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Église

néo-apostolique
Numéro hors-série Pensées
2022 directrices

Page Indications au sujet de la doctrine

3 Table des matières

5 La transmission du pouvoir et du mandat


ministériels aux femmes

3 Communication aux ministres


de l’Église néo-apostolique
Table des matières

1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1 Brève rétrospective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Définition du pouvoir et du mandat ministériels . . . . . . 7


2.1 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

3 La ressemblance de l’homme à Dieu . . . . . . . . . . . . . . . 8


3.1 Le premier récit de la création (Genèse 1 : 1 – 2 : 4a) . . . . 9
3.2 Le second récit de la création (Genèse 2 : 4b-25) . . . . . . 10
3.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

4 L’homme et la femme sont à l’image de Dieu –


Déductions théologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
4.1 L’homme et la femme sont d’égale dignité . . . . . . . . . . . 13
4.2 Dieu révèle que l’homme est « à l’image de Dieu » . . . . . 13
4.3 L’homme et la femme sont investis de la même mission. . . 14
4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

5 Témoignages néotestamentaires sur la position


de la femme au sein de la communauté . . . . . . . . . . . 15
5.1 Les femmes dans les évangiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
5.2 L’activité des femmes dans les communautés chrétiennes
primitives – le témoignage des épîtres de Paul . . . . . . . . 16
5.3 Le refus de l’activité des femmes au sein des
communautés chrétiennes primitives – les positions
des épîtres pastorales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5.3.1 Le commandement imposé aux femmes de se taire . . . . 17
5.3.2 Ève fait-elle entrer le péché dans le monde ? . . . . . . . . . . 19
5.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

6 L’élection des douze apôtres par Jésus . . . . . . . . . . . 20


6.1 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

7 La femme au sein de la communauté


néo-apostolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
7.1 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

8 Évaluation théologique des témoignages


néotestamentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
8.1 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

9 Conséquences doctrinales et pratiques . . . . . . . . . . . 25


9.1 L’appel au service et au ministère . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
9.2 Ordination des femmes et des hommes . . . . . . . . . . . . . 26
9.2.1 Bénédiction et sanctification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
9.2.2 Le pouvoir ministériel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

3|
Table des matières

9.2.3 Le mandat ministériel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28


9.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

10 Remarques relatives à l’introduction de


l’ordination des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
10.1 L’élection au ministère spirituel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
10.2 Obligations liées au ministère spirituel . . . . . . . . . . . . . . . 29
10.3 Le parcours dans le ministère spirituel . . . . . . . . . . . . . . . 30

|4
Introduction

La transmission du pouvoir
et du mandat ministériels aux
femmes

1 Introduction
Les apôtres sont les « dispensateurs des mystères de Dieu »
(I Corinthiens 4 : 1) ; en tant que tels, ils doivent veiller à la procla-
mation véritable de l’Évangile, à l’administration véritable des sacre-
ments et à la discipline au sein de l’Église (CÉNA 7.4.1). L’aposto-
lat, dirigé par l’apôtre-patriarche, doit s’interroger sur l’ordre actuel
dans les communautés et, par l’action du Saint-Esprit, parvenir à
des réponses solides et conformes à la Bible. C’est précisément
sur les thèmes pour lesquels il n’existe pas de réponse biblique
claire qu’il est nécessaire que l’apostolat parvienne à des décisions
solides avec l’aide du Saint-Esprit et de la raison. C’est la seule
façon de garantir que la vie de l’Église et des communautés se
structure et se développe conformément à notre époque.

La question de savoir si les hommes et les femmes sont dignes


d’égale manière de recevoir le pouvoir et le mandat ministériels
fait partie de celles qui appellent, pour l’avenir, une réponse et une
décision par l’apostolat. La question de l’ordination des femmes est
directement liée aux réflexions faites et aux décisions prises jusqu’à
présent au sujet de la définition de l’Église, des sacrements et du
ministère.

1.1 Brève rétrospective


Au cours de son mandat, l’apôtre-patriarche Fehr a donné de
multiples impulsions pour clarifier et affiner la doctrine de l’Église
néo-apostolique. Il a fait rédiger un ouvrage dans lequel la doc-
trine de l’Église néo-apostolique est présentée de manière contrai-
gnante. Le résultat de ces efforts est le Catéchisme, qui a été publié
en 2012, c’est-à-dire pendant le mandat de l’apôtre-patriarche Wil-
helm Leber. Dans le cadre de ce projet, une révision fondamen-
tale des dix articles de notre confession de foi a été effectuée en
2010 avec un commentaire, qui expose dans les grandes lignes
les positions doctrinales de notre Église. Le Catéchisme de l’Église

5|
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

néo-apostolique a ensuite développé la conception néo-aposto-


lique de l’Église, dans laquelle la distinction entre les Églises visibles
et imparfaites et l’Église invisible et parfaite de Jésus-Christ, unique,
joue un rôle déterminant. Le développement d’une définition de
l’Église et d’une doctrine des sacrements était une nouveauté dans
l’histoire de l’Église néo-apostolique.

Toutefois, une véritable doctrine du ministère n’a pas encore pu


être présentée dans le Catéchisme. Quelques aspects essen-
tiels d’une doctrine future du ministère ont néanmoins pu y être
évoqués, permettant ainsi d’ouvrir des pistes de réflexion. À titre
d’exemple, nous renvoyons aux explications relatives à l’article cinq
de la confession de foi, dans lequel une distinction est faite entre le
ministère et le service et où sont mentionnés des éléments essen-
tiels de l’ordination :

« L’être humain, dit encore l’article 5, est investi de son ministère par
la volonté divine et non pas sur une décision humaine. Cela s’ac-
complit par l’apostolat. Il y a un rapport immédiat entre le minis-
tère et l’apostolat. Là où l’apostolat est à l’œuvre, il existe aussi,
par conséquent, un ministère spirituel (cf. 7). Il existe par ailleurs,
dans l’Église de Christ, divers services en vue de la proclamation de
l’Évangile et du bien-être des fidèles, qui peuvent aussi être remplis
sans ordination. […] L’ordination dans un ministère spirituel com-
porte trois aspects : ‘le pouvoir, la bénédiction et la sanctification’.
C’est surtout pour les ministres sacerdotaux que l’élément de ‘pou-
voir’ a une importance décisive, car ils ont le pouvoir d’annoncer le
pardon des péchés par mission de l’apôtre et de consacrer la sainte
cène. Par les apôtres, les ministres sacerdotaux ont donc part à
la bonne administration des sacrements. La proclamation véritable
de la volonté salvifique universelle de Dieu se réalise aussi par le
‘pouvoir’ conféré par l’apostolat. Par la ‘bénédiction’, l’assurance de
l’accompagnement divin et de l’assistance du Saint-Esprit est don-
née, aussi bien pour l’exercice du ministère sacerdotal que diaconal.
La ‘sanctification’ indique que, par le ministère, Dieu lui-même veut
agir dans sa sainteté et son intangibilité. » (CÉNA 2.4.5).

La formulation d’une définition néo-apostolique du ministère a été


commencée dès 2014. En 2019 est paru l’article intitulé : « Défi-
nition néo-apostolique du ministère spirituel – Commentaire du
chapitre 7 du CÉNA », qui a été publié dans le numéro hors-série
2/2022 des « Pensées directrices ». Dans ces explications relatives
au ministère, le pouvoir et le mandat ministériels sont des notions
essentielles. Nous les aborderons brièvement ci-après.

|6
Définition du pouvoir et du mandat ministériels

1.2 Conclusion
L’apostolat – les apôtres en union avec l’apôtre-patriarche –
a pour mission de veiller à l’ordre actuel dans les commu-
nautés sous la direction du Saint-Esprit. La question de
savoir si les hommes et les femmes sont dignes d’égale
manière de recevoir le pouvoir et le mandat ministériels fait
partie de celles qui appellent, pour l’avenir, une réponse et
une décision par l’apostolat.

2 Définition du pouvoir et du mandat ministériels


Le Catéchisme souligne déjà que « l’élément de ‘pouvoir’ a une
importance décisive » (CÉNA 2.4.5). Le Catéchisme parle égale-
ment de mandat : « Le ministre exerce son ministère dans la limite
des pouvoirs qui lui sont conférés. À cette fin, son apôtre lui donne
un mandat correspondant à un champ d’activité précis. » (CÉNA
7.8). Dans l’article susmentionné relatif à la définition du ministère,
les points suivants sont abordés de manière contraignante, sur la
base d’une décision prise par l’assemblée des apôtres de district :

« Le ministère implique à la fois un pouvoir et un mandat. Le pouvoir


inhérent au ministère est de nature théologique, le mandat relève
du droit ecclésial.

■ Définition du pouvoir ministériel : Le pouvoir ministériel est


l’habilité, fondée sur Jésus-Christ, conférée dans la puis-
sance du Saint-Esprit par l’apôtre lors de l’ordination, à agir
et à parler au nom de la Trinité divine. Le pouvoir ministériel
est conféré par l’ordination. Il s’éteint lors de l’acceptation,
par l’apôtre, de la résignation du ministère, lors de la destitu-
tion de celui-ci ou à la mort du détenteur du ministère.
■ Définition du mandat ministériel : Le mandat confère au
ministre le droit et le devoir de remplir le service qu’implique
le pouvoir ministériel qui lui a été conféré dans un cadre géo-
graphiquement et temporellement déterminé. Le mandat
cesse à l’occasion d’un changement d’aire de compétence,
au moment de l’admission à la retraite, de l’acceptation, par
l’apôtre, de la résignation du ministère, de la destitution de
celui-ci ou de la mort du détenteur du ministère. »1

1 Pensées directrices, hors-série n° 2/2022 : Définition néo-apostolique du ministère spirituel,


Neu-Isenburg, 2022, p. 26.

7|
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

Le pouvoir ministériel se rapporte entre autres à l’administration des


sacrements, au droit d’ordonner et de proclamer la parole de Dieu.
Le mandat ministériel permet de définir le contexte dans lequel le
pouvoir ministériel doit être exercé – dans la communauté, dans le
district, dans l’Église territoriale. Il est donc approprié de considérer
le mandat ministériel comme une grandeur de droit ecclésial – et
donc pragmatique.

Ni le Catéchisme ni les explications ultérieures relatives à la défi-


nition du ministère ne mentionnent explicitement que le pouvoir et
le mandat ministériels ne peuvent être confiés qu’à des hommes.

2.1 Conclusion
Les écrits relatifs à la définition du ministère de notre Église
ne contiennent pas de justification théologique pour le fait
que seuls les hommes peuvent être ordonnés. La question
se pose donc de savoir si la limitation du ministère spirituel
à l’homme, qui est due à la tradition chrétienne universelle
depuis le deuxième siècle, est défendable au vu du témoi-
gnage biblique. Le problème soulevé ne peut pas être réso-
lu de manière appropriée par des références à l’égalité des
droits entre hommes et femmes dans la société, exprimée
dans les constitutions de nombreux États, mais par l’évalua-
tion théologique de l’évidence biblique. Dans ce contexte, le
discours biblique relatif à l’homme comme image de Dieu –
tel qu’il est présent dans les récits de la création – est d’une
importance décisive.

3 La ressemblance de l’homme à Dieu


Les deux récits vétérotestamentaires de la création, qui se trouvent
en Genèse 1 : 1 – 2 : 3 et Genèse 2 : 4 – 3, sont le principal fondement
théologique du discours relatif à l’homme en tant que créature à
l’image de Dieu.2 Tandis que le premier récit de la création semble plu-
tôt abstrait, le second possède un caractère narratif et imagé affirmé.

2 Pensées directrices, hors-série n° 2/2021 : « L’homme et la femme, à l’image de Dieu », Neu-


Isenburg, 2021, p. 4-12.

|8
La ressemblance de l’homme à Dieu

3.1 Le premier récit de la création (Genèse 1 : 1 – 2 : 4a)


La formulation, selon laquelle l’homme a été créé à l’image de Dieu
trouve son fondement dans le passage en Genèse 1 : 26-27. Par
ailleurs, il est question de la ressemblance de l’homme avec Dieu
en Genèse 5 : 1-2 et Genèse 9 : 6b.

Le premier récit de la création montre Dieu comme étant celui qui,


par sa simple parole, constitue et ordonne la réalité en six jours,
c’est-à-dire en six intervalles de temps. Dans la phase finale de
la création, au sixième jour, ce sont tout d’abord les animaux
terrestres qui sont créés (Genèse 1 : 24-25), après quoi Dieu se
consacre à la création de l’homme :

« Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre res-
semblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les
oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les rep-
tiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le
créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit,
et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et
assujettissez-la ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les
oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » (Genèse
1 : 26-28).

La création de l’homme se distingue de celle de toutes les autres


choses et créatures. Cela ressort du simple fait qu’il n’est pas
écrit, de façon neutre : « Qu’il y ait… », comme c’était le cas pour
les autres œuvres de la création, mais en quelque sorte sous
forme d’une adresse à soi-même de la Trinité divine : « Faisons
l’homme… ».3 L’adresse à soi-même de créer un homme est élargie
et renforcée par le fait que Dieu se place dans une relation directe
avec l’homme, car il doit être « à notre image », « selon notre res-
semblance ». Dieu se place ainsi dans une relation indissoluble avec
l’homme, et l’homme est placé dans une relation tout aussi indisso-
luble avec Dieu.

Dieu achève en Genèse 1 : 27 ce qu’il a prévu : il crée l’homme


« à son image », en tant qu’« unité plurielle de l’homme et de la
femme »4 (Stinglhammer). Le terme « homme » est utilisé en tant
que terme générique qui trouve sa concrétisation foncière dans
la spécification biologique « homme et femme ». Par conséquent,

3 « Dans la tradition dogmatique, cette phrase est interprétée comme une allusion à la nature
trinitaire de Dieu : les trois Personnes divines font œuvre de Créateur de manière égale. »
(L’homme et la femme, à l’image de Dieu. Pensées directrices, hors-série n° 2/2021, Neu-
Isenburg 2021, p. 5 sq.).
4 Stinglhammer, Hermann : Einführung in die Schöpfungstheologie (Introduction à la théologie de la
création), Darmstadt, 2011, p. 31. Dieu, qui est en lui-même trois Personnes et qui est donc un alter
ego éternel, représente également une unité plurielle.

9|
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

l’homme créé à l’image de Dieu est a priori et de manière substan-


tielle composé des deux sexes. « L’homme et la femme reflètent à
l’unisson la gloire de Dieu et poursuivent ensemble la création de
Dieu [...]. Seul Dieu est au-dessus de lui [l’homme]. Il se situe ainsi
au milieu, entre Dieu et le monde ».5 L’homme et la femme – c’est-
à-dire « l’être humain » – ont été créés d’égale manière à l’image
de Dieu : tous deux se trouvent dans une relation de dépendance
identique, savoir immédiate et inconditionnelle, avec Dieu. Par
conséquent, l’homme et la femme sont investis de la même mis-
sion de créer, savoir de « dominer » et de représenter Dieu dans la
création. En outre, l’unité plurielle renvoie au fait que l’homme ne
peut pas véritablement assumer son humanité, c’est-à-dire sa res-
semblance avec Dieu, s’il se confine dans un égocentrisme et une
isolation choisie. L’unité plurielle ne devient « concrète que dans le
dépassement du ‘Je’ vers le ‘Tu’. »6 Ainsi, l’homme et la femme, la
femme et l’homme sont faits l’un pour l’autre, puisque l’homme est
a priori disposé à la communion. Dieu bénit l’homme et la femme,
s’adresse à eux et les investit d’une mission : « Soyez féconds,
multipliez, remplissez la terre, et assujettissez-la. » L’homme a ainsi
reçu l’ordre de se reproduire, afin de pouvoir accomplir, dans le
déroulement de l’histoire, la mission de représenter Dieu dans la
création et « d’assujettir » la terre.

3.2 Le second récit de la création (Genèse 2 : 4b-25)


Tandis que le premier récit de la création considère le monde dans
son ensemble et divise sa genèse en six périodes, le second récit
de la création a la forme d’un récit comprenant des personnages
agissants, qui réagissent entre eux. Andreas Schüle, spécialiste de
l’Ancien Testament, souligne le fait que la présentation du premier
récit de la création, bien que celle-ci soit une présentation fermée
sur elle-même, est conçue pour avoir une « suite ». Cette « suite »
est représentée par le second récit de la création, bien que la date
de rédaction de celui-ci soit antérieure et qu’il s’inscrive dans une
autre tradition. Les deux récits ne sont donc pas simplement jux-
taposés, mais fondus en une nouvelle unité. « Le ‘récit d’Eden’ se
définit comme un commentaire, un approfondissement et aussi
une correction du récit de la création des êtres vivants de manière
générale et de l’homme en particulier. »7

Le passage en Genèse 2 : 7 relate que l’homme a été formé par


Dieu à partir de la terre. Tel un potier, Dieu crée un personnage à

5 Haag, Herbert : Art. Récit de la Création. Dans : Lexique biblique, 2e édition Einsiedeln/Fribourg/
Cologne, 1968., col. 1554.
6 Stinglhammer, Hermann : Einführung in die Schöpfungstheologie (Introduction à la théologie de
la création). Darmstadt 2011, p. 32.
7 Schüle, Andreas : Die Urgeschichte (Genèse 1–11), Zurich, 2009, p. 53 sq.

| 10
La ressemblance de l’homme à Dieu

partir de la poussière. La dénomination « Adam » désigne ici l’être


humain en général, sans le différencier sexuellement. Le terme
d’« Adam » (homme) fait référence à « Adamah », c’est-à-dire la
terre à partir de laquelle l’homme a été créé. On remarquera que le
terme de ressemblance divine, d’une importance cruciale pour la
création de l’homme en Genèse 1 : 27-28, est manquant. Il existe
néanmoins une action correspondante de Dieu à ce sujet, à savoir
le fait qu’il souffle sur l’homme pour lui donner le souffle de vie.
Le personnage que Dieu a créé à partir de la terre reçoit immé-
diatement le souffle de vie de sa part. Dieu se tourne de manière
aimable, voire intime vers l’homme, comme il ne le fait avec aucune
autre créature. Le « souffle de vie » que reçoit la terre ainsi façon-
née n’a pas seulement pour conséquence une vitalité physique,
comme celle qui est propre aux animaux, mais il crée en outre la
condition requise pour sa personnalité. Le souffle de vie est en
même temps le souffle divin, et fonde par conséquent le carac-
tère unique de l’homme au sein de la création. Ainsi, « même dans
le récit d’Eden, la création de l’homme est aussi (dé)placée dans
le contexte de la ressemblance divine. » La position particulière
de l’homme, sa mission d’agir en tant que « créature à l’image de
Dieu » au sein de la création, est ainsi également exprimée dans
le second récit de la création.8 L’homme devient un « être vivant »,
quelqu’un qui peut et doit façonner son environnement : « L’Éternel
Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Eden pour le culti-
ver et pour le garder » (Genèse 2 : 15). « Cultiver » et « garder »
sont des activités constructives qui sont attribuées à l’homme,
il existe ici un parallèle évident avec la « domination » décrite en
Genèse 1 : 26 sq.

Le passage en Genèse 2 : 18 exprime le fait que la vie humaine


doit toujours se réaliser en communauté : « Il n’est pas bon que
l’homme soit seul ». L’« aide » qui sera créée pour l’homme doit
répondre à cette exigence. En traduction littérale, le v. 18b dit ceci :
« comme son vis-à-vis ». Andreas Schüle met en évidence le fait
que le « vis-à-vis » qualifie pour ainsi dire l’« aide » : « L’homme doit
[…] avoir un vis-à-vis qui ne soit pas seulement ‘avec’ ou ‘auprès’
de lui, mais qui soit à son égal et dans la présence duquel Adam se
reconnaisse lui-même (un alter ego). »9

8 Cf. Ibid., p. 61.


9 Ibid., p. 69. En outre, dans ce contexte, A. Schüle souligne une similitude linguistique intéres-
sante entre les passages en Genèse 2 : 18b et en Genèse 1 : 26 : « Cela vaut la peine de noter
qu’en hébreu, la tournure ‘comme son vis-à-vis’ a une construction grammaticale similaire et
ressemble à l’expression ‘à son image’ utilisée en Genèse 1 : 26 ; dans les deux cas, il s’agit
d’une sorte particulière d’équivalence et de similitude, qui caractérisent les partenaires impli-
qués dans leur vis-à-vis. »

11 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

Le passage en Genèse 2 : 22-23 pose la question de savoir qui


correspond à l’homme, qui est son vis-à-vis conforme. Or, cet alter
ego n’est pas formé à partir de la terre, mais à partir de la chair
de l’homme déjà créé. La « côte » à partir de laquelle est créée la
femme est le symbole du fait que le corps de l’homme et celui de
son vis-à-vis sont de même nature. L’unité physique entre l’homme
et son vis-à-vis est soulignée : « Voici cette fois celle qui est os de
mes os et chair de ma chair ! on l’appellera femme, parce qu’elle
a été prise de l’homme. » Adam, l’homme, qui se passait de toute
spécification sexuelle, et dans lequel est contenu pour ainsi dire
le potentiel de sexualité, est désormais capable de se désigner et
de se reconnaître lui-même en tant qu’homme et l’autre en tant
que femme, dans ce vis-à-vis, qui lui est conforme. Il existe une
unité physique entre les deux, ils sont faits de la même « matière ».
L’homme et la femme ont été formés de la même manière par Dieu,
dans les deux cas, ils sont faits de la même « matière » et doivent
leur existence à l’action directe de Dieu.

Une hiérarchisation entre l’homme et la femme n’est suggérée


qu’après le récit de la chute dans le péché (Genèse 3 : 1-24) en
Genèse 3 : 16. Cette dominance de l’homme, dont il est ques-
tion après la chute dans le péché, et qui peut ainsi être considérée
comme une conséquence du péché, trouve sa première et immé-
diate expression dans le fait qu’Adam donne un nom à la femme :
« Ève, car elle a été la mère de tous les vivants » (Genèse 3 : 20).
Cette mention du nom est proche de celle en Genèse 2 : 20 : « Et
l’homme donna des noms à […] tous les animaux des champs ».
Dans ce contexte, la femme est désormais subordonnée à
l’homme.

3.3 Conclusion
Les deux récits vétérotestamentaires de la création expri-
ment la relation étroite entre Dieu et l’homme. Adam, c’est-
à-dire l’homme en tant qu’homme et femme, reçoit la mis-
sion de dominer (Genèse 1 : 26 sq.) sur les animaux de la
terre, de « cultiver » et de « garder » la création. Il existe
une unité physique entre les deux, ils sont faits de la même
« matière ». L’idée d’une hiérarchisation de l’homme et de la
femme n’est suggérée qu’après le récit de la chute dans le
péché (Genèse 3 : 1-24) en Genèse 3 : 16.

| 12
L’homme et la femme sont à l’image de Dieu – Déductions théologiques

4 L’homme et la femme sont à l’image de Dieu –


Déductions théologiques10
Dans ce qui suit, nous allons nommer et présenter les aspects qui
découlent de l’image de Dieu.

4.1 L’homme et la femme sont d’égale dignité


Sur la base du témoignage biblique, l’homme et la femme, la femme
et l’homme sont d’égale manière à l’image de Dieu. À juste titre,
Martina Bär fait remarquer que le passage en Genèse 1 « garantit
l’égalité fondamentale, conforme à la création, de l’homme et de
la femme. »11 Lorsque le Catéchisme dit que l’homme et la femme
sont « différents », il parle de leur constitution biologique différente,
de leur sexe différent, et non d’une disparité concernant l’ensemble
de la personne. « Être un homme, c’est être un sujet, un individu,
avec des compétences et des aptitudes intellectuelles, dans un
corps sexué concret, disposer de la liberté et du langage, pouvoir
agir, avoir sa propre histoire et pouvoir vivre et aimer au sein de
relations. »12 L’homme et la femme sont ainsi des partenaires égaux
dans leur dignité, même s’ils sont différents d’un point de vue bio-
logique.

4.2 Dieu révèle que l’homme est « à l’image de Dieu »


Parler de l’homme en tant qu’« être à l’image de Dieu » ne doit en
aucune façon niveler la différence infiniment qualitative entre Dieu
et l’homme. Le Catéchisme parle clairement de l’impossibilité de
sonder la nature de Dieu à partir de l’être humain : « Le fait que
l’homme ait été créé à l’image de Dieu n’implique pas pour autant
que l’on puisse tirer des conclusions quant à la nature de Dieu à
partir de la personne humaine ; tel est le cas pour Jésus-Christ
seulement. » (CÉNA 3.3.2). Parler de l’homme créé à l’image de
Dieu est possible seulement dans l’optique de Dieu.13 L’homme en
tant qu’être à l’image de Dieu n’est perceptible et compréhensible
qu’en relation avec le Dieu qui se révèle et qui parle. L’autorévélation
de Dieu est la condition requise pour la bonne compréhension de

10 Les explications se basent sur l’article : « L’homme et la femme, à l’image de Dieu » (Pensées
directrices, hors-série n° 2/2021, Neu-Isenburg, 2021, p. 4-19).
11 Bär, Martina : Mensch und Ebenbild Gottes sein: Zur gottebenbildlichen Dimension von Mann
und Frau (Être humain et à l’image de Dieu. De la dimension à l’image de Dieu de l’homme et
de la femme), Würzburg, 2011, p. 285. Similaire aussi à la p. 289 : « La déclaration relative à la
ressemblance avec Dieu se rapporte de façon universelle aux hommes, et, par conséquent,
aussi à l’homme et à la femme sans distinction. »
12 Ibid., p. 299.
13 C’est à juste titre que Gerhard Ebeling remarque : « L’être de l’homme en tant qu’image de
Dieu se fonde dans le vis-à-vis de Dieu et ne peut donc être saisi que comme l’être de l’homme
devant Dieu. » (Ebeling, Gerhard : Dogmatik des christlichen Glaubens. Vol. 1 : Der Glaube an
Gott den Schöpfer der Welt, Tübingen, 1979, p. 384).

13 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

l’homme, de sa qualité de créature, de sa nature et de sa mission


dans le monde.

4.3 L’homme et la femme sont investis de la même mission


Le Catéchisme attire expressément l’attention sur le fait que
l’homme et la femme ont reçu la même mission, savoir de « domi-
ner » sur la terre, c’est-à-dire [de] la travailler et la préserver » (CÉNA
3.3.2). La « domination » de l’homme et de la femme ne se dis-
tingue donc en aucun cas de manière substantielle, ils n’ont par
conséquent pas chacun leurs propres « domaines de domination »
qui leur reviendraient à eux seuls, tel que cela est suggéré à tra-
vers une définition traditionnelle des rôles dévolus aux sexes. Ce
n’est pas comme si Dieu déterminait que le champ d’action et de
création de l’homme était le vaste monde, tandis que celui de la
femme serait le petit monde de la maison, du travail et de la famille.
Créés à l’image de Dieu, les deux sexes se voient potentiellement
confier la création terrestre dans son ensemble, même si cela n’est
pas réalisé par les traditions culturelles et religieuses. Elle ne peut
être préservée et façonnée que par les deux sexes ensemble. Par
conséquent, il n’est pas non plus possible que chacun exécute
pour soi la mission de Dieu de dominer ; au contraire, cela ne peut
réussir qu’en communion et en solidarité.

Le fait de préserver et de façonner la création trouve sa première


expression concrète dans le vivre ensemble des sexes ou dans
l’éducation des enfants. La vie de couple et de famille est marquée
et portée de la même manière par l’homme et la femme. En outre,
la mission de préserver et de façonner la création terrestre confère
par conséquent à l’homme et à la femme la même responsabilité
et les mêmes droits. Par ailleurs, le fait de refuser de percevoir la
réalité sociétale, de refuser de lui prêter attention et d’en faire par-
tie contredit le commandement de l’amour du prochain qui a été
adressé à tous les hommes. Au final, l’homme et la femme sont
exhortés de la même manière à prendre conscience de leur res-
ponsabilité dans la préservation de la création, à laquelle appar-
tiennent les animaux et les plantes, et à faire preuve d’un compor-
tement approprié.

4.4 Conclusion
L’Église néo-apostolique enseigne que la femme et l’homme
ont été créés « à l’image de Dieu » et qu’ils sont par consé-
quent d’égale nature et d’égale dignité. Tous deux sont

| 14
Témoignages néotestamentaires sur la position de la femme au sein de la communauté

appelés d’égale manière à « dominer » : ils doivent préser-


ver et façonner la création. La ressemblance avec Dieu est
donc un élément de l’ordre de la création, car c’est par elle
que se constitue l’irréductible orientation de l’homme vers
Dieu.

La mission de préserver et de façonner la création ter-


restre incombe aussi bien à l’homme qu’à la femme, et leur
confère la même responsabilité et les mêmes droits.

5 Témoignages néotestamentaires sur la position de


la femme au sein de la communauté
La ressemblance de l’homme avec Dieu justifie l’identité de la
nature de l’homme et de la femme. Cette constatation est à la
base du fait que tous deux peuvent se voir confier un ministère
et un service de la même manière au sein de l’Église et de leur
communauté locale respective. Si l’on examine les témoignages
néotestamentaires à ce sujet, l’image n’est pas évidente. Au pre-
mier siècle, c’est-à-dire à l’époque néotestamentaire, le rôle de la
femme dans la communauté est tout à fait différent.

5.1 Les femmes dans les évangiles


Les évangiles synoptiques (Marc, Matthieu, Luc) ainsi que l’évan-
gile selon Jean rapportent que Jésus a parlé aux femmes, les a
enseignées (Luc 10 : 38-42), les a guéries et s’est chargé de leurs
difficultés. Dans l’entourage immédiat de Jésus, selon le passage
en Luc 8 : 1-3, on ne trouve pas seulement des hommes, mais
aussi « quelques » femmes. Jésus en avait guéri quelques-unes,
et « plusieurs autres », c’est-à-dire celles qui avaient été convain-
cues par sa prédication relative à la proximité du royaume de Dieu,
s’étaient jointes à la communauté des disciples et la soutenaient
« de leurs biens ».

En Jean 4 : 5-42, il est même rapporté qu’une femme samaritaine


avec laquelle Jésus avait eu un entretien a confessé sa foi en Jésus
en tant que Messie non seulement devant Jésus, mais aussi devant
les Samaritains qui vivaient dans sa ville. Il est explicitement souli-
gné que de nombreux Samaritains sont parvenus à la foi en Jésus
suite à la proclamation de cette femme (Jean 4 : 39).

Plusieurs femmes appartenant à la communauté des dis-


ciples assistent à la crucifixion de Jésus (Matthieu 27 : 55-56 ;

15 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

Marc 15 : 40-41 ; Luc 23 : 49). Dans l’évangile selon Jean, les


femmes n’observent pas la crucifixion et la mort à distance, mais
se tiennent à proximité du Crucifié (Jean 19 : 25-27).

Des femmes sont aussi témoins de la résurrection de Jésus et


la relatent aux disciples. Dans le cadre des récits de la résurrec-
tion, les femmes se voient confier une tâche essentielle, à savoir
la transmission du kérygme chrétien primitif de la résurrection de
Jésus. Le message de la résurrection de Jésus est une condition
essentielle pour que l’Église puisse se manifester avec sa procla-
mation de l’Évangile.

5.2 L’activité des femmes dans les communautés chré-


tiennes primitives – le témoignage des épîtres de Paul
Ce qui est frappant, c’est qu’à la fin de l’épître aux Romains
(Romains 16), des hommes et des femmes soient également cités
et salués. Paul cite tout d’abord « Phœbé, notre sœur, qui est dia-
conesse de l’Église de Cenchrées » (Romains 16 : 1). Phœbé est
au service d’une communauté et, de surcroît, une personne impor-
tante qui a beaucoup aidé l’apôtre et la communauté.

En Romains 16 : 3, Paul demande à la communauté de Rome


de saluer deux collaborateurs, Prisca et Aquilas, sans doute un
couple. Paul les loue tous deux, parce qu’ils ont « exposé leur tête
pour sauver ma vie » (Romains 16 : 4). Ils dirigeaient une com-
munauté domestique (Romains 16 : 5). Tous deux sont également
cités en I Corinthiens 16 : 19 : cette fois, c’est Paul qui transmet
leurs salutations et celles de leur communauté domestique.

En Romains 16 : 7, des salutations sont adressées une fois encore


à un homme et une femme (sans doute s’agit-il là encore d’un
couple marié) : « Saluez Andronicus et Junia, mes parents et mes
compagnons de captivité, qui jouissent d’une grande considération
parmi les apôtres, et qui ont même été en Christ avant moi. »14 Ce
passage a beaucoup retenu l’attention ces derniers temps, surtout
parce que plusieurs exégètes estiment que Junia est une femme
désignée comme apôtre.

Les exemples évoqués montrent que dans les communautés chré-


tiennes en contact avec Paul, les femmes jouaient un rôle impor-

14 Marlies Gielen fait remarquer à ce sujet : « Curieusement, le prénom masculin Junias n’est
en effet attesté nulle part dans l’Antiquité, ni dans la littérature ni dans aucune inscription. En
revanche, la forme féminine Junia est largement attestée. » (Gielen, Marlies : Frauen in den
Gemeinden des Paulus. Von den Anfängen bis zum Ende des 1. Jahrhunderts. (Les femmes
dans les Églises pauliniennes, des débuts jusqu’à la fin du Ier siècle). Dans : Salzburger Theolo-
gische Zeitschrift 6, 2002, p. 184).

| 16
Témoignages néotestamentaires sur la position de la femme au sein de la communauté

tant : elles assumaient des fonctions de direction et participaient de


manière offensive à la proclamation de l’Évangile parmi les païens.

Dans la première épître aux Corinthiens, on trouve des déclarations


au sujet du comportement correct des hommes et des femmes
au cours du service religieux, selon lesquelles les hommes et les
femmes sont actifs au sein du service religieux : ils prient et pro-
phétisent. Dans l’argumentation de Paul contre le parler en lan-
gues (glossolalie) purement extatique, incompréhensible en soi et
nécessitant une interprétation, le discours prophétique joue un rôle
essentiel : « Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes,
les édifie, les exhorte, les console. […] Celui qui prophétise édifie
l’Église. » (I Corinthiens 14 : 3.4b). Le « discours prophétique » a
une mission similaire à celle de la prédication, à savoir transmettre
l’Évangile de manière compréhensible.

Dans son commentaire relatif au passage en I Corinthiens, Wolf-


gang Schrage remarque : « Étant donné que, d’après I Corinthiens
12 : 1 sqq., tout tourne essentiellement autour de l’activité du
Saint-Esprit dans l’Église, qui distribue ses dons indifféremment à
tout chrétien […], il n’est pas question de déléguer ou de refuser
des ministères, voire de les distribuer en fonction des spécificités
sexuelles : il n’existe donc pas de différenciation des fonctions
spécifiques entre hommes et femmes. Il n’existe aucune indication
antérieure quant à l’attribution exclusive aux hommes de dons et
de critères précis. »15

5.3 Le refus de l’activité des femmes au sein des


communautés chrétiennes primitives – les positions
des épîtres pastorales
Les épîtres pastorales, écrites à la fin du premier siècle, veulent
préserver et actualiser l’héritage de Paul. Cette actualisation
conduit souvent à une nette dévalorisation des femmes. Elles sont
largement exclues des activités de la vie de communauté. L’organi-
sation de la communauté s’inspire désormais de celle de la famille
romaine, à la tête de laquelle se trouve le père de famille, tandis
que les femmes sont reléguées au second rang. Dans le même
temps, on voulait ainsi aussi combattre les hérétiques, car on pen-
sait que les femmes, qui dirigeaient parfois aussi des communau-
tés domestiques, étaient particulièrement réceptives aux hérésies.

5.3.1 Le commandement imposé aux femmes de se taire


On trouve curieusement un témoignage précoce de la critique de
l’activité des femmes au sein de l’Église en I Corinthiens 14 : 33b-36.

15 Schrage, Wolfgang : Der erste Brief an die Korinther (La première épître aux Corinthiens)
(I Corinthiens 11 : 17 –14 : 40), Zurich/Düsseldorf, 1999, p. 484.

17 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

Ce passage, qui exige que les femmes se taisent au sein de la


communauté, c’est-à-dire qu’elles ne participent pas à la vie de
la communauté, contredit manifestement les explications en
I Corinthiens 11 : 5. La plupart des spécialistes du Nouveau Tes-
tament s’accordent à dire que ce passage est une insertion ulté-
rieure.16 Il ressemble à la position adoptée en I Timothée 2 : 11-15,
un document issu de l’école paulinienne tardive.

Le commandement de silence imposé aux femmes en I Timothée


2 : 11-15 ressemble d’une part à celui en I Corinthiens 14 : 34-35
et reprend d’autre part des motifs essentiels du passage en
I Corinthiens 11 : 7-12. Le texte en I Timothée 2 : 11-15 se caractérise
globalement par le ton rigide adopté à l’égard des femmes : « Que
la femme écoute l’instruction en silence, avec une entière soumis-
sion. Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de
l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence. Car
Adam a été fait le premier, Ève ensuite. Adam n’a pas été séduit,
mais la femme, séduite, s’est rendue coupable de transgression.
Elle sera néanmoins préservée en devenant mère, si elle persé-
vère avec modestie dans la foi, dans l’amour et dans la sainteté. »
En référence à Ève, considérée comme la première pécheresse, la
femme est exclue de nombreuses activités au sein de la commu-
nauté. Elle n’est pas autorisée à poser des questions sur la foi dans
le contexte de l’Église. Les femmes doivent être instruites dans la
foi en dehors de l’Église. De plus, la femme sans enfant est discri-
minée. La femme doit en outre veiller à ce que d’éventuels enfants
ne se détournent pas de la foi chrétienne. Si cela devait arriver, son
salut serait remis en question. La proclamation publique de l’Évan-
gile par les femmes est interdite. L’homme est celui qui enseigne, la
femme celle qui est enseignée et qui reçoit.

Une comparaison plus précise entre les passages en I Timothée 2 :


11-15 et en I Corinthiens 11 : 2-16 (les femmes et les hommes dans
le service religieux) attire toutefois l’attention sur deux différences
essentielles : d’une part, en I Corinthiens 11, Paul n’argumente pas

16 Voir par exemple Marlies Gielen : « Cette exigence de silence des femmes dans l’assemblée de
l’Église et donc de soumission se trouve en I Corinthiens 14 : 33b-36, c’est-à-dire dans une véri-
table épître de Paul. Paul ne doit néanmoins pas être tenu pour responsable de cette exigence.
Elle correspond plutôt assez précisément au […] concept théologique des épîtres pastorales.
[…] Dans le cas du passage en I Corinthiens 14 : 33b-36, il s’agit d’un ajout post-paulinien, qui
a été fait sous l’influence du développement que les épîtres pastorales représentent et encou-
ragent. » (Gielen, 2002, p. 190 sq.). Cf. également Conzelmann, Hans : Der erste Brief an die
Korinther (La première épître aux Corinthiens), Göttingen 1981, p. 298 sq. « Ce passage fermé
en soi sort du contexte : il interrompt le thème de la prophétie et perturbe le rythme de l’ex-
posé. Objectivement, il est en contradiction avec le passage en 11 : 2 sqq., où l’apparition des
femmes dans l’Église est présupposée. […] Cette disposition reflète la consolidation civile de
l’Église, à peu près au niveau des épîtres pastorales : on s’associe à ma coutume générale. Par
conséquent, quiconque défend le texte à l’origine est contraint de recourir à des constructions
auxiliaires. »

| 18
Témoignages néotestamentaires sur la position de la femme au sein de la communauté

avec le récit de la tentation d’Ève, et, d’autre part, il n’impose pas


non plus à la femme de se taire au sein de l’Église (comme cela a
été réclamé plus tard dans l’école paulinienne, conformément à ce
qui est écrit en I Timothée 2 : 12).

5.3.2 Ève fait-elle entrer le péché dans le monde ?


Invoquant l’autorité apostolique de Paul, l’auteur du passage en
I Timothée prend position : « Je ne permets pas à la femme d’ensei-
gner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeu-
rer dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite. »
Le renvoi au second récit de la création (Genèse 2 : 4b-25), à Adam
et Ève, cimente la soumission de la femme à l’homme comme étant
l’expression de l’ordre inamovible de la création. Si, en I Corinthiens
11 : 8-9, Paul se contente de faire allusion au second récit de la
création, celui-ci est à présent expressément thématisé par l’évo-
cation des noms d’Adam et d’Ève. La hiérarchie est d’abord justi-
fiée par l’ordre de la création : l’homme a été créé avant la femme.
L’argument qui suit montre que l’auteur de l’épître s’éloigne de la
pensée de Paul, telle qu’elle transparaît notamment dans la typo-
logie d’Adam et de Jésus-Christ de l’épître aux Romains : « Adam
n’a pas été séduit, mais la femme, séduite, s’est rendue coupable
de transgression. » (I Timothée 2 : 14). L’auteur de l’épître reprend
à son compte une tradition d’interprétation de la chute dans le
péché, propre au judaïsme tardif, qui attribue à la femme toute la
culpabilité de la transgression de la loi divine.

Paul pense tout à fait différemment : « C’est pourquoi, comme par


un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché
la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes,
parce que tous ont péché » (Romains 5 : 12). Aux yeux de Paul,
Adam symbolise par excellence l’homme empêtré dans le péché et
la mort, sans égard pour le sexe.

5.4 Conclusion
Le témoignage du Nouveau Testament n’est pas univoque.
Certains témoignages font état d’une participation intensive
des femmes à la mission, à la vie de l’Église et aussi aux
activités cultuelles. Les témoignages de la fin du premier
siècle, dans lesquels une participation active des femmes
à la vie de la communauté est interdite, s’y opposent. La
participation à la mission et aux activités cultuelles est par
conséquent devenue impossible. Il n’est donc pas possible

19 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

de prélever des normes claires pour le présent de ces com-


munications divergentes du Nouveau Testament.

En conséquence, à l’automne 2021, l’AIAD a décidé ce qui


suit : « Les déclarations isolées de rejet dans les épîtres
néotestamentaires concernant la participation active des
femmes au cours du service divin et au sein de la com-
munauté ne peuvent pas servir de raison suffisante pour
exclure les femmes du ministère. En conséquence, l’apos-
tolat, qui détient l’autorité doctrinale et a pour mission d’éta-
blir l’ordre de l’Église, doit prendre une décision. »

6 L’élection des douze apôtres par Jésus


Le Catéchisme de l’Église néo-apostolique attire l’attention sur le
fait que Jésus-Christ « a doté directement son Église d’un ministère
seulement, savoir le ministère d’apôtre » (CÉNA 7.4). Et de complé-
ter : « Dans le cercle de ses disciples, Jésus-Christ a choisi douze
hommes pour les établir dans le ministère d’apôtre (Marc 3 : 13-19 ;
Luc 6 : 13-16) » (CÉNA 7.4.2). Par conséquent, l’apostolat remplit
une fonction déterminante pour la forme et l’importance du minis-
tère au sein de l’Église. C’est pourquoi il faut aussi poser la ques-
tion suivante : Quelles conséquences normatives pour le ministère
et l’Église découlent-elles du fait que Jésus ait exclusivement appe-
lé des hommes à l’apostolat ?

Bien que Jésus n’ait pas partagé les réticences de nombreux


contemporains à l’égard des femmes, que des femmes l’aient suivi
et aient soutenu les disciples, il n’a choisi que des hommes comme
apôtres. Les évangiles selon Matthieu, Marc et Luc – c’est-à-dire
les évangiles synoptiques – relatent l’institution de douze disciples
comme apôtres (Matthieu 10 : 1-4 ; Marc 3 : 13-19 ; Luc 6 : 13-16).

À la question de savoir pourquoi, au cours de son existence ter-


restre, Jésus n’a choisi que des hommes pour être ses apôtres,
on peut répondre tout d’abord par la signification typologique du
nombre douze. Car les patriarches d’Israël étaient des hommes,
et, dans cette mesure, il était nécessaire d’établir également un
parallèle à cet égard entre eux et les « pères » du nouveau peuple
universel de Dieu, c’est-à-dire les douze apôtres.

On peut cependant aussi définir des raisons pratiques à l’élec-


tion d’hommes, en rapport avec la situation sociétale de l’époque.

| 20
L’élection des douze apôtres par Jésus

Car la consigne de prêcher l’Évangile a pour ainsi dire eu pour


conséquence automatique la nécessité de confier le ministère
à des hommes, et ce d’autant que Jésus avait expressément
ordonné aux apôtres, au moment de les envoyer : « N’allez pas
vers les païens, et n’entrez pas dans les villes des Samaritains »
(Matthieu 10 : 5). Dans leur activité, ils devaient ainsi se limiter
au peuple juif et bien sûr aussi – comme il le faisait lui-même et
comme cela a été l’usage jusqu’au milieu du premier siècle – pro-
clamer la nouvelle de la proximité du royaume de Dieu dans les
synagogues (Marc 1 : 39 ; 6 : 1 sq. ; Actes 13 : 14 ; 17 : 17). Or,
seuls les hommes pouvaient participer au culte synagogal ; eux
seuls avaient le droit de lire les Saintes Écritures et de les expliquer.
Tout cela, les femmes ne pouvaient pas le faire dans le contexte
des communautés juives.

Si l’on renonce à une classification historique contemporaine ou


encore historico-salvifique de l’élection, par Jésus, d’hommes pour
être des apôtres, l’on pourrait exiger au même titre que l’aposto-
lat ne soit pas seulement composé d’hommes, mais, de la même
manière, de Juifs uniquement ; il ne devrait alors y avoir que douze
hommes et pas davantage.

L’occupation personnelle du ministère d’apôtre depuis le dix-neu-


vième siècle serait également discutable, puisque Jésus a exigé
des personnes choisies à l’époque pour être apôtres de « les avoir
avec lui » (Marc 3 : 14), c’est-à-dire qu’elles devraient l’accompa-
gner dans ses pérégrinations à travers la Palestine. Si cette exi-
gence était également une caractéristique du véritable apostolat,
Paul n’aurait déjà plus pu être un véritable apôtre.

Jésus lui-même n’a pas justifié son choix. Il n’est donc pas possible
d’en tirer des conclusions normatives pour l’Église.

6.1 Conclusion
En mai 2021, l’AIAD a décidé : « Selon le témoignage du
Nouveau Testament, Jésus n’a appelé que des hommes
comme apôtres. C’est à eux qu’il a confié la direction de
l’Église. Nous ne connaissons aucune déclaration de Jésus
sur la question de savoir si un ministère peut aussi être
confié à des femmes au sein de son Église. Les paroles
et les actes de Jésus ne permettent pas de conclure de
manière équivoque à la possibilité ou non d’une ordination

21 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

des femmes. La décision incombe à l’apostolat respon-


sable de l’ordre ecclésial, sous la conduite du Saint-Esprit. »

7 La femme au sein de la communauté


néo-apostolique
Au sein des communautés apostoliques-catholiques et aussi
des communautés néo-apostoliques, il y avait des femmes qui
œuvraient en tant que diaconesses. Au sein de la communauté
apostolique-catholique, les diaconesses étaient bénies pour leur
ministère par les anges, c’est-à-dire les conducteurs de commu-
nauté. Elles n’étaient pas ordonnées par l’apôtre. Il est probable
que les diaconesses n’étaient pas non plus ordonnées dans les
communautés néo-apostoliques, mais qu’elles recevaient égale-
ment une bénédiction spéciale. On ne sait pas exactement par qui
cela se faisait. Jusque dans les années 1950, ces diaconesses ont
œuvré au sein des communautés, sans doute surtout pour accom-
plir des tâches pastorales et caritatives.

Dans l’édition de « Questions et réponses » parue en 1952, la dia-


conesse n’est plus mentionnée. Par la suite, la question de l’ordi-
nation des femmes dans le ministère n’a été traitée qu’avec beau-
coup de retenue. Dans un « communiqué de l’apôtre-patriarche »
paru en 1999 – donc pendant l’exercice ministériel de l’apôtre-
patriarche Fehr – au sujet de la « définition du ministère », on trouve
dans la phrase finale la remarque lapidaire suivante : « Au sein de
l’Église néo-apostolique, les femmes n’exercent pas de fonctions
spirituelles. En cela, l’Église s’oriente sur le modèle de Jésus et se
sait en accord avec les déclarations des Saintes Écritures. »17 Au
cours des années qui ont suivi, les apôtres-patriarches Fehr18 et
Leber19 se sont contentés d’indiquer que l’ordination des femmes
était une question encore en suspens. Il n’y a pas eu de déclaration

17 Pensées directrices 6/1999, Francfort-sur-le-Main, 1999, p. 96.


18 L’apôtre-patriarche Fehr s’est exprimé à ce sujet dans une interview en 2005 : « Les femmes
dans le ministère ? C’est un sujet brûlant ! Mais peut-être qu’un jour, nous en reviendrons à ce
qui était déjà le cas : les diaconesses. Nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve. Mais
il n’y aura probablement pas de femme apôtre-patriarche de sitôt. » (« Unser Herr kommt :
Die Neuapostolische Kirche unter Stammapostel Richard Fehr ». Francfort/M. 2005, p. 85 sq.
NdT : « Notre Seigneur vient – L’Église néo-apostolique sous l’apôtre-patriarche Richard Fehr »).
19 Dans une interview parue en 2005 dans la brochure de Pentecôte « Unis dans l’Esprit » (p. 57
sq.), l’apôtre-patriarche Leber a fait remarquer : « Je pense que c’est une affaire de tradition.
Nous nous référons d’abord aux Saintes Écritures. Nous y lisons que seuls des hommes ont été
appelés à un ministère. La question est ouverte de savoir si cela doit rester ainsi. »

| 22
La femme au sein de la communauté néo-apostolique

officielle et théologiquement fondée de l’apostolat sur le problème


des femmes et du ministère.

De nos jours, les femmes sont actives de diverses manières au


sein de l’Église. Elles dispensent les cours d’école du dimanche ou
de l’école préparatoire du dimanche, les cours de religion ou les
cours de catéchisme et sont actives dans le travail auprès de la jeu-
nesse. Il s’agit ici en partie d’activités dans lesquelles l’Évangile est
annoncé et expliqué. Elles chantent au sein des chorales avec des
hommes ordonnés et non ordonnés et expriment ainsi la louange,
l’adoration et les prières à travers la poésie et les textes bibliques.
En ce sens, il apparaît ici une évolution qui pose parfaitement la
question de l’ordination des femmes.

La question de l’attribution de pouvoirs ministériels aux femmes se


pose également au vu de l’enseignement selon lequel les hommes
et les femmes sont appelés d’égale manière à la qualité de pré-
mices ou au sacerdoce royal et qu’ils recevront tous un nouveau
corps, semblable à celui du Seigneur ressuscité. Le « sacerdoce
royal » régnera dans le royaume de paix avec Christ et proclamera
l’Évangile. Cette vocation eschatologique, valable pour l’avenir, sug-
gère l’idée que l’homme et la femme peuvent dès maintenant servir
au salut du prochain, y compris à travers le pouvoir ministériel.

7.1 Conclusion
Jusqu’à la première moitié du vingtième siècle, le ministère
de diaconesse était confié à des femmes. Cela n’a plus été
le cas par la suite, sans que cela ne soit justifié. Actuelle-
ment, les femmes exercent des fonctions d’enseignement
et d’encadrement de la jeunesse au sein de l’Église. La
question de l’attribution de mandats ministériels aussi aux
femmes se pose au vu de la croyance en le fait que les
hommes et les femmes sont appelées d’égale manière à la
qualité de prémices et donc au sacerdoce royal.

8 Évaluation théologique des témoignages


néotestamentaires
Si l’on considère les témoignages du Nouveau Testament sous
l’angle du pouvoir et du mandat ministériels, on peut consta-
ter qu’ils n’abordent pas le thème du pouvoir ministériel et qu’ils
ne fournissent guère d’arguments qui expliquent pourquoi les

23 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

femmes ne peuvent recevoir ce pouvoir.20 Les quelques déclara-


tions hostiles, que l’on trouve surtout dans les épîtres pastorales,
se rapportent aux différentes activités au sein de la communau-
té et s’inscrivent ainsi dans le contexte désigné comme mandat
ministériel dans la définition néo-apostolique du ministère spirituel.
L’activité au sein de la communauté est interdite aux femmes dans
les épîtres pastorales, sans qu’il ne soit expliqué pourquoi elles
ne peuvent être chargées d’un ministère. Le problème du pouvoir
ministériel n’est donc pas abordé, ni explicitement ni implicitement,
dans le contexte néotestamentaire. Cela est certainement aussi
dû au fait que le Nouveau Testament ne fait généralement pas de
déclarations détaillées au sujet de la doctrine. Au mieux, il y a des
allusions à la Trinité, à la définition des sacrements, à l’Église et
au ministère. Le développement de positions doctrinales sur ces
thèmes ne commence en fait qu’au deuxième siècle, c’est-à-dire à
l’époque post-néotestamentaire.

La justification théologique de l’ordination des femmes dans le


ministère spirituel ne peut être qu’anthropologique (c’est-à-dire fon-
dée sur la nature de l’être humain) et sotériologique (fondée sur son
besoin de salut). La ressemblance de l’homme avec Dieu est – cela
devrait désormais être clair – la clé herméneutique de la question
de la justification de l’ordination des femmes. La ressemblance de
l’homme avec Dieu aborde la relation fondamentale de l’homme à
Dieu et la relation de Dieu à l’homme. L’homme et la femme sont
d’égale manière à l’image de Dieu, ils se réfèrent donc directement
à Dieu lui-même. Anthropologiquement, cela signifie : l’homme et
la femme, la femme et l’homme sont d’égale dignité et ont reçu
de Dieu la même mission. « Dieu a créé l’homme à son image,
l’a rempli de vitalité et le fait aussi participer des attributs divins
tels l’amour, la personnalité, la liberté, la raison et l’immortalité. »
(CÉNA 3.3.2). Bien que l’homme et la femme soient, à l’origine, des
créatures parfaites de Dieu, la chute dans le péché les a endom-
magés de la même manière, de sorte qu’ils sont chargés du péché
originel et de la prédisposition au péché. L’homme et la femme sont
pécheurs et ont besoin, de la même manière, de l’attention miséri-
cordieuse de Dieu et de la rédemption. La femme et l’homme ont
donc le même besoin sotériologique. L’attention que Dieu porte à
l’homme déchu vaut pour les deux : Jésus-Christ est mort pour
les hommes et les femmes de la même manière et le salut qu’il a
acquis leur est commun. Si les hommes peuvent recevoir le salut

²⁰ On peut peut-être considérer le passage en I Timothée 2 : 14 comme une exception : « Adam


n’a pas été séduit, mais la femme, séduite, s’est rendue coupable de transgression. » L’auteur
reprend une tradition du judaïsme tardif d’interprétation de la chute dans le péché, dans laquelle
la faute de la transgression du commandement était imputée à la femme, afin de justifier le fait
qu’elle ne puisse pas jouer de rôle, ou seulement un rôle secondaire, dans la vie de communau-
té et dans les activités cultuelles.

| 24
Évaluation théologique des témoignages néotestamentaires

indépendamment de leur sexe, ils peuvent aussi participer à la


transmission du salut – dans la mesure où elle se fait par la parole
et les sacrements – indépendamment de leur sexe.

Selon Paul, il ne doit pas y avoir de différence en Christ entre juifs


et païens ni entre esclaves et hommes libres ou entre hommes et
femmes (Galates 3 : 28). La conformité de principe à Christ de tous
les croyants, évoquée ici par l’apôtre, doit être mise en évidence
comme principe et fondement de l’Église et de la transmission du
salut.

Il faut également garder à l’esprit que Jésus ressuscité n’est ni


homme ni femme, car selon une parole de Jésus, les ressuscités
n’ont pas la caractéristique de la sexualité (Marc 12 : 25).

8.1 Conclusion
Les témoignages néotestamentaires qui s’opposent à la par-
ticipation des femmes au service religieux et à la vie de com-
munauté ne donnent pas de justification théologique valable
à cela. La plupart de ces textes ont un caractère résolument
pragmatique et sont liés à leur époque. Il apparaît qu’une
justification théologique de l’ordination des femmes dans le
ministère spirituel ne peut être qu’anthropologique (c’est-à-
dire fondée sur la nature de l’être humain) et sotériologique
(fondée sur son besoin de salut).

9 Conséquences doctrinales et pratiques


Après l’évaluation théologique des déclarations bibliques, nous
examinerons ci-après les conséquences doctrinales et pratiques
qui en découlent.

9.1 L’appel au service et au ministère


Dans l’article « Définition néo-apostolique du ministère spirituel.
Commentaire du chapitre 7 du CÉNA », il a été expliqué ceci : « Le
service qui incombe à tout chrétien et qui est rempli sans ordina-
tion revêt un aspect sacerdotal évident. Le passage en I Pierre 2 : 9
va jusqu’à désigner les membres de l’Église par le terme de ‘sacer-
doce royal’. Les croyants qui, par le baptême d’eau, ont été ense-
velis avec Jésus-Christ et sont ressuscités avec lui, qui le suivent et
le professent comme étant leur Seigneur, ont part à un sacerdoce
universel des croyants. Ce sacerdoce se réalise dans l’imitation de

25 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

Jésus-Christ en paroles et en actes. Il convient de distinguer de


ce sacerdoce dépourvu de pouvoir sacramentel l’autre sacerdoce
fondé sur l’élection divine au ministère et conféré par l’ordination. »21

Ces explications, ainsi que la justification théologique de l’ordina-


tion des femmes dans le ministère spirituel présentée plus haut
sous l’angle anthropologique et sotériologique, conduisent à la
conclusion suivante : non seulement la femme et l’homme sont
appelés ensemble au sacerdoce universel des croyants, mais ils
peuvent aussi tous deux être appelés au ministère spirituel. Par
conséquent, les femmes peuvent également recevoir la bénédic-
tion, la sanctification et l’autorité par la médiation de l’apostolat.

9.2 Ordination des femmes et des hommes


Le cinquième article de notre confession de foi, qui traite notam-
ment de l’ordination, dit ceci : « Je crois que ceux que Dieu a choi-
sis pour exercer un ministère en sont investis uniquement par des
apôtres et que, de l’apostolat, procèdent le pouvoir, la bénédiction
et la sanctification nécessaires à l’exercice de leur ministère » (CÉNA
2.4.5). Les explications concernant cet article de la confession de
foi sont d’une importance décisive pour les présentes réflexions :
« C’est Dieu qui choisit une personne en vue de lui confier un minis-
tère. Par conséquent, le ministère n’est pas l’œuvre de l’homme ni
finalement non plus celle de l’Église, mais un don que Dieu fait à
l’Église. Selon les termes de cet article, l’homme est investi d’un
ministère par la volonté divine, et non pas à la suite d’une décision
humaine. » (Ibid.). On parle ici de manière générale, donc sans réfé-
rence au sexe, de l’être humain qui a été choisi par Dieu pour exer-
cer un ministère. On peut donc dire que les femmes et les hommes
peuvent être choisis par Dieu pour exercer un ministère.

9.2.1 Bénédiction et sanctification


C’est à l’apostolat qu’incombe la tâche de reconnaître celui ou celle
qui a été désigné(e) et de l’ordonner dans le ministère. Les femmes
comme les hommes peuvent faire l’expérience de la bénédiction
et de la sanctification qui en découlent pour le ministère auquel
ils sont destinés. Le Catéchisme note à ce sujet : « Par la ‘béné-
diction’, l’assurance de l’accompagnement divin et de l’assistance
du Saint-Esprit est donnée, aussi bien pour l’exercice du ministère
sacerdotal que diaconal. La ‘sanctification’ indique que, par le
ministère, Dieu lui-même veut agir dans sa sainteté et son intangi-
bilité. » (CÉNA 2.4.5). La bénédiction et la sanctification sont néces-
saires pour que la femme ou l’homme puisse exercer correctement
son ministère et le service qui lui est confié.

21 Pensées directrices, hors-série n° 2/2022 : Définition néo-apostolique du ministère spirituel,


Neu-Isenburg, 2022, p. 6.

| 26
Conséquences doctrinales et pratiques

9.2.2 Le pouvoir ministériel


Le ministère spirituel pour lequel Dieu les a choisis tire son carac-
tère du « pouvoir ».

Le Catéchisme parle de trois niveaux ministériels – apôtre, prêtre,


diacre –, auquel est lié un degré de pouvoir différent. Comme
les hommes, les femmes peuvent être ordonnées dans tous ces
niveaux ministériels avec les pouvoirs qui leur sont conférés.

Le document intitulé « Définition néo-apostolique du ministère spi-


rituel » explique les pouvoirs associés à chaque niveau ministériel.22

Le pouvoir ministériel de l’apôtre comprend, entre autres, la procla-


mation véritable de l’Évangile ainsi que la véritable administration
des trois sacrements, l’annonce du pardon des péchés au nom de
Jésus-Christ, l’ordination de ministres ainsi que toutes les dispen-
sations de bénédictions.

Les prêtres et les diacres participent de manière différente aux


pouvoirs de l’apostolat. Ils sont tous envoyés par l’apostolat et sont
unis à lui.

Le pouvoir ministériel du prêtre comprend, entre autres, la procla-


mation véritable de l’Évangile ainsi que la véritable dispensation du
saint baptême d’eau et de la sainte cène. Les prêtres sont habilités
à annoncer le pardon des péchés par mandat de l’apôtre et au
nom de Jésus-Christ. Ils ont le pouvoir de célébrer des services
divins et de dispenser des bénédictions.

Le pouvoir ministériel du diacre comprend la proclamation véritable


de la parole, la célébration d’un service divin sans célébration de la
sainte cène, avec introduction trinitaire et bénédiction trinitaire à la
fin du service divin.

Les femmes et les hommes peuvent être confiants dans le fait


qu’ils ont été choisis par Dieu pour exercer un ministère spirituel.
Tous deux peuvent recevoir des pouvoirs issus de l’apostolat, qui
servent au salut des hommes et au bien de la communauté. En
outre, le document intitulé « Définition néo-apostolique du ministère
spirituel » souligne : « Lors du choix des ministres à ordonner, on
vérifiera qu’ils disposent effectivement des compétences néces-
saires à l’accomplissement des services inhérents au ministère
conféré. »23 Avant leur ordination, les femmes et les hommes sont

22 Ibid., p. 25 sq.
23 Ibid., p. 26.

27 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

tenus d’« adhérer à la teneur des dix articles de la confession de foi


de l’Église néo-apostolique » et de représenter de manière appro-
priée la doctrine des apôtres telle qu’elle est développée dans le
Catéchisme de l’Église néo-apostolique.

9.2.3 Le mandat ministériel


Le ministère n’est pas une fin en soi, il ne sert pas non plus à
récompenser ou à mettre en valeur une personne. L’ordination
dans un ministère spirituel se fait toujours en tenant compte des
besoins de la communauté et des nécessités ecclésiales. Lors de
l’ordination de femmes dans un ministère spirituel, il convient éga-
lement de tenir compte de l’acceptation sociale. En outre, la situa-
tion personnelle doit, comme pour les hommes, être suffisamment
prise en compte.

Le ministère spirituel est au service de Christ, ce service est


accompli dans la communauté locale, dans le district ou au sein
de l’Église territoriale. Les femmes qui ont reçu un ministère spi-
rituel accomplissent des tâches au sein de la communauté. En
outre, elles peuvent également être appelées et nommées à des
fonctions dirigeantes au sein de la communauté, du district et de
l’Église territoriale. Les explications relatives à la vocation et à la
nomination de ministres qui figurent dans le document « Définition
néo-apostolique du ministère spirituel », au paragraphe 6.2.2 (« Le
mandatement ») et au paragraphe 6.2.3 (« La nomination »), leur
sont également applicables.

9.3 Conclusion
L’apostolat – les apôtres en union avec l’apôtre-patriarche –
décide que les femmes peuvent être investies d’un pou-
voir ministériel en raison de l’égalité des sexes et de l’égale
dignité entre les sexes. Les femmes peuvent en outre être
appelées à des fonctions dirigeantes au sein de la commu-
nauté, du district et d’une Église territoriale ou nommées à
des services liés au ministère. Le mandat ministériel qui y
est lié ne doit toutefois être conféré que là où il est accepté
par la communauté et où le consensus social et la législa-
tion le permettent.

| 28
Remarques relatives à l’introduction de l’ordination des femmes

10 Remarques relatives à l’introduction de


l’ordination des femmes
En juin 2022, l’assemblée internationale des apôtres de district
a déclaré de manière contraignante : « En raison de l’égalité des
sexes et de l’égale dignité entre les sexes, les femmes peuvent être
investies d’un pouvoir et d’un mandat ministériels devant Dieu. » En
outre, il a été décidé que l’ordination des femmes serait possible à
partir du 1er janvier 2023.

10.1 L’élection au ministère spirituel


L’homme et la femme sont égaux devant le fait qu’ils peuvent être
investis d’un « ministère par la volonté divine, et non pas à la suite
d’une décision humaine »,24 car c’est Dieu lui-même qui choisit la
personne qui sera investie d’un ministère. « Le ministère spirituel
est, d’une part, un service envers Dieu et, d’autre part, un service
envers l’homme. »25 En considérant cela, on s’interdit automatique-
ment d’introduire un système de quotas comme critère de sélec-
tion pour être investi d’un ministère spirituel.

S’il est vrai que la condition fondamentale pour l’ordination des


femmes et des hommes est la vocation divine, les besoins et les
nécessités de la communauté, du district ou de l’Église territoriale
seront toujours également pris en compte de manière satisfaisante
lors d’une ordination planifiée.26

Les compétences « nécessaires à l’accomplissement des ser-


vices inhérents au ministère conféré » sont également prises en
compte.27 Par l’ordination, « les dons et talents existants sont éveil-
lés et consacrés à l’exercice du ministère » (CÉNA 7.7). Cela signifie
que « les bonnes compétences et les bons attributs que possède
cette personne [...] sont mis au service de l’exercice du ministère
par l’acte d’ordination. »28 Les femmes et les hommes apportent
leurs talents, leurs compétences spécifiques et leurs traits de
caractère positifs dans l’exercice du ministère et les mettent en
œuvre pour le bien de la communauté.

10.2 Obligations liées au ministère spirituel


Les personnes appelées à exercer un ministère spirituel s’engagent
à enseigner conformément au témoignage des Saintes Écritures,
tel qu’exprimé dans les « dix articles de la confession de foi » et

²⁴ Ibid., p. 13.
25 Ibid., p. 17.
26 Cf. ibid., p. 10.
27 Ibid., p. 26.
²⁸ Ibid., p. 13.

29 |
La transmission du pouvoir et du mandat ministériels aux femmes

dans le « Catéchisme de l’Église néo-apostolique ». Leur exercice


ministériel est régi par les « Directives à l’usage des ministres ».

Pour les hommes et les femmes s’applique : « Le ministère et la


personne, l’exercice ministériel et la compétence personnelle sont
imbriqués l’un dans l’autre. »29 Dans le même temps, les ministres –
femmes et hommes – devraient être conscients du fait que c’est
Jésus-Christ, et non pas eux, qui est maître du ministère : « Le
ministère ne devient pas la propriété de la personne, il n’est pas
non plus une empreinte indélébile sur la personne, mais il est et
reste un don de Christ, dont Jésus-Christ dispose, qu’il accorde
voire qu’il refuse. »30

Pour pouvoir véritablement servir Dieu et les hommes, il est impor-


tant que les ministres – femmes et hommes – prennent leur minis-
tère au sérieux. Ils l’expriment notamment en s’efforçant d’acquérir
les connaissances et les compétences nécessaires à un exercice
approprié de leur ministère. Il convient par conséquent de prendre
en compte les offres de formation spirituelle et théologique propo-
sées par l’Église.31

10.3 Le parcours dans le ministère spirituel


L’ordination confère aux hommes et aux femmes à la fois un pou-
voir ministériel et le mandat ministériel concret d’œuvrer au sein
d’une communauté, d’un district ou d’une Église territoriale. Les
femmes pourront être ordonnées dans le ministère de diacre,
de prêtre et d’apôtre. En outre, les femmes pourront être – tout
comme les hommes – mandatées et nommées pour exercer des
fonctions dirigeantes au sein de la communauté, du district et de
l’Église globale.

Le mandat ministériel s’appliquant aussi bien aux hommes qu’aux


femmes, les dispositions relatives à l’exercice du ministère, à l’ad-
mission à la retraite, à la mise en disponibilité, à la résignation du
ministère et à la résiliation du ministère leur sont également appli-
cables.

Sous certaines conditions, les ministres peuvent être mis en dis-


ponibilité. Les « Directives à l’usage des ministres » indiquent que
les ministres peuvent être mis en disponibilité de l’exercice de leur
ministère pour des raisons personnelles, professionnelles et de
santé.

29 Ibid., p. 13.
30 Ibid., p. 15.
31 Cf. ibid., p. 14.

| 30
Remarques relatives à l’introduction de l’ordination des femmes

La grossesse d’une femme porteuse d’un ministère peut être une


raison d’une telle mise en disponibilité. La durée d’une mise en dis-
ponibilité ne doit pas excéder une période de trois ans.

L’assemblée des apôtres de district s’est également penchée sur


le code vestimentaire des ministres, hommes et femmes, et est
parvenue à la conclusion suivante : lors des services divins, les
ministres – femmes et hommes – s’habilleront en noir et blanc.
La tenue vestimentaire sera sobre et appropriée à l’occasion. Les
habitudes régionales seront à prendre en compte en conséquence.

31 |
Éditeur responsable du contenu :
Jean-Luc Schneider | Zurich (Suisse)

Éditions Friedrich Bischoff


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Directeur : Jürgen Kramer

Impression et traitement :
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après autorisation de l’Éditeur seulement.

Texte biblique de la Nouvelle Édition de Genève.


Copyright © 1979 Société biblique de Genève
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.
Parution : Octobre 2022

ISSN 0995-5070

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