Combustible Fossile - Wikipédia
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Un combustible fossile est un combustible riche en carbone, par exemple un hydrocarbure, issu de la transformation lente de matière organique
enfouie dans le sol depuis plusieurs millions d'années, jusqu'à parfois 650 millions d'années[1]. Il s'agit du pétrole, du charbon, du lignite et du gaz
naturel. Parmi ces derniers, le méthane (CH4) présente le rapport H/C le plus élevé, alors que l'anthracite et certaines houilles sont composés de
carbone presque pur.
L'usage des combustibles fossiles est le principal responsable du changement climatique. Par ailleurs, ces sources d'énergie ne sont pas
renouvelables car elles demandent des millions d'années pour se constituer et elles sont utilisées beaucoup plus rapidement que le temps
nécessaire pour recréer des réserves. L'utilisation de combustibles fossiles a plus que doublé entre les années 1970 et 2019[2].
Classification
Les combustibles fossiles représentent 80,3 % des 617 950 PJ (pétajoules) d'énergie primaire consommée dans le monde en 2021[3].
Combustibles fossiles conventionnels
Les combustibles fossiles conventionnels représentent la majeure partie de la consommation d'énergies fossiles en 2021[3] :
pétrole : 29,5 % ;
charbon et lignite : 27,2 % ;
gaz naturel : 23,6 %.
Réserves
L'utilisation par l'humanité de quantités considérables de combustibles fossiles depuis la révolution industrielle est à l'origine d'un déséquilibre
important du cycle du carbone, qui provoque une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère terrestre. Celle-ci
est la principale cause du changement climatique.
Les réserves de combustibles fossiles de la planète se renouvellent bien plus lentement que leur vitesse de consommation actuelle, ce qui a laissé
présager leur épuisement au cours des prochaines décennies. Pour donner un ordre de grandeur de la vitesse d'utilisation des combustibles fossiles,
on considère que, au rythme actuel, l'humanité aura épuisé en moins de 200 ans les réserves accumulées pendant plusieurs centaines de millions
d'années (pour fixer les idées, on prendra 200 millions d'années, sachant que le Carbonifère dura environ 60 millions d'années [pourquoi ?]). On constate
ainsi que l'humanité épuise les réserves de combustibles fossiles environ un million de fois plus vite que ce que la nature a mis pour les constituer.
La théorie du pic pétrolier (ou de pic de Hubbert), popularisée au début des années 2000, prédisait la survenue sous quelques années du moment où
la production mondiale de pétrole plafonnerait et commencerait à décliner en raison d'un épuisement des ressources disponibles. Ces prédictions
ont cependant été rendues caduques à la suite de la crise économique de 2008, qui a entraîné un affaiblissement de la demande mondiale. L'entrée
en exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis et dans d'autres pays à partir de 2010 a quant à elle contribué à étendre les réserves exploitables,
repoussant d'autant la perspective d'un épuisement du pétrole. En 2014, l'Agence internationale de l'énergie prévoyait une hausse de 15 % de la
production mondiale de pétrole d'ici 2040, en fonction d'arbitrages opérés par les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)[4].
La part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial devrait passer de 82 % en 2014 à 75 % en 2040, au profit d'une progression des
énergies renouvelables[5].
En novembre 2019, la Banque européenne d'investissement (BEI) annonce la fin de ses financements de projets énergétiques en lien avec les
énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) à partir de 2022[6]. Cette annonce fait suite à d'autres engagements semblables comme celui du fonds
souverain norvégien[7],[8].
Fiscalité noire
En 2013, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie un premier inventaire de la « fiscalité noire », c'est-à-dire des
soutiens aux énergies fossiles accordés par les 34 pays membres de cette institution, de même qu'un inventaire des « effets des taux légaux des
taxes sur divers carburants et combustibles, lorsque ces taux sont exprimés par unité d'énergie ou par unité d'émission de dioxyde de carbone
(CO2) »[12]. Les conclusions de cette étude encouragent les États-membres de l'OCDE à accélérer le développement de leur fiscalité écologique
(« fiscalité verte »), notamment pour favoriser l'efficacité énergétique et la transition énergétique (afin de sortir de la dépendance aux énergies
fossiles en particulier) en développant les énergies « propres » et sûres, tout en diminuant la pollution. En France, Pascal Saint-Amans (directeur du
Centre de politique et d'administration fiscales), rappelant que la fiscalité relève de la souveraineté des États, a encouragé le Sénat à soutenir l'action
politique en faveur de l'écotaxe en France, lors d'une audition par la commission des finances du Sénat (20 février 2013)[13].
L'OCDE dénonce à cette occasion la persistance et l'importance de cette « fiscalité noire » et encourage à la supprimer. Les subventions à la
production et consommation d'énergies fossiles ont en effet représenté de 55 à 90 Md$ (de 41 à 67 Md€) par an de 2005 à 2011 pour les 34 États de
l'OCDE, les deux tiers de ces subventions ayant été touchés par l'industrie pétrolière, le tiers restant ayant été équitablement partagé entre l'industrie
du charbon et la filière du gaz naturel. L'OCDE note aussi une « distorsion inquiétante », de la fiscalité du gazole (carburant très polluant et affectant le
plus la santé en matière de mortalité), surfavorisé par une moindre taxation (−37 % par rapport à l'essence).
Le Danemark est félicité pour ses écotaxes. L'Allemagne est encouragée à poursuivre une réforme qui a déjà (en 2012) divisé par deux les soutiens à
la production de combustibles fossiles (2 Md€ en 2011, soit environ 0,1 % du PIB) tout en soutenant le développement du solaire et de l'éolien. La
France fait encore figure de mauvaise élève par de nombreuses exonérations (carburants de navires, taxis, pour certains usages agricoles, pour des
droits d'accise offerte aux producteurs de gaz naturel, l'industrie du raffinage, ainsi que par des exonérations de TVA pour les équipements de forage
en mer, des aides aux stations-service des régions isolées, des soutiens au gazole, etc.[13].
En 2013, l'OCDE liste une trentaine de subventions encourageant les énergies fossiles et polluantes, sur la base de données fournies par la France
(qui a omis la détaxation du kérosène utilisé par les vols intérieurs)[13].
En septembre 2015, l'OCDE publie son Inventaire des mesures de soutien pour les combustibles fossiles : le soutien public (affiché dans les budgets
nationaux) à la production et à la consommation de combustibles fossiles dans les pays de l'OCDE et les grandes économies émergentes y est
évalué à environ 160 à 200 milliards de dollars par an, ce qui entrave l'effort mondial de réduction des émissions et de lutter contre le changement
climatique. Près de 800 programmes de dépenses et d'allégements fiscaux ont été mis en œuvre dans les 34 pays de l'OCDE et six grandes
économies émergentes du G20 (Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Russie et Afrique du Sud), qui incitent encore à produire ou consommer des
combustibles fossiles, notamment en réduisant les prix pour les consommateurs ainsi que les coûts d'exploration et d'exploitation pour les
compagnies pétrolières et gazières. Au sein de l'OCDE, le montant de ces mesures a chuté d'un tiers en six ans (2008-2014) mais principalement
grâce aux efforts du Mexique et de l'Inde, et en ne décroissant que depuis 2013 dans les pays émergents[14]. La France continue à soutenir des
énergies fossiles en encourageant le Diesel, et en subventionnant certains outils de cogénération, le secteur agricole, les raffineries. Ce travail n'inclut
pas les subventions existantes dans les pays pétroliers hors OCDE, ni les soutiens transnationaux comme les crédits à l'export de charbon ; il ne
présente qu'une partie de la fiscalité noire dans le monde[14].
L'Agence internationale de l'énergie, avec une méthodologie différente et un champ plus large, évalue à 548 Mds $ (milliards de dollars américains) en
2013 les subventions à la consommation mondiale de combustibles fossiles, dont plus de la moitié pour les produits pétroliers ; c'est quatre fois le
montant de celles attribuées aux énergies renouvelables et plus de quatre fois supérieures aux investissements dans l'amélioration de l'efficacité
énergétique[15]. Les pays pétroliers (Moyen-Orient, Afrique du Nord) ne sont pas repris dans les statistiques de l'OCDE (ci-dessus), or ce sont ceux qui
subventionnent le plus le carbone fossile : Iran 84 Mds $, Arabie Saoudite 62 Mds $, Russie 47 Mds $, Venezuela 38 Mds $, Égypte 30 Mds $,
Indonésie 29 Mds $, etc. L'AIE note aussi que les deux pays les plus peuplés ont aussi des subventions importantes : Inde 47 Mds $ et Chine 21
Mds $[16].
Le président indonésien Joko Widodo, à peine intronisé en 2014, a d'emblée imposé une hausse de 30 % du prix de l'essence, afin de récupérer le
coût des subventions à l'énergie, estimé à plus de 20 milliards de dollars par an, pour dégager des marges suffisantes en vue de moderniser les
infrastructures et investir dans l'éducation[17].
En 2022, le secteur des énergies fossiles a bénéficié d'un total de 1 400 milliards de dollars d’argent public dans les pays du G20[18].
Impacts
Environnementaux
Les combustibles fossiles sont des énergies non renouvelables à l'échelle de l'humanité car leur reconstitution naturelle demanderait des millions
d'années[19]. Outre leur épuisement inéluctable, l'exploitation de ces combustibles est à l'origine de dégâts écologiques liés à leur extraction (celle
des sables bitumineux de l'Athabasca a été particulièrement médiatisée) et à leur utilisation : l'usage des énergies fossiles est le principal facteur du
changement climatique, par le biais des gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone massivement émis par leur combustion et le méthane
émis lors de l'extraction et du transport du gaz naturel.
Selon la revue Nature (janvier 2015), un tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles de gaz, et 80 % de celles de charbon devraient rester sous
terre de 2010 à 2050 pour que soit respecté l'objectif de seuil maximal de hausse des températures de 2 °C d'ici à 2100[20].
De nombreuses conférences sur le climat ont eu lieu depuis des décennies pour essayer de contenir le réchauffement climatique. La plus médiatisée
a été la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21). Malgré ces mises en garde répétées, le quasi-consensus
scientifique sur l'impact de l'exploitation des combustibles fossiles sur le climat, et les risques d'accident sur les plateformes en mer, les grandes
entreprises des secteurs pétrolier et gazier, profitant d'une certaine absence de réglementation internationale sur l'exploitation en mer des
hydrocarbures, poursuivent cette exploitation. Depuis 2004, elles organisent chaque année une conférence sur l'exploitation des hydrocarbures en
eaux profondes, appelée MCE Deepwater Development (MCEDD)[21]. La conférence de 2016 s'est tenue à Pau du 5 au 7 avril 2016, et avait pour
objectif de « réussir une baisse significative des coûts pour que l'industrie opérant en mer profonde puisse rester compétitive », France Nature
Environnement s'est opposée à la tenue de ce sommet des énergies qui ne paient pas leur « vrai prix » et dénonce une provocation des industriels
quelques mois après l'accord de Paris sur le climat[22].
Sanitaires
Le changement climatique induit par l'utilisation des combustibles fossiles comme source d'énergie a des conséquences négatives sur la santé
humaine[24].
La combustion de certains combustibles fossiles est également une source de polluants majeurs comme le dioxyde de soufre SO2 et les oxydes
d'azote NOx. Par ailleurs, la combustion du charbon par les centrales électriques conduit à l'émission de mercure[25].
Notes et références
28.
12. OCDE, L’OCDE préconise le rapprochement de la politique
énergétique, des finances publiques et des objectifs
d’environnement (http://www.oecd.org/ctp/oecdcallsforbettera
lignmentofenergypolicypublicfinancesandenvironmentalgoals.
htm) [archive], 28 janvier 2013 (consulté le 21 février 2013).
13. Stéphanie Senet, « L'OCDE appelle à réformer la fiscalité
écologique (https://web.archive.org/web/20130223174511/htt
p://www.journaldelenvironnement.net/article/l-ocde-appelle-a-r
eformer-la-fiscalite-ecologique,33227) », Journal de
l'environnement, 20 février 2013 (version du 23 février 2013 sur
Internet Archive).
20. Pierre Le Hir, « Pour limiter le réchauffement à 2 °C, combien
de pétrole, gaz et charbon en moins ? (https://www.lemonde.f
r/planete/article/2015/01/07/pour-limiter-le-rechauffement-a-
2-c-combien-de-petrole-gaz-et-charbon-en-moins_4550929_32
44.html) [archive] », Le Monde, 7 janvier 2015.
21. « MCE Deepwater Development
(https://mcedd.com/) [archive] », sur MCE Deepwater
Development (consulté le 12 août 2018).
22. « Sommet de Pau : l'obstination de l'industrie pétrolière doit
cesser (https://fne.asso.fr/communique-presse/sommet-de-p
au-l-obstination-de-l-industrie-petroliere-doit-cesser) [archive] »,
sur France Nature Environnement, 4 avril 2016.
23. (en) « Hypothetical number of global deaths from energy
production (https://ourworldindata.org/grapher/hypothetical-n
umber-of-deaths-from-energy-production) [archive] », sur
ourworldindata.org.
24. AFP, « La dépendance aux énergies fossiles a des
conséquences mortelles, alertent les scientifiques (https://w
ww.letemps.ch/sciences/dependance-aux-energies-fossiles-co
nsequences-mortelles-alertent-scientifiques) [archive] », Le
Temps, 26 octobre 2022.
25. Programme des Nations unies pour l'environnement, Rapport
GEO4 (Global Environment Outlook), 2007, 540 p. (lire en ligne (h
ttps://www.yumpu.com/fr/document/view/10342359/geo-4-report-full-
fr) [archive]), p. 256, encadré 6.27.
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
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Gaz naturel
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Liens externes