Théorie Polyvagale Et Sentiment de Sécurité - E
Théorie Polyvagale Et Sentiment de Sécurité - E
Théorie Polyvagale Et Sentiment de Sécurité - E
et sentiment de sécurité
« … un travail monumental, une explication scientifique lucide, pour recon-
naître que se préserver est le fondement même de notre nature… ».
Bessel van der Kolk, MD
Stephen Porges, PhD, n’a pas seulement apporté l’une des contributions
les plus approfondies et les plus enrichissantes à notre compréhension du
système nerveux au cours des 50 dernières années, mais il en a fait l’une des
plus utiles. Tous les thérapeutes ou les praticiens de santé peuvent bénéficier
de ses travaux. Grâce aux travaux de Stephen Porges, nous pouvons de mieux
en mieux déchiffrer les expressions faciales et approfondir notre compréhen-
sion des liens unissant notre système nerveux, nos expressions faciales et nos
sensations corporelles.
Un travail remarquable sur la relation entre les expressions faciales et les
émotions avait déjà été conduit par Darwin et Ekman. Stephen Porges
prolonge ces découvertes en nous-mêmes, les mettant en relation avec le
système nerveux. Ce qu’il y a de si particulier dans sa contribution, c’est
qu’elle est d’une portée clinique immédiate. Ses principes et ses découvertes
nous guident dans la prise en charge des cas cliniques les plus difficiles et
nous offrent de nouvelles opportunités de traitement.
Pendant des décennies, il a écrit comme un scientifique, pour des scienti-
fiques. Dans ce livre clair et accessible, qui est une introduction idéale à ses
travaux, nous avons maintenant la chance de bénéficier du dialogue de cet
homme brillant. C’est idéal pour tous les cliniciens, mais aussi pour tous ceux
qui veulent mieux comprendre leur propre système nerveux et celui de ceux
qu’ils aiment.
Norman Doidge, médecin
Dans ce livre, Stephen Porges a réussi, comme peu de chercheurs l’ont fait,
l’art de détailler des concepts scientifiques pour les rendre merveilleuse-
ment accessibles aux patients, cliniciens et profanes. Alors que les subtilités
de la théorie polyvagale prennent vie grâce à sa voix amicale et son esprit
innovant, émerge une nouvelle compréhension de l’influence du système
nerveux autonome sur le comportement humain, ainsi que des explications
neurobiologiques de nombreuses difficultés. Vous pourrez ainsi constater
que bon nombre des problèmes complexes, amenant les personnes en
thérapie, prennent soudain un sens biologique, et vous pourrez découvrir
encore les pistes pour les guérir. Laissez-vous inspirer dans la lecture de
ce livre par une perspective révolutionnaire sur la condition humaine, qui
aura un impact positif considérable sur votre vie, vos relations et dans votre
pratique clinique.
Pat Ogden, PhD
Théorie polyvagale
et sentiment de sécurité
Enjeux et solutions thérapeutiques
STEPHEN W. PORGES
Imprimé en France
ISBN (papier) : 978-2-7598-2762-6
ISBN (ebook) : 978-2-7598-2763-3
Remerciements............................................................................... 9
Préface à l’édition française............................................................. 13
Préface......................................................................................... 15
Lexique........................................................................................ 19
5
Sommaire
Références.................................................................................... 249
Crédits.......................................................................................... 255
9
Remerciements
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PRÉFACE À L’ÉDITION FRANÇAISE
13
Préface à l’édition française
15
Préface
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Préface
2. Les mots suivis d’un astérisque dans le texte sont expliqués dans le lexique.
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Lexique
individus, comme les liens entre une mère et son enfant. La théorie
polyvagale se centre sur l’importance du sentiment de sécurité dans
le système d’engagement social, permettant à l’attachement de se
produire. Des voix prosodiques, des expressions faciales positives
et une gestuelle accueillante déclenchent, à travers la neuroception,
des sentiments de sécurité et de confiance émergeant spontanément
quand le système d’engagement social est activé.
Voir pages : 85, 86, 111, 131-133, 188, 234
Autisme (TSA). Le trouble du spectre autistique est un diagnostic
psychiatrique complexe qui inclut, entre autres, des difficultés dans la
communication et dans les rapports avec les autres. La théorie polyva-
gale se centre sur les observations reflétant un système d’engagement
social déprimé. Beaucoup d’individus présentant ce trouble ont des
voix sans prosodie, des hypersensibilités auditives et des difficultés
dans les processus auditifs. Ils fuient le regard, ont des expressions
faciales appauvries (spécialement dans la partie haute du visage) et
ont des difficultés sévères dans la régulation des états comporte-
mentaux, se manifestant fréquemment par des crises de colère. La
théorie polyvagale ne se focalise pas sur les causes de ces difficultés,
mais nous offre des perspectives thérapeutiques intéressantes. Elle
souligne que beaucoup de dysfonctionnements du système d’enga-
gement social observés dans ce trouble peuvent être améliorés du fait
d’une meilleure compréhension des réponses du système nerveux
d’un individu autiste, via la neuroception, aux signaux et indices
de sécurité environnants. Les stratégies thérapeutiques polyvagales
favorisent le réengagement du système d’engagement social. En ce
qui concerne le trouble du spectre autistique, l’approche polyvagale
n’affirme rien d’autre que l’existence d’un système d’engagement
social déprimé.
Voir pages : 86, 87, 91, 99, 109, 129, 135, 143, 210-215, 224
Autorégulation. L’autorégulation est un terme fréquemment
utilisé pour décrire la capacité de réguler son propre comportement
sans l’aide d’autrui. L’autorégulation décrit souvent une aptitude de
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centre sur les réponses à l’événement et non sur les causes, car il a
été observé de grandes différences dans les réactions individuelles à
un même événement. Un traumatisme peut être dévastateur pour un
individu, détruire sa vie, alors que d’autres peuvent sembler résilients
ou moins affectés. Du fait des différences de réactivité des individus
face à un traumatisme et de leur potentiel de guérison, la théorie poly-
vagale se focalise sur le profil de la réaction à un évènement pour en
déduire les changements survenus dans la régulation de l’état auto-
nomique, et elle souligne encore le rôle des réponses des voies vagales
dorsales face à une menace vitale. Beaucoup de problèmes liés à un
syndrome de stress post-traumatique sont des réponses consécutives
à une menace vitale, se manifestant par un dysfonctionnement du
système d’engagement social et un seuil très bas de déclenchement de
réponses défensives du système nerveux sympathique, ou du système
vagal dorsal.
Voir pages : 70, 83, 88, 91, 96, 101, 170, 206
Système de défense lutte-fuite (mobilisation). La lutte et la
fuite sont des comportements de défense, de mobilisation, atti-
tudes prédominantes chez les mammifères. L’activation du
système nerveux sympathique est nécessaire afin d’assurer la
demande métabolique permettant la lutte ou la fuite. Le retrait du
complexe vagal ventral et du système d’engagement social facilite
l’efficience et l’activation du système nerveux sympathique, pour
assurer la demande métabolique permettant ces comportements
de lutte-fuite.
Voir pages : 92, 114, 117, 121, 151, 228, 230
Système d’engagement social. Comme illustré dans la figure 1,
le système d’engagement social comprend une composante soma-
tomotrice et une composante viscéromotrice. La composante
somatomotrice inclut les voies des efférents viscéraux spéciaux (voir
Voies efférentes viscérales spéciales) qui régulent les muscles striés
de la face et de la tête. La composante viscéromotrice comprend le
Cortex
Tronc cérébral
Muscles de Bronches
la mastication
Nerfs crâniens
V, VII, IX, X, XI
Muscles de
l’oreille moyenne Cœur
Environnement
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le circuit vagal dorsal (voir Complexe vagal dorsal) n’est pas recruté
pour la défense.
Voir pages : 120-122, 142
Système nerveux parasympathique. Le système nerveux para-
sympathique constitue l’une des deux grandes divisions du système
nerveux autonome. Les voies neurales principales de ce système sont
vagales et optimisent la santé, la croissance et la restauration. La théo-
rie polyvagale souligne cependant que dans des conditions de menace
vitale, des voies spécifiques, qui devraient normalement soutenir
l’homéostasie et la santé, peuvent répondre d’une façon défensive et
inhiber ces fonctions optimisant la santé.
Voir pages : 68, 72, 138, 139, 175, 177, 215, 227-229
Système nerveux sympathique. Le système nerveux sympathique
constitue l’une des deux grandes divisions du système nerveux auto-
nome. Le système nerveux sympathique permet d’accroître le débit
sanguin à travers le corps pour permettre le mouvement. La théorie
polyvagale souligne le rôle du système nerveux sympathique dans
l’accroissement du débit cardiaque pour permettre le mouvement et
les comportements de fuite et de lutte.
Voir pages : 68, 72, 75, 76, 81, 94, 113, 114, 116, 119, 121, 122,
137-140, 151-153, 166, 176-180, 190, 227-230, 232, 238
Tonus vagal. La notion de tonus vagal, ou plus précisément de
tonus vagal cardiaque, correspond à une influence tonique des voies
vagales ventrales myélinisées sur le cœur. Le tonus vagal peut être
évalué à partir de la valeur de l’amplitude de l’arythmie sinusale
respiratoire.
Voir pages : 71, 72, 122, 150, 151, 152, 163, 180
Trouble de la personnalité borderline. C’est un diagnostic psychi
atrique décrivant une instabilité de l’humeur et des difficultés dans la
régulation des émotions. Dans une perspective polyvagale, la régula-
tion de l’humeur et des émotions implique la régulation neurale du
système nerveux autonome. La théorie polyvagale avance l’hypothèse
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Lexique
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Neurobiologie du sentiment
de sécurité
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Neurobiologie du sentiment de sécurité
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Neurobiologie du sentiment de sécurité
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Neurobiologie du sentiment de sécurité
ÉVALUATIONS PHYSIOLOGIQUES
DANS LES MODÈLES STIMULUS-RÉPONSE
Le comportementalisme appliqué (c’est-à-dire les techniques visant
à modifier le comportement) et les sciences cognitives accordent une
importance minime à la biologie. L’intégration des neurosciences aux
sciences cognitives n’a pas changé l’approche de ces dernières, qui
s’est limitée à l’étude de nouvelles variables dépendantes pour mesu-
rer les fonctions du système nerveux central. Malgré la prolifération
d’études d’imagerie cérébrale et de monitoring électro-physiologique
du cerveau, aucun changement de paradigme n’a eu lieu. Ces
études ont maintenu l’ancien modèle stimulus-réponse (S-R), inté-
grant seulement marginalement l’impact de la physiologie et de la
neurophysiologie.
Dans le domaine des sciences comportementales appliquées
– caractérisé par les membres et les revues de l’Association of
Behavioral Analysis International (ABAI) –, on ne considère pas
l’état physiologique comme une déterminante majeure dans la
relation S-R, relation que leurs méthodes tentaient d’établir et de
renforcer. Il y a quelques années, j’ai eu l’honneur de donner une
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Neurobiologie du sentiment de sécurité
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Neurobiologie du sentiment de sécurité
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Neurobiologie du sentiment de sécurité
CONCLUSION
La théorie polyvagale nous permet de comprendre que le senti-
ment de sécurité dépend de l’état autonomique*, mais aussi que le
calme de l’état autonomique est tributaire de la sécurité. Le calme
de l’état physiologique nous permet d’établir des liens de confiance
sécurisants, ce qui augmente en retour les opportunités de co-régu-
lation* de l’état physiologique et du comportement. Cette relation
circulaire définit les relations bénéfiques, dans lesquelles on trouve un
support de santé physique et mentale. Dans ce modèle, nos sensations
corporelles (état autonomique*) fonctionnent comme une variable
déterminante contribuant à notre réactivité vis-à-vis des autres.
Lorsque nous sommes dans un état de mobilisation caractérisé par
une activation sympathique, nous sommes orientés sur la défense et
non sur la sécurité. Lorsque l’état autonomique* est sous l’influence
des voies du nerf vague ventral, notre système d’engagement social*
coordonne les signaux de sécurité à travers la voix et les expressions
faciales, afin d’atténuer nos réactions de défense personnelles ou
celles des autres. La théorie permet de comprendre que les approches
thérapeutiques devraient non seulement tenir compte des ressentis
corporels, mais aussi stimuler les états physiologiques qui optimisent
les attributs positifs de l’expérience humaine.
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
Nous vivons dans un monde très centré sur l’aspect cognitif et qui
croit nos actions volontaires. On nous demande d’être compétitifs,
productifs, d’évaluer des coûts, des risques, des bénéfices. Cependant,
tout en ayant un impact profond sur le comportement, les varia-
tions de l’état autonomique* sont habituellement involontaires. Elles
se produisent d’une façon réflexe lorsque nous sommes confrontés
à certaines situations. Et bien que les patients soient généralement
conscients de leurs réactions corporelles (telles que l’élévation de la
fréquence cardiaque, la sudation, par exemple), ils sont généralement
incapables de désigner les causes de ces changements d’état. Tout ceci
est involontaire, en dehors du contrôle conscient.
On peut décrire des changements d’état similaires dans le cadre
d’une phobie sociale, comme la glossophobie (peur de s’exprimer
en public). Les personnes touchées, lorsqu’elles sont confrontées à
leur public, craignent de s’évanouir malgré elles. Certains facteurs
environnants déclenchent en effet dans leur système nerveux le
recrutement du circuit vagal archaïque, non myélinisé.
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
ne plus être vraiment là. Leur corps semble pétrifié. Elles subissent
une dissociation* ou s’évanouissent. Chez ces individus, les abus
induisent des réponses adaptatives qui les protègent des effets senso-
riels et psychologiques de l’événement traumatisant. Le problème
est de savoir, bien évidemment, comment ces individus retournent à
nouveau « dans leur corps », une fois qu’ils ont vécu la dissociation*
et cette perte adaptative de conscience.
L’autre exemple est personnel. J’ai vécu un changement d’état
physiologique inattendu en passant une IRM. J’étais vraiment inté-
ressé et curieux de faire cette expérience, car beaucoup de mes
collègues conduisaient leur recherche avec cet outil. J’étais enthou-
siaste et j’avais hâte de vivre l’expérience. Pour passer une IRM, il faut
s’étendre à plat sur une plateforme qui nous entraîne dans le corps de
la machine. J’étais bien installé. Je n’avais aucun stress. Lentement, la
plateforme s’est déplacée à l’intérieur de l’appareil. Alors que ma tête
commençait à pénétrer dans le tunnel, j’ai demandé s’il était possible
d’arrêter et de me donner un verre d’eau. On m’a sorti et donné
le verre d’eau. Je me suis allongé à nouveau et la plateforme s’est
déplacée jusqu’à ce que mon nez atteigne l’entrée du tunnel. J’ai dû
alors leur demander de me sortir de là. Je ne pouvais m’adapter à cet
espace confiné, car ceci déclenchait en moi une attaque de panique.
Dans cet exemple, ma perception et mon mental étaient à l’op-
posé de ma réaction corporelle. Je souhaitais tellement cet examen.
Je n’avais aucune appréhension. L’examen ne présentait aucun
danger. Mais quelque chose se passait physiquement en moi quand
je pénétrais dans le tunnel de l’appareil. Mon système nerveux devait
probablement détecter quelque chose qui déclenchait en moi une
attitude défensive, un désir de fuir.
Pour décrire ces interactions avec notre environnement, il est néces-
saire de donner une description plus précise du processus qui évalue
le danger ou la sécurité environnementale et active les voies neurales
capables de modifier l’état autonomique*. J’ai appelé ce processus, la
neuroception*. J’ai accordé une grande attention à la façon dont j’ai
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
TRAITEMENT DE L’AUTISME*
Dr Buczynski : Je voudrais revenir sur ce que cela signifie en termes
de traitement. Puisque nous parlons d’enfants autistes, commençons
par là et nous reviendrons ensuite au traitement du syndrome de
stress post-traumatique*.
Dr Porges : Nous pouvons regrouper le syndrome de stress post-
traumatique* et l’autisme*, puisque le point central est celui de savoir
si nous pouvons aider ou non les autres à se sentir en sécurité. La sécu-
rité est une notion importante, car elle touche différents domaines
comme le contexte, le comportement, les processus mentaux et l’état
physiologique. Si nous nous sentons en sécurité, nous avons alors accès
au circuit vagal myélinisé qui permet de contenir les comportements
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
Courir sur un tapis roulant n’est pas un jeu*. Le jeu, dans une pers-
pective polyvagale, n’est pas un exercice individuel. C’est plutôt une
dynamique interactive qui nécessite, parmi les moyens du système
d’engagement social*, des interactions en face à face et une voix
prosodique.
Dans cette perspective, le jeu* ne constitue pas un entraînement à
l’agressivité. C’est plutôt un exercice neural* utilisant le système d’en-
gagement social* propre aux mammifères pour s’entraîner à contenir
les comportements de fuite ou de lutte, et apprendre à neutraliser et
« sociabiliser » ce système défensif. Le jeu est un exercice neural dans
lequel nous régulons un système de mobilisation, phylogénétiquement
ancien et basé sur le système nerveux sympathique*, avec un système
plus récent, celui du système d’engagement social* comportant les voies
du nerf vague myélinisé. Il est important de noter que les personnes
victimes de troubles sévères expriment des difficultés dans le jeu*.
Dr Buczynski : Pouvons-nous parler du traitement ?
Dr Porges : Le but est de pouvoir préalablement induire un
ressenti de sécurité chez le patient, ressenti nécessaire à l’efficacité du
traitement. Le succès d’un traitement résulte souvent de la pratique
d’exercices neuraux induisant un état de sérénité, permettant au
patient qui en a les ressources de baisser ses stratégies défensives
et de réguler son état à travers le système d’engagement social*. Le
recrutement du système d’engagement social, par des interactions en
face à face, fonctionne comme un exercice neural*, recrutant les voies
vagales myélinisées, tout en atténuant l’activité du système nerveux
sympathique. Le jeu* devient littéralement un modèle fonctionnel
thérapeutique entraînant la régulation neurale de l’état autono-
mique*, grâce à la réciprocité des interactions. Les groupes de parole
peuvent être considérés également comme un exercice neural*.
Une autre méthode pour que le patient puisse se sentir en sécurité
est de modifier l’environnement sonore des espaces thérapeutiques. Il
s’agit de supprimer les nuisances sonores qui induisent des états défen-
sifs, et de favoriser des sons qui apaisent et augmentent le sentiment de
sécurité. Supprimer les basses fréquences peut être très utile, puisque
notre système nerveux les identifie comme provenant d’un prédateur.
Diffuser une musique vocale douce ou des vocalisations prosodiques
peut favoriser l’apaisement d’un patient. Le clinicien doit s’adresser à
son patient avec une voix prosodique caractérisée par des variations
de l’intonation. Il faut moduler les intonations et non la force d’une
voix pour calmer, rassurer et induire un sentiment de sécurité. Si l’on
fait varier l’intensité de la voix, alors le patient peut se sentir agressé
et, d’une façon réflexe, s’orienter sur un état physiologique défensif.
Comme l’état physiologique contribue aux réactions des patients et
donc à leur ressenti, le clinicien doit respecter ce rôle important joué
par la neuroception* et essayer de trouver quels moyens, dans le
contexte d’une consultation, permettront de sécuriser le patient et
d’induire un climat de confiance. Quand le thérapeute a compris ce
rôle de la sensibilité neuroceptive qui conduit à un état défensif, il
peut trouver alors des indices pour comprendre comment aider un
patient et comment le conduire à la résilience, à travers des exer-
cices neuraux impliquant le système d’engagement social*. Au cours
de ces exercices neuraux, le thérapeute et le patient acquièrent une
meilleure compréhension de ce qui déclenche « réflexivement » la
défense. Cette approche permet au clinicien de comprendre le rôle
important des états physiologiques dans les comportements proso-
ciaux, mais aussi dans les réponses à un traumatisme. Cette nouvelle
compréhension des faits permet aux patients de diminuer la honte
ressentie à l’idée que leur trouble dépende de leur propre volonté, ou
corresponde à une certaine étiquette.
Je ne parle pas forcément de guérison. Je parle de chercher à réduire
un certain nombre de symptômes pour améliorer la qualité de vie des
personnes en souffrance. Si nous comprenons qu’un état physio-
logique est une plateforme fonctionnelle favorisant l’émergence de
différents types de comportements, alors nous prenons conscience
qu’un patient, dans un état physiologique défensif de fuite ou de
lutte, ne pourra avoir de comportements prosociaux. Le but essentiel
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
autistes. Après avoir travaillé avec des enfants autistes, j’ai réalisé
qu’il y avait de nombreuses différences dans leurs symptômes et dans
leur façon d’agir. J’ai décidé de me centrer sur les hypersensibilités
auditives, car ceci me permettait d’intervenir dans un domaine utile
et peu controversé, surtout si l’on considère que les critères défi-
nissant l’autisme* sont peu organisés et peu conformes aux bases
neurophysiologiques communes.
L’autisme* est un trouble très complexe qui ne touche pas
seulement l’individu autiste, mais toute une famille. Lorsqu’il est
question de traiter l’autisme, ceci soulève souvent de nombreuses
polémiques dans la communauté scientifique. Ce diagnostic s’ac-
compagne en effet d’un handicap tout le long d’une vie et repose sur
des causes génétiques et des fonctions cérébrales spécifiques non
identifiées. La communauté psychiatrique interprète facilement la
disparition de certains symptômes comme une erreur de diagnos-
tic, plutôt que comme une guérison. Afin de rester en dehors de ces
controverses, j’ai orienté mes recherches sur les hypersensibilités
auditives.
Pour expliquer le principe de fonctionnement de mon projet
thérapeutique, mon équipe de recherche avait besoin de trouver
une mesure objective du fonctionnement des structures de l’oreille
moyenne. Pendant les années 2000, avec Greg Lewis, un ancien
étudiant alors diplômé, nous avons conçu un appareil mesurant la
fonction de transfert de l’oreille moyenne*, en identifiant le plus
précisément possible les sons qui, à partir de l’oreille moyenne, attei-
gnaient le cerveau.
Nous avons appelé ce système le « middle ear sound absorption
system » ou MESAS (Porges & Lewis, 2011). Pour évaluer le Listening
Project Protocol*, nous avons utilisé le MESAS dans trois essais
cliniques. Grâce au MESAS, nous sommes en mesure d’évaluer si
notre intervention peut ou non modifier les caractéristiques acous-
tiques des sons qui vont jusqu’au cerveau ou rebondissent sur le
tympan. Lorsque les muscles de l’oreille moyenne* se contractent
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
Les sonorités sont très faibles pendant quelques instants, puis rede-
viennent plus riches, et ensuite plus faibles à nouveau. Alors que le
son s’affaiblit, nous avons des difficultés à entendre et ressentons
aussi une sensation de manque, mais dès que le son revient, nous
retrouvons une sorte de plénitude, de satisfaction. En modulant les
bandes de fréquence, nous nous sentons comme sortis et réintro-
duits dans un environnement acoustique. L’intervention consiste à
amplifier la prosodie* et non le volume. Ceci contribue à donner des
qualités plus mélodiques aux vocalisations, avec plus de variations
dans les intonations. Les sons de basse fréquence, qui généralement
déclenchent une réaction de défense, sont supprimés.
L’objectif de cette intervention est de mobiliser les voies neurales
impliquées dans la détection de la sécurité, normalement recrutées
pendant l’écoute* de voix prosodiques, comme celle d’une mère
calmant son enfant. L’enfant écoute ces stimuli acoustiques modi-
fiés dans une pièce tranquille. Ainsi, ses difficultés d’interaction avec
autrui sont respectées.
Deux choses sont prioritaires : l’une, que l’enfant se trouve
dans un état de calme physiologique favorisant le sentiment de
sécurité, et la seconde, exposer l’enfant à des stimulations acous-
tiques modulées. C’est seulement quand le système nerveux n’est ni
hypervigilant, ni sur un mode défensif, que les muscles de l’oreille
moyenne* peuvent être régulés efficacement et permettre à l’enfant
de ressentir les bénéfices des musiques modulées. Il s’agit d’un
exercice neural* basé sur une écoute* passive présentant un intérêt
intrinsèque pour le système nerveux, « pré-câblé » pour les vocali-
sations prosodiques.
L’observation des enfants bénéficiant de ce type de traitement
permet de voir se concrétiser, dans un visage, la « mise en place »
du système d’engagement social*. Les muscles faciaux commencent
à s’animer, la prosodie* augmente d’autant plus que les enfants
acquièrent la possibilité d’écouter leur propre voix. Fonctionnelle
ment, l’intervention améliore aussi la régulation vagale du cœur,
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Théorie polyvagale et traitement des traumatismes
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LE PARADOXE DU VAGUE*
Il ne faut pas oublier que si le nerf vague intervient dans les
différentes manifestations du shutting-down (syncope, bradycardie,
apnée…), il intervient aussi dans l’engagement social et dans l’apaise-
ment. Ces manifestations vagales sont en effet paradoxales. La théorie
polyvagale est née de ma volonté de comprendre ce paradoxe.
Comment est-il possible que ces deux processus se produisent
sous l’action du même nerf ? Peut-on penser que le trop est l’ennemi
du bien ? Ceci n’avait pas de sens pour moi. Mes recherches sur les
nouveau-nés montraient que la bradycardie ne se manifestait qu’en
l’absence de variabilité de la fréquence cardiaque*. J’étais perplexe,
car la bradycardie et la variabilité de la fréquence cardiaque dépen-
daient toutes deux des voies vagales.
La bradycardie ne survenait que lorsque la variabilité de la
fréquence cardiaque avait une valeur minime. Cette observation a
stimulé ma curiosité. La recherche est un domaine fabuleux, car en
dehors des connaissances, elle nous conduit à nous interroger et à
formuler des hypothèses vérifiables.
Je me suis donc penché sur ce paradoxe* du nerf vague, en étudiant
les variations de la régulation neurale du cœur, et plus spécifiquement
en recherchant comment les fonctions du nerf vague ont changé au
cours de l’évolution dans l’embranchement des vertébrés. C’est un
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pourrons plus les recruter plus tard, mais que le fait de ne pas les
avoir développés assez tôt aura des conséquences.
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Conséquences d’un traumatisme sur le cerveau …
besoin d’entraide, besoin de se protéger les uns les autres, alors que
les reptiles sont des solitaires. La notion de comportement social
est basée sur les adaptations comportementales qui différencient les
reptiles des mammifères. Lors de la transition évolutive des reptiles
aux mammifères, la structure et les fonctions du système nerveux
autonome* se sont modifiées.
Notre système nerveux autonome* a commencé son évolution à
partir d’un système nerveux qui offrait à nos ancêtres vertébrés la
possibilité de se mobiliser et de simuler la mort. Ils disposaient ainsi
de deux types de défense possibles, c’est-à-dire la fuite et la lutte, et
l’immobilisation, cette dernière étant fréquente chez de nombreux
reptiles. Mais avec l’évolution des mammifères est apparue une
nouvelle branche du système nerveux autonome* agissant comme
un « animateur » pour activer les deux circuits les plus primitifs et
comme un « coordinateur » pour en coordonner les fonctions. Les
réponses bio-comportementales primitives de mobilisation sympa-
thique et d’immobilisation vagale ont pu alors se coordonner pour
optimiser la santé, la croissance et la restauration, mais exclusive-
ment en situation de sécurité.
Dr Buczynski : Pourriez-vous décrire un peu plus précisément
votre vision de l’« animateur » et du « coordinateur » ?
Dr Porges : Il est plus facile de commencer par décrire le « coor-
dinateur ». La nouvelle composante du système nerveux autonome*
est liée à des structures neurales qui « créent » le contexte social.
Les hautes structures cérébrales influencent les structures du tronc
cérébral qui régulent les plus anciennes parties du système nerveux
autonome, pour neutraliser les réactions de défense au bénéfice de
la santé, la croissance et la restauration. C’est comme si nos struc-
tures cérébrales plus hautes constituaient un détecteur de danger
inhibant fonctionnellement les systèmes de défense plus archaïques
en l’absence de risque. Le coordinateur assure des réactions suivant
un ordre hiérarchique bien déterminé, selon lequel les circuits les
plus récents régulent et contrôlent les circuits les plus anciens. C’est
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aux fréquences cardiaques les plus élevées. Nous avons aussi étudié
un petit rongeur, l’arvicole des prairies, dans le laboratoire de mon
épouse Sue Carter (qui est la scientifique ayant découvert l’impor-
tance du rôle de l’ocytocine*). Nous avons mesuré leur fréquence
cardiaque au cours de leurs échanges vocaux avec leurs congénères.
Nous avons abouti aux mêmes conclusions dans les deux cas, à
savoir que la fréquence cardiaque des mammifères est corrélée avec
les caractéristiques acoustiques de leurs vocalisations (Stewart et al.,
2015).
Dans les deux études, les vocalisations étaient le reflet de la régu-
lation vagale cardiaque et permettaient aux enfants et à l’arvicole des
prairies de communiquer à leurs congénères l’état dans lequel ils « se
sentaient ». Ces deux exemples sont représentatifs de ce qu’il se passe
au cours de nos interactions, car nous utilisons la prosodie* de notre
voix pour indiquer à la biologie de nos interlocuteurs (et non à leur
cognition) si nous sommes suffisamment calmes, ou trop stressés et
réactifs pour pouvoir les laisser s’approcher en toute sécurité.
Si nous parlions en termes de relations sociales ou de possibilités
de rencontres, nous pourrions dire de quelqu’un par exemple, qu’il a
de bonnes références, qu’il semble brillant, mais qu’il ne nous inspire
pas confiance. Cette réserve dans l’acceptation d’une autre personne
est basée sur les différents indices perçus par notre système nerveux,
lesquels ne nous permettent pas de ressentir la sécurité.
L’un des aboutissements les plus importants de l’évolution, ancré
en nous, est un système nerveux capable d’analyser la prosodie* d’une
voix, nous orientant sur la nécessité ou non de neutraliser nos réac-
tions défensives. Ce processus de neutralisation de la défense se fait
grâce à l’intervention de ce nouveau nerf vague myélinisé.
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Conséquences d’un traumatisme sur le cerveau …
LE FREIN VAGAL*
Le « frein vagal » c’est ce qui nous permet, à vous comme à moi, de
rester assis ici sans ressentir le besoin de fuir. Le frein vagal constitue
l’une des fonctions du nerf vague myélinisé. Le rôle du frein vagal
est de ralentir la fréquence cardiaque à travers l’action du nerf vague
myélinisé sur le pacemaker cardiaque (le nœud sino-atrial).
Nous oublions très souvent que sans l’action du nerf vague, notre
cœur battrait à une fréquence augmentée de 20 à 30 battements
par minute. Sans le « freinage vagal », notre fréquence cardiaque
serait supérieure à 90 battements par minute, du fait de l’action du
pacemaker cardiaque conditionnant la fréquence intrinsèque du
cœur.
Le nerf vague fournit le « frein » capable d’inhiber le pacemaker
du cœur et permet l’orientation sur différentes options adaptatives.
Cela signifie que pour augmenter notre fréquence cardiaque de 10
ou 20 battements par minute, il suffit que le tonus du frein vagal soit
diminué, sans pour autant nécessiter une stimulation du système
nerveux sympathique*. Une accélération du cœur sous l’action du
système nerveux sympathique, en revanche, est moins précise et plus
massive, et risque de nous faire tomber dans la colère ou la panique.
Les mammifères ont acquis ce pouvoir magnifique d’accroître la
fréquence cardiaque, pour favoriser la mobilisation, sans impliquer
nécessairement le système nerveux sympathique. Une simple levée du
frein vagal* leur permet les ajustements les plus fins.
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Conséquences d’un traumatisme sur le cerveau …
J’aime souvent dire que lorsque notre système nerveux nous fait
défaut, alors nos réactions corporelles nous sauvent. Lorsque notre
système nerveux induit une neuroception* de danger, de risque, ou
de peur, nous sommes assez intelligents pour essayer de trouver une
solution pour « nous en sortir », plutôt que de lutter contre nous-
mêmes et de nous forcer à « rester là quand même ». L’intelligence
est de rester à l’écoute de nos ressentis corporels. Mais si ce n’est pas
le cas, notre système nerveux ne pourra pas nous apaiser et nous
« éclaterons ». C’est réellement le terme, comme un enfant qui pique
une colère, nous éclaterons. L’incapacité de modérer nos réactions
défensives dans un certain contexte social témoigne de l’échec de
notre système nerveux et ainsi nous « éclatons ». Mais d’une façon
plus mature – nous l’espérons – et comprenant la nature de ces réac-
tions défensives, nous nous réfugierons plutôt dans un endroit plus
apaisant.
La plupart des gens cherchent à se sécuriser par la présence d’un
proche ou d’un ami. Cependant, dans les mêmes conditions, mais
à proximité d’un inconnu, leur système nerveux peut s’orienter sur
un autre état qui les pousse à fuir, car ils ne se sentent ni bien, ni en
sécurité.
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Conséquences d’un traumatisme sur le cerveau …
Le problème, c’est que lorsque notre corps nous place d’une façon
réflexe dans un état de survie, comme dans le cas d’un collapsus,
nous avons ensuite des difficultés à quitter cet état pour passer à
un état d’engagement social. Il est important de comprendre que
nos réactions corporelles qui modifient fonctionnellement notre
état physiologique ne sont pas volontaires. Et lorsque nous sommes
victimes d’un collapsus d’une façon réflexe, tout comportement
volontaire nous devient totalement interdit. Notre corps a changé, il
est différent et nous guide alors vers une auto-préservation, mais ne
laisse plus de place aux comportements d’engagement social.
J’encourage les thérapeutes à expliquer aux patients les choses
merveilleuses que leur corps a réalisées pour leur permettre de
survivre. Il faut que les patients comprennent que la survie était
la seule chose importante, et que s’ils ont réussi à survivre à une
expérience horrible, ils doivent commencer déjà par se considérer
eux-mêmes comme de véritables héros.
Les thérapeutes qui ont mis en pratique ces conseils m’ont confirmé
les résultats positifs de cette démarche. Les patients le confirment
aussi par leurs témoignages tels que : « Je ne comprenais pas, et en
évoquant mon cas, je critiquais ces réactions corporelles qui m’in-
terdisaient toute vie sociale… mais le simple fait d’en comprendre
l’utilité et d’accepter ces réactions corporelles m’a soudain rendu les
choses plus faciles. »
Certaines approches thérapeutiques utilisent l’exposition
progressive pour désensibiliser le patient aux stimuli traumati-
sants. Cette approche comportementaliste ne tient pas compte de
la physiologie du patient, ni de la nature défensive de son état.
Ces procédures, du fait de l’état physiologique du patient, plutôt
que de diminuer la réactivité, augmentent au contraire sa sensibi-
lité aux stimuli associés à l’événement traumatique. Plutôt que de
confronter le système de défense aux causes du traumatisme, il est
nécessaire de maîtriser le système de défense grâce aux influences
descendantes (top-down). Il nous faut comprendre et respecter
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Conséquences d’un traumatisme sur le cerveau …
insécurité dans des situations nouvelles. Mais ce sont aussi des gens
qui bénéficient d’un support social solide, et qui ne voient pas dans
le risque une véritable menace vitale.
Nous pourrions envisager de créer des structures urbaines et envi-
ronnementales qui correspondent plus à un modèle mammalien qu’à
un modèle reptilien. Un modèle mammalien va conforter les indi-
vidus, offrir plus de place à un environnement partagé, et créer un
contexte permettant de donner plus d’attention et de ressentir plus
d’empathie à l’égard d’autrui. Un modèle reptilien, au contraire, est
générateur d’isolement, il ne facilite ni la recherche de la nouveauté
ni la témérité.
Dr Buczynski : Je comprends très bien, cependant certains types
de personnalités adorent la nouveauté, prennent des risques, et sont
en quête perpétuelle de danger.
Dr Porges : J’y pensais, tout en vous parlant. Si nous créons un
modèle induisant un comportement optimal dans la majeure partie
des cas, nous savons aussi qu’à l’extrême, nous décrivons des socio-
pathes, ou d’autres formes de comportements atypiques. Ce que je
voudrais faire comprendre est différent, c’est-à-dire qu’un compor-
tement, pour être le plus bénéfique possible à la santé de chacun,
nécessite des interactions avec les autres.
Lorsque l’on recherche la nouveauté en pratiquant le saut à l’élas-
tique, il y a une différence fondamentale entre l’expérience pratiquée
avec un ami vous regardant en face à face pendant que vous sautez
avec lui et le choix de vivre une série d’événements ponctuels qui
incitent continuellement le système nerveux à se mobiliser et à rester
en dehors des états d’immobilisation.
Dr Buczynski : Donc, ceci mis à part, les individus audacieux
aimant la nouveauté sont les plus à même de retourner à un état de
sécurité.
Dr Porges : Oui, et l’une des conséquences d’un traumatisme
c’est que les individus traumatisés n’aiment pas la nouveauté et ne
connaissent pas la « voie » de la sécurité.
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sympathique est élevée et les fonctions des deux branches vagales sont
toutes deux déprimées. En revanche, en réponse à une menace vitale,
le nerf vague sous-diaphragmatique* est recruté, alors que le nerf
vague supra-diaphragmatique* et le système nerveux sympathique*
sont déprimés. L’aboutissement du recrutement de cet ancien système
de défense sous-diaphragmatique est l’immobilisation défensive
pouvant se manifester par un état de mort apparente, accompagné
d’une chute de la tension artérielle entraînant un évanouissement et
une émission de selles. Dans cette perspective polyvagale, il devient
facile de comprendre qu’en fonction du recrutement des différents
circuits neuraux peuvent se manifester différents types de comporte-
ments chez les mammifères, et donc chez les humains.
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Sécurité, santé et théorie polyvagale
TRAUMATISME ET TRAHISON
Dr Buczynski : Vous avez évoqué la puissance de l’impact d’un
traumatisme suite à une trahison, induisant la perte de confiance et
l’anéantissement de tout sentiment de sécurité.
Dr Porges : Si quelqu’un a subi un choc émotionnel au sein d’une
relation, quel peut être le meilleur moyen pour lui de se protéger ? La
meilleure façon de se préserver c’est de ne plus accorder sa confiance
à personne. L’enjeu du système d’engagement social est d’apporter à
l’autre des indices de sécurité autorisant un rapprochement, du fait
du déclenchement d’une neuroception* de sécurité.
Mais si un individu, sans problème auparavant, a subi à un moment
donné un événement traumatisant, le système d’engagement social
sera alors désactivé, interdisant par la suite aux autres tout rapproche-
ment émotionnel et même physique. Les personnes ayant eu un choc
émotionnel au sein d’une relation ont du mal à créer de nouvelles
relations, même si sur le plan cognitif elles accordent toujours une
grande importance à l’établissement de liens. Elles désirent désespé-
rément des relations, mais leur corps les en empêche.
J’essaie d’expliquer aux victimes de traumatismes la fonction adap-
tative de leurs réactions corporelles. Dans la majorité des cas on devine
chez elles un sentiment de culpabilité, comme si elles réprouvaient les
réactions néfastes de leur corps. Mais nous devons leur expliquer le
rôle protecteur de leurs réponses corporelles. Ces stratégies de réponse
les ont immobilisées et dissociées pour minimiser l’impact physique
et la souffrance, en évitant une dispute, une contre-attaque. En effet,
l’immobilisation peut se révéler véritablement adaptative, en proté-
geant le sujet d’une agression ultérieure, peut-être plus grave encore.
L’immobilisation et la dissociation* ont différentes fonctions
adaptatives. La vraie question est la suivante : « Comment, dans
notre narration personnelle, expliquons-nous ces réponses d’im-
mobilisation ? » Quelle image ces réponses nous renvoient-elles
de nous-mêmes ? Nous considérons-nous comme des victimes ou
comme des héros ?
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l’estime de soi, mais il est peu probable que cette réaction soit la
conséquence d’un manque de confiance en soi, mais plutôt celle de
l’impact d’un facteur de l’environnement, comme le confinement
ou l’isolement.
J’ai vécu personnellement une attaque de panique dans l’espace
restreint d’un tunnel d’une IRM (voir chapitre 2). J’ai été surpris
et même choqué de ce basculement de mes réactions corporelles
sur un mode défensif. Je n’aime pas être enfermé, c’est vrai, mais
je n’imaginais pas que le simple fait de passer une IRM déclenche-
rait en moi une attaque de panique. Je suis fréquemment dans des
espaces relativement confinés. Je prends souvent l’avion. Je n’aime
pas être placé dans les sièges du milieu, bien que je le tolère, mais
c’est le cas de beaucoup de gens. Si je me base sur mes propres
réactions corporelles depuis des décennies, cette réaction était tota-
lement imprévisible.
Les mammifères n’aiment pas le confinement, l’enfermement.
Pour la plupart des espèces de mammifères, les déclencheurs de
stress les plus importants sont l’isolement et la contrainte. Imaginez
simplement la place que prennent ces deux vecteurs de stress dans le
monde actuel, et imaginez l’impact aussi en termes de consommation
de médicaments. Réfléchissez encore aux conséquences qui peuvent
résulter d’un confinement ou d’une contrainte dans les soins prodi-
gués aux patients.
Dr Buczynski : Oui, et à travers votre expérience personnelle, vous
l’avez expérimenté de très près.
Dr Porges : Oui, et je vais partager quelque chose avec vous.
On m’a annoncé en avril dernier le diagnostic d’un cancer de la
prostate. Je ne pouvais pas rester sans rien faire, car la biopsie révélait
un cancer agressif, et je devais choisir entre une radiothérapie ou une
ablation de la prostate.
Je tiens à souligner deux choses. Tout d’abord, je me porte très
bien actuellement. Mais je voulais souligner aussi qu’au moment où
l’on vous annonce un tel diagnostic, même si vous êtes prévenu, votre
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TRAUMATISME ET ATTACHEMENT*
Dr Buczynski : Continuons à parler de l’engagement et de cette
connexion* aux autres car, j’en suis intimement convaincue, c’est très
important ! Que peut nous apporter la théorie polyvagale concernant
le lien entre le traumatisme et l’attachement ?
Dr Porges : Si un traumatisme peut empêcher quelqu’un de se sentir
en sécurité en présence des autres, alors les racines mêmes de l’atta-
chement* ont été atteintes. Je pourrais le formuler ainsi : si quelqu’un
a reçu une base solide d’attachement au cours de son enfance, alors
cette personne sera capable d’« encaisser » un traumatisme.
Je ne sais pas si cela a été étudié, mais nous pouvons tirer des
conclusions de certains modèles de vie. Nous connaissons le parcours
de vie de certaines personnes depuis leur enfance. Certaines d’entre
elles ne sont plus parmi nous, mais nous pouvons toujours voir les
éléments constitutifs de leur vie, 50 ou 60 ans plus tard. Ce qui est
remarquable, c’est que certaines des stratégies qu’elles utilisaient
pendant leur enfance sont toujours d’actualité, qu’elles aient pris
conscience ou non de leur façon de fonctionner, ou qu’elles aient eu
ou non l’opportunité de la modifier ou de la réorganiser.
Je pense que ce qui nous est réellement nécessaire est d’identi-
fier les événements perturbants que nous avons pu rencontrer dans
notre vie, non pour en ressentir de la colère, pour nous auto-accuser
ou pour nous reprocher quoi que ce soit, mais plutôt pour essayer
de comprendre les stratégies mises en place par notre corps pour
s’adapter et survivre. C’est ainsi que nous pourrons vraiment évaluer
la qualité de ces stratégies.
C’est ce qui nous ramène à notre parcours de vie et à l’utilité que
nous en tirons. Dans une certaine mesure, cela dépend de nous, c’est
notre propre choix. Nous pouvons nous comporter comme des êtres
humains sereins et réalisés, en modifiant nos comportements pour
nous montrer plus compatissants et plus aimables, ou au contraire
rester coincés, agressifs ou plus ou moins égocentriques. En connais-
sance de cause, nous pourrons alors développer les stratégies qui nous
permettront de nous sentir plus en sécurité.
Dr Buczynski : Mais ces stratégies ne se mettent pas en place simple-
ment en choisissant volontairement de se sentir plus en sécurité.
Dr Porges : Votre remarque est extrêmement pertinente car ce
ne sont pas des décisions volontaires, bien que cela soit une action
volontaire de trouver les outils psychiques nécessaires à la résilience
et à un sentiment de sécurité plus global.
Laissez-moi développer une idée. Imaginons que nous soyons des
professeurs d’université, submergés par nos obligations, en quête
de subventions, auteurs de publications, et n’ayant pas une minute
pour échanger avec les autres. Il nous faut absolument obtenir la
prochaine subvention et nous sommes brutalement, et comme par
hasard, terrassés par une crise cardiaque. Ce n’est pas surprenant !
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les limites qu’un tel état physiologique peut donner à son compor-
tement. C’est, en fait, mal comprendre la façon dont la physiologie
impacte à la fois notre comportement et celui de notre partenaire.
Dr Buczynski : Tout ce que vous venez de nous dire, notamment
sur l’anxiété* sociale et son traitement, est vraiment fascinant.
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L’avenir du traitement du traumatisme
Lauren Culp : Vous dites qu’il est important de rester très attentif
aux signes de traumatisme vécu par un patient et de respecter l’expé-
rience exceptionnelle de cet individu. Dans ma démarche clinique,
j’essaie de repérer les domaines les plus pertinents dans lesquels mes
patients ont pu puiser leurs forces et trouver les outils pour pouvoir
se réorganiser et se reconstruire.
Dr Porges : Dans un traumatisme, ce n’est pas l’événement, mais
la réponse à l’événement qui est importante. Pour m’en souvenir,
j’utilise souvent la phrase suivante : « L’enfer de chacun est le sien. »
Ce qui veut dire que le jugement que je peux porter sur l’événement
traumatique n’a aucune importance pour le patient, mais que c’est
sa réponse au traumatisme qui l’est. Dans des situations que nous
pourrions personnellement considérer comme anodines, le système
nerveux d’un autre individu pourrait répondre comme s’il s’agissait
d’une situation de vie ou de mort. Et, bien sûr, suite à cette intrusion
dans un domicile, nous pourrions être tentés de dire : « Eh bien, vous
êtes vivant et indemne, alors qu’est-ce qui vous inquiète ? » Dans
ce type de déclaration, la réaction corporelle de la victime face à la
violation de son monde intime reste incomprise, ignorée. C’est vrai
que notre système nerveux réagit la plupart du temps selon notre
volonté, mais parfois, en essayant de nous sauver, il peut trahir fonc-
tionnellement nos intentions.
Je vais vous décrire ce que je pourrais appeler mon expérience
personnelle de « trahison corporelle ». Il y a plusieurs années, j’ai dû
être perfusé avant un bilan cardiaque et le cathéter de perfusion est
sorti de la veine. Je l’ai alors signalé à l’infirmier, qui l’a déplacé pour
l’insérer à nouveau correctement.
Ce geste a provoqué cependant une stimulation des voies affé-
rentes (régulant la pression artérielle) et j’ai perdu connaissance.
Selon l’interprétation de l’infirmier, j’avais eu peur. Mais ceci n’avait
absolument rien à voir avec la peur. C’était plutôt la conséquence
d’une stimulation de capteurs sensoriels. Dans le milieu médical, on
attribue fréquemment ces événements à des facteurs psychologiques,
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Serge Prengel : J’aimerais insister un peu sur ce sujet, car vous nous
apportez beaucoup d’informations. Les enfants sont soumis à l’école
à des modèles éducatifs que l’on pourrait comparer à des « modes
d’emploi ». Ils sont souvent considérés comme des machines. Si une
machine fonctionne d’une certaine manière, alors toutes les machines
du même modèle seront censées fonctionner de la même façon,
quelles que soient les réactions individuelles à l’environnement.
Dr Porges : Pour compléter votre rapide description, je dirais que
nous traitons les enfants à l’école comme s’ils étaient des machines,
et comme si la réussite scolaire dépendait des informations que nous
sommes capables de programmer dans ces machines. Nous ne réali-
sons pas l’importance de la régulation viscérale dans l’acquisition
des compétences qui constitue cependant une condition préalable
ou une plateforme neurophysiologique, dont dépendent l’apprentis-
sage et le comportement social. Le développement de compétences
axées sur l’amélioration de la régulation viscérale ne fait pas partie
du programme éducatif. Ainsi, dans les modèles éducatifs courants,
aucune opportunité n’est offerte (ou alors ces opportunités sont mini-
misées) pour exercer les systèmes neuraux et améliorer la régulation
de l’état physiologique, ce qui favoriserait à son tour l’engagement
social.
Ces points deviennent évidents lorsque l’on se penche sur le cas
d’individus en difficulté, comme les enfants autistes. Fait intéressant,
avec les enfants autistes, le modèle de traitement de base est un
modèle éducatif spécial. Ce modèle s’appuie sur la théorie de l’ap-
prentissage et utilise le renforcement et la répétition pour améliorer
les compétences. Malheureusement, ce « modèle d’apprentissage »
ne tient pas compte d’une caractéristique importante de l’autisme*
qui est partagée avec d’autres troubles cliniques, c’est-à-dire d’une
incapacité pour ces enfants de réguler leur état viscéral en présence
d’autrui. En revanche, les modèles de traitement classiques les
obligent à se réguler dans un contexte leur rendant paradoxalement
l’apprentissage difficile.
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en sécurité lorsque l’on est dans les bras d’un autre, ou de se retirer
et se protéger en cas de danger. J’ai adopté le terme de neuroception*
pour expliquer ce processus dynamique et interactif.
Serge Prengel : C’est ce que vous nous avez déjà expliqué sur
les mécanismes permettant de faire l’expérience de l’amour et de
l’attachement*.
Dr Porges : J’ai compris ces mécanismes auprès de populations
cliniques manifestant des difficultés d’établissement de liens sociaux.
Les patients séropositifs fournissent un très bon exemple. En étudiant
ces patients, j’ai appris que souvent leurs soignants se sentent peu
respectés et se mettent fréquemment en colère contre eux. Les parents
d’enfants autistes rapportent souvent les mêmes sentiments et les
mêmes expériences. Dans les deux exemples, bien qu’ils déclarent
souvent se sentir mal aimés, ce qu’ils expriment en réalité, c’est que la
personne séropositive ou l’enfant autiste ne répondent pas de manière
attendue par leurs expressions faciales, leur regard et l’intonation de
leur voix. Dans les deux cas, la personne soignée se comporte de
façon automatique, et les soignants ne peuvent alors que se sentir
démotivés et émotionnellement détachés. Fonctionnellement, leurs
réponses physiologiques les trahissent et ils se sentent insultés. Ainsi,
un aspect important de la thérapie est de ne pas seulement s’oc-
cuper du patient, mais de considérer également le contexte social
dans lequel il vit, en mettant l’accent sur la dyade parent-enfant ou
soignant-patient afin de permettre aux parents et aux soignants de
considérer leurs propres réactions comme une réponse physiolo-
gique naturelle.
Malheureusement, les soignants et les parents attribuent souvent
à ce type de comportements une volonté de désengagement, ce qui
engendre ainsi des malentendus. De la même façon, les enseignants
dans les écoles ressentent de la colère et de l’agressivité lorsque les
élèves se détournent et malheureusement les parents et les tuteurs
cautionnent souvent la colère et la violence portées sur l’enfant en
réalité en difficulté.
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