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Didactique des langues

Cours 3

Enseignante : Mariella CAUSA

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COURS 3

Des concepts et notions opératoires : mise au point terminologique

L’objectif de ce cours est de vous présenter et de définir un ensemble de termes


fréquents en didactique des langues et que nous retrouverons tout au long de ce cours.

Dans toute discipline sont utilisés des concepts et des notions. Ces concepts et
notions peuvent être soit forgés par la discipline même (par exemple la notion de
langue étrangère), soit être empruntés d’autres domaines/disciplines
scientifiques plus ou moins proches de la discipline/domaine en question.

Nous avons souligné au cours 1 que la didactique des langues se caractérise par
sa pluridisciplinarité, elle emprunte nombreux de ses concepts/notions à des
domaines/disciplines de recherches proches tels que la psychologie, la
sociologie, les sciences humaines, les sciences cognitives, etc.

Soulignons au passage que cette pluridisciplinarité constitue un atout et non pas


une forme de dépendance ; autrement dit, la didactique des langues s'appuie
sur d'autres disciplines et s'enrichit en les enrichissant.

Mais il faut également préciser que, lorsqu’une discipline emprunte des


concepts/notions ailleurs, elle ne peut les appliquer tels quels ; il y aura donc
tout un travail d’adaptation à faire.

Leur adaptation constitue le premier niveau d’analyse de la didactique des


langues que nous avons abordé au chapitre 1, c’est-à-dire le niveau des
hypothèses et des principes théoriques.

Dans ce chapitre, nous allons expliciter une série de termes essentiels dans le
domaine de la didactique des langues, termes qui renvoient, bien entendu, à des

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concepts/notions provenant de domaines divers que nous préciserons au fur et à
mesure.

Les termes que nous allons expliciter sont les suivants :

-langue maternelle ;

-langue source ;

-langue cible ;

-langue étrangère ;

-langue seconde ;

-langue véhiculaire ;

-statut de la langue ;

-apprentissage ;

-acquisition ;

-locuteur natif ;

-locuteur non natif ;

-contexte d’enseignement/apprentissage alloglotte ;

-contexte d’enseignement/apprentissage homoglotte ;

-situation de communication endolingue ;

-situation de communication exolingue.

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Langue maternelle (LM) : en général on dénomme ainsi la langue acquise la
première par l’enfant (souvent cette notion est alors liée à la figure de la
mère) dans un contexte où cette langue est utilisée pour communiquer.
Lorsqu’on parle de langue maternelle, l’on suppose un processus naturel
d’acquisition : en effet, l’enfant acquiert l’usage de la langue par contact et
interaction avec les membres de son groupe. L’entourage joue ainsi dans ce
processus un rôle primordial.

Cela étant dit, le concept de “langue maternelle” reste assez ambigu (Louise
Dabène, 1984, pp. 8 et sqq.). En effet, des paramètres de différente nature
devraient être pris en compte, notamment :

-le critère étymologique : langue maternelle = langue de la mère

-le critère de l’antériorité d’appropriation ;

-le critère de langue mieux connue et mieux acquise ;

-le critère du mode d’acquisition : la langue maternelle est acquise


naturellement (sans s’en rendre compte, sans aide, par contact).

Pour simplifier, nous définirons ici la LM comme la langue de la première


socialisation de l’enfant.

Langue source (LS) : il s’agit du code dans lequel le message est transmis.
Nous utiliserons ce terme pour désigner la langue de départ dans une
situation d’enseignement/apprentissage.

Cette notion sera donc utilisée ici comme un synonyme de langue maternelle,
ou encore de langue première.

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Langue cible (LC) : il s’agit du code linguistique dans lequel un message est
transformé par le processus de la traduction. La langue cible est la langue
d’arrivée.

Langue étrangère (LE) : l’on peut dire que toute langue non maternelle est une
langue étrangère. Cependant, comme le soulignent J.-P. Cuq et I. Gruca
(2003), “une langue ne devient étrangère que quand un individu ou un
groupe l’oppose à la langue ou aux langues qu’il considère comme
maternelle(s).” (p. 93). Cette notion peut également renvoyer à la distance
(ou degré de xénité) d’un point de vue géographique, culturel, social ou
encore politique. Nous reviendrons sur ce point.

Langue seconde (LS) : comme le remarquent à juste titre J.-P. Cuq et I. Gruca
(op. cit.), bien que la définition de cette notion ne soit pas encore stabilisée,
deux définitions sont aujourd’hui les plus utilisées.

La première définition nous vient de la sociolinguistique anglo-saxonne.


Selon cette définition, la langue seconde est celle qu’on a apprise
chronologiquement après la langue maternelle, c’est-à-dire la L1.

La seconde définition est plus complexe et prend en compte des facteurs


sociaux, politiques, culturels et historiques. Cette définition désigne
habituellement un mode d’enseignement et d’apprentissage d’une langue (par
exemple le français ou l’anglais dans les colonies) qui n’est pas la langue
d’origine.

Pour le français, par exemple ; on parle de LS pour les habitants des


anciennes colonies, mais également pour les nouveaux arrivants dans le
système scolaire en France.

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Langue véhiculaire (LV) : une langue véhiculaire est une langue utilisée dans
la communication entre personnes ou entre groupes n’ayant pas la même
langue maternelle (L.-J. Calvet, 2002).

Dans une situation de communication dans laquelle il y a quatre personnes


dont deux ont l’espagnol comme LM et l’italien et le français comme LE et
deux ont le suédois comme LM et l’anglais et le français comme LE, on
choisira le français pour communiquer. Le français est dans ce cas précis la
langue véhiculaire.

Un dernier exemple : dans les classes de LE de niveau débutant avec un


public multilingue, les apprenants pour communiquer entre eux ont recours à
une langue commune (langue véhiculaire). Dans la même situation, mais du
côté de l’enseignant, nous avons remarqué fréquemment le recours à
l’anglais, c’est-à-dire la langue qui est supposée être connue par tout le
monde ! (cf. statut des langues).

Statut des langues (voir également cours 4) : les statuts sont les valeurs
attribuées aux langues par une collectivité humaine aux différentes langues
qu’elle pratique ou avec lesquelles elle est appelée à entrer en contact (statut
formel = langue officielle/statut informel = représentations, subjectivité).

Apprentissage : on parle d’apprentissage lorsque ce procédé est guidé et


conscient. En d’autres termes, il s’agit d’une démarche volontaire et
observable dont l’objectif est l’appropriation (cf. infra). Puisque c’est une
démarché guidée, elle implique l’idée de progression et de transmission de
savoirs et savoir-faire par un expert (tuteur, moniteur, …). Cette notion est
donc associée au milieu dans lequel se déroule l’apprentissage, ici plus
particulièrement le milieu institutionnel.

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Acquisition : contrairement à l’apprentissage (voir supra), l’acquisition est un
processus inconscient et involontaire. Ainsi, l’acquisition est une démarche
non-guidée – il n’y a donc pas ici l’idée de progression (on acquiert ce dont
on a besoin), ni de transmission par un expert (acquérir signifie choisir,
stocker en mémoire et traiter les nouvelles informations en les reliant aux
connaissances antérieures) – et se déroule dans un milieu naturel.

Dans le domaine de l’acquisition des langues étrangères, ce processus a fait


l’objet de recherche d’envergure, notamment dans les domaines de la
psychologie, de la linguistique, ou encore des neurosciences. L’acquisition
est liée à une autre notion essentielle, celle d’interlangue (voir infra).

Interlangue (voir cours 3): On peut définir très généralement l'interlangue


(notion qui a été forgée dans le domaine de la psycholinguistique) comme un
système transitoire. Ce terme a été introduit par Selinker (1969 cité par
Corder, 1973) pour désigner une étape donnée du processus d'acquisition
(Klein, 1989, p. 221).

C'est donc un système autre que celui de la langue cible mais qui, à quelque
stade d'apprentissage qu’on l'appréhende, en comporte certaines
composantes. En effet, les recherches sur l'interlangue prennent comme
objet le langage des apprenants d'une langue étrangère (guidés ou non
guidés) ; ce langage structuré et descriptible au même titre que les langues
naturelles. Il s'agit alors d'envisager l'interlangue comme système
linguistique particulier.

L’interlangue peut être visualisée comme suit (Besse et Porquier, 1984) :

interlangue Langue cible


Langue
source (L1) (L2, 3, 4,…)

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Cette image de l’interlangue prend en compte uniquement deux langues : la
langue de départ (langue maternelle, langue première ou encore langue source,
selon les termes employés plus haut) et la langue d’arrivée (langue étrangère ou
langue cible, selon les termes employés plus haut). Actuellement, depuis la
diffusion de la notion de « plurilinguisme », ce schéma doit être complexifié.
En effet, chacun de nous a un répertoire linguistique plus composite et varié, les
langues qui interagissent avec la langue qui est en train d’être apprise sont par
conséquent plus nombreuses. Nous reviendrons sur cette question plus tard.

Locuteur natif (LN) : on entend par LN une personne qui parle une langue
acquise dans sa première enfance. Il est donc en mesure de juger la
grammaticalité, la, justesse, l’appropriation d’une phrase dans un contexte
donné. Par extension, dans l’enseignement/apprentissage on parlera
d’enseignant natif, à savoir celui qui enseigne sa LM (voir cours 1).

Locuteur non natif (LNN) : par opposition à locuteur natif, le locuteur non
natif est la personne qui parle une langue qui n’est pas sa langue maternelle.
Par extension, dans l’enseignement/apprentissage on parlera d’enseignant
non natif, à savoir celui qui enseigne une langue qu’il a apprise et qui n’est
donc pas sa LM (voir cours 1).

Comme nous l’avons précisé au cours précédent, dans


l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère l’environnement (tout ce
qui est extra-linguistique) dans lequel l’acte pédagogique se déroule est un
facteur très important qui touche l’exposition que l’apprenant a à la langue
étrangère (voir chapitre 6). Rappelons que :

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Contexte d’enseignement/apprentissage homoglotte :

-Si la langue est enseignée/apprise dans le pays où cette langue est parlée,
nous parlerons de contexte d’enseignement/apprentissage homoglotte (du
grec : homos = semblable, le même)

Contexte d’enseignement/apprentissage alloglotte

-si, au contraire, la langue est apprise/enseignée dans un pays où cette


langue n’est pas parlée, nous parlerons de contexte
d’enseignement/apprentissage alloglotte (du grec allos = autre).

Situation de communication endolingue : c’est l’échange qui s’établit entre


locuteurs parlant la même langue. Contrairement au contexte
(d’enseignement/apprentissage ou autre), ici ce qui compte est la parole,
l’échange linguistique et non pas tout ce qui est autour (tout ce qui est extra-
linguistique).

Situation de communication exolingue : c’est le type de communication


(échange) qui s’établit par le biais d’une langue commune entre un LN et un
LNN => asymétrie linguistique = divergence des codes « partage inégale du
code communicatif utilisé » (Alber & Py, 1986, pp. 82-83) et tout ce que l’on
met en place pour pallier à cette asymétrie : facilitation, simplification,
coopération, ajustements,…

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