Influence de L'intégration À L'entre
Influence de L'intégration À L'entre
Influence de L'intégration À L'entre
Fidae EL HASSOUNI
Doctorante à l’Université Ibn Tofail, Kénitra Maroc
[email protected]
RÉSUMÉ – Le présent travail, est basé sur une enquête de terrain auprès des coopératives
féminines au Maroc, se propose une étude empirique, dans deux villes différentes, à base
d’entretiens et de focus-groups. L’objectif étant, à premier abord, d’étudier l’impact du travail
coopératif, sur la situation socio-économique et surtout sur le rôle social de la femme rurale dans
son entourage. L’étude dans sa phase exploratoire ne présume pas être capable de résumer la
réalité des coopératives féminines au Maroc, mais elle nous permet néanmoins d’illustrer le
phénomène pour des femmes qui deviennent brusquement des « entrepreneures ». En effet, même
en présence du principe de gestion collective, la coopérative s’attribue la qualité d’entreprise et
attribue à ses adhérents la qualité d’entrepreneurs. Elle fait partie de ce qui est communément
appelée Economie Sociale et Solidaire (ESS).
La présente recherche exploratoire est basée sur une enquête qualitative afin d’observer et de
comprendre le sens que les femmes adhérentes donnent à leurs actes d’adhésion à la coopérative et
à leur vécu professionnel en travail coopératif.
Les idées et opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles
de l’OFE ou celles de ses partenaires. Aussi, les erreurs et lacunes subsistantes de même que les omissions
relèvent de la seule responsabilité des auteurs.
Introduction
Le rapport commence par définir l’objet de recherche et dresser un état des lieux de la
littérature qui lui est relatif, avant de spécifier pour le Maroc, l’évolution et les
caractéristiques du phénomène coopératif féminin. Ensuite, sera posée la question de
recherche issue de la littérature et des études antérieures consultées, les hypothèses de la
recherche et la méthodologie adoptée dans ce travail de recherche exploratoire.
Enfin, les résultats seront présentés après avoir été traitées par le logiciel de traitement des
données qualitatives (Atlas.ti).
526 Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique
Dans l’économie sociale, on trouve en plus des coopératives, les mutuelles, les associations et
les fondations. Ces organisations se distinguent des entreprises privées du moment où elles
permettent de réunir des personnes avant les capitaux. Leur objectif ultime n’est pas le profit
mais surtout servir le social. En comparaison aux entreprises publiques, ces organisations ont
plutôt un caractère privé. Alors que l’économie solidaire se rapproche de l’économie sociale
par le principe de justice et d’égalité.
Les principes de la coopérative s’inspirent de ceux de l’ESS. Apparues suite aux tensions face
au modèle révolutionnaire industriel du 19ème siècle, les coopératives ont commencé a
émergé en Grande Bretagne. Aujourd’hui, elles réunissent plus d’un milliard d’adhérents à
travers le monde et pourvoient du travail à plus de 100 millions de personnes.
L’ESS et principalement les coopératives, est présentée comme alternative face à la crise des
valeurs capitalistes suite aux différents crises internationales et également après la
propagation des industries polluantes. Les nations unies ont reconnu l’importance du model
coopératif et elles ont proclamé 2012 comme l’année des coopératives. Il faut savoir qu’en
Suisse par exemple, la majorité des producteurs de Champagne sont des coopératives et que la
majorité des postes d’emploi pourvus sont dans ce pays sont issus du secteur coopératif.
En Espagne, environ 80% de l’huile d’olive produite par des coopératives alors qu’en Italie,
environ 90% du Parmesan vient des coopératives.
1
Conseil Economique, Social et Environnemental, 2015, « L’Economie Sociale et Solidaire : un levier pour une
croissance inclusive », Consulté le 08/08/2018 sur http://www.cese.ma/Pages/Auto-saisines/AS-19-2015-
economie-sociale-et-solidaire.aspx
2
Numéro 6 de la Revue Marocaine des Coopératives (2017). Disponible en ligne sur :
http://www.odco.gov.ma/sites/default/files/remacoop6.pdf
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chez la jeune femme rurale marocaine
croissance équilibrée avec la participation des plus démunies (principalement la femme rurale
et les jeunes diplômés).
Source : Numéro 6 de la Revue Marocaine des Coopératives (2017), Page 115. Disponible en ligne sur :
http://www.odco.gov.ma/sites/default/files/remacoop6.pdf
3
Le programme d’une durée de 5 an vise le renforcement des capacités de 2000 coopératives nouvellement
créées (500 par an), ce qui permettra d’améliorer et de pérenniser les revenus d’environ 200000 bénéficiaires
directs et indirects (Voir http//www.odco.gov.ma/fr/content/programme-mourafaka).
528 Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique
En termes de nombre par région, c’est la région de Fès-Meknès qui vient en tête avec 1835
coopératives avec en moyenne 20 adhérentes par coopérative (Voir tableau 1). Au niveau de
l’échantillon de la présente étude, ce sont des coopératives d’agriculture et d’artisanat qui
étaient les plus représentées (Voir tableau 2).
Source : Numéro 6 de la Revue Marocaine des Coopératives (2017), Page 113. Disponible en ligne sur :
http://www.odco.gov.ma/sites/default/files/remacoop6.pdf
Le choix de la région pour mon étude exploratoire vise à comprendre les raisons et les
obstacles à la promotion de la place de la femme via le travail coopératif. Deux villes ont été
choisies pour mon étude qualitative à savoir Missour et Taounate qui appartiennent à la
région de Fès-Meknès.
Avant de contextualiser l’étude, il est jugé opportun de rappeler le cadre théorique sur lequel
je me suis basé pour définir la problématique et les hypothèses de la recherche.
Cependant, l’essentiel n’étant pas de créer les coopératives mais d’en assurer la pérennité.
Plusieurs problèmes inhérents au système de marché entravent l’expansion de ce genre
d’entrepreneuriat qui se veut plutôt à finalité sociale. Il s’agit des difficultés de
commercialisation des produits, de trouver des sources de financement à faible coût, d’assurer
la main d’œuvre qualifiée surtout en milieu rural. Ce constat nous rappelle Rosa Luxembourg
pour laquelle l’entreprise sociale se trouverait un jour obligée, dans une économie de marché,
de concurrencer celle classique et de chercher à vendre à un prix concurrentiel.
Si l’entrepreneur est considéré comme un bourgeois qui exploite le prolétariat dans la pensée
marxiste, c’est plutôt un héros des temps modernes chez les néolibéraux (Schmitt, C. et F.
Janssen, 2011), puisqu’il crée de la richesse et pourvoit de l’emploi aux autres. Dans la
réalité des pays en voie de développement comme le Maroc, la perception de l’entrepreneur
est marquée par plusieurs idées reçues ; l’entrepreneur est plutôt un homme, un héritier issu
de la bourgeoisie et qui dispose d’un capital social et d’un relationnel important. Ce postulat
confirme le caractère traditionnel et conservateur de ces sociétés qui ont été obligées, dans
leur majorité, de suivre le modèle libéral.
Influence de l’intégration à l’entrepreneuriat social sur la place et les représentations sociales
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chez la jeune femme rurale marocaine
Pour Fatema Mernissi (Mernissi, 1981), la femme surtout rurale a été longtemps exploitée
dans des petits métiers et qu’elle est restée longtemps privée du droit à l’ascension sociale à
cause d’une idéologie dominante. Dans le cadre de ce travail, je pose une problématique
centrale à deux hypothèses en relation à l’entrepreneuriat féminin dans le cadre des
coopératives au Maroc.
Méthodologie de la recherche
C’est en fait la technique de boule de neige qui m’a plus servi au niveau de la constitution de
mon échantillon. A l’aide des informateurs et du relationnel, j’ai accéder à des profils variés
de jeunes femmes rurales travaillant dans des secteurs différents et dans des lieux éparpillés
de la ville.
Au total, au niveau des deux villes, ont été approchées 32 participantes réparties entre
entretiens (18) et focus-groups (14) (Voir tableaux 4 et 5).
Certaines participantes appartenaient à la même coopérative. Au total, l’étude avait porté sur
une dizaine de coopératives œuvrant dans différents domaines avec une moyenne de 16
participantes par ville. En majorité, ces coopératives sont nouvellement créées (entre 2012 et
2016) avec une moyenne de 12 adhérentes par coopérative. Toutes ces créations ne résultaient
pas de transformation forcément d’une association en coopérative. Cependant, la majorité des
femmes de ces coopératives avait une expérience en travail associatif soit comme bénéficiaire
des services de l’association (cours de couture, d’analphabétisme, de pâtisserie, etc.) ou
comme actrice associative (formatrice, etc.).
Ces femmes interviewées dans le cadre de ce travail combinent à la fois, dans leur majorité
(2/3), entre travail manuel et travail de gestion de la coopérative. Elles se considèrent plutôt
de la classe moyenne. Malgré leurs conditions économiques défavorables (des revenus bien
au-dessous des salaires minimums), les interviewées avaient plutôt tendance à choisir le juste
milieu quand elles ont le choix entre s’identifier à la classe des riches ou à celles des pauvres.
Les participantes avaient un âge moyen de 28 ans avec un écart-type de 4 points. L’âge
minimal était de 23 ans et 32 ans comme âge maximal. Parmi ces participantes, 50% sont
célibataires (voir graphe n°1). Certaines présidentes de coopératives, et qui avaient un âge
supérieur à 30 ans, ont fait partie de l’échantillon en raison de l’importance de leur profil et
parce que la définition de la jeunesse aujourd’hui est loin de se limiter dans un intervalle
d’âge donné. Du moment où une majorité de celles qui ont participé à l’enquête dont l’âge
dépassait 30 ans étaient toujours célibataires, elles se considèrent toujours en âge de jeunesse.
Célibataire 50,0%
Mariée 43,8%
Divorcée 6,3%
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
Pour les interviewées mariées (en majorité sans enfants), l’accès au travail coopératif n’était
pas une affaire facile. Le soutien du mari, si rare, se limite à encourager l’idée d’accès à la
coopérative. Mais, son hégémonie s’exerce par exemple pour l’interdire de participer à des
activités en dehors de la ville ou du Douar.
Le contrôle de l’homme sur l’activité de la femme en milieu rural ne se limite pas aux
femmes mariées, les célibataires en plus des divorcées sont plus exposées au contrôle parental
et familial (frères, cousins, voisins, etc.).
Collège 28,1%
Primaire 25,0%
Supérieur 18,8%
Secondaire 15,6%
Sans 12,5%
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
Les femmes adhérentes aux coopératives concernées par l’étude étaient plus animées par des
motivations d’amélioration de leurs situations socioéconomiques et d’affirmation de soi à
travers le développement de leur savoir-faire et de leurs personnalités. La majorité estime que
son rôle dans la famille a positivement changé après son adhésion à la coopérative (Voir
Graphe 3). Cependant, pour une minorité d’entre elles, cela se fait au détriment du temps à
consacrer pour la famille.
positivement 21
aucun changement 8
négativement 3
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
68.8% des participantes n’avaient aucune source de revenue avant leur adhésion aux
coopératives alors que d’autres avaient un travail dans le cadre associatif comme encadrante
ou formatrices dans des associations de lutte contre l’analphabétisme. D’autres avaient plutôt
travaillé comme salariées dans des usines installées en d’autre villes. Les autres étaient sans
travail et s’occupaient principalement des tâches ménagères.
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chez la jeune femme rurale marocaine
Après les adhésions, 34% des interviewées estime que leurs revenus ne se sont pas améliorés.
Cela s’explique en partie, pour certaines coopératives, par le réinvestissement total des
revenus réalisés dans un objectif d’augmentation du capital investi.
Ces réinvestissements sont justifiés par le fait que la majorité des coopératives étudiées sont
toujours dans leurs premières années de démarrage.
Alors que celles qui commencent à avoir des revenus (21 femmes parmi les 32 interviewées),
espèrent toujours améliorer leur situation puisqu’elles ne perçoivent qu’un revenu mensuel
moyen de 40 dollars américain qui varie en fonction des ventes réalisées. Cependant, ce faible
revenu a permis à la majorité des adhérentes (23 femmes) de contribuer financièrement aux
budgets de leurs familles. Si pour ces jeunes femmes, le mari et les parents s’occupent en
général de l’alimentation et de l’hébergement, les dépenses sont plus orientées vers
l’habillement (pour 14 femmes) comme poste budgétaire principal suivi de celui de la santé et
de l’alimentation.
Néanmoins, une autre catégorie de femmes a constaté une dégradation de ses revenus
mensuels après l’adhésion à la coopérative. Il s’agit de femmes célibataires qui, avant leur
adhésion aux coopératives, disposaient d’un travail comme salariés dans des usines avec des
salaires qui avoisinent en moyenne le Salaire Minimum. Pour ces femmes, intégrer une
coopérative était plus animé par une recherche d’autonomie et de réalisation de soi.
Une participante de ce profil qui a toujours souffert d’une maladie de peau, a longtemps
souffert des stigmates de son entourage immédiat et a voulu s’affirmer dès son jeune âge en
son milieu d’enfance. En abandonnant son travail de salariée en ville, elle avait décidé de
rentrer à son Douar d’origine pour créer une coopérative de pâtisserie. Selon cette femme
célibataire :
« J’ai embauché une fille handicapée pour l’aider à sortir de sa solitude et se
confirmer en société à travers son travail… ».
Toutes les participantes étaient unanimes autour de l’idée que l’adhésion aux coopératives
était une bonne initiative malgré les difficultés inhérentes à la commercialisation, à la gestion
et à l’entourage immédiat, à la difficulté d’obtenir le certificat de l’Office National de sécurité
Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA). Si la famille en général est considérée comme
un soutien moral pour la majorité, les hommes en particulier ne sont considérés comme
obstacle que pour 12 des 32 femmes interviewées. Elles insistent sur leurs attitudes négatives
face au travail coopératif de la femme (considéré parfois comme une honte) principalement à
cause d’un manque de confiance en ses compétences. Pour certaines interviewées, les
hommes de la famille (mari, frère ainé, etc.) influencent le travail coopératif de la femme
rurale soit en l’interdisant ou, dans le cas échéant, en le sous-estimant. Si la moitié constate un
changement positif au niveau du respect de l’entourage, l’autre moitié ne sente aucun
changement à ce niveau.
534 Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique
Malgré tout, la majorité des femmes interviewées espèrent continuer en travail coopératif
même en présence d’une alternative de travail à salaire fixe dans des entreprises. Elles se
sentent plutôt utiles au travail coopératif. Pour elles, ce type de travail a l’avantage de la
proximité (qui facilité la négociation avec les hommes de la famille), de l’autonomie et des
possibilités d’ouverture sur l’extérieur.
Après retranscription des entretiens et des focus-groups, un code book a été élaboré abritant
les thématiques principales réparties selon des codes. Ensuite, les documents primaires (les
retranscriptions) téléchargés sur Atlas.ti ont étaient codés pour servir par la suite une analyse
des données (quantification, cooccurrence, etc.).
Du moment où les thématiques abordées aux entretiens sont reprises au niveau des focus-
groups, nous pouvons commencer par analyser toute la base de données sur Atlas.ti. Sont à
étudier à ce niveau les thématiques et les mots récurrents, les cooccurrences entre les codes.
Un croisement avec la ville ou avec une autre variable a été également possible.
Au total, à l’aide du logiciel de traitement des données qualitatives Atlas.ti, ont été attribués
(sur l’ensemble des retranscriptions réalisées) 138 codes et 432 citations à partir des
thématiques abordées en entretiens et focus-groups.
Les intervenantes avaient plus accès leurs discours sur l’intérêt d’une gestion collective de
leurs coopératives (voir Tableau n°6). Le deuxième code le plus récurrent renvoie à la
meilleure situation ressentie après avoir adhéré à la coopérative.
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
Influence de l’intégration à l’entrepreneuriat social sur la place et les représentations sociales
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chez la jeune femme rurale marocaine
Les jeunes femmes interviewées étaient conscientes que leur situation (plutôt sociale
qu’économique) s’est améliorée après l’adhésion à la coopérative, mais elles aspirent à un
climat professionnel meilleure, marqué par la collaboration et le sacrifice pour le bien
collectif. Les adhérentes n’ont pas nié l’importance des encouragements de leurs familles,
malgré quelques résistances qui émanent surtout des hommes (mari, frère ainé, etc.) du douar.
L’intérêt d’être adhérente est pour les jeunes femmes interviewées une occasion de sortir en
dehors de leur milieu cloisonné (pour assister à des formations, exposer des produits, etc.).
Alors que cette même raison constitue l’argument de certains hommes pour interdire à la
femme d’adhérer à une structure qui peut les encourager à sortir « seules » du douar.
Malgré que la situation sociale de la majeure partie des interviewées s’est améliorée après
l’adhésion, certains problèmes notamment sociaux persistent pour entraver la croissance et le
développement de la coopérative. Les discussions autour de la thématique de « la situation
socioéconomique des femmes après leur adhésion aux coopératives » étaient co-occurrentes
avec celles en rapport aux avantages de l’adhésion, mais également aux obstacles et
difficultés rencontrés (voir Graphe 4).
Ce code a été, une trentaine de fois, co-occurrent avec neuf autres codes.
Les neuf Codes :
FR (Formation reçue) -Oui {19-1}
FR-Savoirs sur la gestion {17-1}
KP (Capitaliste de soi-même _ Travail précaire)-Avantages coopératives (proximité,
autonomie, etc.) {4-1}
KP-Plus de stress {4-1}
PS (Effet psycho-social après l’adhésion à la coopérative)-Amélioration de la situation sociale
{9-1}
PS-Ouverture vers le monde extérieur {19-1}
PS-Réalisation de soi {3-1}
SE (Situation économique après adhésion à la coopérative)-Problème de commercialisation
{8-1}
SE-Problème du local {14-1}
536 Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
Les interviewées ayant estimé que leur situation s’est améliorée après leur adhésion à la
coopérative ont formulé 23 citations relatives au sujet. Elles considèrent que la coopérative,
proche de leur lieu d’habitation leur a permis d’accéder à un niveau d’autonomie tout en
continuant à prendre soins de leur famille, de bénéficier des formations, de s’ouverture vers
l’extérieur, de s’affirmer. Ces aspirations restent entravées par le problème de
commercialisation, du local sans oublier le stress et la fatigue physique et mental éprouvés
essentiellement par les gérantes des coopératives.
L’affirmation de soi prend le dessus sur la volonté de réaliser des bénéfices, alors que les
deux objectifs sont intimement liés si l’on veut garantir la pérennité de son entreprise.
Les femmes gérantes de coopératives étaient bien représentées dans notre échantillon (13
parmi les 32), et se sont souvent exprimées au sujet de leur rôle et leur engagement pour la
coopérative, en l’absence d’un engagement collectif des autres adhérentes souvent
analphabètes, même au détriment du temps à consacrer pour la famille.
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
Influence de l’intégration à l’entrepreneuriat social sur la place et les représentations sociales
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chez la jeune femme rurale marocaine
La perception des femmes non adhérentes : il faut qu’elles adhèrent. Certaines ont quitté après
leurs mariages, elles sont perçues comme dominées, inactives, non courageuses, manque de
confiance en soi, etc. Certaines d’entre elles préfèrent le gain sûr en travaillant comme
salariées dans des usines dans d’autres villes
538 Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
majorité a décidé de quitter la coopérative, on est resté juste cinq adhérents très
motivées, même si nos objectifs ne sont pas encore atteints… ».
Deux focus-groups ont été réalisés à raison d’un focus-group par ville. Une analyse des
thématiques par ordre de récurrence (voir Graphe n°9) a montré l’importance des discussions
autour des problèmes de gestion et des effets psychosociaux face aux obstacles rencontrés
principalement en phase de démarrage des coopératives.
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
Tableau n° 8 : Les trois premières thématiques les plus citées par ville
Thèmes / Ville Missour Taounate
PDG-Collectif 19 12
Ms-Après adhésion 15 8
ID-Moi-même 2 12
PNA-Il faut qu’elles 5 11
adhèrent
FR-Savoirs sur la 13 4
gestion
Source : Réalisé par nos soins à partir des données de l’enquête exploratoire
Les thématiques les plus récurrentes au niveau de Missour sont l’intérêt pour une gestion
collective des coopératives, la situation qui s’est améliorée après l’adhésion et le rôle des
540 Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique
formations reçus dans le cadre des activités d’organismes étatiques et non-étatiques qui
soutiennent l’entrepreneuriat social en général.
Alors qu’au niveau de Taounate, les thématiques les plus discutées étaient, en plus de
l’importance et des difficultés d’une gestion collective de la coopérative, « ID-Moi-
même » c’est-à-dire que l’idée d’adhérer à la coopérative était une décision personnelle et
« PNA-Il faut qu’elles adhèrent » qui signifie les perceptions des non adhérentes par rapport
aux adhérentes. Ces dernières estiment qu’il faut que toutes les jeunes filles adhèrent à ce
genre d’activité.
Conclusion
C’est une hypothèse validée avec certaines nuances. Il existe une différence entre le fait d’être
une gérante ou une simple adhérente. Alors que pour les deux catégories, l’impact sur le rôle
social de l’adhérente n’est pas tributaire de l’amélioration de sa situation économique. Le
terrain d’enquête nous permet de réaliser l’absence de corrélation entre l’amélioration de la
situation économique et celle de la situation sociale des adhérentes.
C’est une hypothèse non validée par ce que les motivations psycho-sociales priment sur les
motivations économiques (ces coopératives sont en phase de démarrage qui nécessitent un
réinvestissement de revenu) si objectivement la précarité peut être ressenti au niveau des
conditions de travail (travail non rémunérer, stress, manque de coopération...) du point d vue
subjectif (selon les interview), les motivations qui domine sont plutôt psychosociales (respect,
estime de soi...). C’est justement parce que la totalité des coopératives étudiées sont en phase
de démarrage (la plus ancienne de ces coopératives a été créée en 2012). La pression devrait
être plus grande au cours des autres phases qui suivront le démarrage. Une étude longitudinale
est donc nécessaire pour vérifier cette hypothèse tout au long d’un cycle de vie de la
coopérative.
Il y a une différence entre le fait d’être gérante et le fait d’être une simple adhérente qui
effectue les travaux manuels, l’amélioration de la situation après l’adhésion se calcule plus au
niveau économique pour les adhérentes et au niveau social pour les gérantes. C’est pourquoi,
l’amélioration de la situation sociale (du relationnel, du rôle social et du respect, etc.) n’est
pas toujours tributaire de l’amélioration de la situation économique.
La majorité des adhérentes ayant un niveau supérieur sont des gérantes des coopératives.
Selon le terrain de l’enquête, le niveau d’instruction est corrélé aux possibilités de développer
son relationnel et son capital social. C’est pourquoi, ce sont les gérantes qui ont plus de
chance à développer leur relationnel et à élargir le cercle de leurs connaissances (assister à des
formations, à des expositions, etc.).
Influence de l’intégration à l’entrepreneuriat social sur la place et les représentations sociales
541
chez la jeune femme rurale marocaine
Pour les adhérentes, qui disposent en général d’un niveau d’instruction bas, le niveau
économique s’améliore comparativement à leurs situations avant l’adhésion aux coopératives.
Ces adhérentes dépensent l’essentiel de leur revenu sur l’habillement et l’alimentation. Leur
contribution au budget de la famille leur permet également d’avoir un rôle plus actif.
L’amélioration de la situation sociale pour cette catégorie d’adhérentes est plus ressentie au
niveau de l’entourage immédiat (grâce à la proximité elles prennent soins de leur famille,
maris…). Les présidentes gérante à cause des tâches administratives et parfois manuelles ont
moins de temps pour leurs familles. La majorité d’entre elles ont un niveau d’instruction plus
élevé ce qui leurs permettent de développer leurs cercles de relationnel. Un réseau qui peut
s’étendre au contraire des autres adhérentes avec un niveau d’éducation bas.
Selon des coopératives qui échouent ; elles attribuent cela à la défaillance du relationnel qui
constitue une voie importante pour accéder à des opportunités de financement.
Selon certaines gérantes l’objectif c’est d’assurer la survie de leurs projets en réinvestissant
des revenus après avoir partagé des petites sommes entre les adhérentes.
Les femmes rurales peuvent améliorer leur situation socio-économique grâce au travail
coopératif. La place occupée au sein de la société joue un rôle important pour développer ou
non le capital culturel. La différence est que les adhérentes ayant un niveau d’instruction bas
ne peuvent que développer leur capital social au niveau de leur entourage immédiat, alors que
les gérantes à niveau d’instruction élevé peuvent le développer en dehors de cet entourage.
Bibliographie
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Gallimard, Paris.
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une analyse critique de l’entrepreneuriat », dans L. Taskin et M. de Nanteuil (dir.),
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184
10. Weber Max (1964) « L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme », Ed. Plon, Paris.
Webographie
11. Ahmed Fath Allah, 2011, « Eclairage sur le mouvement coopératif marocain »,
Numéro 6 de la Revue Marocaine des Coopératives, Page 11. Disponible en ligne sur :
http://www.odco.gov.ma/sites/default/files/remacoop1.pdf
542 Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique