Correction2023 Metropole

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Diderot n'est pas seulement l'homme de L'Encyclopédie ; il est aussi

critique d'art. De1759 à 1781, il rend compte de l'exposition de peinture


de Paris, qui se tient tous les deux ans et qu'on appelle Salon. En 1767,
il commente un tableau d'Hubert Robert, Grande Galerie antique,
éclairée du fond, et exprime les sentiments que lui inspire sa
contemplation.

« Les idées que les ruines réveillent en moi sont grandes. Tout s'anéantit, tout
périt, tout passe. Il n'y a que le monde qui reste. Il n'y a que le temps qui dure.
Qu'il est vieux ce monde ! Je marche entre deux éternités. De quelque part que je
jette les yeux , les objets qui m'entourent m'annoncent une fin, et me résignent à
celle qui m'attend. Qu'est-ce que mon existence éphémère, en comparaison de
celle de ce rocher qui s'affaisse, de ce vallon qui se creuse, de cette forêt qui
chancelle, de ces masses suspendues au-dessus de ma tête, et qui s'ébranlent ? Je
vois le marbre des tombeaux tomber en poussière ; et je ne veux pas mourir ! et
j'envie un faible tissu de fibres et de chair à une loi générale qui s'exécute sur le
bronze ! Un torrent entraîne les nations les unes sur les autres, au fond d'un
abîme commun ; moi, moi seul, je prétends m'arrêter sur le bord, et fendre le
flot qui coule à mes côtés !
Si le lieu d'une ruine est périlleux, je frémis. Si je m'y promets le secret et la
sécurité, je suis plus libre, plus seul, plus à moi, plus près de moi . C'est là que
j'appelle mon ami . C'est là que je regrette mon amie. C'est là que nous jouirons
de nous sans trouble, sans témoins, sans importuns, sans jaloux . C'est là que je
sonde mon cœur. C'est là que j'interroge le sien, que je m'alarme et me
rassure. De ce lien, jusqu'aux habitants des villes, jusqu'aux demeures du
tumulte, au séjour de l'intérêt des passions, des vices, des crimes, des préjugés,
des erreurs, il y a loin.
Si mon âme est prévenue d'un sentiment tendre, je m'y livrerai sans gêne. Si
mon cœur est calme, je goûterai toute la douceur de son repos.
Dans cet asile désert, solitaire et vaste, je n'entends rien, j'ai rompu avec tous les
embarras de la vie. Personne ne me presse et ne m'écoute. Je puis me parler tout
haut, m'affliger, verser des larmes sans contrainte. »
Salon de 1767
I - Une description mélancolique des ruines, un prétexte pour parler
de soi

A/ Une description vivante

Nous pouvons donc convoquer ici la notion d’ekphrasis qui concerne


un passage de l’extrait. Il s’agit de décrire une œuvre d’art de façon
détaillée de façon à la rendre visible et vivante aux yeux du lecteur.
Si les élèves ne connaissaient pas cette notion, ils pouvaient tout à
fait évoquer ici une hypotypose. Ici ce sont les « rochers qui
s’affaissent », le « vallon qui se creuse », et « la forêt qui chancelle ».
Cette notion reste à la marge car l’ensemble du texte se concentre
davantage sur les sentiments provoqués par l’œuvre que sur l’œuvre
elle-même.

B/ Une atmosphère mélancolique

Il faut évoquer ici la pesanteur et l’effroi provoqués par la


description des ruines. Le texte insiste sur la vision du délabrement
du monde. Il faut constater l’antithèse entre le marbre et la
poussière et voir comment l’écrivain rapproche cette finitude à la
sienne.

C/ Un paysage état d’âme

Le paysage décrit se fait l’écho des sentiments de l’écrivain. Tout le


rappelle à lui-même. Il faut souligner la répétition « moi, moi seul »
et la grande abondance des pronoms personnels. On peut évoquer
les « larmes » qui concluent le passage.
II - Penser le monde à travers une œuvre d’art

A/ La fuite du temps

C’est surtout pour penser sa propre fin et sa vie éphémère que


l’écrivain évoque ce paysage. On peut évoquer le topos du tempus
fugit. On peut aussi percevoir cette œuvre comme une Vanité. On
peut souligner le constat amer en rythme ternaire : « Tout
s’anéantit, tout périt, tout passe ».

B/ Réflexion sur le monde

Le monde peut être pensé grâce à la vision des ruines. La première


phrase de l’extrait le souligne : « les idées que les ruines éveillent en
moi sont grandes ». Non seulement à propos de la « loi générale »
qui mène à l’effondrement mais surtout pour évoquer ce qui survit.
On remarque la négation restrictive « il n’y a que le monde qui reste
» et « il n’y a que le temps qui dure ».

C/ L’éloge de la solitude

Diderot propose l’éloge de la solitude en valorisant la quiétude des


ruines, cet « asile solitaire », qui s’oppose au « tumulte » des
habitants des villes. Il convient ici de souligner l’énumération qui
exagère l’horreur de ces villes : « des passions, des vices, des crimes,
des préjugés, des erreurs ».

La solitude est ce qui mène à la compréhension de soi ; on peut voir


cette énumération qui est presque un épanorthose à la fin : « je suis
plus libre, plus seul, plus à moi, plus près de moi ».

III - L’art comme source de vie

A/ Vivre dans l’œuvre : mise en scène de l’auteur dans le tableau


L’écrivain se décrit comme vivant dans les ruines, dans différentes
situations : « Si le lieu d’une ruine est périlleux ou « Si mon cœur est
calme, je goûterai toute la douceur de son repos. » On remarque le
parallélisme de construction pour évoquer deux situations
possibles : « C’est là que j’appelle mon ami. C’est là que je regrette
mon amie. »

B/ L’oeuvre comme symbole du monde

On retrouve dans cette œuvre deux éléments qui fondent le monde :


la mort et l’amour. Diderot évoque la pensée de la fin et de la mort :
« les objets qui m’entourent m’annoncent une fin et m’annoncent la
mienne » mais aussi celle de l’amour et de la vie « c’est là que nous
jouirons de nous sans trouble, sans importuns, sans jaloux. »

En ouverture, les élèves pouvaient proposer un tableau de Caspar


David Friedrich (Monastery ruin Eldena) et évoquer comment ce
motif des ruines s’est ensuite inscrit dans le mouvement
romantique.

Dissertation (20 points)

Tous les sujets proposés impliquaient une réponse par un plan


dialectique. Les candidats seront évalués selon la rigueur et
l’organisation de leur plan ainsi que sur la richesse et la précision
des exemples proposés. Il convient de rappeler qu’il est possible de
convoquer des exemples extérieurs à l’œuvre au programme, de
manière minoritaire.
Sujet A

Le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu’au récit d’une passion


amoureuse ?

1. Ce sont bien les tensions créées par la passion amoureuse qui


provoquent le plaisir romanesque de la lecture

1. La violence de la passion amoureuse

2. Les rebondissement dans l’intrigue amoureuse

3. Les extrémités tragiques de la passion, entre vie et mort

2. Mais c’est aussi le plaisir d’une réflexion sur l’existence

1. La valeur de l’amitié

2. Qu’est-ce que le bonheur ?

3. La morale religieuse

3. La passion amoureuse comme prétexte à des jeux d’écriture et à


une mise en scène presque théâtrale

1. Les récits enchâssés

2. L’aspect polymorphe du roman

3. La mise en abîme romanesque

Sujet B

Peut-on lire La Peau de chagrin comme le tableau d’un monde


exténué ?

1. Le portrait réaliste d’un monde qui se délabre


1. La photographie d’un monde structuré par l’économie

2. La critique d’une société marquée par les vices

3. Le « mal du siècle »

2. Le fantastique au service de la dénonciation

1. La réécriture de Faust

1. Un nouveau memento mori

2. Raphaël, allégorie d’un système social qui ne peut mener au bonheur

3. C’est le désir qui permet de lutter contre l’affaiblissement du


monde

1. Le bonheur dans la perpétuation du désir

2. Le désir comme force créatrice


Sujet C

Peut-on considérer Sido et Les Vrilles de la vigne comme des œuvres


de l’émerveillement ?

1. La contemplation du monde se fait bien émerveillement et le


monde est célébré pour sa beauté

1. L’éloge de la nature, des animaux

2. Un émerveillement du détail

3. Un émerveillement qui sacralise le monde

2. Néanmoins Colette n’en a pas une vision naïve, la contemplation


n’annule pas la distance critique

1. La vie parisienne : vision ambiguë

2. Les mauvaises amours

3. La relation à la famille, à Sido : des rapports complexes

3. Ecrire pour recréer le miracle

1. La libération de soi par l’écriture

2. Recréer le monde de l’enfance

3. Sublimer par l’écriture


Correction STMG théopthile Gautier
Théophile Gautier (1811-1872) est un écrivain et poète français de
renom associé au mouvement romantique. Connue pour son style
lyrique et son imagination vive, l’œuvre de Gautier explore souvent
des thèmes tels que la beauté, la passion et le surnaturel. Il a
notamment apporté une contribution importante au monde de la
littérature avec le genre du conte fantastique, mêlant éléments de
fantastique et d’horreur à une profonde exploration psychologique.
La Morte amoureuse (1836) est un exemple captivant de la maîtrise
de Gautier dans ce genre.

Dans cet extrait, nous assistons à une scène de tromperie et de


révélation, ainsi qu’à la nature tragique de l’amour décrit. À travers
l’utilisation d’intrigues complexes et d’images sombres, Gautier
soulève des questions sur les limites de l’amour, la confiance et les
conséquences de céder à des désirs interdits. En effet le texte qui
nous est présenté nous montre un narrateur qui, malgré les
avertissements selon lesquels Clarimonde est un vampire, poursuit
sa relation avec elle. Cependant, il devient méfiant et décide de
surveiller ses actions en plaçant un miroir pour l’observer
discrètement. Un soir, il voit Clarimonde verser une poudre dans le
vin qu’elle prépare habituellement après le repas. Faisant semblant
de boire dans la coupe, le narrateur se débarrasse de son contenu,
déterminé à découvrir les véritables intentions de Clarimonde.
Comment l’auteur par une scène de ruses et de révélations met-il en
lumière un amour tragique ?

Plan détaillé :

I. Une scène de ruses et de révélations


1. Le registre dramatique et le suspense dans la mise en place de la
surveillance.

 Utilisation du miroir comme dispositif de surveillance :

Exemple : « Cependant, un soir, je vis dans ma glace, dont elle


n’avait pas calculé la perfide position, Clarimonde qui versait une
poudre dans la coupe de vin épicé qu’elle avait coutume de préparer
après le repas. »-> L’utilisation du miroir renforce l’aspect
dramatique de la scène en créant une tension entre la connaissance
cachée du narrateur et les actions suspectes de Clarimonde. Le choix
des mots tels que « perfide position » souligne le caractère
dangereux et sournois de la situation.

 Création d’un suspens palpitant :

Exemple : Le narrateur déclare : « Je pris la coupe, je feignis d’y


porter mes lèvres, et je la posai sur quelque meuble comme pour
l’achever plus tard à mon loisir. » -> La feinte du narrateur crée une
tension palpable, laissant le lecteur en attente de la réaction de
Clarimonde. L’expression « à mon loisir » souligne la maîtrise et la
détermination du narrateur à démêler les intentions de Clarimonde.

2. La révélation des intentions troubles de Clarimonde.

 La tromperie déjouée par le narrateur :

Exemple : « J’en jetai le contenu sous la table. »-> L’action du


narrateur de jeter le contenu de la coupe souligne sa méfiance
grandissante et son refus de se laisser tromper par Clarimonde. Ce
geste révèle sa volonté de protéger sa propre vie.

 Les murmures révélateurs de Clarimonde :


Exemple : « Une goutte, rien qu’une petite goutte rouge, un rubis au
bout de mon aiguille !... Puisque tu m’aimes encore, il ne faut pas
que je meure... »-> Les mots choisis par Clarimonde, tels que «
goutte », « rubis » et « aiguille », créent une imagerie intense et
captivante, renforçant le caractère séduisant et dangereux de son
désir de boire le sang du narrateur. Les phrases murmurées ajoutent
une dimension mystérieuse et intrigante à ses intentions.

II. Un amour tragique confronté au destin et à la mort

1. Le tragique de l’amour entre le narrateur et Clarimonde

 La fascination du narrateur malgré les avertissements :

Exemple : « Bien qu’on l’ait averti que Clarimonde est un vampire,


le narrateur poursuit sa relation avec elle. »-> Le choix des mots tels
que « bien qu’on l’ait averti » souligne l’aveuglement du narrateur
face aux avertissements, illustrant la force irrésistible de son amour
pour Clarimonde malgré les conséquences potentiellement
tragiques.

 Le conflit interne de Clarimonde entre l’amour et sa nature vampirique :

Exemple : « Dors, mon seul bien ; dors, mon dieu, mon enfant ; je
ne te ferai pas de mal, je ne prendrai de ta vie que ce qu’il faudra
pour ne pas laisser éteindre la mienne. »-> Les termes tels que «
dors », « mon seul bien » et « mon dieu » témoignent de l’amour
profond de Clarimonde pour le narrateur, créant une tension
émotionnelle. La référence à la survie de Clarimonde souligne le
conflit entre l’amour et la nature vampirique de Clarimonde.

2. Les conséquences tragiques de céder à des désirs interdits : la


confrontation au destin et à la mort.
 La confrontation au destin : le narrateur est pris dans une spirale fatale :

Exemple : « Je me couchai, bien déterminé à ne pas dormir et à voir


ce que tout cela deviendrait. »-> Le choix des mots tels que « bien
déterminé » souligne la volonté du narrateur de découvrir la vérité,
mais cela le place également dans une situation où il est confronté
au destin, sans pouvoir échapper aux conséquences de son amour
pour Clarimonde.

 La lutte entre la vie et la mort dans l’amour tragique :

Exemple : « Elle se décida, me fit une petite piqûre avec son aiguille
et se mit à pomper le sang qui en coulait. »-> La scène de la piqûre
représente la lutte tragique entre la vie et la mort dans l’amour entre
le narrateur et Clarimonde. Les mots tels que « piqûre », « sang » et
« coulait » mettent en évidence l’aspect sombre et mortel de leur
relation.

Sujet A – Rabelais, Gargantua, chapitres XI à XXIV. Parcours : la


bonne éducation. Texte d’après Philippe Meirieu, «Résister aux
algorithmes», L’École des parents, n°638, janvier-février-mars
2021.
Contraction de texte

Les algorithmes utilisés sur Internet peuvent faciliter notre vie


quotidienne, mais ils sont également efficaces pour influencer nos
achats. Ils créent un profil détaillé de chaque utilisateur afin de le
cibler avec des suggestions correspondant à ses intérêts du moment.
Cependant, ce modèle ne convient pas à l’éducation des enfants et
des adolescents. Au contraire, notre devoir éducatif est de les
encourager à explorer des univers et des œuvres qui ne leur sont pas
familiers, afin d’élargir leurs horizons et leurs choix.

Les réseaux sociaux, au lieu de promouvoir un esprit critique en


proposant des informations variées et contradictoires, enferment les
individus dans leurs propres croyances, renforçant ainsi leurs
convictions. Pourtant, la liberté de pensée exige de remettre en
question ses idées et de rechercher la précision et la vérité. Les
parents, les enseignants et les éducateurs ont donc une
responsabilité éducative importante pour apprendre aux jeunes à
résister aux manipulations et à penser par eux-mêmes,
conformément aux idéaux des Lumières.

Cependant, il est essentiel de ne pas imposer nos certitudes aux


adolescents et de respecter leurs convictions. Ils doivent pouvoir
parcourir leur propre chemin vers l’émancipation, en échangeant
avec les autres et en remettant en cause leurs propres points de vue.
Notre rôle est de créer des situations propices à l’émergence du
doute et de la pensée critique, que ce soit à travers l’expérimentation
scientifique à l’école ou en incarnant nous-mêmes cette capacité à
remettre en question nos propres certitudes dans notre vie
quotidienne.

L’acceptation du doute et la capacité de penser contre soi-même


nécessitent un environnement sécurisant où l’on peut exprimer des
opinions différentes sans se sentir agressé. La remise en question de
nos idées est possible lorsque nous nous sentons respectés et
estimés. La sérénité est donc essentielle pour engager des débats
constructifs et permettre un véritable échange d’arguments
contradictoires.
Essai

La question de savoir si la « bonne éducation » consiste à apprendre


à douter et à remettre en question ses certitudes est un débat
essentiel dans la réflexion sur la formation intellectuelle et morale
des individus. À travers les siècles, de nombreux ouvrages ont
abordé cette thématique, dont Gargantua de Rabelais, qui offre une
perspective intéressante sur l’éducation critique. En examinant ces
œuvres et en se penchant sur la nature humaine, il devient possible
de comprendre comment le doute et la remise en question peuvent
jouer un rôle fondamental dans la quête de connaissances et la
construction d’une pensée autonome.

I. Le doute et la remise en question comme fondements de la «


bonne éducation »

1. Le doute comme moteur de la réflexion critique

La capacité de douter permet de questionner les dogmes et les


vérités établies.

 Dans Gargantua, Rabelais met en scène l’éducation de Gargantua par son


précepteur, Ponocrates, qui encourage l’apprentissage critique et le doute
face aux savoirs préétablis.

 Dans le texte de l’exercice de contraction, Philippe Meirieu souligne


l’importance de la pensée critique et du doute pour résister aux
manipulations des algorithmes et des réseaux sociaux.

2. La remise en question comme source de progrès et de liberté


intellectuelle.
Remettre en question ses certitudes permet d’évoluer, d’explorer de
nouvelles idées et de s’ouvrir à la diversité des opinions.

 Dans Gargantua, Rabelais critique les institutions académiques figées et


encourage la remise en question des normes établies pour favoriser le
développement individuel et le progrès de la société.

 Les Essais de Montaigne se distinguent par leur capacité à susciter une


réflexion critique et à encourager l’examen approfondi des idées
préconçues. Parmi les essais emblématiques de Montaigne, « De
l’inconstance de nos actions » et « De la vanité » abordent la question de la
remise en question de nos certitudes. Montaigne y invite ses lecteurs à
cultiver le doute et à embrasser une éducation qui favorise l’ouverture
d’esprit et la quête de vérité.

II. Les limites et les défis de l’éducation au doute et à la remise en


question

1. Les résistances à l’éducation au doute

Certaines convictions personnelles peuvent être ancrées


profondément et résister au doute, rendant l’éducation à la remise
en question difficile.

 Dans Gargantua, certains personnages, comme Frère Jean, sont présentés


comme étant réfractaires au doute et à la remise en question de leurs
croyances.

 Les préjugés et les idéologies peuvent freiner la capacité à remettre en


question ses certitudes, comme le montre le texte de l’exercice de
contraction avec les algorithmes qui renforcent nos biais cognitifs.

2. Les enjeux de l’éducation au doute et à la remise en question

L’éducation au doute nécessite un environnement sécurisant, la


reconnaissance de l’individu et une ouverture au dialogue.
 Dans Gargantua, l’éducation de Gargantua par Ponocrates se caractérise par
un équilibre entre la remise en question et le respect de l’individu.

 importance de la tolérance et de l’échange dans l’éducation au doute,


comme le souligne Montesquieu dans De l’esprit des lois.
 Sujet B – La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l’Homme
». Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature
humaine. Texte d’après Anne-MarieLecoq, article
«Physiognomonie»,Encyclopædia Universalis.

Contraction de texte

La physiognomonie, ancienne pratique visant à déchiffrer les


caractères et les dispositions naturelles des individus à travers les
traits permanents du visage et du corps, était considérée comme «
l’art de connaître les hommes ». Cependant, l’évolution des
connaissances scientifiques dans les domaines de l’anatomie, de la
physiologie et du psychisme a progressivement affaibli ses bases.
Malgré cela, elle persiste, parfois de manière inquiétante, comme en
témoigne le recours au racisme. Sous le nom de «
morphopsychologie », elle est utilisée dans les pratiques de
recrutement et enseignée dans les écoles de commerce pour mieux
appréhender les clients potentiels.

La physiognomonie a également joué un rôle important dans la


création littéraire et artistique. Le Brun, premier peintre de Louis
XIV, s’est intéressé à la physiognomonie traditionnelle et a cherché
à distinguer les traits distinctifs de la face humaine par rapport aux
traits animaux, ainsi qu’à mesurer le degré d’humanité ou
d’animalité des visages. Ses travaux sur l’expression et l’étude des
passions ont rencontré un grand succès.
Au XVIIIe siècle, la physiognomonie traditionnelle est remise en
question. On doute de l’existence de règles fiables permettant de
connaître instantanément les hommes à travers leur physionomie.
Cependant, l’étude des passions et de la manière dont elles se
manifestent sur le visage, appelée pathognomonie, est considérée
comme une science authentique et légitime.

La résurgence de la physiognomonie à la fin du XVIIIe siècle est


marquée par l’ouvrage de Lavater, « Essai sur la physiognomonie »,
fondé sur une conviction religieuse selon laquelle Dieu connaît le
cœur et l’âme des hommes. Lavater affirme l’harmonie entre la
beauté morale et la beauté physique, où la vertu embellit et le vice
enlaidit. Il accorde une grande importance à la silhouette et
considère que les parties mobiles du visage révèlent la vie morale
tandis que les parties solides renseignent sur la vie intellectuelle.

Cependant, l’ouvrage de Lavater suscite des critiques, notamment


de la part de Lichtenberg, qui remet en cause la notion de l’âme et
souligne que le meilleur moyen de connaître les hommes est de les
observer en action.

Essai

La question de savoir si l’on peut se contenter de portraits physiques


pour connaître la nature humaine soulève des enjeux complexes et
profonds, nous nous interrogerons donc sur la pertinence des
portraits physiques dans la compréhension de la nature humaine. À
travers une analyse approfondie, nous mettrons en évidence les
limites de cette approche et l’importance d’une vision plus complète
et nuancée de l’être humain.

Plan détaillé:
I. Les portraits physiques : des informations superficielles et
trompeuses

A. L’apparence physique : une image trompeuse de la nature


humaine

 Exemple 1 : La superficialité des apparences dans Les Liaisons dangereuses


de Laclos

 Exemple 2 : Les stéréotypes physiques réducteurs dans la société


(Quasimodo dans Notre-Dame de Paris, Shrek, le conte de La Belle et la
Bête)

B. Les limites des jugements basés sur l’apparence

 Exemple 1 : Severus Rogue dans la série de livres Harry Potter de J.K.


Rowling. Rogue est initialement perçu comme un antagoniste basé sur son
apparence austère et sombre. Cependant, au fil de l’histoire, il se révèle être
un personnage complexe, doté de motivations et de qualités profondes.

 Exemple 2 : Le roman Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. L’intrigue


tourne autour d’un portrait qui vieillit et se dégrade à la place de son
propriétaire, Dorian Gray.

II. Au-delà des apparences : comprendre la nature humaine de


manière globale

A. La dimension psychologique et émotionnelle : l’importance des


traits de caractère

 Exemple 1 : Montaigne et la connaissance de soi dans ses Essais

 Exemple 2 : L’exploration des passions chez Rousseau dans Les Confessions

B. L’observation des comportements et des interactions sociales :


une nécessité
 Exemple 1 : La mise en scène des relations humaines dans Les Liaisons
dangereuses

 Exemple 2 : L’étude des interactions sociales dans Les Caractères de La


Bruyère

Sujet C – Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et


de la citoyenne. Parcours : écrire et combattre pour l’égalité. Texte
d’Isabelle Gras, « Et pourtant, elles créent ! », L’Éléphant, n°17,
janvier 2017.

Contraction de texte

Dans cet extrait, Isabelle Gras explore la lutte des femmes pour
l’égalité en se concentrant sur leur engagement dans l’écriture et la
création artistique. Elle met en lumière les obstacles auxquels elles
ont été confrontées et la manière dont elles ont défié les normes
sociales pour s’exprimer.

L’auteure commence par citer Simone de Beauvoir, qui souligne


l’injustice de priver les femmes de la possibilité de réaliser des
œuvres géniales en raison de leur statut inférieur dans la société.
Elle explique ensuite que le patriarcat, basé sur l’autorité paternelle,
a instauré une division claire des rôles entre hommes et femmes,
reléguant ces dernières à la sphère privée. Ainsi, la création
intellectuelle est devenue un attribut exclusivement masculin, tandis
que la femme était principalement considérée pour sa capacité
reproductive.

L’auteure mentionne également que la création féminine était


socialement tolérée sous l’Ancien Régime si elle restait amateuriste
et ne rivalisait pas avec le génie masculin. Cette perspective négative
envers les femmes créatrices s’est renforcée au XIXe siècle, avec des
stéréotypes et des théories médicales soutenant l’infériorité des
femmes. Les femmes étaient souvent cantonnées au rôle de muse,
objet passif de la création, et leur désir d’écrire ou de participer à la
pensée était considéré comme subversif.

L’auteure souligne ensuite le rôle de l’artiste masculin dans la


domination masculine, avec une référence à l’acte de création divine
et au pouvoir de création ex nihilo attribué aux hommes. Les
femmes qui publiaient leurs œuvres transgressaient les attentes
d’humilité imposées par la société et devaient souvent utiliser des
pseudonymes masculins pour être acceptées. Malgré ces obstacles,
certaines femmes ont réussi à s’affirmer en tant que créatrices,
comme les artistes peintres Rosa Bonheur et Berthe Morisot.

L’auteure souligne également que le critère de légitimation de la


création reste masculin et que les femmes doivent renoncer à une
supposée nature féminine pour être reconnues. Elle mentionne le
prix littéraire Femina, fondé par Anna de Noailles en 1904 et
composé d’un jury exclusivement féminin, comme une tentative de
contrebalancer l’hostilité envers les femmes créatrices.

L’extrait se termine en évoquant la libération progressive des


femmes au XXe siècle, grâce à des changements juridiques et
sociaux, et en citant des auteures telles que Colette, Marguerite
Duras, Marguerite Yourcenar et Nathalie Sarraute, qui ont été
reconnues pour leur création littéraire. Il est souligné que malgré
ces progrès, les femmes ont encore dû lutter pour être pleinement
reconnues, et Yourcenar rend hommage aux femmes qui les ont
précédées.

Essai
La question de savoir si l’acte d’écrire est suffisant pour rendre
visibles ceux qui sont marginalisés soulève des enjeux complexes.
Dans cet essai, nous examinerons l’importance de la littérature dans
la visibilité des groupes marginalisés.

Plan détaillé :

I. Le pouvoir de l’écriture pour rendre visibles les exclus

1. L’écriture comme moyen de donner une voix aux opprimés

 Les Misérables de Victor Hugo, le personnage de Jean Valjean comme


symbole de la lutte contre l’injustice

 le film Hidden Figures (Les Figures de l’ombre) de Theodore Melfi,


l’histoire des femmes afro-américaines scientifiques à la NASA

2. L’écriture comme outil de résistance et d’émancipation


individuelle

 Jane Eyre de Charlotte Brontë, le personnage de Jane Eyre et sa quête


d’indépendance

 le film Frida de Julie Taymor, a vie de l’artiste Frida Kahlo et son expression
artistique en tant que femme

II. Les limites de l’écriture dans la lutte pour la visibilité

1. Les obstacles structurels et institutionnels à surmonter

 La Couleur des sentiments de Kathryn Stockett, le traitement des femmes


noires dans la société américaine des années 1960

 « La Vague » de Dennis Gansel, l’exploration des mécanismes de


manipulation et d’endoctrinement dans une école
2. Les actions complémentaires nécessaires pour créer un réel
changement

 Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, l’analyse des structures sociales


et des stéréotypes de genre

 le film Selma d’Ava DuVernay, la lutte pour les droits civiques des Afro-
Américains aux États-Unis

Commentaires sur l’épreuve : Le texte du commentaire est classique,


simple à comprendre, avec des pistes qui guident bien les élèves. Les
textes proposés pour l’exercice de contraction sont parfois un peu
trop théoriques, mais les sujets des essais sont simples et permettent
de bien reprendre les œuvres de l’année.

Les cahiers de douai sont-ils une oeuvre de l’affranchissement poétique ?

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