en compte (internalisation) de la lutte contre la dégradation des terres


dans les cadres stratégiques de coopération des partenaires au développement

Globalement, les axes stratégiques des interventions des partenaires au

développement par rapport à l’agenda prioritaire du Gouvernement dans le secteur

forestier convergent parfaitement avec les objectifs de lutte contre la dégradation

des terres et la déforestation, objet du présent document (voir matrice)

36
Matrice harmonisée et consolidée des interventions des partenaires financiers par rapport à l’Agenda prioritaire du
Gouvernement dans le secteur forestier, au programme national sur les forêts et la conservation de la nature et aux
actions prioritaires du plan de convergence de la COMIFAC.

Version de novembre 2004

N.B. : Cette version ne reprend que les activités pour lesquelles des partenaires à la mise en œuvre ont été identifiés

COMPOSANTE I : DEVELOPPEMENT ET MISE EN ROUTE DES FONDATIONS LEGALES ET REGLEMENTAIRES DE GESTION

Axes stratégiques/ Programme / Projet / Activité Observations


Objectifs poursuivis
Complété ou au stade « draft » En cours ou projeté
Intitulé Partenaire Budget Statut
Elaboration/mise à (i) Nouvelle loi forestière (i) Appui à FAO USD En cours Budget incluant les 2
jour des textes légaux (adoptée et promulguée le l’élaboration des (TCP/DRC/2905) 397.000 autres volets du
et réglementaires de 29/08/2002) ; mesures d’exécution projet :
gestion (ii) Draft de loi sur de la loi forestière ; aménagement et
l’Environnement ; zonage forestiers
(iii) Draft de loi sur l’eau ; (ii) Réexamen de la loi Banque Mondiale USD+/- En Proposition soumise à
(iv) Projet de loi sur la sur la Conservation 90000 préparatio l’UCOP
conservation de la nature et de la nature et n
sur la chasse (ICCN) chasse ;
(v) Projet de loi sur la pêche

37
Vulgarisation des Les principes, critères et (iii) Vulgarisation de la FAO sur Fonds USD En cours - Projet
textes préparés et indicateurs (PCI) harmonisés loi forestière ; BCECO 220.000 initialement
autres mesures de OAB-OIBT sont disponibles et (UTF/DRC/030/D prévu dans 7
gestion durable des doivent être testés et mis en RC) provinces,
forêts. application. - Financement à
. rechercher pour
les 4 autres
provinces
restantes.

* FAO sur crédits € 30.000 En Pour exécution fin


France titre IV préparation 2004

COMPOSANTE II : ETABLISSEMENT DE ZONAGE

Affectation privilégiée Carte d’occupation des sols (i) Etablissement d’un FAO N/A En cours Budget déjà
des espaces en fonction réalisée dans le cadre du projet zonage forestier (TCP/DRC/290 considéré, incluant
des vocations « Africover » exécuté par la FAO « test » à titre 5 deux autres volets du
prioritaires afin de disponible. pilote ». projet : législation et
réduire les conflits aménagement
d’utilisation forestier.
concurrentielle.
(ii) Réalisation d’un Banque USD En appel Site de réalisation
zonage dans une Mondiale 2.000.000 d’offre identifié ;
région stratégique de /UCOP/BCECO
développement
forestier.

(iii) Zonage et monitoring Belgique 350.000 € démarrage Renforcement de


des sites du imminent capacité & réduction
patrimoine mondial de des conflits de gestion
l’UNESCO. des ressources
naturelles à assurer.

38
(iv) Suivi de la ITTO/OIBT USD En « pipe Document de projet
déforestation par 1.315.900 line » préparé et en examen
télédétection en zone
forestière.

COMPOSANTE III : CONSERVATION DE LA NATURE

Réhabilitation des aires Quelques plans directeurs ont (i) Réhabilitation et Commission € 5.000.000 En cours L’appui comprend la
protégées et appui à la été préparés dans la décennie 80 relance des parcs de la européenne DG/ ICCN, Bombo
conservation de la et ont apparemment perdu de Salonga et de Virunga. Lumene, Kisantu et
diversité biologique. leur actualité. l’appui d’urgence au
Parc de la Garamba

(ii) Projet d’appui à la France € 227.700 Démarrage


relocalisation des janvier 2005
populations en dehors
du Parc des Virunga.
(iii) **Conservation de UNESCO-UNF USD En phase
la diversité biologique 3.000.000 terminale
dans le site du
patrimoine mondiale.
* Idem UNESCO-UNF En projet Extension de la
Belgique USD première phase
Italie 3.500.000

(iv) Réhabilitation du Allemagne 3.250.000 € En cours Budget incluant


Parc de Kahuzi-Biega. (GTZ) l’appui à la
Direction Générale
de l’ICCD et le
renforcement
institutionnel du
Minenv
(v) Conservation de la Allemagne ? Idée de
bio-diversité (GTZ) projet
(programme).

39
Réhabilitation du système PNUD/FEM USD Approuvé
des aires protégées. 6.000.000

(vi) Appui à la Banque Fonds de En


réhabilitation des Mondiale/FEM préparation préparation
parcs nationaux. : $285,000
Montant
estimé du
projet : $10
millions
(vii) Conservation de la USAID USD En cours. Il
biodiversité dans les 18.600.000 faudrait
paysages placer ce
« landscapes » projet plus
écologiques du pays. haut
puisqu’il est
déjà en
cours
(viii) Gestion de la - PNUD/FEM ? En cours
biodiversité du fleuve - USAID
Congo et du Lac
Tanganyika.

(ix) Promotion de la Belgique (DGCD 300.500 € En cours Durée : 4 ans


biodiversité par le via Unesco) Partenaires : GIC,
soutien aux GTZ, IGCP, WWF…
collectivités locales.

COMPOSANTE IV : AMENAGEMENT DES RESSOURCES FORESTIERES

Promotion de (i) Elaboration des FAO N/A Achevé Budget déjà


l’aménagement et de normes/ règles (TCP/DRC/2905) considéré, incluant
gestion durables des d’aménagement. les 2 autres volets
ressources forestières. du projet :
législation et zonage
forestier

40
(i) Elaboration des WWF/Belgique En cours
normes/ règles
d’aménagement.
(ii) Aménagement WWF/ € 1.750.000 En cours Projet incluant le
durable des Belgique déve-loppement des
concessions partenariats
forestières et mise techniques avec les
en place d’une sociétés forestières
politique forestière privées.
nationale.

(x) Appui à la Commission € 4.000.000 En projet Finalisation de la


recherche européenne proposition en cours
pour une
gestion
durable des
ressources
forestières

(iv) Appui aux activités France (AFD) ? En


d’aménagement. programmation

(v) Appui à la France € 450.000 En cours - Plan de


certification des convergence de la
produits forestiers. COMIFAC.
- Intégré au projet
mobilisateur 2003-63
Valorisation des PFBC en instruction.
services (vi) Programme Union européenne € En projet Programme régional
environnementaux Ecosystème 10.000.000 avec quelques
d’intérêt mondial. Forestier d’Afrique composantes RDC
Centrale (ECOFAC) consequéntes pour
Promotion des /Composante RDC l’Est, la Salonga, la
mesures incitatives problématique
d’accompagne-ment transfrontalière et le
à la gestion durable bushmeat

41
des ressources (vii) Vulgarisation du Programme - En projet Ratification des
forestières. mécanis-me de multibailleurs protocoles de Kyoto
développement et de Carthagène
propre (Protocole requise.
de Kyoto)
Confirmation de la
garantie légale et (viii) Gestion de la Union européenne € 1.537.318 En examen Prodoc préparé par
juridique des consom-mation DABAC/Gabon, pour
concessions fores- durable du gibier à la R.D.Congo.
tières. Kinshasa.
(ix) Création d’un centre O.I.B.T. USD En projet Renforcer les
d’affûtage de bois à 830.000 capacités du centre
Kinshasa. de Promotion du
Bois.
(x) Conversion des Banque Mondiale En cours Termes de référence
anciens contrats UCOP/BCECO préparés et
avec l’appui d’un recrutement
observateur consultant en cours.
indépendant

COMPOSANTE V : CONTRIBUTION A LA RELANCE ECONOMIQUE, A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE, A LA SANTE ET BIEN ETRE

Encadrement et Etude sur la revue économique - - - - Déjà faite


développement des du secteur forestier, appuyée aboutissant à un
recettes fiscales de par la Banque Mondiale arrêté sur les
l’exploitation disponible. recettes fiscales-
forestière.

(i) Rapport de l’étude sur la (i) Approche de gestion FAO à travers USD 400.000 En cours Budget réparti sur
Développement de la contribution de « Gnetum » et des ressources ‘’le d’exécution trois ans.
foresterie rurale et des chenilles à la sécurité forestières par les mécanisme
participative. alimentaire (FAO, 2002). communautés locales. (facility) ‘’
(ii) Projet sur la foresterie USD 400 000 En cours
(ii) Rapport sur l’évaluation des communautaire en
ressources génétiques RDC

42
forestières (FAO, 2002). (iii) Promotion de FAO sur USD En Projet
l’approche financement 1.000.000
participative et de Belge
gestion des terroirs
dans le Bas-Congo et
foresterie péri-
urbaine.

(iv) Appui/Suivi des Commission € 2.700.000 En cours L’objectif étant


plantations Européenne l’amélio-ration de la
forestières dans le filière de bois de
plateau « Bateke ». chauffe
(v) Appui au FAO ? En projet Prévu dans le cadre
développement de du PSSA.
l’arboriculture
fruitière.

COMPOSANTE VI : RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL ET DEVELOPPEMENT DES CAPACITES DE GESTION

Renforcement des (i) Revue institutionnelle - Banque Mondiale ? Démarrage Durée prévue : 6-8
capa-cités du secteur « forêts - Union Europ. imminent mois.
institutionnelles de et environnement ». - Ambassade de
gestion de France.
l’environnement.

Ière phase de formation et (ii) Appui institutionnel à Commission € 2.000.000 En cours Plan d’action
Appui direct au recyclage des cadres du l’ICCN, Bombo européenne approuvé par le
renfor-cement des Ministère de l’environ- Lumene et Jardin Ministère de
capacités nement complété (40.000 € Botanique de l’Environnement et
débloqués). Kisantu. mise en œuvre sur
trust fund
CE/BM/BCECO

43
(iii) Appui à l’ERAIFT - Commission
européenne € 2.000.000 En cours Partenariat avec
l’Unesco
- Belgique € 375.000 En projet

- France € 15.000 En cours


3 missions d’expert
pour des
enseignements en
DESS
(iv) Renforcement
institutionnel du Belgique ? En projet
Ministère de
l’environnement.

(v) Appui institutionnel à Allemagne (GTZ) N/A En projet Budget déjà


la Direction considéré, incluant
Générale de l’ICCN. la réhabilitation du
parc de Kahuzi Biega
et l’appui
institutionnel au
Minev. (Direction
d’Etudes et
Planification)
(vi) Mise en place d’un OIBT USD 75.000 Démarrage
système de gestion imminent
des statistiques
forestières.
(vii) Relance de FAO USD 60.000 En projet Programme de
l’enseignement formation déjà
forestier. élaboré
(viii) Formation continue France € 30.000 En cours La 2ème session en
et recyclage des cours de réalisation.
cadres du Ministère
de l’Environ-
nement.

44
(ix) Assistance technique Belgique USD 90.000 En projet Préparation
au Ministère de programme
l’Environ-nement multibailleurs dans le
secteur forêt-
conservation de la
nature
(x) Partenariat pour le Belgique (DGCD) € 125.000 En projet Initiative dans le
renforcement du cadre de la
CHM Convention sur le
Biodiversité.
(xi) Centre Africain Belgique € 170.000 En projet - Formation et
d’Infor-mation sur (DGCD) renforce-ment des
la Biodiversité. capacités ;
- Rapatriement
informa-tion ;
- Transfert
technologie.

(xii) Renforcement GTZ N/A En cours - Budget déjà


Amélioration de la institutionnel au considéré, incluant
gouvernance dans le Minenv (Direction la réhabilitation parc
secteur des ressources des Etudes & de Kahuzi-biaga et
naturelles. Planification) Appui à la Direction
Géné-rale/ICCN.

(xiii) Mise en place d’un Programme € 8 millions En projet Initiative proposé à


Maîtrise et gestion de trust fund multibailleurs la C.E. pour un
l’information et multidonnateur projet sur 3 ans.
statistique forestière.

Rapport, en termes de (xiv) Mise en place d’un BAD/ADIE ? En arrêt Le rapport sur l’Etat
l’existant, sur la collecte et Système des lieux et la
la gestion de l’information d’Information proposition d’une
forestière. Forestière (SIF). stratégie de gestion
de l’information
produit en 2002.

45
(xv) Renforcement des Union Européenne, 4 256 854 En cours Durée : 3 ans.
voies pour les UICN euros Concerne 6 grands
meilleurs choix, pays forestiers du
amélioration de la monde, dont la RDC.
gouvernance
forestière

Kinshasa, le 12 novembre 2004.

Bien qu’ayant été élaborée depuis 2004, cette matrice n’as encore fait l’objet d’une réactualisation faute d’information
de la part des partenaires au développement.

46
7. AXES D’ORIENTATION DU PAN ET DOMAINES D’ACTIONS PRIORITAIRES

7.1. Axes d’orientation

Le PAN, en tant que cadre stratégique de lutte contre la dégradation des


terres et la déforestation, pour un développement durable, est articulé autour des
principaux axes suivants :

- consolidation de la paix
- lutte contre la pauvreté
- gestion rationnelle des ressources naturelles
- décentralisation et participation effective des acteurs à la base

7.1.1. Consolidation de la paix

Depuis son accession à la souveraineté nationale, la République


Démocratique du Congo a connu de nombreux conflits armés et ethniques qui ont
provoqué de déplacements massifs des populations et engendré localement de
fortes dégradations des ressources en terre. De même, depuis des décennies, des
conflits ethniques ayant engendré des guerres successives au Rwanda et au Burundi
ont également entraîné des déplacements importants des populations à l’Est de la
République Démocratique du Congo afin d’échapper aux massacres. La présence de
ces populations dans les aires protégées du pays a causé des dégâts énormes dont
le coût de réparation se chiffre en terme de millions de dollars. Voilà pourquoi il
s’avère impérieux de consolider la paix dans les différentes contrées du pays ainsi
qu’entre les pays voisins afin de restreindre la dégradation des terres. A cet effet,
il y a lieu de prendre des dispositions appropriées afin d’instaurer un climat de paix
durable entre les populations concernées dans le pays d’une part, et les pays
voisins d’autre part.

7.1.2. Lutte contre la pauvreté

L’analyse des facteurs qui sont à la base de la dégradation des terres en RDC
met en exergue la pauvreté comme l’une des causes principales de celle-ci. A cet
égard, la lutte contre la pauvreté doit constituer l’un des axes stratégiques de
lutte contre la dégradation des terres dans le pays. Pour ce faire, l’engagement
pris par le Gouvernement de réduire la pauvreté doit rester ferme et insister sur la
promotion des activités de reboisement par notamment l’intégration de la forêt et
de l’agriculture, la réduction du déficit en bois de feu, l’amélioration de la fertilité
des sols agricoles, la stabilisation de l’agriculture itinérante sur brûlis, etc.

Le Document de stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) constitue dès


lors le cadre le mieux indiqué, car il contient des axes stratégiques pour la
réduction de la pauvreté en RDC, notamment en ce qui concerne la protection de
l’environnement. En mettant l’accent sur la maîtrise des érosions à travers le pays,
principalement dans les villes les plus touchées telles que Kinshasa, Bandundu,
Kikwit et les deux Kasaï, cela témoigne donc de la bonne intention du
gouvernement d’agir en direction de la lutte contre la dégradation des terres.

47
Cependant, cette bonne intention doit absolument être traduite dans les faits afin
de s’assurer d’une gestion durable des terres et des ressources naturelles.

7.1.3. Gestion rationnelle des ressources naturelles

La République Démocratique du Congo est dotée d’immenses ressources


naturelles. Cette immensité a souvent tendance à faire oublier aux décideurs et
autres parties prenantes que ces ressources ont des capacités limitées et sont
épuisables. Voilà pourquoi il s’avère nécessaire de toujours s’assurer de leur
gestion rationnelle afin de garantir leur durabilité.

Dans cette optique, la gestion des ressources naturelles doit être considérée
sous trois aspects, à savoir (i) l’environnement physique, (ii) l’amélioration de cet
environnement, (iii) et la création d’un milieu de vie à même de répondre aux
besoins actuels et futurs de l’homme. En d’autres termes, il n’est pas acceptable
d’examiner les axes d’orientation du PAN se rapportant à la gestion des ressources
naturelles sans considérer les interactions qui existent entre les ressources et ceux
qui en dépendent, c’est-à-dire les hommes. La question de la gestion des
ressources doit donc être abordée dans une perspective globale et
interdisciplinaire et non suivant une approche analytique, sectorielle.

La mise en œuvre du PAN implique ainsi de rechercher davantage à ressortir


les lignes directrices permettant de gérer rationnellement et durablement les
ressources naturelles de manière à tenir compte des exigences spécifiques des
hommes tout en gardant à l’esprit que parmi les ressources naturelles il faut
distinguer trois catégories, à savoir (i) les ressources naturelles inépuisables
(l’atmosphère et l’eau) ; (ii) les ressources naturelles renouvelables (le sol, la
végétation, la faune sauvage et l’homme) ; et (iii) les ressources naturelles non
renouvelables (les métaux, les ressources minérales et les combustibles (gaz
naturel, huiles, houille, etc.)).

De plus, une adéquation doit être recherchée entre la gestion des ressources
et les exigences d’un environnement humain, car tous les problèmes que l’on
connaît en République Démocratique du Congo aujourd’hui sont essentiellement
liés aux difficultés qu’il y a à répondre aux vrais besoins des populations humaines.
Qu’il s’agisse de l’insatisfaction des besoins de base (aliments, énergie, logement,
santé, hygiène, éducation, etc.) à cause du manque d’une redistribution équitable
des revenus ou de difficultés de mise en valeur des ressources naturelles, tout
concourt pour affirmer que les atteintes aux ressources et ses impacts sur l’homme
conduisent inexorablement à ce que d’aucuns ont appelé la « pathologie de
l’environnement ». C’est en réalité la question de la qualité de la vie et du bien-
être qui préoccupe davantage les hommes plutôt que la gestion durable des
ressources. Les concepts de qualité de vie et du bien-être, bien que difficiles à
appréhender, doivent pourtant être bien compris si l’on veut utiliser les ressources
et aménager l’espace en vue de répondre adéquatement aux besoins de notre
société.

L’ensemble homme-biosphère est un système dynamique, une structure


instable qui se complexifie sans cesse du fait des acquisitions de la science et de la
technique. Il induit chez beaucoup de difficultés d’adaptation du fait de l’écart qui

48
se creuse entre la rationalité scientifique et les hommes qui, de plus en plus
souvent, ne comprennent plus le monde où ils se trouvent et cherchent divers
palliatifs. Aussi, les objectifs à poursuivre dans l’utilisation des ressources
naturelles doivent-ils viser à apporter dans toute la mesure du possible les
correctifs qui s’imposent. Car, la ressource principale est formée par les hommes
eux-mêmes.
Dans un contexte à ce point complexe, tant sur le plan de la gestion des ressources
naturelles (déclin des forêts, dégradation des sols, raréfaction de la faune
sauvage), que sur celui de la pollution du milieu ambiant (pollution atmosphérique,
destruction de la couche d’ozone et effet de serre ; pollution des eaux ; pollution
sonore et radioactive ; pollution par les déchets toxiques), des impacts de la
technologie sur l’environnement, on peut se demander si tous les efforts ont été
faits pour corriger la situation présente, prévenir l’apparition de nouveaux
problèmes et affronter les changements présents et à venir.

7.1.4. Décentralisation et participation effective des acteurs a la base

Au cours des dix dernières années, l’approche de la gestion participative des


ressources naturelles a été jugée positive en Afrique, et la décentralisation de la
gestion des ressources naturelles est apparue comme le moyen le plus prometteur
pour institutionnaliser cette gestion participative. L’inaptitude des gouvernements
à contrôler l’exploitation des ressources et à résoudre les problèmes des
populations uniquement à travers leurs services administratifs est la raison
essentielle qui a milité pour la nécessité d’impliquer tous les acteurs à la gestion
des ressources naturelles, notamment le secteur privé, les ONG, les institutions
d’enseignement, les institutions de recherche, et particulièrement les
communautés locales. A cela, s’ajoute un autre fait marquant, à savoir que les
communautés locales et autochtones n’ont jamais bénéficié véritablement des
retombées de l’exploitation des ressources naturelles dans leurs milieux.

Cependant, des variations considérables sont observées dans la mise en


œuvre de ce processus d’un pays à l’autre et même au sein d’un même pays.
L’analyse de ces variations a permis de mettre en exergue des éléments communs,
des points forts, des faiblesses et des opportunités.

Parmi les éléments communs, il faut relever le fait que les donateurs
bilatéraux et multilatéraux augmentent leur contribution financière pour soutenir
les activités de la gestion participative. De plus, le succès des initiatives en
constant développement en Afrique a conduit les administrations traditionnelles à
revoir leur attitude et à accepter la gestion participative des ressources.

Parmi les points forts, il y a d’abord l’intérêt des communautés locales et


autochtones à se prendre en charge et à s’impliquer davantage dans la gestion de
ressources naturelles. Ensuite, les gouvernements s’engagent de plus en plus à
soutenir les initiatives de développement de la gestion participative. C’est ainsi
que plusieurs pays ont pris des dispositions pour créer un environnement propice à
la gestion participative. Cela s’est traduit par la mise en place de cadres
institutionnels (politique et législation) appropriés et le développement de
stratégies et approches novatrices telles que : le développement durable, la

49
gestion participative, la décentralisation, la foresterie communautaire, le partage
équitable des bénéfices, la réduction de la pauvreté, la bonne gouvernance, etc.

Parmi les faiblesses, il faut relever que la plupart des réformes en cours en
vue d’une déconcentration de la gestion des ressources naturelles sont marquées
par une insuffisance des transferts de pouvoirs aux communautés locales et autres
institutions locales. Aussi, l’on note une absence de protocoles d’accords clarifiant
les rôles et les responsabilités de tous les acteurs impliqués dans la gestion
participative d’une part, et d’autre part, les faibles moyens mis en place par les
gouvernements pour soutenir le développement de la gestion participative. De
plus, très peu d’intérêt est accordé par les gouvernements au renforcement des
capacités des acteurs impliqués dans la gestion participative. Par ailleurs, l’on
observe un manque de représentation responsable à même d’assurer l’égalité, la
justice et l’efficacité, principalement chez les communautés et les ONG locales, ce
qui souvent favorise la récupération de la situation par les pouvoirs publics. Il y a
aussi la forte pression de l’élite politique et intellectuelle de la capitale sur les
communautés locales.

Parmi les opportunités, il y a lieu de retenir : l’intérêt croissant de toutes


les parties prenantes, le partage équitable visible de revenus issus de l’exploitation
consensuelle des ressources naturelles, le changement visible de volonté politique,
la richesse de l’expérience acquise en Afrique, la réalisation perceptible des
objectifs nationaux et internationaux de développement, notamment la réduction
de la pauvreté, etc.

La décentralisation de la gestion forestière en République Démocratique du


Congo intéresse plusieurs parties prenantes. Dans le cas des forêts, il s’agit de
toute personne, morale ou physique, intéressée à la gestion durable des ressources
forestières. Parmi les parties prenantes concernées par le code forestier congolais,
on peut citer l’Etat, l’Administration forestière, certains organismes publics, les
entités décentralisées, le secteur privé, les organisations non-gouvernementales,
les communautés locales ainsi que toute autre personne prise individuellement
(articles 5, 6, 53, 58 et 63, etc.). Il existe aussi une partie prenante non
spécifiquement citée par le Code forestier : la communauté internationale
essentiellement représentée par des bailleurs des fonds tels que la Banque
Mondiale, le Fonds Monétaire International, l’Union européenne, la FAO, etc.

Le fondement majeur de cette implication réside dans l’importance des


forêts congolaises en général, qui représentent 60% des forêts denses d’Afrique
centrale et 47% des forêts tropicales d’Afrique, et surtout aux multiples fonctions
de ces forêts tant sur le plan socio-économique, écologique que socio-culturel.

Ainsi, pour permettre aux forêts de la RDC de continuer à exercer toutes ces
fonctions multiples indispensables à l’ensemble de l’humanité, il a été jugé
important de concevoir et de mettre en œuvre une politique et des stratégies de
gestion participative du secteur forestier. Ceci permet de garantir une application
efficiente du Code forestier ainsi qu’une bonne visibilité dans le partage des
bénéfices tirés de l’exploitation des ressources forestières.

50
Cet effort amorcé par le Code forestier congolais doit être étendu à d’autres
ressources naturelles dont les sols et les eaux. Cependant, il y a lieu de noter que
les pouvoirs publics jouissent encore des prérogatives de puissance publique. Or,
cela peut faire que dans l’exercice de telles prérogatives, ils commettent des abus
notamment en excluant les autres parties prenantes. De plus, jusqu’ici le processus
de décentralisation ne se trouve essentiellement que sur papier. Des efforts
considérables sont donc requis afin de matérialiser toutes les bonnes intentions
formulées dans le code forestier dans les textes d’application en cours
d’élaboration ainsi que dans le programme national forêt et conservation de la
nature (PNFoCo).

Une des grandes difficultés à considérer dans la mise en œuvre du processus


de décentralisation en RDC c’est le fait que parmi les parties prenantes, les
communautés locales et les ONG ne disposent pas de ressources humaines en
nombre et en compétence suffisants pour assurer cette gestion. De même les
ressources matérielles et financières nécessaires manquent cruellement. Un effort
de renforcement des capacités s’avère donc nécessaire.

7.2. Domaines d’action prioritaires

Ces axes d’orientation seront traduits à travers les principaux domaines


d’action prioritaires suivants :

- renforcement des capacités des acteurs en matière de connaissances et de


contrôle du processus de dégradation des terres
- suivi permanent du processus de dégradation des terres
- connaissance parfaite des écosystèmes, amélioration de la productivité de
ceux dégradés et protection des écosystèmes menacés
- promotion de la gestion participative et décentralisée des ressources
naturelles.

Il est heureux de noter que ces domaines d’action prioritaires s’intègrent


parfaitement dans les axes d’orientation des partenaires au développement, ce qui
peut constituer un gage d’espoir quant à leur mise en œuvre.

7.2.1. Renforcement des capacités des acteurs en matière de connaissance et


de contrôle du processus de dégradation des terres

Il y a lieu d’insister sur le rôle primordial et délicat que doivent jouer les
pouvoirs publics dans la mise en œuvre d’un programme de renforcement des
capacités des acteurs en matière de connaissance et de contrôle du processus de
dégradation des terres. L’Etat, avec les appuis multiformes de la Communauté
internationale, doit rigoureusement s’impliquer dans la sécurisation financière,
matérielle et technique de toutes les parties prenantes. Pour ce faire, il doit
s’impliquer dans le développement des actions prioritaires relatives notamment à :

- la participation des acteurs aux fora, ateliers et séminaires ;

51
- l’implication effective des populations dans les actions de restauration et de
contrôle du processus de dégradation des terres ;
- la communication/information/sensibilisation ;
- la formation académique, professionnelle et continue.

7.2.2. Suivi permanent du processus de dégradation des terres

Dans le but d’assurer une bonne surveillance et une évaluation permanente


du processus de dégradation des terres en République Démocratique du Congo, il y
a nécessité de :

• mettre en place un système fonctionnel de collecte de données ainsi qu’un


mécanisme d’échanges d’informations entre les acteurs ;
• commettre une mission de sensibilisation à travers l’ensemble du pays afin
de mieux conscientiser les autorités nationales et les acteurs sur les
conséquences de la dégradation des terres et leurs impacts sur les
populations humaines ;
• accroître la sensibilisation des groupes cibles sur la gestion durable des
ressources naturelles afin de susciter une plus grande prise de conscience
dans les efforts de réhabilitation des terres dégradées ;
• développer un Réseau national sur le suivi écologique, la cartographie des
ressources naturelles, la télédétection et les systèmes d’alerte précoce ;
• établir des liens de coopération entre les membres du réseau national avec
ceux existants dans la région d’Afrique ;
• valoriser le potentiel scientifique et technique du pays ;
• renforcer les capacités des communautés de base dans les activités de
terrain ;
• renforcer le rôle des acteurs de la société civile et des ONG.

7.2.3. Connaissance parfaites des écosystèmes, amélioration de la productivité


de ceux dégradés et protection des écosystèmes menacés

Il s’agira de faire l’inventaire complet des ressources et de restaurer les


terres dégradées à travers des opérations d’amendement, de remembrement et de
mise en défens aux fins de viabiliser des terres menacées. Ces activités devront
également contribuer à la lutte contre la pauvreté.

7.2.4. Décentralisation et promotion de la gestion participative des ressources


naturelles.

A travers un processus de décentralisation et de gestion participative des


ressources forestières, l’objectif sera de promouvoir un savoir faire local en
matière de gestion des forêts riveraines des communautés de base. Il s’agira
également d’intéresser ces communautés à la gestion privée des forêts de leurs
terroirs.

52
8. Eléments de programme d’Action et modalités de mise en oeuvre

Le PAN présente une tonalité originale découlant d’une part de son caractère
d’instrument de mise en œuvre d’un accord international et d’autre part des
principes directeurs ayant sous tendu le processus de son élaboration, à savoir la
participation effective de tous les acteurs et son intégration dans les dispositifs de
planification nationaux existants.

Il se propose d’apporter des réponses aux principaux défis suivants :

- une meilleure connaissance du phénomène de la désertification et une


maîtrise, par les populations locales, des actions à entreprendre pour lutter
contre elle,

- des mesures de surveillance et d’évaluation des effets de la sécheresse en vue


de leur atténuation,

- le maintien d’un équilibre entre une exploitation rationnelle des ressources


naturelles, en vue de satisfaire les besoins actuels, et une bonne conservation
pour assurer l’avenir (gestion durable),

- l’amélioration du cadre juridique et institutionnel pour une meilleure


efficacité des actions à entreprendre,

- l’amélioration de l’environnement socio-économique afin de mieux lutter


contre la pauvreté,

La démarche opérationnelle préconisée pour relever ces défis s’articule


autour d’une approche participative impliquant l’ensemble des acteurs pertinents
dans la formulation des programmes dans un cadre de partenariat. Désormais, il ne
s’agira plus aux seuls techniciens des services étatiques de définir les actions à
mener mais il s’agira plutôt de réaliser des consensus autour des activités et
d’élaborer un cadre de mise en œuvre.

Par ailleurs, la responsabilisation des collectivités locales dans le domaine


de la gestion des ressources naturelles et de l’exploitation des ressources de leurs
terroirs permettra une meilleure prise en considération des préoccupations des
acteurs locaux.

Le PAN constitue un cadre de référence qui doit désormais guider les actions
de l’Etat, des acteurs non gouvernementaux et des partenaires au développement
en matière de lutte contre la dégradation des terres et la déforestation.

53
8.1 Typologie des actions proposées

Les propositions d’actions formulées par les acteurs concernent aussi bien des
activités de lutte physique, des projets à caractère économique que des mesures
d’ordre institutionnel et juridique. Les différentes activités peuvent être classées en
deux catégories : activités structurantes et activités opérationnelles.

Il existe une interdépendance forte entre ces deux types d’activités dans la
mesure où les premières doivent favoriser la mise en place d’un cadre institutionnel
et juridique pour la mise en œuvre des secondes qui, pour leur part, constituent des
indicateurs pour apprécier la pertinence et l’efficacité des premières.

Pour les activités opérationnelles, elles regroupent toutes les interventions


qui permettent de lutter de manière directe contre la dégradation des terres et la
déforestation sur le terrain.

8.2 Activités structurantes

Les activités structurantes s’articulent autour des points suivants :

- information, formation, sensibilisation, responsabilisation


- amélioration du cadre juridique et institutionnel
- mise en place d’un système d’information géographique

8.3 Activités opérationnelles

Les activités opérationnelles concernent :

- inventaires des ressources forestières et savanicoles


- aménagement des forets et des zones de parcours
- reforestation, boisement
- amendement et enrichissement des sols dégradés

8.4 Composantes du Programme d’Action

Le PAN sera composé des 5 sous-programmes suivants :

• Sous-programme 1 : Amélioration du cadre juridique et institutionnel ;

• Sous-programme 2 : Renforcement des capacités des acteurs pour une


meilleure utilisation des terres et une gestion durable des ressources
forestières ;

• Sous-programme 3 : Amélioration de la connaissance du cadre de référence


biophysique de la RDC ;

54
• Sous-programme 4 : Aménagement et gestion durable des forêts et savanes
de la RDC ;

• Sous-programme 5 : Connaissance parfaite des écosystèmes, reconstitution


de ceux dégradés et amélioration des systèmes de production.

Les trois sous composantes (1, 2 et 3) concernent les actions structurantes


et les deux autres (4 et 5) concernent les actions opérationnelles.

Les différentes composantes sont décrites ci-dessous. Pour chacune d’entre


elles, il est proposé un projet pilote pour sa mise en œuvre.

55
SOUS-PROGRAMME 1 : AMELIORATION DU CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL

CONTEXTE/JUSTIFICATION

L’absence d’un cadre juridique et institutionnel adéquat a été notée comme


l’une des causes profondes de la dégradation des terres et la déforestation en RDC.
Par ailleurs le cadre institutionnel de lutte contre la dégradation des terres et la
déforestation est dispersé et mérite d’être coordonné et harmonisé. Le CNLCD qui
est l’Organe National de Coordination (ONC) a du mal à fonctionner normalement,
du fait d’un manque notoire de moyens humains, techniques et matériels.

OBJECTIFS

OBJECTIF DE DEVELOPPEMENT

Contribuer à la gestion durable des ressources naturelles à travers


l’application d’un dispositif juridique garantissant une exploitation rationnelle de
ces ressources au bénéfice de tous les acteurs.

OBJECTIFS IMMEDIATS

- actualiser le corpus juridique ;


- actualiser et appliquer effectivement des lois et règlements relatifs à la
terre et forêts ;
- mettre en œuvre le code forestier à travers l’adoption des instruments
d’application (décrets et arrêtés) ;
- organiser rationnellement l’exploitation forestière.

RESULTATS ATTENDUS

- le code forestier est effectivement appliqué ;


- le code foncier et les autres textes de lois et règlements relatifs à la gestion
des terres et des forêts sont actualisés et mis en application ;
- un corpus juridique intégrateur est adopté ;
- une gestion forestière rationnelle basée sur les principes du code forestier
est mise en œuvre ;
- un cadre institutionnel garantissant l’implication effective de tous les
acteurs est mis en place et est fonctionnel.

ACTIVITES A MENER

- finalisation des décrets et arrêtés d’application du Code Forestier et les


mettre en application,
- vulgarisation auprès de tous les acteurs les dispositions de ce code,
- élaboration d’une loi cadre sur l’environnement,
- application des dispositions de ce code dans le cadre de la mise en œuvre
d’un projet pilote d’aménagement de forêt de production permanente,
- opérationnalisation de l’ONC.

56
PROJET PILOTE

Elaboration participative d’une loi-cadre sur l’Environnement prenant en compte


les préoccupations de tous les acteurs et de toutes les institutions.

57
SOUS-PROGRAMME 2 : RENFORCEMENT DES CAPACITES DES ACTEURS POUR UNE
MEILLEURE UTILISATION DES TERRES ET UNE GESTION DURABLE DES
RESSOURCES FORESTIERES

CONTEXTE/JUSTIFICATION

La mise en œuvre du PAN requiert des acteurs outillés sur les plans des
connaissances et des moyens. Une des grandes difficultés à considérer dans la mise
en œuvre du processus de décentralisation en République Démocratique du Congo
c’est le fait que parmi les parties prenantes, les communautés locales et les ONG
ne disposent pas de ressources humaines en nombre et en compétence suffisants
pour assurer cette gestion. De même les ressources matérielles et financières
nécessaires manquent cruellement.

Les acteurs, qu’ils soient issus des services techniques de l’Etat ou des ONG
et associations, doivent être outillés sur le plan technique, matériel, financier et
organisationnel, afin de pouvoir jouer le rôle qui leur est dévolu dans la lutte
contre la dégradation des terres et la déforestation.

OBJECTIFS

OBJECTIF DE DEVELOPPEMENT

Contribuer à la gestion durable et participative des ressources naturelles.

OBJECTIFS IMMEDIATS

- informer/sensibiliser les acteurs


- former
- équiper.

RESULTATS ATTENDUS

- les capacités des populations locales en matière de gestion durable et


participative des ressources naturelles du terroir sont renforcées,
- les services techniques étatiques disposent de capacités réelles de suivi et
d’accompagnement des acteurs non gouvernementaux,
- les ressources forestières sont gérées de manière durable.

ACTIVITES A MENER

- organisation de sessions de formation sur différents thèmes liés à la


dégradation des terres et la déforestation ;
- information/sensibilisation des acteurs sur des thèmes pertinents et en
particulier les dispositions du nouveau code forestier ;
- dotation des acteurs en matériel et équipements ;
- identification et mise en œuvre de projets pilotes et de démonstration.

58
PROJET PILOTE

Renforcement des capacités de pilotage et de coordination du processus de mise


en œuvre du PAN par le CNCLCD (équipement, renforcement en personnel qualifié
et en moyens techniques et de déplacement).

59
SOUS-PROGRAMME 3 : AMELIORATION DE LA CONNAISSANCE DU CADRE DE
REFERENCE BIOPHYSIQUE DE LA RDC

CONTEXTE/JUSTIFICATION

L’insuffisance de données nationales fiables sur les forêts ainsi que la


faiblesse des capacités techniques pour la mise en œuvre des programmes de
développement et/ou de conservation des ressources naturelles, constituent des
obstacles majeurs à une gestion efficace et durable de ces ressources.

De manière générale, le pays ne dispose pas de systèmes d’informations


complètes intégrant à la fois les données sur les ressources – inventaire des
produits ligneux et non ligneux, suivi de la dynamique, lutte contre les feux de
brousse, évolution de la diversité biologique, etc. – et sur le système de gestion,
les différents acteurs et l’utilisation des ressources.

Dès lors, sans une intervention coordonnée des acteurs impliqués dans la
gestion forestière, basée sur des connaissances solides de l’état et de l’évolution
des ressources, la dégradation des forêts continuera à s’étendre et à s’aggraver
avec de sérieuses répercussions sur l’environnement biophysique et l’économie
nationale.

OBJECTIFS

OBJECTIF DE DEVELOPPEMENT

Contribuer à la gestion durable des ressources naturelles à partir d’une


connaissance exhaustive du potentiel et de la dynamique de ces ressources.

OBJECTIFS IMMEDIATS

- connaître le potentiel en ressources forestières,


- connaître et maîtrise la dynamique d’évolution des ressources forestières,
- conduire l’exploitation forestière en se basant sur les possibilités des forêts,
- renforcer les capacités techniques des agents forestiers et des acteurs en
matière d’évaluation des ressources.

RESULTATS ATTENDUS

- les potentialités, les possibilités et la dynamique des forêts sont connues,


- les cartes des ressources forestières sont élaborées et régulièrement mises à
jour,
- une base de données géoréférencée sur les ressources forestières est
construite et mise à jour,
- les techniques d’inventaire et/ou d’évaluation des ressources sont
maîtrisées par les agents forestiers et les populations riveraines.

60
ACTIVITES A MENER

- inventaire des forêts naturelles,


- cartographie des massifs forestiers,
- constitution de bases de données,
- formation et renforcement des capacités techniques des agents forestiers et
des acteurs locaux,
- élaboration d’un Système d’Information Géographique (SIG).

PROJET PILOTE

Inventaire pilote par télédétection de forêts naturelles dans cinq provinces de


la RDC

La stratégie consistera à combiner l’imagerie satellitaire (projet Union


Européenne) et les activités de collecte de données au sol.

Au stade actuel de la couverture forestière (forêt dense humide), il y a lieu


de retenir que, même si tout est entamé, c’est-à-dire écrémé ou exploité à grande
échelle, il existe encore des étendues forestières qui représentent une valeur
multiple. Ainsi, le choix de cinq provinces devant rentrer dans le projet pilote doit
se faire en fonction de l’importance spatiale actuelle de la couverture forestière. A
cet effet, on peut retenir les provinces de l’Equateur, Orientale, Bandundu (Nord),
Kasaï Oriental (Nord) et Maniema (Ouest).

Ce choix est lié au fait que dans les autres provinces, les différentes formes
de pressions anthropiques ont déjà provoqué la dégradation ou la conversion des
écosystèmes forestiers.

61
SOUS-PROGRAMME 4 : AMENAGEMENT ET GESTION DURABLE DES FORETS DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

CONTEXTE/JUSTIFICATION

L’environnement de la RDC est soumis à des menaces croissantes dues,


notamment, à une forte pression anthropique et à des pratiques non durables
d’utilisation des terres.

L’aménagement des forêts vise un double but : une gestion rationnelle et


durable des ressources et une augmentation des revenus tirés de ces ressources par
les populations locales.

Sur la base d’une connaissance approfondie du potentiel ligneux et non


ligneux des différents massifs forestiers et à partir des inventaires, il sera élaboré
et mis en œuvre des plans d’aménagement et de réhabilitation des forêts classées,
des forêts protégées et des forêts de production permanente, selon un modèle
participatif et simplifié de gestion pour la production de bois-énergie, de bois
d’œuvre, de bois de service, de produits de cueillette, etc.

OBJECTIFS

OBJECTIF DE DEVELOPPEMENT

Contribuer à la gestion durable des ressources naturelles à partir d’une


connaissance exhaustive du potentiel et de la dynamique de ces ressources.

OBJECTIFS IMMEDIATS

- améliorer la production de produits ligneux et non ligneux,


- augmenter les revenus tirés de ces produits par les populations,
- établir un modèle d’aménagement des formations forestières reproductible,
- impliquer les populations dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans
d’aménagement. et de gestion durable des formations forestières.

RESULTATS ATTENDUS

- des plans d’aménagement et de gestion des massifs forestiers, impliquant


les collectivités locales, sont élaborés et mis en oeuvre,
- la production de produits ligneux et non ligneux est améliorée et
rationalisée,
- l’intérêt de ces produits au niveau de la population est accru,
- l’entreprenariat dans le secteur forestier est développé,
- un modèle et des schémas d’aménagement des formations forestières sont
réalisés et expérimentés,
- les populations ont acquis une expérience dans le domaine de
l’aménagement et de l’évaluation des ressources forestières.

62
ACTIVITES A MENER

- inventaire des massifs forestiers,


- cartographie des zones à aménager,
- étude socioéconomique des zones à aménager
- mise en défens, restauration, enrichissement,
- élaboration de bases de données,
- production de bois et autres produits forestiers,
- formation des populations dans les techniques d’aménagement et
d’élaboration de plans de gestion.

PROJET PILOTE

Aménagement d’une zone de forêt de production permanente dans les Provinces


du Bas Congo, Katanga et Sud-Kivu.

63
SOUS-PROGRAMME 5 : RECONSTITUTION DES ECOSYSTEMES DEGRADES ET
AMELIORATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION

CONTEXTE/JUSTIFICATION

Suite à diverses actions naturelles et anthropiques, les écosystèmes


forestiers de la République Démocratique du Congo ont subi une dégradation
notoire qui menace la survie des populations et les systèmes de production
traditionnels. Cette dégradation a été accentuée par les conflits et l’instabilité
politique.

OBJECTIFS

OBJECTIF GLOBAL

Contribuer à la lutte contre la dégradation des terres et des forêts et à la


réduction de la pauvreté à travers la valorisation et la gestion des terres et des
forêts dégradées.

OBJECTIFS IMMEDIATS

- restaurer la fertilité des terres de culture afin d’assurer la stabilité de


l’écosystème ;
- rationaliser l’utilisation des écosystèmes sylvopastoraux ;
- améliorer les revenus des populations à travers l’allégement de la pression
sur les ressources ;
- réhabiliter les zones d’exploitation minière dégradées.

RESULTATS ATTENDUS

- l’espace rural est géré de façon rationnelle pour lutter contre la perte
massive du couvert végétal ;
- des systèmes d’intensification agricole sont développés ;
- la couverture végétale et la gestion des massifs forestiers sont améliorées et
la pression pastorale allégée à travers l’aménagement participatif ;
- les feux de brousse sont maîtrisés ;
- des dispositifs de lutte contre l'érosion et l’acidification des terres sont mis
en place et bien gérés ;
- des solutions alternatives à l’utilisation du bois énergie sont développées ;
- les outils d'élaboration de plans d'aménagement et de gestion des terroirs,
de planification de suivi et d'évaluation sont maîtrisés par les collectivités
locales ;
- les méthodes et mécanismes de coordination et de concertation entre les
acteurs sont adoptés par les services techniques ;

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- les revenus des populations ont augmenté à travers le développement du
micro crédit, la transformation des produits agricoles et forestiers,
l’arboriculture fruitière, l’embouche ;
- les actions de gestion des ressources naturelles sont soutenues à travers un
système de co-investissement.

ACTIVITES A MENER

- élaboration et mise en œuvre des plans d’aménagement et de gestion des


terroirs ;
- introduction des espèces locales fertilisantes dans les systèmes agraires,
développer des technologies d’enrichissement organique des sols
(compostage, fumure organique, rameaux de bois fragmentés, régénération
assistée) ;
- élaboration et mise en œuvre des plans d’aménagement forestier et
pastoraux participatifs, délimiter les zones de parcours du bétail et élaborer
des codes de conduite en rapport avec les populations ;
- mise en place des réseaux de pare-feu et équipement les comités villageois;
- développement des plantations de protection à buts multiples comme les
brise-vent et haies vives ;
- création des ouvrages anti-érosifs, des micro barrages et des diguettes anti-
sel ;
- développement les technologies de biogaz, utilisation des sous-produits
agricoles ainsi que des fours et foyers améliorés ;
- développement le micro crédit et la transformation des produits agricoles et
forestiers.

PROJET PILOTE

Réhabilitation d’une zone d’exploitation minière dégradée à travers des


activités agroforestières dans une perspective de réduction de la pauvreté des
populations riveraines.

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