Le Trauma Et Le Corps: Carrefour Des Psychothérapies

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Le trauma

carrefour des psychothérapies

et le corps
Une approche sensorimotrice
de la psychothérapie
Pat OGDEN, Kekuni MINTON et Clare PAIN

Traduction de Julien BONNEL


Préfaces de Daniel J . SIEGEL, M.D.
et Bessel VAN DER KOLK, M.D.
À la mémoire de Martha Barth Ogden, 1904-2001
Sommaire

Remerciements 9
Préface de l’éditeur de la série 13
Préface 19
Introduction 33

PARTIE I
Théorie 45

Chapitre 1 Traitement hiérarchique de l’information :


dimensions cognitives, émotionnelles
et sensorimotrices 47

Chapitre 2 La fenêtre de tolérance : la capacité


à moduler l’activation 77

Chapitre 3 L’attachement : le rôle du corps


dans la régulation dyadique 97

7
Le Trauma et le Corps

Chapitre 4 La réponse d’orientation : réduire le champ


de conscience 129

Chapitre 5 Sous-systèmes défensifs : réponses


de mobilisation et d’immobilisation 157

Chapitre 6 Adaptation : systèmes d’action,


tendances à l’action et leurs rôles 187

Chapitre 7 Le trauma psychologique et le cerveau :


vers un modèle de traitement neurobiologique 227

PARTIE II
Traitement 255

Chapitre 8 Principes de traitement :


mise en pratique des principes théoriques 257

Chapitre 9 L’organisation de l’expérience :


ressources pour le travail corporel
dans le moment présent 287

Chapitre 10 Phase 1 du traitement : développer


des ressources somatiques stabilisatrices 311

Chapitre 11 Phase 2 du traitement :


traiter les mémoires traumatiques
et restaurer les actes de triomphe 349

Chapitre 12 Phase 3 du traitement : intégration


et succès dans la vie quotidienne 393

Bibliographie 437
Les auteurs 464
Index des sujets 465
Index des auteurs 481
Table des matières 489
Remerciements

Ce livre a été influencé et façonné par de nombreuses personnes qui


ont soutenu notre travail, inspiré notre réflexion, ont agi comme des
« caisses de résonance », et nous ont accompagnés sur trois décennies de
développement professionnel. Nous sommes redevables au conseil consul-
tatif de l’Institut de psychothérapie sensorimotrice dont de nombreux
membres contribuent régulièrement au développement de la conceptua-
lisation scientifique de notre travail : David Baldwin, Emilie Conrad, Ron
Kurtz, Ruth Lanius, Reo Leslie, Ian Macnaughton, Peter Melchior, Melissa
Miller, Martha Stark, Clare Pain, Allan Schore, Ellert Nijenhuis, Kathy
Steele, Onno Van der Hart, et de Bessel van der Kolk.
En particulier, il nous semble important de noter combien Bessel van
der Kolk a influencé notre travail, et nous lui exprimons tous nos remer-
ciements pour les innombrables discussions, commentaires, mais aussi pour
l’inspiration et le soutien sans faille dans notre quête de compréhension
de la neuroscience, ainsi que de la théorie et de la technique sensori-
motrices. En outre, nous sommes fort reconnaissants pour les pratiques,
les théories pointues sur la dissociation et les systèmes d’action développés
par Onno Van der Hart, Kathy Steele et Ellert Nijenhuis ainsi que pour
la dynamique de collaboration que nous entretenons avec eux. Ce parte-
nariat a changé notre façon de concevoir les traumatismes et la façon
dont nous travaillons avec nos patients. Nous tenons également à remercier

9
Le Trauma et le Corps

Allan Schore, qui a pris le temps nécessaire et s’est investi afin de nous
aider à comprendre l’interface entre le développement neurologique et la
pratique clinique. Son travail a fortement influencé notre compréhension
de la psychothérapie. Nous sommes également reconnaissants de la
confiance de Ruth Lanius dans ce travail et de la pertinence de ses
réflexions pour la prise en charge des personnes les plus gravement trau-
matisées. Nous la remercions pour ses contributions à cet ouvrage, et
surtout à ses éclairages relatifs aux implications possibles des recherches
en cours en neurosciences pour le traitement des traumatismes.
Nous tenons également à remercier les collègues qui ont influencé
notre façon de penser au fil des années : Jon Allen, Betty Cannon, Rich
Chefetz, Marylène Cloitre, Christine Courtois, Charles Figley, Judith
Herman, Ilan Kutz, Sue Kutz, Ulrich Lanius, Rudolpho Llinas, Karlen
Lyons-Ruth, Sandy McFarlane, Laurie Pearlman, Steven Porges, Pat Sable,
Allen Scheflin, Judith Schore, Arieh Shalev, Dan Siegel, Marion Salomon
et David Spiegel.
Bon nombre des théories faisant référence au corps et certaines inter-
ventions décrites dans ce livre s’inscrivent dans le domaine de la
psychothérapie corporelle. Le pionnier dans ce domaine mérite un énorme
remerciement : Ron Kurtz. Pendant plus de 30 années, ce dernier a été
notre mentor et a été une des sources majeures d’inspiration pour la psy-
chologie somatique. Ses idées et ses interventions constituent la fondation
même de la psychothérapie sensorimotrice.
Nous sommes également reconnaissants à bien d’autres personnes appar-
tenant non seulement à notre discipline, mais aussi à d’autres : Susan
Aposhyan, Paul Joël, Marianne Bentzon, Bill Bowen, Christine Caldwell,
Emilie Conrad, Fred Donaldson, Annie Duggan, Peter Levine, Richard
Strozzi Heckler, Emmett Hutchins, Jim Kepner, Aubrey Lande, Ian
Macnaughton, Lisbeth Marcher, Al Pesso, Thomas Pope, Marjorie Rand,
Bert Shaw, Kevin Smith, Betta van der Kolk, et Halko Weiss. Par ailleurs,
notre profonde gratitude s’étend à Peter Melchior, qui est décédé avant
la publication de ce livre : merci pour les heures de remue-méninges qu’il
a effectuées avec nous en réflexion sur la structure et le mouvement du
corps. Il nous a aidés avec la conception de la carte des ressources soma-
tiques (chapitre 10) au cours d’un après-midi estival, il y a quelques années
en arrière.
Tant de personnes ont directement contribué à la rédaction de ce
livre… Nous remercions Christine Caldwell et Charles Figley, qui ont été
les premiers à nous encourager à l’écrire, et Dan Siegel, qui nous a incités

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Remerciements

à soumettre une proposition à Norton et a si généreusement aidé avec


l’affinage de notre terminologie juste avant la publication. David Baldwin,
Lana Epstein, Julian Ford, Mary Sue Moore et Steven Porges ont relu
certains chapitres, et nous leur sommes très reconnaissants pour leur aide.
Nous sommes redevables envers Bonnie et Mark Goldstein pour le temps
précieux, l’énergie et la compétence qu’ils ont dédiés à ce projet, afin de
le mener à terme. Kathy Steele mérite un grand merci pour les encoura-
gements qu’elle nous a si généreusement donnés, pour son expertise et
son apport pointu en matière d’édition lors des moments difficiles.
Onno Van der Hart nous a également aidés de la sorte, et nous le
remercions pour son soutien généreux et constant pour la mise en forme
et l’élaboration des concepts. Nous apprécions son aide superbe jusqu’au
dernier moment pour la rédaction de chaque chapitre, et son encourage-
ment sur le plan émotionnel. Enfin, les compétences de Janina Fisher ont
contribué à la qualité de ce livre. Pour son travail d’édition exceptionnel,
combiné à sa compréhension de la théorie inhérente à la psychothérapie
sensorimotrice, ainsi que de sa connaissance de la technique, nous la
remercions. Elle aura été notre « quatrième auteure » par son travail
d’étude, de correction des parties problématiques de notre ouvrage, et
d’apport de contributions inédites à chaque section de ce livre.
Les formateurs fondateurs de l’Institut de psychothérapie sensorimotrice,
Christina Dickinson et Dan Thomas, auxquels se sont joints plus récem-
ment les formateurs de niveau avancé Deirdre et Janina Fisher, ont
participé à d’innombrables sessions de brainstorming, et nous les remer-
cions pour leur collaboration, leur sagesse, leur soutien affectif, et leur
dévouement quant à l’enseignement de cette pratique. Nous sommes
reconnaissants à Jennifer Fox qui, avec compétence et bonne humeur, a
assuré le bon fonctionnement de l’Institut de psychothérapie sensorimo-
trice durant la période où Pat se consacrait à son travail de rédaction, et
Jennifer Ryder qui n’a reculé devant aucun obstacle pour compléter la
liste des références. Nous sommes très reconnaissants envers les personnes
de l’institut Norton : Deborah Malmud, Andrea Costella, Michael
McGandy, Rouble Casey, et Margaret Ryan, pour leur patience et leurs
conseils tout au long de notre travail d’élaboration.

Sur une note plus personnelle, Pat tient à remercier Susan Aposhyan,
le regretté Paul Joel, Susan Melchior, Ria Moran, et Kali Rosenblum pour
leur indéfectible soutien affectif au cours des années de rédaction. Nous
exprimons beaucoup de reconnaissance aux enfants (grands et petits) dans

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Le Trauma et le Corps

sa famille élargie pour leur humour et leur patience : Darci Hill ; ses filleuls,
Jovanna Stepan, Allison Joel et Quinsen Joel et, plus particulièrement,
son fils Arnold Brennan. Merci pour son indéfectible soutien émotionnel,
mais également son aide pratique. Kekuni tient à remercier sa famille,
Terrell Smith Minton et Kealoha Mali Minton, pour leur incroyable
patience et leur soutien pour la rédaction de cet ouvrage. Clare tient à
remercier sa famille et ses amis ; en particulier Judy, Bill, Christine et Josh
pour leur équilibre et leur humour.
Enfin, nous remercions tout particulièrement nos étudiants et nos
patients qui nous ont mis au défi, inspirés, et, finalement, nous ont appris
la plus grande part de ce que nous savons sur la psychothérapie.
Préface
de l’éditeur de la série
Daniel J. Siegel, M.D.

Une perspective interpersonnelle neurobiologique s’appuie sur un


large éventail de disciplines afin de créer une image intégrée de l’expé-
rience humaine et du développement en matière de bien-être. À partir
de résultats parallèles provenant de différents domaines scientifiques – outre
la pratique clinique et les arts expressifs et contemplatifs –, cette approche
convergente pour la compréhension de « l’être humain » tente de tisser
une vision plus élargie pour notre expérience subjective. En réunissant
des vecteurs de savoirs qui sont souvent disparates, cette initiative a pour
objectif d’élargir notre vision de l’esprit et de promouvoir le bien-être des
individus, des couples, des familles, des collectivités et de notre société
en général.
Le trauma a un impact important sur tous les aspects de notre civili-
sation humaine ainsi que sur la vie de ses individus. Pourtant, la réalité
du traumatisme est souvent négligée dans la manière dont sont abordées
les questions sociétales en matière de politique publique, d’éducation et
d’allocation de ressources en ce qui concerne la promotion de la santé
mentale. Comment peut-on être si aveugle à la douleur inhérente au
trauma ? Lorsque nous écrivons des livres ou des conceptualisons d’approches
relatives à un problème, nous faisons souvent appel à des concepts et des
mots qui nous éloignent de la réalité du sujet. Souvent, nous pensons en
termes de mots, créant ainsi des idées abstraites encadrées par des paquets

13
Le Trauma et le Corps

linguistiques d’information, comme celles que vous êtes en train de lire à


l’instant même. Ces mots, élaborés à partir de cadres théoriques, sont
importants en ce qu’ils nous apportent un certain recul permettant de
nous soustraire à la dimension immédiate, nous faisant ainsi accéder à une
perspective plus globale de l’image que celle fournie par la sensation
directe. L’avantage de cette distance procurée par l’expérience est de nous
donner une vision plus claire de l’ensemble en créant une perspective plus
large d’une entité générale. Toutefois, les idées abstraites symbolisées à
l’aide de mots peuvent également entraver le processus qui nous permet
de percevoir les éléments de l’expérience humaine qui relèvent « du vécu ».
Il est souvent préférable qu’un tel savoir « expérientiel » soit directe-
ment élaboré par le biais de la voie sensorielle. Sans l’équilibre apporté
par le monde non linguistique des images, sentiments et sensations, la
nature attrayante des mots et des idées peut nous empêcher d’accéder à
une expérience directe dans notre vie quotidienne et dans notre travail
professionnel. Sur le plan sociétal, un tel déséquilibre peut nous maintenir
dans un état de déni. Dans un cadre psychothérapeutique, en se concen-
trant principalement sur un type de pensée basé principalement sur des
mots et des récits, la thérapie peut être limitée à un niveau superficiel de
manière à ce que les traumatismes restent sans résolution. Une trop grande
importance accordée à la pensée logique, linguistique, linéaire et littérale,
peut faire pencher la balance de notre esprit loin des fonctions d’autoré-
gulation de nos modes de traitement neuronaux non verbaux, qui sont
davantage de nature holistique, auto-narratifs, régulateurs du stress et
fondés sur l’image. Le lien entre ces deux voies de savoir, certes fort dif-
férentes, mais toutes deux importantes, représente l’essence même de
l’équilibre dans nos vies. C’est justement ce lien qui nous permet
de comprendre les expériences complexes que sont les traumas.
La neurobiologie interpersonnelle s’axe essentiellement sur la notion
que l’intégration est au cœur du bien-être. L’intégration est conçue comme
étant la mise en relation d’éléments différenciés afin de former un ensemble
fonctionnel. La formation d’un système intégré permet une certaine sou-
plesse, une adaptabilité, une cohérence, un dynamisme et une stabilité.
En l’absence de cette intégration, le flux de nos esprits se déplace vers la
rigidité ou le chaos. Aussi, le traumatisme peut être considéré comme une
atteinte fondamentale à la capacité d’intégration de l’individu, d’une dyade,
d’une famille ou d’une communauté.
Les états post-traumatiques sont caractérisés par des expériences de
rigidité ou de chaos permettant à la dévastation des traumatismes de per-
durer longtemps bien après l’avènement des événements initiaux

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Préface de l’éditeur de la série

dévastateurs. L’intégration de nombreux domaines de notre expérience par


le biais de la pleine conscience nous permet de développer un flux plus
connecté et plus harmonieux dans nos vies. Ce genre de lien inclut tant
la mémoire implicite que la mémoire explicite, des modes de traitement
relevant de l’hémisphère droit aussi bien que du gauche et la prise de
contact avec des sensations corporelles par la pleine conscience. L’aspira-
tion innée de nos esprits vers l’intégration et la guérison se voit souvent
bloquée par l’avènement d’un traumatisme. La libération de cet élan de
bien-être est un objectif central en psychothérapie permettant la création
d’états intégrés qui établissent l’autorégulation adaptative. Le thérapeute
peut faire appel à la notion d’un « triangle thérapeutique » formé par trois
côtés : l’intégration neurale, la cohérence de l’esprit, et les relations empa-
thiques, triangle qui constituerait un foyer de guérison au sein du
processus psychothérapeutique.
Aborder la thérapie à partir d’un référentiel axé sur la neurobiologie
interpersonnelle implique que l’on « tamise » l’esprit, par un souci d’inté-
gration des sensations, des images, des sentiments et des pensées qui
composent le flux d’énergie et d’information qui, à son tour, définit notre
activité mentale. Les sensations incluent les textures non verbales créées
par l’organisme impliquant l’état des muscles des membres et du visage,
des organes internes, des impulsions d’action, et des mouvements réels.
Le « tamisage » de l’esprit par une attitude de curiosité, d’ouverture,
d’acceptation, et d’amour – l’élément catalyseur du changement – permet
d’intégrer ces éléments de notre esprit dans de nouvelles dispositions favo-
risant la guérison. À mesure que nous nous concentrons sur ces nombreuses
dimensions de l’esprit, la communication empathique au sein de la psy-
chothérapie permet le développement de nouveaux états de cohérence
qui développent les neurones intégratifs. L’articulation physiologique des
modèles neuronaux largement distribués au sein du cerveau, mais égale-
ment au sein du corps proprement dit, évolue de manière à favoriser les
nouvelles formes d’autorégulation adaptatives.
Dans Le Corps et le Trauma, Pat Ogden et ses collègues nous offrent
des réalisations « expérientielles » permettant de sensibiliser notre esprit
à « la sagesse du corps ». En se tournant vers le corps par le biais d’une
pleine conscience axée sur la dimension « ici et maintenant » de notre
expérience sensorielle, les chemins intégratifs se voient ouverts, rendant
ainsi la guérison possible. Cette posture de pleine conscience et d’ouver-
ture implique une attitude d’acceptation, d’amour et de neutralité
bienveillante. Celle-ci pourrait bien être la clé permettant à l’esprit de
dépasser les états non intégrés caractérisés par le chaos et la rigidité vers

15
Le Trauma et le Corps

le fonctionnement cohérent advenant par l’intégration. L’abord du corps


à partir d’une posture de pleine conscience permet à la personne un
accès direct à des états d’activation qui avaient été court-circuités et qui
avaient quitté le champ de la conscience suite à un trauma aigu ou
chronique.
À l’aide d’applications neurobiologiques magnifiquement articulées, et
avec des références abondantes quant aux évolutions « du dernier cri » de
la littérature scientifique, les auteurs créent un cadre théorique exquis
dans la première partie de leur ouvrage. Ce cadre propose d’appréhender
les phénomènes en choisissant de les considérer comme représentant « une
forêt » plutôt « qu’une collection d’arbres individuels », mettant ainsi en
lumière l’importance de prendre en considération la dimension non intel-
lectuelle et non linguistique du traitement sur le plan neural et
interpersonnel. L’esprit, n’ayant souvent pas conscience de ces états sen-
soriels et moteurs du corps, peut enfin réaliser l’intégration que les
adaptations au traumatisme avaient bloquée jusqu’alors.
La seconde moitié de l’ouvrage propose une description « par phases »
de la dimension logistique sous-jacente aux aspects pratiques de ces inte-
ractions thérapeutiques importantes. Une approche à la psychothérapie
sensorimotrice représente plus qu’une simple utilisation du corps en tant
que cadre de référence supplémentaire pour la description des attributs
caractéristiques d’une thérapie efficace. Bien au contraire, le fait de se
tourner vers les sensations, les impulsions et les mouvements du corps
permet au thérapeute d’ouvrir la dimension non verbale, qui permet à son
tour le traitement direct au sein même de la pleine conscience nécessaire
pour une panoplie d’approches psychothérapeutiques.
L’accès au bien-être par le ressenti corporel est une approche utilisée
depuis des milliers d’années par les traditions contemplatives. D’une cer-
taine manière, on pourrait considérer que les sociétés modernes ont
« oublié » la sagesse que leurs anciens avaient découverte par leur appren-
tissage ardu. La neurologie moderne souligne clairement le rôle central
du corps dans la création des émotions et de la construction de sens. Bien
que certaines interprétations de la neuroscience considèrent « le cerveau
monotâche » comme la source de l’expérience mentale dans sa globalité,
cette interprétation restrictive ignore la réalité scientifiquement établie
que la plupart des cerveaux vivent dans un corps et font partie d’un monde
social « compris d’autres cerveaux ». Le cerveau est « câblé » pour se
connecter à d’autres esprits, pour créer des images de l’état explicite
d’autrui, des expressions affectives, et des états somatiques d’excitation
qui, par la capacité fondamentale des neurones miroirs du système à

16
Préface de l’éditeur de la série

permettre la résonance émotionnelle, servent de passerelle d’empathie. De


cette façon, nous voyons que l’esprit est à la fois relationnel et incarné.
Les auteurs de ce texte de sagesse portent une attention particulière à
la réalité scientifique que l’esprit est incarné et relationnel. Cet intérêt
façonne leur compréhension de l’impact du traumatisme et leur quête
d’une voie de guérison. Les interactions entre patient et thérapeute éclai-
rées par ces travaux orientés sur l’attachement et l’intérêt pour la thérapie
somatique et la thérapie sensorimotrice permettront aux cliniciens de tous
horizons de considérer la croissance et le développement psychologique à
partir d’un autre référentiel nouveau et pertinent. Bien que cette perspec-
tive soit fondée sur une pratique clinique approfondie, son cadre théorique
est compatible avec les dernières données scientifiques. L’intérêt à la
dimension sensorimotrice en thérapie repousse les limites de notre com-
préhension quant à l’interface entre l’expérience subjective et les résultats
objectifs des travaux de recherche dans un contexte formidablement
nouveau. Les auteurs ont relevé le défi important de mettre des mots sur
un monde dénué de mots.
Aussi, c’est mon grand plaisir de vous présenter leur contribution
importante à la compréhension de l’esprit relationnel et incarné dans la
série Norton sur la neurobiologie interpersonnelle. Laissez « baigner »
toutes les dimensions de votre esprit, et donnez-nous un retour sur votre
expérience.
Introduction

Pour de nombreuses raisons, le corps a été exclu de la « cure par la


parole ». Les psychothérapeutes qui ont été formés selon les modèles
psychothérapiques d’orientation psychodynamiques, psychanalytiques, ou
cognitifs savent prêter leur écoute au langage et aux affects du patient.
Cela permettant de suivre les associations des patients, leurs fantasmes,
les signes de conflits psychiques, la détresse et les défenses sous-jacentes.
Ils enregistrent les différents fils narratifs apportés par les patients afin de
mettre en exergue de quelle façon et où l’histoire de l’enfance se répète
dans le présent. À l’aide de l’instauration d’une alliance thérapeutique,
qui s’insère à son tour dans un cadre thérapeutique bien défini, ils savent
discerner les processus subtils et les passages à l’acte afférents au transfert
ainsi qu’au contre-transfert. Ils notent les symptômes physiques, en utili-
sant des interventions psychopharmacologiques lorsque cela est indiqué.
Par ailleurs, ils sont toujours attentifs à la présentation de leurs patients
sur le plan physique et comportemental, tels que leurs tics, les prises sub-
tiles de poids, leur tenue vestimentaire. Ils savent prendre bonne note de
la posture effondrée d’un patient déprimé, ou des mouvements agités d’un
patient inquiet. Pour autant, bien que la plupart des thérapeutes aient
appris à étudier l’apparence du corps du patient, et à noter ses mouvements
corporels, le travail direct sur l’expérience du patient telle qu’il l’incarne
au niveau de son corps est très largement considéré comme étant accessoire

33
Le Trauma et le Corps

par rapport à la formulation thérapeutique, au plan de traitement, et aux


interventions traditionnelles indiquées.
La psychothérapie sensorimotrice s’appuie sur l’apport des psycho-
thérapies traditionnelles en matière de connaissance, mais appréhende le
corps comme étant central pour les processus thérapeutiques permettant
la prise de conscience. Elle incorpore des théories et des interventions
généralement peu pratiquées en psychothérapie psychodynamique. La thé-
rapie sensorimotrice propose ainsi d’intégrer à la fois les principes théoriques
et les méthodes de traitement en santé mentale avec la psychothérapie
corporelle. La psychothérapie sensorimotrice s’inspire largement de la
méthode Hakomi, une forme de psychothérapie corporelle conceptualisée
par Ron Kurtz (Kurtz, 1990), en tant que fondement pour les compétences
thérapeutiques. Elle intègre également théorie et technique des traditions
psychodynamiques, cognitivo-comportementales, des neurosciences, et des
théories concernant l’attachement et la dissociation. La prémisse de ce
livre est que les thérapeutes formés selon les modèles traditionnels peuvent
amplifier la profondeur et l’efficacité de leur travail clinique en ajoutant
des interventions orientées sur le corps à leur répertoire d’interventions.
Dans cet ouvrage, nous utilisons le terme générique « psychothérapie
sensorimotrice » pour désigner une approche intégrant les interventions
somatiques employées par la plus grande part des psychothérapeutes cor-
porels. Toutefois, la psychothérapie sensorimotrice est également une école
proposant une théorie synthétique unique permettant des interventions
somatiques guidées par la théorie de la psychologie corporelle. Cette école
enseigne une méthode permettant des interventions au niveau des sensa-
tions corporelles et liées au mouvement, mais exclut généralement
l’utilisation du toucher. L’utilisation du toucher judicieux, parfois utile
dans des situations spécifiques en psychothérapie, mais également poten-
tiellement problématique dans d’autres, n’est pas un élément nécessaire
pour notre méthode (voir le chapitre 9 pour davantage d’explications).
Nous ne sommes pas sans connaître les effets profonds du trauma sur
le corps, le système nerveux et que de nombreux symptômes pour les
personnes traumatisées sont liés au corps (Nijenhuis & Van der Hart,
1999 ; Van der Hart, Nijenhuis, Steele & Brown, 2004 ; van der Kolk,
1994 ; van der Kolk, McFarlane & Weisaeth, 1996). Les patients qui
souffrent de traumatismes non résolus évoquent immanquablement une
expérience corporelle dérégulée. Une cascade incontrôlable d’émotions
fortes, de sensations physiques, déclenchée par des stimuli traumatiques,
se rejoue ainsi incessamment au niveau du corps. Cette activation physio-
logique chronique est souvent à l’origine des symptômes post-traumatiques

34
Introduction

récurrents qui motivent la démarche thérapeutique du patient. La capa-


cité d’assimiler l’expérience traumatisante dans un récit de vie est
prématurée pour ces personnes, à la fois dans la mesure où les souvenirs
traumatiques ne sont pas encodés dans la mémoire autobiographique,
mais également dans ce que l’excitation récurrente traumatogène conti-
nue à créer un sentiment de mise en danger sur le plan somatique – une
« terreur sans voix » (van der Kolk, Van der Hart & Marmar, 1996, voir
aussi Siegel, 1999).
Les modèles thérapeutiques traditionnels reposent principalement sur
la notion que le changement se produit à travers un processus d’expression
narrative et par une formulation de type « descendante ». À titre d’exemple,
un principe caractéristique des modèles de traitement psychodynamiques,
quoiqu’un peu réducteur, serait que, dans le cadre d’une relation théra-
peutique, le fait de bien faciliter la connexion à l’expérience affective
afférente au passé douloureux et de traiter les distorsions cognitives qui
l’accompagnent engendrera un changement positif au niveau du sens de
soi. Cette modification engendrerait à son tour un soulagement de la
souffrance et, inversement, une amplification du bien-être. L’hypothèse
de travail étant qu’un changement significatif des cognitions et des émo-
tions du patient peut permettre une amélioration de son « sens de soi »
sur le plan de l’expérience physiologique, ou corporelle. La cible privilégiée
pour une intervention thérapeutique serait ainsi le langage du patient ; il
s’agirait donc bien de considérer le récit comme le point d’entrée dans le
processus thérapeutique. Ainsi, les représentations verbales du patient, ses
croyances et ses affects seraient abordés, explorés, et retravaillés par le
biais de la relation thérapeutique.
L’amélioration du fonctionnement de l’ego, la mise en sens, la for-
mulation d’un récit et le travail avec l’expérience émotionnelle
représentent tous des interventions permettant de réelles avancées pour
le patient. Au-delà de ces pratiques cognitives et dynamiques, qui sont
pourtant déjà utiles, nous proposons l’ajout d’interventions « ascen-
dantes », permettant de traiter les mouvements physiques répétitifs
opaques, les inhibitions de mouvement, et les intrusions somatosenso-
rielles caractéristiques des traumatismes non résolus. Les patients
traumatisés sont hantés par le retour des réactions sensorimotrices en
lien avec le traumatisme, prenant la forme d’images intrusives, de sons,
d’odeurs, de sensations corporelles, de douleurs physiques, de constric-
tions, d’engourdissements, ainsi que l’incapacité de moduler l’activation.
Par l’inclusion des sensations corporelles et par l’utilisation du mouve-
ment comme vecteur principal pour le traitement des traumatismes, la

35
Le Trauma et le Corps

psychothérapie sensorimotrice apprend au thérapeute à utiliser des inter-


ventions centrées sur le corps afin de réduire ces symptômes et de
promouvoir un changement au niveau des cognitions, des émotions, des
systèmes de croyances et du lien social du patient.
La pratique de la psychothérapie sensorimotrice allie théorie et tech-
nique d’inspiration thérapeutique cognitive et dynamique, avec des
interventions simples de pleine conscience sur le plan somatique, et
des interventions par le biais du mouvement. Des exemples de telles
interventions pourraient être : aider les patients à prendre conscience
de leur corps, suivre leurs sensations corporelles et mettre en œuvre des
actions physiques qui favorisent l’autonomisation et le gain de compé-
tences. On leur apprendrait ainsi à observer la relation entre leur
organisation physique et leurs croyances et émotions, en remarquant,
par exemple, comment une autoreprésentation prononcée à un moment
donné en thérapie, comme : « Je suis une mauvaise personne », peut
façonner les sensations physiques, la posture, l’activation du système
autonome, et le mouvement. Ils découvriraient également en quoi leurs
sensations physiques, les postures et les mouvements peuvent affecter
leur état émotionnel, les mots et le contenu qu’ils évoquent en thérapie.
Ces interventions intègrent le corps d’une manière directe en thérapie,
fournissant une approche « corps-esprit » pour le traitement du trauma
mieux unifiée. Dans le cadre d’une thérapie relationnelle centrée sur
l’écoute, les cliniciens peuvent aider les patients à devenir curieux et à
s’intéresser à la manière dont les réactions du corps à un traumatisme
passé perdurent dans leur contexte de vie actuelle et dans quelle mesure
l’altération de ces réponses peut permettre davantage d’adaptation en
matière de fonctionnement.
La plupart des approches psychothérapeutiques ne s’adressent pas
directement aux réponses corporelles traumatiques ni aux symptômes
somatiques activés de manière chronique. Au lieu de cela, elles se
concentrent principalement sur les interventions aux niveaux cognitifs,
comportementaux, psychodynamiques et psychopharmacologiques qui,
bien que validés par les recherches, ne sont couronnés que de peu de
succès dans le traitement des troubles traumatiques observés dans la
pratique clinique (Bradley, Greene, Russ, Dutra & Westen, 2005 ; Foa
et al., 1999 ; Marques, Lovell, Noshirvani, Livanou & Thrasher, 1998 ;
Tarrier, Sommerfield, Pèlerin & Humphreys, 1999 ; Ursano et al., 2004).
Des thérapeutes de tous horizons sont souvent perplexes et frustrés par
les limites des modalités de traitement existantes en matière de traite-
ment des symptômes traumatiques présentés par leurs patients.

36
Introduction

Ce livre répond à la nécessité d’un traitement des traumatismes sur le


plan somatique, qui répondrait à l’absence de travaux de recherche acces-
sibles aux thérapeutes et pertinents à ce sujet. Le premier public auquel
ce livre s’adresse comprend les psychologues, les psychiatres, les travailleurs
sociaux, les psychothérapeutes, les coachs et les médecins de famille qui
traitent les personnes traumatisées. En outre, nous fournissons des lignes
directrices pour aider les praticiens à comprendre comment le corps contri-
bue à la fois à l’entretien et à la résolution d’un traumatisme lié à un
trouble traumatique – information qui peut s’avérer fort utile pour les
infirmiers psychiatriques, les ergothérapeutes, les intervenants de crise,
les défenseurs des victimes et, en cas d’accident concernant les travailleurs,
les thérapeutes corporels ainsi que les étudiants de cycle supérieur et les
stagiaires intervenants en santé mentale et en traumatologie. Par ailleurs,
étant entendu que la connaissance procure du pouvoir, ce livre est conçu
pour être accessible et instructif pour les patients traumatisés qui cherche-
raient à comprendre les causes et les remèdes pour leurs souffrances.
Le Trauma et le Corps est divisé en deux sections : la première concer-
nant la théorie, la deuxième le traitement. La Partie I explore les
fondements théoriques et les principes sous-jacents aux interventions de
psychothérapie sensorimotrice, en s’appuyant sur les enseignements de
Pierre Janet qui remontent au siècle dernier, ainsi que sur le travail des
experts contemporains dans les différentes dimensions du traitement
des traumatismes, de la neuroscience, de l’étude de l’attachement, de la
régulation de l’affect, de la dissociation et du travail corporel.
Le chapitre 1, « Traitement de l’information hiérarchique : le cognitif,
l’émotionnel et les dimensions sensorimotrices », défend la logique d’une
approche de traitement au niveau somatique, expliquant en quoi l’expé-
rience traumatique perturbe la régulation physiologique et émotionnelle
de l’organisme, engendrant ainsi des altérations profondes en matière de
traitement de l’information. Le modèle d’organisation hiérarchique du
traitement de l’information est décrit et lié à des formes inadaptées de
traitement « descendant » et « ascendant » que l’on retrouve fréquemment
chez les personnes traumatisées. Les prérequis pour le traitement efficace
de l’expérience traumatique, y compris la manière dont l’esprit et le corps
traitent l’information, ainsi que l’importance du traitement ascendant,
sont discutés.
Le chapitre 2, « Fenêtre de tolérance : la capacité à moduler l’excita-
tion », décrit la faible tolérance pour l’activation et le dérèglement des
affects comme symptômes principaux des troubles traumatiques. En se
focalisant sur le rôle central du dérèglement nerveux autonome dans la

37
Le Trauma et le Corps

perpétuation des symptômes et dans la complication du traitement des


traumatismes, ce chapitre examine les schémas de régulation de l’hypo et
de l’hyper-activation liés à la fonction de survie du système nerveux sym-
pathique et parasympathique. Ces schémas de traitement post-traumatiques
empêchent le traitement de l’information en interférant avec les états
d’activation optimaux ainsi qu’avec la capacité d’intégration. Effective-
ment, un degré trop élevé ou trop faible d’activation empêche la capacité
d’intégration des traumatismes. Ces paramètres de régulation constituent
la pierre angulaire du « modèle de modulation » sur laquelle se base la
psychothérapie sensorimotrice.
Le chapitre 3, « L’attachement : le rôle de l’organisme dans le règlement
dyadique », décrit l’importance des mécanismes d’attachement en matière
de régulation, sa perturbation par l’expérience traumatique précoce, et ses
effets sur le corps. Les écrits dans le domaine de la recherche sur l’atta-
chement, le travail d’Allan Schore (1994) sur la régulation de l’affect, et
la distinction entre la régulation interactive et l’autorégulation sont uti-
lisés pour décrire les tendances spécifiques d’autorégulation et de
domination autonome incorporées dans chacun des quatre modèles d’atta-
chement précoce. Un exemple de la façon d’aborder les effets de l’échec
de dérèglement dans le cadre d’un traitement au niveau corporel et auto-
nome est proposé.
Le chapitre 4, « La réponse d’orientation : réduire le champ de
conscience », explique le processus d’orientation par lequel nous sélec-
tionnons les stimuli sensoriels à partir des indices multiples possibles en
provenance à la fois de l’environnement et de l’expérience interne. Dif-
férentes variétés d’orientation sont décrites et les étapes comprises dans
la réponse d’orientation sont définies dans le cadre d’une illustration cli-
nique détaillée. Pour la personne traumatisée, la capacité à s’orienter vers
la stimulation sensorielle, à l’interpréter et à l’intégrer de façon adaptative
est notamment réduite et doit être abordée afin de permettre un traitement
efficace des traumatismes.
Le chapitre 5, « Sous-systèmes défensifs : réponses de mobilisation et
d’immobilisation », décrit les sous-systèmes défensifs de divers animaux,
leur origine et leurs composants physiques, qui finissent par contribuer à
la formation de symptômes post-traumatiques. Les étapes de la réaction
de défense sont explicitées par rapport à l’illustration clinique présentée
dans le chapitre précédent. Au cours du traitement, les personnes trau-
matisées apprennent à (1) réorganiser les réponses de défense aggravant
les symptômes, et (2) à promouvoir davantage d’adaptabilité et de flexi-
bilité dans leurs schémas défensifs.

38
Partie I

Théorie
Chapitre 1
Traitement hiérarchique de l’information :
dimensions cognitives, émotionnelles
et sensorimotrices

Chez les personnes ayant subi des traumas, le cycle répétitif et débilitant
de l’interaction corps/esprit maintient un trauma du passé « en vie », per-
turbant ainsi le « sens de soi » et renforçant les troubles liés à ce trauma.
De nombreux individus voient alors les souvenirs de leurs expériences
traumatiques fragmentés. S’ensuivent une multitude de réponses neuro-
biologiques qui peuvent aisément se voir réactivées, des souvenirs non
verbaux déroutants et intenses. Ces réactions sensorimotrices et ces symp-
tômes « racontent l’histoire » sans appel aux mots, tout comme si le corps
connaissait ce qu’ils ne savent pas au niveau cognitif. Les individus ignorent
communément que ces réactions – les sensations corporelles intrusives,
les images, les odeurs, la douleur physique et la constriction, l’engourdis-
sement, et l’incapacité à moduler l’activation – sont en réalité les traces
d’un trauma antérieur. Souvent, dans l’incertitude de ce qui s’est passé et
de la manière dont elles l’ont enduré, les personnes ayant subi des traumas
ont tendance à interpréter ces réponses sensorimotrices réactivées comme
représentant des données relatives à leur identité ou à leur être : « Je ne
suis jamais en sécurité », « Je suis marqué », « Je suis sans valeur et donc
je ne peux être aimé ». Ces croyances sont reflétées sur le plan corporel
et affectent la posture, le souffle, la liberté de mouvement, le rythme
cardiaque et même la respiration (Aposhyan, 2004 ; Caldwell, 1997 ;
Heckler, 1993 ; Keleman, 1985 ; Kepner, 1987,1995 ; Krueger, 2002 ;

47
Le Trauma et le Corps

Kurtz, 1990 ; Kurtz & Prestera, 1976 ; Lowen, 1975 ; Reich, 1945/1972 ;
Rosenberg, Rand & Asay, 1985). Par ailleurs, chaque adaptation somatique
à un trauma influence à son tour la façon dont la personne qui l’a subi
interagit avec son environnement, ainsi que le sens qu’elle attribuera à
ses expériences ultérieures.
Plutôt que d’aider à résoudre ces symptômes, la tentative de traitement
des événements traumatisants en les décrivant par la parole ou en évacuant
les émotions qui leur sont associées peut précipiter « les souvenirs soma-
tiques » sous la forme de sensations physiques, d’engourdissement,
d’activation dérégulée et de mouvements involontaires. Ces réponses cor-
porelles intenses, à leur tour, peuvent alimenter les émotions liées au
trauma telles que la terreur, la peur, l’impuissance, le désespoir, la honte
et la rage. Toute tentative de description des événements traumatisants
du passé entraîne une irruption de ce dernier dans le présent, et l’orien-
tation vers la réalité actuelle peut en être partiellement ou temporairement
perdue (Tarrier et al., 1999 ; Burnstein, Ellis, Teitge, Gross & Shier, 1986 ;
McDonough- Coyle et al., 2000 ; Pitman et al., 1991 ; Scott
& Stradling 1997 ; Devilly & Foa 2001 ; Tarrier, 2001).
Le fait de « se souvenir » du trauma est vécu comme l’expérience de
se dire à l’intérieur de soi : « Ça se produit de nouveau – je ne suis toujours
pas en sécurité ». Lors de ces expériences insécurisantes, le cerveau
« pensant » – le cortex frontal – est mis hors-jeu. En conséquence, les
décisions prises ultérieurement ainsi que les actions au niveau corporel en
réponse à l’expérience de se sentir menacé ont tendance à être impulsives,
dangereuses, ou encore inadaptées à la réalité immédiate. Autrement dit,
l’individu a l’impression de voir confirmées les croyances basées sur le
trauma – on entend par là les croyances qui exacerbent les symptômes
somatiques : « Ça doit être vrai que rien de bon ne peut m’arriver », « ça
doit être vrai que je ne mérite pas d’être en sécurité ».
La complexité et la variété des symptômes qui affectent à la fois l’esprit
et le corps laissent perplexes aussi bien les thérapeutes que les patients.
Mettant en exergue le rôle de la dissociation dans les symptômes trauma-
tiques, Pierre Janet (1889) a souligné la manière dont les traumas non
résolus donnent lieu à des déficits profonds en termes de capacité d’inté-
gration de l’expérience. Certains processus normalement unifiés, comme
les émotions, les pensées, l’identité, la mémoire et les éléments somato-
sensoriels, peuvent parfois être dissociés (Spiegel & Ardena, 1991). Cet
échec au niveau intégratif entraîne une « compartimentalisation excessive
de l’expérience : les éléments d’un trauma ne sont intégrés ni dans un

48
Traitement hiérarchique de l’information

ensemble unitaire ni dans le cadre d’une notion de soi intégrée » (van der
Kolk, Van der Hart & Marmar, 1996, p. 306). Une forme de cloisonnement
est apparente dans la propension des individus ayant subi des traumas à
alterner entre (1) l’évitement du ressenti émotionnel, l’engourdissement
corporel et l’évitement des stimuli qui rappellent le trauma et (2) la revi-
viscence du trauma au travers de flash-back intrusifs, de rêves, de pensées
et de symptômes somatiques (Chu, 1998 ; Meyers, 1940 ; Spiegel, 1990,
1997 ; Van der Hart et al., 2004 ; Van der Kolk & Van der Hart, 1989).
Comme l’a dit James Chu, « ce modèle biphasique est le résultat de la
dissociation : les événements traumatisants sont mis à distance et dissociés
du champ de conscience normal lors de la phase d’engourdissement, pour
revenir par la suite lors de la phase intrusive » (1998, p. 33).
Les symptômes en émergence au cours de chaque phase de dissociation
sont fort distincts. Lors de la phase intrusive, la personne est en proie à
des fragments de souvenirs traumatiques non intégrés qui reviennent de
manière spontanée. Dans la phase de l’engourdissement, ces fragments
sont tenus à distance. Toutefois, l’individu se sent engourdi et détaché,
vivant « à la surface du champ de la conscience » (Appelfeld, 1994, p. 18).
Les symptômes dissociatifs dans chaque phase sont davantage compliqués
par leur nature à la fois psychologique ou psychoforme, et sensorimotrice
ou somatoforme (Nijenhuis & Van der Hart, 1999 ; Van der Hart, Van
Dijke, Van Son & Steele, 2000).
Les symptômes psychoformes impliquent une dissociation des fonctions
mentales et se manifestent sous la forme d’affects envahissants, de diffi-
cultés de concentration, d’amnésie et autres problèmes de mémoire, et de
modification des systèmes de croyances.
Les symptômes dissociatifs somatoformes entraînent des modifications
sur le plan des sensations corporelles, des mouvements et de la sollicitation
des sens. Ils comprennent des distorsions sensorielles, des activations physio-
logiques dérégulées et des déficits en termes de sensation corporelle, des
douleurs, des difficultés de mouvements ainsi que la reviviscence de traumas
à travers des fragments somatosensoriels. Van der Hart et ses collègues ont
judicieusement noté qu’il convient de considérer les symptômes psycho-
formes et somatoformes comme les deux faces d’une même médaille, dans
la mesure où « tous deux représentent des expressions de processus disso-
ciatifs sous-jacents à l’œuvre au sein de l’union inséparable psyché/soma »
(2000, p. 35). L’amalgame complexe de symptômes somatoformes et psycho-
formes impose une approche de traitement permettant d’intervenir
directement contre les effets du trauma à la fois sur le corps et l’esprit.

49
Le Trauma et le Corps

1. LE CERVEAU TRIUNIQUE

La capacité des êtres humains à développer une conscience réflexive, à


interpréter, à développer une capacité de pensée abstraite et à éprouver
des sentiments existe dans le cadre d’une relation à la fois hiérarchique
et développementale des réponses instinctives et inconscientes du corps.
Ces réponses hiérarchisées et évolutives vont de l’activation instinctuelle
et des défenses physiques aux sentiments et aux expériences émotionnelles,
aux pensées, à l’autoréflexion, aux croyances et à la construction de sens.
La notion de traitement d’information hiérarchique de Wilber (1996)
classe l’échelle évolutive et fonctionnelle sur trois niveaux d’expérience
organisationnelle : le cognitif, l’affectif et les niveaux sensorimoteurs. En
neuropsychologie, une compréhension parallèle de cette hiérarchie a été
formulée par MacLean, qui a dépeint le concept du cerveau triunique
comme un « cerveau avec un cerveau avec un cerveau » (1985, p. 8). Le
cerveau reptilien, premier en termes de développement dans une perspec-
tive évolutive, gouverne l’activation, l’homéostasie de l’organisme et les
moteurs de reproduction. Il est indirectement lié au niveau de traitement
d’information sensorimoteur, comprenant les sensations et les mouvements
programmés. En corrélation avec le traitement émotionnel, le « cerveau
paléomammalien » ou « cerveau limbique », que l’on retrouve chez tous
les mammifères, entoure le cerveau reptilien et agit en qualité de média-
teur de l’émotion, de la mémoire, de certains comportements sociaux et
de l’apprentissage (Cozolino, 2002). Le dernier cerveau en termes de déve-
loppement phylogénétique est le néocortex, qui permet le traitement des
informations cognitives, comme la conscience réflexive et la pensée
conscientisée, comprend de grandes parties du corps calleux, relie les
hémisphères droit et gauche du cerveau (MacLean, 1985) et favorise la
consolidation des informations (Siegel, 1999). Ainsi, les trois niveaux de
traitement d’information, cognitif, émotionnel et sensorimoteur, peuvent
être quelque peu considérés comme étant en corrélation avec les trois
niveaux d’architecture du cerveau.
Différents types de connaissances proviennent de chacun de ces cer-
veaux. Le cerveau reptilien produit « les connaissances comportementales
innées : la propension instinctive à l’action et des habitudes en lien avec
certaines questions de survie primitives » (Panksepp, 1998, p. 43). Le
système limbique procure « les connaissances de nature affective : des sen-
timents subjectifs et des réponses émotionnelles à des événements au
niveau de l’environnement » (Panksepp, 1998, p. 43). Le néocortex
engendre « Les connaissances déclaratives (...) des informations proposi-

50
Table des matières

Sommaire 7
Remerciements 9
Préface de l’éditeur de la série 13
Préface 19
Introduction 33

PARTIE I
Théorie 45

Chapitre 1 Traitement hiérarchique de l’information :


dimensions cognitives, émotionnelles
et sensorimotrices 47
1. Le cerveau triunique 50
2. Les différents niveaux de traitement
de l’information et le corps 53
2.1. Traitement cognitif 54
2.2. Traitement émotionnel 57

489
Le Trauma et le Corps

2.3. Traitement sensorimoteur 61


La sensation corporelle interne 62
La perception des cinq sens 65
Le mouvement 66
3. Tendances à l’action cognitives, émotionnelles
et sensorimotrices 71
4. L’interface entre traitement descendant et ascendant 72
5. Conclusion 75

Chapitre 2 La fenêtre de tolérance : la capacité


à moduler l’activation 77
1. Variations à l’intérieur de la fenêtre de tolérance 79
2. La hiérarchie polyvagale 81
3. L’impact du traumatisme sur l’activation et la fenêtre
de tolérance 85
4. Dissociation et zones d’activation 89
5. Prise en charge thérapeutique 92
6. Conclusion 94

Chapitre 3 L’attachement : le rôle du corps


dans la régulation dyadique 97
1. L’attachement, l’autorégulation, et l’interaction réciproque 100
1.1. Un dialogue de corps à corps en flux constant 102
1.2. Régulation de l’affect positif 103
2. Le corps et les types d’attachement 104
2.1. L’attachement sécure 105
2.2. L’attachement de type insécure 106
L’attachement insécure-évitant 107
L’attachement insécure-ambivalent 109
2.3. L’attachement désorganisé/désorienté 110
3. Schèmes d’attachement et autorégulation 114
3.1. Attachement sécure et régulation 115
3.2. L’attachement insécure-évitant et la régulation 116
3.3. L’attachement insécure-ambivalent et la régulation 117
3.4. L’attachement désorganisé-désorienté et la régulation 117

490
Table des matières

4. Le traitement sensorimoteur 119


4.1. Traitement de l’attachement de type insécure-évitant 119
4.2. Traitement de l’attachement insécure-ambivalent 121
4.3. Traitement de l’attachement de type
non résolu/désorganisé/désorienté 122
5. Conclusion 127

Chapitre 4 La réponse d’orientation : réduire le champ


de conscience 129
1. L’orientation externe et interne 131
2. Le champ de conscience 132
3. Le réflexe d’orientation 134
4. L’orientation descendante 137
5. L’orientation exploratoire 138
6. L’orientation et l’attention 139
7. L’impact des croyances sur l’orientation et l’attention 141
8. Étapes de la réponse d’orientation 143
9. Tendances d’orientation, attention et traumas non résolus 150

Chapitre 5 Sous-systèmes défensifs : réponses


de mobilisation et d’immobilisation 157
1. Réactivation des réponses défensives 158
2. Les réponses défensives et leurs composantes 161
2.1. Les stratégies défensives relationnelles :
engagement social et attachement 163
2.2. Les défenses de mobilisation 164
2.3. Les réponses d’immobilisation 167
Réponses de figement de types 1 et 2 168
La feinte de la mort : « la soumission ultime » 170
Les comportements de soumission 171
3. Trauma et sous-systèmes d’immobilisation 172
4. Différentes étapes des réponses défensives 174
5. Les réponses défensives incomplètes
ou inefficaces 182
6. Conclusion 184

491
Le Trauma et le Corps

Chapitre 6 Adaptation : systèmes d’action,


tendances à l’action et leurs rôles 187
1. Les huit systèmes d’action 190
1.1. Le système d’action défensif 191
1.2. Le système d’action d’attachement 192
1.3. Le système d’action exploratoire 194
1.4. Le système d’action de régulation énergétique 196
1.5. Le système d’action du caregiving 197
1.6. Le système d’action de sociabilisation 198
1.7. Le système d’action ludique 200
1.8. Le système d’action sexuel 202
2. Interactions hiérarchiques entre systèmes d’action 205
3. L’hyper-activation du système d’action défensif 209
4. Les systèmes d’action et les tendances 210
5. La prédiction du résultat 212
6. Les systèmes d’action, les tendances à l’action et le corps 214
7. Tendances à l’action et leurs niveaux 217
8. Les systèmes d’action et la dissociation 220
9. Conclusion 225

Chapitre 7 Le trauma psychologique et le cerveau :


vers un modèle de traitement neurobiologique 227
1. Trauma, niveaux de traitement de l’information,
et le cerveau triunique 228
2. Le thalamus 229
3. Trauma et latéralisation 231
4. Correspondances de l’ESPT au niveau neuronal 236
4.1. L’amygdale 236
4.2. Le cortex préfrontal médian 238
4.3. Le gyrus cingulaire antérieur 239
4.4. L’hippocampe 241
4.5. L’insula 242
4.6. Le cortex orbitofrontal 244
5. L’émotion et l’importance des processus sous-corticaux 246
6. La réponse hétérogène aux rappels traumatiques 247
7. L’hétérogénéité de réponse : une vignette clinique 250
8. Conclusion 253

492
Table des matières

PARTIE II
Traitement 255

Chapitre 8 Principes de traitement :


mise en pratique des principes théoriques 257
1. Interventions descendantes et ascendantes 258
2. Le moment présent 260
2.1. Engager l’exploration : pleine conscience
de l’organisation de l’expérience du moment présent 261
3. L’engagement social : construire une relation thérapeutique
collaborative 263
3.1. Engagement du système ludique 266
4. Changer les tendances d’orientation 269
5. Une brève introduction au transfert et au contre-transfert
somatique 272
6. Corps et capacité intégrative 279
7. Le traitement par phases 282
7.1. Utilisation du corps dans les trois phases de traitement 284
8. Conclusion 286

Chapitre 9 L’organisation de l’expérience :


ressources pour le travail corporel
dans le moment présent 287
1. Pister les sensations et le ressenti corporel 288
2. Les prises de contact 290
3. La pleine conscience 293
4. Les expérimentations et l’exploration 296
5. Unir les capacités 300
5.1. Intégrer les ressources 301
5.2. Différencier les fondements de l’expérience présente 301
5.3. Lier les éléments fondateurs 302
6. Interventions tactiles au sein
de la pratique psychothérapeutique 303
7. Conclusion 308

493
Le Trauma et le Corps

Chapitre 10 Phase 1 du traitement : développer


des ressources somatiques stabilisatrices 311
1. Les ressources somatiques 313
2. Créer la sécurité requise pour l’exploration 317
3. Les expériences de compétence et de plaisir 318
4. Expérimentations constructrices pour les ressources somatiques 319
5. Le thérapeute comme un régulateur interactif psychobiologique 322
6. Bien travailler avec l’hypo et l’hyper-activation 324
7. Les techniques d’oscillation 326
8. La conscience intéroceptive : une sensation corporelle 326
8.1. Identifier et verbaliser les sensations corporelles 327
8.2. Différencier les sensations corporelles des émotions
et des cognitions 329
8.3. Amplifier la sensation 330
9. La carte somatique 330
9.1. L’autorégulation et la régulation interactive :
le tronc corporel et la périphérie corporelle 331
9.2. Les ressources autorégulatrices au niveau du nucléus 334
9.3. Les ressources périphériques pour la régulation interactive 337
9.4. Utiliser le nucléus et la périphérie 341
Changer les tendances d’orientation 341
Le contenant corporel 342
L’auto-apaisement 343
10. Développer les capacités intégratives supérieures 344
11. Utiliser les ressources somatiques 346
12. Conclusion 347

Chapitre 11 Phase 2 du traitement :


traiter les mémoires traumatiques
et restaurer les actes de triomphe 349
1. Les mémoires traumatiques 351
1.1. Modification de la mémoire procédurale 354
1.2. Spéculation concernant les mémoires et le cerveau 355
2. Concepts fondamentaux pour le travail sur les mémoires 356
2.1. Maintien de l’engagement social et activation optimale 359
2.2. Limiter la quantité d’information 360
2.3. Intervention à la limite de la fenêtre de tolérance 361

494
Table des matières

3. Travailler les ressources 362


3.1. Identifier les ressources péritraumatiques 362
3.2. Installation de nouvelles ressources
au sein du travail sur une mémoire traumatique 366
4. Les actes de triomphe : défenses de mobilisation 367
4.1. Exécution d’actes de triomphe délibérés 369
Distinction des émotions traumatiques
par rapport aux sensations 371
Identifier les actions inachevées supplémentaires 372
L’histoire : une fin en vue d’un moyen 373
4.2. Exécution des actes de triomphe « involontaires » :
séquencement sensorimoteur 374
Séquencement sensorimoteur et défenses de mobilisation 376
Séquencement sensorimoteur et réponses d’orientation 378
Indices d’activation : orientation et réponses défensives 379
Émergence spontanée de réponses 380
4.3. Intervention sur l’hyper-activation et l’hypo-activation 381
5. Traitement cognitif et émotionnel 384
6. Conclusion 390

Chapitre 12 Phase 3 du traitement : intégration


et succès dans la vie quotidienne 393
1. Construction de sens : modifier les déformations cognitives 395
2. La relation dynamique entre le noyau et la périphérie 397
2.1. Évaluation des actions inachevées
au niveau du noyau et de la périphérie 402
3. Actions au cours de la phase 3 du traitement 403
3.1. Favoriser l’intégration de l’action pour favoriser
la capacité en matière d’intimité 404
3.2. Défis appropriés : actions graduelles 406
3.3. Exploration des nouvelles actions et affrontement
des défis dans la vie quotidienne 408
3.4. Mouvement des bras en pleine conscience :
perspectives de changement 412
3.5. Capacité à mentaliser : actions en accordage
dans le contexte relationnel 414
4. Intimité et limites : un équilibre sur un fil de rasoir 416
4.1. Enseigner des actions au niveau
des limites adaptatives : rôle du thérapeute 421

495
Le Trauma et le Corps

5. Tendances à l’action réflexives


et sociabilité 422
6. Plaisir et tolérance aux affects positifs 425
6.1. Plaisir et systèmes d’action 427
6.2. Le plaisir afférent à l’achèvement des actions 429
6.3. Interventions liées au plaisir 429
7. Conclusion : Intégration d’un nouveau sens de soi 433
8. Épilogue : de la tragédie au triomphe 434

Bibliographie 437
Les auteurs 464
Index des sujets 465
Index des auteurs 481
Un travail pionnier dans
l’approche sensorimotrice

N ous connaissons bien les implications pro-


fondes de l’expérience traumatique sur les
réactions sensorimotrices – les images intrusi-
Pat OGDEN, Ph.D.
est la fondatrice et directrice du
ves, sons, odeurs, sensations corporelles, ten-
Sensorimotor Psychotherapy Institute.
sions, douleurs physiques et engourdissements –
Elle exerce au sein de son cabinet privé,
ainsi que la nécessité d’une approche holistique consulte et enseigne la psychothérapie
centrée sur le corps. Toutefois, les prises en char- sensorimotrice dans le monde entier.
ge thérapeutiques conventionnelles excluent
encore souvent la dimension corporelle, portées Kekuni MINTON, Ph.D.
par la conviction que le changement ne s’opère est co-fondateur du Sensorimotor
qu’à travers l’expression narrative. Psychotherapy Institute où il exerce comme
formateur depuis 1993. Il accompagne égale-
Pour la première fois dans la littérature, cet
ment des patients au sein de son cabinet à
ouvrage adopte une approche holistique propo- Boulder et Salida dans l’état du Colorado.
sant un modèle de prise en charge à la fois com-
plet et cohérent. Intégrant les théories et tech- Dr Clare PAIN
niques traditionnelles de la thérapie narrative à est Assistant Professor au sein du dépar-
la psychothérapie corporelle, Pat Ogden et ses tement de psychiatrie de l’Université de
collègues présentent une avancée spectaculaire Toronto et de l’Université de Western
dans le traitement du trauma et expliquent com- Ontario. Elle est également Clinical
ment utiliser concrètement les mouvements et Director au sein de l’unité de psychologie
les sensations de son corps pour aider à guérir les traumatique à Mount Sinaï Hospital.
blessures du trauma.
Pratique, Le trauma et le corps propose un trai- Julien BONNEL
tement en trois phases : développer les ressour- est psychologue clinicien et thérapeute

COUVERTURE : AXION FISZMAN & PARTNERS


ces somatiques de stabilisation ; traiter les EMDR certifié. Exerçant à Cannes, il pra-
mémoires traumatiques ; maîtriser l’intégration tique la thérapie systémique, la Somatic
Experiencing ainsi que la thérapie
somatique. Il dispense nombre de stratégies per-
d'écoute et de soutien. Il est spécialisé
mettant d’aider les patients à prendre conscien-
dans l’accompagnement de personnes
ce de leur ressenti corporel, pister leurs sensa- confrontées à des psychotraumatismes.
tions et graduellement mettre en place des
actions physiques fortifiantes.

Avec la collaboration de l'IETSP


Institut Européen de Thérapies Somato-Psychiques

OGDENP
ISBN 978-2-8041-9086-6
ISSN 1780-9517 www.deboecksuperieur.com

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