Cours Étud. Sur Les Finances Publiques Rénovée en 2ème Année À La FSEG
Cours Étud. Sur Les Finances Publiques Rénovée en 2ème Année À La FSEG
Cours Étud. Sur Les Finances Publiques Rénovée en 2ème Année À La FSEG
N’Djaména
Plan du cours
Introduction générale
Chapitre préliminaire
1
Biblographie
1. Adam F., Ferrand O., Rioux R., Finances publiques, Presses de Sciences Po et
Dalloz, 2007
2. Barilari A. et Bouvier M., La nouvelle gouvernance financière de l’État, LGDJ, coll.
« systèmes » 2e éd., 2007
3. Lascombe M., Vandendriessche X., Finances publiques, Dalloz, 7e éd., 2009
4. Bouvier M., Esclassan M.-C., Lassale J.-P., Finances publiques, LGDJ, 9e éd., 2008
5. Orsoni G., « les finances publiques sont-elles encore les finances de l’État ? », in
Mélanges Paul Amselek, Bruylant, 2005
6. Catteau D., La LOLF et la modernisation de la gestion publique, Dalloz, coll.
« Nouvelle Bibliothèque de thèses », 2001
7. Bouvier M., Esclassan M.-C., Lassale J.-P., Manuel des Finances publiques, LGDJ,
coll. « systèmes » 13e éd., 2009
8. Kossi Djohongona, Fiscalité et Code des Investissements au Tchad, Thèse, Université
Paris II, 1990.
9. Duverger M., « Finances Publiques », P.U.F., 1971
10. Amselek (P.), « Sur le particularisme de la légalité budgétaire », Rev. adm., 1970, p.
653.
11. Cabannes (X.), « L’État, le Parlement et le consentement annuel à l’impôt », RFFP
2002, nº 77, p. 225.
12. Camby (J.-P.), « La Lolf et le Conseil constitutionnel », RFFP 2006, nº 94, p. 67 ; (sous
la dir.), La réforme du budget de l’État – La loi organique relative aux lois de finances,
LGDJ, coll. système, 2002, 395 pages.
13. Catteau (D.), La LOLF et la modernisation de la gestion publique. La performance,
fondement d’un droit public financier rénové, Thèse Lille 2005 ; « La révision
constitutionnelle issue du rapport Balladur : une occasion manquée pour les finances
publiques », RFFP 2008, nº 101, p. 183.
14. Cotteret (J.-M.), « Le pouvoir réglementaire en matière budgétaire », Rev. sc. législ.
fin. 1963, p. 372.
15. Damarey (S.), La loi organique relative aux lois de finances, Ellipses, coll. Mise au
point, 2004, 159 pages ; « Légalité administrative et légalité budgétaire », RFFP 2000
nº 70, p. 25 ;
16. Bouvier M., les finances locales LGDJ, 19e éd., 2020-2021
17. Crucis H.-M., « La sincérité des lois de finances, nouveau principe du droit
budgétaire », JCP, (SJEG), 12 juill. 2020, p. 1359
18. Catteau D., La LOLF et la modernisation de la gestion publique, Dalloz, coll. »Nouvelle
Bibliothèque des thèses », 2007
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Introduction
Les finances publiques sont définies comme une étude ou des sciences participant
aux finalités et modalités de gestion des fonds publics.
On peut opposer les finances classiques aux finances modernes.
Les finances classiques consistent à observer et analyser le caractère instrumental
des fonds publics qui consiste à couvrir les dépenses par les recettes (Gaston Jèse) et les
charges par les ressources.
A partir du milieu du 20ème Siècle, on passe aux finances publiques modernes
conceptualisées par des universitaires comme Maurice Duverger. Ce dernier considère que les
finances publiques modernes ont une fonction/un rôle directement interventionniste dans la
société et l’économie, comme l’illustrent les impôts dont la fonction n’est plus seulement de
couvrir les dépenses mais également d’agir directement sur l’économie.
De ce qui précède, l’on constate que les finances publiques deviennent une discipline
du droit public, et plus précisément du droit public financier. Classiquement, en droit, on scinde
les finances publiques en trois branches : le droit fiscal, le droit de la comptabilité publique et le
droit budgétaire.
Le droit fiscal s’intéresse à la question des ressources publiques, et plus
spécifiquement aux règles techniques de détermination et de perception des recettes fiscales
(impôts).
La comptabilité publique est l’ensemble des règles régissant l’encaissement et le
décaissement de l’argent public, la tenue des comptes publics, et, d’une façon générale, les
techniques de gestion publique.
Le droit budgétaire est l’ensemble des règles encadrant l’adoption et la mise en œuvre
du budget, c’est-à-dire l’acte de prévision et d’autorisation financière pour l’exercice à venir.
La frontière entre ces disciplines n’est, selon toute évidence, pas étanche. À cet égard,
les finances publiques sont véritablement une discipline charnière et carrefour.
Au demeurant, les finances de l’État et les finances sociales sont gouvernées par des règles
(chapitre I) et s’expriment dans des actes juridiques et financiers (chapitre II) respectant un
certain nombre de principes fondamentaux (chapitre III). Ces actes sont élaborés (chapitre IV)
et adoptés (chapitre V) pour être exécutés (chapitre VI) sous le contrôle d’organes spécialisés
(chapitre VII). Chacune de ces étapes fera l’objet d’un chapitre après que l’on ait, donné, à titre
préliminaire, les caractéristiques essentielles des finances de l’État. Enfin, si le temps nous le
permet, les règles propres aux collectivités territoriales seront examinées de manière
autonome.
Chapitre préliminaire
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On ne peut pas étudier les finances publiques sans examiner d’abord ce qui constitue leur
milieu naturel, au sens que donnent à ce mot les spécialistes des sciences de la nature ou
les sociologues.
En conséquence, il est plus que nécessaire d’avoir une idée sur le poids des dépenses et des
recettes publiques contemporaines, d’avoir une maîtrise sur l’environnement économique
national et international mais surtout sur les structures institutionnelles en charge de la gestion
des finances publiques notamment, le ministère des Finances et les administrations
économiques et financières.
Enfin, les ressources de l’État sont constituées des recettes fiscales et non fiscales.
Chaque année, le Parlement vote une loi de finances par laquelle il adopte le budget de l’État
pour l’exercice considéré. Cette loi exprime le pouvoir financier des parlementaires, c’est-à-dire
le pouvoir d’autoriser les dépenses et les recettes de l’État. En ce sens, la loi de finances
constitue une source normative essentielle.
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Mais plus largement, les lois de finances sont adoptées dans le cadre d’une procédure
budgétaire dont les principes sont actuellement précisés par la loi organique relative aux lois
de finances, dont l’un des apports essentiels est de rénover le pouvoir financier des
parlementaires.
L’élaboration du budget de l’État s’inscrit dans un dispositif normatif budgétaire qui, dans un
régime parlementaire, doit assurer le pouvoir financier des parlementaires.
L’impôt ne peut être levé sans le consentement des représentants de la nation. C’est ainsi, le
droit des finances publiques est rattaché à plusieurs sources qui sont :
Constitutionnelles ;
Communautaires ;
Des autres textes ;
De la jurisprudence.
Des dispositions précisées par voie organique au travers la loi organique relative aux lois de
finances, qui remplace au Tchad, l’ordonnance du 2 janvier 1959 portant loi organique relative
aux lois de finances.
Le droit positif reste laconique d’un strict point de vue constitutionnel (1), mais s’est enrichi par
l’apport des lois organiques (2).
1. La Constitution
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 inspire, au travers de trois
articles, la matière budgétaire. C’est ensuite avec la Restauration et la Monarchie de Juillet que
le droit budgétaire français se forge dans ses bases avec l’apparition des principes
budgétaires, principes présidant à l’élaboration du budget de l’État. Ainsi, la loi de finances
pour 1817 impose l’autorisation parlementaire des dépenses et pose le principe de spécialité
des crédits par ministère. Tandis que l’ordonnance du 14 septembre 1822 pose le principe
d’annualité dans le vote du budget et impose la non-contraction des recettes et des dépenses,
afin d’assurer la clarté de l’information à destination des parlementaires
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Le principe du consentement à l’impôt, conquête révolutionnaire, figure à l’article 14 de ce texte
qui précise que « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs
représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre
l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ».
La Déclaration exprime également la nécessité de l’impôt en son article 13 comme suit : « Pour
l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution
commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison
de leurs facultés ». Aux termes de cet article 13, on peut également dégager un principe de
répartition équitable de la contribution. Enfin, l’article 15 indique que la société a le droit de
demander compte à tout agent public de son administration.
Ces dispositions font toujours partie de notre droit positif en dépit de leur ancienneté. La
déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 fait, en effet, partie du bloc de
constitutionnalité. Très explicite, la Constitution du 4 octobre 1958 précise en son préambule
que « le peuple français proclame solennellement son attachement aux droits de l’homme et
aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789,
confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946 ».
Aux articles susvisés de la DDHC, il convient d’ajouter les dispositions spécifiques contenues
dans la Constitution actuelle du Tchad qui intéressent la matière financière, et qui s’entendent
notamment des règles relatives au vote de la loi de finances.
Cette Constitution réaffirme la compétence du Parlement pour adopter les lois de finances et
rappelle le principe du consentement à l’impôt, le Parlement étant compétent pour fixer
l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toute nature. Les lois de
finances déterminent d’après toujours notre loi fondamentale, les ressources et les charges de
l’État dans les conditions et sous les réserves prévues par une loi organique.
Alors que par le passé, le droit budgétaire était essentiellement législatif, voire simplement
règlementaire, la Constitution de 1958 innove en prévoyant que les principales règles
financières doivent trouver leur source dans une loi organique.
Désormais, le texte organique applicable est celui du 1er août 2001. Il remplace l’ordonnance
organique au titre des normes de référence utilisées par le Conseil constitutionnel pour
apprécier la conformité d’une loi de finances et plus largement des lois, au regard de la
Constitution.
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Sur le fondement de cette habilitation constitutionnelle, la loi organique relative aux lois de
finances constitue aujourd’hui la véritable « constitution financière de l’État ». Elle est
organisée autour de six titres dont les intitulés permettent dans une première approche de
saisir pleinement sa teneur :
Titre I : Des lois de finances ;
Titre II : Des ressources et des charges de l’État ;
Titre III : Du contenu et de la présentation des lois de finances ;
Titre IV : De l’examen et du vote des projets de loi de finances ;
Titre V : De l’information et du contrôle sur les finances publiques ;
Titre VI : De l’entrée en vigueur et application de la loi organique.
Il important de préciser qu’en raison des fortes implications de la loi organique au profit du
Gouvernement, du Parlement et des administrations, une mise en application progressive a été
déterminée.
Le Traité de la CEMAC impose aux États membres une discipline budgétaire en terme de
maîtrise des déficits publics et fixe deux cibles essentielles : contenir ce déficit à hauteur de 3
% du PIB et limiter l’endettement public à 60 % du PIB.
Bien évidemment, ces contraintes, imposées aux budgets publics, supposent que le budget de
l’État, lui-même, soit régulé en ces sens.
En dehors des normes constitutionnelles, le droit public financier trouve également sa source
dans des dispositions écrites plus classiques qu’il s’agisse des règlements des assemblées (1),
de la loi elle-même (2) ou des textes règlementaires (3).
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1. Les règlements des assemblées
Le règlement des assemblées ayant pour vocation de fixer les conditions de fonctionnement de
chacune des deux chambres et leurs règles de procédures, certaines dispositions relatives aux
débats financiers y sont contenues.
Pour l’AN, il s’agir de la 2ème partie du règlement qui traite spécifiquement de « la procédure
des discussions des LF et des LFSS » auxquelles s’ajoutent des dispositions sur la recevabilité
des amendements
Ces textes, qui ne font partie du « bloc de constitutionnalité » alors même que leur
constitutionnalité est certaine (contrôle de constitutionnalité obligatoire), ne font pour l’essentiel
que préciser des dispositions constitutionnelles et organiques.
2. La loi
Le domaine législatif, en matière financière, tel qu’il est précisé par la Constitution, confie au
Parlement le soin de consentir l’impôt et de voter les lois de finances. À ces dernières,
s’ajoutent les lois ordinaires portant sur les finances publiques ou encore des dispositions
fiscales qui peuvent prendre place au sein d’une loi ordinaire ou d’une loi de finances quand
bien même, elles n’ont pas en principe de portée normative.
En effet, s’il est possible de se prévaloir devant un juge de l’illégalité d’un acte à raison de la
méconnaissance d’un dispositif législatif, il n’en va pas de même pour les lois de finances.
Celles-ci comportent, en effet, une autorisation de percevoir l’impôt et de réaliser des
dépenses.
Le doyen Vedel l’exprime ainsi en soulignant que « si la légalité budgétaire ne peut être
invoquée par l’administration et les administrés dans leurs relations mutuelles, c’est parce que
le budget régit les rapports internes de l’administration mais il ne s’applique pas directement
aux rapports de l’administration et des particuliers. La régularité budgétaire est une affaire en
quelque sorte intérieure à la vie de l’administration. Ce qu’elle met en cause, c’est le respect
par l’administration des autorisations données par le Parlement » – Vedel Georges, Cours de
législation financière, Paris 1956-57, Les cours de droit, p. 136.
Par ailleurs, si les LF et les LFSS n’ont pas en principe de portée normative, (cf infra), elles
peuvent néanmoins contenir des dispositions permanentes et en particulier fiscales.
L’étendue du domaine de la loi varie selon les personnes morales en cause : pour l’État, le
législateur est compétent pour la détermination des ressources et des charges, la fixation des
règles financières et fiscales. On rappellera que les impôts des collectivités territoriales, en tant
qu’impositions de toute nature, relèvent du domaine de la loi. Dans le même esprit, c’est
encore la loi qui fixe les règles budgétaires applicables aux collectivités territoriales.
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L’exécution budgétaire de la loi de finances peut également conduire le Gouvernement à
adopter des décrets d’avance (qui lui permettent, en cas d’urgence, d’ouvrir des crédits
supplémentaires afin de financer des dépenses non prévues par le Parlement) et à adapter
l’autorisation budgétaire accordée par le Parlement au moyen de transferts, virements, reports
et autres annulations de crédits.
Ces règles comptables sont retracées dans le Règlement général sur la comptabilité publique
(RGCP) Précisons que ce décret, s’il a vocation à préciser les règles comptables applicables
aux finances de l’État et à ses établissements publics, concerne également les collectivités
locales et les établissements publics locaux.
Section 4 : La jurisprudence
1. La jurisprudence constitutionnelle
La matière budgétaire recouvre le budget de l’état pour une année donnée, ce budget est
rédigé dans un document unique dit « loi de finance initiale ». Cette loi détermine la nature le
montant et l’affectation des ressources ainsi que les charges de l’état. Les lois de financement
de la Sécurité sociale, nouvelle catégorie de loi instituée par la loi constitutionnelle, dans une
décision en date du 22 février 1996 en France, ont pour objet de déterminer les conditions
générales de l’équilibre financier de la Sécurité sociale et compte tenu de prévisions de
recettes, de fixer des objectifs de dépenses. Ces deux catégories de lois sont soumises au
contrôle de constitutionnalité du Conseil constitutionnel.
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2. La jurisprudence du CE ou jurisprudence administrative
Le droit administratif occupe en droit français une place bien spécifique. L’une des ses
particularités réside dans le fait que la plupart des règles applicables à l’Administration sont
d’origine jurisprudentielle. En effet, s’il est constant que tout juge crée régulièrement du droit du
fait que le droit écrit ne règle pas toutes les situations, tout n’étant pas prévisible à l’avance, ce
constat revêt une importance particulière en droit administratif en raison de l’absence de norme
équivalente au Code civil. Le juge administratif se fait donc souvent créateur de droit à
l’occasion des différents arrêts de principe qu’il édicte, arrêts que l’on oppose aux simples
jugements d’application du droit.
3. La jurisprudence financière
Créée en 1807, la Cour des comptes est aujourd’hui régie essentiellement par le Code des
juridictions financières. Elle exerce une double série de missions. En premier lieu, et c’est là
son activité purement juridictionnelle, elle est juge des comptes des comptables publics de
l’État et des autres personnes morales de droit public, soit en première instance, soit en appel
des jugements définitifs des chambres régionales des comptes. Cette activité essentiellement
comptable limite l’intérêt et l’importance de son intervention dans le cadre strict de l’exécution
du budget.
Par ailleurs, la Cour des comptes exerce une très importante activité non juridictionnelle. Dans
ce cadre, la cour assure un contrôle de la gestion de l’État telles qu’elle ressort des actes
émanant des ordonnateurs.
A cette occasion, elle peut déceler des irrégularités non plus comptables mais budgétaires. Elle
informe les administrations des irrégularités qu’elle décèle ainsi et profite de ces occasions
pour rappeler les règles essentielles du droit budgétaire dans des notes, des référés et
communications diverses.
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comprend notamment l’obligation de répondre aux demandes d’assistance formulées par le
Président et le rapporteur général de la commission chargée des finances de chaque
assemblée dans le cadre des missions de contrôle et d’évaluation ; la réalisation de toute
enquête réalisée par les commissions des deux chambres chargées des finances sur la
gestion des services ou organismes qu’elle contrôle ; surtout, la certification de la régularité, de
la sincérité et de la fidélité des comptes de l’État (cette certification est annexée au projet de loi
de règlement et accompagnée du compte rendu des vérifications opérées).
La Cour de discipline budgétaire et financière constitue la seconde juridiction financière
supérieure. Elle a pour vocation de sanctionner les éventuelles irrégularités commises par les
gestionnaires publics et particulièrement les violations du principe de séparation des
ordonnateurs et des comptables. Par voie de conséquence, son apport dans le domaine du
droit budgétaire reste extrêmement limité.
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