Introduction Alcools PDF
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Ces poèmes particulièrement complexes d’Alcools acceptent la ligne directrice d’une progressive et
difficile renaissance du poète, phénix vivifié au milieu des cendres de la solitude et de son passé amer. Cette
ligne directrice n’épuise pas leurs significations, mais elle permet de mieux appréhender un processus
d’écriture : les masques divers de la légende et le recours aux symboles multiples permettent à l’artiste de
dérouler la ronde de ses tourments et des obsessions, que seuls le feu de la création et l’ivresse de poésie
peuvent apaiser. Le poète évolue du lyrisme à une ambition plus universelle, devenir l’homme du Beau et du
Vrai.
Conclusion
-‐ Deux thèmes importants, le voyage et la diversité : excursion dans les souvenirs et à travers les lieux
(modernes ou légendaires) ; mélange du rêve et de la réalité, du monde contemporain et des légendes
les plus anciennes.
-‐ Lyrisme et « Art nouveau » : expression de ses sentiments à travers le spectacle des choses et des
images de la vie ; volonté de renouveler la poésie dans ses thèmes et ses procédés d’écriture.
-‐ Images essentielles : poésie = chant d’ivresse capable d’apaiser toutes les soifs du poète ; femme =
sirène ou sorcière, inspire amour douloureux générateur d’obsessions ; automne = saison symbolique
du poète, mais aussi du monde et de l’homme, définis comme précaires, incertains, mobiles.
-‐ L’image du poète : un être incertain, sollicité par l’angoisse d’un passé douloureux et par la fragilité
d’un présent mouvant ; un artiste inventeur et aventurier fasciné par le surgissement de la modernité.
À l’empoisonnement morbide de l’amour répond l’effusion onirique et imaginaire ( « Palais », « Chantre »,
« Crépuscule », « Annie », « La Maison des morts », « Clotilde ») et, dans le palais du rêve, vivants et morts
se prodiguent des serments éphémères, plus vrais que ceux du faux amour :
Les amoureux s’entr’aimaient […]
Les morts avaient choisi les vivantes
Et les vivants
Des mortes (« La Maison des morts »)
Mais la réalité de la mélancolie et du dédain contraint le poète à poursuivre plus loin son idéal :
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux (« Clotilde »)
c) Le poète et l’homme ne se définissent que par le voyage et l’errance
La fuite du temps, l’infidélité des êtres conduisent l’artiste à la recherche douloureuse de son identité et au
constat de la seule réalité des choses : l’errance (« Cortège », « Marizibil », « Le Voyageur », « Marie », « La
Blanche Neige », « Poème lu au mariage d’André Salmon », « L’Adieu »). En abandonnant à son ami Salmon
la réalisation de l’amour heureux, le poète dit un adieu définitif au rêve sentimental et n’accepte de renaître
que dans le feu et le sang de la Poésie :
La vie est variable aussi bien que l’Euripe (« Le Voyageur »)
Je sais que seuls le [le monde] renouvellent ceux qui sont fondés en poésie
(« Poème lu au mariage d’André Salmon »)
3) Genèse du recueil
Apollinaire avait pensé publier dès 1904 les poèmes composés à l’occasion du séjour en Rhénanie, et
ce sous le titre Le Vent du Rhin. Cependant, les poèmes travaillés par Apollinaire dans les années suivantes
s’inscrivent de plus en plus dans un modernisme qui l’incite à repenser ses publications. Il choisit parmi ses
poèmes les plus nouveaux, ne conserve pour la partie Rhénanes que neuf textes, et renonce à une simple
compilation chronologique au profit d’une alternance dont les lignes thématiques sont plus significatives. Il
pense d’abord intituler le recueil Eau de vie, mais en 1912, se décide pour Alcools.
C’est en 1912 également qu’il décide de supprimer toute ponctuation. Dans une lettre à Henri
Martineau, il s’en explique ainsi : « Le rythme même et la coupe des vers, voilà la véritable ponctuation et il
n’en est pas besoin d’une autre. »