Cb1 Janvier Proposition Corrige Crpe 2023 PDF

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FORMULE ENTRAINEMENTS BLANCS

CRPE 2023
FRANÇAIS
PROPOSITION DE CORRIGE
MOIS DE JANVIER

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FRANÇAIS CRPE 2023
PROPOSITION CORRIGE
MOIS DE JANVIER

I – ETUDE DE LA LANGUE (7 points)

1. Donnez la nature des mots ou groupes de mots suivants : (2 points :


0,25 pour chaque nature)

qui : pronom relatif (a pour antécédents « la vivacité » et « la grâce »).


quand : conjonction de subordination (marque le temps).
du : article défini contracté (composé de la préposition « de » et de l’article défini
masculin « le »).
près de : locution prépositive.
bien : adverbe d’intensité.
violette : adjectif qualificatif.
quelque : déterminant indéfini.
que : pronom interrogatif.

Ne pas confondre :
« du », article défini contracté avec « du » article partitif qui peut se remplacer par
« un peu de » et se trouve obligatoirement dans une construction directe.
Ex. : Je mange du chocolat. (article partitif) « du chocolat » est COD
Il a du courage. (article partitif) « du courage » est COD.

Les différentes natures de « que »


1) Pronom relatif : L’homme que tu vois est mon frère.
2) Conjonction de subordination : Je pense que tu vas réussir.
3) Pronom interrogatif : Que manges –tu ce soir (=quelle chose ?)
4) Adverbe exclamatif : Que tu es énervé ! (= comme, combien)
Enfin dans des tournures anciennes (rares)
5) Que ne le disais-tu ? (adverbe interrogatif) (= pourquoi)

2. Donnez le mode et le temps des verbes conjugués dans des modes


personnels dans le paragraphe des lignes 14 à 16. Précisez leur valeur. (2
points : 1 point pour l’identification des verbes et de leur mode/temps, 1
point pour les valeurs)

se retourna Indicatif Actions ponctuelles (de premier plan) dans un


(il) oublia (2x) Passé simple récit au passé

(il) venait Indicatif Marque l’arrière-plan et la continuité d’une action


Imparfait

avait répété Indicatif Marque l’antériorité dans le passé par rapport à


Plus que parfait une action à l’imparfait

NB : les participes passés « frappé », « rempli », « étonné » n’ont pas été relevés car ils
sont employés comme adjectifs qualificatifs.

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NB : L’infinitif « faire » n’a pas été relevé car l’infinitif est un mode non personnel.

3. Donnez la nature des propositions dans la phrase suivante (2 points) :

a. Quoi, c’était là ce précepteur !


→ Proposition Principale
b. qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu
→ Proposition Subordonnée Relative
c. qui viendrait gronder et fouetter ses enfants
→ Proposition Subordonnée Relative, juxtaposée à la précédente

NB : « quoi » est ici un pronom interrogatif. Il n’est donc pas un mot subordonnant.
NB : « qu’ », élision de « que » peut appartenir à différentes classes grammaticales. Il
est ici pronom relatif car il reprend le nom « précepteur ». (C’était là ce précepteur. Elle
s’était figuré le précepteur comme un prêtre sale et mal vêtu)
NB : « proposition juxtaposée » n’est pas une indication de nature mais définit la relation
qu’entretiennent deux propositions (ici 2 propositions subordonnées relatives)

4. Justifiez l’orthographe des participes passés suivants (1 point) :

étonné de sa beauté : Il s’agit d’un participe passé employé comme adjectif qualificatif,
noyau du groupe adjectival « étonné de sa beauté » qui est ici apposé au pronom personnel
« il », masculin, singulier.

Les grosses larmes qui s’étaient arrêtées : le verbe pronominal « s’arrêter » est de sens
réfléchi, le pronom réfléchi « s’ », qui remplace « les grosses larmes » féminin pluriel, est
un COD antéposé. Il y a donc accord du participe passé avec ce COD.

II – LEXIQUE ET COMPREHENSION LEXICALE (4 points)

1. A partir des groupes nominaux suivants, trouvez un adjectif et un


adverbe, de la même famille en tenant compte du contexte de l’extrait
proposé. (1 point : 4x 0,25)

GN Adjectif Adverbe
la vivacité vif* vivement
la pitié pitoyable, piteux** pitoyablement, piteusement
la gaîté gai gaiement
la crainte craintif (ve) craintivement

* « vivace » existe mais n’a pas tout à fait le même sens.

** Ces deux adjectifs synonymes ont chacun deux sens opposés :


1. qui est enclin éprouver de la pitié.
2. qui fait pitié, qui suscite la compassion.
A noter qu’au fil du temps, le 2ème sens a pris le pas sur le 1er et que ces deux adjectifs
se sont en même temps colorés d’une connotation péjorative.

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2. Trouvez un antonyme pour chacun des noms de l’exercice précédent en
tenant compte du contexte. (1 point : 4x 0,25)

la vivacité → la langueur, l’indolence, la lenteur


la pitié → l’indifférence
la gaîté → la tristesse, la mélancolie
la crainte → la confiance, l’espoir

3. Expliquez en contexte les expressions suivantes (1,5 points : 3x 0,5) :

a. Madame de Rênal resta interdite.


Madame de Rênal est particulièrement étonnée de voir le jeune précepteur Julien
Sorel essuyer des larmes au moment de se présenter : elle ne s’attendait
absolument pas ni à ce qu’il soit précepteur, ni à ce qu’il soit si jeune, ni à ce qu’il
pleure. Sa surprise semble la priver de tout mouvement.

b. Les châteaux en Espagne de sa jeunesse.


Les « châteaux en Espagne » représentent tous les rêves les plus insensés que
peuvent avoir les adolescents ou les jeunes adultes, imaginant les situations, les
rencontres et les réussites les plus extraordinaires, parfois irréalisables.

c. à ce fatal précepteur
« fatal » signifie dans son sens courant « marqué par le destin, envoyé par le destin
pour entrainer le malheur ». Rien dans le texte ne laisse présager à ce moment-là
du récit que cette rencontre va entrainer les deux personnages dans une relation
funeste mais le narrateur omniscient laisse le lecteur imaginer un dénouement
inexorablement tragique pour ces deux « victimes de la fatalité ».

4. Donnez un synonyme et un antonyme du verbe « daigner » (ligne 38)


(0,5 point : 2x 0,25)
Synonyme : condescendre à
Antonyme : dédaigner

III. REFLEXION ET DEVELOPPEMENT (9 points)

A. CONSEILS METHODOLOGIQUES

Le travail attendu est une composition écrite qui analyse de façon organisée et
structurée une question posée.
Si une question est posée, c’est qu’elle donne lieu à débat. Il n’y a donc pas de
réponse définitive, ce qui, d’office, éliminerait la question mais ne croyez surtout pas que
l’on vous demande un avis personnel : donc, pas de « je » possible.

Repérez les mots-clés :


- « un personnage de roman » : thème du sujet.
- « doit-il » vous interroge sur une règle sans exception.
- « séduisant » : sens courant : plaisant, agréable.
- « pour susciter l’intérêt du lecteur » : le but de la séduction serait d’intéresser
le lecteur

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- Quels sont les moyens mis en œuvre pour atteindre ce but ?
➔ Problématique reformulée :
Le personnage de roman ne peut-il susciter l’intérêt du lecteur qu’en étant
séduisant ou d’autres traits de caractère sont-ils envisageables ?

Comment rédiger introduction et conclusion ?


L’introduction forme un seul paragraphe mais doit comporter :
- Une phrase d’amorce qui situe le sujet dans un contexte plus large.
- Une présentation succincte de l’œuvre et de son auteur : quand ? par qui ? quel
est le thème ?
- La formulation de la problématique.
- L’annonce du plan.
La conclusion ne forme qu’un seul paragraphe (court) et doit comporter un bilan de ce
qui a été « démontré » et une réponse à la problématique posée.

B. PRESENTATION GENERALE DU TEXTE :


Extrait du roman Le Rouge et le Noir de STENDLAL, écrit en 1830.
Thème : la rencontre amoureuse.
Types de textes : description/narration/dialogue.
Une scène de comédie : comme au théâtre :
- Deux personnages : Madame de Rênal et Julien Sorel.
- Un décor : la maison des de Rênal.
- Des costumes.
- Un dialogue.
- Des indications de mise en scène concernant déplacements, position dans
l’espace, vêtements, réactions des personnages (équivalant à des didascalies
au théâtre).
Enfin le lecteur en sait plus que les personnages car le narrateur est omniscient (ce qui
correspond au critère de double énonciation du théâtre).

C. ANALYSER LE FONCTIONNEMENT DU TEXTE

Les registres littéraires


a) Le comique qui nait du double quiproquo :
Madame de Rênal s’imagine « un prêtre sale et mal vêtu qui viendrait fouetter ses
enfants » alors que Julien ressemble à un enfant venant d’être grondé.
Julien s’attend à être reçu par une personne plus âgée et s’inquiète de la différence
de milieu social.
b) Le pathétique : la naïveté et la fragilité de Julien le rendent touchant, au lecteur
comme à Madame de Rênal.
c) Le lyrique dans l’exposition des sentiments et émotions des personnages.

Le jeu des points de vue


- Omniscient « avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle
était loin du regard des hommes ».
- Externe : « Julien se retourne vivement ».
- Mais essentiellement interne et croisée : Julien vu par Madame de Rênal
Madame de Rênal vue par Julien.
Ou interne simple :
« Julien n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi bien vêtue ».

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« Madame de Rênal regardait les grosses larmes ».
Procédés d’écriture
Phrases complexes et expansions épousent le rythme de la vie intérieure des personnages,
mimant la complexité de leurs émotions, leurs sentiments, leurs pensées.

D. INTERPRETER LE TEXTE
La dichotomie annoncée par le titre avec opposition du Rouge – couleur associée aux
passions amoureuses - et le Noir – sombre et funeste - se retrouve dans l’âge, le caractère
et la classe sociale des deux personnages de cet extrait que tout semble opposer mais que
la passion va à la fois sublimer et détruire.

E. PROPOSITION DE PLAN :

Il n’existe pas de plan-type et l’exemple de rédaction proposé est une illustration et non
un modèle à copier.

La première partie demande que vous vous intéressiez à la manière dont l’auteur met en
scène la séduction dans l’extrait proposé. Il va donc falloir commencer par les ressources
langagières utilisées par l’auteur.
Gardez à l’esprit l’intérêt de cette question : le romancier a donc un rôle à jouer dans
la part de séduction qu’il confère à ses personnages.

La problématique est une alternative interrogative : faut-il → pour que


On n’attend pas que vous formuliez une affirmation du type : oui / non mais que
vous interrogiez la thèse formulée, que vous la nuanciez, voire que vous la critiquiez.
Vous pouvez construire un plan en deux ou trois parties (en plus de la réponse à la
première). Cela dépend de ce que vous avez à démontrer.
Pensez que les différentes parties doivent être équilibrées, chacune d’elle comprenant
deux ou trois arguments.

Sous-parties Eléments du texte Autres références


Partie 1 : Comment l’auteur met en œuvre la séduction ?
A travers une scène de Un quiproquo sur l’identité de Julien
comédie
En utilisant différents Comique de situation, comportement
registres littéraires pathétique de Julien, lyrisme et
amplification dans l’émergence des
sentiments
Par le rythme et le Les personnages sont perçus par le
travail sur les points de lecteur à travers le prisme de
vue. l’autre.
Transition : Qu’est–ce que la séduction ? Comment rendre les personnages
séduisants ?
Partie 2 : Oui, le lecteur peut être attiré par des personnages séduisants.
Séduisant par leur Ce sont le teint blanc, les yeux doux La princesse de Clèves,
beauté physique de Julien qui touchent Mme de Madame de Lafayette.
Rênal. Le Portrait de Dorian Gray,
Oscar Wilde.

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Julien est frappé par la beauté de
Mme de Rênal. (teint éblouissant, air
doux)
Les effets Mme de Rênal remarque la propreté L’Amant, Marguerite Duras
vestimentaires et signes et la qualité des vêtements de Julien (l’homme élégant descendu
extérieurs divers quand celui-ci est touché par « un de la limousine qui fume
être aussi bien vêtu ». une cigarette anglaise).
Julien pensait ne pouvoir être aimé
qu’en uniforme.
Par leur beauté morale Julien en premier lieu inspire la pitié
Les Misérables, Victor Hugo.
par sa candeur et sa timidité. La Belle et la Bête, Jeanne-
Marie Leprince de
Beaumont.
Notre Dame de Paris, Victor
Hugo.
Par leur côté mystérieux Arsène Lupin, Maurice
voire dangereux Leblanc.
Carmen, Prosper Mérimée.
Harry Potter, J.K. Rowling.
Transition : La proximité et l’empathie favorisent également l’identification
Partie 3 : Mais des personnages a priori non séduisants peuvent intéresser les
lecteurs.
Les victimes des L’Atlantide, Pierre Benoit.
séducteurs
Les victimes de la La jeunesse et la naïveté, puis L’Assommoir, Emile Zola.
société l’ambition de Julien qui essaie de
trouver sa place dans un milieu dont
il ne connait pas tous les codes.
Les anti-héros Voyage au bout de la nuit,
Louis Ferdinand Céline.
Transition : Outre le caractère des personnages, la manière de le livrer au lecteur
est essentielle.
Partie 4 : Le rôle du romancier
Transformer des vies Julien fils de charpentier trop L’élégance du hérisson,
ordinaires en destins sensible porté par des ambitions et Muriel Barbery.
des sentiments qui le conduiront à
sa perte s’est construit une vie
romanesque que son milieu initial ne
pouvait laisser supposer.
La construction du Chanson douce, Leila
roman Slimani.
Le regard du romancier Don Quichotte, Cervantès.
sur ses personnages Notre Dame de Paris, Victor
Hugo.
Conclusion

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F. PROPOSITION D’ANALYSE REDIGEE

Ecrit par Stendhal en 1830, le Rouge et le Noir est non seulement un Introduction
roman d’amour mais également, comme le sous-titre le laisse présager, Situer l’auteur
une chronique des mœurs du dix-neuvième siècle. dans son contexte
L’extrait proposé, situé au début du livre premier, permet de historique, la place
découvrir la première rencontre de deux personnages essentiels : Julien de l’extrait dans
Sorel et Madame de Rênal. Cette rencontre, placée sous le signe d’une l’œuvre, la
séduction réciproque, laisse le lecteur sur sa faim et l’incite à continuer problématique et
sa lecture pour découvrir les liens qui vont se tisser entre eux. Pourquoi ? proposer le plan.
Un personnage doit-il être séduisant pour intéresser le lecteur ?
Après avoir montré comment l’auteur met en scène la séduction,
sera interrogée la notion même de personnage séduisant ainsi que le
possible attrait du lecteur pour d’autres traits de caractères, avant de
mettre en évidence l’importance de l’écriture du romancier dans la
perception que le lecteur peut avoir des personnages.
Sur le thème de la première rencontre, l’auteur propose une scène Partie 1 :
de comédie à dimension théâtrale : autour de deux personnages qui Comment
dialoguent, des indications sur leur allure physique, leurs déplacements, l’auteur met en
le décor et leurs pensées œuvrent dans le récit comme les didascalies scène la
dans le théâtre. Ici, en outre, la comédie se joue autour d’un double séduction des
quiproquo : Madame de Rênal se méprend sur l’identité de Julien qu’elle personnages.
imagine même être une jeune fille déguisée en homme, ainsi que sur son §1 : Au travers
âge. Julien, de son côté, s’attend à être reçu par une femme plus âgée d’une scène de
et s’inquiète, au vu de sa condition modeste, de l’impression qu’il va comédie
donner à son employeur bourgeois.
Pour conserver l’attention du lecteur, Stendhal va utiliser divers §2 : Utilisation de
registres littéraires, qui vont faire vivre la scène : d’abord un registre divers registres
comique quand Madame de Rênal imagine « un prêtre sale et mal vêtu littéraires
qui viendrait gronder et fouetter ses enfants », ainsi que dans la
narration de la rencontre avec Julien qui ressemble à un enfant devant
être consolé. Puis, le pathétique et le lyrique, exposent les émotions des
personnages : étonnement admiratif de Julien, compassion de Madame
de Rênal et discrète évocation d’un amour naissant.
La séduction de ces personnages est également mise en évidence §3 : Rythmes et
par l’utilisation de phrases complexes et d’expansions qui, par le rythme points de vues
créé, évoquent les émotions, les pensées et les sentiments de ces deux
protagonistes : « le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux
étaient si doux, que l’esprit un peu romantique de Madame de Rênal eut
d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée….. ». Le
narrateur, parfois omniscient, utilise le point de vue interne permettant
de saisir les pensées intimes des personnages.
Si l’auteur a su rendre ces deux personnages séduisants et inciter le Transition
lecteur à découvrir l’évolution de leurs sentiments, la notion même de
séduction interroge : quels en sont les ressorts ?
Ouvrir un roman, c’est d’abord avoir envie de s’évader de la réalité, Partie 2 : Oui, le
voire de la banalité. A travers la vie de certains personnages, le lecteur lecteur peut être
va pouvoir prendre ses distances avec sa propre vie et s’identifier avec attiré par des
tel ou tel héros. Certains personnages sont d’emblée séduisants parce

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que physiquement très beaux ou jugés comme tels, à l’instar de la personnages
princesse de Clèves dans le roman éponyme de Madame de Lafayette ou séduisants.
de Dorian Gray dans Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde pour qui §1 : La beauté
les ravages de l’âge sont les pires souffrances auxquelles l’homme puisse physique
être confronté. La suite, toutefois, montre souvent que la beauté ne
procure pas toujours le bonheur escompté.
Ces qualités physiques vont souvent de pair avec des vêtements
riches et soignés, parfois même des signes extérieurs de richesse qui
subjuguent. Si Mme de Rênal remarque la propreté et la qualité des §2 : les effets
vêtements de Julien quand celui-ci est touché par « un être aussi bien vestimentaires et
vêtu » ; si Julien pensait ne pouvoir être aimé qu’en uniforme, c’est signes divers
également le costume de tussor clair et les cigarettes anglaises de
« l’homme à la limousine » qui retient l’attention de la narratrice du
roman autobiographique de Marguerite Duras, L’Amant.
Mais d’autres personnages, parfois dépourvus de beauté, peuvent
tout aussi bien séduire le lecteur par leurs qualités morales positives ou
parce qu’ils sont acteurs d’actions extraordinaires. C’est le cas de Jean §3 : La beauté
Valjean, héros de Victor Hugo dans Les Misérables, qui aura un destin morale
hors du commun : de forçat évadé il deviendra un industriel et un maire
respectés. Nombreux sont les personnages qui sont dépourvus de beauté
mais néanmoins attachants et qui vont même souvent se sacrifier par
amour, à commencer par la bête dans La Belle et la Bête de Jeanne-Marie
Leprince de Beaumont ou le Quasimodo de Victor Hugo dans Notre Dame
de Paris.
Pour aller plus loin encore, si la beauté physique ou les qualités
morales permettent de séduire, certains lecteurs vont préférer d’autres
personnages plus mystérieux, voire plus inquiétants. Ainsi le personnage §4 : La séduction
de Raoul d’Andresy, dans Arsène Lupin est séduisant par son côté par le mystère ou
mystérieux et son goût du risque. Quant à la Carmen de Mérimée dans le machiavélisme
le roman éponyme, elle joue de ses charmes pour manipuler ses amants
et arriver à ses fins, ce qui finit tout de même par lui coûter la vie. Enfin,
entre le magique et le maléfique, le frontière est souvent ténue et
nombre de sorcières de la littérature de jeunesse, en particulier dans le
monde de Harry Potter, attirent indéniablement la sympathie.
Ces personnages particuliers peuvent pourtant paraitre au lecteur Transition
trop éloignés de leurs préoccupations, de leur époque ou de la réalité de
leur vie pour leur permettre l’identification mais un autre facteur joue
dans l’attachement aux personnages : le statut de victimes.
L’identification à des personnages a priori non séduisants peut Partie 3 : Mais
s’avérer plus aisée quand ils semblent plus proches de notre vie et de des personnages
nos préoccupations. Pour rester sur les personnages de Stendhal, a priori non
Madame de la Môle, qui porte hors mariage l’enfant de Julien Sorel et séduisants
Madame de Rênal qui, victime du séducteur trompe son mari touchent le peuvent
lecteur et suscitent une certaine empathie. C’est alors qu’il suit intéresser les
avidement les aventures de ces victimes mais son attention se porte sur lecteurs.
l’intrigue elle-même, sur les péripéties, sur la suite de malheurs des §1 : Les victimes
personnages qui en sont la cible. Comment vont-ils s’en sortir ? des séducteurs
Qui n’a pas été sensible aux malheurs de Gervaise dans §2 : Les victimes
L’Assommoir de Zola, cette petite blanchisseuse qui, toujours, fait les de la société

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mauvais choix ? Elle a trop de malchance, elle accepte tout, se marie
avec un ivrogne et passe à côté du bonheur en refusant les avances d’un
honnête forgeron ; elle agace tout en suscitant de la compassion. Le
lecteur ne peut s’empêcher de vouloir se substituer à son personnage
pour lui faire entendre raison.
Certains personnages, enfin, peuvent même être qualifiés d’anti- §3 : Les anti-
héros, tant ils semblent être, au premier abord, assez banals et peu héros
dignes d’un quelconque intérêt. Dans Voyage au bout de la nuit et Mort
à crédit, Ferdinand Bardamu, le double littéraire de Louis Ferdinand
Céline, en est l’exemple type, fascinant de banalité, paralysé devant
l’ennemi, en proie à la tristesse et l’ennui et surtout étonnant de naïveté.
Même son nom refuse de lui conférer un statut de héros puisqu’il signifie
littéralement « qui se meut avec son barda, son fardeau ». Il est
simplement entrainé malgré lui dans les péripéties de la vie et il transmet
de manière naïve et spontanée toutes ses émotions. En lui, chacun peut
se reconnaitre, sans toutefois l’admettre.
Le lecteur peut être intéressé par des personnages différents : Transition
physiquement ou moralement beaux, victimes ou même anti-héros. Tous
sont rendus séduisants, d’une manière ou d’une autre, par le travail
d’écriture du romancier.
Ainsi, dans L’élégance du hérisson de Muriel Barbery, le personnage Partie 4 : Le rôle
principal, Renée, est concierge d’un immeuble bourgeois. Sa vie semble du romancier
se résumer au service des riches et son univers se cantonne aux murs §1 : Transformer
de sa loge. Toutefois, en cachette, Renée dévore les livres et elle est donc des vies ordinaires
très cultivée. Au travers de ses contacts avec les habitants de l’immeuble, en destins
l’auteur tient le lecteur en haleine, jusqu’à la fin tragique de cette femme
en apparence si ordinaire. Le personnage de Renée est rendu séduisant
par l’écart entre les échanges qu’elle entretient avec les personnages qui
ignorent sa passion et ceux qui la connaissent.
Afin de faciliter l’identification à un héros qui séduit, c’est parfois §2 : La
l’agencement même du roman qui contribue à cette séduction. Qu’il soit construction du
écrit de manière chronologique, permettant de suivre et presque roman
partager les péripéties rencontrées par le personnage, ou in média res,
comme dans le roman Chanson douce de Leila Slimani qui plonge le
lecteur au cœur de l’horreur, l’invitant à comprendre comment le
personnage Louise a pu « endormir » la vigilance de ses employeurs, la
révélant touchante, imprévisible et fascinante. Ce personnage fait peur
mais elle envoûte le lecteur à l’instar du couple employeur et de leurs
enfants.
Le narrateur, grâce à l’ensemble des procédés narratifs déployés §3 : Le regard du
par l’auteur joue ainsi un rôle essentiel dans la perception que le lecteur romancier sur ses
aura de tel ou tel personnage. Parodiant les romans de chevaliers, personnages
Cervantès fait ainsi de Don Quichotte un anti-héros ridicule et naïf dont
chacun va pouvoir se moquer lorsqu’il prend des moulins à vent pour des
géants ou une simple servante pour sa dulcinée en danger. Quant à Victor
Hugo, il rend Quasimodo séduisant par la sincérité de son âme. C’est
donc bien l’auteur qui, par un jeu de focalisation et de construction du
récit, induit chez le lecteur une image séductrice de ses personnages.

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Etres de papier, les personnages de roman vont intéresser le lecteur Conclusion
peut-être par leur beauté, leur incarnation d’un idéal ou leur manière de
traverser la vie. La séduction est un moyen complexe, empreint de
subjectivité, variable en fonction de la personnalité du lecteur autant que
par les caractéristiques de l’écriture romanesque des auteurs.

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